Les Pays-Bas à l’honneur au siam 2018
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
1
2
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
EDITIONS AGRICOLES
Sarl de presse Au capital de 100 000,00 dhs R.C.: 127029 I.F.: 01006251 Patente N° : 35870166 Autorisation : GROUPE HASSAN DERHEM 22 bis, rue des Asphodèles Résidence Zakia - Quartier Berger 20380 Casablanca Tél. : 212 (0) 522 23 62 12 212 (0) 522 23 82 33 agriculturemaghreb@gmail.com
www.agri-mag.com
Directeur de publication Abdelhakim MOJTAHID
Rédacteur en Chef Ingénieur Agronome Abdelhakim MOJTAHID
Journalistes Ingénieurs Agronomes Abdelmoumen Guennouni Hind ELOUAFI
Ont participé à ce numéro : Prof Ahmed Sekkat Pr A. Hormatallah Dr. Ahmed El Bakkali Dr Malika Bounfour Dr. Abdelkrim AIDI SERRAR Mohamed El Housseine Zaoui Germaine Brun
Attachée de Direction Khadija EL ADLI
Directeur Artistique NASSIF Yassine
Imprimerie PIPO
Tous droits de reproduction autorisés avec mention impérative et complète du journal.
www.agri-mag.com
Edito
Importations exportations agricoles Un équilibre vital pour l’intérêt national
L
es économistes du monde entier, n’arrêtent pas de parler des équilibres macroéconomiques, des balances commerciales et de leur importance pour les économies des pays, pour leur croissance, pour leur PIB, etc. Le Maroc n’échappe pas à cette réflexion fondamentale pour son développement et son avenir à court et long terme. Pourtant en examinant nos comptes nationaux notre pays qui, après avoir été avantagé sur le plan agricole au milieu du siècle dernier, connait depuis des années, un déficit chronique et structurel qui ne cesse de s’accentuer alors qu’il se considère comme pays à vocation agricole et comme exportateur majeur de produits de l’agriculture. Rappelons que le taux de couverture des importations par les exportations atteint à peine 50% et que les taux de satisfaction des besoins nationaux sont estimés à 82 % pour le lait, 50 % en sucre, 60 % en céréales et 20 % en huile. Ces indicateurs, en fait, ne concernent que les produits de l’agriculture stricto sensu (céréales, fruits et légumes, sucre, huiles, etc.) et ne prennent nullement en considération tout ce que notre pays importe comme moyens nécessaires pour les produire. En effet, pour produire 1 kg de produit exportable, tomate, d’agrume, de fraise, d’huile d’olive, etc. le Maroc doit importer tout ce dont l’agriculteur ou les fournisseurs d’intrants agricoles ont besoin. On peut citer à titre d’exemples (la liste est très longue) : les semences et plants, les systèmes de pompage et d’irrigation, les produits phytosanitaires et les engrais (autres que phosphatés), les services, sans oublier le gros matériel comme les tracteurs et matériel d’accompagnement, les machines et outils pour la récolte, … ainsi que les unités de stockage, de conditionnement, de transformation, et ainsi de suite. Il parait évident que, si on considère toutes ces données, il est légitime de se poser la question sur l’utilité de continuer dans cette activité condamnée à rester largement déficitaire sans nous assurer une sécurité alimentaire minimale, d’autant plus
que les problèmes liés aux potentialités hydriques se posent avec acuité. De même et comme le savent les mêmes professionnels de l’économie indiqués plus haut, si on veut atteindre l’équilibre en question, ou au moins réduire les déficits, il est nécessaire soit d’augmenter les exportations soit de réduire les importations (ou agir concomitamment sur les deux). Quand à augmenter les exportations, il est de notoriété publique que le Maroc, à l’instar d’autres pays, se heurte à de nombreuses barrières imposées par les pays importateurs et organismes internationaux. Reste à réduire les importations ce qui demeure à notre portée. Effectivement, l’industrie locale peut réduire la dépendance vis-à-vis des fabricants étrangers, qui bénéficient de toutes sortes d’aides, préférences et moyens de nature à réduire leurs coûts de production et mettre à mal la compétitivité de nos produits. Il est donc vital d’encourager notre production locale, sachant que aussi bien les industriels que les artisans du secteur informel qui, selon la FAO « manquent d’outillage et de ressources mais pas toujours de compétences dans le domaine », ne cessent de fournir des efforts afin de satisfaire le professionnel marocain de l’agriculture dans les meilleures conditions de qualité, prix, disponibilité, souplesse, etc. Dans cette optique, approfondir la réflexion, soutenir la production industrielle locale et recourir à la préférence nationale (comme ça se fait ailleurs), devraient être une priorité absolue pour nos équilibres, favorisant la sortie de cette quadrature du cercle et adoptant une vision long-termiste en faveur de l’intérêt des générations à venir. De même, pour l’emploi de nos jeunes, et Dieu sait qu’ils en ont bien besoin.
Abdelhakim MOJTAHID Directeur de publication Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
3
e r i a m m o S 6
Actualités
50
Pays-Bas
à l’honneur au SIAM 2018
104 Les maladies cryptogamiques de la vigne
Fertilisation du pommier Normes de référence pour le Moyen Atlas 116 Poivron Quelques indications pour améliorer la conduite
62
120 Les pépinières fruitières dans la vallée de Tigrigra, province d’Ifrane
Agrumes Meilleure connaissance de leur génétique pour de nouvelles stratégies de recherche variétale 68
Les pépinières maraîchères du Souss Secteur fondamental à haute technicité
Pollinisation de l’olivier Raisonnementdu choix variétal
110
56
Salon des fruits rouges à Larache Une deuxième édition bien réussie
150
152
Au Maroc, Todolivo a déjà planté plus de 3.450 hectares ! 156
Tuta absoluta Contrôle chimique, prévention et gestion de la résistance 160
Acariens du pommier Mesures pour réduire le nombre des traitements
128
STAR FRUITS Un partenaire de choix pour l’arboriculture marocaine
166
Les pucerons des rosacées à noyau dans la région d’Ifrane Biologie, dégâts et stratégie de lutte
130 Questions à Agro selections Fruits
DOSSIER TOMATE 50
-Ecoute, recherche et expérimentation outils indispensable pour l’efficacité et la réussite - Apports de la génétique aux résistances -Plus de superficies et de diversification 98
La myrtille du Souss Pour une bonne maitrise de l’itinéraire technique
170
Le carpocapse du pommier Raisonner la stratégie de lutte
132
Melon Fertilisation raisonnée
DOSSIER IRRIGATION
174
La culture de l’oignon Des améliorations s’imposent
138
176
-Naissance de la (FMAPI) Organiser une profession en plein boom -La contrefaçon En équipement hydromécanique - Prospection de l’eau Une méthode scientifique pour l’agriculture
Ensilage Une réserve d’aliment pour le cheptel 180
Gestion des emballages vides de pesticides 182
Petites annonces
Nos annonceurs ADEAUPLAST 147 AFEPASA 107 AGRIDATA Cosult 7 Agrimatco 33 Agrimatco 35 Agrimatco 161 Agrimatco 163 Agrimatco 165 AGRIN Maroc 87 AGRO SELECTION FRUITS 123 AGROSEM 31 AGROPSRAY TECHNIC 57 ALLTECH 36 - 37 AMPP 159 ARD 177 ARYSTA 169 ATLANTICA AGRICOLA 67 BASF 105 BASF 157 BAYERAgriculture NUNHEMS 83 du Maghreb BCI 4143N° 111 - Avril 2018
BCI 148 BODOR 90 BODOR 142 BUSINESS France 128 CAIXA Banque 47 CAIXA Banque 66 Calimaroc 64 Calimaroc 92 Calimaroc 109 Calimaroc 135 CASE IH 17 CASEM 73 Chambre Espagnole 27 Chambre Italienne 41 CHEMS AGRO 106 CLAUSE 81 CMGP 184 COMICOM 13 Crédit Agricole Maroc 2 CROPLIFE Maroc 173 DIMATEQ 15
Eléphant vert 171 Eléphant vert 175 ESCANDE 124 FERTIBERIA 134 FERTIVAL 137 FIAT 9 FLORAGARD 69 FRESH FRUIT 29 FUTURECO 175 GAUTIER Semences 91 GEO HYDRAU 149 GMC 61 GOJI BERY 101 HIB AGRICOLE 5 HITECH SEEDS 95 IDAI Nature 113 INFORMIA 11 International Nursery 78-79 IRRISYS 23 KEKKILA 75 KSB Pompe 141 LALLEMAND 122
MAMDA 19 METAGRHYD 45 OCP 25 PHYTOLOUKOS 112 PROMAGRI Closer 167 RIJK ZWAAN 89 RIJK ZWAAN 133 SAFI POMPE 145 SAKATA Seeds 93 SAKATA Seeds 96 SAOAS 97 SARILOPE 126 SCPC SAPEL 111 SEMINIS 71 SEMINIS 77 SIMA SIPSA 103 SOMATREF 99 STAR EXPORT 121 STAR EXPORT 127 SYNGENTA 74 TECNIDEX 63 TESSENDERLO 115 TIMAC AGRO 179
TODOLIVO 153 TREFILADOS 119 VILMORIN 85 VILMORIN 117 YARA 65 YUKSEL SEEDS 31 Zine Céréales 21 Zine Céréales 114
Cahier arabe
CMGP CROPLIFE fiat HITECH Paola MAMDA www.agri-mag.com Zine Céréales
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
5
Actu Actu High Tech
Nouvelles technologies et agriculture de demain Abdelmoumen Guennouni
Dans tous les domaines de l’agriculture et l’élevage, on assiste au développement continu de nouvelles technologies, dont certaines sont entrées en application alors que d’autres sont encore au stade prototype ou de recherche, et qui détermineront l’agriculture de demain. Grâce à elles, tous les secteurs d’activité du monde agricole tels que l’alimentation du bétail, la gestion du troupeau, la ventilation, l’irrigation, les tracteurs et équipements, etc. voient leurs performances et leur facilité d’emploi grandement améliorées.
C
es outils informatisés permettent non seulement aux agriculteurs de travailler d’une façon différente mais leur donnent aussi davantage de liberté, tout en réduisant le gaspillage et en optimisant l’utilisation des intrants. Elles ouvrent également la voie à des utilisations originales et offrent des solutions durables et originales à des problèmes environnementaux.
Satellites, géolocalisation, drones et robots
Le satellite est à la base des innovations majeures faisant leur apparition en agriculture ces dernières années. Il récupère les données les plus précises possibles de la parcelle qui seront traitées, interprétées et traduites en pratiques et opérations permettant de gérer l’exploitation et rationnaliser l’utilisation d’engrais, produits phytosanitaires, conduire l’irrigation, … en mettant juste la dose nécessaire. Cette automatisation permet non seulement un gain économique pour l’agriculteur, mais aussi, grâce à une réduction des épandages d’intrants, l’environnement est mieux préservé. Les satellites sont utilisés aussi pour analyser les 6
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
surfaces de cultures et effectuer grâce à l’imagerie des prévisions des rendements des différentes parcelles. Cette technologie est encore affinée avec des passages de drones qui survolent les champs à seulement 150 m d’altitude. Léger et facile à manipuler par les agriculteurs mêmes, le drone survole les parcelles cultivées et détermine avec précision les besoins du sol en moyens de production. Grace à une caméra thermique, le drone prend des photos et peut mesurer également les besoins en eau des cultures. Des drones pour pulvériser et semer peuvent aussi être utilisés pour réaliser une application plus ciblée des produits pesticides, en repérant avec plus de précision les zones où poussent les mauvaises herbes. Les robots aussi trouvent de nombreuses applications dans différentes activités agricoles et en élevage. Exemples : - Petit robot de désherbage localisé, guidé par GPS, avec capteur infra rouge. Monté sur roues, il porte une rampe de buses et circule dans le champ, projetant entre les rangs des faisceaux lumineux rouges. Dès qu’il identifie du feuillage, il projette directement une quantité d’herbicides. Un ciblage très précis, qui réduit substantiellement les quantités des produits www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
7
Actu Actu High Tech
désherbants utilisées et limite donc les risques environnementaux et sanitaires. - Le robot de maraichage qui peut porter une charge de 80 kg et tracter jusqu’à 200 kg lors des récoltes - Des chercheurs australiens testent un robot complètement autonome capable de surveiller en permanence des plantations de légumes. Il est encore expérimental, mais s’inscrit dans une lignée de robots agricoles. Grâce à son rayon laser, ses nombreux capteurs, senseurs et caméras, il détecte rapidement d’éventuelles anomalies (présence de mauvaises herbes, animaux nuisibles, croissance trop faible) et avertit l’exploitant agricole qui peut ainsi prendre immédiatement les mesures appropriées - le robot qui effectue le binage et le désherbage dans les passages entre les lignes de différentes cultures Même les maraîchers et l’agri-
8
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
culture Bio ont compris l’intérêt d’une utilisation judicieuse de ces nouveaux robots agricoles et l’agriculteur peut éviter l’utilisation de désherbants. Les concepteurs de matériel de ce type se disent convaincus que la robotique va permettre de redonner de l’humanité à l’agriculture» et sont soucieux d’accompagner le développement d’une agriculture respectueuse de l’environnement.
Tracteurs et machines intelligents
Grâce à l’intervention des satellites et à la technologie embarquée à bord des engins et offrant une multitude de possibilités de programmation, les tracteurs offrent à l’agriculteur une ‘‘assistance au guidage’’ ou même se dirigent tous seuls (autoguidage). En effet l’agriculteur, dans ce cas, n’a plus besoin de conduire (il n’intervient
qu’en bout de champ pour les manœuvres) et il est là par sécurité et c’est le satellite qui pilote et assure la réalisation d’un travail de précision des semoirs, épandeurs, moissonneuses... qu’il s’agisse de semis ou d’apports d’intrants notamment. Ainsi, les tracteurs sont équipés non seulement de tablettes tactiles mais aussi, de systèmes de réglage électroniques et surtout, de liaisons GPS complexes couplées avec des analyses des sols, des cultures et de la productivité. En effet, aujourd’hui, il existe des systèmes de guidage et d’analyse électroniques (satellites, drones, GPS et balises) permettant d’automatiser totalement la conduite du tracteur et de contrôler ses roues au centimètre près entre les sillons. Ce guidage par GPS permet un positionnement du tracteur avec une précision de 2 cm sur la largeur travaillée ce qui évite de repasser au même endroit, sachant que, sur une parcelle de 30 hectares, si vous recroisez sur 30 à 40 cm de large à chaque tour pour tout couvrir, vous perdez 2 ha sur une journée de travail. Ces systèmes de guidage permettent aussi l’épandage ou le semis pour optimiser la productivité en évitant lors des semis ou en épandages, tout risque de ‘‘trous’’ ou de surdosage Concrètement, le champ est analysé par satellite ou grâce à des drones donnant lieu à une cartographie du champ à traiter
envoyée au système de gestion du tracteur. Cette analyse permet par exemple de repérer les zones demandant plus d’engrais, les zones où les mauvaises herbes sont plus développées, les caractéristiques du sol, etc. A partir de là, en fonction du type de travaux à réaliser (semis, épandage d’engrais ou d’intrants par exemple), les interventions sont contrôlées par la machine pour une gestion plus fine. En d’autres termes, si une zone demande plus d’intrants, le tracteur en fournit plus mais quand une zone n’en nécessite pas ou peu, le tracteur réduit l’épandage. En résumé, ces systèmes de guidage du tracteur et matériel permettent de nombreux avantages : • limitent les recouvrements et donc réduisent la quantité de produits phytosanitaires, d’engrais, de carburant. Des économies sont donc réalisées sur l’ensemble des postes; • diminuent le temps de travail et les charges (intrants, mécanisation); • limitent les manques et optimisent le potentiel de rendement; • diminuent le tassement des sols et l’écrasement des pousses; • augmentent le confort (suppression du jalonnage, concentration sur le travail de l’outil et non la conduite); • possibilité de travailler dans de moins bonnes conditions (nuit, brouillard, poussière); • suppriment la pénibilité des
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
9
Actu Actu High Tech
techniques demandant de la précision (binage...).
Rentabilité :
Ces économies permettent d’amortir en quelques années le coût conséquent de l’équipement. Ainsi, en général, la rentabilité est fonction de la géométrie et de la surface de la parcelle. Plus la surface est petite et de géométrie complexe, plus il y a économie d’intrants. Inversement, plus le rapport longueur/largeur de la parcelle est élevé (parcelle rectangulaire), plus le nombre de demi-tours sera faible et les économies potentielles en produits limitées. Par ailleurs, ces nouvelles techniques répondent non seulement à un objectif d’amélioration des rendements, et donc du revenu, mais aussi à une volonté des agriculteurs de bénéficier d’un temps libre et d’une vie de famille proches de ceux du reste de la société.
Elevage performant et durable grâce aux nouvelles technologies
Les avancées technologiques bénéficient également aux éleveurs. Ainsi, grâce aux robots de traite, les contraintes du matin et du soir disparaissent. Les vaches vont d’elles-mêmes à la traite et le suivi du troupeau se fait derrière l’écran grâce à
10
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
un logiciel spécifique. En outre, les fabricants d’équipements offrent à l’éleveur un large panel d’objets connectés et dispositifs d’élevage innovants (capteurs, automates), l’objectif étant de leur permettre de suivre au plus près les besoins des animaux (alimentation, santé, bien-être), meilleure prise en charge, tout en réduisant l’impact environnemental des élevages. La machine à traire s’apparente de plus en plus à un robot qui améliore la qualité et la quantité de lait produite de 20 % tout en améliorant le bien être animal. Parmi ces dispositifs on peut aussi citer :
- l’utilisation de la caméra 3D, pour suivre la croissance de la vache laitière et ajuster son alimentation; - des capteurs pour composer le menu idéal, personnalisé de l’animal adapté à ses besoins nutritionnels et ayant un faible impact environnemental; - un dispositif de détection automatisé de chevauchements pour identifier la survenue des chaleurs chez la brebis. - robots intelligents qui surveillent et traient les vaches de l’étable - Et parmi les avancées qui permettent aux agriculteurs de parfaire leur travail, il y a l’accès
à des technologies telles que l’analyse ADN. Les éleveurs contrôlent la reproduction de leurs bêtes en choisissant les mâles reproducteurs qui portent certains traits particuliers. - Des boucles électroniques pour mieux peser les bovins - Les clôtures virtuelles pour garder les vaches - la gestion du troupeau : Logiciels pour diverses utilisations (faciliter la gestion quotidienne des troupeaux et des parcelles pâturées…) D’après les acteurs du secteur en Europe, si ces machines high-tech sont encore marginales et coûteuses, d’ici 5 ans au plus elles devraient devenir la norme. Dans le futur, les agriculteurs resteront dans un poste de contrôle devant des écrans pendant que les machines travailleront elles-mêmes. Le prix de ces bijoux hightech est encore prohibitif - plusieurs dizaines de milliers d’euros pour équiper sa flotte - et réservé aux coopératives et aux grandes cultures céréalières, les plus rentables. Mais c’est comme le téléphone portable: il y a 10 ans ils étaient lourds et chers... la technologie finit toujours par s’adapter» indique un professionnel. A signaler que chez nous (Souss-Massa)1 certaines de ces technologies sont déjà utilisées, par exemple la gestion par un agent grâce à un équipement informatique, de la conduite de cultures sous serre (irrigation, aération, fertilisation, …) sans avoir à se déplacer de son bureau.
www.agri-mag.com
FR ANCE - MAROC - POLOGNE
La traçabilité numérique
pour la filière Fruits et Légumes Frais La fraicheur est le critère le plus important pour les consommateurs lorsqu’il s’agit de choisir ses fruits et légumes, devant le prix, la qualité et le goût ; explique une étude de CSA RESEARCH publiée en 2016. Ainsi, pour satisfaire cette exigence les acteurs de la filière fruits et légumes optimisent leurs pratiques et leur organisation logistique en collaborant avec des organismes agréés. La chaine d’approvisionnement des fruits et légumes frais est ce que l’on appelle « en flux très tendu ». En effet, quotidiennement entre 11h30 et 21h les opérations sont nombreuses : réception, traitement et expédition des commandes partout en France pour réception avant 9h du matin le lendemain. Pour accroitre leur performance et simplifier la gestion de flux, les entreprises sont amenées à repenser leur organisation logistique afin de s’interconnecter entres elles pour répondre à un besoin collectif,
www.agri-mag.com
celui de communiquer efficacement et de façon fiable.
La traçabilité numérique: rigueur et enjeux communs
Des acteurs de la filière f&l comme GS1 conçoivent des recommandations internationales standardisées afin de pouvoir codifier un produit, suivre une palette, échanger des commandes… Pour identifier les produits et partager des informations associées, du passage de la commande au paiement, la filière a harmonisé ses pratiques, qui sont désormais communes à tous. Pour aider les entreprises à automatiser les opérations logistiques et administratives, pour permettre de réduire les tâches qui nécessitent du temps et
répondre aux exigences de la traçabilité, des solutions numériques standardisées sont développées en intégrant ces bonnes pratiques. La traçabilité numérique est donc un enjeu collectif pour les acteurs de la filière. La commercialisation des fruits et légumes frais nécessite de plus en plus de rigueur dans le processus d’approvisionnement. L’important étant la qualité et la diffusion d’information tout au long de la chaîne. Aussi, réduire la gestion administrative en automatisant la chaîne permet de réduire le risque d’erreur. Depuis l’entrée en vigueur du Règlement n° 178/2002 sur la traçabilité alimentaire en 2005 il est nécessaire de mettre à jour sa base d’information de traçabilité afin de suivre la vie du produit
de la réception en plateforme logistique jusqu’aux magasins.
Fiabilité, simplicité et travail d’équipe
La création d’un système de traçabilité numérique et commun à tous permet d’échanger avec précision sur l’origine et les spécificités de stockage et de conservation des produits. Ce système de traçabilité permet de réagir plus rapidement et efficacement face à des problèmes de non-conformité par exemple, le principe étant de retrouver le lot ou produit concerné facilement mais aussi de pouvoir mesurer les impacts sur les commandes en cours et à venir. La traçabilité est en fait le résultat d’un travail collectif en interne avec les différents services tels que le service commercial, le service EDI, logistique mais aussi avec les fournisseurs et cela à tous les niveaux du processus, de la réception au paiement. Cette automatisation des tâches permet également la fiabilité des sources et la simplification de l’aspect administratif, ainsi une certaine sérénité et un gain de temps pour l’entreprise.
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
11
Actu Actu Machinisme
Mécanisation agricole Légère embellie pour les tracteurs Abdelmoumen Guennouni
Un agriculteur des années 1960, qui circulerait parmi les exploitations agricoles actuelles au Maroc, ne reconnaitrait pas le paysage d’alors, auquel il s’était bien habitué, et dont les plus jeunes d’aujourd’hui n’ont aucune idée. En effet, dans chaque village et ferme, le matériel est légion facilitant les opérations et travaux qui étaient très longs, éprouvants et exigeants de son temps. Le Maroc est loin des normes internationales
D
epuis l’indépendance (il y a 62 ans), le Maroc a connu une importante évolution technologique qui a modifié les méthodes de travail des agriculteurs. Le recours à la mécanisation, dont la nécessité aujourd’hui est indiscutable, est dicté par différents facteurs :
- Sociaux (main d’œuvre familiale et salariée, disponibilité et pénurie, pénibilité, cherté), - De politique gouvernementale (volonté politique d’équiper le monde agricole, intensification de la production, autosuffisance alimentaire).
- Agronomiques (qualité des travaux, superficie plus grande, travaux au moment opportun, meilleure exploitation des potentialités, autres utilisations du tracteur), - Economiques (productivité, rentabilité, gain de temps, diversification des activités),
Tableau 1 : Nombre de tracteurs vendus par année
Années
1997
98
99
2000
01
02
03
04
05
06
Min Agri
989
1.200
1.035
890
1.065
1.236
1.306
1.150
1.150
2.700
13
14
16
17
Années
2007
08
09
10
11
12
15
AMIMA
3.600 4.882 6.791 4.167 4.181 3.417 4.269 2.997 2.941 1.934 2.350
Evolution de la vente de tracteurs neufs au cours des 21 dernières années 12
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
Ainsi, et malgré les nombreuses contraintes, la mécanisation de l’agriculture marocaine n’a cessé de progresser avec une grande fluctuation selon les années, tout en restant assez faible par rapport aux standards internationaux. Pour ces derniers, le meilleur indicateur pour évaluer le degré de mécanisation d’un pays est le tracteur, devenu l’outil indispensable pour réussir le passage d’une agriculture traditionnelle vers une agriculture moderne et plus spécialement le rapport entre la puissance fiscale et la surface arable mesurée en cheval par hectare de surface agricole utile (SAU). Ainsi, le niveau de motorisation au Maroc atteignait en 1999, à peine 0,27 cv/ha contre les 0,5 cv/ ha recommandés par la FAO. Au même moment ; d’autres pays méditerranéens nous dépassaient sur ce plan (Tunisie 0,33, Egypte 1,22, Espagne 2,18, France 4,57). Au cours des dernières années, pour notre pays, ce taux est estimé à 0,37 cv/ha et l’objectif affiché plan Maroc Vert est d’atteindre 1 cv/ha à moyen terme conformément aux meilleurs standards internationaux et en adéquation www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
13
Actu Machinisme Figure 1 : Evolution des achats de tracteurs par les agriculteurs tés d’accès au crédit, difficultés de remboursement, ….).
avec les objectifs de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Les données du tableau 1 indiquent clairement une évolution en 3 phases : Phase 1, avant 2005 : caractérisée par une stagnation des achats par les agriculteurs de tracteurs agricoles neufs. Selon le ministère de l’agriculture, c’est le ‘‘résul-
14
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
tat direct de l’impact des sécheresses successives qui ont fortement réduit les capacités d’investissement des agriculteurs. Elle résulte aussi des augmentations fortes des prix de vente observés sur les marchés fournisseurs, accentuées par la dépréciation du dirham et le coût élevé du crédit’’. Dans la pratique et malgré les mesures d’incitations d’alors, les petits agriculteurs n’en ont pas bénéficié suffisamment pour diverses raisons (procédures compliquées, difficul-
Phase 2, 2006-2009 : à partir de 2006 on note une très forte croissance par rapport aux années précédentes puisque les ventes de tracteurs agricoles ont atteint 2.700 unités vendues contre 1.150 l’année précédente soit un accroissement de 134%. Ce saut quantitatif spectaculaire est lié essentiellement à la bonne récolte céréalière de la campagne agricole 2005/2006 [près de 89 MQx, 4ème meilleure production jusqu’alors], à la convention cadre établie entre l’Association Marocaine des Importateurs de Matériel Agricole (AMIMA) et le Crédit Agricole ainsi qu’à l’organisation pour la deuxième fois consécutive à Meknès du Salon Interna-
tional de l’Agriculture. Cette importante croissance peut être aussi expliquée, en plus des efforts consentis par les agriculteurs et la profession, principalement par les subventions appliquées en octobre 2006 (reconduites et modifiées par la suite). Jusqu’en 2009 les ventes ont enregistré une croissance continue variant entre 25 et 45% par an et ont abouti à un chiffre record de 6.791 tracteurs écoulés en une année, soit une multiplication par 6 des ventes de 2005. Il faut rappeler à ce propos que la campagne 2008-09 a enregistré une production record de 102 MQx et que cette période coïncide avec le lancement du plan Maroc Vert. Phase 3, 2010-2018 : Depuis cette année historique, les ventes ont enregistré des chutes importantes (à l’exception de 2013, + 25%) avec une baisse ayant atteint 60% environ au cours des deux dernières années dont les ventes ne représentent respectivement que 28 et 35% de l’année record. Plusieurs raisons expliquent en partie cet effondrement, dont les conditions climatiques après 2009 ayant perturbé le cycle (précipitations mal réparties, …) et la baisse des recettes des agriculteurs suite au non respect des prix de référence et la commercialisation profitant aux intermédiaires qui tirent les prix producteurs www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
15
Actu Machinisme
vers le bas. Cependant, une lueur d’espoir a été relevée par l’Amima qui a signalé un redressement de 22% en 2017 par rapport à l’année précédente en remarquant que ‘‘l’année 2016 avait enregistré le niveau le plus bas des ventes des 10 dernières années, depuis l’avènement du Plan Maroc Vert (PMV)’’. Et l’Amima ajoute que le début de l’année 2018 a connu une timide reprise avec une augmentation de 20% par rapport à la même période de l’année 2017.
Aides, subventions et procédures Elles ont évolué (fluctué) avec un impact direct sur la cadence d’équipements. Ainsi, les subventions accordées avant 2005, aussi bien les taux que les plafonds, ont été fortement augmentées à partir de 2006 avec une simplification des procédures entrainant une croissance rapide des ventes de tracteur jusqu’au record de l’année 2009, jamais atteint depuis. Cependant, le changement des procédures d’octroi des subventions en 2010 (baisse de 25% pour les particuliers) favorisant l’agrégation, a induit une baisse de vente de 45% cette année. Ces taux
et plafonds sont maintenus jusqu’à aujourd’hui (Livre Edition avril 2017 de l’ADA) avec l’effet notoire sur les achats de tracteurs par les agriculteurs. Pour l’aide aux projets d’agrégations, le ministère de l’agriculture explique que l’objectif des aides constitue un encouragement et une forte incitation à l’agrégation (+33% par rapport aux particuliers). De même a été introduite la possibilité de financer plusieurs tracteurs par exploitation selon la superficie exploitée (1 tracteur pour 5 ha, 2 pour 10 ha, 3 pour 20 ha, etc. avec aide au renouvellement tous les 10 ans) et permettant, même aux petits agriculteurs de s’équiper en matériel agricole. Pour le matériel d’accompagnement, le taux est fixé : - pour les particuliers : pour les outils de travail du sol (hors cover crop) et d’épandage, à 30% et le plafond entre 17.000 et 72.000 dh/ unité alors que pour le matériel de semis et de traitement le taux est de 50% et le plafond entre 28.000 et 90.000. - pour les groupements : le taux pour les outils de travail du sol (hors cover crop) et
d’épandage, est fixé à 40% et le plafond entre 26.000 et 96.000 dh/unité alors que pour le matériel de semis et de traitement le taux est de 70% et le plafond entre 39.000 et 84.000 dh/unité.
Des efforts de modernisation s’imposent Cependant, malgré les efforts consentis par les uns et les autres, le niveau de mécanisation de l’agriculture marocaine reste encore faible, tant quantitativement que qualitativement. En effet, il faut souligner que les importations de tracteurs neufs restent limitées à des modèles considérés comme dépassés pour les pays développés et que les grandes évolutions technologiques mondiales dans ce domaine n’ont pas été introduites dans notre pays. Ainsi, la motorisation augmente timidement, l’électronique embarquée, l’aide à la conduite et aux travaux, la sécurité et le confort des conducteurs, l’économie de carburant, la précision du travail, le respect de l’environnement, … sont inexistants chez nous. Les raisons pointées du doigt sont essentiellement le coût de ce matériel, ses maintenance et
Tableau 2 : Evolution des subventions pour l’acquisition de tracteurs neufs Années
2004
Bénéficiaire
Taux
2006 Plafond
Taux
2010 Plafond
Taux
2017 Plafond
Taux
Plafond
Particuliers
30%
40.000
40%
90.000
30%
72.000
30%
72.000
Groupements
30%
70.000
40%
90.000
40%
90.000
40%
96.000
16
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
réparations, la réticence des agriculteurs quant aux possibilités de service après vente, l’inadéquation des normes marocaines, la formation des utilisateurs, les conditions d’utilisation, … En outre pour les agriculteurs, le choix d’un tracteur est une opération très technique nécessitant des connaissances dont la plupart du temps, ils ne disposent pas. Ceci est d’autant plus handicapant que toutes les instances censées l’aider et défendre ses intérêts, brillent par leur absence. Tout au plus se basent-ils sur l’expérience des voisins et autres agriculteurs.
Fabrication locale et maintenance du matériel agricole Plus de 60 ans après l’indépendance, la fabrication locale reste globalement très modeste et limitée à du matériel d’accompagnement conventionnel. Les couts de production étant élevés, la production en petite quantité ne permet pas au secteur structuré de fixer des prix abordables au regard des moyens financier des agriculteurs qui sont amenés à opter pour le secteur informel (50% moins cher que le matériel de marque), même si le produit est de moindre qualité. Il faut souligner dans ce contexte, que l’industrie locale ne peut pas se développer face aux grandes enwww.agri-mag.com
treprises étrangères et a nécessairement besoin d’aides et d’accompagnement par les autorités responsables de l’industrie nationale. ‘‘Cet appui devra se focaliser sur leur accompagnement par la recherche, la mise en place d’instruments de politique commerciale à même de réduire les coûts et faciliter l’accès aux matières premières et matériaux utilisés dans l’industrie, l’accès au financement, primes d’investissements,…’’ confirme la FAO. Pour la maintenance, autre volet essentiel pour la mécanisation, la FAO résume la
www.agri-mag.com
situation en indiquant que ‘‘hormis les professionnels qui disposent de réseaux structurés dans les villes, elle est assurée dans les villages et les petites agglomérations par des artisans réparateurs généralistes qui manquent d’outillage et de ressources mais pas toujours de compétences dans le domaine’’. De même, cette institution estime les besoins en ressources humaines spécialisées à 110 000 opérateurs, 53 000 mécaniciens, 27 000 techniciens et plus de 450 ingénieurs à l’horizon 2020 (Projet FAO/TCP/ MOR/3301).
Avenir du secteur Tous les professionnels sont unanimes pour souligner la corrélation des ventes de
matériel agricole (essentiellement les tracteurs) avec les productions céréalières puisque les fortes ventes coïncident avec les bonnes campagnes et les faibles ventes avec les campagnes les moins productives. Ainsi, l’avenir de la mécanisation au Maroc dépend de nombreux facteurs (en plus des conditions climatiques), dont l’adéquation de l’offre et du pouvoir d’achat, le prix de vente du matériel, la subvention contribuant à réduire l’écart, ...). Mais tous les professionnels s’accordent à dire que le rajeunissement de la population d’agriculteurs, l’intervention de techniciens dans le processus de production et la prise de conscience de la nécessité de passer par
la mécanisation pour l’amélioration de la qualité et de la productivité sont aussi un facteur primordial dans l’évolution de la mécanisation. Ils participent de même à tirer le niveau de technicité des agriculteurs vers le haut. Il faut noter par ailleurs que, tout au long de son histoire la mécanisation a souffert de nombreuses insuffisances : type de matériel importé, faible puissance, vieillissement, utilisation peu raisonnée,… Difficile d’imaginer dans ces conditions, que le secteur puisse atteindre le taux de motorisation prévu (1 cv/ha) d’ici 2020 ni un niveau acceptable de modernisation.
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
17
Actu Actu Produit
CÉRÉALES
COMMENT S’ÉLABORE LE RENDEMENT ? Le rendement des céréales à paille est la combinaison de plusieurs composantes : densité de plantes, tallage épi, fertilité épi, PMG (poids de mille grains). Chacune d’elles s’élabore au cours d’une phase différente du cycle de la culture ; elles interagissent donc en cascade, sous l’influence supplémentaire du milieu (climat, sol, conduite culturale). Le rendement se met en place tout au long du cycle de production au travers de plusieurs composantes : - la densité de plantes, - le tallage-épi (que l’on peut diviser en tallage herbacé et en montée à épi), - la fertilité-épi (nombre d’épillets par épi et nombre de grains par épillet), - le poids des grains (PMG).
D’une manière générale, ces composantes entrent en concurrence entre elles, mais l’intensité de cette concurrence va dépendre des conditions de croissance (rayonnement, eau, azote) et de la variété.
1-La densité de plantes en sortie d’hiver La densité de plantes est constituée par la densité
de semis, la faculté germinative du lot de semence, le taux de levée effective et les pertes hivernales : § La densité de semis est une variable d’ajustement à disposition de l’agriculteur ; elle est déterminée en fonction d’un objectif de peuplement en sortie d’hiver et d’hypothèses de pertes (rigueur de l’hiver, pierrosité, présence de ravageurs).
§ La faculté germinative est généralement élevée (>90 %) notamment pour les semences certifiées. Cependant, elle peut chuter à 60 % ou moins selon l’âge des semences, les conditions de conservation et le traitement appliqué. § Le taux de levée décrit la part de plantules ayant germé mais n’ayant pas pu atteindre la surface, le plus souvent à cause d’obstacles physiques (mottes, pierres, croute de battance) ou d’excès d’eau. § Les pertes hivernales sont le plus souvent liées à des excès d’eau (ennoiement mais surtout submersion) et au froid (déchaussement, gel mécanique ou dépassement du seuil de résistance de la culture). Les ravageurs peuvent également altérer la densité de plantes.
2-Le tallage Le nombre d’épis par plante, déterminé après la régression des talles, s’établit en 2 phases : une phase hivernale où des talles sont émises (période de tallage), très souvent en excès, et une phase printanière où les talles les plus jeunes régressent (montaison). Le tallage débute lors de l’émission de la 4e feuille: la première talle apparaît à l’aisselle de la pre18
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
19
Actu Actu Produit
mière feuille. Ensuite, en conditions normales, une nouvelle talle apparaît à chaque phyllotherme (= durée exprimée en somme de température séparant l’apparition de deux feuilles successives). L’arrêt du tallage est contrôlé par un signal lumineux perçu par la plante : l’équilibre entre les longueurs d’onde rouge clair et rouge sombre est modifié par la densité de végétation. Ainsi, la plante quantifie la concurrence dans son entourage (autres plantes de la même culture ou adventices) et module son tallage en conséquence. La disponibilité de l’azote fait varier le seuil rouge clair/rouge sombre à partir duquel la culture cesse de taller, ce qui a pour conséquence de prolonger le tallage et d’augmenter le nombre de talles. Exceptionnellement, certaines talles peuvent ne pas apparaître, en lien avec un stress ponctuel. L’apparition de la talle de coléoptile est également aléatoire, sans que les mécanismes déclencheurs soient identifiés. 20
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
La régression de talles ne débute que lorsque le tallage est arrêté (il n’y a pas cohabitation entre émission de nouvelles talles et régression), et que l’élongation des tiges a débuté. Elle correspond notamment à une concurrence trophique entre organes : les tiges les plus développées mobilisent les ressources (azote, eau, lumière) au détriment des tiges les plus récemment émises, qui régressent en premier. Selon les conditions de croissance et la disponibilité des ressources, la régression sera plus ou moins forte. Plus les semis sont denses, plus la régression sera forte. A l’inverse, lorsque la levée a été difficile ou que des plantes ont disparu pendant l’hiver, le tallage sera fort et la régression faible.
3-Fertilité épi Généralement, le peuplement épi final est défini peu après l’épiaison, sauf dans les cas exceptionnels de stress précoces suivis de fins de cycles favorables.
La fertilité des épis s’élabore du tallage jusqu’à la floraison, sur une période assez longue : depuis le milieu du tallage (lorsque l’apex réalise sa transition florale et élabore des ébauches d’épillets) jusqu’à la floraison, qui correspond à la fécondation. On peut donc la décomposer en 3 constituants : - le nombre d’épillets par épi (qui s’élabore entre les phases de transition florale et l’épillet terminal dans le cas du blé), - le nombre de fleurs par épillet (qui s’opère début montaison, via une différenciation des épillets), - le pourcentage de fertilité. Il est essentiellement associé à la qualité de la fécondation, et traduit la qualité du pollen et/ou les conditions de fécondation.
d’amidon. Leur poids en matière sèche augmente alors que la quantité d’eau stagne : c’est le palier hydrique. Les sucres accumulés dans les grains à cette période sont soit issus d’activité photosynthétique post-floraison, soit de remobilisations internes à la plante (feuilles mais surtout tiges) ; § La dessiccation du grain : elle s’opère lorsque la maturité physiologique est atteinte, c’est-à-dire juste après le stade grain pâteux. A partir de ce moment-là, il n’y a plus de migration d’amidon vers les grains et leur poids définitif est pratiquement atteint. Par contre, des phénomènes de polymérisation tardive des protéines peuvent apparaître pendant cette phase.
Certains mécanismes environnementaux qui commandent la mise en place de chacune de ces composantes sont identifiés.
Des compensations possibles en cas d’accident : Compte tenu des interactions entre composantes et de l’étalement de l’élaboration du rendement, un accident de culture 4-Le poids des peut être plus ou moins mille graines (PMG) compensé au cours du cyLes grains commencent cle cultural. D’une manière à se former à la féconda- générale, plus l’accident tion, c’est-à-dire 3 jours survient tôt, plus les posenviron avant la floraison sibilités de rattrapage sont (sortie des anthères). Leur élevées (règle à pondérer constitution a lieu en 3 avec la fertilité du milieu) : phases consécutives : - un problème de levée ou § La multiplication cel- de pertes de pieds penlulaire (de la floraison au dant l’hiver conduit à un stade grain laiteux) : les tallage plus important et à cellules de l’endosperme une fertilité épi en hausse, se multiplient et se diffé- - une altération du nombre rencient en cellules de de grains/m² peut être parstockage de l’amidon. On tiellement compensée par observe notamment une une maximisation du PMG. forte absorption d’eau Il existe ainsi plusieurs au niveau des grains. « parcours » pour atteindre § L’accumulation d’amidon le même rendement. (de grain laiteux à grain pâteux) : les cellules formées au cours de la phase Jean-Charles DESWARTE précédente se remplissent (ARVALIS - Institut du végétal) www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
21
Actu Actu ActuProduit Produit
Après une croissance continue, pourquoi les rendements du blé stagnent-ils ?
Après un demi-siècle de croissance continue, l’augmentation des rendements du blé s’est ralentie au cours des deux dernières décennies, au point de s’annuler dans de nombreux pays européens. Des scientifiques français ont testé trois causes possibles : l’amélioration génétique, les pratiques agronomiques et le climat. Leurs travaux montrent que les effets négatifs du climat se font sentir depuis 1990 et ont été renforcés par des facteurs agronomiques à partir de 1999. Cependant, le rôle du progrès génétique reste prépondérant et permet de maintenir les rendements à un niveau stable.
L
es rendements du blé ont enregistré une hausse continue en Europe au cours de la seconde moitié du XXème siècle du fait des progrès de la génétique et de l’utilisation d’engrais et des produits de traitement des cultures. La croissance annuelle moyenne des rendements du blé était en France de 1, 2 quintal par hectare depuis 1950 environ jusqu’en 1995-96. La stagnation de ces rendements en France depuis 1996 est très nette et cette situation se retrouve dans d’autres pays européens. Des chercheurs ont cherché à savoir quelles en étaient les causes. L’amélioration génétique a-t-elle des limites ? Les pratiques agronomiques, plus ou moins pilotées par des contingences socio-économiques et politiques (évolution de la PAC notamment), seraientelles devenues extensives ? Le climat serait-il à ce point modifié qu’il limiterait les rendements ?
22
Le progrès génétique continue …
Analysant plus de 2500 résultats d’essais génétiques s’étalant de 1970 à aujourd’hui, les chercheurs généticiens montrent que le progrès génétique du rendement des variétés cultivées de blé n’a pas faibli : son impact est estimé à environ 1 quintal par hectare et par an. Notons que le progrès génétique a aussi fait progresser la résistance aux maladies et la qualité de panification.
L’importance de la culture précédente, parmi les différents facteurs agronomiques
L’analyse s’est ensuite portée sur les causes agronomiques possibles : l’utilisation d’azote, la protection contre les maladies, la culture précédente et la matière organique du sol. Un élément explicatif important apparaît avec l’étude des cultures précédentes en France. En effet, après 1999, une évolution significative s’est produite avec le remplacement
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
des légumineuses par le colza à hauteur d’environ 10%. L’effet dépressif du colza comme culture précédente sur le rendement du blé peut atteindre jusqu’à 10 quintaux par hectare. Après 1999, cet effet négatif a participé à la stagnation des rendements à hauteur d’environ 0,35 quintal par hectare et par an, selon les chercheurs. En ce qui concerne l’utilisation d’engrais azotés, on observe une augmentation des doses utilisées jusqu’en 2000, puis une baisse entre 2000 et 2007 d’environ 20 kg/ha alors que le nombre d’applications s’est stabilisé à 3 depuis 2000. L’effet pénalisant de cette baisse de la fertilisation sur les rendements, à partir de 2000, est estimé à environ 0,15 quintal par hectare et par an. En revanche, les maladies sont mises hors de cause à partir de données issues de réseaux d’essais nationaux qui d’une part montrent que la fréquence des traitements n’a pas diminué et d’autre part ne mettent pas en évidence de relation univoque entre dommages et rendements à l’échelle nationale. Trois situations, qui coexistent, ont été observées : peu de maladies et des rendements faibles, beaucoup de maladies et des rendements faibles, beaucoup de maladies et des rendements élevés. Ainsi l’hypothèse qui pourrait attribuer la stagnation des rendements à une éventuelle diminution de l’utilisation de fongicides est à rejeter. Les cartographies évolutives de la fertilité des sols montrent que l’évolution de la matière organique du sol en France depuis la fin du siècle dernier est très contrastée : si certaines régions enregistrent des baisses, d’autres sont en augmentation
ou stables. Il est donc très difficile d’en déduire que les sols se sont dégradés du fait de l’intensification agricole, ce qui aurait pu être à l’origine d’une baisse des rendements. Au total, les facteurs agronomiques seraient responsables d’une baisse des rendements de l’ordre de 0,5 quintal/ha et par an.
Le climat joue-t-il un rôle ?
Afin d’évaluer l’effet du climat sur les rendements, les scientifiques ont utilisé deux modèles différents, l’un pour étudier l’agriculture intensive, l’autre pour une agriculture qui suppose des intrants plus limités. Ces deux modèles indiquent une réduction des rendements à partir des années 1990 à cause du climat. Cet effet est plus marqué pour l’agriculture intensive plus sensible au climat : il serait dû aux températures plus élevées dans les zones tempérées qui affectent le remplissage des grains et à l’augmentation du déficit en eau pendant la croissance des tiges et des grains. Les chercheurs ont évalué l’impact de cet effet climatique dans une fourchette allant de 0,2 à 0,5 quintal par ha et par an. En conclusion, les effets du climat se font sentir depuis 1990 environ. Ils ont été renforcés par les facteurs agronomiques à partir de 1999 et notamment par l’effet de la culture précédente, mais l’impact du progrès génétique reste prépondérant et permet de maintenir les rendements à un niveau stable. Souce : INRA France www.agri-mag.com
A la recherche du blé de demain D’une durée de 5 ans, le projet allemand BRIWECS [1], consacré à la recherche sur les semences de blé et le choix de celles-ci selon les conditions climatiques, a pour objectif de répertorier et d’inventorier les espèces de blé utilisées au cours des cinquante dernières années, et de voir dans quelle mesure celles-ci étaient adaptées à leur environnement. Sur cette période, le rendement des cultures de blé a augmenté en moyenne de 2% par an. L’objectif est de mieux comprendre les raisons de cette hausse. Les espèces seront classées selon leur résistance au vent, au soleil, aux précipitations, à la sécheresse, aux fortes températures... Des études en plein air, sous serre et en laboratoire seront réalisées afin de faire varier les conditions climatiques pour chacune des 220 espèces. Ces expérimentations seront mises en parallèle avec le décodage des génotypes des espèces de blé. A l’aide de ces informations, les chercheurs espèrent identifier les gènes responsables des résistances, pour être à même de sélectionner de nouvelles semences adaptées aux enjeux de l’agriculture de demain. L’introduction de nouvelles espèces nécessite en moyenne 15 ans, afin de réaliser toutes les études pour obtenir leur homologation. Ce projet vise à long-terme la production de nouvelles espèces à l’horizon 2030. [1] Acronyme de l’anglais “Breeding Innovations in Wheat for Resilient Cropping Systems”
Quel blé pour faire le pain ?
Il existe deux espèces de blé : le blé tendre et le blé dur. Le blé dur est destiné à la fabrication de semoules et de pâtes alimentaires. Pour le pain, il faut utiliser du blé tendre, mais cette qualité est loin d’être suffisante. En effet, toutes les variétés de blé tendre ne sont pas ‘’boulangères’’, et les meuniers ont des exigences très précises.
Bonnes pour le pain
Pour faire du bon pain, le boulanger a besoin de farines qui s’hydratent facilement, se pétrissent, lèvent et cuisent bien. Pour ces farines, il faut donc choisir des variétés de blé aux caractéristiques techniques adéquates : des variétés panifiables. Côté sucré, quelques variétés de blé tendre sont recommandées pour la biscuiterie. Plus généralement, l’utilisation des céréales dans l’agro-alimentaire fait largement appel à des listes de variétés recommandées. Les industriels semouliers et pastiers (fabricants de pâtes), ainsi que les semenciers, établissent quant à eux des listes de variétés de blé dur de haute qualité.
L’art du mélange
Les meuniers sont comme de grands cuisiniers qui composent leurs plats : ils composent leurs farines. En effet, aucune variété de blé ne cumule toutes les qualités nécessaires. L’excellence de la farine est donc affaire de dosage entre différentes variétés. Pour réaliser ces mélanges, les meuniers doivent disposer de lots de blé ayant des caractéristiques précises, homogènes, qui correspondent à une variété identifiée et pure.
Le prix de la qualité
Dès le semis d’une culture de céréales, l’utilisation de semences contrôlées officiellement, dites semences certifiées, est déterminante. En effet, elles apportent la plus grande sécurité possible en matière de pureté variétale, indispensable pour la précision des dosages du meunier et pour la qualité des farines pour le boulanger. De plus, les semences sont analysées sur leur qualité sanitaire pour éviter la contamination des récoltes. Ainsi, de dramatiques épidémies peuvent aujourd’hui être évitées. Par exemple, autrefois en France, le ‘’feu de Saint-Antoine’’, provoqué par un champignon parasite de céréales comme le seigle, a fait des victimes par milliers durant des siècles. Ainsi, les aliments que nous consommons chaque jour sont issus d’années de recherche, de tests et de contrôles. La qualité est à ce prix. Il ne nous reste plus qu’à choisir entre une baguette bien cuite ou pas trop...
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
23
Actu Actu ActuProduit Produit
Pomme de terre Variétés nouvelles et adaptations aux nouveaux marchés
La pomme de terre constitue la première culture mondiale non céréalière. Grandes sont la diversité et la complexité des conditions écologiques, sociales et économiques qui participent à son développement et qui doivent être prises en compte par les acteurs de la création variétale. En bien des régions, la pomme de terre demeure une culture de subsistance présentant des rendements faibles en raison notamment des difficultés d’approvisionnement en semences de qualité et en variétés adaptées... Ailleurs, elle constitue le plus souvent une «commodité» pour les consommateurs dont l’exigence première est d’avoir un prix bas assuré par un rendement élevé. Dans ces conditions, la recherche génétique doit donner priorité aux objectifs visant la satisfaction des producteurs.
