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Edito

SOCIéTé D’éDITION AGRICOLE Sarl de presse Au capital de 100 000,00 dhs R.C.: 127029 I.F.: 01006251 Patente N° : 35870166 Autorisation :

Agriculture marocaine Des recommandations dont on a bien besoin

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agriculturemaghreb@gmail.com

www.agri-mag.com Directeur de publication Abdelhakim MOJTAHID

Rédacteur en Chef Ingénieur Agronome Abdelhakim MOJTAHID

Journalistes Ingénieurs Agronomes Abdelmoumen Guennouni Hind ELOUAFI

Ont participé à ce numéro : Pr. Ezzahouani Abdelaziz Dr. Barhoum KHARBOUCH Dr. Kamal ABERKANI Abdeljabbar BAIDADA Zakaria BAIZ Amjad SELLAMI Caroline de Rauglaudre

Attachée de Direction Khadija EL ADLI

Directeur Artistique NASSIF Yassine

Imprimerie PIPO

Voir nos archives en ligne

Tous droits de reproduction www.agri-mag.com autorisés avec mention impérative et complète du journal.

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n abordant la partie concernant le secteur agricole de sa présentation à la presse du budget exploratoire 2022/23, M Ahmed Lahlimi, Haut Commissaire au Plan (HCP) a rappelé l’influence sur la croissance de l’économie marocaine de l’agriculture, elle-même -une évidence- fortement dépendante des conditions climatiques aléatoires d’une année à l’autre. Il a ainsi dressé un constat qui fait l’unanimité parmi les agriculteurs, quant à la perte progressive de l’agriculture familiale tout en misant principalement sur l’agriculture dite moderne au moment où la sécurité alimentaire est devenue une préoccupation stratégique mondiale. Le petit agriculteur et l’exploitation familiale, souligne-t-il, pratiquent une agriculture qui a accumulé un important savoir-faire dans la gestion de la rareté et de la sécheresse couplée à l’élevage, composante essentielle de la valeur ajoutée agricole. Cependant ces traditions et ce savoir-faire sont en train de se perdre en raison de l’exode rural, vu qu’ils ne sont plus transmis aux jeunes qui quittent leur famille et leur milieu pour aller chercher du travail en ville. M. Lahlimi recommande, par conséquent, d’infléchir la politique agricole qui devrait miser de plus en plus sur le petit agriculteur, surtout dans le contexte de choc climatique que nous vivons alors que la sécheresse deviendra une donnée structurelle. Cela nécessite une politique résolue de l’Etat visant à sauvegarder ces activités tout en maintenant les grandes exploitations sachant que les grands agriculteurs se débrouillent bien et qu’ils accumulent un taux élevé de valeur ajoutée. En outre, Le Haut-Commissaire au Plan a souligné que les effets de la crise covid-19 ont fait perdre au Maroc l’équivalent de 2 années et demie de croissance, trois années d’efforts de lutte contre la pauvreté et 19 ans de lutte contre les inégalités. Pour conclure, M. Lahlimi a insisté sur des valeurs telles que la solidarité, l’honnêteté et l’humilité. Il faut dire la vérité, accepter le débat, travailler dans la transparence, car aucune réalité ne doit plus être cachée et avoir un sens de l’exemplarité morale aussi bien de la part de nos gouvernants que des gouvernés. Il faut dire que cette déstructuration de notre système de production agricole est due, du moins en partie, aux choix faits par nos agriculteurs et nos responsables qui ont favorisé

une agriculture productiviste et exportatrice faisant entrer des devises nécessaires par ailleurs. Ces choix ont eu également pour conséquences la surexploitation de nos facteurs de production, principalement l’eau, et l’abandon de notre sécurité alimentaire. Nous avons été amenés à importer des produits de première nécessité (céréales, huiles, sucre, aliments de bétail, …) fortement subventionnés par exemple, grâce à la PAC (politique agricole commune de l’UE) au moment où nos exportations (maraichage, agrumes, fruits rouges, etc.) se heurtent à toutes sortes de barrières dressées par ces pays eux-mêmes (tarifaires, non tarifaires, visas, …). Il faut rappeler que pour importer ces produits que nous ne pouvons concurrencer, nos responsables abaissent les prix référentiels tirant vers le bas la rentabilité de nos cultures de base, les revenus des agriculteurs et par là toute possibilité d’investissement et de développement de ces cultures vitales pour notre population. Par ailleurs pour assurer cette production les normalisations imposées à nos produits nécessitent d’importer tous les outils et moyens de ces mêmes pays (matériels divers, irrigation, phytosanitaire, semences, lutte biologique entre autres) dont les coûts ne cessent de grimper. Au moment où le monde entier est secoué par les crises sanitaires, les conflits militaires et économiques, le réchauffement climatique, la surpopulation, … et où tous les pays sont en train de revoir leurs stratégies économiques, politiques et commerciales, il est temps pour nous de revoir de fond en comble notre agriculture en prenant en compte tous ces facteurs et avant tout notre intérêt national. Nous savons tous que personne ne le fera à notre place.

Abdelhakim MOJTAHID Directeur de publication Agriculture du Maghreb N° 145 - Juillet/Août 2022

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SOMMAIRE 6 Actualités

51 Pourquoi inoculer les cultures avec des microorganismes?

Journées Techniques de l’Agriculture de Précision Maroc 2022

52 Carotte : éléments pour une bonne nutrition hydrique des cultures 54 Technologie numérique pour économiser l’eau d’irrigation

22 Courgette export

Nécessité d’une forte technicité, d’investissements conséquents et d’une grande réactivité au marché

30 Choix variétal pour le fraisier

Trouver des variétés répondant aux différentes attentes

58 Combiner les moyens pour se protéger de la Mouche méditerranéenne 62 Compost et lombricompost : En quoi sont-ils différents ?

34 La fertilisation raisonnée en arboriculture fruitière

64 Phytophthora chez les agrumes

44 Les biopesticides

Compléments et alternatives aux produits conventionnels

48 Recommandations pour la conservation des pommes

Identification et lutte contre la maladie Mouche de l’olive

66 Mouche de l’olive

Développement selon les saisons et méthodes de lutte

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La technologie agricole espagnole, votre partenaire durable

Journées Techniques de l’Agriculture de Précision Maroc 2022 ICEX España Exportación e Inversiones et le Bureau Economique et Commercial de l’Ambassade d’Espagne à Casablanca organisent les ‘’Journées Techniques de l’Agriculture de Précision Maroc 2022’’ Le savoir-faire espagnol sera au rendez-vous lors d’une présentation des entreprises le 26 septembre à Agadir suivi d’un cocktail networking, et rencontres B2B sur Agadir et Casablanca du 27 au 29 septembre. Les participants présenteront technologies et innovations agricoles qui permettent d’aider à surmonter les sécheresses, et d’adapter les cultures aux régions et aux climats extrêmes en augmentant la productivité, notamment : - Équipement et technologie d’irrigation à haute efficacité, … - Agriculture de précision et outils d’aide à la décision : images satellite, drones, applications, software,… - Produits et services destinés à l’amélioration de l’efficacité dans l’usage des intrants, à l’augmentation de la productivité et à la diminution des résidus chimiques, … - Fertilisation et analyses, … - Nouveaux systèmes de culture (production hydroponique), serres High Tech, … L’Espagne, grâce à sa proximité géographique, sa climatologie similaire à celle du Maroc et son savoir-faire reconnu, est ainsi le pays européen le mieux indiqué pour répondre aux besoins des agriculteurs marocains. Nous avons le plaisir de vous présenter 8 entreprises espagnoles participantes à cette activité. l’environnement.

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téristiques de son exploitation : emplacement, type de culture, nombre d’arbres, cadre de plantation, nombre de goutteurs et autres. 2. Le système traite les informations en fonction des données de la station météorologique la plus proche et d’autres données telles que le type de culture, la variété, les coefficients de culture, les be-

soins nutritionnels, etc. 3. Orcelis apporte la réponse exacte pour optimiser la productivité de vos cultures (irrigation, engrais, chélates de fer, acides humiques, désalinisateurs, produits phytosanitaires, ...). www.orcelis.com orcelis@orcelis.es

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Actu Actu Produit

La génétique au service de l’amélioration variétale Du point de vue économique, les agrumes constituent la première production fruitière mondiale et le bassin méditerranéen représente à lui seul 20% de cette production. Dans le cadre du développement de systèmes de protection intégrée, la création de variétés et porte-greffes associant des tolérances à ces contraintes et la qualité des productions constitue un enjeu majeur. Compte tenu de la longueur de la phase juvénile (entre 5 et 10 ans) et de l’encombrement des descendances, la connaissance des déterminismes physiologique et génétique des caractères sélectionnés et le développement de marqueurs précoces de sélection sont essentiels. Comparativement à son importance économique, le dispositif international de recherche sur les agrumes est sous-dimensionné et l’établissement de collaborations étroites entre les équipes apparaît nécessaire. Actuellement, l’amélioration des agrumes vise entre autres la diversification variétale des petits agrumes sur des critères d’étalement de la production et d’amélioration des qualités organoleptiques et nutritionnelles, une aptitude à la production de fruits de qualité sous contrainte hydrique. Il est aussi question de sélection de porte-greffes adaptés aux contraintes du Bassin méditerranéen et en particulier associant la résistance à la Tristeza et la tolérance à la salinité, au déficit hydrique et à la chlorose ferrique.

Nécessité d’une plus grande diversité génétique

les génomes révèlent une diversité génétique très limitée qui pourrait menacer les perspectives de survie des cultures. Jeremy Schmutz, qui dirige le programme végétal au Joint Genome Institute (JGI) du Département de l’Énergie des États-Unis, explique : « Les agrumes sont une importante culture américaine, et dans la plus grande région productrice, la Floride, elles sont en train de disparaître à cause du huanglongbing et d’autres maladies. Le constat est que nous plantons des arbres qui ressemblent beaucoup à ceux qui étaient plantés il y a 4 000 ans. Ces mêmes génotypes n’offrent pas beaucoup de diversité pour résister aux maladies, et il existe très peu d’agrumes sauvages pouvant être utilisées pour ajouter facilement de la diversité aux agrumes modernes. La présente étude montre comment la connaissance de la génomique de ces plantes peut aider à identifier des sources de diversité, que ce soit par l’introduction de gènes d’espèces sauvages ou la sélection de caractères recherchés en utilisant des techniques génétiques ». Les agrumes sont les plantes

Un consortium international de chercheurs a analysé et comparé la séquence génomique de 10 v a r i é t é s d’agrumes diverses. L’équipe a constaté que 8

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fruitières les plus cultivées au monde, mais elles subissent les attaques du huanglongbing, l’une des plus graves maladies des agrumes au monde. L’équipe compte utiliser le travail de séquençage pour rendre possible des stratégies visant à améliorer les agrumes. « Traditionnellement, l’agriculture a sélectionné des cultivars robustes et à haut rendement, et ignoré l’essentiel de la diversité sauvage existante après la domestication initiale », a déclaré Schmutz. « Cette étude montre la nécessité de continuer d’introduire la diversité génétique dans le processus de développement des cultures ».

L’ADN révèle les ancêtres des agrumes d’aujourd’hui

L’histoire de la famille des agrumes est vraiment juteuse: il s’agit d’une vraie «dynastie» faite de croisements incestueux et de voyages entre continents. Cette histoire a été révélée par l’analyse de l’ADN de huit espèces d’agrumes modernes, par un groupe de recherche international. Grâce aux nouvelles technol-

ogies de séquençage à haut débit, les chercheurs ont reconstitué comment un nombre limité d’espèces sauvages ancestrales (pomélo «Citrus maxima» et mandarine «Citrus reticolata») a donné naissance aux espèces les plus communes aujourd’hui, grâce à une série de croisements. Un exemple frappant est celui de l’orange sucrée et celui de l’orange amère : les deux espèces sont dérivées de mandarine et de pomélo, mais tandis que l’orange amère est un hybride simple qui a eu un pomélo comme mère et une mandarine comme père, l’orange sucrée est la résultat d’un modèle de croisement plus complexe, dans lequel le pomélo a d’abord été croisé avec la mandarine, puis la plante qui en a résulté a été croisée avec le pomélo et enfin à nouveau avec la mandarine. Ce « portrait de famille» est une arme très puissante pour lutter contre les maladies les plus courantes des agrumes qui menacent les cultures, profitant de leur faible diversité génétique. « L’analyse de la diversité génétique présente entre les espèces et variétés de Citrus a permis de reconstruire l’histoire évolutive et l’impact des processus de domestication et de sélection effectués par l’homme», a déclaré Michele Morgante, directeur scientifique de l’Institut de Génomique Appliquée et professeur de génétique à l’Université d’Udine.. www.agri-mag.com

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Actu Actu Agrumes

La filière agrume face à la maladie du dragon jaune

Le Huanglongbing (HLB), ou maladie du dragon jaune, est une maladie bactérienne mortelle des agrumes. Déjà présent dans la quasi-totalité des régions productrices, le HLB menace désormais le bassin méditerranéen avec l’arrivée de son insecte vecteur, le psylle. Face aux impacts sur la production et à la hausse des prix qui en résulte, le Cirad développe avec ses partenaires des stratégies de lutte intégrée, dans le cadre de plusieurs projets, dont Tropicsafe. Ce projet financé par le programme Horizon 2020 de l’Union européenne vient de s’achever.

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riginaire d’Asie du SudEst, le HLB s’est rapidement répandu dans la zone caraïbe et sud-américaine dans les années 2000. Première zone de production des petits agrumes, oranges et citrons, le bassin méditerranéen craint lui aussi une introduction de la bactérie car, si la maladie n’a pas encore été détectée dans la région, le psylle – insecte vecteur du HLB – est déjà présent.

La Guadeloupe à l’avant-garde des solutions variétales

Estimée à environ 6 000 tonnes en 2005, la production d’agrumes en Guadeloupe a chuté de 60 % en quelques années à peine, suite à la détection du HLB sur l’île. La propagation rapide de la maladie, son caractère agressif et le manque de moyens de lutte ont obligé plusieurs producteurs d’agrumes à abandonner la filière au profit d’autres espèces fruitières. En conséquence, les importations d’agrumes vers la Guadeloupe entre 2010 et 2020 ont été multipliée par six. Sur plus de 400 analyses effectuées sur l’île à partir de 2012 10

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dans le cadre du projet Tropicsafe, 60 % des arbres testés étaient infectés par le HLB. Pour Raphaël Morillon, physiologiste moléculaire et responsable du projet pour le Cirad, endiguer la maladie ne suffit plus : « Aujourd’hui, la seule méthode vraiment efficace consiste à arracher les arbres malades et à les remplacer par des plants sains certifiés, puis à traiter avec des insecticides pour empêcher le retour du psylle. C’est ce que fait le Brésil. Seulement c’est une méthode à forte empreinte écologique et très peu durable. En Guadeloupe, le Cirad s’est tourné vers d’autres solutions, en associant des nouvelles variétés plus tolérantes à la maladie à de nouveaux systèmes de cultures en agroécologie ».

Des variétés replantées en agriculture raisonnée ou biologique Avec ses partenaires, dans le cadre des différents projets*, le Cirad a analysé au champ en Guadeloupe des portegreffes et de nouvelles variétés de limettiers (citron vert), de mandariniers, de pomélos, et d’orangers pour évaluer leur tolérance à la maladie. « Avec

ces variétés, nous testons différents types d’itinéraires techniques, poursuit Raphaël Morillon. L’un en agriculture raisonnée, plus économe en intrants et sans pesticides, et l’autre en agriculture biologique. Nos résultats montrent que l’association de ce matériel végétal innovant et de pratiques culturales adaptées permet de tenir les arbres en vie et produire des fruits sur une période d’au moins sept ans ». Actuellement, environ 10 % des surfaces initialement consacrées à l’agrumiculture en Guadeloupe sont en cours de replantation avec du matériel végétal sain certifié. Des essais à plus large échelle sont en cours avec plusieurs agriculteurs. « Mais un important travail d’accompagnement des agriculteurs sur la culture de ces variétés, notamment sur l’irrigation et la fertilisation, reste à faire pour retrouver un niveau de production satisfaisant ».

Vers de nouvelles variétés résistantes grâce au citron caviar ?

Prochaine étape : mettre au point des variétés résistantes. Un des espoirs des scienti-

fiques réside dans l’utilisation de certaines espèces d’agrumes d’Océanie, comme le citron caviar qui est strictement résistant à la maladie. « Nous cherchons à créer des variétés et porte-greffes complètement résistants au HLB, par hybridation entre ces agrumes résistants et des porte-greffes ou des cultivars traditionnels, comme des orangers, mandariniers, citronniers, pamplemoussiers... Pour identifier ces gènes de résistance chez les parents des futures variétés, nous explorons la grande diversité génétique des agrumes », explique Patrick Ollitrault, généticien et responsable pour le Cirad du projet Horizon 2020 Pre-HLB, dans le cadre duquel sont conduits ces travaux. Pre-HLB vise ainsi à développer sur le long terme ce type de solutions variétales pour gérer la maladie, tout en limitant les risques d’introduction et de dispersion de la maladie dans les vergers d’agrumes européens. La surveillance est accrue.

Pour plus d’informations: cirad.fr

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Besoin urgent de redynamiser le marché mondial des agrumes Même si la consommation des agrumes a ponctuellement rebondi pendant l’épidémie de Covid-19, la tendance générale est plutôt à la stagnation de la demande mondiale, alors que la production explose dans plusieurs pays producteurs. Face au risque de saturation du marché, les pays producteurs doivent s’organiser et miser sur plus de transparence en ce qui concerne les échanges internationaux d’agrumes, ainsi que sur redynamisation des marchés notamment par la promotion de leurs produits auprès des consommateurs. tamment dû à la forte croissance des catégories des produits tels que les fruits rouges, la mangue, le kiwi, le raisin de table et l’avocat, ainsi qu’à la réduction de la consommation de fruits due aux changements de mode de vie et à une concurrence croissante avec d’autres catégories de produits alimentaires. Après une forte croissance de la consommation d’agrumes

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l est incontestable que les agrumes sont l’une des catégories les plus importantes de fruits et légumes, à la fois en raison de leur volume de production et de leur commerce. Au cours des trente dernières années, la production mondiale d’agrumes a continué d’augmenter régulièrement et atteint désormais plus de 130 millions de tonnes, soit une croissance d’environ 125%. Cette augmentation de la production est cependant inférieure à la croissance globale du secteur des fruits et légumes au cours de la même période, qui a augmenté de plus de 155%, ce qui a entraîné une diminution de la part de marché des agrumes dans le secteur. Le commerce mondial des agrumes a suivi une tendance similaire. Les exportations mondiales d’agrumes ont augmenté de plus de 120% au cours des trente dernières années, atteignant 16 millions de tonnes, tandis que les exportations mondiales de fruits et

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dans les pays de l’ex-Union Soviétique et au Moyen-Orient dans les années 2000, ces marchés-clés ne progressent plus depuis 2013. La demande stagne également dans l’Union européenne, même pour la mandarine, star du début des années 2010, ainsi qu’au Japon où la consommation décline. Le marché des pamplemousses s’est effondré du fait de ses interactions négatives avec certains médicaments.

légumes ont atteint 88 millions de tonnes, après avoir connu une croissance de 280% pendant la même période. Le secteur des agrumes a été confronté à un large éventail de problèmes importants d’intérêt mondial au cours des dernières années. Cela comprend la croissance de la production, le chevauchement des saisons, l’évolution des conditions climatiques entraînant des défis variés en matière de qualité et de sécurité sanitaire, une concurrence accrue au sein de la catégorie des agrumes et entre les autres catégories de fruits et produits alimentaires ainsi qu’une stagnation de la consommation de fruits. Par conséquent, les agrumes, tout en restant une catégorie de premier plan du secteur des fruits et légumes, seront confrontés à des défis importants dans les années à venir pour maintenir leur position sur un marché de plus en plus mondialisé, complexe et concurrentiel. Cela sera noAgriculture du Maghreb N° 145 - Juillet/Août 2022

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Actu Actu Agrumes Il n’y a plus que deux régions du monde où la demande d’agrumes progresse : les pays d’Asie dont la Chine, et d’Amérique du Nord. En effet, seuls les pays d’Amérique du Nord et quelques pays asiatiques ont vu leur demande augmenter sur les 6 dernières années. Suite à cette stagnation de la demande et devant l’importance socio-économique de la filière pour de nombreux pays, une saturation des marchés pourrait s’avérer catastrophique.

Besoin de plus de visibilité Avec des marchés de plus en plus compétitifs et complexes, une plateforme d’échange comme l’organisation mondiale des agrumes (World Citrus Organization) créée en 2019 est jugée essentielle pour donner de la visibilité aux acteurs de l’industrie, les aider à prendre de bonnes décisions et mieux utiliser les agrumes pour stimuler la consommation. ‘‘Si l’on veut éviter que les marchés ne soient saturés, il faut que les producteurs sachent quels sont les volumes échangés, où, par qui, etc.’’ explique un spécialiste en économie des filières. Cela leur permet de connaître les débouchés potentiels de leurs produits, et donc de prendre la bonne décision lorsqu’ils se lancent dans une variété, par exemple.

Promouvoir les agrumes auprès des consommateurs

Les spécialistes recommandent par ailleurs de se pencher sur les dynamiques de consommation. L’exemple de la promotion de l’avocat aux Etats-Unis constitue notamment un cas d’école. Fruit boudé par les consommateurs il y a dix ans car considéré comme gras, l’avocat est aujourd’hui perçu comme un allié pour la santé. La richesse des agrumes en vitamines et micronutriments représente donc un potentiel à faire valoir. La crise de la Covid-19 a eu un impact positif sur les volumes de ventes de la filière. Les consommateurs se tournent de plus en plus vers une alimentation saine et les agrumes bénéficient à ce titre d’une bonne image. Ces arguments positifs sont des facteurs clés pour continuer à stimuler le marché et la demande des consommateurs. Alors que les vagues de la pandémie se succèdent à travers le monde, l’importance d’une alimentation saine comprenant plus d’agrumes doit continuer à être soulignée.

