Livre Blanc du SPORT MARTINIQUAIS 2016-2021

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Livre Blanc du SPORT MARTINIQUAIS 2016-2021

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Préface 2

Le Sport Martiniquais est entré dans une nouvelle ère qui reflète les grandes mutations sociétales de ce monde. Son évolution foudroyante justifiait une introspection approfondie par tous ceux qui en ont la charge.

Les « Assisses du Sport Martiniquais » organisées du 18 juin au 31 juillet 2016 ont permis de mettre en cohérencel’état des lieux, les enjeux et défis à relever.

Fruit d’une réflexion partagée, le Livre Blanc du Sport Martiniquais est la traduction de la volonté de la Collectivité Territoriale de Martinique de mettre en œuvre une politique publique du sport en concertation avec le mouvement sportif et les autres acteurs de la société.

Aussi, s’appuyant sur les préconisations qui y ont été présentées, des orientations stratégiques ont été définies et un plan d’actions opérationnelles sera décliné pour favoriser l'accès au sport et la pratique sportive pour tous.

Je suis donc convaincu que ce livre Blanc permettra d’apporter une contribution active et concrète dans l’intérêt du développement du sport et de l’épanouissement de l’Homme Martiniquais.

Préface
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Alfred MARIE-JEANNE Président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique

Discours d’ouverture

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Samedi 18juin 2016

Intervenants

• Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif chargé des Sports, Collectivité Territoriale de Martinique, CTM

• Germain SOUMBO, Président du Comité Régional Olympique et Sportif de la Martinique, CROSMA

• Benoît THIERY, Représentant de la Rectrice, Inspecteur Pédagogique Régional - Education Physique et Sportive, IPR-EPS

• Dominique HALBWACHS, Représentant du Préfet Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale, DJSCS

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Samedi 18juin 2016 Discours d’ouverture

DISCOURS D’OUVERTURE

Louis BOUTRIN Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM

Monsieur le Préfet, Monsieur le Député, Monsieur le Président de la Communauté d’Agglomération de l’Espace Sud Mesdames et Messieurs les Présidents et dirigeants de Clubs, MM.les sportifs ou simples pratiquants d’une activité physique, Chers (es) amis (es) sportifs (ves) Avant tout, permettez-moi, au nom de Monsieur Alfred MARIE-JEANNE, premier Président de

l’Exécutif de la CTM, de vous remercier de votre présence dans ce lieu symbolique qu’est l’Institut Martiniquais du Sport (IMS).

Lieu symbolique, puisque cet IMS, longtemps catalogué d’Institut Martiniquais des… Séminaires, retrouvera sa vocation première, celle que nous avions définie lors de la toute première mandature d’AMJ à la tête de la Région Martinique, à savoir la FORMATION AUX MÉTIERS DU SPORT.

Date symbolique diront certains, puisque ces 1ères Assises du Sport Martiniquais se tiennent un certain 18juin 2016. Soyez rassurés, ce n’est pas un Appel aux Armes à l’instar de l’Appel du 18juin du Général De Gaulle mais un Appel à la Réflexion et au partage d’expériences de tous ceux qui souhaitent, véritablement, faire avancer le Sport Martiniquais.

Et, pendant que nous y sommes, puisqu’il s’agit des ASSISES de ce Sport Martiniquais, permettez-moi de rappeler le sens des mots et de préciser que nous ne sommes pas réunis en ce samedi matin pour nous ériger en Cour de Justice, chargée de juger les crimes commis aux dépens du sport.

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Nos Assises ne sont pas non plus une grande messe solennelle d’adeptes du sport car elles doivent être entendues au sens premier du terme. Elles font références aux fondements sur lesquels pourrait s’appuyer le sport martiniquais pour envisager l’avenir sous de meilleurs auspices.

En effet, à travers ces Assises du Sport Martiniquais, notre objectif est de nous interroger sur la place et le rôle que le sport tient ou pourrait tenir dans la société martiniquaise. Une société post-coloniale qui est entrée de plain-pied dans la mondialisation, l’économie de marché et dans l’ère de la médiatisation et du numérique. Une société martiniquaise dont les formes et les fonctions du sport sont si riches et si foisonnantes qu’il convient aujourd’hui de les analyser pour mieux les appréhender.

Il ne serait donc pas raisonnable de nous engager sur la voie d’une mutation du Sport Martiniquais sans avoir analysé ce qui est en jeu et sans définir ensemble une approche méthodologique.

D’abord ce qui est en jeu, le Sport Martiniquais. Le Sport Martiniquais trouve ses origines dans un contexte historique et politique particulier qui nous impose donc une analyse singulière car il va de soi que les rapports de domination existant dans une société post-coloniale comme la nôtre transpirent à travers l’institution sportive et forgent l’identité même du Sport Martiniquais. Une institution qui se révèle être un miroir où se reflètent l’histoire de la société martiniquaise, ses habitudes, ses mœurs et coutumes, mais aussi ses contradictions et les rapports de domination et de hiérarchie qu’elle a du mal à négocier avec la France.

Dès lors, deux visions du Sport Martiniquais apparaissent. On peut considérer que le Sport Martiniquais n’existe pas en tant qu’entité humaine, culturelle et sociale. On admet alors qu’il n’est qu’un simple appendice du sport français et que nous sommes condamnés à servir de vivier aux équipes nationales françaises. Dans ce cas, une simple décentralisation plus ou moins poussée suffit largement pour mettre en place nos politiques publiques sportives. Mais, il existe une autre vision, une autre logique. Celle qui donne plus de sens à notre revendication de responsabilité et de participation aux Championnats étrangers ou d’adhésion de la Ligue de Football de Martinique (LFM) à la Fédération Internationale de Football Association (FIFA). Cette autre logique découle du fait que le Sport Martiniquais évolue suivant sa propre trajectoire, dans un espace géographique qu’est la Caraïbe et qu’à ce titre, à l’instar des autres nations caribéennes qui explosent sur la scène internationale et qu’il a suffisamment de consistance culturelle pour aspirer à mener son propre destin. Cette autre logique nous oblige aujourd’hui à débattre de la question du SPORT & IDENTITÉ MARTINIQUAISE (samedi 30juillet 2016 - Thème 17).

Aujourd’hui, l’institution sportive martiniquaise représente un modèle d’organisation combinant miraculeusement des structures associatives qui fonctionnent sur la base d’un bénévolat, d’une tutelle étatique et de partenaires locaux qui participent au financement du sport et à sa gestion quotidienne. Cette institution sportive a prouvé par le passé sa capacité à résister aux nombreuses crises qui l’ont traversée et à s’adapter, tant bien que mal, pour mener les différentes missions qui lui ont été assignées. La tenue de ces Assises sera l’occasion de passer en revue ces multiples missions du Sport Martiniquais.

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Venons-en à l’approche méthodologique.

Notre cible aujourd’hui est le sport dans toute sa complexité. De la pratique du champion, car la Martinique, quoi qu’on dise, demeure une terre de Champions, jusqu’à la pratique régulière du sport occasionnel ou d’une simple activité physique, vous en conviendrez, qu’il sera difficile de débattre de sujets aussi proches mais aussi éloignés tant dans leur origine que dans leur finalité. Des disciplines où cohabitent ÉTHIQUE et PRATIQUES différentes.

Nous avons choisi la période de Juin-Juillet où tous les championnats sont terminés pour profiter de la trêve sportive et confronter ensemble nos expériences multiples sur les pratiques sportives. La forte médiatisation de l’EURO de FOOTBALL ainsi que la tenue prochaine des Jeux Olympiques de RIO (début août2016), loin d’être des concurrents, devront favoriser la réflexion et tenir en haleine nos concitoyens sur ces ASM.

En effet, durant un mois et demi, élus, professionnels, éducateurs et dirigeants sportifs débattront autour de thématiques aussi diverses que:

• SPORT & ÉCONOMIE

Sport & Collectivités Territoriales

• SPORT & ÉDUCATION

Sports Scolaire & Universitaire

• SPORT & INSERTION

Sport dans la cité

• SPORT & MÉDIAS

• SPORTS MÉCANIQUES

Sports Nautiques- Arts Martiaux

Co-concepteur du Centre d’Évaluation Sport-Santé, des Parcours Santé de Morne Cabri au Lamentin et de Terreville à Schœlcher, c’est avec enthousiasme que j’apporterai mon expérience personnelle à la réflexion sur le SPORT-SANTÉ prévue pour le samedi 23juillet 2016.

Nous aurons aussi à cœur de nous pencher sur l’avenir de deux disciplines, parmi les plus populaires du pays, qui connaissent une sérieuse crise de croissance, je parle bien sûr du FOOTBALL MARTINIQUAIS et du TOUR DE MARTINIQUE DES YOLES RONDES. Pour l’heure, nous vous invitons à partager la réflexion avec les élus de la CTM mais aussi avec les autres partenaires institutionnels (État, les 3 EPCI, DJSCS, Rectorat, UA, CROSMA) autour de deux thèmes:

• SPORT & ÉQUIPEMENTS

LES MÉTIERS DU SPORT

Le choix de ces deux ateliers en ouverture des Assises du Sport Martiniquais (ASM) nous permettra de faire un état des lieux de l’existant tant en matière d’équipements et d’infrastructures qu’en matière d’emplois. L’objectif étant, in fine, d’adapter équipements et infrastructures aux différents enjeux qui seront débattus à travers les ateliers à venir et d’estimer le gisement d’emplois que l’on peut espérer pour les jeunes Martiniquais. Viendra alors, nécessairement, le moment d’adapter les formations aux métiers du sport à la demande du marché. Pour nous autres élus de la principale Collectivité Territoriale du pays, le sport est un véritable service public qui nécessite, à l’instar des autres secteurs, la mise en place de politiques publiques qu’il conviendra d’évaluer le moment venu. Un programme donc très riche qui se terminera, inévitablement, par l’atelier du 30juillet 2016 consacré au FINANCEMENT DU SPORT. Car, en cette période d’austérité économique, si nous voulons gagner le match et relever des défis à venir, il faudra bien réserver au sport la place qu’il mérite dans la programmation budgétaire de la CTM. Bien sûr, le dernier mot reviendra à Alfred MARIE-JEANNE, président du Racing-Club de Rivière-Pilote durant 27 ans, qui saura opérer les arbitrages nécessaires à cet effet.

Pour l’heure, quelle que soit notre vision du Sport Martiniquais, nous nous devons de trouver un fil conducteur à notre entreprise audacieuse. Pour ce faire, je vous propose une triple démarche:

La 1ère démarche c’est celle des exposés Elle devrait favoriser l’amorce des débats, à travers un ou plusieurs exposés de fond qui nous permettront de faire un état des lieux ou de partager des expériences différentes.

La 2e démarche, c’est celle du forum Il s’agira de donner la parole à tous ceux qui sont venus des quatre coins de la Martinique exprimer leurs préoccupations et dire ce qui ne va pas. Mais, soyons fair-play, et ne transformons pas ces ASM en un espace de lamentations où chacun viendrait déverser ses rancœurs ou son mal-être personnel. La parole est certes libre mais la liberté d’expression doit se combiner avec le respect des autres. Je compte donc sur votre esprit sportif pour jouer le jeu et surmonter cet obstacle.

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La 3e démarche, c’est celle de la synthèse À partir des exposés et des contributions issues des forums, nous tenterons d’identifier ensemble les rôles et les fonctions de chacun afin de formuler des pistes et des solutions aux problèmes qui assaillent le sport martiniquais.

À travers cette démarche, la CTM tient à réaffirmer son engagement auprès du mouvement sportif et à encourager également les pratiques sportives non compétitives. Il n’est pas inutile de rappeler notre engagement auprès des Martiniquais à travers le PROJET DU GRAN SANBLÉ où nous préconisons un véritable Plan d’épanouissement de la Jeunesse où le sport sera le lien transversal entre différentes activités.

Notre souhait est aussi d’élaborer, à l’issue de ces ASM, un LIVRE BLANC DU SPORT MARTINIQUAIS où seront définies les orientations stratégiques de la CTM en matière de politique publique sportive au profit de l’ensemble des Martiniquais.

C’est à travers cette épreuve à la fois sportive et cérébrale que je déclare ouvertes les Assises du Sport Martiniquais. Mèsi anpil Mèsi an chay

Bonjour à tous. Je serai peut-être plus bref. Mes premiers mots seront pour vous saluer, vous qui êtes venus si nombreux ce samedi matin. On attend évidemment encore plus de monde: les ligues, les clubs,... Je voudrais saluer toutes les institutions présentes, comme l’a fait Louis BOUTRIN: l’État, le Rectorat, évidemment tous les élus de la CTM qui ont justement pris cette initiative heureuse d’organiser cette réflexion sur le sport qui va s’étendre tous les samedis jusqu’à la veille des Jeux Olympiques.

Ce que je souhaite vous dire en tant que Président du CROSMA, c’est que le sport est un fait social avéré. Nous sommes à la veille des Jeux Olympiques, nous sommes en plein Euro. Vous voyez le nombre de spectateurs, le nombre de personnes mobilisées autour du sport. Il y a une partie du sport professionnel mais c’est aussi le sport amateur qui est rassemblé. Le sport est un fait de société avéré autant au niveau international que local.

Je ne vais pas prendre des chiffres précis pour dire le poids économique, le poids social du sport mais le mouvement sportif martiniquais par exemple, s’articule autour de 64000 licenciés, mais beaucoup pratiquent hors des clubs. Nous sommes 100000 pratiquants, c’est quasiment un quart de la population lorsque l’on enlève les personnes âgées et les enfants en bas âge. C’est un mouvement qui est important du point de vue social et sur le plan numérique.

Le poids social dans le sens où le sport travaille à une éducation populaire. Tout le travail qui est fait dans les clubs, dans les communes ou dans les quartiers participe à cette éducation populaire de notre jeunesse nécessaire à une certaine cohésion et c’est là qu’il faut, entre autres, mais sur d’autres plans aussi, saluer l’investissement infaillible bénévole de tout le monde sportif. C’est vrai que je suis celui qui représente tous ceux qui n’ont pas la parole et qui

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ne sont pas dans la lumière. C’est au nom de tous ceux-là et comme l’a dit Louis BOUTRIN tout à l’heure, que nous saluons cet effort. Le sport martiniquais ne serait pas ce qu’il est sans cet investissement bénévole inconditionnel depuis de longues années, de dirigeants courageux qui tiennent encore à éduquer nos jeunes et à mener nos jeunes vers des objectifs d’amélioration et d’élévation.

Il y a notamment cet aspect social mais il y a aussi le poids économique. On a parlé de grandes manifestations. Je prendrais plus récemment comme exemple, les CARIFTA GAMES de natation qui ont amené une manifestation brillante, de la lumière, parce que l’ensemble des pays de la Caraïbe était réuni. Nous sommes évidemment dans une démarche de diplomatie, de représentation internationale et je crois que c’est très important alors que politiquement la conquête du CARICOM s’est faite, alors qu’au niveau du CROS, la conquête de la CALOC et CASCO est faite. Nous avons un rayonnement et une responsabilité dans notre positionnement géographique par rapport à un certain nombre d’organisations sportives. Le Président du CNOSF, c'est-à-dire du Comité Olympique Français qui est passé récemment nous confiait sa satisfaction dans le fait que nous représentons très bien le sport dans la Caraïbe et que la candidature de Paris en 2024 était vraiment favorisée par cette influence que nous avions dans notre bassin géographique de la Caraïbe d’Amérique centrale.

Je veux parler aussi de la partie économique. Lorsqu’il y a des évènements, c’est évidemment l’économie du pays qui est améliorée puisqu’il y a forcément des produits qui sont vendus (hôtels, restaurants, etc.).

Il y a aussi l’image qui est vendue. Vous vous rendez compte, chaque week-end sportif est toujours très chargé. Il y a beaucoup d’animations territoriales et forcément une économie que l’on n’a pas franchement mesurée mais que l’on devine qui est sérieuse et intéressante pour tout le monde du sport. Ces trois pans-là me semblent importants.

Un petit clin d’œil sur l’aspect santé. Le mot «sport» historiquement vient de «desport». C’est un mot échangé entre français et anglais jusqu’à arriver au mot «sport» mais le sport prend ses racines dans cette notion de santé, de bien-être qui est forcément dans l’histoire marquée par ce mot justement et qui ne peut écarter la dimension santé et la dimension bien-être. Quand on est jeune, on n’en fait pas cas, mais quand on a passé 50 ans comme moi-même, même si on l’a pratiqué à haut niveau, on se rend compte que si on ne pratique plus, le sport devient quasiment une urgence thérapeutique.

Je salue vraiment avec beaucoup d’intérêt l’initiative de Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif au Sport de la CTM sur ces Assises. Évidemment, des réflexions nous en avons eues, mais il est toujours intéressant d’aller plus loin dans la réflexion. Le CROSMA a fait une proposition de projets mais qu’il faut partager. Nous

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serons ensemble plusieurs samedis et on est toujours plus intelligent à plusieurs que tout seul. Gageons que nous allons améliorer encore un certain nombre de pistes et amener une perspective et, comme le disait Louis BOUTRIN, une politique sportive concertée entre toutes les institutions du pays. L’exercice est très clairement défini.

Le rôle du CROSMA, c’est de rassembler toutes les énergies du mouvement sportif. Dieu seul sait s’il y en a beaucoup. Il y en a au niveau des ligues, au niveau des clubs. Depuis que je suis Président du CROSMA, j’ai découvert une autre facette du mouvement sportif en découvrant la diversité et la passion qui anime nos collègues, dans toutes les contrées du pays, que je salue à nouveau.

L’exercice est très simple. Nous sommes un millefeuille avec notre richesse qui est notre diversité mais aussi notre faiblesse, puisque si vous regardez un tableau où il y a différents acteurs qui agissent indépendamment, le tableau ne fait pas force. Il suffirait que tout le monde se donne la main pour travailler dans le même sens, et là nous représentons une force très grande. L’unité du mouvement sportif est très importante. Nous devons travailler dans l’unité, certes dans la diversité car chacune des pratiques a des intérêts divers, mais c’est cette unité fondamentale qui donnera une grande force à notre action.

Notre problème est très simple. Nous avons toujours marqué les esprits, depuis l’après-guerre; les Martiniquais n’ont cessé de peupler les équipes de France. Des noms, nous en avons à la pelle sauf que l’on oublie peut-être de les mettre à l’honneur et on oublie peutêtre de se rendre compte de l’impact que nous avons sur le sport international, le sport français. Deux petits exemples simples: depuis Gérard JANVION qui était dans la garde noire à Saint-Etienne et qui a fait les belles heures de l’équipe de France, jusqu’à aujourd'hui sans être chauvin, Gaël MONFILS, nous avons toujours eu des athlètes dans toutes les disciplines d’une façon diverse. On parle même de la natation qui n’était pas un sport favorable aux Antillais mais aujourd'hui, nous avons, dans diverses disciplines, des champions un peu partout.

Maintenant, nous allons parler des deux thématiques: les équipements et les métiers du sport. Tout d’abord, les équipements. Vous savez qu’il y a eu un

DTA (Diagnostic Territorial Approfondi) qui est une étude menée conjointement avec l’ancienne Région et la Jeunesse et les Sports, qui a des données assez précises mais qui révèle un fait national clair, que nous sommes en train de discuter avec les Ministères, nous avons un retard d’équipements du double au niveau national.Pour10000 habitants, 40 à 42 équipements sont répertoriés sur le territoire national alors qu’ici nous sommes à peine à 22 équipements. Un grand retard d’équipements est affirmé par conséquent, peut-être qu’un Plan Marshal d’équipements planifié devra se mettre en place avec la contribution de tous mais aussi avec la contribution militante des Ministères puisque nous avons certes beaucoup donné mais nous n’avons pas forcément eu beaucoup de retours sur cet investissement important.

Deux chiffres aussi. Nous représentons grosso modo, avec la Guadeloupe, 0,5% de la population française par rapport à 64millions d’habitants. Nous sommes 400000 habitants. Mais pourtant, nous représentons bien souvent - un petit peu moins maintenant - 15% à 20% des médailles. Je vous laisse faire le rapport. Vous regardez les équipes de France régulièrement à droite et à gauche et vous comprendrez que les Antillais et singulièrement la Martinique ont donné leur contribution puisque tous ces jeunes qui éclosent sous différents circuits ont forcément, d’une façon ou d’une autre, été formés au départ chez nous par nos bénévoles qui sont d’ailleurs souvent très compétents, bien plus compétents qu’on ne le pense.

Tout cela pour vous dire que cet impact voudrait dire que nous devons, et c’est ce qui nous motive, faire du sport Martiniquais, non pas le secteur récréatif, parce que même si les collectivités ont soutenu, aujourd'hui la méthode mise en place ne nous permet pas encore, même si cela a beaucoup progressé, de nous inscrire comme une corporation telle que l’agriculture, le sanitaire ou autres. Même si nous sommes soutenus par le monde bénévole, même si nous sommes soutenus par une organisation qui n’est pas le type habituel, professionnel, nous devons instruire ce secteur qui représente une force importante notamment dans l’économie sociale et solidaire. Nous devons l’organiser et nous devons accoucher d’une politique publique du sport concertée par tous. C’est mon souhait.

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Je terminerai en disant merci à la CTM de provoquer ces moments de réflexion parce que c’est justement sur ces moments de retour de réflexion et de travail commun que nous pourrons affiner et affirmer une politique publique du sport que j’appelle de tous mes vœux. Le mouvement sportif que je représente, Messieurs les élus, aujourd'hui, est prêt au travail, passionné et prêt à contribuer à apporter, comme habituellement, sa pierre à l’édifice. Le sport martiniquais apporte déjà à la société martiniquaise un bien-être mais nous devons l’organiser encore mieux. Le sport martiniquais voudrait participer aux progrès de notre société. Je vous remercie.

l’enseignement de l’EPS obligatoire et les satellites. On entend par satellites de l’EPS à l’école, les sections sportives, les pôles, les options au baccalauréat.

Sachez que pour la première fois depuis plus d’un siècle, depuis les 30 ans du bac professionnel, il y a eu cette année, entendez-le bien parce que vous en avez beaucoup dans les clubs, des enfants bacheliers professionnels qui ont pu présenter l’option EPS au baccalauréat. C’est une vraie égale dignité d’accès au sport et d’accès à la réussite scolaire dans une égale dignité des voies de formation. C’était précieux.

Benoît THIERY Représentant de la Rectrice de l’Académie de Martinique et IPR-EPS

Bonjour à tous, Mesdames et Messieurs, en vos grades et qualités. Merci de votre invitation, Monsieur, et félicitations pour l’initiative parce qu’il est vrai que l’on a souvent des idées, on parle souvent du sport notamment avec Monsieur le Député aux bords des terrains et surtout des pistes, d’ailleurs. On échange à brûle-pourpoint mais le faire dans un cadre, dans une démarche institutionnelle et multicomposantes (État, milieu associatif, Éducation Nationale), nous semble précieux et si cet espace institutionnel de réflexion est encadré par une méthode, comme nous l’a expliqué Monsieur BOUTRIN, on a toutes les raisons de croire que cela va être productif et intéressant.

Nous étions hier après-midi, avec quelques-uns qui sont d’ailleurs dans la salle, en commission académique de section sportive. La conclusion de nos travaux qui ont été fructueux c’est qu’il fallait retendre un lien entre l’enseignement de l’EPS et ses quelques satellites (je vais les expliquer) avec le monde sportif. On a débattu: est-ce qu’il y a scission, pas scission? On a plutôt le sentiment qu’il y a eu une perte de liens entre

Bien sûr, je n’oublie pas le sport scolaire qui est vraiment l’interface entre l’éducation nationale et le monde sportif. Parce qu’au-delà de faire vivre une petite activité de course, de ballons, d’expression, les professeurs ont l’obligation d’éduquer ce que l’on appelle une génération responsable c'est-à-dire devenir futur dirigeant, futur entraîneur, futur reporter, futur journaliste. C’est mon boulot de vérifier qu’ils le font mais au-delà de cela, il y a aussi l’éducation à la vie associative et donner le goût de la vie associative. C’est précieux. Un clin d’œil à mon amie Nicole qui est la Directrice régionale parce que l’on travaille d’arrache-pied sur le sport scolaire et cela nous est précieux.

Maintenant, au-delà du sport, de ces satellites pour les élèves qui iraient un peu plus loin dans la pratique, dans l’UNSS, dans les options, dans les pôles, on a quand même l’enseignement obligatoire. Finalement, face à la motricité, face à la pratique physique, nous sommes les seuls - regardez bien, analysez toute la société occidentale - à avoir les enfants de façon obligatoire de 6 à 19 ans, tous les ans, toutes les semaines pour une pratique physique. Cela équivaut à peu près à 650heures dans le premier degré et 750heures dans le second degré. Ces 1500heures-là, il faut qu’il y ait une plus-value éducative, une plus-value motrice, une plus-value physique et une plus-value du futur citoyen sportif. Pour nous, ces 1500heures-là nous semblent précieuses, elles nous semblent intéressantes et en tout cas, elles ne peuvent pas être déconnectées d’une réalité territoriale. On a des idées, notamment à l’interface des futurs parcours d’éducation que viennent proposer les nouveaux programmes, on a une expérimentation académique qui sera la seule dans toutes les académies pour l’an prochain, qui s’appelle le «parcours sportif et bien-être». Je l’avais présenté, à grands traits, à Monsieur NILOR et Monsieur

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NARCISSOT. Ce parcours sportif et bien-être, nous sommes convaincus qu’il est adapté à la population scolaire. En tout cas ce parcours sportif et bien-être, on aimerait vraiment l’articuler avec un projet de développement du vivre ensemble et de la jeunesse locale ancré dans un territoire géographique.

Je me rappelle, lorsque je suis rentré Professeur d’EPS, c’était un sprinter, Ministre des Sports, Roger BAMBUCK, mais qui était aussi Inspecteur général de l’éducation nationale. Il avait fait le constat que l’on devient expert, c'est-à-dire bon sportif régional dans une activité, à partir à peu près de 1000heures de pratique. Si on compare que nous sommes à 1500heures dans le premier degré, on ne peut pas être spécialiste d’une activité sportive mais en tous les cas, on peut être spécialiste d’une éducation physique et sportive donc d’un futur citoyen sportif, acteur dans la cité. Nous en sommes convaincus. Cela ne se fera pas tout seul. Cela se fait avec nos partenaires fédéraux, nos partenaires civils, nos partenaires des collectivités. Moi-même qui suis Président d’un club handisport, qui suis élu d’une ligue sous le pilotage de Florent PANCALDI. Je trouve cela très précieux.

Avant de finir mon intervention, je finis sur deux slogans qui font le lien aussi avec notre territoire et un projet qui sortira peut-être des Assises: on veut à l’Éducation Nationale, O% de non-nageurs à la fin de la sixième parce qu’il y a encore des morts, il y a encore des noyés. Le bon vacancier, le bon citoyen sportif, c’est celui qui est à l’aise dans l’eau, pas forcément qui est un nageur de compétition mais qui sait se sauver s’il tombe d’un ponton ou d’un bateau.

Le deuxième slogan que l’on a, depuis une dizaine d’années, c’est 0% de dispense parce que le goût de la pratique sportive, le goût de l’effort se créent. Mais aussi 0% de dispense parce que l’on a une multiplication des inaptitudes. Quand on entend les inaptitudes, on entend ce que l’on est inapte à ne pas pouvoir faire et aussi ce que l’on est apte à pouvoir faire. On entend par là être apte à une pratique physique et motrice même lorsque l’on est en situation de handicap, même lorsque l’on est en situation d’obésité, même lorsque l’on est en situation d’asthme marqué, même quand on est en situation de handicap mental. Cela nous est extrêmement précieux. Ce projet-là, on ne peut pas le faire tout seul dans nos établissements scolaires parce que l’on partage des valeurs, des cadres

et j’espère que l’on partagera ensemble un projet à la fin de ces journées

Merci encore pour l’initiative et bons travaux à tous.

Monsieur le Représentant du Président du Conseil exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique, Mesdames, Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs, en vos rangs, grades et qualités. C’est avec un très grand plaisir que j’ai accepté cette invitation et que je représente le Préfet qui n’a pu se libérer aujourd'hui. En fait, les travaux qui vont s’engager sous la guidance de la Collectivité Territoriale de la Martinique entre le 18juin et le 30juillet devront permettre de fixer les lignes forces et les perspectives de développement du sport pour la Collectivité sous toutes ses formes, pour tous les Martiniquais et la Martinique.

Le sport reste une compétence partagée en tenant compte de la loi NOTRe. L’État sera donc, bien évidemment, présent à vos côtés pour apporter sa contribution à vos ambitions. Aussi laissez-moi vous présenter succinctement les priorités nationales portées par les services de la DJSCS et qui trouveront sans nul doute, écho dans l’aboutissement de vos travaux.

Les objectifs portés par l’État ont été recentrés avec un corollaire, la mise à disposition de moyens financiers plus importants car plus concentrés sur ces objectifs. Ces priorités s’organisent autour de 5 axes principaux que je vais décliner au cours de mon intervention.

Premièrement la lutte contre les inégalités d’accès à la pratique sportive. Le sport facteur de santé mais tout le monde en a parlé plus ou moins dans les différentes interventions. La sécurisation des pratiques et des pratiquants. L’accompagnement des parcours des

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Dominique HALBWACHS Représentant du Préfet et de la DJSCS

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sportifs de haut niveau. Le développement de l’emploi et la qualification dans le sport et les associations.

La lutte contre les inégalités d’accès à la pratique sportive reste l’un des fils rouges de la mise en place des schémas de développement du sport dans les régions. Le schéma attendu porte sur l’ensemble des déterminants de la pratique sportive (les pratiquants, les encadrants, les équipements) afin de pouvoir intervenir sur les territoires les plus carencés et les publics les plus éloignés, ce qui a pu être repéré comme le disait Monsieur SOUMBO tout à l’heure, notamment dans le cadre du Diagnostic Territorial Approfondi (DTA).

Ce Diagnostic Territorial Approfondi précise en particulier les priorités en termes de développement des équipements privilégiant ceux adaptés au contexte environnemental, climatique et populationnel, soit l’aménagement des espaces permettant les pratiques de «beach», l’éclairage et la couverture des plateaux

sportifs, le développement des parcours de santé et les bassins en mer tout en favorisant la rénovation ou la création des équipements structurants.

S’agissant du sport santé, le vieillissement accéléré de la population ainsi que le développement des maladies chroniques telles que l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires, etc. sont dorénavant des données bien connues de tous. Elles sont inscrites d’ores et déjà dans les orientations stratégiques de la DJSCS; des crédits CNDS et du Ministère de la Jeunesse et des Sports et de la Ville sont mobilisés sur ces orientations pour permettre la déclinaison des actions en lien avec l’ensemble des acteurs intervenant dans le cadre de la santé publique.

Ainsi, toutes les ligues et les disciplines auront à réfléchir sur un axe sport santé pour leur discipline. Ces actions de santé publique ont aussi comme ambition la sécurisation des pratiques et des pratiquants. Des opérations

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conjointes avec les associations ou des professionnels de la randonnée et du canyoning et de l’ARS, ont été menées pour informer et sécuriser les pratiquants face aux dangers de la leptospirose, par exemple.

Les missions de contrôle des structures sportives ainsi que des encadrants sont déclinées pour permettre la pratique sportive en toute sécurité et les actions de prévention et de lutte contre le dopage sont poursuivies avec notamment une réactivation de la commission de lutte contre le trafic des produits dopants. L’équipe de préleveurs est constituée et structurée. Le quota de contrôle est réalisé en respectant une répartition sexuée.

2016, c’est l’année des Jeux Olympiques à Rio. L’excellence sportive reste une des priorités fortes portées par le DJSCS en partenariat avec la Collectivité et les ligues bien évidemment. Le soutien aux pôles et le suivi des sportifs de haut niveau ainsi que des espoirs participent de l’intérêt des services de la DJSCS. Ainsi, en complément de crédits de droit commun, le fonds d’échange à but éducatif, culturel et sportif, plus connu sous le nom de FEBECS, est mobilisé facilitant la participation des sportifs ayant atteint les minimas qualificatifs aux compétitions nationales et aux compétitions caribéennes de référence. Monsieur SOUMBO précisait tout à l’heure les CARIFTA GAMES ou les jeux inter-îles.

L’excellent travail de détection et de formation effectué localement s’appuie pour une large part sur l’investissement des associations et des bénévoles qui les composent. Je tiens à saluer bien évidemment tous les bénévoles qui sont aussi parmi nous ce matin. Des soutiens sont néanmoins nécessaires pour permettre aux associations de perdurer; les dispositifs d’emploi portés par l’État doivent permettre à ces associations de bénéficier des compétences affichées par les jeunes en recherche d’emploi. Ainsi, les services civiques du dispositif SESAME, des emplois d’avenir, des CUI-CAE, en particulier.

Les ambitions portées par ailleurs par les orientations du CNDS sont de développer des dispositifs gagnantgagnant au bénéfice des associations et des jeunes en recherche d’expérience professionnelle. La formation aux métiers du sport, un des thèmes de tout à l’heure, source d’employabilité pour notre jeunesse reste l’un

des objectifs phares des missions engagées par nos services, en synergie avec les partenaires de la collectivité. Les orientations doivent s’appuyer sur les ambitions portées par l’ensemble des acteurs économiques de la Martinique en privilégiant notamment les aspects liés au tourisme sur les formations et les emplois liés aux sports de nature, à la randonnée pédestre ainsi qu’au développement du nautisme en particulier.

Enfin, deux éléments de contexte sont à souligner. Premièrement, les orientations portées par le CNDS, dont la gouvernance a été révisée afin de donner une place plus importante aux collectivités avec une intensification du déploiement du plan gouvernemental «Citoyens du sport» qui portent en particulier le dispositif«J’apprends à nager» dont parlait le représentant de la Rectrice et le recentrage des subventions vers les structures développant l’accès au sport pour les publics les plus éloignés des pratiques (soit le public féminin, les personnes handicapées et les habitants issus des quartiers prioritaires de la politique de la Ville).

En deuxième élément de contexte, Monsieur SOUMBO le précisait aussi: une mission conjointe d’inspection. Mission de l’inspection générale de la Jeunesse et des Sports et une inspection générale de l’administration relative aux besoins en matière d’équipements sportifs dans les Outre-mer. Cette mission a été diligentée; l’objectif est de favoriser l’élaboration d’un plan interministériel d’appui au développement des équipements sportifs en Outre-mer.

Ainsi les missions et travaux engagés par la Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion sociale s’inscrivent dans un spectre extrêmement large qui est repris lors de différentes thématiques qui seront débattues entre aujourd'hui et la fin du mois de juillet. Les services de la DJSCS seront présents lors de ces différents débats afin de favoriser la mise en synergie des ambitions de l’État et de la Collectivité au bénéfice des jeunes, des bénévoles, des associations et de tous les intervenants du sport en Martinique.

Je remercie à nouveau le Président du Conseil exécutif de la CTM et Louis BOUTRIN pour l’invitation à participer à ces Assises. Je nous souhaite de fructueux travaux durant les semaines à venir. Je vous remercie.

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Orientations stratégiques pour une politique publique du sport

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Orientations

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Livre Blanc du Sport Martiniquais 2016 -2021 strategiques pour une politique publique du sport

ORIENTATIONS STRATÉGIQUES

Une politique publique du sport

La Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) a pour ambition de mener, en partenariat avec les autres collectivités territoriales, le mouvement sportif et le secteur privé, une politique volontariste visant à encourager les activités physiques et sportives, notamment à travers la pérennisation de l'action des ligues, comités, associations et sportifs martiniquais.

Pour la mise en œuvre de cette politique, la CTM a pris l'initiative d'organiser les Assises du Sport Martiniquais», qui se sont déroulées sur les mois de juin et juillet2016.

L'objectif étant, à partir d'un dialogue participatif, de: • faire l'état des lieux et un partage d’expériences, • passer en revue les multiples missions du sport martiniquais et définir les orientations à venir pour la mise en place, par la CTM, d'une véritable politique publique du sport.

Dans ce cadre, des commissions de rédaction, de suivi et d'évaluation ont été créées pour proposer et accompagner les actions qui seront réalisées. Conformément aux engagements de la CTM, les actes des Assises du Sport Martiniquais ainsi qu'un LIVRE BLANC DU SPORT MARTINIQUAIS sont édités.

D’ores et déjà, les principales orientations retenues à l’issue des Assises du Sport Martiniquais trouvent leur traduction dans l’augmentation substantielle du budget alloué au sport par la CTM.

I - Répondre aux urgences du sport martiniquais

Certaines grandes orientations dégagées de cette réflexion partagée sont déjà en partie mises en œuvre:

1. Accompagner le «sport santé»

Des dispositifs multipartenariaux visant à informer et mener des actions de prévention pour l'amélioration sanitaire de la population seront mis en œuvre avec la collaboration de différentes institutions (ARS, ... ). Par ailleurs, d'autres dispositifs seront activés en direction des publics cibles (sédentaires, seniors, porteurs de maladies chroniques).

Consciente du rôle important du Centre Evaluation Sport Santé, tant auprès des sportifs de haut niveau que du grand public, la CTM œuvre à la mise en place d'un plan de pérennisation de cet outil.

À cet égard, la volonté de la CTM est de domicilier le Centre d'Evaluation Sport Santé à l'Institut Martiniquais du Sport. Il s'agira ainsi de mettre cette structure en réseau avec les centres hospitaliers de Mangot Vulcin et de Fort-de-France.

2. Encourager la pratique des activités physiques pour les personnes en situation de handicap Deux éléments participant à l'essor de cette pratique sont à prendre en compte: l'acquisition de matériel sportif spécifique et la formation des cadres. L'Institut Martiniquais des Sports aura un rôle important à jouer dans la formation des encadrants.

Orientations strategiques pour une politique publique du sport 18 Livre Blanc du Sport Martiniquais 2016 -2021

3. Favoriser l'insertion par le sport

Dans un contexte économique fragilisé, le sport demeure un levier qui peut être utilisé comme facteur d'inclusion sociale. La CTM accompagnera les actions du mouvement sportif visant à la reconnaissance du bénévolat et au développement de l'activité physique et sportive en direction des publics les plus éloignés. Des actions spécifiques seront également initiées. Le dispositif d'accueil de mineurs sans hébergement intitulé (Opération Sport Vacances) participe de cette dynamique. Cette manifestation se déroule durant les vacances scolaires du mois de juillet et propose d'offrir à 600 enfants recensés sur tout le territoire, âgés de 7 à 14 ans et issus de familles défavorisées, des activités à visée sportive, éducative et culturelle.

4. Pérenniser le soutien à la pratique sportive d'excellence À côté des dispositifs existants pour l'accompagnement des pôles et des sportifs de haut niveau, il est proposé l'organisation d'une douzaine de grands évènements sportifs «CTM». Ils devront répondre à des critères d'éthique, de sécurité et d'excellence.

5. Équiper les arts martiaux

La nécessité de créer une Maison des arts martiaux en Martinique, «un dojo territorial», a été maintes fois soulignée. Il s'agira d'accompagner le développement du judo, karaté, taekwondo et des arts martiaux traditionnels par la construction d'infrastructures permettant tant la formation que l'organisation de compétitions.

6. Développer les activités nautiques et aquatiques

Les activités nautiques et aquatiques sont encore trop peu développées. La Martinique dispose de nombreux plans qui pourraient être mis à profit pour le développement de ces pratiques sportives. Un plan de développement des sports nautiques devrait voir le jour prochainement.

S'agissant singulièrement du Tour des Yoles Rondes, élément du patrimoine martiniquais, l'accompagnement des acteurs par la CTM s'inscrit dans une dynamique intégrant la dimension économique et touristique de cet évènement majeur du calendrier sportif.

7. Encadrer la pratique des sports mécaniques

Beaucoup trop de jeunes Martiniquais se tuent sur nos routes faute d'un site pour pratiquer leur sport. Une étude est menée pour la réalisation d'une infrastructure dédiée.

Parallèlement, des réponses immédiates seront mises en œuvre, notamment l'usage partagé de routes par la labellisation de certains tronçons, ou la réalisation de voiries pour les «runs». Tous ces moyens ont une double finalité, les sports mécaniques et la sécurité routière, qu'il faut faire converger.

8. Encourager les activités sportives de pleine nature L'aide à l'aménagement des sites de pratique de pleine nature contribuera à favoriser un développement durable et à maîtriser de ces disciplines sportives. À cet effet, un meilleur entretien des circuits de randonnées pédestres et l'ouverture d'un sentier de grande randonnée seront de nature à favoriser l'essor de ces pratiques.

9. Soutenir le football martiniquais Avec 11000 licenciés, le football demeure la discipline phare de la pratique sportive martiniquaise. Cet engouement se traduit aussi par un développement de la pratique féminine et des sections de jeunes. L'accompagnement de la Collectivité se traduira par un partenariat formalisé par le biais d'une convention entre la CTM et la LIGUE DE FOOTBALL de MARTINIQUE, pour la réalisation de son programme d'actions, la prise en charge des compétitions de la Sélection de Martinique et un soutien au programme d'éclairage des stades.

10. Repositionner l'Institut Martiniquais du Sport

La CTM contribuera à redonner à cet outil sa vocation initiale, à savoir la formation aux métiers du sport au service de la jeunesse martiniquaise.

11. Optimiser l'utilisation des équipements scolaires

La CTM dispose, au sein des collèges et lycées, d'un parc d'équipements sportifs sous utilisés, notamment sur le temps périscolaire. L'objectif est d'établir, par conventionnement avec le rectorat, une véritable passerelle entre le milieu scolaire et le milieu associatif, par la mise à disposition de ces équipements aux associations. À cet effet, des aménagements techniques permettant l'accessibilité aux structures associatives, moins onéreux et plus rapides que de nouvelles constructions, sont envisagés. Sur la base de ces considérations, il vous est proposé pour l'exercice 2017 des orientations budgétaires, tenant compte des enjeux sociétaux de la Martinique et traduisant une intervention dans le domaine du sport, articulé autour de deux principaux axes.

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Orientations strategiques pour une politique publique du sport

Orientations strategiques pour une politique publique du sport

II - Soutenir les acteurs du sport

Le développement et la structuration d'une offre sportive de qualité et diversifiée sur l'ensemble du territoire passent par l'accompagnement des différents acteurs de la vie sportive locale.

1. Les organismes structurants:

- Les ligues et comités sportifs

Fédérés par le Comité Régional Olympique et Sportif de Martinique, les ligues et comités demeurent des interlocuteurs privilégiés. L'objectif étant la construction d'une véritable dynamique de partenariat conduisant à la mise en place de contrats d'objectifs pluriannuels. L'évolution du nombre de licenciés, les résultats sportifs, le rayonnement de la discipline sur le territoire sont autant de paramètres qui seront pris en considération.

- Les associations sportives

Espaces d'expression de la vie locale et de la participation citoyenne, les associations contribuent au «mieux vivre ensemble» en permettant l'accès à de nombreuses activités sportives. Elles favorisent ainsi les solidarités, contribuent à l'insertion et à la formation de chacun, au développement durable, à la préservation du lien social et de notre patrimoine. La CTM s'appuiera sur le travail de proximité effectué par ces structures associatives.

2. Les sportifs

La Martinique dispose d'une excellence sportive qui constitue une vitrine dans son environnement géographique immédiat et à l'échelle internationale. Il conviendra d'accompagner et de capitaliser sur cette image, comme vecteur d'adhésion dans des projets sportifs et de mener des actions en matière de responsabilité sociétale et environnementale. Les dispositifs mis en place seront pérennisés: - Les sportifs de haut niveau, - Les sportifs classés «élite régionale».

3. Les manifestations sportives

L'harmonisation des calendriers local et caribéen constitue une idée-force des «Assises du Sport Martiniquais», à exploiter pour une meilleure coordination et planification des évènements sportifs en Martinique. Au-delà de l'aspect sportif, ces manifestations génèrent des retombées touristiques, économiques et culturelles.

Il s'agit de consolider les manifestations sportives récurrentes de qualité, et d'inciter à des initiatives nouvelles, participant à la promotion du territoire. Ce sont essentiellement: • les compétitions sportives d'envergure nationale et internationale, inscrites dans le calendrier officiel des ligues et comités sportifs, • les événements populaires présentant un intérêt territorial au regard de la spécificité de la manifestation, du nombre de sportifs présents, du développement de pratiques sportives diversifiées (féminine, sport adapté, handisport... ).

III - Optimiser les équipements sportifs

1. Rénovation et entretien du patrimoine sportif de la Collectivité Territoriale de Martinique

La Collectivité Territoriale de Martinique dispose d'un parc d'équipements sportifs structurants, répartis sur l'ensemble du territoire. Cependant, la plupart de ces équipements ne répondent plus aux exigences réglementaires, aux normes techniques et environnementales actuelles.

Il convient de les adapter et de les mettre en conformité. Parallèlement aux subventions allouées aux communes et EPCI pour la réalisation et la rénovation d'équipements structurants, d'importants travaux devront être réalisés pour les infrastructures appartenant à la collectivité.

• La Piscine Jean BALLY du Carbet: la vétusté de la machinerie a nécessité la fermeture de l'équipement en raison du non-respect de la réglementation sanitaire. La remise en service de la piscine est prévue pour septembre2017.

• Le Stade Louis Achille: cet équipement sportif au cœur de la cité scolaire nécessite la remise à niveau de l'ensemble de ses structures. Sont notamment prévues: - la rénovation de l'éclairage du terrain d'honneur et de ses abords par un éclairage à led, - la remise à niveaux des plateaux sportifs.

• Le Stade Desclieux: située dans un quartier sensible et utilisée par la communauté scolaire et les clubs sportifs environnants, cette infrastructure nécessite certaines rénovations.

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• L'hippodrome de Carrère: en vue du développement de la filière et l'organisation de courses hippiques de niveau national, une modernisation de l'hippodrome s'avère nécessaire. Compte tenu de l'importance des travaux, une programmation pluriannuelle est envisagée pour les opérations de sécurité et d'optimisation de l'accueil sur le site.

• Le Golf de I' Espérance: plusieurs tranches de travaux devront être réalisées pour l'accueil des pratiquants dans des conditions optimales et l'organisation de compétitions internationales - confortement, enrochement et végétalisation des berges, - réfection de la retenue d'eau, - remise à niveau globale du parcours golfique et des équipements associés, - rénovation du parcours golfique: greens, fairways, roughs, bunkers, - ré-ensablement et drainage des bunkers.

2.

Le soutien aux équipements sportifs structurants

Le développement d'une activité sportive repose sur

un maillage d'équipements implantés sur le territoire. Inégalement répartis, certains équipements rayonnent au-delà du niveau local, en accueillant des stages d'entraînement de haut niveau ou des compétitions d'envergure internationale.

Ils sont donc utiles à l'ensemble du territoire; leur rénovation et leur construction seront donc appuyées par la Collectivité Territoriale de Martinique, notamment sur le secteur nord marqué par une sous dotation.La Collectivité Territoriale de Martinique a l'ambition d'encourager une politique de territorialisation des équipements sportifs traduisant une vision prospective tenant compte de plusieurs paramètres:

• le déficit global quantitatif et qualitatif, • un parc d'équipements vieillissants et dégradés, • des potentiels peu exploités (sports de nature, etc.), • les moyens insuffisants des collectivités locales.

Dans cette optique, il sera proposé que la CTM apporte son soutien aux opérations relatives à la piscine du Lorrain et au stade de Sainte-Marie.

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Orientations strategiques pour une politique publique du sport

Sport et équipements Les métiers du sport

Samedi 18juin 2016

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Intervenants

• Marius NARCISSOT, Président de la Commission Politique des Sports, CTM

• Eugène LARCHER, Président de la Communauté d’agglomération de l’Espace Sud

• Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif chargé des sports, CTM

• Jean-Philippe NILOR, 2e Vice-Président de l’Assemblée, Président de l’Institut Martiniquais du Sport, IMS

• Véronique FLAMAND, Représentante de la Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale, DJSCS, Référent emploi et coordinatrice de l’Observatoiredes métiers et de l’emploi sportif

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Samedi 18juin 2016 Sport et équipements • Les métiers du sport

SPORT ET ÉQUIPEMENTS

État des lieux - Projets d’équipement

les équipements sportifs sécurisés et de qualité sont répartis sur l’ensemble du territoire. Leur rénovation, entretien et mise aux normes demeurent un souci constant. Une politique d’investissement volontariste sera déployée pour assurer la maintenance et la mise à niveau des infrastructures compte tenu notamment des changements de normes liés à la sécurité. Autant vous dire que dans les débats d’orientations, le Président MARIE-JEANNE et ses équipes en charge du sport, ont mis l’accent sur les équipements. Comment se classifient, comment sont organisés les équipements de la CTM? Vous avez trois types d’équipements: des équipements structurants, des équipements scolaires et des équipements dits de pleine nature.

Il est temps pour moi de vous parler de l’objectif qui nous réunit avant de lancer cet atelier «Sport et équipements». Parler de cet atelier «Sport et équipements» c’est vous mettre en condition pour tout à l’heure, pour nous permettre d’échanger sur ce thème. Nous avons choisi de mettre en évidence 4 points importants. D’abord le patrimoine sportif de la CTM en mettant en évidence ses aspects positifs, ses aspects négatifs, ses caractéristiques et les coûts car on sait très bien que les coûts sont un facteur déterminant des choix politiques, des orientations stratégiques. C’est souvent un élément fondamental de la décision de faire ou de ne pas faire. Il est important que nous maîtrisions cet aspect. Lorsque nous allons aborder cette problématique de coûts, vous comprendrez qu’il est important pour nous d’apporter des pistes de réflexion ou des propositions de solutions. C’est pour cela que le troisième point sera de parler de la notion de territorialisation des équipements. Nous verrons la nécessité de cette approche et une deuxième piste de réflexion c’est la mission d’optimisation de ces équipements.

Avant d’aborder la présentation synthétique, je vais rappeler quand même que la CTM lors de ces débats d’orientations a mis en exergue un élément important de sa politique sportive justement sur les équipements. Elle disait que pour mettre en œuvre la politique sportive souhaitée, il fallait tenir compte du fait que

Équipements structurants

Pour ce qui est des équipements structurants, le premier c’est le Golf de l’Espérance qui est aux Trois Îlets. Le Golf se présente comme un fleuron par sa localisation, son emplacement sur la route des hôtels, vers la station balnéaire, comme un fleuron de la Caraïbe par sa localisation et la nature même de ses investissements. C’est un équipement qui nécessite des investissements - mais on le verra tout à l’heure dans les coûts - pour justement permettre l’organisation de compétitions internationales et surtout d’accueillir des pratiquants dans des conditions beaucoup plus optimales. Les dernières manifestations qui se sont déroulées nous ont montré la nécessité d’accompagner et de développer cet outil.

Un deuxième équipement de la Collectivité, c’est l’hippodrome de Carrère. À travers cet outil, il y a la nécessité de poursuivre la modernisation des infrastructures de cet équipement notamment par rapport à la vétusté des écuries, parce que nous avions vu, lors de nos visites, que ce sont des équipements qui sont anciens et qui nécessitent vraiment une reprise en main. La toiture des tribunes mérite d’être confortée par rapport à la sécurité. Et en termes d’opportunités de développement, vous avez le terre-plein central de la piste de Carrère qui est, en sorte, une opportunité pour le développement de la filière équine et les activités équestres. Avec les dirigeants, il y a une réflexion à mener pour voir comment occuper le terre-plein central de la piste de Carrère et voir comment nous pouvons développer cette activité pour que nous puissions avoir des manifestations de grande envergure sur le plan équestre.

Thème 1
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Mais je veux quand même mettre l’accent sur une menace qui gagne cet outil: ce sont les travaux d’extension de la piste de l’aéroport, souvent évoqués, Monsieur le Représentant du Préfet, lors des conseils de surveillance de la SAMAC qui est l’organisme qui gère l’aéroport. Quid du devenir de cet équipement par rapport justement à ces travaux d’extension de l’aéroport. Je crois que c’est un point qu’il va falloir clarifier très vite pour le devenir de cet équipement quand on sait tous les éléments qui sont attendus à travers les activités évoquées.

Un troisième outil, c’est la piscine Jean BALLY du Carbet qui constitue un atout incontestable pour le développement de la natation pour le nord Caraïbe. C’est un outil aussi qui nécessite de gros travaux notamment au niveau du remplacement de la machinerie du système de filtration parce que nous avons vu qu’il y a des pompes qui sont anciennes. La défection de ces outils a contraint la Collectivité à fermer la structure à plusieurs reprises. Je salue la présence de sa Directrice, Madame FRESSIGNY, qui est parmi nous et qui attache une importance et une vigilance avec ses équipes sur le développement et la continuité de cet outil.

Un quatrième outil de la Collectivité: le stade Louis ACHILLE qui est véritablement un ensemble d’équipements sportifs au cœur de la cité scolaire et qui nécessite vraiment des travaux de rénovation, des travaux de développement, de remise à niveau de l’ensemble des structures, notamment l’éclairage, vous avez effectivement la tribune et on voit que

l’éclairage, aujourd'hui, c’est uniquement au niveau de la tribune. Les pistes ne sont pas éclairées. Lorsque les clubs organisent des manifestations, à 18heures il faut arrêter ces manifestations parce que l’éclairage est insuffisant. Il n’y a pas que l’éclairage, il y a aussi le plateau sportif, le hall des sports, le gymnase, le revêtement de la piste. Toute une série d’investissements qui sont nécessaires à cet outil combien important, Monsieur l’Inspecteur, pour la cité scolaire.

Un cinquième outil c’est le Jardin DESCLIEUX. C’est un équipement de qualité. C’est un petit équipement mais qui est placé au cœur d’un quartier sensible. Il nécessite des travaux de réfection très importants notamment au niveau de l’éclairage pour la sécurité et pour l’entraînement des clubs qui fréquentent cette structure, et la réparation, la reprise en main du gazon synthétique. Vous voyez bien, sur le schéma qui est là, comment le terrain est en mauvais état. Nos sportifs ne sont pas dans les meilleures conditions.

Le collègue Louis BOUTRIN l’a dit tout à l’heure, un dernier équipement, c’est l’ Institut Martiniquais du Sport où nous sommes qui est un fleuron, un outil moderne au service des sportifs mais qui nécessite un repositionnement dans ses vraies missions. Le collègue Louis BOUTRIN l’a dit tout à l’heure. C’est une des missions que s’est donnée son Président Jean-Philippe NILOR et tout à l’heure, il aura l’occasion de nous le dire.

Voilà pour une première partie du patrimoine sportif de la Collectivité basé sur les équipements structurants.

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Équipements scolaires

Voyons maintenant les équipements scolaires composés à la fois des collèges et des lycées. Qu’est ce que nous constatons? Sur les 43 collèges de la Collectivité, 28 collèges ont des plateaux sportifs intégrés, ce qui correspond à un taux de couverture de 65% des collèges et sur les 22 lycées, vous avez 16 plateaux sportifs intégrés ce qui correspond à une couverture de 73% environ de nos lycées. Cette partie des équipements scolaires, c’est un élément très important puisque tout à l’heure en termes d’optimisation nous allons revenir sur cette notion.

Équipements de pleine nature

Enfin, la troisième composante des équipements du patrimoine sportif de la Collectivité, ce sont les équipements dits de pleine nature, c'est-à-dire les parcours de santé et les bases nautiques.

Les parcours de santé. Ce n’est pas compliqué, vous avez le parcours de santé de l’Espérance qui est aux Trois Îlets à côté du Golf. Vous avez aussi le parcours de santé de Didier et le parcours de santé de Tivoli. La problématique qui concerne l’ensemble de ces équipements, c’est la question de la gestion à la fois autour de la surveillance, au niveau de l’entretien et aussi de la maintenance.

Nous aurons tout à l’heure, dans les débats, l’occasion d’y revenir. Je ne vais pas trop m’étendre pour vous permettre d’apporter des pistes de réflexion dans les débats.

Les bases nautiques. C’est vrai que le patrimoine de la Collectivité n’intègre pas les bases nautiques puisque la Collectivité n’a pas de base nautique en sa possession mais elle accompagne ces structures dans la réalisation de développement des activités et des manifestations nautiques sur le territoire et notamment la base nautique de Schœlcher où il y a une forte activité.

Voilà rapidement présentées, de manière synthétique, les trois grandes classifications des équipements de la Collectivité: en équipements structurants, en équipements scolaires et en équipements de pleine nature.

Coûts des équipements sportifs

Il y a un élément qui est important c’est la notion de coût. Le coût c’est l’élément déterminant des choix et de la décision. Vous avez deux types d’approche: les coûts d’entretien et les coûts de fonctionnement.

Dans le dossier qui vous est présenté, vous avez pour la partie des coûts liés à l’entretien, ce sont essentiellement les travaux de réhabilitation liés à la vétusté, à l’ancienneté des structures et vous avez aussi et on l’a vu dans les orientations de la politique budgétaire, c’est la mise en conformité des structures parce que les lois évoluent. Il y a la nécessité, Monsieur, vous le disiez tout à l’heure, de remettre à niveau nos équipements et là c’est un coût global moyen de l’ordre de 460000euros annuels pour l’entretien.

Vous avez un autre paramètre, ce sont les coûts de fonctionnement. Les coûts de fonctionnement ce sont d’abord les coûts liés à la gestion du personnel. Là c’est carrément 1,2million d’euros affectés aux coûts de fonctionnement par rapport à la masse salariale. Au niveau des frais de fonctionnement liés à la structure, c’est de l’ordre de 500000euros. On voit qu’il y a effectivement deux approches des coûts: des coûts d’entretien et des coûts de fonctionnement, ce qui fait ressortir une dette grise qui est importante. Cette dette grise c’est quoi? C’est mettre en évidence un cercle vicieux de la dépense parce que l’on voit que le niveau insuffisant des dépenses pour assurer un entretien et une maintenance de qualité, nous entraîne vers une problématique de la dégradation prématurée et progressive de ces équipements qui, à terme, agit sur le niveau des dépenses d’investissement qui deviennent élevées.

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Vous comprenez que dans l’approche «coûts» que nous avons voulu mettre en évidence, la question après c’est de dire: quel est le bon dosage de dépenses d’entretien pour tendre vers l’optimum des dépenses d’investissement? On voit bien aujourd'hui, et c’est ce qui a caractérisé l’ancienne gestion par l’ancienne équipe, il y avait une insuffisance des dépenses d’entretien et nous avons constaté une dégradation progressive. Aujourd'hui, nous aurons à faire un niveau d’investissement très important pour remettre ces équipements à flot au niveau mise aux normes et au niveau réhabilitation aussi.

Nous avons abordé cette notion de coûts et comme je le disais en préambule, il est important dans notre réflexion que nous puissions trouver des solutions qui nous permettent de prendre en compte à la fois la contrainte coûts mais tout en restant vigilants et accrochés à l’objectif de la Collectivité par son Président qui est de réaliser justement une politique sportive pour assurer la pérennité des activités, le soutien aux affaires sportives, la pérennité aussi par un soutienaux ligues, aux comités.

Une première piste de réflexion c’est la notion de territorialisation des équipements qui s’appuie sur une première approche, c’est la répartition des équipements sur le territoire. Lorsque l’on parle de répartition des équipements sur le territoire, un premier constat c’est une répartition inégale des équipements sur le territoire. Cette inégalité de la répartition se manifeste par une concentration des équipements très forte sur le territoire de la CACEM avec une sous dotation du secteur nord.

Un deuxième constat: le parc d’équipements est vieillissant et il est globalement insuffisant sur le territoire. Les déficits sont de plusieurs ordres. Vous avez un manque global de surfaces sportives. Vous avez des équipements plus normés, il y a donc urgence à les remettre aux normes. Vous avez effectivement le côté vieillissant des équipements mais vous avez aussi le fait que nous ne disposons pas assez d’équipements permettant d’accueillir le sport de haut niveau. Je pense que tout à l’heure, Jean-Philippe NILOR, en tant que Président de l’IMS aura aussi à attirer notre attention sur cet aspect dans le repositionnement de l’IMS. On note aussi qu’il n’y a pas assez de diversification de l’offre d’équipements sur le territoire. On fait ressortir qu’il y a des potentialités qui sont là mais qui sont peu exploitées notamment sur les sports de nature, les

sports en mer, les sports en forêt. Il va falloir exploiter cet aspect. On note surtout que le manque de moyens aujourd'hui qui caractérise les collectivités territoriales contribue à ce qu’il y ait des difficultés d’organisation, de gestion et trop peu de vision prospective des équipements.

Le troisième constat qui est justement la conclusion de cette approche, c’est que le déficit est global tant sur le plan quantitatif que qualitatif et un déficit marqué par le sous-équipement.

Le deuxième aspect de la notion de territorialisation. Aujourd'hui c’était un premier point sur la répartition des équipements sur le territoire mais aussi une deuxième approche qui est marquée par la répartition par type d’activité sur le territoire. Qu’est ce que l’on voit? Les sports de plein air, les sports collectifs comme le football, le rugby se caractérisent par l’insuffisance des équipements, le manque d’équipements, des surfaces synthétiques qui sont sous-exploitées. Vous avez aussi des sports de salle avec des salles multisports pour le hand-ball, le basket-ball, le volleyball, le badminton qui sont en nombre insuffisant. Pour nourrir le débat tout à l’heure, c’est la problématique de couverture des plateaux sportifs parce que nous sommes sur une île, nous sommes dans une région tropicale et nous disons justement pourquoi ne pas favoriser cette politique de couverture des équipements sportifs puisque l’on sait que faire une salle polyvalente, faire un hall des sports, c’est coûteux, cela prend du temps alors que si nous mettons en place cette politique de couverture des plateaux sportifs, nous pouvons redéployer très vite des activités sur l’ensemble du territoire.

Pour ce qui est des sports de combat, le constat c’est qu’il y a une absence d’équipements. Là aussi il faut mettre l’accent sur cet aspect. Les activités aquatiques: nous avons noté et je salue la présence de notre collègue et Président de la Communauté de l’Espace Sud, Eugène LARCHER, qu’il y a une prise de conscience récente des intercommunalités de la nécessité d’être équipé. Nous avons vu la réalisation de la piscine communautaire de la CACEM, on salue la présence de Robert MARAJO qui est là, qui a su à travers les CARIFTA GAMES nous montrer l’utilité de ce genre d’équipement. On salue donc la présence du Président Eugène LARCHER avec la construction future de la piscine du Saint-Esprit pour ce qui est de l’Espace Sud.

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Pour le sport de nature, comme je l’ai dit, vous avez un potentiel qui est sous-exploité notamment pour les activités en mer et en forêt mais il y a quand même un essor de certaines disciplines comme les sports de glisse (surf, motonautisme) mais qui nécessite quand même une meilleure organisation de ces activités.

Enfin, et j’en aurai terminé de cette réparation des activités sur le territoire, en reprenant ce que l’on appelle les «sports fun», c'est-à-dire les nouvelles disciplines qu’il faut accompagner dans le développement. Je fais référence au skate, au BMX, au karting, à l’escalade… Il y a toute une série d’activités à structurer et à développer. Puis, les sports mécaniques. Là, il faut effectivement s’arrêter trente secondes pour dire qu’il y a une réelle réponse à apporter à la problématique des sports mécaniques sur le territoire, en termes d’organisation, en termes d’équipements. Je salue les équipes de Monsieur SIDIBE qui nous ont accompagnés dans ces réflexions parce que l’objectif aussi c’est de dire, tout en tenant compte de cette contrainte de coût: comment pouvons-nous demander à nos ingénieurs en charge du réseau routier d’identifier des circuits qui pourraient, une fois ou deux dans l’année, être bloqués pour ne pas trop gêner les riverains et faire l’objet de labellisation pour qu’il y ait justement des manifestations de ce genre. En tout cas, c’est un sport qui est très important pour nous et nous avons la présence de Serge BUNOD parmi nous, qui, je pense, interviendra tout à l’heure pour nous donner son point de vue.

Le dernier point c’est l’optimisation des équipements. Quand on parle d’optimisation des équipements, deux points importants: la complémentarité entre les équipements structurants et les équipements scolaires.

On a dit tout à l’heure que l’idée c’est d’optimiser l’utilisation des équipements par un maillage territorial mais le maillage qui passe par une stratégie qui permet justement de libérer des créneaux pour le bénéfice du plus grand nombre. L’idée est simple, c’est de dire qu’aménager techniquement l’accessibilité des clubs au plus grand nombre est plus simple, plus rapide et moins coûteux que de créer des infrastructures. C’est vraiment un point qu’il faut travailler. Sur le plan sociétal aussi, c’est une manière de répondre à la lutte contre les actes de dégradation et de vandalisme que nous avons constatés sur certains équipements en tout cas, pour lutter contre cette frustration qu’il y a chez certains de ne pouvoir accéder à ces structures. Il faut travailler cet aspect.

Le dernier point de l’optimisation c’est la synergie que nous devons développer entre les collectivités territoriales: la CTM, les communautés de communes, les communautés d’agglomération, les mairies pour faire en sorte que sur un même bassin géographique, il y ait plus de cohérence à l’implantation des équipements. L’idée c’est de supprimer justement les concurrences et de favoriser la complémentarité et les synergies.

Voilà ce que l’on peut dire sur ces 4 grands points qui vont nous permettre maintenant de lancer le débat et d’apporter nos réflexions. C’est vrai que nous n’avons pas beaucoup de temps mais lors des échanges, nous allons vous demander dans vos interventions de décliner votre identité parce que nous allons enregistrer vos interventions pour après les restituer et nous allons aussi diffuser auprès des acteurs sportifs tous ces comptes-rendus. Louis BOUTRIN l’a dit tout à l’heure, à travers un forum, nous aurons l’occasion d’exploiter toute cette matière première. Merci pour votre assistance et merci pour votre attention aussi.

Je voulais terminer mon propos en remerciant tous les services qui nous ont accompagnés dans ces travaux: les services techniques de Monsieur SIDIBE et les services des sports de Madame CAPGRAS qui nous ont vraiment apporté leur soutien. Je voudrais adresser un clin d’œil à Messieurs LOUIS-DENIS, Raymond MOUTOUT, BONNARD et à Madame CASSOU entre autres, qui ont vraiment apporté un soutien, une motivation forte pour nous permettre d’être avec vous ce matin et d’attirer notre attention sur tous les aspects des équipements sportifs. Merci.

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Samedi
Sport et équipements

Bonjour à tous,

Eugène LARCHER

Président de la Communauté d’agglomération de l’Espace Sud

Monsieur Le Préfet, Monsieur le Député, Monsieur le Conseiller exécutif chargé de sport, Messieurs les représentants des communautés d’agglomération, Mesdames et Messieurs les élus, Monsieur le Représentant de la Rectrice, Monsieur le Directeur de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion sociale ou son représentant, Monsieur le Président du CROSMA, Mesdames et Messieurs,

Je tiens d’abord à remercier le Président de l’exécutif de la CTM de son invitation à participer à ces Assises du Sport martiniquais. J’y vois la confirmation d’une volonté de faire des communautés d’agglomération de solides partenaires de la CTM dans la mise en œuvre de politiques ambitieuses d’aménagement et de développement de la Martinique.

Le domaine qui nous réunit ce matin est important. Le sport, c’est le bien-être, la santé, l’épanouissement des individus. C’est un potentiel en matière de débouchés et d’emplois. C’est aussi une série d’enjeux en termes de cohésion sociale, d’égalité de chance, mais aussi d’aménagement équitable du territoire.

Trois domaines pour ne prendre que les trois derniers dans lesquels les communautés d’agglomération ont un rôle important à jouer. La question de la pratique d’activité sportive, qu’elle soit de haut niveau, de masse ou de loisirs renvoie inévitablement à la problématique de la mise à disposition d’installations et d’infrastructures.

En Martinique, nous connaissons, de ce point de vue, une situation quelque peu mitigée. Certaines statistiques font apparaître qu’avec 10 équipements

extérieurs, des petits terrains,pour10000 habitants, nous nous situons dans la moyenne. Mais pour ce qui est des équipements sportifs à proprement parler, nous serions plutôt en déficit avec 31 équipements pour 10000 habitants quand la moyenne se situe à 40 pour 10 000 habitants.

Le Sud accuse, à cet égard, un certain retard qui peut certainement s’expliquer par le fait que depuis plusieurs années, il connaît la forte croissance démographique de tout le territoire martiniquais. Certes, si on parcourt les 12 communes de l’Espace sud, on trouve de nombreux stades, différents halls des sports, des centres nautiques ou autres espaces de proximité. Mais selon les chiffres datant de 2013, le territoire sud ne concentre que 28,68% des équipements sportifs contre 36,27% pour le Centre et 35,06% pour le Nord.

Ma volonté et celle de mes collègues de l’Espace sud est évidemment d’impulser une dynamique en faveur d’une équité territoriale. Nous nous appuyons, pour ce faire, sur une des compétences optionnelles de la communauté, à savoir la construction, l’aménagement, l’entretien et la gestion des équipements sportifs et culturels d’intérêt communautaire. Nous le faisons en cherchant, bien entendu, à mobiliser tous les partenaires possibles.

Dans le respect de l’esprit communautaire, nous recherchons une cohérence globale en évitant les effets de concurrence et en assurant une complémentarité de fonction entre les équipements proposés. Nous avons priorisé deux axes: d’une part la pratique et le développement de la natation dans ces différentes dimensions (compétitive, éducative, familiale, de santé, de bien-être et de loisirs). D’autre part, le développement de la pratique sécurisée du vélo pour tous en tirant les conséquences des nombreux accidents souvent mortels ces dernières années qui ont frappé les cyclistes sur les routes de la Martinique et notamment sur la route nationale 5 dans le Sud.

Pour ce qui est des équipements de natation, nous voulons garantir dans notre Schéma directeur des équipements de pratique, 3 grands équilibres: le premier c’est un équilibre sur le territoire Sud avec un équipement structurant à Rivière Salée sous maîtrise d’ouvrage communautaire accompagné d’un équipement complémentaire au Saint-Esprit sous maîtrise d’ouvrage complémentaire aussi. Deux équipements qui seraient

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Samedi 18juin 2016 Sport et équipements

Samedi 18juin 2016 Sport et équipements

relayés par les équipements de natation en mer sous maîtrise d’ouvrage communale. Le deuxième équilibre concerne la cohérence avec l’équipement du Lamentin porté par la CACEM. Le troisième équilibre renvoie à la diversité des offres que j’évoquais à l’instant avec une vision d’avenir ouverte sur la dimension du bien-être et de la santé.

Sans entrer dans les détails, je veux simplement vous dire que le Centre aquatique de Rivière Salée est conçu pour être un équipement accessible à tous y compris les scolaires. Il doit être modulable et flexible pour permettre l’accueil de compétitions, toutes disciplines confondues et la vocation à promouvoir l’aqua-santé et donc la pratique de l’aquagym ou de l’hydrothérapie légère, avec par ailleurs, des services de type parcours sportifs ou autres espaces de remise en forme.

Nous réfléchissons au redimensionnement de ce projet pour mieux tenir compte du contexte budgétaire et de la cohésion territoriale d’ensemble. Nous sommes d’ailleurs toujours en recherche de cofinancement sur ce dossier. Le plan de financement actuel prévoit un montant de quelques 14millions d’euros, avec la participationaux côtés de l’Espace Sud de différents partenaires (notamment l’État et l’Union Européenne).

Le chantier de la piscine du Saint-Esprit est quant à lui, en voie d’achèvement. Cet équipement comprendra trois univers aquatiques séparés correspondant à des modalités de pratique et à des publics différents. Un bassin de nage de 25 mètres et de 6 lignes d’eau, doté d’un dispositif de mise à l’eau pour les personnes ayant des difficultés de motricité. Un bassin à vocation santé réservé aux personnes handicapées ou à mobilité réduite d’une surface de 80m2. Un bassin d’une superficie de 20m2 permettant l’initiation à la natation des jeunes enfants et des bébés. L’équipement d’une superficie totale de 4467m2 représente un coût de 4millions d’euros avec la participation aux côtés de l’Espace Sud, de l’État et de la CTM.

Au-delà de la natation, j’ai parlé de la pratique du cyclisme. Nous avons, dans ce domaine, doté le territoire sud d’une piste cyclable communautaire située à Ducos. Elle est aujourd'hui achevée même si sa mise en service a été retardée par les conséquences des graves intempéries de novembre2015. Elle est composée d’une grande piste de 625 mètres pour les licenciés et une petite piste de 400 mètres pour les non licenciés.

Elle constitue à ce jour, le seul équipement de ce type à l’échelle de l’hexagone et des Outre-mer. Sa vocation première est certes sportive mais cet équipement constituera aussi un lieu de rencontre et de détente pour les familles puisque la piste loisirs s’articule autour d’un parc paysager doté de bassins de rétention, d’arbres et d’aires de repos. Un parc propice à la découverte de la faune et de la flore. Tout l’enjeu a été de tirer le meilleur parti possible d’un site présentant de fortes contraintes. Il faut en particulier rappeler que la biodiversité du lieu a été protégée. La zone humide a été maintenue sur le site et l’écosystème fait l’objet d’une mise en valeur.

Pour conclure, je veux évoquer nos orientations en matière de gestion des équipements, pour vous dire qu’à l’Espace Sud, nous avons décidé de la création d’une société publique locale de gestion des équipementsdu sud. Elle sera officiellement installée en début de semaine prochaine. Elle est destinée à gérer les différents équipements à commencer par ceux que je viens d’évoquer. Des équipements auxquels vont s’ajouter un certain nombre de structures municipales, voire d’autres équipements communautaires. Cela nous paraît une solution adaptée à la gestion de ce type d’équipements. Une solution permettant de répondre dans le contexte que nous savons, à l’impératif de mutualisation des coûts d’exploitation.

J’évoquais, en commençant, par les enjeux du libre développement de la pratique sportive, l’enjeu de l’égalité des chances. Il est au centre de la philosophie qui nous anime à la Communauté de l’Espace Sud. C’est pourquoi, je tiens à ce que l’un des axes d’action de cette SPL soit d’instaurer une politique tarifaire harmonisée de manière à garantir aux administrés un égal accès aux équipements concernés. L’idée serait de créer un pass que l’on appellerait «PASS’SPORT» sur le modèle de ce que nous avons déjà mis en œuvre en matière de culture, je veux parler du fameux PASS’TECH que nous avons instauré au sein de notre réseau de bibliothèques et de médiathèques du sud.

Voilà ce que je voulais vous dire en préalable et je félicite à nouveau la CTM pour cette initiative. Je souhaite que ces Assises servent à impulser une véritable dynamique autour de la promotion du sport en Martinique. Le sport conçu comme partie intégrante du développement global de notre territoire. Merci.

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Ce que je dois vous présenter, ce n’est pas un oubli mais ce sont quelques précisions, juste quelques diapos qui me tenaient à cœur parce que l’on parle d’équipements sportifs mais souvent on oublie les équipements de pleine nature. Marius NARCISSOT a effleuré le sujet. Je voudrais, à partir d’une carte de la Martinique, faire l’état des lieux rapide des «équipements» de pleine nature.

Pour mieux situer le propos de ce matin, il y a une proportion qui est relativement importante puisque, comme vous le voyez sur ce camembert, en matière d’équipements sportifs en Martinique, on dénombre 965 équipements classiques et 284 équipements relatifs au sport de pleine nature. Qu’est ce que l’on appelle sport de pleine nature, pour que l’on puisse parler de la même chose. Ce sont des sports qui ont été définis dans l’article L.311-1 du Code du Sport. Ce sont des réglementations précises, c'est-à-dire dès lors qu’un sport s’effectue en pleine nature, c’est le lieu de la pratique qui va définir la nature du sport.

Ce que l’on peut dire, si on fait un tour d’horizon vraiment très rapide. Nous avons actuellement sur toute la Martinique 18 bases nautiques. Nous avons également des structures d’équitation sur le Diamant, Le Lamentin, Fort-de-France, bientôt dans le Nord Caraïbe. En ce qui concerne les équipements (parcours santé) comme vient de le dire Marius NARCISSOT, figurent sur ce diaporama uniquement ceux qui relèvent de collectivités mais en quelque part, je suis un peu gêné, car j’étais à l’origine du premier parcours santé à Morne Cabri et ce n’est pas un équipement de la CTM puisque - je vais me faire trucider - c’est bien un élu du Lamentin. C’est un parcours santé qui a vu le jour grâce à la volonté du Maire, Monsieur Pierre SAMOT. L’historique est relativement bref. C’est un parcours qui était prévu dans la forêt de Montgérald. Nous avons travaillé à l’époque avec le Maire de Fort-de-France. C’était Monsieur ALIKER qui portait

le dossier et au moment de passer à la phase de réalisation, on s’est aperçu qu’il y avait un contentieux sur le foncier qui appartenait aux héritiers ASSELIN et que la ville ne disposait pas du foncier. Le projet était pratiquement terminé. On l’a porté pour le Maire du Lamentin et il nous a proposé une broussaille qui est, ce que vous connaissez, le long d’un rail de chemin de fer qui est le Morne Cabri. Nous avons tout débroussaillé, tout arrangé et on a gardé en état toutes les espèces qui existaient (poiriers, etc.). Avec un architecte, nous avons conçu ce parcours qui est peut-être le seul véritable parcours de santé en Martinique qui correspond aux critères à savoir une distance minimale de 1,7km avec les ateliers qui sont disséminés.

À côté de cela, comme vous le voyez, tout à fait au Nord, nous avons des sites de canyoning du côté de Fond Saint Denis et du côté de la Montagne Pelée. Tout le périmètre du Nord Atlantique est très favorable aux activités de surf. On a vu récemment l’organisation d’une compétition internationale, de rang mondial. Nous avons également des activités nautiques (kayak…) tout au long de l’année.

Voilà ce que je voulais dire. Mais je ne serais pas complet si je ne vous parlais pas de projets que nous avons à savoir les projets de grande randonnée. Il faut savoir que la Martinique dispose de 31 sentiers qui sont balisés. Ce sont des sentiers de randonnée pédestre mais à côté de cela, nous avons un projet de grande randonnée pour le nord Atlantique. Un projet qui partirait depuis le Robert pour arriver à la commune de Saint-Pierre, en passant par le littoral, Grand-Rivière et le Prêcheur. En ce qui concerne le premier tronçon, parcours qui part depuis Fort-de-France puisqu’on l’oublie, quand on est à l’Adonis, quand on est à Absalon, on est sur le territoire de Fort-de-France parce que 70% du territoire de Fort-de-France est recouvert par des forêts. La plupart de ces forêts sont largement visitées à travers des parcours de randonnée pédestre et actuellement il y a un premier tronçon qui part d’Absalon et qui arrive à Caplet au niveau du Morne Vert.

Le deuxième tronçon qui est en cours de validation puisqu’il faut valider et sécuriser ces parcours, reliera Caplet à la Montagne Pelée, à l’Aileron. C’était pour qu’il n’y ait pas d’oubli, que l’on soit exhaustif. À présent, c’est presque complet.

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Samedi 18juin 2016 Sport et équipements

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Échanges/Débats

Louis BOUTRIN

Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM Je serai obligé de jouer le modérateur pour bien resituer à la fois la philosophie et les objectifs de ces Assises. Comme je l’ai dit dans le propos liminaire, il ne s’agit pas seulement de questions. Dans la salle, tous les visages sont pratiquement connus. On sait qui intervient dans tel et tel domaine. Ce que l’on attend, c’est un partage d’expériences, c’est un enrichissement du débat. Les exposés ne servent que de points de départ pour nous permettre de nous projeter dans les 5 années à venir.

À l’issue de cela, la collectivité Territoriale va également enrichir son projet, de manière à élaborer des orientations stratégiques pour mettre en place des politiques publiques sportives puisque l’on ne rentre pas dans les aspects techniques mais nous avons, à l’instar des autres politiques à mettre en place, une politique publique de sport. C’est avec les acteurs du monde sportif, avec les pratiquants et également les collectivités présentes, que nous comptons mettre en place cette politique publique. Ce ne sont donc pas uniquement des questions, comme cela vient d’être dit, mais vraiment que l’on fasse des propositions et des préconisations. Merci.

David DIMBOUR

Président de l’association JET ATTITUDE Bonjour. Je m’appuie sur le recadrage de Monsieur BOUTRIN qui est effectivement nécessaire. En termes de propositions, c’est vrai que l’on a beaucoup parlé des sports de nature puisque l’on vient de voir un bel exposé sur ce que vient de proposer la nouvelle Collectivité. En termes de propositions, c’est très simplement, vous l’aurez compris, au niveau des sports de glisse, que l’on peut considérer comme étant une discipline un peu émergente, on sollicite de pouvoir prendre part aux différents ateliers et d’étudier la possibilité de voir se créer à la Martinique, des mises à l’eau publique qui permettraient certes, au mouvement sportif moto nautique de se développer plus largement mais également de permettre à nos compatriotes martiniquais d’avoir plus facilement accès à ce bassin nautique qui, aujourd'hui, vous le disiez tout à l’heure en préambule, semble être un espace qui gagnerait à apporter sa pierre à l’édifice du développement sportif dans sa grande globalité.

Je remercie et je m’associe à tous les intervenants pour féliciter cette belle initiative, espérant pouvoir prendre part à cet atelier sur la réflexion concernant le développement de l’activité nautique et motonautique plus particulièrement. Merci à tous.

Louis BOUTRIN

C’est important de se présenter puisque les interventions sont enregistrées dans l’optique du Livre blanc sur le sport.

Félix DOUTONE Membre fondateur du Club nautique Le Neptune au Lamentin Bonjour. Je vais surfer sur la vague que vient de créer David DIMBOUR. Je pense que l’on a beaucoup parlé des sports à l’intérieur du territoire mais c’est une île, c’est même une île faisant partie d’un archipel d’une grande densité. Nous apprenons, ici et là, avec beaucoup de plaisir, que les états, les pays se rencontrent, se rapprochent, discutent ensemble. Sur le plan sportif, je pense qu’il est bon, je crois qu’il est important, urgent de mettre l’accent sur les liens du nautisme d’une île à l’autre: la croisière nautique, le sport nautique, le sport de glisse, les compétitions de voile. Nous ne sommes pas un pays seulement d’arrivée de compétitions venant d’ailleurs qui font finalement une publicité considérable avec un impact économique supposé. Nous avons la possibilité, à la Martinique, de créer des infrastructures nautiques, pas partout, de façon rationnelle, pour que tous les enfants en âge scolaire de la Martinique puissent avoir accès à une structure de formation aux sports nautiques. Je dis bien toutes les communes (Saint-Esprit, Morne des Esses, Gros Morne,…) Il n’est pas question de dire, la mer c’est à nous. Autrement dit, ce que j’apprécie avec beaucoup d’opportunité c’est l’arrivée de cette Collectivité Territoriale de Martinique, qui est un espace considérable en matière de couverture, de projets pour l’éducation, la formation des enfants à leur insularité. Il faut, là où c’est possible, de façon rationnelle, fonctionnelle, des structures accueillant des enfants d’âge scolaire, quel que soit le niveau de scolarité du moment qu’ils savent déjà nager, qu’ils puissent accéder à une formation de maîtrise de l’environnement marin. C’est fondamental pour un insulaire.

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Samedi
18juin 2016 Sport et équipements

Samedi 18juin 2016 Sport et équipements

On doit avoir ici une activité nautique spontanée, naturelle, permanente, faisant de l’escale en Martinique, quelque chose de tout à fait permanent. Pas un Tour des Yoles. C’est intéressant, c’est ponctuel. Cela fait un apport considérable de tourisme. Mais une activité naturelle, pas touristique pour le bien-être des Martiniquais, à partir de l’âge scolaire, le plus jeune âge possible. Au Neptune on a pu voir cela. Il est donc absolument indispensable que toutes les communes par un système de rapport de communication intéressante participent à cela.

C’est pour cela que toutes les commissions de la CTM sont concernées par cela. Le transport du Morne Rouge à Saint-Pierre, etc. On peut, grâce à une pratique de relations, de transport, de mise à disposition de tous les collèges, toutes les écoles, mettre les enfants en situation de formation. Là il y a un déficit d’infrastructures. La CACEM en a 3 plutôt 2: celle de Neptune et celle de Schœlcher. Saint-Pierre vivote. Sur la côte est, il y a des possibilités. Sur le sud, il y a d’énormes possibilités. Il faut absolument que l’enfant devienne un insulaire naturellement, dès le départ, culturellement. C’est pour cela qu’il faut vraiment un investissement. Ce n’est pas facile. J’ai mis plus de 20 ans pour créer le club nautique Le Neptune. Ce n’était pas facile. C’est un exploit et je considère que l’on ne peut pas avoir ainsi un obstacle administratif pour l’ouverture de l’intelligence humaine de plusieurs années vers l’horizon. Merci.

Louis BOUTRIN

Je tiens à saluer l’intervention et la contribution du Docteur Félix DOUTONE. Je vais vous demander d’applaudir bien fort. Militant acharné de la voile. Il a, comme il vient de le rappeler, été à l’origine du Neptune, club du Lamentin et il a énormément œuvré pour le développement et surtout pour la démocratisation de la voile en Martinique puisque, comme on le sait, quand on connaît l’histoire de ce pays, seuls certains privilégiés avaient accès à ces disciplines. En tout cas, merci Félix DOUTONE pour ton intervention, même si au passage, il y a également de l’autre côté de l’Atlantique, le François. Il y a des équipements un peu partout qui méritent d’être modernisés. Là-dessus, on fera un état des lieux exhaustif. En tout cas merci.

Robert MARAJO

Président du Longvilliers Club du Lamentin Bonjour. Je ne serai pas long. C’est bien, il y a de plus en plus de piscines mais il faut s’assurer que ces nouvelles piscines ne pratiquent pas de prix excessifs. Par exemple, au Centre aquatique communautaire du Lamentin (CACEM)certains fuient le centre car les tarifs sont excessifs. Il faut faire attention à cela. Je suis très heureux d’entendre que l’Espace Sud a mis en place une Commission de gestion de telle façon que cela reste aussi une gestion locale qui permet de prendre en compte la situation réelle de notre pays. Mais il faut savoir quand même que tout est lié. Je pense que tout le monde est d’accord avec ce que Monsieur DOUTONE a dit tout à l’heure et la CTM l’avait déjà dit, il faut que tous nos enfants puissent savoir nager le plus rapidement possible. Or par exemple, pour rester sur les tarifs, il y a actuellement des écoles qui ne viennent plus à la piscine de la CACEM parce que les prix sont excessifs. Il faut revoir ce genre de tarifs. Il faut penser très sérieusement à cela pour toute l’organisation. Maintenant on va laisser la place pour, la prochaine fois, parler école, etc. mais même sur l’école et la relation avec l’éducation nationale, il y aura des questions que je ne vais pas aborder aujourd'hui, que j’aborderai la prochaine fois. Merci.

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Louis BOUTRIN

J’ai oublié de préciser à Félix DOUTONE qu’il y a une thématique spécifique pour les sports nautiques avec Jean TRUDO que tu connais bien qui a été également Président de la ligue de voile, qui interviendra le samedi 23juillet. Une question à Monsieur MARAJO. Cela fait trois semaines de cela, une délégation de Martinique est partie en Polynésie Française avec des pêcheurs que je connais bien, du Carbet. Ils sont allés installer des bassins de natation en Polynésie. Que pense Monsieur MARAJO de l’installation des bassins de natation en mer? Pour la petite anecdote, je l’ai rencontré la semaine dernière aux Assises de la Pêche, il m’a dit qu’il retourne en Polynésie. Je lui dis: «Pourquoi tu y retournes?». Il me répond: «On a fait des bassins mais on va installer des filets». Je lui demande: «Pourquoi des filets?». Il me dit: «On a oublié que c’était une zone où il y avait des requins». Je referme la parenthèse. Nous n’avons pas de requins. Pourquoi ne pourrions-nous pas mettre en place des bassins de natation là où on ne peut pas investir puisque tu as fait allusion aux coûts?

Robert MARAJO

Concernant les bassins, je pense que Monsieur Gabriel LORDINOT, Président du Comité, qui est là, saura mieux répondre que moi. Mais je voudrais quand même rajouter que c’est quand même important que tous nos enfants sachent nager parce que l’on a parlé de sports de glisse, de Yoles et tout le reste, mais on ne peut pas faire de la voile, de la Yole si on ne sait pas nager. D’accord, il y a les gilets mais il faut savoir nager. Il y a assez de noyés chez nous.

Concernant les filets, je pense que Monsieur Gabriel LORDINOT va répondre mais parfois les filets sont dangereux car le pied ou la main peut rester accroché au filet et on reste accroché au fond. Monsieur LORDINOT est là-bas, s’il veut répondre. Effectivement, le prix est intéressant. Il y a un plan sur toute la Martinique.

Gabriel LORDINOT

Président du Comité régional de Natation

Il y a un plan de bassin flottant sur toute la Martinique avec des bassins prévus à Anse Figuier, à Sainte Luce, aux Anses d’Arlet et même au Prêcheur.

Louis BOUTRIN

Pourquoi «même »?

Gabriel LORDINOT

Parce que certains n’y pensaient pas!

La difficulté du bassin flottant: il faut trouver un endroit relativement calme. Par exemple, Sainte-Luce c’est très bien mais cela bouge un petit peu trop. C’était un essai positif. Il faut continuer. Il est prévu aussi un bassin flottant à Fort-de-France. Excusez-moi. On me pose une question. Pour les intempéries, le tout se démonte dès que l’on est averti assez tôt. Cela se démonte, on le met en lieu sûr et cela se remonte après. Cela ne pose pas de problème.

Bernard DOMERGUE Directeur de l’association H2Eaux Bonjour tout le monde. Pour faire bref, j’ai été entraîneur de l’Espadon de Fort-de-France pendant plus de 30 ans. Je connais la natation. Je suis également Directeur de l’association H2Eaux qui gère le Centre aquatique et nautique de la Pointe de la Vierge que Monsieur DOUTONE a oublié comme base nautique sur le territoire de la CACEM. Nous sommes toujours là! Je suis toujours là, Monsieur DOUTONE, depuis l’époque où, avec Georges RAPON, nous voulions construire une piscine à Morne Cabri! Est-ce que tu t’en souviens? Cela faisait partie de ton projet. J’étais déjà là. Juste pour prendre la parole sur deux choses dans la conception des équipements sportifs. Beaucoup de dirigeants et aussi d’élus, quand il y a la création d’un équipement sportif, ne pensent qu’au petit champion qui va faire connaître la commune et à pouvoir récupérer les résultats pour dire «c’est moi qui», «c’est grâce à moi», «c’est moi qui ai construit le bassin», «c’est moi qui ai fait la piste», «c’est grâce à moi qu’il a pu s’entraîner». On va récupérer le travail du petit bonhomme. Les équipements sportifs, il faut essayer de les penser de façon à ce qu’il n’y ait pas uniquement la pratique sportive compétitive qui puisse y être pratiquée. Quand on fait un équipement sportif, uniquement aux normes d’une fédération, on ne répond à peine qu’à 5% des utilisateurs.

Personnellement, je suis à l’origine d’un projet de bassin, de base nautique à la Pointe de la Vierge. J’aurais d’ailleurs bien voulu rencontrer les élus de la CTM à ce propos. Je pense qu’il est important de réaliser un programme d’activités et concevoir l’équipement qui va avec. Ne pas voir uniquement le petit champion.

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Samedi

«Je vais avoir une piscine, je vais faire des champions, etc.» La compétition coûte excessivement cher. Ce n’est pas la peine d’essayer de mettre tout le monde à la compétition, à faire une course aux licences de compétition, etc. Il y a autre chose à faire dans le sport. D’ailleurs le slogan de l’association que je dirige c’est «H2Eaux une autre idée du sport» où le sport est vraiment utilisé à des fins éducatives même si la compétition en fait partie. Je remercie Monsieur DOUTONE d’avoir parlé des sports nautiques parce que personnellement à H2Eaux, j’ai le plus beau stade de Martinique pour que les kayakistes s’entraînent. Si la Baie de Fort-de-France est parmi les plus belles baies du monde, j’ai le plus beau stade de Martinique et il n’a pas besoin d’entretien, il s’entretient tout seul et nous participons à son entretien aussi. D’ailleurs, en kayak nous avons d’excellents résultats puisque nous avons une jeune qui vient de rentrer en équipe de France et qui part bientôt au Portugal et qui sera également bientôt au Championnatd’Europe junior en Sardaigne. Là aussi il y a un travail qui est fait. Je discutais ce matin avec Samuel PEREAU et Germain SOUMBO parce que dans les grandes Assises comme celle-là, nous les petits sports, nous en avons un petit peu marre d’entendre toujours le football, les Yoles, etc. Nous avons besoin d’être entendus aussi.

Maintenant si je dois donner mon avis sur les bassins en mer. Personnellement, je ne suis pas d’accord. Un, il ne faut pas oublier le problème des sargasses. On a essayé de mettre des filets pour arrêter les sargasses c’est encore pire. Deux, sur les flotteurs des bassins flottants, poussent des coquillages - ce n’est pas Monsieur DOUTONE qui me contredira - exactement comme sur les bateaux de croisière, etc. Et dans les bassins flottants, il y a un trou et on m’a signalé que maintenant ces trous sont squattés par les poissons lions. Je le signale quand même.

Monsieur MARAJO a peut-être signalé la construction d’un bassin flottant à Fort-de-France. Personnellement, je m’y opposerai.

Fred AGRICOLE

Club Manikou

Bonjour. Nous, c’est du côté de la randonnée. Nous fréquentons les pistes, seulement nous allons un peu plus vite. Nous sommes des trailers, sport d’endurance. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il existe deux grands clubs: le club Manikou et le club Tchimbé Raid. Merci de l’invitation. Merci de ce moment de réflexion.

Nous voulons effectivement porter notre contribution parce qu’il y a une vraie problématique pour nous, les trailers. D’ailleurs, je suis un peu étonné, sauf s’il n’a pas pu venir. Je ne sais pas si l’ONF était convié car effectivement il y a un problème sur les pistes. C’est bien d’avoir parlé du GR20 mais beaucoup de pistes ferment pour cause d’entretien. L’ONF dit ne pas avoir assez de personnel. Les associations sont là pour faire le travail à côté. C’est un peu à ce titre que le Président du Club Manikou, Gérard HILLION, est très intéressé pour que nous puissions apporter notre contribution aux côtés de la Collectivité Territoriale de Martinique pour pouvoir faire avancer le trail qui est connu un petit peu partout. Pour ne citer que le grand trail de La Réunion et la Cellule 66 en France où nous allons relativement souvent. Nous faire connaître un petit peu plus. Entendre la problématique qu’il y a et essayer de faire avancer ce sport-là.

Vous n’êtes pas sans savoir que le trail est en plein engouement car si je ne peux parler ne serait-ce que de la Ronde des Caps sur la commune de Sainte-Anne en août où nous sommes un petit peu limités par l’ONF et nous faisons beaucoup de frustrés. Chaque année, nous regroupons 1200 participants. Il y a un réel engouement effectivement et même si nous avons une charte avec l’ONF mais il y a une grande problématique. Merci.

Philippe MILLIOT Président de la ligue de badminton Je profite d’être à l’IMS pour poser quelques questions sur les équipements propres à l’ Institut Martiniquais du Sport. Je vais donc poser la question suivante: est-ceque le hall de sports couvert de l’IMS répond à la demande de pratique sportive des différentes ligues de sport de salle, en tant que structure sportive susceptible d’accueillir des compétitions de haut niveau qu’outil de formations pluridisciplinaires? Est-il prévu des travaux d’aménagement qui pourraient permettre d’en faire une salle polyvalente omnisports répondant ainsi aux demandes des différentes ligues et associations, ceci dans un souci d’optimisation des moyens?

Voilà mes questions. Merci.

Renée VICTORIN

Association sportive TEAM LAM TRAIL 972 Bonjour Mesdames et Messieurs. Je souhaitais intervenir après Fred AGRICOLE qui représente le Club Manikou

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puisque l’association TEAM LAM TRAIL 972 intervient également dans le cadre de la pratique d’activités de pleine nature, c’est-à-dire le trail. Effectivement, ses propos font écho en moi, dans la mesure où le trail mériterait qu’une attention toute particulière lui soit attribuée et qu’un accompagnement soit proposé aux différents clubs et associations qui œuvrent dans ce domaine-là parce que Monsieur AGRICOLE a parlé de la Ronde des Caps mais il y a également la Transmartinique ou encore le Tchimbé Raid. Quand on voit le nombre de personnes qui participent à ce type de courses, c’est presque autant sinon plus que le nombre de participants sur le semimarathon de la Ville de Fort-de-France. Au-delà de la pratique sportive, il y a aussi la possibilité qui est offerte aux différents participants de découvrir la Martinique. Il y a un côté découverte de la Martinique et un côté touristique faisant l’objet de retransmissions sur différentes chaînes de média. À mon avis, il y a là un créneau porteur qui mériterait d’être exploité et soutenu. Merci.

Gabriel LORDINOT

Nous félicitons la CTM pour cette initiative. Nous avons fait allusion au début au diagnostic territorial qui disait qu’il y avait des insuffisances graves. Je parle pour le compte de la natation en particulier, désert dans le Sud pratiquement. Il y a beaucoup de besoins. Je pense que ces Assises devraient déboucher sur un plan d’aménagement de la Martinique, je le dis pour

la natation mais également pour les autres sports. En particulier, un élément qui avait été souligné c’est le conventionnement que l’on pourrait avoir avec les clubs et les ligues pour l’utilisation des plateaux sportifs et autres équipements qui sont à l’intérieur des lycées et collèges de la Martinique. Sous la présidence d’Alfred MARIE-JEANNE, une étude a été menée pour l’équipement de la Martinique en bassins flottants. Il y a donc 26 sites qui ont été retenus: on fait le tour de la Martinique en passant par GrandRivière, le Prêcheur, etc. Aussi bien dans le Sud que dans le Nord. On a cherché des points calmes et je propose en tant que Président de mettre en place des Assises pour parler de ces bassins flottants. Il y a eu mon Ami DOMERGUE qui a dit qu’il s’opposerait mais il y a à examiner exactement ce qu’est un bassin flottant qui n’est pas une piscine parce que le coût est évidemment beaucoup plus faible et l’entretien est minimum parce que les coquillages sur les supports, on peut très bien les enlever. Il s’agit d’un entretien régulier. Cela peut se faire. Il y a peut-être aussi des problèmes de sécurité. Nous savons que la Nouvelle-Calédonie a construit son bassin flottant. La Guadeloupe en a déjà plusieurs. Les pays de la Caraïbe en ont besoin, cela peut faire l’objet d’une coopération intéressante dans la mesure où nous étions d’accord là-dessus et je dis que nous aurons sans doute la prolongation des Assises de la CTM par les Assises de la natation pour parler particulièrement de ce problème-là.

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6 bassins avaient été retenus lors du diagnostic territorial qui avait été fait pour le développement de la natation scolaire mais également le sport bien-être, le sport santé, le sport de pleine nature puisque la mer c’est la pleine nature. Il y a des débouchés énormes avec ces bassins si on se met d’accord sur ce qui doit être fait.

On a parlé des filets. Robert MARAJO disait que cela pouvait être un piège mais là-bas, on a pensé aux requins, on met des filets. Au Vauclin, il y a un problème précis qui se pose parce qu’il y a un bassin qui a été construit mais les poissons Lion sont de plus en plus nombreux. On les mange, il paraît que c’est très bon. Mais en attendant il faut se protéger. Ils sont dans la mer, ils ne sont pas seulement dans le bassin. On ne va pas interdire la baignade en Martinique. Il faut peutêtre mettre des filets pour protéger l’intérieur du bassin. On a parlé de noyade, c’est regrettable. Monsieur le Représentant du Rectorat disait qu’il fallait que tous les enfants jusqu’à la sixième, apprennent à nager. Cela appelle une organisation du savoir nager que le Comité régional de natation fait dans le cadre de la politique de la ville. Nous devons penser aussi à intégrer les handicapés. Tout cela peut se faire à l’intérieur du CIAA, c’est le Conseil Interfédéral des Activités Aquatiques. J’en parle de plus en plus. Monsieur SOUMBO, Président du CROSMA, me demande de prendre cette affaire-là à bras-le-corps pour fédérer les sports scolaires, le sport avec les handicapés, enfin tous les sports aquatiques fédérés à travers ce CIAA pour pouvoir avoir une synergie et travailler ensemble. Je voudrais simplement dire que nous espérons que la natation pourra progresser mais ces bassins flottants sont pour moi incontournables pour obtenir ce résultat. Merci.

Frédéric DEPIESSE

Médecin au CHUM

Bonjour à tous. Je suis médecin au CHUM. À titre bénévole, je suis médecin au Comité national olympique et sportif français. Je suis Président de la commission médicale de la Fédération d’athlétisme. J’ai le plaisir de travailler avec la ligue d’athlétisme ici en Martiniqueet le CROSMA. Je suis un spécialiste du sport santé mais ce n’est pas à ce titre que je voulais intervenir, c’était plutôt pour essayer de vous pousser encore plus dans vos retranchements, Monsieur BOUTRIN en particulier, puisque vous avez une position très intéressante sur le plan politique. Vous avez une position qui vous

permet d’intégrer plusieurs politiques à la fois et en particulier dans le développementdes équipements sportifs et une politique que l’on oublie très souvent à côté, c’est celle du transport.

Or, je crois que vous avez aussi cette politique - là en charge. Vous avez donc une chance extraordinaire, c’est de pouvoir intégrer dans la vie quotidienne, dans la vie de tous les jours, de tous les Martiniquais, la possibilité d’aller vers ce que l’on veut tous, c’està-dire qu’ils aillent sur les équipements sportifs et se déplacent donc le plus facilement possible vers ces équipements sportifs. Facilement, de façon sécurisée et surtout avec ce que l’on appelle, des déplacements doux, c’est-à-dire ceux qui n’utilisent pas l’énergie mécanique de la voiture en particulier donc qui ne sont pas polluants.

On a parlé tout à l’heure, en particulier, dans l’Espace Sud de développement de pistes cyclables. Cela, me paraît quelque chose d’essentiel. Un site exceptionnel tel que l’IMS qui n’est pas très loin du futur TCSP devrait avoir la possibilité de permettre aux habitants de Fort-de-France de venir jusqu’ici, de s’arrêter au rond-point Mahault, de descendre avec leur vélo du TCSP et de trouver une piste cyclable qui les amènerait, par exemple, jusqu’ici et qui leur permettrait de faire des activités physiques ici. Ce serait quelque chose d’assez exceptionnel.

Vous avez cette chance car à la fois vous avez une très belle île qui est un outil où tout le monde se connaît et tout le monde peut travailler ensemble et vous avez cette chance d’avoir le pouvoir sur ces différentes politiques: politique de déplacement à la fois au niveau de l’entreprise - c’est important - et politique de déplacement au niveau de tous les citoyens dans leur vie quotidienne, la politique qui concerne le développement durable et évidemment la politique du sport et la politique des équipements. Si vous arriviez à relier tout cela, d’un seul coup, on aurait une vraie avancée et au moins le citoyen serait considéré dans toute sa particularité à la fois ethnique, culturelle et d’habitude de vie. Je pense que c’est quelque chose d’assez extraordinaire. Dans ce cas-là, vous pouvez compter sur moi pour vous appuyer sur ce développement. Merci.

Louis BOUTRIN

Juste une petite précision, dans le programme, il est prévu le 23juillet la thématique sport santé. Nous avons eu l’occasion de nous croiser mais je n’avais pas

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retrouvé vos coordonnées. Maintenant ce sera fait. Je sais que vous êtes attaché au CROS. Vous serez attendu dans cet atelier également. Merci.

Marie-Line BOUTON

Présidente de la ligue de twirling-bâton Bonjour. Je n’interviendrai pas au nom de ma discipline mais de manière générale. Je remercie la CTM d’avoir organisé cet événement qui permet à chacun, clubs, ligues et comités de s’exprimer librement sur la thématique d’aujourd'hui qui est les équipements sportifs et la gestion de ces équipements. Je tiens à remercier le Président de l’Espace Sud pour le mode de gestion qu’il a partagé avec nous aujourd’hui en disant qu’il a mis une SPL (Société Publique Locale) permettant la gestion des équipements qui sont sous la responsabilité de l’Espace Sud. Je pense qu’il faudrait aussi que les autres structures pensent à la gestion des équipements. Souvent on pense à la construction, à l’utilisation mais sachant que les fonds se raréfient, que les moyens financiers se raréfient, il sera très important d’accorder un volet à cette partie qui est la gestion des équipements sportifs. Gestion qui va permettre de faire des économies, gestion qui va permettre à toutes les disciplines d’en bénéficier et d’utiliser ces équipements de manière équitable. Je pense qu’aujourd’hui nous devons aussi penser à travailler ensemble, à mutualiser. Nous ne pourrons pas faire autrement. Chaque commune ne pourra pas avoir sa piscine, son stade et son hall des sports. Il est important de retenir ce point. Ne faudrait-il pas aussi penser à la conditionnalité des subventions d’équipements? C’est à ce moment-là que l’on peut définir comment telle ou telle discipline ou tel ou tel secteur pourra en bénéficier et quelles seront les modalités. Je crois aussi qu’il faut tenir compte - mais nous en avions déjà parlé - des critères techniques des disciplines innovantes. Des «petites disciplines» qui drainent aujourd’hui un nombre de licenciés non négligeable, qui aujourd’hui intéressent beaucoup nos jeunes et donc intégrer ces éléments dans la réflexion que nous menons. Nous savons que le sport est l’école de la vie et cette vie commence très jeune. C’est avec ces jeunes que nous allons construire la Martinique de demain. Il est important de penser aux petits et non pas seulement au jeune, à l’adolescent lorsqu’il a 13 ou 14 ans. Avoir donc des espaces leur permettant de s’exprimer et de se construire.

Pour terminer, je vais aussi proposer une réflexion sur les licences pluridisciplinaires. Ce n’est pas parce que j’ai une licence de natation que je ne peux pas faire de l’athlétisme. Si je fais de l’athlétisme, je peux faire du football. Je pense que c’est aussi à nous de porter le message auprès de nos fédérations où nous allons faire des licences pluridisciplinaires, ce qui va faciliter nos rencontres, ce qui va nous permettre de mieux nous comprendre et ce qui va permettre que l’on avance ensemble. Nous sommes sur un petit territoire, nous ne pouvons plus travailler de manière séparée, cloisonnée. Il faut faire tomber ces cloisons et permettre, par le biais de l’utilisation de ces équipements, que nous puissions faire des choses ensemble. Merci.

Victor MONTLOUIS BONNAIRE

Président du Vélo Club du François Bonjour. Tout d’abord félicitations aux uns et aux autres, en particulier à ceux qui organisent cette manifestation sur les Assises du Sport puisque c’est vrai, il y a une nécessité de réfléchir sur cette question. Je voulais, dans mon intervention, parler de problèmes qui, à mon sens, sont dans une certaine mesure transversaux. Je pense en particulier à la nécessité dans ses Assises de réfléchir sur la médiatisation du sport à la Martinique. On pourrait imaginer qu’il y ait, par exemple, un équipement qui soit un équipement, pourquoi pas de la CTM, une fréquence télé ou radio qui pourrait être approvisionnée par le mouvement sportif parce qu’aujourd’hui, il y a une grande difficulté, c’est la capacité des médias existants à consacrer plus d’une minute 30 par jour, au sport à la Martinique. Lorsque vous vous rendez compte que certains weekends sont complètement pris par les activités sportives depuis le vendredi soir jusqu’au dimanche midi, je veux dire que malgré toute la bonne volonté de notre ami Camille ALEXANDRE, il n’arrivera pas à parler de chacun de nous. Or, nous avons besoin absolument, dans le domaine sportif, pour mettre en cohérence l’action que nous faisons, d’être médiatisés. Je pense qu’il y a peut-être lieu de réfléchir sur ce point. Deuxième point sur lequel j’aimerais intervenir, c’est celui du financement du sport. Je n’ai pas entendu cela, or, il me semble que c’est un élément transversal. Pourquoi je parle de cela? Parce que dans ces Assises, est-ce qu’il ne faudrait pas arriver peut-être à imaginer un de ces jours une rencontre entre le monde économique et le monde sportif pour bien comprendre

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quelles sont les attentes des deux choses? C’est vrai que le mouvement sportif attend très souvent du sponsoring alors que le mouvement économique attend de la valorisation. Vous voyez que les deux thèmes «médiatisation» et «financement» sont, à mon sens, à développer dans ces Assises.

Dernière chose que je voulais dire, je vais quand même parler un peu de ma discipline car je crois qu’il ne reste que deux interventions. Je ne sais pas si le cyclisme aura le temps d’être cité. Je voudrais intervenir sur le fait que le premier équipement d’un cycliste, c’est son vélo. Vous avez dans certaines activités, la possibilité d’avoir des piscines, d’avoir des salles, d’avoir des halls. Le premier équipement du cycliste étant son vélo, j’aimerais bien savoir dans quelle mesure cet équipement pourrait aussi être pris en compte par la Collectivité, car un bon vélo, pour ne rien vous cacher, c’est minimum 6000euros. Un vélo de contre-la-montre, c’est 8000euros et vous l’utilisez une fois pendant le Tour. Pensez-vous qu’un club aujourd’hui peut s’offrir 10 vélos de contre-la-montre à 8000euros? Ce n’est pas

possible. J’aimerais aussi attirer votre attention sur cela. Dernière chose puisque l’on parle toujours du cyclisme. J’ai un slogan que je dis souvent dans mon club: «Un cycliste n’est pas un manikou!». C’est-à-dire que ce n’est pas quelque chose à écraser. Bien au contraire. À ce titre, j’aimerais savoir si on pourrait imaginer, compte tenu du fait que notre premier lieu d’expression de notre activité, c’est sur les routes, si dans ces Assises, très cher Président de la Commission, on ne pourrait pas imaginer que l’on puisse faire une campagne dans laquelle on demande aux automobilistes de cohabiter avec les cyclistes. Merci.

Serge BUNOD

Président de Mécanique pour tous Bonjour à tous. Nous sommes, au niveau de ce sport, les parents pauvres parce qu’aucune infrastructure n’existe en Martinique, à part un parking que nous avons. Nous avons quand même des jeunes qui, jusqu’ici, arrivent quand même à se comporter correctement au niveau national et international. Je tiens à remercier d’être venu ici pour les Assises du Sport.

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Mais j’aurais souhaité savoir, parce que je suis déjà tellement habitué à venir à ce genre de réunion, qu’est ce que vous allez décider pour le monde sportif motocycliste? Parce que je regarde le Préfet qui est en train de bloquer au niveau de la Brasserie Lorraine avec les cars de gendarmerie tous les samedis. Ils sortiront de la Brasserie Lorraine et ils iront ailleurs. Ils achètent des motos. Il faut respecter les valeurs de ces jeunes. Ce ne sont pas des voyous. C’est le sport qu’ils ont choisi. Chaque fois, nous avons beaucoup d’effets d’annonce. J’ai participé à beaucoup de réunions. J’ai participé à beaucoup de projets. Cela n’a pas bougé. Je vous demande aujourd’hui, qu’est ce que vous allez décider pour le monde motocycliste à la Martinique surtout le monde des deux roues? Parce qu’il existe un gros problème en ce moment, nous avons des jeunes en agglomération qui sont sur des vélos. Ils ont à peine 7 ans. Par la suite, ce sont les nouveaux délinquants en ce qui concerne la sécurité routière. Il y a aussi à voir avec Alfred DEFONTIS pour une campagne à mettre en place pour ces gamins-là. Les familles sont peut-être monoparentales. Mais on a de graves problèmes. On a trop de morts à moto, en ce moment. Je ne sais pas si cela vous gêne en tant qu’élus. Nous sommes à 25 morts dans l’année. Quel âge ont-ils? Entre 15 et 30 ans. Il y en a certains que cela gêne et certains que cela ne gêne pas. Moi, cela me gêne de voir que nos gamins perdent leur vie. Chaque weekend, il y en a toujours. Sans compter le nombre de blessés que je ne vais pas citer aujourd’hui. Je vous demande donc, Monsieur le Président, quelle politique allez-vous mettre en place pour nous? Qu’est ce que vous avez prévu? Je me mets à votre disposition. J’ai beaucoup d’idées là-dessus. Il y a peut-être 15 ans, j’avais amené un projet à Château Gaillard. Entre-temps, il y a eu une confusion entre vous les élus et l’ONF. Le foncier n’est pas élastique dans notre pays. Il faut que l’on arrive à faire un truc en commun avec le monde du vélo ainsi que le motocyclisme. C’est tout ce que j’avais à vous dire. Merci.

Louis BOUTRIN

Je ne vais pas conclure comme cela vient d’être dit, je vais juste apporter quelques éléments de réponse. Ce que je constate c’est que nous sommes victimes du succès des Assises puisque vous voulez que l’on puisse aborder dès ce matin les problématiques qui sont prévues dans des ateliers futurs à savoir le sport mécanique. Il est prévu le 23juillet avec Simon JEAN-JOSEPH qui est un champion de sport automobile, avec Lyvann LUCHEL

qui est un champion de Martinique de Motocross, avec bien sûr Serge BUNOD qui a œuvré dans le domaine qui va apporter sa contribution. Serge (BUNOD), sé pa bon maten-a, sé le 23, nou kéy pasé des sports mécaniques, pas 10 minutes mais au crible. Je ferai la même réponse à Monsieur MONTLOUIS BONNAIRE puisque là encore les deux thématiques qu’il vient d’aborder à savoir la problématique du sport santé, c’est prévu. Il a abordé également la problématique du financement du sport, le sport en entreprise. C’est prévu pour le 30juillet. Et un thème qui nous tient à cœur mais également à notre ami Camille ALEXANDRE qui nous fait l’honneur de participer en tant que citoyen - il me l’a dit ce matin - à nos Assises. Il ne travaille pas aujourd’hui mais c’est un vrai passionné de sport. Man ka mandé zot bay an lanmen. Il est prévu également Sport et média le samedi 9 juillet. Camille ALEXANDRE qui a une longue expérience de ce domaine apportera également sa contribution. Il sera invité à la préparation de l’atelier le mardi qui précède le samedi 9juillet. Chers amis, je vais passer la parole à Jean-Philippe NILOR mais je souhaiterais quand même apporter quelques éléments puisqu’il faut que l’on soit tous au même niveau d’information. En ce qui concerne ce qui vient d’être évoqué pour la piste cyclable, il est prévu par la Collectivité Territoriale de Martinique une piste cyclable qui va relier l’hippodrome de Carrère à l’Institut Martiniquais du Sport. L’étude de faisabilité a été faite. Monsieur SIDIBE vient de me rappeler que ce projet va passer prochainement en commission. Là-dessus, j’ai presque envie de dire que nous sommes en phase. Il précise que les emprises nécessaires à cette piste cyclable existent déjà et que nous partirons, non pas de l’IMS, mais de l’hôpital Mangot Vulcin jusqu’à Carrère. Jean-Philippe NILOR précise que c’est une voie cyclable. Il a parfaitement raison. Ce n’est pas une piste cyclable, mais une voie réservée qui sera une voie cyclable. Le dernier point que je souhaiterais appuyer, ce sont les amis du trail. Effectivement on voit qu’il y a une explosion littéralement, on peut le dire, de la discipline et à chaque compétition, beaucoup de visiteurs qui viennent et qui séjournent. On pourrait inclure cette discipline dans la thématique «sport et retombées économiques» parce que chaque grande compétition nous amène des visiteurs (restauration, hôtellerie et compagnie aérienne). Là aussi, on est déjà dans une autre thématique mais il a bien fait d’apporter sa contribution.