En Europe de l’Ouest, les besoins alimentaires sont largement pourvus et garantis par une diversification des sources d’approvisionnement et des produits mis en marché. La production et la consommation de pomme de terre sont en déclin alors que la surproduction demeure structurelle et la concurrence exacerbée. L’amélioration continue de la productivité a longtemps soutenu l’activité, mais aujourd’hui, rendement élevé et prix bas à la consommation ne suffisent plus. Depuis plus de 30 ans, tout au long 24
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
de la chaîne « Production - Conditionnement - Transformation - Distribution », divers intervenants tels que les producteurs de consommation, les conditionneurs, les transformateurs et les distributeurs se mobilisent pour améliorer la qualité et la diversité des produits. Les services offerts aux consommateurs ne cessent, eux aussi, de s’améliorer. Des mots clés comme: Praticité, Beauté, Environnement, Alimentarité, Santé et Identité, caractérisent bien les défis que les opérateurs ont à relever afin de séduire les producteurs et
les consommateurs. En amont, la recherche institutionnelle a délaissé l’innovation variétale aujourd’hui prise en charge, autant du point de vue du financement que de la promotion, par les divers intervenants impliqués dans le développement, la production ainsi que la mise en marché des semences de pomme de terre. En France par exemple, l’analyse du développement des variétés, depuis les années 1960, illustre le lien entre le renouvellement variétal et la segmentation des marchés. Elle met en évidence le caractère exceptionnel du succès ainsi que l’importance des investissements et des délais pour y parvenir. Les certificats d’obtention végétale (COV) et les marques déposées sont des outils indispensables pour créer, développer et défendre la valeur ajoutée.
Progrès des variétés
Offre abondante, renouvelée et diversifiée
Au cours des 20 dernières années, la sélection de la pomme de terre s’est vue
proposer plusieurs technologies issues d’avancées scientifiques remarquables et susceptibles d’aider à relever les nombreux défis qui lui sont posés. Toutefois, les méthodes traditionnelles et naturelles continuent d’alimenter efficacement les marchés demandeurs d’innovation variétale. En Europe du Nord et de l’Ouest, il est raisonnable de penser que les besoins essentiels pourraient trouver leurs satisfactions parmi les 1200 variétés actuellement inscrites au Catalogue communautaire. Pourtant, les conditions de production, les modes de distribution et de consommation ne cessent d’évoluer et justifient le maintien de la recherche variétale dont les progrès peuvent se mesurer par l’augmentation de l’offre et le renouvellement constant des variétés cultivées. Les variétés dominantes ne cessent de décliner au profit de variétés plus spécifiques de la transformation industrielle et de la grande distribution. Des marchés de niche d’hier sont devenus aujourd’hui majeurs (lavées, conservées au froid, chair ferme) ou en plein essor (biologique). L’intensification et la diversification des bassins de production sont plus que jamais à l’origine de la promotion de variétés nouvelles, adaptées à l’évolution des pressions parasitaires et des conditions pédoclimatiques. Source : GERMICOPA www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
25
Actu Actu Science
Organismes génétiquement modifiés
Présentation, enjeux, risques … Doit-on avoir peur ?
Un Organisme Génétiquement Modifié (OGM) est un organisme vivant, végétal ou animal qui a subi une modification non naturelle de ses caractéristiques génétiques initiales. On appelle « modification génétique » le processus visant à transférer des gènes au sein d’une espèce ou entre différentes espèces.
C
ette modification peut intervenir sous trois formes : ajout, suppression ou remplacement d’au moins un gène. L’objectif est de transférer dans une cellule de l’organisme receveur, un ou plusieurs gènes prélevés dans un autre organisme vivant, y compris si celui-ci n’est pas de la même espèce de l’hôte. Cette opération, appelée transgénèse, correspond à l’ensemble des techniques visant à introduire de façon stable un gène étranger dans le génome (ensemble du patrimoine génétique d’un individu) d’un organisme hôte. Les techniques de transgénèse sont essentielles pour développer des connaissances en matière de génétique physiologique et biologique. Cependant, elles souffrent d’un manque de contrôle sur les conséquences qui en découlent pour l’hôte. «Les premières générations d’OGM étaient cultivées dans le but d’améliorer les caractéristiques agronomiques des
plantes, principalement dans l’intérêt de l’agriculteur et notamment pour augmenter la résistance des cultures aux herbicides, insectes, maladies et sécheresses. Les deuxièmes générations de cultures génétiquement modifiées ont permis d’obtenir des avantages plus concrets pour les consommateurs, tels qu’une augmentation de la qualité des aliments et de la biodisponibilité des nutriments», indique Le Conseil Européen de l’Information sur l’Alimentation.
posées à des agents sélectifs comme un herbicide. Cette méthode est de plus en plus employée car elle n’exige pas d’information ni d’évaluation de la part des producteurs de plantes cultivées mutagènes. Elles s’immiscent dans les cultures actuelles comme en témoignent les variétés tolérantes aux herbicides (VTH) de maïs, tournesol et colza, obtenues par sélection de la variabilité naturelle, ou par mutagenèse.
La mutagenèse, mot composé de « mutant » et « genèse », signifie : création de mutants. Elle regroupe l’ensemble des méthodes permettant de modifier le génome d’un organisme vivant. “Mutagenèse” fait référence à toute production volontaire de variabilité génétique chez un organisme vivant, par l’utilisation d’agents énergétiques (rayons gamma, rayons X...), chimiques ou par culture de cellules ex-
Ces techniques donnent lieu à différentes applications : - Thérapeutique : depuis le début des années 80, création de vaccins, lutte contre le cancer, reconstruction du système immunitaire, production de médicaments (d’ores et déjà l’hormone de croissance et l’insuline sont produites par des bactéries génétiquement modifiées et commercialisées)... - Agronomique : immunité de l’organisme végétal (transférer aux plantes de nouveaux éléments de matériel génétique), amélioration des qualités nutritionnelles, des performances de production ou bien d’un caractère spécifique de résistance aux pathologies. On parle alors de plantes agricoles génétiquement modifiées (PGM).
Les domaines Les cultures mutagènes d’application
Exemples d’application dans le monde agricole
Des recherches sont actuellement en cours afin de rendre le maïs plus résistant à la Pyrale (espèce de papillon ravageur), ainsi l’introduction du gène Bacillus 26
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
thuringiensis (Bt) permettra au maïs de fabriquer par lui-même la toxine insecticide, à laquelle seuls les papillons seraient sensibles. D’autres expérimentations ont aussi eu lieu sur la pomme de terre, le coton, le riz et le tabac. Sur le riz par exemple, il a été obtenu une variété provoquant moins d’allergies. Actuellement, 99% des PGM cultivés sont des plantes qui contiennent ou peuvent accumuler des pesticides dans leurs tissus, soit parce qu’elles produisent elles-mêmes le pesticide (cas du maïs Bt) ou peuvent l’absorber sans mourir (cas du soja au glyphosate). Notons que l’amélioration des animaux d’élevage est une application qui reste encore à ce jour au stade expérimental.
Enjeux socio-économiques
Les avantages économiques sont nombreux mais comme les plantes transgéniques ne sont cultivées que depuis 1995 dans un nombre limité de pays, les données restent encore insuffisantes pour confirmer ou infirmer les bénéfices éventuels. Ces techniques conduiraient à une meilleure efficacité de la production agricole ainsi qu’à l’amélioration des capacités de production en milieu difficile (zones désertiques notamment). On pourrait aussi envisager une plus grande conservation des fruits et légumes et un aspect plus attrayant pour le consommateur, bien que ce soit déjà largement le cas, souvent au détriment du goût. www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
27
Actu Actu Science
Enjeux écologiques
En théorie, le développement de ce type de plantes permettrait de diminuer les traitements chimiques (herbicide, pesticide). Traitements dont l’intensification fût telle qu’ils sont à l’origine de graves pollutions actuellement. Cependant, la réalité est toute autre : les OGM et les pesticides proviennent bien souvent des mêmes industries qui sont alors doublement gagnantes. En effet, les plantes transgéniques brevetées sont volontairement résistantes aux herbicides qui voient donc leurs ventes exploser. Les OGM pourraient encore contribuer à la régénération des terres endommagées, au développement des biocarburants, dont on mesure maintenant les ravages économiques, écologiques et sociaux. Enjeux géopolitiques Avec plus de 7 milliards d’habitants sur Terre, certains observateurs qui s’inquiètent des capacités de production alimentaire et des techniques actuelles souhaitent s’appuyer sur ces nouvelles technologies pour y faire face. Notons qu’il reste encore difficile d’estimer la portée de cette éventuelle solution.
Les risques liés à l’utilisation des OGM Les risques sur la santé Les impacts sur la santé sont liés à l’ingestion de produits contenant des OGM, comme par exemple la possible apparition dans l’organisme humain de bactéries devenues résistantes aux antibiotiques. En effet, certaines PGM ont récupéré des gènes de bactéries résistantes aux antibiotiques. C’est le cas des pieds de vigne OGM qui contiennent un gène d’Echérichia Coli résistant à un antibiotique, la Kanamycine. Les insecticides secrétés par les cultures transgéniques représentent un danger pour la santé. Par exemple, l’insecticide produit par le maïs Bt est capable in vitro de détériorer les globules rouges humains. Sur ce point, les tests sur la toxicité
28
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
éventuelle des PGM restent largement contrôlés par les firmes productrices de PGM. Et les résultats, difficiles à obtenir, montrent des «effets cliniques et biochimiques chez les animaux nourris avec les PGM par rapport aux animaux nourris avec les plantes conventionnelles correspondantes». Nul doute que si les animaux sont affectés par cette alimentation, l’Homme le sera également. Les risques sur l’environnement «Nous vivons une période de folie du progrès incontrôlé, dans laquelle se développe une série d’outils pour lesquels on ne se donne pas les moyens d’évaluer leurs conséquences environnementales» (Pierre-Henri Gouyon, membre du conseil scientifique du CRII-GEN, directeur de laboratoire CNRS, professeur à l’Agro et à l’Ecole polytechnique). Le problème majeur est la transmission du transgène à des plantations voisines cultivées ou sauvages. Ce problème se pose également chez les animaux et notamment les poissons d’élevage qui pourraient contaminer des populations extérieures. On recense donc les risques potentiels parmi lesquels une diminution de la biodiversité avec la disparition d’un certain nombre d’espèces en contact avec les pesticides et qui ne sont pourtant pas visées. De plus, la mise au point d’OGM résistants, comme en témoigne l’insertion du gène de la bactérie Bacillus thuringiensis (Bt) pour contrer les chenilles qui ravagent les récoltes de riz, pourrait se répandre à d’autres espèces végétales. Il est également avancé que les OGM devraient limiter l’usage des pesticides. Notons tout d’abord que les plus grosses compagnies vendeuses de pesticides sont également très souvent celles qui produisent des semences transgéniques ou non. En effet, elles vendent des semences transgéniques capables de résister aux herbicides qu’elles commercialisent. Les deux produits complé-
mentaires assurent à l’agriculteur des cultures transgéniques qui ne souffriront d’aucune autre plante concurrente : un package qui contraint l’agriculteur à dépendre entièrement d’une société commerciale. Cette astuce marketing assure un double profit à ces industries agro-alimentaires et a même permis une augmentation des ventes de 72% du glyphosate (herbicide) aux Etats-Unis depuis 1997. Ainsi, en 2003, plus de 71% des OGM cultivés ont été conçus pour résister à un herbicide et 28% pour produire leur propre insecticide. L’argument environnemental «OGM contre pesticides» ressemble donc à une véritable fumisterie. Le colza transgénique hors de contrôle Les Etats-Unis et le Canada sont confrontés à une contamination sans précédent du colza transgénique. En effet, le colza envahit rapidement les champs voisins, les bords des chemins et routes. Lorsqu’il est transgénique, il devient quasiment impossible à contrôler puisqu’il est destiné à être résistant aux herbicides. Pire, le colza transgénique a pu se croiser, mutualisant les gènes de résistance à plusieurs herbicides. Il existe ainsi un colza résistant au glyphosate et au glufosinate, deux herbicides très communs. Les risques socio-économiques La généralisation de cultures intensives basées sur les OGM risque d’accroître la suprématie d’importants groupes multinationaux au détriment de la spécificité des cultures locales et régionales, mais également de l’agriculture biologique. En effet, les plantes transgéniques sont brevetées et ne doivent pas être ressemées d’une culture à l’autre sous peine de forte amende. L’aide alimentaire américaine en est un exemple : en noyant d’OGM les pays d’Afrique australe soit disant en difficultés, elle crée le terreau d’un marché considérable et trouve le moyen d’écouler ses surplus. De surcroît, actuellement peu de petits exploitants tirent parti des prétendus avantages des OGM.
Par ailleurs, ces semences n’ont pas donné les résultats escomptés: certains ravageurs sont toujours présents. OGM et société Grâce notamment aux progrès de la science, la santé et la sécurité alimentaire se sont régulièrement améliorées dans notre société. Néanmoins, force est de constater qu’il existe une appréhension voire un rejet complet d’une partie de la population vis à vis des OGM à cause des risques et des dangers qui leur sont liés. Ainsi, pour la plupart des chercheurs, il apparaît donc nécessaire de multiplier les expertises, l’information et la communication sur ce sujet. Notons également que cette inquiétude est liée au fait que les OGM représentent le symbole de la « main mise » des grandes sociétés internationales sur l’alimentation et l’économie, privant les agriculteurs de leur autonomie.
Conclusion : une peur fondée ?
Notons que le transfert des gènes entre bactéries par exemple existe depuis plus d’un milliard d’années et qu’il existe des gènes «sauteurs» qui apportent sans intervention humaine de nouvelles propriétés aux végétaux. Pour autant, ces transferts naturels se sont produits sur des échelles de temps radicalement différentes et de façon aléatoire. Ainsi, les écosystèmes ont pu évoluer en prenant en compte ces modifications. Or, les PGM ne se cultivent que dans un écosystème artificiel avec les intrants nécessaires à leurs développements. Une aberration à un moment où la biodiversité est largement en crise... Cette manipulation folle des briques du monde vivant génère inévitablement une forte inquiétude. Et l’on comprend aisément les doutes et les peurs de la population (qui devrait être davantage impliquée dans ces réflexions) tant la recherche de profit supplante facilement le principe de précaution et la raison. www.notre-planete.info/ecologie/alimentation/ogm.php
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
29
Actu Actu Produit
To mate
Des gènes, des gouts et des couleurs Les nouveaux moyens technologiques mis à la disposition des sélectionneurs permettent d’élargir le champ à de nouveaux gènes et d’accélérer leur introduction dans de nouvelles variétés de tomate. Ronde ou grappe? Cerise ou cœur de bœuf? Rouge ou jaune ? Acidulée ou sucrée ? La tomate est actuellement l’un des légumes les plus segmentés sur le marché. D’abord basée sur la différenciation d’aspect, comme la tomate grappe, la segmentation de la tomate se prolonge désormais par la demande de plus en plus marquée pour la qualité organoleptique. Celle-ci devient un enjeu important, puisque la sélection de la qualité gustative de la tomate est compliquée car il s’agit d’un caractère composite, sous la dépendance de nombreux gènes, fortement influencés par l’environnement. Une sélection assistée D’autant que la notion de qualité, et donc de plaisir, liée à la consommation de la tomate est très complexe, en témoignent les nombreuses études menées au niveau européen. Certaines montrent que l’optimum d’intérêt porté par les consommateurs se retrouve dans des hybrides qui regroupent les qualités de variétés anciennes et modernes. II y a donc là une voie à explorer pour les sélectionneurs. II a aussi été mis en évidence des interactions fortes entre modes de culture et qualité gustative notamment dans l’expression des aromes 30
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
et moins dans I’équilibre sucre-acide. Afin de mieux comprendre comment améliorer ces composantes, l’INRA France conduit un programme de dissection des bases génétiques des composantes de la qualité. En effet, aujourd’hui l’analyse sensorielle reste le meilleur moyen de caractériser la qualité organoleptique des fruits. Ces dernières années, les progrès en biologie moléculaire permettent d’appréhender de plus en plus finement le déterminisme génétique des caractères complexes par la cartographie de QTL(1) qui sont des régions
chromosomiques impliquées dans le contrôle de la variation de caractères. La localisation et la caractérisation des effets de ces QTL ont donc permis d’envisager une sélection assistée par marqueurs, conduisant a une amélioration des caractères recherches sans avoir recours à l’évaluation du goût par l’analyse sensorielle. Un programme de sélection a été entrepris sur trois ans avec la participation des sociétés de semences et des prototypes ont été créés. Ceci a permis d’identifier dans la descendance du croisement entre une variété de tomate cerise très
gustative et une variété à gros fruits, cinq régions chromosomiques qui apportent une amélioration de la qualité gustative. La stratégie de sélection qui a été retenue a été efficace puisqu’elle a permis d’obtenir des hybrides disposant des critères de qualités identifiés et reconnus comme intéressants dans les variétés originaires. Mais si les fruits des hybrides créés à partir de ces lignées sont dotés d’une qualité organoleptique supérieure, ils sont d’un calibre inferieur à celui d’un hybride classique, ce qui ne leur permet pas d’acwww.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
31
Actu Actu Produit
rendement (nombre de bouquets, poids des fruits, rapidité de maturation). Une couleur plus intense et brillante du fruit, une forme typée (pour les variétés vrac) et les qualités gustatives (arome et texture) font également partie des critères de sélection.
Les possibilités de diversification
céder à une phase de développement commercial. La réussite du transfert des gènes qualitatifs montre aussi que l’antagonisme calibre/qualité est très fort chez la tomate et qu’il représente un des freins à l’amélioration génétique.
La priorité au fruit Toutefois, les axes d’amélioration de variétés de tomate ne se limitent pas uniquement à la qualité gustative. Même si celle-ci est fortement souhaitée, elle doit être associée au pré-requis des qualités agronomiques et des résistances aux maladies et ravageurs. Mais leur cumul dans une même variété n’est désormais plus obligatoire avec la généralisation du gr-
effage. Cette technique a ainsi permis de transférer la gestion des résistances aux maladies et pathogènes du sol sur le porte-greffe. Elle est également prise en compte par les sélectionneurs pour les besoins d’adaptation des variétés, notamment la vigueur qu’elle génère. II persiste néanmoins les problèmes sanitaires des parties aériennes, tiges et feuilles. Mais on trouve toutes les résistances aux maladies parmi les milliers de variétés sauvages et aujourd’hui les gènes conférant certaines d’entre elles sont identifiés. L’évolution des moyens technologiques mis à la disposition des sélectionneurs prend alors le relais de la sélection traditionnelle. Alors qu’il était nécessaire d’observer dix générations de plantes complètes, il est désor-
mais 32
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
possible d’obtenir le même résultat avec cinq générations de sélections dès le stade plantules. Mais il faut atténuer le «poids génétique» de ces résistances qui minimise les qualités agronomiques et qualitatives des variétés où elles sont introduites. Néanmoins, des variétés de tomate résistantes au botrytis sont déjà en phase pré-commerciale, celles concernant le virus du Pépino (Pep MV) en gestation pour un avenir proche, et celles résistantes au Clavibacter en phase d’élaboration pour un avenir plus lointain. « Pour les variétés cœur de gamme (ronde et grappe), nous nous sommes focalisés sur l’adaptation de la plante en augmentant l’efficacité de la photosynthèse, car tout découle de son potentiel », explique un semencier. La tendance est d’avoir des plantes génératives qui donnent la priorité au fruit (capacité de floraison, répartition de l’énergie entre feuille/tige/fruit...) et permettent d’augmenter le
« L’amélioration des variétés de diversification peut se faire selon deux axes », précise un semencier. Le premier consiste à moderniser des variétés anciennes pour répondre aux attentes de la filière (rendement, adaptation au hors-sol, allongement du calendrier de production, amélioration de la conservation...), mais tout en conservant leurs caractéristiques originelles. Le second est de l’innovation variétale pure, pour créer de nouvelles formes, couleurs (verte, noire, zèbre...), saveurs, mais aussi des usages et modes de consommation (snacking, diététique...). Les contraintes de diversification convergent vers celles des variétés cœur de marche actuelles et sont des opportunités pour créer de nouveaux segments », mentionne le sélectionneur. La tomate grappe a été une innovation en son temps. En attente d’innovation variétale, les producteurs ont toutefois lancé un appel aux obtenteurs concernant la qualité sanitaire et le prix des graines.
(1) QTL pour Quantitative Trait Loci ou locus de caractères quantitatifs. Le QTL est une région plus ou moins grande d’ADN qui est étroitement associée à un caractère quantitatif. Revue Réussir Fruits et Légumes
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
33
Actu Actu Produit
T mate
Les grands travaux d’amélioration génétique A cause de la forte variabilité génétique existant entre les espèces sauvages de tomate, la cordillère des Andes constitue la zone de différenciation primaire de la tomate et abrite un potentiel considérable de stock de gènes de résistance, aujourd’hui introduits dans les variétés cultivées. Les travaux d’amélioration génétique appliqués à la tomate ont été intenses depuis la moitié du siècle dernier. Parmi les caractères les plus recherchés chez les variétés sauvages, notons les suivants : - Lycopersicon.hirsutum: résistance aux insectes (cette espèce contient un insecticide naturel (2- tridecanone) ; - Solanum pennellii: tolérance à la sècheresse car rencontré dans les sites très arides où la seule source en eau est le brouillard! - Lycopersicon chesmanii: forte tolérance à la salinité car rencontrée dans les abords des Iles Galapagos (survie à 70% de la salinité de l’eau de mer); - Lycopersicon chilense: système racinaire extrêmement développé, donc résistant à la sècheresse. Ce caractère est particulièrement recherché chez les porte-greffes de tomate; - Lycopersicon peruvianum : le plus utilisé comme source de ré-
sistances à de nombreuses maladies (Alternaria, Clasdoporium, Fusarium, Pseudomonas,…). Mis à part l’objectif universel de l’améliorateur et qui est l’accroissement de la productivité (rendement par unité de surface), il existe une série de caractères recherchés chez les variétés cultivées. Les plus importants sont : – Résistance aux maladies et aux ravageurs; – Adaptation aux différents sites de culture; – Précocité de la production; – Mise à fleur et à fruit sous des conditions défavorables; – Résistance des fruits à l’éclatement ; – Fermeté du fruit
– Qualités gustatives Il existe aussi une grande distinction entre les caractères recherchés chez la tomate destinée au marché du frais et la tomate industrielle.
Objectifs spécifiques à la culture de tomate destinée au marché du frais :
- Couleur : c’est ce qui attire en premier lieu le consommateur et constitue de ce fait, un caractère prioritaire pour la commercialisation. Une grande nuance de couleurs : rouge, rose, vert, dorée, jaune, striée, violette, “noire”, pourpre, blanche… - Forme du fruit : ronde, ovale, allongée, effilée, aplatie, cordée, globuleuse, en forme de poire,… ; - Taille du fruit: une grande diversité existe : < 0,5 cm ; 1 à 2 cm pour « la tomate cerise » et jusqu’à plus de 10 cm pour les « beefsteak »; la taille la plus commune est de 5 à 6 cm ; - Uniformité du calibre - Poids du fruit : de quelques grammes à plus de 300 g par fruit ; - Fermeté du fruit : c’est un caractère essentiel qui a beaucoup contribué à faciliter la manutention des fruits et surtout, le transport sur de longues distances ; - Texture, goût, flaveur.
Objectifs spécifiques à la culture de tomate industrielle :
• Cultivars avec des plants compacts; • Teneur élevée en matière sèche; • Concentration de la floraison dans le temps; • Récolte groupée ; • Mise à fruit rapide pour une 34
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
récolte groupée (mécanisation); • Séparation aisée des fruits à partir de la végétation; • Critères spécifiques de qualité : couleur, pH, acidité totale, solides solubles, viscosité ou consistance. La percée technologique la plus significative est probablement l’obtention de variétés à longue conservation, appelées également «long shelf life». En effet, la tomate est initialement un fruit très climactérique. Il présente un pic de la respiration en post récolte et perd rapidement sa consistance. Pour remédier à cette situation, les travaux d’amélioration génétique ont débuté dès les années 70, en Californie. Ces travaux ont abouti à l’obtention de trois types de mutants, basés sur la localisation des gènes qui contrôlent le caractère de maturation du fruit: – Nr : (sur chromosome 9) : never ripe (maturation très graduelle) – Nor : (sur chromosome 10) : non ripening (aucune crise climactérique) – Rin: ripening inhibitor (aucune crise climactérique) Les trois mutants montrent une faible activité de la polygalacturonase, enzyme responsable de l’amollissement des fruits. Ces travaux ont été très exploités industriellement. Toutes les variétés actuelles contiennent ces gènes à l’état hétérozygotes (puisque les homozygotes donnent des fruits qui ne murissent jamais). Résultat: les variétés commerciales produisent des fruits fermes, à maturation très lente, et de durée de vie prolongée. Source : Etude de base sur la culture de la tomate au Maroc (ONSSA-FAO) www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
35
36
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
37
Actu Actu Entreprise
Patriot 250 Extreme disponible en Afrique et au Moyen-Orient
Case IH, leader mondial de machines agricoles, vient d’introduire son nouveau pulvérisateur Patriot 250 Extreme en Afrique et au Moyen-Orient. Il permet ainsi aux exploitants, qui devaient utiliser des pulvérisateurs remorqués, d’accéder à la pulvérisation autopropulsée.
Daniel Bordabossana, Responsable marketing Case IH au Moyen-orient et en Afrique, a déclaré : « Le Patriot 250 Extreme est la solution idéale pour les exploitants qui veulent maximiser leur rendement grâce à un système de pulvérisation auto-propulsée rapide, précis et facile à utiliser. Les plus grands pulvérisateurs Patriot se sont forgés une excellente réputation en Afrique et le Patriot 250 Extreme, qui est équipé de la même technologie éprouvée, offre des capacités identiques. Nous nous attendons à ce que le Patriot 250 Extreme ait beaucoup de succès grâce à ses faibles coûts d’exploitation, sa simplicité d’utilisation et sa facilité d’entretien ». Équipés des technologies de pointe en matière de pulvérisation, tous les modèles de la gamme Patriot visent à maximiser le rendement potentiel de chaque exploitant 38
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
tout en préservant les conditions de leurs champs et la bonne santé de leurs plantes. La configuration avec cabine à l’avant et moteur à l’arrière du Patriot place le poids statique de la cabine et du moteur sur les ponts avant et arrière, tandis que le poids dynamique du réservoir de produits phytosanitaires est situé au centre de la machine. La répartition du poids est ainsi très homogène lorsque le réservoir est plein et que les rampes sont déployées. De plus, le Patriot se distingue par sa stabilité exceptionnelle, sa sécurité, son confort et par sa faible empreinte permettant de limiter la formation d’ornière et la compaction du sol. Le fait que le moteur soit monté à l’arrière permet au Patriot d’être équipé d’un petit capot permettant à l’opérateur de bénéficier d’une visibilité accrue.
La suspension à bras oscillants, similaire à celle montée sur les avions, est un élément supplémentaire qui contribue à améliorer la stabilité du Patriot et le confort de conduite dans les champs. Elle absorbe les chocs verticaux et latéraux comme aucun autre groupe de suspension. Le Patriot bénéficie également d’un châssis extrêmement robuste à faible déflexion. Constitué de tubes rectangulaires rigides d’un seul tenant, cela lui permet d’avoir un point de fixation stable pour les rampes et à se protéger ainsi des charges transmises lors des déplacements. Les rampes du Patriot sont constituées d’un tube rectangulaire en treillis, avec des membres de support peu nombreux mais de grandes dimensions afin d’améliorer la robustesse et la longévité. Les rampes droite et gauche sont indépendantes et se déploient sur une largeur totale de 27 mètres. Cette longue portée permet de réduire le nombre de passages et d’augmenter la surface pulvérisée, ce qui se traduit par un accroissement du rendement, une réduction de l’usure des composants et une faible consommation de carburant. Sur le Patriot 250 Extreme, la hauteur des rampes est réglable entre 60 et 220 cm. La commande de hauteur automatique des flèches AutoBoom maintient la pulvérisation à une hauteur optimale pour mieux couvrir la surface du champ, tandis que le système de guidage automatisé AccuGuide contribue à réduire les espaces manqués et les chevauchements. Les rampes sont alimentées par un réservoir de solution de 2 500
litres et un réservoir de rinçage de 280 litres, avec un éjecteur de produits phytosanitaires de 36,5 litres. Le châssis du Patriot 250, qui atteint 1,7 mètre de hauteur, offre une garde au sol exceptionnelle de 1,6 mètre, ce qui permet de l’utiliser sur de hautes cultures. Pour garantir la flexibilité nécessaire de pulvérisation lors de différentes récoltes, les largeurs de voies du Patriot 250 sont réglables entre 250 et 305 cm à l’aide d’un système hydraulique commandé depuis la cabine pour plus de praticité. Des protections de récolte, disponibles en option, peuvent être installées facilement afin de séparer les récoltes dans les champs qui ne sont pas subdivisés, en rangées bien délimitées pour faciliter les passages ou traiter des cultures en rang surplombées par une structure. Le Patriot 250 Extreme est équipé d’un moteur FPT à quatre cylindres en ligne de 4,5 litres très robuste, qui a déjà fait ses preuves. Grâce à une injection à rampe commune et à un refroidisseur turbo, il distribue 165 ch. Pour tirer profit de toute cette puissance, le système d’assistance à la traction appliqué à la transmission hydraulique 4x4 est monté de série. Les autres modèles Patriot plus puissants sont équipés de moteurs de 6,7 et 8,7 litres de cylindrée et distribuent 220 à 325 ch. Par ailleurs, les pulvérisateurs sont dotés de série de l’AFS AccuGuide pour une précision inégalée. Les principaux points de contrôle pour entretenir le Patriot 250 Extreme sont situés sur le côté de la machine afin de ne pas perdre de temps lors des interventions d’entretien.
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
39
Actu Actu Entreprise
Pomme de terre Boostez vos production grâce au programme
Eléphant Vert
d’
Les essais menés à Meknès, Tiflet, Moulay Bouselham, Guelmim et Marrakech ont montré que le recours au programme Nutrition-Stimulation d’Eléphant Vert permet une augmentation de rendement allant jusqu’à 47%, en plus de l’obtention de tubercules de calibre homogène, comparativement aux pratiques agricoles traditionnelles.Cette augmentation se traduit par une nette amélioration de la rentabilité des exploitations agricoles. C’est le résultat d’une amélioration de la fertilité des sols grâce à l’utilisation de la gamme de fertilisants naturels Eléphant Vert qui répondent particulièrement bien aux contraintes et aux besoins spécifiques des sols marocains. Du fait de leur haute concentration en matière organique, ils redonnent vie aux sols. La matière organique utilisée dans leur élaboration est 50% animale et 50% végétale. L’origine animale permet une décomposition rapide et donc un bon démarrage pour la culture. De même, elle permet une stabilité de la matière organique, une nutrition graduelle dans le temps, une meilleure absorption des éléments nutritifs et une stimulation de la vie microbienne autour de la racine. Parmi les produits phares de cette gamme :
FERTINOVA PLUS est un biofertilisant riche en azote, phosphore et potassium, et contient au minimum, 35% de matière organique stable et saine. Son utilisation permet de réduire les apports en engrais chimique, et assure une meilleure absorption des éléments fertilisants. FERTINOVA PLUS permet de retenir les éléments fertilisants tout près de la racine pour une meilleure absorption. FERTINOVA K+ est un bio-
fertilisant organique riche en matière organique équilibrée entre matière première animale et végétale. Il répond parfaitement aux besoins en potassium de la pomme de terre et réduit les problèmes de chlorose et de nécrose dues à une carence en potassium. De plus, il améliore le calibre des tubercules et leur
Programme nutrition stimulation
durée de conservation.
TRICHOSYM est un produit
100% naturel issu du Trichoderma harzianum T78, un champignon bénéfique alliant stimulation et prévention. En effet, il augmente la tolérance aux stress et aux attaques fongiques causées par Fusarium sp., Rhizoctonia sp. Et Pithium sp. Il induit une meilleure croissance du chevelu racinaire, d’où une meilleure absorption des éléments fertilisants et de l’eau. Un autre grand avantage de Trichosym est qu’il ne présente pas de Limite Maximale de Résidus (LMR) et pas de Délai Avant Récolte (DAR) .
BOTAMISOL PRO 80 est un biostimulant très concentré en acides aminés. Son utilisation offre de nombreux avantages : - Stimuler la germination, la flo-
raison et la nouaison, - Améliorer la qualité de la pomme de terre et ses propriétés organoleptique, - Réduire les dommages causés par le stress
MYCOUP ATTACK permet de développer le système racinaire, prévenir les nématodes et préserve la vie microbienne du sol.
Témoignages M. DOUKKALI Mouhsine, Zone : Boufekrane « J’ai utilisé le FERTINOVA PLUS et la première chose que j’ai remarquée c’est la réduction des mauvaises herbes. J’ai pu ainsi économiser sur le coût de la main d’œuvre pour le binage et sur le traitement herbicide. J’ai commencé à utiliser les produits de ELEPHANT VERT sur une petite superficie pour les essayer, et cette année comme je suis très convaincu de leur efficacité, j’ai augmenté considérablement la superficie traitée avec sa matière organique et ses biofertilisants de qualité. J’ai par ailleurs, apprécié le bon suivi assuré par mes commerciaux d’ELEPHANT VERT ». M. REDOUANI Mohammed, Zone : Oulad Ziane « Cela fait deux ans que j’utilise les biofertilisants d’ELEPHANT VERT sur la pomme de terre. J’ai réussi à améliorer le rendement, la qualité de ma récolte et la durée de stockage. L’équipe commerciale d’ELEPHANT VERT m’a encadré tout au long de ma première expérience, pour une bonne application du produit avec des visite continues jusqu’à la récolte où nous étions ensemble, témoins de l’efficacité du biofertilisant FERTINOVA PLUS 2-3-3 ».
40
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
Le Pavillon N° Stand
Société
Site Web
B4
ABICERT
www.abicert.it
C1
AGRICOW / AGROMILK
www.agricow.com
Equipements et accessoires pour l’élevage moderne. Bâtiments pour l’élevage amélioration bien-être animal.
B2
AGRIMACHINE GREEN EVOLUTION
www.agrimachine.it
Machines et équipements agricoles, équipements et accessoires pour le jardinage, nettoyage des plages...
A1
CATENIFICIO RIGAMONTI
www.catenificiorigamonti.com
Chaînes et accessoires pour l’agriculture, l’élevage.
l’Agriculture au Maroc (SIAM).
A5
CIA - AGRICOLTORI ITALIANI
www.cia.it
Confédération italienne des agriculteurs
Cette nouvelle édition du SIAM est une occasion supplé-
F2
COMAGRICOLA GREEN EUROPE
www.comagricola.com
E2
CPMS
www.cpms.it
Energie photovoltaique pour agriculture.
B1
DAMAX
www.damax.it
Machines agricoles et accessoires.
B3
DUE A
www.antoniniduea.it
Structures pour le stockage du fourrage et de matériel agricole. Conception d’installations pour élevage.
E3
ED&F MAN LIQUID PRODUCTS ITALIA
www.edfman.it
Engrais, biostimulants, nutrition végétale.
D3
GRILLO
www.grillospa.it
B5
GPSKIT
www.agricad.com
Produits GPS pour l’agriculture et la topographie.
F4
ILSA
www.ilsagroup.com
Engrais organiques et organominéraux et biostimulants.
A6
ITAAGRO
www.itaagro.it
Engrais et formulations pour la protection des plantes et amélioration de la productivité.
D1
LA SUD ITALIA AGRICOLA
www.lasuditalia.com
E1
MACHITAL
www.machital.com
Machines et installations pour la production et le stockage d’huile .
F3
MARCHI E VOLPE VIVAI
www.marchievolpevivai.com
Plants de vigne certifiés pour raisin de cuve et de table.
A4
MINELLI TTROMECCANICA
www.minelliweb.com
Equipements et accessoires agricoles
D5
MECCANICA BENASSI
www.benassi.it
Machines et accessoires agricoles.
E1
OFFICINE MECCANICHE TOSCANE
www.omtspa.it
Machines et lignes pour la production d’huile d’olive.
A3
SAB
www.sabspa.com
Raccords, tubes et accessoires pour l’irrigation, adduction et drainage de l’eau .
E4
SICIL ZAPPA SNC di Giardina S.M.&C.
www.sicilzappa.it
Machines et accessoires agricoles.
F1
SPAGGIARI INDUSTRIA GOMMA
www.spaggiarigomma.it
A2
TESSARI ENERGIA
www.tessarienergia.it
F5
VIVAI AMPOLA
www.vivaiampolasrl.com
C3
VIVAI FLLI ZANZI
www.vivaizanzi.it
C4
ZACCHERINI
au SIAM 2018 L’Ambassade d’Italie à Rabat et Verona Fiere, en collaboration avec ICE–Agence italienne pour le Commerce Extérieur ont le plaisir de vous informer que le Pavillon italien accueillera cette année plus de 25 exposants au sein du pôle international du Salon International de
mentaire de mettre en lumière les excellentes relations qui lient l’Italie et le Maroc, également dans le secteur agricole et agro-industriel. Il faut souligner que l’Italie est le troisième fournisseur de machines pour l’agriculture et la silviculture du Maroc, avec 34,68 millions d’euros pour 2017, ce qui correspond à une augmentation de 48,9% par rapport à l’année 2016. Les producteurs et fournisseurs d’équipements, machines, accessoires et lignes complètes, proposent à la fois du matériel pour l’agriculture (tracteurs, motoculteurs, motofaucheuses, tondeuses, débroussailleuses, moteurs, compresseurs, générateurs et pompes à eau, sécateurs,…), l’élevage (solutions pour la conception d’étables, bergeries modernes et matériel visant l’amélioration du bien-être des animaux, machines pour la traite d’ovins, caprins et bovins, chaînes et accessoires, …), pour la récolte des olives et les huileries (mise en bouteille, stockage, etc.), ou des technologies innovantes telles les solutions GPS pour l’agriculture et la topographie, pour le nivellement des terres, le traçage, les vergers, le maraîchage et la conduite automatique des tracteurs. Les opérateurs de terrain tels que les producteurs d’engrais, biostimulants pour terrains agricoles et sportifs gazonnés, arbres fruitiers, graines, plants greffés de raisin de table et pour viticulture présenteront également leurs produits. La Confédération Italienne des Agriculteurs, de même qu’une société de certification prendront place au sein du Pavillon Italien organisé par Verona Fiere. L’expertise italienne représentée sur le Pavillon Italie sera sans doute une riche occasion de concrétiser de nouveaux contacts avec les opérateurs qui sont à la recherche de nouvelles technologies et d’échange de know-how pour approfondir les avancées réalisées dans le secteur agricole et anticiper les nouvelles problématiques.
Venez rencontrer les sociétés italiennes sur le Pavillon International! www.agri-mag.com
Activité Services de certification .
Graines, engrais et solutions bio pour sols agricoles, sportifs et jardins.
Machines agricoles et accessoires.
Machines agricoles et accessoires.
Pièces en caoutchouc pour machines et installations pour la traite, manchons trayeurs, tuyaux et connections. Motopompes, groupes électrogènes diésel ou à gaz et de cogénération. Plants de vigne certifiés pour raisin de cuve et de table. Arbres fruitiers . Machines Agricoles. Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
41
Actu Actu Entreprise
AMAROC
Grande soirée en l’honneur du secteur des fruits rouges Conjointement à sa participation très remarquée à la deuxième édition du salon des fruits rouges à Larache, la société AMAROC a organisé le 22 mars une soirée conviviale à laquelle ont été invités pas moins de 200 producteurs et exportateurs de fruits rouges de la région.
L
a soirée a été inaugurée par les mots de bienvenue de M. Mounir Sefiani, Directeur Général d’AMAROC, M. Mohamed Al Amouri, président de la fédération des fruits rouges InterproberriesMaroc et de M. Abdellatif Bennani, président de
42
l’association AMCEFR. Cette initiative a été très bien accueillie par les professionnels invités. En effet, ce type d’évènement est l’occasion de consolider les relations entre les différents maillons de la filière et de simuler les échanges dans un cadre
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
décontracté et convivial. Une initiative qui vient à point nommé au moment où la filière des fruits rouges est en pleine organisation notamment suite à la récente création de la fédération Interproberry. La soirée a également été l’occasion de rappeler l’im-
portant rôle d’AMAROC pour cette filière. Du haut de ses 63 ans d’existence, la société a en effet développé une grande capacité à fournir les produits phytosanitaires adaptés en fonction de l’évolution de la demande du marché : efficacité, protection de l’environnement et du
www.agri-mag.com
consommateur. Parmi les solutions les plus récentes mises à la disposition des producteurs de fraise, de framboise et de myrtille, le produit innovant Exirel®. Basé sur la nouvelle molécule innovante Cyazypyr®, le produit EXIREL®est la solution pour le contrôle exceptionnel d’un large spectre de ravageurs suceurs et broyeurs. Le Cyazypyr® agit directement sur les muscles des insectes qui ne peuvent plus bouger. Paralysés, ils arrêtent rapidement de se nourrir et entrent en léthargie avant de mourir et c’est ainsi que la plante devient immédiatement protégée. EXIREL®présente également l’avantage d’être flexible du fait qu’il permet le contrôle des différents stades des ravageurs (adulte, larve ou œuf ). La formulation de 100 g/l a été spécifiquement développée pour l’application foliaire qui permet d’optimiser la pénétration du produit dans la plante. En agissant à la fois sur la prise de nourriture, la mobilité et la reproduction de l’insecte, la transmission de virus est considérablement réduite. De plus, ce produit ne présente aucune résistance croisée avec les autres classes d’insecticides, ce qui en fait un excellent outil pour la gestion de la résistance. Au Maroc, Exirel a été homologué sur plusieurs cultures : - Cultures maraîchères (Tomate, Haricot) - Cucurbitacées (concombre, courgette), - Fruits rouges fraisier, myrtillier) - Arboriculture (pommier, pêcher, nectarinier) - Agrumes et olivier.
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
43
Actu Actu Entreprise
MYCOTROL®
Une alternative efficace, stable, sûre et respectueuse de l’environnement pour lutter contre les insectes nuisibles Les pesticides bio basés sur les Agents de Contrôle Biologique (ACBs) sont une alternative efficace aux pesticides conventionnels chimiques, dont certains ont été retirés de nombreux marchés à cause de leurs fort impact sur l’environnement et la biodiversité. L’un des ACBs les plus efficaces contre les insectes nuisibles est le champignon entomopathogène Beauveria bassiana, présent dans le sol de nombreux habitats. Le pesticide bio Mycotrol® de Futureco Bioscience à base de spores de la souche GHA de Beauveria bassiana est actuellement commercialisé au Maroc par le Groupe Éléphant Vert. Approuvé pour sa commercialisation et son application par l’ONSSA en 2014, son efficacité a été prouvée dans plusieurs essais bio en laboratoire, dans des applications expérimentales
sur le terrain dans diverses universités américaines et dans des essais commerciaux.
Mode d’action de Mycotrol® Une fois le produit dilué dans l’eau et appliqué par voie foliaire, il entraine l’activation du métabolisme des conidies par contact avec l’insecte. Chaque conidie développe un tube végétatif qui perfore l’insecte, et le champignon trouve un habitat à l’intérieur pour grandir, occuper de plus en plus d’espace et désactiver les fonctions vitales de l’insecte jusqu’à entrainer sa mort. Une fois que la population d’insectes diminue, la population de champignon, entièrement dépendante de l’insecte est incapable de se déplacer et retourne dans le sol. Mycotrol® est un produit
Essais d'efficacité :
Effet de Mycotrol® sur aleurodes dans les plantes ornementales (Poinsettia). Mycotrol® peut contrôler le niveau des nymphes d’aleurodes pendant plus de quatre semaines après une série de 3 applications par semaine.
polyvalent qui peut être appliqué aussi bien en plein champ que dans les serres et les pépinières. Il doit être appliqué dès les premiers signes d’invasion, puisque les meilleurs résultats sont obtenus sur les larves et les nymphes. Il est conseillé de répéter le traitement autant de fois que nécessaire, à des intervalles de 4 à 7 jours. En cas d’invasion intense et avec une haute proportion d’adultes, il est recommandé de l’associer avec un adulticide chimique compatible. Formulé avec Système de Transport Colloïdal, Mycotrol® est un produit facile à appliquer, stable à température ambiante pendant un minimum de deux ans. De plus, il ne nécessite aucun ajout d’adjuvants ou de régulateurs de pH et a une grande spécificité : il affecte seulement les insectes nuisibles et est inoffensif pour les oiseaux, poissons, insectes bénéfiques et mammifères. Il est biodégradable et son mode d’action complexe rend très improbable le développement de résistances. Il présente aussi l’avantage d’être sans danger pour l’applicateur et
le consommateur, et peut être appliqué au moment de la récolte. En outre, il convient pour l’agriculture biologique. Des essais ont montré que Mycotrol® est efficace pour le contrôle de différents insectes, y compris les aleurodes, les thrips, les pucerons, les charançons et les poux. Dans la plupart des cas, les résultats sont équivalents à ceux obtenus avec des produits conventionnels utilisés dans des programmes de gestion intégrée des ravageurs (MIP).
% Mortalité cumulée des pucerons. Piment (Barcelone, Espagne)
% Mortalité cumulée des pucerons sur le piment (Barcelone, Espagne)
Durée du contrôle effectué par MYCOTROL® sur Aleurodes sur plantes ornementales (Poinsettia en pot). Université de l’Ohio - Griffin, Géorgie (USA). Les applications de MYCOTROL® permettront de contrôler le niveau des nymphes d’aleurodes pendant plus de 4 semaines après une série de 3 applications par semaine.
44
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
METAGRHYD
Nouvelle gamme de produits La gamme des produits de METAGRHYD s’est enrichie dernièrement de trois nouveaux articles. Il s’agit de produits dont plusieurs clients ont exprimé leur volonté de les avoir compte tenu de leur grande utilité dans les différentes phases de la production : • Kit pour le contrôle des paramètres NPK • Mallette complète pour la mesure de 5 paramètres importants • pHmètre testeur pour la mesure directe dans le sol
Kit pour le contrôle des paramètres NPK
Le contrôle de la qualité des sols est important pour assurer un bon développement des cultures. Ce kit d’analyse du sol offre un jeu complet de tests de votre terre et de mesure du
pH pour mieux connaitre les caractéristiques du sol (contrôle de l’azote (N), du phosphore (P) et de la potasse (K)). Kit complet comprenant tout ce qu’il faut pour une appréciation simple et rapide du Ph et des macronutriments. Le kit comprend 10 tests par paramètre. Simple d’emploi, l’échantillon de terre à analyser est dilué dans un peu d’eau avec la solution du paramètre testé. Une réaction chimique se produit et se développe une couleur qui correspond à une valeur du paramètre testé. Il suffit de comparer la couleur de la solution avec le comparateur coloré.
Mallette complète pour la mesure de 5 paramètres importants
pHmètre testeur pour la mesure directe dans le sol
Jeu complet comprenant un seul appareil permettant la connexion d’électrodes pour la mesure de 5 paramètres : 1. Humidité volumétrique du sol 2. Phmètre 3. ECmètre (Conductivimètre) 4. Activimètre (Salinité) 5. Température Livré avec boitier de lecture, électrodes et solutions d’étalonnage. Le tout dans une mallette solide pour le transport et le stockage. Le manuel d’utilisation contient en plus des procédures à suivre pour la prise de mesure, une liste pour les valeurs conseillées par culture.
Le plus simple et le moins cher testeur pour la mesure du pH directement dans le sol. PH-mètre robuste et étanche (IP57) pour pH. En raison de l’électrode de mesure remplaçable plate, une mesure avec une faible quantité de liquide ou en surface d’un solide est possible. • Électrode à pH plate pour un nettoyage simple • Calibrage à un point, à deux points ou à trois points possible • Compensation de la température • Mémoire pour 15 valeurs mesurées
Fourniture et installation d’équipements scientifique, technique et de laboratoire pour : • La météorologie et la climatologie
• L’agriculture, l’agronomie et l’agrométéorologie
• L’hydrologie • L’environnement
• Météorologie (température, hygrométrie, vent, pluie, rayonnement, pression, etc.) • Pilotage des irrigations (Station météo, tensiomètre, humidimètre sol, TDR, évaporomètre, évapotranspiromètre, Lysimètre, etc.) • Hydrologie (niveau, vitesse & débit des écoulements, évaporation, qualité des eaux, etc.)
pHmètre Sol
Station météo
Tensiomètres et lysimètres
ECmètre sol
NPK tests
Niveau dans les puits et forages
• Equipements scientifique, technique et de laboratoire (Poromètre, planimètre, chlorophyllmètre, fluoromètre, Infiltromètre, PAR LAI, photomètre, photosynthèse, respiration des sols, oxygénation des sols, pénétromètre fruit & sol, réfractomètre, pH-mètre, Ecmètre, luxmètre, dendromètre, flux de sève, tarières et échantillonneurs manuels & motorisés, scissomètre, détermination du PF, calcimètre, granulométrie, pycnomètre, etc.) • Matériel didactique (irrigation, mécanique des fluides, sciences des sols, etc.) • Environnement (qualité de l’air, qualité de l’eau, bruit, etc.)
Poromètre
Chlorophyllmètre
T°-EC-Humidité sol
Infiltromètre
Photosynthèse
Flux de sève
Rue Pasquier, Résidence Abdelmoumen, Immeuble 6, N°12, Franceville II, 20390 - Casablanca - Maroc - Tel.: 212.522.254.900- Fax: 212.522.254.903 Site web: www.metagrhyd.com Email: info@metagrhyd.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
45
Actu Actu Entreprise La recherche
VILMORIN-MIKADO
au plus près de la production locale Depuis 2009, Vilmorin Atlas a développé une gamme complète de semences maraîchères destinées aux producteurs professionnels Marocains. Ses installations de recherche dans le Souss lui permettent de sélectionner le matériel génétique le plus adapté aux conditions locales. En février dernier, les producteurs de la région Souss-Massa étaient invités à découvrir les nouvelles variétés de Vilmorin-Mikado dans leur serre vitrine au Centre de Transfert de Technologie de l’APEFEL. Ils ont pu découvrir les nouveautés Fusapro et Islane qui ont débuté leur carrière cette saison. Le porte-greffe Fusapro vient
compléter la gamme de Vilmorin déjà réputée avec Superpro. La vigueur intermédiaire de Fusapro assure à la plante un très bon équilibre entre la croissance végétative et la qualité des fruits. De plus, il présente un très bon comportement là où l’eau d’irrigation possède une salinité élevée. La tomate Islane est une varié-
té ronde de calibre 2 et calibre 3. Elle se caractérise par des fruits très homogènes de qualité export, ce qui lui permet de réduire très fortement les écarts et d’augmenter le rendement commercial export. Islane est une variété issue de la recherche Vilmorin-Mikado, et elle bénéficie d’un package de résistances élevé avec le TYLCV. Lors de leur visite dans la serre, les producteurs ont également pu découvrir des numéros expérimentaux qui seront les succès de demain, telle la tomate V486, nommée Itrane, qui est une variété ronde de
type calibre 3 (bi-loges) ou encore des variétés de type cerise au stade de fin de sélection. A noter que la recherche Vilmorin-Mikado dans la région du Souss ne se limite pas aux tomates et porte-greffes. La station dispose aussi d’une serre de sélection de poivrons pour l’export, segment majeur dans la gamme de Vilmorin Atlas au Maroc avec Tyson dans le type carré rouge et Orlando dans le type carré jaune. La nouvelle variété de type long doux Italien Braouni a démarré avec succès sa carrière cette saison.