Le Maroc en concurrence directe avec l’Egypte et la Turquie Pour rappel, les producteurs

d’agrumes appartiennent à deux catégories : il y a ceux de l’hémisphère nord, et ceux de l’hémisphère sud. Les producteurs de l’hémisphère nord qui se trouvent en Méditerranée, tels que le Maroc, l’Égypte, la Turquie, l’Espagne, la Grèce, l’Italie, la Tunisie …, produisent les agrumes d’hiver. Leur campagne démarre en octobre et prend fin en juin. Ceux de l’hémisphère Sud, tels que le Brésil et l’Argentine, produisent les agrumes d’été, et leur campagne débute en juillet et se termine en octobre, date à laquelle démarre celle de l’hémisphère nord. Le Maroc est donc en concurrence avec tous les pays producteurs et exportateurs d’agrumes du bassin Méditerranéen, mais les principaux concurrents sont l’Espagne, la Turquie et l’Égypte. L’Espagne reste le plus grand producteur d’agrumes en Méditerranée. Elle a l’avantage d’appartenir à l’Union européenne, et donc de pouvoir commercialiser plus facilement ses produits au niveau de l’UE. Mais les exportateurs marocains sont plutôt inquiets de la concurrence turque et égyptienne, dont la production explose au fil des années. Deux principales raisons expliquent la forte compétitivité de ces deux producteurs. Il s’agit, tout d’abord, de deux pays dont les monnaies ont chuté considérablement, ce qui représente

un avantage à l’export. En second lieu, leurs prix de revient sont nettement plus bas qu’au Maroc. Ces deux facteurs font que sur les marchés où le Maroc est en concurrence directe avec l’Égypte et la Turquie (notamment la Russie), ces deux pays ont une compétitivité extrêmement forte. Le coût de la main d’œuvre dans ces deux pays est également plus faible qu’au Maroc. L’Égypte a, en plus, l’avantage d’un accès facile à l’eau, et d’un faible coût de l’énergie. Rappelons que les principales régions de production d’agrumes au Maroc, en particulier Souss-Massa qui représente plus de 30% de la production nationale, souffrent de stress hydrique, suite à la succession de deux années de sécheresse. Malgré cette forte concurrence, les opérateurs marocains arrivent à maintenir les volumes exportés sur les principaux marchés. Les exportations marocaines d’agrumes varient entre 600.000 et 700.000 tonnes par an. Les principaux marchés destinataires restent la Russie, suivie du Canada, l’Union Européenne, les pays du Golfe, les USA et autres marchés. Le Royaume est aussi présent en Afrique de l’Ouest, mais avec une part encore faible des exportations nationales d’agrumes.

Au niveau local, plusieurs acteurs de la filière agrumes ne sont en effet pas au fait du contexte actuel. Le marché de l’orange, par exemple, représente presque la moitié des agrumes échangés au niveau international, avec une évolution à la baisse de la demande sur les cinq dernières années. La production explose pourtant dans plusieurs pays, comme en Egypte et en Turquie, accroissant par là même la pression concurrentielle et risquant de faire chuter les prix dans l’ensemble de la filière. 12

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Actu Colza et Tournesol Actu Innovation

Développement de la production locale au Maroc Source : Programme Maghreb Oléagineux – Terres Univia

Un marché mondial et marocain dynamiques Huiles et protéines végétales, des marché mondiaux en demande croissante

À l’échelle mondiale, le contexte est celui d’une forte croissance de la demande en huile et plus particulièrement en protéine végétale : - 46,9 Mt d’huile (28,4 Mt de colza et 18,5 Mt de tournesol) ont été consommées en 202021, soit 21,8% de la consommation totale d’huiles alimentaires (215 millions de tonnes). - +36% d’augmentation de la consommation en huiles de colza et tournesol en 10 ans (2010-20). - 62 Mt de tourteaux (41,1 Mt de colza) et 20.9 Mt de tournesol) consommés en 2020-21 soit 17% de la consommation totale de tourteaux (368,9 Mt). On assiste à une augmentation de la consommation de tourteaux de +39% en 10 ans. Plus précisément, la consommation du tourteau de colza a augmenté de +22% et de +63% pour le tourteau de tournesol sur la même période. Le colza et le tournesol, une réponse aux besoins du Maroc Les besoins agricoles sont importants au Maroc et le développement de la filière oléagineuse doit contribuer à l’amélioration de la balance commerciale du pays en favorisant la réduction des importations : - 597.000 t d’huiles de graines consommées au Maroc (202021) dont 77.000 t d’huiles de colza et de tournesol - 1 125.000 t de besoin en tourteaux au Maroc (2020-21) dont 460.000 t de tourteaux de 14

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colza et de tournesol - La production nationale permet de couvrir respectivement près de 8% et 2% de la consommation d’huiles et de tourteaux de colza et tournesol (2020-21). Face à la croissance démographique et au changement des habitudes alimentaires des ménages marocains on peut s’attendre à voir cette demande en huiles alimentaires et tourteaux augmenter. À titre d’exemple, la consommation sur les 10 dernières années a augmenté de 26% pour l’huile et 38% pour le tourteau. Évolution de la filière marocaine depuis 2012 - Les superficies de colza et tournesol ont été multipliées par 2,7 - La production de graines de colza et de tournesol a été multipliée par 4,3

Une dynamique locale de structuration de la filière

Des acteurs investis dans la structuration de la filière marocaine La filière oléagineuse marocaine bénéfice d’un cadre favorable à son essor grâce à l’impulsion donnée par le Plan Maroc Vert et à la signature en 2013 d’un contrat-programme entre le ministère de l’Agriculture et la FOLEA, la fédération interprofessionnelle des oléagineux au Maroc. La FOLEA est composée de deux associations, l’Association marocaine des producteurs de graines oléagineuses (AMAPROL) et l’Association nationale des industriels des oléagineux au Maroc (ANIOM). Elle défend les intérêts des producteurs et des industriels de la filière des oléagineux et représente la filière au sein des instances

nationales et internationales à des fins de promotion des cultures oléagineuses. La relation agriculteur-industriel est encadrée par un contrat d’agrégation dont les termes ont été définis par l’interprofession et les pouvoirs publics afin de créer un partenariat gagnant-gagnant entre l’amont et l’aval de la filière. Les industriels de la transformation, regroupés au sein d’un groupement d’intérêt économique, le GIOM (Groupement des industriels des oléagineux au Maroc) sont les agrégateurs de la filière. Grâce à l’investissement de ces acteurs, la croissance des superficies est particulièrement forte pour le colza qui était une culture absente des exploitations avant 2013. Cette culture séduit de plus en plus de producteurs qui la trouvent bien adaptée face aux évolutions climatiques que connait le Maroc depuis quelques années. Les répercussions positives sur les cultures de céréales sont aussi un atout pour les producteurs puisqu’elles enregistrent de meilleurs rendements et une baisse des coûts de pro-

duction lorsqu’elles sont cultivées en rotation avec le colza. Génération green, la nouvelle stratégie de développement national du secteur agricole Le Plan Maroc Vert, lancé en 2008, a permis l’essor des cultures oléagineuses au Maroc. Dans la continuité du Plan Maroc Vert, la nouvelle stratégie agricole du Royaume intitulée « Génération Green » consacre de nouveau une place importante au développement de la filière oléagineuse marocaine. Sous l’impulsion de cette nouvelle stratégie, les acteurs de la filière se sont donnés pour objectif d’étendre les superficies à 80.000 ha de colza et tournesol à l’horizon 2030. Cela correspond à 144.000 tonnes de graines et une couverture de 15% des besoins du marché marocain. La culture du colza et du tournesol améliore la performance des exploitations agricoles • Performance agronomique: L’alternance des cultures oléawww.agri-mag.com

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LES ATOUTS DE LA CULTURE DU COLZA ET DU TOURNESOL SEMIS

PÉRIODE DE FLORAISON

RÉCOLTE

Colza : Octobre- Novembre

Colza : fin Février- Mars

Colza : entre le 15 MAI et le 15 Juin

Tournesol : Janvier-Février

Tournesol : Mai

Tournesol : Juillet

gineuses et de céréales permet : • Une meilleure gestion des mauvaises herbes, ravageurs et maladies • De réduire l’utilisation de produits phytosanitaires • Un rendement accru : Les rendements d’un blé après colza sont supérieurs à ceux d’un blé sur blé et les besoins en fertilisation azotée et phosphatée sont moins importants.

culture qui nécessite peu d’interventions phytosanitaires. La densité et la diversité des pollinisateurs constituent un levier incontestable d’optimisation du potentiel du tournesol. La fécondation des fleurs de tournesol dépend largement (20 à 30 %) de l’action des pollinisateurs sauvages. Le tournesol est également une plante mellifère recherchée par les apiculteurs.

• Performance économique: Le blé après colza est moins cher à produire qu’un blé sur blé et les coûts de traitements phytosanitaires et de fertilisation sont plus faibles après un colza ou un tournesol

Le colza et le tournesol, des graines aux multiples usages

Des plantes clés pour la biodiversité Le colza : il est visité par de nombreux insectes polinisateurs, en particulier les abeilles. La sécrétion abondante de nectar et la production d’un pollen de qualité en font une ressource incontournable pour ces insectes. Dans de nombreuses régions agricoles la culture est la première ressource florale disponible pour les abeilles. Ainsi, le colza contribue également largement à la production de miel. Le tournesol : c’est une

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Le colza et le tournesol sont riches en huile et en protéines végétales. Les tourteaux et huiles issues de leur trituration font l’objet d’utilisations très diverses. Les tourteaux de colza et tournesol, sources de protéines de qualité Ils peuvent se substituer complètement au tourteau de soja, sans baisser les performances des animaux. Ainsi, les essais montrent que • Pour les vaches laitières, la substitution du tourteau de soja par du tourteau de colza permet d’augmenter la production de lait, le taux protéique et la reprise de poids vif de même que la substitution de tourteau de soja par du tourteau de tournesol permet de maintenir le niveau de production du troupeau ainsi que le taux protéique. • Pour les bovins viande également, les essais de substitution de tourteau de soja par du tourteau de colza ont confirmé l’intérêt de ce dernier : les performances de croissance sont maintenues et la marge brute est améliorée. De même, le tourteau de tournesol peut également être utilisé comme seule source de protéines dans les rations pour bovins viande et les performances des animaux sont généralement équivalentes avec

les tourteaux de tournesol comparativement aux autres sources de protéines. Les huiles de colza et de tournesol, un très bon profil nutritionnel • L’huile de colza, riche en acides gras dits « essentiels » qui ne peuvent pas être synthétisés par l’homme et qui doivent être apportés par l’alimentation, contribue à l’apport journalier en oméga 3 (ALA) et oméga 6 (LA) qui aident, dans le cadre d’une alimentation variée et équilibrée, à maintenir un taux normal de cholestérol, et aussi de la vitamine E, un antioxydant qui contribue à la protection des cellules du stress oxydatif. • Il existe deux types d’huiles de tournesol. La première, la « classique », contient une majorité d’oméga 6, et sa part d’oméga 9 lui permet tout de même de supporter les hautes températures. La seconde, l’huile de tournesol oléique, contient 80% d’acide oléique (un acide gras mono-insaturé oméga 9). C’est cette forte concentration d’oméga 9 qui lui permet d’offrir une meilleure tenue aux hautes températures et donc d’être idéale pour la friture. Les deux types d’huiles sont riches en vitamine E.

Les semences, un facteur essentiel à la performance des cultures

Les semences sont déterminantes dans le rendement. Pour que la culture du colza et du tournesol soit performante et que le rendement soit optimal, il faut que les semences soient adaptées aux conditions pédoclimatiques des régions de production. La qualité de la semence ainsi que son taux de germination sont déterminants pour le rendement : l’homogénéité des variétés simplifie la gestion de la culture et améliore sa performance. Agriculture du Maghreb N° 145 - Juillet/Août 2022

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Actu Actu

Salon EIMA International 2022 : Vert et Méditerranéen ! La prochaine édition de l’exposition internationale de la mécanique agricole se déroulera à Bologne du 9 au 13 novembre, avec des prévisions de croissance de la participation. Selon les organisateurs, il s’agit de l’événement le plus important de l’année au niveau international pour les entreprises agricoles, les opérateurs économiques et les techniciens de l’agromécanique. Mais c’est aussi un rendez-vous très attendu par le monde du jardinage, de l’entretien des espaces verts, du décor urbain et des installations sportives.

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IMA International est l’Exposition internationale des machines pour l’agriculture et le jardinage, foire à cadence biannuelle promue depuis 1969 par FederUnacoma (Fédération nationale des constructeurs de machines pour l’agriculture) et organisée en collaboration avec BolognaFiere. Avec cette nouvelle édition prévue l’automne prochain, la grande exposition bolognaise retrouve son emplacement naturel, en novembre des années paires, après les changements de date des dernières années dues à l’état d’urgence sanitaire. Une édition 2022 qui s’annonce très riche avec 14 secteurs de spécialisation et 5 salons thématiques autour desquels s’articule l’exposition : - Composants, - Digital : consacré aux technologies 4.0 et à la robotique, - Energy : centré sur les filières bioénergétiques, - Idrotech : spécialisé dans les systèmes pour l’irrigation et la gestion de l’eau, - et « Green » pour le secteur

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du jardinage. Des industries constructrices de tous les continents participent à la foire pour y présenter les technologies d’avantgarde du secteur au niveau mondial. L’organisation de l’exposition par secteur d’activité permet à un énorme public de visiteurs professionnels et d’amateurs de se focaliser immédiatement sur les secteurs qui les intéressent et d’organiser ainsi leur visite au mieux. À chaque édition de l’EIMA prennent part des missions de commerçants provenant de 60 pays y compris une délégation marocaine emmenée par le bureau de l’ICE à Casablanca. EIMA a lieu dans le centre des expositions de Bologne sur une surface totale de 375.000 m² (140.000 m² de surface d’exposition nette), et à chaque fois elle accueille environ 1.950 exposants provenant de 50 pays qui exposent plus de 50.000 modèles de véhicules, machines et équipements pour chaque type de travail agricole ou « vert » et pour tous les modèles d’entreprises. « Le programme d’EIMA Inter-

national prévoit cette année une nouveauté importante – a déclaré le Directeur Général de FederUnacoma – représentée par l’aperçu des Nouveautés Techniques, c’est-àdire la journée qui se tiendra fin septembre à Bologne, et qui sera entièrement consacrée à la description et à la récompense des machines gagnantes du concours réservé aux modèles qui présentent à EIMA des systèmes inédits hautement innovateurs ». Une autre nouveauté de cette édition concerne précisément le secteur des espaces verts, et consiste en des tests démonstratifs de véhicules spécifiques pour le jardinage, qui seront organisés dans le quartier des expositions de Bologne, et qui s’ajoutent aux essais traditionnels des véhicules pour les filières bioénergétiques et au spectacle des tracteurs finalistes du concours Tractor of the Year, qui a fait ses débuts lors de l’édition d’octobre 2021 et qui est confirmé cette année dans l’arène aménagée avec une grande tribune et un paysage vert naturel. En plus des contenus techniques, les contenus cultu-

rels du salon s’annoncent eux aussi très riches ; ceuxci confirment l’initiative EIMA Campus, consacrée aux universités et aux organismes de recherche, qui prévoit pas moins de 140 conférences et séminaires sur des thèmes d’actualité concernant les métiers agromécaniques, et surtout les politiques nationales et européennes pour le développement de la mécanisation. Une attention particulière sera consacrée aux thèmes relatifs à la zone méditerranéenne, notamment aux technologies pour les cultures spécialisées, aux systèmes pour la gestion optimisée des ressources hydriques, aux véhicules mécaniques spécifiques pour l’agriculture des îles ; ceci confirme qu’EIMA International est l’événement de référence non seulement pour les grandes productions de plein champ, mais également pour celles spécialisées et plus exclusives qui ont une valeur ajoutée plus importante et qui ont acquis ces dernières années une importance croissante dans l’économie agricole de notre Sud et de l’entière zone méditerranéenne.

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ICO-SABADELL AU MAROC SIGNATURE D’UN ACCORD INTERNATIONAL DE FINANCEMENT L’Instituto de Crédito Oficial (ICO) et Banco Sabadell Maroc lancent une nouvelle ligne de financement à travers la signature d’un accord pour soutenir les entreprises en Afrique. Il s’agit de la première action du “Programme International de Canaux de Soutien aux Entreprises” qui se développera sur le continent africain et qui sera gérée exclusivement par Banco Sabadell Maroc.

EXPÉRIENCE GLOBALE Bologna, 19-23 ottobre 2021

BOLOGNE 9 -13 NOVEMBRE 2022

Ce nouveau programme prévoit deux lignes principales de financement pour les entreprises espagnoles. D’une part, il offre des investissements et de la liquidité en dehors de l’Espagne et, d’autre part, il cherche à soutenir les exportations à moyen et long terme à travers des crédits fournisseurs, des crédits acheteurs et des financements complémentaires. La demande peut être adressée directement à Banco Sabadell Maroc, qui bénéficiera des fonds de l’Instituto de Crédito Oficial et gérera le financement de l’entreprise demandante. Dans le but de formaliser l’accord de financement, une cérémonie a été organisée avec la participation de Banco Sabadell Maroc et de l’Instituto de Crédito Oficial, en collaboration avec le Bureau économique et commercial de l’Ambassade d’Espagne au Maroc. L’événement a eu lieu à Casablanca, le 22 juin avec la participation de nombreuses sociétés espagnoles intervenant dans différentes régions au Maroc. Après les mots de bienvenue, les représentants de ICO, Sabadell et d’autres sociétés ont intervenu par des exposés et au cours d’une table ronde. Ces interventions ont permis de tracer l’historique de leur intervention au Maroc, pour expliquer l’accompagnement proposé aux sociétés désireuses d’investir au Maroc et répondu aux questions posées par les participants à cette journée. www.agri-mag.com

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EXPOSITION INTERNATIONALE DES MACHINES POUR L’AGRICULTURE ET LE JARDINAGE Les salons

www.eima.it Organisé par

En partenariat avec

Contacts: 00159 Roma - Via Venafro, 5 Tel. (+39) 06.432.981 eima@federunacoma.it

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Actu Actu Entreprise

Blueberries Morocco 2022

Techniques de production pour obtenir des fruits de bonne qualité Le blueberries Morocco 2022 est la deuxième édition de la formation organisée par le cabinet Green Smile sur la culture de la myrtille qui s’est tenue les 24 et 25 mai dernier à Agadir. Cette formation dont l’objectif est de permettre aux professionnels du secteur d’atteindre un haut niveau de performance dans la conduite de la culture de la myrtille sur sol et hors-sol a traité plusieurs thématiques d’actualité.

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our animer ces deux jours de formation, les organisateurs ont fait appel à Sebastian Ochoa, un intervenant mondialement connu pour son expertise en culture de myrtille. La formation qui a été un succès, à en juger par le nombre et la qualité des participants, a rassemblé essentiellement des producteurs et des responsables techniques du nord et du sud du Maroc, mais aussi d’autres pays tels que la Turquie, l’Italie, le Royaume-Uni ... S’agissant d’une culture très sensible aux conditions du sol et de l’eau d’irrigation et particulièrement dans le Souss où le hors sol s’impose, et au vu des investissements substantiels requis au départ de la culture, la maîtrise technique à tous les niveaux s’impose si l’on veut s’assurer des marges confortables et pérennes. En

effet, même si les conditions actuelles du marché sont très favorables aux producteurs marocains, l’engouement mondial pour cette culture et l’extension rapide de sa culture dans de nouvelles régions du monde se traduira à terme par une baisse tendancielle des profits.

Programme de la formation Cette seconde édition de la formation organisée par Green Smile a été conçue pour les producteurs de myrtille ainsi que pour ceux qui cherchent à se diversifier dans cette culture tout en s’assurant d’une bonne maîtrise dès le départ. Les sujets abordés durant cette formation étaient les suivants: 1 - Physiologie de la myrtille, description de sa morphologie et des caractéristiques de cet arbuste fruitier qui influencent sa gestion en termes de sol/ substrat, irrigation, nutrition.

2 - Les variétés de myrtilles. Caractéristiques et exigences édapho-climatiques. - Description des groupes de variétés cultivées dans le monde et des variétés d’importance commerciale actuelle. Manipulation particulière des différentes variétés en fonction du sol/substrat et du climat où elles seront implantées. 3 - Préparation du terrain : Considérations lors de la préparation du sol pour la culture de la myrtille, recommandations de gestion lors de l’établissement de la culture. 4 - Taille, nutrition et irrigation : - Taille en fonction des groupes de variétés et des zones édaphoclimatiques où elles sont cultivées. - Nutrition pour obtenir des fruits de haute qualité, ainsi que des considérations importantes en relation avec la culture de la myrtille. - Les besoins en eau du myr-

tillier, la qualité de l’eau d’irrigation et les systèmes d’irrigation optimaux pour la culture. Gestion de l’irrigation dans la culture de la myrtille en sol et en pots. - Le stress oxydatif chez le myrtillier et sa gestion. Recommandations pour l’utilisation de biostimulants afin d’obtenir des fruits de haute qualité. 5 - Culture en substrat et utilisation de l’agriculture protégée. - Bases de la culture en substrat et sa gestion en relation avec la qualité du substrat/récipient. Considérations pour le choix d’un substrat adapté et son entretien. - Utilisation de l’agriculture protégée en myrtille : - Gestion des filets et de la luminosité. 6 - Principaux ravageurs et maladies de la myrtille dans le monde. 7 - Production de myrtilles Bio: Exigences de la production biologique en termes de réglementation, Gestion de la nutrition, lutte contre les ravageurs et les maladies en agriculture biologique. 8 - La récolte et la manipulation post-récolte ainsi que les considérations pour obtenir un meilleur shelf life 9 - Situation de la myrtille dans le monde : Tendances en matière de plantation et de production. A l’issu de cette formation, un certificat a été délivré aux participants.