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Je passe le micro à Jean-Philippe NILOR qui va d’abord apporter quelques éléments de précision mais surtout qui va commencer le deuxième thème de la matinée. Je vous demande par respect, de rester pour apprécier son intervention et de rester jusqu’à l’heure prévue, c’est-à-dire jusqu’à midi pour que nous puissions avoir votre avis, c’est important pour nous, sur la thématique des métiers du sport. Merci.

2e Vice-Président de l’Assemblée, Président de l’IMS

Pour répondre au Président de la ligue de Badminton sur ses interrogations sur l’adaptation au badminton et à d’autres disciplines, les équipements de l’IMS. Il est clair que nous avons aujourd’hui un outil qui peut être considéré comme un fleuron, une vitrine pour le monde du sport en Martinique, mais qui mérite des améliorations.

Le souci de polyvalence des équipements, il est aussi partagé par nous mais il faut savoir que certaines infrastructures au sein de l’IMS comportent des malfaçons. À ce niveau-là, nous faisons tout pour faire jouer la garantie décennale de ceux qui ont réalisé ces équipements. Il y a aussi des équipements qui manquent comme l’hébergement. Dans une structure pareille, on ne peut pas imaginer qu’il n’y ait pas d’hébergement. Il y a aussi des équipements qui ne sont

pas aux normes comme certains revêtements et les plafonds qui sont trop bas pour certaines disciplines. Aujourd’hui nous héritons de tout cela, il faut faire avec. Il faut faire avec dans des conditions budgétaires difficiles, et dans ces conditions budgétaires difficiles, nous n’allons pas dire oui à tout et à tout le monde. Il importe aujourd’hui de prioriser les investissements, de prioriser les dépenses et de les prioriser non pas dans l’intérêt même supérieur d’une discipline mais dans l’intérêt supérieur du sport martiniquais.À ce niveau-là, je crois que le monde du sport doit donner l’exemple parce que quelque part, si on parle d’esprit sportif, je considère que l’esprit sportif doit rejaillir sur l’ensemble du pays martiniquais et notamment sur la classe politique en Martinique.

Apprendre à perdre, à accepter la défaite, cela fait partie aussi de l’apprentissage et de la qualité des uns et des autres. C’est une valeur qui est véhiculée par le sport. Mais apprendre à accepter que la priorité soit accordée au voisin qui est dans une autre discipline, cela doit aussi être une caractéristique du monde du sport. On ne pourra pas faire tous les investissements et financer tout le monde en même temps. Forcément, le réalisme et le pragmatisme doivent l’emporter au nom de l’intérêtsupérieur de la Martinique. C’est un élément de réponse que je tenais à apporter au Président de la ligue de Badminton.

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En préambule, je voudrais dire à quel point, il est important pour moi, en tant que Président de l’IMS, de vous recevoir aujourd’hui. C’est un immense honneur. J’aurais une réflexion à faire sur le terme «Assises». Est-ce que c’est le terme adapté? Vous allez voir, peut-être en fin de mon intervention que l’on pourra avoir une idée de cette notion d’assises. Étant entendu qu’en créole et en français, cela n’a pas le même sens.

Je voudrais saluer deux personnes particulièrement, même si je vous salue tous en vos grades et qualités. Je considère que votre présence c’est un encouragement pour nous à mener concrètement des actions pour honorer le sport martiniquais qui le mérite bien. Mais si vous le permettez, je voudrais particulièrement saluer deux personnes qui sont deux sportifs. La première c’est Tania PIERRE-EMILE qui est basketteuse aux États-Unis qui nous a fait l’honneur d’être présente aujourd’hui.

C’est la relève des BRUDAS et autres, à mon humble avis. Ce sont surtout des exemples pour les générations les plus jeunes car elle a fait l’essentiel de sa formation en Martinique. Aujourd’hui, elle est aux portes d’une grande carrière. Je tiens à ce que vous puissiez l’applaudir.

La deuxième personne, c’est Cédric qui est ancien sprinteur qui est venu avec sa petite-fille.

Je trouve que c’est très symbolique. En termes d’image, je trouve que c’est très beau que la benjamine de nos travaux soit bien présente et très attentive.

Pour commencer, je vais vous demander avec moi d’admettre une hypothèse: le sport est un facteur important de cohésion sociale et par les valeurs qu’il véhicule - j’en parlais tout à l’heure - il dynamise la vie d’un territoire et peut contribuer, entre autres, à l’épanouissement de la population et à la lutte contre les exclusions de toutes sortes.

La Martinique, certes, compte beaucoup de sportifs de haut niveau. Un sportif de haut niveau pour 10000 licenciés contre un sportif de haut niveau pour 17000 personnes en France, au sens du haut niveau français, parce que nous en avons aussi au haut niveau martiniquais.

Sur le plan qualitatif, les sportifs martiniquais obtiennent depuis de nombreuses années des résultats parfois exceptionnels et souvent très encourageants dans de nombreuses disciplines et ils fournissent en athlètes de haut niveau les équipes de France. Ils sont souvent pourvoyeurs de médailles pour la France. Cela a été dit.

C’est vrai, je ne peux pas m’empêcher de constater que lorsqu’ils gagnent ils sont souvent françaiset lorsqu’ils perdent ou qu’ils refusent de descendre du bus, ils redeviennent Martiniquais, ils redeviennent des caïds, des mauvais garçons, etc.

Mais malgré cette réussite d’une certaine élite dont nous pouvons être fiers de rappeler qu’elle a souvent été formée ici, dans des conditions difficiles, avec des infrastructures - cela a été dit tout à l’heure par Marius NARCISSOT - qui ne sont pas à la hauteur, par les bénévoles qui se sacrifient. L’impact de cette réussite de nos sportifs demeure faible au niveau social, au niveau économique, au niveau touristique, au niveau des équipements, des infrastructures, au niveau de la formation, au niveau de l’encadrement et surtout au niveau de l’emploi.

La Martinique a-t-elle vocation à rester une terre de champions sans moyens?

C’est la question que l’on peut se poser. Nous sommes aujourd’hui, à mon humble avis, à une croisée des chemins et le temps de l’action concrète est arrivé, s’il n’a pas été dépassé.

Thème 2
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Les métiers du sport

Un constat accablant: le marché de l’emploi sportif est très peu dynamique chez nous. Ce constat est la résultante de la situation financière des associations qui ne peuvent recruter, par manque de subventions publiques et en raison d’une gestion peu professionnelle des structures.

En tant que Député de la Martinique, je suis effaré de constater que lorsqu’un député apporte une aide au titre de la réserve parlementaire à certaines associations sportives qui œuvrent vraiment positivement pour notre pays, pour nos sportifs et notre jeunesse notamment, cette aide au titre de la réserve parlementaire constitue parfois la principale source de financement annuelle de certaines associations. Mais comme nous sommes obligés de répartir, cette aide n‘est pas toujours très conséquente et pourtant elle est accueillie avec tellement de joie. J’ai même eu des présidents d’association qui ont versé des larmes en sachant qu’ils étaient bénéficiaires d’une aide au titre de la réserve parlementaire.

C’est vous dire à quel point la situation est compliquée. Ce constat conduit le secteur sportif à une grande fragilité, à une extrême vulnérabilité économique, d’où un marché de l’emploi sportif particulièrement inerte. La ressource humaine reposant quasi essentiellement sur le bénévolat.

Cette situation est paradoxale dans la mesure où les besoins en formation qualifiante et en emplois qualifiés sont bien réels. Dans certaines disciplines on constate un désintérêt du public. Des stades qui se vident de plus en plus dans les disciplines classiques. Prenons l’exemple du football qui va faire l’objet d’une thématique particulière. Beaucoup de compétitions sportives en dehors du Tour des Yoles, du Tour cycliste qui reprend un peu de couleurs ou d’autres manifestations plus en vogue, comme les raids, les trails ou plus récemment le Martinique Surf Pro. En dehors de certaines compétitions phares, il y a, au quotidien, un désintérêt du public. On sait aujourd’hui que la participation du public n’est pas en mesure de financer des associations et de leur permettre de recruter.

Il apparaît clairement que l’excellence des résultats de nos athlètes de haut niveau n’engendre pas suffisamment de retombées pour les acteurs, pour les clubs formateurs, pour les sponsors, pour le sport de masse, pour l’image du pays même tout simplement.

À la différence de voisins comme Cuba, Barbade ou la Jamaïque pour ne citer que ceux-là.

Or le sport peut ouvrir des perspectives d’emploi en Martinique. On constate, par exemple, en 2016 que 71% des éducateurs sportifs qui ont une carte professionnelle à jour, ont plus de 35 ans. Cela ne veut pas dire qu’ils sont vieux à 35 ans, mais à comparer à d’autres situations, on voit bien qu’il y a une plus grande vivacité dans l’accès aux métiers du sport et une plus grande précocité dans l’accès aux métiers du sport.

Un tel constat signifie-t-il qu’il y a une désaffection de la jeunesse pour les métiers du sport? Si oui, est-ce lié à la méconnaissance du milieu, à la précarité des métiers, à leur saisonnalité? Ou tout simplement au manque de confiance pour ce secteur-là? Combien d’enfants hyperdoués ont été détournés de la pratique d’un sport par les parents pour qui le sport n’a jamais représenté une perspective d’emploi sérieux? Parce qu’il y a des emplois sérieux et des emplois «djen-djen». Le sport, peut-être dans l’imaginaire ou dans une certaine conception, n’a jamais été pris au sérieux par beaucoup de monde, en tout cas, n’a jamais été suffisamment crédible pour représenter aux yeux de parents un avenir garanti pour leurs enfants.

Je vais prendre un autre exemple. Combien d’élèves sont aujourd’hui sanctionnés pour leurs «mauvais» résultats scolaires en étant privé d’activité sportive? Comme si le sport était un plaisir et pas une activité éducative comme les autres. Quel parent aurait l’idée de priver son enfant de mathématiques parce qu’il a de mauvais résultats en français? C’est une question que je laisse à votre appréciation.

Et pourtant, le vieillissement de la population, les enjeux contemporains du tourisme et notamment du tourisme sportif, le rôle de la pratique et de l’encadrement sportif notamment dans la médiation sociale dans un climat sociétal de plus en plus tendu sont autant de mutations contemporaines qui nous renvoient à la nécessité d’accéder à des compétences nouvelles et à la professionnalisation du secteur.

Samedi 18juin 2016 Les métiers du sport
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Samedi 18juin 2016 Les métiers du sport

Aujourd'hui les métiers du sport se déclinent en une multitude de catégories

Nous avons les métiers de l’enseignement: les éducateurs socio-sportifs, les ETAPS (Éducateur Territorial des Activités Physiques et Sportives), les professeurs d’EPS. Ils peuvent avoir comme structures d’accueil: les collectivités territoriales, l’État, les associations sportives, le milieu scolaire en premier et second degré.

Le profil des postes: enseignement des activités physiques et sportives et la mise en place de projets pédagogiques en fonction d’objectifs éducatifs.

On peut citer aussi les métiers de l’évènementiel : métiers liés à la direction de petites structures - ou moins petites d’ailleurs - ou à la participation, à la direction d’organisations plus importantes.

Sont concernés le secteur privé non marchand ou marchand, le secteur public.

Le profil des postes: les missions sont de participer au développement des aspects stratégiques et décisionnels, la mise en place de projets et négociations avec les partenaires, planifier l’organisation des activités, exécuter la mise en place de programme d’actions.

Les métiers de l’entraînement et de l’encadrement: entraîneur, coach, préparateur physique, préparateur mental, animateur sportif, conseiller d’animations sportives.

Qui peut les embaucher? Les clubs fédéraux, l’animation périscolaire, les centres de remise en forme entre autres. Les missions principales de ces professionnels: maîtrise des outils d’analyse des facteurs de performance, la maîtrise des outils et des techniques nécessaires à l’intervention et il leur est demandé aussi d’appliquer des règles de sécurité et ils doivent aussi maîtriser les outils de communication.

Les métiers des activités physiques adaptées et de la santé: enseignants et éducateurs en APA (Activités Physiques Adaptées), les spécialistes de la prévention par l’activité physique et les coordinateurs ou coordinatrices de programmes et d’intégration des activités physiques adaptées. Ils peuvent être embauchés dans le secteur de la santé, maisons de retraite, centres de remise en forme, instituts médico-éducatifs ou d’autres unités de rééducation.

Les missions: participer à la conception d’un projet global, organiser des programmes d’intervention, conduire et évaluer le programme d’intervention, participer au pilotage de projets.

Les métiers de l’ergonomie: les agents de conception, les consultants à la conception.

Ils peuvent être employés par les clubs associatifs, professionnels et dans le secteur de l’évènementiel, par l’industrie et la distribution d’articles de sport, par le tourisme sportif.

Les missions: ergonomie des produits: analyser les besoins et les demandes du public vis-à-vis d’un produit, l’ergonomie des taches: analyser et interpréter des éléments problématiques d’une tâche.

Les métiers de la forme qui sont très en vogue: intervenants, animateurs des activités de mise en forme, les assistants d’exploitation: les gestionnaires de structures, les agents commerciaux, les agents de développement. Ils peuvent être employés dans le secteur public: dans les services des sports et de l’animation, dans les services aux particuliers, dans les bases de loisirs; et dans le cadre du secteur privé: dans les clubs de remise en forme, l’hôtellerie, les clubs de vacances, les centres de thermalisme, etc.

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La mission consiste souvent à assister le directeur d’exploitation: marketing opérationnel, de participer à l’élaboration d’une stratégie de communication; d’accueillir et orienter le pratiquant client et d’analyser le fonctionnement anatomophysiologique du pratiquant.

Les métiers du tourisme et du loisir sportif: les assistants de direction, les gestionnaires, responsables administratifs ou agents de développement, les chargés de mission ou coordonnateurs de projets, des animateurs. Ils peuvent être employés par des associations, des comités, des ligues, des associations de loisirs, des centres de remise en forme et aussi par les collectivités territoriales.

Leur rôle consiste à gérer les aspects administratifs mais aussi à gérer du personnel, à maîtriser les outils du management, à maîtriser la gestion des relations et à mobiliser des ressources sportives et socioéconomiques.

Les métiers de la médiation par le sport: des éducateurs socio-sportifs ou des spécialistes de la prévention de la délinquance, pour ne citer que ceux-là. Ils peuvent être employés au sein des services sportifs municipaux, en milieu carcéral, dans le domaine de l’éducation et notamment dans les zones d’éducation prioritaires, par les associations sociales et les associations d’insertion par le sport.

Leur rôle consiste à des séances de travail, à mettre en œuvre des projets et entreprendre une démarche pédagogique, à connaître les différents types d’inadaptation sociale, à maîtriser les notions d’éthique et d’éducation, connaître et maîtriser les politiques de prévention et d’insertion.

Les métiers de l’animation: les animateurs, les opérateurs de gestion et d’administration d’une structure, les éducateurs, les formateurs.

Leur destination privilégiée, cela peut être le secteur privé marchand ou non marchand, les structures ayant pour vocation l’animation et la pratique d’activité physique, sportive ou culturelle.

Leur mission c’est la gestion et l’organisation administrative et financière d’une structure, l’encadrement, l’enseignement et l’animation des activités physiques et sportives, la promotion des activités physiques et sportives au travers de diverses manifestations ou évènements, et la maîtrise de la théorie des activités physiques et sportives.

Les métiers de la vente: vendeurs, techniciens, même technico-commerciaux. Ils sont souvent employés par les magasins spécialisés en article de sport et dans les grandes surfaces. Leur rôle consiste à orienter le public vers des prestations adaptées, à promouvoir et assurer le suivi de produits de sport, à conseiller les clients et ils doivent connaître le matériel des différentes disciplines sportives.

J’ai fait l’impasse sur un métier qui est le pratiquant professionnel. C’est vrai que ceux qui réussissent ont tendance, dans certaines disciplines comme le football, le basket, le tennis, le golf, à remporter le pactole. Il y a aussi beaucoup de professionnels qui ont des fins de mois difficiles dans certaines disciplines. Ce sont des professionnels pratiquants mais cela peut être aussi des juges arbitres, des chronométreurs, etc. qui peuvent exercer à titre professionnel.

Comment accéder à ces métiers du sport et de l’animation?

Il existe tout un arsenal de formations et qualifications des métiers du sport et de l’animation. Les diplômes socio-sportifs, socioculturels délivrés sous l’égide de la Jeunesse et des Sports avec une branche sport, une branche animation. Il y a aussi l’éducation nationale qui délivre les diplômes. Certains peuvent accéder à des métiers par les concours (OTAPS pour la catégorie C, ETAPS pour la catégorie B et CTAPS pour la catégorie A). Les animateurs territoriaux sont de catégorie B pour ne citer que ceux-là. En tout cas, vous voyez bien que l’on ne pourra pas tout présenter dans le cadre de cette intervention mais il est important d’avoir à l’esprit qu’il y a une grande variété, une grande diversité des niveaux de diplôme, des niveaux de formation et des disciplines sportives.

Une fois que ces personnes sont qualifiées, formées, il est important d’avoir leur profil. En Martinique, si on fait une photographie des diplômés du sport et de l’animation socioculturelle, on constate - je l’ai dit tout à l’heure - que 71% ont plus de 35 ans. Sur 799 éducateurs qui ont leur carte professionnelle, 25% ont un statut aujourd’hui de travailleur indépendant et 60% sont salariés et 29% ont un double statut (salarié et travailleur indépendant). Chez les salariés, on constate qu’il y a beaucoup de polyvalence.

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Mais il y a une réalité qui mérite d’être présentée. Dans la branche sport, on a une grande majorité d’hommes (73%) et 27% de femmes. Dans la branche animation socioculturelle, c’est l’inverse: 79% de femmes contre 21% d’hommes. C’est à nous de réfléchir. C’est peutêtre une bonne chose cette répartition: les femmes dans l’animation socioculturelle et les hommes dans le sport. Peut-être que nos travaux vont nous inciter à prendre des dispositions pour équilibrer les choses aussi bien dans le sport que dans l’animation socioculturelle. En tout cas, je l’espère.

Une fois cette photographie faite, il est important de déterminer une ligne stratégique. Pour la Martinique, cette ligne stratégique qui doit se dégager pour le secteur du sport suppose, à mon humble avis, une diversité des prestations offertes, une professionnalisation des acteurs du secteur et un ciblage plus optimisé des formations à proposer et des métiers en devenir. Pour nous, et je le dis avec force, sincérité, Il ne suffit pas de former pour former. Il ne suffit plus de former pour faire du chiffre, pour dire: «On a formé tant» mais bien de former pour mieux insérer professionnellement. Dans cette perspective, des axes majeurs semblent d’ores et déjà s’imposer. Il nous faut favoriser l’émergence de professionnels spécialisés dans le sport handicap, dans le sport sénior, dans la prévention, dans la pratique du sport pour les enfants, dans le cadre d’un axe puissant «sport santé» en intensifiant qualitativement et quantitativement les formations en activités physiques adaptées et de la santé.

Deuxième axe: développer l’offre sportive dans le loisir et le tourisme. Aujourd’hui, l’offre sportive dans le tourisme et le loisir présente de réelles

perspectives de développement sur l’ensemble du territoire. Cela a été dit tout à l’heure mais je tiens à insister sur le fait que la Collectivité Territoriale de Martinique ayant clairementdéfini le tourisme vert et le tourisme bleu comme des priorités à court et moyen terme. Les activités comme le trail - pour ceux qui tiennent à la version française: la course nature - la randonnée, la plongée, le jet-ski, le kayak pourquoi pas le surf devraient offrir dans les années à venir davantage d’emplois pérennes mais aussi des emplois saisonniers notamment dans le secteur marchand.

Une telle orientation permet de répondre à une tendance de plus en plus prononcée par la demande touristique elle-même On a parlé d’engouement pour le Manikou, pour le Tchimbé Raid. C’est une réalité qu’il importe de prendre en considération et pour laquelle nous devons nous adapter dès à présent pour la préparation des futurs professionnels, pour qu’au moins, dans ces domaines-là, on ne se fasse pas squeezer une fois de plus par les gens qui débarquent et qui assurent la formation des touristes ou des Martiniquais eux-mêmes.

Ce secteur du tourisme et de loisirs doit être un vecteur en matière d’innovation et de créativité pour structurer de nouvelles activités qui sont, elles aussi, très prisées par la population martiniquaise. On a vu l’émergence de l’aquarellé, fitness-bèlè, pourquoi pas le lasotè de mè sous forme d’activité sportive et même la marche nordique qui n’est pas une tradition de chez nous mais c’est en vogue et c’est une activité de pleine naturequ’il convient de prendre en considération et pour laquelle il faudra former des professionnels martiniquais.

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D’autre part, impulser une montée en gamme des formations notamment aux métiers de la forme et de la force, de la médiation sociale dans un climat sociétal de plus en plus tendu, de l’insertion, du coaching pour lesquels la demande tend à se renforcer.

Autre axe: accorder une place majeure aux sports nautiques. On a parlé tout à l’heure de l’importance de la natation mais une île ne peut pas tourner le dos à la mer définitivement. Aujourd’hui, la mer peut être une source d’emplois pérennes pour nombre d’entre nous. Dans ces activités liées au nautisme, il faut dire avec force, mais pas se contenter de le dire, qu’il convient d’initierdès maintenant la mutation de secteurs d’activité comme celui de la yole ou du gommier car nous possédons là de véritables activités sportivespas seulement des activités traditionnelles - à fort potentiel économique et des niches d’emplois à terme. À condition d’avoir le courage de moderniser le management de ces activités-là.

Mutualiser les emplois dans le secteur sportif - cela aussi c’est important - en favorisant la constitution de groupements d’employeurs. Lorsqu’un employeur isolé ne peut pas embaucher, des employeurs regroupés peuvent faire appel à un demandeur d’emploi formé, qualifié et compétent. En développant aussi la polyvalence afin de mieux pérenniser ces emplois.

Rajeunir la profession - nous l’avons vu tout à l’heure - et favoriser l’accès des femmes aux métiers du sport. On peut ajouter favoriser l’accès des hommes aux métiersde l’animation socioculturelle pour être bien dans la parité.

Enfin, favoriser la maîtrise des technologies de l’information et des langues étrangères par nos pratiquants, par nos dirigeants, par nos encadrants dans une perspective de coopération renforcée, y compris et je tiens à le dire, en matière de formation aux métiers du sport. Nous pouvons accueillir des voisins mais nous pouvons aussi envoyer des personnes en formation dans des pays comme Cuba, la Jamaïque ou autres qui excellent en matière de formation de coach de haut niveau.

Enfin, il importe concrètement de faire de la Martinique un territoire pilote et d’excellence. L’Institut Martiniquais du Sport doit désormais occuper un rôle déterminant dans l’élaboration, la conception et la mise en place des formations dans le domaine du sport. Ce souci d’excellence se retrouve dans l’ensemble des objectifs fixés par l’IMS à savoir former aux métiers du sport, développer la culture du sport, inciter et encourager l’ambition et le talent des athlètes martiniquais et ainsi favoriser l’émergence d’une élite sportive pas seulement pour pouvoir se vanter de bénéficier d’une élite mais parce que l’élite a un rôle à jouer sur la masse en termes d’image et de motivation.

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Sans avoir la prétention de clore le débat, loin de moi cette intention, je me permets quand même d’avancer quelques orientations innovantes.

Il est important que l’on arrive en Martinique à faire en sorte que ce territoire puisse devenir un territoire pilote pour la prescription des activités physiques et sportives par le corps médical, par les médecins. Dans un territoire insulaire qui est fortement touché par le problème lié à l’obésité, au diabète, à l’empoisonnement par la chlordécone, il convient de mener des actions de santé encadrées par des professionnels afin que la pratique sportive soit intégrée dans les traitements médicaux.

On sait souvent que la pratique d’un sport fait autant de bien au moral qu’au corps, davantage que de nombreux médicaments qui sont dispensés à tour de bras, à tire-larigot.

Jusqu’à ce jour, aucune disposition n’est prise concrètement pour connaître l’impact sur nos populations de l’utilisation des pesticides, par exemple. Pourtant les cancers foisonnent et touchent des personnes de plus en plus jeunes. Les décrets d’application de la loi 2013-453 du 3juin 2013 visant à garantir la qualité de l’offre alimentaire en Outre-mer se font toujours attendre en 2016.

On peut considérer, pour ceux qui parlent de réparation, qu’une forme de réparation c’est l’usage optimisé du sport comme réparateur de santé. Ce qui ouvrirait des perspectives réelles d’embauche pour des gens formés dans le secteur du sport.

Deuxième axe très important c’est la reconnaissance du statut de bénévole. L’encadrement et la gestion de structures sont assurés essentiellement par des bénévoles. Les animateurs sont souvent, au mieux, dans une situation précaire et saisonnière lorsqu’ils sont rémunérés au lance-pierre le plus souvent. C’est la réalité. Mais cette reconnaissance-là du statut de bénévole, même s’il ne comporte pas de rémunération, il est important. Et parmi les propositions que nous pouvons faire, il y a celle qui concerne les bénévoles qui œuvrent dans les associations afin qu’ils puissent bénéficier, par exemple, de cartes prioritaires de stationnement comme les personnes handicapées. C’est un exemple. Il faut d’une certaine manière récompenser cet engagement,

cette implication sans laquelle nous n’aurions pas ces sportifs de haut niveau. Or aujourd’hui, on constate qu’il y a un découragement, une usure et parfois même un dégoût des gens qui se sont donnés pendant des années, qui abandonnent et qui tournent le dos à cette mise à disposition des jeunes sportifs notamment. Lè yo ka fey, yo ka fey épi tout tjè yo. Mé lè yo dékourajé yo ka dékourajé, yo ka arété net! Yo pa ka mèm alé asisté a dé manifestasion sportiv. Il faut mettre fin à cette tendance-là.

L’intégration dans toutes les formations mises en place dans le programme de formation de la Collectivité Territoriale de Martinique d’un volet activité sportive. C’est important. L’intégration dans toutes les formations quelle que soit la formation, financée par la Collectivité Territoriale de Martinique - c’est une proposition que je fais, ce n’est pas acté, ce n’est pas acquis - d’un volet activité physique et sportive. Pour toutes les formations. Quelle que soit la formation, qu’elle soit proche ou éloignée du secteur du sport. Dans toutes les formations,il importe, dans un objectif de sport santé, mais aussi dans un objectif de booster l’activité, de booster réellement l’emploi dans le secteur du sport, il est important que cette option soit retenue, soit actée. Je me battrai.

J’ai au moins deux collègues à côté de moi, mais même les collègues dans le public de la majorité ou de l’opposition. C’est là que nous allons pouvoir montrer une différence chez tous ceux qui sont atteints du virus du sport. Nous pouvons mener de concert, en étant animé par l’activité, par l’esprit sportif, nous pouvons mener un travail de la majorité et de certains élus de l’opposition pour arriver à ces résultats-là. En tout cas, je compte là-dessus. L’IMS, à ce niveau, est un exemple. Je tiens à féliciter les représentants de l’opposition au sein du Conseil d’administration: Lucie LEBRAVE qui est présente et Claude BELLUNE qui est également présent. Cette culture du sport les anime comme nous-mêmes, ce qui fait qu’en Conseil d’administration, on ne sait même pas qui est qui. En tout cas, on sait qu’il n’y a que des militants du sport et je tenais à le signaler.

En conclusion rapide. Plus que jamais, c’est à présent pou nou fè sa.

La CTM, les mairies et les communautés d’agglomération, les organes de l’État notamment la DJSCS, le CROSMA, l’ARS, l’Université des Antilles, le Rectorat, le Comité

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martiniquais du tourisme, les associations, les ligues, les comités régionaux et autres fédérations, le monde de l’entreprise - j’insiste là-dessus: «le monde de l’entreprise» - mais pas seulement les entreprises liées au sport, les encadrants techniques, les dirigeants d’association, les bénévoles dont on a parlé doivent conjuguer leurs efforts, jouer en équipe, que tout ce beau monde qui est fortement armé de potentiels arrête de jouer en solo. Vous savez que les sports individuels existent, mais dans le combat que nous devons mener pour offrir des perspectives professionnelles à nos enfants, il importe de jouer en équipe. Là on va imposer un sport collectif, pour gagner ce match capital pour notre Martinique de demain.

Je dirais que, plus qu’un «bras armé» de la CTM, l’IMS doit être une plateforme, un espace d’harmonisation des multiples politiques publiques d’harmonisation et de mise en synergie, y compris des politiques publiques de l’État puisque l’on voit, par exemple, que ceux qui sont diplômés du Ministère de la Jeunesse et des Sports, et ceux qui sont diplômés du Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, ont très

peu l’occasion de travailler ensemble. Pourtant c’est l’État, c’est le même gouvernement. Il n’y a pas suffisamment de passerelles, chacun a cloisonné ses filières. Mais même au sein d’un outil comme l’ Institut Martiniquais du Sport, nous pouvons bénéficier d’un espace privilégié pour mettre en synergie toutes ces multiples politiques qui se multiplient mais sans cohérence globale donc sans efficacité. Un espace d’harmonisation de ces multiples politiques en matière de formation, de recrutement mais aussi de suivi des carrières de ceux qui occupent ces métiers. Il faut former, il faut qu’ils puissent accéder à l’emploi mais il faut que l’on puisse aussi avoir une vision à moyen et long terme sur ce que deviennent les professionnels du sport.

C’est à ce prix-là et à ce prix seulement que nous ferons ensemble - et j’insiste là-dessus - en sorte que le livre blanc qui va sortir de ces travaux-là, ne reste pas lettre morte, et que dans le cadre de ces «Assises», dans le sens français du terme, le sport martiniquais ne reste pas «asiz» mais «lévé doubout». Mèsi an pil.

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Samedi 18juin 2016 Les métiers du sport

Véronique FLAMAND

Représentante de la Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale (DJSCS)

Bonjour tout le monde. Je suis Véronique FLAMAND. Je représente aujourd'hui la DJSCS qui a été sollicitée par la CTM dans le cadre de ces Assises pour vous présenter les métiers du sport. Mon rôle à la DJSCS est d’être le référent emploi mais également de coordonner l’Observatoire des métiers et de l’emploi sportif de la DJSCS. C’est dans ce cadrelà que je vais vous présenter la dernière étude qui a paru fin mai2016 - elle est toute récente - et qui nous permet de faire un point sur les métiers du sport parce qu’un métier c’est une formation et un emploi. Cela veut dire que lorsque l’on est dans le cadre de l’acquisition d’un diplôme, on est dans le cadre d’une formation et après il faut transmuter ce diplôme pour en faire une activité professionnelle, donc un métier qui se décline.

Comme Monsieur NILOR l’a si bien dit, vous avez vu les déclinaisons qu’il y a dans les métiers du sport. Moi, je m’attacherai uniquement à vous présenter les métiers du sport qui correspondent aux diplômés sport de la DJSCS, donc à ceux qui sont connus comme étant les éducateurs sportifs titulaires des brevets d’état ou des brevets professionnels maintenant.

J’espère pouvoir amener une petite nuance optimiste à ce qu’a dit Monsieur NILOR tout à l’heure, en vous montrant que les métiers du sport, dans ce secteur-là, ont des sorties positives tant dans le cadre de l’emploi que dans l’insertion sociale de personnes qui, par les métiers du sport ont pu trouver leur place dans la société martiniquaise.

Je vais faire un petit état des lieux. Cette étude présente un état des lieux sur différents domaines: les formations.

On est donc remonté sur 10 ans de formation en Martinique pour que vous voyez un peu le paysage de la formation dans les métiers du sport en Martinique. Puis, une petite présentation des éducateurs déclarés, c’est-à-dire ceux qui, aujourd’hui, sont en capacité

de travailler. Une petite fiche sur l’emploi pour que vous vous rendiez compte comment depuis 7 ans, depuis la réactualisation des contrats aidés, emplois d’avenir, CUI-CAE, les associations, le secteur non marchand a pu mobiliser ces dispositifs d’aide à l’emploi pour effectivement proposer des pistes d’insertion professionnelle à des jeunes, à des bénévoles qui s’investissaient depuis un bon bout de temps. Après un petit résumé des perspectives qui rejoignent fortement celles qui ont été présentées par Monsieur NILOR dans le cadre de son intervention.

Les métiers du sport: les évolutions, les formations Pour ceux qui sont depuis longtemps dans le domaine sportif, vous avez assisté à la révolution qui vous a fait passer des brevets d’état aux brevets professionnels, qui fait que l’offre de la formation sur les brevets d’état était relativement importante en termes de diversité en Martinique qui nous permettait d’avoir de temps en temps des formations en basket, en tennis, en volley, en plongée, en karaté. Aujourd’hui cela n’existe plus puisque dans le cadre des brevets professionnels, nous avons vu diminuer la capacité de diversité des formations proposées en Martinique. On voit depuis quelques années, essentiellement apparaître des formations en natation, en remise en forme avec une célèbre BPAGFF (Activités Gymniques de la Forme et de la Force) et l’activité physique pour tous qui reste la formation généraliste qui permet à tous ceux qui ne sont ni nageurs, ni spécialistes de la remise en forme de pouvoir quand même accéder à une formation dans le diplôme sportif.

Ceux qui ne sont pas présentés puisqu’ils ne sont pas des diplômés Jeunesse et Sport, ce sont tous les étudiants en STAPS qui sont formés en Guadeloupe, qui sont très nombreux en Martinique et vous les verrez tout à l’heure, je vais les inclure dans la grande famille des sports pour tous puisque leurs compétences, leurs prérogatives en termes d’encadrement rejoint celle des brevets professionnels d’activités physiques pour tous. Vous les retrouverez donc à ce moment-là. Ne soyez pas frustrés si vous êtes Stapsien et que vous ne vous retrouvez pas dans nos informations.

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Je voudrais revenir sur un dernier point sur la photographie précédente. Si vous regardez bien, à part les deux années exceptionnelles de2008 et2010, en général, chaque année, sortent entre 10 et 30 diplômés sportifs en Martinique. C’est un chiffre qui est à retenir car cela va avoir du sens après, dans ce que je vais vous présenter.

Les métiers du sport. Depuis 10 ans, il y a 491 diplômes du sport. C’est énorme. Sur ces 491 diplômes, on va quand même en enlever 107 qui sont diplôme d’état Jeunesse et Sport (JEPS) qui sont des diplômes qui sont obtenus aujourd’hui par équivalence. Cela veut dire que dans le cadre du passage des brevets d’état aux brevets professionnels de la DJS, on a permis à des gens titulaires du brevet d’état depuis un certain nombre d’années d’acquérir le DEJEPS qui est important pour eux car cela leur permet d’avoir un diplôme de niveau supérieur, c’est-à-dire qu’au lieu d’être au niveau 4 ils sont au niveau 3 ce qui fait que cela valorise non seulement le fait qu’ils aient eu un diplôme brevet d’état depuis quelques années, mais on valorise également leur expérience. Dans le métier du sport c’est extrêmement important tant pour les bénévoles comme on l’a souligné tout à l’heure, que pour les éducateurs sportifs d’avoir cette possibilité de reconnaissance d’une expérience.

Vous voyez que le reste des diplômes a été délivré essentiellement en formation puisque la part de la VAE est toute petite. Cette part de la VAE pourrait être un chantier pris par l’IMS dans le sens où tout à l’heure Monsieur NILOR a insisté sur le fait qu’il fallait un statut des bénévoles. Mais on peut imaginer aussi qu’il puisse y avoir un accompagnement des bénévoles vers des démarches de VAE parce que leur engagement en tant qu’éducateurs sportifs pendant des années est tout à fait compatible avec la démarche de VAE. C’est vrai qu’au lieu d’être forcément dans une logique d’acquisition d’un diplôme par formation, ils pourraient acquérir leurs diplômes dans le cadre d’une VAE. Je vous lance une perche car elle semble très intéressante au regard des problématiques du territoire.

Si on zoome sur les diplômes sportifs qui ont été délivrés en Martinique sur les cinq dernières années. Vous voyez qu’il y a 73 diplômes d’état. Cela rejoint ce que je vous ai dit: si on divise 73 par 5 cela ne fait pas beaucoup de diplômés chaque année, sachant que les principales spécialités aujourd’hui c’est l’activité physique pour tous (le BP Activités physiques pour tous). Quand je dis «BP», est-ce que tout le monde comprend bien? C’est Brevet Professionnel. Ce sont les nouveaux diplômes. Pour les activités gymniques de la forme et de la force (AGFF) ce qui correspond à la remise en forme et les activités aquatiques (natation) et enfin le sport collectif car nous avons eu un décret «sport collectif» l’année dernière qui a regroupé un grand nombre de disciplines (basket, volley, rugby) qui ont pu enfin avoir une formation qui était en rapport avec leur discipline de pratique.

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Ce qui est intéressant à mettre en parallèle de ces 73 diplômes d’état, c’est que l’on a également 122 CQP (certificat de qualification professionnelle) qui sont des diplômes de branche qui sont reconnus au niveau national. Ce CQP permet l’encadrement contre rémunération. Ce sont des formations beaucoup plus courtes et en Martinique, on a été une des premières régions à s’emparer des CQP essentiellement dans le cadre de la formation des jeunes - et moins jeunes salariés d’ailleurs - en contrat aidé, ce qui permettait de mettre en adéquation des temps de formation courts avec l’acquisition d’un diplôme professionnel qui permettait une insertion professionnelle et des temps courts d’emploi puisque vous savez que les CUI-CAE c’est un an renouvelable une fois sur les temps partiels. Ce sont des temps courts.

En fait, le CQP se décline aujourd’hui, un peu de la même manière que les brevets professionnels puisque l’on retrouve animateur loisirs sportifs AGEE qui est le pendant du CQP du BP AGFF (remise en forme). On retrouve l’animateur loisirs sportifs JSJO (jeux sportifs - jeux d’opposition) qui est le pendant du BP activités physiques pour tous, c’est-à-dire un diplôme très généraliste et on retrouve à nouveau du tennis qui n’apparaissait plus dans les brevets d’état ou brevet professionnel. Il réapparaît dans les CQP de la même façon que l’on voit apparaître l’assistant moniteur de voile.

Peu de formations, peu de spécialités, par contre aujourd’hui un grand nombre d’éducateurs sportifs qui travaillent. Aujourd’hui dans la base de déclaration de la DJSCS Martinique, on a 799 éducateurs sportifs qui sont déclarés et qui sont à jour. Cela ne veut pas dire que tous travaillent. Il y en a qui sont déclarés, qui ont leur diplôme mais qui sont bénévoles. Il y en a qui ne sont plus du tout engagés mais pour la grande majorité d’entre eux, ils travaillent. 60% sont salariés. 25% sont travailleurs indépendants. 29% ont un double statut. On dépasse les 100% mais c’est logique. L’exemple typique c’est la natation. Ils peuvent travailler au bord du bassin, comme on dit en natation, et se retrouver pour compléter leur emploi, en tant que travailleur indépendant sur une logique de prestations en aquagym par exemple ou en surveillance d’accueil collectif de mineurs.

68% des éducateurs sportifs ont une seule qualification mais ce que j’aimerais mettre en avant, c’est que 32% en ont au moins deux, ce qui veut dire aujourd’hui qu’un tiers des éducateurs sportifs martiniquais a deux qualifications et on sait, dans le domaine sportif, que la multiqualification, le fait de mettre plusieurs cordes à son arc, permet d’avoir une meilleure employabilité. Vous verrez ensuite, par rapport à ce qui est demandé, cela fait partie de ce qui est présenté en termes de polyvalence. C’est important d’être polyvalent aujourd’hui. Pas forcément polyvalent dans sa discipline. Il peut être voileux et rester voileux mais quand on est voileux on peut avoir une spécialité en planche à voiles, en engins tractés, etc. C’est-à-dire permettre à la base nautique qui va nous embaucher de pouvoir proposer une diversité d’offres qui nous permettra de pérenniser notre emploi.

Aujourd’hui, ce qui se pérennise le plus, ce sont les activités nautiques ou la remise en forme puisque l’on va chercher deux balances: la forme et la force, c’est-à-dire concrètement le cours collectif de step qui est classique et le fait de pouvoir faire du coaching avec des engins de musculation.

C’est là où j’apporte la nuance optimiste quand même au regard de l’emploi. Après obtention de leur diplôme 87% des éducateurs sportifs ont une activité professionnelle stable et 72% sont toujours dans le même emploi. 62% ont une activité professionnelle en lien avec leur diplôme. Quand on ajoute pour les demandeurs d’emploi, le fait que leur emploi soit en lien avec les compétences acquises dans le cadre de leur formation, on se rend compte que 95% des personnes qui étaient demandeurs d’emploi avant l’acquisition de leur diplôme ont un emploi en lien direct.

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C’est vraiment lié au fait qu’aujourd'hui l’offre de formation qui est proposée en Martinique est vraiment en adéquation avec les besoins. Elle ne couvre pas la totalité des besoins mais au moins, elle est en adéquation avec les besoins.

Les employeurs: presque la moitié des employeurs est constituéepar les associations car elles ont fortement bénéficié des dispositifs de droit commun d’aide à l’emploi (type CUI-CAE ou emploi d’avenir). Elles peuvent aussi bénéficier des plans «sport emploi» qui sont un dispositif CNDS qui est plus particulier, propre aux associations sportives. Mais, et c’est là que c’est intéressant, le secteur marchand est extrêmement présent puisque 25% des employeurs ensuite sontdes entreprises ou des travailleurs indépendants. Cela veut dire qu’il ne faut pas négliger dans le cadre de l’accompagnement aux métiers et aux formations qui pourraient être envisagées, le fait que la formation ne soit pas seulement celle d’un éducateur sportif en association mais bien un éducateur sportif qui pourrait travailler en entreprise. Il y a une culture d’entreprise, il y a une culture du métier qui peut être différente et qui peut être proposée dans le cadre de formations, aux éducateurs sportifs.

52% des éducateurs sportifs, qui font partie des 799 éducateurs sportifs déclarés, sont titulaires d’au moins un deuxième diplôme Jeunesse et Sport. Cela prouve bien que cette multiqualification et cette polyvalence sont possibles parce que les diplômes aujourd'hui le permettent. C’est facile aujourd'hui de faire des passerelles et ensuite parce que c’est exigé par un

certain nombre de secteurs. On demande que le salarié puisse ouvrir cette palette d’offres aux usagers, des associations ou des entreprises qui vont les embaucher. Pour préciser sur la typologie des employeurs, vous voyez que les associations sont très fortement représentées dans le cadre du nautisme, dans le cadre du tennis et étonnamment par rapport à la connaissance que l’on peut avoir du secteur, elles sont aussi fortement représentées dans le cadre de la remise en forme. On pouvait penser, il y a encore 5 ou 6 ans, que la remise en forme était essentiellement portée par des entreprises du secteur marchand. Or la mise en place du CQP ALS AGEE, celui que je vous ai présenté tout à l’heure, qui est vraiment le diplôme de la Fédération Française de gymnastique volontaire, fait que beaucoup d’associations se sont développées dans le cadre du sport santé avec les appuis de l’ARS, de la CGSS, de la DJSCS de façon à pouvoir présenter une offre dans le cadre de la remise en forme, dans le cadre de cette Fédération. On a donc vu un grand nombre d’associations devenir employeur dans ce secteur-là. Évidemment, a contrario, le secteur marchand est extrêmement présent dans la plongée puisque la plongée est essentiellement dans le secteur du loisir et dans le cadre de la remise en forme puisque l’on retrouve quand même la structuration de ce secteur au démarrage.

Pourquoi je fais une diapositive sur les dispositifs de soutien à l’embauche? C’est parce qu’aujourd'hui 29% des salariés du secteur sport ont des emplois qui sont soutenus c’est-à-dire un tiers. Un tiers ce n’est pas

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négligeable mais cela veut dire qu’il faut imaginer que l’on a 71% des salariés qui n’ont pas d’emplois soutenus, cela veut dire qu’il y a des associations ou des entreprises qui ont été en capacité de créer du chiffre d’affaires pour soutenir l’emploi. Cela veut dire que ces associations ont peut-être été accompagnées pendant 2, 3, 4, 5 ans sur des dispositifs d’aide à l’embauche et qui, suite à ces 5 ans d’accompagnement ont vu se développer leur activité suffisamment pour après, seuls, pouvoir tenir l’emploi. Oui, cela existe et on a fait des études longitudinales qui prouvent qu’effectivement, quand on accompagne sur la durée, c’est-à-dire au moins sur 3 ans, les associations sportives, en développant les activités, permettent la pérennisation des emplois.

Je voulais terminer cet état des lieux en vous présentant trois mécanismes propres au sport qui favorisent l’insertion professionnelle, donc propres au sport et propres à la Martinique. C’est une étude sur notre territoire.

Le premier c’est se former pour accéder directement à l’emploi. Oui, aujourd'hui les formations proposées en Martinique sont en adéquation avec les besoins du marché. On retrouvera ces formations et suite à ces formations, ces éducateurs sportifs trouveront de l’emploi. Pour autant, et là je tiens à attirer votre attention, il y a un grand nombre de spécialités qui ne sont pas présentes dans l’offre de formation en Martinique, qui ne sont pas présentes et qui donnent l’impossibilité à des jeunes qui pourraient être basketteurs, si je reprends cet exemple, de se former sur le territoire puisqu’il n’y a pas de formation possible. Du fait qu’il n’y ait pas de formation, il y a deux solutions qui s’offrent à eux: soit ils bougent et après c’est compliqué pour eux de pouvoir revenir sur le territoire parce que lorsqu’ils ont bougé, ils ont fait une formation, ils ont certainement trouvé un premier emploi là-bas et ils vont rester. Ou l’autre solution c’est de ne pas du tout se former. Cela veut dire que tout l’investissement sportif qu’ils ont pu avoir pendant 10 ans, 15 ans en tant que pratiquant, ils ne peuvent pas le réinvestir dans le cadre d’un métier. Donc oui, pensons à ouvrir le panel des formations en Martinique en termes de spécialités.

Ensuite, mobiliser les contrats aidés pour former ou se former. C’est important parce que même si la formation aux métiers du sport n’est pas une finalité pour tout le monde, elle est parfois un tremplin pour certains puisque, pour beaucoup, le sport c’est la plus

grande valeur ajoutée à leur parcours de vie. Profitons de ce côté positif du sport pour remettre en activité un certain nombre de jeunes qui ont pu se retrouver en difficulté. Leur apprendre un métier du sport c’est leur apprendre à nouveau à avoir confiance en eux, en leurs capacités, à accompagner des jeunes, à accompagner un public particulier (cela peut être des personnes en situation de handicap, cela peut être des personnes séniors) et peut-être se dire: «Au final, ce n’est pas ce que je veux faire mais maintenant je sais que je suis capable de recommencer à étudier, de recommencer à transmettre quelque chose, je vais me projeter dans un autre métier».

Certains que l’on va accompagner pendant plusieurs années au sein de la DJSCS sont aujourd'hui pompiers professionnels, c’est-à-dire que le sport n’a été qu’un moyen, à un moment donné, d’aller vers autre chose. Mais ce tremplin n’est pas négligeable. Donc former ou se former. Aujourd'hui j’attire l’attention sur le fait que l’offre de formation quand elle passe par un appel à projet est systématiquement verrouillée aux demandeurs d’emploi. Si on ne permet pas la mixité des populations, si on ne permet pas la mixité des publics qui se forment, cela veut dire aussi bien des gens qui sont en emploi que des gens qui sont demandeurs d’emploi, il n’y a que les demandeurs d’emploi qui vont se former et les gens qui sont en emploi, qui ont besoin d’acquérir un diplôme supplémentaire, ne vont pas pouvoir le faire. À réfléchir: comment pourrait se faire cette mixité de public dans vos appels à projet?

Également mobiliser des contrats aidés pour tester l’activité et vérifier sa pérennisation. C’est un peu ce que je vous ai expliqué tout à l’heure, c’est-à-dire si on accompagne sur 2, 3 ou 4 ans, une association sportive, si son développement permet à moyen terme de pouvoir assumer seul le coût de l’emploi, on aura réussi. Il y a un frein qui est important pour lequel il faut être conscient - en général, on l’est dans le cadre du mouvement sportif - c’est que cette professionnalisation demande un accompagnement fort des dirigeants bénévoles qui ne sont pas formés pour cela au départ, ils viennent là pour le sport. Ensuite, que ces salariés qui vont être embauchés puissent vraiment bénéficier d’une formation continue qui les aide à continuer à développer l’association et à pouvoir soutenir les bénévoles dans le cadre de leur mission au sein des associations.

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En résumé, ce petit schéma que je vous présente est pour moi un schéma extrêmement positif. Cela veut dire qu’aujourd'hui quand on part du petit carré gauche en bas, on a un grand nombre de jeunes ou de moins jeunes qui sont en contrats aidés (CUI-CAE, emploi d’avenir). Parce qu’ils vont avoir une formation, ils vont pouvoir monter dans le petit carré en haut à gauche. Ce petit carré en haut à gauche veut dire «Je vais pouvoir acquérir un diplôme professionnel». C’est presque le début d’une insertion professionnelle. Parce qu’ils ont acquis ce diplôme qui leur donne des prérogatives d’encadrement, ils vont pouvoir, à ce moment-là, basculer sur le carré en haut à droite qui est le carré favorable, c’est-à-dire celui où on a un diplôme et de l’emploi. Donc oui, il y a énormément de jeunes et de moins jeunes qui sont passés d’un carré à l’autre en récupérant des qualifications supplémentaires (1,2, 3 CQP, 1 CQP plus un BP) et on les retrouve maintenant vraiment dans les métiers du sport en tant qu’éducateurs sportifs.

Aujourd'hui ce que je voulais vous dire c’est que l’on a un contexte favorable en Martinique. Monsieur NILOR a avancé un certain nombre d’hypothèses tout à l’heure parce que l’on a encore un fort potentiel de développement de l’offre sportive dans le loisir et le tourisme. Le loisir et le tourisme, il faut bien le comprendre, aussi bien pour les résidents martiniquais que pour les extérieurs. Oui, les résidents martiniquais sont des gens modernes qui ont envie d’avoir accès à un loisir moderne, avoir la possibilité de bénéficier des mêmes prestations que l’on peut trouver ailleurs. Mais en plus, en Martinique, on a une culture forte qui nous permet en plus de créer et

d’innover sur des activités qui sont modernes mais qui prennent la meilleure part de la culture qui est, par exemple, Monsieur NILOR le citait tout à l’heure: l’aquarellé ou le fitness-bèlè parce qu’effectivement cela mêle les deux, cela donne beaucoup de dynamique à quelque chose qui est moderne et qui permet de faire accéder n’importe quel Martiniquais à une prestation de loisir.

Mais également le développement et l’adaptation des équipements sportifs parce qu’il y a un lien fort à faire entre les métiers et l’équipement. Parce que l’on va couvrir et éclairer des équipements, on va permettre un développement de l’activité et donc un développement de l’emploi. Cela, j’en suis certaine. Le sport santé également: plus on développera des équipements de sport-santé plus on permettra d’ouvrir une offre de sport santé et permettre des métiers.

C’est un lien qui est vraiment fort entre les deux problématiques de ce matin. Cela a été également cité, il y a un engagement significatif des associations sportives dans toutes les politiques sociales pour deux raisons: soit parce qu’elles ont vu que la population qui était au sein ou aux alentours de leur structure galéraient. Elles se sont donc posées la question de «comment faire pour aller vers ces gens-là? Comment faire pour leur proposer quelque chose qui leur donne envie? Et également - et cela, il ne faut pas le nier - parce qu’il y a aujourd'hui des réelles opportunités de financement des associations dans le cadre de la politique de la ville, dans le cadre des politiques de soutien au sport santé. Les associations sont donc en train de réfléchir différemment la pratique du sport et de sortir de la pratique uniquement compétitrice. Il y a une évolution de l’offre, cela renforce cette demande de polyvalence des salariés. Les métiers vont évoluer. On va effectivement peut-être trouver des éducateurs dans le champ sportif et dans le champ social ou dans le champ sportif et dans le champ du développement.

Aujourd'hui on a un contexte qui est favorable et je sais que l’IMS va s’en emparer sans aucun souci. Merci.

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Samedi 18juin 2016 Les métiers du sport

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Échanges/Débats

Gabriel LORDINOT

Président du Comité régional de natation

Je suis très heureux de cette présentation qui parle de ce que notre Comité régional de natation est en train de faire. Tout à l’heure on parlait de prescriptions. Pour prendre un exemple, les prescriptions médicales pour que les patients soient reçus dans les clubs. Nous avons un projet de formation et nous souhaitons le soutien de la CTM et de l’ARS. Nous avons déjà celui de notre Fédération et celui de la DJS pour une formation qui, entre septembre et décembre, sur une quinzaine de jours, devrait pouvoir former 12 à 15 professionnels de la natation qui vont pouvoir, s’ils sont formés, recevoir dans leur structure, les patients qui seraient orientés par les médecins.

Nous disons aussi que nous avons aussi une école de formation. La Fédération française de natation a un Institut national et cet Institut se décline sur tous les comités régionaux en ERFAN (École régionale pour la formation aux activités de la natation). Nous avons de la demande. Nous avons commencé à former les BNSSA qui veulent continuer. Ils piaffent d’impatience. La Guadeloupe nous appelle. Ils n’ont pas de formation, ils vont nous envoyer des clients. Ici, nous avons une équipe en place, nous avons l’autorisation et le soutien de la Jeunesse et des Sports. Nous avons un numéro de formateur. Nous sommes prêts à continuer.

Cerise sur le gâteau, il nous manque toujours des encadrants pour la natation. Pour preuve, récemment, à la piscine, il manquait un formateur. Nous en avons embauché un provisoirement qui venait de Guyane mais il y a encore de la demande. Il y aura une piscine à Saint-Esprit qui va ouvrir. Il faudrait qu’il y ait des gens. En plus, la mer nous tendant les bras, on a sur la mer des gens qui peuvent avec leur carte professionnelle, travailler dans les métiers du sport: l’aquasanté, nager forme santé, nager forme bien-être. Notre fédération nous pousse, non pas à rester seulement dans la compétition, mais à nous ouvrir. L’intérêt c’est qu’en développant ces activités-là, nous trouvions les moyens pour pouvoir soutenir nos activités: des sources de financement et des sources d’insertion. Je crois que nous attendons de ces Assises que des décisions soient prises rapidement parce que nous sommes l’arme au pied, nous attendons que les formations soient mises en place. Nous sommes prêts à travailler en étroite collaboration avec l’IMS. Je signale que la première formation qui a été développée à l’IMS est une formation que nous faisions dans le cadre de la préparation de l’ouverture du CAC. C’est ici que nous avions développé les premières formations et nous sommes prêts à continuer.

Hugues BASPIN Militant culturel Bonjour à vous tous. Je vous remercie pour ces Assises. C’est nécessaire. Hugues BASPIN, militant culturel dans plusieurs associations en Martinique. On a parlé

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du bèlè, il y a une richesse culturelle que nous avons développée et qui est propre à la Martinique. C’est une richesse culturelle que les Martiniquais ont développée qui fait partie de notre histoire, qui est un pan de notre culture, c’est un patrimoine culturel qui est le damier et le ladja. Il est vrai qu’il y a plein de sports ici mais le damier et le ladja sont des arts martiaux qui font partie de notre culture, que plusieurs associations essaient de développer, d’organiser. Je pense que cet art martial, ce sport de combat, comme Madame FLAMAND le disait, il y a ALS CQP JSJO, c’est-à-dire les jeux de sport et les jeux d’opposition comme le karaté, le judo, etc. Le damier c’est aussi un jeu d’opposition: deux personnes face à face se battent. Cela fait partie de notre patrimoine culturel et sportif.

J’aimerais savoir si, dans la préparation des Assises, s’agissant du damier, si vous avez pris en compte cet élément de notre culture, sinon nous - puisque je fais partie d’une association qui s’appelle la Fédération « La Wonn Danmié Matinik », et plein d’autres, nous travaillons pour développer le damier. Nous sommes tout à fait disponibles pour travailler. Comme Madame FLAMAND le disait, il y a des gisements que nous n’avons pas encore explorés et le damier et le ladja c’est aussi un gisement parce que nous faisons des interventions dans les écoles maternelles, primaires, secondaires. Nous sommes en train de travailler sur un projet d’insertion professionnelle, comme Madame FLAMAND le disait avec des brevets d’état professionnels. Il y a de l’avenir.

C’est un patrimoine culturel qui est transversal cela veut dire que cela touche la culture, le sport, le tourisme et bien d’autres choses. J’aimerais que l’on puisse le prendre en compte et l’associer aux travaux que nous sommes en train de mener parce que c’est un élément fondateur de notre culture. Ce n’est pas le seul, il y en a d’autres. Mais j’aimerais que cela puisse être pris en compte. Merci.

Louis BOUTRIN

Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM Je souhaiterais juste pour ce point-là qui est important, rassurer notre intervenant. Nous avons pris en compte le ladja et le danmié dans les arts martiaux dits traditionnels. Comme il l’a si bien expliqué, nous allons développer et nous préconisons ce que l’on appelle l’emploi à temps partagé, notamment au sein des EPCI. Si une commune ne peut pas embaucher un

moniteur ou un éducateur, il peut prendre deux heures, la commune d’à-côté pourra prendre deux heures et ainsi de suite. Plusieurs communes peuvent se structurer et s’organiser, comme cela s’est passé quand la France a lancé les plans «Tennis» que tu connais bien. On ne pouvait pas se payer un moniteur de tennis, plusieurs communes ont payé un moniteur de tennis. Nous préconisons cela. Cela sera abordé dans la séance du 23juillet avec les arts martiaux. Nous allons rajouter très certainement Monsieur DRUAU ou un autre parmi les intervenants.

Germain SOUMBO Président du CROSMA Juste une précision. La notion de temps partagé de l’emploi a été abordée plusieurs fois. Je rassure. Les groupements d’employeurs sur lesquels on avait déjà réfléchi ici, vont trouver une réalité rapide. Nous sommes en collaboration avec le CROS LanguedocRoussillon qui a une grosse expérience sur le groupementd’employeurs - on a donc un schéma - avec lesquels on compte collaborer pour mettre cela en place. Cela permettra de constituer des emplois y compris dans le sport et la culture notamment. Pour répondre aux collègues, c’est vrai que la danse et toutes ces activités périphériques sont dans le mouvement sportif qui est assez large puisque le mouvement sportif accueille aussi des adhérents, par exemple, des échecs mais aussi certains sports de société. On est assez ouverts. Sport et culture peuvent constituer des postes d’emplois.

Louis BOUTRIN À ce niveau, nous n’avons rien inventé. C’est le DéputéMaire défunt Georges FRECHE de Montpellier, qui avait lancé cette opération.

Une participante Bonjour. Je vous remercie pour la tenue de ces Assises. Je suis dans l’escrime et j’ai pu bénéficier l’année dernière des dispositifs mis en place par la DJS pour l’accession au BPJEPS. Ce qui a retenu mon attention, c’est le point concernant le CQP puisque nous avons énormémentde sollicitations au niveau de l’escrime pour une pratique en milieu scolaire, pour des personnes en situation de handicap et pour des personnes qui relèvent de l’escrime santé. Malheureusement étant en déficit de cadre, nous ne pouvons pas répondre à la demande malgré notre fort désir de nous impliquer à ce niveau-là.

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Le CQP serait pour nous, une excellente solution pour permettre à des jeunes de se former puisque la Fédération française d’escrime dans le cadre des jeunes en service civique, a demandé à la ligue de s’impliquer dans leur formation de façon à ce qu’à l’issue de leur service civique, ils aient au moins un diplôme d’initiateur ce qui leur permettrait progressivement d’accéder à une activité qui pourrait être pérenne étant donné la forte demande et le grand panel de possibilités offert par l’escrime puisque nous ne sommes pas limités à l’escrime de haut niveau malgré les excellents résultats que nous avons.

Nous avons aussi été sensibles à l’aspect concernant la répartition territoriale puisque nous serions désireux de pouvoir offrir à certaines zones de la Martinique où nous ne pouvons pas faire cette pratique et d’être aidés à ce niveau-là. Il y a un petit problème aussi concernant les équipements sportifs. Je vous remercie beaucoup de votre attention.

Emile ERICHER

Président des professionnels de l’activité physique adaptée (APAPA)

Bonjour. J’ai entendu parler de sport santé. On en parle beaucoup. J’aurais aimé mettre un bémol sur le côté sport santé. Monsieur parle de natation et de sport santé. On sait que beaucoup de personnes font de l’aquagym pour le sport santé, mais quand je vois près de la plage, 40 personnes dans l’eau, des mamies, des jeunes et des moins jeunes, je n’appelle pas cela du sport santé.

Tous les professionnels de l’activité physique adaptée ont un cursus STAPS. En Martinique, nous sommes une vingtaine. Malheureusement, il y en a beaucoup qui partent, qui font autre chose parce qu’il n’y a pas de débouchés. Ici, c’est compliqué. Nous sommes BAC+3 ou BAC+5 (licence ou master). Ce qui aurait été intéressant dans cette histoire de sport santé, c’est de bien identifier les gens qui peuvent effectivement faire du sport santé. Ce que l’on nous apprend, c’est qu’en sport santé, c’est 10 à 12 personnes maximum dans une séance et on peut faire quelque chose pour la personne. Les gens qui font de la natation avec 40 personnes ce n’est pas du sport santé. Je m’excuse de le dire mais c’est une réalité. Il faudrait bien voir qui est en capacité de faire et quelles qualifications pour faire. Par rapport à la prescription de l’activité physique, la dernière loi Santé de 2014 ou 2015 a été

votée et les décrets d’application ne sont toujours pas sortis, comme pour l’histoire de la chlordécone. Là, je parle au Député, de travailler dans ce sens, pour que les professionnels en activité physique adaptée soient, j’ai envie de dire, les garants de cette histoire de santé. Parce qu’à la limite, il vaut mieux dire aux gens d’aller marcher. Là il n’y a pas de souci. Ils vont marcher. Pas de problème. Là ils vont faire quelque chose pour leur santé. Les mettre dans un club sportif, cela se fait souvent c’est-à-dire que l’on décline la partie sport santé au niveau des fédérations mais quand on voit le niveau de qualification des gens qui prennent en charge ces personnes-là, je dis qu’il y a un problème. Car le sport santé, en tout cas la définition que nous avons, nous professionnels, ce sont tous ceux qui sont hors circuit «normal», c’est-à-dire que les personnes qui sont diabétiques ne peuvent pas être traitées comme le Monsieur qui n’a aucun problème. La personne qui est en hypertension, c’est la même chose. Il y a des choses à faire, il y a des tests. Pour avoir été formateur sur des BPJEPS, je peux vous dire que l’on en est loin, c’est-à-dire que faire un BPJEPS, prendre en charge des personnes en situation de handicap ou des personnes diabétiques ou avec de l’hypertension, je pense qu’il y a un petit problème à ce niveau. Quand on va parler de sport santé, quand on va essayer de mettre des choses en place, que l’on soit vigilant à ce niveau-là.

Alex FERDINAND

Ancien dirigeant de la ligue de handball Bonjour. Alex FERDINAND, Radio Levé doubout Matinik et ancien dirigeant de la ligue de hand-ball. Sa ou lé posé kom kestion sé eske adan préparasion Assiz-la, zot pran an kont la formation des journalistes sportifs? Ki plas zot ka mété? Koté zot plasé’y adan Assiz doubout spor-la?

Justeman, Radio Doubout Matinik ni an stajièr en ce moment ki sòti adan école supérieure de management sportif. Il est sorti de Bordeaux pou vini prof an pal formasion akadémik. Nou sav que parmi les journalistes sportifs ki la sé an patjé sé Radio Lévé Doubout yo pran baz formasion.

Sa man lé zot di sé ke nou pani lékòl, pa ni institu supérieur de formation aux métiers du journaliste sportif Matinik. Ki plas zot ka bay sa, eske ni an relasion posib épi lé zékol supérieures de formation au management sportif, etc. qui sont en France. Merci.

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Camille ALEXANDRE

Journaliste

Je suis très à l’aise pour répondre. Je ne me sens pas du tout visé. Premièrement, Monsieur, le terme de «journaliste sportif» n’existe pas. Il y a plusieurs catégories de journalistes. Moi, j’ai fait l’école de journalisme et j’ai un bac +4.

Je vais vous expliquer un peu, pour ceux qui ne le savent pas, parce qu’il y a une grande confusion dans ce métier de journaliste. D’abord, il y a ceux que l’on appelle les reporters sportifs. La plupart du temps, ils viennent pour arrondir leurs fins de mois. Je suis clair sur ce sujet-là.

Compte tenu des contraintes économiques, de nombreuses rédactions ne peuvent pas avoir des journalistes couvrant le sport à plein temps. Je réponds d’ailleurs à Monsieur MONTLOUIS-BONNAIRE. Nous n’avons pas les moyens, parce que c’est une politique qui est menée par une direction de chaîne de télévision. Je fais partie des gens qui ont incité pas mal de petits jeunes à partir en France pour se former. Maintenant le terme de journaliste sportif appliqué dans les chaînes nationales, régionales, ce terme est galvaudé. Avant tout, c’est un journaliste. Moi, je fais du sport parce que j’ai envie de faire du sport. Aucun directeur ne m’a demandé d’aller faire du sport. Si demain je décide de ne plus faire de sport, je fais de l’actualité parce que je suis journaliste professionnel. Je le fais parce que j’aime le sport et que c’est mon domaine de prédilection. Avant-hier il n’y avait pas de couverture sportive, on m’a demandé si je voulais faire des reportages d’actualités. C’est le rédacteur en chef qui parle. Je lui ai dit que je m’occupe du sport, je ne fais que du sport mais beaucoup de gens n’auront pas cette chance que j’ai de ne faire que du sport.

On intervient dans le domaine de ce qui est un journaliste sportif parce qu’il y a des gens qui ont leur fonction à côté, qui sont instituteurs, qui sont secrétaire dans une mairie ou autres et qui se définissent comme des journalistes sportifs. Le Club Presse n’a pas les moyens de faire le ménage. Comme le Monsieur le disait tout à l’heure, le sport santé c’est une véritable vagabondagerie parce qu’il y a des gens qui encadrent des mamies pour faire de l’aquagym et ils ne sont pas diplômés. Dans le métier du journalisme, c’est exactement aussi une vagabondagerie. Il y a des gens qui n’ont pas les diplômes requis et qui se prétendent

journalistes sportifs. Ils viennent uniquement couvrir les manifestations alors qu’on les voit au guichet d’une banque, instituteurs, professeurs, etc.

J’aurais souhaité dire rapidement parce que je ne suis pas là pour monopoliser la parole, qu’être journaliste à l’heure actuelle c’est une spécialisation. Il y a plusieurs cursus: soit on fait l’IUT de Bordeaux ou de Tours c’est-à-dire qu’il y a un diplôme universitaire de technologie de journaliste ou on fait la formation longue qui BAC+4 + Master et on passe un concours. Comme moi.

Il y a des écoles de journalisme pour cela: Lille, Paris, Nice, Strasbourg et on vous délivre un diplôme de journaliste. Vous pouvez intégrer n’importe quelle presse à partir du moment où on vous embauche. C’est cela le problème. Il n’est pas dit parce que vous avez un master et un diplôme de journaliste que Martinique Première, ATV ou autres vont vous embaucher. Ce n’est pas évident. Cela dépend des contraintes. Quand vous allez intégrer la rédaction - admettons que l’on vous engage - vous serez avant tout journaliste, c’est-à-dire que vous pouvez faire les faits divers, la justice, n’importe quoi. C’est au bout de 3 ans, même 5 ans maintenant que l’on vous donne une spécialisation. C’est en fonction de vos envies et de ce que vous aimez. Moi, je suis multirédacteur comme tout le monde et ensuite j’ai choisi une spécialisation qui était le sport. Je fais partie des rares personnes dans le domaine de la télévision notamment Outre-mer,

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Samedi 18juin 2016 Les métiers du sport

que ce soit Martinique, Guadeloupe, Guyane, nous sommes un petit noyau de trois personnes - il y a José BLEZES en Guyane et moi, nous sommes restés au sport parce que je fais aussi de l’actualité. On nous prend pour des pingouins, c’est-à-dire que nous ne sommes pas des journalistes. Nous sommes des journalistes pour le sport. Or, je suis désolé, nous sommes journalistes, comme Sergé BILE, comme les gens que vous voyez à la télévision. Nous sommes tous journalistes. Je suis journaliste professionnel mais je fais le sport parce que j’ai la chance que la direction accepte que je fasse le sport.

C’est pourquoi c’est très important ce qu’il dit. Il faut que les gens s’informent avant de dire n’importe quoi et de ne pas dire que c’est un métier bâtard parce qu’à l’heure actuelle c’est un métier bâtard. Compte tenu du fait que les directions, notamment les chefs n’ont pas les moyens de payer des journalistes professionnels à plein temps, parce que c’est quand même un salaire. Je vous signale qu’un journaliste débute à 3000euros. On préfère donc employer des pigistes sportifs, c’està-dire des gens qui viennent le week-end faire du sport. Ce qui est normal car pour couvrir les matchs de football, de handball le week-end, il y a une activité sportive qui est très importante en Martinique. Comme le Monsieur l’a dit tout à l’heure, je ne peux pas tout faire. Je ne peux pas me démultiplier. La volonté de chaque direction maintenant est d’employer des pigistes parce que c’est moins cher. Quelqu’un qui fait un match de football le week-end, qui est dans un stade, c’est combien? 60euros pour faire un match. La personne est obligée d’avoir un métier à côté. Je suis désolé sinon il ne pourra pas vivre.

Mais les jeunes, et c’est pour cela que c’est très intéressant ce que Monsieur dit. Il dit qu’il a un master Bac+4. Il faudrait que les gens partent en France, parce qu’ici en Martinique, il n’y a pas d’école de journalisme. Or il faudra passer un concours pour être journaliste professionnel. Sauf si vous avez du filon et on vous embauche.

Oui, il faut le dire. Si vous avez le bras long et que vous connaissez le Député, Monsieur NILOR!

2e Vice-Président de l’Assemblée, Président de l’IMS Non!

Camille ALEXANDRE

Si vous connaissez Monsieur MARIE-JEANNE, je ne sais pas - c’est une boutade - on peut vous imposer dans une rédaction.

Mais à mon avis, la meilleure solution comme certaines personnes c’est d’avoir les diplômes. Vous êtes sûrs avec vos diplômes, vous pouvez frapper à la porte d’une direction et dire: «J’ai passé tous mes examens, j’ai un diplôme de journaliste, j’ai suivi des formations». Moi-même j’ai suivi une formation de caméraman. C’est pourquoi vous me voyez souvent avec une caméra. Vous êtes très opérationnel parce que vous pouvez faire le commentaire mais vous pouvez également filmer. C’est pourquoi ce métier est galvaudé et on raconte n’importe quoi. On voit quelqu’un qui travaille dans une banque, on voit le monsieur au guichet et on le voit le samedi qui présente à la télé. On est quoi dans ce cas-là? Un journaliste? Voilà le problème. N’importe qui ne peut pas dire en Martinique qu’il est gynécologue, qu’il est médecin, qu’il est dentiste… … parce que la profession est réglementée.

C’est pourquoi je dis que je suis très à l’aise sur la formation de journaliste et sur le métier de journaliste. C’est pourquoi, quand je discutais avec Monsieur SOUMBO et qu’il me dit que le sport martiniquais, il y a beaucoup d’activités, il faut filmer. C’est vrai qu’il faut les filmer mais il faut former les gens car ce n’est pas donné à tout le monde de prendre n’importe quelle caméra parce que maintenant vous pouvez prendre votre téléphone et filmer, faire des photos, mais il y a des normes pour les reportages. Voilà ce que je voulais dire.

Clément MARAJO Bonjour. Clément MARAJO. Je ne dirais pas journaliste mais…

Je suis entièrement d’accord avec ce que vient de dire Camille ALEXANDRE mais iI faut savoir aussi qu’il y a des «journalistes» qui travaillent mais qui ne sont pas payés en tant que journaliste, ils le font bénévolement avec passion. Merci beaucoup.

Éric BARAY Navigateur Bonjour à tous. Je suis Éric BARAY, navigateur, pour ceux qui me connaissent. Quand il y a eu le changement, j’ai toujours été attentif à ce qui se passe. Je vais

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d’abord mettre en avant mon activité de navigateur, c’est-à-dire la mer, la voile.

J’ai vu que Jean TRUDO est arrivé. On se connaît très bien. On œuvre en ce moment pour que justement, il y ait des jeunes, demain, qui puissent en faire leur métier, puissent en vivre décemment. Parce que c’est un beau métier, dur forcément comme tous les métiers de la mer en général.

Je ne vais pas dénigrer certaines disciplines sportives parce que c’est un membre du sport. Point. Mais tout ce qui touche le nautisme quel que soit le sport, cela peut être du jet, du kayak comme cela a été évoqué. C’est vrai que le petit pincement que je peux faire, le doigt dans les côtes, c’est le fait de ne pas voir un petit peu plus souvent dans les dires, parler de la voile. Il y a deux aspects de la voile: il y a la voile dite légère c’est-à-dire optimiste, laser, etc. La voile que l’on trouve dans les clubs à l’heure actuelle.

Mon objectif et mon engagement, que Jean TRUDO connaît, et d’autres dans le milieu de la voile, depuis longtemps, a été de développer, surtout et avant tout, la voile habitable et la course au large. La course au large a deux aspects. Vous avez ce que l’on appelle le in-shore. Ce sont les courses dans les baies, les championnats du monde, etc. Vous avez aussi la course au large, Off-shore, qui est ce que l’on fait c’est-à-dire les transats, les tours du monde, etc. Deux aspects bien distincts. C’est pour cela qu’à l’heure actuelle, dans les écoles de voile, aucune activité de voile habitable n’est développée. C’est un gros manque.

Forcément la première chose qui vient en tête de liste, ce sont les moyens financiers pour acquérir le support. Vous avez aujourd'hui le constat qui est fait personnel, d’avoir tourné dans toutes les écoles de voile. Il y en a 12 à l’heure actuelle, dont certaines qui ont très peu de moyens et d’activités. C’est un travail au compte-gouttes. Quand on leur demande: «quelles sont vos demandes en termes d’habitable?». On a en moyenne entre 300 et au plus fort, 800 demandes par mois de vouloir faire de la voile. La tranche d’âge c’est de 25 à 70 ans ou plus pour les gens valides et même des personnes en situation de handicap mais il y a très peu de supports. La réponse est: on n’a pas de support. Que font les gens? Ils rentrent chez eux, ils s’ennuient. Ils font autre chose mais surtout pas de la voile.

Pendant très longtemps, je me suis entendu dire que la voile est un sport de riche. Je ne suis pas riche. La preuve, si vous voulez venir avec moi, on ira voir ma banque et vous allez voir que je suis plus souvent à moins qu’à plus. Pourquoi? Parce que tous les moyens que j’ai passent dans mon activité, dans mon sport. Pour vous donner un exemple, je fais partie du classement mondial du Match Race. Je ne sais pas si vous savez ce que c’est. C’est tout ce qui est sport en duel, comme la Cup America. Pourquoi? Parce que j’essaie simplement de rentrer dans les 15 premiers. Après c’est sur invitation. Dans les 15000 que nous étions, j’ai démarré j’étais dans les 1600, aujourd’hui je suis dans les moins de 200. Tant mieux. Avec des jeunes Martiniquais qui ont souvent 16, 17, 18, 20 ans. On rentre parfois, pas très bien parce que c’est un sport qui est très violent. C’est du fight sur l’eau. Vous vous jetez. On revient avec des bleus partout. Parfois des blessures assez importantes. Mais cela fait partie de l’engagement que l’on a sur l’eau. Malgré les coups qu’ils ont reçus, je leur dis: «C’est comme cela, la vie ne te fera aucun cadeau et de toute façon elle sera encore plus dure que ce que tu viens de vivre sur l’eau». On gagne, c’est bien, mais il faut savoir que pour deux jours de course cela nous coûte 1500euros. Jusqu’à maintenant, par tous les moyens (famille, etc.), j’ai réussi à avoir ces budgets mais c’est quand même 1500euros pour deux jours. Cela peut faire pâlir certaines personnes mais c’est du sport de haut niveau qu’on le veuille ou non.

Aujourd’hui, je n’ai plus les moyens de continuer. Je ne cache pas que je suis en train de préparer un dossier de financement et de subventions. J’ai besoin de votre aide, je ne le cache pas. Pourquoi? Parce qu’à l’heure actuelle, j’entraîne beaucoup de jeunes, notamment pour la dernière transat que j’aurais dû normalement faire qui est l’AG2R. Oui elle n’arrive pas en Martinique mais il y en a qui arrivent ailleurs dans le monde et c’est l’image que vous développez à l’extérieur qui fera que demain, du nombril que l’on est sur une mappemonde, - car on n’est pas très gros mine de rien - les gens viendront vous voir et pourront participer à ce que vous pourrez organiser comme manifestation.

Il y a donc un travail énorme à faire dans le milieu habitable parce que l’autre milieu est déjà bien encadré par la ligue de voile, par d’autres. C’est tant mieux. Ils ont créé notamment la semaine nautique à Schœlcher internationale, mais je pense que l’on pourrait aller

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Samedi 18juin 2016 Les métiers du sport

Samedi 18juin 2016 Les métiers du sport

beaucoup plus loin que cela, lorsque l’on parle économiquement au niveau des hôtels, au niveau de ceci, etc. Il y a une manne qui est énorme. Pendant des années, on n’a pas mis assez l’attention là-dessus. Je comprends, ce n’est pas forcément le milieu de tout le monde. J’ai eu cette chance - j’appelle cela une «chance» - depuis gamin, de naviguer à un très haut niveau, de traverser l’Atlantique dès l’âge de 16 ans avec un Italien qui m’a enseigné par la suite, qui est un grand monsieur de la voile, Luciano NAVADAS. Grâce à lui, j’ai traversé l’Atlantique, j’avais 20 ans. Aujourd'hui j’en ai un peu plus, je ne dirai pas mon âge, mais sachez simplement que grâce à des gens comme lui, aujourd'hui il est de mon devoir de redonner. Il y a des jeunes qui ont 12 ans, 16 ans qui sont venus me voir, il y a deux mois de cela, pour me dire «On aurait aimé devenir comme toi». Je leur ai dit: «C’est bien, je vois votre engagement, je vais voir ce que je peux faire».

Aujourd'hui je cherche 25000euros pour remettre un bateau en place et pour justement les faire naviguer. Cela fait 4 mois. Il y a un désengagement, je dirais, et cela vous pouvez peut-être aider, je ne sais pas comment. On parlait tout à l’heure qu’il faudrait que les entreprises s’engagent. Il y a des entreprises chez nous qui gagnent de l’argent, beaucoup d’argent. Il faut appeler un chat, un chat. Mais aujourd'hui le regard qu’elles ont sur le sport, sur d’autres choses, de façon à redonner… Il faut savoir qu’un jeune qui

débarque comme cela, vous lui donnez la chance d’arriver, vous mettez votre nom sur sa coque, etc. Il ne faut jamais oublier que c’est l’utilisateur de demain de ce que vous faites (banque ou autres). C’est lui qui mettra demain la main à la poche.

Qu’est ce qu’il y a à faire entre la CTM ou les intervenants à ce niveau-là pour faire simplement prendre conscience qu’il y a autre chose, que le profit c’est bien mais il y a moyen de redonner intelligemment. On a trouvé plein de possibilités pour que justement il y ait du retour sur investissement, etc. Au moment où je vous parle, on est dans l’objectif - parce que je ne suis pas tout seul, nous sommes toute une équipe - à bientôt organiser certaines courses Transat arrivant ici. Maintenant, ne trouvant pas de moyens pour continuer. Cela fait 4 routes du Rhum que j’ai avortées car pas de moyens. Pendant un an à s’entraîner pour rien. Alors que mes amis Guadeloupéens, que j’ai aidés à préparer leurs bateaux, étaient 6 à participer à la dernière. Là je reprépare, deux ans à l’avance, la prochaine qui est en 2018, en sachant que c’est en novembre et en avril, on est censé traverser avec un jeune qui aura 18 ans que j’essaie justement de pousserà aller plus loin. En 2017, apparemment il y a la mini transat qui devrait arriver ici. Mais peut-être sans participant. Cela me fait beaucoup de peine. J’aurais pu y aller mais je dis non. Il y a des jeunes qui méritent mais on a besoin de moyens.

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À l’heure actuelle, je suis obligé d’aller dans l’île d’en face. Au début, on se moquait un peu en disant «ce sont les laissés-pour-compte». Je parle de SainteLucie. On est en train de trouver les moyens pour faire une transat qui arrive chez eux alors que logiquement j’aurais dû faire avec une équipe d’ici. Cela me pose un problème. À l’heure actuelle, je suis en train d’essayer de trouver des moyens pour aller beaucoup plus loin notamment quand on parlait de façon économique, à faire entrer des bateaux pour organiser des évènements pour que les gens viennent chez nous. Il y a des Russes qui sont venus me voir, ils sont prêts à signer un contrat de 50 à 100 personnes par mois durant les 12 mois de l’année. Il y a besoin de trouver des moyens. J’ai un ami qui est, à l’heure actuelle, à Dubaï et on est en train de chercher des moyens financiers là-bas, parce qu’il y en a, en leur proposant un retour sur financement par rapport à ce qui existe chez nous. On peut aller dans ce sens-là. Très rapidement, à l’heure actuelle, c’est de dire…

Louis BOUTRIN

Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM …C’est très intéressant ce que tu nous relates aujourd'hui. Il faudrait que tu sois présent lors de l’atelier qui est prévu sur les sports nautiques parce que l’on ne pourrait pas en deux minutes évacuer des problèmes de fond que tu soulèves et qui nous interpellent.

Éric BARAY

Je voulais juste notifier cela car il y a du travail qui se fait dans la voile ici. Il ne faut pas croire. Je parle pour tout le monde. Il y a des gens qui œuvrent mais c’est très dur. À l’heure actuelle c’est très dur pour eux mais nous, en tant que coureurs, on a envie, on est donc obligés de faire autre chose à côté (convoyages, etc.) juste pour le quotidien. Mais dès qu’il y a des sous de côté on repart tout de suite en guerre, naviguer, faire notre métier. Là, il y a un gros problème.

Un participant

Il y a un thème samedi9 juillet sur les médias et le sport.

Camille ALEXANDRE, rendez-vous…

Camille ALEXANDRE

Je ne serai pas là! Il y a le départ de la course cycliste.

Un participant

Je ne voudrais pas - le mot est un peu fort - que l’on «crache» sur l’action des radios libres, les médias qui ne sont pas des médias officiels, concernant le sport. Je suis l’ancien directeur de la radio RLDM, l’actuel directeur est là, c’est le meilleur spécialiste en matière de gommier et de yoles. Il est reconnu. C’est ABDOUL. Rendez-vous samedi mais si tu n’es pas là…

Camille ALEXANDRE C’est le départ du Tour!

Pascal DUBOS Professeur d’université Bonjour à tous. Je suis Pascal DUBOS, je suis enseignant à l’Université des Antilles et je représente aujourd'hui Madame FEDEE. Simplement une réflexion par rapport aux métiers du sport. Il me semble, vu l’actualité, qu’il est important de se pencher sur la surveillance des plages. On a des équipes qui forment des gens qui sont prêts à surveiller. Il me semble qu’il y a une très grosse carence en Martinique. Toutes les plages sont accessibles toute l’année. On a cette chance-là. Malheureusement tous les ans, on a des blessés sur ces plages. Je pense qu’il y a une grosse réflexion à mener sur la surveillance des plages. Je ne sais pas si c’est prévu dans ces Assises. Il me semble que c’est une voie d’embauche très importante et une nécessité.

Gabriel LORDINOT Président du Comité régional de natation Je rebondis sur ce que vient de dire ce Monsieur. Il y a eu des réunions avec la Préfecture pour que la natation puisse porter secours aux mairies dans la mesure où les plages seraient occupées par des activités concernant justement l’aqua-santé ou l’aqua-bien-être. Cela pourrait être déjà un début de sécurité pour prévenir les noyades. On connaît des moniteurs qui ont déjà fait des interventions pour sauver des gens parce qu’ils étaient en activité sur le bord du bassin.

Je voulais juste rebondir sur une intervention de tout à l’heure d’un collègue qui est STAPS. Il disait qu’il n’y avait pas de travail. Je crois qu’il faudrait qu’il se rapproche de nous parce que lorsque je dis que nous aurons une formation entre septembre et décembre pour permettre d’avoir des moniteurs formés avec l’appui de cardiologues et d’autres spécialistes, c’est une réalité.

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Samedi 18juin 2016 Les métiers du sport

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Quand il parle de 40 mamies qui sont sur le bord de mer. Ce ne sont pas des gens de la Fédération française de natation mais je dis que le problème qu’il soulève est un problème de besoin en encadrants. Quand il dit que les jeunes ne sont pas formés, il y a nécessité à les former et nous sommes prêts à le faire. Quand il y a 40 mamies qui s’ennuient chez elles et qui prennent le bus parce que cela part de Ducos, cela part de partout et cela va vers les côtes et notamment vers Sainte-Luce, il y a un besoin, une demande de la population. Le vieillissement de la population c’est une chose. Il faut s’occuper de ces personnes âgées. Il faut leur permettre de s’épanouir. C’est du sport bien-être et nous sommes pour que cela se développe. Il y a des besoins énormes en formation parce que ce sont des privés qui prêtent leur concours. Ils sont formés ou pas, je ne sais pas. J’ai vu une fois, parmi ces mamies, une qui était opérée du cœur et qui faisait son animation avec le groupe qui était venu en car. Il y a une activité importante qui ne demande qu’à être encadrée. La formation est nécessaire.

Louis BOUTRIN

Avant de passer aux conclusions Je tiens solennellement à remercier le personnel de la CTM qui a porté sa contribution à la réussite de cette manifestation. Man ka mandé zot an bèl lanmen pou yo. À toute l’équipe. Pour celles qui sont à l’extérieur, vous allez transmettre. L’équipe de la communication et l’équipe qui, sous la direction de Viviane CAPGRAS et de Francette CASSIOU, a orchestré et a préparé avec nous ces Assisesdu sport martiniquais. An bèl woulo ba yo.

Je voudrais également, puisque dans la première partie, vous avez vu que nous avons fait un état des lieux des équipements, remercier les équipes de Monsieur Yves SIDIBE qui est également présent.

Merci de leur contribution parce que c’est vrai, je vous l’avoue, cette idée des Assises du Sport, cela fait un moment que c’était dans l’air. Nous avons discuté lors de notre projet politique du plan d’épanouissement de la jeunesse et il était important pour nous de le mettre en œuvre. Il a fallu attendre six mois que la CTM elle-même se mette en œuvre pour que nous puissions tout organiser mais nous l’avons organisé à la vitesse grand V et ce matin encore, un des intervenants, pour ne rien vous cacher, Jean-Philippe NILOR m’a dit qu’en se réveillant, si j’avais été en face de lui,

il m’aurait trucidé. Parce qu’il a travaillé toute la nuit pour pouvoir effectivement finir sa contribution. Donk man ka mandé zot bay an bèl lanmen.

Parce que le résultat, vous l’avez vu, était là. C’est en ce sens que je pense, nous allons maintenant, prendre un rythme de croisière. Il fallait lancer la locomotive. C’est fait. Nous allons maintenant préparer, j’ai presque envie de dire, avec un peu plus de sérénité, maintenant que le rendez-vous est fixé. On sait que la semaine prochaine ce sera l’exception. Nous ne serons pas ici puisque la salle était déjà louée depuis bien longtemps. Il y a un contrat de location pour l’utilisation de l’amphithéâtre. Nous allons faire les ateliers samedi prochain, à la CTM. Nous allons pouvoir aborder les questions de sport et éducation, sport et formation et sport scolaire et universitaire, samedi prochain à la CTM.

En ce qui concerne les thèmes qui ont été abordés, je ne reprendrai pas l’ensemble des exposés. Par contre, il y a deux dimensions qui méritent un bref rappel. Je dirais d’abord, en ce qui concerne les métiers du sport, cela ne vous a pas échappé dans l’exposé de Madame FLAMAND, 87% des diplômés ont trouvé du travail dans les métiers du sport. Ce qui veut dire qu’il y a des gisements d’emploi dans le secteur sportif et dans le secteur associatif également. C’est pour cela que nous allons prendre le soin dans le livre blanc que nous devons éditer, d’aller un peu plus loin que lesdébats. Mettre un certain nombre de contributions qui existent mais mettre également un certain nombre d’études en annexe qui existent sur les métiers du sport, parce que c’est peut-être la manière la plus difficile d’aborder la problématique des Assises du sport martiniquais à travers les métiers mais c’est pour nous important, dans une situation de chômage endémique que l’on connaît tous, dans une situation où on fait miroiter le star-system. On le dit souvent, il n’y en a pas beaucoup. La preuve elle est une des raresà être présente aujourd'hui. Il n’y a pas pour tous les Martiniquais une place sous le feu des projecteurs ou au niveau international. Celui qui aime le sport, celui qui est aussi passionné que Camille ALEXANDRE par le sport, il peut trouver du travail dans le secteur du sport et je dirais, au-delà du métier de journaliste.

Nous souhaitons également parler d’un aspect qui a été évoqué par Jean-Philippe NILOR c’est le statut du bénévole. Il ne suffit pas d’en parler, nous verrons qu’il

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Les métiers du sport

Samedi 18juin 2016

Les métiers du sport y a un thème qui permettra d’approfondir mais d’ores et déjà, ce que l’on peut dire, c’est qu’il est important qu’il y ait un statut du bénévole et que ce statut du bénévole sportif puisse à l’instar, je dirais, d’un délégué syndical qu’il puisse avoir des pré-leaders et au-delà, peut-être, pour le nombre d’heures qu’ils passent auprès des associations parce que nous n’avons pas abordé cet aspect, c’est une mission de service public. Puisque c’est une mission de service public, il n’est pas exclu qu’il puisse avoir à la fois des pré-leaders et surtout des avantages fiscaux pour qu’à la fin de l’année, il puisse comptabiliser toutes ces heures passées pour la collectivité.

Pour conclure enfin, il y a un aspect qui a été abordé. C’est dommage qu’il soit parti. C’est sur la prescription médicale qui a fait l’objet d’une loi dont les décrets ne sont pas encore sortis, mais nous pouvons et nous l’avions déjà fait, en créant, cela fait maintenant pratiquement de deux décennies, le Comité Martiniquais de Promotion des Activités sport santé, le COMPA. Nous avons été à l’origine d’un certain nombre de parcours de santé et surtout du centre d’évaluation sport santé. Ce qui veut dire qu’aujourd'hui il va falloir redynamiser tout cela. Il va falloir s’adapter à la nouvelle configuration et surtout à la nouvelle réalité démographique que nous avons.

Nous pouvons passer des conventions notamment avec la Caisse Générale de Sécurité Sociale pour mettre en place en Martinique les ateliers équilibres. En deux mots, des ateliers équilibres puisque nous avons constaté, à cause du vieillissement, ce qui caractérise notre pays et ce qui caractérise le milieu hospitalier, c’est le nombre de chutes que nous avons, le nombre de personnes âgées qui arrivent aux urgences à cause d’une fracture du col du fémur. Eh ben yo pa ka mò di an fraktur du kòl du fémur, yo ka mò di an maladi nozokomial, yo ka mò di anboli, yo ka mò di otr choz. Pour diminuer ces dépenses de santé publique, nous pouvons - cela s’est déjà passé en Auvergne, dans d’autres régions - passer une convention avec la Caisse Générale de Sécurité Sociale et former des jeunes qui vont encadrer des personnes âgées pour lutter contre les chutes domestiques mais aussi les chutes quand ces personnes sont en activité. Cela s’appelle les ateliers équilibre. Voilà, je dirais quelques pistes que l’on pourrait lancer de manière rapide mais qu’il va falloir approfondir et nous, à la CTM, nous allons profiter de ces Assises pour pouvoir définir des orientations stratégiques de la politique sportive de la CTM.

En tout cas, chers Amis, je voudrais à nouveau vous féliciter puisqu’il est 13heures et je constate que la plupart d’entre vous est encore assis et que par vos interventions, vous avez anticipé sur le programme que nous avions prévu.

En tout cas, man ka di zot an nouvèl fwa, mèsi an pil, mèsi an chay et rendez-vous à samedi prochain.

Jean-Philippe NILOR

Très rapidement, je voudrais simplement revenir sur deux points: le premier concerne les statistiques notamment relatives à l’insertion des diplômés. Je ne remets pas au cause globalement la méthodologie de l’enquête qui a été menée mais il faut savoir que c’est seulement 30% de ces diplômés-là qui ont répondu à l’enquête. On peut imaginer aussi que ce sont les 30% qui sont insérés et qui sont encore dans le circuit qui ont répondu à l’enquête. Je ne serai donc pas aussi optimiste sur le caractère automatique de l’insertion professionnelle des diplômés. C’est précisément pourquoi nous disons qu’il faut mieux cibler les niches potentielles pour former à ce moment-là, à la demande, dans les secteurs qui le sont fortement. Nous ne sommes pas en contradiction mais il faut être encore plus fin dans la liste pour pouvoir mieux former pour mieux insérer. Je veux dire deux choses pour terminer sur une note un petit peu plus légère. C’est vrai qu’il faut bien identifier les professionnels du sport santé, et ne pas confier des publics à risque à des «tjokeurs» parce que là les conséquences peuvent être importantes. Ce qui est vrai pour les professionnels du sport santé, c’est vrai pour les journalistes et c’est vrai aussi pour les gynécologues! Je dis qu’il faut vérifier les diplômes! S’agissant du sport santé, on a beaucoup parlé des mamies qui font du sport. Cela m’a interpellé parce que je me dis que si autant de mamies font du sport et sont en forme, c’est qu’il y a aussi une niche potentielle chez les papis, parce qu’il faut que les hommes en retraite se mettent aussi au sport sinon bientôt on n’aura que des veuves en Martinique parce qu’elles vont tuer les papis!

Marius NARCISSOT Président de la Commission Politique des Sports CTM Juste pour remercier l’assistance et surtout pour la qualité des interventions. Vous avez apporté une valeur ajoutée au débat. Nous repartons avec cette richesse.

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Je voudrais aussi remercier les collègues de la commission Sport qui sont là. Il y a la présence de Marie-Frantz TINOT, de Lucie LEBRAVE. J’ai vu aussi Richard BARTHELERY et pas mal de collègues. Il y a aussi Aurélie NELLA qui est là-haut.

En tout cas, remercier toutes les équipes. Louis BOUTRIN a déjà remercié les équipes de Yves SIDIBE et de Viviane CAPGRAS et la communication. Il faut savoir que ce sont des équipes qui travaillent à temps plein. Jusqu’à hier soir, ils étaient encore avec nous.

Jean-Philippe NILOR Moi, je remercie Christine LEANDRY.

Marius NARCISSOT

Il faut savoir que ce sont des gens que l’on ne voit pas forcément. Mais si nous sommes là c’est parce qu’ils ont fait un travail considérable pour nous permettre d’être là avec vous.

Nous avons noté un message dans vos interventions. Il y a cette nécessité de prendre en compte ceux qui se disent des petites ligues, des petites associations qui ont besoin de se faire entendre et cela aussi, c’est un message très fort. Nous l’avons dit dans nos travaux ce matin. Merci encore. Bon week-end et à la semaine prochaine.

Les métiers du sport

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Samedi

Sport

et

éducation

Sport scolaire et universitaire Samedi 25juin 2016

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Intervenants

• Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif chargé des sports, CTM

• Sylvia SAITHSOOTHANE, Conseillère exécutive chargée de l’éducation, CTM

• Benoît THIERY, Représentant de la Rectrice, Inspecteur Pédagogique Régional - Education Physique et Sportive, IPR-EPS

• Jérôme LOIRAT, Délégué départemental Union Française des Œuvres Laïques d’Éducation Physique, UFOLEP

• Valentine EURISOUKE, Ministre des sports de Nouvelle-Calédonie

• Max BURDY, Président de l’Union Sportive de l’Enseignement du Premier degré, USEP

• Nicole SYLVESTRE, Directrice de l’Union Nationale du Sport Scolaire, UNSS

• Simone FEDEE, Directrice du Service Universitaire des Activités Physiques et Sportives, SUAPS

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Samedi 25juin 2016 Sport et éducation • Sport scolaire et universitaire

B ienvenue à toutes, bienvenue à tous. Exceptionnellement, nous vous recevons aujourd'hui dans la salle de délibérations, salle Camille DARSIERES, à la CTM pour une raison bien simple, c’est qu’il y avait une programmation de faite et l’amphithéâtre de l’Institut Martiniquais du Sport avait déjà été loué pour ce samedi. On vous accueille ici et on vous accueillera, dès samedi prochain et pour toutes les autres séances, tous les autres ateliers, directement à l’Institut Martiniquais du Sport.

Ceci étant, nous allons aborder une thématique qui s’inscrit dans le plan même de ces Assises du sport.

Lors de la première séance, il a fallu faire un état des lieux, un inventaire en ce qui concerne les infrastructures, savoir où on va. Vous faire également un état des lieux en ce qui concerne les métiers du sport, le champ des possibles qui nous est offert. Mais avant d’approfondir et d’aller dans une approche analytique, une approche plus fine dans les pratiques, à la fois compétitives et non compétitives, on se doit de s’arrêter un moment sur un point important qui concerne aujourd'hui le sport et l’éducation.

C’est vrai que l’on a souvent rattaché la valeur éducative au sport, c’est peut-être l’occasion rêvée pour débuter notre réflexion là-dessus. Comme cela vient d’être précisé, il est important pour nous de faire un partage des expériences parce que ce n’est pas ce qui manque en Martinique, cela fourmille. Malheureusement ce qui fait défaut c’est un espace où chacun peut, même si le sport c’est à la fois émotion et passion, de manière tout à fait dépassionnée, aborder des thématiques qui sont brûlantes.

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Samedi 25juin 2016 Sport et éducation

Le sport et l’éducation, même si en apparence, cela peut paraître comme couler de source. Non, cela nous interpelle parce que le modèle éducatif que nous avons en Martinique c’est un modèle éducatif qui est hérité du modèle éducatif français. Tout naturellement, quand on parle de sport, nous sommes amenés à jeter un œil chez nos voisins caribéens et d’analyser le système éducatif britannique des îles qui nous entourent:les exemples de la Jamaïque, d’Antigua, même de Saint Kitts où on a eu Kim COLLINS qui a été champion olympique sur 100 mètres.

Sans tomber dans la championnite, il y a malgré tout un système éducatif qui permet à la fois l’épanouissement des jeunes Caribéens et l’accès au très haut niveau, dans certaines disciplines. Pour autant, nous avons des résultats dans d’autres disciplines. Je pense à l’escrime où nous avons même, de très bons résultats. Mais aujourd'hui, nous avons convié Madame SAITHSOOTHANE qui est Conseillère exécutive chargée de l’éducation, des collèges et des lycées. Elle a une expérience de par sa profession de la chose éducative. Mais, nous avons également demandé à Béatrice CORMIER, Madame la Rectrice - je ne sais pas qui la représente ce matin - de nous rejoindre. Ensuite le

Président de l’UFOLEP, Xavier OCTAVIE, qui est représenté par Monsieur LOIRA à qui je demande de nous rejoindre également.

Il y aura donc trois interventions puisque le principe est toujours le même: on va poser le décor, lancer quelques pistes de réflexion, ensuite la parole sera restituée à la salle. À l’issue du forum, j’aurai la lourde tâche de faire une synthèse. Voilà le programme pour le premier atelier.

Le deuxième atelier qui s’inscrit dans le droit fil de la valeur éducative et du sport et éducation concerne une pratique spécifique qu’est le sport scolaire et universitaire. Nous aurons une intervention de Max BURDY qui est le Président de l’USEP, que je salue, Nicole SYLVESTRE qui est Directrice de l’UNSS qui est là aussi et que je salue et Simone FEDEE qui est la Directrice du SUAPS qui représente le sport à l’Université que je salue également.

À toutes et à tous, je vous souhaite une bonne matinée de réflexion. Je déclare ouverte la seconde journée des Assises du sport martiniquais. Mèsi an pil, mèsi an chay.

2016 -2021

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Samedi

Samedi 25juin 2016 Sport et éducation

SPORT ET ÉDUCATION

Il m’a été demandé de travailler sur les principes généraux, l’état des lieux et les perspectives au niveau du sport scolaire en sachant que vous aurez une ouverture sur les chantiers qu’il nous reste à mener au niveau du sport scolaire. On en parlait avec Monsieur le Représentant de Madame la Rectrice, au niveau du primaire - je vois mon collègue du primaire, Monsieur RODRIGUE qui fait partie de l’USEP - beaucoup de nos collègues enseignants ne pratiquent peut-être pas suffisamment de sport avec leurs élèves, ce qui, malheureusement, ne permet pas au sport scolaire de s’exprimer dans toute sa dimension. À charge pour nous, politiques, professionnels, parents également, de faire en sorte que ces activités puissent se développer et c’est un peu de notre responsabilité collective de faire en sorte que le sport scolaire puisse se développer.

Monsieur le Modérateur. Merci Monsieur BOUTRIN, Conseiller exécutif, effectivement, de beaucoup de domaines dont le sport. Je remercie également les collègues élus à la CTM que sont Monsieur NARCISSOT et Charly JOSEPH-ANGELIQUE, de leur présence. Je crois que ce sont les deux élus que nous avons aujourd'hui, d’autres vont certainement nous rejoindre.

Merci

Très heureuse de participer à cette deuxième journée des Assises du sport martiniquais parce qu’effectivement, comme l’a dit Louis BOUTRIN, même si cela ne se voit pas toujours, j’aime beaucoup le sport et j’ai été très sportive. Il faut le dire quand même. J’ai surtout plaisir à rencontrer de nombreux partenaires que je connais puisque nous sommes habitués à travailler ensemble et à se rencontrer tant sur le plan du sport pour les personnes porteuses de handicap, que pour les personnes du sport scolaire. Très heureuse de voir ou de revoir des personnes que je n’avais pas vues depuis un petit moment. C’est vraiment une très bonne initiative, Monsieur le Conseiller exécutif, que ces Assises du sport.

Monsieur BOUTRIN, en bon sportif qu’il est, m’a donné un timing de dix minutes. Je mets mon chrono en route pour ces dix minutes.

Comme vous le voyez, le sport est un vecteur d’éducation car il permet de véhiculer des valeurs citoyennes que sont la solidarité, le dépassement de soi, la tolérance, l’estime de soi - très importante surtout ici en Martinique -, l’esprit d’équipe, le respect de la règle établie, le respect des horaires, quand on part en retard d’une course, on n’arrive pas forcément à temps. Il permet de favoriser le lien social en rapprochant dans une même discipline, une même équipe, des individus éloignés voire des générations différentes; de participer à la prévention des déviances. «Déviances» je pense que c’est le mot que je n’ai pas corrigé mais que j’aurais peut-être dû corriger. J’aurais plutôt dit «la prévention des conduites addictives et des maladies chroniques »: les conduites à risque, la lutte contre l’obésité, la prévention des maladies cardio-vasculaires et de révéler les personnalités car il peut être un moyen alternatif d’expression et de découverte de soi-même.

Le sport scolaire est une discipline à part entière qui doit bénéficier de moyens équivalents à ceux dédiés aux autres disciplines. C’est vrai qu’il est souvent considéré comme secondaire dans le cursus scolaire, je vous en parlais, en tout cas au niveau du primaire puisqu’on voit quand même que les enseignants qui sont polyvalents, beaucoup d’entre eux ont en tête de terminer les programmes de français et de mathématiques, mais on ne pense pas forcément au programme de sport, sauf une volonté manifeste de le faire et ce n’est pas toujours facile.

Thème 3
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La réglementation

Certains d’entre vous doivent la connaître. Elle provient des lois de décentralisation notamment en matière d’éducation à partir de 1983 qui ont transféré aux collectivités départementales et régionales les compétences de gestion assurées auparavant par l’État. Ces compétences sont reprises à l’identique par la Collectivité Territoriale de Martinique.

Le Code de l’Éducation: les articles L. 213-2 et L. 214-6 qui concernent «la construction, la reconstruction, l’extension et l’entretien des installations scolaires» qui relèvent de la Collectivité Territoriale de Martinique, en tout cas ici, pour la Martinique.

L’article L. 214: «Les équipements sportifs doivent être prévus lors de la création des établissements publics locaux et à défaut convention avec les propriétaires d’équipements pour la pratique de l’EPS». C’est là où nous avons un réel problème en Martinique puisque nous avons 43 collèges qui ont 40 ans de moyenne d’âge avec souvent, des équipements qui ne sont pas au sein même du collège, ce qui pose parfois des problèmes. Nous avons bien sûr des conventionsnous le verrons tout à l’heure - mais malgré tout, pour tous les nouveaux collèges qui vont sortir - et j’espère que nous en sortirons beaucoup, Monsieur le Conseiller exécutif - il faudra, comme à l’instar du Diamant ou des Trois Ilets, que les équipements soient réellement à proximité et de qualité pour permettre un meilleur développement du sport scolaire.

La loi du 22juillet 1983, article14, c’est une dépense obligatoire pour la collectivité «la prise en charge de l’accès aux équipements sportifs». Tout ce qui est transport scolaire et tout ce qui concerne également la prise en charge lorsqu’il y a un prix à payer pour accéder à ces équipements sportifs.

La circulaire ministérielle: «L’EPS est un enseignement obligatoire évalué au DNB (en troisième) et au BAC».

L’état des lieux

Comme je vous l’ai dit, c’est une compétence obligatoire avec la réalisation des équipements sportifs dans les EPLE (plateaux sportifs, gymnases, piscines) quand le foncier le permet et des installations extra-muros utilisées en priorité par les scolaires (Stade Louis Achille, la piscine Bally au Carbet, le stade Louis RICHER).

Il y a également la prise en charge des frais de transport vers les sites sportifs. Pour mémoire, pour vous donner une petite idée, au niveau des collèges pour l’année 2014-2015 c’est 455793€ qui ont été versés pour la prise en charge de ces collégiens vers tous les sites sportifs. Pour les lycéens, c’est 498790€ au titre de l’année 2014-2015.

Il y a également les prises en charge des frais d’accès et d’utilisation des équipements sportifs extra-muros. Mais en règle générale, la mise à disposition est gratuite sauf dans de rares cas qui s’effectuent à titre onéreux (souvent ce sont les piscines). Nous avons donc une redevance forfaitaire annuelle qui correspond aux frais d’eau et d’électricité qui sont liés à certaines installations tels que les gymnases, les dojos et la piscine. Pour les collèges, par exemple, l’entrée pour la piscine s’est élevée à 76562€ et pour les autres équipements à 11500€.

Pour les lycées, ces dépenses sont intégrées dans la dotation globale de fonctionnement. Elles varient un peu en fonction des lycées.

Il y a également l’acquisition de matériel sportif et des équipements (structures modulaires à usage de vestiaires ou sanitaire, le matériel nautique, aquatique) par l’attribution de dotations versées directement aux EPLE ou dotations versées aux organismes qui accueillentles élèves pour la pratique de l’EPS (Trinité à l’Anse Spoutourne, Schœlcher à l’Anse Madame, Saint-Pierre à la Galère, Sainte-Luce à Corps de Garde).

Nous arrivons maintenant aux initiatives locales.

Les collèges

Parallèlement à ces interventions obligatoires et afin de diversifier le panel de disciplines offertes aux EPLE, la Collectivité a favorisé le développement de disciplines liées à son contexte. Contexte géographique d’abord: tous les sports nautiques, patrimoniaux. La voile traditionnelle, par exemple. Vous avez là, pour la voile moderne, 16 collèges qui se sont intégrés dans ce plan sportif et pour la voile traditionnelle, il y a 12 collèges. Contexte socio-économique: l’escrime. Il y a une volonté de populariser cette activité. Nous avons 7 collèges dont cette activité est prise en charge par la Collectivité. Nous avons la natation. Je pense que vous savez que la natation est obligatoire pour les sixièmes. Nous avons donc 43 collèges qui pratiquent

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la natation. Pour passer dans de nombreux collèges, on se rend compte, malgré tout, parfois qu’il y a quelques freins à cette pratique de la natation. C’est à mon avis une perspective importante qu’il nous faudra lever pour que tous nos collégiens puissent effectivement sortir de notre système en sachant nager - c’est important - ou en tout cas, en ayant pratiqué régulièrement une activité nautique. 27 collèges participent donc aux activités de kayak.

La voile moderne, je vous le disais, c’est un montant de 49410€. Pour la voile traditionnelle c’est 50400€. L’escrime c’est 6000€. Ces actions ont permis la redynamisation des structures sportives, clubs et associations nautiques, le recrutement d’animateurs sportifs et d’animatrices sportives, le renouvellement du matériel sportif, le développement de l’intérêt des élèvessouvent il y a des demandes de cycles supplémentaires par les collèges qui se poursuivent après le collègeet une meilleure prise en charge des élèves en situation difficile (progrès remarquables des élèves en matière de discipline et de confiance de soi).

Les lycées

Pour les lycées, l’objectif est un peu différent de ceux des collèges, mais c’est surtout de conforter leurs savoirs acquis durant leur cursus scolaire sanctionnés par l’obtention du BAC, en s’appuyant sur des spécificités locales telles que le kayak et la voile traditionnelle; les projets d’établissement propre (plongée, escalade, natation) et d’autres disciplines obligatoires que sont le sport collectif, le sport de raquette, l’APSA, la musculation, l’athlétisme, le fitness, etc.

Nous avons également l’aide aux voyages pour les championnats sportifs et nous avons de nombreux champions de France scolaires. Il s’agit d’aider ces élèves, champions localement, à poursuivre leur parcours de compétition à l’extérieur par la prise en charge des frais de transport aérien.

L’opération «sport vacances» qui va bientôt démarrer. Il s’agit d’une action éducative organisée autour du sport pour les élèves jusqu’à 13 ans maximum (des ayant-droits, des bénéficiaires du RSA). 600 élèves sont concernés.

On va passer aux perspectives. De manière très pragmatique mais je pense que nous pourrons aller plus loin:

• Développer l’accueil et la pratique des élèves à besoins éducatifs particuliers

Il s’agit plus particulièrement des élèves en situation de handicap qui doivent pouvoir bénéficier de la conduite à la maîtrise d’un certain nombre de compétences prévues par le programme. Il faudrait mettre à leur disposition des moyens financiers nécessaires à l’utilisation de matériel spécifique et un encadrement complémentaire aux besoins.

• Améliorer l’entretien des équipements pour répondre aux besoins de la communauté éducative Étant donné l’état des lieux, c’est un très gros chantier ici en Martinique que nous avons à développer.

• Élargir le panel des plans sportifs tant par l’introduction d’activités supplémentaires que par l’augmentation du nombre de sites offerts aux élèves par les plans en cours.

• Renforcer le partenariat avec les communes pour l’utilisation des équipements sportifs municipaux

• Ouvrir vers l’extérieur les équipements sportifs des EPLE hors temps scolaire dans le but d’encourager toutes les initiatives en direction de la population notamment des jeunes, de faire de l’établissement scolaire un des éléments du développement de la vie locale et de permettre également une optimisation de l’utilisation de ces équipements.

Voici Monsieur le Conseiller exécutif, ma présentation en sachant que ces perspectives ont été préparées assez rapidement mais je pense que nous pouvons aller plus avant et réellement développer la politique que nous avons défendue pendant la campagne de part et d’autre de nos programmes, à savoir que le sport est vraiment un vecteur très fort de cohésion sociale et de construction de la personne.

Il nous faut, à notre avis, mettre la main à la pâte réellement pour améliorer ces conditions qui sont parfois assez difficiles à vivre au niveau des collèges et des lycées, je m’en rends compte. On a souvent, malheureusement, beaucoup de découragement avec beaucoup d’initiatives. Il y a des enseignants qui ont envie de faire, mais qui ne trouvent pas forcément

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de la qualité, soit au niveau des équipements qui leur sont fournis, soit au niveau des aides qui peuvent leur être accordées. Je pense donc que nous pouvons aller plus avant et je suis sûre que tu m’aideras à faire en sorte que dans le prochain budget ces belles idées soient mises en œuvre.

Louis BOUTRIN

Tu pourras compter sur mon soutien. Je vous demande d’applaudir Madame SAITHSOOTHANE pour son intervention.

Sylvia SAITHSOOTHANE

Monsieur le modérateur, juste dire que j’ai oublié une chose importante: c’est l’égalité femmes-hommes et je revendique «conseillère exécutive». Merci.

L’objectif de la présentation c’est celui-là: Qu’est ce que l’on fait à l’école en EPS? Quel est le projet de formation d’un élève à l’école? Articuler les pratiques académiques de l’EPS avec son territoire. Vous avez une petite image rigolote: Pourquoi ralentir? Alors que dans un passé proche, beaucoup d’entre nous, nous allions à pied à l’école, on faisait 3, 4 ou 5 kilomètres à pied pour aller à l’école. Ce n’est plus le cas. C’est vivre avec son temps que d’imaginer une autre EPS, une autre pratique de locomotion.

Mon intervention est sur deux champs importants, c’est deux corollaires de l’EPS à l’école: l’enseignement obligatoire et les satellites de l’EPS qui relèvent de l’enseignement facultatif. Je parle sous le contrôle des quelques professeurs d’EPS présents dans la salle. Vous savez lire, vous voyez ce que l’on va passer en revue.

Benoît THIERY Représentant de la Rectrice de l’Académie de Martinique, IPR-EPS

Bonjour. Je représente Madame la Rectrice ce matin. Merci une nouvelle fois pour l’accueil puisque nous sommes très heureux de participer à ces Assises du sport car définitivement, nous pensons qu’un projet éducatif doit être ancré dans son territoire.

Lorsque nous avons préparé ce thème «Éducation et Sport», nous avons beaucoup échangé mardi: est-ce que c’est le sport éducatif? Est-ce que c’est le sport qui porte des valeurs éducatives? Est-ce que c’est le sport comme il se pratique à l’Éducation nationale? Finalement, la commande sur laquelle nous nous sommes arrêtés c’est: qu’est ce que vous faites à l’école en matière de pratique sportive? Et ce terme générique d’«EPS» qui veut bien dire Éducation Physique et Sportive.

Pour répondre à la commande, je vais essayer de vous faire un petit état des lieux de ce que nous faisons dans l’Éducation nationale et particulièrement dans l’Académie avec des éléments de perspective.

Mais quelques questions quand même pour les pratiques à l’école puisque l’éducation physique c’est présent à l’école depuis plus d’un siècle, mais l’éducation physique et sportive, c’est présent depuis la circulaire de septembre1962. Après zéro médaille aux Jeux Olympiques de Rome, si mes souvenirs de la fac sont bons, où le Général avait dit: «Il nous faut des médailles aux Jeux Olympiques. Finie l’éducation physique dorénavant ce sera de l’éducation physique et sportive». Une visée sociétale complètement utilitariste mais qui était notre histoire.