Le meeting était aussi une plateforme de réflexion pour répondre aux nouveaux défis du marché national et
international qui est devenu
Vilmorin Atlas est une société de Vilmorin-Mikado, Business unit de la coopérative française Limagrain.
Promagri et UPL
Consolident leur partenariat La société Promagri a été invitée par son partenaire UPL dans son bureau régional à Nairobi, Kenya pour un « stategy meeting » afin de consolider leur partenariat et établir les objectifs pour les prochaines campagnes agricoles. Le « strategy meeting » s’inscrit dans le cadre de la nouvelle vision innovante des 2 sociétés, établie pour répondre aux besoins exigeants et évolutifs de l’agriculteur, de l’utilisateur et du consommateur final tout en Agriculture du Maghreb 46
N° 111 - Avril 2018
prenant en compte l’évolution du marché, les défis environnementaux et les besoins de l’agriculture marocaine. Dans ce sens, PROMAGRI et UPL prévoient de mettre sur le marché marocain de nouveaux produits répondant aux nouvelles problématiques et attentes de l’agriculture marocaine à savoir la résistance aux herbicides et insecticides, des formulations à court DAR, non résiduelles et respectueuses de l’environnement.
exigeant et très concurrentiel.
www.agri-mag.com
COMMUNIQUE DE PRESSE
Comicom, importateur
exclusif de la marque Sampo Rosenlew au Maroc Comicom est désormais le représentant exclusif au Maroc de la marque Sampo Rosenlew, le spécialiste finlandais de la fabrication des moissonneuses batteuses et des abatteuses forestières. Le partenariat stratégique avec le fabricant Sampo Rosenlew qui s’oriente vers l’importation et la distribution exclusives des moissonneuses batteuse Sampo Rosenlew au Maroc, permettra d’enrichir le marché national du matériel agricole afin de répondre aux
www.agri-mag.com
besoins spécifiques des agriculteurs marocains. Dans le cadre de ce partenariat, Comicom lance la nouvelle moissonneuse batteuse Sampo Rosenlew 2045, qui vient enrichir sa gamme de matériel de récolte. Conçue pour délivrer une puissance exceptionnelle pour un large choix de cultures, elle s’adapte aux exigeantes conditions de battage variées grâce à sa fiabilité et sa polyvalence. Elle offre également une combinaison idéale entre un rap-
port qualité/performance/ prix des plus avantageux et la meilleure productivité de sa catégorie. Elle réunit une multitude de propriétés prisées : une table de coupe et une unité de battage larges et un grand réservoir à grains. Grâce à une évolution permanente basée sur l’exploitation du progrès technologique, délivrant ainsi un travail de grande qualité même dans les conditions les plus difficiles, la moissonneuse batteuse Sampo Rosenlew 2045 est aujourd’hui une machine polyvalente qui permet de
moissonner des cultures très diverses et variées, du blé au riz en passant par le maïs, le colza, le tournesol et de nombreuses variétés de légumineuses. L’alchimie de son succès se résume en une formule : innover et améliorer sans cesse les solutions éprouvées pour produire des machines à la pointe de la technique, riches de plus de 60 ans d’expérience pour un seul objectif : satisfaire tous les besoins des agriculteurs du monde entier ! Site web : www.comicom.ma
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
47
Actu Actu Entreprise
PROMAGRI et Dow Agrosciences Au cœur du développement de la céréaliculture
Fidèle à sa politique de proximité, la société PROMAGRI vient d’adopter une nouvelle stratégie basée sur la mise en place de plateformes céréales dans les principales zones de production du pays. Les céréaliculteurs de chacune de ces régions ont été conviés pour qu’ils puissent se rendre compte de l’évolution des essais qui y sont menés. C’est dans ce cadre que l’entreprise a organisé le 3 avril, avec son partenaire historique Dow Agrosciences, une importante journée de présentation des résultats des essais obtenus dans la plate-forme de Sidi Laydi (Berrechid). Beaucoup de producteurs et distributeurs de la région n’ont pas hésité à faire le déplacement, en plus des représentants de
différents départements du ministère (DPA, ONSSA, ONCA). Cette plateforme avait comme objectif de permettre aux producteurs céréaliers de voir et évaluer en conditions réelles, l’efficacité des divers herbicides de PROMAGRI déjà disponibles sur le marché, notamment Floramix, Epidor, Lancelot, Pallas, ainsi que d’autres innovations qui seront introduites dans le proche et moyen l’avenir. Mais au-delà de la fourniture de produits de protection des plantes, Promagri s’engage au quotidien à partager ses connaissances et fournir des conseils pour aider les agriculteurs à maîtriser les principaux facteurs de production. La plate-forme était justement l’occasion de transmettre aux visiteurs (producteurs et revendeurs) les principales conclusions pour chaque traitement effectué. Il s’agissait aussi de
48
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
passer un message global, à savoir qu’il faut agir sur différents leviers agronomiques et bien sur, les leviers chimiques avec l’alternance des modes d’action et des programmes pour réussir son désherbage et le préserver sur le long terme, tout en visant le maximum en termes de rendement. Organisée en ateliers d’information combinés à des visites des parcelles avoisinantes, cette plateforme a suscité un intérêt particulier chez les producteurs. Ces derniers ont salué cette initiative qui s’inscrit dans une démarche de mise à niveau des pratiques de conduite et de mise en évidence de l’intérêt de la protection phytosanitaire du blé constituant, avec d’autres facteurs agronomiques, les principales composantes du rendement céréalier.
Atelier 1 : Identification et lutte contre les adventices
Dr Tanji spécialiste du désherbage qui n’est plus à présenter, a souligné dans ses présentations, l’importance de l’identification des principales espèces d’adventices rencontrées dans les champs de céréales au Maroc. Il a également insisté sur l’importance de l’intervention par un herbicide adapté pendant le stade sensible de l’adventice (3 feuilles). En effet, la lutte devient plus compliquée par la suite.
Atelier 2 : Maladies des céréales et solutions Promagri
M. Taoufiq Cheddadi, Development manager Promagri et M. Afrah Nabil responsable
développement dans la zone du Gharb Promagri, ont présenté les différentes maladies fongiques qui peuvent affecter la culture du blé au Maroc, leurs symptômes, leurs modes de transmission (vent, conservation dans le sol et les débris ; …), les conditions qui favorisent leur développement (Température, humidité, forte densité, excès d’azote…), etc. L’objectif de la lutte contre les maladies foliaires est de préserver les dernières feuilles qui conditionnent 85% du rendement. La lutte contre ces maladies peut commencer par des mesures préventives comme le recours aux variétés résistantes, l’assolement, le travail du sol, la fertilisation azotée raisonnée, … La lutte chimique peut être effectuée en 1 à 3 traitements, sachant que le prix de vente d’un quintal de produit, équivalant au prix du traitement, permet d’éviter la perte de plusieurs quintaux de rendement. Dans le cas d’un programme à deux traitements, le premier doit être précoce et s’effectuer au stade montaison alors que le deuxième se fera au stade gonflement. Cependant, dans tous les cas, il est recommandé d’opter pour un produit à deux matières actives couvrant plusieurs maladies.
Visites des parcelles
Au Maroc, pour arriver à convaincre les producteurs, il faut leur montrer les résultats au champ, et l’impact direct
www.agri-mag.com
sur le rendement. Plusieurs essais et combinaisons herbicides ont été testés dans cette plateforme (témoin sans traitement, 1 seul passage et 2 passages). Les spécia-
listes présents ont insisté sur le fait que plusieurs espèces développent de plus en plus la résistance à certains produits. Il faut donc toujours veiller à respecter les doses
homologuées et les conditions d’utilisations. Il s’agit aussi de respecter le nombre de passages nécessaires pour avoir le meilleur retour sur investissement. Par ailleurs,
l’évaluation du rendement en fin de campagne montrera clairement l’intérêt du désherbage et le gain en rendement généré, qui couvre largement le coût du traitement.
Application CerealsXpert Parallèlement au déroulement des ateliers de la plateforme céréales, les organisateurs ont annoncé le lancement d’un outil d’aide à la décision au bénéfice des céréaliculteurs. Il s’agit d’une application destinée à aider les agriculteurs maghrébins (Maroc, Algérie et Tunisie) dans leurs activités de protection des cultures céréalières. En effet, cette application, permet aux producteurs - de reconnaitre facilement les principales plantes adventices et ce grâce à des photos représentant
ces plantes aux stades jeune (plantule) et adulte et aux explications fournies sur leurs caractéristiques : description botanique, fréquence, degré de nuisibilité, etc. - de déterminer à quelle maladie cryptogamique ils ont affaire dans leur champ en se basant sur des photos montrant les symptômes des principales maladies signalées au Maghreb et l’aspect des organes végétaux attaqués Après cette phase d’identification des adventices et maladies,
l’application indique la ou les solutions les plus adaptées pour les contrôler. Elle contient également les brochures techniques relatives aux différents herbicides et fongicides de la gamme Dow AgroSciences. En fin, elle dévoile les premières informations sur les innovations techniques issues de la recherche Dow AgroSciences qui seront prochainement homologuées au Maghreb.
Communiqué de presse
Comicom
Comicom est certifié ISO 9001 version 2015 Comicom a réussi avec succès l’évolution de sa certification ISO 9001 vers la nouvelle version 2015. Avec plus de 100 ans d’expérience, Comicom s’est engagée dans une démarche de management de la qualité orientée vers une meilleure gestion des www.agri-mag.com
risques et des opportunités et ce, afin d’accompagner sa croissance et de garantir un niveau de performance conforme aux attentes de ses clients et de ses partenaires. Elle a ainsi opté pour la nouvelle version 2015 de la norme ISO 9001, considérée comme un gage de
sécurité. Cette certification dont le périmètre couvre l’ensemble des sites, activités, produits et services de Comicom, constitue une reconnaissance internationale délivrée par le cabinet de certification TÜV Rheinland.
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
49
Les Pays-Bas, pays à l’honneur au SIAM 2018 Le SIAM a choisi pour sa 13e édition les Pays-Bas comme pays à l’honneur. Ce choix est d’autant plus évident que ce pays est un modèle pour l’agriculture dans le monde grâce à son caractère innovant, compétitif, durable et écologique. Les relations économiques entre le Maroc et les Pays-Bas remontent à plus de 4 siècles. Des partenariats privilégiés se sont établis entre les deux royaumes dans plusieurs secteurs, notamment celui de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Mais le potentiel d’amélioration de ces échanges commerciaux reste très important, de même que sur les plans du transfert de savoir et de technologie, et du développement durable.
A
u-delà de l’image bucolique souvent véhiculée de la Hollande, faite de tulipes, de moulins à vent et de fromages, les Pays-Bas sont une nation de longue tradition dans le commerce des produits agricoles. Grâce à la fertilité de leur sol, leurs solides connaissances agricoles, la qualité de leurs produits et leur sens du commerce, les hollandais exportent depuis longtemps leurs produits partout dans le monde. En effet, bien que les Pays-Bas comptent parmi les pays les plus petits en termes de superficie, ils ont réussi à se hisser au rang de 2e exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires derrière les Etats-Unis (sur un territoire 270 fois plus petit), et fournissent le quart des légumes exportés par l’UE. Les principales filières d’exportations
agroalimentaires sont les produits horticoles, la viande et les produits laitiers. En raison des contraintes territoriales fortes, l’agriculture néerlandaise est très intensive et très mécanisée. L’élevage occupe la moitié des exploitations, suivi de l’horticulture et des grandes cultures maraîchage (pommes de terre, betterave à sucre, blé, orge et triticale). Les filières les plus représentées dans le secteur de l’élevage sont la filière de bovins lait, la filière porcine, la filière avicole et la filière ovine. Fortement concentrée, compétitive et orientée vers l’international, la production laitière est un secteur clé de l’économie agricole néerlandaise. Avec quelques 14,5 Millions de tonnes de lait collectés en 2016, le secteur bovin lait néerlandais représente presque 9%
de la collecte de l’Union européenne. Les contraintes économiques – coût de la maind’œuvre, forte pression foncière – ont très tôt conduit les exploitants néerlandais à se mécaniser et à intensifier leur production de lait. Résultat ? Des exploitations de grande taille et un des rendements les plus élevés de l’Union européenne, par vache, et surtout par hectare (plus de 12 000 litres par an). La qualité de l’herbe, du sol et de l’eau ont fait la réussite des fromages néerlandais qui, autrefois, étaient fabriqués par le paysan luimême, avant que la production ne se fasse de manière industrielle. Parmi les fromages hollandais les plus célèbres : le Leiden, le Gouda, l’Edam (fromage rouge très consommé au Maroc), le Maasdam et le Beemster. La filière, très organisée, compte sur les exportations pour écouler plus de 60 % de sa production. Ce constat vaut également pour les viandes dont les 3/4 sont destinés à l’exportation. A noter qu’en réponse à la demande de consommateurs de plus en plus exigeants vis-à-vis de la qualité des produits alimentaires, notamment sur le plan environnemental et du bien-être des animaux, de nombreux labels garantissant de meilleures conditions de vie des bêtes ont vu le jour aux Pays-Bas.
L’innovation au cœur de l’agriculture
Les fermes néerlandaises ont depuis longtemps pris le chemin de l’innovation. Dans les fermes des Pays-Bas, beaucoup de tâches sont désormais automatisées. Des remorques autoguidées au milieu des fermes, des poulets élevés à l’aide de caméras infrarouges et nourris par ordinateur, et des légumes qui poussent sans lumière du soleil. L’agriculture hollandaise est l’une des plus technologiques au monde. Avec la moitié de la superficie consacrée Photos Luca Locatelli
50
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
Photos Luca Locatelli
à l’agriculture, et des contraintes climatiques et de territoires (le pays est situé en dessous du niveau de la mer), les hollandais ont dû miser sur l’innovation dans les domaines des semences, de la sélection végétale et surtout des technologies de production sous serres, en capitalisant sur le niveau avancé du pays dans le domaine de la recherche scientifique. Le pays compte aujourd’hui plus de 9.300 ha de serres en verre, dont près d’un tiers consacré à la production de fruits et légumes.
Produire plus avec moins !
Ce pays qui teste continuellement de nouvelles méthodes pour produire plus en utilisant moins de ressources mérite de devenir le modèle à suivre pour permettre à la planète de faire face à la crise alimentaire mondiale actuelle et aux changements climatiques. En effet, il y a près de 20 ans, les Néerlandais ont pris un engagement national en faveur de l’agriculture durable sous le slogan « Deux fois plus de nourriture avec deux fois moins de ressources». Beaucoup d’agriculteurs ont depuis, décidé de réduire leur dépendance à l’eau de près de 90%, bien que le pays ne souffre pas d’un manque dans ce domaine. Ils ont par ailleurs presque complètement éliminé l’utilisation de pesticides chimiques sur les cultures sous serres, et depuis 2009, les éleveurs néerlandais de volailles et de bétail ont réduit leur consommation d’antibiotiques de 60%. Les Pays-Bas produisent leurs fruits, légumes et fleurs principalement sous serres, qui grâce à la lumière solaire et au recyclage des résidus de culture, permettent de limiter l’utilisation de gaz, d’électricité et d’eau, ce qui réduit considérablement les pertes et les émissions de gaz à effet de serre. Ils ont également repensé tout le système de conception de leurs bâtiments en révolutionnant les matériaux de construction, le système d’éclairage, les circuits thermiques et la climatisation. Cela peut paraitre difficile à croire mais les serres hollandaises produisent plus d’énergie qu’elles n’en consomment et génèrent 10% de la demande énergétique du pays ! De plus, ces serres utilisent le CO2 rejeté par les raffineries avoisinantes. Tous ces facteurs font que les producteurs hollandais produisent deux fois plus efficacement que leurs homologues européens en consommant moins d’eau (9,2 litres/kg de tomate contre 40 litres pour le Maroc). Certaines exploitations peuvent ainsi atteindre la production record de 557 tonnes par ha !
Produire toute l’année
Avec 80 % des terres cultivées placées sous verre, la région du Westland fait office de capitale de la serre des Pays-Bas. La majorité des fermes hollandaises sont des exploitations familiales qui restent compétitives grâce à l’adoption d’innovations techniques comme les régulateurs de climat automatisés et l’éclairage LED écoénergétique qui permettent au cycle de production de durer toute l’année. Certains horticulteurs ont installé un système à LED, qui émet beaucoup moins de chaleur qu’un éclairage fluorescent. La réduction de leur rayonnante diminue les besoins d’évacuation de l’air la cha-
Chiffres marquants :
2 4,6 9324
e exportateur mondial de denrées alimentaires derrière les USA
milliards de kilos de légumes exportés chaque année
ha de serres en verre Les serres produisent plus d’énergie qu’elles n’en consomment. Les serres génèrent 10% de la demande énergétique du pays
Secteur des légumes, évolution en 10 ans:
www.agri-mag.com
- production en hausse de 28% - usage des fertilisants en baisse de 29% - usage des pesticides réduit de 9% - énergie en baisse de 6%
En termes de rendement : er producteur mondial de tomate, de
1 2e 5e
concombre, de poivron et de piment producteur mondial de poire producteur mondial de carotte, pomme de terre et oignon
Production de semences
1/3 1170
du commerce mondial des semences potagères nouvelles variétés chaque année
Production de fleurs
12,4 4,3
milliards de fleurs et plantes ornementales sont vendues chaque année milliards de
tulipes exportées Agriculture du Maghreb 51 N° 111 - Avril 2018
Photos Luca Locatelli
chaud et jugule la perte de dioxyde de carbone nécessaire à la croissance des plantes. Résultat : des cycles de croissance plus courts avec une production accrue. Un autre exemple de l’ouverture des producteurs sur les innovations est l’expérimentation d’une nouvelle technologie qui permettra de répondre à la demande de légumes en hiver. Elle utilise un système d’éclairage qui mélange des lumières situées au-dessus des cultures, à des LED entre les rangées. Ainsi, les bouquets de tomates situés en bas sont aussi qualitatifs que ceux au sommet des plants, du fait que la culture ne dépend plus de la lumière naturelle, ni des appareils de chauffage. Mais, toutes les innovations ne sont pas uniquement technologiques. Beaucoup d’entre elles reposent sur un savoir-faire et une grande connaissance de la nature. On peut citer à titre d’exemple la création d’écosystèmes faisant intervenir certains insectes ou microorganismes pour lutter contre les ennemis de cultures selon le principe de lutte biologique. La prochaine innovation s’annonce déjà ! Pour faire face aux changements climatiques et la fin de l’époque du gaz naturel, le secteur de l’horticulture couverte se prépare à un avenir sans gaz en utilisant le stock de chaleur cumulé dans l’eau pendant l’été pour le chauffage des serres en hiver.
Les semences du succès
Un autre domaine dans lequel excellent les entreprises hollandaises est celui des semences à haute valeur ajoutée. En effet, plus d’un tiers du commerce mondial des semences potagères provient des Pays-Bas. Les entreprises grainières du pays sont classées parmi les premières au monde, avec une nette orientation vers les semences très productives à faible coût. Par exemple, une seule graine de tomate High Tech qui coute moins de 0,42 euros, peut produire jusqu’à 69 kilos de tomates. Les semenciers hollandais produisent ainsi pas moins de 1.170 nouvelles variétés chaque année et investissent 15% de leur chiffre d’affaire dans la recherche et développement.
Le savoir et la technologie s’exportent
Ces performances trouvent leur origine dans la coopération entre le secteur productif et une recherche agronomique qui est à la pointe de la technologie. C’est notamment au sein de la prestigieuse université de Wageningen (une référence en recherche agricole dans le monde), mais aussi de laboratoires de recherches et de diverses start-up que sont élaborés des travaux de recherche qui seront bénéfiques en Hollande et même au-delà des frontières. L’université de Wageningen accueille ainsi des étudiants appartenant à une centaine de nationalités, qui sont là pour essayer de résoudre les problématiques rencontrées dans leur pays d’origine. La valorisation des connaissances scientifiques et technologiques a permis au secteur horticole néerlandais de disposer d’un mode de production sous serres dont les performances sont reconnues sur le plan international.
Une logistique infaillible
Afin d’assurer le haut débit d’importation et d’exportation, un réseau très sophistiqué de transport et logistique a été développé, bénéficiant de la position géographique des Pays-Bas comme porte d’entrée commerciale de l’Europe. Le port de Rotterdam est ainsi la première place portuaire européenne avec 416 millions de tonnes de marchandises transbordées en 2017. Le commerce de denrées alimentaires agricoles et de fleurs est dynamisé par un système de technologie très pointu qui fonctionne grâce à des ateliers de conditionnement ouverts 24h/24, et une chaine d’automatisation des terminaux de fret au sein du port de Rotterdam. Les Pays-Bas ont également développé un grand savoir-faire dans la prévention des pertes grâce à l’optimisation des process dans les différents maillons de la chaine des valeurs.
52
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
Photos Luca Locatelli
Les relations Maroco-Néerlandaises
Le Maroc est le premier pays d’Afrique du Nord avec lequel les Pays-Bas ont noué des relations diplomatiques. Les Pays-Bas figurent parmi les principaux fournisseurs du Maroc en semences maraichères, pomme de terre, vaches laitières, équipements agroindustriels, produits alimentaires transformés (fromages, huiles végétales, …). Quant aux exportations marocaines vers les Pays-Bas, elles concernent principalement les agrumes, les légumes et les conserves végétales. En plus des échanges commerciaux, il existe de nombreux autres domaines de coopération entre le Maroc et les Pays-Bas, renforcés par la création, il y a quelques années, d’une section agriculture au sein de l’Ambassade des Pays-Bas au Maroc. Cette coopération s’est traduite notamment par le lancement de deux importants projets dans les filières de l’horticulture couverte et la production laitière, où les PaysBas occupent une position de leader mondial, à savoir : - la création d’un Centre Marocco-Néerlandais d’Excellence en Horticulture au niveau de la région de Souss-Massa, abrité par le Complexe Horticole d’Agadir-IAV Hassan II. Ce centre, dont les travaux de construction seront bientôt lancés, sera une plateforme de recherche et de développement guidée par les besoins des producteurs de la région du Souss. L’objectif étant : l’optimisation des facteurs de production, l’accroissement de la productivité et la compétitivité de la filière horticole, ainsi que l’amélioration des performances du secteur en matière de durabilité et de gestion des ressources naturelles. La mise en place de ce centre vise également à assurer le transfert de la connaissance, notamment à travers la formation et la démonstration - le programme de renforcement des capacités techniques des coopératives laitières marocaines grâce à des formations d’éleveurs laitiers, en coopération avec la banque Crédit Agricole. La première phase de ce programme qui a concerné pas moins de 700 éleveurs dans la région des Doukkala, a connu un grand succès à en juger par l’importante amélioration de la productivité et de la rentabilité des exploitations laitières qui en ont bénéficié. La production journalière est en effet passée de 12-15 litres à 30 litres. Ceci est d’autant plus intéressant que cette hausse s’est accompagnée d’une amélioration de la nutrition qualitative des vaches et d’une réduction des coûts. A noter que pour parvenir à ce résultat, l’Ambassade des Pays-Bas au Maroc a mobilisé les meilleurs experts néerlandais spécialisés dans le domaine de la production laitière. La prochaine phase du projet consiste à réduire l’empreinte écologique des élevages laitiers. Par ailleurs, en plus de ces différents projets, les Pays-Bas sont également intéressés par le renfoncement de la coopération avec le Maroc dans le domaine de l’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques. En effet, la longue expérience des Pays-Bas dans des projets «d’agriculture intelligente face au climat» dans plusieurs pays africains ouvre la voie pour le lancement avec le Maroc, de programme de coopération d’envergure régionale.
Elevage
millions de vaches laitières Production laitière : 14.5 millions de litres 1.8 Rendement par ha : 12.000 litres/an lait utilisé dans 55.5%dula fabrication de fromage pour la fabrication 14% de lait en poudre Le reste étant partagé entre lait frais, lait condensé, beurre… mondial 4e exportateur de fromage € de revenus des 6,4milliards exportations de produits laitiers viandes 3/4 des destinées à l’exportation
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
53
Participation en force au SIAM 2018
C
onscients de l’importance du SIAM comme carrefour international, offrant une réelle plateforme de communication, d’échanges et de connexions bénéfiques pour les professionnels du secteur, les Pays-Bas vont participer en force cette année avec une trentaine d’entreprises sur un espace de 400 m2, ce qui en fait le plus grand espace au sein du pavillon international. Ces entreprises représentent des secteurs aussi diversifiés que les semences végétales, la logistique, l’irrigation, les fertilisants, les agro-équipements, les techniques de production sous serre, l’élevage laitier et l’agroalimentaire. Certaines de ces entreprises sont des habituées du salon et du marché marocain grâce à leurs filiales, d’autres y participent pour la première fois pour établir des contacts avec leurs clients finaux, et mieux cerner les attentes du marché. Le SIAM est en effet une excellente opportunité pour les entreprises néerlandaises leur permettant de découvrir le secteur agricole de la région et contribuer grâce aux solutions qu’elles proposent au développement remarquable que connait actuellement l’agriculture au Maroc. A noter que certaines sociétés exposantes mettront
Jour
à profit leur participation au salon pour présenter leurs nouveautés, notamment : les plantes résistantes à la salinité, la technologie d’économie d’eau d’irrigation GROASIS, le fromage Gouda fabriqué selon les normes hollandaises mais à Berkane, … Pour leur part, les entreprises marocaines ont beaucoup à gagner de leur rapprochement de leurs homologues hollandaises dans ces secteurs. En effet, elles peuvent bénéficier du savoir-faire et du leadership mondial des Pays-Bas dans des filières comme l’horticulture, l’élevage ou encore la logistique. Dans ce sens, plusieurs programmes de coopération économique sont mis à la disposition des entreprises marocaines souhaitant établir des relations de partenariat.
Un riche programme en perspective Mais la participation des Pays-Bas en tant que pays à l’honneur de cette édition du SIAM ne se limitera pas à l’espace d’exposition attractif et animé. Elle prévoit également :
Evènement
Mardi 24-04
Mercredi 25-04
Matinée
- Inauguration officielle du pavillon néerlandais au SIAM
16h30
- Conférence de presse et présentation des exposants néerlandais – Pavillon des Pays-Bas
17h30
- Réception offerte par les Pays-Bas – Salon VIP du SIAM (Sur invitation)
de 10h00 à 13h00 14h30
Jeudi 26-04
Samedi 28-04
- Conférence : les Pays-Bas berceau de l’agrologistique – Salle Arganier - Cérémonie de signature de conventions (2) de coopération Maroc-Pays-Bas - Rencontre B2B entre les entreprises marocaines et néerlandaises – Stand GCAM
10h00
- Conférence : le stockage maillon critique des chaines logistiques agricoles – Salle Palmier
15h00
- Présentation des innovations néerlandaises en matière d’agriculture biosaline - Pavillon des Pays-Bas - Dégustation de spécialités culinaires avec le chef Nadia (1) – Pavillon des Pays-Bas
11h00 16h00
- Dégustation de spécialités culinaires avec le chef Nadia (2) - Pavillon des Pays-Bas
18h00
- Réception offerte à l’occasion de la fête du Roi - Pavillon des Pays-Bas (Sur invitation)
9h30 54
- Cérémonie de signature de conventions (1) de coopération Maroc-Pays-Bas
10h00
16h00
Vendredi 27-04
- Présentation des projet néerlandais d’assistance technique au Maroc au forum ‘’Appui non financier au monde rural’’ – Salle Oranger
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
- Présentation des projets du PUM senior experts au Maroc - Pavillon des Pays-Bas
- Conférence : Les nouvelles technologies de précision pour une gestion durable de l’irrigation - Salle Palmier www.agri-mag.com
LES PAYS-BAS A L’HONNEUR AU SIAM 2018 Entreprises exposant sur le Pavilllon Hollandais
www.verbeek.nu
www. agri-precision.cz
www. saltfarmtexel.com
www. bosmanvanzaal.com
www. royalbrinkman.com
www. koppert.com
www. heemskerk.nl
www. iperen.com
www. hoogendoorn.nl
Herbalan
ATLAS PEONIES
Logistique
www. rijkzwaam.com
www. E.S.F. BAMBOO
www. petersoncontrolunion.com
ATLAS PEONIES SARL
www. daf.nl
Alimentaire
Produits Laitiers
www. tolsma.com
www. agriprom.nl
www.klaaspuul.com
www.agri-mag.com
www. priva.com
www. nutrilab.nl
www. frieslandcampina.com
DUTCHY STROOPWAFELS
www. metagrhyd.com
www. agrico.nl
www. oymfields.com
www. westburgbv.nl
KAAS MOULOUYA
Gouvernement
Horticulture
24-29 Avril Meknès - Pôle International
www. pikalabikes.com
www. geerlofs.com
www. stegermanvee.nl
www. vaex.nl
Ambassade Pays-Bas au Maroc www.paysbasetvous.nl
www.pum.nl Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
55
Salon des fruits rouges à Larache
Une deuxième édition bien réussie La 2ème édition du salon national des petits fruits rouges, tenue du 22 au 25 mars à Larache sous le thème « L’organisation interprofessionnelle, un puissant levier de développement du secteur des petits fruits rouges », était pour les professionnels de la filière et les institutionnels l’occasion d’exposer aux visiteurs leurs produits et services liés à cette filière de la plus haute importance pour la région. L’un des rôles de ce salon est justement de contribuer à tirer vers le haut le secteur en se faisant la vitrine de la diversité de la production de baies marocaines et des opportunités qu’elle offre à l’international.
P
lacé sous l’égide du ministère de l’Agriculture, le salon a été organisé par l’ORMVAL en collaboration avec l’Association Marocaine des producteurs des fruits rouges (AMPFR) et l’Association Marocaine des Conditionneurs et Exportateurs des Fruits Rouges(AMCEFR). Tout comme la première édition, le salon comprenait deux pôles : · Un pôle réservé aux producteurs des petits fruits rouges et aux sociétés agro-industrielles du secteur et à l’exposition des produits de terroir des coopératives agricoles représentant les différentes régions du royaume et espace institutionnel ; · Un pôle intégrant un espace d’exposition réservé aux agro -four nisseurs, une salle de conférences e t
56
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
un espace de l’Office National du Conseil Agricole En plus des institutionnels et banques, un grand nombre de secteurs et produits étaient présents au salon, avec possibilité de ventes directes. Compost et substrats, engrais et fertilisation, matériel de serre, manutention et transport, Irrigation, maintenance, outils de mesure, logiciels de gestion des exploitations, hors-sol, emballage, protection et produits phytopharmaceutiques, conservation, protection et soins aux cultures, plants, travail du sol, additifs pour sols, tri, stockage, récolte de fruits et légumes, outillage et machinisme, etc. A noter que cette année un grand espace extérieur a été dédié aux agro-équipements. En effet, la mécanisation revêt une importance capitale en raison de son impact sur l’amélioration des techniques de production, la modernisation des exploitations et l’augmenta-
tion de la productivité dans l’ensemble des filières agricoles. Les producteurs qui ont visité le salon étaient particulièrement intéressés par les machines susceptibles de faciliter leur travail, car le problème de la main-d’œuvre se pose avec de plus en plus d’acuité dans cette région connue par la diversité de ses cultures, dont beaucoup sont gourmandes en main-d’œuvre (fruits rouges,…). De plus, les terrains y sont occupés en permanence, ce qui augmente encore plus les besoins. L’un des aspects que les exposants ont apprécié le plus à propos de ce salon est le fait que le visitorat du pôle agrofourniture soit composé principalement de professionnels. Ces derniers pour leur part, viennent pour rencontrer, réunis à un même endroit, la majorité des prestataires qui peuvent les aider dans leur travail. Les visiteurs étaient constitués de cadres et dirigeants d’entreprises, d’agriculteurs et producteurs, de commerciaux, d’agents de services et logistique, d’ingénieurs et techniciens, etc. Nombreux étaient les visiteurs venus de régions éloignées du Maroc, l’autoroute facilitant les déplacements. L’un de ces visiteurs estime qu’un salon professionnel spécialisé lui www.agri-mag.com
paraît plus intéressant et mérite largement le détour. Ceci d’autant plus que ce salon concerne spécifiquement les fruits rouges, domaine qui l’intéresse plus particulièrement. L’occasion pour lui de découvrir dans le même espace l’ensemble de la gamme destinée à ce secteur. Par ailleurs, pour les agriculteurs cette visite permet une rupture dans le rythme d’activité quotidienne pour se mettre à jour et constater de visu les nouveautés dans le secteur agricole. Ils cherchaient des informations sur les nouvelles technologies, les marchés, les promotions, les nouveautés dans le domaine variétal (nouvelles variétés, nouvelles opportunités,…). ‘‘Personnellement explique un revendeur, je cherche à établir, au cours du salon, des rencontres avec les différents intervenants du secteur. En tant que revendeur, c’est pour moi l’occasion de renouer les contacts avec mes fournisseurs de plants, engrais, produits phytosanitaires…, de voir leurs nouveautés et de redéfinir les stratégies de collaboration avec eux’’. Beaucoup de professionnels ont également prévu en marge du salon, des visites sur le terrain pour découvrir les techniques de production qui pourraient être adoptées dans leurs exploitations. Autre catégorie de visiteurs qui ne ratent aucune occasion de marquer leur présence massive à ce genre de manifestation, les étudiants en agronomie. Certains de ces étudiants se trouvent en stage dans la région pour la partie expérimentale destinée à préparer leurs thèses dans différents domaines de spécialité bien avancés dans la région de Larache et du Gharb, premières régions de production de fruits rouges du pays. D’autres font le tour des exposants afin de leur faire part de leur candidature à des postes de techniciens ou de technico-commerciaux auprès de leurs responsables de ressources humaines. A noter que le salon a pris beaucoup d’importance depuis sa première édition, eu égard à l’importance socio-économique du secteur, qui compte parmi les filières prioritaires dans la région et sur le plan national. La superficie totale consacrée aux fruits rouges dans la région du nord atteint actuellement 7.106 ha répartis entre la fraise (3.300ha), la framboise (1.892 ha), la myrtille (1.900 ha) et la mûre (16 ha). La production de ces différentes spéculations lors de la campagne 2016-17 a atteint 169.000 tonnes. Ce développement est dû à la conjugaison de plusieurs facteurs : les conditions édapho-climatiques favorables au développement des petits fruits rouges, la disponibilité des ressources hydriques, l’existence d’une importante infrastructure de valorisation et d’exportation, la proximité de l’Europe, la disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée. Aujourd’hui, sur le plan socio-économique, la filière des fruits rouges génère un chiffre d’affaires de plus de 3,44 MMDH et plus de 4,5 millions de journées de travail durant 9 mois dans les exploitations agricoles et les unités de conditionnement, contribuant ainsi à la création d’emplois en milieu rural. Elle induit également le développement d’activités para-agricoles dont les retombées économiques sont notables sur la région. www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
57
Inauguration du salon par le Ministre de l’Agriculture
Stand AMAROC
58
Stand EELEPHANT VERT
Stand BAYER CS
Stand AGRIPHARMA
Stand CALIMAROC
Stand CREDIT AGRICOLE
Stand AGRIDATA CONSULTING
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
SCPC SAPEL-TESSENDERLO-ATLANTICA AGRICOLA
STAND CMGP
Stand AGRICULTURE DU MAGHREB
STAND AgroSpray Technic
Stand SOMATREF
STAND PHYTO LOUKKOS
CONFERENCE
CONFERENCE
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
59
Fruits rouges de nombreuses conférences ayant pour but de donner l’occasion aux professionnels, producteurs et chercheurs de débattre sur les perspectives de développement de la filière des petits fruits rouges. Elles ont connu la participation d’intervenants marocains et étrangers, et ont abordé des thèmes de la plus haute importance pour la filière. On peut citer à titre d’exemple :
Espace d’exposition des fruits et produits de terroir
Ce chapiteau ouvert au grand public a connu la participation de nombreuses sociétés agricoles spécialisées dans la production de fruits rouges frais (fraise, framboise, myrtille, goji) et d’autres qui se sont spécialisées dans leur transformation (confitures, vinaigre, …). Compte tenu de l’engouement des consommateurs pour ces baies, un espace de vente a été prévu cette année, permettant aux visiteurs de repartir avec un assortiment qui fera certainement le bonheur de leurs proches, notamment les framboises et les myrtilles qu’on ne trouve pas souvent sur le marché local, même dans les magasins spécialisés. Composante essentielle de l’agriculture nationale et régionale, les coopératives étaient également présentes en force à cette année encore, pour faire connaitre des produits qui font partie intégrante de notre patrimoine et leur façon de travailler : huile d’argan, amlou, miel, safran, dattes ou encore des produits cosmétiques comme l’eau de rose, l’huile de figue de barbarie et les huiles essentielles. Cette présence contribue à valoriser et à promouvoir les produits du terroir marocain auprès des consommateurs.
Activités scientifiques
A l’instar de la première édition, le salon a connu l’organisation de deux journées scientifiques avec 60
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
Organisation professionnelle : - Présentation de la fédération interprofessionnelle marocaine des fruits rouges « Interproberries Maroc » récemment créée et de son rôle de levier du développement du secteur. Cette fédération a pour objectifs le développement et la promotion de la filière, de même que la défense des intérêts professionnels communs de ses membres, - L’organisation professionnelle des producteurs dans les coopératives, une nécessité pour l’adaptation à l’évolution technique et commerciale. Cette session a connu les témoignages des présidents de quelques coopératives de la région dont certaines existent depuis longtemps et d’autre qui ont vu le jour récemment. Aujourd’hui, pour mieux organiser leur activité et améliorer les conditions de commercialisation de leur production, certains producteurs sont animés par une tendance hautement positive à se regrouper entre eux dans des structures leur assurant autonomie, meilleure visibilité et rentabilité de leur activité, au lieu de rester apporteurs chez des groupes exportateurs. Ainsi, des producteurs déjà installés ou jeunes nouvellement arrivés (cadres, techniciens, etc.) qui se lancent dans la profession avec de petites superficies, mutualisent leurs moyens et se regroupent en coopératives. Ces dernières leur promettent de meilleures perspectives suite à l’union de leurs forces en estimant que l’avenir est dans le regroupement. Ils ont suivi l’exemple de quelques coopératives qui se sont créées ces dernières années et qui ont connu un grand succès dans leur activité avec une diversification des produits (fraise puis framboise ensuite myrtille), des régions de production (certains se sont installés également dans le Souss pour profiter
des avantages de la région) et des marchés en frais et surgelé (UE, Angleterre,…). Maitrise de la conduite technique : Plusieurs aspects ont été abordés : - Nouvelles techniques de production de la fraise pour la durabilité du système agricole dans le Gharb et Loukkos - Création variétale et production de plants - Intérêt de la mise en place d’un centre technique des petits fruits rouges, une opportunité pour le développement de la filière de petits fruits rouges - Intérêt de la mycorhization contrôlée pour la production de plants de petits fruits - Systèmes hydroponiques pour la culture des fruits rouges - Une meilleure maitrise de la fertilisation et de la protection phytosanitaire - Valorisation des résidus organiques dans la fertilisation - Contrôle biologique des phyto-pathogènes chez les fraisiers par des microorganismes bénéfiques - Lutte contre les maladies et les ravageurs - Gestion de la résistance du Botrytis cinerea aux fongicides sur fraisier. Chacune de ces deux journées a été suivie par de riches discussions entre les participants. Elles ont aussi abouti à des recommandations de nature à améliorer les pratiques. En plus des visites de terrain à des fermes modèles, spécialisées dans la production de myrtille et de framboise. Il serait intéressant pour tous les professionnels que les interventions et conclusions de ces journées soient mises à leur disposition. Après la réussite de cette deuxième édition, et vu la participation massive des exposants et des visiteurs, nul doute que le salon des fruits rouges va figurer désormais comme événement incontournable pour les opérateurs de cette filière dans l’agenda des salons et foires agricoles organisés annuellement. www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
61
Agrumiculture
Agrumes
Meilleure connaissance de leur génétique pour de nouvelles stratégies de recherche variétale
L’évolution des agrumes revisitée Une étude internationale, impliquant le Cirad et l’Inra (France), publiée dans la revue Nature le 7 février 2018, révolutionne les classifications botaniques des agrumes. Ces travaux mettent en évidence dix espèces vraies d’agrumes, dont quatre sont à l’origine des variétés cultivées modernes telles que les orangers, mandariniers, pamplemoussiers, pomelos, cédratiers, citronniers et limettiers. Ces connaissances ouvrent la voie à de nouvelles stratégies d’amélioration variétale pour ces fruits les plus cultivés au monde. 62
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
Poursuivant l’effort du consortium international de génomique des agrumes qui avait produit la séquence génétique de référence des agrumes en 2014 (voir encadré), des équipes scientifiques espagnoles, américaines et françaises, du Cirad et de l’Inra (France), se sont associées pour analyser l’évolution du genre Citrus et des genres apparentés. En s’appuyant sur des données de re-séquençage complet du génome de 60 variétés et formes sauvages, représentatives de la diversité des agrumes, les scientifiques ont proposé un nouveau modèle évolutif du genre Citrus. Celui-ci remet en cause les systèmes taxonomiques élaborés pour les agrumes dans les années 60, expliquant encore aujourd’hui l’existence de trois
classifications botaniques pour les agrumes.
différentes
Remise en cause des frontières du genre Citrus Les travaux de phylogénomie menés dans cette étude ont révélé dix espèces vraies parmi les 60 variétés analysées. Ces dix espèces sont issues d’une évolution vieille de 8 millions d’années, dans laquelle les scientifiques distinguent aujourd’hui deux grandes étapes de diversification évolutive : la première en Asie à la fin du Miocène, entre 6 et 8 millions d’années, et la seconde en Australie au début du Pliocène, il y a environ 4 millions d’années. La première étape pourrait être www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
63
Agrumiculture
liée à un affaiblissement dramatique des moussons en Asie à cette période. Elle a conduit à la séparation en huit embranchements dont quatre espèces ancestrales à l’origine des agrumes cultivés. La seconde étape, quant à elle, est à l’origine de trois espèces de lime australienne.
Origines des grands groupes d’agrumes Quatre de ces dix espèces vraies, C. reticulata, C. maxima, C. medica et C. micrantha , correspondent à quatre groupes d’agrumes modernes, qui sont
respectivement : les mandariniers, les pamplemoussiers, les cédratiers et un papeda connu sous le nom de Biasong dans les Iles du Sud des Philippines dont il est originaire. Ces quatre espèces ancestrales ont ensuite généré par hybridations interspécifiques naturelles la plupart des variétés cultivées dont les orangers, les pomelos, les citronniers et les limettiers. Certains groupes, comme les bigaradiers, le « Rough lemon » et le limettier « Rangpur », le limettier « Mexicain », sont issus d’hybridations directes entre ces quatre espèces ancestrales, respective-
ment : C. maxima x C. reticulata, C. reticulata x C. medica, C. micrantha x C. medica . D’autres, comme les citronniers, orangers, pomelos résultent d’évolutions plus complexes (impliquant des recombinaisons interspécifiques). Le citronnier par exemple serait issu d’une hybridation entre le bigaradier et le cédratier, le pomelo d’une hybridation entre pamplemoussier et oranger. L’oranger, quant à lui, présente une structure complexe issue du mélange de deux espèces ancestrales, C. reticulata et C. maxima. Son origine exacte n’est pas encore claire. Contrairement aux cédratiers et pamplemoussiers modernes qui apparaissent comme de purs représentants des espèces C. medica et C. maxima, tous les mandariniers cultivés renferment des parties de leur génome provenant du pamplemoussier. Ces introgressions naturelles pourraient avoir joué un rôle majeur dans la domestication des mandariniers en modifiant la synthèse de certains acides notamment, rendant ainsi leurs fruits plus appréciés.
Vers des améliorations variétales plus innovantes
Au-delà de l’identification des espèces
MOSPILAN 20 SP La noblesse d’un insecticide
• Insecticide systémique • 20% Acétamepride • Larvicide adulticide • Faible dose • Action rapide et persistante contre : • La mineuse des feuilles et la mouche blanche des agrumes • La mineuse et la mouche blanche de la tomate • Les pucerons du pommier. Un produit Arysta Distribué exclusivement par : Cali Maroc 82 rue Loudaya la Villette - Casablanca - Tel.0522623715 / Fax : 0522623904 Email : cali@calimaroc.com 64
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
ancestrales, parentes des agrumes cultivés, cette étude a permis de décrypter, tout au long du génome, l’origine des différents fragments chromosomiques des agrumes. Ce sont sur ces structures complexes que reposent largement les caractères essentiels qui font la typicité d’une orange, d’un pomelo, d’un citron ou d’une lime. Alors que jusqu’ici l’amélioration conventionnelle (par croisements sexués) de ces variétés cultivées paraissait impossible, la connaissance fine des espèces ancestrales et de leurs structures ouvre la voie à des stratégies d’amélioration innovantes. Ces connaissances nous permettent de mieux cibler les parents des futures variétés. Il s’agit, lors des croisements, de reconstruire ces structures, à partir de la diversité des espèces ancestrales ou de groupes horticoles intermédiaires. Une telle stratégie est d’ores et déjà développée par le Cirad et l’Inra pour la diversification des limettiers en Corse et en Guadeloupe.
Le génome des agrumes décrypté
Une aide précieuse pour créer de nouvelles variétés
Cultivés depuis les temps préhistoriques en Asie du Sud Est, les agrumes représentent aujourd’hui la plus importante récolte mondiale de fruits. Les variétés actuelles proviennent croisements très anciens, et non documentés, entre des ancêtres sauvages.Afin de démêler cette longue et tortueuse histoire, un consortium international mené par l’Université de Floride et impliquant le CEA-IG (Genoscope) a séquencé le génome d’une dizaine de variétés. Les chercheurs ont d’abord établi une séquence de référence (la première pour un agrume) du génome d’une clémentine, variété particulière de mandarine. Puis ils ont comparé cette séquence avec celle de quatre autres mandarines, une orange, une orange amère et deux pamplemousses. Outre l’éclairage généalogique, ce travail a surtout été
Un Centre pour appuyer la recherche et le développement
L’Inra (France) et le Cirad s’appuient pour leurs recherches sur l’une des quatre plus importantes collections d’agrumes au monde. Présent à San Giuliano en Corse, ce Centre de Ressources Biologiques comprend plus de 1100 variétés cultivées sur 14 ha et provenant d’une cinquantaine de pays. C’est la plus riche en diversité de mandariniers. Il s’agit d’un outil précieux pour développer des recherches qui vont de la génomique à la sélection participative de nouvelles variétés d’agrumes avec les acteurs des filières méditerranéennes et tropicales. Les nouvelles variétés doivent répondre aux exigences du marché et aux contraintes des filières affectées par de nouvelles maladies (comme le Huanglongbing) ou ravageurs, et par des épisodes de sècheresse et de salinisation des sols, s’accentuant avec le changement climatique. Ces recherches ont un impact à la fois local, régional, national et international. La production d’agrumes est en effet l’une des productions fruitières les plus importantes au monde, avec 125 millions de tonnes annuelles réparties sur les cinq continents. www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
65
Agrumiculture sance fine de leur structure phylogénétique est capitale pour créer de nouvelles variétés. Il existe des tolérances aux maladies et aux stress abiotiques au sein de la biodiversité des agrumes. Les résultats du décryptage vont aider les chercheurs à développer, par amélioration conventionnelle, des variétés cumulant des facteurs de résistance et d’adaptation tout en respectant les qualités organoleptiques et nutritionnelles caractéristiques des différentes espèces cultivées.
Créer de nouvelles variétés
motivé par le fait que les agrumes sont propagés par voie non sexuelle (greffe, multiplication végétative). Les populations, génétiquement très homogènes, sont donc particulièrement vulnérables. Ces résultats sont décisifs pour sélectionner de nouvelles variétés à la fois résistantes aux maladies (comme le Huang Long Bing) et adaptées au changement climatique, en réalisant de nouveaux croisements.
66
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
Exploiter la biodiversité naturelle
Les agrumes sont les fruits les plus vendus au monde, mais sont aussi très vulnérables aux infections et aux contraintes abiotiques (notamment les stress hydrique et salin, particulièrement prégnants dans le cadre du changement climatique). En cause, la faible diversité génétique des principales espèces cultivées qui sont exclusivement reproduites par multiplication végétative. La connais-
Parmi les maladies pour lesquelles il existe des résistances naturelles, le chancre citrique a, par exemple, un impact économique très fort. Au Brésil, le coût d’arrachage des arbres contaminés est estimé à 10 millions de dollars par an dans le seul état de São Paulo. En parallèle, le changement climatique augmente les contraintes abiotiques de l’agrumiculture comme le déficit hydrique et le stress salin pour lesquels des sources d’adaptation sont d’ores et déjà identifiées. En outre, il accroît particulièrement les risques d’émergence de maladies tropicales dans le bassin méditerranéen.
www.agri-mag.com
Diversification des espèces et systèmes de reproduction
La diversité des variétés d’agrumes est souvent le résultat de modifications ou de croisements dus au hasard. Ces variétés sont apparues spontanément et se sont maintenues et propagées grâce à la capacité de reproduction non sexuée (apomixie). Chez ces espèces, l’apomixie se manifeste par le développement dans la graine d’embryons supplémentaires (polyembryonie) à celui issu de la fécondation. Ces embryons, provenant de cellules non reproductrices, ont tous la même constitution génétique et reproduisent à l’identique les caractères morphologiques de l’arbre initial. L’apomixie est inexistante chez les cédratiers et les pamplemoussiers mais est présente dans la majorité des variétés cultivées sauf chez le clémentinier. Jusqu’au XXe siècle, le rôle de l’homme se limitait à la détection fortuite et à la culture des formes nouvelles d’agrumes, apparues spontanément. Ainsi, les variations de couleur, de forme et de goût du fruit des variétés d’oranges, de citrons, de pomelos sont quasiment toutes issues de modifications naturelles (mutations) des gènes impliqués dans l’expression de ces caractères. La polyembryonie a permis de maintenir et d’amplifier ces formes nouvelles tout en limitant l’apparition de nouvelles formes hybrides. D’autres particularités reproductives ont également modelé la diversité des espèces comme l’incapacité à l’autofécondation – le pollen ne peut pas féconder un ovule de même origine génétique. Ce caractère biologique est de rigueur chez tous les pamplemoussiers et favorise donc la diversité de l’espèce. Cette barrière génétique à l’autofécondation est présente aussi chez le clémentinier et est utile pour produire des clémentines sans pépin en vergers de production.