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Journée portes ouvertes Syngenta

Des solutions innovantes pour une agriculture durable Syngenta, la multinationale Suisse leader mondial dans la Protection des Cultures, la Production des Semences et leur Traitement, a organisé une journée portes ouvertes, le 26 mai dernier dans sa ferme d’essais ‘’Crop Protection Development Knowledge Center’’ à Agadir afin de présenter des solutions et concepts innovants en agriculture durable pour aider les producteurs à mieux valoriser les ressources naturelles et à augmenter leur productivité tout en sauvegardant la planète. Cette journée vient à point nommé puisque le Maroc, à l’instar de plusieurs pays, se trouve dans une situation particulièrement difficile due à plusieurs facteurs concomitants : changements climatiques, pandémie de la covid 19, situation géopolitique Ukraine-Russie, importante hausse des prix des intrants, … mettant plus que jamais à l’ordre du jour la question de la souveraineté alimentaire et de la résilience des agriculteurs. Certes, cette année la sécheresse est responsable de la baisse importante enregistrée au niveau des moissons, mais il n’en demeure pas moins que la prédominance des petites agricultures et les choix de techniques archaïques ont leur poids dans la faiblesse des rendements. Comme l’a expliqué M. Axel d’Hauthuille, Directeur Général de Syngenta Maroc : « Le but de la journée est de sensibiliser nos partenaires aux actions menées par Syngenta au Maroc, principalement dans notre centre de recherche et développement, de les faire profiter de nos dernières initiawww.agri-mag.com

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tives pour la durabilité de l’agriculture et de partager avec eux notre expertise et nos innovations en matière d’agriculture responsable qui rentrent dans le cadre de notre projet global Good Growth Plan. Ces différentes initiatives font que l’agriculteur marocain aura accès à de nouvelles technologies et de nouvelles solutions à même d’améliorer ses rendements et ses revenus dans les années à venir ». En plus des visites des différentes composantes du centre qui s’étend sur une superficie de 4ha, la journée a connu l’organisation de plusieurs ateliers d’un grand intérêt rentrant dans le cadre du projet Good Growth Plan, ateliers qui ont été animés par les experts de Syngenta abordant plusieurs thématiques comme : - l’opération Pollinator (voir Agriculture du Maghreb, numéro de juin 2022), - les bonnes pratiques agricoles, - la chaîne alimentaire et le suivi des résidus en relation avec les exportations marocaines vers l’UE, - la protection des semences Seedcare TM, - la réglementation phytosanitaire au Maroc/LMR.

tributeurs, de même que les institutionnels tels que l’ONCA, l’ORMVA, l’ONSSA, l’INRA, …. Rappelons que Syngenta avait signé en septembre 2021, un partenariat de 3 ans avec l’INRA, dans une volonté commune de contribuer à la sécurité alimentaire du Maroc et de renforcer le système productif agricole à travers des solutions qui permettront aux agriculteurs marocains d’améliorer significativement

leurs rendements jusqu’à 20% de plus tout en préservant la biodiversité et en réduisant les surfaces cultivées. Soulignons en fin, qu’en plus de son objectif principal de développement des produits de Syngenta, ce centre a été conçu comme une ferme pilote afin de servir de moyen de promotion de l’agriculture durable et de vulgarisation des bonnes pratiques pour les producteurs de la région.

A noter que pour améliorer la durabilité, la qualité et la sécurité de l’agriculture, Syngenta mène annuellement plus de deux cents essais au Maghreb dans le but de soutenir les cultures clés (céréales, maïs, grandes cultures, betterave, légumes et spécialités). Elle propose en conséquence des technologies, des solutions de culture et de protection des semences innovantes et adaptées qui permettent aux agriculteurs de mieux utiliser les ressources agricoles limitées. Cet événement a réuni les partenaires de Syngenta qui sont les parties prenantes de l’agriculture à savoir les producteurs, exportateurs et disAgriculture du Maghreb N° 145 - Juillet/Août 2022

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Actu Actu Entreprise

Un séminaire international sur la myrtille à Casablanca pour promouvoir la filière marocaine

Blueberries Consulting, une entreprise avec plus de 8 ans d’expérience dans l’organisation de séminaires spécialisés axés sur la myrtille au Pérou, au Chili, en Argentine, en Colombie, au Mexique et en Espagne, arrive en Afrique pour organiser pour la première fois un de ses événements sur le continent. Le choix du Maroc pour tenir ce séminaire n’est pas fortuit, il s’agit d’un pays qui a un impact sur le marché de la myrtille en raison de la croissance soutenue de sa filière et de la qualité de ses fruits. C’est pourquoi Blueberries Consulting a décidé de dynamiser davantage le fonctionnement de la filière marocaine en organisant le XXIème Séminaire International sur la Myrtille Maroc 2022.

C

e 9 juin à l’hôtel Hyatt Regency Casablanca, des experts internationaux, des producteurs, des exportateurs, des agro-fournisseurs locaux et internationaux, ainsi que des leaders du secteur agricole marocain, se sont réuni pour discuter de l’avenir prometteur de la myrtille nationale. Une occasion pour les acteurs du secteur d’interagir et de nouer des liens avec leurs pairs. Le séminaire a débuté par un mot de bienvenue prononcé par M Jorge Esquivel, Dr de Blueberries Consulting qui a indiqué que, après un cycle de séminaires tenus cette année dans différents pays, le tour était venu pour l’Afrique avec le XXIème séminaire de Casablanca. La journée a débuté par deux exposés analysant les facteurs de différenciation de la filière marocaine de la myrtille par Hassan Ouabouch, docteur en économie de l’Université polytechnique de Valence et professeur à l’Université Hassan II de Casablanca, en plus d’une revue complète

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de la situation actuelle et des projections du secteur marocain de la myrtille par Amine Bennani, Président de l’Association Marocaine des Producteurs des Fruits Rouges. Pour terminer ce premier volet de conférences, M. Cort Brazelton, Co-PDG de Fallcreek, a donné un aperçu sur la position du Maroc sur le marché mondial de la myrtille et des stratégies à adopter pour améliorer sa compétitivité. Les informations recueillies lors de ces trois interventions feront l’objet d’un article à part qui listera les principaux points abordés concernant la filière marocaine et ses perspectives d’avenir.

Exposés techniques Les exposés techniques ont été choisis pour améliorer la compétitivité de la myrtille, toujours axés sur l’augmentation de la rentabilité et l’amélioration de la qualité et de l’état du fruit. Des sujets tels que la nutrition des plantes, la fermeté des fruits, la production de myrtilles en conditions salines, la fertigation des myr-

tilles en pots, la biofertigation, le contrôle des maladies, ainsi que la gestion pour améliorer le processus de production du fruit jusqu’à son exportation, ont été traités lors du séminaire. À cette occasion, Blueberries Consulting a invité des intervenants de premier plan. Jorge Retamales, titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en horticulture, qui a consacré sa carrière professionnelle à la recherche sur la myrtille qui a parlé de l’optimisation de la gestion physiologique et agronomique de la plante pour une meilleure qualité des fruits et un bon rendement. Pour sa part, Douglas Rodriguez, directeur de la santé végétale EMEA chez Planasa et titulaire d’un doctorat en phytopathologie, a abordé le sujet de l’identification et lutte contre les ravageurs et les maladies les plus importants affectant la culture de la myrtille. Quant à Mme María del Carmen Salas, docteur en horticulture et professeur à l’université d’Almería, spécialiste de la production hors-sol

et de l’agriculture protégée, elle a parlé de la Biofertigation de la myrtille et contrôle de la salinité dans les cultures en hors-sol. La production de la myrtille sur substrats a été la thématique traitée par Pedro Brás de Oliveira, Ph.D Institut national de recherche agraire et vétérinaire. Et enfin, Abdallah Zayani Consultant international en nutrition végétale BCS LAB a parlé de la gestion de la nutrition azotée et phosphorée de la myrtille et leurs effets sur le développement des plantes. Les participants à cette réunion ont ainsi eu l’occasion d’acquérir des connaissances actualisées sur l’état de la production locale de myrtilles, des opportunités commerciales à l’étranger et de la gestion technique qui peut être adoptée pour maintenir une activité saine et durable dans les années à venir. www.agri-mag.com

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Bayer Crop Science

Lancement de SIVANTO et BioACT Prime à Agadir Bien plus qu’une société de phytoprotection, BAYER est aujourd’hui un acteur majeur qui développe des solutions intégrées combinant protection des plantes, solutions biologiques, traitements de semences, semences et outils numériques pour soutenir la réussite des agriculteurs dans le monde entier. Afin de présenter ses dernières innovations, mais surtout de confirmer son engagement pour une agriculture rentable et durable, Bayer Crop Science a organisé fin juin à Agadir, un événement auquel ont été conviés près de 200 professionnels du secteur pour le lancement de ses deux nouvelles solutions innovantes : le nématicide biologique BioAct Prime et l’insecticide nouvelle génération SIVANTO Prime.

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a journée a été inaugurée par M. Pierre Allot, Marketing Lead Maghreb – Bayer Crop Science, qui a notamment expliqué que l’objectif de l’évènement est de présenter ces deux produits innovants, de même que l’outil « Nématool », solution digitale développée dans le but d’assister les producteurs dans la gestion des nématodes. La parole a ensuite été donnée à M. Jean Baptiste Boulay, CEO North Africa CCL CropScience, qui a présenté stratégie adoptée par le groupe allemand au niveau mondial et au Maroc, ainsi que son engagement envers la durabilite, le digital et pour contribuer à l’amélioration de la vie humaine en général. Il a rappelé qu’au Maroc, Bayer est présente à travers ses trois divisions : - Pharmaceutical pour relever les défis de la santé, - Consumer Health pour permettre à chacun de se protéger au quotidien en préservant le bien être. - Crop Science pour aider l’agriculture à faire face aux défis d’une population en constante augmentation, avec une alimentation suffisante, saine et de qualité. BAYER met au service des agriculteurs un portefeuille

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intégré de solutions agricoles qui couvre les semences, la protection des cultures et les solutions numériques. Par la suite, l’équipe Bayer a enchainé les présentations des nouveaux produits BioAct Prime et SIVANTO Prime. Leurs matières actives, modes d’action, leur mobilité au niveau de la plante, leur spectre d’activité, leur mode d’application ainsi que les résultats des essais conduits dans la région d’Agadir en font des solutions innovantes. Le BioACT Prime est un nématicide de biocontrôle à base du champignon entomopathogène Purpureocillium lilacinum souche 251, et qui permet de lutter contre ces mico-parasites du sol, l’amélioration du système racinaire des plants et des rendements. Son coté naturel en fait un produit de contrôle sans résidus, plus flexible, utilisable à des doses réduites par hectare aussi bien en agriculture biologique qu’en agriculture conventionnelle. BioACT Prime est efficace sur les trois principaux genres de nématodes nuisibles avec une très bonne sélectivité quelle que soit la culture traitée. Le gain de rendement est amélioré davantage avec plusieurs

applications de BioAct Prime pour maîtriser les différentes générations de nématodes. Nematool est une solution digitale développée par Bayer pour la gestion des nématodes. Facile à utiliser, Nematool permet un contrôle efficace des nématodes grâce à un système d’alertes automatiques pour un positionnement approprié de BioAct Prime en termes de timing. En effet, la combinaison d’une sonde de température et d’une application mobile donne des informations en temps réel sur la génération de nématodes présente dans le sol, ainsi que des alertes automatiques sur les premiers œufs de la génération suivante. La facilité d’utilisation de ce nouvel outil permettra à l’agriculteur de s’adapter aux nouvelles avancées technologiques. Quant à SIVANTO Prime, il s’agit d’un nouvel insecticide performant pour lutter contre les principaux insectes piqueurs suceurs (pucerons et aleurodes) sur un grand nombre de cultures. Il cible avec précision les insectes nuisibles grâce à son action rapide et durable tout en maintenant un profil d’innocuité favorable pour de nombreux insectes bénéfiques. Sivanto Prime s’intègre ainsi parfaitement dans les pro-

grammes de lutte intégrée et son Délai Avant Récolte court en fait un très bon allié pour prévenir la transmission des viroses. Ce produit se place parfaitement dans les programmes Tomate, avec une complémentarité avec Movento SC qui vient de recevoir une extension d’homologation sur la même culture. La parole a par la suite été donnée à la Responsable Marketing Digital chez Bayer qui a mis en exergue le rôle du Digital Farming pour les agriculteurs. Elle a notamment expliqué que l’agriculture numérique leur permet de maximiser le rendement de leurs récoltes en utilisant moins de surfaces et moins d’intrants et ce grâce à différents moyens d’observation (satellites, drones et capteurs connectés) et d’outils d’aide à la décision (applications web et mobiles). L’événement a été clôturé par une session de discussions et de réponses aux questions des invités, assurée par M. Josep Izquierdo, EMEA Crop-Portfolio Solution Manager et par des remerciements vers les partenaires distributeurs de Bayer qui accompagnent les producteurs en répondant a leurs besoins au quotidien.

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Courgette export Nécessité d’une forte technicité, d’investissements conséquents et d’une grande réactivité au marché La culture de la courgette est connue auprès des professionnels par ses principales caractéristiques liées aux conditions climatiques et sanitaires, à la difficulté d’adaptation aux variations rapides des prix sur le marché, de l’importance des coûts de productions et des investissements. Ces derniers sont d’autant plus importants que la lutte phytosanitaire est onéreuse (traitements, toile P17, etc.) et que la tendance à la conversion du plein champ à la production sous abris se confirme malgré les surplus de coûts, en raison des nombreux avantages qu’elle apporte. Cependant, une aide conséquente est fournie par la recherche qui apporte des solutions aux problèmes viraux par les résistances ainsi que par la mise régulière sur le marché de nouvelles variétés par les maisons grainières grâce à leur présence constante sur le terrain. Ci-après, la situation sur le terrain avec les avis de professionnels de la filière.

Déroulement de la campagne

Concernant la campagne courgette noire 2021/22, elle a été marquée par une réduction des superficies à cause des mauvais prix et des dégâts importants infligés par le virus New Delhi enregistrés lors de la précédente campagne. Les prix étaient bons et la production a enregistré moins de pression virale, cependant le début de l’actuelle campagne a connu un problème de disponibilité de la main d’œuvre à cause de l’entrée en production simultanée des fruits rouges et des tomates dans la région du Souss. A noter que la superficie cultivée en courgette noire est en diminution continue depuis trois années 22

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successives, oscillant entre 2000 et 2200 Ha, en raison des prix toujours bas. Cependant, l’actuelle campagne a enregistré des cours intéressants à l’export pendant trois mois successifs, d’octobre à janvier, « Ceci ne s’était pas produit à Agadir depuis longtemps », explique un professionnel de la région. En conséquence, les observateurs s’attendent à ce que cette embellie entraine une augmentation de la superficie l’année prochaine de 25 à 30%. Il faut savoir que l’augmentation des prix à l’export s’explique notamment par les catastrophes qu’a connues la région d’Almeria (voir paragraphe suivant) càd les attaques du virus New Delhi, l’impact du co-

rona virus sur la disponibilité de la main d’œuvre, ce qui a entrainé une baisse importante de la superficie cultivée. La demande a ainsi été forte pour la courgette marocaine d’où la hausse importante des cours à l’export. L’Union européenne produit environ 1,56 Mt de courgette par an pour le marché du frais. L’Espagne est la principale origine des importations européennes de courgette, à hauteur de 60 %. Avant la pandémie du Corona, la province d’Almeria concentrait 54 % de la production espagnole, estimée au total à 587 000 tonnes produites sur 20 300 ha. En plus de l’augmentation de de la superficie attendue au Maroc, vu www.agri-mag.com

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que les prix étaient intéressants à partir du mois d’octobre (plantations précoces), la plupart des producteurs prévoient aussi de miser sur le précoce l’année prochaine et commenceront leurs semis à partir de la dernière semaine du mois d’août et jusqu’à la fin du mois de septembre. Les bons cours de cette campagne ont aussi poussé les producteurs à maintenir leurs cultures plus longtemps pendant des mois et ce par l’investissement dans les soins culturaux principalement la fertilisation et les traitements phytosanitaires. Généralement, lors des années à faible prix à l’export, les producteurs désespérés délaissent

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leurs cultures de courgette, qui sont arrachées au bout d’un mois seulement. « La culture de courgette dépendra toujours du prix pendant la période de récolte : plus les prix sont intéressants à l’export plus le producteur prend soin de sa culture et plus les prix sont faibles et plus le producteur délaisse sa culture, donc plus d’attaques de virus, s’ensuit une mauvaise nouaison et une mauvaise production », souligne un producteur. Pour rappel, le Maroc occupe la deuxième place des principaux pays exportateurs de courgettes vers l’UE après l’Espagne avec un volume de plus de 42.700 tonnes

en 2021/22, soit une variation de +13% par rapport à l’année dernière (37.800 tonnes) avec un prix moyen de 11 dirhams le kilo, soit 1,03 euro le kilo. Pour rappel, depuis 2012 à ce jour, le royaume a augmenté ses exportations de courgettes vers les différents pays de l’UE. Le royaume représente aussi le premier fournisseur de courgette à l’Espagne puisqu’il a triplé ses exportations vers cette destination au cours de la dernière décennie.

Sur le plan sanitaire

De l’avis des spécialistes, la menace la plus sérieuse qui pèse actuellement sur le secteur de la courgette

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reste le virus New Delhi qui se transmet facilement d’une culture à une autre. Sa pression dépend des conditions climatiques. Avec les vagues de chaleur, il s’exprime davantage et devient plus virulent et dangereux. Cette année, sa pression a été plus forte sur la courgette blanche (marché local) que sur la noire. Cela s’explique par le niveau de technicité des producteurs et d’investissement en termes de traitements phytosanitaires. En effet, pour la courgette noire, produit à haute valeur ajoutée destiné à l’export, l’agriculteur investit automatiquement dans les traitements contre la mouche blanche et les pucerons vecteurs de virus, ainsi que dans la toile P17 pour protéger la culture au départ ainsi que des injections régulières de produits contre d’autres ennemis de culture. Une fois que la culture démarre et que la plante est bien construite, l’effet de l’attaque des virus devient plus faible sur le plant. L’attaque du virus New Delhi est en effet beaucoup plus grave sur une plantule que sur un plant costaud qui continue à produire un certain temps même s’il est atteint. Aujourd’hui, les producteurs s’adaptent par rapport aux attaques virales en utilisant de bons traitements et en conduisant leur culture correctement. En plus des résistances aux trois virus classiques (WMV, CMV, ZYMV) et à l’Oïdium, les producteurs attendent avec impatience l’arrivée de variétés résistantes au virus New Delhi. En réponse à ces attentes, la plupart des semenciers, après des années de recherche, ont commencé à développer et introduire les premières variétés de courgettes résistantes au virus New Delhi afin de répondre à l’énorme demande du marché et offrir une solution durable aux producteurs. A noter qu’à partir de la campagne prochaine, la première variété résistante au New Delhi devrait être disponible pour les producteurs marocains. Même s’il s’agit d’une variété recommandée pour les cultures sous serre, les producteurs envisagent sa production en plein champ pour faire des économies au niveau du filet P17 et des traitements contre les vecteurs, et profiter de l’augmentation au niveau des tonnages par des récoltes qui peuvent durer plus longtemps. Cette résistance ne présente pas seulement un grand intérêt pour les producteurs de courgettes, mais offre également des avantages significatifs pour les autres partenaires de la chaîne des produits frais. Après tout, un approvisionnement plus stable en produits de meilleure qualité et plus durable peut contribuer à améliorer le marché des ventes à différents stades de la chaîne. La tendance à la conversion du plein champ vers la culture sous serre se maintient. Les serres représentent actuellement 45% des surfaces contre 55% pour plein champ. Du fait qu’elle demande un investissement modéré, la culture de courgette à plat était la plus fréquemment pratiquée par les petits et moyens producteurs. Cependant, elle présente le risque majeur d’attaques de virus (CMV, WMV …), surtout par temps doux. Pour ce mode de culture, la toile P17 est incontournable aussi bien pour son rôle important pour éviter les attaques www.agri-mag.com

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de vecteurs de virus sur les jeunes plants (avant floraison) que pour le gain de température (2 à 3 degrés) qu’elle assure aux semis tardifs de Décembre. Cependant, la sévérité du problème des virus en plein champ pousse de plus en plus de producteurs à passer à la culture sous abri-serre, mieux protégées et plus productives. En effet, malgré un investissement plus élevé, les abri-serres offrent des résultats meilleurs, grâce à une productivité supérieure due à la maîtrise de plusieurs paramètres. En effet, la serre est une barrière physique contre les insectes vecteurs de virus. De plus, elle offre un meilleur contrôle des conditions climatiques, avec un bon gain de température, ainsi qu’une protection contre le vent qui, en plein air, fait bouger les feuilles et provoque la formation de taches sur les fruits et les producteurs disposant de serres canariennes, ont la possibilité de palisser les plants avec une récolte étalée sur plusieurs mois et des rendements plus importants à l’hectare.

