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Société
La culture nous a manqué
Au moins autant que les commerces considérés comme « non essentiels » – et à ce titre fermés –, l’interdiction d’accès aux lieux de culture a été vécue par beaucoup de nos concitoyens de façon très négative. Oui, la culture nous a manqué. Et même si la réouverture s’amorce, il en restera quelque chose. Peut-être une autre façon de considérer ce pan de notre vie.
Commençons par une citation du peintre et sculpteur Jean Dubuffet : « Sans pain, l’homme meurt de faim. Mais sans art, il meurt d’ennui. » L’ennui est donc ce qui nous a menacés le plus, durant les récentes périodes de confinement, qui s’accompagnaient de la fermeture – il y a déjà plus d’une année – des lieux de culture, cinémas, musées, théâtres, salles de concert. Certes, les entrepreneurs de ce secteur ont cherché à réagir, à montrer que le spectacle pouvait continuer malgré tous les obstacles qui se dressaient sur sa route – nous donnant du même coup l’occasion de découvrir une façon différente d’aborder leurs collections (positivons !). Certains musées, tels le Louvre, le Musée d’Orsay, mais aussi hors de nos frontières le Guggenheim à New York, le musée Van Gogh à Amsterdam, la galerie des Offices à Florence (où se trouvent les plus beaux tableaux de Botticelli), la National Gallery of Art à Washington (avec deux expositions), ont mis en ligne des visites virtuelles. Ainsi ont également fait le musée de Pergame à Berlin, le MASP à São Paulo, premier musée d’art moderne du Brésil, ou encore le Musée national d’anthropologie à Mexico et sa collection archéologique de l’héritage préhispanique.
Concerts en ligne
Et pour la musique, essentielle elle aussi, comme en ont témoigné par l’absurde les rassemblements « sauvages » ici ou là, pendant le confinement plusieurs artistes ont joué gratuitement pour des représentations à voir et écouter sur internet. Ce fut le cas de Bob Sinclar, Jean-Louis Aubert ou encore Christine and the Queens, qui se sont produits dans ces conditions, par solidarité. Un mouvement novateur qui pourrait se poursuivre, mais cette fois de manière payante – pour que les artistes vivent. Le principe est d’acheter une place, laquelle permet ensuite de profiter de la prestation de l’artiste depuis chez soi. Le musicien Jean-Michel Jarre est enthousiasmé par cette nouvelle forme de spectacle, qui pourrait même permettre de créer des effets impossibles à reproduire sur scène. Côté spectacles, des compagnies et des théâtres ont mis en ligne des captations de certaines de leurs représentations et des lectures de textes littéraires. Robin Renucci, directeur des Tréteaux de France, rappelle « le rôle social et culturel des théâtres et des lieux de culture, notamment auprès des jeunes » dans la période de crise sanitaire que nous connaissons et refuse de se résigner à « l’immense gâchis à l’égard de la jeunesse » qu’est pour lui la suspension de la vie culturelle. Il indique que les Tréteaux ont continué à travailler sur des dispositifs de représentation en plein air sur les îles de loisirs d’Île-de-France pour cet été.
La Comédie française, quant à elle, a lancé « La Comédie continue ! », une chaîne en ligne qui permet au public de profiter de captations d’œuvres classiques et de lectures de comédiens. Une programmation adaptée aux scolaires est également prévue, avec des spectacles pour enfants. Selon les annonces faites par le président de la République, les lieux culturels peuvent reprendre leurs activités… à moins que (comme l’a souligné Emmanuel Macron à la fin de son message aux Français) les conditions sanitaires ne le permettent pas. Sans qu’on puisse annoncer une ruée de nos compatriotes vers la culture, on peut espérer que la récente période de privation nous incitera à la consommer avec un plaisir renouvelé.
Alain Noël
L’IMPACT DE L'ÉPIDÉMIE DE COVID-19 SUR LA CULTURE EN CHIFFRES
Selon le ministère de la Culture, en 2020, la baisse d’activité consécutive aux confinements est estimée à près de 25 % du chiffre d’affaires pour l’ensemble des secteurs culturels, soit une perte d’activité de 22,3 milliards d’euros par rapport à 2019.