Quels citoyens voulons-nous former? Vous allez voir que c’est le leitmotiv de la présence de l’EPS à l’école et comment l’EPS et ses acteurs - parce que les acteurs ce sont les professeurs d’EPS qui ont en charge des élèves, mais ce sont surtout des élèves qui vivent des séances de motricité, des séances sportives, des séances d’éducation physique. Comment l’EPS et ses acteurs contribuent à la réussite scolaire? Comment l’EPS et ses acteurs contribuent au vivre ensemble? Comment l’EPS et ses acteurs contribuent à la vie associative et au goût de la vie associative, à l’éducation à la santé? Et dans une perspective des nouveaux programmes actuels qui sortent en collège, comment l’EPS et ses acteurs contribuent à donner du sens aux apprentissages? Puis quelque chose qui nous taraude et qui taraude aussi le Comité restreint du sport de haut niveau, comment le sport peut-il lutter contre le décrochage scolaire?

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Il y a quelques années, nous étions à 140000 enfants qui sortaient sans diplôme de l’éducation et depuis un an, on est maintenant à 150000 enfants. Je pense que le sport pourrait permettre le raccrochage scolaire, la résilience scolaire, la lutte contre le décrochage scolaire, mais cela n’a pas encore été trop évoqué dans les plans ministériels, peut-être pouvons-nous être innovants dans l’Académie.

Les rappels réglementaires

Au primaire, dès la petite section de maternelle jusqu’au CM2, c’est 3heures d’EPS par semaine. En sixième, c’est 4heures par semaine dans un plan de promotion du savoir nager depuis septembre1996. En cinquième, quatrième, troisième, c’est 3heures d’EPS par semaine. En seconde, première et terminale, c’est 2heures avec une petite spécificité au BAC PRO de première et terminale parce qu’ils ont 3heures par semaine avec les périodes de stage. Je l’avais dit la semaine dernière, cela fait qu’un élève, s’il bénéficie de ces heures d’EPS-là, il va vivre 1508heures à peu près d’EPS dans sa scolarité. C’est conséquent pour le périmètre d’emploi, c’est conséquent pour le périmètre de fonction publique, c’est conséquent pour impacter physiologiquement l’enfant, c’est conséquent pour impacter éducativement l’enfant mais quelle réelle plus-value éducative avec ces 1500heures? Je crois que ces 1500heures, il faut les optimiser au maximum.

Rappeler la finalité de l’EPS à l’école qui a été réactualisée dans le nouveau programme de novembre2015: «L’EPS a pour finalité de former un citoyen, cultivé, lucide, autonome, physiquement et socialement éduqué».

La finalité de novembre2015 a été rajoutée puisque les programmes sont sortis quelques jours après les attentats du Bataclan: «dans le souci du vivre ensemble». Là c’est symbolique. Mais l’EPS et donc les professeurs d’EPS ont pour finalité de former un citoyen, cultivé, lucide et autonome et en même temps, l’identité d’un citoyen sportif cela doit marquer les consciences.

Les pratiques sociales de référence. Vous allez voir que ce n’est pas une taxonomie c’est une classification propre à l’Éducation Nationale: 5 compétences propres, 4 compétences méthodologiques et sociales, 8 familles d’activités.

Les enjeux de formation (3 objectifs)

Le premier, c’est le développement et la mobilisation des ressources individuelles favorisant l’enrichissement de la motricité physiologique, biomécanique, physique, vitesse, force, endurance… Je m’emballe dans mon discours.

Vitesse, adresse, force, résistance, coordination, latéralité, souplesse, des caractéristiques biomécaniques et physiologiques qui sont un peu en recul suite à des ressentis des professeurs d’EPS, des acteurs du monde sportif. Nos professeurs commencent à mettre en place une batterie de tests pour analyser tout cela, avec une petite convention parce qu’il faut travailler avec la CNIL. On commence à avoir des données fiables notamment sur le niveau sixième de ce qu’est un élève physiquement analysé lorsqu’il rentre au collège.

La deuxième finalité c’est l’éducation à la santé et à la gestion de la vie physique et sociale. Un objectif de plus d’un siècle attribué à l’éducation physique et qui reprend, j’en reparlerai encore tout à l’heure, la lutte contre l’obésité, la lutte des maladies chroniques déjà évoquées par ma voisine, cela reprend une vitalité contemporaine.

Le troisième objectif, l’accès au patrimoine de la culture physique et sportive parce que nos pratiques sociales de référence c’est, la plupart du temps, des pratiques physiques réelles implantées dans la vie fédérale et associative.

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Sans oublier ce qui nous reliait avec toutes les disciplines d’enseignement, c’est le bien-être, la sécurité, les méthodes pour apprendre - cela, c’est le fondement du socle commun qui s’impose à tous les enfants de 3 à 14 ans. Le plaisir de la pratique: c’est pas mal aussi de prendre du plaisir quand on apprend, quand on met son corps en jeu. Et quelque chose qui bouscule un peu nos enfants du 21e siècle et des sociétés occidentales, c’est l’estime de soi et l’image de soi positive. Et le mieux vivre ensemble, bien sûr, cette petite photo, qui est plus en lien avec ce dernier enjeu de formation sur le mieux vivre ensemble parce que cette opportunité-là du mieux vivre ensemble, fillesgarçons, et quelle que soit son origine sociale et culturelle, c’est cela la pratique du sport à l’école.

Les compétences propres dont je vous ai parlé tout à l’heure, c’est notre programme complètement disciplinaire. Un enfant doit vivre au collège, les quatre premières obligatoirement et au lycée, il doit vivre jusqu’à la cinquième. La cinquième ne s’applique donc qu’au lycée. Les quatre premières s’appliquent au collège et sous une forme différente mais c’est quasiment les mêmes en primaire.

1.Réaliser une performance motrice maximale mesurable à une échéance donnée;

2.Se déplacer en s’adaptant à des environnements variés et incertains;

3. Réaliser une prestation corporelle à visée artistique ou acrobatique;

4.Conduire et maîtriser un affrontement individuel ou collectif;

5.Orienter et développer les effets de l’activité physique en vue de l’entretien de soi.

Cette dernière fait particulièrement appel à toutes les activités qui relèvent de l’entretien de soi: la course de durée, la natation de durée, la musculation, le step, le fitness qui sont non seulement en vogue mais qui répondent à un vrai besoin éducatif, un besoin de socialisation et même un besoin d’affiliation pour nos jeunes adultes car cela ne s’applique qu’au lycée.

Si Monsieur NILOR était là, il saurait que cette petite image je l’avais mise en dédicace pour lui parce qu’il sait que je suis un passionné de notre champion du monde. Mais il n’est pas là aujourd'hui.

Ces 4 compétences propres sont en articulation obligatoire. C’est mon boulot d’aller voir s’il y a bien cette articulation entre les compétences propres et les compétences méthodologiques et sociales. C’est ce qui garantit que l’on va motiver les élèves pour assumer leur vie physique à tous les âges de la vie.

Il y a 4 compétences méthodologiques et sociales:

• Agir dans le respect de soi, des autres et de l’environnement;

• Se mettre en projet;

• Organiser et assumer des rôles sociaux et des responsabilités;

• Se connaître, se préparer, se préserver.

C’est une articulation perpétuelle entre les deux. Comme Monsieur BOUTRIN avait demandé des photos, des images qui soient attrayantes. Là c’est une dédicace à Monsieur ROBINEL qui est derrière moi car on a longuement évoqué le grimper de corde lorsque nous avons été visiter le plateau sportif de Louis ACHILLE et d’ailleurs il n’y en a plus du grimper à la corde car je pense que beaucoup ont fait du grimper à la corde dans la salle. C’est fini. Il reste encore deux lieux où on pourrait encore grimper à la corde c’est le plateau sportif de Louis ACHILLE et dans le gymnase du François, il y a encore des cordes qui pendent mais je défie quiconque d’y grimper parce qu’elles s’effriteraient. Donc spéciale dédicace à tous ceux qui ont vécu le grimper à la corde. Il y avait une épreuve au BAC. C’est vieux.

8 familles d’activités: des activités athlétiques, des activités de natation sportive, des activités physiques de pleine nature, des activités gymniques, des activités physiques artistiques, des activités de coopération et d’opposition collectives, des activités d’opposition duelle: sport de raquette, des activités physiques de combat et d’autres encore, car un professeur d’EPS, notamment avec les nouveaux programmes qui reviennent, a le droit d’inventer des pratiques sociales. Une photo un peu humoristique pour illustrer pour dire qu’il peut inventer plein de choses mais ce que vous voyez, on ne l’enseigne pas. Cela n’existe pas.

Cette petite fille, comment va-t-elle choisir ces activités? Il y en a 56 dans la liste nationale, plus les activités académiques, plus les activités que peuvent inventer les profs: comment choisir les activités physiques et sportives? Cette petite fille-là si elle est en EPS complète,

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progressive et équilibrée, elle peut faire de la boxe française ou de la danse contemporaine. C’est le boulot des professeurs d’EPS: construire un projet de formation physique et sportive, moteur de l’élève sur une année scolaire ou mieux sur le curriculum. Ce que l’on appelle le curriculum c’est ce qui va de sa première séance de motricité en première année de maternelle jusqu’à ce qu’il présente le Baccalauréat.

Qu’est ce que c’est que ce curriculum? Comment il va le construire? Comment cela répond à un projet de formation des élèves? Le prof d’EPS s’appuie sur ces données-là: les conditions matérielles et humaines. On a une propre formation, une propre personnalité, une propre idiosyncrasie et il y a des appétences pour les activités. Il y a des conditions matérielles: les équipements sportifs. On en parle déjà depuis 15 jours. Mais il y a aussi la progressivité des apprentissages car ce que l’on appelle l’échec scolaire en EPS, c’est l’éternel débutant. On est tenté, si on veut, chaque année, de refaire la même activité et de se dire: «Ils n’ont rien fait avant, on recommence pareil». La passe à 10, on l’a tous fait, tous vécu. En terminale, quand on fait du handball, du basket ou du football, la passe à 10, je crois que cela n’a plus sa place si on est dans une véritable progressivité des apprentissages. On ne peut pas tout recommencer toujours à zéro.

L’articulation connaissance/capacité/attitude, c’est fondamental. Je vous en parle dans la diapo suivante. Les rythmes scolaires qui doivent nous impacter et ici, on a des conditions climatiques que l’on doit prendre absolument en compte ainsi que le fait que le soleil se lève tôt et se couche tôt. Mais surtout en s’adaptant aux caractéristiques des élèves. L’expertise du professeur d’EPS, cela va être de mettre un projet de formation en face des caractéristiques des élèves. Rien ne garantit qu’une classe de sixième du collège de Basse-Pointe ait les mêmes caractéristiques qu’une classe de sixième du collège de Sainte-Anne. Mais même deux classes de sixième du collège de Sainte-Anne auront forcément des dynamiques sociales, sociétales et motrices différentes. C’est le boulot du professeur d’EPS que de construire des contenus d’enseignement qui soient vraiment adaptés aux besoins moteur, aux besoins d’épanouissement des enfants et cela doit surtout révéler la compétence car la compétence va être évaluée dans tous les examens.

C’est quoi être compétent en EPS? Être compétent en course de vitesse, c’est courir vite, mais cela relève du patrimoine génétique ou de ses capacités intrinsèques, mais cela va être de courir plus vite qu’au début du cycle. Heureusement que l’on est capable de faire courir les enfants plus vite qu’au début du cycle sinon cela ne sert à rien. Mais ce n’est pas seulement cela, même si cette caractéristique-là est essentielle et fondamentale. C’est aussi être capable de respecter le travail des autres, comprendre les temps de récupération, l’alternance avec des temps de travail, comprendre les rôles sociaux du coach, du starter, du juge d’arrivée, du chronométreur et aussi de comprendre la mise en place de plans d’entraînement. C’est cela être compétent en course de vitesse.

Qu’est ce que c’est être compétent en danse?

C’est danser de façon expressive mais aussi fondamentalement c’est danser de façon plus expressive qu’au début du cycle mais c’est aussi être capable d’être un bon spectateur. Cela veut dire d’apprécier ce qui est beau, d’apprécier la production des autres en public, de respecter la production des autres en public, de mettre en place un projet collectif avec les autres pour construire un projet d’expression corporelle. C’est cela être compétent, maintenant, en EPS à l’école.Vous avez compris que la performance est toujours présente mais pas que.

Comment cela s’évalue?

Toujours une petite diapo humoristique pour dire que notre cœur de cible c’est quand même la motricité de l’enfant. Cette élève qui irait voir son professeur d’EPS pour lui demander de lui apprendre à nager et qui lui tend un CD-ROM. Dans un monde qui change tout le temps, j’ai montré cette diapo à mes enfants ce matin, ils m’ont dit: «C’est quoi un CD-ROM?».

Cela n’existe déjà plus un CD-ROM. Tutoriel en ligne, ils auraient mieux compris. En tous les cas, tutoriel en ligne, CD-ROM, bouquins de référence. Nous, ce que l’on veut c’est interpeller la motricité des enfants. Aux examens on évalue encore - Dieu soit loué, j’allais dire - 80% des compétences motrices (performance et facteurs d’exécution motrice) parce que les facteurs d’exécution motrice dans la salle, on sait tous que cela influe sur la performance. Mais aussi 20% des compétences méthodologiques et sociales que l’on a décrites tout à l’heure - et jamais plus. Dans le temps de pratique d’un enfant en cours d’EPS, comme

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à l’évaluation, il y a 80% de motricité et 20% des compétences méthodologiques et sociales.

Vous avez dit tout à l’heure que l’EPS est au DNB et au BAC et depuis quelques années coefficient 2 au BAC. C’est vraiment un aspect militant de la discipline. On n’est plus seulement coefficient 1 mais coefficient 2 au BAC.

Notre slogan - j’en avais parlé la semaine dernière. On veut 0% de dispenses annuelles mais on sait qu’il y a des enfants qui sont différents les uns des autres, avec leurs propres singularités et on veut pour eux des inaptitudes temporelles ou fonctionnelles parce que derrière les inaptitudes, l’enfant est toujours apte à quelque chose. Son inaptitude cela peut être l’obésité, le syndrome rotulien d’Osgood-Schlatter, l’asthme, le handicap mais aussi l’autisme, toutes les maladies chroniques. À ces enfants-là, on doit proposer des dispositifs adaptés à leur pathologie parce que derrière ces inaptitudes, ils sont aptes à de la motricité. C’est un slogan mais sachez que dans l’Académie, il y a un groupe EPS adaptée handicap qui travaille en étroit lien avec la ligue handisport pour faire en sorte que tous les enfants ne restent pas en permanence pendant que leurs copains vont en séance d’EPS parce que nous en avons encore dans l’Académie. Là ce sont les enseignements obligatoires.

Après il y a le corollaire, les enseignements satellites de l’EPS qui relèvent donc du facultatif: le sport scolaire, nous allons largement en parler tout à l’heure mais un mot quand même. Moi, je suis un gosse du sport scolaire, je suis un gosse de l’UNSS, ma première licence c’était à l’UNSS et j’ai une appétence particulièrepour cette affaire-là parce que c’est l’interface définitiveentre le sport fédéral et l’éducation physique obligatoire.C’est l’interface. C’est obligatoire dans le temps d’enseignement des profs (3heures par semaine, 18% d’un temps d’un agrégé et 15% d’un temps d’un certifié) et c’est une pratique volontaire. C’est vivre des activités mais nous garantissons les activités compétitives de haut niveau, de détente, de loisirs, de santé, mais aussi filles-garçons et on doit aussi donner la génération responsable mais cela Nicole SYLVESTRE je sais qu’elle en parlera longuement tout à l’heure. Le prof d’EPS doit aussi transmettre le goût de la vie associative.

Les sections sportives. Il y en a 44 dans l’Académie. La section sportive c’est les anciennes sections sport-

études mais avec une petite visée différente c’est-àdire que c’est complémentaire. C’est obligatoirement du sport culturel et compétitif mais ce n’est pas forcément du haut niveau. Cela peut être l’antichambre du haut niveau mais pas forcément. Cela peut être juste un complément à la pratique de l’EPS, c’est-à-dire que l’enfant qui voudrait avoir une pratique compétitive et vraiment culturelle peut aller dans une section sportive sans forcément être dans le haut niveau. En tous les cas, l’ensemble des chefs d’établissement loue ce dispositif-là car ils reconnaissent que cela a un impact réel dans le climat scolaire d’un établissement. En général, les enfants qui rentrent là-dedans sont un peu difficiles, agités. Après deux ou trois mois de section sportive, en général ce sont des piliers de la vie associative et de la vie sportive de l’établissement.

Sections sportives dans l’Académie, c’est articulé très fortement avec le système des pôles. Il y a 15 pôles dans l’Académie. Je parle sous le contrôle de Monsieur le Directeur de la Jeunesse et des Sports. Sur 9 lycées et collèges, il y a des pôles labellisés et non labellisés mais en tout cas, un accès au sport de haut niveau et dans notre projet académique, Madame la Rectrice, le soutient avec force.

J’attire votre attention sur l’enseignement facultatif parce que c’est aussi une pratique complémentaire de l’EPS et qui permet de réussir aux examens. L’enseignement facultatif c’est l’option. L’enseignement facultatif en CCF: voici la liste des options. C’est obligatoirement des couples d’activités parce que c’est propédeutique à l’accès à la filière STAPS. Le Ministère a imaginé que ce soit un couple d’activités de compétences propres différentes. Il y en a 3 à Bellevue, 2 à Gaillard, 1 au lycée Acajou 1, 1 au lycée Acajou 2, 1 au François, 1 au Nord Atlantique, 1 à Zobel, 1 à Fanon, 1 au Séminaire Collège, 1 au lycée Centre Sud. Sur ces options, on a un assez bon maillage académique même s’il y a encore quelques lycées qui n’ont pas d’option mais tous les enfants quasiment de l’académie ont la possibilité dans leur LEGT ou leur LPO d’accéder à cette option facultative parce que l’option facultative en contrôle en cours de formation n’est accessible qu’aux bacheliers généraux et technologiques.

À côté de cela, il y a l’enseignement facultatif en contrôle ponctuel. Vous savez, là où on va une fois par an pour passer l’épreuve. Il n’y a plus que 3 épreuves imposées par le Ministère: judo, tennis et natation de

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distance. On avait la possibilité dans l’Académie de mettre une liste spécifique et on a choisi, depuis déjà 4 ans: danse traditionnelle et football qui sont les activités les plus pratiquées. Je dois dire que cette option-là et vous qui êtes militants et qui avez accès à nos jeunes sportifs, portez ce message que cette option facultative au Baccalauréat est accessible aux élèves de l’enseignement professionnel. Cela veut dire qu’ils peuvent, en BAC professionnel, aller chercher des points au Baccalauréat. Dans l’égale dignité des voies de formation (professionnelle, générale et technologique) c’est un vrai succès. Portez cela car il y a vraiment une égale dignité des voies de formation, je me répète, mais c’était important pour la discipline et pour le secteur professionnel.

Enfin dernier message. Une épreuve proposée aux sportifs de haut niveau sur liste ministérielle. Podium au championnat de France et UNSS validé «jeunes officiels nationaux». Ils ont accès à une option réservée aux sportifs de haut niveau. Ils partent avec 16 points à partir du moment où ils s’assoient devant le jury. C’est un oral de 7 minutes, je crois me rappeler, qui leur permettra d’atteindre entre 17 et 20. Il y a une vraie opportunité de réussir grâce à cette épreuve réservée aux sportifs de haut niveau.

L’EPS est une discipline entièrement à part mais à part entière. Entièrement à part parce que nous sommes les seuls à interpeller le corps humain. Entièrement à part parce qu’ils sont souvent les seuls, avec leur propre salle de sport à l’extérieur de l’établissement voire au bout du bout de l’établissement. Mais à part entière car on est comme les autres, en capacité d’éduquer les enfants. Et une discipline d’enseignement à part entière car elle est à égale dignité des autres disciplines d’enseignement et elle contribue au nouveau socle commun avec les 5 compétences travaillées. Ces 5 compétences travaillées vont prendre le pas sur tout ce que l’on a vu jusqu’à maintenant:

1.Développer sa motricité et apprendre à s’exprimer en utilisant son corps;

2. S’approprier par la pratique physique et sportive, des méthodes et des outils;

3.Partager des règles, assumer des rôles et des responsabilités;

4.Apprendre à entretenir sa santé par une activité physique régulière;

5.S’approprier une culture physique et sportive.

Si vous analysez bien ces 5 compétences travaillées, elles peuvent être travaillées en éducation physique et sportive mais elles peuvent être travaillées dans le sport scolaire, en club, dans une structure privée et même à tous les âges d’une vie physique pour quelqu’un qui veut s’entretenir. C’est applicable à la rentrée. Nous, dans l’Académie, notamment pour faire face à un enjeu de santé publique (lutte contre l’obésité) et un enjeu du vivre ensemble, on a mis en place une expérimentation académique qui s’appelle PSBE (Parcours Sportif et Bien-être). J’en ai déjà parlé la semaine dernière. Le diagnostic: nous en avons parlé. Les enjeux de formation: c’est la santé publique et le vivre ensemble qui s’appuient sur 4 corollaires qui s’imposent aux professeurs de l’Académie: savoir courir, savoir nager, l’amélioration qualitative et quantitative du temps moteur, la prévention et la santé. Le savoir courir en s’appuyant bien entendu, sur les activités athlétiques mais pas seulement, parce que l’on peut savoir courir vite, longtemps, en groupe, en relais, en opposition, avec un ballon, courir pour impulser, courir pour lancer, courir pour stopper. C’est la transversalité de l’idée de la foulée, parce qu’à un moment donné, si on veut faire fondre des gamins, il faut courir.

Le savoir nager parce que nous sommes, je vous le rappelle, sur une île et que l’on nous demande maintenant 0% de non-nageurs à la fin de la sixième. Actuellement, nos chiffres nous font dire que nous sommes à 14% de non-nageurs à la fin de la troisième. C’est pas mal. Ils rentrent à 36% à l’entrée en sixième de non-nageurs. Ce n’est pas mal mais on a ces chiffres-là, incrustés depuis 15 ans. Cette marge d’enfants de 14% à la fin et 36% à l’entrée, on n’arrive pas à aller les chercher avant. Branle-bas de combat. L’amélioration du temps moteur, c’est pour les professeurs. La prévention et la santé parce qu’il faut que l’on travaille avec les services de santé scolaire, les services de santé publique et ma collègue qui est IRP de SVT, parce que là, on est dans une école, on ne peut plus travailler tout seul dans son coin. On n’est plus entièrement à part, on travaille avec les autres. J’ai été long. Merci de votre écoute attentive.

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éducation
Samedi
Sport et

Jérôme LOIRAT Délégué départemental de l’UFOLEP

Bonjour tout le monde. Merci à la CTM de nous avoir conviés pour présenter un peu notre place dans le champ éducatif sportif. L’objet de la présentation sera de montrer comment à partir d’une fédération sportive, on peut mettre en œuvre l’éducation par le sport vers les différents publics que ce soit les enfants ou les bénévoles associatifs.

L’UFOLEP, pour présenter rapidement, c’est la Fédération omnisports de Martinique. Quand je dis «la fédération», il y en a qui froncent un peu les sourcils. Nous ne sommes pas les seuls sur la Martinique, juste les seuls dans le sens des activités sportives traditionnelles. On peut dire tous types d’associations que ce soit en entreprise, en école. Pour cela, on a cette petite exclusivité avec beaucoup d’activités. On en a une dizaine qui sont pratiquées actuellement en Martinique: football, cyclisme, course à pied, twirling bâton, moto, karting, sport de combat (karaté, viet vo dao). Des associations qui viennent donc s’affilier à notre réseau et voir comment on peut les accompagner dans leurs projets.

L’UFOLEP, pour ce qui ne connaîtrait pas, c’est l’Union Française des Œuvres Laïques d’Éducation Physique. Nous sommes présents en Martinique depuis 1950.

On réunit sur le territoire, actuellement, 40 associations et 1200 licenciés environ. Nous avons 10 sports pratiqués - on les a vus tout à l’heure peut-être que j’en ai oubliés. La capoeira nous a rejoints récemment, la pétanque et la randonnée.

Pour mettre un petit peu le cadre, il faut savoir que l’UFOLEP c’est en lien direct avec la FOL (Fédération des Œuvres Laïques) qui a maintenant le nom de Ligue de l’enseignement en Martinique. La Ligue de l’enseignement travaille sur l’éducation populaire par tous types de moyens pour tous les publics. L’UFOLEP, c’est juste en dessous, on fait partie de la même famille mais nous, nous sommes au niveau du sport. On est des représentants également ici de l’USEP. C’est la même famille. L’USEP c’est le sport à l’école primaire. Notre objet pour faire un peu le lien entre le côté sport et éducation: c’est utiliser le sport comme moyen d’éducation des différents publics. Notre slogan: Tous les sports autrement.

Je vais vous montrer le sommaire. Les 4 points principaux que l’on utilise actuellement pour développer ce côté éducatif par le sport:

• une conception loisir de la pratique multisport;

• une animation sportive que l’on réalise en particulier dans les écoles;

• la formation de nos licenciés;

• des projets dédiés à l’éducation des jeunes par le biais du sport.

On m’avait annoncé un exposé de 10 minutes, finalement c’est 5 minutes. Cela va donc être assez sommaire. Heureusement qu’il y aura un temps d’échanges ensuite si vous avez besoin de plus de précisions.

Une conception loisir de la pratique multisport Il faut savoir que la particularité que nous avons c’est qu’avec une licence UFOLEP, on a la possibilité de pratiquer une multitude d’activités. Au niveau de notre Fédération, sans surcoût, on délivre des licences avec lesquelles on peut faire du football, du cyclisme, parfois au sein d’associations qui pratiquent ces différentes activités. C’est un petit plus qui permet d’éveiller la pratique, de découvrir un grand panel d’activités pour les personnes. On a une pratique qui est orientée vers le loisir, vers le plaisir de la pratique. Notre slogan c’est que l’enjeu ne doit pas prendre le pas sur le jeu! On fait le point, le constat et chaque année, cela s’améliore. On a vraiment peu d’appels sur les décisions, peu

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Samedi

Samedi 25juin 2016 Sport et éducation

de soucis conflictuels comme on peut peut-être plus retrouver dans les pratiques plus axées sur la compétition, mais on a vraiment un message que l’on fait passer vers le public adulte-enfant. Ils sont vraiment là pour prendre du plaisir, pour se faire plaisir. Même si la compétition est toujours un peu présente, on essaie, au niveau des règlements aussi, à inciter l’engagement des bénévoles dans les commissions comme c’est le cas, par exemple, pour le football.

Autant au niveau de l’éducation, on a des évènements multisports qui sont ouverts à tous sur lesquels on propose de venir pratiquer gratuitement tout un panel d’activités. On en a surtout un qui se passe à la rentrée, chaque année, c’est l’ouverture des compétitions. Certains clubs viennent nous voir en nous disant qu’ils n’ont pas de compétition (par exemple: le karaté et la capoeira). Ils nous disent qu’ils veulent bien venir à notre événement de rentrée mais ils ne se sentent pas forcément concernés. Ils ont du mal à mobiliser leurs licenciés. Du coup, nous avons fait des petites rencontres cette année que l’on a renommées «la Rentrée de l’UFOLEP». Ainsi, tout le monde est le bienvenu. Pour information, ce sera le 9octobre 2016. On n’a pas encore le lieu. Vous pourrez retrouver cela sur le site www.ufolep972.org. L’idée c’est de proposer un vrai parc d’activités multisports sur lequel tout le public peut venir gratuitement pratiquer, s’essayer. Il y aura une randonnée cycliste, de la course à pied, des démonstrations et de l’initiation au twirling bâton, du karaté, on pourra également s’essayer au viet vo

dao. On peut y aller en famille (enfants, adultes). L’idée c’est de venir découvrir et d’inciter le grand public à la pratique sportive.

L’animation sportive

On parlait tout à l’heure des œuvres laïques. On a des animateurs et éducateurs sportifs, on parlait tout à l’heure de la Fédération des œuvres laïques, qui travaillent avec eux au niveau du projet éducatif de territoire. Maintenant on a la possibilité de faire entrer des bâtimentsextérieurs pour mettre en place des séances d’activités pour faire découvrir de nouveaux sports aux enfants. Pour cela, on travaille au niveau des écoles, surtout sur Fort-de-France avec des TAP. Aussi par rapport à l’USEP, on travaille régulièrement avec eux pour accompagner des événements multisports qui sont en général sur la tranche 6-12 ans (écoles primaires)qui permet aussi de faire découvrir tous ces sports aux enfants. On parlait de l’éducation, c’est aussi la formation importante de notre jeunesse avec la formation de nos animateurs. On a maintenant un Certificat de Qualification Professionnel (CQP) que nous faisons passer. Il y a des spécialités qui permettent à des animateurs de faire découvrir un maximum de sports aux enfants. Je pense au CQP Jeux sportifs Jeux d’opposition. C’est le type de diplôme que nous faisons passer à nos jeunes pour qu’ils aillent ensuite enseigner le multisport à la jeunesse.

La formation de nos licenciés Au niveau de l’UFOLEP Martinique, on s’est beaucoup investi sur la mise en place de brevets fédéraux qui

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sont disciplinaires. Au niveau de l’UFOLEP on a les BF1O qui sont les Brevets Fédéraux des officiels de niveau 1, également la même chose de niveau 2 pour ceux qui veulent après faire l’encadrement de formation, en gros devenir formateur. On a formé nos juges en twirling-bâton, nos officiels en Trial 4x4, nos commissaires et chronométreurs en cyclisme, en course hors stade, en moto. Également des juges arbitres en football. Nous avons aussi des formations d’entraîneurs BF1A, BF2A (Brevet Fédéral d’animateur de niveau 1 et 2) sur lesquels on peut former nos entraîneurs de football et également les entraîneurs en twirling-bâton avec un objectif d’avoir nos propres formateurs pour chaque activité. Pour l’instant, comme beaucoup de ligues, on a besoin de faire venir des formateurs de métropole, ce qui est un peu plus compliqué et onéreux. On essaie donc d’avoir rapidement nos formateurs pour chaque discipline.

Toujours au niveau de la formation, très important, la formation de nos bénévoles parce que maintenant les encadrants, les présidents - responsables d’association, ce ne sont plus seulement des personnes qui viennent donner un coup de main, ce sont vraiment des responsables presque d’entreprise qui doivent développer des projets, faire des budgets, aller chercher des financements. On met donc en place des formations au niveau des managements de projets, de la recherche de financement et aussi un accompagnement personnalisé par rapport aux projets de nos associations.

On forme aussi maintenant au PSC1 (premiers secours) qui est indispensable pour valider les brevets fédéraux et c’est aussi une formation qui est nécessaire par rapport à nos évènements, par rapport à la sécurité. On a l’agrément préfectoral depuis 2014 et grâce à cela nous avons une formation mensuelle qui est ouverte à tous, que l’on fait dans nos locauxet nous pouvons aussi intervenir dans les différentes structures pour mettre ces formations en place.

Des projets dédiés à l’éducation des jeunes Nous avons un projet phare qui s’appelle le «Défi Solidaire des Quartiers». Nous l’organisons pour l’instant sur Fort-de-France mais nous avons l’ambition de le développer après sur la Martinique. Ce sont des évènements qui sont basés sur le football et l’animation. Le but de ce projet c’est d’insérer socialement et professionnellement des jeunes de 16 à 30 ans par le

biais du football de rue et de l’animation de quartier. On a touché 200 jeunes sur Fort-de-France (en gros 150 footballeurs et 50 artistes). C’est un projet sur lequel on souhaite développer des activités: le football à 7 qui commence à se lancer au niveau de la Martinique et un projet sur lequel on a l’ambition d’employer 10 jeunes (pour l’instant, nous sommes rendus à 6). Ces jeunes que nous employons, ce sont des jeunes qui sont souvent loin de l’insertion. On leur donne la mise en place de ces événements sportifs pour qu’ils acquièrent des compétences, pour qu’ils prennent confiance en eux. On les accompagne également. Pour cela on a recruté une responsable formation et on l’accompagne par rapport à l’approche professionnelle en faisant passer en fonction des classes. Il y a en a ce sont des CQP, Certificat de qualification professionnel pour les animateurs sportifs. Également le BAFA, les CACES pour ceux qui sont plus dans la manutention. C’est vraiment un projet qui vise, par le biais du sport, tous les publics même les plus difficiles.

Quelques photos pour ceux qui connaissent ce projet. C’est un projet important sur lequel on a beaucoup d’ambition. Ce sont quelques photos avec des jeunes qui jouent au football. Là on voit bien le côté éducatif du sport. Ce n’est pas forcément intrinsèque au sport, mais quand il est bien mené ce sont des jeunes des quartiers, ici, issus de Fort-de-France qui peuvent être difficiles à canaliser et dans le cadre de ces tournois, cela se passe toujours très bien. On n’a jamais de soucis. Là on voit que ce sont les jeunes qui s’arbitrent euxmêmes. Ils arbitrent d’autres jeunes. Ce qui se passe aussi très bien. Il y a d’autres jeunes qui encadrent, qui mettent en place, qui gèrent les différents dossiers. Il y avait des jeunes mis à disposition par le CROSMA qui nous aidaient sur ce projet: des jeunes qui animent, des jeunes qui servent à manger. Ce sont des projets sur lesquels les jeunes doivent tout faire. Nous leur faisons un cahier des charges, après c’est à eux de se prendre en main. C’est terminé. Merci de votre attention.

Louis BOUTRIN

Comme on dit si bien chez nous, «sé fò dépaw». Il y a un faux départ parce qu’il y aura une dernière intervention, ce sera un témoignage puisque l’esprit même des Assises du Sport c’est de partager, de confronter les expériences. Nous avons la chance d’avoir une expérience qui nous vient d’ailleurs, qui nous vient de la Nouvelle Calédonie.

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Samedi 25juin 2016 Sport et éducation

Samedi 25juin 2016 Sport et éducation

Mesdames et Messieurs, j’ai l’honneur d’accueillir la Ministre des Sports de la Nouvelle Calédonie, Valentine EURISOUKÉ , que je vous demande d’applaudir. Je la remercie de venir nous apporter quelques témoignages sur la pratique du sport tout en restant, comme on l’avait dit, dans le thème du jour, l’apport du sport dans l’éducation des jeunes Calédoniens. Merci.

chez vous pour pouvoir faire des échanges. Cela rentre parfaitement dans le cadre de la thématique des objectifs des Assises que vous avez mis en place.

Simplement pour vous dire qu’au niveau du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, nous avons mis en place également des Assises il y a un mois, puisque ce sont des mandatures de 4 années. À la fin de chaque compétition, les Jeux du Pacifique, il y a un bilan qui est fait. On fait un petit peu les Assises pour préparer la nouvelle mandature.

Valentine EURISOUKÉ

Ministre des Sports de Nouvelle Calédonie

Bonjour à tout le monde. Je m’excuse de perturber le déroulement de l’organisation qui a été mis en place ce matin.

Monsieur le Président, Messieurs les Conseillers, Merci de m’accueillir, ce matin, au sein de votre Collectivité. Nous sommes une délégation de la Nouvelle-Calédonie en mission en Martinique pour 3 semaines dans le cadre d’échanges culturels. Lors de cette mission, je profite également de mon séjour pour voir ce qui se passe

Je m’excuse, je n’ai rien préparé. Je n’avais pas prévu de faire une intervention mais simplement pour vous dire que jusqu’à présent, dans notre pays, nous avons surtout favorisé le sport de compétition. Nous sommes aujourd'hui confrontés, au niveau du pays, à des graves problèmes de santé: obésité, surcharge, diabète, maladies cardiovasculaires. L’un des axes des Assises, c’est de développer également le sport santé et le sport scolaire.

En ce moment, nous sommes en train de travailler sur la réforme du système éducatif pour notre pays puisque la conjoncture politique dans le cadre des accords de Nouméa qui ont été signés, a transferédes compétences (des compétences de l’État français vers la Nouvelle-Calédonie). Le sport et la santé sont devenus des compétences qui appartiennent à la Nouvelle-Calédonie. L’enseignement également. Dans le cadre de la réforme de notre système éducatif, nous intégrons le sport à l’école, la santé scolaire également,

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qui est un élément important puisque nous avons fait le constat que la prévention ne suffit pas, il faut intégrer dans le système éducatif, la santé à l’école mais également le sport scolaire. C’est un des axes des Assises du Sport que nous avons mis en place.

Nous avons à peu près 11000 licenciés. Les disciplines où il y a le plus de licenciés ce sont surtout les sports collectifs comme le football, le cricket traditionnel.

Sur l’accès au haut niveau, nous avons mis en place depuis deux années, un programme des pôles espoirs pour préparer nos jeunes vers le haut niveau puisque nous avons de moins en moins de jeunes qui vont dans les championnats de haut niveau. C’est l’objectif.

Au niveau de la gouvernance, nous avons un Haut Conseil des Sports qui est composé des Collectivités mais également du mouvement sportif qui est un organe consultatif de toutes les décisions qui doivent être prises au niveau du Gouvernement. Nous avons également un Comité territorial olympique qui est chargé de la sélection de nos sportifs pour les Jeux du Pacifique mais également pour les compétitions internationales, pour les compétitions de haut niveau.

Voilà, en gros, comment est organisé le sport en Nouvelle-Calédonie. Encore une fois, je vous remercie de m’avoir accueillie ce matin dans votre institution.

Louis BOUTRIN

On est maintenant dans les starting-blocks. On ne va pas faire de faux départs. On va pouvoir lancer maintenant le débat. Vous pourrez aussi poser vos questions à Valentine EURISOUKÉ. Si quelqu’un a quelque chose à dire, on peut commencer tout de suite. Qu’il se fasse connaître, qu’il active son micro et bien sûr on rappelle que pour l’instant, le débat concerne le thème «Sport et Éducation». On est là pour faire remonter les idées.

Échanges/Débats

Michel

Conseiller territorial des APS Bonjour. Je me présente Michel ROSE, Conseiller territorial des APS au Centre communautaire de la CACEM. Vos interventions sont très intéressantes et je tiens à vous remercier de nous avoir invités pour les Assises du Sport. Il y a quelque chose qui me tient particulièrement à cœur, puisque je suis aussi éducateur sportif, c’est l’attention des enfants. Nous avons constaté qu’il y a un problème sociétal. Les enfants n’écoutent pas les consignes données et s’ils n’écoutent pas, évidemment, ils ont du mal à appliquer ces consignes. Je pense aussi qu’il y a un travail à faire sur la concentration depuis l’école primaire. Je pense que c’est la base de l’éducation. Le sport permet de voir les enfants qui sont attentifs parce que lorsque vous avez un enseignant en histoire, en géographie, il est face à 25 enfants. Il a du mal à voir quels sont ceux qui ont compris la consigne donnée. Par le sport, on peut travailler la concentration, l’écoute de façon à ce que les enfants appliquent les consignes des éducateurs sportifs.

Félix DOUTONE Membre fondateur du Club Nautique Le Neptune au Lamentin

Le sujet est vaste et, à mon sens, a été pleinement développé et pourtant, dans les quartiers, dans les milieux aisés, il y a un décrochage, un désintérêt progressif pour l’activité sportive, une prise de poids chez les enfants, une errance très rapide des jeunes enfants par rapport à tout ce qui est mis à leur disposition. Finalement, une sorte de rupture, éclatement familial. Il y a donc un problème majeur. Ce problème majeur n’a pas été abordé. Je ne sais pas si on peut en parler, s’il est facile de le diagnostiquer. Mais il est certain que tout cela est très bien et qu’il devrait y avoir un encadrement parfait des enfants depuis la plus jeune enfance pour toute pratique scolaire. Où est le problème? Il y a un problème qui part, à mon sens, du milieu, de notre situation, de notre culture en déphasage par rapport à la modernité, pour être vague, et une incapacité des parents à suivre le mouvement. Il aurait fallu une formation des parents. Il aurait fallu un encadrement des parents. C’est pour cela qu’il y a une petite solution qui a été apportée déjà au Conseil Général à l’époque, par Francis

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Samedi 25juin 2016 Sport et éducation

Samedi 25juin 2016 Sport et éducation

CAROLE, c’est la prise en compte d’une globalité «quartier, école, parents». C’est à faire à l’échelle de la Martinique. Il faut vraiment, dans ce domaine-là, oser faire le diagnostic, oser faire une thérapie. Une thérapie sur le tard mais une thérapie qui peut être prise en compte, accompagnée par le sport. Le sport peut accompagner. Si on n’a pas fait le diagnostic du décrochage des enfants, si on n’a pas mis les enfants en situation de succès, le reste ne va pas réussir non plus.

Directeur de l’association H2eaux

Bonjour. Je vais essayer de ne pas être trop long. Je voulais interpeller, si je peux me le permettre, Monsieur l’IPR sur un problème que j’ai eu, il y a quelques années, qui me montre que certains professeurs d’EPS ne communiquent peut-être pas toutes les informations nécessaires aux jeunes notamment pendant la pratique d’UNSS.

À H2eaux, dans notre centre, il y a un centre UNSS Kayak qui fonctionne bien. Il y a une quarantaine d’enfants qui viennent tous les mercredis après-midi avec leurs enseignants. Cela fonctionne mieux depuis 2 ans à peu près. Pratiquement aucun enfant qui vient pratiquer en UNSS ne rejoint le sport civil ensuite. Or, presque tous ceux qui sont dans la salle, même si je fais partie des plus anciens, nous avons pratiquement tous commencé le sport en sixième. Avant, jusqu’au cours moyen 2, c’était l’éducation physique et on commençait le sport en sixième, on découvrait le basket, le handball, le rugby, etc. On avait une pratique pluridisciplinaire et on se dirigeait ensuite vers le sport que l’on avait

apprécié et l’UNSS fournissait le sport civil. Je pense qu’il faudrait aussi travailler là-dessus et pour agrémenter un peu mon propos, j’ai signalé le fait qu’il y a à peu près 5 ans, à un professeur qui venait à H2eaux faire du kayak tous les mercredis après-midi - c’est pour cela que l’on se connaît très bien - je lui demandais s’il n’y a pas moyen de sélectionner un peu les enfants qui viennent pour la première année, en sixième et en cinquième, et ensuite les inciter à passer en club. Ce professeur m’a répondu qu’il n’en fera rien parce que le sport civil le mercredi après-midi vient en concurrence du sport UNSS et il ne fera pas de communication pour envoyer ces enfants en sport civil. Il y a des gens qui me connaissent dans la salle. Je ne suis pas resté de marbre, je vous dis cela tout de suite. Elle en a pris pour son grade. Je voulais rester anonyme mais on sait maintenant que c’est une femme. Je sais qu’au niveau du sport civil, il y a le problème de la cotisation. En UNSS, il y a la licence qui est multiple. On peut prendre une licence UNSS et pratiquer plusieurssports. Mais est-ce qu’il serait possible de faire une communication aux professeurs d’EPS pour leur dire qu’il y a des enfants notamment dans les quartiers prioritaires, qui bénéficient de la CAF. Que la CAF a un ticket loisir. Le ticket loisir l’année dernière était d’un montant de 200euros. Je pense qu’il faudrait inciter les enseignants d’EPS qui sont notamment en UNSS, d’envoyer les enfants pratiquer en sport civil. C’est une idée. Il y a quand même un financement qui est prévu et ce serait intéressant que les enfants qui sont bien formés, parce qu’ils ont un niveau kayak intéressant. Je signale que dans le Championnat UNSS Kayak, il y a de plus en plus de participants. Cette année, ils étaient 110, me semble-t-il. Il y en a très peu qui passent la barrière pour aller en civil et continuer après.

Voilà un peu mon interrogation. Je ne serais pas moimême si je n’égratignais pas un petit peu l’assemblée. Mais il me semble que la semaine dernière on parlait d’équipement et la salle était deux fois plus remplie. Mais aujourd'hui on parle de sport et éducation et il y a moins de monde. J’ai du mal à comprendre. Tout le monde a bien compris que le sport est vraiment éducatif. Merci.

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Benoît THIERY

Un petit élément de réponse et peut-être une piste aussi. Je ne sais pas si vous avez entendu tout à l’heure quand je disais que moi-même j’étais un gosse de l’UNSS. Moi aussi en sixième, j’ai rencontré un prof qui m’a envoyé vers le sport civil. Ce n’est plus aussi vrai parce que depuis quelques années, tous les gens qui rentrent en STAPS, n’ont même pas eu forcément une vie associative avant d’entrer en STAPS. Là, il y a renouvellement des cultures. On a encore quelques dinosaures. Dans la pièce, il y en a 4 qui sont professeurs d’EPS et qui sont aussi encore impliqués en clubs. Mais force est de constater qu’il y en a beaucoup moins qu’avant qui sont professeurs d’EPS et en milieu associatif. Qu’à cela ne tienne, il n’y a pas scission non plus entre professeur d’EPS et milieu fédéral. Il y a distension des liens. Moi je suis un IPR qui passe son temps à prôner la reconquête de ce lien. Maintenant on ne peut pas être dans la peau des gens ni même dans leur personnalité. En tout cas, de ma part et de la part de Madame la Directrice du sport scolaire, c’est vraiment un élément qui nous tient, car ce lien sport civil-sport scolaire, est parti de son EPS. Du moins, c’est mon idiosyncrasie. Rassurez-vous là-dessus, je le porte. Comment faire maintenant? Parce que c’est bien beau le slogan. La semaine dernière lorsque nous étions à l’IMS, il y a une dame qui a parlé de la multi-licences. Je suis dans un club d’athlétisme, mes enfants peuvent avoir une double licence cofinancée par l’association sportive scolaire et des clubs. Je suis vice-Président et ils ont une double licence. La double licence peut être interdiscipline. La dame, la semaine dernière, nous présentait gymnastique et twirling-bâton, mais cela peut être une double licence sport scolaire-sport fédéral. Là on offre une plus-value dans l’offre de formation que l’on va donner à nos enfants.

Maintenant la parole malheureuse: cela rentre en concurrence. Il faut constater aussi que maintenant il y a concurrence le mercredi après-midi. Il y a beaucoup de compétitions fédérales qui programment des matchs le mercredi après-midi. Quand c’est veille de vacances, c’est moins problématique mais quand c’est en plein milieu d’une période scolaire, ce n’est pas évident. C’est dur maintenant d’avoir des licenciés dans les clubs. On ne peut pas se concurrencer les uns des autres. L’harmonie des calendriers, sport scolairesport fédéral, doit être une réalité. Si on rajoute à cela le catéchisme, le mercredi après-midi il y a une forte concurrence. Voilà une piste.

Louis BOUTRIN

Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM Ce n’est pas une précision que je voudrais partager avec vous, au regard des interventions de ce matin mais une analyse sur la thématique. C’est vrai que Bernard DOMERGUE vient de nous dire qu’il y a une espèce de concurrence entre le sport civil et le sport scolaire. Or cette approche nous allons l’aborder dans la thématique 2. La thématique de maintenant c’est la thématique«sport et éducation». Je ne cherche pas à recentrer puisque la parole est libre, mais je souhaiterais, malgré tout, que l’on approfondisse la réflexion sur la thématique «sport et éducation». Je vais rebondir sur l’intervention de Madame la Ministre qui a précisé que lors des Accords de Nouméa, il y a eu un transfert de compétences et on a transféré à la fois la santé, l’éducation et le sport. Or, il se trouve que ce ne sont pas des compétences qui ont été transférées par les lois de décentralisation puisque le sport en l’espèce, a échappé aux lois de décentralisation. C’est resté, pendant longtemps, prérogative de l’État. Les lois sur le sport avaient oublié les collectivités territoriales qui ont pris naissance avec les lois DEFFERRE. On s’est retrouvé, au début de la décentralisation avec des collectivités territoriales qui intervenaient dans le domaine du sport et qui n’avaient pas, pour autant, une compétence. La compétence qui a été transférée en Nouvelle Calédonie, qui est essentielle, l’éducation, nous ne l’avons pas. C’est l’Éducation Nationale, c’est toujours l’État qui a cette compétence. Pour autant, on a le souci de faire jouer au sport, toute sa dimension notamment sa dimension éducative et il y a très certainement des pistes. Celle qui a été avancée par le Docteur DOUTONE à l’instant «ville, quartier et famille» qui est dans l’encadrement d’une prise en charge qui paraît globale, je voudrais juste avancer quelques pistes. Je rebondis sur l’intervention de l’IPR en matière du nombre d’heures que nous avons dans le système éducatif français et voir si ce nombre d’heures consacré à l’éducation physique et sportive permet justement au sport de jouer son rôle. Je rebondis sur le fait qu’il a précisé que c’est une obligation légale. Je dirais que ce n’est pas seulement une éducation légale, c’est aussi un droit pour le citoyen et un droit qui est inscrit dans la Constitution, donc un droit constitutionnel garanti. Or, nous avons à la fois, un droit constitutionnel garanti mais nous avons également une obligation légale individuelle. Pour autant, nous n’avons pas les moyens. Quand je dis «moyens» ce ne sont pas seulement les moyens

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Samedi 25juin 2016 Sport et éducation

financiers, mais les dispositifs, c'est-à-dire notre capacité aujourd'hui à intervenir dans un système éducatif pour pouvoir adapter la pratique des activités physiques dans notre environnement caribéen, dans notre environnement par rapport aux rythmes scolaires, par rapport au climat, par rapport, l’exemple a été donné, de faire un 400 mètres à 11heures du matin qui n’est pas la même chose que de faire un 400 mètres à 17heures. Les conditions climatiques ne sont pas les mêmes et la performance va se ressentir. Il n’y a pas que le 400 mètres, il y a toutes les épreuves d’endurance que l’on ne peut pas pratiquer à partir d’une certaine heure. Ceux qui pratiquent ces activités le savent. Nos enfants sont confrontés à cela et peut-être que les résultats s’en ressentent parce que l’on parle de décrochage scolaire mais il y a aussi le décrochage sportif. Qu’est ce qui fait que nous avions autant d’enfants qui pratiquent l’EPS, et qu’à la sortie on se retrouve avec un décrochage sportif lié au décrochage scolaire? Nous avons toute une interrogation làdessus. Cela vient très certainement du fait que le sport appartient au monde de la liberté, du loisir, du plaisir. Or, l’éducation appartient à un autre monde. L’éducation ce n’est pas ce que l’on voit à la télé. Ce n’est pas le spectacle, ce n’est pas non plus la fête. C’est quelque chose de très rationnel. Comment faire pour combiner les deux? Nous avons très certainement, là-dessus, une réflexion à mener.

On peut mener la réflexion à partir de points qui sont des points de convergence. On a vu que le sport a suivi en quelque part, l’éducation puisque je vous ai dit que c’est un droit constitutionnel, l’éducation pour tous. Mais cela a donné également, pendant longtemps, un slogan qui était «le sport pour tous». Cela veut dire que tout individu, tout jeune Martiniquais doit pouvoir accéder au sport. L’accès au sport, est-il garanti aujourd'hui? Quels sont les moyens que les collectivités, l’État pourraient mettre à la disposition de ce jeune citoyen? Nous voyons bien qu’aujourd'hui nous sommes certes sur des valeurs universelles, nous avons certes la même idée que nous partageons de l’idée du progrès aussi bien la dimension émancipatrice de l’éducation et la valeur éducatrice du sport mais nous devons réfléchir aujourd'hui pour pouvoir combiner cela.

La piste, je dirais que l’on a déjà emboîté le pas, même si je me garde bien d’aller sur le terrain de la thématique de tout à l’heure à savoir le sport scolaire. Nous

savons que l’éducation physique aujourd'hui, cherche, cela a été dit par Madame SAITHSOOTHANE et cela a été repris également par l’IPR, à valoriser la pratique sportive. Qu’est-ce que nous possédons actuellement qui nous permettrait de valoriser la pratique sportive? Je crois que c’est le Docteur DOUTONE qui nous a donné un élément de réponse essentiel: c’est au niveau de la formation mais la formation des formateurs. Je crois que tout part de là. L’encadrement de l‘enfant ne peut se concevoir que grâce à la formation des hommes. Vous voyez que la passerelle est toute trouvée avec la thématique de la semaine dernière sur les métiers du sport. On n’a peut-être pas assez insisté sur cette dimension au niveau de la formation des formateurs et peut-être que l’ Institut Martiniquais du Sport qui était initialement Institut de formation aux métiers du sport devrait élargir son champ d’intervention pour pouvoir satisfaire cette dimension. Je sais qu’il y a un certain nombre, je dirais, d’expériences dans la salle. Je salue la présence de Monsieur CHEVALIER qui est actuellement en charge de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale. Monsieur le Directeur, soyez le bienvenu. Je connais votre longue pratique et votre longue expérience de cette réflexion. Je souhaiterais également que vous puissiez verser au débat vos propositions. En tout cas, c’est un appel du pied. Merci.

Alain CHEVALIER

Directeur DJSCS

Merci Monsieur BOUTRIN. Je vais arriver à une conclusion assez similaire à la vôtre mais par un détour un petit peu différent. Le sport n’est pas en lui-même éducatif. Cela peut sembler paradoxal, pourtant c’est une réalité. On a des tas d’exemples où le sport, ce sont des exactions, des détournements de la règle, la violation des règles fixées. Bref, on peut se rendre compte que le sport en lui-même, il peut être porteur de tout un tas de valeurs qui sont combattues.

Pourquoi le sport peut lui-même être éventuellement éducatif? Le sport peut être éducatif si les conditions de pratique le permettent. C’est cela à mon avis, l’élément clé. Ce n’est pas le sport en lui-même qui est éducatif, ce sont les conditions de pratique qui peuvent rendre cette activité particulièrement éducative. Effectivement, si ce sont les conditions de pratique, ce à quoi il faut s’attacher aujourd'hui, c’est regarder comment on va former ceux qui doivent intervenir et quel cadre on va donner? Le cadre du quartier peut être effectivement

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une excellente manière d’aborder les choses parce qu’il faut que ce soit dans le cadre de vie lui-même que les choses puissent être traitées. Mais c’est vrai qu’il y a une vraie question aujourd'hui en matière de formation. Les professeurs d’EPS sont formés, certains éducateurs sportifs sont formés, mais est-ce que l’on ne doit pas faire mieux. Est-ce que l’on ne doit pas aller plus loin? Est-ce qu’il n’y a pas dans les formations,des choses qu’on laisse un peu trop de côté? Est-ce qu’il n’y a pas des choses qui ont changé, qui nécessiteraient une autre approche? Est-ce que l’on s’intéresse vraiment à tous les jeunes? Est-ce que l’on est en capacitéc’était une des questions que l’on se posait, il y avait un certain nombre d’entre vous qui étiez là hier en Commission régionale du sport de haut niveau. Estce que l’on n’a pas des talents qui ne sont pas bons à l’école et pour lesquels on n’a pas de solutions concrètes à apporter? Autrement dit, le sport c’est un outil formidable, à condition qu’il soit bien utilisé et une des questions et c’est pour cela que je remercie vraiment la CTM d’avoir engagé ces Assises, car il y a besoin d’en discuter: c’est quoi les bonnes conditions de pratique? On est tous des passionnés du sport si on est là, on est persuadé que le sport peut être porteur véritablement de valeurs qui peuvent nous intéresser ici et aujourd'hui en Martinique. La question c’est: comment fait-on pour que ce soit vraiment le cas? Sur quel levier on agit? Comment fait-on? Comment on s’investit les uns et les autres pour que l’on aille vers ce résultat?

Marie-Clotilde HARDY-DESSOURCES

Proviseur du lycée Acajou 2 Bonjour à tous. Marie-Clotilde HARDY-DESSOURCES, Proviseur du lycée Acajou 2 donc en charge d’un certain nombre de pôles mais aussi avec la casquette d’un des entraîneurs de la sélection de hand-ball de Martinique, donc passionnée de sport. Il y a des points qui m’interpellent. J’ai entendu tout à l’heure «cohésion sociale», j’ai entendu «partager des règles et des responsabilités» et j’ai entendu «construire des règles». Par rapport à l’intervention de Monsieur le représentant de la Jeunesse et Sports, c’est vrai que je partage son point de vue sur la démarche «la cité, la rue, l’école».

Nous avons des jeunes aujourd'hui et cela fait mal à voir, des jeunes qui sont dans la rue. Nous avons des jeunes talents qui n’ont pas de compétences en matière scolaire mais qui ont des compétences sportives. Que faisons-nous et que mettons-nous en lien pour que ces jeunes puissent réussir, pour que nous puissions faire sortir ces jeunes de la rue?

À mon avis, par le biais de cette cohésion sociale que nous voulons créer, il y a à mettre en place la formation de cadres pour créer du lien social, des cadres dans la cité, des cadres au niveau des associations sportives, des cadres dans l’école. Aujourd'hui, nous sommes en train de réfléchir sur les cadres de formation. Nous avons des jeunes qui sont dans les pôles, qui ne seront pas des MARTIAL, qui ne seront pas des PARKER, mais qui ont du talent, qui ont des compétences sportives. Nous avons un Institut Martiniquais du Sport. Qu’en faisons-nous? Est-ce que nous pouvons utiliser ces jeunes des pôles qui, ont une passion sportive, qui peuvent réussir un double projet de formation en tant que cadre qui pourraient être mis à la disposition de la cité. Dans le cadre des rythmes scolaires, que pouvons-nous faire avec les associations sportives, permettant à ces associations d’avoir des cadres formés leur permettant de travailler au niveau de l’école? Par le biais du sport de masse, nous allons peut-être pouvoir tirer de l’élite. Par le biais du sport de masse, nous allons pouvoir former, éduquer, construire des règles depuis l’école maternelle jusqu’à l’université. Nous avons des activités traditionnelles qui nous ancrent dans notre culture mais qui nous ancrent aussi sur la Caraïbe, sur l’universel. Que pouvons-nous faire dans la formation des personnes par le biais de ces associations, par l’ancrage dans l’école, par

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l’ancrage dans la cité? Donner du sens et donner du lien pour que le jeune qui est décrocheur puisse se dire: «Dans la cité, il y a quelqu’un qui peut m’accrocher à la construction des règles, à la construction d’une activité sportive». Parce que tous les jeunes Martiniquais, qu’ils soient décrocheurs, qu’ils soient dans la rue, on voit bien qu’ils ont, à un moment donné, une pratique sportive et qu’ils construisent des règles qu’ils respectent entre eux, que l’on soit celui de la rue, de l’école ou de la cité.

Voilà déjà quelques propositions.

Vice-Présidente de la MJC de Floréal

Bonjour. Peggy CHARLES, vice-Présidente de la MJC de Floréal et éducatrice spécialisée de profession. Je rejoins Madame HARDY-DESSOURCES dans ses propos. Au sein de la MJC de Floréal, nous faisons une priorité des activités sportives, mais les activités sportives utilisées comme outil éducatif. Nul n’est besoin de vous rappeler le contexte dans lequel nous nous trouvons sur les quartiers de Floréal. Quand Madame HARDY-DESSOURCES parle de l’appel de la rue, nous savons ce

que c’est. L’appel de la rue devient plus fort que l’appel des associations qui proposent aux parents des activités afin de garder leurs jeunes dans une réinsertion sociale mais aussi dans un contact avec tout ce qui est l’éducatif. Je crois qu’aujourd'hui, notre grande difficulté, je ne sais pas si on peut en parler mais ce sont des difficultés de moyens. Sur Floréal, nous avons très peu d’infrastructures sportives. Nous essayons tant bien que mal de garder la tête hors de l’eau, ce qui est très difficile. Mais je crois que notre priorité aujourd'hui c’est de permettre à des jeunes qui sont en décrochage scolaire mais qui sont aussi dans des troubles de comportement, dans des déviances, pour certains dans des comportements de violence. Nous essayons aujourd'hui par le biais du sport, de leur réapprendre à vivre mais aussi de leur réapprendre certaines valeurs qu’ils ont perdues parce que ces valeurs, qu’on le veuille ou non, sont très importantes aujourd'hui. Leur permettre d’être dans le dépassement de soi, mais aussi à travers le sport nous faisons de la réinsertion sociale. Notre question aujourd'hui c’est comment faire sans moyens?

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C’est surtout le deuxième thème du 16juillet qui est «Sport dans la cité - Sport & Insertion». Je voudrais juste rebondir sur l’intervention de Madame CHARLES qui a cité l’exemple de Floréal et elle pose la question: il y a peu d’infrastructures sportives pour que le sport puisse se développer. On revient vers Monsieur CHEVALIER qui disait «Est-ce que les conditions sont remplies aujourd'hui pour que le sport puisse remplir sa mission éducative?». C’est un exemple que je connais bien. Le hand-ball a pris naissance dans les années 1969 à Floréal. Je dirais, au même moment où on a créé un outil qui était, ce que l’on appelle la MJC et qui s’appelle d’ailleurs toujours, je crois, la MJC de Floréal. Cet outil a vu toute une génération de jeunes, qui étaient un peu en décrochage scolaire, venir au club et avoir une deuxième famille. L’espoir de Floréal, le club qui a vu le jour, c’était véritablement une deuxième famille pour beaucoup de jeunes qui étaient en difficulté. Ils ont eu les résultats que vous savez puisqu’ils ont dominé le hand martiniquais pendant des années. Ils ont été champions de Martinique. Ils sont champions Antilles-Guyane. Ils sont même allés en national. Cet exemple nous montre qu’il y a lieu aujourd'hui d’aller plus loin. Notre rôle maintenant, entre collectivités, c’est de mettre en place, en réponse à votre question, des infrastructures. Il y a toujours le problème: on est dans une société qui se judiciarise de plus en plus. Il y a une judiciarisation de la société et on peut dire aujourd'hui que tout le monde devient frileux. Personne ne veut prendre de responsabilité mais par le truchement de conventions, on peut contourner les difficultés.

Le pays n’est pas extensible. Floréal et Godissard ne sont pas extensibles puisque l’on a déjà construit tout ce que l’on pouvait construire en matière d’urbanisation. La moindre pelouse a été urbanisée. À la place des pelouses, il y a maintenant des immeubles. L’idée c’est de mettre les infrastructures qui relèvent de notre compétence aujourd'hui à la disposition des clubs, mettre toutle monde en responsabilité. Si nous sommes là c’est parce que les électeurs nous ont mis aux responsabilités. Ils nous ont fait confiance. Mais il n’y a pas de raisons que nous ne puissions pas faire confiance aux électeurs,aux citoyens et mettre des clubs dans cette situation de responsabilité de signer des conventions. Nous le faisons actuellement avec les agriculteurs. Bientôt on va signer des conventions

avec tous les marins-pêcheurs du pays pour leur transférer un certain nombre d’outils qu’ils vont gérer eux-mêmes. Il est grand temps que les structures qui existent dans les communes, les structures qui existent dans les établissements scolaires soient mises à disposition parce qu’il y a tout une génération qui est comme moi. Nous avons tous enjambé les grilles du collège ou du lycée pour aller jouer et à cette époque on ne parlait pas de responsabilité pénale du décideur public.Maintenant, ce sont des notions qui effraient. Tout le monde se cache et personne ne veut rien faire mais il faut péter ce mur de Berlin et nous allons faire, dans le cadre de ces Assises, des propositions concrètes en matière de convention. Voilà le point que je voulais apporter. Ma collègue veut enfoncer le clou.

Sylvia SAITHSOOTHANE

Conseillère exécutive chargée de l’Éducation, CTM C'est-à-dire que je voulais revenir sur ce que Monsieur DOUTONE avait dit concernant ce problème d’élèves que nous voyons, de décrochage scolaire, d’errance, de rupture. Je crois effectivement que l’on ne peut pas faire l’impasse. C’est impossible aujourd'hui de faire l’impasse sur ce que nous voyons, même si ce n’est pas le gros de la troupe. On a l’impression que ce sont tous les élèves qui sont dehors. Non. Il y a 18% de décrochage scolaire en Martinique. Par contre, je pense que dans le cadre de la construction de notre projet éducatif territorial, que je compte mener, nous en avons déjà parlé avec Madame HARDY-DESSOURCES, à partir du mois de septembre, sur nos objectifs de société, ce que nous souhaitons et ce que nous mettons en place pour aboutir et réussir cesobjectifs. Par exemple, un des dossiers qu’il nous faudra obligatoirement ouvrir, c’est le dossier du décrochage scolaire avec ce que Monsieur le représentant de Madame la Rectrice a émis comme hypothèse: travailler sur le sport, réel vecteur de raccrochage scolaire. Mais on pourrait aussi bien prendre les mêmes données sur la culture, la musique, l’art plastique, sur toutes ces activités qui donnent du sens à notre éducation. Ce qu’a dit Monsieur CHEVALIER, pour moi est vraiment empreint de bon sens. C’est vrai que l’on a besoin de structures - je vous rejoins totalement - et le travail avec les mairies, les communautés d’agglomération avec un partenariat fort peut apporter quelques réponses. Mais malgré tout, c’est surtout la manière d’enseigner, la manière de faire le sport. Celle-là est essentielle, on va la retrouver en tant que pédagogue dans la manière d’apprendre,

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et éducation

de faire de la culture, dans la manière de faire de l’art plastique, dans la manière d’apprendre le français. C’est dans cette façon de faire que l’on va peut-être répondre, Monsieur, à votre préoccupation de motivation, de concentration et d’écoute. Parce que nos enfants ne sont pas si différents que ceux que nous avons connus, ce sont les mêmes, ils ont juste besoin d’être motivés. Ils ont juste besoin aussi d’un espace d’écoute pour qu’on les prenne réellement en considération. C’est vrai que de calquer parfois des façons de faire, des schémas que nous connaissons sur cette jeunesse qui arrive, on passe à côté parce que justement ces jeunes-là, il y en a quelques-uns qui ne sont pas attentifs parce que justement ce que certaines personnes leur racontent ne correspond pas.

On a un réel challenge à relever et j’espère que dans le cadre de ce projet éducatif territorial que je souhaiterais construire avec les membres de la Commission Éducation de la CTM et tous les partenaires qui travaillent sur site. Vous l’avez dit, nous avons une salle qui n’est peut-être remplie qu’à moitié, heureusement parce que je ne sais pas si nous aurions eu de la place pour accueillir tout le monde. Mais en tout cas, nous avons peut-être beaucoup de qualité dans les personnes qui sont ici et qui nous permettent, à mon avis, de pouvoir construire car je trouve qu’en Martinique, il y a énormément d’acteurs associatifs, énormément de personnes qui ont envie, qui ont la volonté de faire avancer les choses. À mon avis, c’est juste mailler, orchestrer pour essayer de trouver des solutions.

Je n’ai pas envie de monopoliser la parole. Je veux juste vous faire part d’une action forte d’H2eaux qui dure depuis 2002. Cela fait donc 14 ans que nous développons cette action. Une action que nous avons intitulée «Section d’éveil sportif» qui est d’ailleurs financée par l’ex-Région et peut-être maintenant, je l’espère, par la CTM, par la Direction de la Jeunesse et des Sports, par le Contrat de ville et en très grande partie par les parents.

Cette section d’éveil sportif c’est une section où chaque année nous «sélectionnons» - c’est un terme que je n’aime pas - nous «recrutons» plutôt entre 15 et 20 jeunes qui ont entre 5 et 8 ans. Les enfants de cette section d’éveil sportif, ils sont au total 45, ils y restent pendant 3 ans. Pendant 3 ans, ce sont des enfants qui vont faire de la natation, du judo, du kayak, de la randonnée pédestre. Ils font 10 randonnées

par an. Ce sont des randonnées à thème. Ce n’est pas marcher pour marcher, sinon on aurait été autour de la Savane. En période de petites vacances scolaires, ce sont des enfants qui font de la randonnée pédestre pour les premières années, de la plongée en bouteille pour les deuxième et troisième années, du gommier en sport collectif que nous avons préféré au football ou au basket. Il y a également les interventions du Carbet des sciences sur la mangrove, sur les oursins, sur les tortues. Une fois sur deux, ce sont les enfants qui font soit des marionnettes avec JALA, soit des cerfs-volants avec Georges PLUTON.

Les enfants pendant 3 ans, bénéficient de cette éducation citoyenne et de cette éducation sportive. Nous avons des excellents résultats avec ces enfants. On en trouve dans tous les sports. Il y a en même trois qui sont arrivés, depuis deux ans, à l’échelon professionnel. Je ne dis pas que c’est parce qu’ils sont passés par là. S’ils pensent que c’est leur passage à la section d’éveil sportif qui leur a été bénéfique, ils le diront. Personnellement, je ne le crie pas sur tous les toits. Voilà une petite expérience où les enfants ont vraiment de très bons résultats. Je pense que c’est une action qui est très positive. Elle a d’ailleurs reçu un prix du Ministère des Sports en 2004 ou 2005. J’encourage tout le monde à pratiquer cette pluridisciplinarité quitte à s’associer entre associations au lieu de plonger dans la championnite aiguë et dans la course à la médaille trop tôt.

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Un participant

Bonjour. Monsieur Francis LUYCE, Président de la Fédération Française de Natation qui est donc délégataire de service public pour la natation, écrivait dans le journal fédéral pour l’éducation qu’il fallait savoir lire, écrire, compter et nager. Il m’a été dit et je crois que c’est vrai, que la natation est obligatoire depuis l’année dernière jusqu’à l’université. Là aujourd'hui, j’ai entendu qu’elle était obligatoire en sixième mais pas seulement en sixième. Elle est obligatoire bien plus tôt que cela et elle a un rôle essentiel à jouer dans la construction de l’enfant. Il faut se donner les moyens de développer cette activité-là de manière à faire ce que disait Michel ROSE et d’autres intervenants.

Concernant cette natation obligatoire, je le répète, nous avons vu que l’UFOLEP qui a une activité intéressante, n’a pas de natation. Par contre, ils ont des formations qui nous intéressent et qui seraient par exemple, les BS1. Tout cela peut se conjuguer à travers le CIAA qui est le Conseil Interfédéral des Activités Aquatiques, qui existe dans de nombreuses régions et au niveau de la Martinique, le CROSMA nous propose de prendre l’initiative en ce sens. Je pense que ce serait un outil qui devrait rapprocher aussi bien l’UFOLEP, que l’USEP, que l’UNSS, que la plongée, les handicapés,… Tous ceux qui exercent dans l’eau.

L’intérêt de ce CIAA serait d’harmoniser les calendriers. Il arrive souvent de parler de compétition entre le privé et le public, entre le sport fédéral et le sport scolaire. Il aurait fallu s’en rapprocher mais je sais que la question vient après. Même avoir une licence qui permettrait de pratiquer la natation par toutes les structures qui existent et qui seraient dans le CIAA, de même que la formation. Nous avons un organisme de formation qui est prêt à travailler à l’intérieur d’un nouvel organisme, l’IMS. Nous l’avons d’ailleurs inauguré. Il faudrait également que l’on puisse se mettre d’accord, je sais que la Fédération s’est rapprochée de l’État, pour faire en sorte que les principes de l’ENF (École de Natation Française) soient adoptés au niveau de l’éducation pour harmoniser les positions le «sauv’nage», le «pass’sports de l’eau» et le «pass’compétition» puissent être adoptés de manière à faire en sorte que l’on puisse se retrouver et que l’on puisse travailler ensemble et non pas s’opposer. Concernant la formation, Madame HARDY-DESSOURCESparlait de formation, nous avons décidé qu’à partir de la rentrée prochaine, à l’intérieur de notre Pôle, nous allons commencer la formation

pour permettre à nos jeunes d’avoir un débouché. Les brevets fédéraux seront organisés à l’intérieur du pôle à partir de la prochaine rentrée.

Louis BOUTRIN

Je vais rassurer. Nous avons des contraintes horaires, nous devons passer à la deuxième thématique et puisque vous avez largement été sur le «sport scolaire» et sur la thématique de «sport et éducation», ce n’est pas grave. On va se rattraper. Ne soyez pas frustrés. Vous allez avoir la parole tout à l’heure. Mais pour l’organisation, on prendra deux autres interventions et on passera au thème suivant. Vous allez pouvoir poser vos questions même si c’est sur le sport et l’éducation, mais on va quand même embrayer sur les intervenants du sport scolaire et sport universitaire.

Alain CADORE Monsieur l’Inspecteur est un fils de l’UNSS. Je suis un vieux gorille du CLUS. Vous ne connaissez pas? Cela ne m’étonne pas. Vous n’étiez pas encore nés lorsque cela existait. Je ne vais pas faire de long discours. Je suis très direct. Dans le journal d’hier, à la page des sports, je lis «Jeune athlète promoteur a battu le record de Pascal MARANT sur le 400 mètres haies - Monsieur BOUTRIN connaît cela - qui date de 1987». Il y a 30 ans. Vous permettez que je demande de réfléchir à ce que l’on a fait de 1987 jusqu’à aujourd'hui. Moi, je suis un vieux gorille de 73 ans dépassés. J’ai eu mon temps. Je vais vous dire autre chose, Louis BOUTRINa parlé d’une association, le Floréal. C’est un exemple qui n’existe plus. Il n’y en a pas deux comme cela en Martinique. Ils ont fait leur travail. Il y a d’autres jeunes qui n’ont pas d’associations, qui organisent des tournois sur leurs propres valeurs à eux. Ils assurent le tournoi qu’ils font. Ils cherchent des sponsors et quand ils s’adressent aux ligues dont ils pourraient dépendre, ils n’ont pas de réponse, depuis plus de 5 ans. Je crois qu’il y a un problème que je pose: quels sont les gens qui dirigent le sport en Martinique? Quelle est leur formation? Est-ce qu’ils sont là pour les honneurs ou pour le sport? Parce que moi je suis le fils du plus jeune créateur d’association sportive en Martinique. Il l’a fait pendant 14 ans. C’est mon père. C’était des bénévoles. Merci.

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Louis BOUTRIN

Vous avez vu le sport, c’est passion, c’est émotion. Voilà un bel exemple. Merci Alain CADORE de ton intervention. Je salue la présence des collègues qui sont arrivées entre-temps: Aurélie NELLA qui est Conseillère exécutive en charge des questions universitaires et MarieFrance TOUL qui est 2e vice-Présidente de l’Assemblée de Martinique. Merci de votre présence, Mesdames.

Corinne

Bonjour à tous. Nous faisons de l’éducation par le sport. Je voulais juste apporter mon témoignage pour la vision que nous avons à DIAMBARSde l’éducation par le sport. Je pense qu’à la base, le sport c’est un miroir de notre société avec ses dérives et surtout un point positif ce sont les enjeux sociétaux très importants. Nous travaillons autour de programmes socioéducatifs autour du sport en veillant à travailler sur 3 thèmes principaux: le thème de la socialisation c'est-à-dire tout ce qui est citoyenneté, le vivre ensemble et la mixité. Madame SAITHSOOTHANE l’a mentionné tout à l’heure. Le thème de la responsabilisation: responsabilisation du jeune, c'est-à-dire son autonomie et sa prise d’initiatives. Le troisième thème, c’est un thème de projection: projection en termes d’orientation de formation scolaire et aussi sur les métiers du sport. Ces 3 thèmes-là ont pour objectifs fondamentaux: le développement et la connaissance de soi - on parle du jeune bien entendu - restaurer l’estime de soi. Les jeunes ont besoin d’avoir confiance en eux, d’avoir de l’estime. Le premier objectif pour nous, c’est cela: c’est de travailler sur le développement de l’estime de soi, la connaissance de soi.

Le deuxième objectif c’est de sensibiliser le jeune à l’analyse de codes comportementaux: savoir se comporter quand on voyage, quand on est sur un terrain, quand on rencontre d’autres jeunes, quand on est en société. Le troisième objectif c’est l’ouverture à la société et l’ouverture au monde de l’entreprise parce que l’on ne peut pas dissocier le sport en matière d’éducation, de l’apprentissage au monde de l’entreprise. C’est pour cela que nous disons à DIAMBARS que le sport c’est le miroir de la société et que nous devons veiller à utiliser les outils. Madame SAISTHOOTHANE disait que ce sont les mêmes. Je suis aussi Éducation Nationale et je ne sais pas si les jeunes sont les mêmes, ce qui est sûr c’est

qu’ils utilisent de nouveaux outils et des outils différents pour apprendre. Il est très difficile pour nous d’imprimer l’information dans le cerveau de nos jeunes. Monsieur ROSE a mentionné le problème de concentration. C’est vrai. Les jeunes ont un problème de concentration. C’est récurrent. C’est donc forcément un problème sociétal, à notre sens. Nous utilisons pour cela des outils qu’ils utilisent (la vidéo, la photo). Ils utilisent le téléphone portable pour téléphoner mais on peut faire tellement de choses avec les téléphones portables. Nous utilisons donc ces outils aussi dans nos programmes socio-éducatifs.

Madame CHARLES disait: «Comment faire face aux difficultés que nous avons tous?». Je pense qu’il faut mutualiser. Il faut que l’on travaille ensemble sur l’aspect logistique, sur l’aspect humain. S’il n’y a pas d’argent, il n’y a pas d’infrastructure. Il y a des gens. Si nous sommes là ensemble, aujourd'hui, c’est que nous avons envie de continuer à construire la société avec nos jeunes et justement de faire avec eux et pas seulement pour eux, parce que souvent dans le sport, je trouve que l’on fait beaucoup pour les jeunes mais on ne fait pas assez avec eux. Voilà ce que je voulais dire.

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Samedi
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SPORT SCOLAIRE ET UNIVERSITAIRE

Quelques dates. Je ne vais pas toutes les dire mais juste vous rappeler que l’USEP a été créée par une circulaire du Ministre de l’Éducation Nationale, Jean ZAY, en 1939.

à tous. Merci tout d’abord à la CTM de nous avoir invités à ces Assises du Sport Martiniquais et de nous donner l’occasion de vous présenter l’USEP, l’Union Sportive de l’Enseignement du Premier degré. Je suis le Président de l’USEP.

Bonjour

Je profite pour saluer la représentante de la NouvelleCalédonie puisque je suis aussi élu au Comité national de l’USEP et nous partageons régulièrement avec les collègues de la Nouvelle-Calédonie, à travers des outils que nous avons (les Jeux DOMCOM). Je rappelle que l’USEP de la Nouvelle-Calédonie, c’est 14000 licenciés. C’est une très grosse fédération au niveau national.

J’ai donc 10 minutes pour vous présenter l’USEP, comme le rappelle ma collègue de l’UNSS. De nous excuser pour le gabarit puisque nous n’avons pas utilisé le même gabarit mais nous tâcherons d’avancer sur le dossier. De m’excuser aussi parce que je ne vais pas pouvoir rester au-delà de midi mais nous avons dans la salle le Délégué départemental de l’USEP, Guy ELISSE qui prendra le relais lorsque je partirai.

L’USEP est avant tout une structure qui prend son ancrage au niveau de trois grandes entités. D’abord la ligue de l’enseignement, l’Éducation Nationale et le mouvement sportif.

Des moments clés. Une habilitation en 1955. La loi sur le sport qui reconnaissait l’USEP comme fédération sportive scolaire des écoles publiques de l’enseignement du premier degré. En 1999, nous signons une première convention avec l’Éducation Nationale. Cette convention a été actualisée en 2014. Nous avons, en Martinique, signé une déclinaison de cette convention en 2015 avec la ligue de l’enseignement représentée par la Fédération des Œuvres laïques et le Ministère de l’Éducation Nationale. Cette convention signée a permis aussi de réactualiser pas mal de conventions avec des ligues et comités sportifs de Martinique. C’est le cas de la ligue de rugby, du badminton, du golf. Nous sommes en train de travailler avec le hand-ball, le football et d’autres fédérations pour rajeunir nos conventions. En 2004, l’USEP suite à une scission avec l’UFOLEP au niveau national, a élu son premier Président national. L’USEP a fêté ses 70 ans. Vous voyezbien que c’est une fédération qui a déjà un certain âge et qui fêtera en 2019, ses 80 ans.

Nous avons d’abord une mission de service public. Cette mission de service public que nous avons, est dans le cadre de conventions signées avec l’Éducation Nationale qui nous autorise à promouvoir les activités sportives dans le premier degré. Mais nous sommes aussi la structure qui fait l’interface entre le monde scolaire et le monde sportif. C’est pour cela que nous signons différentes conventions avec les ligues et comités sportifs.

L’USEP contrairement à l’UNSS fonctionne au niveau des écoles primaires sur la base de créations d’associations sportives d’école volontaires. Ce sont des écoles qui décident de créer des associations USEP en leur sein. Nous avons un agrément du Ministère de la Jeunesse et des sports pour fonctionner.

Il faut savoir que ces associations USEP sont bien structurées car elles sont composées de collèges d’enfants et de collèges d’adultes représentés par des parents et des enseignants.

Thème 4
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Samedi 25juin 2016 Sport scolaire et universitaire

Quelles sont les valeurs fondatrices de l’USEP? Elles sont au nombre de 3. J’ai entendu, tout à l’heure, un certain nombre de personnes faire des interventions et je pense qu’elles vont se retrouver. La première valeur: la laïcité c'est-à-dire la possibilité de permettre à tout un chacun d’accéder à la connaissance et à la vie publique, la citoyenneté car de plus en plus, nous permettons aux enfants d’avoir un esprit critique et aussi de s’engager en tant qu’acteur de leur projet éducatif et associatif. Mais nous prônons aussi une valeur de solidarité, c'est-à-dire que nous permettons à tous les enfants, dans ces questions de justice sociale et d’égalité pour tous, d’accéder à toutes les activités.

Quel est l’objectif que nous poursuivons? À travers l’activité sportive que nous développons au sein des associations USEP, nous permettons aux enfants d’accéder à l’éducation et à la culture, à l’engagement civique et aussi la possibilité pour nous de mettre en place des activités sur l’ensemble du territoire et de créer du lien social.

Une finalité au niveau de l’USEP: nous développons une culture sportive, une culture associative et une culture d’engagement civique et social. Pour ce qui est de la culture sportive, au niveau de l’USEP, nous ne faisons pas de la spécialisation, nous permettons aux enfants, à travers les associations, de découvrir un maximum d’activités sportives mais aussi en leur inculquant une culture associative. Par le biais de l’association USEP, les enfants ont des responsabilités au sein de l’association. Et une culture de l’engagement civique et social parce que de plus en plus, nous intervenons à l’Éducation Nationale dans le cadre de l’éducation aux valeurs morales et civiques en proposant aux enfants un certain nombre d’activités dans le cadre de ce que nous appelons les «débats associatifs» sur des thématiques qui les concernent.

À travers l’USEP, nous visons une volonté tripartite. Je ne vais pas tout lire mais rappeler un certain nombre d’éléments. Une volonté pédagogique, une volonté associative et une volonté fédérative. Sur la partie qui nous concerne ce matin, notamment la volonté pédagogique, à travers les activités de l’USEP, nous permettons aux enfants d’avoir des rôles de participants, d’organisateurs, de concepteurs mais aussi sur la base de valeurs éducatives: respect de l’homme, respect de la règle et respect de soi. Sur la volonté associative, car de plus en plus, au niveau de l’USEP, nous mettons

les enfants acteurs et auteurs des activités, des projets qui sont développés. En valeur fédérative, de plus en plus, nous faisons un énorme travail avec les autres fédérations pour que les enfants puissent avoir une véritable solidarité entre eux, à travers la possibilité de découvrir de nouvelles activités et notamment un travail qui a été fait au niveau de la santé.

L’USEP au niveau national, qu’est-ce que cela représente en termes de chiffres? C’est près de 800000 licenciés de 3 à 11 ans. Près de 9000 associations USEP d’école. Près de 44000 licenciés adultes (enseignants et parents). C’est la 4e Fédération sportive française et la 1ère Fédération sportive scolaire de France.

En Martinique, rapidement, sans entrer dans les détails, vous voyez un petit peu l’évolution de l’USEP. Je ne vais pas tout lire. Nous avons un nombre d’associations qui avoisine la cinquantaine, quand on sait que l’on a près de 256 écoles. Il reste une marge. Ce qui donne un taux de pénétration au niveau de l’Éducation Nationale de 15%. Avec un nombre de licenciés qui est en chute, qui est passé de 5558 enfants en 2014 à 5030 enfants en 2015. Comme vous pouvez voir au niveau des circonscriptions comment nous fonctionnons, vous voyez qu’il y a beaucoup d’associations USEP dans les associations du Sud, le Lamentin, le Nord et aussi au niveau du Nord Caraïbe.

Quelles sont les activités?

Nous avons voulu comme vous nous l’avez demandé, vous mettre un certain nombre de photos. On n’a pas pu tout mettre. Au-delà des activités traditionnelles comme le football, le hand-ball, l’athlétisme, des activités de jeux aquatiques que nous faisons à la fois en mer et en piscine. Là nous connaissons de réelles difficultés parce que ce sont des activités qui coûtent de plus en plus puisqu’il faut les encadrer avec des maîtres-nageurs et aussi des animateurs et parfois des difficultés pour avoir des créneaux au niveau des différentes piscines du département.

Nous avons aussi une manifestation qui nous permet de mettre les enfants auteurs et acteurs. Chaque année, nous faisons la quinzaine de l’USEP. Au cours de cette activité, souvent les enfants sont acteurs et auteurs. Par exemple, des élèves de CM2 organisent des activités pour les élèves de maternelle et de CP. Puis une activité phare, chaque année, en partenariat

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avec l’Éducation Nationale et l’UNSS, la journée du sport scolaire. C’est permettre aux enfants de découvrir de nouvelles activités mais aussi leur permettre de faire des activités en mer. Une activité que l’on ne va malheureusement pas pouvoir continuer: l’aqua-basket à Sainte-Luce. Activité que nous aurions aimé poursuivre.

Chaque année, au niveau de l’USEP, dans le cadre de la réflexion du mouvement, nous organisons une journée que nous appelons «journée de réflexion» avec l’ensemble des animateurs et des partenaires qui nous accompagnent tout au long de l’année. L’an dernier, la journée de réflexion a porté sur le sport scolaire pour tous, ce que l’on appelle les activités inclusives en prenant en compte la question du handicap. Vous voyez sur la photo, la présence d’Audrey CAKIN et aussi les activités de voile avec les embarcations de voile destinées aux personnes en situation de handicap.

Une activité aussi qui nous permet de faire un meilleur travail avec les enfants et notamment la gendarmerie et aussi le Comité du cyclisme: le P’tit tour USEP. Des activités de randonnée avec le Comité de randonnée pédestre. Mais nous avons aussi au niveau de l’USEP, une activité de solidarité puisque chaque année nous mettons en place, avec le Téléthon, des activités pour permettre aux enfants de prendre en compte la condition de la solidarité.

Sur la question de la santé, depuis un certain nombre d’années, nous faisons un réel travail à travers le projet «Le sport, ça se VIE». Nous mettons pas mal d’actions de santé en place, d’insertion ou de sensibilisation pour que les enfants, de plus en plus, prennent conscience qu’il faut pratiquer une activité sportive. Là vous voyez les productions réalisées par les enfants qui sont venus en activité dans le cadre de cette journée.

Nous avons un certain nombre d’outils. Nous utilisons la thématique de la santé à tous niveaux. Au niveau des maternelles à travers un outil qui a été créé, au niveau du cycle 2, au niveau du cycle 3 et depuis deux ans, nous commençons à travailler avec les partenaires de l’Éducation Nationale et les comités pour mettre en place ce que l’on appelle les parcours sportifs. Comment permettre aux enfants de passer de l’EPS à l’APS et à la rencontre sportive? C’est vrai que ce sont des activités un peu difficiles à mettre en œuvre puisque depuis la mise en place des rythmes scolaires, nous rencontrons quelques difficultés à pouvoir mettre ceci en place

notamment avec les municipalités puisqu’en fonction des municipalités, soit ils ont classe le mercredi, soit ils ont classe le samedi. Je vous avoue que cette difficulté est au niveau national parce qu’il y a une chute d’activité. Il y a une vraie réflexion qui est menée au niveau de l’Éducation Nationale avec l’USEP au niveau national pour voir dans quelle mesure nous pourrions prendre toute la place au niveau de la mise en place des NAP ou des TAP, c'est-à-dire des activités périéducatives et des nouvelles activités périscolaires.

L’USEP est sur le même site que les œuvres laïques, la FOL de Didier et en même temps sur le site de l’UFOLEP.

Jute pour terminer mon propos, nous posons aujourd'hui la question de la projection de l’USEP dans 5 ou 10 ans. On va d’abord travailler sur la mandature en cours. Nous sommes en train de mener une réflexion et je remercie la CTM de nous avoir invités puisque nous avons un certain nombre de propositionsà faire pour le Livre Blanc pour que nous puissions prendre en compte cette dimension.

La collègue de l’UNSS est juste à côté de moi. Il y a une réflexion qui est menée au niveau de l’Éducation Nationale sur le nouveau cycle, le cycle qui va concerner le CM1, le CM2 et la sixième, pour que nous puissions trouver une réelle connexion pour permettre aux enfants de pouvoir continuer à pratiquer une activité sportive saine et pérenne. Je vous remercie.

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Mesdames, Messieurs, bonjour. Je poursuis le propos sur le sport scolaire. On verra qu’il y aura beaucoup de choses qui vont se retrouver même sport et éducation puisque la matière c’est le sport.

Je ne vais pas présenter l’UNSS parce que je pense qu’il vaut mieux recentrer mon propos sur le sport scolaire mais certainement rappeler que l’UNSS reste la Fédération du sport scolaire, qui effectivement est déclinée du niveau national vers les régions, les académies et justement qui fédère toutes les associations sportives qui sont dans les établissements du second degré.

Concernant le sport scolaire, il m’a semblé important de rappeler ce que les textes mettent en avant et ce qu’ils préconisent. Rappeler que le sport scolaire est une des composantes de la politique éducative de notre Académie, au service de la réussite, de la responsabilisation, de la santé et du bien-être des élèves, comme le sport (on l’a vu tout à l’heure). Ce sport scolaire vient en complément de l’enseignement de l’éducation physique et sportive (EPS), il offre à tous les élèves volontaires la possibilité de pratiquer des activités physiques et sportives dans le cadre d’associations sportives scolaires.

Je précise ce côté volontariat. Si les associations sportives sont obligatoires dans les établissements mais par contre, le sport scolaire reste volontaire et justement c’est tout notre travail de faire que le maximum de jeunes puissent adhérer à ce sport scolaire pour leur bien-être, leur santé, etc.

Pour y arriver, il y a une politique volontaire de développement du sport scolaire qui a été élaborée au niveau national. Cette politique nous donne les grands axes sur lesquels il faut travailler afin de permettre justement au sport scolaire de répondre aux attentes.

Nous avons trois plans importants. Le plan académique de développement du sport scolaire

Effectivement, ce plan académique est en concordance avec le plan national qui, après une étude du sport scolaire en général, dans différentes régions, nous donne des pistes pour pouvoir essayer d’attirer le maximum de jeunes. Ce plan académique, chez nous, a pu proposer plusieurs axes qui sont très intéressants comme, recentrer le sport sur notre région, s’occuper de la pratique de haut niveau mais aussi pratique de base, etc.

Au-delà de l’augmentation générale du nombre d’élèves investis dans l’association sportive, le plan académique doit, en fonction du diagnostic réalisé localement, cibler des publics spécifiques. Il est important que l’on s’arrête aux lycéens, par exemple. On s’est rendu compte que si en collège, on a un nombre assez intéressant de jeunes, quand on arrive en lycée, on en perd beaucoup. C’est quand même un âge, l’adolescence, où ces jeunes ont besoin de poursuivre l’activité physique au regard du changement de morphologie, etc.

On a aussi les lycées professionnels. On s’est rendu compte que c’est particulièrement à ce niveau qu’il y a une chute du nombre de licenciés due peut-être au fait que les lycées professionnels accueillent des jeunes venants de partout et qu’il n’est pas toujours facile de les garder le mercredi pour la pratique du sport.

Les filles, on en a parlé dans le sport en général, c’est vrai que le nombre de licenciées filles reste toujours inférieur à celui des garçons alors que l’on a eu l’occasion, lors de notre réunion, de se rendre compte que l’on a beaucoup de femmes qui font du sport volontaire, du sport loisir, non compétitif. Ce qu’il faudrait, c’est dès le plus jeune âge, habituer ces jeunes filles à pratiquer pour leur bien-être.

Les élèves des écoles et des établissements de l’éducation prioritaire. Ce sont des zones où peut-être certains jeunes ont besoin de l’école pour leur permettre d’accéder à la pratique sportive de compétition. Ce n’est pas toujours facile au niveau des parents de les mettre dans les clubs, etc.

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Les élèves des internats d’excellence. Ce n’est pas parce que nous sommes en excellence qu’il faut oublier le sport, sachant que la pratique d’un sport ne peut qu’aider le jeune à exceller. Et on a souvent vu de très bons sportifs qui sont aussi de très bons élèves.

Enfin, les élèves en situation de handicap. Heureusement que déjà dans la pratique de l’éducation physique à l’école, on a ces jeunes qui sont pris en compte. L’éducation physique est adaptée dans la mesure du possible pour leur permettre de pratiquer.

Au niveau de l’UNSS et du sport scolaire, depuis plusieurs années, nous avons intégré des jeunes et certaines activités. C’est vrai que ce n’est pas toujours facile de leur permettre d’être présents mais il y a quand même cette ouverture et avec notre inspecteur Benoît THIERY qui est justement très proche puisqu’il est Président d’un club d’enfants atteints de handicap et qu’il s’en occupait quand il était au collège ADENET, nous avons des enfants qui sont intégrés aux compétitions (des championnats d’académie d’athlétisme, par exemple). On veut justement, de plus en plus, ouvrir à d’autres sports. L’athlétisme reste le plus facile parce que l’on a la course à fauteuil, les lancés, mais il y a quand même des sports comme le basket, comme le tennis de table qui peuvent se pratiquer en fauteuil. C’est vraiment tout notre souhait de permettre au plus grand nombre de jeunes de pouvoir accéder au sport scolaire.

La journée du sport scolaire

Le deuxième grand pôle c’est la journée du sport scolaire dont la date est précisée chaque année par une note de service. Ce sera cette année le 14septembre, après la rentrée. Elle est instituée dans les écoles et les établissements scolaires. Elle vise à promouvoir et à mieux faire connaître l’activité des associations et des fédérations sportives scolaires auprès de la communauté éducative et du milieu sportif local. Elle est notamment l’occasion d’organiser des manifestations sportives, à la fois ludiques, festives et ouvertes à tous.

Cette journée c’est effectivement l’occasion pour les associations sportives d’inviter les parents, les associations sportives de la commune, les collectivités. En tout cas, tous ceux qui tournent autour de l’éducation et du sport pour montrer ce qui est fait dans l’établissement mais aussi pour ramener à l’association sportivedes partenaires parce que les parents sont de plus en plus conviés. Ce sont les membres maintenant des comitéset

des associations sportives. Souvent ce sont de très belles journées qui permettent à l’AS de progresser. On va reconnaître la journée nationale du sport scolaire comme nous l’avions fait avec l’USEP où justement nous avions voulu mettre en avant la liaison CM2sixième. On était sur le site de Sainte-Luce à Corps de Garde. Vous voyez que l’on retrouve de l’aqua-basket, différentes activités et nous avions les jeunes, justement, porteurs de handicap sur chaise roulante. C’était une très belle journée.

Mais cette journée du sport scolaire se décline dans tous les établissements scolaires. Tous les établissements scolaires du secondaire doivent proposer une activité mais nous, on nous demande toujours un moment fort pour marquer cette journée.

Le développement de partenariats

Un autre point qui permettra de faire avancer notre sport scolaire, c’est le développement de partenariats. Il est bien dit dans le texte qu’il appartient aux autorités académiques, en lien avec les fédérations sportives scolaires, de veiller au développement des partenariats suivants:

• Les conventionnements relatifs à l’usage des équipements sportifs, qu’il convient d’optimiser. L’utilisation partagée des équipements propres aux écoles et aux établissements scolaires et des équipements non scolaires est encouragée dans le respect des compétences et des responsabilités de chacun, sans mise en cause de leur disponibilité pour l’EPS obligatoire. Effectivement, vous savez que tous les établissements scolaires du second degré possèdent des installations intramuros, mais elles sont en nombre limité. Pour la pratique du sport scolaire à l’UNSS, il nous faut nous rapprocher des collectivités, des mairies et arriver à nous entendre avec les clubs qui souvent sont déjà installés, ont investi certaines installations et ce n’est pas toujours facile de pouvoir trouver des installations qui conviennent. Par exemple, si vous prenez le football, aucun établissement n’a un terrain de football. Forcément on est obligé de composer avec les clubs qui souvent sont obligés, je peux le comprendre, de faire certains entraînements des plus jeunes, le mercredi après-midi. Nous sommes dans cette démarche et je crois que depuis quelques années, il y a quand même une amélioration dans ce domaine et une compréhension. D’ailleurs, lorsque les enseignants sont aussi des entraîneurs, les choses s’arrangent très vite.

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Les partenariats avec les instances départementales et régionales des fédérations sportives, déclinant la convention-cadre du 25mai 2010 avec le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et les conventions-cadre signées au niveau national avec les fédérations sportives.

Effectivement, nous avons décidé, depuis quelques années, de nous rapprocher des ligues et des fédérations pour pouvoir mutualiser nos efforts, aussi bien au niveau de la formation, de l’encadrement et cela justement avec le CROSMA auquel appartient l’UNSS. Nous sommes dans cette démarche d’améliorer ces relations et d’ailleurs nous avons créé des commissions mixtes avec les ligues afin de pouvoir nous entendre sur les calendriers, sur ce que l’on propose. Je pense que c’est dans l’intérêt de tous que nous puissions arriver à une entente.

Je ne vais pas rester longtemps dessus mais je rappelle que si tout cela est possible, c’est grâce à l’association sportive qui est quand même un acteur majeur de la vie de l’école et de l’établissement. L’association sportive constitue un véritable outil au service de la réussite des élèves, notamment par sa contribution à l’acquisition des connaissances et des compétences du socle commun. Elle est une composante du tissu associatif sportif local.

Effectivement, l’association sportive permet aux jeunes de pratiquer des activités qu’ils pratiquent déjà en EPS. On avait dit que c’était le prolongement et donc participe aussi à l’acquisition des compétences de notre socle commun dont on a parlé précédemment.

L’association sportive doit avoir un projet qui fait partie intégrante du projet d’établissement. C’est important justement que les chefs d’établissement s’assurent que les associations sportives aient ce projet qui va leur donner cette direction. On ne fait pas des activités comme cela, c’est un vrai projet de vie pour les jeunes.

Justement je disais que le projet de l’association sportive se construit autour de deux axes principaux:

• la pratique des activités physiques et sportives, c'est-à-dire une alternance de compétitions, d’entraînements, de manifestations et autres;

• l’apprentissage de la responsabilité, par la participation des élèves à la vie de l’association et à l’organisation des activités. L’association sportive contribue ainsi à l’apprentissage des règles et à la prévention de la violence.

Je vais insister sur le côté responsabilité. L’UNSS a mis en avant ce dossier de «génération responsable» qui met en avant tous les jeunes qui peuvent s’engager, s’investir pour l’encadrement comme des jeunes arbitres, des jeunes juges, des jeunes reporters. Ce sont des axes qui sont développés. Finalement, beaucoup de jeunes ont des aptitudes et adhèrent. Nous avons même, maintenant, des jeunes secouristes et des jeunes reporters.

C’est pour vous montrer que le sport scolaire c’est la pratique, mais c’est aussi l’éducation des jeunes à pouvoir plus tard pouvoir encadrer le sport et poursuivre. Puisque le bénévolat, on sait que ce n’est pas facile, et si très jeune, on les met déjà sur le terrain, on aura peut-être plus de facilité à poursuivre cet encadrement plus tard.

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Enfin, on l’a déjà dit, l’association sportive c’est quand même un acteur essentiel du projet d’éducation à la santé par la pratique régulière dans les écoles et les établissements.

Pour terminer, j’ai voulu vous donner une photographie de la situation du sport scolaire de l’Académie de Martinique. Cela va de l’année scolaire 2012-2013 jusqu’à 2015/2016. Si vous regardez le nombre de licences, il reste à peu près stable. Il augmente très peu, malgré l’acharnement des enseignants à vouloir attirer les jeunes. Le nombre de filles reste quand même inférieur, vous le voyez, c’est souvent autour de 40% par rapport à 60% chez les garçons. Nous avons le nombre de licenciés, grosso modo, par enseignant. Je le signale quand même parce que cela fait à peu près l’effectif d’une classe. Mais on sait très bien que c’est très disparate. On peut avoir des enseignants qui ont beaucoup d’élèves sur plusieurs activités. C’est donc une moyenne au niveau de notre académie.

Nous avons, je résume, 76 associations sportives entre les collèges et lycées. Vous avez 47 collèges et 28 lycées. Comme je vous parlais des jeunes officiels, vous pouvez regarder l’augmentation surtout au niveau du nombre de certifications. Nous sommes passés de 58 à 235 en 4 ans. Je crois que les enseignants ont bien compris l’importance d’amener ces jeunes à la responsabilité et de plus en plus, nous avons des jeunes qui nous surprennent et qui vont nous être très utiles plus tard.

Le nombre de licenciés, je tiens quand même à le signaler, il reste en dessous du nombre moyen au niveau national. Nous sommes à 18,14% alors que la moyenne nationale est à 21,79%. Il y a encore un gros travail à faire. Comme je le disais, le nombre de garçons chez nous est à 60,64% et les filles 39,36%. L’écart entre les garçons et les filles est plus important chez nous qu’au niveau national. Les jeunes officiels, même si le nombre augmente, on se rend compte qu’il n’est qu’à 3,19% contre 13,51% au niveau national. Nous sommes dans cette démarche depuis 3 à 4 ans. Je pense que cela va aller crescendo. Je fais confiance à tous les enseignants et animateurs d’AS.

Je veux terminer en vous disant quelles sont les activités. Vous allez voir qu’à l’UNSS il y a beaucoup de sports qui sont pratiqués: des sports collectifs mais de plus en plus de sports de plage, les sports individuels (athlétisme, équitation, natation, musculation), les activités d’expression comme la gymnastique artistique, la gymnastique aérobic, la danse,…), les sports de raquettes (tennis, tennis de table, badminton), les sports nautiques et de plage qui augmentent en nombre et je suis bien contente parce que l’on est quand même sur une île (la voile, la voile traditionnelle, la planche à voile, le surf, le canoë-kayak), les sports de plein air (le VTT, le raid), les sports de combat(judo, escrime) et comme je le disais, le sport partagé et handicap. Nous faisons tout pour qu’ils s’intègrent vraiment dans le paysage sportif du sport scolaire martiniquais.

Simplement, sachez que tous ces sports sont pratiqués un petit peu sur toute l’académie sauf certains qui sont très centrés comme les sports de plage ou la voile. Vous en trouvez sur les communes qui sont plutôt en bord de mer. On essaie quand même de les vulgariser en faisant des journées masse par exemple, où on amène les enfants du Gros-Morne, à la planche à voile, au surf, etc.

Il y a vraiment une volonté d’uniformiser la pratique sur le territoire. C’est ce que je peux dire sur notre sport scolaire. Il y a beaucoup de travail mais il y a quand même beaucoup d’avancées.

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Vous dire que beaucoup de choses ont déjà été dites, je vais donc essayer d’épurer un maximum. Remercier la CTM parce que je sens qu’il y a vraiment un chantier positif qui se met en place. Nous sommes nombreux à avoir attendu une telle réflexion et je suis heureuse d’y apporter ma modeste contribution.

Au niveau de mon introduction, je vais aller très vite sur tout ce que les précurseurs ont signalé et ce que le sport était au monde de l’éducation. Mais moi, mes interrogations par rapport à un nouveau projet éducatif et sociétal, ce serait justement quelles sont les exigences pour cette société mère? On sait que c’est la «compétitivité à outrance». Comment y trouver sa place? Partant de là, quel type d’individus on veut former? C’est un type d’individus «performant, autonome, adaptable à tous les défis». Ce n’est pas évident mais je sais que nous sommes nombreux à vouloir y participer. Commentcela va-t-il se traduire? Dans notre discipline, l’EPS, le sport, pour en arriver à des compétences transférables dans la vie de tous les jours, pour éviter tout ce que l’on a entendu (les dérives, les violences) et surtout former cet individu du troisième millénaire.

Arrivée en 1978 aux Antilles, je suis nostalgique de la musculature dont étaient dotés les petits collégiens. De beaux muscles apparents; Ils gagnaient tous les cross. 40 ans après, (je suis à l’Université depuis 1991) on réalise l’obésité et tout ce que vous avez signalé. Nous avons une génération assise. Il nous faut agir très vite. Assise à l’école, assise au lycée, assise dans les amphis. Ils n’ont même plus le temps de manger ni de dormir, nos étudiants. Assis devant leur iPad

et devant toute la technologie. Le confort n’a pas forcément révélé que de bonnes choses. On ne communique presque plus si ce n’est par textos. Il faut remettre la société «en mouvement».

Nous avons aux Antilles tous les espaces verts, tout ce qu’il faut pour remettre une génération en mouvement. Dans la pédagogie, ce qui m’interpelle c’est que «plus le corps est faible, plus il va commander (dérives, violence prennent le pas). Plus le corps est fort, plus il va obéir… (la raison et le self contrôle l’emportent)». Obéir à la raison, à tout ce qui fait que nous devons avoir un sens inné du respect de l’autre et de soi-même.

J’avais apporté quelques éléments sur le sport scolaire mais je ne vais pas m’y étaler. Ce serait surtout sur des pistes de réflexion sur notre nouvelle manière d’aménager, de bâtir. En matière d’urbanisme, tout ce qui est espace de jeu, de convivialité arrive trop vite en fin de course et souvent il n’y a plus d’espaces de vie dont parlait la dame au niveau de Floréal et tout ce qui peut permettre de remettre toute cette errance de notre jeunesse dans le droit chemin.

Partant de là, beaucoup de nos équipements sportifs ne permettent pas d’extensions de nouveaux bâtiments. Il faut y penser. Souvent l’assiette même du terrain n’est pas respectée. Je vous donne un exemple. Nos installations du Campus de Saint-Claude où il y a toute l’eau qui ravine des montagnes, les plateaux sportifs sont imbibés de boue régulièrement. On a une garantie décennale. La Région précédente de Monsieur LUREL n’en a absolument pas tenu compte, ce qui fait qu’il y a des installations qui sont en perdition et non fonctionnelles.

Qu’est ce qui se passe au niveau du sport universitaire? Avant l’année 2008, nous avons 40 ans où il n’y a eu aucun débat sur le sport universitaire. C’est sous Valérie PECRESSE qu’il y a eu une préoccupation du sport universitaire au cœur de l’Université avec la nouvelle loi de réforme de l’Université. Là, ils ont reconnu au sport, cette action sur la santé mentale, physique, émotionnelle des étudiants pour leur permettre de réussir leurs études. C’était quand même pour nous, une opportunité à saisir parce que nos étudiants sont vraiment en mal-être à l’Université et ce n’est pas Aurélie NELLA ici présente, qui va m’en dissuader. Elle n’est pas en mal-être, je vous l’assure, elle fait partiede ceux qui sont en réussite.

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Si vous voulez, nous avons eu malgré tout, une évolution des textes qui a permis que nos enseignants soient formés à l’Université. Mais là encore, un petit bémol parce que pour trouver notre place parmi les intellectuels de l’Université, nous avons perdu notre âme, nous avons suivi des formations parfois très éloignées de l’éducation physique et sportive. À telle enseigne même que nous avons perdu des enseignants qui n’enseignent plus que l’histoire, après avoir fait une thèse sur «l’histoire du sport», ou plus que l’économie, après avoir fait une thèse en «économie du sport». C’est quand même des forces vives que nous avons perdues.

Partant de là, nous sommes, nous, centrés sur ce qu’on nous demandait en termes d’ascension sociale, de santé des étudiants, et nous avons axé la vie des campus et le développement des services auprès des étudiants: comment le SUAPS peut aider et contribuer à la réussite des étudiants? Et ensuite, favoriser cette vie associativeet compétitive pour aller vers le fédéral. Voilà les 3 axes sur lesquels nous nous sommes vraiment ancrés au niveau de l’Université.

Le développement d’une vie des campus, c’est pour éviter que nos étudiants ne partent vers d’autres horizons. On a un flux incroyable. Le passeport mobilité ne nous a pas aidés parce que même s’il y a des formations sur place, ils partent quand même par des moyens détournés, alors qu’ils peuvent trouver sur place pas mal de formations. Pour celles qui n’y sont pas, on passe, mais pour celles qui existent, il faut vraiment que nos collectivités revoient ce passeport mobilité qui nous permettrait de garder des forces vives au sein de la Martinique.

Au niveau de nos infrastructures sportives et de lieux de convivialité, elles participent justement du bienêtre des étudiants, on peut dire que depuis 2001 - et je salue encore cette équipe de la CTM parce que c’est elle qui nous a aidés dans ces constructions de notre hall des sports, qui nous a aidés dans toutes les adjonctions d’équipement que nous avons mis en place sur ce campus. Cela va donc du hall des sports, à la salle de musculation, la salle de danse, toutes les aires de street-ball extérieures parce qu’un jeune, s’il a envie à 3heures de l’après-midi d’aller faire des paniers de basket, il y va. Il y a aussi le parcours de santé parce que nos étudiantes se faisaient agresser lorsqu’elles partaient faire leur footing à 6heures du

matin. Il y a des aires de fitness extérieures «style plage du Brésil» qui leur permet d’aller faire leur activité sportive avant même d’aller en cours à 7heures ou 7h30. Cela nous fait un vivier d’étudiants parce que les étudiants du CROUS sont vraiment isolés. Ils ont coupé le cordon ombilical avec la famille. Ils ont besoin de trouver sur place tous les services que je viens de vous énoncer. Nous nous sommes œuvrés à cette tâche.

Ensuite, je voudrais aussi signaler que nous avons beaucoup d’étudiants qui sont «en détresse psychologique». Il nous faut les repérer très vite pour éviter le décrochage universitaire dont parlait Monsieur BOUTRIN, c’est dès le premier semestre qu’il nous faut agir. Un étudiant qui est dans la négativité des résultats, il s’approprie cet échec. Comment lui faire comprendre qu’il y a les causes de cet échec et comment il peut rebondir par rapport à tout cela? L’insertion qu’il va trouver dans le sport va lui permettre de se dire qu’il n’est pas tout seul «dans le caca» et il va rebondir. Souvent c’est le premier semestre qui est déstabilisant étant donné que tout change (les rythmes de vie sont différents d’un lycée) et arriver enfin à ce qu’ils puissent rester à l’université.

Je vous donne un seul exemple mais il y en a beaucoup d’autres: une étudiante en échec pendant 3 années sur une première année de licence. Elle a suivi un stage de gestion du stress un samedi matin parce que le samedi matin est assez désert sur notre campus. Ces rythmes universitaires, il faut les revoir aussi. Cette jeune fille a assisté à ce stage. Elle a réalisé qu’on occupe souvent que 1/5 de potentialités de notre cerveau et qu’il y a 4/5 qui restent en friche. Elle a rebondi avec des techniques de mémorisation, de concentration,elle s’est recentrée sur sa tâche. C’est une jeune fille qui a été major de promo en deuxième, troisième année de licence, master 1 et master 2, qui a fini son doctorat et qui va d’ailleurs enseigner l’histoire au sein de notre Université. Il faut saisir toute cette opportunité de remettre quelqu’un sur les rails et je crois que nous, enseignants d’éducation physique, nous sommes très proches des jeunes pour sentir à quel moment il y a une faille et comment on peut les aider à redémarrer.

Notre objectif c’est que l’étudiant ne subisse plus. Comment le faire passer de «subir à agir»? Nous avons dans le choix des activités physiques et sportives d’abord, l’importance locale et les cultures régionales.

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Je vais même pousser plus loin. Dans les recrutements que je fais à l’Université, s’il y a la compétence locale sur place, je n’accepterai jamais de dossiers venus de l’extérieur car très souvent ce sont, ce que j’appelle, des «globe-trotters». Ils ont fait deux ans en NouvelleCalédonie, 2 ans à Haïti, 2 ans en Afrique, 2 ans je ne sais où et ils se disent: pourquoi on n’essayerait pas la Martinique? Je peux vous assurer que même à mon départ à la retraite, je veillerai à ce que ce soit quelqu’un, d’une potentialité locale qui puisse prendre ma relève. En Guadeloupe, je n’ai recruté que des Guadeloupéens. Les métropolitains étaient déjà sur place à Schœlcher et les vacataires, ce sont pratiquement que des vacataires antillais dans les lycées et collèges de notre Martinique.

Pour nous, très souvent, on est amené à proposer un enseignement qui ne soit pas forcément un enseignementuniquement basé sur la compétition. Cela peut être un enseignement basé sur l’écoute de soi, par la relaxation, tout ce qui peut leur retirer ce stress qu’ils ont en eux par la pression des études. Pas forcémentavec une énorme technique. À l’heure actuelle, qu’est ce qui est primé au niveau de nos jeunes? Le bootcamp, tous les parcours militaires mais ce n’est pas mauvais car ils vont réapprendre à courir, à sauter, à ramper, à se suspendre, tout ce qui a fait de nous des bons professeurs d’éducation physique de l’époque. Le top 5 de nos APS c’est le body-sculpt, le fitness, la musculation, toutes ces activités où ils sont centrés sur eux-mêmes pour leur bien-être. Il ne faut pas que l’on perde trop cela de vue.

Nous avons toutes les capacités qui ont déjà été énoncées par rapport au choix des APS. Toutes les différences d’apprentissage qu’elles impliquent. Il y a des APS qui sont plus physiologiques ou plus énergétiques que d’autres. C’est vrai qu’en fonction des menus en lycée, on voit beaucoup de badminton. Une activité que l’on ne voyait pas vraiment avant, qui n’est pas forcément plus énergétique que le foot ou autres. Nous recevons un petit peu ce qui se fait en lycée. Il y a des activités qui peuvent se perdre totalement si elles ne sont plus pratiquées dans le menu des lycées. On doit à chaque fois s’adapter par rapport à la demande.

Le type de relations qu’elles instaurent , c’est l’activité de plein air et les prises d’information qui sont tout à fait différentes par rapport à l’environnement ou par rapport à un duel en sport de combat ou dans un

sport collectif où les stratégies et la tactique de jeux sont encore plus importantes. Par contre, au niveau de nos finalités, l’étudiant peut être en formation personnelle, ne pratiquer que pour son bien-être, il peut aussi pratiquer pour le ludisme, pour découvrir de nouvelles activités ou alors pour la performance pure car c’est déjà un sport de haut niveau confirmé et qu’il a donc besoin de poursuivre dans cette optique.

Je vous sensibilise sur votre corps. MERLEAU-PONTY disait que «notre corps c’est le pivot de tout notre être-au-monde». C’est vrai que dans l’éducation on doit se recentrer sur ce corps. Qui a de l’intuition, de la mémoire, qui est intuitif, c’est le corps. Dans les relations sociales, vous pouvez tricher. En politique, parfois on triche. Mais au niveau de notre corps, nous sommes devant un obstacle qui est stable, on en connaît ses limites, on sait ce que sont vos capacités. Là, on ne peut pas tricher. Mais notre mode d’éducation peut permettre aussi d’enseigner la tenue corporelle: comment on est devant un jury d’examen, devant le milieu professionnel, lorsque l’on se présente à un contrat d’embauche. Tout cela fait partie des qualités que nous devons transmettre au travers de nos enseignements et des apprentissages. Le sport est un excellent moyen pour favoriser ce développement personnel et social.

Je voudrais vous présenter à présent quels sont les guidages et les formations que nous faisons au niveau du SUAPS.