La mutagenèse induite
Au niveau variétal, l’utilisation de la mutagenèse induite sous rayonnements ionisants (gamma) a souvent été utilisée pour générer plus fréquemment qu’à l’état naturel de nouvelles formes mutantes. L’objectif est, le plus souvent, la recherche d’une stérilité ou d’une forte réduction de la fertilité, pour la production de fruits aspermes (sans pépins). Le résultat le plus marquant de cette technologie est celui du pomelo ‘Star Ruby’ (à pulpe rose-rouge) qui a été créé dans les années 1950 (Texas) et commercialisé dans les années 1970. En Corse, cette variété est cultivée sur un peu moins de 200 hectares et bénéficie, tout comme la clémentine, d’une Indication Géographique Protégée (IGP pomélo de Corse). Parmi les autres succès commerciaux de variétés issues de la mutagenèse induite, on trouve aussi les mandarines ‘Mor’ et ‘Tango’.
Les biotechnologies et la gestion de la polyploïdie
La mutagénèse est quasi inefficace pour l’acquisition ou la combinaison de caractères multiples. Le croisement sexué est alors la voie de prédilection pour y arriver. Pour contrer ou résoudre certaines contraintes biologiques des stratégies reposant sur l’utilisation des biotechnologies et des techniques exploratoires du génome, ont été développées. La gestion de la polyploïdie est très en vogue dans tous les programmes de sélection. L’aspermie (stérilité femelle) et l’absence de pollen viable pour éviter les pollinisations croisées (stérilité mâle) sont deux critères essentiels de la diversification variétale des agrumes destinés à la filière du fruit frais. Ils peuvent être obtenus par la triploïdie (3 stocks de chromosomes au lieu de 2). La lime de Tahiti (citron vert) est un exemple de triploïde naturel, apparue après fécondation entre un gamète à n chromosomes (n = 9) et un gamète non réduit à 2n chromosomes issu d’une méiose imparfaite. La fréquence d’apparition des gamètes à 2n étant faible, des tétraploïdes (4n) issus du doublement chromosomique de cellules somatiques (mitose imparfaite) ont été obtenus pour être ensuite croisés avec des variétés diploïdes. Ainsi, des milliers d’hybrides de mandariniers triploïdes ont été créés dans plusieurs pays (France, Espagne, Maroc, USA, Afrique du Sud, …). Quelques sélections d’hybrides de mandarines triploïdes tardives ont été plantées en Espagne.
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
67
Secteur
Les pépinières maraîchères du Souss
Secteur fondamental à haute technicité La pépinière maraîchère constitue un maillon très important dans la chaîne de la production des légumes, notamment dans la région de Souss Massa, leader national dans ce domaine. Cette région à vocation maraichère par excellence compte à elle seule 80% des plants produits dans le Royaume, le reste étant réparti entre Kénitra, Chichaoua, Marrakech et Berkane. On y compte une quinzaine de pépinières maraîchères agréées (grandes, moyennes et petites) dotées d’une capacité totale de production d’environ 55 millions de plants de tomate et 45 millions de plants de pastèque.
C
qui assurent la production de plants pour leurs adhérents (10%). Ces pépinières s’étendent généralement sur plusieurs hectares avec une différence de superficie due à l’orientation stratégique de chacune. Généralement les pépinières professionnelles sont les plus grandes en superficie par rapport aux autres et disposent d’infrastructures adaptées à la production de plants en masse. Ce type de pépinière est le plus sollicité pour fournir en plants les exploitations dont la production est orientée vers l’export. Le producteur fournit les semences de la variété à cultiver et la pépinière maraîchère propose, à la demande du client, de fournir des plants greffés ou francs, selon des délais fixés par avance. Les pépinières maraîchères sont totalement protégées. Elles sont constituées d’un ensemble de serres multi-chapelles, à l’intérieur desquelles sont installés des tunnels hémicylindriques. Un système
de brumisation installé sur le haut de la serre multi-chapelles est déclenché en cas de forte chaleur. Tout le pourtour de la pépinière est isolé de l’extérieur par une double paroi de film plastique et de filet anti-insecte, pour prévenir l’intrusion de vecteurs de virus. Les issues de la pépinière sont organisées sous forme de porte (sas) et dotées de pédiluves. Un couloir de protection disposé le long des quatre côtés de la pépinière renforce l’isolation de l’intérieur de la pépinière. Le sol est couvert en totalité de paillage pour éviter les éclaboussures de poussière. Le bassin d’alimentation en eau est également couvert. Toutes les mesures nécessaires sont donc prises pour maîtriser la production de plants sains. En effet, c’est un préalable aux mesures prophylactiques imposées pour produire des plants certifiés indemnes des principales maladies virales et des infections microbiennes. A noter que ce type de pépinière
Photo Rijk zwaan
es pépinières se répartissent en trois catégories: - Pépinières d’auto-approvisionnement, qui font la production de plants pour leur propre exploitation et qui représentent 60% du total des pépinières. Cette catégorie regroupe les grands producteurs de la filière tomate dans la région du Souss Massa qui disposent des moyens financiers nécessaires pour créer leurs propres pépinières destinées à assurer l’approvisionnement de leurs exploitations en plants qualifiés, - Pépinières professionnelles, purement commerciales et assurant la production des plants commandés par le producteur (30%). Elles sont les plus importantes en termes de superficie de production, d’infrastructures et de niveau technologique. Leurs plants sont considérés de meilleure qualité, - Pépinières de groupements intégrées dans des coopératives et
68
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
69
est contrôlé par les services de protection des végétaux, qui vérifient l’état sanitaire des plants produits, par des visites inopinées et des contrôles réguliers.
Diversité de la production de plants maraichers
La diversité de production de plants en pépinière est liée à la diversité des productions maraîchères. Plusieurs espèces sont produites aussi bien en plants francs dont la durée de production à la pépinière varie de 10 à 30 jours selon les espèces et la saison de production, qu’en plants greffés nécessitant une durée de 45 jours à la pépinière pour les cucurbitacées et 52 à 60 jours pour les solanacées, par exemple. Le greffage représente l’activité principale de la pépinière. Cette technique nécessite en plus d’un bon savoir-faire, des structures bien équipées pour assurer un bon contrôle des paramètres de production et un bon taux de réussite
Désinfection des alvéoles 70
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
de production. Les cucurbitacées, spécialement le melon, la pastèque, le concombre et la courgette constituent la production majeure pendant la période hivernale (début Novembre – fin Mai), alors que les solanacées, dont la tomate est le principal produit, se produisent durant la période estivale (début Mai – fin Septembre). Initialement, la demande des producteurs en plants greffés concernait majoritairement la tomate, mais actuellement, des besoins de greffage s’expriment aussi pour d’autres produits comme le melon, la pastèque, l’aubergine, le concombre… Cette diversification de la demande des producteurs est due principalementà la fatigue des sols et aux maladies telluriques qui s’amplifient dans la région.
Les techniques utilisées et leur évolution
Du point de vue des pépiniéristes, il y a eu plusieurs essais de mécanisation du greffage, de la fertilisation, de l’arrosage… mais dans le Souss, ils se rendent compte qu’une
Machine Semis
grande flexibilité est nécessaire puisqu’on passe d’une espèce à une autre, d’une structure chauffée à une autre froide, d’un plant greffé à un plant franc… La mécanisation impose généralement de mobiliser des surfaces ou des infrastructures ce qui entraine une baisse en flexibilité et qui finalement ne sont pas des atouts pour les pépiniéristes. Les techniques évoluent certes, mais avec la maitrise et le savoir-faire acquis par les employés des pépinières du Souss suite à plusieurs années de pratique, la mécanisation n’a aujourd’hui pas encore d’intérêts majeurs. Par ailleurs, il y a des évolutions dans la maitrise de la lumière mais qui ne sont pas indispensables pour la filière Maroc qui a ses spécificités. En effet, le climat d’Agadir est l’un des meilleurs climats au monde pour l’élevage de plants de qualité. Par contre, toutes les pépinières maraichères sont orientées vers la mécanisation des opérations de semis et remplissage des plaques, tâches répétitives ne nécessitant
Machine Remplissage
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
71
pas une grande technicité. Mais dès qu’on passe à des opérations qui demandent un savoir-faire, la mécanisation n’est pas envisagée. En fait, sept opérations peuvent être automatisées au cours du processus de production de plants de tomate greffés au niveau de la pépinière, il s’agit de : - La désinfection des alvéoles de semis avec plusieurs produits, puis le rinçage à l’eau claire, notamment celles en polystyrène. - Le mélange du substrat de semis : parfois on est amené à utiliser plusieurs types de substrats au niveau de la pépinière ou des substrats avec des compositions différentes. Dans ce sens, la machine assure le mélange pour avoir une bonne homogénéité, - Le remplissage des alvéoles avec le substrat - L’opération du semis - Le greffage : il existe plusieurs prototypes de robot de greffage, mais leur utilisation reste encore très limitée, parce que le rendement reste largement inférieur par rapport à la main d’œuvre qualifiée - L’irrigation : gérée à l’aide des chariots d’irrigation programmables - Contrôle du climat : la gestion des
Mesure de sécurité 72
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
ouvrants, des fenêtres et des écrans thermiques, le déclenchement des pad cooling et la brumisation peuvent être également automatisés.
Mesures de sécurité pour garantir des plants sains
L’aspect sanitaire est l’une des grandes préoccupations de la pépinière maraîchère. Produire des plants sains, nécessite d’importantes précautions de sécurité sanitaire, à savoir des mesures prophylactiques et des contrôles hygiéniques rigoureux. En effet, la structure doit être bien protégée par des filets anti-insectes et bien étanche, assurant une isolation parfaite de l’extérieur de la pépinière. Produire à l’abri de tous les ravageurs, transmetteurs de maladies et de tout risque de contamination virale ou bactérienne, est un souci permanent du pépiniériste. Un programme régulierde désinfection et de traitements phytosanitaires est suivi, en prenant en considération le degré de sensibilité des plants, afin d’éviter tout incident sanitaire qui pourrait compromettre la
Lavage et désinfection des mains
campagne agricole du producteur demandeur des plants. Conscient de ce volet, le service de protection des végétaux effectue des visites inopinées et des contrôles dans les pépinières agréées pour s’assurer de l’état sanitaire des plants produits. Actuellement, des certifications sont mises en place, tel que le GSPP, dont l’objectif est d’assurer le déroulement de la production des plants issus d’une semence, elle-même certifiée GSPP, dans des conditions où l’on minimise le risque de contamination par le Clavibacter (causé par la bactérie Clavibacterium michiganensis), fléau qui menace fortement les cultures de tomates dans la région. La certification GSPP représente le plus haut niveau de sécurité contre les contaminations à Clavibacter. Elle est hautement bénéfique pour l’ensemble de la filière tant pour la pépinière que pour les producteurs et même pour les fournisseurs de graines. Le producteur exige un plant sain et de qualité, mais il est appelé luimême à prendre toutes les précautions nécessaires pour assurer la continuité de ces mesures dans son exploitation. « En plus des contrôles effectués par les services de protection des végétaux, les pépinières procèdent à un autocontrôle permanent aussi bien de la qualité que de l’état sanitaire des plants. Des mesures préventives sont mises en place pour empêcher diverses maladies pouvant affecter la sécurité des plants et ce par la désinfection à tous les niveaux de la pépinière (structures, matériel, personnel, eau, graines…). Ainsi, toutes
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
73
les personnes entrant sur les sites de production suivent des règles prophylactiques strictes et systématiques. Le personnel et les visiteurs passent par un pédiluve et se désinfecte systématiquement les mains. En plus, les visiteurs sont priés de mettre un équipement propre à usage unique (jetable). Les visites sont effectuées lors d’horaires précis et encadrés par du personnel qualifié., Contre les insectes, la protection se fait par l’installation des filets, les contrôles, les relevés, les piégeages… » explique un pépiniériste de la région.
La Traçabilité : outil stratégique d’identification et de sécurisation
Les pépinières les plus sophisti-
74
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
quées travaillent sur tous les aspects permettant de maîtriser la traçabilité des lots de plants en pépinière. Ainsi, des systèmes d’étiquetage spéciaux ont été mis en place permettant de garder l’identité des lots de plants du semis jusqu’à livraison. Des systèmes de codification simples et efficaces renseignent ainsi sur la commande client et toutes exigences spécifiques du producteur (variété, Porte greffe, stade, date de livraison…etc.). Afin de renforcer la traçabilité, faite par codification des lots, une traçabilité physique est mise en place également. L’emplacement de chaque lot est enregistré et suivi grâce à la numérotation des chapelles, la pépinière est ainsi capable de retracer
toutes les opérations, y compris les traitements phytosanitaires, de tout lot de plants durant son cycle de vie. « Nous somme conscient que le risque zéro n’existe mais nous avons confiance dans notre système qui permet d’enregistrer toutes les erreurs possibles afin de les éviter dans l’avenir » explique le responsable d’une grande pépinière de la place. Afin de garantir la conformité des lots de plants par rapport aux commandes clients, un contrôle qualité se fait au niveau de l’ensemble du processus de production pour vérifier la cohésion par rapport aux bonnes pratiques de production. Un dernier contrôle, avant livraison, est effectué permettant de vérifier la conformité des lots en fonction
www.agri-mag.com
des exigences prise en compte à la commande. Ce dernier contrôle est enregistré systématiquement avant pour chaque livraison. Dans un souci de transparence, certaines pépinières se sont volontairement dirigées vers des certifications qui assurent notamment que leurs plants sont conformes aux exigences réglementaires (ISO, GSPP…). La certification ISO 9001-2000 par exemple, est un système d’amélioration de productivité et de conformité qui permet de mesurer les précisions et instaurer la transparence de contrôle de la production à la commercialisation, jusqu’à l’expédition des plants aux maraîchers et fait impliquer dirigeants et simples intervenants le long du processus de production de plant.
Les exigences des producteurs maraichers
Les producteurs maraîchers de la région de Souss-Massa attendent de leurs fournisseurs des plants répondant à un haut degré d’exigence en matière de qualité et un service de haut niveau. Le plant doit être robuste, exempt de maladies avec une bonne capacité de reprise. En termes de délai, les dates de livraison doivent être respectées (à plus ou moins deux ou trois jours), mais elles peuvent varier selon le climat. En effet, le producteur préfère retarder sa livraison pendant les périodes de chergui en attendant que la température baisse ce qui entraine des délais d’élevage trop longs pour le pépiniériste avec des plants qui s’étiolent et perdent en qualité. En règle générale, les producteurs travaillent dans les mêmes conditions et sont compréhensifs. Conscients de l’importance des enjeux liés à l’hygiène et à la sécurité, les pépiniéristes professionnels investissent chaque année dans de nouveaux outils de production pour optimiser la qualité et le service aux clients et leur garantir une sécurité sanitaire maximale et des produits sains. En outre, les pépinières les plus structurées mettent en place une équipe de techniciens qualifiés qui assurent le suivi auprès des producteurs tout au long de leur saison de production afin de pouvoir apporter des conseils et un service personnalisé.
Substrat de pépinière :
C’est un élément clé pour réussir la production de plants. En cultures maraîchères intensives et pour la tomate en particulier, le substrat utilisé est un terreau de tourbe généralement importé de l’Europe extraite des zones appelées « tourbières » et qui correspondent à d’anciens marécages. Ce substrat est pratiquement idéal pour la pépinière. Celui utilisé pour les plateaux alvéolés est composé de 50% de tourbe noire et de 50% de tourbe brune. Il présente en outre des conditions physiques et chimiques très favorables à la germination et à la croissance de la jeune plantule. De toutes les propriétés chimiques et physiques du substrat, on retiendra sa forte teneur en matière organique, sa forte porosité et sa faible teneur en sels solubles. Ces caractéristiques sont suffisantes pour offrir au jeune plant les conditions favorables à la croissance pendant les premières semaines de sa vie. www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
75
Les pépinières maraîchères du Souss
Historique
Jusqu’au lancement du programme de mise à niveau (redressement) du maraichage après l’indépendance, les maraichers produisaient leurs propres plants pour le plein champ de façon traditionnelle. Les semences étaient généralement récupérées sur la production de fin de champ de la culture précédente et semées dans des carrés en bout de parcelle, sans aucune mesure particulière. Sous l’influence des cultures sous abris, de nombreuses techniques ont été introduites et facilement adoptées par les maraichers. Ainsi, les graines étaient semées dans des plateaux remplis de tourbe de semis et une fois les plants arrivés au stade repiquage ils étaient transplantés dans des sachets plastiques perforés remplis de tourbe de repiquage où ils étaient entretenus jusqu’au moment de les planter en pleine terre. La méthode s’était généralisée en raison des nombreux avantages qu’elle apportait (état végétatif et sanitaire,…). Plus tard, et pendant quelques années, l’OCE a mené une opération de préparation des plants dans ses
centres d’expérimentation mais l’opération s’est avérée délicate en raison du non respect par les agriculteurs du calendrier des enlèvements, de la nécessité de moyens logistiques importants, etc. l’OCE avait aussi importé des presse-mottes qui permettaient aux producteurs de réaliser l’opération sans sachets et avec semis directement dans les mottes. Elles permettaient un gain considérable de temps, de tourbe, de main d’œuvre etc. avec des plants qui revenaient moins cher. Aujourd’hui, la plupart des producteurs achètent des plants prêts à la pépinière ce qui leur permet de se consacrer à leurs travaux de préparation des abris serres, d’autant plus que les plants sont greffés chose qu’ils ne peuvent réaliser eux-mêmes. En effet, en horticulture intensive et en culture de tomate en particulier, la pépinière revêt une importance capitale. C’est la première étape qui conditionne la réussite de la culture. L’objectif du semis en pépinière est double : obtenir des plants vigoureux et sains. Le semis de précision s’est imposé à cause du prix élevé
des semences. En effet, et depuis l’apparition des graines des variétés hybrides, aux fruits de longue conservation, donnant des plantes productives et aux génotypes résistants à nombre de maladies et parasites, les semences sont commercialisées à des prix plus élevés. Cette situation a conduit à la professionnalisation du métier de producteur de plants. La région d’Agadir est leader national dans ce domaine. Il faut rappeler également que les pépinières produisent des plants de différentes espèces maraîchères, dont certaines sont produites en pleine période hivernale. C’est le cas du melon et de la pastèque. L’élevage de ces espèces en période froide nécessite des infrastructures de serre et des artifices de chauffage et de climatisation que seul le pépiniériste est en mesure d’assurer. Pour toutes ces considérations, le producteur de tomate a depuis longtemps compris qu’il était gagnant à déléguer la phase de semis et d’élevage de plants à une pépinière maraîchère spécialisée.
Greffage de la tomate :
Aujourd’hui, la grande majorité de la tomate produite dans la région d’Agadir est issue de plants greffés. La technique du greffage est devenue un artifice de production et de protection efficace pour éviter les problèmes phytosanitaires d’origine tellurique notamment les nématodes, qui peuvent être dévastateurs en présence de variétés sensibles, surtout dans les sols légers du Souss-Massa. Dans cette région où la pratique de la monoculture est très répandue, cette technique s’est révélée également efficace contre les problèmes de flétrissement bactérien et de flétrissement fongique (Fusarium, Verticillium, ..). La production de plants greffés est du seul ressort de pépinières spécialisées. C’est une raison supplémentaire pour confier cette tâche à des pépiniéristes reconnus. De plus, le porte-greffe de la tomate est pourvu d’un système racinaire bien développé qui permet d’allonger très sensiblement le cycle de la culture, ce qui améliore considérablement le rendement. La technique la plus utilisée pour la tomate est celle du greffage en tube qui présente l’avantage d’être pratiquée sur des sujets relativement jeunes. Ceci permet de réduire considérablement le temps nécessaire à la soudure et à l’élevage des plantules. 76
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
77
International Nursery Entretien avec Khadija El Mahjoubi, Responsable qualité International Nursery
International Nursery possède une expertise unique au Maroc dans la production de plants maraichers. Depuis 1998, la pépinière progresse, innove et investit pour apporter aux producteurs une qualité, une sécurité et un service qui répondent à leurs attentes. En effet, International Nursery a mis en place des infrastructures uniques au Maroc pour optimiser la qualité et garantir aux clients une sécurité sanitaire maximale. Avec l’appui d’un personnel hautement qualifié et forte de ses 20 années d’expérience, la pépinière garantit à ses clients des conseils pointus et un véritable savoir-faire dans la production de plants francs et greffés. C’est dans cet objectif qu’un service entièrement dédié à la qualité a été créé, constitué de plusieurs départements : agréage, hygiène, traçabilité, surveillance phytosanitaire, etc. Mme Khadija El Mahjoubi, Directrice Qualité International Nursery depuis trois ans, et anciennement responsable de site de production, a bien voulu nous en dire plus sur les nouveautés de cette pépinière qui sert de modèle dans la région.
Agriculture du Maghreb : Parlez-nous de votre métier.
Khadija El Mahjoubi: La production de plants maraîchers est une mission délicate qui impose une attention continue. Mon rôle est de veiller, au quotidien, à maintenir une qualité irréprochable durant l’ensemble du process de produc-
tion des plants en veillant à l’application rigoureuse des procédures sanitaires, au contrôle des points critiques, au suivi des référentiels de nos différentes certifications et normes, à la traçabilité, etc. Dans une vision à plus long-termiste, je m’occupe également de la mise en application de nouvelles certifications, de la recherche et développement.
AdM : Les certifications, est-ce quelque chose d’important pour IN ?
KEM : Depuis sa création, International Nursery a basé sa relation avec ses clients sur la transparence et la confiance. Et pour continuer à conforter cette confiance, nous restons extrêmement vigilants sur la qualité de nos produits et services. Les certifications sont justement une garantie de cette qualité. Pour International Nursery, c’est un moyen efficace de relever le niveau de qualité de sa production, de renforcer sa crédibilité locale et internationale. A travers la certification Bio par exemple, nous avons réussi à nous positionner en tant que leader du marché de plant de poireau motte Bio sur l’Europe. Ceci nous a permis de bénéficier d’une bonne visibilité internationale et donc de développer d’autres produits sur les marchés export.
AdM : Aujourd’hui, quelles sont les orientations que prennent ces certifications ?
KEM : Nous maintenons toujours notre focus principal sur la sécurité sanitaire de nos plants en élargissant encore cette année le nombre de sites certifiés GSPP. Nous sommes en train de finaliser actuellement la construction d’un nouveau site de 8 Ha entièrement organisé autour de ce référentiel. Ce site sera le plus grand et le plus moderne de nos sites de production. Sa conception nous permettra également d’y réaliser tous les essais d’in-
78
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
Maîtres mots : Innovation, Qualité, Transparence
ceci n’est possible qu’à partir du moment où tous les acteurs s’engagent sur cette voie. Aujourd’hui, une partie du matériel végétal vendu au Maroc n’est pas encore disponible en GSPP, il est donc impossible de généraliser. Cependant, les producteurs insistent de plus en plus pour obtenir du matériel certifié et les fournisseurs sont réceptifs. Pour notre part, nous avons pris la décision de généraliser notre production GSPP d’ici deux ans, pour nous engager pleinement sur cette voie de la sécurité sanitaire.
AdM : En quoi consiste exactement le GSPP et à qui AdM : Qu’implique pour s’adresse cette norme ? KEM : Le GSPP (Good Seeds and Plants vous une généralisation Practices) est une norme qui permet de sécuriser les productions de graines et plants des productions GSPP ? de tomate contre les contaminations à Clavibacter Michiganensis. Son référentiel prévoit un certain nombre de pratiques à mettre en place pour la gestion des principales voies de contamination. Il s’agit d’un référentiel assez contraignant qui demande une bonne gestion des flux de personnel et de matériel, ainsi qu’une traçabilité irréprochable. Cette norme s’adresse donc aux producteurs de semences et de plants pour ce qui est de la mise en œuvre, mais son but est surtout de sécuriser les producteurs de tomate qui sont les utilisateurs finaux du matériel végétal. A noter que les producteurs aussi peuvent faire un pas en avant dans leurs structures de production, à l’exemple de certains d’entre eux qui ont une bonne longueur d’avance dans la mise en place de règles d’hygiène très simples. L’ensemble de la filière tomate pourra ainsi capitaliser sur les efforts entrepris par les uns et les autres.
AdM : L’idéal serait alors de tendre vers une généralisation de cette norme. Cela vous parait-il possible ?
KEM : Nous avons agrandi nos capacités de production et construit notre nouveau site autour de la norme GSPP. Toute l’organisation, la gestion des flux, les structures ont été conçues pour répondre aux exigences du cahier des charges. Ainsi nous souhaitons rendre la production GSPP la plus fluide possible.
AdM : D’autres nouveautés sont-elles prévues ?
KEM : En effet ! Entre autres le projet de modernisation de nos structures de greffage qui est le cœur de notre métier. La mise en place d’infrastructures modernes souligne notre souci constant de garantir une qualité maximale des plants dans des conditions sanitaires irréprochables. Et puis, dans un cadre moins formel, un bel anniversaire est en préparation. L’occasion de célébrer avec nos partenaires nos vingt ans d’activité.
Le GSPP c’est quoi ?
Le GSPP (Bonnes pratiques appliquées aux semences et plants), est un système international transparent d’hygiène et de gestion mis en place par les professionnels de la production de semences et de plants de tomate pour prévenir les contaminations par le Clavibacter michiganensis subsp. Michiganensis (Cmm). Cette certification née d’une initiative conjointe entre semenciers et pépiniéristes, est un référentiel de bonnes pratiques qui a été mis en place de façon à contrôler, tout au long du processus de production des graines et des plants, les risques de contaminations afin d’avoir une production la plus indemne possible de Cmm (réduire les risques au maximum). Pour le moment, GSPP reste la meilleure solution pour faire face au Cmm. Sa vision et sa stratégie est d’augmenter le nombre de pépiniéristes et de semenciers ayant le label GSPP, de développer une stratégie de communication à la prévention du Cmm et diffuser des informations sur cette bactérie. Le référentiel GSPP est une approche systématique et continue qui consiste en : un système de gestion de la qualité, des exigences techniques (utilisation eau, désinfection, Sas rouges ou verts pour introduire les matériaux, les vêtements, le personnel et les équipements) et une analyse de risques des menaces définies (par identification et mesure de contrôle de risques relatifs aux 4 menaces (eau, personnel, matériel de multiplication et équipement).
KEM : Il est clair que la filière tomate Maroc serait la première bénéficiaire d’une généralisation de ce référentiel, cependant www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
79
Publi-reportage
novation de technique culturale. Il sera opérationnel dès le mois de Mai 2018. Parallèlement, nous conservons toujours en trame de fond, la certification ISO 9001 que nous avons obtenue en 2009. Cela nous oriente dans notre management continu de la qualité. Nous sommes également en train de finaliser une certification SEDEX pour l’aspect Social et Environnemental qui revêt une importance capitale pour nous et nos clients.
Semences
Création variétale
Ecoute, recherche et expérimentation outils indispensable pour l’efficacité et la réussite Dans le domaine des semences maraîchères, la recherche-développement est une activité fondamentale qui permet aux maisons grainières de proposer des variétés innovantes, apportant satisfaction aussi bien aux producteurs qu’aux consommateurs. Sachant que la durée de création d’une variété potagère varie de 5 à 10 ans selon les espèces, tout le travail de sélection réalisé est nécessairement prospectif. Les semenciers doivent donc anticiper l’évolution de la demande et les tendances du marché. En outre, cette activité de recherche et de création, nécessite un avant (écoute, prospection, connaissance des besoins, …) et un après (expérimentation, essais en station et chez les producteurs, démonstrations, …)
Les semenciers à l’écoute du consommateur
Du fait que leur métier est basé sur le long terme, l’anticipation est une seconde nature chez les semenciers. Ils passent leur temps à réfléchir à ce dont leurs clients auront besoin dans deux, cinq ou dix ans, voire plus. Pour comprendre les attentes des clients et déceler les tendances à venir, tous 80
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
les canaux sont utiles : échanges avec les producteurs, maladies répandues, contraintes hydriques, changements climatiques, … En effet, pour pouvoir répondre aux attentes des marchés, il faut avoir une description exacte du produit idéal et bien connaître les filières. En amont de la filière, les maisons grainières sont à l’écoute des besoins
exprimés par les maraîchers, les jardiniers, les industriels de la transformation des légumes et les consommateurs. Ils analysent également les tendances sociétales, économiques et environnementales afin de créer des variétés de qualité répondant aux évolutions de ces tendances. Les maisons grainières doivent prendre en compte les souhaits des www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
81
Création variétale
Serres Expérimentales de Yuksel Seeds en Turquie producteurs ou des pépiniéristes, mais aussi ceux des distributeurs, des transformateurs et des consommateurs. Pour cela, beaucoup d’entre elles ont organisé leurs directions par marché afin d’harmoniser au mieux les souhaits de chacun. La réflexion anticipative est le résultat d’une collaboration entre les différents services de l’entreprise. La recherche travaille en effet à partir d’un cahier des charges élaboré avec les services marketing/commerciaux, qui sont en lien direct avec les producteurs et donc à leur écoute. Les centres de recherche en agronomie et autres professionnels de la filière sont également des partenaires à ne pas négliger. « Une bonne idée ne suffit pas à faire le succès d’une variété. Les échanges dans l’entreprise et avec les professionnels de la filière sont nécessaires à la réussite», explique un chercheur. Actuellement, les enjeux au niveau mondial ne se limitent pas aux avantages agronomiques d’une variété (rendement, précocité, régularité…). Le plus difficile est d’étudier le consommateur afin d’anticiper les tendances des marchés et pouvoir apporter les réponses appropriées au meilleur moment. La recherche variétale, commence effectivement par une analyse de l’évolution des goûts et du comportement d’achat des consommateurs qui réclament sans cesse innovation, plaisir et service. « Ces dernières années, les exigences ont évolué vers plus de praticité, de santé et de sécurité d’où de nouvelle opportunité de plus-value. Ainsi, une 82
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
nouvelle forme ou couleur de tomate peut être à l’origine d’un succès commercial » explique un semencier. En fait, si le travail du semencier passe par une bonne connaissance des milieux de production, il impose également une bonne connaissance des milieux de la distribution, point stratégique du commerce des fruits et légumes. Les quantités considérables de produits frais vendus par la grande distribution dans le monde jouent un rôle important dans l’orientation de la recherche variétale, avec une bonne capacité d’anticipation. Soulignons l’importance du travail réalisé sur le terrain par les équipes commerciales en relation directe avec les producteurs et donc à leur écoute. C’est la bonne interpréta-
tion des informations recueillies sur le terrain, qui va permettre l’établissement d’un cahier des charges qui orientera ensuite le travail du sélectionneur pour la réussite d’une nouvelle variété. Le semencier doit également tenir compte des évolutions des marchés de consommation, en prenant en considération le fort paradoxe observé chez beaucoup de consommateurs puisque leur demande n’est pas forcément représentative des achats réels constatés sur le marché. Par exemple, les consommateurs demandent actuellement des tomates goûteuses qui se conservent longtemps. La difficulté principale, c’est de nourrir 7 milliards d’humains, dont 60% vivent dans les villes. Les semenciers doivent ainsi prendre en compte la durée de conservation des produits destinés aux marchés urbains en expansion. Ce faisant, il faut gérer les contraintes liées à la longue conservation. Or, ce qui se gagne en conservation, est perdu fatalement en goût. C’est un équilibre à trouver tout en sachant qu’il existe un écart entre les souhaits et la réalité. Un autre exemple est que le consommateur demande zéro défaut sanitaire tout en voulant plus de diversité alors qu’il faut une production uniformisée toute l’année.
L’utilisation des intrants en question
Quant aux changements climatiques et demandes de restriction d’utilisation de pesticides par exemple, certains semenciers dans leurs centres d’expérimentation n’utilisent plus de produits phytosanitaires pour savoir comment se comportent leurs futures variétés en lutte intégrée, voire bio. Ils ont ainsi décidé d’adap-
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
83
Création variétale ter leurs méthodes d’aujourd’hui aux contraintes de demain (développement durable) et se mettre au plus près des conditions d’un agriculteur qui devra de plus en plus assurer la pérennité de son exploitation et des méthodes de culture. Les producteurs utilisent de moins
en moins de produits de protection des cultures pour devancer les attentes du consommateur. Il faut donc développer une offre variétale aux tolérances naturelles permettant de résister jusqu’à la récolte finale sans traitement. Cependant, les semenciers proposent une variété qui a des potentialités, mais ils ne peuvent pas forcément garantir un résultat du fait de multiples facteurs extérieurs (climat, sol, conduite...). Par ailleurs, du fait de leur présence dans plusieurs pays où la ressource en eau est fondamentale et limitée comme le Maroc, certains semenciers ont décidé de s’attaquer à la gestion de l’augmentation de la salinité des eaux, plutôt que le manque d’eau, l’irrigation des cultures potagères s’effectuant majoritairement au goutte-à-goutte. Une salinité élevée de l’eau a un impact sur la conduite des cultures. A noter que pour lancer sur le marché une nouvelle variété, il faut être sûr d’avoir des produits homogènes pour les caractères recherchés. Pour cela il faut presque dix ans pour passer d’une idée à sa réalisation variétale. Aujourd’hui, le secteur des semences contribue à la conservation du patrimoine des végétaux et l’enrichit même en créant de nouvelles variétés plus adaptées aux besoins des agriculteurs et des consommateurs. La diversité variétale proposée aux agriculteurs s’enrichit, se diversifie et se renouvelle chaque année. En effet, les semenciers sélectionnent et créent des variétés pour répondre à des besoins précis. Cette sélection permet ainsi de créer des variétés mieux adaptées à des milieux ou à des climats particuliers (froid, chaleur, sécheresse…) pour gagner de nouvelles zones de culture, des variétés plus productives pour augmenter les rendements et plus résistantes aux maladies et aux parasites pour limiter l’utilisation de produits phytosanitaires, et plus économes en engrais ou en eau. L’inscription au catalogue officiel est une étape obligatoire avant la commercialisation d’une nouvelle variété.
Création variétale, un travail de longue haleine
La création variétale qui est sans doute la partie la plus délicate de l’activité semencière, est une longue suite d’opérations de sélection extrêmement rigoureuses et qui ne laisse absolument aucune place au hasard. Sur plus d’un millier d’hybrides pré84
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
sents au départ d’une sélection, seuls 1 ou 2 parviendront sur le marché. La création d’une nouvelle variété passe par plusieurs étapes qui sont autant de cribles pour sélectionner des caractères d’intérêt : rendement, résistance aux maladies/pathogènes, adaptation culturale et climatique, aspect, goût, etc. - La recherche sélectionne le matériel génétique d’intérêt. Différentes sources sont envisageables, parmi lesquelles les espèces cultivées localement (ou sauvages), les variétés anciennes et les variétés obtenues par d’autres semenciers. Les différents croisements réalisés aboutissent à des populations végétales présentant des caractères qui intéressent les sélectionneurs. - L’expérimentation est centrée sur la fabrication de lignées où les caractères recherchés sont stabilisés. Cela nécessite des milieux de culture confinés (serres hermétiques et bien protégées), afin d’éviter toute contamination et toute dispersion de pollen. A la fin de cette étape, les lignées stables présentent les caractères d’intérêt. En fait, la vraie originalité d’une variété provient du brassage génétique. Tout le travail réalisé dans les deux étapes précédentes est donc essentiel dans une optique d’innovation. Concrètement, cela passe par des pollinisations ciblées entre différentes plantes, en milieu contrôlé. - Les réseaux d’essai permettent de tester en conditions réelles les hybrides obtenus précédemment. Le crible réalisé sur des critères de sélection variés, peut faire passer de 200 hybrides intéressants à 3 seulement. Au final, seul un ou deux hybrides seront commercialisés. Lors des expérimentations en station ou en réseau d’expérimentation, de nombreuses informations sont relevées sur la plante, les fruits, les racines, etc. C’est le traitement de cette information (notations, statistiques) qui permet d’avoir une vision fiable du produit obtenu après sélection. A noter que différents laboratoires (biologie cellulaire, génétique) interviennent au niveau des phases de recherche et d’expérimentation, pour vérifier que le matériel végétal possède bien les caractères d’intérêt. L’efficacité de ces laboratoires repose essentiellement sur le professionnalisme des équipes de chercheurs et de techniciens, comme sur des infrastructures à la pointe de la technologie. « En considérant tout le travail, le temps et le coût que cela implique, la création d’une nouvelle www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
85
Création variétale variété est un énorme pari sur l’avenir qui autorise peu d’erreur » explique un semencier. La résistance des lignées produites est testée grâce à une banque de pathogènes (virus, champignons, bactéries). Cette opération nécessite des chambres de culture confinées et un savoir-faire important des personnels investis dans cette tâche.
Rôles des stations expérimentales
En fonction des difficultés de production, beaucoup de semenciers ont installé des stations d’essais dans les principales régions de production du monde. Au-delà des tests variétaux, il s’agit de comprendre l’influence de la diversité des sols et des climats sur les cultures, et d’observer leur comportement sous serre et en plein champ. Les modes de fonctionnement sont différents selon les semenciers, mais toutes les stations travaillent pour les mêmes résultats. La variété y reste en essai pendant deux ans avant de passer au stade commercial. C’est au niveau de ces stations que le comportement normal des variétés est observé conduisant à l’élaboration d’une fiche technique pour chaque variété identifiée. Les variétés sont conduites dans les mêmes conditions que chez les producteurs d’une région donnée, mais de façon mesurée. Le contrôle des variétés est effectué en mesurant réellement le degré de résistance prévu par le breedeur, le nombre de jours de précocité, les aspects relatifs à la qualité et à la valeur ajoutée, etc. « Les stations expérimentales nous permettent d’avoir une bonne connaissance de la variété avant de la lancer sur le marché et d’éviter les
86
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
problèmes liés à la phase cachée des produits», explique un semencier. A noter que les stations expérimentales servent également de vitrine des variétés lors des visites des clients ou de journées portes ouvertes.
Les essais chez les producteurs
L’étape des essais représente une composante clé au cœur du processus de développement variétal. Les efforts réalisés lors des essais, quel que soit le marché en question, dépendent de la collaboration des producteurs dans toutes les régions concernées par ces marchés. Des essais multiples sont réalisés dans les différentes régions sur des parcelles mises à disposition par les producteurs partenaires. Ces essais sont mis en place par les obtenteurs ainsi que les distributeurs de semences. Des essais indépendants neutres sont réalisés par des partis tiers. Les données collectées grâce à l’évaluation de ces essais servent à faire progresser les variétés à travers les différentes étapes du processus (performance en conditions de culture, composition chimique, résistance aux maladies et utilisation finale projetée). Des essais sont alors réalisés de manière plus étendue en termes d’échelle et de surface quand les variétés continuent à progresser vers les étapes finales avant la commercialisation. Les clients sont invités à observer ces essais et contri-
buent par leur apport concernant le potentiel des variétés. Pendant cette période qui précède la distribution commerciale, l’information doit remonter jusqu’au responsable de la production chez les semenciers pour garantir que les quantités appropriées de semences souches seront disponibles pour la production des semences hybrides. Les décisions de commercialisation d’une variété sont finalisées par les producteurs de semences, une fois que les avis de tous les opérateurs concernés ont été pris en compte (distributeurs de semences, transformateurs, producteurs, intervenants du secteur des ventes). A noter que nombre de semenciers accompagnent le lancement de nouvelles variétés par des tests consommateurs et des présentations aux champs pour les producteurs. Les résultats de ces panels tests sont d’importantes sources d’informations pour leurs activités. Des tests organoleptiques, sont réalisés de manière systématique pour les melons et certains types de tomates et de manière plus ciblée pour d’autres espèces ou créneaux. Tout dépend de l’attente des différents clients.
www.agri-mag.com
MADIBA F1
Culture de tomate grappe et vrac
e c n a lér C o t La u TYL ut a to a n u est Cycle long 90-125 g Récolte en grappe ou en vrac Calibre 57-67 mm. Plante vigoureuse,entrenoeuds intermédiaires
Bouquets très uniformes et longs Pendant tout le cycle, pas de cracking Résistances : HR: ToMV/Vd/Va/Fol: 1,2 Ir: TYLCV
Azor
La nouvelle génération des porte-greffes Tomate Choix intelligent pour les sols affaiblis
Renforce la capacité de défence Flexible dans tous types de conduite
Agrin Maroc Agence Ait Melloul : www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
87
Tomate
Apports de la génétique aux résistances Pour lutter contre les maladies et ravageurs les agriculteurs ont de multiples moyens d’intervention, avec des avantages et des inconvénients pour chacun d’eux. Dans la pratique les professionnels conseillent de combiner plusieurs méthodes de lutte afin de profiter au maximum des avantages et éviter autant que faire se peut, les inconvénients. Parmi ces moyens de lutte, la résistance variétale reste le moyen le plus efficace quand elle existe et permet d’éviter le recours aux pesticides. Mais, qu’est ce qu’on doit savoir sur les résistances, leur obtention, stabilité, évolution, etc. Quelques éléments de réponses.
Nature, niveau d’efficacité et durabilité des résistances
La résistance est une caractéristique héritable qui diminue les effets du parasitisme. Son efficacité dépend de la combinaison de deux facteurs : - le niveau d’expression de la résistance ; - la durabilité, ou stabilité de la résistance dans le temps. Ces deux facteurs possèdent chacun un déterminisme particulier.
Déterminisme du niveau de la résistance :
Résistance et sensibilité sont les deux extrêmes d’un ensemble de réactions de la plante hôte. Selon le mécanisme impliqué, le niveau de la résistance apparaîtra plus ou moins
88
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
élevé, d’où la distinction entre résistance absolue et résistance partielle. - La résistance absolue, appelée aussi « verticale », est due à un phénomène d’immunité ou à un mécanisme d’hypersensibilité. Dans le cas d’immunité, la plante est totalement indemne de parasitisme. Cette résistance peut résulter d’une absence de fixation de l’agent pathogène sur l’hôte ou, dans le cas des virus, de l’absence chez l’hôte d’un élément ou d’une fonction essentielle à la réplication virale. La résistance à Mycovellosiella fulva, conférée par le gène « Cf-2 », est un bel exemple d’immunité ; elle est maintenant surmontée par la race 2 présente dans de nombreuses régions. Le terme d’« immunité » est souvent utilisé improprement pour dénommer une résistance qui se manifeste en absence de symptômes visibles, mais qui n’exclut pas la pénétration du bioagresseur. Lorsqu’intervient
un mécanisme d’hypersensibilité, le processus d’infection demeure localisé et inactivé par la mort des tissus infectés. À température élevée, le mécanisme est plus lent et des symptômes peuvent apparaître. Deux exemples sont fournis par le gène « Tm-2² » de résistance aux Tomato mosaic virus (ToMV) et au Tobacco mosaic virus (TMV) et par le gène « Mi » conférant la résistance aux Meloidogyne spp. - La résistance partielle, appelée aussi « horizontale », est caractérisée par la diminution du nombre de points de fixation des agents pathogènes sur l’hôte, le ralentissement de leur croissance et de leur développement dans les tissus et la diminution du nombre d’unités infectieuses émises. La résistance partielle à Phytophthora infestans, contrôlée par le gène « Ph-2 », illustre cette situation. Il résulte globalement de ces phénomènes une progression plus lente de la maladie sur la plante et de l’épidémie dans la culture. Une résistance partielle soutenue par de bonnes pratiques culturales et une protection phytosanitaire raisonnée peut éviter le développement d’une épidémie. Mais la notion de résistance partielle ne doit pas être confondue avec la tolérance qui est une notion agronomique. Cette dernière caractérise le comportement d’une plante dans laquelle le parasite vit et se reproduit, comme dans une plante sensible présentant des symptômes typiques de maladie, mais dont le rendement n’est pas affecté. Cependant, il est fréquent de parler de « variétés tolérantes » en virologie pour caractériser des plantes qui permettent une multiplication active d’un virus sans extérioriser de symptômes typiques de la maladie, www.agri-mag.com
Tomate 74-342 RZ
New
La qualité au rendez-vous tout au long du cycle ! Variété de calibre 2, avec résistance élevée au TYLC.
74-340 RZ Deux en un !
Ne w
Tomate à fort potentiel de production avec une bonne répartition entre les calibres 2 et 3.
Porte-greffes Embajador RZ
New
Plus de protection et de production !
Porte-greffe puissant, à fort potentiel de rendement, et une meilleure résistance aux nématodes.
Emperador
la référence pour la fiabilité et la qualité ! Porte-greffe adapté à tout terrain
avec une meilleure résistance au froid. Pour plus d’informations ou besoin de graines pour essais, Merci de contacter : Adnane BAHTAIN : 0661 383559 / a.bahtain@rijkzwaan.ma Samir ELOIFI : 0661 059392 / s.oifi@rijkzwaan.ma El Mehdi NASSIMI : 0661 286595 /m.nassimi@rijkzwaan.ma
www.agri-mag.com
Rijk Zwaan Maroc S.A.R.L : 620, Immeuble Idder Avenue Hassan II 80000 Agadir / Maroc Tél.: +212 528 845 153 I +212 528 884 473 Agriculture du Maghreb Fax : +212 528 844 605 89 N° 111 - Avril 2018 contact@rijkzwaan.ma I www. rijkzwaan.com
Résistance variétale
et dont le rendement n’est pas affecté.
Déterminisme de la stabilité de la résistance dans le temps :
La stabilité des résistances de haut niveau peut être extrêmement variable selon les gènes les contrôlant. Ce n’est qu’après de nombreuses années d’utilisation que l’on peut évaluer avec fiabilité la durée d’une résistance ou l’importance pratique de l’adaptation d’un agent pathogène à une résistance donnée. La rapidité d’apparition de nouveaux pathotypes est extrêmement grande chez certains agents pathogènes comme Mycovellosiella fulva. À l’opposé, après de nombreuses années d’utilisation dans des conditions environnementales très variées, certaines résistances n’ont jamais été surmontées comme celle aux Stemphylium spp. D’autre part, il existe de nombreux exemples de résistances qui, bien que surmontées, continuent de présenter un intérêt pratique non négligeable dans certains contextes culturaux.
Situation des résistances disponibles
Une quinzaine d’agents pathogènes sont maintenant contrôlables par des résistances génétiques chez la tomate. L’efficacité de ces résistances est très variable, que ce soit pour leur niveau d’expression ou leur stabilité dans le temps face à l’évolution de la virulence des agents pathogènes. Les variétés sélectionnées pour leur résistance aux bioagresseurs sont surtout destinées aux cultures abritées, plus fréquemment et sévèrement parasitées. Leur potentiel de production étant très important, le prix élevé des semences résultant de coûteux programmes de sélection est facilement accepté. Certaines résistances mises en évidence depuis longtemps ne sont présentes que dans de rares variétés. Dans le cas de Pyrenochaeta lycopersici, la raison est complexe ; cette résistance est partielle et d’hérédité monogénique récessive, et le géne « pyl » qui la contrôle doit être présent dans les deux parents des hybrides F1. De plus, la pratique du greffage sur porte-greffes multirésistants possédant notamment un haut niveau de résistance à P. lycopersici diminue l’intérêt de la sélection d’hybrides F1 résistants à ce champignon tellurique. La résistance partielle à Phytophthora infestans, difficile à mettre en évidence par des tests précoces de sélection, n’a intéressé que peu de sélectionneurs. De plus, elle concerne une maladie aérienne pour laquelle de nombreux fongicides efficaces sont disponibles sur le marché. Les autres résistances, d’utilisation limitée, intéressent surtout les zones de production particulières (par exemple tropicales humides pour Ralstonia solanacearum) ou font l’objet de programmes relativement récents. La disponibilité de résistances monogéniques dominantes permet de cumuler dans les hybrides F1 un nombre croissant de résistances : les hybrides destinés aux cultures abritées 90
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
offrent généralement 4 à 5 résistances, certains en cumulent jusqu’à 7. Pour les cultures de plein champ, les variétés fixées possèdent 2 à 4 résistances. De plus en plus d’hybrides F1 de ces différents types de production disposent de ces résistances et contribuent à la protection durable de la tomate. Les porte-greffes disponibles ne sont pas très nombreux et peuvent être séparés en 2 groupes : - les hybrides F1 dans le type tomate cultivée avec plusieurs résistances aux maladies telluriques dont une résistance partielle à Pyrenochaeta lycopersici ; - les hybrides F1 interspécifiques entre la tomate cultivée et Lycopersicon hirsutum. Ces hybrides ont un système racinaire puissant supportant des températures plus basses que la tomate cultivée. Lycopersicon hirsutum, originaire des hauteurs andines, offre aussi un haut niveau de résistance dominante à Pyrenochaeta lycopersici.