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Par ailleurs, il est recommandé de faire les bons choix de parcelles en prenant en compte les cultures précédentes, l’isolement de la parcelle, le désherbage des abords et l’élimination des déchets de culture précédents. Observer régulièrement

et précocement les cultures. Les insectes ravageurs peuvent arriver tôt en saison. Les mécanismes de résistance se mettent progressivement en action au fur et à mesure du développement de la plante. Intervenir chimiquement dès les premiers

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de demain et est également fondamental en agriculture biologique.

Profil variétal

insectes (pucerons, thrips…).

Importance des résistances

Une bonne variété doit également être dotée de multiples résistances ou tolérances notamment à l’oïdium et aux maladies virales. En effet, la lutte contre l’oïdium, dont le risque est important à partir du début de l’été, est difficile car les récoltes quotidiennes interdisent l’utilisation de fongicides ayant un DAR supérieur à trois jours. Pour les cultures d’automne, c’est le risque des virus qui devient préoccupant, même sous abris. La résistance aux maladies et aux ravageurs est un axe

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majeur des efforts de recherche des maisons semencières qui travaillent d’arrache-pied pour créer des variétés résistantes. Cependant, la résistance ne présente pas toujours une garantie suffisante en raison de l’apparition de mutations, comme par exemple le WMV de souche marocaine. L’utilisation de variétés résistantes ne dispense pas non plus, d’une bonne protection phytosanitaire. Les innovations génétiques contribuant à pérenniser les moyens de lutte et donc les cultures, ce travail mené sur les résistances s’inscrit dans une approche plus durable qui répond aux enjeux de l’agriculture

En général, le marché de la courgette reste toujours stable avec des changements au niveau du positionnement des variétés. Les variétés dominantes varient selon qu’il s’agit de production de plein champ ou sous abri-serres. Mais, pour les producteurs, les principales caractéristiques pour le choix d’une variété de courgette noire sont : vigueur et rusticité, fruits fermes bien uniformes de couleur vert foncé, rendement export, résistances aux aléas du climat et aux ennemis de culture, etc. « Pour moi une bonne variété est celle qui combine différentes caractéristiques. Explique un exportateur du Souss. En premier lieu, je recherche une variété très productive qui peut produire entre 15 et 25% de rendement en plus par rapport aux variétés traditionnellement utilisées. Il s’agit d’un avantage majeur, quand on sait l’importance que représente

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végétatif et génératif.

le rendement commercial sur le chiffre d’affaires total d’une culture de courgette. La facilité de récolte, la plante, la vigueur, la bonne tenue, un port très ouvert et droit, qui facilite et optimise cueillette, sont d’autres caractéristiques recherchées. Les producteurs qui tiennent compte de cet aspect estiment qu’ils économisent entre 20 et 30 % de temps au ramassage, par rapport à d’autres variétés traditionnelles. Cela impacte directement la rentabilité de la culture ». Un semencier explique que l’analyse en détail des attentes des producteurs montre les caractéristiques particulières requises pour chaque partie de la plante à savoir :

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- meilleure précocité, - meilleure productivité grâce à l’allongement de la période de récolte, - des feuilles bien orientées pour faciliter la récolte, - des entre-nœuds courts sous serre et très court en plein champ pour que la plante soit assez rigide, - des fruits dotés d’un pédoncule long pour faciliter la récolte, - un point d’attachement fleur fruit bien réduit pour éviter la pourriture, - un bon pourcentage de production de fleurs mâles pour favoriser une bonne pollinisation et nouaison, - fruits uniformes, fermes, bien cylindriques avec une couleur vert foncé et brillante, - pour la plante : un bon équilibre

Généralement, la plantation sous serre se fait selon une densité de 2 m x 0,40 ou 2 m x 0,50, alors qu’en plein champ elle est de 1,80 m x 0,40 ou 1,50 x 0,50; soit une densité de 10.000 à 12.500 plants sous serre et de 13.000 à 13.500 plants pour le plein champ et sous chenilles.

Proposer des variétés innovantes et compétitives

L’apparition de nouvelles technologies fait évoluer le métier de sélectionneur mais l’objectif reste inchangé : proposer des variétés innovantes et compétitives pour la filière. Aujourd’hui, le travail d’un sélectionneur est vaste et diversifié et c’est ce qui fait la richesse de ce métier. Parmi les principaux axes de recherche, la qualité de fruit et le rendement commercial sont les piliers des programmes de sélection. Mais depuis de nombreuses an-

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nées, les axes de recherches se sont élargis et diversifiés pour répondre aux attentes et besoins des producteurs. Ainsi, les caractéristiques de résistance aux maladies, de tenue de plante, de flexibilité de récolte et de tenue en conservation sont devenues hautement prioritaires. Combiner toutes ces qualités dans une seule et même variété est un challenge, mais les nouvelles technologies sont là pour aider. « Les outils de biologie moléculaire, nous permettent d’avancer et de réagir rapidement et nous assurent un flux de variétés possédant des caractéristiques génétiques uniques : résistance intermédiaire à la fusariose, à l’oïdium, pucerons et demain des résistances à bien d’autres maladies », explique un sélectionneur. Toutes les nouvelles variétés sont testées au champ, afin d’évaluer leur niveau de résistance en conditions réelles et sous forte pression maladie. Ce mariage entre technologie de pointe et évaluation de terrain est essentiel. C’est la clé de voûte de

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tout bon programme de sélection, un atout majeur pour proposer des produits uniques aux producteurs. Le développement variétal s’appuie également sur l’expérience et la créativité des équipes de terrain et des stations dans différents pays, et qui assurent la découverte et l’évaluation des innovations. Cela permet de valider l’intérêt agronomique des nouveaux hybrides sous différentes conditions climatiques et culturales. De plus, les nouvelles technologies améliorent la qualité des mesures prises au champ et donc fiabilisent le processus de sélection. Un grand travail de recherche et de développement est également

entrepris pour adapter les variétés de courgette aux contraintes climatiques. L’impact du réchauffement climatique sur cette culture se traduit notamment par une pression maladies plus élevée. Les sélectionneurs en courgette travaillent en priorité sur les résistances des variétés pour permettre aux producteurs de faire face aux contraintes environnementales et climatiques.

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Fruits rouges

Choix variétal pour le fraisier

Trouver des variétés répondant aux différentes attentes Lors de la préparation de chaque nouvelle campagne de production, les fraisiculteurs se posent en permanence la question de savoir quelle est la variété la plus adaptée. En effet, la mise au point permanente de nouvelles variétés et l’évolution des exigences des marchés amènent les producteurs à faire des choix quant à leur stratégie de production. Ainsi, au moment de choisir quelle variété de fraisier il va mettre en culture, un producteur doit tenir compte d’un nombre élevé de critères.

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n général, les fraisiculteurs prennent en considération des critères tels que le rendement, la précocité et la résistance aux stress biotiques et abiotiques. La plante doit également produire des fruits de qualité qui séduiront le consommateur par leur aspect (forme conique des fruits, couleur rouge aussi bien intérieur qu’extérieur), leur goût (degré brix élevé, saveur) ou encore leur tenue en conservation, leur fermeté (fruit dur permettant un long shelf life et la coupe pour surgelé. Sans oublier des aspects en relation avec la conduite technique: mode de culture (en sol ou hors sol), sous abris ou en plein champ, dates de plantation, 30

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types de plants (motte, racine), etc. Mais avant tout, la principale attente de ces variétés c’est la rentabilité de l’exploitation. Ainsi, au début de la campagne, le producteur doit se renseigner sur les variétés acceptées par les clients, qu’il est sûr de pouvoir écouler sur le marché. Par conséquent, il est nécessaire d’être fixé dans ses choix avant de commander les plants destinés à la production, choix conditionné par l’acceptabilité par la clientèle. Et comme l’explique un producteur chevronné de la région du Loukos : « On commence par établir l’acceptabilité par les consommateurs càd les grandes surfaces, ensuite on opte pour les variétés compte

tenu de l’expérience personnelle, des techniques culturales, etc. qui pourront donner les meilleurs résultats». En outre les grandes surfaces exigent que le producteur leur fournisse un éventail de variétés et ne sont pas intéressées par une seule ni par les petites quantités. Par ailleurs, le problème pour ceux qui exportent les fraises depuis le Maroc, c’est que les variétés cultivées doivent être à double fin, valables aussi bien pour le frais que pour le surgelé. Les variétés destinées au surgelé doivent avoir en plus, des caractéristiques adaptées avec une texture très forte. Pour le frais, les variétés utilisées doivent être précoces pour bénéficier de prix élevés. Ainsi, il est difficile de www.agri-mag.com

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INNOVATION NOTRE RAISON D´ÊTRE La caractéristique fondamentale d´une entreprise est de savoir valoriser et mesurer les succès et les erreurs du passé, et se concentrer sur la modalisation des années à venir. Compte tenu de l’importance du développement pour la survie dans tout secteur, une entreprise doit être engagée dans une solide politique de Recherche et Développement. C’est pour cette raison que Viveros California a investi dans divers projets hautement spécialisés dans l’amélioration des plants de fraisier et de framboisier, auxquels Viveros California participe directement comme MedBerries, BerryLab, International Berry Selection, et aussi d’autres programmes d’amélioration, publics -Université de Californie, Université de Floride,...- et privés avec lesquels

l’entreprise collabore en commercialisant les variétés sélectionnées. «Actuellement, le pari de Viveros California c’est la variété Marimbella, une variété très précoce, très productive, avec un degré Brix élevé, un long Shelf-Life et surtout de bonnes caractéristiques organoleptiques et une belle forme conique. Ces dernières années, on constate qu´il y a une augmentation de l´offre variétale et une grande envie des pépiniéristes d´avoir “LA NOUVELLE VARIÉTÉ”, qui doit être à double fin, valable pour le frais et le surgelé, et surtout qui sera agréée par les supermarchés européen et le marché local» explique Amal El Harrati Ingénieur Agronome et Responsable commerciale pour l´Afrique et Moyen Orient de Viveros California. C´est pour cela qu’après 10 ans de travail, de Recherche et Développement, Viveros California avec son

propre programme génétique MedBerries, a sélectionne des variétés qui combinent les caractéristiques les plus valorisées comme la précocité, la productivité, les qualités organoleptiques, la tolérance aux maladies, le degré Brix élevé et le long Shelf-Life. Ainsi, Viveros California est en train d´enregistrer, pour commencer à les commercialiser, deux de ces variétés aux niveaux Européen et Américain, qui aspirent également à être les championnes de la demande des marchés Marocain, Espagnol et Italien. Au delà des fraises, Viveros California a un autre programme génétique propre dédié aux framboises, dont deux variétés en cours d´inscription, parfaitement adaptées aux conditions climatiques marocaines et espagnoles avec des niveaux de précocité et de production qui seront des références dans le secteur des framboises.

Pour plus d’informations: www.agri-mag.com

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VIVEROS CALIFORNIA, S.L

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Tél: 0034.954.213.502 - Email: amal@medinagroup.es

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Fruits rouges

concilier toutes les exigences puisque par exemple, on peut trouver une variété bonne pour le frais mais qui est molle, donc non adaptée au surgelé. Il est rare de trouver des variétés qui répondent à tous les critères.

Recherche variétale et critères de sélection

Pour les obtenteurs, les objectifs de sélection sont très nombreux et variés. Ils doivent prendre en considération les désidératas aussi complexes que divers, des producteurs, marchés et consommateurs. En outre, la sélection ne peut s’effectuer sur tous les critères en même temps. Par conséquent, la sélection variétale de fraises est une activité qui demande beaucoup de temps, surtout que le génome du fraisier est très complexe. Le travail des sélectionneurs est donc, en fonction des objectifs, d’hybrider (de croiser) entre elles différentes variétés afin de rassembler dans la descendance leurs qualités.

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Premièrement, les parents mâle et femelle (présentant des aptitudes complémentaires) doivent être déterminés sur la base d’un profil. Le profil se détermine à partir d’une liste de caractéristiques qu’on aimerait retrouver dans la nouvelle variété (précocité de la récolte, caractéristiques des fruits, vulnérabilité aux maladies et conditions climatiques, etc.). Lorsque le croisement est réalisé, les plants pollinisés sont séparés des autres, de sorte que la pollinisation par des variétés étrangères est empêchée. La graine du fruit pollinisé est semée et chaque plant est une nouvelle variété. Ces plants doivent être plantés et sélectionnés de manière précise. L’astuce consiste à distinguer les bons des mauvais. Les variétés sélectionnées sont ensuite multipliées et évaluées à nouveau. Ainsi, seules les meilleures variétés sont retenues. Il arrive souvent qu’aucun plant ne passe l’épreuve de la critique. L’ensemble du processus

prend au moins dix ans. Même dans ce cas, il arrive qu’une variété sélectionnée ne réponde pas à toutes les attentes. C’est ainsi que de nombreuses variétés sont venues et ont disparu au fil des ans. « Ce long travail est récompensé lorsque nos variétés sont passionnément cultivées par les producteurs et appréciées des consommateurs », explique un sélectionneur. Le processus nécessite près de dix années entre la conception d’un projet par le croisement initial de deux plantes et la mise sur le marché de milliers de plants d’une variété commerciale. Mais il existe de nouveaux outils en génétique, les biotechnologies, qui améliorent considérablement le processus de création variétale. Par ailleurs, les espèces de fruits rouges et notamment le fraisier étant des espèces fortement dépendantes et impactées par les conditions environnementales, il est nécessaire d’observer leur comportement pendant plusieurs années et dans diverses conditions. Ainsi, les variétés sélectionnées sont testées sur leurs performances dans les différents systèmes de culture (sol, hors sol), la culture très précoce sous serre et la culture tardive, les différents climats et types de sols dans différents pays.

Critères de sélection :

Les principaux paramètres suivant lesquels les variétés potentielles sont sélectionnées sont généralement : • L’apparence du fruit, • Les qualités gustatives (recherche de saveurs originales), • Les tolérances aux maladies et insectes nuisibles, • Le potentiel de rendement, • La fermeté du fruit et durée de conservation, • La teneur en vitamines et en antioxydants, • Le potentiel (rendement) de la plante et le calibre du fruit, • La fermeté et la tenue en conservation, • La facilité de cueillette, • L’adaptation aux différentes méthodes et zones de culture (besoin en froid), www.agri-mag.com

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• Le comportement en pépinières. A noter que certains critères intéressent l’ensemble des obtenteurs, notamment la floraison, la résistance aux maladies et la richesse en antioxydants, etc. En effet, la maîtrise de la floraison du fraisier permettrait de mieux gérer les périodes de production. L’allongement de la période de production est le meilleur moyen d’augmenter le potentiel de rendement au niveau de la plante sans nuire à la qualité gustative du fruit. Par ailleurs, la création de variétés de fraisier naturellement résistantes aux maladies permettrait de limiter l’utilisation des produits phytosanitaires (difficulté de gérer les Délais Avant Récolte). Le but est de permettre la production de fruits de qualité, sans résidus, respectueux de l’environnement et d’en assurer le rendement, surtout avec la réduction du nombre de solutions pesticides autorisées par les cahiers des charges imposés par les chaines de distribution. Les bienfaits du fruit sont aussi l’un des principaux objectifs de sélection des programmes de création variétale. En particulier, la richesse en antioxydants est un caractère recherché pour la haute qualité nutritionnelle qu’elle confère à la fraise.

ractéristiques semblent plutôt dépendre de la génétique propre de chaque variété. Côté conduite il faut éviter un emballement en végétation de la plante et optimiser la production par des apports nutritifs appropriés. Il faut également s’approvisionner auprès de pépinières sérieuses. Pour une variété donnée, un plant de qualité est un plant dont les aptitudes sanitaires et végétatives permettent, lorsque celui-ci est placé dans de bonnes conditions pédo-climatiques et culturales, d’exprimer le maximum de son potentiel de production, tant sur le plan quantitatif que qualitatif.

Importance de la conduite

Le choix d’une variété, fut-elle la ‘‘meilleure’’, n’est pas à lui seul garant de bons résultats. En effet, le mode de culture influence fortement le rendement, et pour cela il faudrait assurer à la variété retenue les conditions adéquates pour qu’elle puisse exprimer pleinement ses potentialités productives. Par ailleurs, une fois la variété choisie, le producteur a besoin d’informations complémentaires afin d’optimiser ses conditions de culture, l’objectif étant de rester concurrentiel économiquement. Des questions relatives aux systèmes de culture, à la date de plantation, au type de plant ou encore aux méthodes de lutte contre les pathogènes et ravageurs sont fréquemment posées par les producteurs. Ainsi, une corrélation déterminante s’établit entre d’une part des caractéristiques génétiques des variétés et d’autre part les modes de culture, fonction de plusieurs critères comme le choix le la culture en sol ou hors sol, la précocité (la meilleure date de plantation), la destination (frais ou surgelé), sous petits tunnels ou grands abris (ou les deux ?), la fertilisation, l’irrigation, … Il faut toutefois retenir que le mode de culture, en sol ou hors sol, influence peu des critères tels que le calibre, la qualité des fruits ou leur tenue en conservation. Ces cawww.agri-mag.com

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La fertilisation raisonnée en arboriculture fruitière Bien pratiquée, la fertilisation permet d’optimiser la qualité de la production et le résultat économique du verger, tout en préservant l’environnement. Une première étape, indispensable pour aboutir à ce résultat, réside dans une bonne connaissance des besoins des différentes espèces fruitières. Comment se nourrit l’arbre ? Quels sont les éléments minéraux nécessaires et en quelles quantités ? À quels moments sont-ils prélevés ?

L

’observation du fonctionnement du sol est la base de la nutrition des arbres fruitiers. Cela passe par une observation indispensable du profil racinaire des arbres, une bonne préparation du sol avant plantation et une gestion de l’alimentation hydrique adaptée au sol. Pour faciliter le raisonnement différents outils sont actuellement

disponibles. L’analyse de sol guide sur les fumures de correction à apporter. Le reliquat azoté permet un pilotage en temps réel de la fumure azotée du verger. En fin l’analyse foliaire permet de valider le pilotage de la fertilisation réalisé à partir de l’analyse de sol et du reliquat azoté. Une fois tous ces éléments réunis, il est alors possible de sélectionner les engrais adaptés au sol, avec les quantités adéquates susceptibles

de satisfaire les besoins des arbres, tout en minimisant les coûts et les risques environnementaux associés à la fertilisation. Le choix judicieux de l’époque d’apport réduira encore les risques pour l’environnement et plus particulièrement pour la qualité de l’eau.

LES BESOINS DES ARBRES FRUITIERS L’AZOTE

L’azote est un élément très important pour la croissance de l’arbre et la formation du rendement. Il contribue à former des boutons floraux de qualité et rend les fleurs fécondables plus longtemps ; la coulure et l’alternance sont de plus réduites par une bonne nutrition azotée des arbres. Tous les organes de l’arbre ont besoin d’azote. Les prélèvements ont été estimés pour chacun d’entre eux mais les difficultés associées aux analyses de plantes peuvent aboutir à des quantités différentes selon les auteurs. Les besoins sont très variables au cours de l’année. Aux mois de mars avril, pour le pommier, l’absorption est de l’ordre de 10 % des besoins annuels. Durant cette phase de démarrage, l’arbre utilise principale34

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3- La troisième période importante est après l’enlèvement des récoltes en début d’automne. L’essentiel des consommations d’azote réalisées au printemps et début d’été se retrouve exporté dans les feuilles et dans les fruits. L’azote mis en réserve dans les racines et les tiges est absorbé principalement d’août à octobre. À cette époque l’arbre doit disposer d’une quantité suffisante dans le sol pour assurer une bonne mise en réserve.

LE PHOSPHORE

ment les réserves contenues dans les racines, les charpentières et les bourgeons. Puis en mai-juin un le pic d’absorption apparaît avec plus de 40 % des prélèvements. L’azote participe alors à la croissance des fruits et du feuillage. Puis les prélèvements diminuent en juillet et en août. À cette époque, la minéralisation de la matière organique du sol suffit pour alimenter la plante. En cas d’une fourniture azotée excessive, il peut y avoir une deuxième phase d’assimilation intense. Le redémarrage de la végétation qui se produit est toujours nuisible pour l’équilibre des arbres et la qualité des fruits. En septembre-octobre, l’absorption représente presque 20 % des prélèvements annuels. L’azote sert alors uniquement à la mise en réserve dans les bourgeons, les charpentières et les racines. Il ressort du cycle d’absorption de l’azote trois époques où le raisonnement de la fertilisation azotée doit intervenir. 1- La première période est celle de fin d’hiver, de début à fin mars, un peu avant le débourrement. Il faut que l’arbre dispose de suffisamment d’azote, essentiellement sous forme de nitrates. La fourniture en azote doit répondre aux besoins de la floraison, à un moment où la nitrification est encore peu active. 2- La deuxième époque critique est celle de mi-avril à mi-juin. Les stocks d’azote doivent répondre aux besoins de la nouaison. Toutefois un excès d’azote en début de nouaison peut être responsable de coulures importantes sur certaines espèces. En verger adulte, il est inutile d’apporter de l’azote de mi-juin au mois d’août (minéralisation suffisante) 36

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d’autant plus qu’un apport estival peut avoir des conséquences néfastes sur le fruit (manque de coloration, déséquilibre minéral, sensibilité au bitter pit, ...). Les excès d’azote en arboriculture sont pénalisants pour la qualité des fruits par plusieurs effets : Ils aggravent la concurrence végétative du fait du maintien des pousses en période estivale, qui rationnent l’eau aux dépens des fruits, Cette activité végétative tardive entraîne un retard de fructification et de maturation des fruits, Il a été montré que, plus les apports d’azote sont importants, plus l’indice réfractométrique (teneur en sucre du fruit) est bas, qu’il soit mesuré à la récolte ou après conservation, En fin, les excès d’azote conduisent à des accidents de conservation des fruits (développement de bitter-pit, sensibilité aux attaques fongiques).