Beaucoup d’étudiants sont dans le «projet professionnel et personnel». Combien d’étudiants arrivent à l’Université sans connaître le métier qu’ils désirent faire. Est-ce que c’est enseigner, est-ce que c’est chef d’entreprise? Ils ne savent pas. Nous faisons un guidage envers eux pour éviter ce décrochage dont parlait Monsieur BOUTRIN qui fait qu’un étudiant qui était peut-être inscrit en espagnol, en langues et cultures régionales ou autres, d’un coup, il découvre au SUAPS des activités et il a envie d’aller vers les STAPS. Il y en a beaucoup qui se sont réorientés dans les STAPS.

Ensuite, on a le sportif de haut niveau. Il faut réaménager ses études, il faut faire correspondre les calendriers d’examen, les calendriers de compétition. C’est cela les vraies politiques d’éducation. C’est sentir comment on peut guider et accompagner le jeune jusqu’au bout de son cursus.

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La diététique aussi. Une étudiante, Florentine, pour ne pas la nommer, qui est sportive de haut niveau, qui rentre tard le soir a besoin de trouver son plateau-repas équilibré si elle est au CROUS par moments, en fonction des examens, parce que la cafétéria est fermée malheureusement lorsqu’elle va rentrer de l’entraînement sportif. On a beaucoup de choses à gérer intramuros pour que cette étudiante puisse gérer son cursus de sportif de haut niveau avec son cursus des études.

Nous avons aussi tout ce qui est validation des «UE SPORT» en crédits d’enseignement. Cela a été une guerre pas possible pour que le sport soit validé dans un cursus en licence. Les semestres 1, 3, 4 et 5 permettent de valider les UE dans le cursus. Cela veut dire que 3 crédits ECTS par année, cela nous fait gagner 12 crédits ECTS pour le sport sur 180 crédits d’enseignement que constitue la licence. Il nous faut faire changer cette mentalité d’esprit. Ce n’est pas évident mais on y arrive, petit à petit, on gagne du terrain.

Enfin, nous avons la formation au tutorat «MANAGERCOACH» au sein du SUAPS.

Pour qu’un étudiant se sente futur manager, futur coach, et je fais encore appel à Aurélie NELLA, tu m’excuseras car elle est passée par cette vie associative dans les associations d’étudiants, qui lui a permis de monter en tant qu’élue du Conseil pour représenter une communauté d’étudiants dans les conseils d’établissement. Ce n’est pas facile pour un étudiant d’avoir voix au chapitre par rapport aux enseignants. Elle l’a fait. Ce qui l’emmène aujourd'hui là où elle est, c'est-à-dire continuer cet engagement dans le milieu politique mais qui est au service d’une nation quand même. C’est très important et je tenais à le souligner.

Nous faisons aussi les préparations aux différents concours de la Fonction Publique Territoriale. Plein de concours ont des épreuves sportives. Un étudiant me dit: «Je veux être pompier volontaire, Madame FEDEE est-ce que tu peux m’aider pour telle épreuve?». Oui, nous sommes là. Actuellement la gendarmerie nous a demandé de participer aux épreuves du concours d’officier de la gendarmerie pour lequel il y a 15 places au niveau national. Au niveau Martinique, il y a cette ouverture. Là aussi, on va préparer pour les épreuves de ce concours. Pareil pour les douanes. Il y a des étudiants en échec à l’Université qui se sont retrouvés brancardiers au CHU de la Meynard. Il faut essayer de voir comment on peut réagir par rapport aux

étudiants que nous avons en sport et comment nous pouvons les doter au mieux. Par rapport aux épreuves sportives des concours de la Fonction publique et/ou territoriale, je n’en ai pas trop parlé, c’est le professorat des écoles. Le drame c’est que les épreuves de natation, d’athlétisme et de danse ont disparu des concours. Comment voulez-vous que nos professeurs des écoles puissent enseigner l’EPS à l’école? Alors dans les accréditations dont nous parlait Monsieur BOUTRIN mardi… Est-ce qu’il n’y a pas à impulser par les politiques, de revoir cette copielà parce que si nos professeurs des écoles ne sont pas formés à l’EPS à l’école, comment pourront-ils répondre aux 3heures réglementaires de nos petits enfants? Moi, professeur d’EPS, je me souviens d’avoir accompagné nos enfants quand ils étaient dans les écoles à la natation et aider les instits pour qu’ils puissentmettre cette activité en place. Trop d’étudiants arrivent à l’Université sans savoir nager alors que regardez tout ce qui est mis en place au collège et partout.

Nous aidons aussi aux épreuves physiques des Brevets d’État de la Jeunesse et Sports. C’est en fonction des années. Toujours est-il que nous avons des étudiants qui enseignent le fitness dans les salles de sport parce qu’on les a préparés aux métiers de la forme.

Nous avons les diplômes d’État de danse. Ce sont des étudiants qui sont passés par des spectacles de danse, financés par la CTM très souvent, et qui ont pu présenter le DE de danse et je peux vous dire que je les ai recrutés: un est en Guadeloupe à Fouilloles, Jean-Luc MEGANGE, que tu connais et Joahnn CARBASA qui lui, est actuellement professeur des écoles et enseigne la danse au sein du SUAPS parce qu’il faut toujours être professeur pour pouvoir être recruté par la commission des spécialistes.

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Notre démarche au quotidien, quelle est-elle?

C’est l’esprit du haut niveau car il y a une obligation de résultat.

C’est la qualité au niveau des champions qui est la persévérance avant tout.

C’est équilibrer tout ce potentiel mental, émotionnel, physique qui constitue la personnalité du jeune.

Coacher l’étudiant comme une Formule 1. Voilà ce qu’on leur dit dès qu’ils rentrent à l’Université. Une fois qu’ils ont pris ce pli, ils deviennent performants. Cet étudiant, il faut toujours le faire passer de «subir à agir». Il faut modifier ses capacités, modifier son état d’esprit. Il n’y a que comme cela que l’on arrivera à ce guidage.

Au niveau de notre vie associative et compétitive, nous avons tous nos échanges inter-filières. Ce sont les étudiants les plus enclins à présenter leur UFR ou leur filière d’espagnol, de droit, d’économie et là ils sont très friands. On a toujours une vingtaine d’équipes qui s’inscrivent dans toutes les inter-filières. Nous avons, ce que l’on a instauré, le RAID terrestre et nautique en équipes «mixtes» car il y a beaucoup trop de laisser-aller, les garçons contre les filles, cela n’allait plus. La mixité oblige à cette citoyenneté, à ce respect hommes-femmes.

Je signale que par rapport au scolaire, je disais à Monsieur BOUTRIN qu’il y a plus de filles à l’Université mais c’est en fonction des formations. On a parfois des amphis lors des premières années de licence, où on se demande où sont les garçons, parce que c’est en lettres. Et en droit où on se demande où sont les filles. Il y a vraiment une disparité entre le nombre de filles inscrites à l’Université. Je pense que l’on peut annoncer un pourcentage de 60% à 40%. C’est vrai que parfois les étudiants vont plus vers tout ce qui est d’entrée de jeu, lié au professionnel (ingénieur, etc.) et ne passent pas forcément par l’Université. Mais on a quand même plus de filles qui pratiquent le sport à l’Université et cela se retrouvera dans les chiffres que vous verrez tout à l’heure.

Nos inter-campus qui nous permettent de nous retrouver entre pôles (Guadeloupe-Martinique), à travers la pratique de la voile traditionnelle. Il faut savoir qu’avec Marie-Claire, on a participé quand même à ce que les activités physiques traditionnelles comme le damier, la voile traditionnelle, la danse

traditionnelle des trois pays (Guyane, Martinique, Guadeloupe), soient maintenant évaluées aux épreuves du Baccalauréat et on s’est régalé à travailler dans ce schéma-là. Nous, à l’Université, nous allons continuer ces pratiques parce qu’elles sont très importantes.

On a le «chemin du retour» qui se fait chaque 8 mai où c’est vraiment l’Université qui crée un petit peu l’attraction au niveau du 8 mai de Saint-Pierre. Toujours par rapport au bicentenaire de l’éruption de la Montagne Pelée, qui est un véritable chemin de retour mais qui est en même temps très culturel puisque cela fait appel à l’histoire de la Martinique. On le fait en aviron de mer classique et traditionnel. Les kayaks et nages avec palmes suivent souvent ce parcours nautique. Par nos échanges internationaux. Il faut savoir que nous sommes relayés aux West-indies. Mais le problème c’est le transport. L’aspect financier. C’est très délicat pour nous. On a aussi une possibilité d’échanges vers le Surinam et le Brésil plus proche de nous. Enfin, le Club Universitaire tel que le Martinique Université Club (MUC) où les étudiants de l’enseignement supérieur évoluent vers le Fédéral en HB/VB.

Le Ministère, au vu de tout cela, reconnaît quand même cet apport du sport sur la santé des étudiants et les étudiants ayant œuvré au SUAPS dans tout ce qui est associatif, ont un meilleurtaux d’employabilité dans le milieu professionnel parce qu’ils ont un profil déjà “ de manager, de coach ” qui est très déterminant pour le milieu professionnel.

Je vais conclure en disant que c’est vrai que cette identité martiniquaise est très importante dans le choix du sport à la Martinique. Cette bipolarité de notre Université c’est aussi une richesse, une force auxquelles s’allient des étudiants venus de tous horizons parce que nous avons les ERASMUS qui sont un gros fournisseur d’étudiants à l’heure actuelle. On ne sait pas, avec ce qui vient de se passer à l’Université, ce qui va advenir. Mais nous ne devons pas omettre que le développement du sport relève de la volonté de nos responsables politiques d’une Région, d’une commune. C’est toute la fonction sociale du sport qui est remise en cause et nous pensons que sport et culture sont étroitement liés. La danse est un objet sportif mais aussi un objet culturel. Les APPN aussi, de même à travers tout le patrimoine qu’elles nous permettent de découvrir.

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L’engagement sur le plan qualitatif, quantitatif et structurel de nos collectivités, permettra peut-être de remettre en mouvement cette génération «assise» et je pense qu’il faudra redéfinir cette place du sport et de la culture dans tout le programme éducatif et de société pour éveiller les consciences face à la «polyvalence» exigée pour le citoyen du 3e millénaire.

Juste pour finir, commenter les chiffres. Vous voyez qu’en 5 ans, nous sommes passés de 1830 étudiants inscrits à 3462. Je parle de la Guadeloupe et de la Martinique. Nous avons plus d’étudiants en Martinique parce que nous avons des infrastructures sportives intramuros. Quand je dis «étudiants inscrits», la première ligne, c’est inscrit une fois. Par contre, lorsque vous voyez la pratique hebdomadaire, c’est ce «turn-over» que nous avons du fait qu’ils pratiquent 4 ou 5 activités dans la semaine. Nous sommes passés de 22 activités à 30. Ce que j’appelle les UE libres, ce sont les options sport validées dans les licences. Cela nous fait plaisir quand même parce que l’on ne veut pas que l’étudiant ne vienne pratiquer que pour la petite carotte (l’option): avoir une note. On veut qu’il continue la fidélisation dans le sport. Vous voyez que 1500 valident une option mais ils sont quand même 3462 inscrits. Il y a un bon pourcentage entre «pratiquer pour un intérêt», et «pratiquer pour soi».

Ensuite les étudiants en compétitions inter-campus sont limités par le prix des billets aériens trop onéreux. Mais on a, par année, 2 à 3 titres de champions universitaires. À l’Université, nous avons été les pionniers pour le futsal. Par contre, on a des animations sur place qui sont beaucoup plus fournies. La «Journée Nationale de la Santé» représente 4000 passages aux ateliers avec des challenges: savoir quel est le meilleur sportif de l’Université, la meilleure UFR à avoir présenté le plus d’étudiants. Les ateliers sont très ludiques. Cela va depuis la détente verticale, le déséquilibre sur les poutres, etc.

Enfin, les moyens humains, vous allez être très déçus. Nous sommes 6 enseignants titulaires (3 Martinique, 3 Guadeloupe), 8 vacataires (6 en Martinique), 22 tuteurs étudiants qui nous permettent d’ouvrir beaucoup d’ateliers, 2 secrétaires administratives. Vous voyez les heures d’enseignement que cela génère: 10000heures d’enseignement / an. Les heures administratives c’est aussi énorme 11 000 heures / an.

En moyens financiers, nous sommes la 84e Université ayant le plus petit budget sur 86 et nous avons pourtant la 12e place nationale pour avoir le plus de pratiquants. Je vous remercie.

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Échanges/Débats

Louis BOUTRIN

Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM

Je vais demander à Marius NARCISSOT qui est le Président de la Commission des Sports à la Collectivité, de nous rejoindre. Nous allons faire d’une pierre deux coups, à savoir répondre aux questions antérieures sur l’éducation et bien sûr répondre aux questions sur le sport scolaire et sport universitaire. En tout cas, j’espère que vous avez compris que les contraintes horaires nous obligent à faire court. Merci.

Clotilde HARDY DESSOURCES

Proviseur lycée Acajou 2

J’ai envie de dire qu’au regard de ce que l’on a entendu aujourd'hui et des perspectives, il me semble que le projet sportif qui devrait aller vers l’école jusqu’au club, devrait être dans une démarche de mutualisation: mutualisation des pratiques, mutualisation des installations, mutualisation de l’humain. Mutualisation des installations afin de permettre que les installations que nous avons dans nos établissements scolaires puissent être mises à disposition des clubs, des ligues et de la cité.

Faire en sorte que l’humain soit mutualisé de la même manière afin que les compétences des uns et des autres puissent être mises au service de la Martinique. La mutualisation au niveau de l’Éducation Nationale, des ligues, du CROSMA, des clubs, des mairies, de la collectivité (Espace Sud, CAP NORD, etc.) et aussi ne pas oublier le monde économique puisque les jeunes que nous allons former, et cette jeunesse qui se voudrait être dans une démarche de construction, de cohésion sociale, elle est là aussi pour s’insérer dans le monde économique, que ce soit le monde économique martiniquais, caribéen ou international. Mais dans cette logique, je ne voudrais pas que l’on oublie aussi nos activités traditionnelles qui, à mon sens, devraient être le ciment pour un développement culturel et touristique. La pratique dans nos établissements, de gommier, de danse traditionnelle, de natation en mer, devront contribuer à ce développement culturel, économique mais aussi sportif.

Yvan REYNAUD

Animateur sportif BMX, Diam’N Riders Bonjour. Je me présente. Yvan REYNAUD, je suis animateur sportif dans une association qui s’appelle RIDERS qui chapeaute tout ce qui concerne le BMX sur la Martinique. Jusqu’ici le BMX a été peu cité. Il a été cité la semaine dernière et je trouve cela un peu dommage car on a cité les sports de rue. Bien souvent le football est une des disciplines en vogue mais vous savez, en général, les enfants aiment toujours avoir un BMX. Si vous êtes parents, vous savez certainement cela. Malheureusement, ici, en Martinique, on a une seule structure qui est au Marin. C’est une structure qui est en état, on va dire, correct même si le sol est abîmé. Je trouve cela un peu dommage qu’il y ait qu’une seule structure parce que, pour rebondir sur ce qui a été dit aujourd'hui au niveau de l’éducation, c’est un sport qui est libre c'est-à-dire que vous n’avez pas forcément besoin de licence pour pouvoir le pratiquer. Vous pouvez y aller quand vous voulez. En plus de cela, les grands vont sensibiliser les petits sur les règles qui sont intrinsèques dans ce sport. Ensuite, ces petits-là vont grandir et, à leur tour, vont sensibiliser les autres. Ce sport permet de développer de la créativité, de la confiance en soi, le respect, l’ouverture d’esprit. Aujourd'hui, je me retrouve en Martinique, cela fait quelques mois que je suis ici, et c’est vraiment le BMX qui m’a permis d’en arriver jusque-là et je trouve ça un peu dommage qu’ici en Martinique, ce sport ne soit pas plus mis en avant sachant que les deux roues dans les cités, etc. sont vraiment des sports qui sont aimés. C’est un sport qui n’a pas vraiment sa place par un manque de structures et qui, en plus de cela, peut être très éducatif. Voilà ce que j’avais à dire au sujet de ce sport. C’est la même chose pour tout ce qui est roller, trottinette, skateboard. Ce serait vraiment une bonne chose que ce sport soit plus mis en avant, plus ciblé. Merci beaucoup.

Louis BOUTRIN

Ce que l’on avait souhaité justement c’est de ne pas s’arrêter uniquement aux constats. Le constat c’est que cette pratique du BMX n’a pas tellement eu un succès en Martinique, ce qui explique qu’il n’y a pas d’infrastructures. Il y a eu une tentative au tout début, lancée par le Maire du Lamentin, derrière le stade du Lamentin. Il y a eu un certain engouement au début et après les jeunes se sont plus ou moins écartés.

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Ceci étant, l’esprit des Assises, c’est de ne pas s’arrêter aux constats. Vous arrivez aujourd'hui avec des propositions, des orientations. Vous nous dites: «au regard du nombre de pratiquants que nous avons, nous souhaiterions que l’on puisse développer des infrastructures de BMX à tel et tel endroit. Dans notre listing de licenciés on constate qu’il y au Macouba de nombreux pratiquants de BMX». Cela nous aide parce que l’on ne peut pas non plus, être au fait de tout ce qui se pratique et du nombre de licenciés. J’avoue ma méconnaissance totale du nombre de licenciés actuels. En plus, il y a plusieurs catégories. Vous avez votre propre codification. Aidez-nous en quelque part, si on doit mettre une politique publique en matière d’infrastructures pour ouvrir cette pratique car on sort des pratiques classiques. Le BMX c’est déjà du CROSS mais à l’extrême. Cela se pratique de plus en plus en milieu urbain, en Europe, mais ici ce n’est pas encore le cas. Ce n’est pas une absence de volonté. C’est peut-être plus par méconnaissance et en toute humilité, je dis que nous faisons en sorte que les Assises nous permettent de prendre une nouvelle orientation parce que nous avons une nouvelle génération de jeunes Martiniquais qui ont d’autres aspirations que ce que nous avions dans notre génération. Sans faire de débat, c’était juste pour préciser.

Georges NOLBAS

Président du Comité de lutte de Martinique Bonjour. Je voulais savoir, dans la salle, combien de personnes connaissent le Comité de lutte de Martinique? Vous savez très bien que le Comité de lutte développe la lutte olympique. C’est le meilleur sport en titre qui a été cité aux Jeux Olympiques.

Depuis 1988, je suis en Martinique pour développer ce sport. Jusqu’à maintenant, je ne peux pas éclater dans mon activité. Malgré tous les efforts fournis pour faire sortir cette activité, je suis bloqué: je n’ai pas de salle et pas de promotion. Si seulement vous veniez me voir travailler, voir ce que je fais. Je voudrais que notre activité puisse prendre de l’ampleur et développerla lutte en Martinique pour tous les jeunes. C’est un sport scolaire. C’est un sport qui peut évoluer dans les écoles par l’UNSS aussi. C’est un sport qui demande beaucoup d’attention au niveau des éducateurs sportifs qui travaillent dans les centres d’insertion aussi. En plus, c’est un sport d’activité et de spectacle en même temps. J’aimerais bien que cette année, on s’occupe un peu plus de notre activité, du Comité de lutte pour le développement de cette lutte en Martinique. Une salle surtout car nous n’avons pas de salle. Nous travaillons un petit peu dans l’oubli. On va un peu partout. On déplace notre tapis. On fait des prestations mais il y a peu de retours après cela. Je suis un peu déçu. J’aimerais bien que la CTM suive un peu notre dossier. Merci.

Louis BOUTRIN

Monsieur NOLBAS est modeste car il a été également champion de lutte et pas des moindres. Effectivement, la discipline n’a pas connu le succès mais surtout il n’a pas pu mettre toute sa science au service des jeunes Martiniquais. Il y a un problème de salle qui se pose. Nous avons des installations à l’IMS. Étant à l’origine de la conception avec Daniel MARIE-SAINTE de cet IMS, et la DDJS, nous avions prévu justement une salle qui serait couverte mais aérée avec des tatamis, des tapis permettant la pratique notamment de la lutte.

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On espère que l’on va pouvoir, à côté de la vocation éducation et de la mission éducative de l’IMS, faire en sorte que ces disciplines puissent trouver leur place. Vous n’êtes pas les seuls à être demandeurs. Il s’agit après d’une question d’agenda, de calendrier. Mais on se verra au-delà des Assises pour que l’on puisse accompagner. Je répète, on le fait parce que nécessité fait loi malheureusement, même si cette discipline aurait dû être accompagnée par le Comité régional olympique étant une discipline olympique.

Victor MONLOUIS-BONNAIRE

Président du Vélo club du François Bonjour. Je reviens pour la deuxième fois à ces Assises parce que la semaine dernière nous avons participé avec intérêt à cette manifestation. Je voudrais dire, une fois de plus, que tout cela à son importance. C’est vrai que l’activité sportive lorsqu’elle est pratiquée en association, est très importante à nos yeux, aux yeux des bénévoles, qui font ces actions. Je me souviens de ce que disait Madame CHARLES tout à l’heure. On a vraiment l’impression de travailler avec des bouts de ficelles, c'est-à-dire de faire des choses avec ce que nous n’avons pas. Mais ce n’est pas sur cet aspect que je veux insister. Ce sur quoi je voudrais insister, c’est expliquer que les associations que nous représentons sont sans doute des relais éducationnels de terrain. Les différentes instances qui ont été présentées ce matin sont, disons, des instances d’organisation, sont des instances de mise en place de politiques spécifiques. Mais après, il y a un relais du terrain. Le relais du terrain, c’est l’association, c’est l’équipe qui au jour le jour, rencontre les enfants dont vous parlez. Je retiens par exemple, un point qui est important, dans ce que nous faisons sur l’équilibre émotionnel des jeunes aujourd'hui à la Martinique, sur leurs difficultés psychologiques. Les associations sportives que nous représentons, en tant que relais éducationnel, jouent un rôle très important. Nous n’arrivons pas aujourd'hui à financer nos activités avec le sport, c'est-à-dire même avec la performance. Les entreprises principalement ont leurs préoccupations, leurs obligations. Elles donnent ce qu’elles peuvent. Pour pouvoir mettre en place toutes ces actions, il y a lieu aussi que l’ensemble des clubs de Martinique, quel que soit le sport, puissent bénéficier d’une plus grande vitrine médiatique. J’en ai parlé la dernière fois, j’en reparle encore. Je suis à côté de mon ami Virgile, on en discute tout le temps. Tous ceux qui font du sport savent que les médias principaux ne peuvent pas consacrer plus d’une minute 30 ou 6 minutes dans

leur journal au sport à la Martinique. La dernière fois, le Président SOUMBO disait qu’il y a environ 80000 licenciés en Martinique. C’est presque un quart de la population. Est-ce que pour un quart de la population, on ne peut pas imaginer, par exemple, et je reparle encore de cette idée, qu’il y ait en Martinique, une fréquence sport, que ce soit avec de l’internet, que ce soit avec une fréquence FM et bientôt avec la TNT et compagnie. Mais il faut à la Martinique, une fréquence sport qui soit alimentée par les clubs sportifs.

On n’a pas besoin d’être journaliste pour mettre une caméra sur un coureur et montrer comment il avance.

On n’a pas besoin d’être journaliste pour pouvoir filmer un bateau. Par exemple, Éric BARAY avec sa petite caméra sur son front, il filme sa traversée et il donne ses images, ce qui se passe dans son bateau.

C’est pour cela que j’attire l’attention parce que vous avez, vous, à votre niveau politique, la capacité de financer une telle opération. C’est ce que j’appelle, en tout cas de mes vœux, sur cette affaire, de telle sorte que les clubs trouvent plus d’exposition.

Je ne reviendrai pas sur le manque d’infrastructures dédiées au cyclisme. Monsieur parlait de cela, il a dit: «cela fait quelque temps que je suis en Martinique et je me rends compte qu’il n’y a pas d’installation». Non, il n’y a pas d’installation. Il n’y a pas de piste cyclable en Martinique sauf sur 2 kilomètres et pourtant, on est dans un pays, où le premier cadeau que l’on offre maintenant à un garçon, à une fille, c’est un vélo. Et dans ce pays, il n’y a pas de piste cyclable. Le TCSP qui n’est pas encore en service est devenu la nouvelle piste cyclable de la Martinique. Je pense même que l’on devrait faire à côté une troisième piste. J’attire votre attention, Mesdames, Messieurs, sur ce fait. C’est vrai que c’est important que l’on se réunisse, que l’on discute mais il est important aussi que l’on avance. La Martinique a besoin d’avancer. Vous avez les moyens politiques de pouvoir mettre en place un certain nombre d’initiatives dont notamment une fréquence sport à la Martinique. Merci.

Louis BOUTRIN

Je sais que les Assises peuvent faire l’objet d’une tribune. Nous avons identifié, en préparant ces Assises, cette thématique qui est «sport et média». Nous avons tenu compte également de la disponibilité des uns et des autres, au regard des manifestations: Tour cycliste, Tour des Yoles. On a décalé l’atelier «Sport et média», je vous l’annonce, ce sera le dernier jour, le 30juillet. On fera la synthèse et vous aurez parmi les intervenants,

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des journalistes qui vont pouvoir apporter leur contribution.

Robert MARAJO

Président du Longvilliers Club du Lamentin

Je risque d’être un peu terre à terre mais je voudrais faire remarquer que le sport à l’école c’est une matière comme une autre, comme la physique, les mathématiques ou autres. Mais est-il vu comme une matière comme une autre, pour les parents? Avant il y avait des dispenses à tire-larigot, maintenant cela commence à disparaître. Les parents ne considèrent pas le sport comme une matière. Le sport c’est aussi un art. Vous entendez souvent des parents dire: «Cela ne va pas te nourrir, travaille!». La dernière fois, l’un d’entre nous disait que l’on n’avait jamais entendu dire: «Je vais te priver de ton cours de maths!». Mais la première chose dont on vous prive c’est le sport. C’est la première chose. Le sport pour tous c’est une excellente chose. On en a besoin pour notre santé. Mais le sport pour tous vient d’abord de la compétition. Il ne faut pas négliger l’un par rapport à l’autre. Tout est lié. On aura à mener notre population vers le sport. Des photos de Monsieur tout le monde, de tous âges, qui court sont importantes. On n’en voit pas. Des photos de nos athlètes de haut niveau, on n’en voit pas. Il faut que tout cela se retrouve dans les rues, à l’aéroport ou ailleurs. Je voulais rajouter, pour rester dans le milieu scolaire, que les sections sportives, il n’y en a pas assez. Je fais remarquer que les sections sportives sont les meilleures classes des collèges. Dans les sections sportives, on devrait donner une note, à part de l’éducation physique, une note de sport avec un coefficient 1 et non avec coefficient zéro, parce que c’est ce qui se passe actuellement. Pareil pour les pôles. Quand on est au collège, il faut faire de l’éducation physique. Mais quand on est pôle au lycée, je pense - peut-être que je vais me faire huer - que l’on devrait supprimer certaines matières comme l’éducation physique parce que celui du pôle, quelle que soit la discipline, il fait beaucoup de sport. Lui rajouter deux heures d’éducation physique alors que l’on n’arrive pas à joindre l’horaire convenable. On ne s’en sort pas. Le chef d’établissement n’arrive pas à faire un emploi du temps correct et le sportif du pôle il va se coucher trop tard car il a des heures à récupérer. Lorsque l’on est dans un pôle - je prends le cas de la natation - il faut nager deux fois par jour si on veut avancer. Or, avec les emplois du temps scolaire de seconde, puis première, quant à la terminale n’en parlons pas, on ne s’en sort pas.

Il faut que l’on accepte de prendre des décisions qui parfois, vont choquer. Je répète ce sont les meilleures classes des établissements parce que l’on a affaire à des jeunes qui ont appris à s’organiser. Je pense qu’il faut revoir cela et il faut aussi que des parents revoient et que nous aussi nous acceptions, par exemple, que pour les meilleurs athlètes - je ne vais pas parler de sport en particulier - on passe le BAC en 4 ans c'est-àdire que le cycle de 3 ans (Seconde, Première, Terminale) on le fasse en 4 ans. Si on est bon scolairement, on est bon sportif. Si on veut faire les deux de front et avoir des entraînements conséquents pour garder ce niveau, on ne peut pas, avec la scolarité, avec l’emploi du temps, avec les programmes. Si on regarde bien les chiffres, arrivés à la seconde, quelle que soit la discipline, il y a perte de fréquentation. Je m’arrête là. Je voulais simplement insister sur cela. Il y a cela à revoir. C’est vrai qu’il faut mettre les infrastructures des établissements à disposition. Je vois qu’il y a la piscine provisoire du Lamentin qui est fermée. Cela fait un an qu’elle est fermée. Cela fait un moment que l’on demande pourquoi on ne la met pas dans l’enceinte de l’établissement d’Acajou 2? Ce serait très bien. Cela permettrait de mieux travailler mais il faut faire attention. Il faut pouvoir avoir les accords pour entrer dans l’établissement et non sauter le grillage, comme on le faisait à l’époque. Il faut aussi penser à bénéficier de l’hébergement pendant les vacances scolaires de ces établissements quand il y a un internat pour pouvoir faire des stages. C’est pour cela que les établissements doivent être agréés. Il faut penser à tout cela. Une dernière chose. Il y a un certain temps, j’étais responsable du pôle de natation. Il y avait 5 ou 6 nageurs intéressants. Le BAC arrive. On s’aperçoit que le jour de l’épreuve d’éducation physique du BAC, c’était une épreuve de natation, il y avait les championnats de France. On a fait des courriers à l’Éducation Nationale pour que l’on puisse déplacer cet horaire pour ces nageurs. On n’a pas eu de réponse. On a eu un refus après. Ce nageur est quand même parti. Il a été médaillé au Championnat de France et il a eu zéro au BAC. Ses parents m’en veulent jusqu’à aujourd'hui. Je m’arrête là.

Clotilde HARDY-DESSOURCES

Juste pour rebondir. C’est une proposition si on veut aller dans cette logique d’une dynamique sportive: il faut vraiment créer un lycée des sports. Permettre sur 4 ans de mettre en place une formation permettant qu’il n’y ait pas ces problèmes au Baccalauréat. Il faut

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mettre un lycée où on va regrouper toutes les sections sportives ce qui permet d’avoir un emploi du temps adapté et une évaluation adaptée.

Louis BOUTRIN

Je pense que tout le monde est d’accord, que les bonnes choses ont une fin. Il va falloir conclure. Il me revient, avec l’autorisation de Monsieur NARCISSOT, qui a oublié ses notes, de faire la synthèse de ce matin. C’est vrai que nous nous sommes attaqués au sport et à l‘éducation. On a abordé, peut-être, le côté le moins gratifiant, le plus difficile, c’est celui de l’éducation. Celui qui ne mobilise malheureusement pas et pourtant, il faut commencer par là. C’est vrai que l’autre, je dis bien «l’autre» puisque ce n’est pas le SHAKESPEARE que l’on sait, a dit: «Ils ont tout raté parce qu’ils ont oublié de commencer par le rêve» mais si on veut rêver du sport idéal pour la Martinique il faut passer par la case éducation. Si on rate cette case, on risque de construire, c’est ce que l’on appelle les châteaux en Espagne, éviter de penser que le sport martiniquais c’est un édifice et que cet édifice n’a pas des fondations solides. Les fondations c’est cette réflexion que nous essayons de mener. Nous avons eu la chance, ce matin, de partager une expérience de la Ministre des sports du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, que je vous demande

d’applaudir pour ceux qui n’étaient pas là. Je ne savais pas, je l’ai découvert ce matin, que nous partageons les mêmes préoccupations puisque l’an dernier vous avez également organisé les Assises du sport en NouvelleCalédonie. Vous êtes Ministre du Gouvernement en charge du Sport, de la Jeunesse et de la Santé, ce qui veut dire qu’au travers des Assises, vous avez développé des thématiques que l’on retrouve chez nous «Sport - santé». Vous avez les mêmes problèmes d’obésité puisque l’on ne s’y est pas pris à temps. Il y a un consumérisme qui fait aujourd'hui que notre société s’occidentalise, même vous vous perdez vos repères en matière culinaire. Il y a le sport scolaire et vous avez terminé en disant que vous avez fait une réforme du système éducatif. C’est toute notre difficulté. C'est-à-dire qu’eux, aujourd'hui, au regard du transfert de compétences, ils peuvent modifier le système éducatif, nous, nous ne pouvons que l’adapter. Cela a été évoqué. On peut effectivement, Madame FEDEE, user des habilitations prévues par les articles73-2 et 73-3 de la Constitution, mais ces habilitations ne sont possibles que dans les domaines où vous avez une compétence, pendant une période très limitée. Nous n’avons pas la compétence éducation. Nous ne sommes pas tout à fait logés aux mêmes enseignes que la Nouvelle-Calédonie Pourtant, il nous a été demandé d’avancer, n’est-ce pas Monsieur

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MONLOUIS-BONNAIRE? Nous allons avancer mais nous voulons véritablement avancer, pas seulement à coups d’affichage sur nos routes, mais dans la réalité. Pour ce faire, il y a un certain nombre de pistes qui ont été avancées. Même si le sport entretient des relations ambiguës avec l’institution éducative, on peut dire aujourd'hui que sur des points précis, il va falloir que l’on s’arrête. Au-delà du constat sur le nombre d’heures prévues par les textes, tout le monde le dit, au niveau réglementaire sur la pratique à l’école, il faut respecter les heures qui sont prévues par les textes. Beaucoup de témoignages concourent dans ce sens, que l’on ne fait même pas ce qui est prévu, le «minimum syndical» prévu. Deuxièmement, il faut tenir compte de la réalité du territoire. Recentrer le sport sur notre région: on n’a pas attendu les Assises pour le faire. Vous avez bien compris que les sports traditionnels sont déjà entrés dans les pratiques éducatives: apprendre à se tolérer, apprendre à se supporter sur une yole, ce n’est pas chose facile et pourtant, cela se fait déjà. Il y a les écoles, les pratiques et personnellement, je suis en train d’essayer de faire en sorte que l’aviron en mer et l’aviron traditionnel puissent entrer dans les lycées du nord Caraïbe par le truchement de conventions que nous aurons à mettre en place avec le Rectorat. La formation des éducateurs et ensuite la pratique de l’aviron traditionnel. La dimension éducation à la santé est partagée pratiquement par tous, ce qui veut dire, que l’atelier que nous aurons le 23juillet sera un atelier très riche, très vivant. Le point qui est important c’est quand on a parlé du développement des associations sportives. Il y a un impératif et un préalable c’est qu’il faut que l’on arrive à travailler ensemble. Je le dis parce que nous n’avons pas encore abordé cet aspect. J’ai tenté de mettre dans certains ateliers des Martiniquais qui avaient des expériences dans des domaines particuliers. Je vais prendre un exemple: le domaine du sport mécanique. Nous avons une foultitude de compétences, d’expériences à un haut niveau, à un niveau mondial. Mais pouvoir, ne serait-ce que les mettre dans le même atelier, c’est déjà très difficile, parce que nous n’avons pas appris à nous supporter. Nous n’avons pas appris à digérer nos différences et à pouvoir produire quelque chose de positif. J’ai quand même cette ambition et avec toute l’équipe, au niveau de la CTM, nous essayons malgré tout de le faire. On ne peut pas développer des associations sportives si on n’a pas de moyens. On peut se raconter des histoires

jusqu’à demain, sans moyens on ne pourra rien faire. Je rappelle que notre projet politique c’est l’épanouissement du jeune Martiniquais. Nous avons un plan d’épanouissement de la jeunesse martiniquaise. Il se trouve que cela ne fait même pas un mois et demi à peu près, que Monsieur le Premier Ministre, Manuel VALLS a sorti un plan d’épanouissement pour la jeunesse. Cela veut dire qu’il y a une espèce de convergence tant au niveau des constats que des analyses et des propositions. Or si cela vient des berges de la Seine, j’ai l’impression que cela aura du succès ici, par contre, si cela vient sur les berges de la Pointe des Nègres…, i pa pasé. Là on a un sérieux problème. Le plan d’épanouissement que nous proposons, il y a un volet éducation, un volet internationalisation (mobilité), un volet important transport et un volet sport. Dans ce volet sport, nous espérons vraiment mettre les moyens financiers pour pouvoir aider. Cela ne demande pas énormément de moyens au niveau de la programmation budgétaire.

En revanche, il y a un aspect qui a juste été effleuré, qui n’apas été approfondi. Je suis un petit peu resté sur ma faim,c’est la question des rythmes scolaires qui devraient conduire à l’aménagement du temps de vie de l’enfant…

Pour répondre à Madame HARDY-DESSOURCES, je n’ai pas dit que cela n’a pas été évoqué, j’ai dit que cet aspect a juste été effleuré. Or, au regard de nos conditions bioclimatiques en milieu tropical humide, il aurait fallu également savoir ce que l’on fait. Nous en avons beaucoup discuté dans les ateliers de préparation, au regard des résultats des îles anglophones qui ont des activités éducatives le matin, des activités sportives et artistiques l’après-midi. Ils ont déjà composé, combiné.

Sylvia SAITHSOOTHANE

Conseillère exécutive chargée de l’Éducation, CTM Ce que l’on fait en Guyane également.

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Samedi 25juin 2016 Sport scolaire et universitaire

Pour l’heure, des expériences ont été menées. Là encore, pour d’autres considérations, il faut que l’on mette les pieds dans le plat c'est-à-dire qu’il faut une approche de l’adulte. C’est l’adulte qui a décidé que l’on mettait fin à cela. Il y a des spécialistes, des pédiatres en chronobiologie qui ont démontré qu’il y avait nécessité d’adapter les rythmes scolaires. Cette question, on ne peut pas l’évacuer quand nous abordons la question du sport et de l’éducation. J’insiste: il va falloir certainement approfondir et rouvrir le débat sur cette question. Enfin sur la question de la formation: qui doit former? Il y a certes des réformes qui ont été opérées pour des brevets d’État. Nous avons entendu ce matin qu’il va falloir mettre en place de nouveaux cursus de formation mais depuis le haut. L’exemple que vous avez cité à l’Université c’est le top puisque vous avez coaché les étudiants - j’ai retenu la formule - «comme des Formule 1» c'est-à-dire tirer tout ce qu’il y a de bon en eux et essayer d’optimiser leur potentialité. Cependant, quand on descend dans d’autres strates, au niveau du primaire, on a toujours des difficultés à avoir certains enseignants qui pratiquent et dans les clubs également, il y a des difficultés. Vous avez vu que nous sommes loin de la Formule 1. Il va bien falloir que l’on se penche sur tous ces aspects. Deux autres aspects qui me paraissent importants dans ce que j’ai retenu, en ce qui concerne aussi bien l’USEP que l’UNSS. Il y a un déclin qui est net quand on regarde les chiffres. Il y a 628 enfants qui ont, au niveau de l’USEP, un décrochage sportif. Décrochage sportif qui atteint la gent féminine. Il y a donc de moins en moins de filles or justement, le sport scolaire - c’est ce que j’avais écrit en 1998 - avait permis à un certain nombre de filles d’accéder au sport civil. En chemin, on a perdu pas mal de pratiquantes. USEP et UNSS mais UFOLEP sur le plan de l’affichage, on se retrouve avec les valeurs éducatives du sport: conception de loisirs, pratique multisports, animations sportives, formation des licenciés et projet dédié à l’éducation.

Si on reste sur les missions que se sont fixées les Fédérations UFOLEP je crois qu’en apparence, on a déjà un beau canevas mais le problème se pose au-delà de ce canevas, dans la réalité, le nombre de licenciés demeure très faible (1200 licenciés) ce qui, à l’échelle du nombre de pratiquants que nous avons (environ 80000 licenciés) paraît quelque peu dérisoire. Par contre, au niveau de la philosophie, nous avons très

certainement beaucoup à apprendre de cette fédération de l’UFOLEP.

Pour conclure, je dirais que dans le Livre blanc que nous aurons à écrire, nous aurons à définir les orientations stratégiques de la Collectivité territoriale de Martinique en matière de sport. Nous allons englober cette dimension éducative et faire en sorte qu’il y ait une véritable passerelle entre le sport fédéral et olympique et de l’autre côté le sport scolaire et universitaire. Ce n’est pas un vœu pieux. Pour terminer, comme disait l’autre «Là où il y a de la volonté, il y a un chemin». Si nous avons vraiment la volonté de faire avancer le sport, ces piliers que représentent le sport scolaire et le sport universitaire méritent d’être renforcés.

Vous pouvez compter sur notre équipe, Marius NARCISSOT et les autres conseillers qui sont présents, pour que nous puissions apporter notre contribution. Même si généralement, quand on fait la synthèse, personne ne parle, mais il y a parmi nous, quelqu’un qui a suivi les travaux depuis le début. Tous les weekends, il faut lui reconnaître ce mérite. Il a fait vivre le sport par la radio, à un moment où on n’avait pas encore le sport à la télévision. Je souhaiterais, pour conclure, avoir le témoignage de Pierre GILLES sur ce qu’il a entendu ce matin et je sais qu’il est, de par sa profession, également un éducateur. Qu’il puisse nous dire son point de vue sur le sport et l’éducation. Merci.

Pierre GILLES Journaliste, Responsable des Sports sur RCI Martinique Bonjour à tous et à toutes. Merci de me forcer à prendre la parole parce que j’aurais beaucoup à dire. Mais disons que tout ce qui a été dit ce matin s’inscrit dans un bilan, dans un constat de la pratique sportive en termes de pratique sportive éducationnelle. Il y a peut-être une petite note qui n’a pas été suffisamment développée, c’est le lien entre le sport scolaireet le sport civil, c’est-à-dire le pont qui devrait exister, c'est-à-dire dans le développement et la construction même de l’individu entre l’école et l’association. Pourquoi? Parce que l’association, c’est elle qui dans le civil retrouve tous ces jeunes, assure la continuité de leur formation, de leur construction. Là, j’ai l’impression que l’on a beaucoup porté l’accent sur le côté Éducation Nationale mais cela manque de liens parce qu’après il faut qu’il y ait des éducateurs bien formés pour pouvoir les prendre en main et assurer la continuité de leur développement. Je pense que c’est très important.

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Qu’est ce que je pourrais ajouter puisque beaucoup de choses ont été dites et entrent dans le cadre d’une réflexion quotidienne, c'est-à-dire développer le lien et inciter les jeunes à pratiquer du sport, mais aussi, comme l’a dit tout à l’heure Robert MARAJO, faire de la pratique sportive à l’école une matière à part entière c'est-à-dire qui est nécessaire. Aujourd'hui le sport-santé a un rôle très important dans la société, dans le quotidien. C’est à développer. Nous sommes en Coupe d’Europe. Le football se joue sur un rectangle qui fait approximativement un hectare. Les joueurs doivent occuper l’espace, se déplacer dans l’espace par rapport à un ballon, à des adversaires. Ils ont une stratégie qu’il faut mettre en place. Tout cela contribue à la construction du jeune parce qu’à partir du moment où il sera bien dans son élément, il sera bien dans son corps, il pourra assurer son développement et l’activer, l’accélérer en quelque sorte, vers le performeur. Disons qu’il y a beaucoup de choses à dire. On ne va pas y passer la journée. On aura le temps d’en parler très prochainement. C’est ce que j’ai à dire, pour l’instant.

Aurélie NELLA

Conseillère exécutive chargée de l’Enseignement supérieur, CTM Bonjour à tous. Je me permets quand même une petite entorse au protocole. Simplement, puisque l’on parle de sport et éducation et même jusqu’à l’Université.

Effectivement j’ai commencé à l’UNSS. J’ai une camarade de l’UNSS qui s’est absentée, Madame MARLET qui est une grande championne martiniquaise. J’ai eu une vie très active à l’Université, Madame FEDEE l’a dit. À l’université, un tournoi est organisé à chaque vacances et à cette occasion, on a eu le plaisir d’accueillir des joueurs de l’Espoir de Floréal qui sont très présents à ce tournoi, qui est souvent parrainé par de grands athlètes qui ont un rayonnement international comme Katty PIEJOS et Kanelle LEGER aussi qui a commencé ses entraînements à l’Université. Je tenais quand même à le signaler, en plus du travail formidable que fait Madame FEDEE. Puisque l’on parle quand même d’éducation, je vous invite vraiment à faire un tour à une exposition magnifique du Carbet des Sciences puisqu’en charge de l’enseignement supérieur, c’est aussi le transfert des connaissances, la vulgarisation des connaissances. Il y a une magnifique exposition du Carbet des Sciences que vous pouvez apprécier au Centre commercial du Rond-Point sur la thématique du sport. Une exposition interactive et ludique où vous pourrez tester vos connaissances. Tous les aspects du sport ont été intégrés: le dopage, la nutrition, le sport handicap aussi. Vous pouvez tester vos connaissances et aussi vos forces. Je les ai testées moi-même. Elle est visible jusqu’au 10septembre et elle est gratuite. Tout a été fabriqué en Martinique. Je vous invite à y faire un tour. Merci beaucoup.

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Sport et intégration caribéenne Quel avenir pour le football martiniquais ?

Intervenants

• Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM

• Maguy MARIE-JEANNE, Chef de cabinet chargée de la coopération et des affaires internationales et européennes, CTM

• Philippe MARIE-ROSE, Responsable de la coopération, CTM

• Lionel RAULT, Directeur régional d’Air France, Président de l’association des représentants des compagnies aériennes

• Samuel PEREAU, Président de la ligue de football de la Martinique

• Charlène MARIE-JEANNE, Conseillère Technique Régionale de la ligue de football, football féminin

• Jocelyn GERMÉ, Conseiller Technique Régionalde la ligue de football

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Samedi 2juillet 2016 Sport et intégration caraibéenne • Quel avenir pour le football martiniquais ?

Je voudrais au nom du Président Alfred MARIE-JEANNE, Président de la CTM, vous accueillir ici et vous souhaiterla bienvenue. Je salue tout particulièrement ici aujourd’hui, une personnalité qui a longtemps accompagné les politiques parce que lui-même en faisait partie, dans l’intégration à l’association des états de la Caraïbe, je veux parler de Michel MICHALON qui est ici présent discrètement et que je vous demande de saluer bien fort.

Je voudrais remercier de leur présence, l’ensemble des dirigeants de club, l’ensemble des arbitres j’en ai aperçu quelques-uns - des journalistes et bien sûr le comité directeur de la ligue de football de la Martinique et tout particulièrement le Docteur Samuel PEREAU, son Président.

Je voudrais également saluer tous ceux qui nous accompagnent depuis le début de ces Assises du sport. C’est une réflexion, maintenant on en a compris le principe, mais pour ceux qui n’y étaient pas, je le rappelle. Nous avons organisé ces Assises du sport de manière à mettreen place une politique publique des sports. Pour mettre en place une politique publique des sports, nous ne pouvions pas le faire en tant que

politiques, tout seuls. À l’instar d’autres politiques publiques, nous devons nous appuyer sur des partenaires. Des partenaires qui sont en l’espèce, le monde sportif mais pas seulement, également tous ceux qu’on appelle les pratiquants non-compétiteurs. Aujourd’hui, nous nous excusons d’inverser le calendrier prévu, comme cela vient d’être dit. C’est pour une raison bien simple: parmi nos partenaires, nous avons le Directeur régional d’Air France qui a des contraintes professionnelles et qui a souhaité malgré tout et je vous demande de le saluer par vos applaudissements, à être présent et à faire sa communication.

Sans plus tarder, je vais demander à Maguy MARIEJEANNE et à Philippe MARIE-ROSE d’intervenir. Ce n’est pas celui du Golden Star (Rires). On a connu ce grand footballeur MARIE-ROSE, c’est un parent. Ils vont nous entretenir sur l’intégration dans la Caraïbe et ensuite Monsieur le Directeur, vous allez pouvoir faire votre communication. Nous réservons environ une demiheure à trois quarts d’heure pour ce premier thème et on laissera la suite de la matinée pour aborder la question «quel avenir pour le football martiniquais?».

Je voudrais saluer également à nos côtés la présence du Président de la Commission des sports de l’Assemblée de Martinique, Marius NARCISSOT que je vous demande d’applaudir bien fort.

Il est parmi nous en début de matinée mais il va devoir partir et je ne sais s’il pourra revenir. Il représente la Collectivité pour l’ouverture du Tour cycliste de la Martinique. L’activité sportive du week-end est intense ce qui explique que nous sommes pris par monts et par vaux.

Samedi 2juillet 2016 Sport et intégration caraibéenne 122

SPORT ET INTÉGRATION CARIBÉENNE

Chef de Cabinet chargée de la coopération et des affaires internationales et européennes, CTM

Bonjour à tous. Au sein du cabinet du Président Alfred MARIE-JEANNE, je m’occupe plus particulièrement des questions de coopération et d’actions extérieures de la CTM. Philippe MARIE-ROSE va se présenter lui-même.

Une pratique structurante essentielle de nos sociétés. Une dimension initiatique, émulatrice malgré la finalité compétitive. Un levier privilégié de développement social ou économique, de mixité homme-femme, un vecteur de rapprochement et d’intégration. Enfin, une naturelle complémentarité entre le sport et la coopération.

Juste un petit commentaire, on sait bien que la coopération et l’échange entre les hommes ont souvent démarré par ces échanges sportifs et culturels.

Maguy MARIE-JEANNE

Cela ne se passe pas uniquement en Martinique, cela se passe dans toutes les civilisations, toutes les cultures, tous les pays. C’est pour cela que le sport et la coopération sont une naturelle équation.

Nous allons décliner notre présentation en quatre grandes parties:

• Les fondements: ce qui fait les évidences au niveau de la Martinique pour pouvoir avoir une coopération sportive dans notre environnement proche

• Parler de notre environnement: Pourquoi? Comment est-il composé? Qu’est-ce qui est en cours?

• Les contraintes: dès que l’on veut faire quelque chose, on va s’opposer parfois à quelque chose. On aura des contraintes naturelles.

• Quelques axes de développement sur les perspectives et propositions d’actions.

Philippe MARIE-ROSE

Philippe MARIE-ROSE

Responsable de la coopération, CTM

Bonjour. Merci Monsieur BOUTRIN de m’avoir présenté. J’aurais pu citer aussi d’autres MARIE-ROSE: Bruno MARIE-ROSE en athlétisme ou un jeune petit nageur aussi. Il y a eu pas mal de MARIE-ROSE.

Aujourd’hui, on va parler d’intégration par le sport. Je vais citer quelques généralités mais qui sont, malgré tout, des vérités qu’il n’est pas neutre de ne pas citer aujourd’hui. Tout le monde est d’accord sur ces idées-là, mais je les dis quand même.

Nous commencerons par parler de ce que nous considérons comme étant le potentiel de coopération, les outils à notre disposition. Nous identifions une organisation structurée sur notre territoire. Une organisation qui reste encore à promouvoir. Nous avons dans le cadre associatif des clubs, des ligues nationales, des fédérations. Nous avons des administrations, des directions ministérielles et territoriales compétentes et nous, au niveau local, au niveau de la Collectivité Territoriale de Martinique, une politique dédiée et des aides publiques.

Évidemment, nous avons sur notre territoire un maillage géographique d’équipements sportifs publics, polyvalents et accessibles, quoi que l’on puisse toujours faire mieux. Nous avons, je me suis permis un petit anglicisme, un «back office services» de qualité avec

Thème 5
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Sport et intégration caraibéenne

des plateaux médicaux performants, des normes d’hygiène élevées - vous tous qui partez dans la Caraïbe, vous savez que nous pouvons boire de l’eau du robinet sans mettre en danger nos performances, ce qui n’est pas toujours le cas ailleurs - une sécurité alimentaire et un confort en termes d’équipements.

Maguy MARIE-JEANNE

Sur ce point, ce que l’on peut dire aussi, c’est que parfois dans certains territoires, beaucoup plus petits que les nôtres et avec beaucoup moins de moyens, il y a quand même des champions et la performance est au rendez-vous. Il y a l’équipement mais surtout le potentiel humain à valoriser

Philippe MARIE-ROSE

Un potentiel humain qui existe. Nous avons des champions, nous avons du gène de champion qui se valorise par l’échange de bonnes pratiques: la coopération sportive. Nous avons utilisé le terme «coopération sportive» un peu en opposition à la compétition parce que nous entendions par là en particulier, les échanges en termes de formation, les échanges de bonnes pratiques, les rencontres, les travaux que nous pouvions faire avec les techniciens et bien évidemment les compétitions - on en cite deux: les Carifta Games et la Gold Cup - mais il y en a bien d’autres - qui participent au développement du potentiel humain et aux performances de nos sportifs. Ce sont ces jeunes-là et nous-mêmes (adultes sportifs et pratiquants) qui jouent un rôle d’ambassadeurs de la Martinique dans cette Caraïbe.

Maguy MARIE-JEANNE

On en vient justement à cet environnement géopolitique qui doit être regardé avec un autre regard. C’est le cas de la Caraïbe orientale (OECS). C’est plus de 10 pays membres et membres associés. La Martinique, je le rappelle, vient d’être très officiellement déclarée, depuis le 7avril 2016, membre associé de cette organisation. C’est un potentiel de plus d’un million d’habitants. Cette organisation a développé une stratégie sur le sport à travers un bureau dédié au sport qui est créé depuis 1985. Ils ont une réflexion sur le sport comme un outil de développement. La stratégie est en cours de formulation, c’est ce que l’on appelle un «paper», c’est-à-dire que c’est en écriture. Ils reconnaissent le sport au même titre que la culture, que les services comme une industrie parce qu’elle est capable de générer de l’emploi, particulièrement pour

les jeunes mais au-delà de créer de l’emploi pour les jeunes, c’est tout ce qu’il y a autour de l’organisation d’une compétition, d’une manifestation sportive qui peut aussi avoir des retombées économiques dans un territoire.

Dans ce fameux programme de l’OECS, certains axes ont été retenus notamment profiter du sport pour insérer socialement les jeunes et axer sur le droit et la protection de l’enfant.

Un autre organisme d’intégration régionale. On a élargi le périmètre. C’est le CARICOM où on a un peu plus de 23millions d’habitants. Toujours en regardant le sport comme une véritable industrie, permettre que nous puissions collaborer un peu plus avec eux. C’est le rôle de la CTM à ce niveau-là, de travailler sur les politiques de développement du sport. Pour le CARICOM, la démarche est en cours d’adhésion. C’est un peu plus compliqué qu’avec l’OECS parce que certaines structures sont beaucoup plus complexes à approcher mais cela n’empêche pas de collaborer sur des thématiques particulières.

La CARICOM a un sous-programme sur le sport et le développement. Il fonctionne sous l’égide du programme de développement des ressources humaines. Le sport est considéré comme une valorisation du potentiel humain. Comme l’OECS est une petite zone beaucoup plus proche de nous, ils essaient de mettre en place, de développer le sport comme un outil au service de la promotion de la santé, du développement économique et de l’intégration régionale. Dans ce programme, il vise l’excellence sportive et il souhaite le mettre en place en faisant des partenariats avec les gouvernements, les organisations internationales, les organisations sportives régionales et autres parties prenantes.

À travers ces deux entités d’intégration régionale - je ne parle pas de coopération fonctionnelle parce que nous n’avons pas parlé de l’association des États de la Caraïbe, on parle d’intégration régionalealors que l’on pourrait croire et beaucoup le pensent, que le sport n’est qu’un passe-temps favori, le sport a été identifié comme un outil majeur de développement économique.

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Philippe MARIE-ROSE

Quelques exemples pour illustrer le fait que nous sommes dans un espace géographique qui produit du champion. Nous en avons mis quelques-uns très connus. Tous très connus d’ailleurs lorsque je regarde les photos (Rires) d’Usain BOLT à Fabrice et Jérôme JEANNET et sur des disciplines qui ne sont pas forcément identifiées comme étant porteuses et pour lesquelles nous n’avons pas prévu de structures. Je pense au football féminin avec notamment Wendy RENARD, qui est une professionnelle, qui vit de la pratique sportive. Nous savons tous, et vous savez mieux que nous ici, le cursus et le circuit qu’elle a dû emprunter pour arriver là où elle est.

Nous n’avons pas à rougir de nos capacités. Nous sommes dans la course, nous avons, comme je le disais tout à l’heure, génétiquement les moyens d’être sur les podiums.

Maguy MARIE-JEANNE

Montrer également, comme on l’a vu au tout début, que les petits territoires peuvent générer des graines de champions. Je prends l’exemple de Kim COLLIN de Saint Kitts and Névis.

Vous avez, ici, quelques compétitions qui sont valorisées au sein de la CARICOM. Ces compétitions en Caraïbes sont celles qui existent principalement: cela va du badminton au volley-ball et en rouge, ce sont les quatre sports au-delà de l’athlétisme, les plus populaires dans la Caraïbe. Vous allez noter que le cricket et le netball… Je ne sais pas si vous savez ce que sont le cricket et le netball. Ce sont des sports très populaires. Le netball, je vais dire quelque chose mais c’est très misogyne - je suis une femme donc je peux le direc’est le basket pour les femmes avec des règles de jeu un peu particulières. Le cricket et le netball, on peut quand même les accueillir parce que les fans zones, ce qui peut générer du mouvement et du flux de voyageurs pour assister à ces matchs notamment le cricket… À l’époque, je me souviens que la réflexion avait été poussée avec Monsieur MICHALON qui est présent, de pouvoir profiter de l’organisation en 2007, si je ne me trompe pas, des mondiaux de cricket dans la Caraïbe puisque la Caraïbe avait organisé cela. Vous voyez qu’il y a un potentiel de compétitions à organiser et on développera pour voir comment on peut intervenir dessus.

Philippe MARIE-ROSE

Juste un petit commentaire sur ce tableau. Évidemment, ce n’est pas une liste exhaustive de toutes les compétitions qui s’organisent dans la zone. En plus, c’est un peu le choix que nous faisions de proposer des disciplines que nous ne connaissons pas. Nous ne sommes pas dans l’affirmation de dire que nous allons faire du cricket aujourd’hui. Mais c’est plutôt pour initier la réflexion de savoir dans quel domaine, dans quelle direction nous souhaitons nous projeter dans le domaine du sport, sachant qu’il y a des potentiels dans cette zone. Nous nous sommes accordés une petite liberté. Nous écorchons peut-être le programme puisque le titre de cette présentation était «intégration dans la Caraïbe», là nous disons: «Pourquoi pas le reste du monde, l’Europe?». Nous citons quelques compétitions qui existent: les jeux de la Francophonie, les jeux du Commonwealth et aussi les jeux des îles auxquels nous participons régulièrement et qui seront organisés sous peu. Peut-être que Germain SOUMBO nous en dira quelques mots plus tard, car ils seront organisés en Martinique.

Maguy MARIE-JEANNE

Bien évidemment, quand on parle de coopération et donc d’échanges, il y a des contraintes. Je pense que l’intervenant qui viendra après va déflorer le sujet bien mieux que moi. Ce sont des contraintes, quand on regarde bien, qui existe dans tous les domaines dès que l’on parle d’échanges. On a tendance à dire que la Caraïbe c’est le sixième continent mais c’est un continent qui a des frontières maritimes c’est-à-dire que l’on ne peut pas faire comme en Europe, prendre le train ou le bus pour aller d’un pays à un autre. On a ce vrai problème d’accessibilité et de mobilité. C’est vrai, il y a des interventions qui sont faites au niveau du Gouvernement et de la Commission européenne pour lever ces contraintes.

Il y a aussi le manque de la pratique des langues mais quand on vous dit «hajime», tout le monde sait qu’il faut commencer la compétition de judo. Il y a des coups de sifflet, il y a des gestes que l’arbitre va faire que l’on va comprendre. Déjà au niveau sportif, on sait que c’est moins contraignant mais cela peut rester contraignant quand on a, par exemple, à comprendre une interprétation ou une réflexion d’un arbitre. Il y a également, et c’est ce sur quoi on souhaiterait

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voir un axe de développement, c’est la méconnaissance de nos jeunes, quand ils partent à l’extérieur, des aspects culturels de l’autre. Ce que nous appelons les aspects culturels et j’ai eu à en discuter avec l’IMS il y a quelques mois de cela - je crois que c’était en 2015 - sur les préparations de nos jeunes et des moins jeunes sur ce qu’est l’autre. On a dit tout à l’heure qu’ils étaient des ambassadeurs de la Martinique c’est-à-dire qu’ils doivent véhiculer une connaissance d’eux-mêmes, de leur territoire mais ils doivent être aussi préparés à accepter l’autre avec des réglementations particulières. Je prends un exemple symbolique d’une compétition qui se passe à la Barbade. Un jeune avait mis un pantalon de couleur kaki. Ces couleurs ne sont pas acceptées à la Barbade. On l’a fait se déshabiller dans l’aéroport. Ce sont des éléments qui préparent le jeune à recevoir l’autre et à comprendre l’autre.

Une législation encore inadaptée parce qu’au niveau international, c’est juste un clin d’œil à ce qui est en cours et qui a été proposé récemment par le Président de la CTM, en tant que Député, sur l’intégration à des ligues et des groupements internationaux qui permettent de valoriser nos jeunes à l’extérieur, pas uniquement dans la Caraïbe.

Philippe MARIE-ROSE

Juste quelques mots sur ce que Maguy MARIE-JEANNE vient de dire. Nous avons des initiatives qui ont été prises. Je pense en particulier, au travail qui a été réalisé par le Comité régional de natation avec les Carifta Games de natation où il y a quand même un vrai travail, en partenariat avec les lycées qui avaient été fait pour sensibiliser les jeunes à la culture des invités, à la pratique de la langue et sur une vraie bonne connaissance de ce qu’ils sont eux-mêmes, car on ne peut pas être un ambassadeur d’un pays sans réellement le connaître. C’est vrai, qu’il y a des initiatives comme celle-là qui sont prises, qui pourraient être renforcées et dupliquées sur toutes les disciplines par tous les autres acteurs présents ici ou qui ne sont pas encore arrivés.

On a imaginé et identifié des perspectives d’intégration réelle dans cet espace géographique naturel qui est le nôtre: la Caraïbe. Nous identifions évidemment quelques axes de développement. Tout d’abord la coopération sportive et l’insertion sociale. Nous avons une problématique, et c’est peut-être une donnée que nous partageons avec nos voisins de la Caraïbe, c’est la problématique d’insertion sociale, la problématique de la dérive. Nous considérons qu’il y a un gros travail à faire pour communiquer sur les valeurs

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sportives synonymes de justice et d’égalité des chances, de participation à la société, d’amélioration personnelle, de discipline individuelle et collective, morale et physique. En gros, nous considérons, nous sommes tous convaincus, vous comme nous et comme les Caribéens, que le sport contribue à la transformation de l’individu en citoyen. C’est même ce qui manque le plus à notre société en mutation.

Maguy MARIE-JEANNE

D’ailleurs, c’est un axe premier pour les gouvernements (les Premiers Ministres et les représentants des gouvernements) de la Caraïbe: communiquer sur des valeurs pour pouvoir engendrer justement une transformation de la société puisqu’avec le sport on peut toucher l’enfant jusqu’à l’adulte.

Philippe MARIE-ROSE

Le deuxième axe sur lequel nous souhaitions porter l’effort de la coopération sportive c’est sur celui de la formation. La formation des sportifs, des coaches, la préparation des sportifs de haut niveau comme un axe majeur de coopération et d’intégration. Il y a un certain nombre de disciplines dans la Caraïbe qui sont le sommet de la performance mondiale et quand on connaît les coûts de transport pour aller sur d’autres continents auxquels nous sommes attachés, avec les décalages horaires, et tout ce qui s’ensuit. Nous considéronsqu’il y a un vrai travail à identifier des partenariats sur notre zone géographique pour toucher l’excellence. Nous avons des partenaires potentiels sur cette zone qui sont peut-être les meilleurs de la planète.

Maguy MARIE-JEANNE

Dans cet axe-là, par exemple, une collaboration avec la Jamaïque à l’époque sur la formation de nos athlètes avait été envisagée et donc peut-être mise en avant.

Un axe fort de développement économique: le tourisme sportif. À l’époque, en 2010, avait été initiée une réflexion sur cette thématique et je dois dire que nous avions abouti, Monsieur BOUTRIN, avec la CARICOM à pouvoir mettre en place un cahier des charges sur le tourisme sportif et voir comment on pouvait travailler en commun, avec les pays de la CARICOM. Je pense que c’est un outil que l’on pourrait relancer. Le tourisme sportif nous permet de générer des revenus sur le territoire. Cela veut dire pas seulement organiser une

manifestation de natation mais de voir tout ce que l’on pourrait organiser autour pour proposer des packages, des produits. Cela peut se faire effectivement, avec le CMT.

Les axes de développement autour de ces deux axes, on ne va pas les déflorer ici, mais c’est à la fois promouvoir les manifestations que nous faisons, celles pour lesquelles on a encore une capacité de pouvoir recevoir des personnes aussi bien que d’accueillir de nouvelles manifestations comme je l’ai dit, pour le cricket et le netball puisque l’on a des infrastructures pour cela.

Nos sportifs sont nos ambassadeurs. Leur comportement c’est notre signature à l’extérieur. On doit donc les préparer. Comme on l’a dit précédemment, on les prépare sur notre identité culturelle avant le départ mais, et cela, c’est une demande, Messieurs les élus, qui nous vient de nos pays de la Caraïbe lorsque nous nous déplaçons. Certains souhaitent que nous puissions leur proposer un emblème et un hymne martiniquais. Ce n’est pas uniquement au niveau du sport, c’est au niveau de l’OECO. Ils nous disent qu’ils veulent véhiculer au sein de la Caraïbe, un sentiment et une fierté du territoire qui n’a rien à voir avec, je prends l’exemplede Montserrat, des pays qui ne sont pas indépendants. Je ne fais pas d’allusions particulières mais qui ont une identité et qui veulent reconnaître comme étant une identité du territoire.

Je sais que c’est en cours au niveau de la CTM: le logo pour la CTM mais peut-être que l’année prochaine ou dans deux ans, un concours sera lancé pour un emblème.

Philippe MARIE-ROSE

Pour aller vite, les trois dernières slides sont une liste de recommandations. Je vais aller très vite puisque le temps nous est compté. Nous proposons de travailler avec nos partenaires de la Caraïbe dans le cadre d’une harmonisation d’un agenda des manifestations sportives pour une meilleure coordination et planification des actions; de l’élaboration d’une stratégie de mobilisation des ressources pour la co-organisation de compétitions régionales parce qu’évidemment, je pense que vous avez dû en parler déjà lors des manifestations précédentes et de celles qui vont venir, nous sommes toujours à la recherche du nerf de la guerre. La mise en œuvre d’un programme de

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sport dans les écoles, ciblant le dopage et le dépistage des drogues. Je sais que certains clubs aujourd’hui ont eu le courage de mettre en avant ces problématiques mais nous pensons que cela pourrait être l’objet d’une vraie politique ciblée par nos territoires. Un partenariat axé sur le sport et la santé sachant que nous souffrons tous, et nos territoires en particulier, d’obésité et de maladies cardio-vasculaires. L’identification des opportunités de financement externe parce que bien évidemment nous avons tous tendance à rester sur le modèle que nous connaissons. Nous savons que la collectivité est là et que nous pouvons la solliciter pour des subventions. Au-delà de ces subventions, il y a des sources de financement qui existent. À nous de les identifier, à nous de vous accompagner pour aller les récupérer. Enfin, le maintien et le développement des liens avec les représentants et les organisations sportives internationales, régionales et nationales mais d’autres organismes comme le CROSMA sont bien indiqués dans ces politiques.

Maguy MARIE-JEANNE

Juste pour terminer, on a parlé d’institution, on va dire, gouvernementale et là on a juste fait un petit clin d’œil sur certaines entités qui sont repérées et qui fonctionnent dans la Caraïbe. Ce n’est pas parce que l’on a décidé de collaborer, mais on peut collaborer avec certaines personnes. Cela va de la NACAC à la CANOC. Monsieur SOUMBO nous a annoncé ce matin, je me permets de l’annoncer, que nous sommes officiellement reconnus membre de la CASCO, l’organisation du sport caribéen et centraméricain. C’est officiel. On peut saluer cette initiative qui vient de ligues et qui permet à la Martinique de pouvoir s’intégrer à d’autres sports.

Je voulais surtout attirer l’attention sur l’existence de l’association des journalistes sportifs dans la Caraïbe. Je reconnais Monsieur ALEXANDRE qui est en train de filmer mais ce que je veux surtout dire, c’est que nous avons besoin de véhiculer des valeurs, nous avons besoin de communiquer avec le reste de la Caraïbe. Parfois il faut regarder de façon transversale: on regarde le sport et on regarde tout ce qui a autour. C’est vraiment cela le développement économique et la mise en valeur économique d’une thématique sport comme un véritable outil de développement économique, social et humain.

Merci à tous. En plus de ma casquette de Directeur d’Air France en Martinique, je suis aussi Président de l’association des représentants des compagnies aériennes d’où notamment ma présence parmi vous.

Madame la Chef de cabinet du Président du Conseil exécutif de la CTM, Monsieur le Conseiller exécutif, Monsieur le Président de la Commission sport de l’Assemblée, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les représentants du sport, Mesdames et Messieurs,

Je souhaiterais tout d’abord vous remercier pour votre invitation et l’opportunité que vous me donnez de m’exprimer. Permettez-moi aussi de m’excuser pour la modification de l’ordre du jour mais c’est vrai que l’actualité sportive est chargée et l’engagement d’Air France dans le sport justement m’impose de partir un peu plus tôt.

Je vous propose très rapidement, une intervention sur le thème du sport et de l’intégration autour de trois temps. Le premier, ma conviction personnelle du lien entre le sport et l’intégration. Deuxièmement le contexte du transport aérien en Martinique et notamment la notion de tarif. Enfin, comment le transport aérien peut contribuer à l’intégration par le sport.

L’objet de mon propos, dans cette thématique sport et intégration caribéenne, pourrait ne pas paraître évident, je vais néanmoins essayer de partager avec vous mon sentiment.

Pour moi, tout d’abord, la notion de sport est par principe synonyme d’intégration. Combien voit-on de jeunes gens réussir grâce au sport? Combien voit-on de jeunes gens grandir positivement grâce au sport? Enfin combien voit-on de jeunes gens s’émanciper grâce au sport et notamment aux échanges et aux rencontres faits à travers le monde?

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Pour moi, rare est une activité comme le sport qui arrive autant à unifier. Cependant, il ne faut pas être dupe non plus. Le sport ne résout pas tout mais il contribue, selon moi, aux valeurs essentielles.

Ma conviction est que l’ensemble des acteurs économiques a sa contribution à apporter dans le développement du sport et notamment dans son rôle sociétal. Pour moi le transport aérien n’échappe pas à cette règle. Pour l’expliquer, il me paraît important de revenir très rapidement sur le contexte du transport aérien en Martinique.

Ici en Martinique, l’aérien est un secteur en forte concurrence, où trois à quatre opérateurs sont à dénombrer tant sur la ligne transatlantique (vers Paris) mais aussi sur le réseau régional. Vous me direz, il est vrai aussi que certaines destinations ne sont desservies que par un seul opérateur mais c’est aussi sans doute parce que les conditions de rentabilité ne sont pas aisées à trouver sur la ligne concernée.

Il faut aussi avoir en tête qu’il y a, parmi les transporteurs aériens présents en Martinique, un certain nombre de partenariats qui se sont noués, qui permettent de

mettre en commun notre réseau de destinations. Pour l’illustrer, si vous prenez l’exemple d’Air France que je connais bien sûr le mieux, vous allez sur le site d’Air France (www.airfrance.mq), vous tapez «Fort-de-France - Sainte-Lucie» et vous allez trouver un vol Air France. Pour autant, ce sera avec un avion de la compagnie Air Antilles, mais cela permet de faire rayonner par le poids commercial que nous avons, l’ensemble des destinations notamment caribéennes au départ de Fort-de-France.

En 2015, l’aéroport Aimé CESAIRE c’est 13 compagnies aériennes qui opèrent régulièrement et notamment en haute saison qui desservent 14 destinations en direct pour, un tout petit peu moins de 1,7million de passagers.

Il m’appartient aussi de vous dire, vous l’imaginez aisément, que les compagnies aériennes ne sont pas non plus des entreprises philanthropiques aussi, le développement d’une ligne ou l’ouverture d’une ligne repose sur la notion de rentabilité même de cette ligne. Une fois que l’on a dit ça, ce n’est pas pour autant, qu’il convient pour une entreprise de transport aérien de proposer des tarifs hors de portée pour les

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clients et pour les habitants de notre territoire parce qu’aujourd’hui c’est la demande qui dicte le tarif. On me pose souvent la question: «Pourquoi on ne peut pas lisser des tarifs sur l’année?» Vous imaginez bien que la demande évolue sur l’année et forcément les tarifs avec. Je voudrais quand même illustrer mon propos par rapport à cette notion de tarif où en février de cette année, il y a quelques mois à peine, nous avons enregistré à partir du mois d’avril et sur les trois mois qui allaient venir, une très forte dégradation du nombre de réservations qui commençaient à poindre dans nos systèmes de réservation. C’est valable pour Air France mais c’est aussi valable pour les autres compagnies. Je ne sais pas vous dire quelle est la part due à la médiatisation du Zika dans cette forte baisse, mais ce que toutes les compagnies ont fait, c’est de soutenir la demande et l’attractivité de la Martinique pour les métropolitains mais aussi pour permettre auxMartiniquais de pouvoir voyager.

Si vous avez lu la dernière publication de l’INSEE, parue avant-hier, vous avez vu que cet effet-là de compensation, a eu pour conséquence une réduction du tarif du transport aérien entre la Martinique et Paris de l’ordre de 10% entre mai2016 et mai2015.

On a souhaité vraiment réagir pour endiguer cette chute très importante du nombre de réservations. Pour nous, il est important de soutenir le marché.

Une fois que l’on a dit cela, l’idée est de pouvoir maintenant dire comment le transport aérien peut contribuer à l’intégration, à la fois caribéenne mais cela a été dit aussi dans le propos précédent, au-delà de l’intégration caribéenne, je dirais même l’intégration mondiale et comment nous pouvons mieux accompagner les déplacements des sportifs que ce soit les sportifs martiniquais mais aussi les sportifs du monde entier et les sportifs de la Caraïbe pour assister à des événements réalisés ici en Martinique?

Cette contribution est clairement liée aux conditions que nous pouvons accorder lorsque l’on nous formule un certain nombre de demandes. Je ne vais pas vous faire l’affront de vous dire que nous recevons quasiment quotidiennement beaucoup de sollicitations et souvent très bien argumentées pour pouvoir faire des propositions intéressantes pour accompagner les organismes sportifs qui souhaitent travailler avec nous.

Il faut là aussi être clair avec vous, comme toutes les entreprises, on essaie de répondre à un partenariat gagnant-gagnant. Prenons par exemple l’organisation d’un événement sportif à portée nationale voire internationale ici en Martinique, vous comprendrez bien que les compagnies aériennes auront toute la légitimité d’accompagner cette manifestation dans la mesure où elle va générer du trafic aérien supplémentaire et bénéficier à notre territoire. Là il y a un vrai intérêt. Pour l’illustrer très concrètement, je peux vous citer l’organisation dernièrement du Martinique surf pro où un certain nombre de champions de la planète sont venus pour surfer sur les belles vagues de Basse-Pointe. Cela a permis de faire rayonner la Martinique au-delà de notre territoire.

Parallèlement à cela, pour permettre ici aux sportifs d’aller faire des compétitions à l’extérieur, il y a, vous le savez, des périodes plus ou moins creuses dans le transport aérien et certaines d’entre elles peuvent être tout à fait compatibles avec le calendrier des compétitions que nous pouvons avoir à l’international, sur la Caraïbe et ailleurs. C’est pour nous aussi un intérêt de développer le trafic dans ces moments clés de l’année où nous souffrons d’une baisse de la demande.

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Troisième point, le fait, comme je l’ai dit tout à l’heure, qu’il y a une concurrence réelle ici en Martinique, c’est de nature à plutôt offrir des tarifs les plus intéressants possible. Néanmoins il y a une disposition que certains d’entre vous connaissent puisqu’ils la pratiquent régulièrement avec nous ou avec d’autres compagnies, ce sont les tarifs de groupe où lorsque vous avez un déplacement de plusieurs personnes, on peut faire un certain nombre de propositions tarifaires avantageuses. L’idée, c’est plus on sait anticiper, et généralement le calendrier des compétitions est connu relativement longtemps à l’avance, plus les tarifs seront avantageux. C’est un point important qui n’est pas forcément connu de tout le monde mais les grands spécialistes, comme Monsieur SOUMBO, connaissent cela très bien.

Enfin, sachez que les compagnies aériennes de Martinique accompagnent de nombreux événements et aussi institutions sportives. Pour ne vous citer que le cas d’Air France, nous sommes, entre autres, partenaires

de la ligue de tennis et aussi du Comité régional du cyclisme martiniquais. Sur ce dernier partenariat, puisque c’est l’actualité du moment, notamment la conférence de presse de ce matin qui va lancer le Tour, nous permettons, pour l’illustrer concrètement, à de nombreux coureurs locaux de pouvoir se déplacer pour effectuer des compétitions dans la zone Caraïbe et aussi d’aller en métropole pour s’entraîner sur les meilleures pistes et se confronter à l’élite de leur sport, le cyclisme.

Très rapidement, je voulais au travers de quelques exemples très concrets parmi tant d’autres, vous dépeindre le tableau du rôle que peut avoir le transport aérien dans la thématique proposée aujourd’hui. Soyez convaincus en tout cas, qu’Air France continuera à accompagner le sport au sens large, qu’il soit au travers de l’organisation d’événements ici ou pour aider nos sportifs à aller concourir à l’extérieur, bien entendu dans la mesure de nos moyens. Je vous remercie de votre attention.

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Échanges/Débats

Félix DOUTONE

Président fondateur du Club Nautique Le Neptune Très rapidement, l’intégration dans la Caraïbe pour le nautisme revêt un caractère particulier, c’est l’aspect physique et matériel. Le transport pour certains bateaux ne pose pas de problème mais quand il s’agit de bateaux à un ou deux barreurs, il y a toujours une difficulté de transport pour emmener les bateaux. La semaine de Schœlcher a un gros succès mais le problème c’est toujours le problème du bateau. Nous pouvons, nous l’avons déjà fait une ou deux fois, faire des compétitions ailleurs mais chaque fois c’était restreint même frustrant parce que nous ne pouvions pas transporter nos bateaux. Cette intégration nécessite une mise en place d’un programme de moyens de transborder ces bateaux vers le lieu de la compétition pour que cette immense surface qui est faite de petits pays multiples, puisse vraiment s’intégrer les uns avec les autres. C’est valablepour nous, c’est valable pour eux également. C’est un petit peu çà, le seul problème. Avec un bateau à trois équipiers, en un jour, un jour et demi on peut aller de l’extrême nord à l’extrême sud de la Martinique sans aucun problème, mais pour les bateaux à un équipier, ce sont surtout des jeunes et ce sont les jeunes surtout qui sont concernés, à mon avis, pour le développement d’une culture dans leur région particulière qu’est la Caraïbe, donc les ouvrir à d’autres espaces, à d’autres cultures, d’autres langues. C’est pour nous un point fondamental à travers la pratique du sport. Le transportest quand même pour nous quelque chose d’important et nous devrions y réfléchir ensemble.

Louis BOUTRIN

Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM Je me permets d’intervenir après cette intervention du Docteur DOUTONE pour repréciser la philosophie des Assises du sport. Voilà un bel exemple: le Docteur DOUTONE a une longue pratique en tant que Président de la ligue de voile de Martinique, mais il vient de nous relater un constat, c’est-à-dire la difficulté que l’on a pour le transport maritime notamment pour les voiliers. Mais ce que nous attendons, Docteur DOUTONE, de cette longue expérience, ce sont des préconisations pour que nous puissions ne pas rester uniquement aux constats. Entrons dans une dynamique de propositions. Je demanderai aux autres intervenants de s’inscrire dans cette philosophie.

Maguy MARIE-JEANNE

Chef de Cabinet chargée de la coopération et des affaires internationales et européennes, CTM Juste peut-être faire une proposition: passer de la difficulté à la recommandation. À l’époque, d’ailleurs je l’ai cité parce que c’est avec lui que j’ai beaucoup travaillé dans ce domaine, c’est Michel MICHALON, nous avions travaillé avec une compagnie aérienne et maritime pour développer la multidestination et une des niches qui avaient été repérées c’était le sport. Un partenariat avait pu être mis en place avec le transport maritime - on ne va pas citer de nom -mais cela peutêtre cette possibilité. Mais cela peut aussi être, si l’outil nautisme n’est pas un outil spécifique parce qu’il a des particularités bien précises, cela peut être aussi un travail avec les organisations sur place pour pouvoir louer ou prêter. C’est une relation qui peut être justement de collaboration sur le territoire.

Savoir également que des réflexions peuvent être prises puisque dans le cadre de l’OSCS, il y a une forte volonté de promouvoir tout le secteur du nautisme.

Germain SOUMBO Président du CROSMA

Bonjour à tous. Je vais essayer d’être succinct même si j’ai beaucoup de choses à dire. Je ne pourrai pas rester avec vous toute la matinée car j’ai d’autres engagementsque l’on a cités tout à l’heure.

Ce que je voudrais d’abord dire, c’est remercier à nouveau la CTM pour l’initiative des Assises et cette réflexion qui va enrichir les débats.

Je vais vous apporter quelques éléments d’information sur l’intégration du sport martiniquais dans la Caraïbe, comme vous l’avez déjà présenté. D’abord dans la philosophie, je voudrais prendre deux exemples historiques, selon lesquels le sport est avant tout un élément de diplomatie. En 1970, deux Présidents du monde sont dos à dos: le Président chinois et le Président NIXON. C’est une partie de tennis de table qui va les faire se rapprocher et discuter et peut-être que la face du monde, sans être chauvin, pour une balle de set, a changé de face parce que c’était vraiment une tension très forte entre ces deux grands pays. L’autre exemple, c’est après la guerre, ont été créés les Jeux du Pacifique c’est-à-dire que le sport est un élément d’apaisement, de contacts, de rapports humains importants. Aujourd’hui, nous parlons de l’intégration sur la Caraïbe, tout commence par les rapports humains, les échanges, les valeurs et derrière il y a aussi l’économie. Le Président décédé de la PASO, Pan

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American Sports Organization, c’était un Mexicain qui était la troisième fortune du Mexique. Lorsque l’on a des dirigeants qui occupent des places prépondérantes sur le plan politico-économique, cela ouvre aussi des portes et nous sommes en train de travailler sur cela avec le MEDEF, sur les opportunités d’échanges économiques importants. C’est pour situer un peu le rôle du sport qui semble simplement au niveau des compétitions sportives mais qui peut aller bien au-delà. On l’a vu dans l’exposé de Maguy MARIE-JEANNE et de son collègue la portée que l’on peut avoir sur d’autres champs de développement. On parlait de journalisme, de santé… Pour être plus concret et ne pas être trop long sur un sujet qui me passionne, en 2010 quand je suis arrivé, je n’étais pas Président du CROSMA, j’ai voulu répondre à des demandes de la CANOC (Caribbean Association of National Olympic Committees). Ce sont 23 pays de la Caraïbe qui sont confédérés. On a été accepté à bras ouverts, comme des frères caribéens, dans la CANOC. On a été intégré comme «full member» c’est-à-dire membre à part entière. Ensuite notre conquête a été sur la CASCO (Central American and Caribbean Sports Organization). Là c’est 32 pays avec despays plus lourds comme le Mexique avec 32millions d’habitants, le Costa Rica qui sont des pays émergeants et là aussi nous venons d’obtenir, précisément mardi dernier: «la commission juridique, après décision - puisque c’est assez lourd, c’est d’année en année que les choses se font et vous pensez bien que ce n’est pas une intégration qui se fait en un mois - du comité directeur, après l’assemblée générale, après la commission juridique, le CROSMA et le CROSGUA de Guadeloupe - puisque nous avons lancé une démarche commune, nous associons égalementla Guyane qui a un peu plus de mal à l’intégrer - sont membres associés définitivement reconnus de la CASCO». Nous pourrons, je l’annonce, aller aux Jeux. C’est la première fois que nous pourrons aller, en jeu groupé, aux Jeux de Barranquilla qui sont les Jeux de la CASCO qui existent depuis 1926. C’est une histoire assez intéressante sur le plan historique. Nous pourrons défiler, je l’espère, en 2018, avec une délégation. Évidemment, il faudra se qualifier. On n’y va pas comme cela, on y va parce qu’on se qualifie dans les confédérations et dans les sports individuellement, on y reviendra. Ce sont deux étapes importantes. Mais avant cela, il faut dire que pour être dans cette organisation, il fallait faire la preuve que 10 ligues étaient déjà dans l’international. Il y a plus de 15

ligues, et bien avant, comme le tir avait déjà conquis le Pan Américain. Le sport martiniquais est courageux et prépondérant, bien avant l’OECS, bien avant le CARICOM, beaucoup de ligues allaient déjà très loin dans la Caraïbe et ont montré l’exemple, certainement dans le silence. Le CROSMA n’a fait que ramasser tout cela. Une distinction. On va prendre le foot puisque c’est le thème d’aujourd’hui. Le foot fait partie de la CONCACAF qui est la Confédération caribéenne de football. Chaque ligue a sa confédération caribéenne. Le CROSMA croit sur l’ensemble de cette intégration puisque nous avons obtenu du Comité olympique français, l’autorisation officielle écrite de pouvoir intégrer ces organisations et de participer à ces compétitions avec autorisation individuelle pour chaque Président de fédération et, chaque Président de fédération a donné à chaque ligue l’autorisation. Nous le faisons pour harmoniser cette intégration progressive et je dirais, importante de la Martinique dans la Caraïbe. Je voulais dire tout cela parce que ce sont des éléments que l’on n’a pas et je voudrais saluer la persévérance et l’initiative audacieuse des Présidents de ligues et du sport martiniquais. Reste deux points sur ce sujet ; je ne veux pas être trop long sur le temps imposé. Je suis intarissable mais il y a des problèmes de visa - on l’a déjà abordé avec le Préfet - de circulation. Ce sont des problèmes réels qu’il faut poser et qui j’espère, seront repris par les Parlementaires, nos Députés, nos représentants. Sur ce problème-là, je voudrais faire un petit clin d’œil. Nous sommes dans une Assemblée générale, la CASCO au Mexique. À l’aller, on fait la queue au Département américain parce que vous savez que lorsque vous rentrez aux États-Unis, c’est la règle, et quand on revient dans la Caraïbe, on s’attend à faire la queue, et finalement on est accueilli par deux gardes du corps qui nous font passer en priorité (diplomatie). Les pays de la Caraïbe ont un accord entre eux. Nous avons été escortés d’un bout à l’autre comme des personnels diplomatiques. C’était une petite parenthèse. Je le dis, il y avait des témoins. Je pense qu’on ne va pas dire que Monsieur SOUMBO a fumé! Sur le transport aérien, on avait effectivement fait cette étude au niveau du CROS: plus d’un million d’euros sont débloqués dans le transport des équipes. Lorsque nous avons fait une étude, nous avons constaté plus d’un million d’euros de marchés annuels pour les ligues seulement et lorsque vous multipliez par les clubs de football, de handball et de basket,

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je disais à Lionel RAULT que l’on peut aller jusqu’à 2millions d’euros. Quelle stratégie à avoir en commun?

Est-ce que chacun doit défendre son pré carré? Est-ce qu’il faut une stratégie commune? Nous avons tenté, sans y aboutir. Le sport représente un marché. Évidemment onsera toujours plus fort ensemble. Si nous sommes isolés,nous ne sommes rien, si nous sommes tous ensemble nous représentons un marché, une grande force.

M.GAMESS

Président des Entreprises du Voyage Bonjour. Tout d’abord, je suis désolé car j’ignorais que les thèmes de la réunion avaient été intervertis. Je suis donc arrivé pour 10heures. Je prends donc les choses un petit peu en cours de route. Je ne sais pas exactement ce que vous avez évoqué précédemment. Je viens d’entendre brièvement Monsieur SOUMBO qui évoquait des éléments que je pensais brièvement aborder, notamment les problématiques de visas qui sont des problématiques qui forcément freinent le transport aérien et les relations entre la Martinique et les différents territoires.

Ce que je pourrais juste vous dire, c’est bien évidemment, mais peut-être que Lionel RAULT vous l’a déjà dit, qu’il y a assez peu de dessertes directes aujourd’hui ce qui, forcément, complexifie le transport aérien. Je pense que dans toutes les ligues vous devez vous en rendre compte régulièrement.

On est souvent sur des petits appareils, des petits avions au taux de remplissage pas toujours très élevé, notamment avec la LIAT ou d’autres compagnies. Ce qui fait, que souvent le transport aérien est cher sur notre territoire et dans nos zones. C’est forcément une difficulté pour vous, j’imagine, lorsque vous souhaitez organiser des voyages dans la Caraïbe.

Sachez, en tout cas, que les agences de voyages sont à votre disposition, sont à vos côtés pour vous accompagner dans ces projets. Notre rôle c’est bien évidemment de vous aider sur le transport aérien, en mettant en concurrence les compagnies aériennes, en trouvant le meilleur itinéraire possible. Si vous avez des besoins sur les transferts, sur les transports, sur tous ces aspects-là.

Très brièvement, une petite suggestion et cela rejoint ce qui a été dit à l’instant. Au niveau des agences de voyages, on s’est rendu compte que l’on a souvent des ligues qui nous sollicitent et on travaille avec un certain nombre de ligues ou avec un certain nombre de clubs sportifs mais parfois, il y a des difficultés et pour nous,

agence de voyages, c’est quelque chose d’important, ce sont les délais de paiement. Peut-être qu’il y a des possibilités, peut-être sous forme de marchés ou quelque chose de ce type.

Je crois, mais je ne suis pas suffisamment allé au bout des choses, qu’en Guyane des choses ont été faites justement pour arriver à regrouper un petit peu les ligues. Je ne sais pas si c’est dans le cadre du CROS ou autres - je ne suis pas suffisamment spécialiste - mais qui permet peut-être de garantir un petit peu, des délais de règlement, pour faciliter le service des agences de voyages, parce que cela peut être parfois une difficulté pour nous. Nous avons eu quelque difficulté par le passé et c’est vrai que cela freine parfois des agences de voyages dans leur volonté de vous accompagner sur vos projets, sur vos différents déplacements. Voilà les grandes lignes, c’est ce que je pouvais vous dire ce matin. En tout cas, on reste bien évidemment à votre disposition.

Jean TRUDO

Secrétaire général du Yacht Club de Martinique Bonjour. Juste un petit rectificatif sur le programme. Je ne suis pas vice-Président du Yacht Club de la Martinique, je ne suis que le Secrétaire général. Je voudrais juste rebondir sur ce qu’a dit le Président du CROSMA et faire part de mon expérience personnelle. J’ai eu la chance, dès l’âge de 14 ans, de faire des régates dans toute la Caraïbe et par la suite d’être, pendant plusieurs années, vice-Président de la Caribbean Sailing Association (CSA), qui est une association qui regroupe tous les pays, des Bahamas jusqu’au Venezuela.

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Je vais juste dire une chose. c’est très bien d’être dans ces organisations internationales mais il faut pouvoir y peser de manière à ce que notre sport au quotidien en Martinique en tire des bénéfices. Si c’est pour partir, s’asseoir à des réunions. Je le dis comme je le pense. Moi, j’ai la chance, de connaître des gens et d’arriver à ce poste. Comment? En lobbying. Je suis arrivé VicePrésident de la Caribbean Sailing Association, une année où j’étais allé faire une régate à Antigua et la veille, les copains de la Barbade me disent en anglais bien sûr, on a besoin d’un vice-Président, qu’est ce que tu fais? Le lendemain j’ai été présenté. C’est comme cela que je suis arrivé. Il faut absolument faire du lobbying. Que l’on fasse en lobbying politique par l’intermédiaire de l’OSCS ou de la CARICOM - d’ailleurs, je crois plus aux vertus de l’OSCS. Ce sont des petits pays qui nous ressemblent - et la puissance économique. C’est le seul moyen. C’est le conseil que je donnerais à tous les gens CROSMA - j’ai été secrétaire du CROSMA pendant de nombreuses années, c’est un combat que je connais. Il faut impérativement s’appuyer sur le lobbying de façon à ce que nous pesions. Il ne faut pas aller à une réunion, revenir et dire: «j’ai un compte rendu, je ne sais pas ce qui s’est passé». L’exemple de la CONCACAF est un très bon exemple. Je me rappelle il y a une vingtaine d’années, Samuel PEREAU peut en témoigner, lorsque je faisais des (inaudible) à Trinidad et que les Martiniquais sont arrivés pour discuter. Tant qu’ils ne gagnaient pas, cela ne posait pas de problème mais à partir du moment où ils ont commencé à gagner, Joseph URSULET a commencé à se poser des questions. L’année où ils ont vraiment gagné, on a trouvé un article du règlement dans l’arbitrage qui n’avait pas été bien lu et nous avons été disqualifiés sur ce point. Au risque de me répéter, je dis qu’il faut absolument pouvoir peser dans ces institutions, avoir les appuis qu’il faut. Le lobbying économique et le lobbying politique sont assez puissants dans cette île. Je terminerai en disant que ce sera au bénéfice de notre sport au quotidien car tu sais mon attachement au sport des jeunes.

Louis BOUTRIN

Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM Je voudrais juste faire une courte intervention. Remercier et saluer la présence de Marie-France TOUL, VicePrésidente de l’Assemblée de Martinique, de JeanPhilippe NILOR, Député et également Président de l’IMS, qui nous accueille aujourd’hui. Remercier également de leur présence Alain DÉDÉ que l’on

connaît comme étant le Président de la Fédération des Yoles mais on oublie qu’il a été également Président du CROSMA.

La passerelle est toute trouvée pour qu’il puisse nous relater à la fois les expériences qu’il a eues par le passé et surtout les préconisations. Je salue également la présence de Pierre GILLES, journaliste à RCI, de Alex FERDINAND qui a été le Directeur de la radio RLDM. Merci à tous d’être présents. Il y a une question qui a été abordée, et c’est l’objet de mon intervention, par Maguy MARIE-JEANNE, qui avait déjà été également abordée par le Président actuel de la ligue de natation, Monsieur LORDINOT qui s’excuse pour ce matin car ils sont hors de Martinique. C’est la question de l’emblème et la question de l’hymne puisque vous le savez, l’OSCS aujourd'hui dit qu’ils ne veulent pas qu’il y ait le drapeau ou l’hymne des anciens pays colonisateurs. Cela risque de nous poser un problème dans notre intégration dans la Caraïbe. Je verse ces éléments au débat.

Alex FERDINAND

Ancien Dirigeant de la ligue de handball Bonjour. Alex Ferdinand, ancien dirigeant de la ligue de handball, à ce titre j’ai eu souvent l’occasion d’accompagner des délégations que ce soit en France ou à Cuba.

Juste une petite note d’histoire avant d’aborder certains points. J’ai en main une lettre qui nous a été écrite au siècle dernier, c’est-à-dire le 11septembre 1981, qui venait du Mexique, du Président de la Fédération panaméricaine de handball. Elle était adressée à la ligue de Martinique de handball. Je ne vais pas la lire en entier bien qu’elle ne soit pas très longue. Le Président de la Fédération panaméricaine de handball prenait contact avec la ligue de handball de la Martinique pour nous inviter un Congrès qui se tenait en Argentine et à travers ce Congrès, nous invitait à participer aux éliminatoires des Jeux olympiques: «Notre Fédération est affiliée et reconnue par la Fédération internationale de handball et notre but est d’organiser le championnat panaméricain, élimination pour les tournois internationaux et relation des sportifs du même ordre. Ce sera un plaisir pour nous de pouvoir compter sur la participation des 3 îles françaises du CARIBE - je lis tel quel - vu que nous avons connaissance de votre bonne organisation et qualité des sportifs». À cette occasion, nous avions pris contact avec le Président de la Fédération française de handball, Nelson PAILLOU, qui est devenu par la suite Président du

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Comité olympique français. Monsieur PAILLOU nous avait donné son veto, il n’était pas questionpour lui que les représentants de la Martinique ou ailleurs aillent participer à un Congrès international en Amérique latine. Les choses ont évolué depuis le siècle dernier. Je tiendrai cette lettre à votre disposition pour bien voir que le combat pour l’intégration dans la Caraïbe a commencé depuis les années 80. À la suite de cette lettre, nous avons organisé une délégation et nous nous sommes rendus à Cuba. Il y avait Georges PASTEL qui était Président de la ligue de volley-ball, Alain ROUSSELIN qui était Président de la ligue d’athlétisme et moi-même. Nous nous sommes rendus au Ministère des sports de Cuba et nous avons demandé l’appui du Ministère cubain des sports pour faciliter notre intégration aux différentes compétitions caribéennes. Il ne faut pas dissocier ce que j’appelle un combat pour nous intégrer dans la Caraïbe au combat pour également l’intégration culturelle. Je veux dire que le fait de participer par exemple, aux CARIFTA qui se sont déroulés à la même époque, dans les années 80, avec une délégation importante de la Martinique c’est-àdire le moment où on remettait en route les liaisons aériennes entre Cuba et la Martinique et également, les CARIFTA GAMES ainsi que les jeux panaméricains.

Je rebondis sur cette histoire de veto puisque vous savez tous que le Ministre des sports de la France a mis son veto à toutes possibilités, en tout cas pour le moment, de l’intégration de la Martinique à la FIFA. Je me permets de donner mon point de vue: il s’agit pour moi d’un nouveau pacte colonial, néocolonial d’un autre siècle. Ceci reproduit pour moi le Code Noir sportif, à savoir que vous, Martiniquais, vous Guadeloupéens et vous Guyanais, vous n’avez pas la possibilité de participer à aucune autre compétition, en tout cas officielle, malgré les avancées que nous avons (CONCACAF, etc.)

Je ne veux pas être trop long, mais concernant la CONCACAF, il faut se rappeler que la première équipe - Marcel PUJAR pourra peut-être témoigner là-dessus - à avoir participé aux compétitions de la CONCACAF, c’est le RACING CLUB de Rivière Pilote qui était présidé à l’époque par le Président de la CTM, Alfred MARIEJEANNE. C’était un challenge parce que cela nous avait coûté, si je m’en souviens bien, 400000francs c’est-à-dire une somme importante. C’est un peu confus, mais je reviens sur cette délégation à Cuba. Après cette rencontre avec le Ministère des sports de Cuba, si vous rappelez bien, en juillet1982, nous avons reçu en Martinique 80 athlètes cubains.

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C’était la première fois qu’une délégation aussi importante de sportifs cubains venait en Martinique. Il y avait des footballeurs, des cyclistes, des handballeurs, des volleyeurs, et de nombreux représentants qui étaient accueillis par l’ICAP, qui est l’Institut cubain d’amitié avec les peuples. Juste pour terminer ce que je voulais aussi souligner, c’est le problème du drapeau, de l’emblème. J’ai vraiment été choqué de voir que par exemple, lorsqu’une délégation de jeunes footballeurs martiniquais qui allaient participer à une mini coupe du monde des jeunes à Paris, la Guyane s’est présentée avec son drapeau, la Guadeloupe s’est présentée avec son drapeau et la Martinique s’est présentée avec le drapeau des quatre serpents qui est un drapeau, vous le savez, esclavagiste. En plus, l’histoire du drapeau bleu blanc, rouge, nous ne sommes pas la France. Je ne comprends pas que l’on puisse participer à une compétition officielle comme celle qui vient se dérouler au football avec le drapeau bleu, blanc, rouge. Nous ne sommes pas la France. Nous ne sommes pas les représentants de la France. Nous sommes les représentants de la Martinique. C’estabsolument écœurant. Pour vraiment terminer cettefois-ci, puisque Monsieur BOUTRIN a souligné ce matin mon expérience en tant que RLDM, je veux dire que les médias ont un rôle considérable à jouer concernant notre implicationdans la Caraïbe. Juste un petit mot, je m’excuse d’être un peu long. Lorsque le Racing Club de Rivière Pilote avait remporté son premier championnat, je me souviens, j’avais demandé à l’un des journalistes d’une radio que je ne vais pas nommer, puisque nous devions participer à la CONCACAF qui était champion de Sainte-Lucie, qui était champion de la Dominique. Il ne le savait pas. Naturellement on connaît le curriculumvitae de tous les sportifs français mais on ne sait pas qui est champion chez nos voisins. Depuis les choses ont heureusement évolué.

Alex CAROTINE

Ex dirigent du Club Colonial, ex-Vice-Président de la ligue de football de la Martinique Bonjour. Alex CAROTINE, j’étais Secrétaire général du Club colonial et également vice-Président de la ligue de football. Je pourrais exprimer deux expériences à ces différents niveaux.: l’intégration dans la Caraïbe se fait dans les clubs. On sait, que de plus en plus de jeunes, adhèrent à des clubs parce qu’ils savent qu’en fin d’année on va voyager. Les jeunes martiniquais adhèrent à des clubs parce qu’ils savent que le club va voyager!

On a vu des fois des mouvements de jeunes à Fortde-France, aller se faire licencier dans certains clubs parce qu’ils savaient qu’à la fin de la saison, il y avait un voyage à la clé. Dans ces clubs-là, vous savez qu’il y a différentes sections de jeunes et il faut avoir le budget pour pouvoir proposer à chacune de ces sections un voyage. Ce qui se passe, quand on essaie de planifier tout cela, car pour garder ces jeunes bien compétitifs, il faut pouvoir proposer ces voyages, on se heurte aux compagnies qu’elles soient aériennes ou maritimes de pouvoir verser un premier chèque de réservation alors que nous n’avons pas la trésorerie suffisante. Tous les footballeurs ou représentants de ligues qui sont ici, savent très bien que nous avons des difficultés pour financer les déplacements de compétition de nos jeunes. Il y a cette réflexion qu’il faut mener même avec les banques parce qu’un moment donné, avec des camarades à la ligue de football, nous avions mené la réflexion et nous avions constaté que nous étions les premiers employeurs pendant le week-end, de la Martinique, avec les transferts de fonds que nous faisons et nous ne bénéficions même pas de facilités de caisse. Il y a cette proposition-là à faire avec les organismes financiers de savoir quelle garantie nous pouvons obtenir, peut-être auprès de la CTM, pour nous permettre de faire ces premières avances de fonds pour permettre un certain nombre de voyages à nos jeunes. Comment intégrer ces déplacements avec un aspect linguistique parce que l’on parle souvent de la barrière de la langue. Comment proposer à ces jeunes qui vont faire un petit voyage d’agrément où on va rencontrer des clubs de sport pour faire un petit match, qu’il y ait aussi cette rencontre avec les membres de la population, de la famille. C’est principalement cet aspect-là que je voulais relever notamment au niveau des clubs: l’aspect financier. Le deuxième aspect, on parle d’hymne et de drapeau que nous avons vécu à la ligue de football. Je ne sais pas si les camarades qui sont présents et notamment notre CTR et notre Président ainsi que les journalistes présents ce jour-là se souviennent. Une fois, nous avions organisé une compétition de la CONCACAF ici en Martinique. Nous avions convenu, entre nous, que nous puissions avoir notre hymne et notre drapeau. Je me souviens, quand on a commencé à chanter la Marseillaise, des camarades de la ligue - c’est quelque chose que nous avions pris d’un commun accordsont restés assis. Ce qui s’est passé: nous avons été pris à partie par nos propres compatriotes martiniquais

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en disant: «ki sa ka rivé zot? Nou an Fwans, zot sé des Fwansé donk zot pa té ni a fè sa!». Voici l’expérience vécue aussi bien en club qu’au niveau de la ligue de football dans notre démarche d’intégration dans la Caraïbe.

C’est d’actualité puisque je crois que le Président MARIE-JEANNE a pu faire une intervention à l’Assemblée nationale pour que nous puissions adhérer à la FIFA et aussi de pouvoir lancer une grande réflexion pour savoir si nous voulons ou pas adhérer à la FIFA parce que je pense que tout le problème de l’antinomie de décisions politiques entre le 73 et le 74 a prouvé que nous pouvions faire avancer les choses dans notre pays et que la population choisit de pouvoir rester dans un cadre général institutionnel français.

Jean-Philippe NILOR

2e Vice-Président de l’Assemblée et Président de l’IMS

Je vais essayer d’être très bref. Je veux juste dire à quel point l’intégration à l’international - parce que l’intégration ne doit pas signifier seulement l’intégration avec les petits pays de la Caraïbe ni même avec la Caraïbe seulement - est importante pour le développement et pour offrir des perspectives au sport martiniquais. Cette intégration ne doit pas se faire seulement sous l’angle de la compétition, mais aussi sous l’angle de la formation, sous l’angle des échanges culturels. Je suisaussi tout à fait d’accord avec ce qui a été dit précédemment. Mais nous avons beaucoup à gagner à pouvoir échanger avec le monde sportif de nombreux pays à travers le monde. Cela commence par nos plus proches voisins ce qui est tout à fait normal, et la réflexion, le champ du possible ne doit pas s’arrêter au bassin de la Caraïbe. Deuxième chose, lorsque l’on parle de formation il y a cette dimension linguistique et culturelle qui est fondamentale. Nos sportifs qu’ils soient dirigeants, qu’ils soient cadres techniques, qu’ils soient pratiquants doivent être préparés en amont à pouvoir échanger avec les voisins lors des rencontres, séminaires, et autres compétitions. Trop souvent, nous avons vu, soit par timidité, soit par sentiment de supériorité ou soit par une espèce de complexe d’infériorité, nos délégations, lorsqu’elles se déplacent, restent à l’écart, confinées, entre nous-mêmes et le potentiel d’enrichissement des échanges n’est pas réellement optimisé. Je voudrais aussi dire que la réflexion sur l’emblème et sur l’hymne ne doit pas simplement concerner les politiques. Si elle est menée que sur cet angle-là, je

crains qu’elle ne soit vouée à l’échec. Ce qu’il faut bien comprendre, je vais prendre un exemple au niveau du sport martiniquais. Je ne vais pas augurer de ce qui sera dit tout à l’heure concernant le football mais je donne un exemple. J’ai vécu en tant que joueur et en tant que dirigeant ce que l’on appelle les derbys. Notamment lorsqu’il y avait des rencontres entre l’Espoir de Sainte-Luce et le RC Rivière-Pilote. Nous, du côté de Sainte-Luce, c’était le match à ne pas perdre pendant l’année. C’est toute la commune qui était en vert et blanc, et Rivière-Pilote était en violine. Cela veut dire que même à notre niveau, les questions d’image et de couleur, cela permet de fédérer, de rassembler et d’attirer les gens au match. Il y avait des gens qui s’habillaient spécialement depuis le début de la semaine pour emmerder les voisins, surtout ceux qui travaillaient à Rivière-Pilote ou ceux de Rivière-Pilote qui travaillaient à Sainte-Luce, ils s’habillaient aux couleurs de leur club. À travers cet exemple-là, ce que je veux simplement démontrer, ce n’est pas une volonté d’indépendance qui s’exprime à travers cela - il faut dire les chosesmais c’est quelque chose de tout à fait normal. On ne peut pas aller représenter la Martinique s’il n’y a pas au préalable une adhésion sur l’idée de représenter un peuple martiniquais. C’est vrai qu’aujourd’hui, lorsqu’il y a une rencontre entre Guadeloupe et Martinique, au niveau de la CONCACAF par exemple, pour ne prendre que cet exemple du foot, les deux équipes bénéficient de la Marseillaise. Cela veut dire que c’est l’équipe de France qui est en train de jouer contre l’équipe de France dans une compétition internationale. Cela n’a pas de sens. C’est vrai, lorsque nos joueurs, nos pratiquants réussissent et sont intégrés dans les différentes équipes de France, c’est toujours une satisfaction pour nous mais notre réflexion, le travail que l’on doit mener ne doit pas se contenter à cet objectif-là. Je vais parler de mon fils qui pratique l’athlétisme. Il a 15 ans, il est persuadé qu’il sera un jour champion olympique en athlétisme. Il est dans son truc et je l’encourage à faire le maximum. Il m’a dit il n’y a pas longtemps: «Lorsque je vais gagner la médaille d’or aux Jeux Olympiques, est-ce que je serai obligé de prendre le drapeau français et si jamais, je prends un drapeau martiniquais quelles seront les sanctions? Qu’est-ce que l’on peut me faire?» Car il a entendu parler des Noirs américains qui avaient levé le poing et qui ont été sanctionnés. À travers cet exemple-là, je vais dire qu’il faut et c’est important de le faire dans le cadre de ces Assises mais pas seulement dans le

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cadre de ces Assises, bien au-delà. Il faut que l’on puisse dédramatiser cette question d’emblème et cette question d’hymne. Si le terme de drapeau ou d’hymne gène, à la limite, cela ne me pose même pas de problème qu’on puisse les changer pour ne pas froisser certaines susceptibilités. Mais nous avons tout intérêt à nous accorder au préalable sur ces questions d’image puisque l’on voit bien aujourd’hui le nombre de Martiniquais qui circulent aujourd’hui avec le drapeau corse (la tête de Maure) derrière leur voiture. Tout simplement, il voit l’image: la tête d’un noir avec un bandeau, cela fait un petit peu rebelle, mais ils ne connaissent pas l’histoire de ce drapeau. Mais ils ont l’impression, justement, de revendiquer une certaine identité en mettant cet autocollant.

Quant au drapeau aux quatre serpents, pourquoi aujourd’hui les sélections de Martinique, les équipes de Martinique jouent en bleu et blanc? Parce qu’on a enlevé les quatre serpents le plus souvent mais ces couleurs de bleu et blanc n’ont jamais fait l’objet d’une concertation, d’une consultation. Peut-être que l’on peut les retenir mais il ne faut pas que ce soit le fruit du hasard, il faut que ce soit un choix. Pour qu’il y ait une adhésion, pour que les gens se reconnaissent, il ne faut pas qu’on leur impose des choses, il faut qu’on suggère et que l’on puisse rassembler. Nous avons suffisamment d’artistes, de gens de talent pour pouvoir solliciter le potentiel, l’intelligence, le talent de ces gens-là et ensuite se retrouver et faire que le peuple martiniquais puisse déterminer des couleurs. Si on ne

peut pas parler d’hymne mais au moins une mélodie, quelque chose qui nous booste lorsque l’on doit rencontrer des adversaires qui eux, sont boostés par leur hymne national. Je vous remercie de m’avoir écouté.

Maguy MARIE-JEANNE

Chef de Cabinet chargée de la coopération et des affaires internationales et européennes, CTM Juste quelques réflexions. Si on est ici c’est pour pouvoir peser sur les débats. Je veux juste répondre à un intervenant. La posture, la carrure de l’actuel Président de la CTM est parfaitement connue dans la Caraïbe. J’ai été surprise, lorsqu’il s’est déplacé à Cuba, de voir comment les autres pays de la Caraïbe l’ont accueilli parce qu’il a un verbe franc, un verbe fort et un verbe qui n’a jamais varié. Cela a été des représentants de Cuba, de la Grenade, de la Dominique. Oui, nous allons peser dans les instances comme nous l’avons toujours fait et je pense que c’est le rôle des élus. Nous avons pesé et nous pèserons toujours sur ces instances. Pour répondre à Jean-Philippe NILOR, la notion d’intégration dans l’approche que nous avons eue ce matin c’est justement dire que c’est une intégration - cela faisait partie de notre intervention et on a cité ces lieux et ces espaces. On a hésité à parler de l’emblème et de l’hymne, on l’a écrit et on a dit justement que la réflexion était en cours au sein de la CTM. On a commencé par le logotype pour la Collectivité mais on a dit qu’il allait être ouvert un concours certainement l’année prochaine, sur ces

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symboles de représentativité de notre territoire. Monsieur BOUTRIN en a parlé et c’est vrai que l’OECS nous a fait savoir qu’ils joueraient l’hymne de l’OECS parce qu’ils n’allaient pas jouer l’hymne national français. Ce n’est pas son rôle de véhiculer cela.

Par contre, ce que l’on avait oublié, ce sont les couleurs et on va le rajouter parce que c’est vrai qu’il faudra déterminer des couleurs. Peut-être qu’on l’on pourra l’associer dans le lancement de ces éléments fédérateurs de territoire. Ils ne sont pas en antagonisme avec une nation quelconque ou un continent quelconque mais qui sont fédérateurs. Je voulais dire aussi que le sport est aussi véhicule de cohésion d’un territoire. C’est vrai que l’on a notre maillot violet, notre maillot vert, notre maillot bleu, etc. Mais quand on part dans la Caraïbe on ne se regarde plus comme Racing Club, comme Golden, on se retrouve dans un territoire et on apprend à s’apprécier entre nous et c’est surtout cela que je remarque quand je vois des équipes martiniquaises quel que soit le sport: ils se retrouvent comme un territoire. C’est pour cela que l’on a parlé dans notre présentation, d’ambassadeurs de Martinique. Ils arrivent à s’apprécier et à se reconnaître comme un lien.

Louis BOUTRIN

Il y a un risque, chers amis. Il y a un risque c’est que notre débat qui est très intéressant puisse empiéter la présentation qui doit être faite sur le football. Il y a des éléments du débat actuel qui peuvent être versés

au débat tout à l’heure. Je ne fais pas d’intervention sur celle du député Alfred MARIE-JEANNE le 21juin dernier à l’Assemblée nationale. Je réserve, avec le Président PEREAU, cet élément pour tout à l’heure. Ce que je vous propose, au regard des impératifs de ceux qui sont intervenus tout à l’heure, que l’on puisse passer au deuxième thème et à ce moment, lors des débats, rien ne nous empêche de revenir puisque nous sommes toujours dans les mêmes éléments en termes d’intégration à la fois caribéenne et comme le dit Jean-Philippe NILOR, à l’international. On pourra prolonger le débat…

Un participant … Je propose une motion…

Louis BOUTRIN

… On fera toutes les propositions. C’est ce que je te dis, le débat est libre. On est juste en train d’essayer de l’organiser. Tout à l’heure, on fera toutes les propositions de motion, etc.

Je sais que Gabriel LORDINOT voulait faire une intervention dans ce sens puisqu’il avait déjà soulevé la question de l’emblème mais on abordera cela tout à l’heure. Il n’y a pas d’objection? On y va.

Je vais demander à Jean-Philippe NILOR de venir.

J’en profite pour saluer notre collègue de l’assemblée de Martinique, Marie-Frantz TINOT ici présente, sous vos applaudissements.

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Louis BOUTRIN

Pendant que les uns les autres se préparent et que l’on puisse caler les diapos, vous avez bien compris que l’on va se pencher sur le cas aujourd’hui d’une très grande dame qui est la ligue de football de la Martinique, plus que centenaire puisque, comme on le sait, le football martiniquais existe depuis 1893 à Saint-Pierre, bien avant la création de l’Olympique de Marseille et notre premier club sportif est né en 1903, le club sportif de Martinique et en 1906, c’est la création du Club Colonial.

Chronologiquement il y a eu dans les années 1910 à 1925, la création de plus d’une vingtaine de clubs de football en Martinique. C’est dire que malgré les tumultes, cette dame est aujourd’hui centenaire. On va donc se pencher sur son état de santé mais surtout on va voir comment faire évoluer le football martiniquais.

J’espère que dans les débats nous n’allons pas rester aux constats habituels mais que vous allez faire preuve d’audace dans vos propositions. An tou ka, si zot pa fè’y, kontan lè mwen, bon maten-an man paré, man key fè dé propozision mèm si key bouskulé yonn dé labitid. Mèsi an pil.

