Journal Agrial N°40

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AG PORC

Un contexte difficile pour les éleveurs En 2009, la fusion a donné une nouvelle dimension à la filière porcine Agrial. Avec 914 180 porcs commercialisés, elle se hisse au 6e rang parmi les structures de production en France. Mais le bilan 2009, c’est aussi une nouvelle baisse des cours et une situation difficile pour les éleveurs même si les coûts de production ont également diminué. Les débats ont porté sur l’organisation du marché au cadran, les adhérents ont également pu appréhender la place croissante de l’Allemagne qui affiche ses ambitions de développement en Europe. Depuis trois ans, la filière porc est confrontée à une situation économique difficile. « Le contexte de l’année 2009 n’aura pas répondu à nos espérances et aux besoins de nos exploitations ». Cette phrase extraite du rapport d’orientation

du président, Arnaud Degoulet, résume bien la situation. Le prix du porc affiche un recul de près de 10 % avec un prix moyen annuel base cadran de 1,146 €/kg. Fort heureusement, dans le même temps, le coût de production a diminué avec la baisse du prix des céréales, ce qui a permis d’atteindre l’équilibre avec le prix du porc. Maigre consolation après deux années qui ont fortement dégradé les trésoreries des éleveurs. Une activité stable en porcs En dépit de ce contexte, l’activité de la filière porc en 2009 affiche une stabilité avec 914180 porcs commercialisés. Si l’activité porcelets tend à diminuer (- 2 %), les ventes de reproducteurs sont en hausse de 10 % grâce à des débouchés extérieurs au groupement. Point positif: une reprise d’activité sur le second semestre avec l’arrivée de 23 nouveaux adhérents. « Cela conforte les choix techniques réalisés » note Jean-Luc

Fourmond qui a détaillé l’ensemble des activités et des services développés par la filière. En termes de valorisation des animaux, le groupe Bigard - Socopa représente 75 % des débouchés. Plus de 70 % ont été commercialisés via des débouchés spécifiques permettant une meilleure valorisation. Ces débouchés (porcs certifiés, Label Rouge, porcs sur paille, porcs bio, porcs lourds et porcs conformés) sont notamment développés avec les abattoirs de proximité. La question de la valorisation et du prix du porc a provoqué un débat sur la formation du prix au cadran qui est la référence en la matière. Présent à l’assemblée, Michel Bloc’h, président de la filière porc chez Coopagri Bretagne et de l’UGPVB, a plaidé pour un meilleur équilibre géographique de l’offre au cadran. La filière porc Agrial y participe, elle a depuis décidé de porter à 8 % le nombre d’animaux qui seront commercialisés via le cadran.

L’Allemagne conforte son leadership en Europe Les responsables de la filière porc avaient invité M. Dietmar Weiß, chef du département bétail et viande à l’AMI, une structure fondée en juin 2009 après la disparition de ZMP. L’AMI a pour mission d’analyser les marchés et l’économie des filières. En préambule, Dietmar Weiß a présenté la filière porcine allemande qui occupe la première place en Europe et se place derrière la Chine et les États-Unis sur la scène mondiale. La production porcine est en forte croissance en Allemagne. En 2009, plus de 56 millions de porcs ont été abattus, soit plus du double de la production française. Entre 2003 et 2009, les abattages ont progressé de 24 %, soit un rythme annuel moyen de + 4 %. Plusieurs facteurs expliquent cette dynamique en Allemagne : les crises sanitaires (épisodes de fièvre aphteuse aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en France) qui ont permis d’accroître leur part de marché sur le commerce extérieur; la baisse de la production dans certains pays; l’ouverture de l’Europe à l’Est avec l’avantage de la proximité pour l’Allemagne ; l’extension de la capacité d’abattage et une meilleure compétitivité des outils par un coût de main-d’œuvre moindre; enfin, des niveaux de prix légèrement supérieurs qui ont favorisé les

importations en vif. Avec 5,2 millions de porcs et 9,2 millions de porcelets importés, la production allemande est dépendante des pays voisins pour un quart de son activité, ce qui est considérable. Paradoxalement, l’Allemagne est également exportatrice, à hauteur de 3 millions d’animaux en vif répartis équitablement entre porcs charcutiers et porcelets. Une dynamique de conquête des marchés En termes de débouchés, le marché intérieur est important avec un niveau de consommation de 54 kg de viande de porc par habitant qui n’évolue cependant plus depuis 10 ans. Dans le même temps, la production augmente, l’Allemagne se place résolument dans une dynamique d’exportation et de conquête de marchés. En 2009, ce sont 2,4 millions de tonnes qui ont été exportées, les trois quarts dans l’Union européenne et un quart sur pays tiers (Russie et Chine). Cette dynamique industrielle et commerciale contraste avec la situation des producteurs qui, comme en France, sont à la peine depuis trois ans. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on assiste à une accélération de la restructuration des

Le président, Arnaud Degoulet, a souligné dans son rapport l’orientation technico-économique de la filière porc au service de la performance et l’importance du lien avec les éleveurs.

Pour autant, le prix du porc reste soumis à l’équilibre entre l’offre et la demande. La situation de la France au regard de son environnement concurrentiel européen appelle à renforcer les structures. Le rapprochement Bigard - Socopa opéré en 2009 va dans ce sens.

M. Dietmar Weiß, de l’AMI, a présenté la filière porcine allemande. Leader européen et numéro 3 mondial, l’Allemagne affiche ses atouts et ses ambitions pour accentuer sa présence sur les marchés de la viande porcine.

élevages en Allemagne. Leur nombre est en diminution constante. Sur les dix dernières années, le nombre d’exploitations produisant du porc est passé de 140000 à 62000. Les projections pour les dix ans à venir vont dans le même sens, le nombre d’exploitations pourrait tomber à 35000. Dans le même temps, on assiste à une spécialisation des élevages. À court terme, les prévisions de l’AMI ne laissent pas entrevoir de hausse du prix du porc en 2010. La pression sur un marché intérieur de plus en plus dominé par le hard discount (40 % de la viande de porc achetée) a pour effet de baisser les prix à la consommation et par conséquent à la production. À moyen terme, l’Allemagne restera structurellement exportatrice, elle va accentuer sa présence sur le marché européen et mondial dans les années à venir.

AGRIAL N° 40 > AVRIL 2010

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