Le phosphore intervient dans des fonctions essentielles telles que la respiration, l’assimilation photosynthétique, la reproduction. Il participe activement à la mise à fruit et à la croissance des racines. Il participe aussi à la conservation des fruits en réduisant les pertes en eau. Il intervient en très faible quantité. Le phosphore est très fortement retenu par le sol. De plus, l’arbre ne prélève le phosphore du sol que dans le millimètre qui entoure les radicelles. Cela rend pratiquement inefficace l’apport d’engrais phosphatés en surface pour les sols, à plus de 10 % d’argile. On peut estimer que, en 20 ans, moins de 1 % participera à l’alimentation de l’arbre. Il faut donc prévenir les problèmes de déficience en P à la plantation, par le biais d’une fumure de fond adaptée, tant du point de vue quantitatif que qualitatif (type d’engrais P en fonction du type de sol). Par la suite une faible alimentation en phosphore nécessitera la mise en œuvre d’autres techniques que l’apport

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parition de ces carences induites, est soit des apports trop importants en potassium, soit de libérations trop fortes d’ammonium dans le sol.

LES OLIGOELEMENTS

d’engrais au sol.

LE POTASSIUM

Le potassium est un élément essentiel pour la qualité et le rendement. Il intervient dans de nombreuses fonctions, photosynthèse, transpiration (économie d’eau), formation des sucres, de la couleur et de l’acidité des fruits, prolongation de la conservation. Il confère aux arbres une certaine résistance aux maladies et aux ravageurs. Sa rétention dans le sol est liée au taux d’argile et à la nature de ces argiles. Le potassium peut-être très fortement retenu dans les sols très argileux, ce qui réduit l’efficacité de la fumure. Une bonne disponibilité en eau est indispensable pour une bonne assimilation. Les équilibres entre K+ et les ions Ca++ et MG++ sont très importants pour une bonne assimilation du potassium. En effet il y a antagonisme entre les trois éléments. Un excès en calcium ou magnésium peut bloquer temporairement l’assimilation en potassium. Les éléments minéraux n’agissant pas seuls, il est indispensable d’avoir un raisonnement global de la fertilisation.

bien avoir à l’esprit qu’il existe durant l’été une compétition entre les pousses en croissance et les fruits pour le calcium. Une trop forte croissance s’accompagne d’une sensibilité accrue au bitter-pit (tâches amères se développant sur les pommes).

LE MAGNESIUM

Comme le calcium, le magnésium se porte vers les zones de croissance actives. Il influe sur la régulation stomatique des feuilles et s‘avère nécessaire à la formation des bourgeons. C’est un constituant de la chlorophylle. Il favorise en outre l’absorption du phosphore. On note souvent des carences induites en Mg sur pommier en juin, juillet sur des variétés comme Golden, même lorsque le sol est bien pourvu. Très souvent la carence se manifeste d’abord dans les feuilles les plus âgées de la base des rameaux. Ensuite se produit une défoliation du rameau à partir de sa base. La cause la plus probable de l’ap-

Ce sont des éléments nutritifs indispensables aux arbres fruitiers, mais contrairement aux macro-éléments, ils sont présents en quantités très faibles dans les tissus des arbres fruitiers. De plus la corrélation est souvent faible entre les teneurs dans le sol et les teneurs des feuilles. Ceux qui sont essentiellement responsables de carences, en vergers, sont le fer (Fe), le manganèse (Mn), le zinc (Zn) et le bore (Bo). Pour les autres oligo- éléments tels que le cuivre (Cu) et le molybdène (Mo) les carences sont pratiquement inconnues. Les apports de cuivre associés à l’épandage de produits phytosanitaires réalisés en foliaire compensent le plus souvent les problèmes de disponibilités au niveau du sol.

LE FER (Fe)

Les symptômes de carences les plus fréquents rencontrés en verger liés aux oligo-éléments, sont dus au fer. Sa carence provoque des chloroses ferriques facilement identifiables. Elles commencent deux à trois mois après le débourrement, avec une chlorose caractéristique des jeunes pousses qui présentent un jaunissement internervaire et des nervures qui restent vertes. Puis ces symptômes gagnent les feuilles plus âgées, avant la nécrose des feuilles sur les bords des limbes. Dans les cas graves les feuilles chutent prématurément. Le développement de l’arboriculture fruitière dans des régions où

LE CALCIUM

Les besoins des arbres fruitiers en calcium sont importants. Par contre il est présent en petite quantité dans le fruit. Son rôle est cependant fondamental. Il intervient dans la qualité du fruit et sa conservation. Le calcium apparaît comme un régulateur du métabolisme des fruits. Présent en quantité suffisante, il ralentit la respiration des pommes, retardant ainsi la maturité du fruit. Il entre aussi dans la composition des membranes cellulaires. Il faut 38

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les sols calcaires sont importants a donné une grande incidence aux problèmes de chlorose. Le dosage du pouvoir chlorosant des sols (IPC), par le dosage du « calcaire actif », est très utile pour le choix des espèces et des porte-greffes les mieux adaptés. En fin en cas de risque de chlorose, des techniques d’irrigation appropriées vont réduire notablement l’expression des chloroses, en limitant les problèmes d’asphyxies. Il faut en particulier retarder le démarrage de l’irrigation au printemps et pratiquer des irrigations plus faibles à intervalles plus rapprochés. Les corrections par l’apport de chélates de fer au sol en préventif, ou en foliaire en correction, ont fait largement leurs preuves. Les meilleurs résultats au sol sont obtenus avec le chélate EDDHA en raison de sa plus grande stabilité en sols calcaires et argileux. En pulvérisation foliaire en général deux pulvérisations foliaires de chélates de Fe (EDTA, DTPA, HEDTA) sont préconisées, 4 semaines après la floraison et la seconde 3 semaines plus tard. Mais il s’agit de mesures temporaires, qui ne remplacent pas la correction au sol.

LE MANGANESE (Mn)

Le manganèse est un oligo-élément important pour la qualité du feuillage (coloration et dimension des feuilles). Des teneurs élevées en manganèse en été ont un effet important sur la coloration verte de fond des fruits. Contrairement à la chlorose ferrique avec laquelle on pourrait la confondre, au début, elle commence par les feuilles plus âgées, à la base des pousses. Dans le cas de déficience en Mn une bande étroite reste verte de chaque côté des nervures principales avec un contour assez irrégulier. Elle peut aussi être confondue au début avec une déficience magnésienne. La fructification n’est 40

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en général pas affectée, sauf cas grave. Dans les vergers la déficience en Mn est souvent liée à la déficience en Zn. Les espèces les plus sensibles sont le pêcher et le cerisier. La déficience manganique se manifeste surtout en sols calcaires ou à la suite d’augmentation brusque du pH (chaulage excessif). Contrairement au Fe les apports au sol ont une efficacité très limitée. Les traitements consistent donc en pulvérisations foliaires au printemps de sulfate de manganèse à des concentrations adaptées.

LE ZINC (Zn)

Les carences en zinc débutent, comme pour le fer, par les feuilles en extrémité de pousses. Les feuilles sont plus petites, pointues, anormalement étroites. Elles présentent des zones chlorotiques marginales et internervaires qui sont presque blanches, alors que les nervures et les zones voisines sont blanches. Le bord des feuilles est ondulé, en particulier sur le pêcher. En cas de carence grave les feuilles sont très petites et groupées en rosettes. Les fruits sont petits et peuvent être déformés (pêcher et abricotier) et de faible valeur. Sa carence est favorisée par une teneur trop élevée du sol en phosphore et des teneurs en Zn du sol insuffisantes. Comme pour le manganèse les apports au sol ne montrent pas d’efficacité. Les meilleurs résultats sont obtenus par des applications automnales de sulfate de zinc, après récolte, lorsque les feuilles sont encore présentes.

LE BORE (Bo)

La carence en bore est assez fréquente sur pommier et sur poirier. Le bore joue un rôle positif dans la germination du pollen et la croissance du tube pollinique. La déficience se traduit par un avortement de bourgeons, des feuilles petites, épaisses mais sans présence de

chlorose comme pour le zinc, une écorce boursouflée qui donne un aspect « peau de crapaud » et sous l’écorce le bois présente des taches liégeuses noirâtres. Les fruits peuvent être déformés avec présence de liège interne plus ou moins profond. Le dosage du bore du sol permet d’apprécier les risques de carence ou de toxicité pour cet élément. Si des apports en sols sableux acides peuvent être efficaces, il est préférable de réaliser des apports foliaires de bore. Ces apports sont à réaliser au printemps, avant floraison. Les pulvérisations d’automne, en même temps que le zinc, sont conseillées pour améliorer la mise en réserve de cet élément dans l’arbre.

IMPACT DE LA NATURE DU SOL

La nature du sol agit sur la cinétique de minéralisation car elle modifie la répartition et l’activité microbienne du sol, mais aussi l’accessibilité de la matière organique. En effet, la minéralisation de l’azote d’un sol diminue lorsque la proportion d’argile augmente. La présence de particules argileuses provoque un effet de protection de la matière organique, gênant ainsi l’action des micro-organismes. Par ailleurs, le calcaire joue aussi un rôle stabilisant de la matière organique et donc diminue la minéralisation de l’azote. Prélèvements, restitutions, exportations de nutriments Les prélèvements totaux annuels comprennent : · Les minéraux incorporés par les fruits ; · Les minéraux prélevés par les charpentes et les racines. Les quantités restituées au sol corwww.agri-mag.com

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respondent aux: · Minéraux contenus dans les feuilles, · Minéraux contenus dans le bois de taille, · Minéraux contenus dans les fleurs et les fruits chutés. Les exportations en nutriments correspondent aux quantités contenues dans les fruits, et éventuellement aux quantités contenues dans du bois de taille et des feuilles, si transportés hors du verger. Compte tenu du caractère pérenne de certaines parties des arbres fruitiers, les règles de fumure applicables aux cultures annuelles sont difficilement envisageables. Quelles quantités

de nutriments faut-il apporter ? La totalité des besoins en minéraux ? Uniquement l’exportation par les fruits ? Comment estimer l’influence des réserves contenues dans les arbres (charpentes et racines) ? On pourrait raisonner les fumures en considérant qu’il faut compenser strictement la totalité des exportations (fruits, bois de taille, feuilles), sans tenir compte de ce qui est immobilisé dans l’arbre (tronc, charpente et racine). Concernant les prélèvements, rappelons qu’ils ne s’effectuent pas de façon linéaire dans l’année : l’arbre a des rythmes d’absorption, avec une période de pointe dans le cycle végétatif.

Les préconisations sont à mi-chemin entre les deux options basées soit sur les exportations, soit sur les prélèvements, sachant que les quantités de minéraux prélevées sont différentes en fonction de la variété, du porte-greffe, de l’âge, de la vigueur des arbres, et de la densité de plantation du verger. La fixation des doses de fumure annuelle intègre aussi des considérations relatives à la disponibilité des éléments dans le sol. Pour l’azote, il faut tenir compte de l’apport par le sol. Suivant le taux de matière organique et les conditions climatiques, la libération d’azote minéral sera très différente d’une année sur l’autre. De plus il faut s’assurer que les pics de consommation puissent être couverts. Ce qui correspond globalement aux mois de mai juin en arbres fruitiers à pépins et juin juillet pour le pêcher. Il faut aussi tenir compte des pertes par lessivage. Pour le phosphore, il faut tenir compte des phénomènes de fixation très forte de cet élément sur la phase solide du sol. Les ions phosphates sont mobiles uniquement à l’échelle millimétrique, à partir des sites de rétention sur la phase solide du sol, ou autour des granules d’engrais. Il faut donc que l’engrais soit apporté dans les horizons du sol les plus susceptibles d’être colonisés par les racines. Sinon la fertilisation sera très peu efficace, voir inutile. Pour le potassium, il faut aussi tenir compte des fixations qui sont très fortes en sols argileux, bien qu’elles puissent être en partie réversibles. De fait l’apport de potassium au sol agit très peu sur l’alimentation des fruitiers à court terme. Il faut aussi tenir compte des pertes par lessivage dans le raisonnement, et, s’il a lieu, des besoins propres de l’enherbement. Différents outils vont donc permettre de mieux ajuster la fertilisation aux besoins des arbres fruitiers notamment l’analyse du sol, l’analyse foliaire. L’analyse des sols L’analyse de sol et sous-sol est indispensable à la plantation pour déterminer les fumures et amendements de redressement du sol. Pour des éléments comme la matière organique ou le phosphore, il sera impossible d’intervenir par la suite. Ensuite un contrôle tous les cinq ans permettra d’affiner la fertilisation en base échangeable (Ca, K20 et MgO), et éventuellement les redressements de pH à effectuer. Les principaux indicateurs à prendre en compte pour raisonner la fertilisation sont les suivants : le ph du sol, la CEC (capacité d’échange cationique des sols), le phosphore assimilable, les bases échangeables (Ca, K2O, MgO), les matières organiques, le taux de calcaire total et actif, les oligo-éléments. L’analyse foliaire Les analyses de la solution du sol permettent de

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jauger la richesse du sol en éléments minéraux disponibles pour la plante mais ne disent pas comment l’arbre utilise ce potentiel. Seule la consultation du végétal lui-même est susceptible de fournir des indications sur l’état de son alimentation. C’est une indication à posteriori des conditions d’alimentation minérale de l’année. Cet outil permet de juger de la validité des stratégies de fertilisation misent en place à partir de l’analyse de sol, du reliquat azoté et de l’appréciation de la nouaison du verger. Les besoins nutritifs peuvent être évalués par l’analyse chimique des feuilles. Mais la feuille étant un lieu de passage, elle a une composition en évolution permanente. Il convient donc de tenir compte du temps, des caractéristiques de l’or-

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gane (âge, emplacement) si on veut en tirer des conclusions valables. Pour cela, il faut mettre en place un protocole du diagnostic foliaire et le suivre scrupuleusement. Les résultats obtenus sont comparés à des valeurs de référence propres à chaque espèce et même à chaque variété. Cette pratique n’est utile que si elle est renouvelée chaque année. Seule une observation continue peut mettre en évidence les orientations nutritionnelles véritables du verger. L’analyse de la feuille d’une année reflète surtout le passé cultural de la parcelle et très peu le présent qui, lui, va décider, en grande partie, de l’importance de la récolte l’année suivante. Seul un suivi sur plusieurs années permet l’établis-

sement de prévisions et donc d’une politique de fertilisation. Le diagnostic foliaire doit permettre de faire réaliser aux arboriculteurs des économies sur les frais de fertilisation de 30 à 60 % par rapport aux fumures précédemment pratiquées. L’analyse foliaire est essentiellement un diagnostic de nutrition. Appliqué dans des conditions bien définies, il indique si l’alimentation minérale des arbres constitue un facteur limitant ou non de leur croissance et de leur production. Si le diagnostic foliaire signale des anomalies de la nutrition, il ne rend pas compte de leurs origines. La connaissance du sol, du verger et des conditions de culture reste indispensable à qui veut proposer des solutions à une situation critique.

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Extrait de l’ouvrage de Jean-François Larrieu, FERTILISATION RAISONNÉE EN ARBORICULTURE FRUITIÈRE

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Les biopesticides Compléments et alternatives aux produits conventionnels

Les biopesticides, « organismes vivants ou produits issus de ces organismes ayant la particularité de supprimer ou limiter les ennemis des cultures » sont utilisés depuis des siècles par les fermiers et paysans. De nos jours, ils sont classés en trois grandes catégories selon leur origine (microbienne, végétale ou animale) et présentent de nombreux avantages. Ils peuvent être utilisés aussi bien en agriculture conventionnelle qu’en agriculture biologique, certains permettent aux plantes de résister à des stress abiotiques. Même s’ils ont souvent la réputation d’être moins efficaces que les pesticides chimiques, les biopesticides sont l’objet d’un intérêt croissant de la part des exploitants, notamment dans le cadre de stratégies de lutte intégrée.

L

’utilisation des produits phytosanitaires chimiques a considérablement diminué la pénibilité du travail au champ tout en permettant une production suffisante, de meilleure qualité et à moindre coût pour satisfaire aussi bien le marché que le consommateur. Dans une publication récente, les pertes de production, avant récolte, des cultures mondiales majeures dues aux ravageurs (insectes, micro-organismes) et aux adventices sont estimées à 35 %. Sans une protection efficace des cultures, ces pertes seraient de 70 %. Tous ces arguments pris en compte, il est indéniable que les produits phytosanitaires chimiques présentent de nombreux avantages. Cependant, leur utilisation peut être la cause de problèmes environnementaux et de santé publique, d’autant plus que les risques inhérents à certains d’entre eux sont mal évalués. Conscients de ce problème, de nombreux pays ont pris un certain nombre de mesures pour limiter l’impact des produits phytosanitaires chimiques sur la santé et sur l’environnement. Les critères d’approbation des substances actives sont plus stricts que précédemment. Ainsi, les co-formulants entrant dans la composition des produits sont désormais également soumis à des procédures d’homologation similaires aux substances actives et 44

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les substances présentant un risque élevé sont remplacées par leurs homologues ayant un faible risque. De même, certaines directives rendent obligatoire la protection intégrée des cultures.

Les différentes catégories de biopesticides

Le concept de « biopesticide » n’est pas nouveau. Dès le 7e siècle av. J.C., des fermiers chinois utilisaient des plantes comme Illicium lanceolatum (Badianier) pour protéger leurs cultures contre les insectes. De même, au Moyen-Âge, des végétaux comme les Aconits étaient utilisés contre les rongeurs et des récits indiens datant du 17e siècle rapportent l’utilisation de racines de Derris et de Lonchocarpus (riches en Roténone, utilisée comme insecticide en agriculture biologique) pour leurs propriétés insecticides. De nos jours, plusieurs biopesticides sont commercialisés. Une définition adéquate regroupant les diverses origines de ces produits et retraçant leur histoire s’impose. Ainsi, même s’il n’existe aucune définition officielle des biopesticides, dans le domaine de l’agriculture, ils pourraient être caractérisés de la manière suivante : « Organismes vivants ou produits issus

de ces organismes ayant la particularité de limiter ou de supprimer les ennemis des cultures. ». Les produits considérés comme des biopesticides par les agences de règlementation européennes et mondiales sont d’origines diverses. Ils peuvent être classés en trois grandes catégories, selon leur nature : les biopesticides microbiens, les biopesticides végétaux et les biopesticides animaux.

Biopesticides microbiens

Cette catégorie comprend les bactéries, champignons, oomycètes (longtemps considérés comme faisant partie des champignons), virus et protozoaires. L’efficacité d’un nombre important d’entre eux repose sur des substances actives dérivées des micro-organismes. Ce sont, en principe, ces substances actives qui agissent contre le bio-agresseur plutôt que le micro-organisme lui-même.

Les bactéries

Les biopesticides à base de Bacillus thuringiensis sont les plus commercialisés. Ils ont une action insecticide. Bacillus thuringiensis est une bactérie produisantt des protéines qui sont libérées dans l’environnement et sont actives, une fois ingérées par les ravageurs, contre les lépidoptères, les diptères et les www.agri-mag.com

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larves de coléoptères. D’autres espèces bactériennes du genre Bacillus utilisant des mécanismes d’action distincts de celui employé par B. thuringiensis, peuvent également protéger les plantes. Elles sont capables de coloniser les racines des plantes et de produire des molécules qui peuvent soit activer les défenses des plantes, soit avoir un effet antibactérien ou antifongique direct. Des bactéries appartenant à d’autres genres ont également été développées en tant que biopesticides. Elles peuvent être utilisées dans la prévention et le traitement de certains champignons des graines de céréales, pour protéger les blés et le seigle contre la fusariose et la septoriose. Plusieurs modes d’action sont proposés pour justifier son efficacité. Ces bactéries peuvent agir contre les champignons phytopathogènes directement, par concurrence spatiale et nutritive ou en activant les défenses des plantes.

Les Baculoviridae sont des virus qui infectent les arthropodes insectes ou larves. Ils représentent un faible risque sanitaire car aucun virus similaire n’a, à l’heure actuelle, été répertorié dans l’infection des vertébrés ou des plantes. Cette propriété les rend particulièrement intéressants pour une utilisation en qualité de bio-insecticide, d’autant plus qu’ils peuvent tuer leur hôte en quelques jours. Ces virus sont classés en fonction de la morphologie particulière de leur corps d’inclusion.

du sol ou contre des pathogènes foliaires. Trichoderma atroviride est notamment utilisée pour la protection biologique de la vigne. L’activité de bio-contrôle de cette souche est attribuée à plusieurs mécanismes d’action qui agissent en synergie. Parmi ces mécanismes d’action, il y a la compétition pour les nutriments, l’antibiose, ou la production d’enzymes spécifiques de dégradation des parois cellulaires. En provoquant des pertes totales de cultures estimées à près de 10 %, les nématodes du genre Meloidogyne spp. sont les plus destructeurs au monde. Les nématicides chimiques les plus efficaces contre eux ont été progressivement retirés du marché à cause de leur impact sur l’environnement. Le champignon Paecilomyces lilacinus est l’un des produits alternatifs les plus étudiés dans la lutte biologique contre ces nématodes. Il a la capacité d’infester plusieurs phases de développement du parasite. Il est particulièrement connu pour avoir des propriétés ovicides.