La parole au Président Samuel PEREAU.

Bonjour à tous et à toutes. Je salue toutes les personnalités présentes, tous les amis du sport et bien sûr tous les représentants des clubs de football qui ont été invités ainsi que les autres acteurs notamment les éducateurs et les quelques arbitres qui sont là également.

10 minutes top chrono pour laisser un maximum de temps aux échanges. Dans la foulée, le CTR Monsieur GERME et l’ATRF vont, pendant 2 fois 5 minutes, présenter les problématiques plus techniques.

État des lieux L’état des lieux rapidement. Vous savez que la ligue de football est l’une des ligues et comités à avoir un patrimoine. C’est, j’allais dire, l’héritage du passé. On est très fier de l’avoir. C’est quelque chose qui consolide notre situation financière puisque vous savez que l’on a traversé et que l’on traverse toujours de grosses difficultés financières d’abord dans un redressement et ensuite dans un plan de continuation. C’est un bâtiment qui a une certaine valeur qui nous a permis de stabiliser les choses sur le plan financier. Ceci étant dit, ce sont de grosses dépenses en fonctionnement puisqu’évidemment pour entretenir un patrimoine comme celui-là, ce n’est pas évident.

Quelques chiffres clés Quelques chiffres clés du football en Martinique. Bien entendu, on ne va pas rentrer dans le détail. C’est 131 associations affiliées et surtout 72 associations en activité (clubs) qui participent aux compétitions. Le football entreprise qui redémarre. Il y en a une quinzaine aujourd’hui. On en parlait tout à l’heure. C’est un enjeu qui peut être intéressant du fait que cette association dispose elle aussi d’un patrimoine qui pourrait venir compléter les équipements de l’Institut Martiniquais du Sport.

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Samedi 2juillet 2016 Thème 6
Quel avenir pour le football martiniquais QUEL AVENIR POUR LE FOOTBALL MARTINIQUAIS ?
Samuel PEREAU Président de la ligue de football de la Martinique

Samedi 2juillet 2016 Quel avenir pour le football martiniquais

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?

Un peu plus de 10000 licenciés. Il y a certainement une sous-estimation parce que cela fluctue très régulièrement et il y a aussi un certain nombre d’acteurs de notre discipline qui ne sont pas forcément licenciés mais on a l’habitude de se situer dans cette fourchette entre 10000et 11000 licenciés.

Je l’ai dit, c’est 72 clubs actifs aujourd’hui. Sur ces 10000 licenciés, 5811 licenciés jeunes masculins. On peut dire sur ces 10000 licenciés que 6 sur 10 ce sont des jeunes filles ou des jeunes garçons et les autres acteurs qui tournent autour de cette activité.

Lorsque l’on parle de bassin de population, lorsque l’on parle de capacité à produire des champions ou des championnes, l’exemple du sport féminin et du football féminin en Martinique est très parlant la matière.

Le bénévolat en action. En photo, Nadine NAT qui est Vice-Présidente de la Ligue de football et symboliquement une des bénévoles très engagée depuis très longtemps dans le sport et en particulier dans le football.

L’équipe dynamique de la ligue: 10 salariés, un conseiller technique sportif mis à disposition et 4 emplois d’avenir. C’est ce que l’on peut appeler, les permanentsde cette administration qui nous aident à faire fonctionner la discipline.

Il y a un certain nombre de matchs dans l’année. C’est un chiffre à retenir, cela fluctue en fonction de la période de l’année mais c’est une centaine de matchs chaque week-end. Cela dépend des catégories en fonction du week-end mais c’est à peu près l’ordre de grandeur qu’il faut retenir. Lorsque parfois cela ne se passe pas très bien, il peut y avoir des problèmes d’incivilités, de violence, des soucis, il y a parfois un focus médiatique qui est mis sur cela. C’est comme ce que l’on dit en ce qui concerne les trains: on voit souvent ceux qui arrivent en retard mais on oublie tous ceux qui arrivent à l’heure. Il y a donc une centaine de matchs chaque week-end, ce qui nécessite une organisation administrative, technique, un accompagnement non négligeable pour faire fonctionner tout cela.

Les choses ont évolué récemment (il y a 48heures), on était jusqu’alors dans une architecture avec quatre divisions, aujourd’hui on est passé dans la saison 2016 - 2017, et on évolue vers un championnat senior masculin avec trois niveaux pour se conformer aux obligations

réglementaires de la Fédération française mais surtout pour s’adapter à une réalité locale: des problèmes de structuration de clubs, des problèmes financiers mais aussi une réalité démographique (il y a moins de Martiniquais et Martiniquaises, il y a des Martiniquais et Martiniquaises qui vont vivre de plus en plus vieux). On a un potentiel qui est différent pour ne pas dire qui est moins actif (mais qui sera probablement moins actif) et c’est pour cela qu’il faut faire attention à ce que l’on met en place en termes de prévention par rapport aux évolutions sociétales à venir. Il y a moins de clubs, c’est une réalité. On avait une configuration de compétitions qui n’était pas conforme à ce que l’on peut attendre de la pratique et de la pratique qui permet d’aller vers l’élite.

Chose très intéressante et cela avait été un souhait de l’ensemble d’une certaine partie du football martiniquais, c’était de mettre en valeur les jeunes notamment au niveau des championnats senior. Désormais, la dernière division de ligue qui va s’appeler encore, pour l’instant, «promotion d’honneur» et peut-être bientôt «régional 3» offre la possibilité pour les clubs d’intégrer les équipes réserve jeunes. C’est quoi une équipe réserve jeunes? C’est une équipe senior pour laquelle un règlement particulier a été voté à l’occasion de l’Assemblée générale: une obligation d’avoir sur la feuille de match au minimum 8 joueurs de moins de 20 ans. Enjeu: pouvoir intégrer de manière précoce les jeunes de ces catégories d’âge dans le bain des championnatsseniors. L’appellation «réserve» permet sans doute à des clubs qui sont bien structurés, qui ont de meilleures possibilités peut-être que les autres un petit peu plus en développement, d’intégrer cette compétition avec les équipes réserves, une promotion de la dernière division de ligue. Plus de derbys certainement.

C’est aussi un dispositif qui permet de régler les problèmes que l’on a rencontrés avec les championnats en catégorie U20. Jusqu’à l’année dernière on avait des compétitions, des championnats de jeunes U20 qui posaient un certain nombre de problèmes parce que ce sont de jeunes adultes dans cette catégorie. Vous voyez la tranche d’âge des jeunes: c’est 18, 19, 20 ans. Ce sont des jeunes adultes qui sont, pour la plupart, déjà majeurs, qui sortent le samedi soir, qui sortent même beaucoup le samedi soir, qui font la fête, qui parfois consomment certaines choses. Ce sont des problèmes que l’on rencontre sur le terrain avec toutes les difficultés de l’encadrement administratif et

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technique de ces équipes qui étaient amenées à jouer à une heure avancée le dimanche matin. On a fait le constat d’un certain nombre de difficultés et cette catégorie U20, ces championnats U20 n’existent plus. Cela a été remplacé par une catégorie plus jeune (18 -19 ans) et cette opportunité de créer une équipe réserve, on encourage fortement les clubs à aller dans cette direction pour la promotion des jeunes de 18, 19, 20 ans qui désormais pourront s’affirmer au plus haut niveau.

Les autres compétitions. On passe rapidement. Les championnats jeunes masculins. Le football féminin: on va y revenir tout à l’heure. À présent, un petit focus sur les recettes propres. À côté des recettes propres, il n’y a pas les recettes sales, mais des recettes très intéressantes mais insuffisantes de nos tutelles que ce soit les collectivités locales mais également la tutelle fédérale et aujourd’hui, quelque chose de non négligeable, une autre confédération la CONCACAF qui apporte des aides financières qui commencent à être intéressantes pour la ligue de football. C’est d’ailleurs ce complément d’aides qui vient en plus de ce que nous apporte la CTM, de ce que nous apporte l’État avec le CNDS, de ce que nous apporte la Fédération française qui, je le dis, je l’affirme, permet à la ligue de football de garder la tête hors de l’eau compte tenu des problèmes financiers auxquels nous sommes confrontés.

Un chiffre d’affaires qui fluctue entre 1,2million d’euros et 1,4million d’euros selon les années, selon que l’on soit engagé ou pas dans des compétitions internationales notamment. Les années où on a des campagnes CONCACAF, des campagnes de qualification, le chiffre d’affaires tourne autour de 1,4million d’euros. C’est un chiffre d’affaires qui est hors ligue Antilles foot, Trophée Mare Gaillard puisque c’est un budget annexe et comme vous le savez l’association qui gère la Ligue Antilles foot, est une association composée des deux structures: la ligue de football de Guadeloupe et la ligue de football de Martinique.

Petit focus sur les dépenses. Juste revenir sur ce que l’on disait: les charges importantes qui sont liées à cette maison du football et également une masse salariale non négligeable pour une association de notre taille.

L’essentiel c’est surtout d’inciter et de proposer des pistes de réflexion aux propositions de modernisation

de la discipline football: «quel avenir pour le football martiniquais?». Nous sommes en plein dans cette réflexion puisque nous avons fait une large consultation auprès des présidents de clubs dans le cadre d’un projet qui s’appelle «NEO 2020». NEO comme nouvelles évolutions et opportunités à l’horizon 2020 pour le football martiniquais, avec un certain nombre de propositions.

On balaie. C’est un peu en vrac. Cela va permettre peut-être tout à l’heure de nourrir les échanges. On ne peut pas imaginer avoir une pratique d’un certain niveau sans effectivement des infrastructures de qualité. C’est surtout la question de la qualité des pelouses. On voit le grand débat qu’il y a aujourd’hui sur l’Euro 2016 avec des problèmes qui se sont posés en termes de qualité des pelouses. Il faut au moins un terrain d’honneur en Martinique qui ait une pelouse impeccable. Les quelques joueurs professionnels qui viennent régulièrement nous aider à renforcer notre sélection pour les grandes compétitions, c’est la seule question qu’ils posent. Ils nous disent que c’est impeccable: l’accueil, la cohésion avec les joueurs amateurs, les efforts qui sont faits par les collectivités, l’encadrement médical, les techniciens qui n’ont rien à envier finalement à des techniciens de très haut niveau même si, on le verra plus tard, il faut que l’on puisse avoir des opportunités pour les techniciens, en termes de formation continue, d’immersion dans les grands clubs européens ou ailleurs. La seule question c’est la qualité des pelouses. Nous sommes allés jouer à la Dominique. Nous avons joué sur une pelouse impeccable. Les clubs professionnels, ce sont des questions qu’ils posent: dans quelles conditions vont jouer nos athlètes? Est-ce qu’ils ne vont pas revenir blessés?

C’est aussi la question des structures de formation nous avons aujourd’hui deux sections sportives: une féminine et une masculine, une section sportive de deuxième cycle appelée «Pôle Outre-mer» et là aussi il faut que l’on se penche sur la qualité des terrains.

Création d’une vraie compétition supérieure de ligue. On va y revenir.

La question de la prise en charge des transports. Un moment, une collectivité qui n’existe plus aujourd’hui, le Conseil Général, pendant 2 ou 3 ans avait fait l’effort d’accompagner les clubs sur la question du transport des jeunes car c’est une charge importante pour nos

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clubs et cela pose problème car on sait qu’il y a encore des difficultés. Cela va s’améliorer peut-être dans les années à venir mais il y a encore des difficultés liées au transport. C’est quelque chose qu’il faudrait prendre en compte. Aujourd’hui cela représente peut-être un budget entre 150000€ et 200000€ selon les équipes qui sont engagées en jeunes. Il y a quelque chose à faire.

En football diversifié, une offre de pratique qui doit être faite aux plus jeunes notamment, qui sont plus attirés sur les choses fun. Une académie du football en direction de ceux qui ne sont pas capables ou ne sont pas en capacité de réaliser le fameux double projet. Nos deux sections sportives (notre pôle) sont dans des collèges et un lycée au François. Pour les autres disciplines c’est la même chose. On parle beaucoup de doubles projets. Cela veut dire que le gamin ou la gamine qui ne travaille pas bien l’école, il ou elle n’est pas accepté(e) au Pôle car ils tiennent compte de ses capacités physiques et capacités liées à cette discipline mais également les bulletins des trois derniers trimestres de l’année. Ceux qui ont plus de difficultés - il y en a pas mal au football - sont souvent dans des situations sociales difficiles (problème d’accompagnement dans la famille) mais il n’est pas dans notre projet.Il ne faut pas qu’il reste sur le bord de la route. Il faut que l’on ait des structures qui soient adaptées à ce type de jeunes qui sont en difficulté.

La médiatisation: il faut de la visibilité il faut des dispositifs qui permettent de montrer un peu plus notre discipline mais c’est valable également pour les autres disciplines.

Un Pôle de second cycle féminin. Aujourd’hui, les jeunes filles qui sortent du collège de Saint Joseph, où on a une section sportive, intègrent en mixité le Pôle Outre-mer du François (il y a 2 ou 3 places). Il y a une volonté de l’Éducation nationale de nous accompagner, de créer un véritable Pôle, une véritable section sportive de deuxième cycle féminine. Cela pourrait être une réalité. L’exemple de Wendy RENARD est très parlant en la matière puisque parfois, contre l’avis des autorités académiques ou des autorités du sport national, il y a un forcing qui a été fait (le CTS, les éducateurs) et c’est un peu comme cela qu’on a pu faire éclore cette joueuse d’exception qu’est Wendie RENARD.

Je me tiens à votre disposition pour les questions.

Charlène MARIE-JEANNE

CTRde la ligue de football, football féminin

Bonjour à tous. Juste un rectificatif, je suis CATF, Je ne dépends pas de la DDJS, donc je ne suis pas CTS.

Je vais intervenir sur la partie du football féminin: quel avenir pour le football féminin martiniquais? Je dirais que le football féminin existe au moins depuis cinq décennies mais il a du mal à trouver sa vitesse de croisière. Cela va passer par le développement. Il est important pour nous de permettre à toutes de le pratiquer quel que soit son niveau, son engagement, et développer et faciliter l’accès pour la formation des femmes.

Je ne vais pas insister sur les équipements, les infrastructures puisque le CTS va en parler dans son intervention. Mais juste un point pour dire que pour la pratique féminine il y a des difficultés liées aux installations. Pour preuve, pour la mixité, pratiquement sur tous les stades et il n’y a que deux vestiaires et les filles sont obligées, par exemple, de se changer dans le vestiaire des arbitres. C’est une contrainte. Mais aussi pour les matchs en levée de rideau, la plupart des terrains ne sont pas équipés de quatre vestiaires. Ce sont des difficultés aussi.

Par ailleurs, par rapport au terrain, il y a des difficultés d’harmonisation des calendriers en interne puisqu’il y a quand même plusieurs niveaux chez les garçons et le féminin mais aussi pour les autres disciplines. Dans le cadre du développement, notamment de la diversification des pratiques, mais par rapport aux autres disciplines, il faut toujours trouver un moyen pour agencer les calendriers.

Je vais passer à l’offre des compétitions. On a en visuel une sélection UNSS qui vient de participer à l’Euro des lycéennes et la sélection senior qui vient de participer à la phase finale de la CONCACAF, il y a deux ans, aux États-Unis.

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Au niveau du nombre de licenciés, on a quand même 383 pratiquantes, 276 dirigeantes, une dizaine d’éducatrices et une dizaine d’arbitres. Les objectifs à court et moyen terme à atteindre: environ 1000 pratiquantes et avoir une éducatrice en moyenne par équipe féminine.

L’organisation des compétitions féminines est la suivante: on a un championnat en phase aller-retour, et à l’instar de ce qui se fait au basket et au volley, on a une phase finale pour laquelle est déterminée l’équipe championne en fin de saison. Il y a 9 équipes: 2 de l’Espace Sud (Le Racing, le Club Franciscain), 3 de la CACEM (Club Colonial, Émulation de Schœlcher, RC Saint-Joseph - le champion en titre), 4 de CAP NORD (l’US Robert, la Samaritaine, US Vauclinoise, Tout Sezon de Saint-Pierre). À terme, c’est d’avoir au moins 14 équipes en élite et deux niveaux de pratique au moins. Nous avons aussi d’autres compétitions telles que la Coupe de la ligue en début de saison, la Coupe de Martinique pour laquelle la Collectivité apporte une dotation financière non négligeable et depuis peu la LAF entre la Martinique et la Guadeloupe.

Un constat: peu de médiatisation des compétitions féminines. À terme il y a lieu de faire beaucoup plus notamment au niveau des médias et des actions aussi que l’on fait en collaboration avec la commission dont le Président est présent et favoriser les échanges, on en a parlé précédemment, dans la Caraïbe mais aussi en Europe. Dans la Caraïbe, notamment par la participation des sélections féminines en seniors, mais aussi les catégories de jeunes.

Autre problème aussi pour les filles, il n’y a pas de compétition féminine de jeunes. Nous n’avons que la mixité et seule la section sportive, je vais en parler plus tard, est intégrée au championnat U15 garçons le mercredi après-midi. On envisage de proposer une offre plus diversifiée: le football à 5, à 7, à effectif réduit d’une manière générale. La pratique aussi du Futsal et du Beach soccer. Mais à terme pour nous, c’est pouvoir avoir une équipe U15 soit en Futsal ou en groupe à effectif réduit, pendant les vacances scolaires, s’il le faut, dans l’immédiat et par la suite, en avoir une de manière plus régulière.

Des mesures incitatives pour les clubs. Par un système de codification pour les clubs qui engagent une équipe féminine, leur permettre d’avoir un muté de plus, et sous forme de dotations matérielles les accompagner et également la gratuité des licences pour ces clubs-là.

L’autre point, c’est la formation de manière générale en deux parties: la formation de la joueuse et la formation des cadres. Comme on peut le voir, l’une des promotions sur laquelle une seule fille apparaît, c’est Wendie RENARD. C’était pour le match de l’équipe de France dans le cadre de l’AFCA. Puis, on a la section sportive féminine, 10 ans après.

La section sportive féminine existe depuis 4 ans. Elle est implantée au collège Belle étoile à Saint-Joseph. La particularité: les filles pour la plupart sont internes au lycée Acajou 2. Il est important pour nous de la pérenniser. Il est vrai que l’on a pu constater un engouement de plus en plus important et on espère pour la saison à venir, avoir un effectif de 16 à 18 filles sur la section.

Pour le Pôle, on a deux filles qui sont inscrites au Pôle en moyenne par année. C’est vrai que pour la continuité de la section sportive, il faudrait vraiment créer un Pôle féminin. Toujours dans ce cadre-là, permettre des échanges avec nos voisins de la Caraïbe et pour les meilleures, la possibilité d’intégrer les centres au niveau national ou en Europe. D’où la possibilité d’avoir aussi des partenariats avec les clubs pros que ce soit pour les clubs et la sélection.

Pour la formation des encadrants, on a pu constater une présence insuffisante des cadres féminins aux formations initiale et continue. Je peux dire que le format et l’organisation ne sont peut-être pas suffisamment adaptés par rapport à ce public-là pour permettre un plus grand nombre. Il y a lieu de revoir un peu le canevas. On a eu l’occasion de faire des formations spécifiques mais il y a des contraintes (horaires, etc.). Il faudrait que l’on fasse autrement (décentralisé ou autre).

Toujours dans ce cadre-là, faciliter l’accès aux formations par une politique incitative pour la formation des cadres féminins.

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En dépit de tous ces manquements et difficultés, il y a des raisons d’espérer. Il y a une volonté politique (Assises du sport), du monde sportif et des acteurs du football martiniquais d’améliorer l’existant et de développer l’activité. Je pense aussi à la médiatisation des grands événements sportifs, comme l’Euro, les JO, même le parcours de l’Olympique Lyonnais qui entraînent des retombées positives et suscitent des vocations. Et nous avons nos ambassadrices nées et formées en Martinique qui font notre fierté! Comme on l’a dit, il y a Wendy RENARD, Capitaine de l’équipe de France et de l’Olympique Lyonnais qui a été formée à l’Essor Prechotain en mixité, puis au RC Lorrain et ancienne joueuse du POM. Il y a aussi Mylaine TARRIEU qui marche sur les traces de Wendie RENARD, qui joue à l’Olympique Lyonnais et qui a déjà été appelée en sélection U20. Elle a fait la ligue des champions avec l’Olympique Lyonnais

et elle a récemment été appelée en équipe de France. Ancienne joueuse de l’UJ Monnerot en mixité et du Racing Club de Rivière-Pilote.

Il y a aussi Émeline LAURENT qui est partie, il y a de cela 3 ans, qui a aussi un parcours intéressant, qui joue à Montpellier et qui a intégré les équipes de France U16, U17 et maintenant U19. Ancienne joueuse en mixité de la Samaritaine.

On a aussi Aurélie ROUGE qui joue en D2 et fait partie de la sélection de Martinique. Elle joue un niveau moindre, mais elle a aussi un parcours intéressant. Elle est insérée professionnellement dans ce club. C’est une ancienne joueuse du Grigri Pilotin, du Racing club de Rivière-Pilote et du POM.

Je dirais, pour terminer que le sport féminin ne fait pas peur aux femmes et qu’il y a encore de la place pour toutes. Merci de votre attention.

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CTR de la ligue de football

Bonjour à tous. C’est un exercice particulièrement périlleux puisqu’il s’agit d’essayer d’esquisser des propositions d’avenir et d’amélioration du football martiniquais en cinq minutes. J’espère que vous serez indulgents puisque c’est notre sport, c’est une passion et par conséquent, je crois que si nous sommes entrés par la fenêtre nous allons essayer de tout faire pour pouvoir y rester.

Je vais lancer le débat directement par rapport aux perspectives . Il s’agit pour nous d’offrir aux jeunes footballeurs martiniquais les mêmes chances de réussite que ceux qui vivent en France continentale, en Europe et dans le monde. Par conséquent dès lors que la problématique est posée, il s’agit d’essayer d’apporter des réponses sur le plan institutionnel, sur le plan organisationnel sur le plan humain. Je ne vais pas m’attarder sur les constats, je vais être peut-être un peu provocateur mais l’important c’est de faire en sorte que nous essayons au mieux d’identifier ce qui nous manque et surtout ce que nous pouvons proposer pour que nos jeunes qui ont des possibilités énormes sur le plan athlétique ou sur le plan technique, entre autres, notamment par rapport à tout ce qui est coordination, habileté, puissent devenir d’excellents footballeurs.

S’agissant des équipements et infrastructures , je pense que sur le plan de l’aménagement du territoire, nous pourrions proposer un plan quinquennal de rééquilibrage par rapport notamment aux espaces de jeux. Le Président en a parlé, si nous voulons avoir de bons footballeurs, il faut que nous ayons de bons outils de travail, des terrains spécifiques. L’éclairage des stades. Il en a parlé mais je pense qu’il faut revenir là-dessus parce que l’heure des matchs ici correspond à l’heure des matchs en France notamment sur les différentes chaînes télé (Being Sport et Canal +pour ne pas les nommer) ce qui fait que nous avons une fuite des spectateurs. Les terrains d’entraînement

parce que nous le savons tous, la plupart des grandes équipes, des grands clubs, possèdent leurs centres techniques d’entraînement et ensuite ils évoluent sur des pelouses d’excellente qualité ce qui permet d’avoir des prestations améliorées qui, bien évidemment, attirent les spectateurs. Les pratiques diversifiées car il faut prendre en compte l’évolution de la société, la demande des pratiquants et notamment des jeunes qui sont très sollicités et par conséquent, il est très important d’avoir des pratiques diversifiées dans notre escarcelle de propositions tels que le Beach Soccer, le Futsal ou le football en jeu réduit sur une surface rapide de telle sorte qu’ils puissent être au goût du jour.

Le centre technique de ligue. J’y reviens car il est extrêmement important. Partout dans le monde, dans les petits pays caribéens, il existe des centres techniques de ligue qui peuvent proposer de l’hébergement, de la restauration, de l’entraînement et du suivi médical. Nous avons la volonté d’arriver au haut niveau. Nous devons nous donner les conditions du haut niveau. Ces centres d’entraînement peuvent permettre de dispenser de la formation et notamment de la formation de cadres mais également de la formation de joueurs avec des stages, des entraînements de sélections.

Une image( Cf. p 140): c’est un terrain de Beach Soccer qui se trouve au Salvador. Vous voyez qu’aujourd’hui, avec la proximité, c’est un peu comme le handball, comme le Futsal. Il y a un engouement et les spectateurs sont très friands de ce type de spectacle et donc d’activité.

La formation des éducateurs: la formation initiale française, je ne reviendrai pas là-dessus. Nous devons aller vers l’international et pour pallier les carences de la maîtrise de la langue, nous avons de grands pays qui sont francophones comme le Canada et par conséquent nous pouvons avoir des accords de coopération avec ces différents pays ou encore dans le cadre de la formation continue, aller plus loin que le Canada, le Mexique, les USA, la Jamaïque. Ce sont des modèles parce qu’aujourd’hui, le Costa Rica par exemple, les USA, le Mexique, ce sont de grands pays du football sur le plan mondial. Ils l’ont d’ailleurs démontré lors de la Coupe du Monde au Brésil: les prestations du Mexique, des USA. Aujourd’hui, nous devons pouvoir nous en inspirer, d’ailleurs nous avons des étudiants qui vont aux États-Unis pour pouvoir poursuivre leurs

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études, pour avoir davantage de technicité. Par conséquent, nous devrions pouvoir envisager des actions dans cette direction.

La formation des joueurs avec des structures de formation, Monsieur le Président en a parlé, mais avec des établissements spécifiques sportifs: collège sportif pour la préformation (12-15 ans: l’âge de développement des habilités motrices) et le lycée sportif pour la formation (16-18 ans) pour pouvoir offrir de meilleures conditions notamment dans le cadre de l’aménagement du temps scolaire pour que les jeunes puissent être davantage mis dans de bonnes conditions pour pouvoir faire leur apprentissage du football. Cela existe dans certains pays de la Caraïbe où les après-midi sont libérés pour pouvoir favoriser la pratique sportive.

Nous avons montré que nous avons les capacités. Récemment, il y a deux ans, notre sélection U15 a battu la prestigieuse équipe de FLUMINENSE lors d’un tournoi international qui a eu lieu en Guadeloupe, organisé par le Conseil Général de la Guadeloupe. Le problème c’est que dans six ans, les jeunes de FLUMINENSE que nous avons rencontrés, peut-être que 90% vont se retrouver comme footballeurs professionnels alors que les nôtres, qui avaient le même potentiel, sinon plus qu’eux au même âge, compte tenu des difficultés que j’ai citées, ils n’ont pas les mêmes chances de réussite que ceux qui sont au Brésil.

Je passe tout de suite à l’aspect compétition puisqu’il y a une collectivité qui organise un tournoi, tous frais payés, pour les U15 ce qui permet de nous mesurer parce que nous savons que la compétition fait partie intégrante de la démarche d’apprentissage. Il est extrêmement important de confronter ses capacités physiques à celles d’autrui. Les compétitions de la CONCACAF et les compétitions nationales ce sont des compétitions qui vont nous permettre de progresser. Sur le plan national il y a des approches qui sont faites avec la Fédération française de football avec la ligue de football de la Martinique. Mais je pense que nous pouvons, au niveau de la CTM, intensifier ou favoriser ou améliorer nos conditions de pratique par le biais de l’utilisation d’un certain nombre de moyens institutionnels tel que le principe de la continuité territoriale. S’agissant également de la participation à l’international, il y a des prises en charge, un peu à l’instar de ce qui se fait pour certains pays de la Caraïbe comme Sainte-Lucie

et la Dominique où la participation de ces équipes est prise en charge par l’État. Je pense que c’est important pour nous, comme pour les autres pays (Trinidad, Haïti, Jamaïque, Barbade) qui participent à toutes les compétitions tout au long de la CONCACAF. Ce sont des compétitions qui nous sont ouvertes et encore plus par rapport à la FIFA.

La problématique de la fuite des jeunes talents - j’insiste, je suis provocateur - et le déséquilibre entre leur départ et le retour des ex-professionnels. Nous avons en mémoire, le retour de nos ex-professionnels (José TORIS, Thierry TIMARRE avec le Club Franciscain, Jacky LAPOSTE et tout récemment PARSEMAIN qui était parti et qui est revenu avec le Racing club de Rivière-Pilote et la sélection de la Martinique. Ce sont des jeunes qui sont partis et qui sont revenus apporter leur savoir-faire dans le club. C’est une plus-value pour nos clubs. C’est extrêmement important pour nous d’encourager le retour de nos jeunes professionnels. Je suis provocateur en disant «fuite» parce qu’aujourd’hui, il y a un effet de mode, nous avons beaucoup de jeunes qui partent. Il y a 30 ans, les meilleurs joueurs ne partaient pas tous. Un joueur comme FLAVIEN est resté en Martinique. Il y avait une qualité de football en Martinique. Si FLAVIEN était parti, comme aujourd’hui, il serait professionnel. Par conséquent, s’il faut encourager le départ de nos jeunes, il est important pour nous d’organiser leur retour notamment dans la pratique compétitive mais également par rapport à l’encadrement, de telle sorte qu’il y ait cette valeur ajoutée dans la pratique compétitive et également dans l’encadrement et que nous encouragions nos jeunes qui partent à aller dans les formations de cadre quand ils sont footballeurs professionnels.

Aujourd’hui nous avons quelques figures. Hier c’était des jeunes talents martiniquais, aujourd’hui ils sont professionnels. Le dernier en date Patrice BURNER qui est à l’OGC Nice qui a 20 ans, Xavier LENOGUE qui a également 20 ans, qui a signé à l’AJ Auxerre et qui a disputé son premier match professionnel, il y a deux mois et Emmanuel RIVIÈRE que l’on ne présente plus.

Ce sur quoi je voudrais insister pour finir, c’est que sur le plan institutionnel également, je pense que nous devons aller beaucoup plus loin. Aller plus loin cela voudrait dire que pour réaliser les avancées, il est important aussi que nous puissions aller plus loin dans nos avancées par rapport notamment à un exécutif.

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Quel avenir pour le football martiniquais

Aujourd’hui, nous avons dans les pays de la Caraïbe des secrétaires généraux qui sont des employés de la Fédération. Nous avons même à Cuba un Président qui est employé par la Fédération parce que le bénévolat a ses limites. Par conséquent, il est important pour nous aujourd’hui de prendre la mesure et surtout d’identifier les moyens que nous devons nous attribuer pour pouvoir aller encore plus loin.

Pour finir, l’insertion et la reconversion. Dans le cadre de l’amélioration du cadre de pratique, faut-il professionnaliser le football en Martinique? Je lance quelques pistes:

• L’exploitation des dispositifs: le RSA, les emplois d’avenir.

Un RSA sport, pourquoi pas? Un emploi d’avenir sport, pourquoi pas? Ce sont des questions, Monsieur le Député, que l’on pourrait envisager de voir poser au Parlement.

• La mise en place, pourquoi pas, d’une commission ad hoc avec la réinsertion des ex-professionnels pour leur encadrement et leur retour d’expérience.

Pour terminer, nous avons eu des retours d’expérience avec Charles-Édouard CORRIDON qui a parrainé le Pôle Outre-mer. Gérard JANVION qui a été cadre du Pôle Outre-mer et de la sélection de la Martinique à la Gold Cup 2002. C’est de la plus-value, et par conséquent, il est important de pouvoir organiser, améliorer, permettre, favoriser le retour de ces footballeurs et Monsieur BOUTRIN, la prochaine étape, pourquoi pas «les Assises du football martiniquais?». Merci.

Échanges/Débats

Daniel VIGÉE

Médecin fédéral de la ligue de football de Martinique Bonjour, Daniel VIGEE, médecin fédéral de la ligue. Je voudrais rebondir sur ce qu’a dit Samuel PEREAU et en même temps Jocelyn GERMÉ, notamment concernant la formation.

On voit bien qu’il y a des jeunes qui sont exclus parce qu’ils n’ont pas le niveau intellectuel pour s’inscrire dans le cadre du Pôle. Une idée: mettre en place un centre de formation - on va l’appeler comme on veut - qui permettrait d’intégrer ces jeunes qui ont la vocation d’être footballeurs professionnels demain, mais tout au moins élargir la base du football et des footballeurs qui vont constituer l’élite du football martiniquais. C’est une première remarque. Deuxième remarque: Monsieur GERME a rappelé par le biais des dispositifs qui existent, notamment le RSA, de mettre en place un dispositif notamment pour l’ensemble des jeunes mais surtout pour des jeunes qui sont en situation d’exclusion, des jeunes qui sont en déshérence, qui pourraient par le biais du football insertion ou de manière générale, de sport insertion, recoller au dispositif en mettant une formation football pour ces jeunes s’ils sont intéressés, mais aussi une formation professionnelle puisque ces jeunes peuvent acquérir une formation dans le cadre de leur cursus football.

Dernier élément pour rester dans le cadre des trois minutes, c’est également la problématique de l’évaluation médicale. Cette évaluation médicale est obligatoire, si on veut être licencié. La ligue de football a 10000 licenciés. On connaît les déserts médicaux. On sait que le Centre d’évaluation sportsanté est en grande difficulté pour des raisons économiques. Que peut faire la CTM ou encore les autres institutions pour mettre un outil qui est essentiel, que j’ai toujours défendu, dans la mesure où il sert à l’évaluation des jeunes pour qu’ils bénéficient de certificats médicaux?

C’est un outil de recherche parce qu’il va centraliser tous ces bilans et demain matin, des étudiants, des chercheurs, pourront étudier à partir des renseignements médicaux qui sont dans le dispositif, apporter une valeur ajoutée au dispositif médical. Je crois que c’est important évidemment pour le sport de niveau. Un centre d’évaluation a un intérêt.

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Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM Une réponse rapide pour que ce soit un peu plus interactif en ce qui concerne le Centre d’évaluation sport-santé. Nous avons eu une réflexion sur cette structure, pas seulement sur son avenir sur le plan financier, mais également sur sa restructuration. Je suis bien placé parce qu’avec un certain nombre d’amis, j’ai été à l’origine de ce Centre d’évaluation. On voulait nous confier un centre médico-sportif mais nous avions déjà des relations avec les Canadiens, avec le professeur LEGER notamment. Jocelyn GERMÉ était, à cette époque, à nos côtés et nous avons estimé qu’il fallait évaluer les aptitudes motrices et les données anthropométriques de nos jeunes Martiniquais. Nous avons donc mis en place ce centre d’évaluation mais aujourd’hui, cela date. J’en ai déjà discuté avec le Président de l’IMS qui est assis à ma gauche, pour qu’il puisse accueillir cette structure. Ce sera déjà un pas mais il y aura un accompagnement financier et surtout une restructuration pour, à la fois, délivrer les licences en début de saison, sans entrer en contradiction avec la déontologie puisque la pratique libérale dans ce pays, nous oblige au respect de quelques principes. À côté de cela, pour faire de l’évaluation notamment des sélections. Il faut savoir qu’un jeune comme TURIAF, il n’est plus jeune maintenant mais à l’époque, quand il devait partir aux États-Unis pour jouer au basket-ball en NBA, il a eu un petit souci que l’on connaît puisque c’est de notoriété publique. Ce n’est plus de l’ordre du secret médical, on peut donc en parler. C’est au centre d’évaluation que le Docteur DINAL, à l’époque, avait détecté son petit problème.

Vous voyez bien, qu’avant d’envoyer nos jeunes à l’international, il faut absolument que l’on puisse avoir cet outil et puisque nous sommes au stade des propositions, je file la patate chaude à Jean-Philippe NILOR puisque c’est lui qui pourrait dire si effectivement l’Institut martiniquais du sport est en mesure d’accueillir le Centre d’évaluation sport-santé. En tout cas c’est un souhait partagé par l’exécutif.

Jean-Philippe NILOR

2e Vice-Président de l’Assemblée et Président de l’IMS C’est une belle passe en retrait mais je ne suis pas le buteur. Vous imaginez bien que ce n’est pas dans le cadre de ces Assises qu’une décision officielle sera prise. Mon collègue BOUTRIN le sait très bien. Mais

c’est une question qui est envisagée avec beaucoup de sérieux dans le cadre de l’IMS parce que nous avons besoin de cet outil pour l’élite, comme cela a été dit, mais même au-delà, pour des sportifs de tous les jours, ce que l’on appelle la masse, ceux qui ne sont pas forcément des compétiteurs de haut niveau. Mais on a aussi pu envisager que le Centre d’évaluation sport-santé, intégré sur le site de l’IMS et dans le cadre institutionnel de l’IMS, pourrait aussi faire un travail particulier sur un public soit de personnes atteintes par le cancer (elles sont de plus en plus nombreuses), des sportifs et voir à quel point, de quelle manière mais avec un regard scientifique et rationnel, comment le sport peut être un bienfait pour ces gens-là qui sont, soit atteint de cancer, soit atteint d’hypertension ou d’obésité. Cela pourrait être aussi un champ nouveau qui offre même des perspectives de recherches. Je pèse mes mots. Il y a donc beaucoup d’ambition à ce niveau-là, beaucoup d’espoir. Il faut aujourd’hui que l’on puisse acter les choses mais pour reprendre une expression d’un journaliste, peut-être le seul journaliste sportif en Martinique - je ne veux blesser personneil ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Fò nou fè lè choz bien pou ke nou pa pati tèt bésé épi ritonbé dans les mêmes erreurs que par le passé. Le Centre d’évaluation sport-santé, son bien-fondé fait l’unanimité. Aujourd’hui il faut lui permettre d’exercer dans les meilleures conditions possibles y compris en collaboration avec les unités du CHUM de Martinique parce que nous sommes aussi en négociation, en discussion pour voir comment des médecins spécialistes du sport du CHUM, pourraient intervenir dans le cadre des activités de l’IMS en étroite complémentarité, pas en concurrence avec le Centre d’évaluation sportsanté. Vous voyez, au niveau du sport, ce qui doit prédominer, c’est bien l’idée de complémentarité et paradoxalementil faudrait que l’on puisse imposer une vision collective du sport plutôt qu’une vision où chacun défend ses pré carrés puisque, cela a été dit ce matin, chacun défend ses intérêts et personne ne gagne à l’arrivée. CHUM et Centre d’évaluation sportsanté pourraient travailler ensemble en synergie, dans l’intérêt des sportifs martiniquais donc dans un souci d’améliorer la prévention, d’améliorer la performance, d’améliorer lestraitements médicaux, d’améliorer la détection mais aussi dans un souci de santé publique plus généralement. Je pense qu’au-delà de cette question-là sur l’évaluation du sport-santé, ce que je voudrais bien, et cela concerne aussi le football mais plus généralement le sport et l’esprit sportif. Si l’esprit sportif, dans ce qu’il

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Quel avenir pour le football martiniquais

Quel avenir pour le football martiniquais

a de plus noble, parvient à irradier notre réflexion et notre action surtout, c’est la meilleure chose, c’est le meilleur exemple que l’on puisse donner. Tout à l’heure, vous l’avez vu, Louis BOUTRIN a salué la présence de Marie-Frantz TINOT parce qu’elle est là, elle est une élue de l’opposition, mais ici, elle n’est pas là en tant qu’élue de l’opposition. C’est peut-être le seul secteur où on pourra travailler ensemble et où on a le devoir de donner l’exemple. Si aujourd’hui, parmi les intervenants, il y a Jocelyn GERMÉ, je sais que cela a fait grincer beaucoup de dents parce que politiquement il est, je dirais, presque aux antipodes de moi… … Politiquement je veux dire! Mais sportivement, on a déjà travaillé ensemble. Il a fait partie de ceux qui m’ont formé aussi en tant que cadre technique. C’est cet esprit sportif là qui doit rayonner et qui doit nous permettre d’utiliser l’intelligence de chacun. Il faut que l’on sorte enfin, si on veut vraiment mettre en pratique des choses et que ces choses-là fécondent le monde du sport en Martinique, il faut abandonner définitivement l’idée qu’une seule personne, un seul parti politique, une seule vision, un seul courant, puisse être dépositaire de la vérité. Je crois que ce sentiment-là, va justement à l’encontre de cet esprit sportif et lorsqu’on compose une équipe, on doit composer une équipe avec des gens qui sont à la limite égoïstes, caractériels, fermés sur eux-mêmes mais qui peuvent porter aussi un collectif. On doit le faire avec des gens qui sont des leaders sur le terrain, des aboyeurs. On doit le faire avec des gens qui sont très calmes pour poser les choses. On doit le faire avec des défenseurs, ceux qui ont l’esprit de défendre, ceux qui ont l’esprit d’attaquer, etc. C’est bien dans la diversité des points de vue et des opinions des uns et des autres que l’on va parvenir véritablement à faire réussir le sport en Martinique et pour faire réussir le sport en Martinique, il faut que le sport puisse servir d’exemple à beaucoup d’autres domaines où notre action est aussi essentielle.

Mario BOCALY

Responsable encadrant de section sportive au collège Bonjour. Mario BOCALY, j’interviens en tant qu’entraîneur mais plus particulièrement en tant que responsable encadrant de la section sportive du collège Édouard GLISSANT qui fait partie d’une des structures du parcours d’excellence. Je m’adresse essentiellement à vous, les politiques de la CTM. Monsieur NILOR parlait de jouer collectif. Depuis 5 ans, on a établi une structure au collège qui permet aux élèves de la quatrième à la troisième de

commencer à travailler et après, éventuellement, ils rejoignent le Pôle Outre-mer au François. Si c’est vrai que pour les deux premières années, on n’avait aucun problème pour repérer les joueurs et aussi recruter. Ils pouvaient sortir de n’importe quelle section sportive puisqu’il faut savoir que l’on a quand même 8 sections sportives en Martinique. Entre-temps la section sportiveque je mène est passée section sportive régionale élite donc censée être une section qui regrouperait les meilleurs. Dans le projet de la ligue aussi, il est vu comme cela. Il s’avère que depuis deux ans, le Rectorat nous refuse l’affectation de certains joueurs notamment qui sortent de certaines sections sportives. Cela veut dire quoi? En clair, on n’a pas, depuis deux ans, les meilleurs joueurs dans cette structure-là. Il y a un blocage qui se fait au niveau du rectorat. Cela fait deux ans. Je vois que malgré moult interventions, on demande l’intervention des dirigeants de ligue, jusqu’à maintenant cela reste lettre morte. C’est quelque chose qui coûte moins cher à l’État. Cela coûte vraiment moins cher à tout le monde. Cela coûte quoi d’affecter peut-être cinq ou six élèves par niveau (5 en quatrième et 6 en troisième éventuellement) chaque année? Ce qui nous permettrait de travailler pendant deux ans avec eux et je crois que les résultats se font ressentir car je vois que depuis 5 ans que nous avons la structure, en partenariat avec le Pôle Outre-mer, cela fait quand même déjà 5 ou 7 enfants qui ont déjà signé en Centre de formation. Je peux vous dire qu’après les moyens sont moindres dans une section sportive, ils sont peut-être trois fois moins importants que pour un Pôle Outre-mer.

Je pense qu’une intervention entre les élus de la CTM, la Rectrice et l’inspecteur EPS, serait intéressante afin de pouvoir, chaque année, avoir les meilleurs joueurs dans cette structure pour permettre qu’elle soit beaucoup plus performante (14-15 ans) et que l’on évite surtout les départs prématurés des enfants dans d’autres structures françaises et après, comme le CTR le disait, nous avons à gérer le retour de ces enfants-là qui souvent abandonnent le foot parce qu’ils ont été tellement déçus.

Je suis obligé de m’arrêter parce que je vois qu’il ne me reste que 7 secondes. Merci beaucoup.

Louis BOUTRIN

Question claire, réponse courte. Madame SAITHSOOTHANE et le Président MARIE-JEANNE vont s’en charger. On va transmettre pour cette action.

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Samuel PEREAU

Président de la ligue de football de la Martinique Juste pour vous dire que ce sont des questions qui sont transversales avec d’autres problématiques liées à la relation sport et Education nationale. On l’a développé tout à l’heure: les places en internat, la gestion de la carte scolaire en général, la question des volumes horaires en primaire parce qu’ils ne sont pas respectés, les problèmes de conditions d’exercice et d’organisation des journées travail. Je pense que l’on est un peu impuissant, nous, ligues, sur ces aspectslà. Il faut peut-être, effectivement, que les politiques prennent le relais vis-à-vis de l’État dans sa dimension délégation nationale.

Axel GOLDEN

Bonjour. Axel GOLDEN, on va dire, intéressé par la question du sport dans son ensemble du fait de ma formation. Je vais essayer d’aborder rapidement les deux axes d’aujourd’hui. Je vais rester dans le concret comme le dit Monsieur BOUTRIN en proposant quelque chose que je veux relayer. Je dis déjà que ce n’est pas ma paternité. Je relaie quelque chose que j’évoquais dans une réflexion. J’espère qu’il ne m’en voudra pas de relayer son idée. C’est au niveau de l’échange caribéen, de l’intégration de la Caraïbe. Monsieur SOUMBO disait qu’il y a jusqu’à 1million d’euros pour les billets d’avion. Est-ce que ce ne serait pas bien de mettre en place un organisme centralisateur qui puisse intervenir auprès des compagnies, des agences aériennes et qui accueillerait les demandes des différentes ligues, des différents clubs au niveau des voyages soit caribéens, soit internationaux. Que cet organisme-là puisse centraliser les demandes, avoir un poids déjà financier. Je ne sais plus qui avait évoqué le fait d’avancer des cautions pour les réservations des billets. Si cet organisme-là peut justement intervenir. Je ne sais pas si c’est indépendamment de la collectivité. C’est vraiment un organisme qui pourrait être l’intermédiaire entre le monde sportif et les professionnels de l’aérien. C’est le premier sujet. Sur le deuxième sujet, c’est au niveau du football. Je vais m’arrêter sur une pratique bien particulière: le Futsal. J’ai eu à interpeller brièvement Monsieur PEREAU à ce sujet. Par rapport à mon expérience, on va dire de la pratique déjà à l’université où j’ai fait partie de l’équipe, comme l’avait évoqué Madame FEDEE la semaine dernière, champion de France universitaire. Je parle du Futsal parce que c’est une pratique, je pense, qui peut répondre aux problématiques de

notre territoire c’est-à-dire les problématiques démographiques, sociales. Pourquoi je dis cela? Parce que le Futsal est une pratique qui est accessible à tous: cela peut partir du jeune et cela peut aller jusqu’au vétéran. C’est une pratique qui n’a besoin que de 5 joueurs au minimum. Les problèmes d’absence, d’équipe pas assez nombreuse pour le football à 11 peuvent se régler par cela.

Le Futsal est une pratique qui peut répondre à des enjeux d’insertion sociale puisque c’est une pratique qui peut être facile dans les liens sociaux, de proximité puisque cela peut se jouer… On dit Futsal mais cela peut se jouer sur un terrain de handball, donc même en extérieur, même si ce serait mieux d’avoir à leur disposition un hall des sports mais c’est une pratique qui est accessible à tout le monde. Même pour la mixité, les filles peuvent y participer avec des équipes d’à peine 5.

Sur ce point-là, j’aimerais savoir où en est la question sur le développement de cette pratique sur le territoire. Merci.

Un participant J’ai beaucoup de choses à dire mais je vais essayer d’être assez concis. Premièrement je vais faire un parallèle avec le Championnat d’Europe qui se déroule en ce moment. Quand on regarde les stades: 300000 habitants et regardez leur position. Nous sommes à peu près à 380000. Nous sommes très loin. Ils ont fait un effort particulièrement sur la formation et sur les équipements. Notre problème c’est que les terrains de jeux sur lesquels nos jeunes s’expriment sont épouvantables. Ce n’est pas la peine d’avoir des éducateurs si les jeunes ne peuvent pas s’exprimer. Je vais revenir sur le football féminin. Le football féminin ne peut pas se développer en Martinique premièrement parce qu’il n’y a pas de vestiaire. Elles ne peuvent pas jouer avec les garçons. À Fort-de-France, parfois, nous nous habillons et déshabillons en plein air. Ce sont des conditions épouvantables. Le stade Louis ACHILLE est un terrain départemental qui n’est pas à niveau. Je précise encore qu’il y a un problème particulier sur ce stade puisque je pense que vous avez dû recevoir un courrier en ce sens sur la sécurité sur Louis ACHILLE. Il faudra sérieusement s’y pencher. On parlait justement de l’intégration caribéenne. Je veux vous dire comment c’est dans mon club. Bon nombre de jeunes viennent de la Caraïbe: Haïti, Sainte-Lucie, Dominique, Saint-Domingue. Ils sont licenciés dans notre équipe. Nous avons un gros souci

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Quel avenir pour le football martiniquais

parce qu’il faut les responsabiliser. Ce n’est pas évident. Ils sont issus de familles monoparentales où on rencontre beaucoup de difficultés. S’agissant du sport féminin: créer une section féminine c’est comme si on créait un autre club et les finances ne sont pas là. Tu attendras! Sans les finances on ne peut rien faire. La plupart des clubs sont à la rue. Ils n’ont pas de difficultés, ils n’ont pas de siège social. Pas de siège social, ce n’est pas d’accompagnement pour les jeunes. Les taxes foncières sont calculées sur un siège. J’ai fait pas mal de démarches, j’ai même écrit au Président de la République. Rien ne bouge. Deuxièmement, nous avons vu des clubs qui ont essayé de prendre des éducateurs pour apporter quelque chose mais n’ont pas pu assurer la partie sociale. On remet la dette sociale souvent aux entreprises mais jamais aux associations sportives. Nous avons besoin de vous, essentiellement besoin de vous, de cet accompagnement. Je dirais que le football particulièrement puisque c’est l’un des sports les plus anciens à la Martinique, c’est un baromètre: un baromètre de la santé de la Martinique. Monsieur Samuel PEREAU, le Président ne vous l’a pas dit, il y a une forte dénatalité de la Martinique à l’heure actuelle, puisqu’il y a des zones, dans le Nord par exemple, où nous avons perdu énormément de jeunes. Nous avons des contraintes sportives importantes puisque l’on doit avoir des sections de jeunes sinon on est pénalisé. Il est particulièrement important de mettre la main partout, pour les structures, pour qu’il y ait des terrains corrects, pour qu’il y ait des accompagnements pour les clubs, pour le transport de jeunes. Nos dirigeants, nos éducateurs sont grisonnants. Je ne vais pas donner mon âge. Je suis né sous la colonie française. Ce n’était pas encore département. J’avais proposé à l’époque, puisque l’on parlait de l’emblème, (inaudible) puisque cela me fait frémir chaque fois en tant que Martiniquais. Il est important que l’on se reconnaisse. Ce n’est pas une question de politique, nous avons tous eu un père, une mère, et chacun des enfants, nous avons fait notre vie. Il s’agit à la Martinique de prendre sa dimension, de grandir, d’aller au-delà, parce que nous avons des qualités, nous avons énormément au niveau de la culture, tout ce qu’il nous faut au niveau du sport. Comme l’a démontré, Jojo GERME, nos jeunes n’ont pas ce qu’il faut pour qu’on les amène jusqu’au bout. Je vous remercie de m’avoir écouté.

Un participant

Moi, je vais jouer au poil à gratter. On a abordé dans un premier temps les sujets: le problème de la participation aux différentes associations de la Caraïbe et là maintenant nous parlons du football. Je vais poser une question toute simple. Êtes-vous aujourd’hui capables de nous apporter, ne serait-ce, qu’un début de réponse, à l’aide ou aux appuis que l’on pourra trouver auprès de la CTM? Le Président de la ligue vient de développer un certain nombre de sujets qui grattent: les infrastructures, les transports des jeunes comme vient de le dire Guy TUSSI. Quelle réponse pouvez-vous apporter? Aujourd’hui un club quel qu’il soit, veut partir dans la Caraïbe: quelle est l’aide que l’on pourra trouver auprèsde la CTM? Voilà les vraies questions que se posent les sportifs martiniquais de savoir ce qu’ils pourront trouver à la CTM.

Louis BOUTRIN Est-ce qu’il y a d’autres questions qui iraient dans le même sens?

Marcel PUJAR Président du Racing Club de Rivière-Pilote Bonjour à tous. J’ai pris les premières interventions en cours. Je me permets tout simplement de dire qu’il manque un élément prépondérant dans cette réunion.

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Je parle tout simplement des municipalités. Si on parle d’amélioration de pelouse, il faut que les municipalités soient parties prenantes. Si on parle de déplacements parce qu’en principe, dans chaque commune, il y a un club voir plus (à Fort-de-France il y en a quelques-uns). Vous savez, la question de la Caraïbe est simplement une volonté politique et une volonté d’Alfred MARIE-JEANNE alors Président du Racing club de Rivière-Pilote. L’expérience ancienne de la Coupe de France, avec les déboires que nous avons eus, nous ont pratiquement obligé à nous verser vers la Caraïbe mais dites-vous bien une chose, le choix du maire du moment, était tout simplement d’accompagner le Racing club de Rivière pilote. C’est bien pourquoi je dis que les municipalités ont un rôle prépondérant dans la chose du football martiniquais. Je ne vais pas citer toutes les municipalités. Nous parlons d’accompagnement chez les jeunes pour les déplacements. Je peux le dire, la municipalité du Marin accompagne ses jeunes. Pas uniquement dans le football mais dans tous les sports. Au Marin, la municipalité est donc partie prenante de cet accompagnement. C’est un exemple. Monsieur MARIE-JEANNE au moment de notre qualification au CONCACAF parce qu’il faut le dire, a proposé à l’Assemblée municipale populaire de Rivière-Pilote, l’affrètement d’un avion pour aller à Cuba. Cela a été accepté à l’unanimité. Nous sommes partis à Cuba. Nous étions 300: l’équipe de football, Camille ALEXANDRE tu étais là, et bien d’autres encore. S’il y a une volonté de la CTM, nous sommes tout à fait d’accord, mais il faut que les municipalités soient parties prenantes. Je ne vais pas renchérir quant au discours de TUSSI, les clubs sont exsangues. Comment encadrer ces jeunes? Comment les faire progresser? Je retiens l’idée de Jojo (GERME) qui parle de RSA de football. Comment faire progresser ces jeunes? Comment les faire grandir? C’est vrai que le retour des pros qui «n’ont pas réussi» est une très bonne chose pour un club. Cela redynamise une jeunesse, ils s’identifient. Les gens s’identifient à ces pros surtout lorsqu’ils sont insérés. Il ne faut pas oublier la réinsertion de ces jeunes footballeurs martiniquais. Autant de questions qui peuvent se poser. Je peux encore aller bien loin mais une chose est certaine, il ne faut pas oublier, bien sûr, de s’occuper des jeunes mais ne pas oublier le club lui-même avec les présidents,avec le comité directeur, les dirigeants qui mettent la main à la poche. Cela s’avère de plus en plus difficile. Des clubs, des municipalités qui ne

savent pas qu’elles ont une aide pour l’amélioration des pelouses, pour l’amélioration de l’éclairage, etc. Donc tout un travail de base nécessaire à faire et qui ne fait que commencer et qu’il faut surtout intensifier. Merci.

Louis BOUTRIN

Vous avez bien compris que c’est un partage d’expériences. On a été interpellés. Pour vraiment coller à la question et aux enjeux de ces Assises, je vais vous donner un exemple concret. Je m’en excuse déjà auprès des collègues de l’Assemblée de Martinique puisque le dossier est passé jeudi au Conseil exécutif. Cela me permet de faire le lien avec l’intervention de Marcel PUJAR.

C’est vrai que les clubs sont exsangues, mais les municipalités également sont exsangues. Quand on dit aujourd’hui qu’il faut que l’on s’appuie sur les municipalités, on dit: «très bien». Mais le problème c’est qu’il faut pouvoir suivre. Aujourd’hui, il y a une réalité: très peu de collectivités territoriales dans ce pays peuvent apporter une aide concrète au sport. On reste sur la thématique d’aide puisque nous avons été interpellés sur la question de l’aide, même si nous ne sommes pas des distributeurs d’aides. Nous avons une vision du développement, une vision du développement politique mais également une vision de l’aménagement du territoire et des politiques publiques en sport. Concrètement, j’ai un dossier qui est passé jeudi en conseil exécutif. Il est passé grâce à la volonté d’un homme, la volonté d’Alfred MARIE-JEANNE. Il m’a dit: «BOUTRIN, il faut inscrire ce dossier à l’ordre du jour du Conseil exécutif». Le dossier concerne la reconstruction du stade Louis XERCES à Sainte-Marie. Vous avez bien entendu, on ne fait pas de politique, mais on peut se dire les choses tranquillement, sans aucune arrière-pensée, qu’il fallait barrer la route au Gran Sanblé. Or, qui dit, de toute sa grandeur, qu’il faut faire passer ce dossier?

Je vais juste vous donner deux éléments pour que vous puissiez comprendre les choses. La reconstruction de ce stade c’est 7620930€. Quand on regarde le plan de financement, la municipalité de Sainte-Marie intervient à hauteur de 9,82% à savoir 748000€. C’est-à-dire que celle qui est à l’initiative, qui porte le projet ne peut même pas porter 10% du projet. Qui aura à mettre la main à la poche? C’est vous, par l’intermédiaire de la Collectivité Territoriale de Martinique qui va intervenir à plus de 3,5millions d’euros.

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Quel avenir pour le football martiniquais

Le reste étant apporté par l’État (9,18%), par Cap Nord qui intervient à hauteur de 20%, ce qui fait 1,5million d’euros pour Cap Nord.

Au-delà des mots, au-delà des chiffres, il y a une réalité, il y a une volonté politique de mettre certaines infrastructures aux normes et de faire en sorte que nos jeunes martiniquais puissent concrètement pratiquer, dans de bonnes conditions, le football. J’ai un exemple encore plus lumineux, sans jeu de mots, puisqu’il est assis à mes côtés. Parce qu’il a apportédans sa réserve parlementaire 80000€ pour l’éclairage du stade de Saint-Esprit. Man ka mandé zot ba Jean-Philippe NILOR an lanmen pou sa. Il aurait pu prendre cette réserve parlementaire et faire du saupoudrage, pour faire de l’électoralisme. Non. En toute discrétion, il a agi concrètement paské sé an sportif, paské kon i té ka di talé-a, i ni lespri sportif. Nous avons une proposition qui a été faite, tout à l’heure, par la ligue de football puiske sé dè boug ki ka travay dépi dé lanné. Ils nous ont remis…

Un participant … Dé boug é dé fanm!

Louis BOUTRIN

… dé boug é dé fanm! Mè lè ou di «an nonm» épi an gran «H», ni «nonm» épi «fanm» adan donk lè nou di «dé boug» ni dé madanm adan. Yo ka réfléchi anlè devenir foutbol-la. Ils nous ont fait des propositions et dans ces propositions, il y a un plan quinquennal qui rejoint notre volonté politique de mettre en place justement un plan quinquennal pour les infrastructures: abonder les fonds, faire en sorte que l’éclairage de tous les stades… On a déjà chiffré tout cela, c’était l’objet de la première journée des Assises du sport où avant même d’évaluer les besoins, on a fait un état des lieux. Maintenant, au fur et à mesure des échanges que nous aurons, on va affiner la feuille de route, on fera en sorte que l’on puisse in fine, en dernière séance, parler du financement. Eske la CTM key ni lé mwayen di mété an plas politik-la i défini? Cela, on le fera ensemble, en toute transparence et on sera encore plus fort quand vous serez à nos côtés, et que vous aurez compris qu’il y aura nécessairement des choix et celui qui va choisir c’est celui qui va clôturer les Assises du sport, c’est-à-dire le Président du Conseil exécutif. Voilà un peu à la fois la philosophie, la méthode mais surtout pour répondre concrètement à la question qui vient d’être posée: comment nous allons essayer de relever ce défi? Parce que le sport pour nous, c’est un

élément fondamental de l’épanouissement de l’Homme martiniquais et de la jeunesse martiniquaise. C’est une des priorités qui ont été définies et, à nouveau, rappelées par le Président de l’Exécutif. Ni 3 bagaj: le BTP parce que l’on s’est lancé dans le BTP durable pour pouvoir booster l’économie du pays, on s’est lancé dans de grands chantiers structurants pour booster le pays et pour redynamiser l’emploi. Le logement également parce qu’il y a une crise du logement. La troisième chose c’est effectivement la jeunesse avec une politique sportive audacieuse. On est au cœur du problème. C’est tout à fait l’esprit dans lequel nous avons abordé ces Assises du sport. Man té lé di zot sa. Mèsi anpil.

Jean-Philippe NILOR

Juste pour compléter. Au niveau de l’investissement, c’est vrai, Marcel PUJAR a raison, on ne peut pas, ne pas intégrer dans la réflexion les municipalités. Mais à la lumière aussi du plan de financement que Louis BOUTRIN vient de lire, on voit bien aussi que si les municipalités sont exsangues, les communautés d’agglomération sont des acteurs qui peuvent aussi intervenir dans le financement. De plus en plus, dans les années à venir, il y aura une implication des communautés d’agglomération quelles qu’elles soient, dans les plans de financement au niveau des équipements et des infrastructures sportives. C’est un élément qu’il faut aussi prendre en considération. Et, il y a l’État. Il faut le dire avec force, lorsque nos jeunes réussissent ils sont français, ils sont dans les équipes de France. C’est la France qui tire une gloire et lorsqu’on compte les médailles, on ne compte pas combien de médailles de Martinique aux Jeux Olympiques. On compte combien il y a de médailles françaises. Mais ces enfants-là, ils s’entraînent sur quoi? Dans quelles conditions? Avec quels équipements? Je parle des sports collectifs, mais pour le cyclisme et autres, c’est au prix de quoi? De quels risques y compris pour leur propre vie?

Il faut que l’on arrête de se contenter des subsides que l’État daigne nous accorder en matière d’équipements sportifs. Il y a une vraie politique de rattrapage. Si on doit parler de réparation dans un domaine, c’est bien là qu’il faudrait réparer. Tout le retard que l’on a accumulé par rapport à n’importe quelle région en France, au niveau des infrastructures sportives, compte tenu du mérite de nos sportifs, compte tenu de ce qu’ils ont déjà porté et qu’ils portent encore aux équipes de France, ce n’est qu’une juste réparation s’il y a un plan

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d’action et d’intervention au niveau du financement des infrastructures sportives quelles qu’elles soient. I fo pa ke nou ka yen ki ritounen kò nou ver nou mèm c'est-à-dire la CTM, c'est-à-dire nos collectivités, mais il faut aussi que l’on puisse faire front pour aller exiger. Je crois que nous avons suffisamment d’arguments pour cela, pour aller exiger que l’État puisse tenir ses engagements sur le respect qu’il doit au monde du sport.

On peut prendre l’exemple de l’affiliation à la FIFA. C’est quand même paradoxal. Cette affiliation à la FIFA, elle peut emmener au football martiniquais 1250000€ par an. On se retrouve face à un veto du Gouvernement mais qui n’est pas compensé par des investissements, c’est-à-dire d’un côté yo ka di’w: «ou pa ni dwa alé chèché envestisman-an» pour améliorer les conditions d’expression et de pratique du sport, du football en l’occurrence sur son territoire. On t’empêche d’accéder à des sources de financement, à des sources d’amélioration mais en contrepartie, on ne te donne rien. C’est là qu’il faut que l’on fasse, au-delà de… Mèm Jojo GERME ki ka sipòté gouvènman tala, fòk i monté au créneau aussi. À un certain moment, il faut aussi faire peser les menaces et dire aux gens: «Ne comptez pas sur notre soutien systématique lorsqu’il y a des élections key vini isi-a dé mwa avan, zot key fè la kanpanye et puis on va toujours vous soutenir même si vous nous empêchez de poser les conditions de développement du sport dans notre pays». Il faut que ce soit aussi un objet de chantage pour dire: «si sé sa zot ka fè, nou pa key soutjenn é man key atann dans les mois à venir». Telle sera la position des uns et des autres y compris de Jojo GERME.

Jocelyn GERMÉ

CTR de la ligue de football Tu permets, Jean-Philippe NILOR, que je dise que nous sommes dans le cadre d’une politique sportive et qu’il y a des actions du Gouvernement que je ne partage pas, bien évidemment puisque nous sommes dans un département avec nos limites et il y a des actions qui sont positives et que je partage. Je crois qu’il faut savoir, toi aussi, dire que dans le cadre de la réserve parlementaire pour laquelle tu as attribué 80000€ à la ville de Saint-Esprit. La réserve parlementaire, c’est la réserve parlementaire qui est donnéepar le Gouvernement français.

Louis BOUTRIN

Nou ka fé sa an bon intélijans. Il était normal que Jojo GERMÉ puisse répondre. Maintenant, on restitue la parole à l’assemblée et par la suite, j’ai une communication à faire. Voilà ce que je voulais dire.

Patrick HONORE

Élu de la ville de Fort-de-France, dédié aux sports Hier soir, on a posé une question à Samuel PEREAU concernant nos Martiniquais qui jouent dans la sélection nationale de France. Il a porté une tentative de réponse. Je voulais parler d’une expérience vécue avec un ensemble de jeunes, la sélection 1995. Pourquoi beaucoup de jeunes n’arrivent pas au très haut niveau? Je vais vous donner quelques éléments. C’est un problème d’accompagnement et de suivi. Le plus souvent, ils n’ont pas les moyens financiers, ils n’ont pas l’accompagnement humain et psychologique et n’ont pas aussi le réseau parce qu’il faut un réseau autour de cela. Il faut surtout aussi que les clubs qui forment nos jeunes et le plus souvent il y a des équipes de métropole qui viennent faire des périodes de détection, qui prennent des jeunes de 15 ans, de 14 ans et qui partent là-bas. Une fois que ces jeunes-là partent là-bas, les clubs d’ici ne sont pas en relation avec les jeunes là-bas. Ils ne savent pas ce qu’ils font et le plus souvent ces enfants-là, n’ont pas une famille bien structurée et ces jeunes rencontrent d’énormes problèmes. C’est pour cela que je dis que si vraiment on veut faire quelque chose, le problème d’accompagnement personnalisé et le problème de suivi est très important parce que c’est là que tout se joue. Vous savez, j’ai suivi des entraînements là-bas de jeunes. Pendant un entraînement, un jeune peut perdre sa place. Il suffit qu’on lui dise une vieille parole ou des jurons. J’ai entendu à des entraînements «sale nègre». Ils perdent leur place comme cela. C’est pour cela que l’accompagnement est très important. Aujourd’hui beaucoup de nos jeunes n’ont pas un suivi personnalisé pour qu’ils puissent aller au haut niveau. Voilà ce que je voulais dire. Merci.

Alain DÉDÉ

Président de la Fédération des Yoles rondes Je veux intervenir très rapidement pour rappeler certains faits et certaines choses. Je vais m’adresser à Samuel PEREAU. Tu peux nous dire aujourd’hui le nombre de sportifs, le nombre de footballeurs qui ont fait un cursus? On peut savoir combien. Mais combien

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Samedi 2juillet 2016 Quel avenir pour le football martiniquais
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Quel avenir pour le football martiniquais

sont sortis de la matrice football et sont aujourd'hui médecin, chef d’entreprise, architecte? C’est cette réalité qui va nous permettre d’avoir une vision pour le sport en général. Ce sont ces quelques éléments de réponse que nous avons donnés à l’époque, je parle sous le couvert de mon ami Gabriel LORDINOT,au Ministre des sports pour dire: «Nous avons besoin d’un outil parce que le sport martiniquais, quelle que soit la discipline, forme des médecins, des ingénieurs». C’est cette petite idée qui a été acceptée et qui a créé cet institut où nous sommes aujourd’hui: l’Institut des métiers du sport. Je voudrais également rappeler, nous avons parlé tout à l’heure d’hymne et de couleurs. J’étais vice-Président de la ligue d’athlétisme et nous étions aux CARIFTA GAMES. Deux valeurs sûres: Hermann PANZO et PierreLéon AGAT. Ils ont gagné le 100 mètres. La Marseillaise a retenti. À la suite, le dernier jour, il y a eu cette grande réunion pour préparer les prochains CARIFTA GAMES. Fort de ces deux médailles d’or, j’ai demandé l’organisation de ces CARIFTA GAMES en Martinique. Les Caribéens ont dit «Sans problème, mais trouvez autre chose que la Marseillaise!». Ils étaient 17 pays. Cela s’est très bien passé tous les jeunes sont venus nous demander: «Qu’est-ce que l’on fait? Qu’est-ce que l’on va chanter?» Ils ont mis un tambour au milieu du stade Louis ACHILLE. Sur le moment, Joris VIGEE nous avait écrit une musique. On n’avait pas la couleur. Quand il s’est agi après de participer aux Jeux des iles. Je l’ai initié en tant que Président du CROSMA, là encore, nous nous sommes rendu compte que toutes ces îles participaient avec leur drapeau, leurs couleurs. Les Canaries, Madère, ils avaient tous leur drapeau. C’est vrai que l’on avait à l’époque le drapeau des 4 serpents mais on s’est rendu compte très vite que cela ne fonctionnait pas. On a commencé à réfléchir pour trouver une couleur. On n’y est pas encore arrivé. La dernière chose que je voulais dire, en termes de transport. Là, on peut regarder à côté. Quand il s’est agi d’emmener la sélection de la Martinique aux Açores, nous avions une sélection d’une centaine de Martiniquais. Je suis allé voir le Directeur d’Air France à l’époque pour lui demander s’il eut été possible, puisque nous passions sur les Açores, de nous déposer aux Açores et que l’avion poursuive jusqu’à Paris. Cela n’a pas fonctionné. Nous avions, à l’époque, trouvé une compagnie de charter qui partait du Portugal (de Lisbonne) - nous avons associé les Guadeloupéensqui est passée à Pointe-à-Pitre où il y avait une sélection d’une centaine de Guadeloupéens et nous avons rempli

ce charter de 200 Guadeloupéens et Martiniquais. Nous sommes allés aux Açores et aux Canaries sur cette formule. Les solutions que nous proposaient les compagnies aériennes, à l’époque, ne répondaient pas à nos besoins et il a fallu aller chercher ailleurs et nous avons trouvé.

Je suis très content de cette réflexion des Assises. Je veux dire qu’elle a commencé depuis très longtemps. Il faut aujourd’hui qu’elle se concrétise et si je reviens à la première question que j’ai posée à Samuel PEREAU, il faut que nous nous rendions compte de la véritable valeur de l’apport du sport particulièrement du football, dans notre société. C’est cela qui va nous permettre d’obtenir les moyens aussi bien au niveau de la CTM que de toutes les collectivités, mais également d’un secteur qu’on oublie mais qui est extrêmement présent et fort je veux parler du secteur privé. Je voudrais dire à l’ensemble de ceux qui pensent, de ceux qui réfléchissent que l’avenir du sport martiniquais passe par notre volonté propre à agir aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public. Merci.

Achille LEONIS Bonjour à tous. Achille LEONIS, dirigeant (inaudible) et en même temps éducateur sportif libéral. Je voudrais que l’on parle un peu des animateurs, des encadrants. On parle souvent de la formation du coach mais on ne va pas plus loin, on ne parle pas de l’emploi de ces coachs. Aujourd’hui, j’ai passé mon brevet d’État et mon BP JEPS aussi des métiers de la forme. Je me rends compte, que ce sont uniquement ceux qui ont passé le BP JEPS métiers de la forme qui arrivent à vivre avec cela, parce que tout le monde investit main-

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tenant dans le bien-être, tout le monde veut aller en salle. Avec mon brevet d’état de foot, qu’est ce que je peux faire avec, à part faire du bénévolat? Dans le Grand Nord, si on veut faire du bénévolat, il faut être disponible, il faut être libre. Dans le bassin de Fort-de-France, ceux qui ont la chance d’avoir un poste, ils sont libres pratiquement tous les mercredis après-midi ou ils sont tout de suite disponibles après leur temps de travail. Je voudrais que l’on se penche surtout sur l’emploi de ces gens que l’on forme, ces cadres. Les sportifs qui ont fait carrière, qui reviennent, il faut leur trouver un emploi. Aujourd’hui, on embauche souvent dans les services des sports uniquement pour l’ingénierie du sport. Mais sur le terrain, pour intervenir, pour donner leur savoir, c’est difficile d’embaucher. Pour avoir fait le tour du pays, pratiquement tous les services des sports sont mal en point, ils ne peuvent pas embaucher. J’en ai fait expérience, j’ai fait six ans dans une mairie en contrat aidé mais malheureusement, on n’a pas pu pérenniser. À cause de difficultés financières, on ne peut pas embaucher. Il faut se pencher un peu sur l’emploi. Je pense que nos enfants, nos jeunes ont besoin d’abord de cadres disponibles. C’est la base. Comme je le disais tout à l’heure, le bénévolat a ses limites. Aujourd’hui je me suis inscrit en tant que libéral malheureusement lorsque je propose mes prestations à des clubs, je sens que je fais tache à un certain esprit de bénévolat. Voilà ce que je voulais dire. Merci.

Louis BOUTRIN

Je rappelle que le samedi 16juillet, il y a une thématique «sport dans la cité - sport et insertion sport et bénévolat». Le statut du sportif sera abordé lors de cette thématique. Ce sera ici.

Jean-Philippe NILOR

Je vais répondre au camarade Achille LEONIS. Cette question sur la formation aux métiers du sport, à l’employabilité et les perspectives justement pour rendre possible l’emploi dans le domaine du sport et dans quel secteur du sport précisément, cela a été la première séance des Assises. Je pourrais te répondre car c’est moi qui étais intervenu sur ce thème. Je pourrais te donner, tout à l’heure, quelques pistes de ce qui a été dit.

Yvane USANDERIC

Éducateur et entraîneur de football Kèsion-an pa rapò a zafè-tala, man ka plis ritjenn idantité-a ki ka touvé kò’y asosié épi an pratik sportiv, an

idantité sétadi an postur mé entégré nou an tan ke Matinitjé sétadi ke adan an lespri danmié, lespri ladja, an postur é sa sé dè tou piti. Sa lé di, si an jenn montré ki sa ki lespri-a, ki sa ki konpowtasion sa nou ka kriyé «lariz», sa nou ka kriyé «ou wè’y, ou pa wè’y», enben fok sav i ni adan sé asosiyasion sportiv-la dé moun ki ni an konpétans adan ki sa ki mouvman korporel, koumanniè an kò ka koumansé grandi, lè ou ka ba an kò dé abilité. Sa sé par rapot a an entervansion ki té ka raplé ki fok lé jenn-an ni an aktivité korporel. Sa sé an formasion sportif kelkèswa é pa selman foutbol-la, tout disiplin sportif ke lè moun-an sòti isi-a, kelkswa péyi-a, sav ke lè i ka gadé an moun, i ja ka wè sa i key fè-a, i ka antisipé an jes la. Sé parey pou an moun ka mannié an enstriman, an balon par eksanp. Sa sé an pozision. Apré, yo ka rivé dakò pou sa. Kestion-on misié Samuel PEREAU: nou lé sav eskè vrèman lé asosiyasion sportiv Martinik foutbol, eskè adan ankadreman-an, organigram-lan, eskè ni dé formasion pou lé dirijan, pas man kwè ke ni dé sikti fwansé ki ka propozé dé formasion espésial. Kestion-an pa rapot a man MARIE-JEANNE: eskè wou, ou ka alé dan dé établisman eskolè, eske ou ka woulé épi dé asosiyasion esportiv oben dé lékol primè, organizé, détekté dé jenn kom nou ni an patjé an péyi-a ki pé partisipé adan sé déteksion-tala. Man ka krié a misié GERME par rapot a postur dé sèten moun kè nou pé alé pli lwen la FIFA. Sa ou ka pansé di sa vrèman? Sa ou ka pansé pars nou ni sa ki fo pou jistiman mété kò-nou an march pour vréman nou pé entégré andidan la FIFA! Sé sa man té lé pozé kom kestion. dépi man té ké lé sav tou, la CTM, adan ki optik ou pé akonpanié espow-la?

Samuel PEREAU Président de la ligue de football de la Martinique Rapidement, Président. En deux mots, les questions «combien de joueurs deviennent pros?», « combien s’insèrent dans la vie sociale?» sont essentielles. Il y a un grand entraîneur guadeloupéen qui a dit dernièrement: «Il est plus facile aujourd’hui de devenir médecin que footballeur professionnel de haut niveau». En fait, c’est cela la réponse. C’est compliqué. On va y revenir tout à l’heure sur les filières pour devenir footballeur professionnel de haut niveau. C’est compliqué aussi de bien s’insérer dans la vie sociale. On l’a dit tout à l’heure, il faut un projet. On insiste dessus avec l’Éducation nationale: les jeunes qui veulentfaire du sport de haut niveau, il faut qu’ils apprennent bien à l’école. On en

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Quel avenir pour le football martiniquais

Quel avenir pour le football martiniquais

a parlé tout à l’heure, il faut que l’on ait des structures qui puissent récupérer les jeunes qui n’ont pas justement les outils et l’encadrement nécessaire pour être accueillis en Education nationale dans le cadre du double projet. Mais que l’on puisse les prendre justement un peu plus sur le volet sportif pour les ramener vers le développement intellectuel et psychologique.

Gabriel LORDINOT

Président du Comité régional de natation de la Martinique Bonjour. J’ai bien aimé l’image tout à l’heure qui parlait de l’Islande qui avait 300000 habitants, plus petit que nous, même si le territoire est beaucoup plus vaste. Cela plaçait notre réflexion dans le cadre d’une réalité possible: si l’Islande a réussi, nous aussi nous pouvons le réussir. Cela passe donc par des infrastructures. Mais cela passe aussi et j’ai entendu une proposition concernant un centre de formation, même si on y associe les métiers de la forme ou autre chose. Ce centre de formation pourrait donc entraîner les jeunes à être de bons sportifs, ou bien ils passeraient ensuite à une voie professionnelle et ils s’exporteraient ou ils pourraient devenir des cadres pour le tiers-temps pédagogique, pour encadrer les jeunes des écoles que l’on a tendance à libérer l’après-midi. Pourquoi pas en profiter pour remettre au goût du jour un bon football tant féminin que masculin?

Nous avons parlé de l’insertion dans la Caraïbe. Nous allons, nous, Comité régional de natation, participer au championnat de l’OSCS à la mi-novembre. Nous avons fait d’ailleurs, en ce sens, une demande de subvention à la CTM. Je pense que cela va marcher. (Rires) Mais ce que je regrette, c’est que pour les CARIFTA GAMES que nous venons d’organiser, j’avais le rêve d’avoir un emblème ou quelque chose qui nous distinguerait de la Guadeloupe et de la Guyane, parce que nous avons voulu le faire. J’en ai parlé au CROSMA et au cours de l’assemblée, tout le monde était d’accord. On a même confié une petite mission pour voir comment on pourrait avancer dans ce domaine-là. Je dis que nous avons aujourd’hui une chance extraordinaire pour pouvoir faire avancer ce dossier: la CTM va définir son emblème. L’ancien qui existait, celui de la Région, est caduc, il va donc falloir réfléchir à un emblème. Pourquoi ne pas décliner cet emblème en fanion qui serait notre signe de ralliement? Un fanion pour les besoins de représentation de la Caraïbe notamment. Je crois que la voie est royale et on devrait pouvoir s’y engouffrer et le faire

sans risque de braquer qui que ce soit puisque chaque région française et chaque pays doivent avoir ce signe de ralliement. On a aussi parlé de couleur et avant de musique. Pourquoi pas quelque chose d’autre? Mais je pense que c’est un signal fort dont nous avons besoin pour pouvoir aller dans la Caraïbe. Aller dans la Caraïbe peut, peut-être, nous ouvrir la porte de la FIFA. Je ne vais pas dire qu’on nous fait des faveurs mais on nous invite, de plus en plus, à des compétitions grâce à la démarche du CROSMA. La Martinique s’intègre. Nous sommes déjà intégrés dans l’OSCS et on s’intègre dans d’autres structures. Je pense que par ce biais-là, on pourra forcer la porte de la FIFA et avoir ses moyens. C’est ce que nous voulons pour pouvoir développer… Je suis trop long. Excusez-moi.

Alex CAROTINE

Ex dirigent du Club Colonial, ex-Vice-Président de la ligue de football de la Martinique Je rappelle que j’étais Secrétaire général du club colonial et ex-vice-Président de la ligue de football. On parle beaucoup d’élites. L’élite se construit au niveau des clubs. Si à un moment donné, à la ligue de football, on s’était posé la question de savoir quel rôle doit jouer notre football dans notre société? Lorsque nous avons été élus à l’époque, le Président Samuel PEREAU aurait fait partiede cette équipe-là. Nous avons eu un rôle dans notre société, qui est un rôle d’insertion c’est-à-dire de stabiliser les mouvements à l’intérieur des clubs car il y avait des clubs que nous disions formateurs qui fournissaient les autres clubs, qui étaient plus armés financièrement que les autres clubs et qui se voyaient déplumés. Football 2000, à l’époque, répondait à un rôle d’insertion sociale dans le football martiniquais. Maintenant, je voulais faire une proposition à la ligue de football. Le rôle que doit jouer maintenant la ligue de football est un rôle économique. Pourquoi? Comme je le disais à l’instant, ce sont des clubs qui forment l’élite. Les dirigeants de clubs, les bénévoles qui sont dans ces clubs-là donnent de leur temps, donnent de leur argent é ni dé dirijan ki ka fè ba kleb-la sa yo pa ka fè lakay yo, sa yo pa ka fè ba yich yo. Je propose à la ligue de football ceci: il y a une dimension économique que l’on peut mettre en place puisqu’on parlait de visibilité, on parle de rayonnement et de financement des événements. Je propose qu’il y ait la création d’une structure qui puisse financer des opérations événementielles dans le football parce que le football est le meilleur support de communication

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en matière de formateur de football. Dans les propositions, il y avait la télé football et là je crois que l’on peut mettre en place une sorte de régie publicitaire qui permettrait à nos entreprises privées, comme le disait tout à l’heure le Président des yoles, qui doivent jouer un rôle important, de financer aussi le football. Chaque week-end nous avons du football sur tout le territoire. Chak wikènn, nou ka bwè Coca, nou ka bwè Chanflor. Il y a une contribution que l’on pourrait avoir, une réflexion que l’on pourrait avoir pour que la ligue de football puisse récupérer ne serait-ce que du financement pour permettre de rétrocéder à des clubs certaines sommes parce que ce sont les clubs qui forment l’élite, ce sont les clubs qui proposent justement à cette élite de pouvoir peut-être les intégrer à l’extérieur, dans la Caraïbe ou dans des compétitions internationales ou des sélections nationales. C’est la proposition que je voulais faire.

Je prends 30 secondes pour poser à notre Président Samuel PEREAU une question. Je me souviens qu’à l’époque, quand la France avait organisé la Coupe du monde en 1998, nous avions eu la visite du Président SASA ici. J’étais responsable de l’organisation de sa visite. Je me rappelle que nous avions posé un problème qui était le suivant: que la FIFA puisse contribuer à nous reverser une somme pour nos infrastructures. D’autre part, ils avaient mis à notre disposition un entraîneur brésilien qui s’appelait FALOPA qui était venu faire de la formation pour les cadres martiniquais. Je voulais savoir si ce dispositif existe toujours.

Samuel PEREAU

On est au cœur de la question du financement des associations sportives, des ligues, des comités et des clubs. Je suis convaincu d’une chose: l’intégration à la FIFA apportera des réponses concrètes, immédiates à tout cela. Le football international de haut niveau n’a pas de problèmes financiers. On l’a vu dans les derniers scandales. Il est facile de donner 1,8million d’euros à quelqu’un qui va réfléchir sur des calendriers. Il est facile apparemment de donner 6millions d’euros à l’Irlande. Pourquoi? Parce que le but était litigieux. C’est la réalité. Ils ne savent pas quoi faire avec l’argent. Vous avez des petits territoires (comme nous) qui sont en développement avec de très grandes difficultés. Des programmes sont mis en place pour les associations pour leur permettre de se développer. Le nouveau Président de la FIFA, Gianni INFANTINO, que nous avons rencontré à plusieurs reprises dans la Caraïbe lorsqu’il était en campagne, avait dit: «J’ai compris que la France ne veut pas faire d’effort pour vous permettre d’intégrer la FIFA, je vais créer un statut de membres associés pour vous permettre de toucher directement des fonds». Mais nous, nous voulons plus, avec vous, en cohésion avec nos élus politiques. Cela a bien démarré. Il faut que l’on arrache cela. Pas seulement une intégration en tant que membre associé mais une intégration en tant que full member. Le programme fort que je viens de montrer aux élus de la CTM, c’est sur quatre ans, 1250000$ pour les

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Quel avenir pour le football martiniquais

211 associations actuelles de la FIFA. 750000$ pour des programmes de développement et en particulier de l’investissement d’infrastructures. Chaque année 750000$. Cela veut dire que pendant quatre ans, on pourrait chaque année quasiment construire un terrain. C’est 500000$ de plus pour le fonctionnement de la Fédération qui touche directement cela et en toute transparence parce que les choses sont extrêmement bien cadrées aujourd’hui. C’est 250000$ en plus pour les petites associations, les petites fédérations, les petits pays notamment qui sont dans des archipels, comme nous, dans le Pacifique, dans la Caraïbe. Parce qu’ils ont compris au moment de leur campagne que c’était extrêmement difficile de se déplacer, cela coûte très cher. En plus des 1250000$ par an, c’est 250000$ qui sont donnés à certains pays qui ont des difficultés pour se déplacer.

On a un Ministre de la République qui nous raconte n’importe quoi, sans aucun argument, en s’appuyant sur un article qui n’est pas le bon, etc.

La problématique: on est entré en tant que full member. Je suis très fier de cela, on a pris le relais de nos prédécesseurs, du travail qui avait été initié par Alfred MARIE-JEANNE, par le Président RUGARD de la Guadeloupe, par Joseph URSULET, par Félix CHAULEAU qui est encore là. On a réussi à obtenir cette intégration comme full member. Cela nous donne déjà des retombées mais qui ne sont pas suffisantes. C’est grâce à cela que l’on arrive à garder la tête hors de l’eau. On est tout le temps en train de mendier - les présidents de clubs de foot qui sont là - auprès de la Fédération parce que c’est vrai, on entretient de bonnes relations avec Noël LE GRAËT qui, depuis deux ans, a essayé de faire quelque chose (on était ignoré par SAS. On était ignoré par la FALEP et il a accepté, sous la pression des joueurs et sous la pression de DOMENECH - il faut le reconnaître - de venir faire un match humanitaire ici en faveur de l’AFCA et l’AFCA était d’accord pour reverser une partie des retombées à la fois les recettes du match, mais les retombées des droits télé à la ligue de football qui était en très grande difficulté, ESCALETTE a dit non. Lui seul a pris la décision. Il a dit non: «Tout le monde est d’accord mais moi je ne suis pas d’accord: tout l’argent reviendra à l’AFCA».

Aujourd’hui, il y a une écoute un peu plus intéressante. Les Présidents de clubs l’ont vu. Il y a des programmes qui commencent à être fléchés. Il y a même de l’accompagnement ponctuel en termes de matériel qui est donné mais c’est insuffisant pour couvrir la misère

de nos associations sportives aujourd’hui. Oui, des dispositifs existent. Oui il y a le fonds d’aide au football amateur mais qui se heurte à une grande difficulté qui est, la situation économique de la collectivité. Il y a eu un programme horizon bleu ou vert - puisque l’on avait donné une autre couleur pour l’Outre-mer - 2016 dans le cadre de l’Euro 2016 qui permettait de financer jusqu’à 200000€ des travaux d’amélioration et d’investissement sur les terrains, sur les sièges, etc. Mais il faut avoir le complément. Ce n’est pas du financement total. L’information est passée dans toutes les collectivités mais comment boucler financièrement, par rapport aux aides qui nous sont accordées. Voici la réalité, on continue, on essaie, on se bat avec tous les camarades des associations de football mais ce n’est pas simple. On a des réponses aujourd’hui: il faut que les institutions nous accompagnent. Ce sera une opportunité pas seulement pour le football pour l’ensemble du sport Martinique.

Louis BOUTRIN

Je voudrais juste enfoncer le clou puisque vous avez entendu les propos de Samuel PEREAU. Nous sommes arrivés à un stade dans notre réflexion où on doit se poser la question qu’il faut: soit nous considérons qu’aujourd’hui le football martiniquais n’est qu’un simple appendice du football français et que nous sommes condamnés à servir de vivier pour les équipes nationales françaises et singulièrement du football. Effectivement c’est toujours possible mais il existe une autre vision. Celle qui est partagée aujourd’hui dans la salle c’est cette vision qui dit que nous avons suffisamment conscience de nous-mêmes et qu’au regard de l’expérience que nous avons (expérience de nos footballeurs professionnels, de nos cadres) et qu’au-delà de ces expériences, nous avons une ferme volonté d’exister au monde, une ferme volonté aujourd’hui d’avoir ce que vous avez demandé: un emblème c’est-à-dire un signe conventionnel de valeur symbolique qui représente à la fois le pays mais qui représente chaque Martiniquais. Oui, il va falloir dans ce cas-là qu’il y ait une adhésion à la FIFA et c’est important que l’on soutienne la démarche entreprise par la ligue de football de la Martinique. Je vais vous lire juste deux phrases, l’intervention du Député Alfred MARIE-JEANNE jeudi, à l’Assemblée nationale: «Les ligues de football de Guadeloupe, de Guyane, de Martinique et de Saint-Martin ont demandé leur adhésion à la Fédération internationale de football association (FIFA). L’objectif est de remédier

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aux fortes restrictions à l’accès international. Deuxièmement de permettre l’octroi de ressources financières plus conséquentes - on est au cœur du problème avec les chiffres que Samuel PEREAU vient de nous donner. De mettre à disposition des techniciens - wi, nou bouzwen pa an sèl Jojo GERMAIN mé dé dizènn de Jojo GERMAIN, mé fòk ou formé yo. Nous avons besoin également d’avoir un rayonnement plus en rapport avec les résultats sportifs obtenus dans le cadre de la CONCACAF et pour évoluer dans le cadre de la Gold Cup 10».

La réponse du Ministre et en tant que juriste je vais me permettre de commenter la réponse du Ministre. Le Ministre dit que ce n’est pas possible: dans les statuts, la Fédération française de football qui a une délégation de service public reconnaît deux choses: l’unité territoriale de la France et la République une et indivisible. Les ligues régionales ultramarines sont membres de la Fédération française de football et les joueurs ultramarins sont membres de l’équipe de France.» Sof, ke ni an virus é an bémol andidan répons minis-la parske parce que depuis la loi constitutionnelle du 28 mars 2003, la France n’est plus une République une et indivisible parce que dans la Constitution on a supprimé cette phrase: la France est une République laïque certes mais elle n’est plus une et indivisible. On a supprimé ce terme. Cela, c’est de l’archaïsme. À la limit, fòk té réponn minis-la, monté o créno pou di minis-la: «Attention, vous parlez d’une autre époque». Aujourd’hui il y a un certain nombre de pays, un certain nombre de régions qui participent aux éliminatoires de la Coupe du Monde. L’exemple qu’il a donné, un exemple complètement loufoque, en disant que l’on risque d’avoir une équipe en finale de la Coupe du monde. On peut imaginer que l’équipe de la France va rencontrer en finale l’équipe de la Martinique. Je ne sais pas si c’est une hantise mais il y a un exemple, l’exemple du budo qui est allé à une compétition internationale au Japon et qui rencontré une équipe de France et qui avait battu cette équipe de France avec Monsieur ROAMARA ki té akonpanyé yo.

Un participant Les îles Feroé!

Louis BOUTRIN

Mé wi, lézil Féroé ka dépann di Danmark! E yo ka alé égalman andidan éliminatoir é yo ni reprézantasio internasional. Il n’y a pas d’incompatibilité, la seule

chose aujourd’hui c’est qu’il y a une ferme volonté des dirigeants français de ne paspermettre notre émancipation. Lémansipasion si yo pa ka permetou’y, de tanzantan, fòk ou pran’y! On va l’arracher de manière très diplomatique. Nous allons accompagner la ligue de football avec un dossier où nous allons effectivement approfondir les arguments qui ont été avancés et qui n’ont pas de fondement juridiques. Ils sont complètement irrecevables. Ne serait-ce que sur ce point-là nou ké alé. Mais c’est politiquement que nous allons gagner cette bataille même si nous sommes sur le terrain sportif. Je réserverai mes propos tout à l’heure pour la conclusion puisqu’il y a deux ou trois interventions là-dessus. Mais l’exemple du football, ce sera pour nous, une porte d’entrée, parce que trop de disciplines souffrent de l’absence de confrontation avec des équipes étrangères. Le financement qu’il y a à la clé, là aussi, il y a une disposition qui a été prise en disant: «Sachez que la Fédération française de football a décidé un plan spécifique pour aider davantage les ligues ultramarines de football». C’est quoi cette plaisanterie? Ce qui veut dire que s’il n’y avait pas une revendication pour une adhésion à la FIFA où à la clé il y aura effectivement une participation financière, on n’aurait pas eu droit à cela? C’est une forme de chantage. Tou sa ka plédé, chers amis, pour le fait ke ansanm fòk nou akonpanié la ligue de Football, ansanm fòk nou fè an sort ki le sport martiniquais rivé émansipé kò’y du sport français.Mèsi anpil.

Le Président de l’US Robert Je vais m’adresser au Président PEREAU. On a fait un travail considérable pour le football martiniquais. Il y a un accompagnement de la CTM pour le football martiniquais. Mais je constate qu’il y a quelque chose sur lequel il faut que l’on se penche: le bénévolat est en train de mourir. Le bénévolat est en train de mourir! Il faut que l’on se penche sérieusement sur cela pour voir dans quelle mesure on accompagne les présidents de clubs pour pouvoir restructurer les clubs. Parce que Président, tu as pu constater, que les anciensprésidents qui restent, ils sont saturés. C’est difficile maintenant de dire à quelqu’un qu’il faut accompagner,qu’il faut venir aider les clubs. Il faut encourager le bénévolat. Les champions que nous allons former, comment allons-nous les former? Qu’est ce que nous allons faire demain, si Dieu le veut. C’est primordial. Quand nous allons faire ce travail-là, je pense que tout ce que nous avons mis en place, va repartir. Les anciens que nous avons qui sont maintenant en place tel que le

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travail qu’a fait Jojo, il y avait du monde, il y avait du bénévolat, maintenant il n’y en a plus. Il faut restructurer cela et voir comment aider les clubs que l’on puisse avancer. Merci.

Olivier JEAN-MARIE

Bonjour Messieurs et dames. Olivier JEAN-MARIE, j’ai été un peu éducateur sportif, j’ai été arbitre (pas en Martinique), j’ai aussi été un peu dirigeant du monde sportif. J’ai entendu les propos du Président de l’U.S. Robert, mais dans les clubs il faut reconnaître qu’il y a des conflits de générations. Il y a aussi ce problème-là. On a aussi parlé de l’argent: qu’il y a besoin d’argent. J’aimerais bien que l’on crée aussi un organisme de contrôle qui sera dans les clubs parce que Messieurs, parfois, quand on a de l’argent nou lé lajan-an mé an fwa nou ni’y nou pa ka di sé lajan pèp-la, nou ka di sé lajan prézidan-an é prézidan pé fè sa i lé épi’y. E sa fòk nou di’y parske si nou ka rantré adan sé kleb-la, délè yo ka mandé yo an sèl kontabilité «recettes-dépenses» yo pa lé fourni’y é lè yo ka fourni’y yo ka ba’w twa linye. Yo mandé mé konbien lajan i ni anlè kontanbank-lan: pèsonn pa sa réponn pèsonn pa lé réponn. Messieurs, c’est vrai qu’il y a beaucoup de reproches à faire à la Ligue. Mais Messieurs, si nous voulons un grand football en Martinique, il faudra de grands clubs et une ligue ne peut être qu’une grande ligue que s’il y a de grands clubs. S’il n’y a pas de grands clubs, il n’y aura pas de grand football martiniquais. Il faudra aider certes la ligue mais il faudra aussi que l’on trouve les moyens pour que l’on ait des dirigeants compétents parce que moi, je vous le dis, j’ai été confronté à cela. Nous oublions qu’une association c’est aussi une forme d’entreprise. Non, an asosiyasion pa pou ka fè bénéfis. Lè ou ka vann an boutey soda ou achté an euro ou pa pou vann li de euro. Attendez, Messieurs! On est confronté à ce problème-là. Il y a un manque de professionnalisme. Il y a parfois de la mauvaise volonté et il y a des gens qui sont venus qui avaient d’autres objectifs: yo ka visé plas mè-a!

Messieurs, soit on parle de football, soit on parle de politique. Sa ki lè fè polotik fè politik zot! Zot ni dwa fè politik mé sé foutbol. Mé lé moman, anlè téren foutbol-la an nou palé di foutbol. Sé sa pwoblem-la ki ni atjòlman-an. Ke nou palé de projè. Tous les présidents de clubs, donnez à la ligue votre résultat comptable, dites quels sont vos projets. Non, matjé’y! E sé la ke nou key wè ki moun ki ni projè, ki moun ki pa ni projè; ki sa yo lé fè, ki sa yo pa lé fè. C’est vrai qu’il y a aussi

un problème du bénévolat, il y a plein de problèmes exposés mais parfois aussi il faut de la bonne volonté. Merci.

Louis BOUTRIN

Attendez. Si on peut faire, dans l’esprit même des Assises, de très courtes interventions, on peut faire deux ou trois interventions supplémentaires mais il est 13 heures, il faut qu’on libère le personnel, il faut que l’on tienne compte de l’horaire. Des interventions très courtes é man key konklu. PUJAR allons-y. Ba’y balan.

Marcel PUJAR Ton intervention est très belle. Il y a 15 ans que je suis Président…

Olivier JEAN-MARIE … Je ne t’ai pas visé!

Marcel PUJAR

…Mais je réponds pour les présidents. Il y a 15 ans que je suis Président. Les gens qui durent intriguent. Chaque année, et j’invite les présidents de club à le faire, je montre à tous mes joueurs, la feuille de match. Il y a au moins 10 rencontres avec zéro euro. Ki mannyè ou ka mennen an kleb-la? Ne porte pas des accusations gratuites. Je continue. Laisse-moi continuer. A quoi bon porter les projets à la Ligue de football: 161 clubs, donc 161 projets à la ligue de football? Non. Tu portes ton projet à tes mandants, à tes colistiers. La chose est trop difficile pour laisser ces accusations en plan. Je suis un vieux président, c’est sûr. Je te signale tout simplement que cette année, j’ai proposé à cinq personnes de me remplacer. Yo tout la kouri. Le bénévolat est mort et il se doit tout simplement d’encadrer cette jeunesse. Ne porte pas ce genre d’accusation, s’il te plaît. Je suis obligé de répondre. Je pourrais aller bien plus loin mais finissons-en.

Louis BOUTRIN

Je vais conclure sur une note positive. Je vais emboîter le pas à Marcel PUJAR. On est effectivement confronté à un problème de liberté et la liberté d’association est une liberté fondamentale reconnue par la constitution. On ne peut pas aujourd’hui laisser dire qu’un dirigeant, quel qu’il soit, va profiter des recettes du club. Il y a aujourd’hui des obligations légales qui font que l’on est obligé de présenter un bilan (bilan rapport d’activité, bilan moral et surtout un bilan financier).

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2juillet 2016
Samedi
?

Mais si vous avez connaissance d’une malversation quelconque, cela peut arriver, pas seulement dans le domaine du sport, partout, même dans les entreprises dans le domaine privé, pour autant cela n’autorise pas à jeter l’opprobre sur les dirigeants que j’ai l’honneur d’accueillir que je vous demande d’applaudir pour le travail qu’ils font. C’est vraiment un sacerdoce. Ceci étant, je ne vais pas reprendre tout ce qui a été dit mais je voudrais malgré tout insister sur deux points qui n’ont pas, de mon point de vue, été approfondis et parce qu’ils n’ont pas été approfondis, je vais rebondir sur la proposition de Jocelyn GERMÉ, d’organiser également les Assises du football martiniquais. Je crois que le sujet est important, pas seulement par rapport au nombre de licenciés - Président, tu as la plus belle armada du pays, une armada de 11 000 licenciésmais au-delà, du nombre, ce sont les valeurs que véhiculent le football et le sport martiniquais. Nous n’avons pas entendu les acteurs du football et surtout les acteurs du monde sportif se positionner dans le débat qui concerne les rythmes scolaires. On a juste effleuré cette chose mais malheureusement c’est peut-être là qu’il va falloir creuser puisqu’il y a un débat qui a traversé notre société et curieusement, ceux qui sont les plus concernés, c’est-à-dire les sportifs, ils ont été muets. Le système éducatif anglo-saxon que l’on a dans la Caraïbe (si on parle de modèle jamaïcain notamment modèle Trinidadien), c’est parce que le matin il y a des activités éducatives et l’après-midi il y a des activités culturelles, sportives. C’est là toute la différence: laisser un temps pour l’épanouissement et le développement psychomoteur de l’enfant. Pour autant, un jeune Jamaïcain, il n’est pas plus bête, il peut également prendre l’ascenseur social, il peut réussir comme le disait Alain DÉDÉ, je ne vais pas citer les professions, mais réussir sa vie dans une autre profession. C’est toujours possible, le système anglo-saxon le permet. Malheureusement, le système dont nous héritons aujourd’hui ne favorise pas. Je peux prendre l’exemple de BAMBUCK qui a débutédes études de médecine et qui n’a pas pu poursuivre ses études parce qu’il y avait une incompatibilité entre la pratique du sport à haut niveauet poursuivre des études qui demandent un investissement en temps considérable. La première question, c’est la question des rythmes scolaires et de l’aménagement du temps de l’enfant. C’est une question fondamentale,il faut que l’on puisse creuser là-dessus. La deuxième question qui n’a pas pu être abordée et j’aurais voulu, et j’aurais à cœur, d’apporter peut-être une contribution personnelle, c’est sur le statut

juridique du footballeur. Aujourd’hui le footballeur martiniquais c’est un footballeur amateur mais vous savez que les choses ont énormément évolué puisque dans le droit français, il y a une branche qui s’occupe spécifiquement du droit du travail en ce qui concerne les footballeurs professionnels. Nous avons inventé un système, à mi-chemin entre le statut d’amateur et le statut professionnel tel qu’il est inscrit dans le Code du sport français. Là, très certainement, nous avons une source de revenus. Il y a des études à approfondir là-dessus mais nous devons explorer toutes les pistes pour faire en sorte que le football martiniquais puisse évoluer. Actuellement, il faut le dire, il faut que l’on arrête cet archaïsme qui vient de chez nous, où on considère que l’on ne peut pas pratiquer un sport professionnel en Martinique. On a vu l’exemple de La Réunion et depuis qu’ils ont, effectivement, mis en place le semi-professionnalisme, il est très difficile pour les équipes de Martinique ou de Guadeloupe de battre une équipe de La Réunion. On le voit bien, c’est un autre niveau parce qu’il y a une montée en puissance,il y a un entraînement, un encadrement qui est différent et le football réunionnais maintenant et légèrement au-dessus du nôtre. Chers amis, je ne serai pas plus long, puisque vous avez compris que des questions qui ont été abordées relèvent de l’économie. Or nous avons prévu un atelier «Sport et économie». La question du sport dans la cité et du bénévolat fera l’objet d’une séance de ces Assises du sport et surtout la question du financement. Réservez vos questions puisque la CTM entend s’impliquer. Nous allons apporter notre contribution. Nous ne sommes pas les seuls puisque ce jour-là, vous aurez également un représentant du MEDEF, un représentantdes petites et moyennes entreprises, tous ceux qui représentent le tissu économique de ce pays et qui ont à cœur d’accompagner le football dans sa noble mission, à la fois sportive, éducative.

An tou ka, mèsi an pil. Man sav té ni lapli, man sav sa té dificil, mé zot té la; bravo woulo bravo ba zot.

Il y a une motion qui a été présentée. Ce que nous proposons, c’est qu’à la fin des Assises, nous puissions aborder la question et effectivement prendre une décision par rapport aux propositions de motions. Je le dis, c’est la liberté totale. Nous ne pouvons rien rejeter, nous allons tout intégrer, nous allons concasser tout ça épi gadé sa nou ka gadé.

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Samedi 2juillet 2016 Quel avenir pour le football martiniquais ?

Sport et économie Quel avenir pour le tour des yoles rondes ?

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9juillet 2016
Samedi

Intervenants

• Germain SOUMBO, Président du Comité Régional Olympique et Sportif de la Martinique, CROSMA

• Philippe JALTA, Directeur du développement au Comité Martiniquais du Tourisme, CMT

• Alain DÉDÉ, Président de la Fédération des Yoles Rondes

• Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM

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Samedi 9juillet 2016 Sport et économie • Quel avenir pour le tour des yoles rondes ?

SPORT ET ÉCONOMIE

il faut prendredu temps pour étudier les chiffres et les recherches. Nous allons aborder un certain nombre de choses. J’aime bien citer des sources, être bien précis mais cela n’a pas toujours été possible ; je vous demande donc votre indulgence. L’essentiel est de pouvoir dégager des tendances.

On m’a demandé ce matin de parler de sport et économie. Je sais que le temps est compté. Je vais essayer d’être succinct. J’ai une trentaine de diapos à vous montrer.

à tous. Merci à la CTM de m’avoir choisi pour ce difficile exercice. Déjà vous demander votre indulgence, parce que pour parler d’économie,

Bonjour

Tout d’abord, avant de parler d’un sujet, je pense qu’il faut le définir. Le sport est un ensemble d’exercices physiques se pratiquant sous forme de jeux individuels ou collectifs pouvant donner lieu à des compétitions. Le sport est un phénomène quasi universel dans le temps et dans l’espace humain. On évoque effectivement la Grèce antique, on évoque même l’Amérique précolombienne. On peut dire que c’est une activité humaine qui est permanente depuis des décennies.

Thème 7
Samedi 9juillet 2016 Sport et économie 168

L’économie est une activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l’échange et la consommation de biens et de services. C’est une définition très générique mais on va s’attacher à une deuxième définition, l’économie du sport. L’économie du sport est une branche de l’économie qui étudie l’incidence du sport, amateur et professionnel, sur l’ensemble de l’économie. C’est une activité improductive qui a longtemps été l’apanage d’une classe oisive, c’està-dire l’aristocratie à l’époque. Mais le sport appartient pourtant bien aujourd’hui à la réalité économique.

La performance sportive de haut niveau suppose de lourds investissements, consentis par les pouvoirs publics ou les sponsors, mais constitue aussi un spectacle payant, et surtout un support publicitaire. On l’abordera tout à l’heure plus longuement. Il a un impact dans l’économie et l’emploi régional lié particulièrement au secteur du bâtiment et aux travaux publics. On donne un exemple, en 1997, le marché public des installations et équipements sportifs représentaient 5,7% du PIB français - ce qui est considérable - et 7,2% de l’emploi total. De son côté, la pratique du sport, en tant que loisir, en expansion depuis les années soixante-dix, entraîne la consommation de vêtements et d’articles de sport, de services commerciaux ou non, d’enseignement et d’animation. Bref, toute une activité commerciale qui entraîne une économie particulière. Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, le poids économique du sport en France a été de 30,4milliards d’euros en 2005.

C’était pour planter le décor, un petit peu d’histoire à présent, mais très brièvement. Le sport moderne apparaît dans les années 1970 avec la révolution industrielle en Angleterre. Cette avancée industrielle (la machine à vapeur) va amener sur tous les rivages du monde la pratique sportive qui est une tradition anglaise. Transformation des jeux traditionnels populaires qui va se traduire par justement ces jeux anglais qui vont être transmis dans le monde entier. On dit souvent que le soleil ne se couche jamais sur l’empire britannique puisqu’il possédait des territoires dans le monde entier et notamment le Canada, l’Australie, les grands territoires sans compter l’Asie et autres. Le sport va s’étendre ainsi et arriver sur les rivages de Martinique, d’ailleurs en 1902, l’Intrépide Club. On a donc tout de suite cette influence anglaise et un certain nombre de valeurs qui sont fondées d’ailleurs sur les valeurs humanistes. Quand COUBERTIN réattribue,

puisqu’il y a un va-et-vient entre la France et l’Angleterre, ses idées d’olympisme, les anneaux sont liés. C’est la reprise de la fête antique grecque et de la fête de l’humanité. Les anneaux se tiennent, c’est l’universalité et les valeurs humaines de cette renaissance et du siècle des Lumières vont se traduire à travers l’expansion du sport en général. Il va subir tout au long du siècle, des influences. Il va être militaire, il va être médical, il va être ensuite sous différentes influences sur lesquelles je n’insisterai pas. Puis, nous allons arriver à une ère beaucoup plus importante: une ère moderne, postguerre sur laquelle on va s’attarder.

Justement il y aura à un moment donné une explosion médiatique. Ce petit voyage, on va le faire ensemble. En 1970, ce sont les premiers postes de télévision en France. Mais moi qui ai vécu à Ravine Bouillé derrière le stade DESCLIEUX, la première fois que j’ai vu une image télévisuelle c’était dans le parc à mazout c’està-dire le parc militaire où il y avait une première télévision. Je suis né en 1962, cela date des années un peu avant 1968, un petit peu avant les JO de Mexico.

Faisons ce petit voyage. Cela vous rappelle quelque chose: l’ORTF est créé. Dans les années 60, la télévision va se démocratiser. Elle existe déjà scientifiquement mais dans un cercle réduit. Le Général DE GAULLE va vouloir créer cet office pour démocratiser la télévision et amener la télévision dans tous les foyers. On estime qu’en 1960, à peu près tous les foyers français ont un poste de télévision. Ce qui veut dire que l’influence de la communication télévisuelle est importante.

Ensuite, nous allons voir des images importantes, en 1968. Vous allez retenir deux images très fortes qui vont compter aussi pour nous, mais pour le monde. Bob BEAMON va sauter 8,90 mètres. Tout cela à Mexico va être transmis pour l’une des premières fois. Les JO de Mexico en 1968 seront retransmis planétairement. Avant c’étaient des retransmissions radiophoniques, il n’y avait pas la même dimension. BEAMON va faire un bond qui va durer une éternité. Il va retomber à 8,90 mètres. Même les juges n’ont pas assez de décamètres pour mesurer ce saut. La planète entière verra ce moment aussi où Tommie SMITH et John CARLOS vont lever le poing en ayant gagné ces JO pour montrer le problème de la ségrégation des Noirs américains aux États-Unis. La planète entière verra cette contestation qui va se passer sur une scène internationale.

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Le sport va basculer dans une ère marketing. Là aussi un événement, le 21juillet 1969, un an après les JO, Nell ARMSTRONG marche sur la lune: «Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité». Toutes les télévisions américaines mais aussi françaises vont découvrir ce moment incroyable de progrès de l’humanité, à la télévision. Je vous dis tout cela parce que le sport va justement rentrer dans cet élan médiatique important. Vous voyez ici un tableau qui décrit au niveau du football les retransmissions. En1977 et1978: 1,5million de francs et nous allons basculer en 1995-1996 à 450millions de francs pour les droits de retransmission à la télé. On entre vraiment dans une période marketing où le sport va vraiment basculer dans des proportions importantes sur les droits télé.

Sans être chauvin, c’est un exemple important (Tournoi de Roland Garros), d’ailleurs je passe rapidement en disant que c’est un événement qui est possession de la Fédération, ce qui n’est pas le cas pour le Tour de France ou autre - je passe vite. Et vous voyez bien que 33% des ressources sont situées sur les droits télé. Ce sont des chiffres de 2011 et entre-temps cela a encore évolué même si les périodes sont un petit peu difficiles. On a vraiment un travail important sur la retransmission télévisuelle.

À présent les chiffres internationaux. Pour aller vite, le marché mondial du «sport business»en2014 et2015 va bondir à 145milliards de dollars et la part géogra-

phique est répartie pour un tiers pour les États-Unis, Amérique du Nord, Canada; et l’autre grande part c’est l’Europe et le Moyen-Orient qui joue un rôle important et l’Asie vient derrière avec l’Amérique latine qui prend sa place. L’Afrique est absente de la discussion de la Coupe du monde en Afrique du Sud. C’est une décision, je pense, intéressante parce que l’Afrique est absente de ce marché.

La dépense totale du sport sur le plan mondial. On se rend compte que ce sont les ménages qui financent. 50% sont financés par les ménages: les vêtements, les chaussures, les équipements dont les vélos (les vélos sont une consommation courante qui occupe une place importante) et les achats de services. D’un autre côté, les collectivités interviennent à 43,8%, donc moins que les ménages: l’État d’une façon générale, dans ces proportions de 17 à 20%, les collectivités localesévidemment mais remarquez bien que les communes qui possèdent les installations vont donner le plus gros de la part c’est-à-dire environ 30% puisqu’il y a la maintenance des équipements en général dans toutes les communes.

Les entreprises prennent une part croissante de 6,1%. Sur le plan de l’Europe, on a trois pays en tête: L’Allemagne, le Royaume-Uni et la France vient en troisième position. Le sport est un secteur économique important en forte croissance, créateur de richesses et d’emplois. Il participe à la convergence des états membres de l’Union Européenne.

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économie
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Très actuel, l’Euro qui se déroule en ce moment a un impact important: 2,8milliards d’euros investis dans cet événement avec une répartition sur le réaménagement des stades importants (775millions d’euros), l’organisation (842millions d’euros). Un impact très important. Cet événement que l’on vit en ce moment avec la France qui est en finale demain, draine un market très important.

Le sport, un acteur essentiel de l’économie sociale et solidaire Pour revenir un petit peu plus chez nous, au niveau local. L’économie sociale et le sport ont des liens renforcés. L’économie sociale et solidaire représente près de 10% de l’emploi public et privé en France (2,3millions de salariés représentant 53,1milliards de rémunérations brutes), dégage un chiffre d’affaires estimé à plus de 360milliards d’euros et pèse entre 6% et 7% du PIB français.

Des associations constituent 85% des structures de l’économie sociale et solidaire. Ainsi, le mouvement sportif en tant que premier mouvement associatif (17,6millions de licenciés, 317000 associations sportives dont 180000 affiliés à une Fédération - cela veut dire que beaucoup d’autres ne le sont pas) est une partie prenante incontestable de l’économie sociale et solidaire.

Au-delà des aspects quantitatifs, l’économie sociale et solidaire est porteuse de principes forts: la liberté d’adhésion, la gouvernance démocratique ou bien encore l’utilité sociale du projet. Vecteur important de ces principes, le mouvement olympique et sportif en est de fait un acteur majeur.

Le mouvement associatif est la première entreprise sociale de France

Le mouvement sportif est le plus important mouvement associatif de France avec 106 fédérations affiliées au CNOSF (Comité olympique sportif français); 3,5millions de bénévoles dans les associations sportives; 34millions de Français de plus de 15 ans qui déclarent pratiquer une activité physique ou sportive au moins une fois par semaine en 2010. Nous sommes quasiment à la moitié de la population. C’est considérable.

Le mouvement sportif fournit le plus gros volume de travail bénévole soit 29% du temps de travail. Le bénévolat sur lequel on doit s’appesantir fait vivre toute cette organisation. Le bénévolat sportif se décrit au niveau national comme 275400 emplois temps plein (ETP) ce qui représente quasiment 4,6milliards d’euros d’investissement (aujourd’hui peut-être 5milliards d’euros).

Quelle est la tendance du marché global sur le sport? Les marchés du sport connaissent la croissance la plus élevée du marché des biens de consommation depuis les cinq années écoulées. Vous voyez sur ce tableau que le sport augmente de 2% alors que le bricolage que de 1%, l’ameublement se casse la figure et le marché des biens est à - 3% avec la crise. Le sport résiste à la crise.