Espoirs de nouvelles résistances à court terme
Devant l’efficacité et l’absence de nuisance pour l’environnement de la lutte génétique, d’importants programmes de sélection ont été et sont conduits dans le monde. Ils devraient permettre de contrôler un nombre croissant de bioagresseurs. Les techniques de biologie moléculaire utilisées pour marquer les gènes intéressant les sélectionneurs permettent la sélection de résistances difficiles à mettre en évidence par des biotests précoces. Elles facilitent ainsi la sélection de résistances partielles, oligogéniques ou polygéniques et le cumul d’un plus grand nombre de gènes de résistance. De sérieux espoirs de résistance sont envisageables pour pratiquement tous les types de micro-organismes phytopathogènes. Ils concernent pour plusieurs d’entre eux, le contrôle de certaines races adaptées aux résistances actuellement disponibles dans des variétés cultivées. À titre d’exemple, les micro-organismes susceptibles d’être contrôlés par des résistances issues des espèces sauvages de Solanum (ex Lycopersicon) sont présentés ci-après : - Pour le Tomato yellow leaf curl virus (TYLCV), la sélection tend à augmenter le niveau de résistance des hybrides en cumulant des gènes issus de différentes espèces sauvages. Des programmes de sélection sont également conduits pour contrôler les autres Begomovirus, dont la diversité est importante. - Le gène « Mi », utilisé depuis longtemps dans différents contextes culturaux pour combattre les nématodes à galles appartenant au genre Meloidogyne, est surmonté dans de nombreuses régions. Deux autres gènes issus de S. peruvianum (ex L. peruvianum) ont été introduits dans des lignées de tomate. Le gène « Mi-2 » contrôle les souches surmontant « Mi » mais s’avère, comme ce dernier, inefficace à température élevée. En
Station d’expérimentation des résistances des nouvelles variétés dewww.agri-mag.com tomates
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
91
Résistance variétale
revanche, « Mi-3 » permet de maîtriser les souches adaptées à « Mi » et se montre stable à haute température. Les sélectionneurs s’intéressent à ce gène, notamment pour les cultures de la tomate en zones chaudes et sols sableux, dans lesquels la température s’élève davantage au niveau des racines. - Un nouveau pathotype de Fusarium oxysporum f. sp. lycopersici qui surmonte les gènes « I » et « I-2 » est maintenant présent dans différentes régions. Cette nouvelle race, désignée généralement « race 3 », est contrôlée par le gène dominant
« I-3 » issu de S. pennellii (ex L. pennellii). Il a été introduit dans des lignées de tomate ; des hybrides F1 commerciaux résistants aux 3 races sont actuellement disponibles. - Le gène « Ph-1 » de résistance à Phytophthora infestans a été surmonté avant même d’avoir été utilisé en sélection, et le gène « Ph-2 », incomplètement dominant et contrôlant une résistance partielle, a connu les mêmes déboires. Les sélectionneurs ont alors recherché une résistance plus efficace. Les espoirs portent maintenant sur le gène « Ph-3 » issu de S. pimpinellifo-
lium (ex L. pimpinellifolium). - En ce qui concerne Oidium neolycopersici, les sélectionneurs visent à cumuler les gènes de résistance issus d’espèces sauvages afin d’assurer un haut niveau de résistance à différentes races récemment mises en évidence. - Des sources de résistance à Clavibacter michiganensis subsp. michiganensis sont connues depuis longtemps. Il s’agit de résistances partielles, avec des niveaux d’expression très influencés par les conditions de milieu. Issues d’espèces sauvages, elles sont à la base de programmes de sélection conduits dans le monde entier, dont les types variétaux destinés à la transformation industrielle semblent les plus avancés. - De nombreux travaux font état de résistances partielles à Alternaria tomatophila, provenant de diverses espèces sauvages dont S. habrochaites (ex L. hirsutum) et présentes dans différentes variétés commerciales. Cette résistance ne doit cependant pas être confondue avec celle efficace contre A. alternata f. sp. lycopersici qui est contrôlée par le gène dominant « Asc ». Cette résistance, présente chez la quasi-totalité
IMIDAGOLD La puissance d’un insecticide
• Insecticide systémique • 200 g/l Imidaclopride • Efficacité prouvée sur :
La mineuse des agrumes La mouche blanche de la tomate Les pucerons du pommier. Un produit UPL Limited Distribué exclusivement par : Cali Maroc 82 rue Loudaya la Villette - Casablanca - Tel.0522623715 / Fax : 0522623904 Email : cali@calimaroc.com 92
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
des variétés cultivées anciennes et modernes, est référencée « résistance à l’Alternaria » dans certains catalogues semenciers. Cette indication prête à confusion: il ne s’agit en aucun cas d’une résistance à l’alternariose du feuillage provoquée par A. tomatophila. - Différentes sources de résistance aux Xanthomonas spp. ont été mises en évidence. Les travaux de sélection visent à cumuler les résistances aux différentes races et à en obtenir une s’exprimant tant pour le feuillage que pour les fruits. Une résistance provenant de S. pimpinellifolium est particulièrement travaillée. - En ce qui concerne le Potato virus Y (PVY), les travaux portent essentiellement sur la résistance issue de S. habrochaites contrôlée par deux gènes : « pot-1 », récessif, et « Pot-2 », dominant. Cette résistance est efficace tant à l’égard des souches provoquant une mosaïque que des souches nécrotiques. - Un gène dominant, stable à haute température et permettant de contrôler l’Alfalfa mosaic virus (AMV), a été mis en évidence dans une origine de S. habrochaites. Ce gène, dénommé « Am », intéresse les sélec-
www.agri-mag.com
tionneurs des pays méditerranéens où l’AMV est parfois grave. Les programmes de sélection, aidés par le marquage moléculaire, cherchent maintenant à cumuler ces nouvelles résistances avec celles déjà disponibles et ayant fait leurs preuves dans le matériel commercialisé. À plus long terme, des résistances à d’autres bioagresseurs seront introduites dans les programmes de sélection. Des espoirs existent par exemple pour contrôler : Botrytis cinerea, Pseudomonas syringaepv. tomato (race surmontant
le gène « Pto »), le Pepino mosaic virus (PepMV), Verticillium albo-atrum, race surmontant le gène « Ve », Phytophthora nicotianae et Colletotrichum coccodes. Des recherches sont également conduites pour contrôler génétiquement différents insectes, mais il est trop tôt pour en pronostiquer les résultats pratiques. Source : INRA France Auteur : H. Laterrot (INRA)
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
93
Tomate
Plus de superficies et de diversification La production de tomate dans la région du Souss a concerné cette année une surface totale de 7.500 Ha, soit 14% de plus par rapport à la précédente campagne. Cette augmentation de superficie d’environ 1.000 Ha résulte principalement des investissements réalisés dans la région par de nouveaux producteurs marocains et étrangers. En plus de la hausse de la surface, on constate que la production évolue essentiellement du point de vue de la diversification. Ceci a été rendu possible par la diversité de l’offre des maisons grainières dans les différents segments. La tomate est riche en diversité de formes, de tailles et de couleurs. Attrayante pour le consommateur, cette diversité peut aussi être valorisante pour le producteur. Après la «tomate ronde uniform color » des années 1980, puis l’arrivée de la tomate grappe dans les années 1990, il existe désormais différents types de tomates, variables par leur taille, leur forme et leur couleur et qui font tous valoir leur typicité. Cette évolution qui témoigne de la dynamique du marché du premier légume consommé au monde, trouve sa source dans la biodiversité de la tomate, remarquable par la largeur de gamme. Les critères commerciaux sont généralement les plus déterminants pour la production de la tomate et les préférences des clients sont toujours prises en compte pour le choix des variétés mises en culture. En effet, l’achat des tomates se détermine avant tout sur la base des critères visuels et de fraîcheur, mais le prix ou le parfum sont égale-
94
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
ment pris en considération par certaines catégories de consommateurs. C’est la couleur qui conditionne sans doute et en premier, l’attractivité du consommateur vis-à-vis de telle ou telle variété. Pour la majorité des consommateurs, le rouge-vif est la couleur synonyme de la pleine maturité. Néanmoins, les nuances de couleurs ont fait leur apparition ces dernières années.
Choix variétal des producteurs
Cette campagne, la répartition par type de tomate a été comme suit : - Tomate ronde résistante au Tylc : 2.760 Ha, dominés par Pristyla de Gautier Semences (32%) et Zaida de Rijk Zwaan (29%) - Tomate ronde normale : 1.770 ha dominés par les variétés Calvi et Brenda de Gautier Semences, - Tomate grappe et calibre 3 : 722 Ha dominés par la variété Pitenza d’Enza Zaden (53%) qui détient la plus grande
part de marché, suivie de Madiba deTakii Seeds (Agrin Maroc) avec 16% et Délicia de Rijk Zwaan avec 12%, - Tomate cocktail : 660 Ha, dominés par Génio de Clause (52%) et Shiren de Hitech Seeds (35%) - Type plum (olivette) : 923 Ha, dominés par Angelle de Syngenta avec 54%, suivie de Ornella de Hitech Seeds (13%), Vittorino d’Enza Zaden (10%), Mistral plum de Sakata Seeds (6%) - Tomate cerise : 333 Ha dominée par Nancy de Rijk Zwaan 46%, Sara de Semapro 28% - Type roma : 15 Ha, dominé par les variétés Papale, Paipai et Naram d’Enza Zaden - Autres spécialités cultivées pour le goût : 77 Ha, tomate cerise tigrée, tomate beef, tomate type allongé. Il s’agit de produits destinés à des marchés de niche. Quelques groupes exportateurs exigent actuellement des variétés en exclusivité pour préserver des marchés de niche qui commencent à prendre de l’ampleur.
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
95
n’existe pas de porte-greffe idéal, mais il y en a un pour chaque situation. Les essais ont montré qu’à chaque variété de tomate correspond un porte-greffe bien déterminé.
Les porte-greffes
Cette année, les porte-greffes sont dominés par Superpro de Vilmorin (35%), Maxifort de DeRuiter Seeds avec (16%), Emperador de Rijk Zwaan (12%), Arazi de Syngenta (10%) et Beaufort de DeRuiter Seeds (9%). Mais beaucoup de nouveautés prometteuses ont fait leur apparition sur le marché ces deux dernières campagne, notamment : Gladiator de Sakata Seeds, Enpower de Nunhems, Embajador de Rijk Zwaan, Rootpremium de Hitech Seeds, Fusapro de Vilmorin Atlas et Balancefort de Seminis. A noter que le choix du porte-greffe est dicté par le contexte de chaque exploitation. En effet, pour le producteur, il
96
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
Répondre aux attentes des producteurs
Au Maroc, une tendance générale est observée qui est l’orientation des producteurs vers des variétés à haut potentiel de production net export avec des résistances supplémentaires (TYLCV, Cladosporiose, …) et présentant moins de défauts de coloration et de fruits creux. Ces derniers demeurent les principales causes des écarts au niveau des stations de conditionnements. Par ailleurs, les attentes des producteurs sont différentes selon les marchés auxquels ils destinent leur production. Pour les marchés lointains (Europe du nord, Moyen orient et
Russie), s’ajoutent le critère de conservation suffisante avec des fruits qui craquent moins et résistent plus au transport, ainsi que la coloration rouge intense. Un changement a été observé ces dernières années dans les habitudes alimentaires des clients russes qui s’orientent de plus en plus vers des tomates à petits calibres (calibre 3 et 4) qui tiennent mieux pour les longs trajets que le calibre 2. La qualité gustative est une forte orientation prise par les maisons grainières sur des segments comme les tomates cerise et olivette. Pour les importateurs surtout sur le marché anglais et le marché russe, le critère du goût commence à prendre de plus en plus d’importance. A noter que le secret d’une tomate gouteuse réside dans le choix variétal, mais il existe des pratiques culturales capables d’améliorer le goût de la tomate notamment une bonne maîtrise de la fertigation ainsi que le choix des zones de production.
www.agri-mag.com
Entretien
Afin de comprendre comment les semenciers font pour répondre aux nouvelles exigences des producteurs-exportateurs marocains de tomate, nous avons rencontré Monsieur M. Bruno OLLIVIER, Directeur de Vilmorin Atlas :
ADM : Quelles sont les nouvelles exigences des producteursexportateurs marocains de tomate ?
Bruno Ollivier : En tant que fournisseur nous devons avant tout garantir une semence saine, indemne de Clavibacter et Pépino. Pour répondre aux contraintes de production, les variétés de tomates et portegreffes doivent apporter un rendement élevé en qualité export durant tout le cycle, grâce à une bonne longévité des plantes et une bonne nouaison. Et pour satisfaire aux exigences des marchés (distributeurs et consommateurs), le bon niveau de conservation (long shelf life) est indispensable pour fournir des pays lointains comme la Russie, qui augmente ses approvisionnements en provenance du Maroc. Mais cela ne suffit plus. Il faut aussi avoir un fruit qui a une belle couleur et un bon goût, car le
www.agri-mag.com
consommateur final est de plus en plus exigeant, et c’est tout à fait normal.
Quelles sont les maladies qui posent encore problème et pour lesquelles la recherche de résistances variétales peut constituer une solution ?
Vilmorin-Mikado investit 16% de son chiffre d’affaires dans la recherche. Pour la tomate, les efforts portent sur les virus ToCV, Pep MV, TSWV et le champignon Cladosporium.
Une vraie résistance aux nématodes est-elle envisageable à court ou moyen termes ?
Oui, nous pensons que la résistance génétique aux nématodes des porte-greffes solanacées pour la production de tomates sousabri est envisageable à moyen terme. La recherche Vilmorin-Mikado en fait une priorité d’action car c’est un enjeu de maintien de la production dans la région d’Agadir.
Quelles sont les nouveautés de Vilmorin en tomate et porte-greffes ?
En 2018, nous observons les très bons résultats des premiers hectares de production de la tomate ronde Islane et du porte-greffe Fusapro.
Quels sont les avantages qu’ils procurent par rapport à ce qui existe déjà sur le marché ? Fusapro est un porte-greffe de vigueur intermédiaire qui apporte une résistance supplémentaire HR au Fusarium race 3, tout en améliorant encore le rendement. La tomate Islane est très homogène en forme de fruit et calibre, avec très peu d’écarts, ce qui assure au producteur un excellent rendement export. Elle satisfait également les acheteurs grâce à sa conservation et sa très belle couleur.
Pour les nouvelles variétés assurezvous un accompagnement des producteurs pour la maîtrise de cette conduite ? L’accompagnement débute dans notre vitrine où nous invitons les producteurs à découvrir nos variétés et même à contribuer au choix des nouveautés. Ensuite, dès que nos variétés sont mises en culture, l’équipe technico-commerciale de Vilmorin Atlas visite les producteurs et apporte des conseils de culture afin d’adapter la conduite des plantes au matériel génétique dans la limite de leurs connaissances et expériences.
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
97
La myrtille du Souss Pour une bonne maitrise de l’itinéraire technique Différentes espèces de Myrtille, dont le nom scientifique est Vaccinium, peuvent être trouvées à l’état sauvage dans la nature en Amérique, Europe, Asie et en Afrique. Traditionnellement, la myrtille est cultivée de manière commerciale en Amérique du Nord et progressivement dans l’hémisphère Sud en Australie, Argentine et Chili. Pour répondre à une demande en constante augmentation, de nouveaux pays émergents produisent désormais ces fruits. Parmi ces pays, le Maroc qui se démarque grâce à sa période de récolte : il produit et exporte à une période où il n’existe que très peu de disponibilité dans le monde.
D
urant les deux dernières années, il y a eu une tendance vers la culture de myrtille dans la région du Souss Massa, notamment en raison des nombreux problèmes liés aux marchés que connaissent les producteurs de tomates. Par ailleurs, en termes de bénéfice, cette spéculation dégage une marge supérieure à celle de la tomate. De plus, grâce à son climat semi-aride, cette région permet des récoltes de contre saison aux portes de l’Europe et sa production de myrtille est disponible du mois de décembre au mois de juin. Dans le Souss, les essais de culture de la myrtille ont commencé depuis trois ans et en deux ans seulement la culture s’est propagée dans la région.
98
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
Environ 300 Ha en hors sol et 50 Ha en pleine terre. D’après les producteurs de myrtille, la région du Sous bénéficie de conditions très favorables lui permettant d’assurer une production dans de meilleures conditions ainsi qu’une précocité d’environ une semaine par rapport à la zone du Nord du Maroc. La myrtille est cultivée sous des serres canariennes et a les mêmes besoins pédoclimatiques que la tomate (25 °C en moyenne). C’est une culture très économe en eau et en engrais ce qui convient bien aux conditions de cette région qui souffre de la rareté de l’eau. Pour le Souss, le myrtillier reste une culture économiquement très rentable (750 000 Dh à 1 Million de Dh de chiffre d’affaire à partir de la troisième année), malgré son coût élevé d’in-
vestissement pour l’installation de la culture. La myrtille marocaine est donc un secteur fructueux, dont 80% de la production est exportée vers le marché anglais et le reste pour les autres pays d’Europe, avec un prix moyen de vente de 80 Dh/Kg durant la période de décembre à avril et à partir du mois de mai les prix commencent à chuter à cause des productions des autres pays.
Exigences de la culture
Le pH et la salinité du sol sont les facteurs les plus importants influençant la croissance de la myrtille. En effet, la myrtille exige des sols fortement acides, très bien drainés et riches en matière organique. Les principales contraintes de la région du Souss pour la myrtille sont : la sècheresse et le type
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
99
des sols qui sont plus alcalins par rapport à la région du Nord. Il est important que les sols soient à pH acide ou de faire baisser le pH à l’aide d’amendements acidifiants. C’est pour cette raison que les producteurs de la région incorporent par épandage, le soufre nécessaire à l’acidification du sol avant l’installation de la culture suivi de l’irrigation (le pH de la solution fille doit être entre 4,5 à 5,5). Aussi les conditions de sécheresse de la région augmentent la valeur de l’Ec de la nappe phréatique, ceci a poussé les agriculteurs à investir dans des machines d’osmose inverse (pour le dessalement de l’eau) qui coûtent entre 500 milles à 1 Million de dirhams selon le débit désiré pour permettre de réduire la salinité (Ec) de l’eau à 0,3 millimhos. L’installation d’un système de brumisation est obligatoire dans la région afin d’éviter les dégâts du chergui et des fortes températures. En hors sol, les producteurs de myrtille utilisent des pots de 25 à 40 litres de substrat. Ce substrat est constitué de 35% de tourbe, 35% de fibres de coco et 30% de perlite. Il permet une bonne reprise du plant qui est caractérisé par un système racinaire très sensible, fibreux et très superficiel, sans racine pivotante dominante. Les myrtilles préfèrent des sols drainants et ne tolèrent pas le stress hydrique. Avant de planter dans des pots il est nécessaire d’acidifier le substrat. Généralement, les plants utilisés datent d’une année. Concernant la culture des myrtilles en pleine terre, les producteurs travaillent les trous de plantation à raison de 15 à 20 litres de substrat, et avant la plan100
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
tation, ils effectuent un épandage du soufre pour acidifier le sol.
Choix variétal
Le choix de la variété est un critère prépondérant pour la réussite de la culture. Les principaux critères de sélection à prendre en compte sont : le calibre des fruits, la qualité gustative des baies, la facilité de cueillette, la maturité groupée des fruits, la vigueur des arbustes, la tenue des baies après récolte, l’échelonnement de la période de production. Le calibre des fruits et la maturité groupée des fruits jouent un rôle prépondérant dans la vitesse de récolte. Il est important d’avoir des buissons vigoureux pour assurer un renouvellement régulier des jeunes pousses et des ramilles fruitières, ce qui influence directement le rendement des plantes et leur durée de vie. Deux variétés dominent dans la région : Ventura de Planasa et Stella blue de Driscoll’s. La densité de plantation est de 4.000 à 5.000 plant/Ha et l’inter-plant est de 0,90 à 1 mètre entre plants.
Principales opérations de conduite technique Le mode de conduite : Le buisson est la forme naturelle de développement du myrtillier et un palissage est nécessaire pour soutenir les branches et faciliter la cueillette. La conduite des plants est donc axée sur le développement d’une frondaison capable de supporter la charge des fruits. La forme idéale de l’arbuste est
en U avec un espace intérieur ouvert afin de favoriser la répartition de l’air et de la lumière. La fertilisation, la taille et les autres pratiques agricoles visent le développement de cette forme. La taille : Dans le Souss, elle débute au mois de juin, juste après la récolte, et s’arrête le 31 juillet (le dernier pincement en fin juillet). La taille annuelle est nécessaire pour stimuler les nouvelles pousses et permettre aux plants de continuer à fournir de bonnes récoltes et de grosses myrtilles. Pour cela, les ouvriers éliminent le vieux bois afin d’éclaircir l’arbuste et permettre le développement de nouvelles pousses issues de la base. Ils éliminent également les branches basses dont les fruits sont difficiles à cueillir et éliminent aussi les rameaux les plus faibles ou trop à l’intérieur du buisson. Les fruits se forment sur les courtes branches latérales qui sont sorties plusieurs mois avant la récolte ou au cours de l’année précédente. La fertilisation : Une fertilisation raisonnée améliore de façon sensible la végétation et les rendements du myrtillier, sans pour autant pénaliser la qualité du fruit. Les éléments fertilisants sont apportés avec l’irrigation. Ces éléments essentiels sont 40 U N/ha/an + 30 U P2O5/ ha/an + 70 U K2O/ha/an + 20 U Mg/ha/ an. A partir du début du cycle végétatif, des microéléments doivent être apportés par application radiculaire hebdomadairement, et foliaire une fois www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
101
toutes les 2 semaines jusqu’à fructification. Les serres doivent être découvertes de novembre à janvier pour établir une bonne aération. A noter que la culture de myrtille est sensible aux engrais nitriques et préfère les engrais ammoniacaux.
L’irrigation :
Il faut maintenir le substrat du myrtillier constamment humide. Ses besoins sont comparables à ceux du framboisier. Il est préférable d’apporter régulièrement des petites quantités d’eau, car le myrtillier a un système racinaire très superficiel et ses racines n’ont pas de poils absorbants. Le goutte-à-goutte est particulièrement bien adapté.
La récolte :
la période de récolte varie selon la variété. Pour qu’une baie puisse exprimer son potentiel de qualité, elle ne doit pas être récoltée avant d’avoir atteint son stade optimal de maturité (baies complètement colorées). Dans le Souss, la récolte débute en décembre jusqu’au mois de mai. Les agriculteurs font le tri et l’emballage à la main et sur place ce qui demande une disponibilité appropriée en main d’œuvre qualifiée afin de pouvoir faire une récolte avec rapidité et efficacité. Avec le pouce les myrtilles mûres sont roulées à partir de la grappe dans la paume de la main. Le cueilleur doit manipuler les fruits avec soin et les toucher le moins possible afin de ne pas enlever la fine pellicule cireuse naturelle qui recouvre le fruit et qui garantit sa fraicheur sinon elles sont considérées comme des écarts. En pleine production, le nombre moyen d’ouvriers est de 12 à 15 ouvriers par hectare, le pic de récolte se situe en mi-février. Les fruits sont récoltés et emballés sur place au niveau de la serre dans des boites à double coques en plastique transparent qui sont pesées et rangées dans des plateaux en carton.
dement à 2°C pour prolonger leur conservation et freiner l’apparition de maladies, en particulier l’anthracnose et la pourriture grise. C’est un fruit qui se conserve plus longtemps que la framboise, jusqu’à trois semaines. Les myrtilles fraiches sont ensuite exportées en Europe par camions réfrigérés en 1 à 4 jours.
Les maladies :
Les risques de maladies augmentent avec la température et l’humidité. La première maladie répandue dans la culture de la myrtille est la pourriture des racines (phytophthora). Causée par un mauvais drainage et une mauvaise aération du sol, elle provoque le jaunissement, la décoloration, le flétrissement du plant, l’absence de nouvelles pousses et la nécrose des racines. Cette maladie est traitée grâce à des produits phytosanitaires. L’autre maladie qui touche le myrtillier est la pourriture grise (botrytis cinerea) qui apparaît sur les fleurs et les fruits. Elle est aussi traitée avec des produits phytosanitaires. L’oïdium : La brumisation constitue le principal facteur favorisant l’apparition de ce champignon dans la région. Son attaque commence par l’apparition d’une poudre blanche, d’aspect
farineux à la surface des feuilles, des tiges et parfois des fleurs ou des fruits. L’oïdium provoque une déformation des feuilles, qui se boursouflent. Le champignon se multiplie sur les organes jeunes (feuilles), qu’il envahit et déforme. Les thrips apparaissent au moment de la floraison. Ils provoquent l’apparition de tâches pâles et argentées et la déformation des points de croissance. Les acariens : les feuilles des myrtilles ont un effet répulsif sur les acariens.
Myrtille et santé
De nombreux nutritionnistes et recherches ont montré les bienfaits nutritionnels des myrtilles. Sans parler du goût et la sensation de dégustation unique. La myrtille est faible en calories (57 calories / 100 g), presque sans graisse et contient de la vitamine C, A et E. Ces baies font partie des fruits à très haute valeur anti oxydant qui préviennent les risques de cancer ou les maladies cardio-vasculaires. De plus, elles contiennent un fort apport en minéraux comme le potassium, le magnésium, le cuivre, le fer et le zinc qui renforcent le développement des os et transforment en énergie les protéines de carbone et les graisses présents dans la nourriture.
La conservation :
Les myrtilles évoluent rapidement à température ambiante. Après la récolte, les fruits sont refroidis rapi102
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
103
Viticulture
Les maladies
cryptogamiques de la vigne Les maladies de la vigne sont si nombreuses qu’il est essentiel de les identifier avec exactitude afin de prévenir le plus rapidement possible les infestations qui, en s’aggravant, engendrent des pertes de rendement ou de qualité. Il est à souligner que, pour certaines maladies, la présence de quelques symptômes ne signifie pas automatiquement qu’un traitement est nécessaire. La sévérité des maladies varie d’une année à l’autre, principalement en fonction des conditions climatiques, des techniques culturales, de l’inoculum présent (historique de la maladie) et de la sensibilité des cépages. En conséquence, certaines maladies peuvent être dévastatrice une année et avoir peu d’importance une autre année. Les mesures à prendre pour éviter les pertes peuvent donc varier d’une saison à l’autre.
L
es maladies cryptogamiques sont dues à des champignons qui attaquent, selon les espèces, soit les organes verts de la vigne (feuilles, rameaux, grappes), soit le bois (Esca, Eutypiose…). Dans cet article, nous nous intéresserons uniquement à quelques champignons des organes verts, sachant que le mildiou, l’oïdium, le black-rot et la pourriture grise sont les principales maladies qui touchent
104
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
nos vignobles, entraînant des pertes de rendement et de qualité.
Le Mildiou de la vigne
Le Mildiou de la vigne est une maladie qui touche tous les organes verts : rameaux, feuilles, grappes et vrilles. Le champignon responsable, Plasmopara viticola, occasionne sur la face supérieure des feuilles des tâches circulaires d’apparence huileuse, symptôme que l’on appelle « tache d’huile ». Les tis-
sus touchés se dessèchent, tandis que sur la face inférieure de la feuille, au niveau de la tâche, apparaît une poussière blanchâtre dans laquelle sont produites des spores asexuées qui, dispersées, transmettent rapidement l’infection. La présence d’humidité et particulièrement d’eau libre constitue le principal facteur de développement de la maladie. Lors des fortes pluies, les éclaboussures de terre et d’eau, et le vent transportent les spores et répandent la maladie sur les feuilles des vignes voisines et ou des vignobles voisins. Tôt en saison, il faut surveiller l’apparition des tâches d’huile sur le dessus des feuilles et de duvets blanchâtres sous les feuilles (sporulation), en priorité dans les parties humides du vignoble (sol lourd, cuvettes, mauvais drainage, feuillage abondant…) et dans les zones ombragées. La maladie entraîne la chute des feuilles et par conséquent, un retard de la maturité des grappes de raisin, des baies moins riches en sucres et en acides, une plus grande sensibilité au gel, un mauvais aoûtement des bois, un retard au débourrement et une incidence défavorable sur la production et sur la qualité.
L’Oïdium de la vigne
Il est provoqué par un champignon, Uncinula necator, qui s’attaque à tous les organes verts de la vigne et en parwww.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
105
Les maladies de la vigne ticulier aux jeunes baies en croissance. Les parties atteintes (feuilles, jeunes sarments, jeunes grappes à la floraison et à la véraison) se recouvrent d’un voile farineux de couleur blanche très marquée sur les feuilles et jeunes sarments. Mais vers la fin de la maladie les mêmes feuilles se déforment et montrent sur la face inférieure, des tâches diffuses de poussières grisâtres à noirâtres. En effet, la partie attaquée du limbe croît plus lentement, provoquant la déformation de la feuille qui se crispe. Sur les sarments, le même revêtement poussiéreux grisâtre se développe. A la floraison, les attaques de l’oïdium provoquent le dessèchement des petits grains de raisin qui finissent par se détacher de la rafle. Toute une récolte peut ainsi être facilement compromise. A un stade plus avancé de la croissance des grappes, les petites baies contaminées se recouvrent d’une fine poussière blanchâtre. La croissance des parties atteintes est arrêtée, alors que les parties saines continuent leur développement normal. Le déséquilibre de croissance entre les deux parties de la même baie entraîne un durcissement de la pellicule et par conséquent un éclatement des baies. Les fissures provoquées laissent apparaître les pépins et constituent ainsi, une porte d’entrée facile pour une panoplie de moisissures et de bactéries, d’où la décomposition de la
106
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
pulpe observée sur les grappes infestées par Uncinula necator les rendant impropre à la vendange. .
La Pourriture grise :
C’est une maladie causée par Botrytis cinerea, un champignon qui se manifeste, par temps humide, principalement sur les raisins. Il attaque aussi les autres organes herbacés de la vigne, notamment les feuilles et les rameaux : - la pourriture pédonculaire : se manifeste sur le pédoncule des baies et de la rafle de la grappe en entraînant leur flétrissement et souvent leur chute avant la récolte. - la pourriture grise : est la forme la plus grave d’attaque et affecte les baies de raisins par temps humide entre la nouaison et la maturité. Le champignon peut entraîner le dessèchement des boutons floraux avant la floraison et la chute précoce d’une partie ou de la totalité de l’inflorescence. A un stade plus avancé, sur les variétés de raisin à peau fine, les attaques des jeunes baies entraînent un flétrissement et une dessiccation de ces dernières. Après véraison, et à l’approche de la maturité, sur des baies blessées, le champignon s’installe et rend les fruits complètement pourris en très peu de temps. Ainsi, les grains de rai-
www.agri-mag.com
Prévention
sin prennent une coloration grisâtre avec un duvet gris. Lorsque les facteurs lui sont favorables, la maladie progresse à partir des baies infestées vers les baies limitrophes. En effet, au niveau des grappes compactes, les baies attaquées se vident de leur jus qui se répand sur les baies voisines ce qui favorise une progression de la maladie de baie en baie pour atteindre toute la grappe et c’est la forme la plus dévastatrice de ce champignon par comparaison aux variétés à grappes lâches ou suffisamment aérées qui ne montrent qu’un nombre réduit de baies « botrytisées».
Le black – rot :
Guignardia Bidwelii est le champignon responsable de cette maladie dans les vignobles des régions à climat humide et à des périodes pluvieuses plus marquées. Elle apparait sous forme de petites tâches circulaires sur les différents organes herbacés de la vigne et, au fur et à mesure du développement du blackrot, naissent sur ces tâches de petits points noirs très brillants. Souvent les parties attaquées par ce champignon se dessèchent et finissent par se détacher et tomber au sol. Par exemple, sur les feuilles malades de la vigne, des trous apparaissent à la place des tâches préalablement causées par le champignon. Cependant, nous pouvons dire que
www.agri-mag.com
Réduire la pression des maladies cryptogamiques de la vigne revient à adopter plusieurs moyens de prévention : - choix de cépages moins sensibles aux maladies - orientation nord-sud des rangs - profiter de la pente naturelle du terrain pour éviter la stagnation de l’eau - assurer une bonne aération par la réalisation d’une bonne taille facilitant la circulation de l’air, ce qui favorise le séchage rapide du feuillage et une meilleure pénétration des fongicides dans le couvert végétal. - éliminer les résidus de la taille et effectuer le travail du sol au printemps - destruction et enfouissement des débris abritant les champignons pathogènes pour réduire leur population. - adoption d’un programme raisonné d’emploi des fongicides - Désherbage efficace
les attaques sur les feuilles et les rameaux que nous avons repérées sur le terrain, ne constituent pas un danger pour les vignobles bien conduits et protégés. Les infestations les plus dommageables sont celles qui sévissent sur les baies à partir de la nouaison et jusqu’au début de grossissement du fruit. En effet, quelques jours après l’installation du pathogène sur les feuilles, la maladie se transmet aux baies de raisins. Les petites tâches livides naissant sur les baies s’agrandissent et finissent par couvrir toute les baies infestées. Comme pour les jeunes feuilles, le développement de la maladie laisse appa-
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
107
Les maladies de la vigne La lutte chimique
raître des petits points noirs sur ces tâches. Ainsi, les baies des grappes envahies se vident, se dessèchent et se recouvrent d’un nombre important de petits points noirs qui donnent aux baies touchées par le black-rot un aspect très noirâtre, préjudiciable à la quantité et à la qualité.
Stratégie de lutte
Afin d’éviter les infestations graves, le viticulteur doit identifier rapidement et correctement les maladies. Il est ainsi recommandé d’inspecter entièrement le vignoble, au moins une fois par semaine, du débourrement à la récolte, en portant une attention particulière aux cépages sensibles où l’on observe généralement les premiers symptômes. Les viticulteurs sont également appelés à suivre régulièrement les données météorologiques et de s’informer auprès des experts au niveau des organismes de recherche, de développement et d’enseignement. Une intervention bien ciblée en début d’infestation permet d’obtenir un meilleur contrôle des maladies. A noter que la réussite de la lutte phytosanitaire repose sur un programme adapté aux différentes contraintes susceptibles de compromettre le développement des pieds de la vigne (biotiques et abiotiques). Cette approche doit concilier à la fois les objectifs en termes de qualité et de productivité, et ceux relatifs au respect de l’environnement et de la santé du consommateur, afin de conduire la lutte chimique avec un minimum d’interventions.
Contre le mildiou
Le programme de traitement démarre dès l’apparition des premiers symptômes (premières tâches) et se poursuit durant tout le cycle, avec un arrêt 108
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
de la lutte chimique durant la floraison de la vigne. La fréquence et le moment d’intervention dépendent : - des conditions climatiques du moment, - des stades phénologiques - de la situation pédoclimatique de la parcelle à traiter. Avant la déclaration de la maladie, les spécialités à base de cuivre et de mancozèbe peuvent être utilisées en traitement préventif. Mais une fois le champignon détecté dans le vignoble, le viticulteur a le choix parmi une large gamme de matières actives et de familles chimiques, offrant une bonne efficacité curative.
Contre le black-rot
Le traitement phytosanitaire contre le black-rot est fonction de la situation géographique des vignobles, du niveau de la pression de la maladie et de la situation phytosanitaire de la campagne précédente. Il existe une panoplie de fongicides contre cette maladie, adaptés aux différents stades phénologiques de la vigne. La lutte chimique ne doit pas être spécifique au black-rot, mais programmée au même moment que la protection contre le mildiou et l’oïdium avec des produits visant ce cortège de champignon.
Contre l’oïdium
Toutes les tentatives de recours à des pratiques culturales ont été vouées à l’échec. De ce fait, la lutte contre l’oïdium se fait principalement par l’utilisation de grands groupes de fongicides à savoir :
Les produits de contact
Les traitements préventifs à base de souffre mouillable ou de soufre en poudrage à des stades bien précis
Les viticulteurs doivent prendre en considération les indications sur les étiquettes des produits fongicides, tout en ajustant la fréquence des interventions par rapport aux : - stades de développement de la vigne, - suivis et observations effectuées sur le vignoble, - types de matériels de pulvérisation, - prévisions météorologiques, - types de fongicides à utiliser, - risques de développement des phénomènes de résistance - risques d’apparition ou de développement du champignon visé. donnent d’excellents résultats. Cet apport de souffre doit se faire après le débourrement, à la floraison (utiliser uniquement le soufre en poudrage), au stade des grappes bien développées et au stade de la fermeture des grappes. A noter que l’utilisation du soufre agit également sur l’excoriose, le black-rot, l’acariose et l’érinose. Cependant, lorsque la maladie est déclarée, le souffre seul ne donne pas de très bons résultats, et seuls les fongicides organiques sont efficaces.
Les fongicides organiques
Une fois que le champignon est présent sur les organes de la vigne, le producteur dispose d’une panoplie de matières actives et de familles chimiques dont l’application offre une bonne efficacité vis-à-vis de ce pathogène.
Contre la pourriture grise
Si aucune mesure préventive n’est prise, toute la récolte peut être compromise. La combinaison de mesures prophylactiques et chimiques est nécessaire pour combattre Botrytis cinerea dans les grappes de raisin :
Lutte prophylactique
Parmi les moyens capables d’éviter ou de défavoriser les attaques de ce champignon sur les grappes de raisin, on peut citer : - la diminution de la vigueur par des apports corrects d’engrais azotés www.agri-mag.com
- la surveillance des pratiques et des ennemis pouvant entraîner des lésions sur les baies, - un bon niveau d’aération des grappes et de la végétation, - une taille et un palissage adéquats. De même, le viticulteur est appelé à programmer des interventions à base de cuivre pour freiner le développement du Botrytis.
Lutte chimique
Les traitements devront être envisagés à priori lors des stades phénologiques suivants : fin floraison-début nouaison, fermeture des grappes, début véraison et un mois avant la récolte. L’application des fongicides ne peut être efficace que si les zones concernées, c’est-à-dire les grappes, sont bien visées.
Conseils pour réussir les traitements
Pour réussir les applications phytosanitaires de la vigne, les viticulteurs sont appelés à mettre en place des mesures prophylactiques ou agrono-
miques pouvant d’une part, limiter le développement des différents parasites et, d’autre part, favoriser de meilleures interventions phytosanitaires et une bonne pénétration des produits chimiques. Les principales mesures sont : • Eliminer tous les gourmands et les pousses à la base des pieds de la vigne qui constituent un lieu propice pour l’installation des foyers primaires • Entretenir la végétation sur le pied de la vigne et tout au long des rangs pour faciliter le ciblage lors de la pulvérisation • Adapter la fertilisation à une vigueur équilibrée
Nos viticulteurs doivent veiller tout particulièrement à empêcher l’attaque primaire de certains champignons. Il est recommandé d’effectuer, un ou deux traitements très tôt avant, au moment et après débourrement. Les traitements précoces et au moment opportun, par exemple
• Eviter le développement des mauvaises herbes entre les pieds de la vigne • Développer le drainage dans les vignobles des zones à sous sol non drainant. • Eviter les blessures sur les baies de raisin • Cibler les organes de la vigne à traiter • Utiliser un matériel de traitement adapté et bien réglé • Veiller à une pulvérisation de qualité.
contre le mildiou et le black-rot, sont primordiaux. Mais dans certaines régions où ces deux maladies sont à craindre (même chose pour les autres maladies cryptogamiques), il convient de consulter les spécialistes, de suivre leur avis et de tenir compte des prévisions météorologiques
PILARSYS
New
FONGICDE SYSTEMQUE ANTI OIDUM
• 25% Myclobutanil • Efficace contre l’oïdium de la tomate et la vigne.
• Faible dose • DAR réduit • Préserve la faune auxiliaire.
Distribué exclusivement par : Cali Maroc 82 rue Loudaya la Villette - Casablanca - Tel.0522623715 / Fax : 0522623904 Email : cali@calimaroc.com www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
109
Arboriculture
Fertilisation du pommier
Normes de référence pour le Moyen Atlas Dr. Rachid Razouk - CRRA Meknès
Pour améliorer leur compétitivité et assurer la durabilité de la qualité de leurs sols, les agriculteurs doivent constamment améliorer l’efficience de la fertilisation de leurs cultures. Cet objectif peut être atteint par la détermination du niveau critique de chaque élément nutritif. Il est à rappeler que ce niveau critique correspond à la concentration dans le sol au-dessus de laquelle la culture ne répond plus à l’apport de ce fertilisant. La détermination de ce niveau est basée sur des essais de doses croissantes de l’élément nutritif à différents niveaux de richesse du sol.
E
n arboriculture fruitière, la détermination précise des besoins en nutriments est particulièrement difficile. En effet, les nutriments et les métabolites peuvent être stockés dans le bois pour être utilisés l’année suivante par les pousses en croissance. A ces difficultés s’ajoutent celles liées à la migration des nutri-
110
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
ments dans le sol et à la particularité du système racinaire des arbres. L’analyse du sol permet de quantifier la richesse en éléments nutritifs du sol et d’estimer les besoins en engrais, mais n’indique pas leur utilisation par les arbres. Cependant, l’analyse foliaire est un outil efficace pour évaluer l’état nutritionnel des arbres et pour réajuster les besoins en en-
grais en tenant compte des facteurs qui peuvent affecter la disponibilité des nutriments et leur absorption par les racines. Ainsi, une carence en phosphore peut être expliquée par une faible concentration de ce nutriment dans le sol, une inhibition de son absorption en sol calcaire, ou par l’effet combiné de ces deux conditions. L’analyse foliaire révèle www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
111
également des déficiences induites par certaines pratiques de fertilisation. Par exemple, une carence en potassium peut être induite par une fertilisation excessive en azote du fait que la croissance végétative issue de l’azote génère des besoins importants en potassium. L’analyse foliaire fournit des informations sur l’assimilation des engrais et, pour cette raison, elle complète l’analyse du sol. Au Maroc, les travaux dans ce domaine sont limités, en particulier pour le pommier. Jusqu’à présent, l’interprétation des analyses des sols et foliaires pour les pommeraies marocaines est basée sur des normes
112
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
de référence établies dans d’autres pays producteurs tels les États-Unis, la France, les Pays-Bas, le RoyaumeUni et l’Afrique du Sud. L’établissement de normes sous les conditions locales est donc nécessaire pour une gestion efficiente de la fertilisation des vergers marocains en tenant compte des pratiques agricoles et des performances locales de production. Pour cet objectif, un travail de caractérisation de l’état nutritionnel de 40 vergers de pommier en relation avec les pratiques de fertilisation et le potentiel de production a été mené dans la zone d’Imouzzer Kandar, une des principales zones de production de cette culture au
Moyen Atlas. Les analyses du sol (035 cm) et du sous-sol (35-70 cm) ont concerné la terre fine, la texture, le calcaire total, le calcaire actif, le pH, la matière organique, l’azote total, le phosphore assimilable (P2O5) et les cations échangeables (K, Ca et Mg). Quant aux analyses foliaires, réalisées entre 65 et 75 jours après pleine floraison (troisième décade de Juin), elles ont concerné l’azote, le phosphore, le potassium, le calcium et le magnésium. En plus de ces analyses, une étude enquête a été réalisée auprès des producteurs sur les techniques culturales adoptées et les rendements obtenus. Il importe de noter que l’étude a concerné
www.agri-mag.com
Fertilisation du pommier uniquement des vergers âgés de 12 à 15 ans, conduits en gobelet à une densité de 667 arbres/ha (5x3 m) et basés sur la variété Golden delicious greffée sur MM106, cultivée en association avec la variété Starking delicious comme pollinisateur.
Normes de référence pour les analyses foliaires
Le niveau de rendement en vergers de pommier étudiés a varié en fonction des teneurs foliaires en éléments nutritifs suivant des équations polynomiales significatives (0,010<p<0,045). Selon les valeurs des coefficients de détermination des équations établies (r2), soit de 0,57 à 0,92 selon les éléments nutritifs, il a été constaté que le rendement était plus déterminé par les teneurs foliaires en potassium et azote que celles en phosphore, calcium et magnésium. Ce résultat a été également constaté par d’autres auteurs sur des cultures, autres que le pommier, telles que le poirier et le kiwi.
www.agri-mag.com
Tableau 1. Normes de référence pour l’interprétation des analyses foliaires du pommier (cv. Golden delicious) N (%)
P (%)
K (%)
Ca (%)
Mg (%)
Imouzzer Kandar
2,75 – 3,00 0,20 – 0,22 1,90 – 2,10 1,30 – 1,45 0,25 – 0,28
France (Saint Gobain)
2,25 – 2,35 0,15 – 0,20 1,15 – 2,00 1,40 – 2,00 0,22 – 0,35
Les courbes de ces équations ont indiqué que les normes de référence de l’analyse foliaire pour un rendement élevé en pommes dans la zone d’étude étaient de 2,75 à 3% pour l’azote, 0,20 à 0,22% pour le phosphore, 1,90 à 2,10% pour le potassium, 1,30 à 1,45% pour le calcium et 0,25 à 0,28% pour le magnésium (Tableau 1). La figure 1 montre la relation entre le rendement en pommes et la teneur foliaire en azote, selon un modèle de régression quadratique. En comparaison avec d’autres pays, ces normes sont similaires à celles adoptées en France pour tous les macronutriments analysés sauf l’azote. Pour cet élément, comme pour tous les macronutriments analysés, à l’exception du potassium,
les normes trouvées dans le Moyen Atlas sont similaires aux normes du Royaume-Uni. Cependant, en comparaison avec les normes américaines, les concordances ont été trouvées seulement pour le phosphore et le calcium. Les normes trouvées impliquent que les ratios optimaux entre les concentrations de nutriments au niveau foliaire doivent être compris entre 1,38 et 1,63 pour le rapport N/K, 2 et 2,38 pour N/Ca, 1,31 et 1,61 pour K/Ca, 6,55 et 8,40 pour K/Mg et entre 4,48 et 5,80 pour Ca/Mg. Ces fourchettes de ratios sont en concordance avec les normes françaises pour N/K, K/ Mg et Ca/Mg et avec les normes du Royaume-Uni pour N/Ca, K/Ca et Ca/ Mg.
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
113
Fertilisation du pommier Tableau 2. Normes de référence pour l’interprétation des analyses du sol en verger de pommier à Imouzzer Kandar
Figure 1. Relation entre le rendement et la teneur foliaire en azote en vergers de pommier du Moyen Atlas
Normes de référence pour les analyses du sol
La relation entre les teneurs du sol et des feuilles en éléments nutritifs a été testée par analyse de régression logarithmique concernant P, K, Ca et Mg en tenant compte à la fois de la richesse initiale du sol et de la quan-
114
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
P205
K20
Ca
Mg
(ppm)
(ppm)
(meq/100g)
(meq/100g)
Sol argilo-limoneux
30 – 42 350 – 415
14 – 18
1,7 – 2,2
Sol limono-sableux
27 – 35 320 – 410
13 – 18
1,7 – 2,2
tité d’engrais appliquée par l’agriculteur. Cependant, pour l’azote, la relation a concerné uniquement les apports en engrais azotés en raison du manque d’indications concernant la minéralisation de l’azote organique sous les conditions locales. Les résultats ont montré que les teneurs en N, P, K, Ca et Mg au niveau foliaire sont significativement corrélées avec leurs teneurs au niveau du sol. Ainsi, pour chaque élément nutritif, les teneurs du sol correspondant aux normes de référence au niveau foliaire sont considérées comme des teneurs optimales pour obtenir un rendement élevé en pommes.
Celles-ci peuvent être prises comme normes de référence pour l’interprétation des analyses du sol en vergers de pommiers de la zone d’étude en termes de P, K, Ca et Mg (Tableau 2).Toutefois, pour l’azote, les valeurs trouvées correspondent en fait aux apports optimaux en engrais azotés pour un rendement élevé en pommes, soit une moyenne de 88 kg/ha en sol argilo-limoneux et de 130 kg/ha en sol limono-sableux. Ces doses d’azote sont proches de celles généralement recommandées pour le pommier au Maroc. Elles le sont également pour les recommandations à l’ouest des États-Unis et à l’Est
www.agri-mag.com
du Canada. Cependant, elles sont supérieures aux recommandations françaises (50 kg/ha). Comparativement aux normes d’interprétation du sol développées par Soltner (2000), les teneurs optimales en nutriments trouvées dans les sols argilo-limoneux sont classées comme faibles pour P, en classe « suffisante » pour K et en classe « élevée » pour Ca et Mg. Dans les sols limono-sableux, les valeurs optimales sont classées moyennes pour P et élevées pour K, Ca et Mg. Ce désaccord peut être lié en grande partie à la faiblesse du niveau de rendement au niveau de la zone d’étude qui est en moyenne de 26 t/ha, en raison des aléas climatiques (gelées, grêle) et la non maitrise des techniques culturales (irrigation, taille, protection
www.agri-mag.com
phytosanitaire). Néanmoins, pour ce
vées peuvent être utilisées comme
niveau moyen de rendement, les te-
normes de référence pour la région
neurs optimales en nutriments trou-
d’étude.
Conclusion
En vergers de pommiers du Moyen Atlas, il existe de grandes variations en termes de niveaux de rendement, d’apports d’engrais, de richesse du sol en éléments nutritifs et de leur concentration au niveau foliaire. Ces variations proviennent de différences dans les pratiques culturales, en particulier la fertilisation, car la relation entre le rendement en pommes et la teneur en éléments nutritifs au niveau du sol et des feuilles est significative. La relation entre le niveau de rendement et la teneur foliaire en nutriments a servi pour déterminer les normes de référence pour l’interprétation de l’analyse foliaire en N, P, K, Ca et Mg tenant compte des pratiques culturales et des conditions édapho-climatiques locales. De plus, la relation entre les teneurs foliaires en éléments nutritifs et leurs teneurs au niveau du sol a fait ressortir les besoins locaux en azote et les normes de référence pour l’interprétation de l’analyse du sol pour P, K, Ca et Mg. Cependant, il convient de souligner que les résultats trouvés sont en ordre préliminaire puisque l’étude n’a été menée que pendant une année.
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
115
Quelques indications pour améliorer la conduite Outre le bon choix variétal et les différentes opérations exécutées avant la plantation (préparation du sol, épandage du fumier, etc.), la culture du poivron nécessite un entretien régulier pendant tout le cycle de production. La réalisation minutieuse des différentes interventions d’entretien contribue en grande partie à l’obtention d’uneproduction satisfaisante en rendement et en qualité de fruits.
Choix variétal
Il est recommandé de choisir la bonne variété en tenant compte : - du site de production, - du type de sol, - de l’eau d’irrigation car le poivron est très sensible à la salinité, - du type de serre : multi chapelle ou canarienne à 6 mètres et plus de hauteur. Plus la serre est haute plus le plant de poivron est soulagé en aération et en lumière, - de l’objectif du producteur : export ou marché local. - Choisir la bonne période de semis 116
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
qui dépend de la destination de la production (export ou marché local). Pour rappel, les principaux types de poivron cultivés au Maroc sont : - Piment fort de primeur, - Type Blocky (carré court ou California Wonder), - Type Lamuyo (carré long) vert et rouge, - Type corne de bœuf (doux italien) primeur, - Type Hongrois (blanc conique), - Type Kappy
Intérêt du greffage
De l’avis des professionnels, cette technique reste encore à développer. Elle est réalisée pour plusieurs raisons : - Sol fatigué, comme c’est souvent le cas dans la région du Souss Massa ; - Résistance au Phytophtora capsici (problème majeur du poivron), aux nématodes et au virus TM3 ; - Assurer la vigueur nécessaire à la plante en fin de cycle. - Bon comportement du poivron greffé en condition de froid, surwww.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
117
tout pour les types doux italien et kappy.
Taille d’entretien
Après la plantation, les ramifications du premier étage du plant commencent à se développer. Le plus important au stade premier étage c’est de bien développer le plant en racines avant l’entrée en période froide. La première opération à faire avant le palissage est la taille d’entretien qui se fait par l’élimination de la première fleur du poivron au stade fleur ouverte et l’élimination des premières feuilles jusqu’à la première ramification pour garder le plant solide.
Palissage
Le palissage consiste à maintenir une orientation verticale de la plante en utilisant comme support la ficelle. Il permet de mieux tirer partie de la lumière qui pénètre dans la serre, une meilleure aération des plantes et de prévenir le contact de la tige avec le sol afin d’éviter les maladies telluriques. Le palissage doit être bien maitrisé et effectué en fonction des objectifs du producteur. S’il vise le marché local et donc le tonnage (120 T/Ha), il effectue le palissage espagnol en gardant les quatre 118
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
ramifications du premier étage. S’il vise l’export, il pratique le palissage hollandais (60 à 70 T/Ha) en gardant 2 à 3 bras pour obtenir des fruits homogènes et de bonne qualité.
Tuteurage
Le tuteurage a pour but de soutenir les ramifications porteuses de fruits, ce qui permet une exposition correcte des feuilles à la lumière et une limitation des pertes de production par cassures. L’opération de tuteurage consiste à mettre de part et d’autre des lignes de plantation des piquets. Ces piquets, sont reliés entre eux, parallèlement à la ligne de plantation, par deux étages de roseaux ou de ficelle, au fur et à mesure du développement du plant.
Effeuillage
Opération qui consiste à éliminer les feuilles touchant le sol et âgées, ou apparemment malades. Elle permet de maintenir l’équilibre entre les feuilles et les fruits. Elle permet aussi une meilleure aération de la base de la plante, une bonne circulation de l’air dans la culture, un meilleur état sanitaire, une facilité de récolte et d’entretien et une élimination des foyers pour le Botrytis notamment.