Les champignons

Biopesticides végétaux

Les virus

Outre les bactéries et les virus, certains champignons présentent des activités contre les bio-agresseurs et sont exploités en tant que biopesticides. Coniothyrium minitans est connu pour parasiter les champignons du genre Sclerotinia spp. Ce genre fongique se retrouve dans le sol et est à l’origine de la maladie appelée pourriture blanche qui peut affecter de nombreuses cultures dont la carotte, le haricot, le colza ou le tournesol. Plusieurs souches du champignon filamenteux du genre Trichoderma spp. sont utilisées pour la protection biologique des plantes. Elles ont généralement une activité antifongique contre plusieurs pathogènes 46

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Les plantes produisent des substances actives ayant des propriétés insecticides, aseptiques ou encore régulatrices de la croissance des plantes et des insectes. Le plus souvent, ces substances actives sont des métabolites secondaires qui, à l’origine, protègent les végétaux des

herbivores. - Le biopesticide d’origine végétale le plus utilisé est l’huile de neem (Azadirachta indica) appelée également margousier ou encore de « lilas de Perse », un insecticide extrait des graines de cette espèce. Plusieurs molécules ont été identifiées comme biologiquement actives dans l’huile de neem. L’azarachtine, est le principal ingrédient actif de cette huile ayant la propriété de perturber la morphogénèse et le développement embryonnaire des insectes. - D’autres extraits de plantes ont des activités insecticides. Ainsi, le pyrèthre, est une plante herbacée vivace cultivée pour ses fleurs dont une poudre insecticide est extraite. Ses principes actifs, appelés pyréthrines, attaquent le système nerveux de tous les insectes. Cependant, ces molécules naturelles sont rapidement dégradées par la lumière. Il y a sur le marché des pyréthrinoïdes de synthèse qui sont beaucoup plus stables que leurs homologues naturels. - Quassia amara est un arbre d’Amérique dont est extraite la quassine, un insecticide qui a montré une faible toxicité pour l’Homme, les animaux domestiques et les insectes utiles. - Certaines huiles végétales, qui n’ont pas d’activité antiparasitaire intrinsèque, peuvent être retrouvées sur le marché en tant que biopesticide. Dans ce cas, ce sont leurs propriétés physiques qui sont exploi-

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tées. Ainsi, l’huile de colza aspergée sur les feuilles et les ravageurs, forme un film huileux qui asphyxie ces derniers. - Les plantes à pesticides intégrés (PIP) sont des organismes modifiés par génie génétique, capables de produire et d’utiliser des substances pesticides afin de se protéger contre des insectes, des virus ou des champignons. Les PIPs les plus connues sont des plants de pommes de terre, maïs et coton ayant la particularité de produire la protéine Cry de B. thuringiensis.

Biopesticides animaux

Ces biopesticides sont des animaux comme les prédateurs ou les parasites, ou des molécules dérivées d’animaux, souvent d’invertébrés comme les venins d’araignées, de scorpions, des hormones d’insectes, des phéromones… Les biopesticides d’origine animale qui sont des signaux chimiques produits par un organisme et qui changent le comportement d’individus de la même espèce ou d’espèces différentes, sont répertoriés sous l’appellation « semio-chimiques ». Les semio-chimiques ne sont pas à proprement parler des « pesticides ». En effet, ils ne vont pas provoquer la mort des bio-agresseurs, mais plutôt créer une confusion chez ces derniers. Cette confusion les empêchera de se propager dans la zone traitée. Les phéromones d’insectes sont de bons exemples de molécules semio-chimiques utilisées comme alternative à l’utilisation des insecticides. Il s’agit de petites molécules naturellement produites par les insectes et qui sont détectées au niveau des antennes de leurs congénères. Ces molécules peuvent être éphémères ou persistantes, mais dans tous les cas véhiculent un message. Elles peuvent marquer un territoire, prévenir de la disponibilité de nourriture ou être un signal pour l’accouplement. Les phéromones d’insectes sont largement utilisées aussi bien pour limiter les insectes ravageurs via des techniques de piégeage ou de confusion sexuelle que pour surveiller leur nombre.

les populations, l’écosystème et l’environnement. Dans ce concept, des actions sont menées pour empêcher les bio-agresseurs de devenir un problème. Pour cela, les champs sont minutieusement observés afin d’identifier les maladies et leur cause, dénombrer les bio-agresseurs et établir leur cycle de vie. Les facteurs environnementaux qui leur sont défavorables sont également étudiés. En fonction du seuil de rentabilité fixé par les agriculteurs, les bio-agresseurs répertoriés peuvent être soit tolérés, soit traités. Dans le cas où le contrôle est nécessaire, les données recueillies lors de la surveillance des champs sont exploitées pour l’application des traitements. La lutte intégrée combine plusieurs pratiques comme l’utilisation de variétés de plantes résistantes aux maladies et aux ravageurs identifiés, une irrigation des cultures appropriée, la rotation ou l’inter-culture, le désherbage ou encore l’utilisation de barrières physiques de prévention contre les ravageurs. Les pesticides chimiques ne sont employés que lorsqu’ils sont nécessaires. Ils sont choisis dans le but de limiter au maximum leur impact sur l’environnement. La lutte intégrée privilégie l’application de biopesticides. En effet, les nombreux avantages des biopesticides, comme leur toxicité réduite vis-à-vis des pollinisateurs, ne peuvent pas être ignorés dans un

contexte socio-politique de plus en plus soucieux de l’écologie. C’est ainsi que l’agri-industrie s’intéresse d’une part aux stratégies de lutte intégrée en proposant par exemple des articles pour la surveillance des bio-agresseurs et, d’autre part, aux biopesticides en rachetant des petites et moyennes entreprises les développant. L’emploi de certains biopesticides en rotation ou en combinaison avec d’autres biopesticides ou avec des produits chimiques permet de diminuer les quantités d’intrants chimiques, ainsi que l’apparition de nouvelles souches résistantes aux nuisibles. Les résultats obtenus avec la mise en place des stratégies de lutte intégrée dans les cultures de poires en Californie (USA) montrent l’efficacité d’une telle approche. Dans les années 1960, plus de 14 produits phytosanitaires chimiques étaient appliqués à chaque saison pour traiter les poiriers contre les acariens et les insectes. Pour diminuer cette dépendance croissante aux pesticides chimiques, des agriculteurs, des chercheurs, des agences gouvernementales et des consultants privés ont travaillé de concert. En 2008, la plupart des producteurs de poires de cette région n’appliquent plus que 3 à 5 substances actives par saison. Ces substances sont, pour la majeure partie, des biopesticides utilisables en agriculture biologique.

Les biopesticides et la stratégie de lutte intégrée

La lutte intégrée est une stratégie de gestion à long terme des bio-agresseurs qui minimise les risques pour www.agri-mag.com

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Recommandations pour la conservation des pommes Pr. Ezzahouani Abdelaziz, IAV.Hassan II, a.ezzahouani@iav.ac.ma

La pomme fait partie des produits horticoles qui évoluent inévitablement après leur récolte et ne survivent que pendant une durée limitée, variable selon leur nature. Ce sont généralement des organes riches en eau qui se déshydratent rapidement et qui sont facilement attaqués par les champignons et les bactéries. Ils peuvent de ce fait devenir plus ou moins rapidement impropres à la consommation ou à la commercialisation.

L

a pomme est un fruit climactérique qui se caractérise par une intensité respiratoire qui passe par un minimum (minimum climactérique) à la fin de la croissance, pour augmenter ensuite quand la maturation s’engage (crise climactérique). L’intensité respiratoire est maximale quand le fruit est mûr, puis elle diminue au cours de la sénescence. La crise climactérique ou respiratoire est accompagnée d’une libération importante de l’éthylène qui initie les différentes évolutions biochimiques caractéristiques de la maturation. Les fruits climactériques (pommes, poires, bananes, etc.) ont la possibilité de pouvoir mûrir après leur cueillette : - s’ils sont récoltés trop tôt (avant le minimum climactérique), leur maturation est souvent difficile et incomplète. - s’ils sont cueillis trop tardivement (après le minimum climactérique), leur dégradation (phase de surmaturité) est déjà engagée et leur durée de survie est réduite. Le stade de développement à la récolte est donc décisif pour la destination du produit. Pour les pommes destinées à la conservation, elles doivent être cueillies juste avant le pic climactérique car toutes les opérations de post-récolte (réfrigération, atmosphère contrôlée) ont pour objectif de retarder cette crise climactérique qui coïncide avec la pleine maturité. Cependant, il faut signaler que ces tech48

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niques ne vont pas améliorer la qualité des pommes au cours de la conservation, mais plutôt maintenir leur qualité initiale. D’où la nécessité de ne conserver que les produits de bonne qualité en effectuant un triage sévère au départ. On conseille notamment de : - n’entreposer que des fruits sains, exempts de meurtrissures - effectuer un triage et si possible un pré-calibrage avant la mise au froid. Généralement, on ne conserve que les fruits de taille moyenne car les gros fruits mûrissent rapidement et sont sensibles aux maladies physiologiques. - réduire autant que possible la période cueillette-mise au froid qui impacte la qualité des pommes conservées en général, et leur fermeté en particulier. A titre d’exemple, un retard de un jour à 21 °C avant la mise au froid des pommes peut être à l’origine d’une perte de 7 à 10 jours sur la durée de conservation des pommes ‘Mc Intoch’.

La conservation frigorifique des pommes

Une fois récoltée, la pomme est privée des flux de sève brute et élaborée, et sa survie dépend de ses réserves et des facteurs physiques externes. Le but principal de la conservation par le froid est de ralentir ou même de stopper la maturation des fruits pour assurer un

grand étalement des ventes. La peau de la pomme est constituée d’une couche monocellulaire qui comprend la couche des cellules épidermiques recouvertes par la cuticule cireuse interrompue par de nombreuses lenticelles plus ou moins développées permettant des échanges avec le milieu environnant. La température idéale de conservation d’un produit horticole donné correspond à celle située juste en dessus de sa température de congélation, cependant la température optimale de conservation reste liée à la tolérance du produit/variété au froid. Le froid ralentit considérablement l’activité des enzymes et les réactions chimiques correspondantes. Ainsi, Une réduction de température va entraîner une réduction des vitesses de changement de tous les paramètres tels que la respiration et le changement de texture par exemple. D’autres effets indirects peuvent être obtenus en diminuant la température, tels que la diminution de la vitesse de développement de la flore microbienne, car si la température est suffisamment basse, plusieurs spores ne vont pas germer. Deux grandes catégories de fruits peuvent être distinguées : - les variétés d’origine américaine ou assimilée (Golden, Delicious rouge, Granny-Smith…) qui supportent un froid proche de 0 °C - les variétés dites européennes (Reinette, Canada, Boskoop, Cox) que l’on conseille www.agri-mag.com

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d’entreposer au dessus de 4 °C à cause de leur sensibilité au froid qui se manifeste par des troubles physiologiques.

La conservation en atmosphère contrôlée

L’air contient 21% d’oxygène (O2), 79% d’azote et des traces de gaz carbonique (CO2). La technique de l’atmosphère contrôlée est une technique de conservation avec réfrigération où le taux d’O2 et celui de CO2 sont maintenus à un niveau déterminé. Généralement, le taux de CO2 est augmenté à environ 10%, alors que celui d’O2 est diminué à environ 5%, grâce à des installations automatiques permettant la réalisation et le maintien sous contrôle de la composition gazeuse désirée. La diminution du taux d’O2 ne doit pas excéder un certain seuil pouvant causer l’apparition d’une respiration anaérobie. La réduction de la concentration en O2, nécessaire pour ralentir la respiration, dépend de la température du stockage. Le seuil critique à partir duquel on a fermentation est par conséquent très important quand les températures sont élevées. La principale utilisation commerciale de l’atmosphère contrôlée en conservation a lieu dans le cas des pommes et des poires. Elle est particulièrement avantageuse pour les variétés Mc Intosh, Jonathan, et Yellow Newton, qui à cause de leur sensibilité au froid ne peuvent pas être stockés à 1 ou 0 °C (température standard pour la plupart des variétés). Ainsi avec un taux d’O2 de 2 à 3% et un taux de CO2 de 1 à 8% en fonction des variétés et une température de 2,2 à 4,4 °C, on aboutit à une conservation de plus longue durée pour ces variétés. La respiration est réduite de 30 à 60%. Ainsi, en atmosphère contrôlée, on peut relever la température pour réduire les risques de trouble imputables aux basses températures. L’atmosphère contrôlée permet de prolonger la conservation des fruits à pépins, mais elle risque de modifier leur composition chimique. D’une manière générale la dureté des fruits reste plus élevée en atmosphère contrôlée qu’en chambre froide ordinaire. Les pommes Golden conservées en atmosphère contrôlée gardent plus longtemps une certaine acidité. En général, il y a moins de perte de poids en atmosphère contrôlée qu’en chambre froide. L’atmosphère contrôlée a aussi un effet sur certains organismes responsables de la pourriture dont l’activité peut être réduite 50

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par une atmosphère contenant 10% de CO2 ou plus, si le produit ne risque pas d’être affecté par de telles concentrations. La conservation en atmosphère contrôlée nécessite la prise de précautions importantes de la part des opérateurs car l’atmosphère à l’intérieur des chambres peut entrainer l’asphyxie. L’humidité relative de la chambre de stockage doit être comprise entre 90 et 96%

Maladies et troubles liés à la conservation

Au cours de leur conservation, les pommes sont le siège de différentes altérations. Les attaques parasitaires sont principalement représentées par les agents des pourritures molles : les Penicillium, le Rhizopus, le Botrytis et ceux des pourritures sèches (Monilia, Phytophtora). La maladie débute à partir d’une blessure de l’épiderme, ou d’une porte d’entrée naturelle: lenticelles, œil du fruit, pédoncule et loges carpellaires. Notons que la plupart de ces maladies doivent faire l’objet d’un contrôle au verger et au cours de la conservation par l’adoption d’un calendrier de traitements appropriés tout en veillant à alterner les produits de traitement pour éviter tout risque de résistance. Généralement, le succès de l’opération de conservation commence au niveau du verger. Les altérations non parasitaires (physiologiques) expriment des troubles de fonctionnement cellulaire au cours de la conservation, notamment : - l’échaudure de sénescence liée à la sé-

Importance du calcium

Le calcium est généralement peu abondant dans les fruits, même s’il peut atteindre des niveaux élevés dans les organes ligneux et les feuilles. En effet, la compétition entre feuilles et fruits pour le calcium est en faveur des feuilles qui ne libèrent que de petites quantités de cet élément vers les fruits. Pour les pommes destinées au stockage, on se base sur le dosage du calcium dans le fruit et dans les feuilles. Le rapport ‘’Ca feuille/Ca fruit’’ doit être inférieur à 20. Le calcium apparaît comme un régulateur du métabolisme des fruits. Présent en quantité suffisante, il ralentit la respiration des pommes, qui reste stable quand la concentration de Ca dans la pulpe dépasse 110 ppm, mais s’accélère quand

nescence naturelle du fruit, - le flétrissement qui résulte d’une perte d’eau en atmosphère trop sèche, - le ramollissement précoce lié à une alimentation insuffisante de l’arbre en calcium, - le brunissement de la chair interne dû au froid, - le bitter-pit lié à un trouble nutritionnel du fruit en calcium. Les contaminations ont lieu au verger, à la récolte et au cours du conditionnement, voire à l’intérieur des chambres froides. Le développement de la maladie est rapide et le fruit pourrit dans les premiers mois de stockage. Dans un but de prophylaxie, il est conseillé de nettoyer et désinfecter les chambres frigorifiques, le matériel (caisses, palox, calibreuses…), changer régulièrement l’eau des bains de lavage, réduire les risques de blessures et meurtrissures lors de la cueillette et lors du conditionnement, éliminer les fruits blessés avant l’entrée en station, contrôler régulièrement les fruits stockés et enlever les fruits abîmés. le Ca descend à 90 ppm. En excès, le Ca retarde non seulement la crise respiratoire, mais aussi la perte de la fermeté, le changement de couleur des fruits, c’est à dire l’ensemble des phénomènes qui accompagnent la maturation. La déficience en Ca peut entraîner la désorganisation des cellules du fruit. On recommande de pratiquer sur les arbres des pulvérisations foliaires avec de préférence le chlorure de calcium qui se montre moins phytotoxique et plus efficace que le nitrate de calcium. Le trempage des fruits après récolte dans une solution contenant du chlorure de calcium à 2% permet d’élever la concentration du calcium dans les fruits. En cours de stockage, le fruit continue à absorber le calcium qui est déposé à sa surface, si les conditions d’humidité sont correctes: 90 à 95%. www.agri-mag.com

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Pourquoi inoculer les cultures avec des microorganismes? Caroline de Rauglaudre, Responsable communication globale Lallemand

Pourquoi utiliser des produits à base de microorganismes en agriculture alors qu’il y en a déjà des milliards dans le sol ? C’est l’une des questions qui revient régulièrement et pour y répondre, nous avons choisi de présenter quelques éléments scientifiques. S’il est vrai que plantes et microorganismes vivent en symbiose depuis la nuit des temps, ces relations ont mis des dizaines voire des centaines d’années à se mettre en place. Sans que l’on ne s’en rende compte, l’agriculture a bouleversé (et bouleverse encore) des équilibres très longs à mettre en place.

Pour gagner du temps

Prenons un exemple concret, celui des bactéries fixatrices d’azote, Rhizobium leguminosarum. Les légumineuses ont la capacité de fixer l’azote de l’air grâce à leur association avec des bactéries du genre Rhizobium. Lorsque vous démarrez une culture de légumineuse pour la toute première fois sur une parcelle, votre sol contient peu de Rhizobium puisque ces bactéries n’avaient jusqu’alors pas de partenaire pour établir une symbiose et donc pas de moyen de se développer. Il faut savoir que les rhizobia sont différents en fonction de chaque légumineuse, c’est-à-dire qu’un Rhizobium de soja ne pourra pas créer de symbiose avec un pois (et inversement). Naturellement, les bactéries finiront par arriver, à la faveur de contaminations via les semis par exemple, et dans un environnement favorable, elles se multiplieront. Mais ce processus prendra du temps (des dizaines voire des centaines d’années). Dans ce contexte, inoculer vous fera gagner du temps.

Pour associer aux cultures, des partenaires plus efficaces Efficacité ou compétitivité, pourquoi choisir ?

Depuis les années 80, des publications scientifiques démontrent que les souches natives ou inwww.agri-mag.com

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digènes sont souvent les plus compétitives mais pas forcément les plus efficaces c’est-à-dire celles qui amèneront la plante à produire le plus de biomasse. L’intérêt d’inoculer est donc d’introduire des souches compétitives et efficaces pour s’assurer que la culture est associée aux meilleurs partenaires.

Les technologies actuelles nous permettent de proposer beaucoup plus rapidement des partenaires microbiens sélectionnés pour leurs propriétés agronomiques, accélérant un processus que la nature réaliserait sur un temps beaucoup plus long.

Évolution du microbiome au cours des 50 dernières années

Une autre étude particulièrement intéressante de l’université de l’Illinois publiée en mars 2021 présente l’évolution du microbiome autour de la rhizosphère de maïs entre 1949 et nos jours. Dans cette étude, on s’aperçoit que le microbiome a perdu de capacité à fixer de l’azote atmosphérique, ce qui est logique car nourrie aux engrais minéraux, la plante a moins eu besoin des bactéries jouant ce rôle. En revanche sur les 50 dernières années, le maïs a eu tendance à recruter des bactéries dénitrifiantes, pour libérer de l’azote minéral. Cette étude démontre l’impact des pratiques agricoles des 50 dernières années, qui ont favorisé et même sélectionné un type de microbiome dans les sols. Cela, sans que nous en ayons conscience. Pourtant, ce microbiome ne sera pas forcément le plus efficient face à de nouvelles pratiques et il faudra de très nombreuses années avant qu’il ne s’adapte à nouveau. Agriculture du Maghreb N° 145 - Juillet/Août 2022

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Irrigation

Carotte : Éléments pour une bonne nutrition hydrique des cultures La satisfaction des exigences d’une culture de carotte en eau et en éléments fertilisants conditionne l’obtention de la récolte désirée par le producteur : quantité produite, qualité commerciale, rentabilité, calendrier, … Les apports optimaux d’eau et d’engrais aux moments les plus adéquats, sont à même de garantir la satisfaction du producteur, des circuits de commercialisation et du consommateur tout en contribuant à la protection de l’environnement et à la préservation du sol pour les cultures suivantes.

IRRIGATION

L’irrigation de la carotte est indispensable dans la majorité des situations afin d’optimiser les résultats de la culture. Les effets positifs de l’irrigation sont nombreux : • Augmentation du taux de germination notamment en périodes chaudes ou sèches, • Temps de germination raccourcis avec une meilleure homogénéité des plantules, • Réduction du problème de croûte de battance (durcissement du sol en surface), • Amélioration de rendement avec des gains significatifs sur la longueur et le diamètre des racines, • Meilleure qualité racinaires avec une amélioration de la lissitude des carottes.

