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Santé
Peur des aiguilles : comment vaincre la bélonéphobie ?
Quand la peur des aiguilles devient si intense qu’on ne peut pas se raisonner, cette peur devient une phobie. C’est la bélonéphobie. Comment se manifeste‑t‑elle ? Peut‑on la vaincre ?
De la peur à la phobie des aiguilles
Si vous avez la phobie des aiguilles, vous n’êtes pas seul : 5 % à 9 % des adultes (et des enfants) sont bélonéphobes, selon plusieurs études américaines[1]. « La différence entre la peur et la phobie, c’est qu’une peur, on réussit à l’amadouer pour la dépasser, explique Thierry Delcourt, médecin psychiatre et vice-président de l’Association française des psychiatres d’exercice privé (Afpep[2]). Alors qu’une phobie est perçue, par le corps, comme une menace au sens propre du terme. » La phobie des aiguilles n’est pas anodine. Elle conduit à un évitement des soins, comme les rappels de vaccin ou les prises de sang, pourtant essentielles dans le diagnostic de certaines maladies.
Comment cette phobie se manifeste-t-elle ?
Apercevoir une aiguille, ou ne serait-ce que l’imaginer, déclenche une anxiété immédiate. « Comme dans toutes les phobies, les manifestations sont à la fois psychiques et physiques, explique le Dr Delcourt. Physiquement et à divers degrés, la personne a des sueurs, le ventre noué, des palpitations cardiaques ou des vertiges. » Quand la fréquence cardiaque s’accélère, l’organisme tente de compenser. Ce phénomène est appelé le réflexe vasovagal. Ce dernier peut conduire à une perte de connaissance.
Comprendre la source de son angoisse
Toute phobie ou angoisse est née d’un traumatisme. Si la bélonéphobie était déjà installée dans l’enfance, le psychiatre conseille de chercher du côté « d’un sentiment de culpabilité ». Il peut s’agir du sentiment de ne pas s’être senti à la hauteur lors d’un acte médical, par exemple. « Un enfant observe que ses parents écoutent davantage cette personne à la blouse blanche que ses propres émotions. Cela peut être déstabilisant pour un petit. Et il peut se sentir coupable de croire qu’il déçoit ses parents », analyse le psychiatre.
Comment vaincre la phobie des aiguilles ?
Parlez-en aux soignants sur place avant la prise de sang ou le vaccin. Ils vous aideront à surmonter votre angoisse en déplaçant votre attention sur un autre évènement (grâce à l’hypnose, par exemple). Vous pouvez aussi anticiper la piqûre en demandant à votre médecin traitant une ordonnance pour un patch Emla (anesthésiant de surface). Si vous souhaitez en finir avec cette phobie, contactez un psychiatre ou un psychologue formé aux thérapies comportementales cognitives et émotionnelles, très efficaces. Si la personne phobique est un enfant, le psychiatre conseille aux parents « de dédramatiser la piqûre en amont en l’incluant à l’histoire du soir. Le jour de la piqûre, apportez un jouet qui va le distraire afin qu’il ne se focalise pas sur l’aiguille ».
Vanessa Pageot
[1] Craske, Antony & Barlow, 1997 ; Kleinknecht, 1987 ; Mark, 1988.
[2] En savoir plus sur l’Association française des psychiatres d’exercice privé sur Afpep-snpp.org.
Comment atténuer les douleurs de la mâchoire ?
Avec près de 10 000 mouvements par jour, la mâchoire est une partie du corps particulièrement sollicitée. Et quand la douleur s’en mêle, l’alimentation ou la parole peuvent devenir difficiles. Heureusement, les troubles de cette articulation ne sont pas une fatalité.
La mâchoire qui craque, des douleurs à l’ouverture ou à la fermeture de la bouche, une sensibilité musculaire, une sensation de raideur voire des maux de tête : tous ces symptômes peuvent être liés à des désordres de l’articulation temporo‑mandibulaire (ATM). Cette dernière unit la mâchoire inférieure – la mandibule – à l’os du crâne de chaque côté de la tête, au niveau des oreilles. Son mouvement est particulièrement complexe, car elle s’ouvre, se ferme, glisse d’avant en arrière et sur les côtés, le tout de manière synchronisée. Elle assure ainsi deux fonctions essentielles : le mouvement de la bouche pour permettre la parole, et la mastication, nécessaire à notre alimentation.
De multiples causes
C’est quand cette fine mécanique est grippée que la douleur peut survenir, laquelle est souvent multifactorielle. Elle peut être causée par un traumatisme (lié à un accident ou à un coup reçu à la mâchoire ou au visage), le serrement ou le grincement des dents – appelé bruxisme –, une tension des muscles trop importante, des problèmes dentaires ou encore une malocclusion (un défaut d’alignement ou d’emboîtement des dents). D’autres facteurs peuvent intervenir, comme le stress, qui peut provoquer une crispation ou des tensions dans l’articulation. Enfin, il semble que les femmes âgées de 20 à 50 ans soient plus fréquemment sujettes à ces troubles.
Ne pas hésiter à consulter
Face à la gêne ou à la douleur, il est important de prendre rendez-vous avec son médecin traitant ou son dentiste pour obtenir un diagnostic précis. Ils pourront demander des examens complémentaires, comme une radiographie, un scanner ou une imagerie par résonance magnétique (IRM) et éventuellement orienter le patient vers un spécialiste (neurologue, stomatologue, oto-rhino-laryngologiste…). Dans les cas les plus bénins, les troubles de la mâchoire se résorbent grâce à un peu de repos, à l’application de compresses chaudes ou froides en fonction de la situation du patient, et à la prise de médicaments anti‑inflammatoires, notamment.
Préserver son articulation
Prendre quelques mesures de prévention au quotidien permet également de limiter la survenue des douleurs. Les spécialistes conseillent ainsi d’éviter les aliments durs ou collants, qui nécessitent des efforts à la mastication. Dans cet esprit, il est recommandé aux personnes sensibles de ne pas mâcher de chewing‑gums. Mieux vaut aussi être attentif lors des bâillements, en limitant l’ouverture de la bouche afin d’empêcher tout traumatisme. Il faut également surveiller sa posture. En dehors des moments où l’on mange et où l’on parle, la mâchoire doit être détendue : les dents supérieures et inférieures ne sont pas en contact, les lèvres sont fermées mais décontractées et la langue touche le palais. En complément, la pratique d’exercices de respiration et de relaxation peut être bénéfique, tout comme le massage des muscles de la mâchoire et celui des tempes, à réaliser bien sûr en douceur.
Benoît Saint-Sever