Autre tableau, le poids économique de la filière sport (Cf. tableau p.195). Il n’y a pas de pourcentages mais vous voyez que 42,4milliards d’euros sont investis. Vous retrouvez la consommation des ménages pour la majeure partie, les collectivités locales - nous en avons parlé, majoritairement les communes - puis le bénévolat, le Ministère de l’Education nationale, les entreprises, les médias, le Ministère des sports. À droite, les effectifs. Si on ajoute les 115000 emplois de la Fonction publique, 105000 activités liées au sport, les 45000 dans la production et la distribution et les 10000 autres médias, agences, etc. Nous arrivons à plus de 280000 emplois dans le domaine du sport.

Sur le plan local Nous allons arriver à des estimations. Ces chiffres donnent le tournis. Qu’avons-nous globalement? Le premier secteur est le BTP. En maintenance, la CTM investit 500000€ chaque année et en investissement quasiment 9,5millions d’euros à l’année. Ce qui amène un investissement de 10millions d’euros seulement

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Samedi 9juillet 2016 Sport et économie

dans le marché du BTP. Je m’entends: l’IMS, la piscine communautaire et le Golf des Trois Ilets où il y a eu un investissement important.

L’emploi: on dénombre 550 emplois temps plein soit 10millions d’euros investis. Nous retrouvons 539000€ injectés par le CNDS, que la jeunesse et sport et le CROSMA cogèrent à travers la Commission territoriale.

Le commerce: 12millions d’euros. Les magasins de sport fleurissent. Ils vendent beaucoup.

Les partenariats qui augmentent çà et là. L’exemple des yoles est un exemple important. Vous voyez bien l’impact du privé de plus en plus grandissant dans le monde sportif.

Le fonctionnement général des ligues: le CNDS sports injecte 7 à 8millions d’euros y compris les aides aux ligues générales et comités mais aussi les bourses régionales et les aides aux clubs. Le CNDS amène en plus 1,7million d’euros. Je vous le disais, sur les 539000€ d’emplois, nous avons quand même 1,2million d’euros injectés par le CNDS dans les clubs et les ligues, ce qui nous permet d’avoisiner une enveloppe de fonctionnement de 10millions d’euros. Lorsque vous ajoutez tout cela, vous n’êtes pas loin de 50millions d’euros d’investis.

Il y a deux éléments que l’on n’a pas pris en compte: l’estimation des bénévoles pour 20millions d’euros parce que nous avons estimé 5000 bénévoles pour lesquels nous avons pris un quart d’emplois au SMIC.

Nous arrivons à 20millions d’euros. Les professeurs d’EPS qui sont payés, ne sont pas compris dans cette partie et aussi une partie qu’il faut prendre en compte, c’est la partie BTP des collèges et lycées puisque la CTM maintient les installations, les plateaux sportifs et si nous ajoutons tout cela, vous voyez qu’avec les 50 premiers millions, nous arrivons bien au-delà. Nous pouvons estimer une enveloppe de 70millions d’euros injectés sur le plan local.

Au niveau du CROSMA, nous avons, pour donner du sens, proposé un projet. Nous avons été élus sur ce projet que l’on appelle «sport industrie». Il comporte comme vous le voyez, trois axes. Un premier axe au niveau des coopérations internationales. Il faut être très fier de confirmer que nous sommes maintenant, définitivement, membre associé de la CASCO, The Central American and Caribbean Sports Organization. Cela nous ouvre aussi des voies et pourquoi pas économiques sur des rapports de la coopération entre la Caraïbe et l’Amérique centrale.

Un pan social fort dans l’animation des quartiers avec l’UFOLEP, avec un certain nombre d’animations importantes qui permet aussi l’emploi: 300 emplois injectés dans le tissu du sport dont 42 sont en chantier de proximité. Un versant social important et un versant santé qui mérite d’être appuyé notamment sur l’animation du parcours santé. Un versant économique, touristique, tu en parleras tout à l’heure longuement mais nous avons aussi une déclinaison du sport tourisme à travers les pratiques de plage, et le développement d’un certain nombre d’événementiels à caractère

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touristique. Pour soutenir tout ce projet, un besoin urgent des ligues, des structures d’accompagnement qui pourraient effectivement amener tout un suivi et un accompagnement social et stratégique aussi au niveau des ligues qui en ont tant besoin.

Sur les champs de développement, quelles seraient les voies, les perspectives de développement? D’abord on va parler du BTP. Il manque des salles polyvalentes qui permettraient de compléter l’arsenal des équipements que nous avons déjà acquis et qui méritent d’être rénovés. Il y a un DTA, il y a un certain nombre de travaux. Il s’agit de se mettre au travail et de faire ce que l’on appelle le plan Marshall de l’équipement. Les salles polyvalentes sont nécessaires mais on aurait plus tendance à dire qu’on a besoin de développer l’aménagement de proximité. Pourquoi? Parce que nous avons un problème d’éducation populaire, d’éducation des jeunes. Par conséquent multiplier les animations de proximité semble la voie intéressante à prendre, notamment les plateaux sportifs communaux mais prendre un certain nombre, je dirais, de conventions peut-être avec la CTM pour l’exploitation des plateaux scolaires. Tous ces aménagements de proximité plutôt légers mais multipliés pourraient constituer un marché d’avenir, faire injecter dans l’économie martiniquaise et faire travailler les entreprises du BTP à condition, qu’elles soient choisies plus sur le plan local que national.

Au niveau de l’emploi: une politique d’animation de proximité. Comme je vous le disais, favoriser l’animation des quartiers défavorisés - c’est une priorité. Nous avons quatre zones prioritaires: Fort-de-France, Lamentin, Sainte-Marie et Robert. Il faut continuer et étendre le travail entamé. L’animation des espaces naturels. J’entends par là les plages, les sentiers pédestres qui sont souvent un petit peu délaissés, tout ce qui aura une plus-value et qui va déborder sur le versant touristique et qui va nous permettre justement de pouvoir aller dans une animation du territoire, notamment avec le travail commun avec le SAR (Schéma d’aménagement régional) pour l’aménagement du littoral et l’aménagement de l’intérieur du pays. Que le sport puisse prendre sa place totalement dans tous ces espaces naturels qui sont les plus beaux stades.

Troisième champ que nous développons aussi: le développement du sport pour les salariés dans les

entreprises. Comme nous sommes en partenariat avec le privé, nous souhaitons développer l’activité dans les zones commerciales et dans les zones industrielles pour permettre aux salariés, entre midi et deux heures, de pratiquer. Tous ces champs-là qui amènent forcément des animateurs amènent un plan de développement sur l’emploi présumé intéressant car si nous animons le territoire ainsi, il y aura des emplois, il y aura un impact économique intéressant, la cohésion sociale, un certain nombre d’incidences qui auront une réalité économique.

Sur le plan du partenariat privé, nous avons établi assez tôt, dès notre arrivée en 2013, un partenariat avec le MEDEF et la MPI. Le MEDEF c’est le syndicat des patrons et l’AMPI c’est l’association des moyennes et petites industries. Nous avons déjà cette convention nationale qui a été reconduite localement. Je ne détaille pas. Nous avons, au-delà de cela, créé un fonds de dotation considéré comme une fondation régionale. C’est l’image d’une fondation nationale mais régionalisée. L’image suivante va montrer que ce fonds existe en partenariat et il porte d’ailleurs le nom «Martinique sport, entreprises et développement». S’il y a des donneurs dans la salle, vous êtes les bienvenus. Tout est prêt, tous les comptes sont ouverts.

Toujours sur le développement, je vous disais que le privé est important parce que nous travaillons avec le privé d’une façon un peu aléatoire. Pour faire vite, réaffirmer les rapports avec les médias c’est-à-dire que j’ai rencontré différentes antennes en leur demandant que la télévision, obligatoirement, doit filmer des interviews avec des panneaux multi partenariales et que les interviews ne doivent plus se faire dans le vide, comme vous le voyez à la télé dans le football. Vous voyez toujours des interviews devant des panneaux, ce qui permet aux partenaires d’avoir un retour d’image obligatoire. Ce sont des conventions qui vont être avancées et des rapports qui vont être traités avec les médias qui devraient amener, je dirais, une meilleure organisation du market du sport et nos rapports avec les médias et avec le privé devrait s’améliorer et qui doit avancer car aujourd’hui, l’argent public se fait rare. C’est certainement dans le secteur privé, malgré la crise, que nous pouvons trouver nos ressources.

Pour passer à la structure d’accompagnement dont j’ai parlé tout à l’heure. Les présidents de ligue sont

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livrés à eux-mêmes: pour les fiches de salaire ils se débrouillent, les cabinets, le suivi juridique, la formation en elle-même. On a fait beaucoup au niveau de la formation au niveau du CROS mais il faut continuer avec l’IMS, il faut aller plus loin. Cette structure d’accompagnement pourrait porter tous ces services que nous appelons de nos vœux. J’espère qu’elle pourra être opérationnelle en septembre avec un accompagnement indispensable sur ce que j’appelle le juridico-social au niveau des ligues.

Le marketing et la communication: là aussi, généralement, tout le monde se débrouille. Pourquoi pas conjuguer les efforts, essayer de trouver des sociétés et rassembler, mutualiser. L’important souvent c’est de mutualiser. Nous sommes 57 ligues et comités. Nous représentons un marché important. Je donne l’exemple du voyage. Nous pesons 1,2million d’euros de voyages pour les ligues seulement. Nous estimons le marché du voyage à 2millions d’euros. Chacun fait son petit marché à côté et l’unité nous permettrait de faire mieux et d’avoir un meilleur impact.

La gestion et le développement aussi de cet accompagnement et surtout, ce qui est d’actualité au niveau national et ici, qui n’existe plus, à l’époque c’est le SAM qui a disparu qui le faisait, c’est le groupement d’employeurs qui est important puisque c’est avec des petits bouts d’emplois que l’on peut réussir à faire des emplois consistants en faisant un petit peu une mutualisation à travers ces structures juridiques du groupement d’employeurs qui soit adaptée à cette configuration.

Pour résumer, ces structures d’accompagnement qui pourraient dynamiser un petit peu l’activité des ligues amèneraient forcément sur tous les champs du marketing, une plus-value et un plus haut niveau de l’économie locale.

Les champs de développement sont importants sur le sport tourisme dont je vous ai parlé. Il n’est pas inimaginable de penser qu’un package sportif pourrait être intéressant: avion hôtel mais aussi semaine touristique ou encore quand on propose une découverte de la yole, un tour du Rocher du Diamant en scooter des mers, un golf, un tour en voile, une plongée ou des randonnées. Je crois que le mouvement sportif peut jouer un rôle dans un package touristique et peut être force de proposition pour organiser des

packages avec la CTM, avec qui nous avons déjà eu plusieurs rendez-vous et plusieurs approches de ce problème qui j’espère, va pouvoir se mettre en œuvre bientôt.

La promotion de la destination se fait aussi à travers nos événements. On va parler du Tour des yoles. C’est une vitrine extraordinaire encore faut-il la proposer au niveau international et rentrer dans un marketing professionnel pour pouvoir vraiment vendre le Tour cycliste de Martinique et tous les joyaux comme les CARIFTA GAMES et pas mal de choses que nous savons faire et vendre nos événements. Je pense aussi aux raids qui ont beaucoup de succès. Il y a eu récemment les journées nationales du sport entreprise qui ont eu lieu et qui ont été brillantes, qui nous donne le droit d’être dans des revues nationales. Avec les événementiels, mettre en avant notre pays.

Utiliser l’image de nos athlètes de haut niveau. Deux exemples: en escrime, les frères JEANNET. Ce sont de grands escrimeurs, champions olympiques et très titrés, qui peuvent faire briller, sous l’idée d’ambassadeurs du sport. Pourquoi pas un ALL STAR en faisant venir tous les athlètes. Nous avons initié au niveau du tennis, le tournoi des légendes où on pourrait faire venir les anciennes gloires du tennis mais aussi tous nos athlètes qui ont brillé sur le plan international. Je pense à un certain nombre de footballeurs, de handballeurs (Joël ABATI, Gaël MONFILS et j’en passe). Ils pourraient donner leur contribution pour faire briller le pays et organiser ce retour d’image important puisque ce sont des hommes qui ont une réputation planétaire. Puisque le temps est trop court, je passe à la conclusion. Vous dire que le sport est créateur de richesses et d’emplois, vous l’avez vu tout au long de l’exposé. La place du sport ainsi que son enracinement dans tous les champs de notre vie quotidienne en font un élément incontournable. Le nombre de licenciés conduit les associations à employer du personnel afin de répondre à la demande croissante d’un public de plus en plus exigeant, aussi bien en matière d’entraînement sportif que sur des interventions connexes (loisirs, sports insertion, sport et handicap, garde d’enfants…). Face à cette mutation, nous observons une tendance à l’accélération de la démarche de professionnalisation du secteur. C’est un marché qui est porteur.

Pour finir, l’effort de se mettre en projet, que le CROSMA a tenté par le projet «sports industrie», favorise

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l’élaboration d’une politique publique - ces Assises sont bienvenues pour amener encore plus de réflexion et d’idées pour construire un projet ensemble - et conjugue les différentes institutions - souvent nous travaillons à côté des autres, les croisements de dispositifs ne se font pas. Ils mettent en œuvre les multiples dispositifs qui devraient mieux se croiser pour conjuguer les efforts, pour que l’on ne soit pas les uns à côté des autres.

J’espère ne pas avoir été trop long et trop ennuyeux. En tout cas, je vous remercie pour votre attention.

Quand on dit cela, pourquoi avoir une stratégie événementielle basée sur le sport?

Parce qu’il faut que cela puisse être générateur de retombées économiques donc d’emplois derrière et il faut aussi que cela puisse nous permettre d’avoir une visibilité pour notre destination à la faveur de ces événements.

Comment pouvons-nous faire?

Monsieur SOUMBO a indiqué qu’il y avait un travail qui n’était peut-être pas suffisant en termes de coordination des actions. Il y a un travail qu’il faut que l’on puisse faire avant. D’où cette nécessité d’anticiper nos interventions. Ce travail avant, avec les organisateurs pour leur dire, au-delà de leur événement qu’ils peuvent venir en famille, qu’ils peuvent venir une semaine avant ou une semaine après pour découvrir notre destination et faire en sorte que derrière, ils soient des prescripteurs de notre destination.

Bonjour à tous, Bonjour à Monsieur BOUTRIN, Monsieur NARCISSOT, Monsieur SOUMBO,

Remerciements pour cette présentation très qualitative. Ma présentation sera plus succincte car beaucoup a été déjà dit. Je vais m’efforcer de vous montrer quel est le lien entre le tourisme, l’économie et en particulier le sport.

Le tourisme c’est environ 310millions d’euros chaque année de dépenses directes. C’est environ 100millions d’euros de dépenses directes et indirectes. C’est environ 10500 emplois dans le tourisme.

Quel est le lien entre sport et tourisme? Pourquoi cela participe d’une stratégie événementielle importante? L’une des premières raisons, c’est de diversifier notre clientèle. Aujourd’hui nous avons à peu près 80% de personnes qui nous visitent pour des raisons de loisirs, environ 10% pour du tourisme d’affaires et nous pensons que cet axe événementiel constitué par deux piliers culturels et sportifs est un axe de développement fort.

Il y a un travail pendant, c’est que l’on puisse faire en sorte de ne pas mettre uniquement un focus sur l’événement qu’ils sont venus faire mais qu’ils puissent rencontrer une autre destination parce que malgré ce que l’on peut entendre ici ou là, nous sommes un peuple accueillant, nous sommes un peuple chaleureux et nous avons une diversité d’atouts à valoriser: paysages, plages, mais j’ai envie de dire, en premier lieu nous-mêmes et notre culture.

Puis, il y a un travail après: que l’on puisse garder le contact avec les personnes qui nous ont visités, faire en sorte d’avoir des questionnaires de satisfaction pour recueillir leurs sentiments pour sans cesse s’améliorer dans les événements que l’on va continuer à valoriser. Il faut aussi que l’on puisse évaluer les événements que l’on a pu faire pour pouvoir mesurer leur portée. J’ai parlé d’atouts. Il y a des choses qui me paraissent évidentes. Le fait qu’il fasse beau toute l’année à la Martinique. On va me dire que ce n’est pas une spécificité martiniquaise, dans toute la Caraïbe il fait beau. Seulement il faut pouvoir se positionner avec des destinations pour lesquelles ce n’est pas le cas, pour pouvoir peut-être être une base arrière de personnes qui peuvent venir s’entraîner quand il fait moins beau chez eux. Il y a le fait d’avoir un haut niveau d’infrastructures. J’ai entendu Monsieur SOUMBO dire qu’il y a un gros travail à faire pour compléter les infrastructures que l’on a mais je crois que l’on n’a pas grand-chose à envier, en particulier dans la Caraïbe, aux infrastructures.

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Quand je dis «infrastructure», je ne parle pas que de l’infrastructure sportive, on a aussi un réseau sanitaire de qualité. Quand on regarde certains hôpitaux, on pourrait se dire que cela pourrait être mieux. Cependant, des destinations valorisent leur destination en disant qu’elles sont proches de la Martinique avec un plateau médical, hospitalier de qualité. Nous avons 18 hôpitaux sur la destination. Pour toutes les personnes qui viennent ici, c’est aussi important qu’elles sachent que lorsqu’elles sont loin de chez elles, elles pourront être prises en charge quelles que soit les difficultés qu’elles pourraient rencontrer. Et un niveau de sécurité civile. Nous avons été classés «destination la plus sûre» parmi 28 destinations caribéennes, au niveau sanitaire. Là aussi j’enfonce des portes ouvertes. Quand on dit que l’on peut boire l’eau potable sans se poser de questions, ce n’est pas vrai partout. Je dirais, en termes d’organisation, c’est un savoir-faire et nombreux sont déjà dans la salle qui ont montré un savoir-faire. Je ne vais pas revenir sur tous les événements qu’a cités Monsieur SOUMBO mais on a déjà montré un savoir-faire et je pense qu’il est important de continuer à le faire. Il y a une nécessaire implication de la population à ces événements. Il faut qu’elle comprenne pourquoi on investit, pourquoi on valorise cette activité-là, pour qu’elle comprenne les retombées économiques et les retombées en termes de visibilité.

Il y a cette sensibilisation dès le plus jeune âge, dès l’école, dès les clubs associatifs, de manière à ce que cela donne envie et que ses futurs champions ou même ceux qui non pas un niveau aussi important puissent être ambassadeurs - là aussi Monsieur SOUMBO le disait - de notre destination au travers du sport.

Je vais conclure parce qu’il me semble que ce qui est important c’est que l’on puisse échanger ensuite, sur la nécessité d’anticiper nos événements et de donner de la visibilité aux organisateurs qui pourraient vouloir choisir notre destination. C’est travailler ensemble. On l’a dit. Cela paraît là aussi évident. On a encore besoin de mutualiser les moyens que l’on a, les intelligences de manière à faire grandir le potentiel de nos événements. Tout cela, pour pouvoir faire en sorte que l’on puisse optimiser les retombées économiques, optimiser la visibilité que l’on a, faire en sorte que l’on puisse harmoniser les calendriers, faire en sorte également que l’on puisse, à la faveur de ces événements, faire des rééquilibrages géographiques, économiques. Quand on fait un événement dans le Nord, quand on fait un événement dans le Sud, on rééquilibre économiquement et ensemble avoir un Observatoire pour sans cesse améliorer nos événements.

Merci à tous pour votre attention.

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Échanges/Débats

Michel ROSE

Longvilliers Club de Natation et Responsable du développement du Centre aquatique communautaire Bonjour tout le monde et félicitations pour cette initiative des Assises du sport. Je suis responsable du développement du centre aquatique communautaire. Nous avons une structure très intéressante mais le problème est au niveau de l’hébergement. Vous avez des équipes qui veulent venir à la Martinique faire des entraînements de natation synchronisée mais effectivement, sur le plan hébergement, nous avons des difficultés pour faire venir les gens et aussi à cause de la circulation puisque l’on sait bien que l’hébergement est plutôt axé dans le Sud ou dans le centre international de séjour mais il y a toujours ce problème de circulation. Est-ce que vous ne pensez pas qu’il y a une réflexion à mener sur ce problème? Merci.

Gilles CAZENAVE

Photo en 360°

Bonjour, je fais des photos et vidéos d’événements sportifs. Mais au-delà de ça, ma question fait suite à la dernière intervention, celle de Monsieur JALTA. Lorsque vous parlez d’anticipation et de travailler ensemble, je voudrais savoir à quel moment faut-il que quelqu’un qui prépare, qui travaille sur un événement sportif, doit-il se rapprocher des institutions? Doit-il le faire quand il a plus ou moins ficelé son dossier parce qu’on sait très bien que le montage de dossiers généralement, entre ne rien dire, le tenir secret jusqu’à ce que les choses soient mises en place et ensuite revenir vers vous. À partir de quel moment doit-on travailler avec les institutions et sur quels sujets? Monter l’événement sportif en soi, ce sera à la personne qui met l’événement en place mais toute la partie promotion de l’île: hébergement, package touristique - cela a été évoqué par Monsieur SOUMBO - bref, organiser et faire en sorte que la Martinique soit prête à accueillir des internationaux sur notre territoire et vendre des produits touristiques.

Louis BOUTRIN

Sport. À l’origine, c’était l’Institut de formation aux métiers du sport. Il y a eu un débat lorsque nous avons conçu cet établissement pour savoir si on faisait une structure d’hébergement pour permettre aux sportifs qui fréquentent la structure, ceux qui sont en formation, d’être hébergés. Nous avons eu aussi une autre réflexion pour savoir si les équipes que l’on allait inviter en Martinique pouvaient éventuellement être hébergées à l’Institut des métiers du sport à l’instar de ce qui se fait à l’INS, qui est devenu l’INSEP. Après des études, nous nous sommes dit que notre vocation n’était justement pas l’hôtellerie, notre vocation n’était pas de rentrer en concurrence avec les professionnels de l’hôtellerie. Parallèlement à cela, il devrait y avoir un certain nombre de structures pas trop loin. Le choix de la commune du Lamentin pour l’implantation, c’est également important au regard des possibilités d’hébergement qu’il y a tout autour. Car il y avait d’autres communes à l’époque, vous vous souvenez de ce débat (le François, le Robert) mais le Robert souffrait à l’époque d’un sous-développement en matière d’équipements et le Robert n’avait pas été retenu. En ce qui concerne l’hébergement, nous avons une forte carence là-dessus. La réflexion que nous avions eue à l’époque a débouché sur la création, cela vient d’être dit à l’instant, du Centre international de séjour. Pourquoi? Parce que lorsque nous y allions - je dis «nous» c’est-à-dire les athlètes de haut niveau qui partaient faire les deux ou trois mois à l’INS, cela s’appelait ainsi à l’époque (il y avait Hermann PANZO et toute la bande) - où est-ce que l’on nous hébergeait? Il n’y avait pas encore assez de place à l’INS puisque nous venions des îles et les scolaires qui occupaient l’INS toute l’année, qui étaient scolarisés n’étaient pas encore partis. On venait pour les grandes compétitions en juillet et en août et à ce moment-là nous étions hébergés au Centre international de séjour de Vincennes. C’est tout près, c’est dans le bois de Vincennes, tout près de l’INS. L’idée c’était de créer également un Centre international de séjour. Nous en avons fait un, celui que vous connaissez du côté de l’Étang Z'Abricots. Et il y en a un deuxième qui était prévu, même si sa vocation a un peu changé, au-dessus de la piscine du Carbet. L’idée c’est également d’inviter des équipes internationales pour faire une préparation en milieu tropical humide. On le voit avec toutes les équipes qui préparent les Jeux Olympiques, par exemple. Avoir des infrastructures sportives pour accueillir les sportifs - nous avions déjà la piscine de 50 mètres au Carbet - et de permettre un hébergement des sportifs dans ces centres et également

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Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM Je vais essayer de partir d’éléments concrets pour ce qui concerne l’hébergement. Il est vrai que nous sommes actuellement à l’ Institut Martiniquais du 177 Livre Blanc du Sport Martiniquais 2016 -2021
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un accueil des familles, des entraîneurs, etc. dans les hôtels. Il y avait une réflexion globale mais ce qui n’a pas suivi c’est qu’effectivement il y a une forte carence. Entre-temps, nous avons l’exemple des CARIFTA GAMES. On ne va pas faire de publicité, mais on va se dire les choses. Il y a des structures comme Pierre et Vacances où on a pu accueillir l’ensemble des délégations (pratiquement toutes) à Pierre et Vacances durant les CARIFTA GAMES de natation. Les structures hôtelières actuelles doivent pouvoir s’adapter et on doit pouvoir proposer des produits mais il y a différentes gammes. C’est sûr que ce ne sera pas un 4 étoiles, ce ne sera pas le LAGOON RESORT ou éventuellement LE BAKOUA Mais on peut malgré tout accueillir des délégations ou aujourd’hui faire un effort là-dessus.

Philippe JALTA

Juste un complément sur l’hébergement. Je n’ai peutêtre pas insisté tout à l’heure sur le fait que l’un des intérêts sur le plan touristique c’est vraiment de positionner - cela ramène au calendrier - des événements particulièrement en basse saison touristique. Tous les professionnels du tourisme sont quasiment complets en haute saison. Qu’appelle-t-on la haute saison? C’est du mois de décembre au mois d’avril. Entre le mois de mai et le mois de novembre, ils perdent tout ce qu’ils ont engrangé comme marge. L’un des intérêts pour moi, je le dis en préambule, et cela rejoindra peut-être la question de l’hébergement, c’est d’essayer, quand c’est possible, d’avoir cette réflexion que l’on aura, premièrement des tarifs qui seront moins chers quand on fait en basse saison; deuxièmement, on va venir contribuer à faire en sorte de développer une économie et à pérenniser des emplois à une période où les professionnels souffrent. Rappeler qu’il y a un Schéma directeur hôtelier et para-hôtelier qui est en train de se mettre en place pour réfléchir à un modèle économique un peu différent de ce qui est aujourd’hui - on n’en dira pas plus ce n’est pas l’objet et vous dire aussi qu’il y a une place de plus en plus importante des meublés de tourisme. Pas pour être en compétition avec l’hôtellerie. L’hôtellerie c’est environ 3000 chambres aujourd’hui. On se rend compte, dans une étude récente d’Atout France que 4/5 des chambres disponibles sur le net, pas forcément recensées, sont dans des meublés de tourisme. Il y a 5000 structures aujourd’hui. Nous, Comité martiniquais du tourisme et d’autres, nous sommes à dire qu’il faut que l’on qualifie cette offre-là parce qu’il ne faut pas que les personnes qui

viennent, vivent une expérience désagréable au travers du prix ou de l’hébergement qu’ils auraient pris sur le Net. C’est pour répondre sur la partie hébergement. Maintenant pour répondre à Monsieur qui demandait à quel moment il faut que l’on puisse commencer à échanger avec les collectivités? Dès le départ. Nous, ce que l’on aimerait, c’est premièrement pouvoir vous dire qu’au-delà du spectre sportif, il y a peut-être des choses qui en termes de potentiel (je viens de parler de calendrier, peut-être que l’on peut harmoniser aussi les communications et faire la promotion des événements suffisamment en amont si on le sait en amont). On peut essayer de vous dire qu’en termes de potentiel - on a parlé de package - de proposer très en amont ce package de manière à faire en sorte d’influer et cela peut même permettre à des gens de dire sur des événements qui ne sont pas encore complets: «on va venir à la Martinique plutôt qu’ailleurs parce que l’on nous aura fait un focus non seulement sur l’événement mais sur tout ce que l’on peut faire autour». J’ai donc envie de dire le plus tôt possible quand on sait que dans les administrations puisqu’il y a souvent un soutien de collectivités, plus on anticipe les dépenses budgétaires, mieux c’est. Voilà ce que je peux dire avec, bien sûr, le fait d’être assuré sur la confidentialité puisque vous disiez: «Lorsque je commence à parler de mon projet, est-ce que quelqu’un ne va pas venir le pirater, etc.». Je pense qu’aujourd’hui il y a des structures qui font en sorte que les projets, quand ils ne sont pas encore mûrs, soient confidentiels et que l’on soit là pour pouvoir apporter un plus.

Louis BOUTRIN

Une précision sur le financement des projets. Ce que l’on constate malheureusement, Marius NARCISSOT pourra en témoigner, quand nous recevons des demandes de subventions pour les différents projets, les manifestations généralement venant des particuliers, des sportifs ou des ligues, l’essentiel du financement repose malheureusement sur un financement public, donc généralement sur les collectivités et maintenant sur la CTM (80% à 85%). Or l’idée aujourd'hui, c’est de démontrer le poids économique que l’on tire du sport et les retombées économiques que l’on peut avoir des manifestations. Faire en sorte aujourd’hui que l’on puisse dès le départ, dès le plan de financement, chercher des financements autres que publics, des financements privés avec un certain nombre de sponsors. C’est une première réflexion.

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La deuxième, c’est sur la création de manifestations. À l’époque de la présidence d’Alain DÉDÉ, une étude portait sur les différentes manifestations. Il était présidentdu CROSMA. Une réflexion a été menée sur la période des manifestations sportives (les principales). Il y avait une concentration, ce qui est normal puisque l’on arrivait en fin de championnat, vers la période des vacances de Pâques. À ce moment-là, nous avions des difficultés effectivement à avoir une autre manifestation parce qu’on avait fait l’approche de tous les sponsors. On se retourne donc vers les collectivités.

Si sur l’année, on arrive à étaler les grandes manifestations… À l’époque on avait pris cet exemple, il y avait une concentration en fin d’année (Tour des Yoles, Tour cycliste), à la période de Pâques (toutes les manifestations que l’on connaît) et il y avait une exception, le semi-marathon qui a lieu au mois de novembre et qui, effectivement, bénéficiait d’un financement de privés puisque les sponsors n’étaient pas aussi sollicités.

Je rejoins un peu ce qui a été dit sur haute et basse saison mais également dans la programmation des grandes manifestations. Ceux qui sont dans la salle et qui ont des projets en tête, pour répondre concrètement, il va falloir tenir compte de cela pour pouvoir faciliter le financement des manifestations.

Stéphane CARNIER

Caribbean Sport Magazine

Bonjour je suis Stéphane CARNIER, j’ai créé en 2010 le magazine qui s’appelle Caribbean Sport Magazine. Depuis 2010, je me suis spécialisé dans le tourisme sportif dans la Caraïbe. Je peux m’enorgueillir d’avoir une petite expérience dans le domaine.

J’avais une question à poser à Monsieur JALTA concernant son intervention. Je l’ai beaucoup entendu dire «il faut que l’on fasse» mais j’aurais aimé savoir est-ce que la réflexion a été menée pour qu’au sein même du CMT, il y ait des élus qui s’occupent du tourisme sportif?

Toutes les îles de la Caraïbe ont maintenant un bureau en charge du tourisme sportif. Ma deuxième question, c’est plutôt une expérience que je souhaite vous faire partager. J’ai organisé en 2014 en Martinique, une conférence sur le tourisme sportif caribéen et à cette occasion j’ai fait venir des spécialistes du tourisme sportif (les organisateurs de la Heineken Regatta par exemple, les organisateurs du Reggae Marathon de la Jamaïque, le Ministère du tourisme de Sainte-Lucie). Après la conférence, nous

avons fait un tour sur la Martinique. Je leur ai montré les super produits que nous avions: la piscine communautaire, nous sommes allés visiter l’Étang z’Abricots et nous avons visité l’IMS (la conférence se faisait ici) et à chaque fois, on m’a posé la question: «où sont les hébergements?». Ce que je voulais vous dire en fait c’est que nos voisins caribéens ont une approche totalement différente de la nôtre. Quand ils conçoivent un support, étant donné qu’ils ont une vision du tourisme sportif parce que pour eux… Je rappelle quand même que le tourisme c’est 85% du PIB des îles de la Caraïbe. C’est quelque chose d’hyper important. Quand ils conçoivent un projet, la première chose qu’ils se demandent c’est «comment allons-nous faire pour que cela nous rapporte de l’argent?». Ils ont compris que ce ne sont que les visiteurs extérieurs qui pouvaient amener cet argent-là. En construisant le projet, ils construisent l’hébergement qui va à côté. Quand on a visité, par exemple, l’Étang z’Abricots ou l’IMS, ils m’ont demandé où était l’hébergement. Ils m’ont dit que c’est un superbe outil mais quelle est son utilité s’il n’a pas d’hébergement. Je pense que cette approche, cette philosophie du tourisme sportif qu’ils ont, est totalement différente de la nôtre. Ils prennent le problème à l’envers. Enfin, je pense que nous prenons le problème à l’envers. Ils se disent déjà, par rapport à l’outil que l’on a construit, quelle cible allons-nous toucher? Si, par exemple, vous faites venir des équipes de football et que vous pensez que l’on peut les héberger au Centre de séjour, cela ne marchera pas. Cela veut dire que chaque outil a une cible particulière. Si vous construisez des parcours de golf, vous n’allez pas héberger les golfeurs au même endroit, sans vouloir les insulter, les coureurs cyclistes ou les nageurs. Ce sont deux publics totalement différents. Je pense qu’il faut mener cette réflexionlà: essayer d’adapter nos structures d’hébergement au public que l’on souhaite accueillir. Je pense que c’est très important pour le tourisme sportif. Merci.

Philippe JALTA

Première question sur l’organisation du Comité martiniquais du tourisme. Je tiens à dire plusieurs choses. La première c’est que nous sommes, avec d’autres - et nous souhaitons de plus en plus travailler notamment en mode projet avec la CTM - à travailler sur des projets. S’agissant de votre question du référent, on est justement, aujourd'hui, en train de réfléchir à avoir une organisation qui va un peu changer. Je

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pense que d’ici septembre, elle va vous être communiquée, de manière à ce que chacun puisse avoir une organisation par filière (hébergement, restauration, activités, sport…) car effectivement aujourd’hui on a une personne qui s’occupe de l’offre, des gens qui s’occupent de la communication, des gens qui s’occupent de promotion. Cela diversifie effectivement les personnesque l’on peut avoir sur un seul projet. On va un peu changer cette organisation d’ici le mois de septembre. Mais je n’en dis pas plus. Chaque professionnel ou chaque acteur du tourisme aura un référent, quitte à ce qu’en interne, il y ait des choses qui se passent. Je vous dis qu’il y a aussi une collaboration de plus en plus forte, que l’on souhaite avoir avec les autres institutions.Cela me permet de dire également que les communautés d’agglomération auront un rôle en matière le tourisme de plus en plus fort puisque la compétence tourisme qui était jusqu’alors dévolue aux communes, sera au 1 er janvier 2017 concédée aux communautés d’agglomération. Avec tous ces acteurs, je pense qu’il a des choses à faire et concernant le CMT, l’ organisation est un peu différente. Sur les hébergements, retenez quand même le fait qu’en basse saison il y a tout plein d’hébergements qui sont vides, tout plein d’hôtels qui sont vides avec du personnel qui est là, qui n’est pas forcément occupé et qui doit être payé. Il y a la qualité des hébergements. Il y a ce schéma, tant pour trouver du financement en intégrant l’ensemble des données et en regardant quel modèle économique, en regardant

aussi la partie commercialisation qui va être faite. Ce n’est pas l’objet mais puisque cela fait deux fois que l’on parle d’hébergement, je veux quand même dire deux mots sur le schéma. Un, ce n’est pas que de l’immobilier, il y a aussi toute une partie sociale qui doit être faite. Quand je dis social, cela veut dire regarder la pyramide des âges, cela veut dire regarder la formation, cela veut dire faire en sorte peut-être d’avoir une harmonisation du temps de travail et pouvoir lisser cela avec les syndicats, etc. Tout cela pour faire en sorte que l’on ait un RBE, un résultat brut d’exploitation, qui permette tout simplement des marges, qui permette de réinvestir sur l’outil sans que l’on ait besoin systématiquement de solliciter de l’aide publique régulièrement pour pouvoir remettre à niveau les structures.

Je crois que l’on a une diversité de structures. Vous le disiez vous-même, il y a des 5 étoiles, on a des 4 étoiles. Est-ce que l’on n’en a pas suffisamment ou est-ce qu’il faut que l’on essaie de les meubler, de les remplir tout au long de l’année? C’est une première question. La deuxième, et je suis totalement d’accord avec vous, on a une hôtellerie sur laquelle il faut faire des efforts tant en termes d’infrastructures que de services. C’est ce qui a commencé à être fait sur Sainte-Luce: le RESORT HOTEL a été fait même si effectivement, on peut déplorer quelques fermetures qui montrent qu’il y avait un modèle économique sur lequel il fallait réfléchir. Avec ce schéma, je pense que l’on aura quelques réponses à un modèle économique différent quand on sait que l’on a déjà les charges structurelles qui sont bien autres que celles de nos pays voisins. Je suis prêt, pour ceux que cela intéresse, à dire plus longuement ce que comprend ce Schéma directeur hôtelier et para-hôtelier. J’ai parlé des meublés de tourisme. On a de plus en plus d’opérateurs en ligne qui commercialisent des villas de qualité. C’est vrai, peut-être que pour des équipes où il faut que tout le monde soit ensemble, cela ne répond pas à une attente, mais cela peut répondre à des attentes d’autres types de clientèle. Il y a eu une manifestation récemment, le Martinique Surf Pro. Les gens ont été logés chez l’habitant. Ils ont plutôt eu un retour positif et ont été au contact des Martiniquais et cela a permis de vivre une expérience différente.

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Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM Je vais livrer une petite expérience qui prend un peu le contre-pied de ce que vient de dire Monsieur JALTA en matière de schéma. C’est vrai qu’il y a le Schéma directeur hôtelier et para-hôtelier que l’on attend de nos vœux. Mais nous ne sommes pas à notre premier schéma en Martinique. Nous avons, et Michel MICHALON peut en témoigner, à l’époque élaboré le SDAT (schéma directeur d’aménagement du tourisme). Il y a eu beaucoup de débats autour du SDAT. On a beaucoup attendu de ce schéma. Qu’est ce qu’il en est ressorti? Il en est ressorti qu’il a fallu créer en Martinique 3 espaces d’aménagement touristique (EAT): aux Anses d’Arlet, au Vauclin et à Trinité. À ce jour, nous n’avons aucun espace d’aménagement touristique qui soit sorti. Ce que je dis là, ne date pas d’ hier matin, cela fait plus de 10 ans. Le résultat, c’est que nous avons un déficit structurel en termes d’équipements hôteliers. De facto, nous avons un déficit de structures d’équipements d’accueil et d’hébergement. La solution que l’on est en train d’essayer de préconiser aujourd’hui pour les sportifs, ce n’est pas une solution spécifique au sport parce que les îles anglophones qui ont effectivement une autre approche des choses, sont déjà dotées d’équipements. On prend même une île comme Saint-Vincent qui est beaucoup plus petite que la nôtre, ou la Barbade qui est deux fois plus petite que la Martinique, ils ont des capacités d’accueil que nous n’avons pas. L’effort à faire sur le plan structurel c’est faire en sorte que nous ayons des équipements mais pas des équipements qui datent de 30 ou 40 ans, qui répondent aux normes et aux exigences des touristes de 2016. C’est ce à quoi nous devons nous atteler. Je dirais que si nous arrivons à avoir une réponse globale, il n’y a pas de raison, par corollaire, que le monde sportif ne puisse trouver une solution.

Pierre CROCHEMAR

Porteur de projet

Bonjour à tous, Pierre CROCHEMAR, free-lance, porteur de projet. Je voudrais saluer la qualité de l’intervention de Monsieur SOUMBO car par le passé, on ne pouvait pas avoir ces chiffres. De toute son intervention, j’ai retenu deux éléments qui me semblent importants. Le premier c’est la rareté de l’argent public. Ma première question est de savoir si on a chiffré, en pourcentage, la dotation de l’État ou du département?

Le deuxième élément, Monsieur SOUMBO a parlé de la professionnalisation du sport. À quel niveau? En termes de structure? En termes de support? En termesd’éléments? Ce sont ces questions que, tout d’abord, je voudrais lui poser. Monsieur JALTA, vous avez beaucoup parlé du tourisme. La chance que j’ai, c’est de me déplacer un petit peu au-delà des océans et de voir un peu ce qui se passe ailleurs, pas seulement sur notre continent, en Afrique aussi. Je voudrais vous demander si vous avez mesuré, dans la promotion que vous faites pour la vente du produit touristique Martinique, la part du rêve? Car lorsqu’une métropolitaine, dont le mari est un athlète, dit: «j’ai la chance d’accompagner mon mari parce que j’aurai la possibilité de faire, de voir…». Vous comprenez? Cette part de rêve, est-ce que vous l’avez mesurée? J’aurai l’opportunité d’intervenir un petit peu plus tard puisque, je vous l’ai dit, je suis également porteur de projet.

Michel ROSE

Merci beaucoup de la réponse que vous avez donnée. Il ne faut pas que nous restions seulement sur les manifestations, il faut savoir aussi que vous avez des équipes qui veulent organiser des stages. Il y a des équipes qui veulent venir en Martinique pour des stages de sport (football, natation, tennis). C’est un complément d’information que je voulais aussi porter.

Grégory ALCAN

Athlète de haut niveau en reconversion Bonjour à tous, je m’appelle Grégory ALCAN, je suis athlète de haut niveau en reconversion, champion du monde de gymnastique. J’avais une question par rapport au thème «sport tourisme». Je pense qu’il y a une piste qui pourrait être intéressante c’est celle du spectacle sportif artistique. Vous avez parlé de culture, on aquand même des danses, des chants. On a une histoire aussi à promouvoir. Je trouve qu’un support, tel que la conception d’un spectacle sportif en s’appuyant sur le développement des disciplines sportives artistiques serait un moteur de la promotion de notre culture. En plus de cela, on est surtout sur des sports athlétiques (l’athlétisme, etc.) mais la faiblesse c’est que c’est une performance qui dans la lecture est très faible puisque l’on court d’un point à un autre alors que les sports artistiques, on raconte des histoires, on démontre un savoir-faire, un savoir être, des techniques qui sont ancestrales. On est africain. Je trouve que cette piste-là doit être étudiée.

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J’avais un autre point à voir avec vous. Au niveau de l’hébergement, je pense qu’en partant du principe qu’on doit promouvoir notre culture à travers les activités et disciplines sportives artistiques, cela nous engage dans une réflexion autour de l’échange culturel d’où la force des disciplines artistiques puisque cela nous permettrait en plus, de créer des champions de la promotion de notre île. Ce serait aussi un moyen d’échangeravec le monde et faire venir le monde et fusionner avec le monde à travers l’art sportif. Je pense que c’est vraiment une piste à travailler. Je connais un certain nombre de sportifs et j’ai aussi voyagé dans le monde entier. J’ai fait plus de 50 pays en 17 ans. Aujourd’hui on parle de modèle économique et l’hôtellerie est en pleine mutation. Tous les athlètes que je connais, tous les athlètes sportifs de haut niveau qui font l’actualité aujourd’hui, lorsqu’ils se déplacent dans le monde entier, ils ne pensent pas hôtel, ils vont directement sur Airbnb, ils vont chercher un appartement luxueux ou un endroit avec une superbe vue où ils vont être intégrés à la population. Je pense que l’hébergement en tant que structure, c’est complètement dépassé. Bien sûr, cela existe, il y a une économie, il faut la prendre en considération. Mais je crois qu’il faut vraiment qu’il y ait un équilibre et cet équilibre est dans la rencontre avec le Martiniquais et la promotion de la culture à travers l’échange entre les hommes. Donc attention à ces nouveaux modèles qu’il faut prendre en considération surtout dans ces débats.

Marie-Line BOUTON Présidente de la ligue de twirling-Bâton Bonjour, je voudrais intervenir en ce qui concerne le calendrier. C’est vrai qu’il a été dit qu’il serait intéressant d’étaler les événements sur toute l’année pour permettre de bénéficier du sponsoring mais surtout aussi pour permettre à l’économie hôtelière de fonctionner. Je pense qu’il y a un travail à faire au niveau des fédérations. Quand il s’agit de manifestations ponctuelles, nous pouvons choisir nos périodes. Mais quand vous êtes attaché à une fédération, il est difficileparfois de faire bouger nos calendriers des événements sportifs. Il y a un vrai travail à faire au niveau de ces structures fédérales pour qu’elles puissent comprendre que le sport n’est pas simplement le sport chez nous mais c’est aussi un moteur économique et qu’en arrêtantleur calendrier, elles doivent tenir compte d’un certain nombre de demandes. C’est de manièretrèsofficielle que nous devons leur faire des propositions en termes de calendrier. Il faut qu’elles en tiennent compte. Cela ne dépend pas toujours de nous.

Le deuxième point concerne la coordination: coordination interne en Martinique mais coordination externe également. Si nous voulons des sponsors, pas seulement en Martinique, il faut élargir le champ. Cela peut être des sponsors extérieurs. Pour cela, au niveau des médias, il y a aussi un travail porteur à faire pour pouvoir sensibiliser les médias (national, international, caribéen) pour qu’ils puissent s’intéresser aux manifestations que nous proposons pour faire connaître leurs produits. Nous savons que le tissu économique est malheureusement limité. Si un sponsor prend déjà les trois grandes manifestations qui sont par exemple le Tour des yoles, un grand match de foot ou une grosse opération comme la natation qui a été très appréciée, il sera difficile aux disciplines qui n’ont pas de visibilité de s’imposer et d’avoir un champ pour pouvoir appeler ces sponsors. Il y a vraiment un travail de coordination à faire avec la presse, avec la communication pour que cette communication soit interne mais externe également. Merci.

Tania MARCELLUS JEAN-ALEXIS

Agence Conceptuel Bonjour à tous. Tania MARCELLUS JEAN-ALEXIS, agence Conceptuel et cofondatrice avec ma voisine d’ailleurs, Armelle RAMSAHAÏ, première vice-Présidente de la Fédération des yoles rondes, du premier équipage mixte de yoles rondes. Je voulais proposer que l’on ait un outil qui, dans ce type de réflexion, me semblait important, c’est que l’on puisse faire des études d’impact. Dernièrement, la Chambre de commerce de Paris qui est très spécialisée dans ce type d’étude, faisait un rapport puisqu’ils sont propriétaires à près de 80% des infrastructures notamment du Parc des expositions sur l’Hexagone. Ils expliquaient que systématiquement pour mieux accompagner les différentes manifestations et surtout accompagner aussi les élus qu’ils soient de villes ou de communautés, il y avait des études d’impact. Souvent on pense qu’une étude d’impact ne peut être faite que si on reçoit des gens de l’extérieur. Il est expliqué que pas du tout, sur le Tour de France cycliste, vous prenez une petite commune de Bretagne ou de je ne sais où qui reçoit une étape, elle a une étude d’impact. Comment on la délimite? On la délimite de façon très simple enpartageant de la zone de chalandise. Si on a une manifestation qui se passe dans le Nord, le Nord ne sera pas concerné dans le cadre de cette étude mais tout le reste de la Martinique sera concerné.

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Si on arrive, pour nos différentes manifestations, à avoir une étude d’impact on saura réellement ce que génère tout ce que l’on met en place parce qu’on ne peut pas parler d’impact sur une île qu’avec les critères que l’on connaît habituellement, qui sont de savoir que ce ne sont que les étrangers qui sont pris dans l’étude d’impact. Aujourd’hui on ne prend ni les Guadeloupéens, ni les Guyanais et autres. Il faut vraiment, comme cela se fait dans certaines régions - en tout cas la Chambre de commerce de Paris travaille sur cette méthode - que l’on prenne conscience que l’on est une île et que l’impact aussi se fait avec un visiteur de Guadeloupe mais aussi avec quelqu’un qui vient de Saint-Pierre si la manifestation se passe à SainteAnne. C’est un peu demander que l’on puisse utiliser cet outil qui est l’étude d’impact. Merci.

Renée VICTORIN

Association Team Lam-Trail 972 Bonjour, c’est vrai que Madame, qui est intervenue juste avant moi, a dit ce que je souhaitais dire concernant l’étude d’impact et notamment l’étude d’impact concernant le trail en Martinique. J’ai entendu Monsieur SOUMBO citer le trail et je pensais qu’il aurait développé concernant le poids économique du trail actuellement mais aussi l’impact si cette activité sportive était soutenue. Il est vrai que l’association Team Lam-Trail 972, comme son nom l’indique, évolue dans le domaine et la préparation des compétitions sportives de pleine nature. Nous appelons de tous nos vœux qu’un regard particulier soit porté sur cette discipline sportive en plein essor et qu’un accompagnement nous soit proposé parce qu’on le sait bien, c’est une activité qui fédère de plus en plus de Martiniquais, que ce soient des Martiniquais aguerris, de bon niveau ou que ce soit Monsieur ou Madame tout le monde mais également des personnes qui viennent de plusieurs pays, à l’étranger et dans la Caraïbe. Il y a là, véritablement, une source de développement économique qui est importante et qui n’est pas à négliger. Merci.

Gabriel LORDINOT

Président du Comité régional de natation de la Martinique Bonjour. Je remercie encore la CTM et l’Office du tourisme pour l’aide apportée pour ces CARIFTA GAMES qui ont eu un grand retentissement. Vous aviez un chef de projet remarquable. Nous avons répondu, en grande partie, à des jeunes de la Caraïbe qui voulaient

découvrir la Martinique. Je pense que cela nous a aidés et nous avons pu leur donner envie de revenir chez nous. Juste une petite correction pour le Président. C’est l’hôtel KARIBEA qui avait reçu la délégation. Le Pierre et Vacances avait aussi été occupé ainsi que les hôtels de Fort-de-France, de Trois-Ilets et d’ailleurs. Il y a eu une grosse occupation, un grand mouvement économique autour de ces CARIFTA.

Louis BOUTRIN

Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM Juste une question. Est-ce que vous avez évalué justement les retombées économiques de la manifestation, c’est-à-dire le nombre de visiteurs que nous avons eus, le nombre de participants, de nageurs qui sont venus, les accompagnateurs? Est-ce que vous avez des chiffres là-dessus?

Gabriel LORDINOT

Oui, nous avons des chiffres mais Robert MARAJO pourra en dire plus car il avait mis en place un questionnaire. Concernant les athlètes, les accompagnateurs, nous avons des chiffres très précis. On peut les communiquer, ils sont à votre disposition. Ils ne sont pas du tout secrets.

Concernant l’attrait de la Martinique, il y a des gens qui viennent d’Europe et qui prennent rendez-vous pour pouvoir nager en mer, faire de la plongée sous-marine, etc. Il y en a de plus en plus. Il y en a aussi qui viennent au Carbet ou ailleurs. J’en connais qui viennent pour les vacances, des gens aux cheveux gris. La Silver économie peut très bien se développer avec le sport puisque notre mer c’est un peu la thalasso grandeur nature.

Tout à l’heure, le Président SOUMBO a fait une remarque, il parlait des espaces naturels mais je n’ai pas compris qu’il se soit arrêté à la plage, la mer elle-même est un terrain de jeu important que nous devons occuper. C’est cela notre prérogative à nous, Comité régional de natation. Nous avons, grâce au Président MARIEJEANNE, fait une étude d’aménagement du territoire avec 26 bassins flottants sur les sites calmes et étudiés pour. En moins de quatre mois, la commande est passée et nous pouvons mettre en place les bassins. Nous avons décidé, pour copier un peu la CTM, qu’à la rentrée prochaine, nous aurons les Assises de la natation. Nous allons surtout parler de ces bassins flottants qui font un peu polémiques puisque nous ne sommes pas tous d’accord là-dessus. C’est vrai, ce n’est pas un bassin classique et nous aurons à parler

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de ce sujet-là mais également du sport santé et du sport scolaire parce qu’il y a des perspectives très importantes du développement dans ces domaines-là. Nous allons participer en septembre, à la Fédération française de natation, à un séminaire sur le sport santé avec le sport sur ordonnance. Nous voulons au dernier trimestre de cette année, mettre en place en Martinique une formation pour permettre à nos maîtres nageurs de travailler dans leur club pour recevoir sur ordonnance le public qui va être envoyé. Nous avons déjà eu contact avec la Préfecture pour la sécurité des plages. C’est un problème récurrent. Si les plages sont occupées par des associations qui ont une activité, ce sera déjà une proximité, une sécurité pour les touristes. Cela s’est déjà vu notamment à Tartane où les gens qui étaient là ont porté secours à des touristes en perdition. Il y a un gros travail d’où l’importance de la formation et nous insistons dessus, nous avons l’arme au pied, nous attendons que la réflexion soit lancée parce qu’il y a une très forte demande qui vient même au-delà des eaux de la Martinique puisqu’en Guadeloupe, on ne nous dit rien. Nous avons les qualifications, les autorisations et j’en ai encore parlé avec le Président délégué de la commission et on va se revoir très bientôt. À propos des handicapés, il ne faut pas les oublier. Quand nous avons fait le pacte commun progression pour la natation, on a gardé une place importante pour les handicapés. Déjà en 2015, nous avons travaillé avec la ligue handisport pour former 11 maîtres nageurs, donc des gens de notre secteur qui ont reçu un agrément pour pouvoir travailler avec des handicapés. C’est un plus, puisqu’à l’assemblée générale de handisport, on en a encore parlé, ils sont invités à nos compétitions. Ce sont des échanges. Mais le gros, c’est le sport scolaire, il y a là une masse d’enfants pour qui la natation est obligatoire. La Fédération française de natation vient de signer avec l’État pour la formation des encadrants et la formation de ces jeunes. La Fédération et l’Education nationale vont travailler la main dans la main. Ce sera là encore un nombre important d’encadrants. Pour nos jeunes qui font de la natation, ils n’ont pas d’avenir. Aujourd’hui ceux qui sont formés dans le domaine de l’encadrement ont un débouché automatiquement. La natation en particulier a un très gros potentiel dans le développement économique. On a parlé des entreprises tout à l’heure. Avec les CARIFTA GAMES nous avons collaboréet il y a effectivement, dans ces milieux-là, à intéresser les gens d’où la nécessité d’avoir de

nombreux Martiniquais formés pour pouvoir répondre à ces demandes.

Daniel NISAS

Président de la ligue de handball de la Martinique Bonjour à tous. Je vais revenir un peu sur le thème que nous avons c’est-à-dire «économie et sport». Je voulais poser une question. Nous avons de plus en plus de clubs en Martinique. Nous avons beaucoup de jeunes qui partent vers l’extérieur, qui vont vers le haut niveau. Nous en avons un dans la salle. J’aurais aimé savoir ce qui est mis en place pour ces jeunes lorsqu’ils vont revenir dans leur île parce que je pense qu’ils pourraient être vecteurs pour permettre de développer le sport mais aussi vecteurs pour permettre de développer le tourisme dans l’île puisqu’ils ont fait le tour du monde, ce sont des jeunes qui sont reconnus que l’on pourrait mobiliser par la suite. C’est la première question.

La deuxième question: on a parlé tout à l’heure de mutualiser les moyens. Je crois qu’aujourd’hui, ni les sponsors, ni la Collectivité ne pourront aider tous les sports en Martinique. Est-ce qu’il ne serait pas intéressant que l’on se mette autour d’une table puisque l’on a parlé de réunir les sports et de faire un projet pluriannuel pour savoir dans quelles conditions on pourrait organiser de grandes manifestations en Martinique. Ce serait peut-être certains sports. Il y a déjà des sports comme le Tour cycliste, le Tour des yoles que l’on ne pourra pas sortir mais parmi les autres sports, on pourrait décider quels sont les sports à garder chaque année. Cela nous permettrait à nous, ligues, de travailler sur un véritable projet sur une année et ensuite l’année d’après, vous aurez une autre ligue qui va travailler sur un nouveau projet. Cela va aider aussi bien les sponsors que la collectivité.

Axel GOLD-DALG Chargé de mission IMS Bonjour. Cette fois-ci, je vais déclinerentièrement mon identité. Je suis chargé de mission à l’IMS au tourisme sportif et au sport santé. C’est vrai que j’ai eu ces volets-là, très récemment, en novembre. Aujourd’hui, dû forcément au changement de Gouvernance, on comprend tous que l’on est dans une phase de réflexion sur la thématique du sport. Ce que je ressors de tous ces débats, c’est vrai qu’ici, on est tous convaincus du bien-fondé d’une réflexion sur le sport et tous ces volets, tous ces enjeux dans notre société. Je me demande s’il ne serait pas intéressant

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de créer un organe délégataire du sport en Martinique, c'est-à-dire que le CROSMA a une délégation fédérale - vous allez me corriger si je me trompe - la DJSCS est une délégation ministérielle. On a créé une délégation pour le tourisme en Martinique, une délégation territoriale qui est le CMT. Est-ce qu’il ne faudrait pas vraiment créer un organe pour les questions du sport, pour accompagner le développement du sport en Martinique puisque c’est vrai qu’avec toutes les interventions, on se rend compte que les porteurs de projets ou les ligues, quel que soit le domaine des ligues (par exemple, pour les billets d’avion et les porteurs de projets pour les demandes de subventions), ils ont affaire peut-être à plusieurs interlocuteurs que ce soit les institutionnels… Même parmi les institutionnels il y a plusieurs organes: la CTM, le CMT, les communautés d’agglomération.

Comme je le disais, est-ce qu’il ne faudrait pas créer un organe centralisateur qui reçoit les acteurs du sport et qui puisse les accompagner mais qui n’est pas vraiment un référent puisque vous avez parlé d’un référent au niveau du CMT, mais un référent, si c’est une ou deux personnes, je pense que ce sera compliqué d’accompagner surtout les volets. C’est pour cela que je me dis, que créer vraiment une structure avec un service qui peut étudier toutes ces demandes, que ce soit économique, que ce soit dans l’élaboration des projets avec l’incorporation de la culture, du patrimoine, etc. Ce serait vraiment une équipe consacrée à cela et non pas un référent au CMT, un référent à la CTM ou un service des sports à la CTM. Je ne sais pas s’ils sont très nombreux mais qu’il y ait vraiment une équipe, un organe qui soit dédié à ces questions-là.

Gilles CAZENAVE

Photo 360°

Juste une remarque. J’ai été surpris par la question de Monsieur BOUTRIN posée à celui qui a organisé les CARIFTA GAMES: a-t-il une étude de chiffres? Il y a eu deux interventions sur les études d’impact qui sont essentielles et importantes. Aujourd’hui, c’est de savoir si vous avez l’intention ou pas justement de pouvoir mesurer l’impact du sport en Martinique tel que cela a été présenté par Monsieur SOUMBO? J’ai eu un peu peur au départ dans votre présentation, parce que vous avez beaucoup parlé du national et après, vous êtes passé à la Martinique. Mais je crois que le focus n’est pas assez important parce que lorsque l’on veut parler d’économie, d’argent, lorsque l’on va voir des sponsors privés puisque vous l’avez dit

aussi, il ne s’agit pas de demander simplement à la collectivité ou aux collectivités de nous aider à 80% ou 60%, c’est d’aller voir aussi des partenaires avec des chiffres et leur dire: «Je veux organiser tel événement, voilà ce que cela a rapporté, voilà qui vous allez atteindre». Savoir s’il y a une étude qui a été ou sera menée en ce sens. C’est important.

La deuxième question c’est de savoir si aujourd’hui, dans cette salle il y a des médias non pas pour filmer ou photographier l’événement d’aujourd’hui mais pour participer aux débats car encore une fois, Monsieur SOUMBO, quand vous avez présenté votre PowerPoint, vous avez parlé de l’impact des médias dans le développement et de la diffusion du sport et ce que cela a pu ramener en termes d’argent. On passait de 1,5million à 400millions. Il serait peut-être dommage qu’il n’y ait pas de médias aujourd'hui pour aussi parler de la volonté ou de ce qui pourrait être fait en matière de sport parce qu’on ne peut pas faire ou vendre du sport sans médias et il serait vraiment dommage qu’ils ne se soient pas déplacés sachant qu’il y avait ce thème aujourd’hui, non pas pour filmer mais pour pouvoir participer au débat.

Grégory ALCAN

Athlète de haut niveau en reconversion Je voulais revenir sur la valorisation des sportifs de haut niveau dans l’économie du monde sportif. On a de nombreux Martiniquais, j’en connais un paquet, de sportifs médaillés internationaux qui ne sont pas utilisés de façon pertinente pour pouvoir faire le lobbying. Pas que faire des images parce que l’image c’est sympa, avoir un contrat de 30000€ juste pour promouvoir la banane, c’est super. Je ne dénigre pas. Mais le sportif de haut niveau, c’est plus que cela. Il fait des études. La majorité des athlètes de haut niveau doit se conformer au triple projet, donc être excellentà l’école, excellent en sport et pouvoir aussi construire son parcours professionnel. Je pense que le rôle des institutions, c’est peut-être aussi d’identifier l’ensemble de ces athlètes qui ont parcouru le monde, qui ont une notoriété internationale pour pouvoir les appuyer, par exemple, dans l’intégration au plus haut niveau des organisations, des fédérations par exemple, ou encore dans les organisations caribéennes où ils vont pouvoir porter leur voix et être vraiment force de proposition, par exemple, pour rafler un marché, pour aller chercher des marchés tels que l’organisation d’un championnat du monde en Martinique ou encore appuyer les événements de natation, etc. Je pense

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que l’athlète martiniquais, en règle générale, est vraiment sous-employé.

Germain SOUMBO

Président du CROSMA

Merci pour vos bons mots. J’ai oublié de remercier tous ceux qui m’ont fourni quelques chiffres locaux par mail pour construire le document et principalement, Isabelle MALBOROUGH car si sur les idées, le contenu est important, c’est Isabelle MALBOROUGH qui a mis en forme le PowerPoint. Je voulais la remercier vivement. Rapidement puisqu’il faut être court. Toutes les interventions rassemblent deux réflexions: c’est quand même bizarre que la Martinique qui fournit des athlètes de très haut niveau depuis l’après-guerre nepuisse pas s’organiser pour exploiter leur image. C’est un pays touristique. Je réponds à MonsieurCROCHEMAR, le sport doit sortir de son bénévolat volontaire, courageux pour se professionnaliser à tous les niveaux. On n’a pas le temps de répondre à la questionprécisément mais à tous les niveaux, travailler avec tous les secteurs. L’impact économique est là, il est clair. Vous l’avez vu sur les aspects sociaux, on n’y revient pas. Il y a un travail de fond. Dessiner une politique publique, c’est se mettre ensemble. L’une des réponses de coordination c’est la Conférence territoriale du sport. Tous les acteurs majeurs se rassemblent, nous l’avons déjà sur le haut niveau à l’initiative de la jeunesse et des sports. Nous le faisons déjà pour certains secteurs mais il faut élargir une Conférence des décideurs du sport, évidemment avec la CTM en tête qui donnera le « la » sur l’orientation du sport. Dans le projet sport industrie que le CROSMA propose, cela a été un peu audacieux même parfois interrogatif pour certains, mais il me semble clair, les études le montrent, le sport sera sociétal ou ne sera plus. J’ai entendu parler de sport santé, de tous ces domaines, et cela me semble incontournable. Je n’ai malheureusement pas le temps de développer mais cela me semble bien. Maintenant, la valeur marketing du sport évidemment passe par les médias. Rien n’est organisé. On vient ici, on filme à peine la banderole, les médias n’ont pas de consignes, il n’y a pas de protocole. Il faut que le marketing du sport soit organisé, il faut que nous ayons un rapport concret avec les médias, des protocoles précis et les partenaires dedans. Nous avons maintenant des accords avec le MEDEF et le privé. Les choses vont s’organiser. Il faut que nous sortions de deux choses: l’empirisme parce que le volontariat, le bénévolat est une force, mais cela ne nous empêche

pas d’être professionnels. Sortir de l’empirisme, professionnaliser et surtout - un mot très important que nous soyons tous ensemble. Nous sommes un millefeuille, et si chaque feuille regarde dans son sens, on a aucune force. Si toutes les feuilles se mettent à regarder dans le même sens, on est toujours plus intelligent ensemble et je suis persuadé, vous l’avez vu dans les chiffres, que le mouvement sportif pèse identitairement et démographiquement dans la Martinique, c’est pourquoi nous devons à notre jeunesse un grand projet sportif martiniquais parce que le sport martiniquais a beaucoup contribué à l’international et le sport martiniquais doit construire notre société.

Louis BOUTRIN

Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM Comme d’habitude, je ne vais pas faire une conclusion type synthèse mais je vais prolonger la discussion que nous avons eue ce matin. Sans oublier de remercier à la fois Monsieur JALTA pour le CMT et Monsieur SOUMBO pour le CROS. J’en profite pour remercier également ses prédécesseurs, je pense à Gérard LACOM ici présent que je vous demande d’applaudir. On l’oublie, parce qu’il a la casquette des yoles, mais il a été à la tête du CROSMA pendant de nombreuses années, Alain DÉDÉ. Toutes ces interventions nous ont permis, pas seulement d’effleurer mais d’approfondir la thématique sur sport et économie. Cette thématique s’inscrit dans le droit fil de la philosophie même des Assises du sport et vous avez bien compris que nous allons, par le partage de nos expériences, pouvoir faire avancer les disciplines. Il y a quelques points qui méritent, de mon point de vue, un approfondissement. Cela veut dire que nous avons posé les premières pierres mais l’édifice est en construction. Il y a, à travers l’économie sociale et solidaire, le poids économique du bénévolat. Une étude avait été menée, à l’époque, par le CNOSF là-dessus, mais localement nous n’avons pas une étude actualisée pour savoir, au regard du nombre d’heures passées par les bénévoles dans le monde sportif et dans les activités sportives et quand on regarde le prix horaire, si cela avait une valeur sur le marché du travail, vous allez être surpris, c’est considérable ce que le bénévole amène au sport. La première source économique du sport c’est l’économie sociale et solidaire, c’est le poids du bénévolat dans l’économie. Monsieur NISAS de la ligue de handball nous demandait ce que l’on pouvait, effectivement,

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apporter aux sportifs. J’ai presque envie de reprendre la fameuse phrase de John Fitzgerald KENNEDY et de lui dire «Ne demandez pas ce que votre pays peut apporter pour vous mais demandez ce que vous, vous pouvez apporter pour votre pays». C’est là toute la mutation du regard que nous devons avoir et qui me permet de rebondir.

Il y a effectivement un certain nombre de sportifs de haut niveau qui, au niveau international ont brillé et là encore, quand on regarde le retour, généralement ce qui se passe, c’est qu’ils n’apportent pas leur expérience et leur savoir-faire. Qu’est-ce qu’ils essaient de faire? On n’a pas de langue de bois. On essaie d’avancer. Généralement, ils frappent tous aux portes des collectivités pour essayer d’avoir un emploi dans la Fonction publique. Je trouve cela dommage d’avoir une expérience de haut niveau, d’être confronté à toutes les problématiques de l’économie du sport et de ne pas enrichir son pays et essayer, j’ai presque envie de dire, ce n’est pas péjoratif, c’est humain et c’est tout à fait légitime, de manière tout à fait égoïste, d’essayer de se caser plus que d’apporter. Je trouve cela un peu dommage. Il y a des exemples pour être un peu concret, de sportifs de haut niveau qui ont été médaillés olympiques et qui sont revenus dans leur pays pour apporter leur contribution. Mais vous savez, ce n’est pas facile, nul n’est prophète en son pays. Regardez l’exemple de Marie-José PEREC, je ne vais pas citer son palmarès, vous le connaissez tous, mais PEREC a été Présidente de la Ligue d’athlétisme en Guadeloupe et vous avez bien compris comment cela s’est terminé, par une démission retentissante et par une image ternie de cette grande athlète. Ce n’est pas toujours évident d’apporter son savoir-faire si effectivement on vient dans un terrain qui est un terrain de la concurrence, un terrain de la compétition. En Martinique, nous avons un bel exemple, Max MORINIERE qui est revenu. Il est président actuellement de la ligue d’athlétisme. Il apporte son expérience sur le haut niveau, sa vision du développement d’une discipline qu’il connaît bien. Nous avons aujourd’hui à mesurer l’impact du sport. Fort heureusement, nous n’avons pas parlé puisque nous en avons ici très peu, de l’argent qui circule j’ai presque envie de dire l’économie souterraine du sport car nous n’avons pas de professionnalisme mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas une circulation d’argent dans le sport amateur local. Autre point qu’il me semble important que l’on puisse aborder, je l’avais noté, c’est le problème de l’impact

qui a été évoqué tout à l’heure. Quel est l’impact des manifestations sur le sport? L’exemple des CARIFTA: tant de nageurs ont été invités, tant d’accompagnateurs. Ils ont été hébergés pendant sept jours. Quand on va examiner les chiffres, on verra effectivement que nous avons intérêt à ce que la Martinique devienne une destination de manifestations sportives de haut niveau. L’étude peut être faite, soit par le CROS ou les collectivités mais l’étude peut aussi être faite par des agences privées qui font ce travail et qui peuvent elles-mêmes demander à Ipsos de faire ce type de travail.Ils ont un département à la fois statistique et à la fois étude d’impact. Ils peuvent effectivement faire des études d’impact sur le sport. La porte n’est pas fermée. On voit qu’il y a eu des propositions intéressantes. J’en ai noté quelques-unes.

Marius NARCISSOT, si tu en as noté, c’est le moment. C’est la conception du spectacle sportif culturel qui me paraît intéressante à reprendre dans nos travaux et l’interpellation sur le bureau en charge du tourisme sportif qui n’existe pas effectivement au sein du Comité martiniquais du tourisme. Un dernier point pour conclure définitivement, c’est celui qui a été abordé sur sport et médias. Une thématique que nous allons développer prochainement, dans deux séances. Pour autant, vous avez bien compris que pratiquement toutes ces thématiques sont transversales puisque sans médiatisation et c’est Madame BOUTON qui l’a très bien exprimé, les petites ligues qui n’ont pas de visibilité n’attirent pas les sponsors.De ce fait, elle souhaiterait qu’il y ait une répartition plus équitable de la lisibilité de certaines disciplines. Avec les Jeux Olympiques qui arrivent, c’est l’occasion de découvrir des disciplines qui sont très nobles, très belles qui demandent énormément d’abnégation et énormément d’investissement. Mais malheureusement, les choses sont ainsi faites, ce sont les grandes ligues qui attirent les sponsors. Parmi les grandes ligues qui attirent les sponsors, Mesdames et Messieurs, nous allons parler de celui qui est un aspirateur de sponsors, parce qu’il a entre 70m² et 100m² de voilure pour les deux voiles. Ils ont de la surface pour pouvoir attirer de nombreux sponsors. Vous voyez que la transition est toute trouvée pour parler des yoles et je laisserai à Marius NARCISSOT qui estle Président de la commission des sports de l’Assemblée de Martinique, le soin de vous dire quelques mots.

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Marius NARCISSOT

Président de la Commission Politique des Sports, CTM Juste compléter ta synthèse pour insister sur deux points. Ce sont vraiment les opportunités à saisir. Germain SOUMBO a effectivement parlé du sport industrie, le sport d’entreprise et du tourisme mais dans le lien entre tourisme, économie et sport, il y a quand même un élément à prendre en compte, c’est cette notion de sécurité. Que la destination ne soit pas seulement la carte postale mais montrer qu’il y a l’aspect sécurité. Monsieur JALTA a insisté énormément là-dessus: l’aspect sanitaire et le savoir-faire des professionnels.

Un dernier point sur l’opportunité c’est la mutualisation c'est-à-dire le travailler ensemble et la manière d’harmoniser les calendriers.

Un point faible qui reste vraiment à améliorer, c’est la question de l’hébergement. Là, on voit bien, au-delà du manque d’infrastructures qui constitue une carence très forte, Monsieur ROSE tout à l’heure a insisté sur la notion de stage, de manifestations mais je crois qu’il y a effectivement un aspect très important sur l’hébergement et je ne sais plus qui, dans la salle, a insisté lourdement sur le transfert de la compétence tourisme vers les communautés d’agglomération. Ce doit être aussi une opportunité à saisir pour nous permettre de combler ces carences.

Louis BOUTRIN

Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM Je vais terminer par un point qui sera un point de renvoi. Cela a été évoqué dans la salle, on ne peut pas le laisser passer. Ce sont les grandes manifestations qui doivent être prises en compte. Une des décisions de la CTM qui sera partagée avec vous, c’est de sélectionner 10 à 12 manifestations dans l’année puisque l’on ne pourra pas tout financer. Je crois que c’est Monsieur NISAS qui faisait cette proposition. Pourquoi? Il va falloir avoir des critères pour qu’une manifestation soit labellisée «grande manifestation».

Je prends un exemple, nous sommes entre nous, on se dit les choses. Quand la nouvelle gouvernance est arrivée aux affaires, il y avait une compétition qui s’appelait «Les 6 jours de la Région Martinique» (tour cycliste). Il y a eu un basculement. La CTM arrive et sans nous avoir consultés, les organisateurs, ils ont cru bien faire, et ont dit «Les 6 jours de la CTM». Sauf qu’il y a un hiatus, c’est peut-être un parallélisme des formes sur le plan institutionnel mais sur le plan politique il n’y a pas de parallélisme des formes. J’ai interpellé le Président MARIE-JEANNE là-dessus. Nous avons certes,

dans la continuité administrative, instruit le dossier et nous avons donné une subvention. Mais nous avons réuni les organisateurs parce qu’il y avait des problèmes de sécurité, à un point tel que la sécurité à la fois des spectateurs et des cyclistes étaient en cause. Il y a eu un accident relativement grave. La manifestation qui devait arriver parmi les six jours, à la cité DILLON, la ville n’avait pas livré les barrières Vauban. Il y a eu un grave problème. Vous comprenez tout de suite qu’on entre sur un autre terrain, celui de la responsabilité pénale du Président de la CTM et que nousne pouvons pas labelliser toutes les manifestations, ce qui nous impose aujourd’hui de poser des critères pour qu’une manifestation soit labellisée CTM. Il y a le Tour cycliste, le Tour des Yoles, maintenant le surf, un certainnombre de manifestations que nous allons accompagner,mais avec des exigences notamment en termes de sécurité et notamment sur l’image que l’on véhicule.

En réponse à cette question, nous allons, lors de la thématique sur le financement du sport et les collectivités, développer plus sur ces critères que nous allons proposer. On partira, avec une douzaine de manifestations et on verra quelles sont les autres manifestations qui vont pouvoir entrer dans ces critères et faire en sorte que la liste puisse éventuellement s’enrichir. En tout cas merci de votre écoute et nous allons passer au deuxième thème. Mèsi an pil, mèsi an chay.

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Samedi 9juillet 2016 Sport et économie

Samedi 9juillet 2016 Quel avenir pour le tour des yoles rondes

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QUEL AVENIR POUR LE TOUR DES YOLES RONDES ?

L’organisation d’une course de grandes yoles avec nos19 embarcations a un coût de 14000€. L’organisation d’une course de bébés yoles avec nos21 embarcations a un coût de 6500€.

Dans ce calendrier, nous avons la plus grande manifestation qui s’appelle le Tour de la Martinique qui dure pendant 8 jours. Le coût de ces manifestations et particulièrement du Tour, nous l’avons calculé en 2003. En 2003, nous avons un budget, ce que nous appelons le budget impliqué et le budget concerné. Pour bien comprendre, lorsque vous mangez une omelette au jambon, la poule est concernée et le cochon est impliqué. Donc pour ceux qui sont directement concernés par cette organisation, en 2003, le coût s’élevait à 356000€ en tenant compte d’un certain nombre de critères que nous avions et le budget concerné s’élevait à 1457693€. Ce sont les chiffres que nous avions arrêtés à cette époque.

Aujourd’hui, avec la Fédération, le budget impliqué est de 1220000€. Si nous rentrons dans le budget concerné, il faudrait peut-être le multiplier par 3 voire 4.

Mesdames, Messieurs, bonjour. Nous avons un thème «Quel avenir pour le tour de Martinique des yoles rondes?». C’est une question ouune affirmation? Je vais essayer de vous donner quelques informations que vous connaissez sûrement, pour bien comprendre ce que nous entendons, par l’avenir du Tour de Martinique des yoles rondes.

La yole ronde est gérée par une fédération, la Fédération des yoles ronde de la Martinique. C’est une association loi 1901. Elle date de 1972. Elle a 44 ans. Nous disposons de 27 associations, 780 membres. Nous avons 19 grandes yoles (10,50 mètres) et nous avons 21 bébés yoles de 6 mètres. Voilà un petit peu ce que nous avons comme associations et également comme yoles de compétitions

Nous avons un calendrier de courses de yoles de l’année avec 9 journées de bébés yoles, 14 journées de grandes yoles. Cela veut dire que sur les 52 dimanches de l’année, il y a 23 compétitions.

Nous avons un nombre de supporters que nous estimons autour de 5000 pour chaque manifestation et sur le Tour, nous enregistrons quand même à 250000 spectateurs. Ce qui veut dire que pour un budget impliqué de 1220000€, nous dépensons 404000€ pour donner du plaisir à tout ce monde.

Ce Tour a des retombées: des retombées en amont et en aval. En amont puisque c’est une volonté dans notre organisation, nous allons tout de suite retrouver la yole ronde dans le système éducatif. Nous l’avons vérifié, puisque dans la ville du François, nous avons fait des rencontres avec, à l’époque, les instituteurs et quand on pose une question aux enfants du François sur des thématiques que mettaient en place les enseignants sur les couleurs, sur les formes: «c’est quoi le jaune?». Ils vous répondaient: «la yole Rosette» tout simplement parce que la relation était faite tout de suite. Il y a également le «plan collège voile» qui a été mis en place par le Conseil Général mais aussi «le défi des lycéens». Nous avons fait tout un travail avec une possibilité d’option au baccalauréat et il y a eu la yole université avec Simone FEDEE.

La yole a également un impact sur le tourisme. Il y a beaucoup de manifestations et particulièrement le

Thème 8
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Samedi 9juillet 2016 Quel avenir pour le tour des yoles rondes ?

Quel avenir pour le tour des yoles

Martinique Yole Festival. L’important c’est d’arriver à prendre en compte l’aspect touristique et notre aspect sportif. Il y a eu également la yole à la Foire de Paris puisque nous étions le thème de la foire, il y a deux ans. Ce thème a été repris, pendant 3 ans, par le SCT c’est-à-dire le Salon caribéen du tourisme.

L’économie: je veux simplement dire que la yole a un impact terrible, aussi bien pendant la période scolaire mais il fonctionne pendant les vacances. Le Tour permet de mettre en branle toute cette organisation: les hôtels, la restauration, tout cela fonctionne énormément à travers la yole dans l’économie de la Martinique.

La yole a également une implication énorme dans l’un des secteurs comme la musique. Nous connaissons Dédé SAINT-PRIX, pas mal d’artistes sur l’art, sur la littérature. Plusieurs de nos députés nous ont fait remarquer que dans les salons privés du Président de la République, ils ont retrouvé, à plusieurs reprises, notre livre Yole ronde.

La yole a également un impact terrible puisque nous avons des images fortes qui ont véhiculé à travers le monde particulièrement celle du Prince héritier du Danemark à la barre d’une yole qui est venue saluer la reine sur le pont du Cap Est.

Une image forte également celle de Monseigneur MERANVILLE qui a remis une yole miniature au Pape Jean-Paul II. Cette yole est exposée au Vatican et certains ont même pensé que cette embarcation ressemblait à celle de Simon qui a fait la pêche miraculeuse sur le lac de Jérusalem.

La santé, c’est quelque chose d’important. Nous avons un village santé de 300m² sur le Tour de Martinique des yoles. On y trouve plus de 25 associations et professionnels de santé.

Le dernier bilan que nous avions eu nous avait fait remarquer qu’autour du thème de la violence, nous avions un stand sur lequel nous travaillons avec le réseau sexualité, plus de 650 personnes sont venues discuter et chercher de l’aide sur des problèmes de violence, pendant le Tour de la Martinique.

Nous avons également, dans ce bilan, constaté que sur le dernier village, plus de 1600 personnes sont

venues rencontrer les acteurs de santé pour avoir des informations et notre objectif était de donner des informations pour réduire les inégalités face aux problèmes de santé et face aux problèmes de couverture sociale. Cette année, le tour arrive, et le thème de ce village sera «Tout’vwèl déwo pou la prévansyon!».

Le Tour de la Martinique c’est un événement en deux parties: une partie sportive et une partie animation. Une partie sportive car c’est une compétition de très haut niveau: 8 jours de compétition; 3 à 5heures de navigation c’est-à-dire qu’on a pas le temps de s’asseoir. Le vainqueur c’est l’embarcation qui fera le tour de la Martinique dans le temps le plus court.

Cette organisation implique tous les services: la CTM, l’association des maires, les EPCI, les villes, les servicesde l’État (la gendarmerie, la Douane, la Direction de la mer, la préfecture) et tous les organismes de santé (le SDIS, la Croix-Rouge, la protection civile, la SNSM, la police nationale et également le Samu). Bien sûr, à côté de cela, tous les services techniques des mairies.

La gestion de cette compétition demande une maîtrise de l’ère de compétition: non seulement une maîtrise de l’ère mais une protection. Je veux parler de la mer. Pour cela, il nous faut une implication, fort heureusement nous l’avons, de nos marins-pêcheurs qui nous aident énormément pour la sécurité et la gestion de cette compétition.

L’animation, c’est également quelque chose de très important. C’est justement ce qui fait cette liaison entre la compétition et l’animation pour donner un événement tel que vous le vivez chaque année. Bien sûr, nous avons ce village du Tour. C’est un espace particulier, privilégié dans lequel nous allons retrouver: nos artistes, le podium de la Fédération où beaucoup de gens vont venir s’exprimer, nous aurons des espaces dédiés à nos différents partenaires, nous aurons des espaces dédiés à l’ensemble des commerçants ambulants et nous aurons également cet espace, ce lieu de vie où la famille vient se rencontrer autour du Tour. À côté de ça, c’est tout ce suivi en mer avec ces journées en catamaran, ces nombreux bateaux que vous voyez sur la mer.

Une explosion entre le mois de juin et juillet des permis bateau. Une relation que nous avons avec la Direction de la mer qui montre que les gens comprennent que l’on ne peut pas venir sur le Tour comme cela et

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également une explosion dans l’achat de bateaux et de réparation de moteurs. Une partie de l’économie fonctionne.

Nous avons également ce que l’on appelle la Yole Fashion Week. C’est ce développement de la beauté, l’envie de paraître dans des tenues extraordinaires pour suivre le Tour.

Les médias également fonctionnent: 4heures de direct par jour sur Martinique Première, 4 pages de France-Antilles tous les jours sur le Tour et des reportages de tous les médias autour de cette manifestation mais également, nous voyons de plus en plus des médias nationaux comme Tropiques FM, Sun FM, qui viennent quasiment en direct sur notre manifestation et également France Ô.

Nous avons eu également par le passé la présence de télés comme TF1 ou Canal+ et beaucoup de médias de la Caraïbe qui sont venus autour de notre manifestation.

Aujourd’hui, comment et pourquoi financer la yole ronde?

C’est une question que nous nous sommes posés depuis très longtemps. En mettant en place un plan avec un certain nombre de choses précises à faire pour arriver aujourd’hui où nous sommes. Il fallait être et il faut toujours être le premier dans le cœur des Martiniquais.

Nous nous sommes dit aussi qu’il fallait être premier et être une référence dans l’action politique. CESAIRE a dit: «Si j’étais jeune, je serais un yoleur». Dans notre approche et dans nos souvenirs, je me retourne vers mes amis de la CTM, nous avons créé la CTM. Cela s’est passé le 6août 2000 sur le bateau de la Fédération des yoles rondes, il y avait le Préfet Michel CADOT, un homme d’État consensuel, et également le Président d’honneur Monsieur CHARRON. Monsieur CHARRON me regardait et me disait: «Il faut qu’ils soient tous avec nous». Nous étions sur l’étape du Marin qui nous conduisait au François, à l’arrivée du Tour, et nous sommes partis près des bateaux comme tout un chacun, nous avons tous embarqué, nous sommes arrivés au François devant tout un peuple et Bernard BOURDONNE, qui était là, a immortalisé ce bateau sur lequel il y avait Alfred MARIE-JEANNE, Claude LISE, Serge LETCHIMY, Yvon PACQUIT. Quelques années après, nous nous retrouvons à la CTM. C’était le 6août 2000.

Il fallait que nous soyons le premier dans le choix des budgets des différentes entreprises. Il fallait que chaque entreprise qui avait envie de se reconnaître dans une manifestation sportive pense à la Yole ronde.

Entre le premier Tour de la Martinique et aujourd’hui, il y avait 7 yoles au départ et 104 entreprises martiniquaises pour sponsoriser les associations des yoles. En 1987, Brasserie Lorraine, cela fait 29 ans. En 1988, Rosette, cela fait 28 ans. Ho Hio Hen est resté 18 ans. GFA: 16 ans. COTRELL: 14 ans. 56 entreprises sont partenaires de l’organisation. Certains étaient sur les yoles comme Royal Soda qui sont revenus à l’organisation. D’autres viennent de l’extérieur. Ce sont des entreprises qui sortent de l’extérieur et qui viennent de plus en plus avec nous.

La yole ronde vit au cœur de la Martinique. Sur le Tour de l’année 2008, toujours dans la baie du François, une arrivée d’étape: sur une yole, des amis que nous connaissons bien étaient là avec une grande banderole«Péyi-a sé ta nou». En février2009: la grève. La Martinique a été bloquée. Pas de carnaval. La rentrée de septembre2009 était compromise et compliquée. Nous avons pris le pari de faire ce Tour de la Martinique. Les entreprises nous ont suivis. Le monde politique nous a suivis parce qu’il fallait absolument une soupape de sécurité à cette époque, pour pouvoir faire la rentrée.

Quel avenir pour le Tour de la Martinique? Aujourd’hui, notre financement est à 62% par le secteur privé et 48% par le secteur public. La réflexion que nous avons menée depuis pas mal d’années continue. Nous avons également demandé, il y a très longtemps justement, cette étude d’impact de la yole ronde dans l’économie de la Martinique. Les choses se font petit à petit et elles avancent.

Nous avons également fait une étude sur «Comment organiser justement les différentes charges des collectivités autour de cette manifestation ?»

Nous avons également fait faire une étude par l’entreprise Mots d’Ici sur «Comment internationaliser le Tour ?»

Nous avons également travaillé avec Amaury Sport Organisation (ASO) sur «Comment organiser ce Tour de la Martinique pour avoir le maximum de recettes?». Avec ASO, nous avons essayé de rentrer au cœur de la

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Samedi 9juillet 2016 Quel avenir pour le tour des yoles rondes ?

Quel avenir pour le tour des yoles rondes

manifestation et voir comment développer un certain nombre de choses pour que les partenaires soient toujours avec nous. La discussion continue puisque nous avons voulu et nous espérons arriver à mettre en place ce partenariat avec ASO qui nous permettra ou permettra à ASO de proposer le Tour de la Martinique comme un produit d’appel. C’est-à-dire que la relation que nous aurons avec ASO - sachant que les gens se bousculent pour rentrer comme partenaire sur le Tour de France - s’établirait de la façon suivante: «Vous voulez rentrer sur le Tour de France, commencez à sponsoriser un certain nombre de manifestations, particulièrement le Tour de Martinique des yoles rondes».

Avec ASO, nous avions également réfléchi à ce qu’ils appelaient à l’époque la troisième dimension. Comment sur une manifestation mettre des paris? ASO n’est pas encore arrivée et j’ai compris, particulièrement hier soir, les difficultés puisqu’avec l’ingénieur chargé de ce sujet, Arnaud SENTIN, il me faisait remarquer, tout comme le Tour de Martinique des yoles rondes, que le Tour de France est une manifestation grand public. C’est une manifestation qui est tout près du public. C’est une manifestation qui se fait avec beaucoup de partenaires. J’ai compris justement la difficulté, je ne sais pas si vous l’avez vu hier, quand l’arche gonflable de Vittel est tombée sur le peloton, je me suis dit: «Effectivement, je comprends qu’il y a des risques à ne pas prendre». Heureusement, c’était à 10 kilomètres de la ligne d’arrivée. Si c’était tombé sur les premiers c’eût été compliqué.

Comment, avec une société commerciale adossée à la Fédération des yoles rondes, nous pourrons optimiser nos ressources? C’est un travail qui a commencé depuis très longtemps. Jean-Michel PLACIDE qui est membre du Conseil d’administration travaille énormément sur ce dossier. Les statuts sont déjà prêts. Le Cabinet d’affaires travaille avec nous. Les choses devraient aller très vite.

À côté de cela également, avec Philippe JEAN-ALEXIS, toujours membre du Conseil d’administration, nous travaillons sur la reconnaissance d’utilité publique. Là encore nous pourrons avoir un certain nombre d’ouvertures avec ces deux instances.

Ensuite, nous posons la question: comment organiser une manifestation avec autant de bénévoles? Comment passer justement du système du bénévolat à un système professionnel? Comment travailler comme une entreprise quand on a autant de bénévoles? Ensuite, nous nous sommes posés la question et nous sommes en train d’y arriver. Comment utiliser toutes les nouvelles technologies pour pouvoir réussir et conforter notre avenir? Il y a quelques années, nous disions aux Martiniquais avec la main: «Regardez l’horizon». Quand on regarde l’horizon, on ne voit plus le bout de son nez mais on fait des projets à très long terme. Aujourd'hui cette main ne sert plus à regarder l’horizon mais elle sert à utiliser cela (désignant un téléphone). Avec cela, nous avons développé une application «yole365» avec Jean-Yves AGLAE qui est dans la salle. C’est un yoleur, il est au cœur de

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la manifestationet avec une série de jeunes comme lui, de talent, nous sommes en train de développer cette application qui permettra à tout un chacun, chez lui, partout, juste avec son téléphone de savoir où est sa yole, à quelle position elle est, où sont les autres concurrents, qu’est ce qui se passe pour cette association. Toutes les informations et tout ce qui se passe aussi bien sur le village santé que sur l’animation sera à portée de main de tousceux qui veulent suivre notre Tour de la Martinique des yoles rondes.

Quand on regarde un peu autour de nous, nous constatons qu’il y a un certain nombre d’établissements comme la yole gran moun, c’est un établissement qui s’occupe du bien-être des personnes ayant un certain âge. Quand on regarde l’ancien logo de la CAF, la caisse d’allocations familiales, c’était une yole. Quand on regarde du côté de l’Étang z’Abricot, il y a actuellement un pôle technologique qui s’occupe du bien-être et qui est à la pointe avec les médecins, sur l’état de santé de tous ces gens. Cet édifice s’appelle «la Yole».

Je me retourne vers mes anciens copains, Gérard LACOM, Gabriel LORDINOT, Jean TRUDO. La question a été posée ici dans cette salle, la semaine dernière: «la Martinique a-t-elle besoin d’un emblème pour le sport?» Nous nous étions dits, il y a quelques années: «Si on remplaçait les quatre serpents par une yole». Je vous remercie, Mesdames et Messieurs.

Vous avez bien compris que si nous avons décidé de mettre la yole à l’ordre du jour des Assises du sport martiniquais, c’est que cette discipline occupe une place particulière dans le cœur des Martiniquais. Cette discipline a dépassé son caractère sportif, elle a une dimension culturelle, traditionnelle indéniable.

À travers cette thématique, nous avons voulu interpeller, pas seulement la Fédération, mais interpeller les acteurs publics également le mouvement sportif sur le devenir de cette discipline. Je profite, au nom du Président Alfred MARIE-JEANNE, pour rendre un hommage à Alain DÉDÉ qui a amené la yole aujourd’hui au stade où elle se trouve et fait en sorte que cette discipline obtienne une notoriété aussi considérable et une lisibilité, j’ai presque envie de dire, internationale. En tout cas, bay an lamen.

Vous pensez bien qu’avec l’option yole au bac, bébé yole, défi des lycéens, on a transformé la société yoles rondes en une véritable fédération sportive. Que de chemin parcouru grâce à cet homme.

Néanmoins, nous sommes des décideurs publics et nous sommes en responsabilité. Nous avons la lourde responsabilité de gérer l’argent de vos impôts, l’argent de vos enfants puisque vous nous avez mis en responsabilité, c’est pour assurer cette mission. Nous n’allons pas faire comme l’autre, nous n’allons pas trahir notre mission comme le disait FANON, mais nous allons l’assumer. Pour pouvoir assumer cette mission, il va falloir aborder les vraies questions, c’est-à-dire que nous ne remettons pas en cause le chemin parcouru, nous ne remettons pas en cause ce que les yoles symbolisent aujourd’hui mais ce que nous disons aujourd’hui c’est qu’il faut avoir une réflexion collective sur le devenir de cette discipline.

Une raison bien simple, Alain DÉDÉ l’a dit tout à l’heure, même si nous n’avons pas à quelques centimes

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Louis Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM Samedi 9juillet 2016 Quel avenir pour le tour des yoles rondes ?

Quel avenir pour le tour des yoles rondes

près les mêmes chiffres, j’avais eu l’occasion, à travers un ouvrage que j’avais écrit sur le sport à la Martinique, de me pencher sur les yoles qui était une discipline, en matière d’enjeux économiques. Les chiffres qui sont dans le livre, c’était des chiffres de la société à l’époque des yoles rondes. Dans le financement du Tour des yoles, on a retrouvé, à peu près, les mêmes chiffres. L’année de référence, je la reprends, c’était 1993 - c’est ce que tu as pris - il y avait une manifestation qui coûtait à l’époque - c’était en Francs, nous n’étions pas encore passés à l’Euro - 1172075francs pour le Tour des yoles. Il y avait une participation publique à hauteur de 555000francs - à peu près ce que tu as donné et une participation privée de 617075francs. On avait déjà, dès 1993, une tendance à une forte participation et à l’époque ce n’était pas seulement des deux collectivités majeures (Département et Région), il y avait les communes qui apportaient leur contribution.

Mais vous connaissez l’histoire, les difficultés économiques des communes et au fur et à mesure, elles se sont retournées vers les deux collectivités majeures et aujourd’hui, nous allons hériter de ce passif. C’est une lourde responsabilité puisqu’on est passé effectivement de 48,92% de participation publique à 48% aujourd'hui. Ce qui veut dire, vous l’avez bien compris, que l’effort des collectivités mêmes si ce ne sont pas les mêmes collectivités, a toujours été constant. Les collectivités territoriales ont toujours accompagné la yole.Ce qui nous autorise aujourd’hui à avoir notre mot à dire.

Quand nous recevons, comme cela a été le cas, une demande de subvention, nous sommes en droit aujourd'hui non pas de renégocier mais d’interpeller ceux qui accompagnent la manifestation. C’est ce que nous avons fait puisque nous avons eu l’occasion, lors de la demande de subvention déposée par la Fédération des yoles rondes, de recevoir Alain DÉDÉ et les membres de son Comité. La question qui se pose et c’est pour cela que j’ai tenu à faire cette intervention liminaire, c’est: quel est aujourd’hui et quel doit être le poids des collectivités territoriales dans le financement d’une manifestation qui est une manifestation, on peut le dire, internationale puisque ce sont les champions du monde des yoles rondes? C’est toute la question que je vais vous renvoyer, mais avant de vous renvoyer cette question, je vais vous donner un échange que nous avons eu avec Alain DÉDÉ puisqu’il faut qu’il y ait de la transparence dans ce que nous faisons.

Alain DÉDÉ, on lui a rendu hommage, mais vous savez qu’il a été très décrié. Il a été très critiqué. Nous avons cru bon de voir, d’inviter tous ceux qui critiquaient Alain DÉDÉ. Comme on le dit en créole «tout moun lan kritiké-y, mè jodi-a péson pa là». Beaucoup de choses ont été dites et ceux qui ont dit des choses se sont défilés. Si on fait de la transparence, on fait de la transparence: on dit tout et on se dit tout. J’ai été interpellé par des journalistes pour pouvoir essayer de couler la yole Dédé, puisque c’était cela l’entreprise. Avec le Président MARIE-JEANNE, nous avons dit que nous ne mangeons pas de ce pain-là. Nous sommes en responsabilité. Notre devoir c’est de gérer de manière efficiente l’argent public. Le reste, il appartiendra aux Martiniquais, il appartiendra à ceux de la Fédération des yoles de prendre des décisions. Pas à nous. Par contre, lorsque nous avons reçu Alain DÉDÉ, nous avons discuté du montant puisque certains chiffres donnaient le vertige. Nous avons dit: «qu’est-ce que nous faisons?». La question qui a été soulevée par Alain DÉDÉ et je reprends sa phrase: «est-ce que la Fédération des yoles va se contenter de la dimension sportive c’est-à-dire de donner le départ et de remettre les coupes à l’arrivée?». C’est ce qu’il m’avait dit. Et non pas en tant que provocateur, mais en tant que responsable, je lui ai dit: «Pourquoi pas?». Je vois votre étonnement sur vos visages, pourquoi pas la Fédération des Yoles Rondes pour s’occuper de la dimensionsportive de la manifestation comme elle sait le faire et comme elle le fait j’ai presque envie de dire avec maestria? Pourquoi pas? La dimension économique et ce que l’on attend des retombées économiques, que l’on puisse confier cela à de vrais professionnels qui savent faire. Il a pris l’exemple du tour cycliste mais il y a d’autresgrandes manifestations internationales en tennis, en golf et ailleurs. Est-ce que l’on ne pourrait pas se faire accompagner par une organisation pour pouvoir amener le Tour des yoles un peu plus haut et avoir d’autres retombées économiques? Parce qu’en fait, et je me suis expliqué lorsque j’ai fait cette proposition,car tout comme vous, j’ai vu son visage qui se refermait,je lui ai dit: «quelles sont les retombées actuelles?». Hypothèse d’école. Si vous gagnez en bénéfice (retombées économiques du Tour des yoles), on prend un chiffre, on va faire simple: 100000€ et il y a une société privée qui vous donne non pas 100000€ mais 200000€, c'est-à-dire le double de ce que vous gagnez actuellement. C’est du travail en moins. Vous vous contentez effectivement de donner le départ et d’accompagner la manifestation

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sur le plan sportif. Vous remettez les coupesà l’arrivée et vous engrangez deux fois plus de bénéfices. Vous avez bien compris que ce n’est pas de la provocation, c’est une réflexion qui est réelle. Est-ce qu’aujourd’hui, cette manifestation, qui est le support médiatique, comme je le disais tout à l’heure, ne peut pas nous permettre d’avoir plus de recettes que les recettes actuelles? Comme je vois tout le monde interrogatif, je vais vous refiler la patate chaude dans la salle et on va ouvrir les débats sur cette question. En tout cas merci de votre écoute.

Échanges/Débats

Stéphane CARNIER

Caribbean Sport Magazine

En dehors d’être le directeur de publication d’un magazine sur le tourisme sportif, mon métier c’est le marketing sportif. J’ai travaillé par exemple à ASO. Quand j’entendais la présentation de Monsieur DEDE, si j’étais un professionnel qui travaillait pour la société des yoles rondes, je serais admiratif. Mais je pense que dans un petit pays comme le nôtre, dans cet univers sportif que nous avons, avec l’environnement économique dont on a parlé tout à l’heure,je me demande s’il ne pourrait pas être dangereux d’avoir une machine aussi grosse qui certes, génère des retombées, mais qui ne produit pas, à mon avis, suffisamment de retombées pour mériter d’accaparer autant, j’ai envie de dire, la manne qui pourrait être drainée autour du sport. Est-ce que ce n’est pas un danger? Je pense que c’est un danger pour le sport mais c’est aussi un danger pour la société des yoles rondes elle-même. Deuxième chose, concernant la réflexion de Monsieur BOUTRIN, je pense que l’analyse que vous avez faite n’est pas seulement valable pour le Tour des yoles malheureusement, mais pour l’ensemble du sport martiniquais quelle que soit la manifestation qui est organisée ici. Je pense qu’il y a un choix que l’on n’arrive pas à faire, Monsieur DEDE le dit aussi. On veut être professionnel, cela veut dire qu’on veut être des amateurs qui gèrent des choses professionnellement. Si on veut que le sport ait l’essor qu’il mérite, c’est un amalgame qui ne peut pas fonctionner. Cela veut dire qu’il faut que les bénévoles qui ont un rôle indispensable, qu’il faut valoriser absolument sachent à un moment se retirer et passer la main à des professionnels.

Je le dis, parce que je l’ai déjà vécu, j’ai déjà approché les organisateurs du Tour des yoles en leur disant: «Toi tu sais organiser, moi je sais faire du marketing. Organise, je vends». La réponse est toujours non parce que le bénévole veut garder la main sur le Tour, il veut décider de tout. Je vais vous donner un exemple très concret. Je n’ai pas honte de le dire. J’ai travaillé avec la ligue de triathlon de la Martinique à une époque. On a travaillé sur une épreuve qui s’appelait «le triathlon, le souffle du volcan». J’ai travaillé dessus une première année pour observer et je leur ai dit, à la fin de la manifestation: «c’est une course extraordinaire. Vous avez un joyau, un bijou. Je vous propose que l’on travaille ensemble. Je vous donne l’argent dont vous avez besoin pour organiser, je peux même vous donner une petite manne en plus s’il le faut. Laissez-moi le gérer même si je perds de l’argent au début, mais je sais que dans trois ans, dans 5 ans, je peux en tirer quelque chose d’intéressant». Le refus a été catégorique. On m’a même claqué la porte au nez en me disant que je veux leur voler leur manifestation. Je pense que cela attire l’attention aussi sur le problème de formation. Je pense que les termes de marketing qui ont été employés par Monsieur SOUMBO, tout à l’heure, par exemple, sont parfois mal connus ou mal compris. Quand on regarde un grand événement extérieur de notre regard martiniquais, on ne sait pas ce qu’il y a derrière. On ne voit pas l’implication qu’il faut, le professionnalisme qu’il faut. Le bénévolat c’est une très bonne chose mais si on veut passer au stade supérieur et notamment si on veut aller dans un cadre de tourisme sportif, pour en revenir au débat de tout à l’heure, il faut passer un cap. Je ne veux pas initier cela comme valeur référence mais les Caribéens ont compris cela. La Barbade qui se dit la capitale du tourisme sportif caribéen. Ils ont des manifestations tous les mois et beaucoup de manifestations tous les mois dans différents secteurs mais souvent ces événements sont organisés par des sociétés privées. Ils ont compris qu’il y a un savoir-faire dont ils ne disposent pas localement et ils font appel à des sociétés pour gérer ces évènements. Merci.

Gilles CAZENAVE

Photo 360°

Toujours pour aller dans le même sens, pour moi, le Tour des yoles ce sont 3 manifestations dans l’année. Toute l’année, des courses le dimanche qui sont de vraies compétitions sportives et ensuite le Tour des yoles. Le Tour des yoles, pour moi, c’est une compétition

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sportive de 9heures à 13heures ou 14heures et ensuite c’est une autre manifestation, celle des animations. Je félicite tout le travail qui a été fait par la Fédération d’organiser un événement sportif mais pour moi, le Tour des yoles n’est pas un évènement que sportif et aujourd'hui pour moi, toute cette partie est délaissée en tout cas, économiquement. Il y a autre chose à faire. Je vais mettre en parallèle, face à cela, par exemple, un autre événement qui pour moi, devient un concurrent du Tour des yoles, c’est la Mercury Beach. On pourra me dire tout ce que l’on veut autour de tout cela: les after-yoles, de l’ambiance autour du Tour et autres. Oui, ce sont des maillots. Je ne vais pas entrer dans le (inaudible) pour ne pas choquer. Je ne vais pas aller vers ce à quoi tout le monde pense. Simplement, aujourd'hui quand on arrive à déplacer autant de Martiniquais sur une autre île et faire autant d’argent car au final, pour Sainte-Lucie, il semblerait que ce soit une très grosse manne financière générée par des Martiniquais. Je crois que cette très grosse manne financière générée par des Martiniquais peut être aussi gérée en Martinique avec ces mêmes Martiniquais qui partent ailleurs. Toute cette partie-là, pour moi, aujourd'hui c’est une manne financière qui est perdue pour plusieurs raisons: parce que le Tour des yoles c’est un sport traditionnel avec des valeurs, avec tout ce que l’on va mettre derrière qui seront quelque peu des freins à pouvoir faire autre chose. Le côté de l’amusement que l’on veuille ou pas, ce qui fait le succès du Tour des yoles - je parle bien du Tour des yoles, étant moi-même un amoureux de la yoleon parle très peu de yole pendant le Tour des yoles mais on parle de tout ce qui a autour, à savoir la fête, l’amusement et autres.

Cette partie de l’amusement et de la fête, il faut aussi pouvoir l’assumer. Il faut aussi pouvoir en tirer quelque chose qui fait que c’est cela qui fait venir les gens. Je crois qu’il y a des fanatiques de voile qui vont faire un week-end en cata, mais il y a aussi les fanatiques de fêtes, des fanatiques de tout ce qui est autour, qui viennent et qui apportent du financement. Je crois que cette partie a été complètement laissée. Certes, elle est ouverte, on peut avoir tout le côté populaire. Je crois qu’à côté de cela, on peut organiser aussi un certain nombre d’événements qui peuvent générer des revenus.

Je ne sais pas quelle est la position aujourd’hui de la Fédération des yoles autour de cette appropriation de l’autre partie, mais je crois qu’il faudrait pouvoir accepter de ne pas parler du Tour des yoles simplement au travers du prisme sportif traditionnel parce que tout le reste se fait sans cette partie, sans ce prisme traditionnel ou autres.

Alain LINISE

Expert maritime Bonjour, depuis très longtemps, j’ai effectivement la volonté de mettre en avant cette dimension maritime sur tous ces aspects. Je crois, effectivement que l’événement yoles - je ne parle pas de l’événement Tour des yoles - est un événement majeur de la Martinique. C’est très rare de voir que la Martinique fait véritablement peuple à cette occasion. Alain DÉDÉ a dit une chose qu’il n’a pas dite aujourd’hui et qui me semble importante: c’est cette volonté naturelle qu’aurait le Martiniquais de vouloir participer, d’une manière ou d’une autre, au financement

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du Tour des Yoles. Il le dit très souvent: si chaque Martiniquais était prêt à mettre un petit sou, nous serions en capacité de pouvoir non pas financer entièrement, mais financer de manière assez intéressante. Il me semble assez bizarre que, jusqu’à aujourd'hui, nous n’ayons pas trouvé le moyen de capter cet élan naturel des Martiniquais. Il y a peut-être des pistes. On voit effectivement que sur cet aspect économique, un certain nombre d’expériences, je dirais volontairement puisque je suis provocateur, venues d’ailleurs peuvent être proposées sur cette dimension économique, mais peut-être, si on prend un autre exemple comme le téléthon, pourquoi ne pas mettre en place un «téléyole» avec cette capacité puisque les médias, les organismes de presse, les entreprises sont impliquées dans cette dynamique-là, pourquoi ne pas faire peuple dans une manifestation type qui pourrait permettre de capter cet élan martiniquais? Cela pourrait être organisé tous les deux ans ou une fois par an, je ne sais pas, mais je pense que c’est une piste qui pourrait permettre de garder cette dimension-là.

De mon expérience, je sais que l’on a deux grosses époques où la Martinique fait véritablement peuple c’est le Carnaval et le Tour des yoles. Je ne parle pas des autres manifestations. Pourquoi ne pas trouver un moyen de capter cet élan de générosité naturel que l’on reconnaît chez les Martiniquais qui permet de conserver ce patrimoine qui est nôtre et qui pourrait permettre de se passer de tentations plus qu’économiques venues d’ailleurs.

Guy TUSSI

Je suis particulièrement content et fier du travail accompli par la Fédération des yoles. Ici en Martinique, nous n’avons que des ligues affiliées à des fédérations. C’est une fierté que nous ayons une fédération à nous. Nous avons un bien qui nous appartient. C’est vrai que j’ai peur parce qu’on est à un tournant, on a pris un développement important.

Alain DÉDÉ, à un moment, tu as parlé de l’implication de l’art. Effectivement, c’est important lorsque tu as parlé du chanteur, mais je parlerai du plasticien. Quand tu regardes le rond-point du François, il n’y a pas la yole mais tu vois tout de suite la yole. Je dirais surtout que la yole a un aspect particulier. C’est notre bien, c’est nous. Je veux revenir en arrière lorsque BRETON a découvert dans une boutique, le Cahier d’un retour au pays natal, lui qui cherchait un vrai surréaliste a découvert en Césaire un surréaliste.

On a parlé du carnaval: le mercredi des Cendres. Que nous brûlions, que nous attendions l’avis d’obsèques et que nous pleurions, nous pleurons sur nousmêmes, c’est surréaliste. La yole dans sa conception est surréaliste. Voila une embarcation qui n’a pas de quille, qui n’a pas de gouvernail. C’est un sport qui nous montre que nous sommes surréalistes. C’est sur un point culturel. Maintenant c’est vrai, tu as fait le parallèle avec le Tour cycliste. Quand je suis arrivé en France, au Ballon d’Alsace et que nous avons voulu aller voir l’arrivée du Tour cycliste, sur le Ballon d’Alsace, les routes sont barrées et il faut payer pour aller sur l’arrivée. Malheureusement, sur la mer, c’est tout ouvert. Est-ce qu’il faudrait le faire sur les étapes? C’est une question.

Par contre, pourquoi je dis que j’ai peur. Un autre aspect que nous avons perdu et je fais un parallèle économique: la bijouterie. Nos bijoux créoles. Nos artisans créoles avaient quelque chose d’extraordinaire dans la main. Ils n’ont jamais pensé à déposer des brevets. Nous nous sommes fait piquer ce qui nous appartenait. J’ai peur que demain, on puisse aussi nous piquer cela. C’est la difficulté: que l’on puisse nous piquer cela. Il faudra être très vigilant. Je remercie ceux qui ont pris la parole avant moi parce qu’ils ont apporté un aspect professionnel sur le marketing et cela demande une grande réflexion. C’est aussi intéressant que cette idée de téléthon. Je pense que le Martiniquais est prêt à mettre la main à la poche pour cette compétition. Elle nous représente, elle est nous-mêmes, elle est l’image de notre pays, de notre savoir-faire. Merci à tous les yoleurs, à tous nos champions qui naviguent pour leur savoir-faire, pour leur intelligence, pour la maîtrise qu’ils ont de ce sport. Merci.

Tania MARCELLUS JEAN-ALEXIS

Président BOUTRIN, lors des précédents débats, nous avons parlé, si j’ai bien retenu, d’une moyenne de 80% des demandes de subventions sur les différentes manifestations. Il a été dit qu’en 1993, la Fédération des yoles rondes avait 48,98% de fonds publics. 23 ans plus tard, on est en gros à 49% c’est-à-dire qu’en 23 ans, on fait le constat d’une manifestation qui n’a pas cessé d’augmenter en termes de public, en termes de notoriété, et en termes d’apports divers. On a une augmentation des subventions publiques de moins de 1%. Bien sûr qu’il faut trouver des solutions mais en 23 ans on a augmenté les fonds publics de 1% par

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rapport à l’évolution de la manifestation, je crois qu’il est quand même important de le souligner.

Une deuxième chose et, ce que Monsieur vient de dire rejoint ce que je souhaitais dire, le Tour de Martinique, comme beaucoup de manifestations sportives qui utilisent beaucoup de bénévoles, fait usage de nombreuses compétences locales c’est-à-dire que nous ne prenons pas des jurys extérieurs, nous ne prenons pas des chronos extérieurs, jusqu’à maintenant il n’y a pas d’agence de commercialisation extérieure. Cela vaut ce que cela vaut certes. Il y a certainement mieux ailleurs, on peut trouver de très bons groupes qui peuvent travailler, mais pour l’instant c’est la compétence locale qui est utilisée et c’est très bien.

Étant très favorable à l’idée d’adosser une société commerciale à la Fédération des yoles, je comprends l’interrogation de Monsieur DEDE de savoir si cette firme ne va pas faire que donner le départ, elle peut, en effet, comme d’autres fédérations s’occuper de la partie sportive avec un volet commercial et penser, avec cette nouvelle société, à donner des licences notamment aux événementiels et je rejoins Monsieur, il y a beaucoup de choses qui se font autour, que ce soit au niveau des animations ou des after ou autres manifestations. Je crois qu’il y a une réflexion à mener pour que la fédération soit en capacité, avec sa nouvellesociété, de vendre des licences. L’autre chose que je voulais dire parce que l’on parle beaucoup du Tour mais je crois que l’on a oublié, et là je n’ai même pas parlé des associations bébés yoles puisqu’il y a encore une structuration à avoir au niveau marketing, mais j’aimerais vous rappeler que la Fédération des yoles, ce n’est pas seulement le Tour, c’est 19 clubs, 19 associations. Bien sûr, elles n’ont pas toutes les mêmes budgets parce que je suppose qu’en football le premier n’a pas le même budget que le dernier. Dieu merci. Elles n’ont pas toutes les mêmes budgets, mais au-delà de tout cela, nous avons 19 associations qui vont chercher des entreprises et, ces entreprises, avec la conjoncture économique, si aujourd’hui établissement Rosette n’est pas là, cela ne veut pas dire qu’il ira ailleurs. Peut-être qu’il peut distribuer ses dividendes à ses associés. Nos19 clubs de yoles aujourd’hui qui captent l’argent du monde économique à travers le sponsoring, c’est une manne financière qu’il faut intégrer à tout ce dont on parle. On parle du Tour c’est bien, mais parlons de nos19 associations qui font un travail remarquable au

niveau du grand public. Je parle des jeunes avec les bébés yoles mais également les adultes parce que participer à un championnat sportif quel qu’il soit est très valorisant pour un individu. Ces 19 associations de grandes yoles, je vois les représentants ici, je crois qu’il faut saluer le travail qu’ils font qui est d’aller capter des fonds auprès d’entreprises qui ne redistribuent pas ces fonds à leurs actionnaires, surtout en ce moment de crise économique.

Voilà ce que je voulais dire et je rappelle que dans cette discussion le Président MARIE-JEANNE ne cesse de dire qu’il va accompagner et qu’il ne fera pas à la place des autres, ce qui est très important. Je crois que cette phrase qu’il répète souvent, nous dans le monde sportif, on doit la prendre en compte et cela me rassure beaucoup parce que je me dis que la Fédération va continuer à faire et la CTM, avec son Président, va continuer à nous accompagner comme sûrement pour beaucoup d’autres clubs sportifs. Merci à vous d’avoir fait ce débat.

Marie-Line BOUTON Présidente de la ligue de twirling bâton Juste une intervention sur les valeurs que véhicule le sport, canal de transmission pour nos jeunes. On sait que la yole ronde tourne autour desvaleurs comme la solidarité, la protection du patrimoine, la valorisation des métiers de l’artisanat. Derrière il y a quelque chose que l’on peut apporter à nos jeunes.

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Le Président BOUTRIN, tout à l’heure, a dit que dorénavant il y aura des critères de sélection pour que ces grandes manifestations soient labellisées Collectivité Territoriale de Martinique. Mais nous devons justement nous poser cette question: est-ce que toutes les grandes manifestations véhiculent les bonnes valeurs à nos jeunes et est-ce que nous devons au nom d’une économie florissante, les accueillir sachant ce qu’elles transportent derrière? Il faut se poser la question. Oui, mais pourquoi? Oui, mais quelles sont les conséquences?