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Attention :

l’excès d’irrigation peut entrainer des conséquences néfastes pour la culture : • Eclatements des racines, • Développement de problèmes sanitaires : Cavity spot, Alternaria radicina. Dans le choix de la parcelle il ne faut pas négliger la qualité de l’eau d’irrigation. En effet la carotte est une culture sensible à la salinité. Une eau chargée avec un taux de salinité élevé peut affecter la germination, le rendement et la qualité. La conduite de l’irrigation est réalisée en fonction des différents stades de développement de la carotte, de la capacité de rétention du sol, des conditions climatiques, etc. Ainsi, le sol doit être bien humidifié avant le semis. Après le semis, on réduit l’apport d’eau afin d’éviter les maladies et la pourriture des graines. Ensuite, un ou deux légers arrosages peuvent être effectués durant la période de levée afin que celle-ci soit homogène et accélérée. Après la levée, le sol doit toujours être à sa capacité au champ car tout déficit hydrique est suivi d’une perte de rendement. Par ailleurs, une alternance humidité-stress hydrique provoque la fissuration des racines. Sur le plan de la qualité, une irrigation bien menée favorise la bonne coloration des racines alors qu’un excès d’eau, résultant d’une irrigation impropre ou d’une mauvaise structure de sol (mal travaillé) provoque la mal-coloration et la forme fourchue des racines. Le manque d’eau est particulièrement préjudiciable à deux périodes du cycle : - Au cours de la levée : tout déficit hydrique réduit le pourcentage de germination et allonge la durée de levée. Il entraîne aussi des hétéro-

généités entre plantes qui persisteront jusqu’à la récolte, et perturbe la descente de la racine. - Lors du développement végétatif, le stress hydrique peut stopper la croissance des feuilles et des racines. Cet arrêt de croissance est rattrapable en cas de culture à cycle long (grosse carotte) ou s’il survient avant les 3 dernières semaines précédant la récolte des jeunes carottes. Cependant, les à-coups dans l’alimentation hydrique provoquent des éclatements de racines. L’irrigation localisée présente un grand intérêt par rapport à l’irrigation gravitaire ou par aspersion et doit être assurée tout au long du cycle. Cependant, après la levée des graines, pour engendrer un allongement du pivot, il est conseillé de réduire progressivement la durée d’irrigation journalière. Quand la longueur souhaitée est atteinte (20-25cm), il faut augmenter les irrigations progressivement. Il ne faut surtout pas arrêter les irrigations ou les reprendre brusquement. Cette pratique courante, peut engendrer des défauts de formation de la racine et surtout une racine moins lisse « annelée ». La fréquence des irrigations et la quantité d’eau à apporter est très variable en fonction de type de sol, des précipitations et du stade de la culture. Mais globalement, les besoins en eau de la carotte se situent entre 350 et 400 mm pour tout le cycle, soit 3 à 5 mois avec un nombre de 25 à 30 irrigations sur toute la période de culture normale. Or force est de constater que pour certains producteurs, notamment dans la région de Berrechid, les apports en eau de la carotte peuvent atteindre 2.000 mm, soit 20.000 m3 par hectare, en raison de la durée www.agri-mag.com

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supplémentaire pour la conservation des carottes dans le sol et l’échelonnement de la commercialisation (pratique courante) et de l’utilisation non rationnelle de l’eau même avec le recours à la micro irrigation. En outre, 1 kg de carotte nécessite 6 litres d’eau pour le lavage en sol lourd.

Indications pour le calcul des besoins en eau Les quantités d’eau utilisées quotidiennement varient selon le coefficient cultural (Kc) qui varie selon la phase de croissance de la culture : - Germination : Kc = 0,3 - 4 feuilles : Kc = 0,5 - De 4 feuilles au stade racine à 10 mm de diamètre : Kc = 0,7 - Du stade racine à 10 mm de diamètre à la récolte : Kc = 1

Etalement des besoins en eau sur le cycle Les besoins en eau de la carotte se répartissent sur 4 périodes : - Phase 1 : Germination. Phase critique avec une fréquence élevée et de faibles volumes - Phase 2 : Allongement racinaire. Limitation des apports pour inciter les racines à un allongement prolongé. Fréquence réduite, volume moyen. - Phase 3 : 35 à 40 jour après semis. Le tubercule racinaire nécessite de grandes quantités d’eau pour former des racines volumineuses - Phase 4 : Les feuilles recouvrant le sol. Phase déterminante pour la production et la qualité des racines. Fréquence moyenne, volumes importants.

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Irrigation

Dr. Kamal ABERKANI 1

Technologie numérique pour économiser l’eau d’irrigation

L’eau est devenue un facteur limitant pour l’agriculture marocaine, au cours de la dernière décennie. Ceci est dû aux mutations climatiques, selon les climatologues et les spécialistes qui prévoient plusieurs épisodes de sécheresse pour les prochaines décennies. Pour remédier à ce problème, plusieurs alternatives ont été adoptées pour faire face à cette pénurie d’eau qui a perturbé le secteur agricole, notamment pendant la campagne agricole 2021/2022. Dans ce sens, l’agriculture digitale représente une bonne alternative pour optimiser et renforcer l’efficacité de l’irrigation des cultures.

La technologie des capteurs numériques installés dans le sol semble une solution efficace qui permet de mesurer instantanément le taux d’humidité du sol près des racines et par la suite prédire le débit d’irrigation

Faculté Pluridisciplinaire de Nador, Université Mohammed Premier, Selouane, Maroc Mail : k.aberkani@ump.ac.ma 1

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nécessaire pour la production. Une technologie innovante, commercialisée sur le marché, possède des méthodes de lecture du taux humidité au sol, par des capteurs numériques qui sont reliés à une station

météorologique installée au niveau de la ferme et connectée à une plateforme numérique, sous forme d’applications ou de site web, qui permet de lire, télécharger et sauvegarder des données, chaque 15 minutes. De plus cette station contient plusieurs chaînes qui peuvent être reliées à d’autres capteurs selon les besoins et l’intérêt du producteur ; comme les capteurs de température, humidité (air, feuille, sol), lumière, débit d’eau, conductivité, etc. Ces stations sont aussi dotées de plaques solaires et de batteries qui offrent une autonomie énergétique pour le fonctionnement de ce système. Ce dispositif possède également des cartes de télécommunications qui permettent le transfert des données d’une manière instantané et pratique aux plateformes numériques (Apps et site web) et qui peuvent ainsi être consultées par les producteurs ou par leurs équipes techniques. www.agri-mag.com

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Des essais ont été réalisés chez un producteur de raisin de table qui possède une superficie de 25 ha située dans la plaine Garet, El Aaroui, Nador. Une station digitale a été installée dans une parcelle de 8 ha de raisin de table (Vitis vinefera var. Régal) vers mi-avril 2022 et les sondes ont été placées à trois niveaux du sol (10, 25 et 40 cm), correspondant à la zone exploitée par les racines et juste au-dessous du goutteur (4L/H). Ces sondes ont été connectées à la station digitale qui transmet les mesures d’humidité de sol. De plus, cette station est dotée d’un débitmètre qui permet de mesurer la quantité d’eau d’irrigation apportée par le goûteur chaque 15 minutes et elle permet aussi de connaître le début

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La plateforme d’acquisitions des données a été installée sur le téléphone du producteur pour qu’il puisse consulter en ligne la situation hydrique au niveau de ces capteurs. Ces données sont aussi consultées par l’équipe de recherche qui suit les la quantification des paramètres de croissance, de rendements et les mesures physiologiques de la plante. Un mois après l’installation du dispositif, il est apparu que le producteur a pu réduire son taux d’irrigation de 35-40% par rapport à sa méthode d’irrigation habituelle qui se base uniquement sur l’aspect visuel de la production. En effet, le suivi des sondes en ligne a permis

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Irrigation Figure A. L’agriculteur irriguait sans prendre en considération les mesures des capteurs (irrigation à l’aveugle). Plusieurs fréquences d’irrigation avec des cycles plus ou moins longs sont observées dans cette courbe. Ceci a augmenté le taux d’humidité du sol à un niveau supérieur à la capacité au champ (130140%). Le producteur irriguait selon l’observation visuelle de la couche superficielle du sol (0-10 cm), malgré le taux d’humidité plus élevé au niveau de la couche 15-40cm. Dans cette situation, Il y a eu un aussi lessivage des engrais.

Source du graphique : les droits d’auteurs appartiennent au propriétaire de cette technologie.

de réduire la durée des irrigations de sorte que le taux d’humidité du sol ne dépasse pas la valeur de 100% (valeur de la capacité au champ) et ne descend pas en dessous de 60% de cette capacité. Selon les recommandations de cette technologie, l’humidité au niveau de la zone racinaire doit se situer entre 60 et 100% de la capacité au champ. Or, avant l’installation de ce système, le producteur dépassait lors de chaque irrigation la valeur de 100% de la capacité au champ à cause de l’allongement de la durée de son cycle d’irrigation et aussi à cause de la grande fréquence des apports qui était des fois programmés chaque jour. Grâce au suivi numérique en 56

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temps réel de l’humidité du sol, le producteur a pu réduire la fréquence des irrigations. Par ailleurs, malgré cette réduction des apports hydriques, aucun effet négatif n’a été observé sur l’état de croissance et physiologique de la plante.

ganisation Mondiale de la Santé, la concentration optimale de nitrates dans la nappe ne doit pas dépasser 50 mg/L. Mais en général, les valeurs rencontrées dans plusieurs nappes phréatiques sont souvent supérieures à ce seuil.

La Figure-A montre l’état de l’irrigation avant l’utilisation du nouveau système par le producteur avec une humidité du sol au niveau 10, 25 et 40 cm dépassant la capacité au champ. Dans ce cas, le producteur donnait plus d’eau que ce qui était requis par le sol. De plus, la sonde de 40 cm (zone d’arrêt de prolifération des racines) montre un lessivage à cause de cet excès d’eau ; ce qui peut causer le lessivage des engrais à forte mobilités comme les nitrates et aussi la contamination par la nappe phréatique par les engrais. A ce sujet, selon l’Or-

La Figure B montre que l’agriculteur arrive à bien maîtriser son irrigation tout en essayant de maintenir les courbes de l’humidité du sol dans l’intervalle de confort qui est de 60 à 100% de la capacité au champ. Ces essais présentent une bonne démarche de transfert technologique chez les producteurs moyens de la région de l’Oriental et surtout dans la plaine Garet caractérisée par une production de raisin de table à forte valeur ajoutée et qui a souffert de la sécheresse et du manque d’eau durant les dernières années. Ces exploiwww.agri-mag.com

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Figure B : Situation hydrique maîtrisé par le producteur. La courbe verte de 15 cm ne dépasse pas largement la valeur de la capacité au champ (100%) et les valeurs restent plus élevées que 60% de la capacité au champ (pas de stress hydrique). La courbe rouge de 40cm montre l’absence de lessivage. Le producteur a irrigué pendant 45min (début à 7 :00am et arrêt à 7 :45am).

La société hongroise « WATER and SOIL » et son distributeur exclusif au Maroc, le groupe CALIMAROC-PROTECTAGRI, commercialisent sur le marché marocain le WATER RETAINER. Ce produit permet d’économiser environ 30% de l’eau d’irrigation comme le prouvent les études scientifiques entreprises par l’Institut National de la Recherche Agronomique « INRA » dans notre pays. Ces travaux qui ont concerné plusieurs cultures dans diverses régions du royaume peuvent être résumés comme suit : Dans la région de Tadla, appliqué sur agrumes, variété Maroc late, pour un même rendement, comparativement à l’irrigation normale, le WATER RETAINER a permis d’économiser 30% de la quantité d’eau d’irrigation apportée. Il a été démontré aussi qu’il a un effet significatif sur la croissance et le développement de cette culture. Il a également un effet positif sur l’humidité du sol et ce, en réduisant les pertes d’eau.

Source de graphique : les droits d’auteurs appartiennent au propriétaire de cette technologie.

tations sont habituellement approvisionnées par l’eau de barrage. Or, le manque de réserves dans le barrage compromet les approvisionnements ce qui représente une sérieuse menace pour cette production. Dans ce sens, l’adoption d’une telle technologie par le producteur est un grand pas vers l’optimisation du pilotage de l’irrigation pour faire face à la pénurie d’eau. De plus, ces essais présentent un volet de recherche appliquée à grand intérêt et qui permettra d’élargir le champ d’application de l’agriculture numérique chez les autres producteurs de raisins ou d’autres types de production qui peuvent également bénéficier de ce type de technologie, afin de remédier à la problématique de la pénurie d’eau.

Dans la région du Gharb, appliqué sur la culture du maïs destiné à l’ensilage, WATER RETAINER a assuré le même rendement en économisant 25% du volume d’eau apporté. Il a été démontré aussi qu’il a un effet positif sur l’humidité du sol et le rendement en biomasse fraiche. Dans la région de Marrakech, appliqué sur olivier, WATER RETAINER a permis d’assurer le même rendement comparativement à l’irrigation normale en économisant 25% de la quantité d’eau apportée.

82 rue Loudaya la Villette Casablanca Tel.: 0522623715 Fax : 0522623904 Email : cali@calimaroc.com www.agri-mag.com

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Combiner les moyens pour se protéger de la

Mouche méditerranéenne La cératite (Ceratitis capitata) est un ravageur contre lequel les producteurs d’un grand nombre d’espèces fruitières ont de grandes difficultés à lutter d’une part en raison des dégâts qu’elle occasionne sur leurs cultures et d’autre part à cause des barrières et des limites qui s’imposent à la lutte chimique. Raisons pour lesquelles, et les producteurs en sont pleinement conscients, une seule méthode de lutte est insuffisante. La lutte contre ce nuisible nécessite le recours à plusieurs techniques pour espérer obtenir des résultats satisfaisants, sachant que ces techniques ne cessent d’évoluer et que leur coût demeure conséquent.

L

a mouche méditerranéenne est un ennemi de nombreuses cultures appartenant à différentes familles botaniques et à différent types de production parmi lesquels on peut citer : les agrumes (surtout les variétés précoces et celles à peau mince notamment la clémentine), les rosacées fruitières (prunier, pêcher, abricotier, pommier), certaines cultures maraîchères ainsi que des espèces non cultivées (arganier, jujubier…). Le nombre de générations par an de la cératite est déterminé essentiellement par la température. C’est ainsi que plusieurs générations peuvent se succéder durant l’année. Ses dégâts constituent un obstacle majeur pour les exportations en raison de la dévalorisation de la marchandise et des mesures imposées par les pays importateurs. En effet, la cératite est considérée comme un ravageur de quarantaine par la plupart des pays potentiellement importateurs d’agrumes : Russie, Etats Unis d’Amérique, Chine, Japon… Eu égard à l’importance de ces marchés pour la filière

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agrumicole nationale et vu la nécessité pour le Maroc de diversifier ses débouchés à l’export, la profession entreprend, aux côtés des pouvoirs publics, des efforts louables pour la lutte contre la cératite, notamment : le protocole japonais de traitement au froid, le Programme de lâchers de mâles stériles de cératite et la construction d’une usine de production de mâles stériles.

Moyens de lutte pour la protection phytosanitaire Dans le cas de la cératite, les mesures de lutte basées uniquement sur la lutte chimique ne font qu’aggraver la situation. C´est pour cela que tous les agrumiculteurs doivent utiliser une gestion phytosanitaire qui englobe tous les moyens de lutte ne causant pas de dégâts sur l´environnement dans le cadre d´une lutte intégré.

Lutte culturale

Dans les vergers fruitiers, de nombreux travaux ont été réalisés en

vue de maitriser la bio-écologie de la cératite et de rechercher des moyens de lutte autres que ceux déjà utilises dont l’efficacité s’avère limitée et la toxicité établie. La lutte envisagée est purement culturale et consiste en la recherche de variétés résistantes et de sols qui réduiraient les populations de ce déprédateur. Les pratiques culturales les plus utilisées et qui ont contribué a la lutte contre la cératite : ♦ Aucun fruit ne doit rester au sol dans le verger : Les fruits attaqués doivent être détruits et enfouis, ou mis dans des sacs en plastique fermés hermétiquement et exposés au soleil pendant deux mois au minimum. ♦ Toutes les plantes réservoirs présentes autour des parcelles doivent être éliminées : à savoir les néfliers, les bigaradiers, les figuiers de barbarie, les haies d’Aberia et de Lycium. ♦ Un travail du sol régulier en hiver sur les 5 premiers centimètres sous les frondaisons permet d’exposer une partie des pupes hivernantes à l’humidité, au gel éventuel et aux

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prédateurs et peut ainsi diminuer la première génération suivante.

Surveillance et seuil d’intervention

La cératite est le ravageur qui demande le plus d’observation et de surveillance. Avant la réceptivité des fruits, des piègespour les mâles, contenant un attractif (phéromone) et un produit insecticide, ou des pièges pour femelles contenant un attractif alimentaire (hydrolysat de protéine) et un insecticide sont suspendus aux arbres à une hauteur de 1,5 à 2 mètres, à l’exposition sud-est. La lutte chimique est ainsi déclenchée si le nombre de mouches capturées par les pièges dépasse un seuil fixé par les experts selon qu’il s’agit de pièges à mâles ou de pièges à femelles, et si le pourcentage de fruits présentant des piqûres de mouches dépasse un certain niveau.

Lutte chimique

La lutte chimique généralisée non raisonnée avec des produits non sélectifs présente des inconvénients majeurs, qui résident dans la destruction des ennemis naturels, l’augmentation des taux de résidus dans les fruits et la recrudescence de ravageurs secondaires. Les traitements doivent se faire chaque fois que le niveau des captures par piège le nécessite. A noter que ces seuils peuvent varier en fonction de la région, de la variété, de l’état de maturité du fruit et de la charge de l’arbre.

fortes populations. Pour cela il faut toujours garder les pièges de surveillance pour déterminer le seuil de traitement. Cependant, il ne contrôle pas à 100% le ravageur. A noter que pratiquement tous les groupes producteurs exportateurs d’agrumes installent les pièges de masse homologués. À cet égard, l’utilisation de systèmes à appâts alimentaires, permettant d’attirer ces mouches qui meurent ensuite à l’intérieur du piège, se généralise progressivement. Ces dispositifs vont des modèles simples faisant appel à des bouteilles aux inventions beaucoup plus sophistiquées. D’après l’étude la plus récente publiée à ce sujet, l’efficacité avec laquelle les dispositifs peuvent avoir un effet sur les mouches attirées est différente. Parmi les innovations les plus récentes mises sur le marché, le système d’appâtage-et-de-mort s’affirme peu à peu dans beaucoup de pays comme solution contre la cératite. Sa conception consiste en une plaque qui renferme un attractif et dont l’extérieur est imprégné d’un insecticide de choque. Son principe de fonctionnement est simple, puisque les cératites, attirées par l’appât, viennent se poser sur le piège et meurent intoxiquées quelques instants plus tard.

La confusion sexuelle

Elle consiste à diffuser dans l’atmosphère du verger des quantités importantes de phéromone sexuelle de synthèse de façon à désorienter les mâles empêchant ainsi la rencontre des sexes. Cette méthode ne présente aucun avantage pratique pour la Cératite à cause de ses exigences techniques et économiques (coût élevé de la phéromone).

La technique des mâles stériles

Elle consiste en des lâchers massifs de males stérilisés aux rayons gamma de l’espèce en question dans la nature où ils entrent en compétition avec les mâles naturels pour

la fécondation des femelles. Leur descendance est alors stérile. La protection de l’environnement est l’avantage le plus important de cette technique qui est plus économique quel’utilisation des insecticides. Cette méthode est également compatible avec d’autres techniques telles que la lutte biologique. En 2008, un programme de lâchers de mâles stériles de cératite a été lancé dans la région du Souss au niveau d’une zone pilote de 4.800 Ha, visant la réduction du niveau de pullulation de ce ravageur au niveau de la zone traitée et par conséquent des traitements appliqués. Les pupes utilisées pour ces lâchers sont importées de l’unité de Valence en Espagne à la charge de l’ONSSA et Maroc Citrus assure le financement des ressources humaines et des opérations de lâchers sur le terrain. A noter qu’une unité de production de mâles stériles de cératite est prévue à Agadir dans le cadre d’une convention conclue entre la profession, l’ORMVA du Souss Massa et l’ONSSA. L’unité sera construite et équipée par l’Etat qui déléguera sa gestion et son fonctionnement la profession. Cette unité, qui sera équipée d’un irradiateur, devrait permettre la production localement de près de 200 millions d’insectes stériles par semaine, ce qui va faciliter l’extension des lâchers vers les autres régions agrumicoles du pays.

Lutte biologique

Pour un meilleur contrôle de la cératite des essais ont démontré que la combinaison de la technique de mâles stériles et les lâchers des parasitoïde ont abouti à réduire 10 fois la population de C. capitata en seulement six mois. Au Maroc, comme ennemi naturel, le seul parasitoïde connu de la cératite est l’hyménoptère Opius concolor szpe ligeti. Mais il existe également des prédateurs tels que les fourmis, les araignées et les oiseaux.

Piégeage de masse et appâtage

Cette lutte consiste en l’installation d’un nombre important de pièges par ha (de 30 à 400) selon les spécialités commerciales. Il s’agit d’un traitement permanent au sein de la parcelle qui permet de garder la population à un niveau bas. Il est plus efficace quand il est appliqué à grande échelle. Mais il peut s’avérer nécessaire d’avoir recours à des traitements chimiques en cas de 60

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Fertilité

Compost et lombricompost : En quoi sont-ils différents ? Mr Abdeljabbar BAIDADA, Ingénieur Agronome directeur du cabinet VIVO CONSULT Dr Barhoum KHARBOUCH, Responsable recherche & développement chez AGRIVIVOS

Après avoir développé les bonnes pratiques des procédés compostage traditionnel et lombricompostage, nous enchainons sur le même sujet, mais cette fois-ci nous mettons l’accent sur la différence entre ces deux modes, notamment les avantages et les inconvénients des deux produits finis : compost et lombricompost. Quelle est donc la principale différence entre les deux produits ?