Ebourgeonnage
Il consiste à enlever les bourgeons axillaires qui consomment inutilement les éléments nutritifs et qui poussent sur la tige principale au fur et à mesure du développement de la plante. Il permet de garder l’axe principal vigoureux, améliore le calibre du fruit et favorise un rendement précoce. Il se fait en laissant deux bras qui vont se développer en donnant chacun des ramifications secondaires. Le premier ébourgeonnage est réalisé 2 à 3 semaines après la plantation, les suivants auront lieu au fur et à mesure de la croissance de la plante et à chaque fois qu’il y a apparition d’un bourgeon secondaire.
Eclaircissage
Il consiste à éliminer les fruits malades ou mal formés et à diminuer, par sélection, le nombre de fruits et ce dans le but d’homogénéiser la récolte.
Pollinisation
La pollinisation est très importante pour la culture du poivron. La maturité et le développement (forme et poids) du fruit sont liés directement au nombre de graines à l’intérieur du fruit. Pour les serres à étanchéité totale, on installe des bourdons et www.agri-mag.com
la pratique du chaulage (si le plastique est nouveau) est indispensable pour abaisser la température. Pour les serres non étanches à ouvertures latérales sans filet, la pollinisation se fait grâce aux ruches placées à proximité, les abeilles étant attirées par la culture de poivron. Plus la fleur est visitée par les abeilles plus il y a de graines ce qui signifie plus de poids et une belle forme de fruit (atout pour l’export).
Amélioration de la nouaison
De nombreuses techniques sont utilisées pour l’amélioration de ce processus qui constitue l’étape clé pour la réussite de la culture du poivron. - La vibration : elle se fait de manière traditionnelle à l’aide d’une tige souple en frappant à la base du plant. Elle facilite la libération du pollen. Il est à signaler qu’il faut provoquer une vibration lente pour obtenir un pollen abondant. - Le secouage : c’est la frappe au niveau des fils de fer à l’aide d’une baguette. Il est plus rapide que la vibration.
les producteurs doivent assurer, dans la mesure du possible, une bonne gestion du climat de la serre (double parois…). A noter par ailleurs que le nettoyage du plastic des serres a un impact direct sur le rendement et le poids des fruits.
Nutrition
Une fertilisation équilibrée avec une bonne gestion de la nutrition hydrique, conditionnent grandement le rendement du poivron. Cependant, beaucoup de producteurs de poivron manquent d’encadrement dans ce sens.
Lutte intégrée
La maîtrise de la conduite du poivron et l’adoption de la lutte intégrée par les producteurs marocains, ont permis d’acquérir la
confiance des acheteurs européens. La conduite du poivron en lutte intégrée a en effet connu un bon développement et ses résultats satisfaisants encouragent de plus en plus de producteurs à adopter ce système. Il peut cependant arriver en année à hivers très froids que les basses températures empêchent une bonne installation des auxiliaires dans les cultures.
Désherbage
Les adventices sont nuisibles à la culture du poivron à plusieurs égards, à commencer par la compétition pour les facteurs de croissance. Ils sont aussi vecteurs de maladies et hôtes de ravageurs, conduisant à l’altération de la qualité de récoltes. Leur contrôle devient par conséquent, une nécessité.
Pincement
Cette opération consiste à tailler l’extrémité des plantes pour obtenir un nombre optimal de fruits. Il en résulte une bonne nouaison, une bonne qualité et un grossissement normal des fruits.
Gestion du climat
Vu qu’il s’agit d’une culture sensible aux basses températures, www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
119
Les pépinières fruitières dans la vallée de Tigrigra, province d’Ifrane SERRAR Mohamed, Ingénieur en chef
La vallée de Tigrigra, située dans la province d’Ifrane, est réputée pour sa production de plants fruitiers de rosacées à pépins et à noyaux depuis plusieurs décennies. Cette réputation peut être attribuée à différents facteurs et notamment : la situation géographique, les caractéristiques du climat, la qualité des sols, la disponibilité en eau de surface et souterraine, la disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée, l’encadrement et le contrôle par les services concernés… L’introduction de la technique de production de plants fruitiers dans la vallée de Tigrigra a eu lieu au cours des années trente du siècle dernier par les colons français qui ont occupé les meilleurs terrains agricoles et ont découvert cette zone favorable à l’arboriculture fruitière. Au début, cette technique a été introduite pour la satisfaction des besoins locaux et la création des premiers vergers arboricoles. Le village d’Ait yahya Oaalla, situé à 4 km à l’ouest de la ville d’Azrou, a constitué le berceau de cette spéculation. Depuis, cette localité regroupe une main d’œuvre formée en matière de semis, de bouturage et notamment de greffage depuis le temps du protectorat. Ce savoir faire a été transmis d’une génération à l’autre. A noter que la vallée de Tigrigra a approvisionné plusieurs régions productrices de fruits au Maroc entre autres les régions de Midelt, Meknès, Beni Mellal et Azilal. D’ailleurs, les anciens périmètres de DRS fruitières (amandier) qui ont été plantés par l’administration des Eaux Forets et de la conservation des sols ont été approvisionnés par les pépinières de Tigrigra. Par ailleurs, les plants fruitiers de cette zone ont fait l’objet d’exportations, notamment vers la Libye, l’Algérie et la Tunisie.
Situation actuelle du secteur La vallée de Tigrigra est une plaine située à l’ouest de la municipalité d’Azrou à une altitude moyenne de 1.100m. Traversée par la route nationale reliant Fès et Marrakech et par l’Oued Tigrigra, affluent et source de l’Oued Beht, cette vallée est caractérisée par un climat froid en hiver avec chutes de neige et une pluviométrie moyenne annuelle de 830 mm. Le nombre de pépinières fruitières déclarées annuellement à l’échelle de la province d’Ifrane varie entre 70 et 80 unités, dont 85% se situent dans la vallée de Tigrigra. La production de plants de rosacées fruitières dans cette zone oscille entre 5 et 7 millions de plants selon les années, ce qui représente 60% environ de la production nationale de plants de rosacées. Les principales espèces produites demeurent l’amandier (30%), le pommier (20%), le prunier (11%), le pécher (7%) et le cerisier (5%), qui commence à prendre de l’ampleur ces dernières années. Quant à la production de plants de poirier et de cognassier, elle s’est presque arrêtée
dernièrement à cause du problème du feu bactérien. A noter que la demande en plants fruitiers a augmenté depuis le lancement du Plan Maroc Vert qui prévoit la plantation de 4.200 ha au niveau de la province d’Ifrane tous les 2 ans.
Techniques d’élevage des plants fruitiers Les plants fruitiers produits dans la vallée de Tigrigra sont livrés à racines nues étant donné que ces espèces sont à feuilles caduques et entrent en repos végétatif.
Techniques d’obtention des porte-greffes
· porte-greffes obtenus par semis de noyaux Le semis de noyaux est pratiqué pour l’amandier, le pêcher, l’abricotier, le prunier, le cerisier et le noyer. Les noyaux de l’amandier amer, utilisé comme porte-greffe uniquement pour l’amandier, sont recherchés par les pépiniéristes au niveau de la région d’Er-Rachidia, Tinghir, Rich et Azilal. Les noyaux de la variété Marcona sont utilisés comme porte-greffes des plants certifiés et récoltés sur les arbres semenciers. Les noyaux du pêcher de Missour, utilisés pour l’amandier, le pêcher, le prunier et l’abricotier sont recherchés au niveau de la région de Missour. Les noyaux de l’abricotier v MechMech sont apportés de Marrakech et de Missour. Les graines du cerisier Sainte Lucie utilisées uniquement pour le cerisier sont récoltées localement sur des arbres semenciers. Les noix sont recherchées dans les régions du Haouz, Azilal, Rich… Les noyaux des porte-greffes ne supportent pas le stockage et doivent être semés au cours de la même année de récolte ou au plus tard au début de l’année d’après. La période de semis s’étale depuis le mois de novembre pour le pêcher de Missour à coque dure jusqu’à la fin du mois de février pour les autres espèces (amandier, mechmech) afin d’éviter les risques de gelée. · Porte-greffes obtenus par boutures Le bouturage est utilisé actuellement
120
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
121
Les pépinières Cette opération a été arrêtée vu le risque de dissémination de la maladie du feu bactérien depuis l’année 2010. La période de mise en terre des boutures et rejets s’étale entre le mois de janvier et le mois de février.
Le choix du terrain et installation de la pépinière comme technique d’élevage des porte-greffes de certaines espèces à savoir : le GF 677 pour les plants certifiés d’amandier, le myrobolon B et Marianna GF 81 pour le prunier, le merisier commun et Sainte Lucie pour le cerisier et le cognassier franc pour le cognassier et le poirier. Les boutures sont récoltées en période de repos végétatif à partir des parcs à bois, comme on utilise aussi les tiges récupérées des portes greffes après le greffage à œil dormant. Les dimensions des boutures sont de 20 à 30 cm de longueur et 1 cm de diamètre. La technique de stratification des boutures pendant 1 à 2 mois dans du sable humide permet d’augmenter leur taux de reprise, qui ne dépasse pas 50% si celle-ci sont mises en
122
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
place directement.
· Porte-greffes obtenus par marcottes Le marcottage est une technique pratiquée à Tigrigra pour le pommier et le cognassier. Les porte-greffes du pommier MM 106, MM 111, EM 9, M 26 et PAJAM introduits de l’étranger sont plantés en marcottes pour prélever les rejets. Les pépiniéristes qui ne disposent pas de marcottes procèdent en période de repos végétatif au prélèvement des rejets dans les vergers productifs et bien entretenus de la région. Pour le cognassier et le poirier, la marcotte du cognassier franc est utilisée, de même que le prélèvement des rejets à partir des vergers de la région.
Le terrain destiné à la pépinière fruitière doit être choisi de façon à éviter tout précédent cultural en relation avec l’arboriculture fruitière. Ce terrain sera utilisé pour une seule campagne de façon à respecter la rotation culturale et éviter les problèmes phytosanitaires et nutritionnels. La reprise de la pépinière sur le même terrain n’est possible qu’après une culture de céréales ou de légumineuses pendant 3 à 5 ans. Le terrain sera bien entendu irrigué, plat ou à faible pente. Le sol doit être aéré, drainé de préférence pour les arbres fruitiers à noyaux (amandier, cerisier, abricotier). Les sols schisteux sont à éviter. La préparation du sol consiste en un labour profond (30 à 40 cm) précoce pour bien ensoleiller le sol, suivi d’un
www.agri-mag.com
fruitières apport de fumure de fond organique et minérale. A partir du mois de novembre la préparation du sol est reprise par un labour superficiel pour casser les mottes et ameublir le sol. La préparation du lit de semis dépend du type de multiplication. Pour le semis de noyaux, des fosses de 10 cm de profondeur sont confectionnés le long de la parcelle. Ces fosses sont distantes de 70 à 80 cm et les semis de 10 à 15 cm. Pour les boutures et les rejets, des fosses de 15 à 20 cm de profondeur sont creusés sur la longueur de la parcelle. L’interligne est de 60 à 70 cm et les plants distants de 15 à 20 cm. Ces fosses sont confectionnés soit mécaniquement soit manuellement. Des passages à l’intérieur des parcelles doivent être prévus pour faciliter le déplacement des machines.
Système d irrigation
Deux systèmes d’irrigation sont adoptés dans la vallée de Tigrigra à savoir l’irrigation gravitaire et le goutte à goutte. Le premier n’est utilisé que dans les terrains desservis par l’eau de source ou de rivière alors que le goutte
à goutte est utilisé pour les terrains équipés en puits, sachant que la nappe se situe à une profondeur d’environ 30 m. Actuellement, les pépiniéristes préfèrent le goutte à goutte au gravitaire du fait de l’économie en eau et fertilisants, et sa souplesse à la topographie du terrain. En absence de pluies, une irrigation est obligatoire juste après le semis ou la mise en place de boutures ou rejets. Les autres irrigations seront apportées en fonction des besoins et des espèces et peuvent être quotidiennes en période estivale.
Entretien des semis et plants
En cas de développement important
des mauvaises herbes après le semis de noyaux, il est nécessaire d’utiliser un herbicide total de prélevée pour éviter la concurrence entre les adventices et les jeunes semis. Après la levée des noyaux et lorsque les semis ont atteint une hauteur de 20 à 30 cm, l’opération d’ébourgeonnage devient obligatoire pour préparer la tige au greffage, éviter la formation de tiges secondaires et favoriser la croissance de la tige principale. Après le débourrement des boutures et des rejets, l’ébourgeonnage demeure nécessaire pour favoriser la tige principale. Le désherbage, le binage et les traitements phytosanitaires des plants porte-greffes sont des opérations
nécessaires pour leur bon développement. Les principales maladies qui nécessitent des traitements périodiques à Tigrigra sont : l’oïdium et la cloque. Concernant les ravageurs, les pucerons, les acariens et les mineuses sont les plus à craindre. La fertilisation de couverture est importante pour favoriser la croissance des porte-greffes et des plants par l’apport d’engrais solides et/ ou foliaires. Ces opérations d’entretien sont bien entendu poursuivies après la réussite du greffage et la croissance des greffons.
Le greffage
Vu les conditions climatiques de la vallée de Tigrigra, la seule méthode de greffage adoptée pour les arbres fruitiers à noyaux et à pépins est l’écussonnage à œil dormant. Cette opération s’étale généralement entre la 2eme quinzaine du mois de juillet et la fin du mois de septembre. La ligature est enlevée après 25 à 30 jours, une fois l’écusson bien soudé. Les greffes échouées sont répétées. Les greffons sont prélevés tous les 2 à 3 jours
124
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
des parcs à bois ou, à défaut, des vergers bien entretenus. Les baguettes de greffons dépourvues des feuilles et emballées dans des tissus humides sont conservées au froid. Après la chute de feuilles, les tiges de porte-greffes sont coupées au dessus de la greffe en utilisant un mastic fongicide pour sa protection. Avec cette méthode les plants auront séjourné pendant 2 années en pépinière et atteindront des dimensions importantes que ce soit en hauteur ou en diamètre au collet (voir photos).
Les variétés produites à Tigrigra
Les pépinières de Tigrigra multiplient les variétés classiques connues, mais aussi de nou-
velles variétés introduites par des pépinières internationales. A noter que 1,5 millions de plants certifiés sont importés chaque année. Devant la difficulté d’obtenir l’ensemble des noms des nouvelles variétés, nous nous contenterons de citer les variétés classiques des différentes espèces cultivées : - pommier : le nombre de variétés utilisées dépasse les 18. A coté des principales variétés comme Golden delicious, Starking delicious et Starkrimson, on trouve aussi : Richared, Anna, Royal gala et Top red. - amandier : on trouve plus de 10 variétés, dont Marcona, Fournat, Nec plus Ultra, Ferragnés, Ferraduel, Ttuono, Laurrane, Texas et Ail. - pêcher, 8 variétés dont : Springcrest, Suncrest, Merryl, Redhaven et J.H.Hale. - cerisier: Burlat, Van, Summit, Sunburst, Hedelfingen et Napoleon. Pour le prunier : Santa rosa, Golden japon, Stanly et Algénino. - abricotier : Canino, Maoui et Luizet. - nectarinier : Armking, Maybelle et Silver Lode.
www.agri-mag.com
La certification La majorité des plants fruitiers produits dans la vallée de Tigrigra sont des plants communs. La certification est pratiquée seulement pour les plants d’amandiers par un seul opérateur, les Pépinières du Moyen Atlas (PEPIMA). La certification est sujette à toute une procédure qui exige du pépiniériste l’application des dispositions de l’arrêté du Ministre de l’agriculture N° 2009-03 du 08 Chaoual 1424 (03 décembre 2003) relatif aux rosacées à noyaux dont, entre autres : - Posséder un parc à bois ou un parc semencier authentique et indemne de maladies pour les porte-greffes et un parc à bois authentique et indemne de maladies pour les greffons. - Posséder un terrain accessible et répondant aux normes d’isolement. - Avoir une qualification professionnelle. - S’engager à ne pas produire de plants communs de rosacées à noyaux sur la pépinière des plants certifiés. Pour les rosacées à pépins, la législation qui réglemente la certification est tout à fait récente et date de 2011 : Arrêté du Ministre de l’Agriculture N° 2 157-11 du 16 chaabane 1432 du (18 juillet 2011). La certification qui exige des analyses périodiques de sol et des végétaux est donc une étape avancée dans la production de plants fruitiers de qualité, mais elle n’est pas à la portée de tous les pé-
www.agri-mag.com
piniéristes. En absence de matériel végétal ces dernières années l’ONSSA a autorisé l’importation de plants certifiés virus free pour l’installation des marcottes avec des analyses virales tous les 4 ans. Cette politique d’encouragement de la certification des plants de rosacées pourrait aboutir dans quelques années à la suppression de la subvention étatique pour la plantation des plants communs pour être consacrée seulement aux plants certifiés.
La commercialisation Les pépiniéristes de la vallée de Tigrigra essayent de commercialiser leur produit soit aux entreprises bénéficiaires de marchés avec l’Etat, soit aux particuliers. Après deux ans de travail et de dépenses, les pépiniéristes restent préoccupés au sujet de la commercialisation des plants étant donné que les scions non arrachés après deux ans d’élevage, constituent des pertes pour le producteur. A cette occasion, il y a lieu de noter
que la nouvelle formule adoptée par les DPA qui associe la livraison des plants et les travaux de plantations dans le même marché, constitue un défi pour les pépiniéristes qui n’ont pas la capacité financière et matérielle pour répondre à ce genre d’obligation. Cette situation laisse donc la place aux entreprises de travaux divers pour bénéficier de ce genre de marchés. Les petits pépiniéristes qui n’ont pas cédé leur production sur place sont obligés de l’exposer dans les souks ou de louer un terrain sur la route principale et y placer les plants en jauge.
Organisation professionnelle L’association des producteurs de plants à Azrou a été créée en 1996 dans le cadre de la coopération avec la GTZ. Cette association a bien représenté les pépiniéristes et a défendu leurs intérêts jusqu’à l’année 2007. Cet organisme a suspendu son activité pendant 2
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
125
Les pépinières fruitières
ans à cause de problèmes internes. A partir de l’année 2009, l’apparition de la maladie du feu bactérien a poussé l’association à reprendre ses activités et à élire un autre bureau et un autre président et à changer de nom qui est devenu : Association des Producteurs de Plants de Rosacées à Azrou (APPRA), avec 75 adhérant. Après la dévastation de plusieurs vergers de poirier et de cognassier par le feu bactérien, les services concernés ont interdit la commercialisation des plants de rosacées à pépins de la vallée de Tigrigra hors de la province d’Ifrane déclarée zone de quarantaine végétale depuis l’année 2008. D’après les déclarations de son président, l’association n’a pas accepté cette décision et a demandé de la généraliser aux autres provinces ou bien de l’annuler. Dans le cadre du principal objectif fixé par l’association APPRA, à savoir l’amélioration de la qualité des plants, deux coopératives ont été créées ainsi qu’une société pour la production de plants certifiés. Les démarches engagées par cette société ont déjà abouti à l’obtention de l’agrément pour la production de plants certifiés d’amandier et d’olivier. L’installation des parcs à bois est en cours. La société créée compte également s’engager dans la production de plants certifiés de rosacées à pépins et de prunier.
Et puisque l’Etat ne dispose pas encore de matériel de base pour ces espèces, la société a pu importer les porte-greffes : MM 106, MM 111, M 7 M 9 pour le pommier, Myrobolon et Jaspy pour le prunier. Les marcottes de ces porte-greffes sont déjà installées, mais le problème du feu bactérien retarde encore l’avancement dans cette procédure. A noter que dernièrement, les efforts déployés par l’Association Marocaine des Producteurs de Plants Certifiés (AMPPC) ont abouti dans le cadre du Plan Maroc Vert, à la signature d’une convention entre le Ministère d’Agriculture et la Fédération du Développement de l’Arboriculture au Maroc (FEDAM) pour la création d’un Centre Interprofessionnel de la Recherche Appliquée et du Transfert de Technologie (CIRRAT), qui aura pour mission principale l’approvisionnement des pépiniéristes en matériel végétal nécessaire pour la production de plants fruitiers certifiés. Ce centre n’a pas été créé puisque le ministère n’a pas mis les terrains nécessairesà la disposition de l’AMPPC et la FEDAM pour l’installation des parcs à bois et des marcotières. A cet effet les pépiniéristes ont procédé, après autorisation de l’ONSSA, à l’importation soit individuelle soit en coopératives. Suite aux efforts déployés par la FEDAM et AMPPC en collaboration avec l’association des pépiniéristes d’Azrou. Il est à noter qu’au cours de cette année 2018 une union de 6 coopératives a été créée. Ces dernières ont participé avec les autres pépiniéristes, à l’importation de 130.000 plants certifiés virus free de rosacées àpépins et à noyaux. Ces plants seront plantés en marcotières et vont subir des analyses par l’ONSSA à la charge des pépiniéristes, à raison de 200 DH par plant. En 2019, il va falloir importer les greffons pour avoir une production nationale de plants certifiés de rosacées àpépins et autres rosacées à noyaux vers 2021. A noter que l’union a également importé 10.000 plants porte-greffes : GF 305 et Garnem (pêcher et néctarinier), BA 29 et Pyriam (poirier), MM 111, M7, M9, Pajam1 et 2 (pommier) et Myrobolon (prunier).
Interview
Mr Ait Tahar Mohamed Au cours d’une interview, Mr Ait Tahar Mohamed Ex président de l’APPRA et directeur de la Société Agricole de Production de Plants Certifies a Azrou (SAPPCA), a déclaré être le premier à avoir importé le matériel végétal pour l’installation des marcotières pour les rosacées à pépins et le prunier et ce après obtention d’une autorisation de l’ONSSA en 2012. La société a ainsi introduit des plants certifiés ‘’virus free’’ des porte-greffes M9 EMLA, MM106, MM111, M7, Suporter P80 et Pajam2 du pommier et Jaspet et Myrobolon pour le prunier. En 2017, après les efforts louables déployés par la FEDAM et AMPPC auprès de l’ONSSA pour débloquer la situation, un certain nombre de ces plants a fait l’objet de prélèvement pour les analyses virales et pour entamer la procédure de certification. La société SAPPCA a également installé des parcs à bois de pommier, de 126
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
figuier et d’amandier qui sont en cours de certification. De même, cette société a pu introduire la technique de greffage sur table pour le pommier en formant une équipe de greffeurs pendant trois ans pour bien maitriser cette technique. Après la greffe qui nécessité des coupes bien précises, le plant est couvert d’un papier coulant et trempé dans une cire spéciale fondue à une température bien déterminée. Cette technique coûte certes plus cher que le greffage en écusson, mais elle est utile pour des commandes spéciales. La pépinière a par ailleurs réussi la production de plants bien ramifiés qui sont très recherchés par les arboriculteurs. En 2018, la SAPPCA a participé aussi à l’importation de porte-greffe avec les autres pépiniéristes de la province d Ifrane. www.agri-mag.com
Arboriculture
STAR FRUITS
Un partenaire de choix pour l’arboriculture marocaine Depuis 50 ans, STAR FRUITS, qui regroupe 4 pépiniéristes français, recherche dans le monde entier les meilleures variétés fruitières pour les mettre à disposition des arboriculteurs. STAR FRUITS a ainsi développé, au fil des ans, un réseau d’obtenteurs dans la plupart des pays où la création variétale est active. Travaillant en étroite collaboration avec des hybrideurs privés, des universités, des stations de recherche, STAR FRUITS est en mesure d’apporter des solutions innovantes grâce à la richesse des gammes de variétés fruitières disponibles (pomme, poire, pêche, nectarine, abricot, amande, cerise...). Pour la commercialisation de ses variétés, il s’appuie sur sa filiale STAR EXPORT. Mr Serge Escorihuela, Responsable Export de Star Export a bien voulu répondre à nos questions :
ADM : Quels sont les critères déterminants dans la mise au point d’une variété ?
Serge Escorihuela : En général, parmi les principaux objectifs de la création variétale des fruits à pépins et à noyaux figurent : - la productivité, - la régularité en production (pas d’alternance), - la qualité du fruit tant gustative que visuelle. Nos variétés de pomme par exemple sont très appréciés des consommateurs marocains en raison de leur bonne qualité gustative (goût sucrée, chair croquante et juteuse) et leur attractivité du point de vue coloration et aspect de l’épiderme, - la résistance ou tolérance aux maladies. Dans ce sens nous proposons des variétés de pomme résistantes à la tavelure, des variétés d’abricot résistantes à la sharka et des variétés de poires tolérantes au feu bactérien. En proposant des variétés moins sensibles aux différentes maladies, nous permettons aux arboriculteurs de réduire les coûts des traitements phytosanitaires et de proposer
128
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
des fruits plus sains, - la bonne aptitude à la conservation et au transport : au Maroc, beaucoup de pertes sont enregistrées chaque année dans les régions de production à cause du manque d’infrastructure de conservation. Nous menons donc des recherches pour l’amélioration de la conservation des fruits. Par ailleurs, du fait que les producteurs constatent un phénomène de perturbation de la floraison des rosacées, à cause des changements climatiques, nous travaillons au développement de variétés moins sujettes à ces variations. Par exemple, des variétés moins sensibles à la chute des bourgeons due au manque de froid hivernal
ADM : Quel accompagnement proposez-vous à vos clients, producteurs ou pépinières locales ?
SE : Nous proposons à nos clients des variétés adaptées aux conditions de culture de leur zone, des conseils techniques pour le choix des porte-greffes et des variétés. Le porte-
greffe est choisi en fonction du sol et la variété en fonction des conditions pédo-climatiques de la région de plantation. Nous apportons également notre savoir-faire pour préparer la plantation en elle-même. Et pour aider les producteurs à réussir le démarrage de leurs vergers, nous assurons un suivi technique la première année de plantation et nous proposons à nos clients les services de techniciens arboricoles confirmés.
ADM : Est-il possible de contrôler le nombre de fruits par inflorescence et éviter ainsi l’éclaircissage ? SE : L’éclaircissage reste une opération obligatoire si l’on veut avoir une meilleure qualité de fruit et aussi pour éviter des alternances de la production. Cependant, certaines variétés de fruits à noyaux demandent moins d’éclaircissage que d’autres.
ADM : Quels sont les avantages que peut présenter l’adaptation de l’architecture des arbres à la conduite selon le type de vergers (normal, intensif) SE : La mise en place de vergers intensifs en plants à pépin permet d’obtenir des avantages au niveau de la rapidité de mise à fruits, des améliorations des rendements et une meilleure qualité du fruit (couleur, calibre).
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
129
Arboriculture
Questions
à Agro selections Fruits Après plus de quarante années passées dans le secteur de la pépinière fruitière, Arsène et Laurence MAILLARD ont créé en 1996 la société AGRO SELECTIONS FRUITS, une pépinière française qui fournit des plants fruitiers également au Maroc. Cette création leur permettait de se consacrer exclusivement à l’obtention et l’édition de nouvelles variétés fruitières afin d’offrir de bons fruits aux consommateurs. Ainsi, en plus de 20 ans d’existence, ils ont développé des gammes complètes de fruits de pêches et nectarines, à fruits ronds et à fruits plats, à chair jaune et à chair blanche, ayant toutes comme dénominateur commun la même saveur semi-douce, sucrée, aromatique alliée à une présentation très attrayante et à une longue conservation en pré et en post récolte. En parallèle à ce programme, ces 2 passionnés ont également travaillé au développement de gammes d’abricots (uniquement autofertiles), de cerises rouges et bicolores et de pommes, toutes du même type de saveur «semi douce».
Quelles sont les nouvelles résistances variétales en cours de développement qui pourront aider les producteurs à réduire le recours aux pesticides ?
Afin de réduire le recours aux pesticides et avant même de penser aux nouvelles résistances variétales, il est important de repenser la protection phytosanitaire dans son ensemble. Dans notre cas, nous avons proscrit depuis plus de 40 ans l’usage de tout produit cuprique dans nos vergers d’hybrides et de sélection, car nous considérons ces produits comme phytotoxiques pour les plants et causant plus de dégâts que ceux qu’ils en réparent. Nous avons également repensé toute notre politique de traitement en nous orientant vers une agriculture raisonnée, en réduisant non seulement les doses utilisées par rapport à celles homologuées et en optimisant la méthode d’application par l’utilisation de machines de traitement par électrostatique. Le résultat aujourd’hui ce sont des arbres plus sains et des économies. Aujourd’hui, nous ne traitons plus du tout nos vergers d’abricotiers et les variétés se comportent très bien. C ’est mieux q u e bio, c’est nature. Cette
130
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
réduction des traitements nous permet également d’identifier dans nos parcelles de sélection, tous les individus présentant des sensibilités et inversement d’identifier ceux qui sont résistants. Ainsi en pêches et nectarines, nous travaillons principalement sur les résistances à l’oïdium, au monilia et aux pucerons. En pommes, nous sélectionnons les variétés résistantes à la tavelure afin de répondre aux demandes du marché pour l’obtention de variétés RT.
Beaucoup de pertes sont enregistrées chaque année dans les régions de production au Maroc (manque d’infrastructure de conservation). Est-ce que vous menez des recherches pour l’amélioration de la conservation des fruits, surtout la pêche et la nectarine ? (Tout en préservant le gout)
La conservation des fruits ou de façon générale, la durée de vie en pré et post récolte a toujours été un critère important dans notre programme de recherche. Lors de la sélection nous vérifions que les variétés ont une
aptitude à se conserver au minimum 7 jours à température ambiante de 18-20°C et 1 mois minimum au froid à 0-1°C. Les sélections ne répondant pas à ces critères, même si les fruits répondent à tous les autres critères, sont systématiquement éliminés. Nous avons toujours été visionnaires car dès le début du programme de recherche, nous avons pris en considération ce critère en pensant à l’ouverture de nouveaux marchés export permettant ainsi d’expédier des fruits par fret maritime et arrivant à destination en parfaites conditions pour la plus grande satisfaction des consommateurs à l’autre bout du monde. Il faut que les fruits puissent voyager tout en conservant leur texture croquante, leur jutosité et leur bonne saveur.
Comment sont conseillées les combinaisons porte-greffe/ variété en fonction des conditions de chaque région et exploitation ?
Tout comme pour les variétés, nous pensons que le choix du porte greffe doit être fait en prenant en considération la nature du sol, les conditions climatiques et également la compatibilité avec les variétés. Dans nos essais, nous veillons à tester nos variétés en utilisant différents porte greffes pour évaluer les incidences au niveau de la productivité, du calibre, de la maturité. Dans nos conditions (France), le porte greffe qui nous donne la plus grande satisfaction reste le INRA GF677.
www.agri-mag.com
Quels sont les avantages que peut présenter l’adaptation de l’architecture des arbres à la conduite selon le type de verger (normal, intensif)
Aujourd’hui, nous recommandons de plus en plus aux producteurs de s’orienter vers le développement de vergers à haute voire très haute densité en pêches et nectarines. En effet, même si l’investissement de départ est plus important du fait de la quantité d’arbre à planter, ce type de verger, lorsqu’il est bien conduit, permet d’entrer en production dès la 2e année. En 3e année, le verger est déjà amorti. La taille des arbres peut être mécanisée en utilisant le système de topping, et la récolte peut être assurée en verger semi piéton ce qui permet ainsi de réduire considérablement les coûts de main d’œuvre, qui aujourd’hui constitue une grande problématique dans de nombreux pays du monde. Nous attirons l’attention des producteurs à bien identifier le choix du porte greffe qui est fondamental dans ce type de verger.
Quels sont les fruits sur lesquels portent en priorité vos recherches ?
Aujourd’hui, les axes prioritaires du programme de recherche d’Agro Selections Fruits sont en pleine adéquation avec les problématiques environnementales et climatiques : - variétés résistantes ou tolérantes aux principaux bioagresseurs permettant ainsi aux producteurs de ne plus traiter afin d’offrir des variétés saines, sans résidu, répondant ainsi aux attentes des consommateurs et des distributeurs ; - développement d’une gamme de variétés de nectarines sanguines, de saveur semi douce, apportant le côté «consommation plaisir et bien être» du fait de la teneur en antioxydant plus élevée que celle des fruits de nectarines classiques ; - développement d’une gamme de variétés de nectarines plates de 3e génération, de présentation très attrayante avec une cavité pistillaire complètement bien fermée, de très bonne saveur, sucrée, aromatique et de très bonne conservation. Ce nouveau produit permettra d’augmenter la consommation de fruits plats, en plein essor, en répondant aux attentes des consommateurs développant des allergies au duvet de pêches et facilitant ainsi la consommation puisqu’il n’est plus nécessaire de les peler.
Pouvez-vous citer quelquesuns de vos principaux objectifs de la création variétale ?
Dans notre programme de création variéwww.agri-mag.com
tale, les principaux objectifs ont été orientés avant tout par le respect du consommateur, souvent oublié par l’ensemble des acteurs de la filière (chercheurs, producteurs, distributeurs). Depuis le démarrage de notre programme de recherche, nous nous sommes avant tout interrogés sur ses attentes et sur les raisons pour lesquelles la consommation de fruits était en baisse constante. La réponse bien évidente, était que les fruits disponibles ne donnaient pas satisfaction car souvent très attrayants mais fades ou acides. C’est pourquoi depuis le début nous avons orienté notre recherche afin d’obtenir des nouvelles variétés répondant aux critères suivants : - en tête de liste, la saveur, qui est notre fer de lance. Et pour nous, seule une catégorie de type de fruits répond universellement aux attentes du consommateur : la classe des fruits dite «semi douce». Ce sont des fruits sucrés, légèrement acidulés, aux arômes flatteurs qui donnent l’envie de re-consommer. - le principal critère d’achat restant encore l’apparence, nous avons également associé cette saveur, à une présentation des fruits la plus attrayante possible en forme, en calibre, en coloration. En résumé, de beaux et bons fruits. - des variétés productives, de conduite facile, à longue durée de vie en pré-récolte octroyant ainsi une plus grande flexibilité aux producteurs au moment de la récolte. - conservation longue permettant ainsi de réduire les pertes au stade de la distribution, mais également d’ouvrir de nouveaux marchés du fait de leur capacité à pouvoir être expédié par fret maritime.
Comment opérez-vous pour obtenir la variété qui présentera les meilleures caractéristiques ?
Notre recherche se fait de façon très traditionnelle puisque nous réalisons les croisements en verger lors de la période de floraison. Pour ce faire, en amont, nous définissons le programme d’hybridation consistant en la sélection des géniteurs mâles et femelles, à croiser ensemble. Du fait de notre longue expérience et de notre savoir-faire, nous savons aujourd’hui quelles variétés croiser ensemble pour obtenir les résultats escomptés permettant ainsi de compléter et d’améliorer
nos gammes. L’usage des marqueurs moléculaires est un outil complémentaire.
Quelles sont vos innovations récentes ? Nos innovations les plus récentes consistent dans le développement de la gamme de nectarines plates, de nectarines sanguines et de variétés de pêches et nectarines résistantes aux bioagresseurs. Notre gamme d’abricots autofertiles représente également une innovation puisque ces variétés ne subissent aucun traitement sur notre site. Ces abricots sont mieux que bio, ce sont des fruits «nature» ne nécessitant aucun traitement.
Quel accompagnement proposez-vous aux pépinières locales qui importent vos plants et aux producteurs pour les aider à tirer le meilleur de leurs vergers (conseil sur la conduite) ? Notre philosophie a toujours été de recommander aux producteurs d’expérimenter les variétés dès lors qu’aucun retour n’était connu, pour l’adaptation de nos variétés sur une nouvelle zone de production. Certes, il est toujours possible de tirer des conclusions au vu des variétés cultivées dans ces zones, mais l’expérimentation nous semble indispensable pour pouvoir déterminer la liste des variétés recommandées pour plantation dans une zone donnée. Et c’est ce que nous avons fait au Maroc. Lorsque nous avons démarré la diffusion de nos variétés sur le territoire marocain, nous avons mis en place différentes parcelles d’essai nous permettant de tester le comportement de nos variétés. C’est ainsi que nous avons pu identifier avec l’aide de Brahim Oufkir, d’AGROMILLORA MAROC, notre pépiniériste autorisé au Maroc, les variétés les mieux adaptées aux conditions marocaines. C’est donc une belle reconnaissance aujourd’hui de voir les plantations commerciales de ces variétés donner pleinement satisfaction aux producteurs. Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
131
Melon
Fertilisation raisonnée
El Housseine Zaoui et Germaine Brun, Bureau d’étude et conseil Agro-challenge
Le melon est un fruit très particulier sur lequel les questions de goût et de qualité sont à prendre en grande considération. Le consommateur est particulièrement exigeant en termes de qualité dont les critères sont nombreux et varient selon les goûts et les habitudes de consommation de chaque pays : calibre, couleur et texture de la peau (lisse, brodée), fermeté de la chair, taux de sucre, couleur de la chair, etc. Si quelques uns de ces critères sont d’origine variétale, d’autres sont plutôt liés aux terroirs et au mode de conduite de la culture.
E
n plus des critères de qualité gustative et organoleptique, il faut se conformer aux critères
Il faut également assurer une
de marché, notamment le mar-
bonne précocité et un rende-
ché européen où la consomma-
ment optimal au moindres frais.
tion du melon est liée à la notion
Pour assurer ces critères de qua-
de plaisir et où les normes sont
de différents cahiers de charge.
lité et avoir une part honorable
plus contraignantes, il faut bien
132
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
Melon jaune canari Kechal RZ
Forte plante, rustique et adaptée au plein champ Fruits de forme ovale, légèrement ronds et côtelés. Chair blanche avec un niveau de brix élevé. Bon comportement vis-à-vis de l’oïdium.
Azilal RZ
Adaptée à des cultures verticales sous-serres ou à des cultures horizontales précoces et de saison en plein champ. Bonne nouaison à basses températures. Plante équilibrée. Fruits de forme longue ovale et légèrement côtelée. Chair ferme et cavité réduite, bon niveau de brix.
Melon Galia Gueliz RZ
Variété adaptée aux plantations précoces sous-serre et de saison; et tardives en plein champ. Forte plante rustique, avec une bonne protection des fruits. Bonne nouaison et production semi-groupée. Fruits uniformes avec une broderie régulière. Bon comportement vis-à-vis de l’oïdium.
Pastèque Morgan RZ
Pastèque type Crimson. Plante avec une bonne vigueur. Bonne nouaison en conditions froides. Rendement élevé avec une précocité significative. Fruit allongé et de calibre homogène. Chair très rouge avec une bonne qualité gustative.
www.agri-mag.com
Rijk Zwaan Maroc S.A.R.L : 620, Immeuble Idder Avenue Hassan II 80000 Agadir / Maroc Tél.: +212 528 845 153 I +212 528 884 473 Agriculture du Maghreb Fax : +212 528 844 605 133 N° 111 - Avril 2018 contact@rijkzwaan.ma I www. rijkzwaan.com
Fertilisation raisonnée du melon raisonner la gestion de sa culture du melon. Cet article traite des notions de base de la fertilisation raisonnée du melon. Cependant, il ne faut pas oublier que la culture raisonnée concerne l’ensemble des aspects de la production (choix des variétés, protection phytosanitaire, irrigation, cueillette,…). La fertilisation raisonnée du melon consiste à établir un plan de fumure prévisionnel qui sera ajusté en cours de la campagne en fonction du comportement de la culture et du suivi des paramètres culturaux (climat, nutrition, pH, EC,…).
Plan de fumure prévisionnel L’élaboration du plan de fumure prévisionnel consiste à déterminer d’avance la quantité, la répartition et le type d’engrais à apporter. Pour cela il faut : - Connaître les besoins de la plante et leur évolution au cours du cycle. - Evaluer la fourniture du sol et la biodisponibilité des
134
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
éléments nutritifs. - Connaître les fertilisants et leur efficience. En plus, ces connaissances doivent être croisées avec l’exigence de la culture visà-vis des éléments nutritifs et sa sensibilité aux facteurs biotiques, ainsi qu’avec l’incidence des pratiques culturales sur l’efficience des fertilisants et la biodisponibilité des éléments. 1-Estimations des besoins Les besoins de la plante sont évalués comme suit : Besoin = rendement X exportations par unité de rendement 2-Evolution des besoins en cours du cycle Pour tous les éléments, les besoins augmentent fortement à partir de la floraison femelle et jusqu’au début de récolte. Dans le cas du calcium, 60%
www.agri-mag.com
des besoins sont prélevés par la plante dans la quinzaine qui suit la floraison femelle. 3-Exigence du melon vis-à-vis des éléments minéraux L’exigence signifie que le melon va réagir très rapidement au manque par une baisse du rendement ou de la qualité, et réagir très favorablement
Photo Monsanto
à un apport. Le melon est consi-
ment, à l’encontre des considé-
déré comme très exigeant vis-à-
rations d’un grand nombre de
vis du magnésium et du phos-
producteurs et de techniciens,
phore et moyennement exigeant
un rationnement en potassium
vis-à-vis du potassium. Concrète-
sera moins préjudiciable qu’un
Tab 1 : Exportations moyennes pour le melon en fonction du système de culture: Exportations en kg/tonne de fruit produit Système cultural
N
P2O5
K2O
MgO
Plein champ
3.2
1.2
6.3
0.9
Chenille
3.5
1.5
6.5
1.4
Grand tunnel
3.9
1.7
6.9
1.7
à75
Tableau 2 : Influence de la nutrition sur la production du fruit )d’après Huget et Cornillon, apparu dans le Melon, Ctifl 1991( nouaison %
Nbre de fruit par plante
Poids de la récolte
Indice de production
Poids moyen du fruit
Témoin
21
6
2503
100
417
K faible
20
4
2074
82
518
Mg faible
7
2
938
37
469
N faible
15
2
1015
40
507
P faible
7
1
423
16
423
STROBICAL 25 SC Fongicide strobilurine titrant 250 g/L d’Azoxystrobine
Large spectre d’action Homologué sur oïdium du melon à une dose de 0,6l/ha. DAR réduit Préserve la faune auxiliare
Distribué exclusivement par : Cali Maroc 82 rue Loudaya la Villette - Casablanca - Tel.0522623715 / Fax : 0522623904 Email : cali@calimaroc.com www.agri-mag.com
CaO
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
135
Fertilisation raisonnée du melon teneurs en éléments nutritifs dans le sol et dans l’appareil végétatif.
Nitrate en ppm dans le pétiole ppm 4000
excés
ppm 4000 – 2500
satisfaisant
ppm 3500 – 3000
Apport de 20 à 25 kg d’azote par hectare dans la semaine
à 3000 ppm 2500
Apport de 50 kg d’azote par hectare dans la semaine
Semaine après plantation
2
3
4
rationnement en Mg ou en P.
Fourniture du sol
Pour évaluer la fourniture du sol, Il faut réaliser les analyses du sol et les interpréter selon un référentiel adapté. Il faut aussi croiser les informations tirées de ces analyses avec les conditions climatiques prévisionnelles. Pour plus d’informations nous renvoyons le lecteur aux articles parus dans Agriculture du Maghreb (le raisonnement de la fertilisation phosphatée, potassique et magnésienne - Les analyses de
5
6
7
Azote 8
sols : quelles analyses demander ? A quelle fréquence les réaliser ? - Les bases échangeables)
Contrôle et ajustement Le raisonnement de la fertilisation continue en cours de la culture par des contrôles et des ajustements des différents paramètres qui agissent sur la nutrition (conductivité, pH, humidité…) et des
L’azote, comme le magnésium et le phosphore, est un facteur limitant du rendement du melon. Mais c’est aussi un facteur de qualité et de sensibilité aux maladies. Le melon doit satisfaire correctement à ses besoins en azote de la plantation à la nouaison. Les apports d’engrais doivent être répartis sur cette période. Les apports tardif sont souvent inutiles o u source de problèmes liés à la nouaison, au grossisse-
ment, à la qualité et à la sensibilité aux maladies (oïdium, acariens, pucerons). Le pilotage de l’azote est donc une pratique essentielle pour le raisonnement de la fertilisation du melon. Pour plus d’informations sur le pilotage de l’azote nous renvoyons le lecteur à notre article « Les bases pour une gestion de la fertilisation azotée »
136
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
paru dans Agriculture du Maghreb. Le schéma ci-dessus montre la grille de décision PILazo (une des méthodes normalisées pour le pilotage d’azote sur melon). Les tests azote sont faits sur le jus pétiolaire de la semaine 2 jusqu’à nouaison. Ils sont complétés par des analyses du stock minéral à la plantation pour assurer une disponibilité de 50 à 70 kg/ha. Après la nouaison, il faut suivre les teneurs en nitrate dans le sol. D’après notre expérience, les valeurs doivent être comprises entre 40 et 70 ppm.
Les autres éléments Phosphore, Potassium, Calcium Pour le contrôle de la nutrition phosphatée, potassique et calcique, il faut faire des analyses foliaires en cours de culture. Les phases clés sont : la pré-nouaison, le grossissement et le début de récolte.
Magnésium Pour le contrôle de la nutrition magnésienne, la méthode est similaire aux autres éléments (P, K et Ca). Cependant pour le magnésium, des apports systématiques sont conseillés dans les cas suivants : - Sensibilité variétale à la grille : apports foliaires complémentaires de Mg avant le début de récolte. - Charge importante de la plante : apports foliaires ou en fertigation au grossissement. - Temps chaud : apport du magnésium en foliaire. Pour la qualité des fruits (calibre, évolution du Brix), il faut faire des apports en cours de grossissement pour équilibrer le rapport Ca/K/Mg. Dans tous les cas, la fertilisation doit être arrêtée au plus tard, quinze jours avant fin récolte.
Oligoéléments Tous les oligoéléments sont importants pour le melon. Il faut absolument étudier leur biodisponibilité par des analyses du sol. Cependant, le melon est particulièrement exigeant en molybdène et en Bore. Leur apport doit se faire de manière systématique - à la plantation pour le molybdène - au début de la nouaison pour le Bore. www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
137
Irrigation
Naissance de la (FMAPI)
Organiser une profession en plein boom C’est le résultat d’une ‘‘fusion sans changement de nom’’ entre la Fédération Marocaine des Associations des Professionnels de l’Irrigation et l’Amiag (Association Marocaine de l’Irrigation par Aspersion et Goutte à Goutte) ayant eu lieu lors d’une assemblée générale qui s’est tenue à Marrakech le 2 décembre 2017 (voir encadré). ‘‘La mise en place de la FMAPI répond à une demande des professionnels de l’irrigation par la réalisation des objectifs du Plan Maroc Vert à travers la participation aux différents projets de reconversion de l’irrigation gravitaire vers l’irrigation localisée par goutte à goutte’’ indique M Salah Eddine Mortaqi, Président de la fédération.
Objectifs :
Parmi les objectifs de la nouvelle Fédération, on peut citer : · Représenter les associations membres et défendre leurs intérêts auprès des différentes instances et promouvoir une politique générale de développement · Mettre en valeur le rôle des associations membres en tant que cadre juridique groupant tous les intervenants dans le domaine de la micro-irrigation et mener toute action en mesure de contribuer à atteindre les objectifs du PMV · Favoriser et encourager le partenariat international et la promotion de l’investissement dans le do-
138
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
maine de la micro-irrigation · Veiller à la cohésion et à la bonne entente entre ses membres · Mettre à la disposition de ses membres des services d’assistance technique, de conseil spécialisé, d’information, de formation.
M Salah Eddine Mortaqi, Président de la fédération.
Constitution :
Regroupant les 950 sociétés intervenant à ce jour dans la filière, la FMAPI est devenue ainsi le seul et unique représentant des professionnels du secteur de l’irrigation au Maroc. Elle est constituée par les associations régionales et par l’association nationale AMIAG, remplissant les conditions énoncées par les statuts. Ainsi, elle participe avec le ministère de l’agriculture via la DIAEA (Division de l’Irrigation et de l’Aménagement des Espaces Agricoles) en tant qu’interlocuteur direct pour l’élaboration des plans d’action visant la réalisation des objectifs déjà fixés par le plan Maroc vert. A signaler que la fédération est membre de la CGEM.
Instances dirigeantes de la fédération :
L’Assemblée générale de la FMAPI procède à l’élection pour deux ans et conformément aux conditions stipulées par les statuts, d’un conseil d’administration constitué de 38 membres. Les membres du
www.agri-mag.com
conseil d’administration se répartissent les taches de président, vice président, secrétaire général et son adjoint, trésorier et son adjoint, 5 présidents des commissions permanentes et 27 assesseurs.
Actions à mener
- Lancement du site web de la fédération pour informer les professionnels de l’irrigation sur les différents sujets d’actualité concernant le domaine et principalement les appels à concurrence lancés par les Ormva et Dpa du Maroc - Participation aux foires et expositions nationales dont le Siam - Contribution à l’élaboration du procédurier pour l’équipement des projets individuels et collectifs
- Soumettre un projet de contrat programme au ministère de tutelle - Mise en place de nouvelles conventions avec les organismes financiers pour l’octroi des crédits aux sociétés d’irrigation (avance sur approbation et avance sur décision) - Proposition d’un référentiel de prix pour approbation par la direction financière - Etablissement d’un programme de formation pour les sociétés spécialisées dans le domaine de l’irrigation - Mise en place de formations destinées aux agriculteurs pour les initier à la nouvelle technologie installée
Assemblées générales
Deux assemblées générales ont eu lieu le même jour (2 décembre 2017) à Marrakech : Assemblée générale ordinaire des associations régionales adhérentes à la FMAPI avec comme ordre du jour l’approbation des rapports moral et financier et l’octroi du quitus au bureau sortant. Assemblée générale extraordinaire regroupant les associations régionales adhérentes à la FMAPI et l’AMIAG pour traiter de l’ordre du jour suivant : adoption des nouveaux statuts, adhésion de l’AMIAG,l’éléction du nouveau conseil d’administration ainsi que des questions diverses.
Création du Réseau Marocain Interprofessionnel de l’Irrigation (REMIG) L’Assemblée Générale Constitutive du Réseau Marocain Interprofessionnel de l’Irrigation- REMIG s’est tenue à Rabat à l’initiative de l’Association des Ingénieurs du Génie Rural du Maroc (AIGR) et certaines entreprises spécialisées dans le domaine de l’irrigation, a connu la participation de 60 représentants de différents acteurs publics et privés intervenant dans le secteur de l’irrigation au Maroc (entreprises de travaux, fabricants, laboratoires, établissements de formation, institutions de la recherche scientifique, administrations publiques, etc.). Elle a été l’occasion d’approuver les Statuts du Réseau et d’élire les 24 membres du Bureau. Le REMIG permettra d’assurer une meilleure coordination et une meilleure implication des partenaires dans le domaine de l’irrigation au Maroc. Il a pour objectifs de :
• Promouvoir la qualité de service, l’ingénierie et l’industrie nationale, ainsi que la recherche et les formations spécialisées dans le secteur de l’irrigation; • Réaliser des actions en collaboration avec les pouvoirs publics pour faire connaître les progrès, les innovations et améliorations introduites dans le secteur ; • Participer aux actions de sensibilisations à l’économie et à la valorisation de l’eau, à son utilisation à des fins agricole et à la protection des ressources en eaux ; • Partage de l’information et coordination des activités des adhérents pour mieux faire connaître les préoccupations du secteur et tisser des relations avec toute organisation régionale, nationale ou internationale intervenant dans le secteur d’irrigation ;
• Contribuer aux développements des politiques de l’enseignement et de la formation dans le domaine ; • Appuyer et accompagner les efforts de recherche développement en matière d’irrigation ; • Exporter l’expertise marocaine à l’International et notamment sur le continent Africain. Domicilié à Rabat, le REMIG est présidé par M. Ahmed EL BOUARI, Directeur de l’Irrigation et de l’Aménagement de l’Espace Agricole au sein du Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts. Enfin, une campagne d’adhésion sera lancée dès l’entrée en vigueur de l’activité du REMIG, prévue en début avril 2018.