Alors que nous avons un produit qui est la yole et à mon avis, il reste encore beaucoup de choses à faire et à exploiter parce que c’est un produit merveilleux, nous devons encore travailler pour mieux mettre en exergue tous ces facteurs, toutes ces valeurs qui ne sont pas encore exploitées et qui peuvent encore nourrir bon nombre de jeunes, des métiers à mettre en avant.

Je vais terminer par ces quelques propos pour dire la Mercury Beach pourquoi pas? Mais quelles sont les valeurs qu’elle apportera à notre jeunesse? Avant de penser à économie, nous devons penser à construire les hommes et les femmes de demain.

Alain DÉDÉ

Président de la Fédération des Yoles Rondes

Je voudrais simplement rebondir sur ce qui vient d’être dit. La Yole aujourd'hui, elle ne construit pas mais elle donne énormément d’opportunités à tous nos jeunes pour mieux construire. Je répète ce que j’ai dit tout à l’heure. Nous travaillons au niveau de la yole ronde… Je dis «nous» parce que c’est vrai qu’il y a un Président que l’on voit, mais dans cette salle, il y a le Secrétaire général de la Fédération, il y a Isabelle qui est avec nous également, Armelle, la première vicePrésidente. C’est vraiment toute une équipe d’hommes et de femmes qui travaillent.

Je voulais te rejoindre. C’est vrai c’est une opportunité, il faut regarder demain, il faut regarder comment nous fonctionnons, il faut regarder comment fonctionne la jeunesse. Au sein de la fédération des yoles rondes, nous sommes en train d’ouvrir des pistes pour acquérir un certain nombre de choses. Je vous ai parlé de la yole digitale. Il est là Jean-Yves AGLAE avec toute une équipe de jeunes. Ils travaillent pour que l’application de la yole se fasse demain avec les besoins et les attentes de nos jeunes.

C’est vrai que l’organisation événementielle du Tour de la Martinique des yoles rondes, cela demande une réflexion énorme. Je voudrais dire simplement que le programme d’animations que nous sommes en train de mettre en place, tous nos artistes et tous nos grands orchestres actuellement (Victor O, Tanya SaintVal), ils viennent tous. Ils viennent parce que l’espace est ouvert. Mais cela demande, effectivement, une organisation terrible. La Fédération aujourd’hui lance un appel à tous ces jeunes qui veulent venir à côté de nous. L’esprit qui émane depuis des années, nous essayons de le conserver et nous transmettons ce message. Mais la nouvelle technologie, la façon d’organiser, la façon de voir, de penser, il faut que l’on puisse adapter, c’est ce qui va assurer la pérennité de cette manifestation. Je parlais de yole365, vous serez étonnés de voir des choses qui émanent simplement de gens qui sont à côté de nous, qui vivent avec leur temps et qui nous disent: «Vous voulez continuer à vivre? Il faut vivre avec nous». C’est un petit peu ce que nous essayons de faire. C’est vrai, nous avons dit «sé ta zot. Pran-y viv-li. An nou jéré ansanb». C’est un mythe. On ne gère pas ensemble, comme cela. Pour gérer, il faut être ensemble. Il faut prendre, ce n’est pas du tout la même chose. Nous avons demandé «Ba nou 2€». J’ai été un gros naïf. Je me suis dit nous sommes 400000 Martiniquais, si 200000 nous donnent 2€, on n’a plus besoin d’argent de personnes. On a récolté 650€. La technique n’était pas bonne, la formule n’est pas bonne. Il faut trouver autre chose. Il faut aujourd’hui faire autre chose. Il se passe beaucoup de choses. La société martiniquaise à travers le village santé que nous mettons en place gagne beaucoup d’argent. Je vous le dis: quand un homme rentre dans le stand que nous mettons avec le réseau sexualité et qu’il dit: «Aidez-moi, sauvez-moi, je vais foutre des coups à ma femme et à mes enfants ce soir!». Il est pris en compte, il est répertorié, il est suivi et il ne passe pas à l’acte. On a gagné!

C’est vrai, que l’on voit les belles yoles, mais il y a un gros travail qui est fait derrière et ce gros travail ne peut pas être fait uniquement par le Conseil d’administration de la Fédération et quelques bénévoles. C’est l’appel que nous lançons. Hier, nous étions réunis avec une trentaine d’associations, des responsables du secteur santé. Cela n’a rien à voir, on ne vend pas de médicaments sur le Tour. Vous avez plein de médecins mais ils ne sont pas en blouse, ils viennent simplement dire aux gens: vous pouvez être en bonne santé, vous pouvez

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être bien mais faites ceci et faites cela. On donne du bonheur, on ne vend pas du bonheur. Mais pour cela il faut des équipes, il faut des gens compétents pour pouvoir transmettre tout cela. Notre compétence, au niveau du Conseil d’administration, c’est d’organiser, de gérer et de veiller à ce que nos premiers marinspêcheurs ont fait en utilisant leur outil de pêche et que l’on essaie de continuer à travers notre discipline qui s’appelle la yole ronde.

Jean TRUDO

Ancien Président de la ligue de voile de Martinique Secrétaire général du Yacht Club de Martinique Président, j’ai entendu beaucoup de choses. Je reviens au début. L’objet du débat du jour c’est «l’avenir du Tour des yoles rondes de la Martinique», pas l’avenir de la Fédération.

Autre chose, je pense qu’il y a une réelle préoccupation de la Collectivité par rapport au montant que la Collectivité donne à l’organisation de ce Tour. J’ai entendu une chose très importante. Je n’ai pas entendu d’applaudissements, je suis très étonné. Quand le Président TUSSI a non seulement remercié Alain DÉDÉ du travail qu’il fait avec ses amis à la Fédération. Il a précisé que c’est une fédération martiniquaise, c’est un groupement qui ne dépend d’aucune fédération française. Je pense que cela mérite quelques applaudissements. Il faut le savoir.

Juste une observation, j’ai entendu deux personnes intervenir sur le Mercury Beach en disant que cela pourrait être un concurrent pour le Tour de Martinique des yoles rondes. Ce ne le sera pas car le Tour de Martinique des yoles rondes, c’est avant toute une compétition sportive organisée par une association loi 1901. La Mercury Beach est organisée par un commerçant avec des moyens commerciaux. Ils sont allés à Sainte-Lucie, non pas parce que l’on ne veut pas d’eux en Martinique, c’est assez spécial. Juste une anecdote pour vous dire ce que l’on demande à Sainte-Lucie: si les autorités de Sainte-Anne, le maire de Sainte-Anne par exemple demandait ce que l’on demande à Sainte-Lucie, il y aurait eu une émeute. Est-ce que vous savez que lorsque tous ces bateaux arrivent à Sainte- Lucie on leur met une ligne d’eau qui se situe à une dizaine ou quinzaine de mètres de la plage et vous ne pouvez pas descendre avec votre glacière, avec vos boissons. C’est-à-dire que vous partez de Martinique avec tout à bord, et quand vous arrivez à Sainte-Lucie, on vous dit: «Monsieur, vous

ne pouvez pas descendre avec votre bière Lorraine, il faut descendre à terre consommer de la Carib». Si on fait cela en Martinique, il y a une émeute.

L’autre chose que je voulais dire rapidement, pour ne pas être trop long, il faut que l’on ait certains éléments pour comparer ce qui est comparable. Pourquoi les Saint-Luciens adorent la Mercury Beach? Ils en tirent des bénéfices à l’arrivée des bateaux. Est-ce que vous savez que la Guadeloupe et la Martinique sont les seuls pays au monde dans la Caraïbe tout au moins où on ne paie aucun droit quand un bateau arrive. Il arrive, il fait sa clairance, il ne paie rien. Vous arrivez à Sainte Lucie, vous payez. Quand vous allez payer, on vous dit que si vous êtes à Castries, il ne faut pas aller à Marigot Bay. Ce sont des contraintes. J’ai du mal à comprendre cela, c’est un peu comme le Festival de jazz. J’ai du mal à comprendre que les Martiniquais aillent subir cela à l’étranger et ils ne le subissent pas chez eux. C’était pour l’anecdote.

Ce que je voudrais dire concernant l’organisation du Tour. À l’intérieur, il y a une chose fondamentale dans ton exposé qui était remarquable. Tu as oublié de dire que, ce que l’on te demande, c’est cette fameuse société qui doit gérer les bénéfices, puisque la fédération des yoles n’est pas censée en faire, cette fameuse société, je crois savoir qu’elle est créée chez toi. Je crois même savoir que le responsable est dans la salle. Il pourra peut-être nous donner quelques éléments puisque c’est ce que l’on te demande.

Dans cette salle, il y a deux catégories de personnes: Il y a des professionnels ou des gens qui aspirent à le devenir, qui aspirent à vendre leur savoir qu’ils ont acquis en tant qu’athlète de haut niveau, par exemple, et il y a une autre catégorie, et je parle au nom de ceux-là, souvent avec des cheveux blancs qui sont des bénévoles. Parfois pour ennuyer les gens, je dis «ces connards de bénévoles». Pourquoi? Ce sont des gens qui ont acquis, au cours de leur vie, une expérience qui est généralement au moins aussi bonne que celle des professionnels, qui veulent nous vendre quelque chose. Le travail que nous faisons, j’ai été pendant 25 ans à tes côtés au CROSMA, le temps que nous passons, l’expérience que nous avons, nous la donnons. Je dis cela et je ne veux pas choquer ceux qui sont présents dans la salle qui veulent nous vendre quelque chose. Mais on n’est pas dans le même monde. Ce que l’on fait, on le fait avec foi. TUSSI en sait quelque chose.

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Si vous mettez une société commerciale à organiser le Tour, j’en ai parlé avec toi Alain DÉDÉ, j’en ai parlé avec Serge LETCHIMY, et je leur ai dit: «Contactez tous les deux la même société qui est Amory Sport Organisation», qui est une société avec laquelle j’ai collaboré qui organise le Tour de France à la voile et le Tour de France cycliste. Quand tu m’as montré ce rapport que tu as payé assez cher et que Serge LETCHIMY m’a montré le sien, je n’ai vu aucune différence par rapport à ce qui se fait aujourd’hui, sauf à apporter quelques petites améliorations extrêmement légères. Ce que je veux dire, on a des gens, Président, je m’adresse à toi, qui fais un travail. Je sais que ta préoccupation c’est le montant de la Collectivité. Si par l’intermédiaire de la société qui a été mise en place par la fédération, ce fameux ratio que tu veux (60%-30%) et qui ne doit pas être de 50%, qui peut même être de 80% -20% et que les 20% soient pour la Collectivité. Si Alain DÉDÉ peut s’engager à faire que ce ratio, mais je crois que le débat d’aujourd’hui aura une importance. Alain DÉDÉ, est-ce que tu peux demander aux responsables de cette structure de nous donner quelques éléments pour apporter des éléments de réponse à la collectivité? Merci.

Louis BOUTRIN

Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM Je voudrais réagir mais je crois que Jean TRUDO m’a facilité la tâche même si n’arrivant pas toujours aux mêmes conclusions. C’est vrai que nous sommes aux Assises du sport mais je l’ai rappelé lors de notre séance inaugurale, il ne faut pas prendre le mot «Assises» au sens premier du terme. Nous ne sommes pas devant un tribunal pour juger de la yole ronde ou pour faire le procès de la yole ronde. Ce n’est pas du tout de cela qu’il s’agit. Aux Assises du sport, on parle des fondements du sport, à l’instar d’une maison yo ka di-w an kréyòl fòk ou byen asiz, c’est-àdire les fondations de la maison. C’est bon de le rappeler parce que nous avons trop tendance malheureusement, et je m’adresse à Marie-Line BOUTON avec toute l’amitié que je lui dois, quand elle a fait son intervention, nous ne sommes pas là pour juger toutes les pratiques de notre jeunesse. Si la tendance actuelle c’est la Mercury Beach, on peut discuter de cela. Mais de là, à s’ancrer sur des valeurs traditionnelles et en fustigeant d’autres pratiques, je me garderai bien. Comme je suis un peu provocateur, j’ai presque envie de dire, que je ne vois pas quelles sont les valeurs morales qui ne seraient pas véhiculées par la Mercury Beach.

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C’est du twirling-bâton? C’est cela? Je suis très provocateur, il faut pouvoir l’accepter. On est dans un pays de liberté, donc de liberté d’expression également. Je peux très bien, et cela n’engage que moi, dire que ce sont des pratiques qui véhiculent des valeurs assimilationnistes. Quand je vois des majorettes, c’est très joli. Je peux avoir également mon point de vue, cela n’engage que moi. Je ne veux pas que l’on fasse ce débat là-dessus. Ce que je veux dire de manière très provocatrice, c’est gardons-nous de porter des jugements de valeur surtout quand il s’agit de notre jeunesse qui n’a pas la même vision.

Jean TRUDO, quand je disais qu’il y a une différence. Dans la conclusion, je reprends ta phrase «On ne vit pas dans le même monde». Tu as parfaitement raison. C’est là tout le problème. Notre jeunesse ne vit pas tout à fait dans le même monde que nous et il va falloir, même si on veut développer la Silver économie, que l’on tienne compte de la réalité, la manière de gérer. C’est pour cela qu’il est intéressant qu’il y ait une autre génération, qu’il y ait un autre langage, un autre discours. Nous avons effectivement, nous en avons parlé, pratiqué le bénévolat dans le monde sportif et on a beaucoup apporté mais il y a une génération, c’est tout à fait légitime, qui veut faire du sport son métier, qui veut tirer des profits et ce sont en plus de jeunes martiniquais. Man ka di zot ba yo lanmen an sal-la osi parce que c’est une autre vision du sport. Pour prolonger, et c’est la confrontation aujourd’hui entre une vision, j’ai presque envie de dire, traditionnelle - pas traditionaliste car nous ne sommes pas des conservateurs et je me méfie de tout traditionalisme. Une confrontation entre une vision traditionnelle des yoles et une vision, je dirais, «moderne» du sport, marketing des yoles. C’est cette confrontation que nous devons accepter. Les Assises du sport, c’est l’occasion justement de confronter.

Pour ne pas faire plus long là-dessus, je dis bien que ce n’est pas le procès des yoles, c’est la question qui est posée «Quel avenir pour le Tour des yoles?». En 1993, effectivement, le rapport était de 48% mais quand on regarde en 1995, Alain DÉDÉ, tu étais déjà à 710000€ total public et seulement à 630000€ de privé, c’est-à-dire qu’il y a un moment où cela a basculé où il y avait une prédominance du financement public dans une manifestation comme celle-là.

Or la conclusion, et c’est là que je veux en venir avec

vous, la question est essentielle. Nous avons une très belle manifestation traditionnelle qui est une manifestation sportive. Nous ferons tout pour la conserver et la garder parce que sé ta nou i pa ka eksisté piès koté et en plus, il y a une révolution dans cette conception où chacun est affilié à une fédération française et là, c’est une fédération martiniquaise. La seule qui existe. Nous allons donc être aux côtés de la fédération des yoles.

Par contre, je reviens sur le questionnement, l’avenir du Tour dépend du financement du Tour. Je change la question: quel financement aujourd’hui pour le Tour? Et quel est le poids de l’argent public dans la manifestation? Nous pouvons, grâce à une autre vision de développement de cette manifestation, arriver à obtenir beaucoup plus en participation privée. Ce n’est pas, je dirais, nos croyances, c’est que les grandes manifestations internationales aujourd’huion a pris malheureusement une manifestation qui porte le nom de sponsors, on ne va pas la nommer, mais c’est ainsi que cela se pratique dans la Caraïbe. Pour que la manifestation ne puisse pas mourir, il faut qu’elle génère du fric. C’est le langage qu’utilise la génération de ma fille. Ils vous disent aujourd’hui: «Il faut que cela génère du pognon». Si cela ne génère pas du pognon, le jour où la Collectivité aura des difficultés et je dis qu’aujourd’hui on arrive à un équilibre, vous connaissez les contraintes, et on voit le résultat de l’audit dont vous allez entendre les chiffres du déficit, il va bien falloir que l’on fasse des coupes sombres et pour que ce ne soit pas justement au détriment du Tour des yoles, réfléchissons ensemble pour regarder comment faire pour que le poids du public soit moins important. C’est cela la réflexion d’aujourd’hui et je pense qu’il y a des pistes dans la salle. Il faut poser ces pistes-là. Merci.

Alain DÉDÉ

Juste pour dire qu’effectivement, par rapport à ce que disait Louis BOUTRIN la Fédération s’adapte très vite aux situations. C’est ce qui nous permet de fonctionner. Nous avons très vite compris qu’il y avait cette bascule et la prise en compte de la communication par le secteur public (les communes, les villes, les EPCI). Toutes ces instances ont compris qu’il fallait communiquer, qu’il leur fallait des outils de communication et là, nous avons apporté à ces collectivités, des outils. Aujourd’hui les choses se rétablissent. À côté de cela, il faut que le secteur privé monte. C’est la raison pour

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laquelle - et je te rectifie Jean TRUDO, nous n’avons pas de structure, ni un responsable de structure - nous avons donné à un membre de notre Conseil d’administration qui est là, Jean-Michel PLACIDE, la mission de mettre en place cette structure. C’est un travail qu’il fait, qui est déjà très avancé. Les statuts sont un peu écrits. Le cabinet est à côté mais rien n’est encore acté. Le travail avance. Ce sont les objectifs justement de cette structure qui seront justement de pouvoir faire monter, de créer des outils de s’appuyer sur toutes les structures de jeunes pour l’évènementiel, le digital, tout cela pour pouvoir offrir un maximum d’outils au secteur privé. C’est cette bascule qui est en train de revenir.

Aujourd’hui, vous verrez de plus en plus les collectivités, les EPCI faire moins, il faudra aller chercher l’argent ailleurs. C’est la raison pour laquelle j’ai dit tout à l’heure, que nous, fédération des yoles rondes, notre objectif c’est être numéro1 dans le cœur des Martiniquais, numéro1 dans la tête des décideurs, des entreprises pour pouvoir continuer à offrir cette manifestation. Deux secteurs: l’organisation des courses, cela fonctionne mais l’organisation d’une telle manifestation, cela doit être différent.

La dernière chose, parce que nous avons rencontré ASO, la première chose qui a été dite: «combien valez-vous? On peut vous acheter». La réponse a été niet.Nous ne sommes pas à vendre. Par contre, nous voulons de votre savoir-faire pour nous améliorer. C’est vrai que le savoir-faire d’ASO cela compte. Je peux le dire, dans l’une de ses propositions, ASO nous proposait de faire de l’initiation à la yole sur le Tour de France à la voile, sur la zone méditerranéenne, sur quatre grandes villes (un village de l’initiation à la yole). ASO venait avec son carnet d’adresses, ses personnalités. Je ne sais pas si vous imaginez, une initiation à la yole à Marseille avec Zinedine ZIDANE sur une yole. Voyez l’impact! Vous voyez tout ce que l’on pourrait en tirer. C’est ce type de travail et cela demande une autre organisation, une autre réflexion et des compétences différentes pour faire ce type de choses.

Louis BOUTRIN

Je voudrais verser un élément au débat que l’on n’a pas encore versé et qui me paraît essentiel au regard des tumultes que nous avons connus l’an passé dans le Tour des yoles. J’ai ce franc-parler, Alain DÉDÉ tu m’excuseras, mais aujourd’hui, le risque également,

il est politique. Dès lors, vous connaissez bien ce dicton «qui paie décide», dès lors que vous avez une participation financière importante du politique dans l’organisation d’une manifestation sportive, vous aurez toutes les difficultés demain à garder l’autonomieque vous revendiquez aujourd’hui. C’est ce qui s’est passé notamment avec la Ville du Robertet le Président de CAP Nord. Vous savez que les deux capitales de la yole, c’est une particularité un pays où, au mois d’août, il y a deux capitales que sont le Robert et le François. Il y a aujourd'hui une volonté qui est peut-être pour certains, légitime, mais du point de vue de la morale sportive et de l’éthique sportif, je trouve que c’est anormal. Nous avons là un problème qui est réel et il va falloir en discuter également. Cela vient du fait que le poids de la participation publique dans la manifestation, quand ce poids est prépondérant, cela risque de porter atteinte à l’éthique sportive et à la manifestation. Je voulais verser cela au débat parce qu’on n’est pas à l’abri, vous avez bien vu quelle tournure cela a pris. J’ai rencontré Alain DÉDÉ, c’est pour cela que je peux en parler librement. Quand il est venu à la CTM il y avait un point d’interrogation. Imaginez-vous: on n’allait pas faire le Tour de la Martinique des yoles. On l’a échappé belle et on a échappé de peu. Si on n’avait pas trouvé une parade, un financement pour pouvoir remédier à cela, le Tour c’était quelques étapes. Il va vous raconter cela. C’est pathétique de voir comment, pour des considérations j’ai presque envie de dire politiciennes, on était prêt à sacrifier ce que l’on admire tous. Voilà l’interrogation également.

Marius NARCISSOT Juste compléter ton propos, lorsque tu parles de la position politique. On l’a abordé avec Alain DÉDÉ, mardi, lorsque l’on travaillait justement sur ces Assises, parce qu’aujourd’hui, et Jean TRUDO l’a dit, dans la salle on le dit, c’est une Fédération. C’est la seule fédération. La politique d’une fédération, c’est celle aussi de la collectivité, c’est d’accompagner justement ces fédérations à pérenniser l’activité, donc le développement aussi de l’activité par les jeunes: les bébés yoles, et d’autres activités qui sont mises en œuvre. Il faut aussi que dans l’orientation de l’accompagnement public sur le plan financier, que l’on puisse permettre cela à notre Fédération, de développer l’activité en mettant justement en œuvre des actions pour les plus jeunes. C’est vrai que dans certaines catégories, on connaît les cadets et juniors, là on connaît les bébés yoles et il y a encore d’autres générations à mettre en

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Quel avenir pour le tour des yoles

œuvre. Je crois que là aussi il faut se poser la question du financement.

Pierre CROCHEMAR

J’ai mon frère ici présent, avec moi, parce que c’est lui le premier, je dis bien le premier, qui a fait une yole type course. Cette yole s’appelait à l’époque «Électron». Cela veut dire, que par la suite, tout le monde copie, tout le monde essaie de s’améliorer et on ne peut pas arrêter le progrès.

Ce préambule étant fait, je voudrais revenir sur un propos lorsque j’ai parlé avec Monsieur SOUMBO. Il a parlé de professionnalisation. Je lui ai dit: «des structures et des supports». On est en plein dedans. J’ai le voisin d’à côté qui dit oui mais les fédérations sont là pour organiser des manifestations. Il y a des sociétés mixtes ou autres qui organisent des manifestations autour de la yole. J’ai ici présent, un dossier qui s’appelle «Sa sè ta nou». Je dis bien «sa sé ta nou». Depuis mon retour de métropole, vers les années 2000, je disais: «comment se fait-il, qu’en métropole, on arrive à faire un certain nombre de manifestations qui sont tolérées et en Martinique ces mêmes manifestations ne le sont pas». J’en ai discuté avec certains. Je parlais du loto pour les comités d’entreprise, pour les personnes âgées. Actuellement, vous partez sur un bateau en croisière, vous avez un loto sur le bateau. Et nous ici, on ne peut pas faire un loto. Alors, avec un groupe de camarades, étudiants, ingénieurs, on a dit que l’on allait réfléchir sur la yole. Comment se fait-il que le premier produit martiniquais… Parce que là ce matin, vous parlez de consommation, on n’a pas parlé de production. J’insiste dessus, on n’a pas parlé de production. Le «sa sé ta nou» si on le veut bien, ce sera une production martiniquaise.

Cela me fait de la peine de voir le PMU engendrer des milliards sur le dos des Martiniquais. Cela me fait de la peine de voir le loto sportif et autres engendrer des milliards sur le dos des Martiniquais. Cet argent fout le camp. Il ne reste pas dans le pays.

Le groupe de camarades qui s’est associé et que l’on appelle le «sa sé ta nou», on a décidé tout simplement de proposer un partenariat avec la société des yoles rondes. On ne va pas s’immiscer dans ce que fait la société des yoles rondes mais on dit à la société des yoles rondes, je le rappelle, et je le dis actuellement avec force, le «sa sé ta nou» est prêt Monsieur Alain DÉDÉ à vous accompagner pour ne pas demander au CTM et autres des subventions. Nous avons la capacité

d’organiser des manifestations dans le département et vous êtes un partenaire. Je viens d’entendre que vous dites qu’une course du dimanche coûte 14000€. Nous sommes prêts à vous donner les 14000€ pour organiser la course.

Concernant le Tour des yoles, vous faites votre budget comme vous voulez, vous faites votre manifestation comme vous le voulez, nous sommes à vos côtés tout simplement. Je m’explique. Je le dis pour nos camarades, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées. Pourquoi je le dis? Tout simplement pourquoi ne pas organiser, un loto style loto sportif sur le Tour des yoles? Il y a une possibilité pour que la chose soit rentable, il n’y a qu’une seule possibilité. Il y a des études qui ont été faites là-dessus puisque je vous dis que dans le groupe il y a des commerciaux, des commerçants, des ingénieurs, des juristes, des avocats. On s’est déjà penché sur la chose. Il y a un point de détail, je ne le dirai pas là parce que cela posera problème, mais je verrai cela avec les responsables de la CTM puisque j’ai déjà rencontré le Président MARIE-JEANNE, je lui en ai parlé. Ce projet-là est vieux. Il ne date pas d’aujourd’hui mais il y avait la crise. Comment voulez-vous faire un projet où vous êtes sûr qu’il va se casser le nez? Mais la crise est passée.

Je le répète, nous avons la possibilité avec un partenariat avec la société des yoles rondes. Il est là le projet: le voilà! On travaille avec tous les maires de la Martinique, on va même organiser des courses pour Saint-Joseph. On va même faire organiser des courses pour le Gros-Morne ainsi que pour Ajoupa-Bouillon parce que le projet est viable. On a fait une étude de marché. La dame a parlé d’étude d’impact ce matin. Je ne veux pas vous signaler nos sources, mais je peux vous dire une seule chose, je ne peux rencontrer Monsieur MACRON et ses services qu’avec l’accord des partenaires que j’ai dans le département. Si je n’ai pas l’accord des partenaires, je ne peux pas aller vers les services concernés au niveau national.

Je veux dire une chose, nèg kont nèg, nèg ka mété baton an rou nèg pou anpéché’y avansé. C’est ce qui se passe dans ce pays. C’est ce qui se passe avec ce projet-là. Je dis bien que c’est ce qui se passe avec ce projet-là. On essaie de professionnaliser. Merci pour le mot Monsieur SOUMBO, ce matin. J’étais très content lorsque vous avez parlé de professionnalisation. J’ai dit que l’on donnera les moyens aux associations qui

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font partie de la fédération. À chaque fois que l’on mettra une yole dans l’eau, le coursier aura déjà une prime. Je dis bien le coursier. Il n’est même pas encore entré dans la yole. Concernant la compétition, le Tour cycliste, les courses du dimanche, les courses du samedi et autres, on dit «prime au prochain tour», «prime au 15e tour». On dira la même chose: «prime à telle bouée», «prime de 1000€ sur la bouée n°5», «prime de 500€ à la bouée n°8», ainsi de suite. On va donner de l’argent, s’il le faut, pour accompagner Monsieur DEDE pour qu’il puisse former ses collaborateurs.

Non, je ne veux pas!

Pierre CROCHEMAR

Mais Monsieur Alain DÉDÉ, c’est exactement ce que je viens de dire, vous préférez demander de l’argent du contribuable à la Région alors que vous avez des sociétés martiniquaises qui viennent vous aider à faire les courses du dimanche. Il faut que la réflexion soit beaucoup plus profonde. Il ne suffit pas de dire non, il faut que ce soit non après une réflexion sauf si parallèlement vous voulez monter la même opération.

Gilles CAZENAVE

Je serai bref. Je veux bien prendre des leçons gentilles sur la Mercury mais mon propos n’est pas sur la Mercury. Mon propos est sur l’organisation d’événementiel autour du Tour des yoles. J’ai parlé de la Mercury comme concurrent. Oui, c’est un fait. On ne va pas se cacher les yeux. Les mêmes gens que je vois autour du Tour des yoles, ce sont les mêmes que je retrouve à la Mercury, en faisant des photos, moi-même allant faire des photos des gens qui sont là y compris sur le tour des yoles, y compris sur la Mercury. Mais là n’est pas le débat.

Pour sortir justement de mon exemple de la Mercury, je vais en prendre un autre avec des événements récents qui se sont déroulés. Je vais parler de la noctambule. C’est gentil. Il y a plus de valeurs… Je veux parler de la noctambule. Ce n’est pas une question de jeunes, il y en a qui font du trail ici qui y ont participé aussi. Don du sang: ce sont des valeurs nobles, vous êtes d’accord avec moi? On court pour la santé. En deux semaines, c’était bouclé, on ne pouvait plus s’inscrire. Pourtant ce n’était pas une pratique classique, je dirais, du sport comme cela se fait en octobre ou en novembre avec le semi-marathon. C’est une pratique différente d’une même activité.

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Quel avenir pour le tour des yoles rondes

Je vais prendre un autre exemple, en janvier, la frappadingue. C’est encore une autre pratique du trail ou de la course à pied.

Ce que je veux dire par là, c’est qu’il y a peut-être d’autres façons de concevoir le sport ou en tout cas de faire qu’une pratique sportive traditionnelle qui a des valeurs nobles et autres, puisse être accompagnée.

On peut être à côté de ces choses, des choses qui peuvent être tout aussi nobles – après on met ce que l’on veut dans le mot «nobles» - et qui peuvent générer du revenu, parce qu’aujourd’hui la thématique c’est «l’avenir du Tour des yoles» et nécessairement, on va parler de financement et ce matin, «comment financer le sport?». C’est de cela que l’on parle? Très clairement, je crois aujourd’hui qu’il y a deux façons de pratiquer son sport: cela peut se faire de façon très traditionnelle et à côté on peut faire les choses qui vont rendre les choses beaucoup plus ludiques, beaucoup plus intéressantes. J’allais parler aussi de Color Run. Pourtant les gens ne sont pas pour autant des mal-élevés, des malpropres et tout ce que l’on veut. Je crois, très clairement, qu’à côté de cela il faut apporter des choses qu’on le veuille ou pas qui génèrent des revenus.

Samuel PEREAU

Président de la ligue de football

Samuel PEREAU, Président de la ligue de football, avec une autre casquette que je vais aborder très rapidement. Je ne serai jamais celui qui crache dans la soupe. Alain DÉDÉest l’un des éminents présidents de ligue ou associations, comités. On sait le travail et tout ce que cela représente en disponibilité, en investissement personnel avec tous les collaborateurs, et les membres de son comité. Il n’y a pas de problème.

Ce que je veux dire, je parle pour le foot, on n’a jamais été opposé à ce que les prestataires professionnels puissent prendre en charge tout ce qui touche au marketing et à la communication, voire à l’organisation d’une manifestation. Le hic c’est que cela a un coût. Tous les professionnels qui sont dans la salle ne me contrediront pas. On sait que c’est souvent cela le frein à pouvoir permettre que des prestataires puissent prendre en charge cet aspect des choses. On est frileux. Pour ce qui concerne le football, on a une situation financière qui est difficile. Si un prestataire vient et nous dit: «Je vous prends votre organisation, marketing, communication. Je m’en charge et je vais vous amener

60% des recettes de marketing et je vais en garder 40% pour me rémunérer», là il n’y a aucun problème. On a toujours dit que nous étions toujours dans cette démarche de gagnant-gagnant et que nous n’avions pas d’argent à investir pour la mise en place de ces affaires-là. C’est la première remarque.

Deuxième remarque, c’est une petite réflexion que je veux verser à la question de l’organisation du Tour des yoles rondes. Alain DÉDÉ connaît ma casquette en termes de sécurité. Il y a un véritable problème, c’està-dire qu’aujourd’hui le Tour des yoles n’est pas suffisamment financé pour faire face aux principales charges liées à la sécurité du Tour. Lorsque l’on parle de sécurité, derrière il y a les questions de responsabilité où l’organisateur (la Fédération des yoles rondes) avec en tête son Président, mais également pour les autorités de police que sont les maires parce que ce sont de grands rassemblements à chacune des étapes, voire la responsabilité du représentant de l’État parce qu’il doit avoir un œil sur ces aspects-là.

Il ne faut pas se voiler la face, aujourd’hui il manque de l’argent pour pouvoir financer les aspects sécuritaires du Tour des yoles rondes de la Martinique. Qu’est-ce qui se passe? Il y a un certain nombre d’institutions, un certain nombre de partenaires liés à la sécurité qui sortent l’argent du budget de l’institution, que ce soit le SDIS, que ce soit peut-être la gendarmerie, etc. Il faut se pencher sur cette question-là: Comment faire? Peut-être aujourd’hui que les institutions disent: «on ne peut pas aller plus loin» et cela pose problème. Il faut trouver le gisement nécessaire pour compléter le financement de l’organisation du Tour. Cela m’amène à terminer sur les deux propositions. Il y a, pour ce qui concerne le football, le gisement d’intégration FIFA parce que l’on se dit que cela va nous apporter des recettes supplémentaires et cela permettra de soulager quelque part, les institutions, qui pourront peut-être en faire plus pour d’autres activités sportives du pays et il y a forcément ce gisement de recettes supplémentaires en termes de marketing, communication pour cette magnifique manifestation qu’est le Tour des yoles.

La seule question que je veux poser à Alain (DÉDÉ), très sincèrement, et droit dans les yeux comme on le dit, le procès a toujours été fait à la Fédération et à Alain DÉDÉ en particulier, de ne pas vouloir lâcher l’affaire. Est-ce que la Fédération des yoles rondes

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et Alain DÉDÉ en tête, sur ces aspects de marketing et communication, est véritablement prêt, dans une réponse franche, à lâcher l’affaire à une société d’économie mixte ou à une société locale qui prendrait en charge l’affaire avec une lisibilité très claire sur le domaine.

Alain DÉDÉ

Avant de donner la parole à Jean-Yves AGLAE, Samuel PEREAU, la réponse est oui. Par contre, il y a une double réponse. C’est vrai qu’il y a la fédération internationale de football où vous vous battez pour y aller parce que tu le dis toi-même, il y a un gisement financier qui est énorme que vous pouvez récupérer. Nous, Fédération des yoles rondes, nous sommes notre propre tutelle. En réfléchissant bien, on se disait peut-être s’allier à une fédération mais la voile ne se vend pas suffisamment. Vous avez peut-être pensé à la fédération de tennis. Trouver une sortie de ce côté: on n’y croit pas trop. Par contre, et c’est le travail que nous sommes en train de faire: comment mettre à côté de nous, des professionnels qui vont faire tourner la boutique sans détériorer le produit? C’est surtout cela la priorité: sans détériorer le produit. Pour tous les gens qui sont autour de nous, c’est cela la priorité. Nous avons une organisation qui fonctionne, nous sommes arrivés à donner un état d’esprit à l’associationdes yoles. Cela fonctionne. On a encore un certain nombre de choses à régler au niveau de nos médias particulièrement mais sachez qu’au sein du Conseil d’administration, si nous avons une organisation qui peut prendre en charge beaucoup de choses ce sera tout bénéfice. Sur 52 dimanches, nous en perdons 23. Si nous arrivons à n’en perdre que 10, je parle en tant que dirigeant, ce serait tout bénéfique pour tout le monde.

Jean-Yves AGLAE

Président de la Société Rasing Bonjour à tous, Jean-Yves AGLAE, je suis Président de la société Rasing, société qui accompagne la fédération sur sa transition digitale. Nous sommes à l’initiative du projet yoles365. Je suis moi-même yoleur, pour ne pas citer l’équipage, avec l’association Athon. Je prends le micro, pour extrapoler un petit peu la problématique, c’est-à-dire qu’aujourd’hui on parle de «quel avenir pour le tour des yoles?». On ne peut pas parler du Tour sans parler de la yole. Cela veut dire aussi: quel avenir pour la yole? On ne peut pas parler de la yole sans parler des associations, sans parler des sponsors: Quel avenir pour les associations?

Aujourd’hui, quel avenir pour les associations c’est: comment on forme les yoleurs? Comment on devient yoleur? C’est une question, il faut se la poser. Comment devient-on yoleur? Quel avenir pour un yoleur? Un yoleur qui s’arrête au Tour des yoles n’ira pas plus loin. Même si on n’est pas Fédération Française de voile, est-ce que l’on ne peut pas envisager des passerelles vers de la voile parce qu’aujourd’hui, tous les yoleurs ce sont des passionnés de voile. Il ne faut pas l’oublier. On est sur l’eau, on a un Code maritime, on est quand même passionné de voile. J’ai vu Éric BARAY dans la salle, on pourrait se poser la question quel est l’avenir pour un yoleur? Un jeune qui se lance à l’âge de 16 ans dans la yole, est-ce qu’il va toujours être dans la yole à 30 ans ou accéder au Championnat du monde de voile en étant yoleur à la base? On peut se poser la question.

Deuxièmement, pour les sponsors. Aujourd’hui, on sait comment il est difficile de trouver un sponsor. La problématique pour un sponsor c’est d’avoir une visibilité non pas sur un an, mais sur du long terme. La yole aujourd’hui ne fonctionne pas sur dulong terme. Le Tour des yoles, on en rediscute chaque année, on repart quasiment de zéro. Est-ce qu’il ne faut pas se poser la question: quel est l’avenir du Tour des yoles? Donner une visibilité à long terme pour aussi faciliter l’intégration des sponsors et leur donner cette visibilité aussi à long terme. On va saluer des entreprises comme Rosette, Brasserie Lorraine qui, depuis le début, accompagnent le Tour des yoles. Ils ont peut-être des solutions à apporter pour la visibilité à eux, mais c’est vraiment une problématique. Chaque année, on a des nouveaux sponsors qui apparaissent et d’autres qui en sortent. Il y a une problématique aussi à ce niveau-là?

En apportant déjà des solutions, des réponses à ces questions, la notion du Tour va déjà être, peut-être, plus facile.

Je viens maintenant sur notre projet Yoles365. C’est un projet qui, indépendamment de l’aspect digital, permet de réconcilier deux générations: la génération de la yole qui aujourd’hui est portée par l’équipe de la fédération qui a œuvré très bien jusqu’à maintenant pour porter l’activité, les événements là où nous en sommes, mais aujourd’hui on a un fossé avec la nouvelle génération où on va parler de WhatsApp, de Facebook, de Twitter, de photos, qui est intéressée par la Martizik

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et la Mercury Beach, la photo. L’objectif c’est vraiment allier les deux générations, à travers ces outils. On valorise d’ailleurs à travers un outil qui va être l’application yoles365. Malheureusement on n’aura pas de photos dessus parce que ce n’est pas la vocation. On va avoir les photos des yoleurs et des informations sur la yole mais on va être présent sur les autres réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram) pour que les nouvelles générations s’approprient la yole également. On crée une passerelle entre l’activité et la jeunesse pour que sur la notion de l’information, on soit en phase. Pour être bien dans le secteur qui aujourd’hui, n’était pas clair, puisque l’on va parler d’information directement, on va parler des médias autour des yoles. On vient en tant que média pour faire de l’information, on ne vient pas pour prendre la place des médias existants. On vient juste en complément aujourd’hui. Encore une fois, tout le monde l’a très bien vu, le Tour des yoles on en parle, mais on parle de tout ce qu’il y a autour du Tour, on ne parle pas de ce qu’il y a dans le Tour. Malheureusement, en août on va parler du Tour des yoles, par contre en septembre, en mars, la yole passe inaperçue. L’idée de yoles365 je vais l’expliquer encore une fois, ce que l’on veut que l’activité yole vive toute

l’année. Avec l’application yoles365, en octobre on va avoir du contenu accessible sur cette application qui va parler du Tour, de la construction, de la formation, d’événements qu’il y aura sur l’activité yole et qui ne vont pas être relayées comme nous, yoleurs, nous, Fédération, on le voudrait, sur les médias. Il faut le dire clairement. Aujourd’hui, on parle de la yole 5 minutes dans le JT. On montre des images qui datent d’il y a deux ans avec les sponsors qui ne sont même pas à jour. Il faut être clair sur cette question.

Autre chose, pour aller encore plus loin, la yole s’inscrit dans le domaine nautique. Je vais finir sur cela. C’està-dire que l’on a un événement nautique sur l’année, qui vient peupler, on va dire, un ensemble de manifestations. L’activité yoles365 n’aura pas vocation à se focaliser uniquement sur la yole. Il faut que l’on soit clair. Quand il n’y a pas de yole, on a tout intérêt à valoriser ce qui se fait sur la mer. On va parler de jet ski, on va parler de cata. On doit retrouver autour de l’activité yoles365, des informations sur les autres événements parce qu’aujourd’hui, on est dans l’ère de la mutualisation. Nous allons continuer à relier les informations parce que, ce qui va être fait par le jet ski, ce qui va être fait par le Yacht Club, cela profite

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Quel avenir pour le tour des yoles

aussi au Tour des yoles, à la Fédération des yoles rondes aussi bien sur l’aspect organisation que sur l’aspect notoriété. Il faut que l’on en soit conscient, on est sur un aspect de mutualisation. Allons aussi bien mutualiser les esprits, les cerveaux, la formation, les jeunes qui sont aujourd’hui dans ce type d’évènements c’est-à-dire dans l’organisation pour leur permettre de prendre place en Martinique sur des événements qui nous appartiennent.

Alain DÉDÉ

Juste pour dire que cette réflexion était particulièrement nécessaire et elle servira de base à notre Conseil d’administration et particulièrement avec la relation que nous avons avec la CTM pour mieux appréhender les actions de demain, pour la pérennité du Tour de la Martinique des yoles. Je tiens, au nom du Conseil d’administration de la Fédération, à remercier la CTM de cette initiative.

Marius NARCISSOT

Pour ce qui nous concerne, nous tenons à remercier les intervenants pour l’apport, que ce soit un pour l’atelier de ce matin ou celui sur les yoles, cela nous a permis de voir qu’il y a un véritable engouement et une préoccupation même des acteurs du sport par rapport au devenir.

Pour ce qui est de cet atelier sur la yole, je crois, Président DEDE que nous avons retenu quand même, parmi les nombreuses interrogations, des questions-clés: la notion de perspective du Tour des Yoles. Quelles perspectives pour en faire une vitrine pour la Martinique sachant que la vitrine populaire est déjà acquise mais la vitrine économique pour qu’il y ait des retombées économiques, qu’est-ce qu’il faut faire?

La deuxième préoccupation, et le Président PEREAU l’a dit, c’est la notion de sécurité qui prend de plus en plus le pas sur l’organisation parce que la réglementation évolue. C’est vrai, lorsqu’Alain DÉDÉ organisait le Tour des yoles, il y a 15 ou 20 ans, il n’y avait pas autant de contraintes qui lui sont imposées aujourd’hui. Je rebondis sur la notion de coût qui avait été évoquée tout à l’heure. En 1993-1994, lorsque Louis BOUTRIN faisait son livre c’était un peu plus d’un million de francs l’organisation. Aujourd’hui, la participation, c’est 2millions d’euros. On voit que les coûts augmentent et il faut faire face à cela. Faire face à cette situation, c’est se dire comment répondre à une question qui était

posée: Comment accompagner la fédération sans faire à sa place mais comment développer la discipline pour que l’on puisse répondre aux préoccupations des yoleurs en termes de passerelle puisque le Tour des yoles ne doit pas être une fin, mais ce doit être justement un tremplin pour permettre aux jeunes de rebondir? Sachant que, Jean TRUDO, nous ne sommes pas dans le même monde. Aujourd’hui effectivement, on parle de génération et, de génération Z, il faut répondre aux attentes de toutes ces générations. Au nom de la commission sport, je tenais aussi à remercier les collègues qui sont venus. Madame TINOT qui est partie et Germain SOUMBO pour son intervention. Merci encore.

Louis BOUTRIN

Juste un mot, non pas pour rallonger, pour vous remercier. Je suis admiratif de voir que, depuis ce matin, vous êtes là. Il y a des visages qui sont connus maintenant, qui sont familiers parce que depuis maintenant cinq semaines, nous abordons cette réflexion à travers les Assises du sport martiniquais.

Ce que je dirai, ce sont surtout, à la fois des mots de remerciement. On a beaucoup parlé d’une activité traditionnelle mais aujourd’hui nous avons quand même une obligation de nous projeter dans l’avenir et de voir comment changer notre vision qui est une vision traditionnelle de la yole vers une vision, j’ai presque envie de dire, managériale de la yole. Grâce au concours des participants, nous allons approfondir la réflexion que nous avons déjà entamée avec la Fédération des yoles ronde mais je tiens à préciser que si l’objet de la discussion c’était «l’avenir du Tour des yoles» nous ne nous désintéressons pas de l’activité yole puisqu’Alain DÉDÉ, on ne l’a pas dit, le budget dont on parle c’est le budget du Tour mais à côté du budget vous avez le programme d’actions et vous présentez une deuxième demande et nous vous accompagnons dans cette deuxième demande pour le programme d’actions de la Fédération des yoles à travers les bébés yoles, à travers toutes les activités que vous avez. Sachez que c’est une volonté politique et kon yo ka di, là où il y a une volonté, il y a un chemin. Nou ké’y trasé-y épi zot. En tout cas, mèsi an pil, mèsi an chay.

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212 Livre Blanc du Sport Martiniquais 2016 -2021 Sport et collectivités territoriales Sport dans la cité, sport et bénévolat, sport et insertion Sport et handicap Samedi 16juillet 2016

Intervenants

• Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM

• Maurice BONTE, Président de l’Association des maires, Maire d’Ajoupa-Bouillon

• Marina SIGER, Déléguée régionale au Centre National de la Fonction Publique Territoriale, CNFPT

• Francis CAROLE, Conseiller exécutif chargé des Affaires sociales, Santé et Solidarité, CTM

• Alain CHEVALIER, Directeur de la DJSCS Martinique

• Robert MARAJO, Président du Longvilliers Club du Lamentin

• Jérôme LOIRAT, Union Française des Œuvres Laïques d’Éducation Physique, UFOLEP

• Marius NARCISSOT, Président de la Commission Politique des Sports, CTM

• Florent PANCALDI, Président de la ligue handisport Martinique

• Sandro LAUPA, Educateur APA de la ligue handisport Martinique

Livre
du
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Blanc
Sport Martiniquais
Samedi 16juillet 2016 Sport et collectivités territoriales • Sport dans la cité, sport et bénévolat, sport et insertion • Sport et handicap

d’observer une minute de silence pour la mémoire des victimes de Nice. Je vous remercie.

Merci

Conseiller

à tous et à toutes d’être présents ce matin.

Je sais que c’est un exercice quelque peu difficile puisque nous avions mis cette séance au beau milieu d’un week-end prolongé. Je crois que la situation nous amène à mettre un petit bémol, à mettre l’accent sur les circonstances graves que nous connaissons. Comme vous le savez, la France est actuellement en deuil. Trois jours de deuil ont été décrétés. Avant de commencer les débats et avant de reprendre la parole, je vais tous vous demander

Je sais que le Président de l’Association des maires est un grand combattant. À ma gauche un grand combattant, à ma droite un champion du monde de WBF en boxe, Michel MOTHMORA que je vais vous demander d’applaudir bien fort.

Je vous demande une standing ovation parce que ce n’est pas souvent que nous avons un champion du monde en boxe.

Je vais lui passer la parole.

Maurice BONTÉ, tu ne m’en voudras pas, mais si tu veux me boxer, il est à ma droite.

Maurice BONTÉ Président de l’Association des maires Je suis un grand sportif, il n’y a pas de souci.

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Samedi 16juillet 2016 Sport et collectivités territoriales • Sport dans la cité, sport et bénévolat, sport et insertion • Sport et handicap

Bonjour à tous. Je me présente Michel MOTHMORA, actuel champion du monde WBF des poids moyens. J’ai eu la chance de conquérir cette ceinture mondiale le 6mai dernier à Matoury pour la France, pour mon département de résidence le Loir-et-Cher mais aussi pour la Martinique parce que je suis un Martiniquais de souche et c’est toujours avec un grand plaisir que je reviens sur mes terres pour pouvoir être célébré, fêter ce titre et ramener cette ceinture sur ma terre natale.

En fin d’année, j’espère pouvoir défendre ma ceinture parce que nous sommes amenés à défendre tous les 6 à 9 mois notre couronne mondiale. C’est un de mes rêves de le défendre ici sur mes terres en Martinique. Si c’est quelque chose qui pourrait se faire, ce serait avec un grand plaisir que je viendrai la défendre ici.

Louis BOUTRIN

Michel MOTHMORA nous a fait le plaisir d’être parmi nous ce matin. Il n’a amené qu’une ceinture, c’est la plus prestigieuse…

Michel MOTHMORA

Champion du monde de boxe WBF J’ai amené les cinq!

Louis BOUTRIN

Dis-nous à quoi correspondent les autres.

Michel MOTHMORA

Champion du monde de boxe WBF J’ai un parcours assez atypique. Je boxe depuis l’âge de 13 ans. J’entame ma 23 e saison (saison de boxe anglaise). Je suis artisan charcutier-traiteur de métier, mais je suis passé boxeur professionnel à l’âge de 19 ans. C’est vrai que d’arriver à lier les deux activités, c’était quasi impossible. Dès lors, j’ai fait le choix de mettre de côté mon activité de traiteur.

Voici les autres ceintures qu’il m’a fallu un bon nombre d’années pour remporter. C’est le travail de toute une vie.

La première ceinture que j’ai remportée face à l’invaincu, Stephan HORVATH, c’est ma ceinture internationale, ce qui équivaut à un quart de finale mondiale. Je l’ai défendue une fois face à OMSARASHVILI, le Géorgien, un puncheur redoutable que j’ai réussi à mettre KO à la septième reprise.

Dès lors, j’ai confirmé ma place. Je n’avais pas remporté ce titre par accident. Car lorsqu’on a un palmarès comme le mien… Je n’ai pas un palmarès mirobolant. J’ai un palmarès en dents de scie. Je menais les deux activités de front. C’est assez difficile de réussir une carrière de sportif de haut niveau tout en étant artisan charcutier puisqu’il faut savoir que l’artisanat requiert une amplitude horaire extrêmement large et l’entraînement d’un sportif de haut niveau tout autant. Ce qui fait que j’étais à 40% 60% et je n’arrivais pas vraiment à performer. J’ai fermé mon magasin, cela a représenté beaucoup de sacrifices pour les rentrées financières, etc. Mais j’ai réussi à performer au plus haut niveau. Je fais ce petit aparté pour vous expliquer pourquoi je dis que j’ai un palmarès en dents de scie.

Quand j’ai rencontré Stephan HORVATH pour ma première ceinture, pour lui, MOTHMORA, c’était juste une formalité. Il était invaincu et moi, j’avais un palmarès négatif, dans le sens où j’avais beaucoup de défaites, non pas que je n’étais pas un bon boxeur, juste que je ne faisais pas ce qu’il fallait. Je ne m’entraînais pas comme il faut car il fallait que j’ouvre le magasin, que j’aille sur les marchés. J’ai fait le choix de la performance et cela a payé.

Il y a donc eu HORVATH, OMSARASHVILI, puis l’Allemand - encore un client redoutable - que je gagne par KO à la huitième reprise…

Ce fut un combat très dur. Dès lors, il a fallu confirmer car lorsqu’on remporte une ceinture, il faut pouvoir la défendre au moins une fois pour passer à l’échelle supérieure. J’étais arrivé à la demi-finale mondiale. Il a donc fallu confirmer. Au mois de décembre dernier, j’ai gagné sans briller parce que depuis septembre, je travaille à la protection judiciaire de la jeunesse en

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tant qu’éducateur technique de cuisine. En plus de mes activités, traiteur et boxeur, j’ai pris un nouveau challenge. En même temps, réussir tout cela, c’était un beau défi que je m’étais fait un point d’honneur de relever et je les ai relevés. Je n’ai pas brillé, mais j’ai assuré l’essentiel. On ne demande pas forcément à un champion de briller, on lui demande de conserver son titre et de gagner.

Chose faite. Seulement, je savais qu’en restant sur mes acquis et en ayant ce niveau-là, ça ne serait pas possible d’être champion du monde. J’ai donc fait de nouveau des sacrifices. J’ai pris tous mes congés. C’est assez confortable de travailler pour le Ministère de la justice parce que l’on a une amplitude de congés assez confortable. J’ai donc épuisé mon stock de congés pour pouvoir m’entraîner. J’ai investi dans un masque d’élévation. C’est un masque pour simuler les mêmes propriétés que si on s’entraînait à haute altitude pour vraiment augmenter la capacité cardiovasculaire. J’ai vraiment mis toutes les chances de mon côté pour pouvoir faire face au Brésilien qui était un grand puncheur avec une ceinture WBC qu’il possédait. Il était trois fois champion du Brésil. Ce n’était pas une mince affaire. Je gagne 9 rounds sur 12. J’ai dû m’employer énormément. Je pensais avoir été loin dans le dépassement de soi, dans la performance physique mais jamais je n’avais été aussi loin. Quand j’ai fini, au dernier coup de gong de la 12 e reprise, j’étais vraiment sur les rotules mais j’étais fier au fond de moi parce que j’avais été très loin, j’avais fait taire tous les médisants et j’avais ramené cette ceinture mondiale pour la Martinique.

Ce n’est pas rien. C’est vrai qu’il y a encore des défis, de belles choses mais champion du monde, c’est un rêve d’enfant que certains n’atteindront jamais. J’ai eu, je ne dirais pas, la chance parce que je me suis donné les moyens d’y arriver, d’aller au bout de mes performances, mais ce que je veux dire par là c’est que si tous les Martiniquais ont une ambition, un rêve et qu’ils se donnent les moyens d’aller au bout de ce qu’ils veulent vraiment, la Martinique c’est une terre de champions. Il faut donner aux jeunes Martiniquais les moyens, les outils. Je suis l’exemple, que quand on veut quelque chose, on peut, il faut juste se donner les moyens.

Louis BOUTRIN Malgré ce palmarès éloquent, une belle leçon d’humilité. On ne fera pas de promesses ni d’engagement, mais on dira simplement que si on peut t’aider à notre manière, en faisant en sorte que ton prochain combat, quand tu vas remettre cette ceinture en jeu, se réalise en Martinique, nous ferons tout pour que cela puisse se faire parce que tu mérites d’être connu par tous les jeunes Martiniquais et j’ai presque envie de dire, par tous les Martiniquais.

Je sais que tu as d’autres obligations, mais tu vas peutêtre suivre le début de nos travaux. Tu vas récupérer tes couronnes mais tu vas nous laisser celle-là et tu la récupéreras en partant.

On a envie de la garder encore quelques instants parce que champion du monde WBF, ce n’est pas rien. En tout cas, mèsi an pil, mèsi an chay.

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SPORT ET COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

cela a été fait par le Président de la CTM. Aussi, féliciter chaleureusement la Déléguée régionale du CNFPT de Martinique qui animera avec moi cet atelier et en profiter pour rendre hommage, également, à vous, responsables de ligues, de clubs et/ou d’associations, bénévoles, animateurs, adhérents, supporters qui s’investissent quotidiennement pour assurer la promotion du sport martiniquais afin d’atteindre des espoirs que nous plaçons en eux.

Monsieur le Président, je dirais tout simplement que nos attentes sont fortes ce matin parce qu’elles expriment ce grand attachement que nous éprouvons vis-à-vis des valeurs sportives c’est-à-dire celles du plaisir, de la tolérance et du respect de l’autre.

Nous

n’avons pas eu les mêmes combats, mais j’ai souvent gagné et très peu perdu!

Monsieur le Président de la CTM, Messieurs les Présidents de communautés ou leurs représentants, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les Présidents de clubs sportifs, Mesdames et Messieurs les sportifs, Mesdames et Messieurs les journalistes, Chers amis,

Je voudrais vous dire le plaisir que j’ai à nous trouver tous ensemble ici, pour cet atelier «sport et collectivités territoriales» des Assises du Sport organisées par la Collectivité territoriale de Martinique, dans l’enceinte d’un lieu symbolique, l’Institut Martiniquais du Sport (IMS).

Je formule donc le souhait que nous y sortions avec l’intime conviction que ce grand vecteur de cohésion sociale et de partage qu’est le sport, est et demeurera toujours pour les communes un levier important pour les politiques publiques que nous souhaitons bien entendu ambitieuse et partagée par le plus grand nombre.

Avant d’entamer mon propos, vous me permettrez d’avoir une pensée profonde pour les victimes de l’attentat de Nice. Attentats que l’ensemble des élus de l’Outre-mer condamnent avec force. Ce n’est plus la peine que je demande la minute de silence puisque

Aussi, j’espère très sincèrement que si nous parvenons à graver durablement dans le marbre ces valeurs au sein de nos politiques sportives, nous aurons gagné le pari de ces Assises.

Pour mémoire, je rappelle que la collectivité locale joue un rôle important dans le développement et la promotion des activités sportives. Ce faisant, celles-ci contribuent à l’éducation, la culture, la santé et l’intégration et permettent de valoriser l’image d’un territoire en y produisant par exemple des champions. Je suppose que celui que nous venons de voir a quand même été soutenu par une collectivité ou une autre, et je crois que là aussi c’est notre devoir le plus profond.

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Sport et collectivités territoriales

On peut donc distinguer deux grands axes de l’intervention. D’abord au niveau des équipements. Aux termes de l’article premier de la loi 84-610 du 16juillet 1984 modifié relative à l’organisation et à la promotion des activités physiques et sportives, l’État, les collectivités territoriales et leurs groupements, les associations les fédérations sportives, les entreprises et leurs institutions sociales contribuent à la promotion et au développement des activités physiques et sportives. Il s’agit donc d’une compétence pas tout à fait partagée entre les différents acteurs dans les communes et leurs groupements. En leur qualité de propriétaire ou gestionnaire de près de 80% des équipements sportifs, les communes, d’une manière générale peuvent mettre les équipements à disposition des clubs qui en font la demande par le biais de conventions. Tout club peut y avoir accès à titre onéreux ou gratuit.

La seule consigne est le respect des règles de sécurité. Les communes consacrent en moyenne 6% à 7% de leur budget au sport. Les communes peuvent également bénéficier du soutien d’outils nationaux et organismes qui participent à leur cadre d’intervention en matière de sport. Le dispositif de recensement des équipements sportifs donne une idée exacte des équipements nécessaires à la pratique de l’éducation

physique et sportive aussi. Le CNS, le Conseil national du sport, contribue non seulement au dialogue entre les acteurs du sport mais également à la coordination et à l’évaluation des politiques publiques en matière de sport. Le Centre national pour le développement du sport avec des financements dédiés pour corriger les inégalités d’accès à la pratique sportive notamment vers les publics les plus jeunes scolarisés, des quartiers en difficulté, des personnes handicapées et, naturellement les collectivités majeures comme la CTM.

Comme vous pouvez le constater, les collectivités font tout ce qu’elles peuvent pour doter l’ensemble du territoire d’équipements appropriés. Là où il y avait des inégalités en termes d’équipements, tous les moyens sont mis en œuvre pour y remédier soit par le bloc communal, soit par le groupement intercommunal. Au niveau des clubs sportifs, le sport véhicule puissamment des valeurs de rigueur, de travail et d’efforts. Il était nécessaire que l’engagement des communes aille bien au-delà. C’est la raison pour laquelle, celles-ci pratiquent une politique d’aide aux associations sportives avec des critères d’attribution, de subventions, laissés à leur appréciation pour pallier la faiblesse des recettes des clubs, ce qui est d’ailleurs une originalité du système sportif français.

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J’ai d’ailleurs une pensée pour tous les élus et bénévoles d’associations qui font un travail de terrain remarquable tout comme les agents municipaux qui font de même pour entretenir les locaux, installations et terrains. En le faisant, ils contribuent à faire en sorte que le sport demeure une école de la vie, un élément fédérateur est un facteur important du lien social. Malheureusement toute cette dynamique va au-delà des jours sombres en raison de l’existence d’un certain nombre de facteurs aussi bien subjectifs qu’objectifs qui nuisent à son développement.

Parmi ces facteurs subjectifs, les échanges. D’aucuns reprochent aux maires leur connaissance imparfaite des politiques sportives locales. Pour autant, nous utilisons tous les leviers à notre disposition pour former, informer, susciter à la fois sur le terrain et avec tous les supports ou médias à notre disposition.

Les efforts pourtant nombreux au niveau des équipements sont jugés insuffisants alors que les dépenses augmentent régulièrement ne serait-ce que par l’apparition de nouveaux besoins et d’adhérents. Nous devons, par ailleurs, former des agents aux procédés, à de nouveaux recrutements pour coller aux nouvelles exigences de l’organisation, par exemple, du temps scolaire. Enfin, soumis à la pression des présidents de clubs qui, s’estiment victimes de traitements discriminatoires à cause de la réduction parfois des subventions accordées.

Sur ce dernier point en particulier, que pouvons-nous y faire? Certains facteurs objectifs nous l’imposent.

Les élus eux-mêmes, sont conscients des limites du système mis en place. Les citoyens demandent naturellement de rendre compte de la gestion des deniers publics. Le problème des restrictions budgétaires comme la baisse des dotations de l’État qui conduit des collectivités locales à évoluer dans un contexte financier contraint et qui les obligent naturellement, malheureusement, à procéder à des variables d’ajustement budgétaire touchant plusieurs secteurs.

Je suis conscient que le sport est essentiel mais il génère aussi des charges de centralité non négligeables. Aussi, vous comprendrez, que les municipalités soient davantage vigilantes depuis quelque temps dans les subventions accordées aux clubs sportifs. Il y a désormais une nécessité d’aller directement à l’os, c’est-à-dire au strict minimum, à la bonne gestion des clubs.

Il y a également les changements provenant de la réglementation qui évolue sans cesse et qui obligeles collectivités à s’inscrire dans un cadre plus contraignant, plus rigide. Les collectivités souffrent tellement de cette inflation nominative qu’une démarche a été entreprise par les instances nationales pour demander au Ministre, le maximum de polyvalence pour les équipements, pour faire part de son opposition à toute mesure visant à réserver les financements aux seules intercommunalités et surtout pour qu’une priorité soit accordée à la réhabilitation du parc d’équipements vieillissant.

Il n’est pas évident pour moi de tenir un tel propos en annonçant que les temps à venir seront difficiles mais en tant que Président de l’Association des maires, je dois prendre mes responsabilités et tenir un discours de vérité. De mon point de vue, il faudrait imaginer un jour ou l’autre, un nouveau contrat de confiance financé entre l’État et les collectivités locales garantissant une stabilité financière et faisant en sorte que chacun ait une visibilité avec des efforts équitablement partagés. En tout cas, à l’Association des maires, nous militons pour cela car nous avons la vague impression que les maires qui paient déjà un lourd tribut financier avec les compétences transférées (le dernier en date, les rythmes scolaires) sont toujours obligés de faire plus avec moins. Je dis que cela suffit, il importe selon moi de sanctuariser les financements d’équipements publics fléchés notamment dans les quartiers prioritaires soit dans le cadre de la politique de la ville, soit dans les zones de revitalisation rurale.

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De même, je pense qu’il est nécessaire d’aller de plus en plus vers une mutualisation des équipements sinon cela deviendra intenable financièrement. Bien sûr, nous garderons une enveloppe pour les compétences partagées mais ce ne sera plus comme avant.

Mes chers amis, ceux qui connaissent mon attachement pour le sport naturellement savent aussi, selon moi, que le sport ne se résume pas uniquement qu’à une politique d’activités physiques, d’équipement ou de financement. Bien au contraire, c’est d’abord une école de la vie et la question sous-entendu par cette observation, est la suivante: quelle politique sportive souhaitons-nous mettre en place? Est-ce celle qui exclut ou celle qui rassemble? Est celle qui relève ou celle qui abaisse?

Pour ma part, je préfère me rapprocher des devises humanistes du baron Pierre de Coubertin qui voulait reformer la société par la pédagogie et reformer la pédagogie par le sport. Le sport peut constituer incontestablement cette recette, sur laquelle peut s’échafauder le projet et/ou la santé d’un territoire. C’est pourquoi je peux espérer encore que la devise «l’importance de participer» à encore de beaux jours devant elle.

Ces assises arrivent à point nommé car je pense sincèrement qu’il est l’heure d’entamer la refondation de nos politiques sportives. Qui pourrait dire que le sport, au-delà de la performance sportive, ne procède pas au développement positif du jeune c’est-à-dire à tout ce qui relève de l’augmentation de l’estime de soi, du développement, de l’habilité communicationnelle? Qui pourrait dire que le sport n’est pas un facteur de développement de santé publique dans le sens où il permet de mieux encadrer et accompagner une jeunesse qui est menacée de toutes parts, par tous les fléaux que nous connaissons? Qui pourrait dire quele sport n’est pas tout simplement un lieu de formation? Je voudrais dire à ces jeunes, que même si le succès n’est pas atteint d’emblée, il faut continuer car l’échec n’annule pas la valeur de l’effort. C’est avec ce genre de devises que nous produisons du champion et Dieu seul sait combien de champions nous avons vu éclore ici, des champions martiniquais. Pour conclure, je crois qu’il est de bon ton de dire que nous sommes à la croisée des chemins. Nous sommes tous responsables des actions d’incivilités qu’il peut y avoir dans le sport ici et là, comme nous sommes tous

responsables, élus et bénévoles, animateurs, responsables, adhérents, supporters, de l’avenir de notre jeunesse. Faisons en sorte de rappeler que le sport ne doit pas être un exutoire de tous les maux de notre société mais qu’il se doit d’abord d’être noble c’est-àdire un terrain de jeu sur lequel s’affrontent deux acteurs avec pour seule ambition de se faire plaisir et ensuite faire plaisir aux spectateurs. Si nous réussissons à remettre la noblesse du sport au sein de nos politiques sportifs, nous aurons déjà gagné le pari du vivre ensemble. Je vous remercie.

Bonjour Mesdames et Messieurs.

Les femmes savent faire concret, précis et concis. J’espère pouvoir, ce matin, tenir ce défi.

Le Président de l’Association des maires a posé une question tout à l’heure: «quelle politique sportive devons-nous mettre en place?». J’ai envie de lui retourner la question pour qu’en ma qualité de Déléguée régionale, je puisse apporter les réponses en matière de formation concernant les métiers du sport.

Les collectivités territoriales contribuent à la dépense sportive globale et sont propriétaires des équipements sportifs. C’est unanimement que l’on considère que les politiques publiques du sport influent favorablement sur la santé, l’éducation, le développement touristique et qu’elles jouent un rôle important dans les politiques sociales et économiques d’une ville.

Le sport a un impact sur la capacité d’une ville à projeter l’image positive à l’extérieur et à se différencier d’autres territoires pour attirer les habitants, les entreprises et les touristes.

Outre l’enjeu pour le développement et l’aménagement du territoire, ce sont surtout des valeurs humaines, sociales et sociétales qui sont recherchées. Nous en avons eu l’exemple ce matin avec le boxeur, champion, que nous avons entendu ce matin.

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Marina

La loi NOTRe du 7août 2015, même si elle n’a pas apporté de solutions, elle a clarifié un certain nombre de choses puisque le sport a toujours fait l’objet d’une libre intervention des collectivités territoriales et locales en raison de son absence dans les grandes lois de décentralisation. Par conséquent, l’intervention dans le champ du sport s’est construite au fil du temps et des opportunités. On parle alors de compétences partagées pour le sport. Dans la loi NOTRe portant sur la clarification des compétences, il faut noter la reconnaissance pour la première fois, sur le plan législatif, du caractère partagé de la compétence sport aux côtés du tourisme, de la culture, de la promotion des langues régionales et de l’éducation populaire.

Le CNFPT est un établissement public dont les missions de formation et d’emploi concourt à l’accompagnement des collectivités territoriales et de leurs agents dans leur mission de service public. Notre mission principale et notre cœur de métier sont de construire et de délivrer des formations obligatoires. Ces formationsbénéficient désormais à l’ensemble des agents territoriaux de toutes catégories (A, B et C) tout au long de leur vie professionnelle. Ce sont les formations d’intégration, les formations de professionnalisation, les formations réglementées, adaptées aux exigences et contraintes de certains métiers. Le CNFPT conçoit et dispense également les formations qui, non obligatoires pour l’agent, lui permettent d’être acteur de sa promotion: les formations de perfectionnement, les formations diplômantes ou certifiantes, les préparations aux concours et examens professionnels de la Fonction publique territoriale.

Vous avez, sur le prochain slide, les métiers territoriaux de la filière sportive. Il y en a cinq. Dans ce contexte, de fortes évolutions sociales, sociétales et institutionnelles, ce sont les compétences de transversalité, d’adaptabilité et de décloisonnement des métiers qui sont à développer. Le métier animateur/éducateur reste le plus impacté par ces évolutions. Son activité se situe plus au croisement de plusieurs politiques publiques: maintien de l’autonomie chez les personnes âgées en lien avec l’allongement de la durée de vie, prévention de l’obésité, interventions dans les quartiers, les TAP, au niveau du handicap aussi, etc.

Le contexte budgétaire contraint les éducateurs/ animateurs à être innovants et force de proposition pour le projet sportif de la collectivité. Le CNFPT est disposé à jouer pleinement son rôle dans la formation des agents territoriaux mais en fonction des choix et des orientations des décideurs. Cela me ramène à poser la question et je crois que c’est le CNFPT qui devrait poser la question: quelle politique sportive voulons-nous mettre en place? Et à partir de là, nous allons être le relais pour la mise en place des formations adaptées. J’ai envie de dire, en guise de conclusion, juste reprendre que les politiques sportives sont situées au croisement des champs de la culture, de l’éducation, de l’insertion et de la santé. Les politiques sportives sont porteuses de valeurs et vectrices du «vivre ensemble» dans l’éducation à la citoyenneté mais aussi dans l’égalité femme/homme et l’intégration. Je vous remercie.

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Échanges/Débats

Gisèle DERIGENT

Union des femmes de la Martinique Bonjour à toutes et à tous. Gisèle DERIGENT, Secrétaire au bureau de l’Union des femmes de la Martinique et aussi référente en développement durable et responsabilité sociétale de la Collectivité Territoriale de Martinique axe égalité femmes/hommes. J’interviens car j’ai vu le dernier slide du CNFPT concernant l’égalité femme/homme. Je voudrais savoir, en matière de politique publique notamment dans notre collectivité, la CTM, si les études de genitor budgeting sont prévues. Pour aller plus vite, je cite simplement mon intervention. Ce sont des études qui mettent en lumière comment l’utilisation des budgets à des politiques que l’on croit pour tous et pour toutes, sont en réalité défavorables aux femmes. Les réflexions pour notre avenir méritent donc de s’appuyer sur toutes ces approches novatrices pour mener des analyses sexuées.

Je demande en termes clairs et on a pris des dispositions, dans le cadre des politiques budgétaires publiques, s’ilest prévu de mettre en place des analyses sexuées pour l’élaboration d’un projet différencié c’est-à-dire une mise en œuvre attentive pour instaurer une égalité de chances entre femmes et hommes?

Cette préoccupation devrait traverser toutes les politiques, les projets politiques structurants pour notre pays. À quand des statistiques sexuées pour précisément une évaluation des budgets existants avec une perspective de genre à tous les niveaux du processus budgétairedans le but de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes. Merci.

Félix DOUTONE

Membre fondateur du Club nautique

Le Neptune au Lamentin J’interviens ponctuellement du fait du moment. C’est un hasard, c’est un petit peu à l’image de la société martiniquaise, je ne sais pas si dans d’autres cités la femme est active, dynamique et entreprenante mais, dans la salle je vois que nous sommes une majorité d’hommes. Autrement dit, le problème de la femme c’est depuis l’éducation. C’est elle qui fait l’éducation. Ce n’est presque pas l’homme. Autrement dit, si déjà dans la famille il y a une dynamique masculine dans l’animation familiale, s’il n’y a pas une mise à niveau pour que les jeunes filles puissent avoir un rôle de

citoyenne pour demain, ce n’est pas aujourd’hui, à ce niveau, que les choses se feront.

Le problème est simple et je laisserai, tout à l’heure, Francis CAROLE dire ce qu’il a prévu de dire sur une idée qui est venue au Conseil Général et qui sera mise en place par la Collectivité territoriale, mais je crois que tout commence par la femme. Je suis désolé Madame, vous êtes plus importante. Beaucoup plus importante que vous ne le pensez. Je le dis, je suis médecin. Il y a effectivement besoin sur le plan de l’émancipation de la femme comme individu, comme citoyenne. Elle n’est pas après l’homme. C’est elle qui doit être, dès l’enfance, poussée vers ce qui est son idéal de citoyenne. Autrement dit, on peut réparer mais au début des choses. Cela passe par la famille. C’est vrai, souvent, ce sont des familles monoparentales. Cela aussi c’est un problème important. Il y a à mon sens, une société martiniquaise, non seulement une nécessité de tenir compte de notre culture générale, l’histoire pèse lourd mais aussi de notre intégration à un ensemble de cultures qui ne sont pas forcément identiques aux nôtres, qui sont celles de la Caraïbe. Nous intégrer, nous comparer aux autres, nous confronter aux autres. Autrement dit, il y a un frein aussi par rapport à la femme. L’homme sort plus facilement. Il y a des activités sportives qui le permettent mieux. Mais il est vrai qu’il n’a pas à dire c’est celui-ci ou celui-là. Je ne crois pas. Il faut revoir, chacun à son niveau, génération après génération pourquoi il y a eu cette dérive. Je ne parle même pas de la délinquance etc. Ce sont nous les fautifs. Il ne faut pas chercher ailleurs. Je suis dans aucune structure administrative, je suis simplement un acteur. Je présidais un club de voile. J’ai créé un club de voile. Et je vois comment cela se passe dans les clubs de voile. On voit les petits garçons, les mamans viennent au début, les papas plus souvent mais il y a besoin de faire en sorte que la citoyenneté ne soit pas distincte dès le plus jeune âge.

Gabriel LORDINOT

Président du Comité régional de natation de la Martinique

Le sujet développé par le Président de l’Association des maires est particulièrement important: le problème des équipements et de la mise à disposition de ces équipements à des associations formées de bénévoles, c’est-à-dire les gens qui veulent bien apporter leur concours pour faire en sorte que notre jeunesse soit encadrée.

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Il y a une tendance contre laquelle nous luttons nous, bénévoles, à vouloir faire payer aux associations, je ne dis pas la formation, mais les compétitions qui sont organisées sur le territoire. Dans le domaine de la natation, je parle de ce que je connais bien, il y a de graves insuffisances. En effet, il y a une directive territoriale qui le précise, notamment pour la formation de nos jeunes dès l’école, la natation obligatoire ne peut pas être assurée. Il y a donc un vaste champ de progrès que nous devons réaliser mais nous devons nous battre pour faire en sorte que les compétitions que nous faisons permettent à nos jeunes de se rencontrer pour les socialiser, pour ouvrir les animations à la population, que nous ne soyons pas pénalisés, que les moyens mis à disposition, les équipements, ne soient pas remis en cause parce qu’il y aurait effectivement des flux tendus, des recettes qui ne seraient pas suffisantes pour les collectivités. Que dire des associations qui elles, font de leur mieux pour continuer le travail malgré les difficultés qui ont été citées et qui sont justes. Quel sport nous voulons? Nous voulons un sport pour développer la santé, pour développer l’éducation, pour l’insertion de nos jeunes mais également pour former des champions et faire rêver les autres pour leur donner envie de pratiquer le sport. On l’a dit, le sport école de la vie. On va lutter contre les incivilités et le vivre ensemble. C’est le programme que les bénévoles s’attachent à développer en donnant de leur temps. Nous croyons qu’il y a un partenariat étroit qui devrait persister entre les collectivités et les associations pour faire progresser le sport dans notre pays.

Brigitte LOCA

Ligue d’escrime de Martinique Bonjour. J’avais deux remarques au niveau de la collectivité. On a parlé d’inégalités homme/femmes. Je ne vais pas m’arrêter sur ce sujet. C’est plus, pour moi, inégalité entre la promotion des sports. Souvent sont mis en avant certains sports comme le football (on l’a vu avec l’Euro, tout le monde était mobilisé sur l’Euro) mais l’escrime, où d’autres sports, ne sont pas aussi bien mis en avant. J’ai vu qu’il y a un thème sur la communication le 30juillet «sport et médias». Je pense qu’il faudrait qu’il y ait une réflexion sur l’égalité à mettre en place au niveau de tous les sports. Tous les sports sont à promouvoir. L’autre idée, j’entame un peu le sujet, je ne sais pas si je serai là le 30juillet, concernant la communication.

Au niveau de la collectivité, on a une communication sur la Martinique par rapport au tourisme. J’ai souvent entendu le terme ce matin: Martinique terre de champions. Ce serait bien d’avoir une communication à ce sujet où justement, on met en avant tous nos championscomme on vient de voir l’exemple de ce matin avec le boxeur. L’autre remarque, c’est sur «sport et insertion». Je trouve aussi que ce n’est pas facile…

Louis BOUTRIN C’est tout à l’heure! Il ne faut pas anticiper. (rires)

Bernard DOMERGUE Directeur Association H2 Eaux Bonjour, je suis dans le sport martiniquais depuis de très longues années. Je pense que je n’ai pas à étaler tout ce qui s’est déjà passé depuis que je suis dans le sport. Je tiens quand même à m’excuser pour mon absence samedi dernier. J’ai eu un problème et je n’ai pas pu être là. Mais venons-en au sujet du jour. Je rebondis sur le discours de Monsieur BONTÉ que j’ai apprécié mais seulement je ne sais pas si une telle vision du sport est encore envisageable. Elle est peut-être souhaitable, ce serait vraiment très compliqué de revenir à une telle image du sport surtout que les médias ne nous aident pas beaucoup en ce sens. C’est le sport-spectacle, ce sont les affaires, les magouilles, les tricheries qui priment dans toutes les interventions de nos médias.

Mais revenons au sujet des équipements. Cela fait des années que je me bats pour tout cela. Chaque fois qu’on parle d’équipements sportifs, il y a toujours le mot «faire des champions», etc. Je suis désolé, les équipements sportifs, je l’ai déjà dit une première fois, uniquement conçu sur les normes des fédérations sont très difficilement gérables derrière. Dans certains sports comme la natation, c’est un casse-tête de gérer ces choses-là, quand ils sont faits uniquement aux normes d’une fédération.

J’aurais voulu redonner mon idée à savoir qu’il faut d’abord faire un programme d’activités qui inclut bien entendu la compétition, avant de concevoir un équipement sportif. Un équipement sportif aux normes d’une fédération ne répond à peine qu’à 5% des utilisateurs qui n’ont pas d’argent et qu’il faut subventionner. L’argent est chez les autres 95% et l’équipement n’est pas fait pour eux. Essayons d’abord de faire un programme d’activités sportives qui inclut tout le monde: hommes, femmes, enfants et qui

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inclut également la compétition Et concevoir un équipement que tout le monde pourra utiliser et sera donc plus utile à la communauté.

À ce propos, il y a une étude qui a été faite par la Direction jeunesse et sports des Pays de la Loire que j’ai téléchargée sur Internet, que vous pouvez trouver aussi. Maintenant si vous ne voulez pas perdre trop de temps à la chercher, je peux vous la passer si vous avez une clé USB. Je pense qu’elle intéresserait notamment Monsieur BONTÉ et Madame la représentante du CNFPT. Je pense que cette étude est très importante, c’est justement une étude sur les équipements sportifs, sur les politiques à mettre en place pour sortir un peu de cette histoire d’équipements sportifs pour faire des champions. Il y a un peu autre chose à faire. Merci.

Louis BOUTRIN

Comme d’habitude, je ne ferai pas une synthèse mais je voudrais saluer la qualité des interventions. La qualité de l’intervention de Maurice BONTÉ pour l’Association des maires, la qualité de l’intervention de Marina SIGER, Déléguée au CNFPT.

Le thème n’est pas un thème facile car on sait que les collectivités territoriales de Martinique jouent un rôle déterminant dans le développement, j’ai presque envie de dire, en faveur du développement du sport. C’est vrai que l’on a une tendance fâcheuse à résoudre et à diluer ce débat dans celui des équipements. On ne peut pas restreindre les politiques publiques en matière de sport à une politique d’équipement.

Il y a au-delà de cela, la question de l’encadrement des sportifs. Nous l’avons abordé lors de la première thématique avec la formation qui est essentielle, la formation aux métiers du sport notamment. Mais il y a également l’animation du territoire, Monsieur le Président, grâce justement à tous ces bénévoles, grâce à tous ceux qui interviennent dans le milieu sportif et j’ai presque envie de dire, et ce sera un petit coup de cœur ce matin, aux personnels territoriaux. Je pense à tous ceux qui sont assis là, au premier rang, qui sont également dans la salle tous ceux qui accompagnent, qui sont aujourd’hui reconnus et qui font qu’aujourd’hui, nous avons effectué un bond qualitatif en matière de gestion des équipements, en matière des politiques sportives et en matière d’animation du territoire. C’est ce personnel territorial qui œuvre maintenant et qui est de plus en plus pointu, qui

œuvre dans le milieu du sport qui nous accompagne et nous permet de mettre en place ces politiques. Ce sont des partenaires indispensables. Man ka mandé zot bay an bèl lanmen.

C’est vrai que les collectivités territoriales jouent un rôle déterminant dans le développement du sport mais on a vu que cette importance s’accompagne d’un certain nombre de problèmes, au rang desquels, et à la fois Maurice BONTÉ l’a évoqué, le problème du cadre institutionnel. Je ne partage pas tout à fait l’optimisme de Madame SIGER en ce qui concerne la loi NOTRe du 7août 2015 qui effectivement semble parler du partage des compétences mais en fait, on l’a vu, c’est depuis 83, depuis les premières lois sur la décentralisation, qu’il y a un problème du cadre institutionnel. Les lois de décentralisation ont oublié le sport.

Ensuite comme l’a bien souligné Monsieur BONTÉ, la loi sur le sport parle d’une compétence partagée tout en gardant les prérogatives pour l’État qui définit effectivement les politiques sportives. Nous nous situons donc avec une contrainte liée premièrement au cadre institutionnel. Deuxième difficulté, nous avons le cadre financier puisque, comme cela a été souligné par Monsieur BONTÉ, il n’y a pas eu de transferts financiers véritablement. S’il y avait une compétence partagée il y aurait eu un partage également sur le plan des finances et un transfert financier.

Les propositions qui sont faites:

• Sanctuariser les politiques budgétaires: oui.

• Mutualiser les équipements: oui, mais aller encore plus loin dans la mutualisation. Mutualisation des moyens pour mettre en place des politiques de formation, mutualisation des moyens pour mettre en place des politiques publiques.

Mais je pense qu’au-delà du cadre institutionnel et du cadre financier, il faut aller encore plus loin. C’est la proposition que je ferai. C’est au niveau du cadre organisationnel. C’est vrai, tout le monde le conçoit, il y a un cadre aujourd’hui pour tout ce qui concerne le secteur éducatif. Il y a par exemple une carte scolaire. Si on regarde le domaine de la santé, ils ont une carte sanitaire. On sait qu’il y aura tel ou tel hôpital, il y aura également tels et tels dispensaires en fonction de la carte sanitaire. Or, nous n’avons pas de lisibilité dans

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le domaine du sport. Il nous faudrait aujourd’hui une carte des équipements sportifs à la fois, et je te rejoins… on revient aux équipements mais pas seulement aux équipements et je t’accompagne dans ta réflexion, pas seulement pour définir des politiques sportives fédérales, c’est-à-dire pas seulement les sports olympiques et les sports qui appartiennent à des fédérations. Mais également les pratiques non compétitives, les pratiques de Monsieur tout le monde. C’est en ce sens, on le dit avec le vieillissement de la population, il y a besoin d’accompagner les Martiniquais, d’accompagner nos concitoyens, faire en sorte qu’ils vieillissent mais qu’ils soient en pleine forme grâce notamment à des politiques que l’on mettra en place.

Ce que l’on peut dire aujourd’hui, en conclusion, toutes les analyses que nous pouvons mener nous conduisent à effectivement mettre le doigt sur un point. Je pense que le moment est venu de sortir de l’à-peu-près. Je prends à témoin le discours de Monsieur BONTÉ. Il nous manque des outils. Un extrait de son discours: il dit, en ce qui concerne les dotations de l’État, qu’il conduit les collectivités territoriales à évoluer dans un contexte financier contraint. C’est plusieurs milliers d’euros de perdus depuis trois ans qui ne cessent de grever nos finances. Je pense que le moment est venu

que l’on puisse évaluer effectivement le manque à gagner, que l’on puisse évaluer effectivement tout ce qui concerne à la fois les dotations, tout ce qui concerne également les subventions, tout ce qui concerne l’argent qui circule à travers le sport et notamment l’argent public. Que l’on puisse faire effectivement en sorte qu’il y ait un équilibre entre les disciplines qui sont fortement médiatisées et celles qui le sont moins. On le voit, il y a un décalage puisque nous avons également des champions olympiques, les frères JEANNET et d’autres au niveau de la Martinique, FLESSEL au niveau de la Guadeloupe. Pourtant, l’escrime n’est pas du tout médiatisée. Je ne vais pas anticiper sur le débat du 30juillet mais il y a très certainement à faire évoluer nos habitudes.

Ce que l’on pourrait concrètement proposer, ce que je souhaiterais proposer, c’est la création d’un Observatoire des sports. Je ne dis pas «du» sport mais «des» sports, de façon à ce que l’on puisse à la fois avoir des éléments, des outils statistiques mais des outils pour mettre en place les politiques. On ne peut pas mettre en place une politique publique si on n’a pas des outils fiables et l’Observatoire des sports nous permettrait de le faire.

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C’est vrai que nous avons pris l’initiative, au niveau de la CTM, de mettre une réflexion globale sur le sport à travers les Assises. Il y aura des actes. Tout le monde aura accès à la réflexion, aux travaux des Assises. Nous irons plus loin, puisqu’en tant que Collectivité territoriale, nous avons à mettre en place des politiques publiques en matière de sport. Nous ferons en sorte que nous ayons les orientations stratégiques à travers ce que nous avons appelé le Livre blanc. On verra le moment venu quel sera le titre.

En matière de collectivités territoriales et sports, c’est vrai que la réflexion n’est pas aboutie mais elle est mature aujourd’hui et nous pouvons faire un bond en avant, faire en sorte que l’on puisse répondre à tes préoccupations Bernard DOMERGUE, mais que l’on puisse surtout répondre aux besoins de faire en sorte que l’argent du contribuable soit géré de manière beaucoup plus efficiente.

En tout cas, mèsi an pil pou prèmyé déba tala, mèsi an chay .

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SPORT DANS LA CITÉ, SPORT ET BÉNÉVOLAT SPORT ET INSERTION

Mesdames, Messieurs, Chers amis, bonjour.

Francis CAROLE

Conseiller exécutif chargé des Affaires sociales, Santé et Solidarité, CTM

Je me suis déjà livré à une première autocensure, la moitié de mon intervention, puisque j’avais cru que c’était une demi-heure par intervention.

J’irai donc à l’essentiel. Tout d’abord, l’état des lieux. D’une manière générale, les activités physiques sont reconnues comme des éléments constitutifs des dispositifs d’accompagnement mais en réalité nous observons qu’il y a un certain nombre de freins. Nous allons les évoquer rapidement.

D’abord des freins économiques : coût des adhésions aux associations et clubs sportifs, coût des équipements, coûts aussi de l’accès à ces équipements. Prenons le cas, du Longvilliers Club. 16000€ par an pour accéder aux piscines. Je pense que cela pose, objectivement, un certain nombre de difficultés.

Il y a aussi des freins géographiques : l’éloignement, l’absence de moyens de transport et l’activité sportive se pratiquant de moins en moins dans les quartiers. Cela pose la question du maillage des équipements sportifs à travers tout le pays et la nécessité de structures de proximité.

Il y a des difficultés d’ordre physique : il faut admettre que l’offre de sport est souvent insuffisamment adaptée aux personnes à la santé fragile.

Il y a des contraintes familiales, ce que l’UFM pourra appeler par exemple des problèmes de sexisme c’est-à-dire qui place les femmes dans des situations où, du fait même de la lourdeur familiale, elles ne peuvent pas accéder à un certain nombre de pratiques sportives.

D’autre part, notre société a tendance à limiter le champ des possibilités pour un certain nombre d’entre nous, plus particulièrement celles et ceux qui sont en situation de handicap. Notre propension à ne pas montrer nos personnes handicapées, à ne pas vouloir les faire sortir mais aussi et parfois, la volonté propre de la personne handicapée de ne pas se montrer par peur du regard des autres, se traduit ici aussi par une pratique sportive limitée.

Les enjeux

Les enjeux sont de plusieurs ordres. Il s’agit: • de promouvoir une offre sportive dédiée aux personnes vulnérables ou engagées dans un processus d’intégration sociale, • de développer des activités physiques et sportives pour les publics qui en sont les plus éloignés et qui connaissent des difficultés d’accès pour des raisons économiques, socioculturelles, géographiques ou physiques; une attention particulière devant être portée, comme dit précédemment, à certaines personnes en particulier: les jeunes issus des quartiers sensibles en risque de rupture sociale et les femmes chefs de famille monoparentale, • d’encourager la pratique sportive, encadrer des préadolescents et adolescents afin qu’elle soit pour eux source d’apport en matière de sociabilité, d’éducation à la citoyenneté, de construction de leur personnalitéet d’éthique personnelle et collective; l’objectif étant de les doter de moyens aptes à les prémunir des risques de dérives et d’exclusion ultérieure. C’est pourquoi l’action au sein des quartiers, auprès de ces jeunes, est essentielle,

• de faire du sport une priorité des schémas de cohésion sociale en usant des activités physiques et sportives comme outil du lien social et du «vivre ensemble», • de conforter les associations et clubs sportifs dans leurs efforts de promotion des valeurs traditionnelles du sport, d’encouragement de la mixité sociale

Thème 10
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et d’inscription dans une démarche éducative et sociale et de mise en œuvre de partenariats avec l’ensemble des acteurs du sport et du social.

Il faut aussi poser la question des moyens.

Ces moyens sont de deux ordres: des moyens financiers et des moyens stratégiques.

D’abord pour ce qui concerne les outils financiers. Les sources de financement de la CTM. Le budget primitif 2016 action sociale et insertion, a retenu plus de 20millions d’euros qui seront: des crédits destinés à la mise en œuvre des politiques d’insertion conduite par la CTM; des crédits destinés à la mise en œuvre des politiques d’action sociale conduite par la CTM; des crédits destinés aux aides au fonctionnement des opérateurs associatifs concourant à la mise en œuvre d’actions dans le domaine de l’inclusion sociale.

Des sources de financement sont issues aussi du FSE - inclusion.

Crédits mobilisables jusqu’à 2020 au titre du programme opérationnel en cours: plus de 40millions d’euros. L’objectif étant de promouvoir l’inclusion sociale et de lutter contre la pauvreté et toute forme de discrimination.

Les outils stratégiques

Le plan d’action de la CTM en matière d’inclusion et de cohésion sociale constitue l’un des outils stratégiques - parce qu’il n’y a pas que des outils financiers - c’està-dire la définition des politiques en matière de sport est une question essentielle.

Il s’agit pour la Collectivité de définir ses orientations etde fixer ses priorités stratégiques en matière d’accompagnement des publics fragilisés et en situation d’exclusion sociale. Ce plan d’actions passe notamment par la programmation d’outils en faveur de la levée des freins à la socialisation de ceux qui en ont besoin; l’objectif étant de mettre en place les conditions favorables de leur accès à l’ensemble de leurs droits sociaux et humains. Leur accès à des activités de loisirs, dans le sport, figure au rang des actions d’insertion que nous préconisons.

À ce titre, le partenariat avec les autres acteurs des politiques d’inclusion s’impose. En sa qualité de chef de file des politiques d’insertion et de lutte contre les exclusions, la CTM organise et assure la gouvernance

et l’animation des dispositifs de levée des freins sociaux des publics désocialisés. Pour l’heure, ce partenariat rassemble, autour de la question de la prise en charge des bénéficiaires du RSA, la Caisse d’Allocations Familiales, les trois missions locales, le Pôle Emploi, la Maison de l’Emploi de l’Espace Sud, notamment.

Mais nous entendons, à court terme, élargir le champ de ce partenariat à d’autres institutions. Le Pacte Territorial d’Insertion (PTI), dont nous lancerons très prochainement les travaux, a ainsi vocation à fédérer l’ensemble des acteurs autour d’un projet commun qui est celui d’œuvrer à la cohérence et à la lisibilité des politiques d’inclusion et de cohésion sociale mises en œuvre à l’échelle de l’ensemble du territoire. Il faut savoir que la préparation de ce PTI se fait en même temps que ce que nous appelons le Schéma de la petite enfance de la jeunesse et de la famille, ainsi que le schéma de l’autonomie des personnes âgées et des personnes en situation de handicap. Ces éléments nous permettront, dans un second temps, d’élaborer ce que nous appelons le schéma de cohésion sociale qui prendra en considération l’ensemble des schémas que je vous ai indiqués ainsi que le PTI.

Il y a aussi une politique particulière en faveur de l’inclusion sociale des personnes en situation de handicap. La Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) est l’outil sur lequel nous entendons nous appuyer pour construire une véritable politique en faveur de l’accès des personnes en situation de handicap à leurs droits et à la citoyenneté. C’est pour cette raison que nous avons entrepris, très tôt, depuis notre arrivée à la CTM, une restructuration opérationnelle de cette institution afin de lui permettre de jouer pleinement son rôle en matière de promotion d’outils en faveur de la levée des freins à l’inclusion de la personne en situation de handicap. Voilà quelquesuns des éléments que nous voulions verser au dossier de ces Assises. Étant entendu que la totalité de notre communication sera remise aux organisateurs. Merci.

Marius NARCISSOT

Président de la Commission Politique des Sports, CTM Avant que Monsieur CHEVALIER ne prenne la parole, on tient à saluer tous les participants qui viennent d’arriver et nous saluons Monsieur le Maire adjoint en charge du sport de la ville de Trinité, Léo TICAL qui est parmi nous. Merci.

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Je vais prendre exactement la suite de Francis CAROLE dans ce qu’il a dit, en essayant simplement de resituer les enjeux qu’il nous a montrés en direction du sport, puisque s’il y a un cadre stratégique et financier, l’important c’est de savoir maintenant comment le mouvement sportif, comment les associations sportives vont pouvoir se situer dans ce cadre, dans la logique du sport et insertion.

Pour cela, je crois qu’il faut déjà préciser un certain nombre de choses parce que derrière les mots «sport» et «insertion» on mélange plusieurs notions. Tout d’abord, première notion importante, c’est le sport comme vecteur d’inclusion sociale c’est-à-dire que c’est véritablement un outil de socialisation ou de resocialisation qui consiste à intégrer des pratiques sportives dans l’accompagnement de personnes vulnérables. Ce sont aussi bien des jeunes en difficulté, que des adultes qui sont à la recherche d’emploi, que des populations vieillissantes, bref un ensemble de populations qui ne sont pas aujourd’hui les clientèles principales des associations sportives sur le modèle de l’association sportive qui prépare à la compétition, ou temporairement en difficulté.

On voit bien qu’entre la notion d’inclusion sociale et le projet stratégique qui a été présenté tout à l’heure par Francis CAROLE, il y a un lien évident et il semble tout aussi évident que les associations sportives de Martinique doivent se positionner sur ce secteur-là.

La deuxième définition que l’on doit mettre sur la table c’est celle du sport comme vecteur d’insertion professionnelle, car souvent on fait la confusion entre insertion sociale et insertion professionnelle. Or, l’insertion professionnelle c’est quelque chose de bien précis, c’est faire du sport son métier et cela ne s’improvise pas. Comme il y a souvent confusion entre les deux, je crois qu’il est important d’entrer un peu dans le détail pour voir un peu ce que l’on peut faire dans chacun de ces domaines.

Le sport comme vecteur d’inclusion sociale, pour quoi faire?

Il y a déjà un certain nombre d’expériences qui sont menées avec des populations qui sont parfois en grande déshérence, des populations qui relèvent parfois de la rue et on s’est rendu compte qu’il y avait certaines pratiques qui permettaient aux gens de se mettre ou se remettre en activité, se reconstruire après une grosse difficulté, de retrouver un espacetemps et pouvoir se projeter dans quelque chose qui va se situer après donc dans l’avenir, de reprendre la confiance en soi, de l’estime de soi et de sortir finalement du cadre habituel dans lequel on s’enferme pour recréer une forme de lien social. Ces éléments sont aujourd’hui constitutifs de quelque chose qui peut aider à reconstruire des personnes en difficulté et il y a là un champ qui est peut-être aujourd’hui insuffisamment développé, insuffisamment pris en compte par les associations sportives. Il y a sans doute des raisons à cela.

Comment?

Une pratique régulière, déjà la régularité de la pratique est quelque chose d’assez important qui donne une forme de temporalité et on parle aujourd’hui, d’agenda corporel pour situer justement cette mobilisation de personnes en difficulté sur des choses qui doivent se faire régulièrement dans le temps. C’est aussi une activité qui doit permettre de prendre du plaisir et non pas avoir comme finalité «de redevenir normal». Ce n’est pas parce que l’on est exclu, que l’on est en difficulté que l’on n’est pas normal. Le travail à faire c’est d’élargir un peu les frontières pour intégrer la différence et non pas agir sur la différence pour faire rentrer à l’intérieur du cadre établi. Il y a là derrière toute une philosophie d’action qui est importante et qui jette finalement un regard particulier sur ce que c’est que la différence, ce que c’est que les personnes en difficulté, et comment faire en sorte qu’elles retrouvent, je dirais, un cours de la vie un peu plus normal par rapport à leur estime de soi, à leur intégration sociale et non pas sur une démarche qui consisterait à dire: «vous êtes en dehors des clous donc on va agir sur vous pour vous permettre de rentrer dans les clous».

Qui a vocation à faire cela?

Les associations sportives et j’ajoute, dans le cadre de la commande publique parce que c’est effectivement un vrai travail qui demande des professionnels, des associations avec un projet associatif rénové parce

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qu’aujourd’hui beaucoup de projets associatifs n’intègrent pas cette dimension. Souvent le projet associatif des associations est très tourné sur la compétition, sur l’entraînement, sur la formation des jeunes mais pas forcément sur la prise en compte de cette dimension sociale. Puis évidemment, un encadrement professionnalisé puisque sans encadrement professionnel on ne peut pas véritablement prendre en compte des populations qui sont des populations qu’il faut aborder de manière particulière avec une pédagogie particulière.

Il y a des risques aussi. Il ne faut pas croire que le sport c’est forcément quelque chose qui est universel, partagé et qui ne serait porteur que de choses positives. Non, il y a un certain nombre de risques:

• Stigmatisation, c’est-à-dire qu’on leur fait faire des activités entre eux («mettez-vous de côté, vous allez faire des activités entre vous», «Toi, tu es dans la rue, regarde comment tu es habillé, regarde comment tu te comportes»).

• Objectif non partagé c’est-à-dire que si on n’est pas capable au niveau des associations, d’avoir un objectif partagé avec les personnes qui viennent pratiquer, il y aura un hiatus. Je ne suis pas sûr que les personnes qui sont dans la rue, mais qui ont envie de faire du foot, trouvent forcément dans un entraînement de compétition dans un club de foot, ce qu’ils sont venus chercher. Il est important d’avoir ce consensus entre celui qui fait faire et celui qui fait, sur quels sont les objectifs des personnes pour

lesquelles on veut utiliser l’activité physique ou l’activité sportive comme un moyen de lien social et de reprise de confiance en soi.

• Des méthodes inappropriées: ce n’est pas la même pédagogie en fonction des publics. On verra tout à l’heure que par rapport à des populations en situation de handicaps, ce n’est pas forcément la même pédagogie qu’il faut développer lorsqu’il s’agit de jeunes qui sont en phase d’apprentissage ou de populations qui sont vieillissantes.

Voilà très rapidement, sur la partie inclusion sociale mais c’est très important d’insister sur le fait qu’il s’agit bien d’inclusion sociale, ce n’est pas la pratique.

Souvent on fait l’amalgame avec le sport comme vecteur d’insertion, puis on parle d’insertion sociale et professionnelle et on voit parfois des projets qui fleurissent du style «on a des jeunes dans la rue, c’est simple, on va les prendre, on va leur faire faire du sport et ils trouveront un métier dans le sport». Je crois que cela relève du mythe. Cela relève des idées reçues.

Dans le champ du sport, il y a des métiers mais il y a deux types de métiers: les métiers qui sont liés à l’encadrement (insertion par le sport) et les autres activités qui demandent des compétences plus transversales (secrétariat, comptabilité, commerce…). On trouve tous dans les associations sportives, ce type de compétences. On peut parler à ce moment-là d’insertion dans le sport.

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L’insertion par le sport c’est l’encadrement sportif. Cela veut dire que l’on ne peut pas encadrer si on n’est pas titulaire de compétences reconnues par un diplôme. Il faut une certification. Cela permet d’encadrer, contre rémunération, une ou plusieurs activités physiques ou sportives et il faut passer par un schéma de formation soit une formation initiale, de formation continue, soit une validation des acquis de l’expérience mais on est bien, et cela, c’est très important, dans l’encadrement qui est une pratique pédagogique et non une pratique personnelle. Il ne faut pas faire automatiquement le lien entre l’inclusion sociale liée à la pratique personnelle et l’insertion professionnelle qui relève d’une pratique pédagogique et qui demande des gens formés.

Qui a vocation à former?

Selon moi, ce sont les organismes de formation aux métiers du sport mais aussi et surtout peut-être, en lien avec le mouvement sportif. On va voir tout à l’heure qu’aujourd’hui, il y a un certain nombre de nouveaux intervenants dans le champ qui méritent un petit peu d’attention. C’est pour cela, que cela me semble assez essentiel d’affirmer que le mouvement sportif doit avoir sa place dans la formation des professionnels du sport.

Les professionnels du sport, en Martinique, cela représente quoi?

Là, peut-être que l’on va casser un certain nombre d’idées reçues. Le sport n’est pas un secteur en tension en Martinique. Si vous regardez les statistiques de Pole emploi, il n’y a pas de demande d’emploi relevant du secteur sportif. On ne cherche pas des éducateurs sportifs ou des encadrants sportifs. Ce n’est pas un métier en tension en Martinique.

En moyenne sur 10 ans, nous avons un flux de 40 diplômés par an qui ont une insertion à plus de 80% dont 60% en relation directe avec leur diplôme. En termes clairs, cela veut dire que l’on a à peu près 25 diplômés du sport par an qui trouvent un métier en Martinique. L’insertion par le sport qui consisterait à former des promotions et des promotions entières d’éducateur sportif ne correspondrait pas aux possibilités locales liées à l’emploi.

En stock, on a 800 éducateurs sportifs en Martinique car on est éducateur sportif sur la durée. Depuis pour certains 50 ans ou plus de 50 ans, il y en a qui ont leur

diplôme et qui interviennent toujours. Si vous allez sur les plages l’été, vous verrez qu’il y a des maîtres nageurs qui surveillent des baignades avec des cheveux blancs et qui ont largement dépassé l’âge de la retraite, parce qu’il y a de l’activité. Ces 800 éducateurs en stock correspondent à de l’activité rémunérée qui peut exister, par contre cette activité rémunérée, il y a un problème pour la transformer en emploi.

Il faut savoir quand même que ces 800 éducateurs, c’est un poids économique certain parce que cela représente autant que les pêcheurs et on parle beaucoup plus des pêcheurs que des éducateurs sportifs. Ils sont beaucoup plus actifs et pourtant si on faisait une comparaison des chiffres d’affaires respectifs du sport en Martinique et de la pêche, on serait surpris. Maintenant, ces métiers du sport restent extrêmement attractifs pour les jeunes. Au niveau national, on a près de 30000 jeunes actuellement dans les filières STAPS. Il y a 500 postes de profs d’EPS ouverts chaque année. Ces 30000 jeunes, que deviennent-ils? On va le voir tout à l’heure parce que, le paradoxe, c’est qu’ils sont insérés à 80% au bout de trois à cinq ans, après la fin des études.

En Martinique, les jeunes aiment le sport et ont une image positive des associations sportives puisque si on a peu d’emplois créés, on a quand même entre 200 et 220 prescriptions d’emplois aidés par an (emplois aidés et CAE-CUI) et je n’ai pas mis là-dedans les services civiques qui commencent à monter en puissanceet qui représentent aujourd’hui au moins une trentaine voire une quarantaine de jeunes tous les ans. Cela veut dire que cela permet de faire passer dans les associations sportives, un certain nombre de jeunes Martiniquais qui viennent parce qu’à la fois, ce qu’on leur propose, les intéresse et qu’ils peuvent avoir le sentiment qu’ils sont gagnant-gagnant en allant suivre ce type de formation.

Tous ces jeunes, vont-ils trouver du travail dans le sport?

Pas forcément. En revanche, et c’est ce qui est important, me semble-t-il, c’est que question boulot, le sport mène à tout, à condition d’en sortir parce que les qualités qui sont demandées aux encadrants sportifs sont valorisées dans beaucoup de métiers et sont facilement transférables. C’est-à-dire que lorsque l’on forme quelqu’un aux métiers du sport, peut-être qu’il n’y aura

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pas le boulot qui l’attendra à la sortie de sa formation, mais l’expérience qu’il aura acquise dans les associations et la grande majorité de bénévoles que vous êtes ici, le sait bien, on demande aux jeunes des qualités de responsabilité, d’initiative, d’engagement, bref des choses qui ensuite, dans le monde professionnel, sont valorisées et sont recherchées. Nos jeunes, qui passent dans les associations, avec des contrats aidés ou dans une logique de formation, s’ils ne trouvent pas leur avenir professionnel dans le milieu du sport, parviennent grâce à la formation et grâce au milieu sportif, à rebondir pour aller chercher du boulot dans d’autres secteurs et ils ont un taux, en général, d’insertion qui est relativement bon. Ce petit schéma type de l’emploi sportif qui vous avait été présenté, je crois, lors de la séance inaugurale par Véronique FLAMAND qui est en charge de l’emploi à la Direction jeunesse, sport, cohésion sociale, pour simplement rappeler que petit volume, mais bonne insertion. Voilà comment pourrait définir aujourd’hui le schéma type de l’emploi dans le sport.

En guise de conclusion, une ou deux pistes.

•Pratique sportive et encadrement sportif doivent être bien dissociés dans les politiques publiques car ils poursuivent des buts très différents.

•La diversité des missions au sein des associations sportives constitue une richesse pour permettre une insertion des jeunes sur le mode gagnant-gagnant sans nécessairement penser encadrement sportif. Pour ceux qui choisissent la voie de l’encadrement sportif, bien intégrer dès le départ «l’effet rebond» parfois comme alternative mais souvent comme finalité. Je ne reviens pas dessus.

•Les projets associatifs sportifs doivent être régulièrement révisés pour intégrer les nouvelles donnes sociales et économiques (vieillissement, handicap, santé, emploi, insertion…) - c’est le cadre qui était présenté tout à l’heure, cela se fera sans doute sous appel à candidature, sous appel à projets. Je pense que le mouvement sportif martiniquais a intérêt à se préparer en révisant éventuellement ses statuts associatifs dès maintenant - pour jouer pleinement son rôle et éviter, parce que c’est un risque si les associations sportives ne restent que des associations qui ne vont faire que de l’entraînement et de la compétition, c’est un risque qu’elles soient supplantées sur d’autres missions par d’autres partenaires qui se font jour.

Les questions qui se posent donc c’est: quelle place, quel rôle, quelle mission et donc quels moyens pour les associations sportives mais aussi pour le secteur marchand qui tend à investir de plus en plus certains champs - et ce n’est pas un hasard, ce sont les plus solvables - du sport?

Cela veut dire, très concrètement, si les associations sportives ne prennent pas en compte qu’il y a eu des modifications dans notre environnement, on attend aujourd’hui plus d’elles mais en contrepartie de leur investissement sur d’autres champs, elles pourront avoir accès à des nouveaux financements à condition de s’insérer dans de nouvelles missions. On est là devant un choix qui est aussi bien un choix des associations que de la CTM par rapport aux politiques publiques qu’elle doit mettre en place et on est là, un petit peu, à mon sens, à la croisée des chemins. Il en va, en quelque sorte, de l’avenir de nos associations sportives, soit ce seront des acteurs du social, de la cohésion sociale en intégrant le sport, soit elles resteront, et c’est tout à fait louable également, des associations qui vont s’occuper de personnes qui viendront pratiquer une activité dans un but peut-être uniquement de faire du sport mais il est évident à mon sens aussi, que les moyens afférents qui permettront de se professionnaliser, seront forcément totalement différents. À mon avis, c’est à ce carrefour-là que l’on se situe aujourd’hui.

On pourrait également et j’arrêterai là-dessus, prendre le champ de la formation où on a beaucoup d’organismes privés qui se positionnent au détriment du mouvement sportif. Je réaffirme qu’il est pour moi essentiel que l’outil de formation mis en place qui est l’Institut de formation aux métiers du sport, travailletrès étroitement avec les ligues sportives et non pas en concurrence avec elles. Je vais prendre un seul exemple: on ne peut pas avoir dit, pendant des années,aux ligues qu’il fallait qu’elles trouvent des moyens nouveaux de financement. Les avoir incitées à mettre en place des formations - je prendrai l’exemple des formations dans les métiers de la natation - et leur dire un moment: «Écouter, ce que vous avez fait c’est bien mais finalement on va le reprendre pour notre propre compte et vous, vous redeviendrez une ligue qui ne fera que du sport». Je pense que la voie de l’avenir c’est essayer à coup sûr, de donner les moyens de leur développement aux ligues sportives et aux associations.

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Bonjour à toutes et à tous. J’étais absent du pays. C’est dans l’avion que j’ai tout préparé. J’espère que cela correspondra exactement à la demande. Nous sommes tous des enfants du bénévolat. Chaque acteur social est ou devrait être concerné: les autorités publiques, les écoles, les universités, le mouvement sportif, les politiques. Oui, le bénévolat est un catalyseur qu’il convient de mieux soutenir et développer. Le premier tableau représente l’augmentation du nombre d’associations par saison sportive. Ce sont des documents d’Open Media, mais, je me suis renseigné quand même avant de venir, à la Préfecture. En 2016, il y a 10800 associations en tout genre c’est-à-dire associations sportives, culturelles, sociales, etc.

Le document que vous avez s’arrête en 2014. Certains peuvent compter, vous n’arriverez pas à trouver le chiffre de 10800 parce qu’on connaît la date de naissance d’une association mais on ne connaît pas la date de fin d’activité ou de mise en sommeil. Cela fausse un peu les chiffres. Sur ces 10800 associations, il y a 70000 bénévoles c’est-à-dire 17,5% de notre population. Sur ces même 10800 associations, on trouve 10000 salariés. Les chiffres se ressemblent. 10800 associations, 10000 salariés. On pourrait dire un salarié par association. Sur ces 10800 associations, il y a 1650 associations sportives. Ce sont toujours des chiffres Open Media. Avec 10700 bénévoles, dont environ 1530 salariés. Les chiffres se retrouvent: 1650 associations sportives, 1530 salariés. Toujours un salarié par association. Le deuxième tableau (cf. p23) vous indique la répartition en 10 grands thèmes des associations avec une comparaison avec la France. Vous voyez qu’au niveau social et au niveau santé, nous avons des chiffres beaucoup plus importants qu’en France. Au niveau sport, nous sommes en dessous. J’ai oublié de vous dire, dans le premier tableau, que la ligne rouge c’est la répartition des associations françaises ramenée à la population martiniquaise.

Dans le troisième tableau, vous vous apercevez que plus de 12% du total de l’emploi privé se trouve dans le sport. Vous retrouvez le chiffre de 8826 que je vais vous expliquer dans un petit moment.

Qu’est-ce qu’un bénévole?

Un bénévole c’est quelqu’un qui doit se sentir utile à la Collectivité et faire quelque chose pour autrui. Ceci, c’est le moteur du bénévolat. Il doit avoir un engagement plus ou moins militant, un travail sur le temps libre (le temps libre, la scène du bénévole), une action sérieuse et solidaire.

Le bénévolat, qu’est-ce qu’il nous permet?

Il nous permet de rencontrer des gens d’horizons différents, d’acquérir des compétences, de révéler des aptitudes, d’encadrer des jeunes, de travailler en équipe, mais le bénévolat nous apprend aussi la solidarité, la participation, la tolérance, la compréhension mutuelle. Il doit avoir l’esprit d’initiative et il nous apprend à gérer les associations, par exemple la permanence, les officiels c’est-à-dire le règlement, etc. Les échanges avec d’autres associations avant l’organisation de manifestations, etc.

Le danger Engagement souvent sans limite au détriment de notre santé, des difficultés financières personnelles, des problèmes de vie familiale, de nombreux divorces, on ne voit pas grandir ses enfants mais ceux des autres… On ne voit pas non plus vieillir nos parents.

Le bénévole permet aux jeunes de développer de nouvelles compétences qui seront utiles dans leur cursus scolaire, de développer le sens de l’effort, d’apprendre ce qu’est le travail bien fait, de ne pas se contenter du «i bon kon sa».

Il y a plusieurs types de bénévoles : le bénévole administratif (stagiaire, dirigeant), le bénévole technique (animateur, encadrant). Ce sont des gens engagés qui adhèrent et partagent un projet. Il y a aussi le bénévole événementiel, ponctuel lors d’une manifestation.

Pour être bénévole, il faut: avoir du temps libre ou savoir organiser généralement une journée, se soucier des autres plus que de soi-même, avoir envie, ne pas avoir besoin de rémunération. Le bénévolat c’est un

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mode de travail qui préserve nos parts de liberté et d’autonomie en éloignant l’argent de sa relation au travail. Le danger: le bénévole n’a pas forcément une action positive, il faut alors parler de malévolat (méchanceté, agressivité, persécution, hostilité, lutte pour le pouvoir).

La reconnaissance du bénévole

D’abord en interne dans l’association: valoriser des petits ou des grands actes au quotidien, c’est-à-dire celui qui part encadrer un groupe, lui dire que c’est bien, qu’il a bien travaillé. Organiser des moments conviviaux (anniversaires du mois, fête de Noël, sortie, galette des rois, carnaval, etc.). Le parrainage: pouvoir parrainer et faire entrer quelqu’un. C’est important. Le plus important: le merci.

En interne, les collectivités, l’État, la validation des acquis. On en parle beaucoup, mais pas assez pratiqué. On fait des formations parfois qui ne s’adressent pas aux passionnés parce que les passionnés parfois travaillent et viennent faire quelque chose au club pour leur passion, le soir, en dehors. Or, ce sont sur les heures de travail ou sur les heures de leur passion que se fait la formation. C’est donc à revoir. La validation des acquis: très important.

Des titres ministériels: distinction honorifique, etc. Des congés spécifiques réservés aux bénévoles d’associations car lorsqu’il y a de grandes manifestations, on peut demander un congé spécifique à son patron pour pourvoir encadrer cette manifestation. Malheureusement le patron refuse ou il vous demande de prendre cela sur vos congés. Ce n’est pas normal. Des dispositions financières existent: valorisation du bénévolat puisque vous le faites lors de votre déclaration d’impôts.