V

ous avez souvent posé cette question sans obtenir de réponse. Mais dans cet article qui fait suite à nos deux articles précédents, le 1er sur le compostage et le 2ème sur le lombricompostage (voir les numéros 143 et 144 d’Agriculture du Maghreb) nous lèverons tous vos doutes puisque nous allons dévoiler les grandes différences entre le

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compost et le lombricompost. Si le premier est bien connu comme étant le produit du compostage traditionnel, le second interroge davantage. Parfois appelé « vermicompost » ou « compost de vers » ou encore « lombricompost », il correspond à l’humus produit par les vers de terre au cours du procédé de lombricompostage. On pourrait dire que le lombricompost et le compost sont similaires puisqu’ils sont le résultat de la décomposition de déchets organiques. Toutefois, l’une des principales différences entre les deux processus est que le lombricompostage implique l’action conjointe des vers de terre (lom-

brics) (figure 1) et de microorganismes tandis que le compostage se déroule sous action des microorganismes uniquement, tels que bactéries, champignons et levures.

Décomposition des déchets organiques dans les intestins des vers de terre

En outre, alors que le compost se pratique exclusivement en plein air, le lombricompostage est une technique qui se déroule à l’abri de la lumière car les lombrics utilisés sont des espèces photophobes (sensible à la lumière) et sensible aux températures élevées.

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Par ailleurs, le compost est un produit exempt de semences et d’agents pathogènes. Le lombricompost, en revanche, est de meilleure qualité (7 fois plus riches que le compost) et le temps de production est un peu plus court. Maintenant que nous connaissons chacun des produits, il est temps de parler des principaux avantages et inconvénients de chacun d’eux.

Avantages et inconvénients du compost Avantages • Étant un produit 100 % naturel, son utilisation permet de réduire la consommation de produits chimiques qui peuvent être nocifs pour les cultures et qui polluent les sols et contaminent les nappes phréatiques. • Il contribue au maintien de l’humidité du sol et réduit la consommation d’eau entre 30 et 70 % dans des conditions idéales. • Au printemps et en été où la température est plus élevée, le processus de compostage est assez rapide. • Il ne nécessite pas l’utilisation de vers de terre pour sa production. • Il peut aider à éliminer les graines de mauvaises herbes et les agents pathogènes. • Sa teneur élevée en matière organique stabilisée permet d’améliorer les propriétés physico-chimiques des sols. • Il participe à réduire les variations thermiques des sols. Inconvénients • Les températures élevées peuvent être nocives et finir par tuer les micro-organismes bénéfiques présents dans le compost. www.agri-mag.com

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• C’est un processus laborieux puisqu’il est nécessaire d’effectuer des retournements, des arrosages, un contrôle des paramètres chimiques. • La qualité du compost est inférieure à celle du lombricompost. • Il est nécessaire d’établir des équilibres corrects entre le carbone et l’azote pour son traitement correct.

Avantages et inconvénients du lombricompost Avantages • C’est un processus moins laborieux puisque les vers de terre aident à mélanger, fragmenter et aérer les déchets organiques. • C’est un produit de meilleure qualité que le compost, et aussi, il s’obtient plus rapidement. • En raison de sa charge enzymatique et bactérienne élevée, la solubilisation des nutriments est augmentée et cela les rend immédiatement assimilables par les racines, favorisant à son tour la chélation de certains micronutriments. • Il évite le lessivage des nutriments par l’eau d’irrigation, les gardant dans le sol plus longtemps en raison de leurs propriétés physico-chimiques. • Il favorise la germination des graines et le développement des plantes. • Il augmente la disponibilité des éléments essentiels, tels que l’azote, le phosphore ou le potassium, et améliore également la fertilisation. • Il aide à prévenir les maladies et prévient les chocs dus aux blessures ou aux changements soudains de température et d’humidité. Il empêche également la croissance de champignons et de bactéries qui peuvent être no-

cifs pour les plantes. • Grâce à l’activité des vers, la structure des sols est améliorée, ainsi que la porosité, la perméabilité et la ventilation (c’est ainsi qu’il y a des vers dans le sol luimême). • Il favorise la croissance et le développement de la flore microbienne grâce à ses conditions optimales d’aération, de perméabilité et de pH, entre autres. • Il a une forte concentration d’acides humiques et fulviques. Inconvénients • Il est nécessaire de surveiller les conditions de température pour qu’il y ait un développement correct des vers. De plus, lors de l’application du vermicompost sur le support de la culture, les vers doivent en être séparés. • Au cours de son processus, il nécessite une température plus basse que le compost. La germination de graines indésirables peut se produire dans les cultures ou les jardins. Agriculture du Maghreb N° 145 - Juillet/Août 2022

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Phytophthora chez les agrumes

Identification et lutte contre la maladie Par : Zakaria BAIZ (1) Amjad SELLAMI (2)

Le secteur des agrumes au Maroc joue un rôle socio-économique important. Cette culture couvre une superficie de 128.000 ha et la production moyenne est d’environ 2,4 millions de tonnes par an (ministère de l’agriculture – 2022). Les principales régions de production sont le Souss Massa, le Gharb, la Moulouya, le Tadla et le Haouz qui représentent à elles seules plus de 93% de la superficie nationale. Phythophthora spp. sont des champignons de la famille des Oomycètes. Ils sont donc à l’origine de maladies dites cryptogamiques ou fongiques les plus menaçantes sur les agrumes dans les conditions marocaines. Les pathogènes Phythophthora causent des dommages importants à l’arbre en attaquant toutes les parties et en provoquant la pourriture des racines, la pourriture du collet souvent avec exsudation de la gomme sur le tronc près du niveau du sol et la pourriture brune sur les fruits. P. citrophthora et P. parasitica sont tous deux cités comme agents responsables de la gommose et de la pourriture des racines des agrumes. Cette espèce attaque parfois les parties aériennes de l’arbre et les fruits. P. citrophtho-

Responsable de département phytiatrie Labomag. (1)

Directeur de Recherche et Développement Labomag. (2)

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ra induit également la pourriture brune sur les fruits.

Mode de transmission et symptômes des maladies à phytophthora

La contamination et la propagation de la maladie se fait par les spores ou les zoospores (spores mobiles) qui peuvent, une fois dans le sol, se conserver durant de nombreuses années dans l’attente d’un nouvel hôte. Les spores sont transmises par l’eau, soit suite à un contact avec l’écorce de l’arbre, soit par contact avec les feuilles et les fruits (généralement ceux des branches basses) avec des gouttes de pluie et abîment l’enveloppe externe du fruit. Les outils agricoles sont

aussi un moyen de transmission. Le flétrissement des branches, qui s’observe généralement deux semaines après la pluie, la chlorose des feuilles et un déclin des pousses avec une production réduite de fruits sont les premiers signes de la maladie. Les arbres gravement endommagés et infectés se dessèchent en 1 ou 2 mois puis meurent. Phytophthora spp. infecte le cortex racinaire et provoque la dégradation des racines fibreuses. Le cortex devient mou, un peu décoloré et semble imbibé d’eau. Les racines fibreuses recouvrent leur cortex, donnant au système racinaire un aspect filandreux. Aux stades avancés du dépérissement, la production de nouvelles racines fibreuses ne peut pas suivre le rythme de la mort

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des racines. Par conséquent, l’arbre est incapable de maintenir une absorption adéquate d’eau et de minéraux, et les attaques fongiques répétées épuisent les réserves de nutriments de la racine.

Méthode de détection de phytophthora chez LABOMAG Microbilogie traditionnelle Dans le département de phytiatrie chez LABOMAG, la méthode pour un échantillon à analyser, repose sur l’emploi de la technique de l’isolement mycologique sur milieu semi-sélectif pour la détection des Phytophthora spp. Les isolats de Phytophthora spp. sont ensuite transférés du milieu d’isolement vers deux milieux d’étude spécifiques. Après incubation, leurs caractéristiques macro- et microscopiques sont étudiées et permettent dans la majorité des cas d’aboutir à l’identification de l’espèce. Les pourcentages de l’infection des espèces de Phytophthora spp. peuvent être ainsi estimés. Le test ELISA (dosage d’immunoabsorption enzymatique) Une autre méthode d’analyse de Phytophthora spp. a été récemment développée par le département phytiatrie. Elle est basé sur la technique ELISA qui est un test immunologique permettant la détection ou le dosage de molécules dans un échantillon biologique. PCR (Polymerase Chain Reaction) en temps réel (en cours

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de développement) Cette méthode qualitative ²permet de détecter la présence de Phytophthora citrophthora ou Phytophthora parasitica dans des tissus végétatifs symptomatiques dans la limite du seuil de détection de la technique employée sans objectif de quantification. Les échantillons pour lesquels une réponse négative est obtenue sont considérés comme indemnes ou contaminés à un niveau trop faible pour être mis en évidence par la technique utilisée.

Les stratégies de contrôle recommandées par LABOMAG lors de la production des plants Mesures préventives

Pour parvenir à l’exclusion, plusieurs mesures sont nécessaires, notamment : • Utilisation de matériel de multiplication provenant de sources répertoriées et certifiées exemptes d’agents pathogènes. • Utilisation d’eau de puits exempte de Phytophthora spp. pour l’arrosage des plantes. • Clôtures et bains de pieds en cuivre aux entrées. • Plantes cultivées dans des conteneurs stériles (sans Phytophthora spp., nématodes et autres agents pathogènes nocifs pour les agrumes). • La multiplication doit être effectuée sur des bancs à 40 cm au moins au-dessus du sol. • D’autres mesures sanitaires recommandées en pépinière comprennent le lavage fréquent et la

désinfestation du sol, des murs et des bancs.

Lutte chimique

Elle est nécessaire lorsque les autres méthodes de lutte sont incapables de lutter efficacement contre la maladie. Les traitements fongicides doivent débuter après l’apparition des lésions. Les fongicides appliqués en pulvérisation sur le tronc sont les plus efficaces. Les traitements préventifs par des fongicides à base de cuivre appliqués à des concentrations élevées restent les plus efficaces pour le contrôle des infections à Phytophthora. Autrement, l’application de fongicides systémiques comme le Metalaxyl et le Fosetyl-Al augmente le poids des racines fibreuses des porte-greffes d’agrumes et réduit les propagules de Phytophthora. Dans les cas majeurs, une application de Fosetyl-Al/ Metalaxyl n’est efficace que pour réduire la taille des lésions sur le tronc. Par conséquent, plusieurs applications de ces fongicides systémiques sont nécessaires pour un contrôle adéquat de la gommose des agrumes. Il convient de souligner qu’un contrôle adéquat des maladies à Phytophthora sur les agrumes repose sur une stratégie intégrée combinant des fongicides systémiques avec d’autres mesures de contrôle, qui comprend l’utilisation de porte-greffes résistants ou tolérants et d’autres pratiques biologiques et sanitaires.

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Mouche de l’olive

Développement selon les saisons et méthodes de lutte

La mouche de l’olive, Bactrocera (Dacus) oleae, compte parmi les ravageurs les plus redoutables et les plus dommageables pour l’oliveraie. Ses attaques entraînent une chute importante des olives ainsi qu’une détérioration de la qualité de l’huile, jusqu’à 100% d’olives dépréciées et inutilisables.

Cycle de développement

• L’adulte peut vivre jusqu’à

9 mois. • Il peut parcourir une dizaine de kilomètres par jour. • La femelle une fois fécondée, peut conserver le sperme du mâle dans sa spermathèque et pondre des œufs plusieurs mois après l’accouplement. • Les adultes se nourrissent essentiellement de bactéries, mais également de produits sucrés et/ou protéinés. • L’absence d’eau est très pénalisante pour les adultes. Ceci explique que le taux de survie des adultes est très faible lorsqu’ils se trouvent dans des conditions de forte sécheresse. L’irrigation des oliviers crée ainsi des conditions favorables au développement de l’insecte.

Dégâts

Les dégâts engendrés par la mouche de l’olive sont à la fois d’ordre quantitatif et qualitatif. - Dégâts quantitatifs : le développement de la larve à l’intérieur de l’olive affecte directement l’alimentation du fruit, sa maturation et sa force d’attachement au pédoncule, provoquant ainsi une chute accélérée. - Dégâts qualitatifs : En mettant la pulpe de l’olive au contact de l’air et des déjections de la

larve, les dégâts de mouche conduisent à une altération de la qualité de l’huile, facilement détectable au goût et par une augmentation de l’acidité, de l’indice de péroxyde et du K 232.

dans les secteurs particulièrement doux (plus tard selon les microclimats plus frais), les premiers adultes émergent des pupes. Ils se retrouvent ensuite dans les oliviers pendant quelques semaines

Les mouches en hiver et au printemps

Les mouches en été Durant l’été, dès que les olives atteignent 8 à 10 mm de longueur, surviennent les premières pontes dans l’olive. Les femelles peuvent pondre 400 à 500 œufs en quelques jours : une même femelle ne pond qu’un œuf par olive. Les femelles pondent un œuf sous la peau de l’olive et l’asticot se développe à l’intérieur de la pulpe en creusant une galerie. Une génération de mouche se développe alors en un mois environ. Selon les conditions climatiques, trois à cinq générations se succèdent de juin à octobre. A la fin de son développement, la larve mange la pulpe juste sous l’épiderme et prépare son trou de sortie. Puis elle recule dans le fruit pour se nymphoser. La nymphose se déroule sous la forme d’une pupe durant environ 10 jours en été. Une fois sorti de la pupe, le nouvel adulte sèche ses ailes durant une paire d’heures puis s’envole. Il est apte à se reproduire après quelques jours. En automne, lorsque les températures baissent ou la chair devient laiteuse, la larve se laisse tomber au sol. La nymphose a lieu dans ce cas, au sol et s’étale jusqu’à la fin de la période froide.

Au cours de cette période, il n’y a plus d’olives sur les arbres suite à la récolte. La grande majorité des populations de mouches de l’olive passe l’hiver au stade de pupe, sous la frondaison des arbres dans les premiers centimètres de terre. La pupe est très résistante aux produits insecticides et aux conditions climatiques. Toutefois, en dessous de 0°C, la survie des pupes est très réduite, la mortalité naturelle en hiver est très importante, moins de 20 % des pupes passeront réellement un hiver « normal ». Si l’hiver est plus froid que la normale, la mortalité augmente. Si l’hiver est plus doux que la normale, la mortalité baisse. Les larves, les pupes et les adultes qui en émergent, sont des proies recherchées pour des prédateurs comme les carabes ou les staphylins. Ces insectes vivent préférentiellement dans les sols enherbés. Une faible partie de la population de mouches passe l’hiver à l’état adulte. Dès la fin du mois de février

Facteurs favorisant le développement

Les paramètres favorables au développement de la mouche sont : - Le climat : hiver doux, printemps précoce, été sans chaleur excessive, automne 66

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doux permettent à la mouche de bien se développer. Si l’humidité est élevée, les conditions deviennent idéales. Inversement après un hiver très froid ou, si l’été est caniculaire et/ou très sec, la population de mouche se développe peu. - Les zones précoces : leur microclimat y est plus favorable, il y a donc moins de mortalité hivernale et une activité plus intense des insectes dès février. Il s’agit du littoral et de certains bassins particulièrement exposés. Inversement, les zones moins précoces et au climat plus rude, sont peu propices à un développement important de la mouche. - Les variétés : En règle générale, les variétés précoces sont plus attaquées que les variétés tardives. Cependant, il n’y a pas de variété qui ne soit attaquée si la population de mouche est importante. - L’irrigation : l’apport d’eau aux oliviers permet d’obtenir des fruits plus précoces, donc plus attirants pour la mouche. Par ailleurs, l’eau est indispensable dans l’environnement de la mouche. L’irrigation favorise donc sa survie dans le verger. - La taille peut jouer un rôle positif en améliorant l’aération de l’arbre, mais elle peut être négative si, en réduisant la charge, elle favorise une augmentation du calibre des fruits. En effet les olives plus grosses sont plus précoces et donc attaquées en priorité par la mouche.

Estimation du risque

Piégeage évaluatif ou piégeage de contrôle Le piégeage permet de détecter la présence des adultes de Bactrocera oleae et ainsi de déterminer le début des vols de façon plus simple et www.agri-mag.com

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plus rapide que par un suivi de piqûres et trous de sortie, mais également moins précis. Deux types de pièges existent : Piège alimentaire du type ‘’Piège à guêpes’’ : Il s’agit d’un piège alimentaire de type gobe-mouche rempli d’une solution de phosphate d’ammoniaque ou phosphate diammonique (30 à 40 g/l d’eau), renouvelée toutes les semaines. Comptez environ 3 pièges / ha. - Piège à phéromones ou piège sexuel : Il s’agit d’un piège sexuel, composé d’une capsule de phéromones et d’un fond englué jaune, renouvelés toutes les 3 à 4 semaines. Comptez environ 1 piège/ ha. Ces pièges doivent être placés dans les arbres les plus attractifs : ceux présentant de grosses olives, et/ou à l’abri de haies brise-vent, et/ou dans une zone humide du verger. Comptage des dégâts - Trous de sortie : Quand on parle d’olives piquées dans le langage courant on veut généralement parler d’olives présentant un trou de sortie de la mouche. Ce trou de 2 mm de diamètre est facile à repérer. Si l’épicarpe translucide est présent, la mouche est encore présente dans le fruit sous forme de pupe. Si le trou est bien ouvert la mouche est sortie, elle est en vol dans le verger ou pupéfiée au sol. - Piqûres de ponte : Les piqûres de ponte se caractérisent par une tâche brune d’un demi-millimètre de diamètre en forme de triangle ou d’ovale. La mouche peut faire une piqûre de ponte sans y déposer d’œuf ou sans qu’il y ait éclosion et développement larvaire. Ce phénomène se constate particulièrement pendant les épisodes de forte chaleur soit parce que la femelle fait un trou pour s’hydrater, soit parce que l’œuf avorte. C’est pour cette raison que www.agri-mag.com

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l’observateur devra prélever quelques olives, soulever la peau sous la piqûre avec un couteau et vérifier avec une loupe la présence d’un œuf ou d’une galerie creusée par l’asticot. Ce dernier est très petit lorsqu’il sort de l’œuf. Remarque : il existe d’autres insectes (punaises,…) qui percent la peau de l’olive pour se nourrir de son jus. - Comment compter les olives Pour réussir votre comptage, il faut qu’il soit représentatif de l’ensemble du verger et que vous utilisiez la même méthode à chaque fois, nous vous proposons de : • Déterminer un itinéraire dans le verger : en général, un zig-zag ou une grande diagonale sont satisfaisants. Il faut éviter les arbres des bordures. • Réaliser les observations le long de cet itinéraire. • Pour chaque observation : • Prendre les rameaux à hauteur d’homme, • Observer les 10 olives le plus proches de l’endroit où l’on tient le rameau, • Compter celles avec une piqûre de ponte et un développement larvaire, • Compter celles avec un trou de sortie, • (On peut aussi compter les piqûres stériles, mais dans ce cas, ça fait beaucoup de choses à compter)? • Sur les petits vergers faire 4 observations de rameau par arbre sur 4 expositions différentes. • Sur les grands vergers faire 1 observation par arbre en changeant d’exposition chaque fois que l’on change d’arbre. • Après 20 observations (donc 5 arbres sur les petits vergers ou 20 arbres sur les grands) on a une observation de 200 olives généralement suffisante pour une première approche. • Pour affiner le résultat on

peut échantillonner sur 30 observations (=300 olives) ou 40 observations (=400 olives). • Si votre verger est composé de plusieurs variétés, recommencez l’opération en n’observant que les arbres de variétés sensibles.

Solutions de lutte contre la mouche de l’olive

Il appartient à chaque oléiculteur de choisir ce qui lui convient le mieux. Différentes stratégies peuvent être complémentaires. • Piégeage : Il est indispensable pour détecter l’apparition des adultes dans le verger et permettre un positionnement optimal des traitements. • Production raisonnée d’olives de table : Des traitements préventifs adulticides sont nécessaires dès l’apparition des premières mouches, et à chaque début de vol. Si des dégâts apparaissent et sont supérieurs au seuil, la lutte curative intervient au milieu du vol. • Production raisonnée d’olive à huile : Consiste à limiter les traitements au strict nécessaire et donc à optimiser au maximum les dates d’application. La technique de lutte repose sur l’alternance des produits et des types de protection (préventif/curatif). • Production biologique : Elle consiste à appliquer un produit préventif biologique dès l’apparition des premières mouches et en septembre et octobre. La constitution d’une barrière par une application d’argile tous les mois ou dès lessivage est également possible et fortement recommandé sur les variétés et les zones très sensibles. Ces techniques peuvent se coupler avec du piégeage massif dans ou en bordure des oliveraies.

La stratégie larvicide-curatif La lutte curative contre la mouche de l’olive doit être déclenchée quand des galeries de larves sont repérées dans les fruits. Les produits larvicides pénètrent légèrement dans le végétal et dans les fruits, à une concentration suffisante pour être toxiques pour la toute jeune larve. Il est inutile d’appliquer un traitement larvicide s’il n’y a pas de larve dans les olives. Il faut donc accepter d’attendre que les pontes aient eu lieu avant d’appliquer un larvicide curatif. La stratégie récolte précoce Les dégâts de la larve de mouche sur l’olive sont significatifs à partir du moment où le trou de sortie est réalisé par la larve au 3ème stade soit environ 2 à 4 semaines après la ponte. Les œufs pondus début octobre ne causeront pas de dégâts avant la fin du mois voire début novembre. En récoltant plus tôt que prévu on peut donc économiser un traitement et garder des fruits de qualité. Le rendement en huile pourra toutefois être moins bon. L’inconvénient du rendement en huile plus faible sera compensé par les avantages que constituent l’économie d’un traitement, la réduction des apports de pesticides, une huile au fruité vert intense ou de fruité noir et avec un grand potentiel de conservation. La stratégie « Récolte précoce» est particulièrement adaptée pour une oléiculture biologique ou raisonnée, elle peut compenser l’absence de traitement curatif en agriculture bio, et permettre de faire l’impasse sur un traitement, en agriculture raisonnée. Le suivi de maturité vous permet d’ajuster vos décisions de récolte précoce. Source : Afidol

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