• Représenter les acteurs professionnels du domaine d’irrigation et défendre leurs intérêts à l’échelle nationale et internationale ; • Contribuer à l’essor de l’irrigation au niveau national et international ; • Mener des réflexions sur des problématiques concernant le secteur d’irrigation et la gestion de l’eau agricole au Maroc ;
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
139
Irrigation
La contrefaçon En équipement hydromécanique AbdelmoumenGuennouni
A l’instar d’autres secteurs, l’agriculture n’échappe pas à la contrefaçon. Ce phénomène peut prendre plusieurs formes et concerner différents produits parmi les plus utilisés tels que les semences, les produits phytosanitaires, le matériel d’irrigation, l’outillage,… La contrefaçon impacte la production, le consommateur, l’environnement, etc. et ses conséquences sont plus graves que la contrefaçon d’autres objets tels que le textile (habits). L’impact sur le marché est estimé par les professionnels à environs 20% en moyenne, même s’il est difficile à chiffrer. En pratique, la contrefaçon peut passer inaperçue tant qu’elle est limitée, mais quand
140
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
elle prend de l’ampleur et devient répétitive elle devient préjudiciable à tous. Par ailleurs, le phénomène est accentué par la forte demande en équipement de pompage et d’irrigation ainsi que par la multiplication des fournisseurs de ce type de matériel induisant une concurrence acharnée qui tire les prix vers le bas.
Pourquoi acheter des produits contrefaits ?
Le raisonnement fait par l’agriculteur est basé essentiellement sur le prix et ce d’autant plus que la différence avec celui de ‘‘l’original’’ est importante. Ainsi, il est encouragé par le faible prix d’acquisition et se dit que tous les fournisseurs sont semblables et même si le matériel est de moins bonne qualité, ça
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
141
Irrigation ne lui couterait pas plus cher d’en acheter un autre après quelques années d’utilisation s’il est hors service ou amorti. Et même si le client, suite à une précédente déception, refuse d’acheter la même marque, le revendeur (pour éviter d’être pénalisé en cas de défaillance de son matériel) lui confirme qu’ils ont opté pour une marque meilleure pour différentes raisons (faillite de la société qui le fabrique, réticence des clients, …). Dans ces conditions, même les lois de l’offre et la demande et la sanction des fraudeurs par le marché s’avèrent impossibles NB : les revendeurs ont tendance à noyer l’agriculteur dans un jargon technique incompréhensible aux non spécialistes, d’autant plus s’il est plus ou moins analphabète ou peu instruit.
Pourquoi cette différence de prix ?
Sur notre marché, les pompes à axe vertical (d’une marque bien
142
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
connue) sont vendues, avec l’étiquette de la marque, 30-40% moins cher que l’original. Dans ces cas de contrefaçon, la présentation est bien soignée (moyens importants) de façon à ressembler à un produit authentique. A ce prix
le client croit faire une bonne affaire et pense acheter une bonne marque (équivalent, dans son esprit, à une certaine qualité). Les pays et sociétés commercialisant les marques leaders sur le marché, investissent dans la recherche
www.agri-mag.com
et développement et apportent des améliorations constantes sur la fonctionnalité de leur matériel, ce qui occasionne des coûts élevés. De même, qu’ils protègent leurs secrets de fabrication auxquels les contrefacteurs n’ont pas accès et se limitent donc à copier le nouveau matériel et sa forme sans toucher au fond. Ainsi, par exemple, l’utilisation pour la fabrication de la pompe, de fonte bien compactée garantit son utilisation dans de bonnes conditions alors qu’en cas de fonte poreuse de mauvaise qualité, la pompe subit des torsions et fissurations et par conséquent une usure plus rapide aboutissant à la nécessité de son remplacement précoce. Sur le plan consommation d’énergie, l’un des atouts majeurs des grandes marques est d’arriver à un faible coût en énergie grâce à la géométrie interne de la pompe. Cette baisse de la facture énergétique permet à l’agriculteur d’amortir très rapidement (1 année) la différence de prix avec le matériel contrefait dont la dépense énergétique est sans commune mesure avec les performances obtenues avec un matériel d’origine. De même, la durée de vie du matériel est directement dépendante de sa qualité et en cas de contrefaçon la durée d’amortissement se trouve réduite des fois au minimum.
Types de contrefaçon de l’équipement hydromécanique
La contrefaçon est essentiellement le fait de produits venant de l’étranger mais certaines pratiques peuvent résulter de malversations intérieures au pays. L’objectif de ces opérations est de minimiser le coût des produits et de maximiser le profit de ces opérateurs d’autant plus que la concurrence tire les prix vers le bas.
Non respect des normes
- De l’étranger : ce sont des circuits important des marques leaders contrefaites d’Asie (Chine, Inde, Turquie, etc.). Les produits asiatiques n’ont généralement pas de normes. Les fournisseurs fabriquent selon la demande du client et pour baisser les prix, ils jouent sur la qualité de la matière première utilisée. Ceci se reflète sur la durée d’utilisation et la durée de vie du matériel. - Mondialisation : Des produits identiques, destinés aux pays développés sont fabriqués en Chine mais contrairement à ceux destinés aux pays en développement, ils respectent les normes européenne (strictes en matière de qualité). De même, en cas de sous-traitance les vendeurs européens peuvent indiquer ‘’made in xxx’’ ou autre si 70% du produit est fabriqué dans le pays en question. www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
143
Irrigation fet contagion, bien connu dans le milieu agricole, peut influencer le choix du client s’il se limite uniquement à l’aspect prix d’acquisition. Il faut être vigilent, minutieux et chercher l’authenticité. L’agriculteur, en tant que consommateur a droit à toute l’information nécessaire lui permettant une meilleure appréciation du produit proposé afin de faire son choix en toute transparence et en connaissance de cause et de procéder à des comparaisons justes entre différentes marques en concurrence sur le marché.
Les fournisseurs Etiquetage (Breed)
Les fabricants asiatiques mettent sur leurs produits la marque indiquée par le client qui peut changer légèrement le nom d’une marque connue afin de profiter de la confusion et tromper le client. Ce dernier étant le plus souvent un agriculteur sans formation particulière dans le domaine, se laisse avoir facilement (sous l’influence de revendeurs intéressés uniquement par les ventes). De même, sur ce type de matériel on note l’absence de toute indication d’origine : sur le produit les importateurs-fraudeurs demandent de ne pas indiquer l’origine du produit pour éviter le handicap de la réputation des produits asiatiques. Pourtant, l’indication d’origine du produit est une mention légale obligatoire et les autorités douanières ou ministérielles devraient être plus strictes sur ce point. L’indication de l’origine est l’une des informations qui font partie des droits du consommateur à être informé sur le produit dont il fait l’acquisition. Et pour augmenter la confusion certains importateurs demandent au fabricant d’indiquer des mentions trompeuses comme ‘‘technologie italienne’’ ou autre mention destinée à susciter la confiance. Ils peuvent aussi indiquer l’adresse en Europe de la société mère, etc. en imitant le logo ou en gardant les couleurs caractéristiques connues des producteurs.
144
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
Autres formes
La pompe proposée peut être de bonne marque, mais avec des équipements annexes (accessoires) de qualité inférieure ou contrefaits, localement ou importés. Ainsi, on peut jouer sur le moteur (électrique ou diesel) entrainant la pompe qui peut être mal dimensionné ou autre, affectant sérieusement le rendement global du package et ayant sur l’utilisateur final un impact qu’il ne pouvait soupçonner.
De leur côté, les entreprises sérieuses sont présentes dans les salons, organisent des journées d’information dans différentes régions et mènent des actions d’information auprès des agriculteurs. Elles doivent néanmoins intensifier les participations pour attirer leur attention. Les fabricants, importateurs, installateurs et revendeurs honnêtes, qui sont les premiers impactés avec les agriculteurs, doivent contribuer à avertir les concernés
Actions à mener
Une seule main ne peut applaudir. De ce fait, l’action devrait se situer à plusieurs niveaux :
L’agriculteur
L’impact de la contrefaçon affecte surtout l’utilisateur final, l’agriculteur : il n’estime pas à sa juste valeur la portée du phénomène à moyen ou long terme. Il est séduit par le prix et ne voit que les économies sur l’investissement initial. Pour contribuer à la lutte contre ce fléau l’agriculteur doit s’informer et les foires et expositions sont le meilleur moyen (outil d’information) de prendre contact avec les fournisseurs, réunis au même endroit et exiger le maximum de renseignements. Cependant, parmi les agriculteurs, ceux qui manquent de formation sont les premiers visés par les distributeurs de matériel contrefait, car plus faciles à ‘’embobiner’’. Par ailleurs, l’efwww.agri-mag.com
Responsabilité de l’Etat A en croire les professionnels, les autorités de tutelle ne font rien pour le contrôle du matériel et vont même jusqu’à subventionner les équipements contrefaits. Souvent les intermédiaires incitent l’agriculteur par le jeu de surfacturation et les taux des aides, pour la présentation de leurs demandes de subventions. L’Etat doit par conséquent : - intervenir vu qu’en cas de défaillance du produit, c’est la santé du consommateur, du bétail, de l’environnement, … qui est en jeu - mettre à jour des lois régulant le secteur - jouer (par en haut) le rôle de régulateur qui impose le respect des normes et sanctionner les fraudeurs - inspecter le matériel subventionné (offices, …)
Organisation professionnelle Aucune organisation regroupant les importateurs de ce type de matériel n’existe au Maroc. Elle aurait pu inciter ses membres à un meilleur respect des normes internationales et des bonnes pratiques. Cependant, certains des importateurs profitant de la situation actuelle, n’ont pas intérêt à ce genre de structure et préfèrent le maintien du flou. La multiplication du matériel bâtard et des produits contrefaits pourrait conduire, à plus ou moins long terme, à la disparition des bonnes marques et le marché sera dominé par la mauvaise qualité. L’utilisateur pourrait réclamer un certificat d’origine et de matière (les composantes) car certains peuvent se révéler nocifs.
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
145
Irrigation Interview
Prospection de l’eau
Une méthode scientifique pour l’agriculture Propos recueillis par Abdelmoumen Guennouni Lequel, parmi les producteurs désirant irriguer son exploitation, ne s’est pas trouvé un jour ou l’autre confronté à la question de rechercher le meilleur emplacement pour creuser un puits ? Le recours aux traditionnels sourciers ne donne pas toujours les résultats escomptés alors que les techniques et méthodes modernes existent et sont prometteuses. Mme Imane Khairi, gérante de la Sté GEO HYDR’EAU, spécialisée dans la réalisation d’études grâce à la détection des cavités et des eaux souterraines dans le sol par une méthode non destructive, a bien voulu nous apporter quelque éclaircissements à ce sujet.
Q : Comment pouvez vous présenter le secteur d’activité dans lequel vous intervenez ? Imane Khairi : L’objectif dans ce cas, est de réaliser une étude pour que l’agriculteur ou le propriétaire du terrain sache s’il a de l’eau, la quantité disponible, à quelle profondeur, le type de roche qu’il va rencontrer au cours du forage et en conclure si ça vaut la peine de
146
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
réaliser ce forage ou pas. La prospection se base sur une méthode géophysique (en principe utilisée par tous les prospecteurs d’eau, au Maroc comme partout dans le monde) avec un sondage électrique vertical, une tomographie permettant l’obtention d’images 3D, et dont les résultats sont fiables à 98%. C’est une méthode très technique qui nécessite, pour les travaux sur le terrain, de faire appel à un géophysicien ou un géologue maitrisant les calculs mathématiques et géophysiques nécessaires pour déterminer et interpréter les variables adéquates. Le principe c’est d’injecter un courant électrique à travers les roches et selon leur résistivité on détermine leur type (puisque les roches diffèrent par leur résistivité), la présence ou non d’eau, etc.
Le secteur est encore peu fourni en sociétés exerçant ce type d’études. Quelques sociétés se basant sur la même méthode géophysique effectuent le même genre de travaux mais avec des moyens différents et du matériel qui varie d’un opérateur à l’autre.
Q : Quelles sont les coûts et la durée nécessaires pour la réalisation d’une étude ? I. K. : Cela dépend de la demande du client. Si ce dernier veut une étude portant sur un seul point de sa parcelle et selon que l’étude demandée est en 2 D ou en 3 D, ça peut prendre 2H30 à 3H à multiplier par le nombre de points dans le cas où l’agriculteur veut réaliser
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
147
l’étude sur plusieurs points de son exploitation afin de choisir la zone la plus favorable. La durée peut aussi varier selon la complexité du terrain, des roches qui le composent et leur résistivité. Dans certains cas particuliers par exemple si on doit prospecter plusieurs points ou si on a affaire à une grande superficie, l’étude peut demander une à plusieurs journées pour sa réalisation. Le cout de l’étude n’est pas très élevé par rapport à l’investissement que le client est amené à réaliser et comprend un forfait pour l’étude en plus de frais de déplacement qui dépendent de l’éloignement géographique du lieu de sa réalisation. En outre, il est possible pour le client (contre paiement de frais
148
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
supplémentaires) de demander l’établissement d’une carte hydrogéologique générale de son terrain. Cette carte permet de déterminer le sens d’écoulement des eaux lui permettant d’éviter de forer dans des points défavorables et lui indiquant les meilleurs endroits pour le captage de l’eau.
Q : Comment votre entreprise intervient dans ce secteur ? I. K. : La société GeoHydr’eau, créée récemment, intervient pour la détection de l’eau dans le sol à la demande d’agriculteurs ou d’autres opérateurs publics ou privés. Pour le moment elle ne s’occupe pas de
la réalisation des forages. Personnellement, j’ai travaillé auparavant plusieurs années avec une société espagnole de détection d’eau qui avait une filiale au Maroc. Dans ce cadre, des travaux ont été réalisés dans différentes régions du Maroc et les résultats ont donné pleine satisfaction aux clients. GeoHydr’eau a importé du matériel performant et de haute technologie qui donne des résultats considérables : images en 3D que ne permettent pas d’autres types d’outils puisqu’il prospecte sur une zone plus grande, qui peut atteindre des profondeurs pouvant aller jusqu’à 300 m. Il permet aussi de déterminer le degré de salinité de l’eau disponible, ... Dans notre activité, nous avons
www.agri-mag.com
Irrigation affaire à différents types d’agriculteurs. Certains sont compréhensifs et désirent avoir une étude scientifique alors que d’autres continuent d’avoir recours aux sourciers traditionnels. Mais, aujourd’hui les gens s’adressent à des spécialistes et cherchent de plus en plus à avoir des études et données scientifiques correctes avec des rapports circonstanciés sur lesquels se baser pour réaliser leurs projets. Pour convaincre les agriculteurs, il faut expliquer que l’expérience a déjà donné de très bons résultats chez d’autres exploitants agricoles qui en sont pleinement satisfaits. En plus, l’étude fournie au client ainsi que la carte hydrogéologique se basent sur des données concrètes et non de simples conjectures. Elles permettent à l’agriculteur de décider en connaissance de cause, de l’opportunité de réaliser ou non le forage dont il a besoin et s’il répond à ses exigences d’exploitation (qualité et quantité d’eau pour quelles cultures envisagées).
www.agri-mag.com
Q : La prospection de l’eau est-elle subventionnée par les autorités de tutelle ? I. K. : Malheureusement, à ce jour et sur la base des renseignements pris auprès de l’ADA (Agence pour le Développement Agricole), il
s’avère que les subventions accordées par le Plan Maroc Vert ne couvrent pas les études de prospection d’eau. Cependant, l’agriculteur détenant une pareille étude est certain d’obtenir plus facilement l’autorisation administrative nécessaire au creusement ou forage et le pompage de l’eau d’irrigation.
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
149
Oléiculture
Pollinisation de l’olivier
Raisonnementdu choix variétal Dr. Ahmed El Bakkali - Chercheur INRA-Meknès
Avec un million d’hectares, l’olivier est l’une des principales espèces fruitières cultivée à l’échelle nationale. Le Maroc est classé en 6ème position à l’échelle internationale avec une productionde 1.500.000 tonnes d’olives soit 160.000 tonnes d’huile d’olive et 90.000 tonnes d’olives de table. Cependant, le secteur souffre de certaines contraintes à savoir, la gamme variétale restreinte (dominance de la Picholine marocaine), les faibles rendements (1 à 1.8 t/ha), l’alternance, la gestion des unités de trituration etc. Afin de surmonter ces contraintes, en l’occurrence les rendements faibles, le choix des variétés à installer dans les vergers modernes s’impose en tenant compte du phénomène de l’auto-incompatibilité.
L’auto-incompatibilité chez l’olivier
L’auto-incompatibilité (Self-incompatibility), un mécanisme pré-zygotique de post-pollinisation empêchant l’autofécondation chez les plantes hermaphrodites, est une caractéristique commune chez 40% des plantes à fleurs. Parmi les espèces végétales possédant un système d’auto-incompatibilité fonctionnel, les espèces cultivées revêtent une importance particulière car son système d’auto-incompatibilité interfère directement avec la production fruitière, ce qui représente un obstacle majeur pour un rendement élevé et stable d’une année à l’autre. L’olivier est une espèce dioïque à fleurs hermaphrodites et partiellement autogame. La pollinisation est anémophile (par le vent) et le tube
pollinique atteint la base du style 3-4 jours après la germination du pollen. Malgré l’importance socio-économique, écologique et culturelle de l’olivier, son système de reproduction est encore controversé. Les variétés capables de produire des fruits par autofécondation sont supposées existantes, mais cette supposition est rarement soutenue par les tests de paternité. Sans tenir compte du phénomène de l’alternance qui est génétiquement contrôlé chez l’olivier, il est bien connu que le rendement et la qualité des fruits dépendent d’une série de facteurs depuis l’année précédant la floraison. Généralement, produire des grains de pollen suffisants, en quantité et qualité, et avoir un taux de nouaison de 5-7% dépendent des variétés et des conditions d’environnement. Sans oublier l’incidence de
certains ravageurs et maladies (p. ex. la teigne de l’olivier), les facteurs climatiques se sont montrés déterminants en affectant directement l’induction, la différentiation florale et la floraison. L’efficacité de la pollinisation en verger d’olivier nécessite en plus de l’inter-compatibilité entre variétés, liée bien évidemment au génome de l’espèce, un ratio d’arbres de variétés pollinisatrices/variétés de base de l’ordre de 10 à 20%, qui peut être modélisé en tenant compte de : 1) le chevauchement de la floraison entre les variétés pollinisatrices et celles de base, 2) la richesse en pollen des variétés pollinisatrices, 3) les distances entre les arbres des variétés pollinisatrices et de base, 4) la longueur de la période de pollinisation effective, 5) la durée de viabilité du pollen, 6) la disposition géométrique des arbres dans le verger (carré, rectangle, quinconce ou quinconce équilatéral) et 7) l’orientation des lignes de plantation en fonction de la direction des vents.
Mécanisme génétique de l’auto-incompatibilité chez l’olivier
Schéma représentatif du cycle général de développement du fruit chez l’olivier (noir) et des événements post-floraison jusqu’à 6 semaines (rouge).
A la lumière des découvertes récentes chez d’autres espèces proches de l’olivier, de la famille Oleaceae, Filaire (Phillyrea angustifolia L.) et Frêne à fleur (Fraxinus ornus L.) et grâce à une collaboration fructueuse entre des équipes de chercheurs français, italiens et maro150
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
cains, le mode de reproduction et le mécanisme génétique déterminant l’auto-incompatibilité chez l’olivier ont été étudiés et clarifiés. Des tests stigmatiques pré-zygotiques ont été réalisés en procédant à des pollinisations sur plusieurs variétés selon des dispositifs réciproques croisés. Lorsque le stigmate et le pollen sont compatibles, plusieurs tubes polliniques convergent à travers le tissu stigmatique vers le style jusqu’à la base du stigmate et l’entrée du style. L’absence ou la présence de courts tubes polliniques sans atteindre le style sont utilisées comme critère d’incompatibilité. Les tests réalisés ont mis en évidence seulement deux groupes de reproduction (nommés G1 et G2). Aucun tube pollinique n’atteint le style dans aucun des pistils observés dans le cas des auto-fécondations, confirmant la présence d’un système fort d’auto-incompatibilité chez l’olivier. Les tubes polliniques n’ont pas poussé du tout ou leur croissance s’est arrêtée très tôt à la base du stigmate sans atteindre le style. Pour les tests de pollinisation inter-variétale, les interactions tube pollinique/ stigmate suggèrent l’existence de réactions d’incompatibilité. Une réaction similaire à l’auto-fécondation a été observée chez les variétés appartenant au même groupe (G1 ou G2) contrairement à une compatibilité entre deux variétés lorsqu’elles appartiennent à des groupes différents. En outre, aucune des variétés n’était simultanément compatible ou incompatible avec les deux groupes, ce qui prouve que
seulement deux groupes de reproduction sont présents chez l’olivier.
Perspectives d’application du modèle en deux groupes de reproduction
Deux groupes de reproduction sont mis en évidence chez l’olivier. Les variétés d’un groupe ne peuvent produire de fruits qu’après leur croisement avec les variétés de l’autre groupe. De même, la pollinisation croisée entre les variétés du même groupe génère une incompatibilité. La mise en évidence d’un tel système permet de comprendre l’effet bénéfique, jusqu’à maintenant non expliqué, des pratiques ancestrales qui encouragent la plantation d’un nombre minimum de variétés pour assurer une production oléicole satisfaisante. A titre d’exemple, l’utilisation des variétés Picholine de Languedoc, Frantoio et Arbequine, appartenant aux groupes G1 comme pollinisatrices de la variété Picholine marocaine du groupe G2. Afin de faire face aux conditions climatiques défavorables et aux phénomènes d’alternance, il est recommandé d’utiliser différentes variétés inter-fertiles en bloc de 3-4 rangées. De ce fait, une base de données des variétés d’olivier cultivées à l’échelle nationalea été mise en place avec leur classification en deux groupes. Une telle classification permettra de suggérer de nouvelles pistes pour le développement des pratiques de gestion des oliveraies à travers le raisonnement justifié des combinaisons variétales à installer dans les Liste de quelques variétés d’olivier cultivées au Maroc, leur origine et leur classement en groupes de reproduction.
www.agri-mag.com
vergers (4-6 variétés dans un même verger). D’autres études, en particulier des expérimentations pratiques aux champs, devraient être développées afin de clarifier la meilleure structure d’un verger et le nombre optimal de variétés à introduire pour une pollinisation et une production oléicole optimales. Par ailleurs, malgré que des variétés auto-fertiles soient rapportées dans la littérature, à l’image de la variété Koroneiki, nous n’avons pas pu confirmer ce constat dans notre étude. De ce fait, la sélection de variétés auto-fertiles est un critère qu’il faut intégrer dans les schémas de sélection variétale. En outre, les données obtenues permettront un raisonnement du choix des variétés performantes au niveau agronomique et compatibles à l’inter-croisement dans les schémas de sélection. D’autres travaux sont nécessaires afin de localiser le gène impliqué dans la compatibilité pour des applications futures dans la sélection assistée par marqueurs moléculaires.
Conclusion
De toute évidence, les vergers mono-variétaux doivent être évités. De même, il va falloir éviter la mise en place, dans un même verger, des variétés pollinisatrices et de base appartenant au même groupe de reproduction. En plus du phénotype de compatibilité, G1 ou G2, la plantation devrait prendre en compte d’autres paramètres importants tels que la phénologie de la floraison, la direction du vent pendant la période de floraison et la position relative des différentes variétés dans le verger. Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
151
Tests stigmatiques effectués pour évaluer l’auto-incompatibilité chez deux variétés d’olivier appartenant à deux différents groupes de reproduction : G1 et G2. (a) et (c) Les pollens des deux variétés ne germent pas sur leurs propres stigmates indiquant l’auto-incompatibilité de ces variétés ; (b) et (d) développement des tubes polliniques chez les deux variétés en cas de pollinisation croisée attestant la compatibilité inter-variétale ; Les flèches indiquent la base du stigmate et l’entrée du style. M : génotype utilisé comme parent mâle ; F: génotype utilisé comme parent femelle.
Publi-reportage
Oléiculture
Au Maroc, Todolivo a déjà planté plus de 3.450 hectares ! Efficacité et durabilité, clés pour produire des huiles extra vierges de très haute qualité dans les plantations multivariétales Todolivo conçoit des plantations multivariétales personnalisées, après la réalisation d’une étude exhaustive du terrain et de la climatologie de l’exploitation agricole, afin d’en tirer le plus grand profit agronomique et la meilleure rentabilité, et obtenir des huiles d’excellente qualité, aux saveurs différentes et très cotées sur les marchés. L’entreprise de Cordoue Todolivo, développe son système d’Oliveraie en Haie en prenant comme référence ce qui fonctionne depuis toujours. Il y a de nombreuses années, les agriculteurs plantaient différentes variétés dans leurs exploitations dans le but d’améliorer la fertilité de l’olivier, car celui-ci est mieux fécondé avec le pollen de variétés autres que la sienne (fécondation croisée). Todolivo, dans
ce sens, a choisi comme point de départ cette formule, qui recherchait déjà une plus grande rentabilité de l’exploitation, en concevant des plantations multivariétales. L’objectif ultime de celles-ci est d’obtenir le plus grand profit agronomique du domaine, en utilisant les variétés qui s’adaptent le mieux aux différentes circonstances agronomiques et climatologiques de celui-ci, en réduisant les risques
causés par les incidents météorologiques et obtenir des huiles de tout premier choix, avec des saveurs et des arômes uniques, qui, en outre, sont plus demandées et sont très cotées sur les marchés internationaux.
Comment y parvenir ?
Adaptées aux cultures pluviales et irriguées, les plantations multivariétales de Todolivo intègrent dans
Un ingénieur agronome de Todolivo supervise l’Oliveraie en Haie dans un domaine situé à Meknès. 152
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
153
Oléiculture
Plantations réalisées au Maroc.
une même exploitation différentes variétés d’olivier, regroupées par typologie et formant des haies continues pour pouvoir être récoltées ultérieurement par une machine de récolte (enjambeur). Todolivo personnalise ces plantations, vu que chaque domaine présente des caractéristiques agronomiques et climatologiques propres : l’équipe technique réalise une étude détaillée du terrain, tourière par tourière, pour connaître sa typologie et son orientation, ainsi que la climatologie locale. Avec le résultat de cette analyse, et tenant compte des caractéristiques relatives au port et à la vigueur, la résistance au froid et à la sécheresse, la tolérance aux maladies et ravageurs de chacune des variétés, les ingénieurs de Todolivo conseillent l’agriculteur sur les variétés idéales pour chaque parcelle, l’écartement et l’orientation. Tout cela dans le but d’obtenir la plus grande rentabilité, et minimiser l’investissement et les frais d’entretien. L’agriculteur choisit les variétés qu’il désire pour sa plantation multivariétale, en fonction également du type d’huile qu’il souhaite obtenir. Dans tous les cas, toutes les variétés qu’utilise Todolivo produisent des huiles de très grande qualité différenciées et de surcroit, avec la possibilité de produire un coupage unique par domaine.
Comment ces huiles sont obtenues ?
La récolte des olives a lieu au meilleur moment de leur maturité et rapidement, grâce à la mécanisation des travaux. Les récolteuses de Todolivo permettent de récolter entre 10 et 25 hectares par jour, selon la vitesse de récolte, qui dépendra aussi de l’écartement de plantation. De plus, toutes les olives sont 154
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
récoltées de l’arbre sans qu’elles ne touchent le sol. Elles ne devront donc pas passer par des laveuses avant d’être pressées dans l’unité de trituration, sans être entrées en contact avec des possibles résidus, humidité ou micro-organismes pouvant altérer leur qualité. La qualité des huiles obtenues dans les plantations multivariétales est aussi notable du point de vue de la durabilité environnementale. En effet, ce système se sert des restes de taille qui tombent au sol comme nutriments de l’arbre. De la lithionite est appliquée dans les plantations, un minéral d’origine naturelle qui retient les nutriments provenant de la décomposition des restes de taille broyés et mis ensuite à disposition des plantes, réduisant ainsi considérablement l’apport de fertilisants. En effet, dans le cas de certaines exploitations, il n’a pas été nécessaire pendant de nombreuses années d’utiliser de fertilisants grâce à l’application de la lithionite au sol avant de planter. Rentabilité et durabilité économique, mais aussi écologique, vont de pair dans les plantations multivariétales que conçoit Todolivo.
Toutes les variétés, aptes pour ces plantations
Toutes les variétés d’oliviers sont aptes pour les plantations en haies, il reste simplement nécessaire de tenir compte de leurs caractéristiques agronomiques et de les manipuler de manière adéquate. Effectivement, Todolivo travaille avec plus de 100 variétés. Parmi les plus demandées par les agriculteurs, se trouvent, du fait de leur précocité et haute productivité constante, ainsi que leur tolérance aux différentes maladies et inva-
sions : Arbequina i-21R, Arbosana i-43R, Imperial i-23R, Koroneiki i-38R, SikititaP, Picual i-11R, Hojiblanco i-53R, Manzanillo Cacereño i-57R, Callosina i-69R, Arroniz i-65R, Blanqueta i-55R ou Coratina i-99R. A partir de ces variétés (des clones sélectionnés par Todolivo) on obtient d’excellentes huiles, toutes extra vierges.
Plantation multivariétales, aussi sur des terrains arides
Todolivo a été pionnier de l’Oliveraie en Haie sur terrains arides : la première plantation a eu lieu en 1999 sur le domaine ‘La Matanza’, située dans la province de Séville. Depuis lors, jusqu’à aujourd’hui, on a pu constater que, sur terrains arides, les plantations d’Oliveraies en Haie sont très rentables. Le rythme de vie agronomique sur terrains arides est pondéré, sa manipulation étant très simple, naturelle, saisonnière et calme. Les écartements retenus sont plus amples et donnent plus de lumière aux haies. L’investissement et les coûts de maintenance sont plus bas : le prix pour produire un kilogramme d’huile extra vierge est inférieur à celui d’une plantation sur terrains irrigués. Voir l’historique de production du domaine d’Oliveraie en Haie sur terrain aride ‘El Camarero (Fiqure1)
Taille naturelle
Todolivo a évolué vers des écartements plus amples et lumineux, en augmentant l’espace entre les arbres sur la ligne et les rangées, obtenant ainsi l’écartement nécessaire pour réaliser sur la haie la taille naturelle, héritée de la taille traditionnelle de l’olivier. Tous les ans, les oliviers sont netwww.agri-mag.com
Publi-reportage
toyés et taillés, les sarments sont éclaircis, les gourmands et les branches entremêlées sont éliminés, en laissant l’espace nécessaire pour que celles-ci poussent et se développent sans toucher les oliviers voisins. On laisse deux branches productives par arbre, avec un écartement suffisant pour permettre à l’olivier de s’exprimer convenablement et obtenir ainsi une fausse palmette jeune et renouvelée. Les espaces restants entre les arbres seront remplis par la croissance de ceux-ci depuis leur taille jusqu’à la floraison au printemps, et avec celle qui se produit à l’automne qui finira par remplir ces espaces et fera partie de la prochaine production. Le but est que les branches reçoivent la lumière suffisante pour obtenir des productions importantes. Les plantes sur terrains arides se développent harmonieusement, puisqu’elles poussent uniquement au printemps et à l’automne. Avec la taille, qui est réalisée après la récolte, et une fois la période hivernale passée, on retire les éléments anciens et non productifs, et les parties denses sont éclaircies, ce qui permet que la lumière développe des sarments dans les lignes, ce qui favorise que le feuillage productif créé pousse du tronc vers l’extérieur. En définitive, la fausse palmette de la haie et la taille naturelle favorisent une captation de lumière plus importante, entraînant une production bien supérieure et un bon rendement.
Le labour
Les travaux de labour dans l’exploitation sont tout aussi importants, puisqu’ils sont à l’origine du stockage et de la rétention de l’humidité au sol. Comme pour la taille, Todolivo maintient le labour tel qu’il était réalisé traditionnellement dans les oliveraies. Le sol est travaillé à une profondeur plus ou moins importante selon sa texture et est labouré pour la première fois en hiver, après les premières gelées. A la fin du printemps, pour maintenir la terre meuble et selon les dernières pluies, on ajoute une couche plus légère. Il reste uniquement le râteau à passer en été pour maintenir quelques centimètres de terre meuble, dans les sols argileux qui se crevassent. www.agri-mag.com
Figure 1
Rentabilité maximale aux moindres coûts
Todolivo vise à ce que l’oléiculteur tire le plus grand profit et rendement de son exploitation aux moindres coûts de maintenance possibles. Dans ce sens, les innovations réalisées grâce à la mécanisation de la récolte des olives ont entraîné une baisse des coûts. En effet avec les écartements conçus par Todolivo, un hectare de terre est récolté en environ 45 minutes, ce qui suppose un coût de récolte d’entre 1 et 3 centimes d’euro par kg d’olive. A la diminution du coût de récolte, s’ajoute la réduction qui se produit avec la taille naturelle, qui ne dépasse pas les 250 € par hectare,
ainsi que des frais phytosanitaires inférieurs (grâce à la grande résistance des variétés utilisées par Todolivo aux maladies et ravageurs), et de désherbage, car le labour réalisé, en plus de donner une excellente texture à la terre, élimine aussi les mauvaises herbes. En fin, pour obtenir la rentabilité maximale des exploitations oléicoles, il est important de souligner le travail assuré par les ingénieurs de Todolivo, les recherches agronomiques réalisées dans l’exploitation, la conception personnalisée qu’ils effectuent, en définissant l’écartement et les variétés idéales selon la typologie du sol, la climatologie du lieu et le type d’huiles que l’agriculteur désire obtenir. Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
155
Phytoprotection
Tuta absoluta
Contrôle chimique, prévention et gestion de la résistance Tuta absoluta, ravageur de la tomate bien connu et redouté des agriculteurs de la région Souss-Massa, a fait un retour en force ces deux dernières campagnes. Après une période d’accalmie, T. absoluta semble avoir reconstitué ses populations avec une meilleure disposition biologique : la résistance. Les producteurs qui ont su négocier une certaine maîtrise de la situation, n’ont pu le faire qu’en combinant divers facteurs : lutte chimique, piégeage sexuel massif, auxiliaires, barrières physiques, mesures prophylactiques. Dans ce sens, il est toujours utile de rappeler les mesures de bonnes pratiques phytosanitaires, afin de minimiser la sélection de populations résistantes. Il s’agit surtout d’éviter des applications répétées d’insecticides appartenant à une même famille chimique.
Développement de la résistance
Les observations relatives au développement de la résistance aux insecticides chez T. absoluta dans son aire d’origine étaient peu communes. Nous en rapportons quelques-unes afin de mieux com-
156
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
prendre le processus. Une diminution de l’efficacité des organophosphorés a été constatée en Bolivie et au Chili vers les années 1970, mais compensée d’une manière satisfaisante parl’arrivée des pyréthrinoïdes sur le marché. Plus tard, vers 2000, une résistanceaux organophosphorés et aux pyréthrinoïdes est notée au Chili, à l’abamectine, à l’hydrochloride (cartap), au méthamidophos et à la perméthrine au Brésil. En Argentine, les seuls insecticides déployés contre la mineuse étaient les organophosphorés, puis progressivement relayés par des pyréthrinoïdes au cours des années 1970. Au début des années 1980, le cartap, alterné avec les pyréthroïdes, et le thiocyclam ont témoigné d’une excellente efficacité. Une décennie plus tard, des produits avec de nouveaux sites d’action tels que l’abamectine, les régulateurs de croissance (acylurées, spinosad, tebufénozide, chlorofénapyr) ont été utilisés avec succès contre le ravageur. Mais l’apaisement fut de courte durée. La méthode de lutte, entièrement chimique, et les exigences immodérées de la tomate en traitements, parfois jusqu’à 36 interventions sur une saison de culture, ont conduit inévitablement les populations à la résistance. Dans ses directives pour la préven-
tion et la gestion de la résistance aux pesticides, la FAO (2012) dresse un tableau exhaustif des facteurs biologiques, génétiques et opérationnels dans le développement de la résistance. Si l’on parcourt ce tableau et l’on y confronte T. asoluta, on la découvre totalement candidate à la résistance. Sans que l’on songe davantage à le montrer, même en matière de reproduction, des études récentes démontrent sa capacité à procréer par parthénogenèse, donnant ainsi naissance à une descendance viable sans le besoin d’une fécondation sexuée. En effet, son infection par la bactérie Wolbachia, présente au sein de divers arthropodes, agit de façon non négligeable sur la sexualité des individus qu’elle infecte, et est particulièrement capable d’engendrer une parthénogenèse « non programmée » chez la mineuse comme c’est le cas chez d’autres insectes. Sur ce point particulier, les chercheurs pensent que la parthénogénèse, développée récemment par T. absoluta, est un moyen de résistance aux luttes phéromonales afin d’assurer sa pérennité. En conséquence, la tomate est donc en proie à un déprédateur gratifié de potentialités exemplaires pour sévir farouchement. Depuis quelques années, les conditions d’utilisation des insecticides www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
157
Tuta aboluta
Lutte Biologique
sont bien explicitées en se basant sur l’analyse des risques de développement ponctuel de populations résistantes. Leur compréhension et leur mise en œuvre en termes de préconisation et d’utilisation, étapes indispensables pour maintenir l’efficacité des modes d’action disponibles, d’autant plus que l’innovation se fait de plus en plus rare, sont malheureusement parfois laissées de côté. Sous la pression du ravageur, du marché, du prix de revient, etc., les maraichers pratiquent des assortiments qu’ils auraient dû éviter.
Les bonnes pratiques phytosanitaires
Le comité d’action contre la résistance aux insecticides (IRAC) met en avant depuis des décennies des
mesures de bonnes pratiques phytosanitaires, redites régulièrement par les techniciens aux utilisateurs afin de minimiser la sélection de populations résistantes. La plus importante est : ne pas réaliser des applications répétées d’insecticides issus d’une même famille chimique. Pour mémoire, les recommandations du groupe ‘Mode d’action IRAC’ sont accessibles sur le site : www.irac-online.org/documents/moa-brochure/?ext=pdf L’IRAC précise aussi d’autres conditions d’emploi qui sont parfois peu prises en compte par manque de connaissance, notamment dans le cadre de la construction de stratégies efficaces de gestion préventive du risque d’apparition de résistance, pour des cultures soumises à plusieurs générations successives d’une ou plusieurs espèces
Tableau : Recommandations de l’IRAC pour la gestion de la résistance.
A, B, C, D, E et F : des produits n’ayant pas le même mode d’action.
158
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
de ravageurs. En effet, IRAC accorde, à juste titre, une importance particulière aux applications. Les traitements au même mode d’action doivent s’agencer en ‘fenêtre’, dont la durée est déterminée par la biologie et les stades du ou des ravageur(s) ciblé(s) et de la culture. Une ‘fenêtrede traitement’ est une période d’activité résiduaire apportée par une application ou une séquence d’applications d’un même mode d’action. Théoriquement, la ‘fenêtre de traitement’ correspond à minima, à la durée d’une génération d’un ravageur cible. Plusieurs applications d’un produit d’un même groupe IRAC sont possibles au sein d’une fenêtre de protection mais il est reconnu fondamental que deux générations successives d’un même ravageur ne soient pas traitées avec des matières actives d’un même groupe. Il faut redire que le nombre maximum d’applications signalé sur la vignette de chaque produit ne doit pas être ignoré ou sous-estimé et qu’il convient donc de définir le meilleur positionnement de chaque spécialité en fonction de ses caractéristiques et des besoins de la protection pour chaque période d’une culture donnée. Le recours à des méthodes culturales ou de lutte biologique permettant de retarder dans la saison ou de limiter les applications insecticides est une partie importante dans la construction d’un programme durable de protection. Et pour le cas où des mécanismes www.agri-mag.com
de résistance métabolique pourraient occasionner des résistances croisées entre groupes IRAC, les recommandations doivent être adaptées en conséquence pour créer de réelles alternances en puisant dans les groupes définis par l’IRAC, avec au moins une génération/fenêtre non assujettie à une pression de sélection. Sur toute culture, le défaut de respect des consignes exposées ci-dessus et des conditions d’emploi précisées sur l’étiquette des produits conduit généralement à de sérieuses complications de production comme ce fut le cas notamment en Sicile en 2014, dans des serres de tomates attaquées par T. absoluta et à présent chez nous. Et si on savait apprécier et tirer profit des expériences des autres ? Des utilisations répétées de spécialités à base de diamides (chlorantraniliprole et flubendiamide (groupe IRAC 28) au cours de ces dernières années par des utilisateurs ne respectant pas les recommandations édictées en matière de nombre total d’application et d’alternance par fenêtre ont conduit à la détection de cas de résistance aux diamides, et cela malgré un contexte favorable en termes de nombre de familles chimiques homologuées et efficaces contre ce ravageur. Pour Tuta, un raisonnement rigoureux des traitements et de leur rythmicité demeure un impératif précisé déjà en 2011 (voir www.irac-online.org/documents/tuta-absoluta-irm-poster/?ext=pdf ). Il est salutaire que ces recommandations soient partagées et mises en œuvre par les prescripteurs et les maraichers, afin de garantir la durabilité des stratégies actuelles et par conséquent celles des exploitations.
Respecter la rotation des produits selon leur Mode d’Action (MoA) dans les fenêtres du temps
• Une fenêtre d’application est d’environ 30 jours, soit la durée moyenne d’une génération de Tuta. Au cours de cette fenêtre, une ou plusieurs applications consécutives d’insecticides appartenant à un seul groupe IRAC peuvent être appliquées (ont le même numéro du groupe IRAC) • Après le dernier traitement d’une «fenêtre» donnée, il faut attendre au moins 60 jours avant d’utiliser à nouveau des insecticides du même groupe IRAC, • Évitez d’utiliser les produits ayant le même MoA dans plus de 3 fenêtres sur la tomate à cycle long conduite sous serre • Éviter d’utiliser les produits ayant le même MoA dans plus de 2 fenêtres sur la tomate de plein champ. • Installer l’application gratuite IRAC MoA sur votre smartphone ou tablette. L’ensemble des insecticides est classé dans cette application par leur MoA. Les insecticides ayant le même numéro de groupe IRAC, ont le même mode d’action.
www.agri-mag.com
Association Marocaine de Protection des Plantes Symposium International Protection Intégrée Biocontrôle en Cultures Horticoles et Arboricoles Complexe Horticole - IAV Hassan II
Agadir 19 – 21 Juin 2018
Première circulaire
Thèmes du Symposium
- Réglementation et marché des produits de biocontrôle - Biopesticides et produits de biocontrôle (produits à base de macro et micro-organismes, médiateurs chimiques et substances d’origine naturelle, Stimulateurs de Défense Naturelles, .....) - Intégration des méthodes de biocontrôle en cultures horticoles sous abri-serres et en arboricultures fruitières. - Production en masse des ennemis naturels. - Efficacité des agents de lutte biologique contre les maladies, ravageurs et adventices; en post-récolte et en adaptation aux changements climatiques. - Effets secondaires des pesticides sur les ennemis naturels. - Recherche et développement de la lutte intégrée et biologique. - Biocontrôle et socio-économie. - Contribution du biocontrôle au respect de l’environnement et de la santé humaine. Le programme sera agrémenté par des visites de domaines appliquant des techniques innovantes de biocontrôle et de lutte intégrée. Le hall de la conférence sera un espace dédié aux stands des firmes opérant dans le secteur
Dates importantes Inscription: Soumission des résumés: 15 Janvier 2018 Article complet : 16 Avril 2018
Pour plus de détails : www.amppmaroc.org
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
159
Arboriculture
Acariens du pommier Mesures pour réduire le nombre des traitements
Qu’ils soient rouges ou jaunes, les acariens constituent une menace permanente pour les arbres fruitiers. Ils nécessitent chaque année un nombre élevé d’interventions phytosanitaires. Lorsque les échecs de traitement sont constatés, cela ne relève pas toujours de l’acaricide mais parfois de l’inadéquation des techniques d’application, du matériel de traitement utilisé et du positionnement des interventions. Ces mauvaises pratiques réduisent l’efficacité des produits, amplifient l’usage des pesticides, favorisent le développement de la résistance, accroissent le coût de la lutte et nuisent à l’environnement.
L
es Tétranyques du pommier sont de petits Arthropodes de taille inférieure à 1 mm. Au stade adulte, ils possèdent 4 paires de pattes et sont aptères. De ce fait, ils ont un mode de vie plus ou moins sédentaire et en outre, ils se caractérisent par une reproduction parthénogénétique du type arrhénotoque (donnant des mâles). Ces facteurs facilitent des mutations et notamment une résistance rapide aux acaricides surtout si l’agriculteur ne raisonne pas le choix des pesticides. La biologie de l’acarien rouge et de
160
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
l’acarien jaune est complètement différente :
L’acarien rouge
Il est oligophage et se développe sur un petit nombre d’hôtes, surtout le pommier et le poirier, mais aussi le pêcher et la vigne, sur lesquels il effectue, au cours de l’année, la totalité de son cycle. Il est particulièrement nuisible au pommier en zones d’altitude. Les femelles pondent 2 types d’œufs : - Les œufs d’hiver : œufs diapausants, déposés à la base des rameaux et au niveau de divers abris
de l’arbre vers le mois d’aout. Leur éclosion a lieu environ 7 mois plus tard. Les éclosions peuvent être plus précoces si les températures hivernales sont douces. - Les œufs d’été : déposés exclusivement sur le feuillage. Contrairement aux œufs d’hiver, leur durée de développement embryonnaire est courte et varie d’une à deux semaines selon la température. Par la suite, les conditions climatiques printanières et estivales favorisent le développement de plusieurs générations avec une présence simultanée de tous les stades : œufs d’été, larves, nymphes et adultes www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
161
Photos A.SEKKAT
Les acariens du pommier
Photo Sekkat A.
Oeufs de l’acarien rouge sur rameau
Oeufs panonychus ulmi
mâles et femelles. Généralement, c’est au début de l’été que les pullulations de l’acarien rouge sont couramment constatées dans les vergers de pommier du Moyen Atlas. Et vers fin août, les dernières générations estivales déposent les œufs d’hiver sur divers organes ligneux de l’arbre.
nombreuses espèces de la flore adventice des vergers : liseron, chénopode, amarante, morelle noire, etc. Dès le réchauffement printanier, le Tétranyque se multiplie plus ou moins activement en relation avec la température ambiante du verger. La remontée des populations larvaires et imaginales sur les arbres varie selon les années. Pour les années à faible pluviométrie, la flore adventice s’étiole rapidement et les populations envahissent précocement les arbres, vers fin mars. Mais, en cas de printemps pluvieux, l’acarien se maintient plus longtemps sur la strate herbacée et la remontée est tardive. Il faut par ailleurs préciser que le désherbage accélère l’invasion des arbres par l’acarien jaune. Le retour de l’acarien sur la strate herbacée a lieu généralement à la fin de l’automne. Pour ce qui est des prédateurs des acariens, les chrysopes et les coccinelles Stethorus sp, c’est vers fin juin qu’ils commencent à s’activer. Mais, ils sont incapables de contrôler les populations des Tétranyques.
prend alors un aspect plombé. La photosynthèse est alors fortement perturbée, ce qui affecte énormément la production en qualité et en quantité. Un fait mérite d’être signalé dans le cas précis de l’acarien rouge. Les pullulations tardives des mois d’août et septembre peuvent se traduire par une ponte très importante des œufs d’hiver. Et dans ce cas, dès le débourrement les larves issues de ces œufs peuvent se concentrer sur les jeunes pousses provoquant leur rabougrissement ce qui risque d’affecter sérieusement la floraison. - Quant à l’acarien jaune, en cas de pullulations, il tisse des toiles qui le protègent des attaques de prédateurs et qui le disséminent d’un arbre à l’autre et d’un verger à l’autre sous l’action des vents.
Les effets nuisibles des acariens
1- Choix des acaricides Il faut tenir compte de 2 critères : les types d’action et les modes d’action biochimique des acaricides
Les acariens Tétranyques s’attaquent exclusivement aux feuilles. Par leurs innombrables piqûres, ils vident de son contenu la cellule du parenchyme foliaire qui se décolore peu à peu et en cas de fortes populations, le feuillage jaunit et
Protection phytosanitaire Dans la lutte contre les acariens Tétranyques, il faut d’abord bien choisir l’acaricide :
Types d’action Ce sont des actions sur les différents stades des acariens. On distingue ainsi les acaricides ovicides, les larvicides et les adulticides. Par
L’acarien jaune
Il est plutôt polyphage, évoluant sur un grand nombre d’hôtes dont les arbres fruitiers, les cultures maraîchères et diverses plantes adventices. En outre, sur pommier comme pour les autres arbres fruitiers, l’acarien jaune n’effectue qu’une partie de son cycle, l’autre partie se déroule sur la strate herbacée du verger. Cette espèce pullule chaque année dans les vergers arboricoles des zones de basse et de moyenne altitude (Saïss, Gharb, Tadla, Haouz, etc.). L’acarien jaune passe l’hiver, sous différents stades, sur de 162
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
163
conséquent, il faut bien connaître la structure de la population avant d’opter pour tel ou tel acaricide. Mode d’action biochimique Les acariens Tétranyques développent rapidement une résistance aux acaricides, raison pour laquelle il est conseillé d’alterner les produits selon leurs modes d’action biochimique. Les acaricides homologués actuellement au Maroc, contre les acariens du pommier, ont les modes d’action suivants : • Produits neurotoxiques : Produits qui agissent sur la croissance et le développement • Produits qui agissent sur la respiration cellulaire • Produits qui Inhibent la chitine • Produits qui Inhibent la biosynthèse des lipides. 2- Stratégie de lutte La biologie des deux espèces Tétranyques étant totalement différente, la stratégie de lutte n’est pas la même pour les 2. Contre l’acarien rouge - Lutte contre les œufs d’hiver : dans certains vergers, la ponte d’œufs d’hiver est parfois très importante, il y a un risque pour les jeunes pousses. Dans ce cas, il est conseillé d’observer 50 rameaux de 2 ans; à raison d’1 rameau/arbre (en janvier-février) et si le seuil dépasse 60% d’organes infestés, il faut utiliser un acaricide ovicide (Voir Index Phytosanitaire du Maroc). - Traitement d’hiver à base d’huile : ce traitement, effectué en principe au stade C du pommier, est dirigé contre les formes hivernantes des ravageurs du pommier (Cochenilles, acarien rouge et pucerons). - Traitements de pleine végétation, à partir de mars ou avril et selon les années : il est recommandé d’observer 100 feuilles à raison de 2 feuilles/arbre et d’intervenir 164
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
avec un acaricide si 40 à 50% de feuilles sont infestées. Dans ce cas, il faut opter pour des acaricides ovicides-larvicides-adulticides (Voir Index Phytosanitaire du Maroc). Contre l’acarien jaune Il faut surveiller à quel moment précis les populations de l’acarien jaune entament la remontée sur les arbres et il est recommandé d’examiner 100 feuilles à raison de 2 feuilles/arbre et d’intervenir avec un acaricide si 40 à 50% de feuilles sont infestées. Le choix du produit est en relation avec la structure des populations.