L’impact attendu en 2020 par rapport à 2019 pour chaque secteur est de : -72 % pour le spectacle vivant ; -36 % pour le patrimoine ; -31 % pour le livre ; -28 % pour les arts visuels ; -26 % pour l’architecture ; -23 % pour l’audiovisuel/ cinéma ; -20 % pour la presse ; -16 % pour les agences de publicité ; -12 % pour la musique enregistrée ; -11 % pour l’enseignement culturel ; +15 % pour les jeux vidéo. Il apparaît que quatre secteurs contribuent à hauteur de 70 % à la perte d’activité en 2020 en termes de chiffre d’affaires par rapport à 2019 : audiovisuel et cinéma, spectacle vivant, agences de publicité et arts visuels. La période de confinement représente 36 % de la perte totale de chiffre d’affaires attendue pour l’ensemble des secteurs culturels en 2020 par rapport à 2019. Le spectacle vivant, les musées, les sites touristiques et historiques, les cinémas, les galeries d’art et la création artistique relevant des arts plastiques sont les secteurs les plus touchés en 2020. Dans le même rapport, sont rappelées les principales caractéristiques des secteurs de la culture et les chiffres clés de l’économie de la culture : nombre d’entreprises marchandes : 79 800 ; emplois occupés à titre principal : 635 700 ; chiffre d’affaires : 92 917 M€ HT ; valeur ajoutée : 47 500 M€ HT ; taux de marge : 27 % ; part de chiffre d’affaires à l’export : 12 %.
Source : DEPS Ministère de la Culture - « Le poids économique direct de la culture - Évaluation 2 019 ».
Notre santé psychologique à l’épreuve du confinement
La Covid-19 et le confinement ont affecté notre santé mentale. Un constat qui a conduit à la mise en place de consultations de soutien par les mutuelles, notamment uMEn.
Selon une étude Ipsos pour la Fage (Fédération des associations générales étudiantes) de mars 2021, 75 % des 18-25 ans se sont sentis fragilisés par le confinement. De son côté, Santé publique France relève le rôle de « catalyseur des problèmes de santé mentale » de l'épidémie de Covid-19 et des confinements. L’infection et les mesures restrictives au plan social ont suscité l’inquiétude. D’autant que l’isolement, la baisse d’activité physique, l’accroissement du stress, l’ennui, l’organisation du travail à domicile couplée à la gestion de la vie familiale… peuvent aussi influer sur la santé mentale. On a constaté une augmentation des troubles du sommeil, des troubles anxieux et des syndromes dépressifs. Ces phénomènes ont été observés surtout chez les jeunes et dans les populations dont le statut socio-économique est modeste. On a, dans le même temps, noté qu’ils étaient plus fréquents chez les personnes habituées à « consommer » des médias faisant la part belle aux informations relatives à l’épidémie ! 34 % des personnes interrogées au cours de la vague 21 (15 au 17 février 2021) de l’enquête CoviPrev présentaient un état anxieux ou dépressif. Santé publique France et le ministère des Solidarités et de la Santé ont lancé début avril une campagne digitale de sensibilisation à destination du grand public, et en particulier des 18-24 ans. Le but : encourager la parole auprès de l’entourage ou d’un professionnel de santé et le recours aux dispositifs d’information et d’écoute existants. Pour sa part, uMEn met à disposition, pour 2021, de tous les bénéficiaires de garanties santé uMEn, sans distinction, la prise en charge de consultations de psychologue : sans prescription médicale ni limitation dans le choix du praticien, quatre consultations par an et par bénéficiaire, dès le premier euro, 60 euros par séance maximum. Dans le même esprit, les pouvoirs publics ont lancé Santé Psy Étudiant, un site pour un suivi psychologique gratuit des étudiants. Durant la crise sanitaire, ceux-ci peuvent bénéficier, gratuitement et sans avoir à avancer de frais, de trois séances de 45 minutes avec un psychologue.
Alain Noël
LES PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ MENTALE
Médecin, le psychiatre a un regard médical sur la problématique psychique. Il est en partie remboursé par la Sécurité sociale. Il est habilité à prescrire des médicaments et à décider de l’hospitalisation d’un patient.
Le psychologue : titulaire d’un diplôme universitaire, il est capable de poser un diagnostic sur un trouble mental, mais traitera la maladie via le dialogue (il ne prescrit pas de médicaments). Il est pris en charge par certaines mutuelles.
Le psychothérapeute n’a pas forcément eu un parcours universitaire, mais il doit avoir été formé dans une école privée reconnue par l’État.