Conclusion
Les principaux ravageurs du pommier : le carpocapse, les acariens et les pucerons, sont des résidents permanents du verger. Ils passent l’hiver sous différentes formes de
conservations et commencent à s’activer dès le débourrement. Mais ce sont les acariens qui posent le plus de problèmes à l’arboriculteur. D’une part, la lutte chimique nécessite plusieurs traitements phytosanitaires, sans pour autant être sûr de contrôler ces Tétranyques et d’autre part, l’intervention acaricide est souvent onéreuse. L’arboriculteur a donc la possibilité de réduire le nombre de traitements à condition d’agir à différents niveaux : · D’abord la prophylaxie - Contre l’acarien rouge : Le bois de taille est souvent infesté d’œufs d’hiver, il est conseillé de le ramasser et de l’éloigner du verger pour éviter la réinfestation des arbres par les larves après éclosion des œufs. - Contre l’acarien jaune : Il est recommandé de débarrasser le pied des arbres de toutes les mauvaises herbes qui favorisent la multiplication du ravageur et qui constituent un danger permanent pour les arbres. · Le choix judicieux du produit acaricide qui doit tenir compte de la structure de la population de l’acarien à combattre et aussi du mode d’action de l’acaricide à utiliser. L’alternance des modes d’action évite, en effet, tout risque de développement de la résistance. · En fin l’exécution des traitements : cette opération joue un rôle capital dans la réussite de l’intervention acaricide. Il faut veiller à mouiller les arbres correctement car les Tétranyques sont souvent présents en grand nombre et bien dissimulés dans le feuillage. Le choix du matériel de traitement est donc primordial. Extrait d’un document du Prof. A. SEKKAT www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
165
Phytoprotection
Les pucerons des rosacées à noyau dans la région d’Ifrane BIOLOGIE, DEGATS ET STRATEGIE DE LUTTE
La faune des Arthropodes nuisibles aux rosacées à noyau est particulièrement riche et diversifiée. Seuls quelques ennemis-clés occupent une place importante dans la protection phytosanitaire des vergers. Il s’agit, en particulier, des pucerons de la cératite, du pou de San José et du capnode noir.
L
’autre catégorie de phytophages, beaucoup plus large, a une activité déprédatrice, souvent économiquement peu importante mais très variable selon les régions, les vergers, les variétés, etc. Bien évidemment, les programmes de lutte dans les vergers sont organisés selon les possibilités de maîtrise des ravageurs-clés. Dans ce document nous nous limiterons à la biologie et aux effets nuisibles des pucerons susceptibles d’être rencontrés dans les vergers de rosacées à noyau et nous proposerons une stratégie de lutte.
Les espèces
Cinq espèces de pucerons sont susceptibles d’attaquer les rosacées à noyau : • Brachycaudus amygdalinus nuisible à l’amandier. • Hyalopterus pruni nuisible à l’ensemble des rosacées à noyau.
166
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
• Myzus cerasi nuisible au cerisier. • Myzus persicae nuisible au pêcher. • Pterochloroides persicae nuisible au pêcher et à l’amandier.
Eléments de biologie
Pour les quatre premières espèces de pucerons, elles passent la plus grande partie de leur cycle sur les rosacées à noyaux comme hôtes primaires alors que les plantes herbacées (spontanées ou cultivées) sont considérées comme hôtes secondaires. De ce fait, ces espèces sont classées d’hétérœciques. Ces espèces hibernent sous forme d’œufs, éclosent vers mi à fin mars et donnent naissance à des femelles (fondatrices). La période d’intense multiplication des populations s’échelonne selon les espèces sur 2 mois et demi à 3 mois environ (mars à fin-mai). Les individus ailés quittent progressivement les arbres fruitiers pour coloniser les hôtes secondaires (vol d’émi-
gration). Ces espèces disparaissent totalement des arbres fruitiers vers fin juin. À la fin du mois d’octobre, des individus ailés (sexupares) commencent à revenir sur les hôtes primaires (vol de retour) pour donner naissance aux femelles ovipares. Celles-ci s’accouplent et déposent leurs œufs, isolément à l’aisselle des bourgeons. Le puceron noir du pêcher (Pterochloroides. persicae) est une espèce monoécique qui effectue tout son cycle sur ces plantes hôtes. Cette espèce aphidienne se manifeste par des colonies très denses sur le bois des rameaux et du tronc.
Les effets nuisibles des pucerons
Les pucerons sont des insectes piqueurs suceurs qui s’alimentent de la sève des plantes. Il en résulte un affaiblissement de l’arbre qui peut être grave en cas de pullulations aphidiennes. Les dégâts sont va-
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
167
Phytoprotection parfois par leur chute. Ceci perturbe la croissance des rameaux et des fruits. Les pertes sont souvent très importantes (Figure 2).
Dégâts de B. amygdalinus sur amandier
Pterochloroides persicae : Cette espèce, qui évolue en colonies denses sur diverses parties lignifiées de l’arbre, provoque des nécroses localisées graves.
Stratégie de lutte
Dégâts de M. persicae sur pêcher
riables selon les espèces : Brachycaudus amygdalinus : L’espèce provoque sur amandier l’enroulement et la crispation du feuillage, qui se traduit par la chute des fleurs et des jeunes fruits. Les dégâts sont souvent importants. Hyalopterus pruni : Bien qu’il s’attaque à l’ensemble des rosacées à noyau, les dégâts provoqués par ce puceron sont rarement importants. Mais, là où ils pullulent, ils excrètent d’importantes quantités de miellat favorisant le développement de la fumagine, un champignon qui perturbe les fonctions physiologiques de la plante et qui provoque l’altération des fruits.
Contre les 4 premières espèces (B. amygdalinus, H. pruni, M. cerasi et M. persicae), il est nécessaire de surveiller les vergers dès le début du mois de mars pour localiser les premiers foyers. Un traitement aphicide classique effectué vers la fin mars (juste avant la floraison) permet de bien contrôler les pucerons. Ce traitement, effectué à cette époque de l’année, présente les avantages suivants : • Les populations de pucerons se trouvent à un faible niveau, donc facilement contrôlables par un traitement correctement exécuté. • Le feuillage n’est pas suffisamment développé et les feuilles, encore faiblement infestées, ne se sont pas enroulées ce qui améliore l’efficacité de l’intervention. • Les auxiliaires qui jouent un rôle important dans la régulation des populations aphidiennes, ne sont pas encore actifs. Ces pucerons ont, en effet, de nombreux ennemis naturels (Coccinelles, syrphes, cécidomyies, aphidiides) souvent incapables de contrôler leur multiplication. Toutefois si leur présence est constatée, le producteur a intérêt à utiliser des produits inoffensifs pour ces auxiliaires. Pour le cas précis de M. persicae,
Quelques règles à respecter !
1 2
. Pour le cas du M. persicae, il faut être vigilent lors des interventions. Cette espèce est connue par sa résistance croisée, . Dans le cas où la pullulation est concentrée sur quelques pieds, un traitement localisé à base d’un aphicide systémique est recommandé. . Utiliser un produit de contact si les feuilles ne sont pas encore enroulées. Si elles sont déjà crispées, il est conseillé d’intervenir avec des spécialités systémiques.
3
une espèce qui développe rapidement une résistance croisée sous la pression sélective des insecticides, il faut être très vigilant. Les aphicides appartenant aux 3 familles neurotoxiques (organophosphorés, carbamates et pyréthrinoïdes) s’avèrent souvent inefficaces. Il faut par conséquent utiliser des produits qui agissent sur des sites précis du puceron. Contre le puceron noir du pêcher (P. persicae), vu l’ampleur et la rapidité des dégâts qu’il peut causer aux troncs et rameaux des rosacées à noyau, il est impératif de localiser tout foyer et de le traiter dans les plus brefs délais. Mais, ces dernières années, les attaques de ce puceron sont devenues préoccupantes et commencent à se généraliser à l’ensemble des vergers. Un traitement d’hiver aux huiles blanches se justifie alors pleinement. Extrait d’une publication de Prof Ahmed Sekkat
Myzus cerasi : L’espèce entraîne la crispation du feuillage du cerisier avec excrétion d’un abondant miellat provoquant la brûlure des feuilles. Mysus persicae : Cette espèce forme d’importantes colonies à la face inférieure des feuilles et peut provoquer de graves déformations sur pêcher. Le plus souvent on constate la torsion des rosettes, l’enroulement et le jaunissement des feuilles suivis 168
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
169
Arboriculture
Le carpocapse du pommier Raisonner la stratégie de lutte
Plusieurs ennemis de culture menacent les vergers de pommier et plus particulièrement pendant la période allant de mars à septembre et qui coïncide avec les stades phénologiques critiques à savoir: la floraison, la nouaison, le grossissement des fruits et le début de la maturité. L’un des principaux ravageurs est le Carpocapse (Cydia pomonella) qui est répandu dans l’ensemble des régions de culture des Pommacées. Ses principales plantes-hôtes sont le pommier et le poirier, mais s’accommode aisément du cognassier, du noyer, du pacanier et quelquefois du prunier et de l’abricotier. Sa simple présence au niveau d’un verger se traduit par un déclassement des lots de fruits, voire une impossibilité de mise sur le marché.
S
ur pommier, les dégâts sont de deux types : - légères morsures superficielles, faites par les jeunes chenilles au moment de leur stade baladeur qui dure deux jours environ. Ces attaques bien remarquables sur les fruits verts se cicatrisent et forment des taches liégeuses. - galeries en spirale, orientées vers les pépins et encombrées de déjections larvaires, résultant du mâchage des chenilles. Les fruits rongés peuvent avorter lorsque l’attaque intervient juste après la floraison, chuter précocement (caractéristique du Carpocapse) ou mûrir prématurément lorsque l’attaque est plus tardive. A noter que les points d’entrée de la larve s’établissent fréquemment au contact de deux fruits, d’un fruit et d’une feuille ou dans la cavité de l’œil. En matière de sensibilité aux agressions, le pommier est vulnérable durant toute la période d’activité de l’insecte.
la récolte, de placer des pièges selon une méthode précise. Bien exécuté, le piégeage sexuel précède le risque encouru par la parcelle et permet de prendre en compte les déplacements des papillons. Les contrôles visuels, outils supplémentaires d’estimation du risque, doivent être effectués tous les 10-15 jours sur 1.000 fruits pris sur 50 arbres dont 20 situés en bordures. Lors de ces comptages, il est recommandé d’examiner particulièrement les fruits groupés.
La lutte intégrée
Elle comprend : - la lutte chimique faisant appel à un choix d’insecticides sélectifs et de traitements localisés ; - la surveillance de l’activité des ravageurs afin d’assurer la planification adéquate de l’application des pesticides ; - la combinaison de mesures biologiques, culturales, mécaniques…
Sous le régime de la lutte intégrée et de la gestion raisonnée d’un verger, l’agriculteur est amené à prendre des décisions de nature stratégique pour intervenir dans la conduite phytosanitaire. Il doit à priori tenir compte des niveaux des populations de ravageurs effectivement présents pour décider de l’opportunité d’un traitement à faible répercussion écologique, de manière à sauvegarder autant que possible, les organismes auxiliaires. On voit ainsi apparaître les notions de seuil de tolérance et de nuisibilité, c’est-à-dire des insecticides épandus à bon escient et lorsque les populations de ravageurs dépassent le seuil d’intervention.
Choix et positionnement des produits
La qualité de la lutte contre la première génération est décisive pour la sauvegarde de la récolte
Stratégie de lutte
Pour maintenir les dégâts du carpocapse à un niveau économique tolérable, il est indispensable de prendre certaines mesures prophylactiques et de bien connaître la biologie du ravageur. Le raisonnement de la lutte s’articule autour de l’évaluation du risque, du seuil d’intervention admis et de l’alternance des insecticides durant la saison.
Le piégeage sexuel
Pour l’estimation du risque Simple à installer en verger, ce procédé d’avertissement est une des techniques à mettre nécessairement en œuvre afin de mieux diriger la lutte anti-carpocapse. Pour cela, il est recommandé dès fin mars et jusqu’à 170
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
171
Confusion Sexuelle
à l’encontre de l’objectif souhaité.
car les dégâts peuvent être décuplés entre le premier et le deuxième vol. Pour s’en prémunir, la couverture insecticide doit être permanente durant la période de risque précisée par le piège sexuel. En matière de lutte, deux possibilités s’offrent au producteur : - lorsqu’il opte pour un traitement ovicide, la durée probable de ponte des femelles est d’une semaine. En conséquence, il faut intervenir dès que le seuil est atteint en cas de population faible ou dès les premières captures quand les populations sont abondantes ; - lorsqu’il penche pour un insecticide à effet larvicide, il faut attendre 5 à 7 jours après le dépassement du seuil de manière à réprimer les jeunes larves issues des premiers et derniers œufs pondus.
Principes de raisonnement
- bien estimer à la parcelle le niveau de populations par piégeage, par notation sur fruits en fin de G1, à la récolte et par bandes pièges - sur des populations fortes, privilégier les organo-phosphorés ‘’durs’’ au moins durant les périodes à haut risque et surtout sur le 1er vol et ne faire revenir une famille d’insecticides qu’après 3 voire 4 générations - utiliser les produits ‘’doux’’ uniquement sur les populations faibles à moyennes - rechercher s’il y a des trous de couverture en comparant la période de protection au risque global et aux données de piégeage des parcelles ; - maintenir une cadence d’interventions de 10-15 jours pour la majorité des produits. En août, par fort ensoleillement, cette cadence peut être baissée à une semaine en cas de risque (forte pression du ravageur). - il est important de bien traiter la première génération pour limiter la nuisibilité des autres généralement plus difficiles à contrôler en raison du stade baladeur très court. - envisager des tests de résistance.
la lutte chimique classique, elle perturbe le comportement sexuel des ravageurs et limite leurs accouplements. Pour ce faire, des diffuseurs posés en divers endroits dans la culture émettent une substance (phéromones) qui perturbe la reconnaissance des femelles par les mâles, troublant ainsi leur réunion. Dans le cas du Carpocapse, par exemple, les accouplements sont moins nombreux et les chenilles responsables des dégâts le sont aussi. Un des gros avantages de cette pratique est la réduction d’une manière subtile de l’intensité de la lutte chimique, voire la proscription totale de l’usage des insecticides contre le ravageur soumis à ce traitement de désunion sexuelle. La confusion sexuelle est une alternative intéressante à la lutte chimique dans un programme de production intégrée. Son adoption devrait constituer une étape importante dans l’amélioration des pratiques agricoles conciliant productivité et respect de l’environnement, tout en maintenant la confiance des consommateurs des fruits. La mise en œuvre de la confusion sexuelle obéit à des modalités précises concernant à la fois les niveaux de population des ravageurs, l’organisation de l’opération, la préparation de la parcelle, la fixation des diffuseurs sur les arbres et le contrôle de la pression pendant la saison dans le verger «confusé». Si l’une de ces obligations n’est pas respectée, les conséquences peuvent être désastreuses ou tout simplement aller
L’introduction, dans l’atmosphère de la culture, de quantités de phéromones sexuelles synthétiques suffisamment importantes empêche les mâles de localiser les femelles : · En masquant les traînées de phéromones naturelles émises par les femelles ; · En altérant la capacité des mâles à répondre aux femelles appelantes ; · En faisant suivre aux mâles des « fausses pistes de phéromones » qui les empêchent de rejoindre les femelles. A l’intérieur d’un écosystème où de très nombreuses sources de phéromones sexuelles ont été introduites, la probabilité que les mâles rejoignent les femelles est réduite, de même que la probabilité que les accouplements soient productifs. De deux choses l’une, soit les accouplements ont lieu plus tard (ce qui diminue la fécondité globale de l’insecte), soit ils n’ont pas lieu du tout. Les noctuelles femelles qui n’ont pas été fécondées pondent des œufs stériles et celles qui ont été fécondées tardivement n’auront plus le temps de pondre autant d’œufs avant de mourir. Il s’ensuit une diminution des effectifs de la génération suivante et du nombre des larves qui sont susceptibles de ravager la culture. Les phéromones ciblent l’insecte à son stade reproducteur (le papillon adulte) pour l’empêcher de donner naissance à la forme destructrice. Les phéromones utilisées pour dérouter les mâles sont spécifiques des espèces et donc extrêmement sélectives. Elles ne sont généralement pas toxiques et n’ont pas d’effet sur les autres insectes. Il est important de comprendre parfaitement cette différence fondamentale avant d’entreprendre un programme de confusion des mâles.
CONFUSION SEXUELLE
La confusion sexuelle fait partie des techniques de protection intégrée pratiquée contre les bioagresseurs. Contrairement à 172
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
173
Grandes cultures
La culture de l’oignon Des améliorations s’imposent
Au Maroc, l’oignon couvre chaque année une superficie estimée à près de 30.000 à 35.000ha, majoritairement dominée par les variétés OP qui présentent de nombreux inconvénients tels : le faible taux de germination, la forte hétérogénéité des bulbes, la différence de précocité sur la même parcelle… Le mode de conduite reste traditionnel pour la plupart des exploitations. Ce type de conduite ne favorise pas la mécanisation de la culture (semis, irrigation, récolte) sachant que le problème de la main d’œuvre se pose avec de plus en plus d’acuité.
C
ontrairement aux variétés populations, les variétés hybrides (1000 ha actuellement) présentent de nombreux avantages : - important taux de germination assuré, - taux de conformité supérieur à 90%, - qualité du bulbe, - coloration, - rendement, - résistances aux maladies, - longue conservation, - possibilité de contrôler la précocité ou la tardivité... Au Maroc, les semenciers s’efforcent de fournir aux producteurs de chaque région les variétés qui correspondent le plus à leurs attentes et aux contraintes de production qui se posent à eux. Les variétés hybrides ouvrent donc de nouveaux horizons aux agriculteurs marocains. En effet, à l’exemple de l’Espagne, pays grand exportateur d’oignon, le Maroc qui bénéficie d’une meilleure précocité, pourrait bien développer ce créneau vu la forte demande sur le marché international en bulbes frais de calibre bien défini.
A l’image de la carotte, l’évolution vers les variétés hybrides d’oignon est inévitable pour les producteurs marocains vu les avantages indéniables qu’ils procurent. Cependant, les producteurs doivent évoluer également vers des pratiques culturales plus adaptées qui permettent aux hybrides d’exprimer pleinement leur potentiel. L’optimisation de la gestion de la culture pour une production satisfaisante en rendement et en qualité repose sur l’amélioration des principales opérations culturales comme la préparation du sol, le semis, le désherbage, la protection contre les ravageurs,… L’un des problèmes à résoudre reste le semis à la volée. Traditionnellement, la culture d’oignon commence par un semis des graines dans une aire d’élevage, à partir du mois d’octobre. Au bout de trois mois, les plantules, qui doivent avoir une taille homogène et un calibre régulier, sont repiquées dans les parcelles destinées à la plantation. Ces différentes opérations entraînent des frais importants. Or, le semis direct ne nécessite pas de transplantation des bulbilles. D’où la
réduction du taux de mortalité des plantules et des charges inhérentes à une double plantation. Le semoir permet la mise en place des semences à une profondeur (bonne germination) et à une distance régulières, et de ce fait un meilleur développement des bulbes (bonne aération et bon accès à la lumière, d’où une moindre incidence des maladies). Grâce à la mécanisation du semis, certains producteurs arrivent à semer plusieurs hectares par jour, avec une densité plus élevée, et un rendement atteignant les 100 t/ha. La mécanisation du semis permet, en plus de la réduction des coûts de main d’œuvre et de la quantité de semences utilisées, de profiter des avantages de l’irrigation goutte à goutte et de la fertigation. Il est vrai que pour les régions qui se caractérisent par des petites parcelles de 1-2 ha, l’introduction du semoir reste un peu coûteuse. Cependant, moyennant une organisation en coopérative par exemple, les producteurs pourraient bénéficier de ce matériel subventionné. Le semoir et
Semoir d’oignon
174
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
les semences hybrides sont ainsi rapidement amortis grâce à l’amélioration des rendements et de la qualité commerciale des bulbes. Cependant, les avantages ne sont pas seulement d’ordre économique. En effet, en plus du gain de temps, la mécanisation du semis, assure une tranquillité quant à la disponibilité de la main d’œuvre, un souci majeur pour les producteurs. A noter que pour les aider à réussir la transition vers les variétés hybrides, à mieux gérer leurs parcelles et à dépasser les contraintes de production, les principaux semenciers organisent des journées d’informations dans les principales régions de production et mettent des équipes de terrain à la disposition pour leur fournir le conseil et l’accompagnement nécessaires. Ces variétés performantes ouvrent de nouveaux horizons aux agriculteurs marocains. En effet, à l’exemple de l’Espagne, pays grand exportateur d’oignon, le Maroc qui bénéficie d’une meilleure précocité pourrait bien développer cette activité vu la
www.agri-mag.com
forte de demande sur le marché international en bulbes frais de calibre bien définis.
Les efforts de recherche sur l’oignon concernent plusieurs axes :
Contraintes de la filière oignon
- les performances agronomiques : pour créer des variétés hautement productives (économes en eau et en engrais, tolérantes au froid et à la sécheresse, résistantes aux maladies). - allongement des durées de stockage, - amélioration du niveau de dormance (moins de repousse) - adaptation à la récolte mécanique (plus particulièrement pour les oignons de jour court). - réponse aux attentes des consommateurs finaux en termes de gout (doux, piquant…), de qualités nutritionnelles et d’utilisations culinaires. A noter que la sélection de variétés hybrides d’oignon est très complexe et nécessite beaucoup de temps d’évaluation. Cependant, le recours aux techniques d’assistance moléculaire améliore considérablement les chances de réussite.
Faible niveau de technicité, d’où l’importance d’assurer un encadrement de proximité au profit des producteurs d’oignon ; Problèmes de commercialisation. Le stockage traditionnel de l’oignon qui engendre des pertes très importantes pouvant aller jusqu’à 40% de la production ; L’absence d’une organisation professionnelle de la filière oignon, ce qui laisse la place aux intermédiaires pour tirer profit de la plus-value dégagée de la production. D’où l’intérêt de l’organisation des producteurs d’oignon dans le cadre d’organisations professionnelles agricoles (associations, coopératives, GIE), ou leur adhésion à des projets d’agrégation pour remédier, entre autre, aux problèmes de stockage et de commercialisation ;
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
175
Grandes cultures
Ensilage
Une réserve d’aliment pour le cheptel Abdelkrim AIDI, Docteur vétérinaire
Le pâturage dans le Moyen Atlas est conduit sur des terres pauvres et dégradées. En foret ou sur les terrains collectifs, les plantes pastorales ne satisfont pas les besoins alimentaires des animaux. Dans les parcelles labourées, certains éleveurs sèment des variétés de plantes pour l’alimentation du cheptel existant dans la ferme. Une réserve d’aliment est ainsi constituée à l’état vert ou sec pour la distribution pendant la pénurie d’herbe sur le terrain.
L
a manière de conserver les fourrages en vert est délicate et, pour cela, il est nécessaire d’avoir des connaissances techniques pour réussir l’opération de l’ensilage. L’ensilage est la conservation du fourrage pour maintenir sa qualité nutritive Dans la région du Moyen Atlas, l’Etat a vulgarisé l’opération d’ensilage au profit des agriculteurs à partir de l’année 1983 période qui a connu une sécheresse étalée sur trois ans. Les besoins alimentaires des animaux d’élevage étaient importants et les fermes qui possédaient de l’eau d’irrigation pratiquaient les cultures fourragères comme le maïs, l’avoine et la luzerne, stockées pour être employés ultérieurement, au moment de la disette alimentaire. Le stockage des fourrages verts dans les silos préparés pour cette fin, conserve leur valeur nutritive. Pour mener l’opération de l’ensilage, il est nécessaire d’avoir le matériel spécifique, le local et la matière verte :
176
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
- Matière première : les principales matières fourragères à ensiler sont : l’avoine complète, le maïs fourrager en grains, betteraves fourragères. Dans le moyen Atlas, le maïs et l’avoine sont les plus utilisés pour l’ensilage. Par ailleurs, il faut signaler que le mélange vesce-avoine est idéal pour réaliser l’ensilage (Azote + glucide). - Ensileuse : machine à faucher et hacher les herbes -Tracteur : Transport et tassement de l’herbe - Silo : c’est le lieu de conservation de l’herbe verte, de dimensions et formes différentes, selon le volume de la matière à ensiler. Il doit être situé sur un terrain incliné pour faciliter l’écoulement des résidus liquides formés après la fermentation. - Matériel de couverture des silos (bâches)
Processus d’ensilage :
Les étapes à suivre pour la conservation de fourrages sont :
1- Examiner la consistance des panicules d’avoine et épis de maïs, dont les grains devraient être à maturité pâteuse et facilement pressés avec les doigts. 2- Fauchage et séchage dans des conditions adaptées au climat et à la nature de la matière 3- Mettre la matière première dans des silos en vrac ou dans des sacs en polyéthylène. 4- Tasser la matière avec un tracteur ou un autre matériel mécanique 5- Fermer les silos hermétiquement avec des bâches et de la terre, pour éviter l’entrée de l’air 6- Attacher les bords latéraux des bâches avec des cordes pour éviter qu’elles soient emportées en cas de vent fort et fermer les trous pour empêcher le passage d’eau de pluie. 7- Laisser un passage pour les liquides formés pendant le tassement et la fermentation afin d’éviter la formation de champignons et moisissures. 8- Séparer les couches dans chaque silo. 9- Mettre les matières sèches de la plante au fond de silo et les matières vertes sur la partie supérieure.
Stade des herbes d’ensilage :
Les herbes destinées à l’ensilage doivent remplir certaines conditions : - épis consistants, avec des grains pâteux et laiteux - feuilles et tiges humides - degré de séchage ne dépassant pas 30% - L’herbe doit être hachée finement - Les parties dures doivent être bien broyées - Procéder au fanage des plantes alors qu’elles sont encore humides
Les additifs :
Pour la réussite de l’opération, il est nécessaire d’équilibrer la composition des plantes ensilées. En effet, certaines plantes sont riches en sucres (maïs, avoine) alors que d’autres sont riches en protéines et pauvre en sucres (luzerne) et donnent des éléments chimiques différents provoquant la détérioration de la matière ensilée. Pour pallier ces déséquilibres, il est nécessaire d’ajouter certaines matières conservatrices, différentes selon les cas. Dans le cas des maïs et avoine, on peut ajouter une matière riche en protéines comme l’urée, ou de la mélasse pour la luzerne, maïs. L’addition de l’urée et mélasse doit être rationnée en respectant un pourcentage déterminé : 1 % pour l’urée et 2 % pour la mélasse. Si les plantes sont très humides, on ajoute une matière sèche, comme la paille de blé pour diminuer la quantité d’eau. Si les plantes sont sèches, plus que le degré demandé, on ajoute de l’eau pour éviter le réchauffement dans le silo et une température élevée (38°C maximum). Les matières additives doivent être mélangées et déposées sur chaque couche de plantes après le tassement pour faciliter une bonne fermentation et améliorer la qualité de l’ensilage.
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
177
Pour enrichir l’ensilage par différents éléments nutritifs pour les animaux, on ajoute : _ Carbonate de calcium _ Carbonate de sodium _ Pulpe sèche de betterave _ Sel gèmme, apprécié par les animaux. _ Complément minéral vitaminé, préparé industriellement.
Durée de conservation :
La durée de conservation est déterminée selon les conditions de l’environnement dans le silo. Ainsi, si la fermentation lactique est réussie, la durée de vie de l’ensilage est longue, et le contraire si la fermentation est acétique.
Consommation d’ensilage :
Conservation de l’herbe dans le silo :
Après la fermeture des silos ou des sacs remplis d’herbe, commence le processus de combustion et production d’énergie par la décomposition chimique des matières glucidiques et azotées que contient la matière ensilée. Ce phénomène passe par des phases variables selon le milieu, la température, le pH, et la nature de la matière. Le phénomène de fermentation passe par trois étapes : 1- la fermentation aérobie commence immédiatement après le tassement de l’herbe, en contact avec l’oxygène de l’air. La fermentation est assurée par des bactéries coliformes qui transforment les sucres de l’herbe en alcool et acide acétique. Cette étape dure tant que l’oxygène existe. 2- après la consommation totale de l’oxygène, on assiste à la multiplication d’autres bactéries qui interviennent en anaérobie et transforment le sucre en alcool et en dioxyde de carbone. Ce processus aboutit à la formation d’acide acétique qui est un produit très énergétique et très apprécié par les animaux. 3- s’il y a échec des deux étapes antérieures, la fermentation est menée par la bactérie clostridie (clostrodium buthyricun) transformant les sucres et protéines en acide butyrique qui est défavorable pour l’ensilage. Cette activité a lieu si le milieu dans le silo est très humide et le pH inférieur à 4. Dans ce cas, il ya également production d’ammoniaque si la matière ensilée est riche en protéines. L’ensilage qui en résulte est de qualité très basse. Pour remédier à ce phénomène, on ajoute à l’ensilage du carbonate de calcium et carbonate de sodium pour améliorer le pH, le goût et l’odeur de la matière ensilée. 178
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
La quantité des plantes ensilées qui rentre dans la ration alimentaire dépend de : - La qualité de l’ensilage : la présence de l’acide lactique est un signe de bonne fermentation. Les animaux l’acceptent facilement. - Si l’acide butyrique est présent, l’ensilage est de mauvaise qualité, les animaux ne l’acceptent pas. Il peut même conduire à leur mort. - La ration doit être calculée selon, l’âge, l’état de l’animal (démarrage et engraissement) et le poids vif. - La ration doit être complétée par les céréales, paille, la P.S.B, tourteau, C.M.V, sel et l’eau à volonté - Eviter la distribution en grande quantité d’ensilage.
Appréciation de la qualité d’ensilage :
Les paramètres qui déterminent la qualité et la valeur nutritive des plantes ensilées sont : _ Odeur : un bon ensilage à une bonne odeur, appréciée par l’animal. _ Saveur : à vinage ou à beurre ranci (mauvais ensilage). _ Couleur verte à jaune. _ La température idéale est de 37 à 38 °C. _ Humidité : la plante conserve l’eau, donc le séchage ne doit laisser que 30 à 35 %. _ Le pH entre 4 et 5. S’il est supérieur à 6 ou inférieur à 4, la qualité est mauvaise. _ La présence de champignons et moisissures, donne un mauvais ensilage. _ La présence d’ammoniac engendre une répulsion par les animaux. _ La présence d’acide acétique donne une qualité médiocre. _ La présence d’acide lactique donne une excellente qualité de l’ensilage, bien apprécié par les animaux et leur donne aussi une valeur énergétique et protéique.
Avantages de l’ensilage :
La conservation des plantes dans les silos a un grand avantage dans la pratique d’élevage, surtout pour l’élevage bovin (laitier) ou ovins dans les régions semi-arides ou montagneuses comme le Moyen Atlas : - Rendement: un hectare produit plus de fourrage vert que de fourrage sec, selon
les espèces à ensiler avec 50 à 70 tonnes pour le maïs et 20 à 30 tonnes pour l’avoine. - Utilisation dans les périodes de disette alimentaire. - Bonne qualité nutritive pour les animaux en lactation, en sevrage et engraissement. - occupe un espace très réduit par rapport au fourrage sec qui nécessite des hangars larges. - Evite l’incendie durant les périodes de fortes chaleurs. - La perte de matière est minimale puisqu’elle est consommée totalement. - Le prix de revient de l’ensilage est moins cher que le fourrage sec. - Dégage les terrains agricoles pour une deuxième utilisation. - Prévention de certaines maladies parasitaires comme les strongles et ténias.
Inconvénients :
La préparation de l’ensilage dans les conditions favorables à la fermentation lactique donne un produit bien apprécié par les animaux. Cependant, la fermentation lactique peut être arrêtée à cause des mauvaises conditions de conservation en produisant des particules invisibles pour les animaux, parmi lesquelles : - Excès d’acide acétique - Production d’acide butyrique qui donne des intoxications très graves pour les animaux - La production d’ammoniac qui résulte de la dégradation des protéines - Manque de matière azotée en cas de maïs et avoine - Manque des glucides en cas de luzerne - Multiplication de la bactérie monocitogina qui produit une toxine dangereuse pour les ruminants.
Prévention des inconvénients :
- Eviter l’entrée de l’air et de l’eau dans le silo après sa fermeture - Equilibrer le milieu interne de l’ensilage par l’addition des matières conservatrices comme la mêlasse bicarbonate de calcium, bicarbonate de sodium, et la paille pour baisser le taux d’humidité. - améliorer les parties moisies de l’ensilage - Sélectionner les animaux destinés à consommer l’ensilage (brebis allaitantes, brebis vides, agneaux sevrés, et engraissement) - Eviter la consommation excessive de l’ensilage
Maladies causées par l’ensilage :
Parmi ces maladies on peut citer : Listériose, Clostédiose, Coliques, Dyspné, Météorisation, Avitaminose. Pour leur traitement, les éleveurs doivent contacter le vétérinaire qui assure le suivi du troupeau pour un bon diagnostic et traitement efficace. www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
179
Environnement
Gestion des emballages vides de pesticides Dr Malika Bounfour, consultante de la FAO Pr A. Hormatallah, IAV Hassan II, Complexe Horticole d’Agadir
Les emballages vides de pesticides constituent des déchets pollueurs à l’environnement. Leur gestion rentre dans le cadre de la volonté de préserver les ressources naturelles, comme indiqué dans le rapport de Brandlandt, qui a constitué la plateforme dans les discussions des sommets de la terre de 1992.
Problématique et contexte des déchets. Lors de ce sommet, sont soumis à une analyse de cycle on a aussi reconnu que les entre- de vie (schéma ci-après) qui tient international Dans la convention de Rio développée à l’occasion du sommet de la Terre tenu à Rio, trois chapitres de l’Agenda 21 portent sur la gestion
prises et les consommateurs sont les principaux acteurs de changement pour “appliquer le concept de gestion intégrée du cycle de vie, qui représente une occasion unique de concilier développement et protection de l’environnement » (ONU, 1992). Pour l’élimination des emballages on préconisait leur enfouissement ou leur incinération. Ce n’est qu’en 1998, lors du sommet de Kyoto où a été adoptée l’approche
basée principalement sur la préservation des ressources en réduisant la demande sur celles-ci. Ainsi le concept de recyclage et de réutilisation pour la consommation et/ou la valorisation des déchets dans le cycle industriel de fabrication ont été mis en avant.
Actuellement, et dans les pays développés, les produits industriels
Chronologie des évènements mondiaux liés aux emballages vides de pesticides
>Ă ĐŽŶĨĠƌĞŶĐĞ ĚĞƐ EĂƚŝŽŶƐ ƵŶŝĞƐ ƐƵƌ L’environnement de 1972͘ >Ă ƋƵĞƐƚŝŽŶ ĚĞƐ ƌĞũĞƚƐ
WƌŽƚŽĐŽůĞ ĚĞ DŽŶƚƌĠĂů ;ϭϵϳϴͿ
ĚĞ ƐƵďƐƚĂŶĐĞƐ ƚŽdžŝƋƵĞƐ ĞƐƚ ƐŽƵůĞǀĠĞ
^ƵƌǀĞŝůůĂŶĐĞ ĚĞƐ ĠĐŚĞƚƐ ƋƵŝ ĠŵĞƚƚĞŶƚ ĚĞƐ ƐƵďƐƚĂŶĐĞƐ ĂƉƉĂƵǀƌŝƐƐĂŶƚ ůĂ ĐŽƵĐŚĞ Ě’ozone
ϭϵϴϬ
>ĞƐ ĚĠĐŚĞƚƐ ĞŶũĞƵdž ĚĂŶƐ ůĂ ƉƌŽďůĠŵĂƚŝƋƵĞ ĚƵ ƌĠĐŚĂƵĨĨĞŵĞŶƚ ĐůŝŵĂƚŝƋƵĞ ĂƵ ŵġŵĞ ƚŝƚƌĞ ƋƵĞ ůĞƐ ĂƵƚƌĞƐ ƐĞĐƚĞƵƌƐ͘
ϭϵϵϬ
ƌĠĂƚŝŽŶ ĚĞ ůĂ ĐŽŵŵŝƐƐŝŽŶ͕ ŵŽŶĚŝĂůĞ ĚĞ l’environnement et ĚƵ ĚĠǀĞůŽƉƉĞŵĞŶƚ ĞŶ ϭϵϴϰ
^ŽŵŵĞƚ ƉůĂŶğƚĞ ƚĞƌƌĞ Ğƚ ŽŶǀĞŶƚŝŽŶƐ ĚĞ ZŝŽ ĚĞ ϭϵϵϮ
^ŽŵŵĞƚ ƉůĂŶğƚĞ ƚĞƌƌĞн ϱ Ğƚ ůĞ WƌŽƚŽĐŽůĞ ĚĞ <LJŽƚŽ ĚĞ ϭϵϵϳ͘
ϭϵϴϳ ͗ WƵďůŝĐĂƚŝŽŶ ĚƵ ƌĂƉƉŽƌƚ ƌƵŶĚƚůĂŶĚ ͨ ŶŽƚƌĞ ĂǀĞŶŝƌ ă ƚŽƵƐ ͩ >Ă ƌĠĚƵĐƚŝŽŶ ĚĞƐ ĚĠĐŚĞƚƐ Ğƚ ůĞ Agriculture du Maghreb ƌĞĐLJĐůĂŐĞ ƐŽŶƚ ŝŶƚƌŽĚƵŝƚ 180 N° 111 - Avril 2018
ϮϬϬϬ
dƌĂǀĂŝůůĞƌ ůĞƐ ŵŽĚĞƐ ĚĞ ƉƌŽĚƵĐƚŝŽŶ Ğƚ ĚĞ ĐŽŶƐŽŵŵĂƚŝŽŶ
WŽůůƵĞƵƌ ƉĂLJĞƵƌ
ZğŐůĞƐ ĚĞƐ ƚƌŽŝƐ Zs ͗ZĠĚƵŝƌĞ͕ ZĠƵƚŝůŝƐĞƌ͕ ZĞĐLJĐůĞ͕ sĂůŽƌŝƐĞƌ ŶĂůLJƐĞ ĚĞ ĐLJĐůĞ ĚĞ ůĂ ǀŝĞ Ğƚ ĐŽŶŽŵŝĞ ĐŝƌĐƵůĂŝƌĞ
ϮϬϭϬ
^ŽŵŵĞƚ ĚƵ DŝůůĠŶĂŝƌĞ
>Ă ŐĞƐƚŝŽŶ ĠĐŽůŽŐŝƋƵĞŵĞŶƚ ƌĂƚŝŽŶŶĞůůĞ ĚĞƐ ĚĠĐŚĞƚƐ ƌĂŶŐĞƌĞƵdž ;ĂŐĞŶĚĂ ϮϭͿ
ϮϬϭϮ ͗ ƐŽŵŵĞƚ ĚĞ >Ă ƚĞƌƌĞ ZŝŽ нϮϬ
ĠǀĞůŽƉƉĞŵĞŶƚ ƋƵŝ ƚŝĞŶƚ ĐŽŵƉƚĞ ĚƵ ƐŽĐŝĂů ĚĞ ů’environnement et de ů’économie
^ŽŵŵĞƚ ŵŽŶĚŝĂů ƐƵƌ ůĞ ĠǀĞůŽƉƉĞŵĞŶƚ ĚƵƌĂďůĞ ĚĞ ϮϬϬϮ …Œuvrer pour réduire le sŽůƵŵĞ ĚĞƐ ĚĠĐŚĞƚƐ Ğƚ ŶĐŽƵƌĂŐĞƌ ůĂ ƌĠƵƚŝůŝƐĂƚŝŽŶ͕ ůĞ ƌĞĐLJĐůage et l’utilisation de ŵĂƚĠƌŝĂƵdž ŶŽŶ ƉŽůůƵĂŶƚƐ…
compte aussi bien des effets négatifs que positifs contrairement à l’étude d’impact qui ne tient compte que des effets négatifs.
Contexte national
Au Maroc, le marché des pesticides à usage agricole constitue 0.2% du marché mondial. Il porte sur environ 30 000 Tonnes dont 95% sont importés. En 2017, ce marché a été évalué à 1,5 milliard de Dirhams. Les pesticides sont un mal nécessaire comme facteur de production au Maroc et partout dans le monde où l’agriculture est pratiquée. Néanmoins, leur utilisation engendre deux types de déchets toxiques à la santé humaine et à l’environnement : les pesticides inutilisables à cause d’un stockage pendant une longue période dépassant
1
leur date limite
2
les emballages vides.
Il est à signaler que les données sur les emballages vides sont manquantes. Toutefois, il est estimé que le pays génère 850 T/an d’emballages de pesticides et d’engrais foliaires (écoval). Ces emballages vides sont gérés par les textes réglementaires relatifs aux déchets dangereux. A ce titre, il y’a lieu de citer les textes réglementaires publiés qui régissent la gestion des emballages vides : • Dahir n° 1-06-153 du 22 novembre 2006 portant promulgation de la loi n° 28-00 relative à la
www.agri-mag.com
Cycle de vie des pesticides Extraction des matières de base de la nature
Déchets des emballages vides
Premières Transformations
Fabrication des pesticides et leur emballage
Utilisation et stockage Transport et distribution gestion des déchets et à leur élimination • Décret n° 2-07-253 du 18 juillet 2008 portant classification des déchets et fixant la liste des déchets dangereux, publié le 07-août-2008 • Décret n° 2-09-284 du 08 décembre 2009 fixant les procédures administratives et les prescriptions techniques relatives aux Décharges Contrôlées, publié le 07-janv-2010
Bonnes pratiques de gestion des emballages vides
Méthode de gestion préconisée au niveau de l’agriculteur : 1. La première opération consiste à trier les emballages et à rincer trois fois ceux en plastique ainsi que leurs bouchons ; 2. Egoutter les emballages et leurs bouchons sur une matière absorbante ; 3. Percer les emballages pour les rendre inutilisables ; 4. Stocker les emballages et leurs bouchons bien identifiés dans un lieu de stockage approprié (voir poster ci après) ; 5. Placer dans une décharge contrôlée ou remettre à un recycleur agréé.
suivants : 1. La réglementation actuelle est contraignante pour leur réutilisation même pour y mettre les pesticides ou leur revalorisation comme source d’énergie ; 2. Il n’existe pas de directives, de procédures ou de filières permettant leur revalorisation à l’instar des filières des pneus ou celle des batteries ; 3. La communication autour de cette problématique est encore balbutiante.
Mesures sanitaires pour la gestion des emballages vides de pesticides
3. Percer les emballages pour les rendre inutilisables
2. Egoutter les emballages et leurs bouchons sur une matière absorbante
Il est à signaler que ces opérations sont déjà pratiquées par les agriculteurs organisés et certifiés.
Conclusion
Actuellement, la problématique liée aux emballages vides de pesticides au Maroc réside dans les faits www.agri-mag.com
Stocker les emballages et leurs bouchons bien identifiés dans un lieu de stockage approprié
Répéter ces opérations 3 fois
Recyclage
Il en revient que certains emballages pourraient ré-entrer la chaine alimentaire en y stockant de l’eau ou des aliments (ex. l’olive) ou les aliments pour le bétail. De plus, leur disposition dans des décharges non contrôlées ou leur incinération constituent un risque pour la population. Il en ressort qu’il est essentiel et urgent d’organiser la filière des emballages vides des pesticides, qui pourrait constituer aussi une opportunité économique et un terrain d’innovation dans le cadre de la mise en place d’une agriculture durable.
Remplir d’eau aux 3/4 les emballages vides
Fermer les emballages et les secouer énergiquement verticalement et horizontalement
Déverser l’eau de lavage dans la cuve du pulvérisateur
Les bonnes pratiques de gestion des emballages vides chez l’agriculteur (par Pr HormatAllah, A. pour la FAO)
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
181
Offre d’emplois
Alltech Maroc Recrute
Crop science area manager Alltech Maroc, filiale de la multinationale Alltech, spécialisée en Nutrition animale et végétale, recrute un Crop Science Area Manager pour sa gamme de Nutrition et Protection Végétale. Rattaché au Directeur Régional Maghreb, Votre principale Mission : le développement de la gamme Alltech Crop Science au Maroc · Préparer et mettre en place une stratégie pour le développement commerciale de la gamme au Maroc, · Développer les ventes Crop science à la fois avec les grands comptes et les distributeurs · Gérer une équipe de technico-commerciaux · Assurer l’assistance technique et marketing pour les technico-commerciaux et les distributeurs régionaux · Suivre l’implémentation des produits et des essais commerciaux et démonstratifs sur le terrain. · Assurer la veille scientifique et commerciale du marché marocain
Profil recherché :
· H/F Ingénieur agronome spécialisé en production ou protection végétales · Minimum 5 ans d’expérience dans le domaine de la commercialisation des intrants agricoles. · Bonne connaissance de la nutrition et la protection végétale · Bon sens du relationnel et du développement commercial · Expérience dans la gestion des équipes commerciales · Bonne maitrise de l’arabe, du Français et de l’anglais professionnel. Le berbère serait un plus · Autonomie et mobilité géographique · Permis de conduire obligatoire Pour les personnes intéressées, prière d’adresser votre candidature (CV avec Photo et lettre de motivation) par email à manageralltech@gmail.com
Alltech Maroc Recrute Crop Science Technico-commerciaux Alltech Maroc, filiale de la multinationale Alltech, spécialisée en Nutrition animale et végétale, recherche des technico-commerciaux pour sa gamme de nutrition et protection des végétaux. Zones concernées : toutes les zones agricoles du Maroc. Rattaché à l’area Manager, votre principale Mission : le développement de la gamme Alltech Crop Science dans votre zone d’action. · Le développement du portefeuille clients (domaines agricoles et distributeurs) · Promotion et suivi des ventes et des recouvrements · Accompagnement et suivi technique des clients · Animation de journées promotionnelles et de journées de démonstration.
Profil recherché :
· H/F avec minimum 3 ans d’expérience dans le domaine de la commercialisation des intrants agricoles. · Bonne connaissance de la nutrition et la protection végétale · Bon sens du relationnel et du développement commercial · Autonomie et mobilité géographique · Bonne maitrise de l’arabe et du Français. L’anglais et le berbère seraient un plus Pour les personnes intéressées, Prière d’adresser votre candidature (CV avec Photo et lettre de motivation) par email à technicoacs@gmail.com
Nous sommes la filiale Marocaine d’un groupe multinational dont les activités regroupent les 4 métiers suivants : FERTILISANTS – NUTRITION ANIMALE - HYGIENE – MARCHES INDUSTRIELS Dans le cadre de notre développement,
nous recherchons : ATTACHES TECHNICO-COMMERCIAUX
(Production végétale) pour les zones du Maroc (Référence ATCPV)
De formation technicien Agricole, âgé de 27 à 35 ans, homme de terrain avec une expérience minimum de 3 ans dans la production et/ou la commercialisation d’intrants agricoles. Nous vous garantissons : - une formation permanente à nos produits - une rémunération motivante - une voiture de fonction Vous avez une bonne connaissance de l’outil informatique. Merci d’adresser votre candidature (CV + lettre de motivation + photo), en précisant la référence, à l’adresse électronique suivante : recrutement@timacmaroc.com 182
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com
Offre d’emplois
Afin de soutenir notre croissance continue, nous recrutons actuellement :
Responsable commercial / développement H/F dans la région Agadir (Maroc) Nos sommes une grande société reconnue dans la commercialisation des semences depuis une vingtaine d’années, et pour renforcer notre équipe nous recrutons un responsable commercial/développement dans la zone Sud (Agadir et régions) Missions : - Gestion commerciale de la zone : gestion et amélioration du portefeuille clients, prospection, suivi de nos programmes de développement pour chaque culture, promotion de nouvelles variétés, ventes et recouvrements,
- Développement du Chiffre d’Affaires et de nos parts de marché, - Développement de toute notre gamme, - Organisations des journées portes ouvertes pour la promotion de notre gamme.
Profil: • H/F avec un minimum de 5 ans d’expérience dans
un poste similaire, • Une bonne connaissance de la zone, • Ingénieur agricole, • Une bonne connaissance des techniques de pro-
duction est requise, • Expériences terrain indispensables (5ans), • Un bon sens de travail en groupe, autonomie et flexibilité, • Bonne maîtrise de l’outil informatique (Excel, Word et Internet), • Langues : français Anglais professionnel. •
Permis de conduire et mobilité géographique. Merci d’adresser votre candidature (CV avec photo + lettre de motivation) à : • recrutesemence@gmail.com
Afin d’accompagner la croissance de - Participe à la définition de la politique commerciale lors de l’élaboration du plan stratégique. nos activités et couvrir d’autres régions, - nous recrutons actuellement : Profil: • H/F avec un minimum de 2 ans d’expérience dans le do-
Technico-commercial H/F Dans tout le Maroc Notre société, filiale d’un grand groupe multinational, leader dans son domaine d’activité et spécialisée dans l’irrigation et dans les solutions de fertilisation écologique cherche un Technico-Commercial (H/F) pour plusieurs régions au Maroc
Missions: - Développe le portefeuille clients, le chiffre d’affaires et les parts de marché sur une zone géographique spécifique qui relève de sa zone commerciale - Analyse les besoins des clients et propose les solutions les plus adaptées. - Assure le lancement des nouveaux produits - Respecte les procédures commerciales : prévision, prospection vente, reporting et recouvrement. www.agri-mag.com
maine de l’irrigation (et/ou) la fertilisation entant que commercial ou technicien/Ingénieur de terrain • Technicien ou Ingénieur agricole • De fortes connaissances techniques et/ou commerciales dans le domaine de l’irrigation ou/et la nutrition des plantes • Expérience de terrain probante • Sens de relationnel, autonomie, flexibilité et d’engagement • Bonne maîtrise de l’outil informatique (Excel, Word et Internet) • Permis de conduire.
Merci d’adresser votre candidature (CV avec photo + lettre de motivation manuscrite + prétentions salariales + références professionnelles + Préférence de la région)
irrigationrecrutement@gmail.com Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
183
184
Agriculture du Maghreb N° 111 - Avril 2018
www.agri-mag.com