Bénévolat et salarié

En 20 ans, le nombre de salariés a triplé. Dans certains domaines sportifs, l’arrivée de professionnels est liée à un manque de bénévoles et à un projet ambitieux. Sur ce tableau, vous voyez le nombre de salariés (8825). Ce sont des chiffres qui s’arrêtaient à 2013. Je vous ai dit qu’actuellement nous sommes à 10000. La masse salariale est de 33millions d’euros pour le secteur sportif et de 221millions d’euros pour tout le secteur associatif.

Le bénévole dirigeant n’est pas un patron comme les autres. Il a un rôle important. Au niveau juridique, plus

important qu’il y a 20 ans. Il doit définir la politique du club avec l’accord du technicien salarié, s’il veut avoir un club performant. Il doit réfléchir à une nouvelle structure du club au moins tous les 4 ans puisque tout évolue. Rechercher systématiquement un équilibre financier: la formation, monter des dossiers et demander des subventions.

Danger: les relations humaines ; la tolérance. Le binôme direction et techniciens est important: il donne le tempo de l’association. L’entente doit être parfaite. Le salarié technicien doit respecter les prérogatives du président et des bénévoles.

Explosion du nombre d’associations

En 2014, il y a 8000 associations. En 2016, il y a 10800 associations. Soit 35% d’augmentation. Ceci a entraîné des associations qui ont été montées et des structures dans des milieux difficiles: écologique, culturel, distribution alimentaire, etc. Mais ce sont des associations qui répondent aux besoins et souvent qui ont anticipé. Malgré la crise financière économique, malgré l’apathie de certains, les bénévoles sont présents, souvent ils frisentl’inconscience car, à trop vouloir en faire, et bien faire, ils se substituent aux pouvoirs publics qui profitent de leur engagement pour ne pas répondre à des besoins indispensables. Mais il faut que les subventions en tous genres suivent et souvent arrivent tard. À quoi cela sert-il, de donner du temps si on n’a pas les moyens de l’action?

Vous avez un autre tableau qui vous montre la reprise de l’emploi. De 2000 à 2013, le secteur associatif a créé plus de 4000 emplois. Le secteur associatif, je n’ai pas dit sportif. Je voulais continuer sur la rémunération des bénévoles. Je sais que cela change, puisque l’on ne parle pas de rémunération mais il y a une rémunération.

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La première rémunération des bénévoles c’est la satisfaction du travail bien fait (pas de «i bon kon sa»). Sa deuxième rémunération, son plaisir. La troisième, la reconnaissance. L’acquisition de compétences, l’accès à des informations, la socialisation étendue ou améliorée (chaleur humaine, convivialité, cohésion sociale, etc.) et enfin, je reviens toujours au même point: le merci. Le bénévole peut être défrayé: remboursement de ses frais (téléphone, essence, repas).

Quelques propositions à l’intention des bénévoles. Avant d’arriver aux propositions, j’ai voulu vous sortir ce tableau pour vous montrer l’angoisse des bénévoles. L’angoisse augmente dans tous les secteurs. Le premier secteur: la situation financière. Vous voyez que l’angoisse augmente de plus en plus, de 56%. Les ressources humaines bénévoles: 54% - on avait démarré à 52%. Les politiques publiques: 45%. Le renouvellement des dirigeants bénévoles: en baisse, 42%. Le dirigeant bénévole est très angoissé sur beaucoup de choses, mais il continue, il est persévérant.

Propositions à l’attention des bénévoles:

•Valorisation des distinctions honorifiques et récompenses;

•Ouverture des points retraite c’est-à-dire accorder aux bénévoles d’associations de bénéficier d’un trimestre de retraite en «récompense» - je n’ai pas trouvé d’autres termes - de leur action reconnue au sein d’associations;

•Décharges horaires pour les bénévoles. Je profite pour dire qu’il y a des décharges syndicales, nous avons le même rôle.

J’ai trouvé un texte européen: «Le 22avril 2008, le Parlement européen a adopté une résolution non législative sur la contribution du bénévolat à la cohésion économique et sociale. Cette résolution encourage les états membres ainsi que les autorités locales et régionales:

•à reconnaître la valeur du bénévolat dans le cadre de la promotion de la cohésion économique et sociale; •à travailler en partenariat avec les organisations de bénévolat afin de mettre au point des plans et des stratégies visant à reconnaître, à valoriser, à promouvoir, à faciliter et à encourager le bénévolat;

•à faciliter l’accès des organisations de bénévoles à des financements suffisants et durables sans leur imposer de trop lourdes démarches administratives et bureaucratiques;

•à soutenir la création d’équipes de secours bénévoles dans cette région afin de faire face, en temps voulu, aux catastrophes naturelles et aux accidents».

Enfin, l’association, qu’est-ce qu’elle apporte?

Elle apporte les liens sociaux, la convivialité, c’est une cellule de vie, de rencontres, de travail en commun, partager des objectifs, des projets.

Danger: militantisme, amateur dit spécialiste, l’incompétence parfois tolérée pour certains car ils se disent souvent que c’est mieux que rien.

En conclusion, le bénévolat a une place et un impact quand il participe à la construction de projets qui font avancer la société ou qui produisent des services. Mais pour cela il faut que les salariés et les bénévoles marchent d’un même pas. Leurs relations et leur travail sont efficaces quand ils s’articulent et quand ils construisent un projet associatif assez puissant pour donner une cohésion à l’association et une fusion à l’action collective. Merci beaucoup.

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Bonjour tout le monde. Merci beaucoup pour ces interventions très intéressantes pour nous, UFOLEP, qui œuvrons maintenant depuis quelques années. On s’est beaucoup investi sur tout ce qui est insertion. On se rend compte, comme vous l’avez précisé, qu’il y a certainement des carences à ce niveau-là. On doit inciter un grand nombre d’associations à repartir dans les quartiers des différentes villes et surtout vers les publics les plus vulnérables.

Vous voyez un petit peu les problématiques économiques. Beaucoup d’associations vont aussi sur des endroits où il y a de l’argent parce qu’on a quand même besoin de vivre. Malheureusement dans les quartiers il faut vraiment s’investir. Il y a des financements qui arrivent mais qui sont peut-être plus complexes avec des Contrats de ville par exemple, ou dans d’autres domaines avec les fonds européens. Même si c’est un petit peu compliqué, il faut essayer d’y aller. Nous avons essayé de mener un petit peu ce pari-là.

Nous avons travaillé sur un projet, peut-être que vous en avez entendu parler, c’est le défi solidaire des quartiers. Cela consiste à employer des jeunes des quartiers prioritaires et de les rendre un peu animateurs de leur quartier, les amener à prendre des responsabilités, d’autant plus que c’étaient souvent des jeunes avec des parcours difficiles qui ont pour certains, connu la prison, qui ont eu des soucis avec la justice. On travaille donc avec l’association du quartier, on amène ce jeune, on lui offre un emploi. C’est un petit peu un tremplin pour repartir. Emploi CAE-CUI, 20heures par semaine. Ils sont animateurs de leur quartier, ils doivent donc créer une dynamique, mettre en place des événements dans leur quartier, également participer à des événements qui sont mis en place dans les quartiers autour.

On s’est basé, pour l’instant, sur tout ce qui était football de rue ou football à 7 avec, en plus un côté animation. Pour cette première année on est parti sur Fort-de-France. On a mis en place cette année 7 grands tournois des quartiers On a vraiment vu une grosse évolution au niveau des jeunes que l’on a employés, même des jeunes en général. Les événements au début étaient assez chaotiques. Sur la fin, c’est beaucoup plus structuré, les jeunes avaient compris le fonctionnement et surtout au niveau des animateurs, on partait quand même de très loin au niveau insertion. On parlait d’inclusion pour reprendre un peu la sémantique et on a vu qu’ils ont vraiment réussi à mieux se gérer, ils ont pris confiance en eux, on a vu une belle évolution à ce niveau-là. Maintenant qu’on a fait cette première année avec Fort-de-France on va s’étendre. On commence à partir sur d’autres villes autour. L’idée serait après, pourquoi pas, faire un grand tournoi des quartiers de la Martinique. Toutes les villes ont ces besoins-là que ce soit des problèmes urbains, des problèmes aussi de ruralité. On va essayer de continuer et j’invite toutes les associations à aller sur ces quartiers-là. Ce n’est pas toujours le plus simple mais il y a vraiment un grand besoin. On va relever ce défi.

S’il y en a qui ont des questions par la suite, sur ce projet, nous sommes à la recherche de partenaires et on est aussi à la recherche d’échanges car ce n’est vraiment pas très simple. On a parlé des problématiques d’avoir des personnes employées dans les associations qui aient les compétences. Il ne faut pas seulement les compétences sport, il faut les compétences d’éducateur spécialisé. On essaie de s’équiper à ce niveau-là. Après, s’il y en a aussi qui ont des projets un peu similaires, s’ils ont des petites techniques pour faire avancer cela, on est preneur. Si vous voulez me voir, n’hésitez pas.

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Après l’intervention de Monsieur LOIRAT, je voudrais saluer la présence du Président de l’UFOLEP, Xavier OCTAVIE qui est parmi nous. Merci d’être là. Merci également à Richard BARTHÉLEMY qui est membre de la commission sport de la CTM qui nous a rejoints. Merci à tous ces participants.

Michelle HOUDIN

Association Les Loups du street Bonjour à tous. C’est une nouvelle association du Gros-Morne récemment mise en place. Ils sont 4. Ils ont trouvé eux-mêmes leur nom, les Loups du street. Je vous passe la parole, ce sera mieux, pour parler des Loups du street.

Nicolas HOUDIN

Association Les Loups du street Je m’appelle Nicolas HOUDIN. Le sport que je pratique c’est le street workout. Comme vous pouvez le voir, c’est un mélange de gymnastique et de musculation. Il y a une petite partie freestyle. On le pratique un peu là où on peut. Il y a des structures dédiées à ce sport notamment au campus. C’est un sport qui demande beaucoup d’investigations. On s’y donne à fond. C’est notre passion.

Teddy BOLO

Association Les Loups du street Je suis Teddy BOLO. J’habite à Saint Joseph. J’ai rejoint l’équipe des Loups du Street à la fin de l’année dernière. Je pratique ce sport depuis deux ans. J’ai commencé en solo et avec Les Loups du street je me suis beaucoup amélioré.

Mathias SAUTERNE

Association Les Loups du street Je suis Mathias SAUTERNE. Je suis au Lycée du Gros Morne. J’ai 17 ans. J’ai rejoint Les Loups du street, il y a deux ans.

Brandon HIPPOLYTHE

Association Les Loups du street Bonjour. Moi, c’est HIPPOLYTHE Brandon. J’habite au Gros-Morne, j’ai 18 ans. J’ai rejoint Les Loups du street, il y a deux ans.

Michelle HOUDIN

Je voudrais vraiment souligner l’effort fait par ces jeunes parce que ce sport, comme il l’a dit, le «street workout» c’est une discipline urbaine qui se pratique en pleine nature avec le matériel qu’ils trouvent sur place ou à la maison. Sans coach et juste avec ce qu’ils voient sur Facebook, etc. pour voir ce qui se fait. C’est une discipline qui est née, il me semble, en Suède et qui a été développée sur les États-Unis et en Martinique.

Vous dire qu’il y a une Fédération caribéenne de «street workout» qui est basée en Guadeloupe. Le Président vous salue tous puisqu’il sait que les Assises se tiennent. Sur notre commune, le Gros-Morne, nous avons été reçus par Monsieur le maire qui a conscience que ces jeunes font ce sport par eux-mêmes et qu’ils ont certainement besoin de structures.

C’est un sport qui au départ, pour les parents, ne coûte pas très cher puisque, comme vous le voyez, c’est juste un T-shirt mais ils sont souvent bustes nus. Ils sont très beaux. Au départ, ce ne sont pas des équipements très onéreux mais il faut quand même utiliser des barres parallèles, des choses comme cela. Il faut qu’ils protègent notamment leurs poignets. Nous avons besoin d’équipements qui peuvent se placer dans toutes les communes. Je sais qu’en Guadeloupe, toutes les communes sont équipées de barres parallèles fixées au sol pour permettre à ces jeunes et à n’importe qui, puisque c’est un sport qui se pratique dans la rue, de pratiquer ce sport. Ce serait une de nos demandes: que l’on puisse avoir ces barres-là. Il y en a quelques-unes notamment sur Schœlcher. Ces jeunes vont aussi sur le campus de Schœlcher où il y a déjà un équipement mais ce serait intéressant qu’il y en ait plus et que l’on puisse porter les couleurs de la Martinique un peu plus loin puisqu’au mois d’août ces jeunes vont sur une compétition en Guadeloupe, et celui qui sera sélectionné - j’espère que ce sera unde vous quatre - pourra partir à Pékin pour le Championnat international de Street workout.

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Échanges/Débats

Michel ROSE

Longvilliers Club

Bonjour tout le monde, félicitations pour cette initiative. Je me présente Michel ROSE, natation, Longvilliers Club. Je parle encore de piscine. Quelle est la rentabilité d’une piscine? C’est toujours surprenant d’employer le mot «déficit» quand on parle d’une piscine comme si c’était évident et naturel. Les mots souvent ont une grande importance dans les logiques de raisonnement et dans ce cas, les piscines ne sont pas plus déficitaires que les espaces verts, la voirie, les écoles, les bibliothèques, les théâtres, les musées.

Pour faire court, les déficits c’est un déséquilibre final entre les recettes et les dépenses. Les recettes ne couvrant pas les dépenses, dans le cas d’un établissement public, comme le théâtre, personne ne s’émeut du coût sur place du spectacle, le reste étant à charge de la collectivité. Là, tout le monde parle naturellement du coût social d’accès à la culture. Il serait souhaitable que l’on emploie les mêmes mots pour l’un et pour l’autre.

Pour conclure, je veux vous faire comprendre que les sociétés privées ont compris ce discours. Elles font même des bénéfices. C’est obligatoire (loi de 1966). Une piscine est-elle automatiquement déficitaire? Non. Sinon les sociétés privées ne pourraient pas exister. Pour conclure, une piscine a un coût social comme un service public. Ce coût est d’autant plus élevé que les parts sociales et éducatives sont importantes. Il est clair qu’un Centre aquatique représente beaucoup plus qu’un simple équipement recevant du public dans lequel on fait trempette. Ses missions sont multiples, ses utilisations variées et il rend des services à de nombreux domaines. Le financement doit donc être adapté et c’est tout à fait possible, à ses vocations sportives, culturelles, sociales, éducatives, santé, bien-être et élitisme. Merci.

Jean-Claude DOLMEN

Président de l’URSIAE Martinique

Bonjour, Jean-Claude DOLMEN, Président de l’Union Régionale des Structures d’Insertion par l’Activité Économique. C’est la Fédération qui, en Martinique, regroupe l’ensemble des structures (ateliers et chantiers d’insertion, associations intermédiaires, entreprises de travail temporaire) qui, organise les structures dans ce champ d’activité. Je rejoins et je partage l’analyse

des trois intervenants notamment sur la question de l’inclusion intégrative et de la distinction entre insertion sociale et insertion professionnelle. Mon propos est de faire mémoire d’une expérience que j’ai vécue avec, comme Président Gérard LACOM. C’était une structure qui avait été mise en place par la DDJS de l’époque, aujourd’hui la DJSCS, qui s’appelait «profession sport et animation en Martinique». J’en parle parce que je crois qu’il y a une vingtaine d’années, cette structure avait permis la structuration et l’organisation des métiers du sport et de l’animation, notamment en créant un espace de mutualisation et de mise à disposition. Cela a répondu notamment sur la question des collectivités territoriales du sport, à une préoccupation des collectivités territoriales qui ne pouvaient pas toutes recruter pour un temps complet mais qui pouvaient satisfaire un besoin de quelques heures d’activité. Jusqu’à aujourd’hui, c’est 20% restants d’activités sportives, il y a lieu de réfléchir à la restauration de ce dispositif pour permettre que l’on puisse accompagner toujours la formation d’éducateur ou de moniteur dans les domaines nécessaires mais aussi faire en sorte que le temps partagé fasse que ces 20% qui ne sont pas recrutés puissent aussi venir répondre à un besoin que nous avons identifié pour lequel des solutions de recrutement à temps plein ne sont pas envisagées pour l’instant.

Je crois qu’il y a lieu de s’investir et peut-être rouvrir le dossier ex-profession sport et animation en Martinique avec le dispositif qui n’est pas à inventer mais certainement à restaurer.

Louis BOUTRIN

Au regard de ce qui vient d’être dit, je souhaiterais quand même avoir le point de vue du premier Président de profession sport, Gérard LACOM qui était également Président du CROSMA, parce que c’est un dispositif qui a disparu mais qui pourrait rendre des services et la question qu’on lui pose: dans quelle mesure on pourrait reprendre cette dynamique-là?

Gérard LACOM

Président du Conseil de la Culture, de l’Education et de l’Environnement (CCEE)

J’avais décidé d’assister à ces Assises sans prendre la parole parce que j’ai trop parlé de toute ma vie mais puisque tu m’obliges à le faire, je le ferai. Profession sport a été une association extraordinaire et je crois

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que plus d’un ici le savent. Nous avions parmi nos partenaires, 19 municipalités. Après la grève de 2009, nous nous sommes retrouvés avec trois municipalités. Nous avions un fichier de plus de 600 jeunes avec 4 permanents qui travaillaient à temps plein. Nous permettions à certains jeunes de faire leurs études et avoir une activité rémunérée comme, les professeurs de danse, de voile, etc.

Le procédé était simple: c’était la mutualisation du temps de travail. Vous avez besoin d’un entraîneur, vous ne pouvez pas embaucher un entraîneur pour deux heures. Profession sport l’embauchait et ce même entraîneur pouvait travailler dans 3 ou 4 structures. Ce qui fait qu’à la fin du mois, nous lui payions son mois de travail et tout le monde y trouvait son compte. Nous avons été mis en difficulté après la grève, et très rapidement, alors que nous étions en train de négocier dans un bureau de la Sécurité sociale du paiement de nos charges, dans un autre bureau, le Président du contentieux bloquait nos comptes. Le Commissaire aux comptes nous a proposé de nous mettre en redressement, ce que nous avons fait. Nous avons récupéré ces sommes. Vous savez, lorsque vous avez un redressement, vous n’avez pas le droit de faire de nouvelles dettes qui ne soient pas couvertes. Lorsque nous sommes passés devant le Procureur de la République, Nous avions 1000€ de dettes alors que nous avions 150000€ de recettes en attente. Le Procureur de la République nous a dit: «Monsieur, je connais bien cette histoire, mais c’est du papier. Si dans une semaine, vous ne couvrez pas ces 20000€, je liquide». J’avais un dossier à la Région de 45000€ et j’avais un dossier au Conseil Général de 15000€, il y avait une municipalité que je ne nommerai pas parce qu’il y en a dans la salle qui nous devait 15000€. Comme je n’ai pas pu couvrir les 20000€, nous avons été liquidés au grand regret de tous et croyez, que c’est pour moi, une blessure. J’en ai terminé.

Gérard HILLION Président du Club Manikou Bonjour à tous, Gérard HILLION, Président du Club Manikou, un club de trail. J’adhère à tout ce qui a été dit aujourd’hui mais il me semble qu’il y a un volet dont on n’a pas parlé c’est l’exportation de nos champions ou de nos équipes pour participer à des événements nationaux. Michel est parti car il avait d’autres contraintes mais il faut savoir que dans le monde du trail, la Martinique est parmi les destinations trail les plus recherchées. Malheureusement, on n’a pas l’impression que les collectivités sont conscientes de cela.

Au club Manikou on fait partie d’un championnat national de trail qui se termine en décembre, en Martinique, avec la Transmartinique. On a du mal à faire comprendre aux gens, à l’instar de La Réunion où leur raid est devenu un événement national où on tire même au sort des bénévoles, tellement il y en a. Ici on aurait dit que c’était twa boug fou ka kouri an ba bwa-a.

J’ai entendu des dames derrière moi qui revendiquaient l’accès des structures ou du sport aux femmes. Justement beaucoup de femmes viennent marcher avec nous parce que l’on a une dimension compétition notamment, pour le club Tchimbé Raid - je parle pour lui puisqu’il n’a pas pu être là - dont je suis membre fondateur par ailleurs et une autre partie où on fait des randonnées. Même s’il y a une dimension de compétition, de dépassement de soi par rapport au relief de la Martinique, mais qui est ouverte à tout le monde à des prix vraiment minimes. On n’a pas besoin d’infrastructures particulières, à part simplement l’autorisation de traverser des propriétés privées ou des communes. Il y a déjà quelques efforts qui ont été faits: à Sainte-Luce il y a un parcours santé qui est sur le bord du littoral. Il y a certaines communes qui aménagent des parcours santé. C’est très bien pour la pratique de chacun. Je pense qu’il faudrait que l’on ait une logique Martinique, type GR. Il y avait déjà des grands sentiers de randonnée tel que celui-là qui étaient prévus. Ils sont plus ou moins tombés, pour certains tronçons, dans les oubliettes. Je pense qu’il serait bon que l’on retourne vers ce type de développement du sport vert car on a un terrain pour cela. En Martinique, il fait, tous les jours, beau sauf quand il pleut, mais cela ne dure pas très longtemps. Mais, même quand il pleut, la nature n’est pas inhospitalière sauf quand il faut annuler la Transmartinique comme l’année dernière. Mais c’est vraiment un axe de développement et

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je pense qu’il faudrait pouvoir aider les coureurs martiniquais. Il y en a qui le font, qui vont jusqu’à La Réunion. Pour ne pas le nommer, Louis-Félix LACRAMPE et quelques amis qui l’accompagnent. Ils vont jusqu’à La Réunion sur leurs propres deniers. Je pense qu’il y a lieu de réfléchir parce que, comme on le disait, la Martinique est une terre de champions, encore faut-il leur permettre de s’exporter ou de faire venir aussi des gens en Martinique. Nous avons fait des statistiques. Chaque année, entre les coureurs et les accompagnants, cela représente un 747 complet que l’on fait venir en Martinique. Malheureusement, cela n’a pas d’écho dans les oreilles aussi bien de nos compatriotes que de ceux qui nous dirigent. Ce n’est pas une revendication, c’est juste un éclairage pour dire qu’il y a des sports qui n’ont pas besoin de grosses structures qui sont «europhages», je dirais. Je rejoins également Monsieur MARAJO, Beaucoup de dossiers, beaucoup de demandes administratives, toujours pendant les heures de travail. Nous sommes tous bénévoles. C’est encore une contrainte. Il a parlé de problèmes à la maison mais parfois aussi on a des problèmes au boulot parce qu’il faut pouvoir dégager du temps car aucune mairie ne reçoit en dehors des heures de travail, ce que je peux comprendre, mais tout le monde travaille!

Guy TUSSI

Effectivement, le temps est imparti. Je voulais m’adresser particulièrement aux politiques sur des points concrets. Maintenant, je sais que beaucoup de gens ont beaucoup de choses à dire. Il serait peut-être bon que chacun de nous, mette quelque chose sur papier, soit un cahier de propositions que l’on puisse vous adresser. Ce serait peut-être une solution parce qu’il y a beaucoup de non-dits aussi.

Je m’adresse donc aux politiques. Une première chose importante. On s’est penché depuis quelque temps sur le bâti: l’état du bâti, bâti à venir. Moi ce que je dirai surtout aux politiques, c’est penchez-vous sur le bâti humain que sont les bénévoles, serviteurs de la Martinique parce qu’ils souffrent. Ils n’ont pas toujours les possibilités.

Je dirais, Alain CHEVALIER, que j’ai fait une démarche pour un emploi en service civique. On m’a demandé quelque chose afin que l’on puisse tirer les documents. C’est une rame de papier. Elle est importante. Il y a beaucoup de papiers, beaucoup à lire, beaucoup à dire. C’est presque décourageant. On sait que l’administration française est très compliquée. C’est toujours plus facile de monter une entreprise ailleurs, chez les anglophones, que chez nous.

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Je m’adresse aussi aux politiques. On parle du coût. L’octroi de mer sur les produits pour les équipements sportifs, pour le matériel sportif. On peut jouer dessus. Il faut regarder à quel moment cela nous coûte le moins parce qu’il faut nous équiper chaque année. Je prends le matériel dont on ne parle jamais. Nous avons besoin de coupelles, c’est de la matière plastique. Cela coûte quelques centimes. Lorsqu’on va l’acheter, cela nous coûte très cher, c’est hors de prix. En plus, ce matériel, on y met des produits dégradants pour que tous les ans, on doive le racheter. Il y a pas mal de questions de ce côté-là. Que pensez-vous de l’exemple de l’île de La Réunion qui a mis une politique sportive, je le sais car des collègues ont été là-bas, sur le transport pour assister les associations sportives pour le déplacement des jeunes. Lorsqu’un éducateur prend son diplôme, il est pris par la mairie et mis à disposition. Ce serait bien de se pencher de ce côté-là. C’est particulièrement ce que je voulais dire et surtout de rappeler de chercher des solutions pratiques pour que nous sortions de l’ornière où nous nous trouvons parce que nous en avons parlé aussi, notre pays change, nous avons de plus en plus de caribéens anglophones, hispanophones, chez nous, parmi nos jeunes que nous avons à éduquer, à sociabiliser. Merci.

Louis BOUTRIN

C’est quand même exceptionnel d’avoir réuni dans le même lieu, au même moment, trois champions du monde, trois jeunes Martiniquais. Man ka mandé zot ba yo an pal. Man pa ka antann zot. Kanelle LÉGER, Michel MOTHMORA, Grégory ALCAN. Ba yo lanmen. Comme quoi, les Assises ce n’est pas seulement les neurones! (Rires) Il y a la performance.

Frédéric CALIXTE

Directeur d’Aqua Moov

Bonjour à tous, Frédéric CALIXTE, vice-Président du Comité martiniquais de surf et Directeur de l’entreprise Aqua Moov. Je vais intervenir par rapport à Monsieur CHEVALIER qui mettait en avant certes, la notion d’association et mettait en parallèle aussi la question des professionnels.

D’ailleurs, je remercie la CTM d’avoir organisé cette manifestation et je constate que nous sommes très nombreux s’agissant de professionnels du milieu du sport à être disponibles le samedi matin pour pouvoir venir à ce genre de réunion. C’est difficile pour nous,

la saison n’est pas finie - d’ailleurs on n’a pas de saison. Ce serait intéressant, comme disait alors Monsieur, de pouvoir réunir les doléances des professionnels du sport de façon à avoir une base intéressante pour au moins avoir deux avis concernant les problématiques du sport en Martinique. Deuxièmement, je voudrais intervenir aussi par rapport au recensement des sites de pratiques sportives. J’ai eu la chance par mon parcours - j’ai un master STAPS en développement du tourisme sportif insulaire - d’intervenir au niveau du Département pour pouvoir mettre en place la Commission départementale des espaces, sites, et itinéraires. L’ancien Président est ici présent. C’est un logiciel très intéressant qui recense les différents sites et itinéraires en Martinique de sports de pleine nature. Il me semble que c’est à notre disposition. Il existe. Concernant les formations brevet d’État, brevet fédéral BP JEPS, etc. je tiens à attirer l’attention sur les intervenants de ces formations. On n’est pas sur un cursus STAPS. On ne peut pas demander à des personnes qui sont en formation avec Bac +0 pour certains, de pouvoir avoir en une année l’apport en termes de théorie et en termes de notions que certaines personnes acquièrent dans un Master en STAPS en 5 années d’études. Il faut relativiser. Il y a bien sûr du concret à savoir l’animation, à savoir la diversité d’interventions au niveau du milieu hospitalier, des personnes handicapées, de la jeunesse, des personnes âgées, des personnes enceintes, des nourrissons. Il faut donc aller sur du concret au niveau des formations et arrêter de faire des formations en donnant des polycopiés de 20000 pages.

On n’est pas en STAPS. On a une année pour être efficace sur le terrain.

Ensuite, pour presque terminer, interpeller les politiques sur le délai de règlement des prestations faites par les professionnels du sport. Je trouve inadmissible que certaines municipalités fassent appel à des professionnels et qu’on se retrouve un an après toujours dans l’attente du règlement. Pour moi, c’est totalement inadmissible.

En tant que professionnel, je parle pour ce que je connais, on a des charges, on me demande d’être réactif, d’être sur le terrain, de pouvoir faire une prestation dans des délais très courts, souvent c’est la semaine d’avant que l’on nous appelle pour me dire: «On a besoin d’un nageur, est-ce que tu peux faire la prestation?». Sauf que concrètement, on se retrouve à être payé 3 à 4 mois après, voire un an après.

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C’est inadmissible. Il faut arrêter ça. Vous mettez de jeunes entreprises en difficulté cela, je le répète, c’est inadmissible.

Ensuite j’attire l’attention concernant les tarifs pratiqués par les associations et mettre ça en parallèle par rapport aux personnes qui vivent de leur activité. Une association certes, n’a pas les charges d’une entreprise souvent une entreprise unipersonnelle voire autoentrepreneur et on doit être en concurrence avec l’association. Je parle pour ce que je connais: des cours de natation, de coaching, de bébé nageur, d’aquagym, etc. Quand un client vient nous voir, sans parler de clients parce qu’il ne faut pas que les associations parlent de clientèle, les associations doivent parler d’adhérents, de licenciés pas de clientèle. La clientèle reste pour le secteur privé. Je me retrouve à avoir des clients qui viennent me demander: «pourquoi votre cours est à 10€ alors que moi je paye 5 €? ». Je leur réponds que je dois vivre de mon activité. D’où la problématique de mon intervention. Je dois faire payer tant parce que j’ai des charges qui ne sont pas celles des associations. Je vous remercie.

Bonjour. Je voudrais poser une question au Directeur de la jeunesse et sport pour lui demander comment sont étudiés et évalués les dossiers de ces petites associations - on n’aime pas dire petites associations mais je considère les baroudeurs comme une petite association. Quand on passe plusieurs jours ou des soirées à préparer des dossiers et que l’on s’entend dire que nous sommes plutôt sur le volet inclusion parce que les baroudeurs, on a un projet d’inclusion sociale pour des enfants en danger dans leur cellule familiale, des enfants en déviance. On a un projet que l’on mène avec des associations qui œuvrent dans la protection de l’enfance en lien avec la justice, on avait un projet puisque l’on a tout laissé tomber avec le Foyer de l’Espérance et les éducateurs spécialisés de l’Espérance, de l’AMO pour les prochaines années. Un plan que l’on avait mis sur trois ans avec une cinquantaine de jeunes qui étaient pris en charge par des éducateurs avec les baroudeurs et on s’entend dire que notre projet n’est pas éligible aux priorités régionales.

Quand vous développez votre exposé sur l’inclusion, je me sens un petit peu dubitatif par rapportà cela parce que je pense que cela fait trois ans. On a été lauréat du projet «Fais-nous rêver Martinique» sur un autre

projet. Cette année notre projet n’était pas éligible. On ne demande pas des sommes extraordinaires. On a laissé l’UFOLEP parce que l’UFOLEP ne nous a pas entendus par rapport à notre problématique parce qu’il faut payer des assurances pour emmener des jeunes. On n’est pas sur le volet compétition. On est surtout sur le volet prise en charge de ces jeunes pour leur donner un nouvel itinéraire de vie. Je ne comprends pas. J’aimerais savoir comment sont étudiés ces projets. En commission? Quels critères? Est-ce que c’est parce que nous sommes une jeune association? On aura bientôt quatre ans. Est-ce que c’est parce que l’on dérange ou parce que le projet n’est peut-être pas lu? Je remercie le Directeur Monsieur Charles-Eric PRIVAT parce que dès le début il m’a beaucoup aidé. Il m’a entendu sur cela. Mais en 2016, j’ai été assez étonné de voir que le projet de l’association des baroudeurs n’était pas éligible. On s’est orienté vers une autre fédération qui est un peu plus à l’écoute, la Fédération des sports d’entreprise avec Yvon FIBLEUIL que je remercie. J’aimerais savoir quels sont les critères qui sont pris en compte lors de l’étude des projets? Tous les organisateurs le savent, la difficulté de prise en charge, de proposer un projet CNDS avec tout ce que cela demande: le gage de sérieux pour la présentation avec les bilans. J’aimerais savoir exactement comment est pris en charge notre dossier en commission? Merci.

Louis BOUTRIN

Par élégance, je pense que le Directeur de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion sociale va peut-être apporter un élément de réponse pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté. On l’a dit, ces Assises sont les fondements même du sport et non pas un tribunal, mais il va quand même apporter des éléments de réponse. La parole est à Monsieur CHEVALIER et non pas à l’accusé.

Alain CHEVALIER Directeur DJSCS

En plus, je ne me sens pas du tout accusé parce que le CNDS est étudié par une commission bipartite entre le mouvement sportif et l’État. Les collectivités y siègent avec voix délibérative. Tous les dossiers qui sont déposés aujourd’hui ne sont pas forcément éligibles. L’État a défini un certain nombre de priorités. Les priorités sont pour les associations qui sont affiliées. Quand vous dites que vous changez d’affiliation comme cela vous arrange, c’est aussi un critère. Une

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association qui est à l’UFOLEP qui, d’un seul coup dit: «Non, l’UFOLEP cela ne m’intéresse plus, je passe aux sports d’entreprise». Sport d’entreprise, c’est justement pour fédérer l’action dans l’entreprise. Je n’ai pas compris exactement en quoi votre action, si elle vise les jeunes en matière d’insertion, est véritablement en lien avec la Fédération française Sport d’entreprise. C’est pour cela qu’il y a, je pense, une véritable réflexion à avoir sur: c’est quoi être une ligue aujourd’hui? C’est quoi être affilié à une ligue? Si je n’oppose pas les ligues et les professionnels, je donne mon sentiment en disant qu’il ne peut pas y avoir de concurrence directe entre les ligues et les professionnels. Il ne peut pas y avoir de concurrence directe entre les ligues et les associations. Pour nous, les choses sont claires. Le sport sur un territoire donné cela doit être une politique territoriale qui ne doit être portée que par des gens qui sont élus pour le faire et qui sont les dirigeants sportifs élus à la ligue considérée. Il ne s’agit pas non plus de dire que tout ce qui est rentable c’est pour le privé et tout ce qui n’est pas rentable, c’est pour les ligues. Je pense qu’il faut avoir un discours de vérité là-dessus. Ce n’est pas parce que l’on est professionnel que l’on doit dire: «Vous, les ligues, vous vous occupez de ce qui vous regarde qui n’est pas rentable et vous nous laissez nous, privés, sur ce qui est rentable». Je pense que l’on doit avoir au niveau des ligues aujourd’hui, si le projet que l’on veut développer est un projet où les associations sportives vont s’impliquer sur le terrain, sur tous les enjeux qui ont été décrits ce matin, on a besoin d’un mouvement sportif fort pas simplement de salariés, pas simplement de personnes qui vont être des travailleurs indépendants parce qu’un travailleur indépendant c’est là un jour et cela s’en va le lendemain. C’est pour cela qu’il y a véritablement, sur la dynamique associative, quelque chose d’important. L’affiliation est quelque chose d’important. Sur votre dossier en particulier, je vais vous faire un aveu, ce n’est pas moi qui m’occupe du CNDS, vous l’avez dit, c’est Éric PRIVAT. Il est là… Il sera en mesure de vous apporter la réponse très précise sur: en quoi votre projet que vous avez déposé cette année ne correspondait pas aux critères qui étaient ceux de la commission régionale CNDS de cette année.

Marius NARCISSOT

Président de la Commission Politique des Sports, CTM Puisque le temps est limité, nous allons faire une synthèse très brève à partir des interventions qui se sont succédées.

Le sport, l’insertion reste quand même un allié très important. Que l’on parle d’insertion professionnelleou d’inclusion sociale, ce sont des passerelles qui sont obligatoires. On ne peut pas les écarter. Mais on voit qu’au milieu, il y a une question clé qui est: le rôle des collectivités. À chaque fois, cela a été remis en question. Monsieur CHEVALIER vient encore de montrer qu’il faut faire la répartition des choses entre professionnels, ligues, associations. Les politiques ont eu des idées. Aujourd’hui, nous retenons qu’il y a effectivement un travail très important à faire, c’est l’objet de ces Assises, de façon à clarifier et remettre chacun dans son rôle, chacun face à ses missions que nous puissions répondre à toutes les questions qui ont été posées depuis ce matin lorsque Madame SIGER aussi a posé la question: quelle politique sportive pour quelle formation adaptée? Il faut répondre à toutes ces questions. Voilà ce que l’on peut dire globalement surles interventions qui ont été faites mais on doit retenir une chose c’est que le social ne peut pas être fait sans l’économie avec le bénévole, donc l’humain au milieu, avec une priorité et une particularité, Madame, vous l’avez dit ce matin, l’égalité femme/homme. Je rappelle que le cadre législatif de la loi de 2007 l’impose. On revient à chaque fois sur l’aspect professionnel, l’aspect sportif où effectivement il faut tenir compte de ces deux notions. Merci pour ces interventions. Je crois que Louis BOUTRIN l’a dit en préambule, les interventionsqui sont enregistrées nous permettront justement d’aller vers un forum, afin de restituer toutes ces interventions à forte valeur ajoutée pour aboutir àun guide qui nous permettra d’aller tous dans le même sens et parler d’une seule et même voix de ce sport.

Un participant Pardonnez-moi Monsieur le Président, je voudrais juste préciser ma réflexion de tout à l’heure à Monsieur CHEVALIER. J’estime que l’intervention de Monsieur CHEVALIER était suffisante, il a très bien décrit la situation que je connais bien. Cela suffisait largement, il n’avait pas besoin de déléguer. Ce n’est pas lui que je mettais en cause, c’est cette manière de faire son marché dans ce genre d’Assises. Chacun vient faire son marché, ce n’est pas tout à fait ce que l’on attend ici aujourd’hui.

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Louis BOUTRIN

Quand nous avons eu à élaborer le programme de ces Assises du sport, nous avons tenu à ce qu’il y ait un temps de réflexion sur sport et handicap. Il y a une ligue handisports en Martinique. Le sport et handicap font partie intégrante des politiques sportives que nous mettons en place puisque, comme vous le savez, à la CTM nous avons hérité de toute l’action sociale de l’ex-Département. Si j’ai pris le micro, c’est juste pour

vous demander de rester jusqu’à la fin, je dirais, par correction pour notre intervenant et surtoutpour la thématique qui est abordée. Cela ne fait pas partie de nos préoccupations actuelles, mais nous sommes peut-être tous des handicapés en devenir. Restez, partagez cette réflexion et permettez àce que Florent PANCALDI et toute son équipe puissent profiter de votre réflexion à vous aussi. Mèsi an pil.

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SPORT ET HANDICAP

Merci Monsieur le Conseiller exécutif. B onjour à toutes et à tous. Rapidement, je vais présenter le Comité régional handisport - on dit souvent ligue handisports, c’est plus facile. Je voudrais dire que c’est un outil extraordinaire. C’est un moyen pour de nombreux jeunes, des centaines de jeunes, des milliers de jeunes Martiniquais de s’épanouir, de trouver une issue à leur vie très souvent, pour s’embarquer dans le grand train de l’existence.

L’handisport permet, c’est vrai, à ces jeunes en situation de handicap, à ces jeunes personnes d’avoir un objectif, de pouvoir se faufiler dans cette société tortueuse, difficile, où il n’y a pas de chance pour les canards boiteux, je dirais et nous sommes des canards boiteux. Par conséquent, il faut faire acte de bravoure, d’abnégation, de courage et ne jamais lâcher prise. C’est ainsi que l’athlète handisport parvient au plus haut sommet.

En Martinique, nous avons vu des jeunes en situation de handicap parvenir au plus haut niveau. Nous avons à côté de nous, ici présente, Audrey CAKIN qui a été championne d’athlétisme. Audrey CAKIN a eu de très grands résultats. Elle se trouvait aux portes des jeux paralympiques, n’est-ce pas Audrey? Elle pense, pour des raisons personnelles et familiales, à arrêter le sport mais elle a contribué énormément à l’avancée de l’handisport Martinique. L’autre personnalité que je veux citer c’est Jocelyn NIENAT ici présent. Il est cadre CTRhandisport Martinique depuis la création de toute activité sportive pour le monde du handicap. Il est la charpente pour ne pas dire la pierre angulaire du système.

Et pour finir, avec moi aujourd'hui, Sandro LAUPA qui est notre employé, qui est aussi un travailleur APA, qui est passé par la filière STAPS pour nous rejoindre. Depuis plusieurs années, il nous apporte un soutien sans faille. Je suis très content parce qu’on ne peut pas faire une équipe sans quelques bonnes volontés et des gens investis. Pour ne pas être trop long, handisport c’est cela: cette famille particulière, ces jeunes qui vont très loin, qui se dévouent et qui vont décrocher des performances pour demeurer en place dans leur vie c’est-à-dire pour se dépasser, se transcender, se surpasser au quotidien et atteindre leur dimension humaine pleine et entière. C’est cela handisport avant tout et ensuite le département. Nous sommes fiers d’être Martiniquais, nous sommes fiers que les médailles obtenues par les sports resplendissent sur toute la Martinique, sur le monde du sport martiniquais. C’est pourquoi aujourd’hui, je suis conscient que nous sommes intégrés à la famille du sport martiniquais, c’est très important. Merci beaucoup.

Bonjour, Sandro LAUPA, enseignant en activités physiques adaptées, chargé du développement jeune au niveau du Comité régional.

Je vous fais une petite présentation du comité et lors de cette présentation vous allez voir, au fur et à mesure les points sur lesquels nous nous appuyons en Martinique pour développer le handisport mais aussi les petits points négatifs et les petits manquements qu’il y a au niveau du sport et de l’handisport en particulier.

Il est vrai que le Comité existe depuis 1992. Cela fait donc déjà quelques années qu’il existe. Il a été mis en place en premier par Monsieur NIENAT et Monsieur COCOTTE dont certains connaissent bien la détermination au niveau des personnes en situation de handicap.

Thème 11
Sandro LAUPA Éducateur APA de la ligue handisport Livre Blanc du Sport Martiniquais 2016 -2021 247
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Au niveau du Comité directeur, Monsieur PANCALDI. Il y a aussi Jean-Félix CEZAR. Il y a de nombreux membres du comité qui travaillent et qui interviennent dans différents champs dans le sport et aussi dans le domaine des personnes en situation de handicap, pas forcément dans les associations sportives. Au niveau de la direction technique, Monsieur NIENAT, moi-même qui suis cadre technique fédéral, moi-même chargé du développement jeune. Nous avons juste une secrétaire pour l’instant et au niveau de la commission médicale nous avons un médecin qui nous a rejoints dernièrement, Docteur DEPIESSE.

Le public du Comité régional handisport, comme vous le voyez, c’est un public qui comprend toutes les personnes en situation de handicap moteur, physique et sensoriel. C’est important de faire un petit point par rapport à cela puisqu’il y a dans la définition du handicap, des personnes porteuses de handicap physique et moteur mais aussi des personnes porteuses de handicap cognitif.

Comme on l’a dit tout à l’heure, il y a des associations qui sont en sommeil et le Comité du sport adapté, hélas, depuis un certain moment, est en sommeil. Il y a seulement le Comité handisport qui prend en charge tous les champs du public handisport, non seulement les personnes en situation de handicap physique et moteur mais on intègre aussi les personnes en situation de handicap cognitif.

Dans les participants, il y a des pratiquants debout et des pratiquants en fauteuil. C’est la vraie différence au niveau des pratiques et des activités.

Les objectifs du Comité sont un peu comme tous les comités de sport: mettre en avant la pratique sportive; permettre aux personnes en situation de handicap qui le désirent d’exercer une activité physique adaptée (le terme d’activité physique adaptée est important puisque chaque personne en situation de handicap a ses propres facilités, ses propres façons de se mouvoir, il faut donc toujours essayer de trouver une adaptation pour lui permettre de pratiquer une activité).

Le Comité a aussi en charge de développer, d’organiser, de coordonner, de contrôler la pratique physique et sportive sur le territoire, pour les personnes en situation de handicap. Il est important également pour nous

d’appuyer les associations sportives qui font la promotion du sport et de l’handisport. Il est quand même important que vous le sachiez, l’handisport c’est une grande famille, nous ne représentons pas un sport, nous représentons la personne en situation de handicap dans toutes les activités sportives. C’est pour ça que c’est assez difficile de mettre en place tout le champ et toutes les activités sportives qui devraient être proposées à ce public.

Nous réalisons des formations (formations adaptées): nous allons le voir par la suite.

Il y a des sports où il y a des compétitions qui sont organisées en Martinique et en métropole, mais il y a aussi des sports loisirs qui sont très importants notamment pour notre pays Martinique puisque nous avons souvent des demandes de personnes en situation de handicap qui ont la volonté de venir en vacances en Martinique et cherchent une activité sportive à réaliser pendant leur séjour. Il est important aussi de pouvoir aider toutes les associations sportives et développer l’offre sportive afin que tous puissent trouver des activités qui leur conviennent en termes de tourisme, mais aussi en termes d’offre sportive sur le plan local.

Nous avons comme mission aussi et nous avons l’ambition de favoriser l’accès des athlètes au plus haut niveau: de les faire participer aux compétitions nationales. C’est vrai que ce n’est pas très évident même si nous avons quand même l’appui au niveau de partenaires (la CTM, la Fédération française, la DJSCS, le CROSMA et le seul partenaire que nous avons aujourd’hui c’est l’EDF. On le signale quand même parce qu’il est rare que les partenaires privés nous aident.

Je vais vous donner quelques chiffres au niveau des associations et du Comité régional puisqu’il y a près de 20 associations qui gravitent autour du comité. Il y a un petit peu tous les sports:

• 13 clubs affiliés

• 316 licenciés (saison 2014-2015)

• plus de 500 pratiquants sur 32000 personnes en situation de handicap en Martinique. Vous allez comprendre au fur et à mesure pourquoi il y a un tel écart entre le nombre de licenciés ou de pratiquants sportifs et le nombre de personnes en situation de handicap car il faut d’abord que la personne en situation de handicap puisse s’insérer

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dans la vie comme tout un chacun, pour aller pratiquer son activité sportive. Il y a des manquements à ce niveau qui fait que toutes les personnes qui veulent pratiquer une activité sportive ne le peuvent pas encore.

• plus de 25 disciplines handisports D’où la difficulté de tout coordonner et de permettre que toutes les activités sportives et tous les sports soient développés au niveau handisport. Même si nous réussissons à mettre en place beaucoup de manifestations de sensibilisation, il y a quand même un manque au niveau du renforcement de certaines activités. Je prends l’exemple du basket fauteuil ou de la natation.

On a encore beaucoup d’efforts à faire pour pouvoir structurer, pour pouvoir proposer un peu partout ces activités aux personnes en situation de handicap.

Chose importante malgré tout, au niveau du baromètre de la fédération Française handisports. En 2013, il y a deux ans, nous avons été classés 2e au niveau de la progression en termes d’affiliation ce qui veut dire qu’il y a un travail qui est très bien fait au niveau du Comité et que, de plus en plus d’associations s’attachent et s’appuient au Comité régional handisport.

On voit l’évolution annuelle du nombre de licenciés qui augmente grâce à la structuration de certaines associations et au fait qu’ils s’affilient.

Au niveau des activités sportives que nous présentons en Martinique. Il y a en priorité l’athlétisme, c’est par là que cela a commencé. C’est vraiment l’une des forces du Comité régional handisport en Martinique, c’est par là que tout se passe. Il y a aussi le basket fauteuil,

l’haltérophilie et d’autres activités qui sont proposées au sein du Comité. Vous pouvez les lire donc je ne les cite pas toutes. Elles sont importantes.

J’ai parlé tout à l’heure de tourisme et d’activités de pleine nature. Les activités de pleine nature sont très importantes au niveau du Comité pour l’ouverture sur le monde, sur l’extérieur. Comme activité que nous développons ici, il y a le vélo tandem qui permet aux déficients visuels ou à d’autres personnes atteintes de pathologies ne pouvoir faire du vélo en binôme avec des guides, le kayak adapté, l’handi-voile, les randonnées. Nous avons mis le gommier car nous avons déjà réalisé quelques échanges à ce niveau. Il existe aussi des ponts qui peuvent être réalisés avec les activités pratiquées au niveau local. C’est très important que l’on puisse se développer par rapport à cela. Ce ne sont pas que des activités données par la fédération que nous essayons de mettre en place, on essaie de mettre en place un panel d’activités sportives.

Au niveau des formations, le Comité met beaucoup de formations en place. Il y a deux types de formations. Depuis 2005, on met en place des modules A qui sont des modules que tout un chacun peut venir réaliser au sein du comité, qui permettent d’avoir une base sur la connaissance du public et sur les erreurs à ne pas faire, les petites choses à améliorer. En tout cas, ce sont des formations que nous mettons en place régulièrement et par la suite, il y a des certificats de qualification module B qui sont plus précis et qui concernent les pratiques sportives spécifiques. Nous en avons déjà plusieurs au niveau de l’athlétisme en

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fauteuil, de la voile, du basket, du canoë-kayak, du judo, de l’escrime et de la natation. Toutes ces formations ont déjà été réalisées. Nous avons des moniteurs formés en Martinique pour pouvoir faire pratiquer les personnes en situation de handicap. Hélas, le plus souvent ce sont des moniteurs qui, par la suite, ne sont pas forcément inclus dans les prestations avec les personnes en situation de handicap. Ils ont certes le diplôme mais ils ne sont pas forcément utilisés et ne sont pas forcément mis en œuvre aussi au sein des structures elles-mêmes. Cela commence à venir mais en tout cas nous essayons, par exemple au niveau de la natation, pour prendre l’exemple de la dernière formation que nous avons mise en place, nous avons pour l’instant une association qui est en cours de réhabilitation, le Longvilliers, pourtant nous avons à peu près 15 stagiaires admis. Il devrait donc y avoir au moins une dizaine de clubs qui devraient être affiliés au Comité et pouvoir ouvrir leurs portes aux personnes en situation de handicap mais ce n’est pas le cas. J’ai pris l’exemple de la natation mais c’est aussi le cas dans d’autres activités sportives.

Nous avons aussi réalisé les formations au niveau des professeurs d’EPS. Formation qui permet à certains professeurs d’être un peu plus à l’aise pour pouvoir recevoir ce type de public même s’il y a encore beaucoup de problématiques au niveau des collèges et des lycées. Je prends l’exemple du Lycée Acajou 2 qui est un lycée qui reçoit du public en situation de handicap. Au niveau de tous les bâtiments, l’accessibilité est là mais quand on arrive au niveau du plateau sportif, effectivement il y a un accès qui est fait mais ni les vestiaires, ni les toilettes ne sont accessibles. Pourtant il y a une association de personnes en situation de handicap qui est là depuis plus de 15 ans, qui pratique sur le site mais tout n’a pas encore été mis aux normes pour que ces associations puissent pratiquer de façon sereine et sans danger pour les personnes en situation de handicap.

Nous effectuons de nombreuses conventions. Au niveau des infrastructures, c’est aussi là où le bât blesse puisque ce ne sont pas toutes les infrastructures qui permettent aux personnes en situation de handicap, notamment celles qui sont en fauteuil, d’accéder. J’ai envie de dire que l’on a souvent des personnes qui nous disent «Oui, mais ce n’est pas accessible chez moi donc on peut pas faire cette manifestation». On a l’habitude de faire des manifestations sans l’accessi-

bilité. Effectivement il faut tendre vers l’accessibilité mais ce n’est pas cela qui doit nous freiner pour mettre en place des choses. Il faut quand même que l’on évolue. Il faut porter des choses. Ce n’est pas en allant vers ce genre de problème que l’on pourra mettre en place le plus d’activités. Petit à petit, les infrastructures nous l’espérons, vont respecter la loi de 2005 qui devrait d’ailleurs déjà être mise en œuvre. C’est très politique, on a toujours tendance à repousser les choses au lieu d’essayer de les faire tout de suite.

On a aussi des conventions avec les ligues de sport. C’est vrai que nous souhaiterions que toutes les ligues de sport aient une section handisports. J’ai envie de poser la question à Audrey CAKIN. Je suppose qu’elle aurait envie de pratiquer n’importe quelle activité sportive que ce soit de la voile ou de la danse mais pour cela, il faut aussi que les personnes qui sont dans les ligues, dans les associations pensent à ouvrir leurs portes et à venir peut-être faire des petites formations, des micros formations, à notre niveau pour avoir les éléments qui peuvent les aider à ouvrir l’accès aux personnes en situation de handicap.

Un petit point sur la vitrine du haut niveau en Martinique. C’est vrai que Monsieur NIENAT qui a déjà participé, trois fois, au niveau de l’encadrement technique de l’Equipe de France est aussi à la base de beaucoup de choses, de beaucoup de grands destins, j’ai envie de dire. Nous avons un panel de sportifs. Je faire un petit point sur certains pour que vous puissiez avoir aussi une petite réflexion sur leur vécu et les activités sportives qu’ils ont pratiquées.

L’un des plus anciens, Hugues QUIATOL qui fait de l’athlétisme et qui, comme vous le voyez, a déjà été vice-champion du monde en 1998. Cela remonte déjà à longtemps et pourtant, il est toujours en activité. C’est un athlète d’une longévité impressionnante. C’est aussi une particularité du handisport: il n’y a pas d’âge pour pratiquer handisport. On peut commencer à 40 ans à découvrir le handisport. Cela ne va pas empêcher quelqu’un qui n’a jamais pratiqué, depuis 40 ans qu’il est en situation de handicap, d’avoir des résultats intéressants et même d’intégrer par la suite des filières de haut niveau ou de bon niveau. C’est assez important pour être souligné.

Audrey CAKIN, on a vu son palmarès tout à l’heure, qui a été la première à être élue meilleure sportive

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martiniquaise en 2006 par le CROSMA et par la presse sportive. C’est la première au niveau handisport qui l’a été. Il faut signaler quand même qu’au niveau scolaire, Audrey CAKIN ne pratiquait pas d’activité sportive. Pourquoi? Parce que le professeur de sport lui conseillait d’aller en salle de permanence alors qu’elle avait la volonté de pratiquer. C’est par la suite qu’elle a pu rejoindre Monsieur NIENAT pour commencer à réaliser ses activités et vous voyez qu’elle a quand même été triple championne de France en2005 et2006 sur 100m, 200m et 400m.

C’est quand même important l’inclusion des personnes en situation de handicap au niveau de l’école. C’est pour cela que je tenais quand même à faire le parallèle aussi. Nous avons la grande championne que j’espère, tout le monde connaît maintenant, Mandy FRANÇOISELIE qui est actuellement en préparation pour les jeux para-olympiques de Rio. J’espère que nous pourrons la soutenir. Ce n’est pas forcément évident pour elle, il y a beaucoup de voyages à effectuer pour une jeune athlète en Equipe de France, les allers-retours en Martinique et toute la charge de travail que cela implique, ce n’est pas forcément évident et c’est vrai qu’au niveau de l’accompagnement lors d’événements de ce type, il est quand même important, me semblet-il, qu’il y ait un soutien de la Martinique. J’espère que petit à petit, il y aura au moins deux ou trois écrans pour voir les courses de Mandy FRANÇOIS-ELIE.Cela aurait été intéressant aussi. C’est quand même une athlète de chez nous. Terre de champions mais il faut effectivement que la Martinique puisse montrer à tous, que l’on est tous des champions mêmes les personnes en situation de handicap. J’espère qu’on pourra le faire en lien avec le Comité et avec tous les partenaires.

La particularité du handisport. Anne-Sophie MAXIMIN, vous voyez quelques-uns de ses exploits. En 2011, elle a fait de la natation, elle a été vice-championne de France en natation sur le 200m nage libre. Cette même année elle a été élue meilleur sportif martiniquais. Elle a été championne de France espoir 2013 au lancé de poids. Médaillée de bronze aux championnats de France d’escrime en 2013. Pourquoi je cite tout cela? C’est pour vous montrer la particularité de l’handisport surtout au niveau des jeunes. Nous avons des jeunes auxquels on offre une pratique ouverte sur différentes activités. Elle peut faire de la natation, de l’athlétisme ou de l’escrime. C’est vraiment quelque chose d’assez particulier. C’est une de nos forces mais

c’est aussi une de nos faiblesses puisqu’il faut pouvoir coordonner les différentes activités et faire en sorte que ces jeunes qui s’inscrivent dans une pratique puissent soit aller au bout, soit trouver une porte de sortie pour aller vers une autre pratique. C’est parfois complexe à comprendre surtout au niveau des classifications mais c’est quand même important de le noter. C’est pour cela que j’ai pris cette présentation pour faire un petit point là-dessus.

Cédric RAMASSAMY que certains connaissent. Lui aussi a déjà participé aux jeux paralympiques de Londres en 2012. C’est un jeune cycliste de chez nous qui lui, a dû partir en métropole, pour se rapprocher du groupe France et s’entraîner de manière plus déterminée et espérer avoir des résultats. Cela étant, il faudra quand même réfléchir aux filières où on envoie le plus souvent des athlètes en situation de handicap vers la France alors que nous avons aussi des pôles en Martinique. Je pense que certains auraient pu passer sur ces pôles en Martinique avant d’arriver en France.

Un autre exemple de jeune, Jordan LUCE qui a été Champion de France espoir en athlétisme en 2011 en fauteuil, et qui maintenant pratique du basket fauteuil. Il a été le Capitaine de l’Equipe de France A’ et il a été sélectionné, actuellement, en équipe de France A. C’est l’un des pivots les plus rapides d’Europe. Il va normalement jouer en Allemagne, me semble-t-il, l’année prochaine. Lui est passé par toutes les filières au niveau handisport. Il a commencé jeune chez nous, il a intégré les différentes filières avec toutes les compétitions jeunes que l’on propose en Martinique. Il a intégré le Pôle espoir de Bordeaux en basket et il a gravi les marches au fur et à mesure. C’est dommage, cette année, l’Equipe de France n’a pas été sélectionnée pour les jeux paralympiques. Il ne pourra pas nous représenter mais c’est quand même un athlète très important pour nous et on espère qu’il pourra encore représenter la Martinique au plus haut niveau. Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, la particularité, la pluridisciplinarité: il a fait de l’athlétisme, de la natation et du basket. C’est quelque chose qui revient assez souvent.

Au niveau des compétitions jeunes que l’on organise il y a des challenges handi-jeunes. Le plus souvent, on organise trois à quatre challenges handi-jeunes par thème puisque nous sommes obligés de choisir certaines activités sur lesquelles on met l’accent: le

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tennis de table, l’escrime, l’athlétisme, la natation, le tir sportif et le tir à l’arc. Ce sont des thèmes et des compétitions que l’on essaie de mettre en place aujourd’hui en Martinique. Par ces compétitions, les jeunes peuvent être sélectionnés pour partir en métropole et participer à la finale nationale. Un exemple, cette année nous sommes partis avec 5 jeunes pour la finale du challenge handi-jeunes. Sur les 5, nous avons eu 2 médaillés d’or, un de bronze et un d’argent et le cinquième a fini à la quatrième place de sa catégorie. Le Directeur de la course est venu nous voir pour nous dire que ce jeune-là qui était cinquième, qui n’était même pas sur le podium, avait d’énormes potentialités au niveau du lancé. Effectivement, par la suite, on a essayé de le diriger vers les associations sportives. Ce n’est pas forcément évident. On va voir dans un petit moment les petits freins qu’il y a au niveau de l’accès au sport pour les personnes en situation de handicap. Il faudra aussi avoir une action par rapport à cela. Au niveau des compétitions jeunes, ce sont les compétitions sur lesquelles nous nous déplaçons le plus souvent et qui demandent beaucoup d’investissement au Comité. Par exemple, pour le Grand Prix national des jeunes, lorsque nous partons avec une vingtaine de jeunes, plus 6 ou 7 encadrants donc un groupe d’une trentainede personnes, vous imaginez le coût que cela engendre au niveau du Comité. C’est une réalité au niveau des billets d’avion. C’est vrai que l’on a beaucoup de difficultés par rapport à cela pour pouvoir proposer chaque année, à nos jeunes (parce que nous avons énormément de jeunes). On essaie de développer des activités ici mais quand il faut les faire partir, on est obligé de restreindre. On les empêche de

pouvoir se confronter aux autres qui sont en métropole, tout cela pour une histoire de coût. C’est vrai que c’est un peu dommage mais on attendait beaucoup de performances de ces jeunes. Je vous laisse lire les quelques résultats qu’ils ont obtenus.

On fait un petit point sur les freins au développement au niveau du handisport, juste quelques-uns, je n’ai pas voulu m’étaler. L’un des principaux freins, c’est le coût du transport. Un exemple pour quelqu’un qui est en fauteuil, qui veut venir en activité sportive, son club s’entraîne deux fois par semaine. Il habite le Lamentin, il veut aller à Fort-de-France. Au niveau du TPMR, puisque le plus souvent on a des jeunes qui sont transportés par leurs parents quand c’est possible, quand ils ont un véhicule adapté, mais si un jeune ou un adulte fait la demande d’un transport pour venir à l’activité sportive, voilà le coût: Fort-de-FranceLamentin (aller-retour): 44€. Je ne sais pas si vous imaginez, deux fois par semaine. On est déjà, au moins, à 90€. Si on fait le prorata sur le mois, c’est quelque chose d’assez onéreux pour les personnes en situation de handicap si elles font appel aux TPMR. Hélas, elles ne peuvent pas faire appel aux taxis qui ne sont pas adaptés, faire du stop. Moi, lorsque j’étais jeune, je faisais du stop pour aller en activités sportives mais c’est complètement impossible pour elles. J’ai rarement vu quelqu’un s’arrêter pour prendre en stop quelqu’un en fauteuil. C’est assez rare. Vous avez vu aussi le coût pour Ducos. Ce sont vraiment des petites choses mais au niveau de la pratique c’est ce qui fait que nous avons 500 pratiquants sur plus de 30000. Cela fait partie des gros freins: l’accès au sport.

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C’est dommage que le TCSP n’arrive pas directement au niveau des associations sportives parce qu’effectivement tout est fait pour l’accessibilité mais quand on arrive au niveau de la Galleria, pour aller dans un espace sportif ou un terrain sportif, il faut encore prendre un taxi soit payer 44€. C’est assez difficile.

Pour finir, le coût du matériel sportif c’est aussi très important. Au niveau des fauteuils de sport, Audrey CAKIN que vous avez vue tout à l’heure était sur son fauteuil de ville, quand elle a commencé l’athlétisme elle avait un fauteuil de club qui coûtait entre 1500€ et 3000€. Pour aller un peu plus loin au niveau national, elle est obligée d’acheter un fauteuil de compétition. Les coûts sont énormes d’où la difficulté d’accéder au plus haut niveau. On essaie d’avoir du matériel pour l’initiation, mais pour l’accès au hautniveau, on a encore d’énormes difficultés pour accéderà ce niveau.

J’essaie d’aller vite pour la fin même si c’est assez important. Le manque de prise en charge des activités physiques adaptées pour la personne en situation de handicap au niveau de son projet de vie. Monsieur CAROLE parlait tout à l’heure de la MDPH. Je prends un exemple concret: une des différences entre une MDPH de Guadeloupe et une MDPH de Martinique, toujours en parlant de cette problématique du transport en Martinique. Actuellement, quand on fait des demandes pour avoir un véhicule adapté, on a de l’aide sur l’adaptation du véhicule au niveau de la Guadeloupe.

On échange souvent notamment avec les basketteurs de Guadeloupe. Ils ont tous un véhicule adapté parce qu’ils sont pris en charge pas seulement au niveau de l’adaptation du véhicule mais au niveau du véhicule et de son adaptation.

Au niveau des fauteuils de sport aussi, ils ont beaucoup plus d’aides. Quand on se déplace en Guadeloupe pour jouer au basket, les Guadeloupéens ont tous leur fauteuil qui est, en partie, financé par la MDPH, alors qu’ici en Martinique, la MDPH n’aide pas. Les aides ne sont pas effectuées au niveau de l’accès au sport. Il n’y a pas encore ces aides. Même s’il y a des jeunes qui le mettent dans leur projet de vie, ils n’ont pas cette aide qui est prise en charge.

Enfin, au niveau des freins, le manque de moyens humain et financier, je pense que c’est la problématique de toutes les associations et de tous les comités. Nous avons peu de moyens financiers et de moyens humains au regard de l’attente de notre public, de sa pluralité puisqu’effectivement on a tous types de personnes, il faut pallier cela et aussi, du fait que nous soyons multisports. L’objectif serait de se développer de façon harmonieuse un petit peu partout mais ce n’est pas forcément évident. En tous les cas, je vous remercie de votre attention. J’espère un soutien fort de la Collectivité Territoriale de Martinique et de l’ensemble de nos partenaires pour un développement optimal du mouvement handisport dans l’ensemble du territoire de la Martinique.

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Échanges/Débats

Bernard DOMERGUE

Directeur H2eaux

Re bonjour. Bernard DOMERGUE. Je vais encore taquiner mon ami PANCALDI. À chaque fois, je le taquine là-dessus. Nous souhaitons développer le canoëkayak au niveau du sport handicap. J’insiste vraiment pour le kayak. Il y a énormément de choses à faire, pas seulement de la compétition mais surtout pour aller découvrir notre Martinique (mangrove…). Nous sommes tout à fait ouverts à ce genre de choses. Depuis trois ans, nous avons une nouvelle section à H2Eaux, et je sais qu’il y a des personnes porteuses de handicap qui sont intéressées et j’aurais aimé un relais de votre part. Il s’agit de la plongée en bouteille. Notre moniteur est également spécialisé en handicap. Nous souhaitons vraiment ouvrir ce sport aux personnes porteuses de handicap d’ailleurs, je vais lancer la perche à Audrey CAKIN qui est là, à côté de moi, pour lui dire que nous l’attendons. Je sais que c’est une battante et j’espère qu’elle va accepter mon invitation de venir découvrir nos fonds marins. Nous avons le plus beau moniteur de plongée de Martinique!

Un participant

Bonjour à tout le monde, je voudrais faire quelques petites observations à Monsieur le responsable de l’organisation. Il faudrait qu’à l’avenir, lors de ce genre de manifestations, vous limitiez le temps de parole des intervenants. Cela fait quand même très long pour certains. Les gens sont déconnectés de ce qui est important, de ce que vous dites, Messieurs. Pour vous, Monsieur le responsable du Comité régional handisport, la MDPH n’est pas là pour financer, la MDPH est là pour évaluer le niveau du handicap des personnes porteuses de handicap. Ceux qui décident de l’aide, ce sont les structures de l’administration (Conseil Général et maintenant CTM) mais pas la MDPH. En tant que parent d’enfant handicapé, j’ai eu l’honneur de participer à un certain nombre de choses. Est-ce que vous connaissez le CLIC? Cela existe toujours ou pas en Martinique? En Martinique, cela n’existe plus. J’étais, à l’époque, dans ce mouvement avec les éducateurs. Le CLIC c’est une organisation qui permettait aux jeunes handicapés mentaux de participer à des compétitions de la Caraïbe et à des compétitions internationales. Une année, la Martinique a été la seule délégation française présente en Amérique

puisqu’à l’époque, on prenait en charge une équipe dès lors qu’elle touchait un point des États-Unis. Depuis je me suisretiré pour des raisons personnelles et je crois que l’on a loupé là, quelque chose, ces relations importantes avec les États-Unis où ils avaient des moyens exceptionnels pour le monde du handicap. Madame, je vous félicite encore du travail que vous faites de même que Bernard DOMERGUE qui est là, qui a initié quelque chose de merveilleux, des stages de plongée pour les handicapés. J’ai vu le film. Félicitations. Et je crois qu’il est là depuis quelques temps, il fait un travail merveilleux et tous ceux qui s’occupent d’enfants handicapés ou des handicapés, ont mon soutien moral et j’ai un grand respect pour eux.

Patricia LOUIS-MARIE

Membre de la ligue d’escrime Bonjour, Patricia LOUIS-MARIE, je suis trésorière du Club AF d’Escrime qui vient de s’affilier à la ligue handisports. Je suis également membre de la ligue d’escrime et je travaille dans le domaine de l’insertion sociale et professionnelle depuis de nombreuses années avec des personnes en situation de handicap. Ce que je voudrais dire, puisque j’ai souvent des retours soit des parents ou des partenaires. Je vois dans les diapos qu’il y a une grande offre de sport pour les personnes en situation de handicap sauf que Monsieur tout le monde ne connaît pas cette offre-là, même au niveau du tourisme. Je pense qu’il faudrait communiquer là-dessus pour que les gens sachent les parcours de randonnée, etc. On dit aussi que l’on sera l’un des départements les plus vieux en Martinique. Il faut aussi mettre tout cela en valeur pour le tourisme, pour les personnes âgées. Toutes les personnes âgées ne sont pas en situation de handicap mais en tout cas, si les sites sont accessibles pour les personnes à mobilité réduite, ces parcours vont aussi nous servir à nous, puisque demain matin, on sera tous concernés par ce problème de mobilité.

Concernant les propositions qui sont faites dans les diapos ou vous avez montré effectivement les difficultés de transport des jeunes, en tout cas de pouvoir aller aux activités. L’autre difficulté, c’est que l’offre que nous proposons, club de sport, ne correspond pas forcément puisque les TPMR ne fonctionnent pas le soir. Les jeunes doivent se débrouiller pour arriver aux entraînements le soir.

Autre difficulté des clubs, c’est le coût que cela représente puisque pour l’escrime, par exemple, le matériel

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adapté (les fauteuils) coûte excessivement cher et on n’est pas aidé non plus entièrement là-dessus. C’est aussi une des difficultés. Même si on se positionne sur le handisport, mais il faut que l’on ait les moyens parce qu’avec les cotisations, les licences, cela ne va pas suffire pour tenir la route.

Jean TRUDO

Ancien Président de la ligue de voile Ayant participé à la mise en place en 1992, avec le Docteur Alain ROUSSELIN alors Président du CROSMA, du comité handisport, je voudrais féliciter Florent PANCALDI et son équipe et juste lui dire qu’il y a une petite omission, il y a une chose sur laquelle il n’a pas insisté, c’est de dire que tous ces athlètes que nous voyons, qui vont au niveau mondial, au niveau national, sont formés en Martinique par Jocelyn NIENAT. Il fallait le dire.

Denise DESORMEAUX

Bonjour. Denise DESORMEAUX, je suis là en tant que citoyenne. Juste une précision par rapport à la MDPH. La loi date de 2005 et les MDPH ont été mises en place en 2006. Cela fait 10 ans. C’est un peu vieux mais c’est aussi très récent. Cela veut dire que par rapport aux

aides financières, et je réponds à Madame LOUISMARIE, il y a des aides qui sont tout à fait possible dans le cadre de la loi du droit aux personnes, soit cela va être des aides individualisées et Sandro LAUPA l’a dit, c’est dans le cadre du projet de vie.

C’est sûr, lorsqu’Audrey CAKIN a commencé sa carrière, elle a dû financer son fauteuil. Pour avoir été à la MDPH, je sais que l’on a aidé des personnes à financer les fauteuils. Maintenant, les choses avancent, je crois que le regard que les équipes peuvent avoir, avec du recul, est beaucoup plus clair, car lorsque l’on parle de projet de vie, au début cela ne disait pas grand chose aux pauvres salariés de la MDPH. Il a fallu batailler pour faire comprendre aux personnes que l’on devait tout englober (le sport, le transport aussi). Il y a des choses qui se font simplement il faut revenir dessus, c’est de la pédagogie, ce n’est jamais terminé. Il y a beaucoup de demandes. Je vois que vous faites énormément de choses. Beaucoup de choses ont pu se faire. Souvent, c’est par le bouche-à-oreille: on se rencontre le soir et on se dit «tiens…». Mais en termes de communication, je pense qu’il y a certainement des choses à faire, tout seul vous n’y arriverez pas, c’est vraiment avec tous les acteurs ici.

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Je rejoins ce qui a été dit, c’est vrai qu’en communication, il manque encore beaucoup de communication qui permettrait à des personnes de jouer le relais et de donner les bonnes informations aux bonnes personnes. Il y a des choses qui sont possibles.

Louis BOUTRIN

C’est vrai que l’on a eu un temps fort aujourd’hui avec la présence de trois champions du monde réunis en un même lieu, dans cette salle, au même moment. C’est pour nous, sportifs et anciens sportifs, un moment très fort.

Pour autant, même si l’élite va tirer vers le haut la masse, je ne pense pas que nous soyons frappés de championnite et je me préserverai de cette pathologie. Ce que nous avons à faire aujourd’hui, c’est surtout à mettre en place des politiques publiques y compris des politiques publiques dans le domaine du sport. Cela nous impose une certaine mutation du regard que nous avons sur les politiques publiques, cela nous impose également une certaine mutation du regard en matière de sport.

C’est vrai que tout au long de cette journée, on peut dire que les thématiques qui ont été abordées, confirment la mutation de notre réflexion que ce soit sur les interventions que vous avez eues, que ce soit sur les participants. Réflexion riche sur la première thématique «le sport et les collectivités territoriales». Réflexion riche sur «sport et insertion» où Francis CAROLE a mis l’accent sur les outils stratégiques qui vont permettre d’augmenter et d’améliorer la lisibilité des politiques publiques à travers notamment ce qu’il a proposé, c’est-à-dire les schémas de cohésion sociale où le sport a toute sa place. Cadre stratégique qui nécessite une clarification conceptuelle et c’est ce qui a été fait avec brio par Monsieur Alain CHEVALIER qui nous interpelle sur le distinguo à faire entre d’une part, le sport comme vecteur d’inclusion sociale qui s’adresse à un public en situation de vulnérabilité et d’autre part, le sport comme vecteur d’insertion professionnelle où là, il s’agit de faire du sport un métier.

Enfin, Robert MARAJO, dans cette première partie, a souligné la place et le poids du bénévolat sportif dans les politiques sportives avec quelques pistes pour sortir de ce que Milan KUNDERA appelle «l’insoutenable légèreté de l’être» mais là il s’agit d’une insoutenable situation que vivent nos bénévoles.

Le point a également été fait sur le sport et handicap où nous avons eu aujourd’hui à faire l’état des lieux et je félicite à nouveau Florent PANCALDI et son équipe pour l’apport indéniable sur cet état des lieux qui a été fait. Mais vous avez bien compris qu’il y a certaines pistes qui méritent d’être améliorées notamment au niveau de la diversité des pratiques de handisport que nous avons en Martinique.

Puisque l’on parle d’augmenter les pratiques, permettez que je puisse apporter un petit grain de sel dans la sauce. Vous savez que généralement les parcours de pleine nature ne sont pas toujours accessibles aux handicapés. Je vous annonce que le sentier du littoral que nous venons d’inaugurer entre la Maison de la Canne (quartier Vatable) - tu m’excuseras, l’occasion était trop belle pour ne pas la prendre (rires) - et le bourg des Trois Îlets, c’est un parcours qui fait 4,6km, qui arrivera par la suite jusqu’aux Anses d’Arlets mais c’est la première tranche. Ce parcours a été fait par des jeunes en situation d’insertion. C’est un chantier d’insertion où les jeunes ont une formation en menuiserie et une formation également en aménagement paysager. Je vous conseille d’y aller. Je le dis, ce parcours est accessible sur toute cette portion pour les handicapés de manière à pouvoir découvrir toute cette mangrove de Vatable et égalementtoute la baie. On a une vue sur le Gros Ilet, les Trois-Ilets. On a de très belles vues et les personnes en situation de handicap sur fauteuil roulant peuvent y accéder et les valides également. Prenez le temps de vivre, faites une belle randonnée mais surtout je vous donne rendez-vous à la semaine prochaine pour que nous puissions prolonger la réflexion.

Je vais laisser la parole au maître de séance pour vous présenter le programme de la semaine prochaine. En tout cas je tiens à renouveler mes remerciements pour votre présence et de cette réflexion partagée. Nous sommes le 16juillet, dans un week-end prolongé vous avez fait cet effort. En tout cas, man ka rimèsié zot an pil, man ka rimèsié zot an chay.

Assises du sport martiniquais du 18 juin au 30 juillet 2016

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Sport et handicap

Sport et santé Les arts martiaux Les sports mécaniques Les sports nautiques

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Samedi 23juillet 2016

Intervenants

• Marius NARCISSOT, Président de la Commission Politique des Sports, CTM

• Armelle JEAN-ETIENNE, Médecin chargée de la cellule sport, CHUM

• Alain LEOTURE, Médecin au Centre d’évaluation sport-santé

• Michel BRANCHI, Conseiller territorial de Martinique

• Laurent MOYSE, Ligue de taekwondo de Martinique

• David MANGATAL, Directeur technique régional, ligue de taekwondo de Martinique

• Georges DRU, Responsable Association Mi Mès Manmay Matinik, AM4

• Simon JEAN-JOSEPH, Champion de sport automobile

• Serge BUNOD, Président de Mécanique pour Tous

• Lyvann LUCHEL, Champion de Martinique de motocross

• Thierry LUCHEL, Président de la ligue motocycliste de Martinique

• Jean TRUDO, Ancien Président de la ligue de voile, Secrétaire général du Yacht Club de Martinique

• Willy HABRAN, Président de la ligue d’aviron de Martinique

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Samedi 23juillet 2016 Sport et santé • Les arts martiaux • Les sports mécaniques
Les sports nautiques

Je tiens, au nom de la CTM et du Président MARIEJEANNE, à souhaiter la bienvenue à tout le public ici présent et au nom aussi de Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif en charge du sport qui va nous rejoindre dans quelques instants.

Je propose que nous commencions ces ateliers de réflexion. L’animateur l’a dit, nous sommes aujourd’hui dans un lieu d’échanges. Notre objectif, à travers ces Assises, c’est pour nous, nouvelle gouvernance, de prendre le pouls du terrain, d’identifier avec les acteurs que vous êtes, les problématiques liées à vos

disciplines, les besoins liés à vos disciplines de façon à ce que nous puissions avec vous, et sur la base des propositions que vous faites, vous restituer tout cela à travers un forum qui nous permettra, par la suite, d’élaborer ce que nous avons appelé le Livre Blanc du sport qui sera notre guide pour cette mandature.

On compte beaucoup sur vos interventions. L’animateur qui joue son rôle de censeur a dit qu’effectivement ce n’est pas un tribunal mais c’est quand même un lieu où nous allons faire un bilan des points à améliorer pour nous mettre en prospective et voir l’avenir avec des réponses beaucoup plus adaptées. Nous comptons sur vous.

Sachez aussi que vos interventions sont enregistrées. Lorsque vous prenez la parole, si vous pouviez vous présenter par rapport à vos fonctions, cela nous permettra de bien noter vos interventions pour mieux restituer le travail.

Merci d’être là ce matin et nous comptons sur vos interventions. Bonne journée à tout le monde.

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Les arts martiaux
Les sports mécaniques
Les
sports
nautiques Livre Blanc du Sport Martiniquais 2016 -2021

Sport et santé

Docteur Alain LEOTURE Médecin chargé de la coordination des médecins au Centre d’évaluation sport et santé

Bonjour, Alain LEOTURE, je suis médecin chargé de la coordination des médecins au Centre d’évaluation sport et santé qui se trouve au Stade LOUIS ACHILLE. Nous avons été invités par la CTM à parler de la santé, la liaison entre sport - santé et sport - activité physique. La première à intervenir c’est le Docteur Armelle JEAN-ÉTIENNE, qui est médecin au Centre Hospitalier Universitaire de Martinique (CHUM) qui est collaboratrice du Docteur RENE-CORAIL. Très investie dans la santé et le sport, Docteur Armelle JEAN-ÉTIENNE va nous présenter le parcours que nous aurons souhaité que le sportif martiniquais puisse suivre dès le choix de faire l’activité jusqu’au choix de prendre sa retraite et de s’investir comme retraité pour le monde sportif. Je passe la parole au Docteur JEAN-ÉTIENNE Armelle.

Bonjour à tous. Je remercie la CTM, l’IMS, les organisateurs des Assises du sport de nous permettre de nous exprimer aujourd’hui sur le sport et la santé en Martinique. Je suis le Docteur JEAN-ÉTIENNE Armelle. Je travaille dans le service de médecine physique et de réadaptation au CHU de Martinique. Nous sommes à Mangot Vulcin et je suis responsable de l’unité de médecine du sport au sein de cet établissement.

On va essayer de faire le point et d’avoir les idées claires sur le sport santé, savoir de quoi on parle car il y a de plus en plus de définitions. Il y a des notions à comprendre pour pouvoir justement mettre en pratique les recommandations qui existent.

L’activité physique n’est pas le sport. Il faut être clair. L’activité physique correspond à toutes dépenses énergétiques supplémentaires que vous faites en plus d’une dépense énergétique de repos. C’est-à-dire que si vous êtes confortablement installés dans un siège, vous êtes à 1,5 METs qui est l’unité de mesure de la dépense énergétique.

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Docteur Armelle JEAN-ETIENNE Médecin chargée de la cellule sport, CHUM Samedi 23juillet 2016 Sport et santé

Pour les activités physiques, il faut que ce soit supérieur à 2 METs. Cela veut dire que tout ce que vous allez faire en plus (monter les escaliers, marcher, prendre les transports) ce sera une forme d’activité physique. Faire le ménage ce sera une forme d’activité physique. L’important maintenant, c’est de réfléchir en termes d’activité physique au quotidien pour que tout le monde puisse se bouger au maximum et régulièrement.

Le sport, certes, c’est une activité physique mais il faut un cadre réglementé que ce soit pour une pratique de loisir ou une pratique de compétition. Ces chiffres datent d’à peu près 5 ans. On révèle que 80% des Martiniquais pratiquaient une activité physique. On sait qu’il y en a qui marchent sur les parcours santé, au bord des routes de façon autonome. C’est bien. D’autres font du vélo près de l’aéroport et autres. On sait également qu’il y a des licenciés des ligues, il y a de plus en plus de sport santé au sein des clubs.

Mais, est-ce que cela suffit?

Les recommandations nationales, internationales et les sociétés savantes sont de plus en plus nombreuses pour encourager à pratiquer. Depuis 1995, l’OMS se positionnait déjà sur 30 minutes d’activité physique par jour. Maintenant, les choses ont évolué, on sait qu’il faut effectivement 30 minutes d’activité physique par jour mais il faut que ce soit une activité d’endurance, une activité soutenue et en plus, il faut que ce soit accompagné d’un peu de renforcement musculaire, d’un peu d’exercice de souplesse, d’équilibre et également de tout ce que l’on appelle la coordination neuro-motrice.

À la fois au niveau international, national et local, des recommandations existent pour le bienfait de la santé. Maintenant certaines ARS ont fait le choix de rembourser par des actes de sécurité sociale, des activités physiques. Quand on a une pathologie, on peut maintenant prescrire de l’activité physique. Une ordonnance type ressemblerait à celle-ci: 30 minutes d’activité physique en activité physique modérée soit une marche soutenue à environ 4 à 5km/h et ceci au moins 5 fois par jour. Il existe des supports, il existe des aides à la prescription.

Notre confrère, le Docteur DEPIESSE a élaboré plusieurs bouquins sur la prescription d’activités physiques. Le mois dernier, il rencontrait les médecins généralistes

du département pour aider à la prescription d’activités physiques notamment avec des supports, des arguments qui existent maintenant et qui sont validés scientifiquement.

Vous avez également entendu parler des réseaux de santé en activité physique qui se développent de plus en plus dans certaines régions, notamment pour accompagner les personnes atteintes de pathologies chroniques à pratiquer une activité physique comme une prescription médicamenteuse, comme un complément à leur traitement, tout cela pour avoir une amélioration de leur pathologie pour éviter la mortalité.

De plus en plus, le sport en entreprise se développe soit de façon stratégique pour améliorer la cohésion d’équipe mais également pour veiller au bien-être des employés à la fois l’action sur le stress, sur l’anxiété. Effectivement, plus les gens sont à l’aise au travail, plus les gens pratiquent une activité physique, plus au niveau de l’entreprise ce sera efficient.

Mais pourquoi? Pourquoi bouger? À quoi cela sert?

Les arguments scientifiques sont de plus en plus nombreux: les pathologies chroniques, la prévention de la mortalité, le stress, l’anxiété, améliorer la qualité de vie, améliorer la tension artérielle, améliorer les pathologies dégénératives au niveau cérébral, améliorer l’ostéoporose, sans parler du bénéfice par rapport à l’obésité, au cancer, aux troubles musculo-squelettiques. Maintenant les arguments sont suffisamment nombreux et scientifiquement prouvés pour valider la prescription d’activités physiques pour tout le monde.

Il y a un fléau auquel il faut faire attention, c’est ce que l’on appelle la sédentarité et l’inactivité. Le Docteur François CARRÉ qui est cardiologue du sport, a créé un Observatoire de la sédentarité pour avoir une idée de ce que cela a comme impact sur la mortalité.

Qu’appelle-t-on un inactif?

Un inactif c’est quelqu’un qui pratique moins de 30 minutes d’activités physiques par jour. Quels sont les inactifs de la salle?

La sédentarité c’est quoi?

C’est rester plus de 7heures par jour assis devant un bureau, devant un ordinateur ou encore rester 2 à 3heures assis devant un bureau, devant un ordinateur.

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Il faut savoir que ces comportements d’inactivité et de sédentarité tuent comme le tabac. On sait que c’est la troisième cause de décès après l’hypertension artérielle et le diabète. On sait que c’est la première cause de décès évitable c’est-à-dire que si vous bougez un peu plus, vous avez moins de chances de mourir.

Que peut-on améliorer?

La première étape, vous l’avez comprise, c’est lutter contre la sédentarité c’est-à-dire que chacun d’entre nous, dans son quotidien, doit être de plus en plus actif, quelles que soient ses activités de vie, de ménage, professionnelles, l’important c’est d’être de plus en plus actif pour justement éviter d’avoir un comportement sédentaire, avoir un comportement inactif.

Après, il faut essayer de répondre aux recommandations qui maintenant ont fait leurs preuves: 30 minutes d’activités physiques modérées par jour et ceci, 5 jours par semaine. Après, effectivement, on peut rajouter, pour bien répondre aux recommandations, des activités physiques de souplesse, la musculation, et tout ce qui est neuro-moteur.

En Martinique, qu’est-ce qui existe comme structures et sur quelles structures on peut compter pour essayer de pratiquer dans des conditions sécurisées? Le Centre d’évaluation sport santé (CESS) qui fait un dépistage de masse de la population pour évaluer la condition physique et pouvoir pratiquer en bonne santé. Le Docteur Alain LEOTURE en parlera tout à l’heure.

Les clubs de sport-santé qui maintenant promotionnent l’activité physique pour tous. Vous avez de plus en plus de clubs qui accueillent les diabétiques, pour essayer de mobiliser et d’encourager les gens à une pratique régulière.

Vous avez le réseau SAPHYR qui accompagne la population martiniquaise en précarité et notamment les femmes sur les activités physiques adaptées afin de les mettre en activité, de les mettre en mouvement et pouvoir leur éduquer cette pratique pour qu’après, en autonomie, ils puissent prendre contact avec les clubs à proximité de chez eux pour pouvoir continuer à pratiquer. Il existe aussi des coaches sportifs, des activités en libéral qui proposent aussi un accompagnement à la pratique d’une activité physique.

Il existe un outil: l’IMS. On verra ce qui va être mis en place. Au sein de l’hôpital, nous avons mis en place un parcours de soins, à la fois pour le sportif depuis sa blessure sur le terrain, depuis sa blessure sur l’eau jusqu’à sa reprise sportive, de façon à ce qu’il ait les bons interlocuteurs pour avoir les imageries à temps, les diagnostics à temps et qu’il ait effectivement une prise en charge en rééducation ou autres pour qu’il puisse revenir sur le terrain le plus rapidement possible.

De la même façon, on met en place un parcours de soins pour les pathologies chroniques: les diabétiques, les patients qui ont de l’hypertension artérielle et qui doivent régulièrement pratiquer afin de prévenir les complications de leur pathologie, tout cela pour éviter une mortalité qui les guette.

Qu’est ce qui manque en Martinique pour que tous les Martiniquais se mettent à la pratique d’une activité physique?

On a pensé à un système d’unités mobiles du sportsanté c’est-à-dire que vous aurez une équipe d’experts qui se déplace sur tout le territoire, sur toute la Martinique pour évaluer la condition physique et pour donner des conseils en termes d’activité physique à la population.

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On a pensé à un système unique d’information sous forme de plate-forme qui connecterait tout ce qui existe en termes d’activités physiques sur le département. Vous habitez le Gros morne, vous voulez pratiquer une activité physique à proximité de chez vous, vous passez un coup de fil à la plate-forme ou vous envoyez un mail à la plate-forme et on vous répond: «contactez Monsieur untel, il fait du kayak à proximité. C’est le lundi, le mardi et le mercredi». L’idéal serait cela.

On a pensé aussi à la coordination de ce type de plate-forme. Il existe une profession spécifique spécialisée dans l’activité physique adaptée qui s’appelle les professeurs d’activités physiques adaptées (APA). Ce pourrait être eux, les coordinateurs de ce type de plate-forme pour le sport santé. On a pensé à un guichet unique à l’IMS qui pourrait regrouper toutes les structures qui existent déjà afin d’avoir un projet commun pour mettre les Martiniquais à l’activité physique, à la fois pour évaluer les conditions, et également pour accompagner à la pratique d’une activité physique. On a pensé à plusieurs axes forts pour le sport santé: l’axe prévention, éducation à la santé. Effectivement que les gens aient les bonnes informations, au bon moment pour qu’ils puissent pratiquer sans se mettre en danger. On a pensé à l’axe de soins pour tout ce qui est des pathologies chroniques (diabète, hypertension, sédentarité) afin que les gens soient évalués correctement et qu’ils puissent pratiquer toujours en sécurité.

Pour être crédible, il faut que l’on ait un support de recherches. Il faut que l’on puisse prouver que ce que l’on fait, amène un bénéfice et améliore la santé des Martiniquais.

Ne pas négliger l’axe de communication - on l’a ditla plate-forme afin que tout le monde soit au courant de tout ce qui se fait sur la Martinique en termes de sport santé. Effectivement l’information peut être diffusée aux Martiniquais qu’ils habitent à Fort-deFrance, dans le nord Caraïbe ou dans le sud, pour pouvoir aider à pratiquer régulièrement. Il y a aussi le sport au travail puisque de plus en plus, les employeurs se mobilisent pour mettre leurs employés à l’activité physique.

On est un peu visionnaire dans le service et on a pensé qu’effectivement, cette expertise en activité physique, on pourra l’exploiter à la caraïbe. Il ne faut pas oublier

que l’on fait partie d’un bassin caribéen et que nos voisins sont dans les mêmes réalités que nous, leur quotidien ressemble au nôtre. Pourquoi ne pas les faire profiter également de cette expertise?

Vous avez compris que la santé finalement, passe par le sport santé et passe par une pratique d’activité physique régulière. Je vous remercie.

Marius NARCISSOT

Nous remercions le Docteur JEAN-ÉTIENNE pour cette prestation et nous saluons l’arrivée de Louis BOUTRIN qui est Conseiller exécutif chargé du sport. Il va prendre sa place de Président de séance. Nous saluons aussi l’arrivée de Richard BARTHELERY qui est Conseiller territorial, membre de la Commission Sport et de la santé territoriale.

Merci Docteur pour cette précision. Vous avez dit, plus on bouge, plus on a de chance de vivre. C’est bien cela?

Docteur Armelle JEAN-ÉTIENNE Oui.

Marius NARCISSOT

C’est la première prescription de ce matin et je crois qu’il y en aura d’autres. La parole est au Président Louis BOUTRIN.

Louis BOUTRIN

Pour les mots de bienvenue, je suppose que Marius NARCISSOT a fait le nécessaire. On ne va pas retarder les travaux. Le Docteur LEOTURE va présenter une communication au nom du Centre d’évaluation sport-santé.

Docteur Alain LEOTURE

Médecin chargé de la coordination des médecins au Centre d’évaluation sport et santé

Médecin au Centre d’évaluation sport et santé

Je suis médecin coordonnateur au Centre d’évaluation sport-santé qui se situe au stade Louis Achille pour

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ceux qui ne le connaissent pas. Ce centre a vu le jour en 1996. Il est né de la volonté du mouvement sportif, de l’association qui s’appelait le COMPAS, Comité martiniquais pour la promotion des activités sport-santé, de l’implication de l’État par la DDJS, l’implication des collectivités territoriales qui étaient le Conseil Général et le Conseil Régional, des institutions qui étaient la Sécurité Sociale et la CAF. Tout le monde s’est réuni autour d’un projet qui a permis de créer le Centre d’évaluation sport-santé qui avait pour objectif d’amener la population martiniquaise à pratiquer des activités physiques. Le Centre a été agréé comme centre médico-sportif en 1998 et reconnu comme l’un des acteurs importants de la prévention en matière de sport (prévention aussi bien primaire, secondaire que tertiaire).

Là vous avez notre équipe du CESS. Il y a des femmes et des hommes. Nous sommes peu nombreux. Nousne sommes que 5 et le corps médical souffre de carences. Le médecin parle de santé mais nous sommes en souffrance.

L’activité physique, Armelle JEAN-ÉTIENNE, vous en a parlé, je ne reviens pas dessus. L’activité sportive: je dis que le sport est une activité physique mais on ne doit pas forcément faire sport pour être physiquement actif.

Au niveau du Centre d’évaluation sport-santé, nous avons pris quelques photos pour vous montrer ce qui nous différencie de l’examen médical au cabinet. Nous faisons des mesures anthropométriques avec des tests de souplesse. Nous avons aussi quelques tests qui permettent d’apprécier la puissance des membres inférieurs. Nous prenons également les plis pour apprécier la masse grasse et nous avons également un électrocardiogramme de repos systématique. La consultation médicale est comme toutes les consultations médicales au cabinet seulement nous insistons sur les antécédents médicaux qui nous permettent un peu de connaître à qui nous avons affaire. L’examen clinique est en fonction des exigences du sport. Certains sports ont des exigences particulières et nous essayons de répondre à ces exigences particulières. Le tout permet de délivrer un certificat médical.

Des tests d’effort sont pratiqués au niveau du laboratoire CESS. Nous avons un vélo. Nous avions un rameur. Le rameur a coulé.

Nous avions un tapis. Le tapis a rendu l’âme. Nous ne sommes actuellement que sur le vélo. J’espère que le vélo tiendra la route.

Nous faisons aussi des tests de terrain. Le sport de terrain permet d’évaluer une très grande quantité de personnes d’un seul coup. Nous évaluons la vitesse aérobie maximale (VAM). Cela se fait pour les pratiquants d’activité physique comme le marathon, les raids. Nous faisons aussi des évaluations VAM nage pour les nageurs. Nous avons moult possibilités pour continuer à les faire. Nous nous adaptons à la réalité du terrain.

Une des caractéristiques du CESS c’est de pouvoir évaluer l’hygiène alimentaire pour rechercher les erreurs, donner des conseils d’hygiène alimentaire et de promouvoir notre alimentation locale. On constate qu’il vaut mieux leur dire: «Prenez des ti-nains, prenez du féroce». Ils se reconnaissent et ils se rappellent de ce type de conseils. Quand on leur dit qu’il faut boire, il faut préciser: de l’eau!

Une fois tous les examens réalisés, nous délivrons un certificat d’aptitude au sport. Le Centre d’évaluation n’a pas pour vocation de faire de la médecine curative. Nous ne faisons que de la médecine préventive, cela débouche sur un certificat médical d’aptitude au sport ou pas. Si nous découvrons une pathologie quelconque, le sportif est adressé systématiquement à son médecin traitant. Nous ne prenons pas en charge au niveau du Centre d’évaluation le diagnostic de pathologie et le suivi. Je suis obligé de le rappeler parce que souvent nous avons des gens qui sont envoyés pour prise en charge curative. Le Centre d’évaluation n’a pas d’ordonnance et nous ne sommes pas habilités à prendre en charge ce type de patients.

Nous avons le tableau de fréquentation du CESS. Vous avez vu que sur 10 ans, notre fréquentation est en train de diminuer progressivement.

Au niveau du monde sportif, notre fréquentation reste relativement stable. Nous n’avons pas de souci particulier quelle que soit l’activité sportive, quel que soit le pôle. Par contre, au niveau de monsieur tout le monde, nous avons une chute dramatique de notre fréquentation. Nous étions à 1000 personnes en consultation, actuellement nous ne sommes qu’à 100. Les chiffres sont assez cruels puisque cela nous traduit

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Samedi

le contraire de ce que nous faisons comme promotion. Nous disons à Monsieur tout le monde de venir pour que nous puissions l’amener à pratiquer du sport en toute sécurité mais celui que nous visons, il vient de moins en moins. Nous sommes passés de 1000 à 100. Cela nous interpelle.

La réponse est celle-là: nous avons des délais trop longs pour répondre à ces demandes de consultation. Nos délais sont actuellement de deux à trois mois et Monsieur tout le monde n’aime pas attendre. Monsieur tout le monde participe à des activités. En fin de semaine, il y a un marathon ou une course, il a besoin d’un certificat médical et nous sommes incapables de répondre à cette demande. Nous avons une couverture médicale qui ne nous permet pas de raccourcir les délais. Le monde sportif lui, il s’organise. On répond à sa demande par contre, pour Monsieur tout le monde, nous sommes en souffrance, en carence. Cela

va exactement à l’encontre de ce que nous préconisons: «Faisons des activités physiques, faisons du sport pour être en bonne santé» mais nous ne sommes pas capables de répondre à cette demande. Je voulais en faire part à la structure ici présente, à la CTM qui nous permettra de ressusciter sinon, nous sommes voués à ne prendre en charge que le monde sportif et le monsieur tout le monde que nous visons, il faudra y travailler.

Une des propositions: je crois que le COMPAS est mort mais ses idées perdurent. À un certain moment nous faisions, ce que nous appelons, le «défi communes». Je crois qu’il faudrait que nous puissions remobiliser les gens à travers le «défi communes». J’espère que ces personnes pourront faire pression sur les politiques de terrain pour que nous puissions avoir les moyens de recevoir Monsieur tout le monde. Merci beaucoup.

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Échanges/Débats

Michel ROSE, Longvilliers club de natation

Bonjour, Michel ROSE du Longvilliers Club de natation. Docteur Armelle JEAN-ÉTIENNE et Docteur LEOTURE ont fait un très bel exposé qui nous a sensibilisés en disant de faire du sport mais je pense que cela se décortique en 4 chapitres:

• La prévention: effectivement, il faut faire du sport. Le Centre d’évaluation est là pour nous conseiller.

• La pratique régulière: les clubs

• La rééducation: là, il y a un problème parce qu’au niveau de la rééducation quand vous avez des patients qui ont besoin d’activité et par manque de transport, ces patients ne peuvent pas faire leur rééducation (je parle de rééducation dans l’eau parce que la natation donne un bienfait à ces patients).

• Le bien-être (toujours dans l’eau). Vous pouvez avoir l’aqua-yoga, tout ce qui est aquagym.

Je pense qu’au niveau de l’eau, il y a quelque chose d’important pour les patientes et les patients. Merci.

Simone FEDEE, SUAPS

Bonjour à tous, je suis très sensible aux discours des professionnels de la santé. Madame FEDEE, je suis sur le sport universitaire, à l’Université. Je m’inquiète justement du grand nombre d’obésités que nous rencontrons et comme nous sommes le dernier maillon à l’université où on peut encore faire de l’éducation à la santé parce qu’après le jeune sera dans la vie de tous les jours: que pouvons-nous faire dès le plus jeune âge pour que nous ne soyons pas dans le curatif pour perdre des kilos mais plutôt dans la prévention: Comment ne pas prendre de poids? C’est surtout à ce niveau-là que les professionnels et tous les organismes qui luttent sur la diététique et autres, peuvent nous aider pour nous donner de bonnes habitudes alimentaire et sportive - puisque cela va de pair. Même si nous, nous diagnostiquons l’obésité, nous voulons avoir l’aide de professionnels pour la suite à donner. Merci.

Félix DOUTONE

Membre fondateur du Club nautique Le Neptune au Lamentin Félix DOUTONE, médecin. Je vais rebondir immédiatement sur ce thème-là parce que l’élément important dans une vie, c’est l’eau. On oublie que c’est l’eau, on ne voit que la terre. Or le problème d’accès à l’eau n’est

pas aussi facile que l’on voudrait le penser. Ce n’est pas simplement un lieu où on va pour fêter quelques périodes particulières, mais on ne va pas assez à la mer. On ne pratique pas suffisamment de sports nautiques. On y reviendra tout à l’heure. Mais si sur le plan du développement de la personnalité, l’élément culturel doit jouer, c’est d’abord cela: faire en sorte que la Martinique soit une île et que l’on puisse avoir les possibilités de faire la natation en bassin, c’est certain, mais surtout à la mer. C’est le lien qu’il faut établir entre l’école et l’activité, l’école et le lieu. Mais il y a un problème de transport pour faire en sorte qu’un enfant qui habite au Morne Rouge, à Ajoupa Bouillon puisse avoir une formation en milieu marin (la natation). C’est certainement le meilleur plan. Autrement dit, il est indispensable que tout soit cohérent dans le projet pour que l’élément marin qui nous entoure devienne un élément culturel important.

Michelle FAGOUR, Présidente de l’association Cœur et Santé Bonjour, je suis Madame FAGOUR Michelle, Présidente de l’association Cœur et santé. Dans l’intervention du Docteur JEAN-ÉTIENNE, la thématique du sport et santé, je suis un peu étonnée de voir qu’il n’y a pas la Caisse de Sécurité Sociale. Pourquoi je dis cela? Souvent dans le sport santé, nous avons des gens qui sont vraiment des malades, nous nous occupons de personnes atteintes de maladies cardio-vasculaires, des diabétiques, etc. Ces gens ne sont pas pris en charge. Vous avez parlé de prescription mais comment ces gens seront remboursés et quel est le rôle de la sécurité sociale dans le sport santé? Merci.

Docteur Armelle JEAN-ÉTIENNE On l’a évoqué. Il y a certaines Caisses de Sécurité sociale, dans certaines régions, il y a certaines ARS, dans certaines régions, notamment à Strasbourg et à Toulouse et de plus en plus, qui justement ont décidé, vu l’importance du fléau, pour certaines pathologies de rembourser la prescription. Au niveau local, le travail est à faire c’est-à-dire qu’il faut pouvoir convaincre la Caisse de Sécurité sociale, convaincre l’ARS avec le soutien des autorités locales et politiques, de tout le monde. Effectivement, par rapport aux problèmes d’obésité, par rapport aux problèmes de diabète, d’hypertension artérielle que nous connaissons depuis des années, pour ces patients-là, la prescription d’activité physique sera remboursée. Tout le travail

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est là. Après ce sont des volontés de région, de santé, d’ARS et de Caisse de Sécurité sociale et là, je pense que les arguments sont nombreux pour essayer de débloquer la situation.

Docteur Alain LEOTURE

Je voudrais compléter un petit peu l’intervention du Docteur JEAN-ÉTIENNE. La Caisse de Sécurité sociale était un partenaire du CESS. Elle reste toujours partenaire sur le papier. La Caisse de Sécurité sociale nous l’avons interpellée sur cela. Elle nous a dit qu’elle était une caisse de maladie pas une caisse de prévention. Je crois que c’est clair et net comme réponse. Ils sont au départ partenaire du Centre d’évaluation sport santé mais sur le terrain, sur l’implication réelle, force est de constater qu’ils sont absents.

La Caisse, nous l’avons sollicitée, il y avait une expérience d’atelier équilibre pour prévenir les chutes, pour prévenir les fractures du col. Nous avons voulu enterrer ce projet, nous l’avons passé à la Caisse de sécurité sociale et effectivement, il est enterré, mort, j’espère qu’il ressuscitera.

Élodie RANGASSAMY

Agent de développement à l’EPGV

C’est juste pour présenter l’EPGV, Education physique de gymnastique volontaire. Je suis Élodie RANGASSAMY. Je suis agent de développement à l’EPGV. Je trouve qu’on a fait énormément de travail en Martinique. Quelqu’un a dit que les personnes qui s’occupent du sport santé ne sont pas assez représentées. On ne parle pas assez de nous. On est quand même la 5 e Fédération française de sport santé. Je trouve que l’on n’est pas assez mis en avant par rapport au travail que l’on fournit en Martinique. On fait beaucoup de formations aussi.

Zachary ASSENE

Je vais rebondir sur ce qu’Élodie a dit. Je suis Zachary ASSENE. Je travaille pour une association affiliée à l’EPGV sur le secteur sud. Je représente Roger LONY qui est Président du Comité de l’EPGV en Martinique et, qui est un des précurseurs du sport santé en Martinique. Aujourd'hui on en est à présenter le sport santé. Cela fait une dizaine d’années qu’il se bat pour le sport santé en Martinique. C’est pour ne pas l’oublier car il a déjà fait un gros travail de terrain ces dernières années. C’est bien qu’aujourd’hui on arrive à le présenter à l’échelle de la Martinique mais il a déjà fait beaucoup de choses. Je ne sais pas s’il y a beaucoup

de représentants de communes mais le sport santé, il faut savoir qu’il est très peu connu sur le terrain, dans les communes et lorsque l’on a des associations qui essaient de travailler et de proposer de l’activité sport santé pour les Martiniquais, on se heurte souvent à des élus qui ne connaissent pas le sport santé et qui ont du mal à comprendre l’intérêt du sport santé et qui restent plus sur les activités traditionnelles. Certaines activités traditionnelles ont la possibilité d’utiliser des infrastructures telles des gymnases, des stades ou autres et nous, le sport santé, on commence à en parler et du coup, on se retrouve un peu avec les miettes c’est-à-dire des parcours de santé un peu en désuétude, des espaces extérieurs pas très bien entretenus. On fait ce qu’on peut avec ce que l’on nous donne mais je pense que la prochaine étape serait de faire connaître un peu le sport santé au niveau des différentes communes. Merci.

Docteur Armelle JEAN-ÉTIENNE

Pour répondre et pour encourager ce genre de démarche - c’est le message du topo - c’est-à-dire qu’il faut pouvoir rassembler toutes ces informations parce que tout le monde se sent concerné, tout le monde fait ou pratique une activité physique dans son coin, j’ai envie de dire, sans qu’effectivement il y ait une plate-forme qui rassemble ces informations pour pouvoir les diffuser à la population martiniquaise. Que ce soit la gym volontaire, l’activité aquatique, il manque cette structure de plate-forme pour effectivement rassembler tout ce qui existe (le CROS-FIT au Morne Vert ou quoi que ce soit) et pouvoir diffuser cette information à la population pour que l’on puisse les encourager à pratiquer. Je pense, effectivement que c’est une décision politique, c’est une décision régionale, c’est une décision des Martiniquais.

Louis BOUTRIN

Mon voisin de droite me dit: «Ou pa ka répond Loulou». Puisque j’ai été interpellé, j’ai presque envie de dire directement, je le prends comme une provocation. Soit c’est une provocation, soit c’est une méconnaissance. Mais dans les deux cas, cela nécessite malgré toute une réponse et la réponse sera cinglante. Voilà l’exemple type. Je reprends: «les élus ne connaissent rien du sport santé». Mais qu’est-ce que vous connaissez du sport santé en tant que fédération EPGV? Qu’est-ce que vous savez de l’histoire du sport santé en Martinique pour venir aujourd’hui, ce matin, nous sortir sa tirade? Cela fait plus de 20 ans que nous

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entendonsce discours. L’EPGV existait déjà. C’était une fédération coquille, une fédération qui venait d’outreAtlantique et un certain nombre de médecins se sont réunis en 1986-1987 et les précurseurs du sport sont dans la salle. C’était le Docteur RENE-CORAIL, Docteur LEOTURE, Docteur DINAL qui est absent et Docteur CATONÉ. Pour répondre à la question qui est essentielle, Docteur DOUTONE, sur l’apprentissage: tout doit se faire à l’école. Le premier Congrès de médecine du sport que nous avons organisé à l’hôpital de la Meynard, c’était dans la salle de l’école d’infirmière: le sport et l’enfant. On avaittiré la sonnette d’alarme sur les méfaits de l’inactivité sur les enfants et le risque d’avoir, 20 ans après, les obèses. Cela n’a pas loupé, nous n’avons pas su collectivement mettre en place les dispositifs nécessaires pour éviter, ce que l’on avait déjà compris, ce que les Canadiens et les Scandinaves avaient déjà compris en mettant en place un certain nombre des dispositifs. Le Centre d’évaluation de sport santé représenté aujourd’hui par le Docteur Alain LEOTURE c’est l’émanation de cette réflexion collective que nous avons eue en Martinique. Les parcours santé qui sont effectivement en désuétude. Le premier parcours santé au Morne Cabri, c’était de la friche. Il y avait un rail qui amenait la canne à sucre vers le port et il fallait voir ce que c’était. Dimanche après-midi, avec coutelas, avec Monsieur CÉSOSTRIS qui était un géomètre, pour aller couper de la broussaille en pleine nature. Qu’est-ce que cela a donné? Cela a donné ce que l’on connaît aujourd’hui: le premier parcours santé. Nous avons essayé de renouveler l’expérience à Terreville, en mettant en place un certain nombre de structures. Marius

NARCISSOT était adjoint au maire. Là encore, nous sommes allés débroussailler des sites pour faire émerger un parcours santé à Ducos. Ce qui veut dire qu’il y avait une réflexion sur la pratique du sport santé et la nécessité de pratiquer régulièrement du sport compte tenu des bienfaits du sport pour la santé. C’est vrai, nous arrivons à un moment où il faut reconsidérer les projets. C’est un projet qui date, je le disais, de 1987-1988. On a eu toutes les difficultés, parce que l’on était, en quelque part, les avant-gardistes. Le Centre d’évaluation sport santé, on s’est battu, on a pris le projet Docteur RENE-CORAIL et moi-même. Le nouveau Ministre de l’époque était Roger BAMBUCK. Comme c’est un ministre qui vient de chez nous, on a fait les couloirs et finalement il nous a reçus pour que l’on puisse présenter ce projet. Mais il y a eu plein de freins, plein de barrages parce que dans les cartons de la Direction départementale de la jeunesse et des sports, il était annoté sur nos projets, en rouge, à la marge, éléments subversifs. Les éléments subversifs c’était des étudiants comme RENE-CORAIL, comme DINAL, comme moi. Nous étions tous des étudiants et quand nous sommes retournés ici, on nous avait taxés d’éléments subversifs. C’était un contexte politique particulier pour tous ceux qui avaient milité et tous ceux qui avaient une approche soit contestataire, soit nationaliste, peu importante, martiniquaise des choses étaient indésirables parce que l’on a fait de la politique dans le sport. Puisque l’on a fait de la politique dans le sport, nous avions un projet pour la santé mais nous avions également un projet politique pour la Martinique.

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Aujourd’hui, qu’est-ce que l’on peut faire? Alain LEOTURE a dressé un tableau, on le voit, un tableau peu reluisant mais la structure a le mérite d’exister: c’est le Centre d’évaluation sport santé. Nous avons en projet, de domicilier, après concertation avec l’Institut Martiniquais du Sport qui est encore une émanation de notre réflexion parce que là encore, il a fallu se battre. Je me suis battu personnellement face aux services de l’État qui voulaient, à tout prix, mettre un CREPS en Martinique. Il y a eu toute une polémique parce que celui qui voulait implanter un CREPS le faisait au motif qu’il avait implanté un CREPS à Bastia, un CREPS à La Réunion et un CREPS en Guadeloupe, il fallait mettre un CREPS en Martinique. À l’époque, je représentais le Président Alfred MARIEJEANNE au Conseil d’administration du CREPS de Guadeloupe. Lucette MICHAUX-CHEVRY qui était la Présidente du Conseil Régional disait la chose suivante: «le CREPS n’arrivait plus à répondre aux missions et ne pouvait plus produire suffisamment de professionnels du sport». C’est pour cela que nous avons dit qu’il était temps qu’il y ait un institut de formation aux métiers du sport et de la jeunesse. C’était l’option et c’est la Ministre de l’époque Marie-George BUFFET qui nous a accompagnés dans ce projet.

Louis BOUTRIN

Oui, Alain LEOTURE. Ministre communiste… du premier Gouvernement de François MITTERRAND…

On voit que c’est une espèce qui n’est pas tout à fait en voie de disparition! Nous avons une espèce dans la salle! Marie George BUFFET nous a accompagnés et nous avons pu avoir cet établissement à vocation de former aux métiers du sport. Vous avez compris qu’il y a une errance de 5 ans. C’était, non pas l’Institut Martiniquais du Sport mais l’Institut martiniquais des séminaires. On continuera cette affaire de séminaire mais on fera de la formation. C’est une volonté également de l’exécutif.

Les choses se recentrent. On a peut-être erré pendant quelques années mais rassurez-vous, le sport santé existe en Martinique. Ce qui a été présenté dans le projet du CESS, nous n’avions pas les moyens mais RENE-CORAIL se rappelle, il y avait une unité mobile qui était prévue pour faire de la détection - un mot qui est banni dans le vocabulaire français - de jeunes talents. Nous avions invité, et j’en terminerai pour vous montrer le chemin parcouru, le Docteur ELIOT qui était un des médaillés aux Jeux Olympiques de Mexico de l’équipe de Jamaïque. Le Docteur ELIOT est à la fois athlète et pédiatre. Il a mis en place avec le Gouvernement jamaïcain un programme de détection, exactement comme on l’a fait à l’époque, au COMPAS et au CESS, pour pouvoir détecter les jeunes talents. Le travail du Docteur ELIOT c’est ce que vous voyez au niveau

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Docteur Alain LEOTURE Une communiste.
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international avec l’équipe de Jamaïque. Pendant plus de 10 ans, il a œuvré - nous l’avons invité également en Martinique - pour pouvoir effectivement partager cette expérience avec les Jamaïcains. Il n’y a pas de secret, il n’y a pas de hasard non plus, si la Jamaïque aujourd’hui émerge, c’est que très tôt, dans le système éducatif, il y a une pratique d’activités physiques et notamment d’athlétisme. Il y a une détection qui se fait. Cette détection ne se fait pas seulement à Kingston, elle se fait dans toute la Jamaïque. C’est ce que nous voulions faire avec l’unité mobile. On s’est aperçu que lorsque Marie-José PEREC faisait deux foulées, Cathy FREEEMAN en faisait trois. Alain LEOTURE, ce sont les données anthropométriques que tu mesures régulièrement au niveau du Centre d’évaluation. Ne serait-ce qu’à partir de cet élément, on voit tout de suite le profil de l’athlète, celui qui doit faire un 100 mètres et celui qui, sur 400 mètres, aura trois longueurs et trois foulées d’avance. C’est un petit peu toute cette philosophie qui nous a amenés aujourd’hui à dire, que le Centre d’évaluation… C’est un excellent projet. Il va falloir que toutes ces structures-là, on les mette en symbiose et faire en sorte qu’il y ait un pôle autour avec l’hôpital, avec le CESS, avec les autres structures qui existent de manière à ce qu’au niveau de l’IMS, on arrive à avoir à la fois le suivi médical des sportifs mais que l’on puisse également, au-delà du suivi médical, faire de la détection et répondre à la prévention et aux besoins des sportifs de haut niveau. C’est le challenge que nous, au niveau de la CTM souhaitons relever. Nous avons de la matière grise dans le pays, nous mettrons donc les moyens au service de cette matière grise pour cet excellent projet du sport santé. Mèsi an pil.

Kevin KENNET

Vice-Président des Professionnels d’activité physique adaptée de la Martinique, Doctorant en sciences de la vie et de la santé J’aimerais, très rapidement, mettre l’accent sur une problématique puisque l’on a parlé ce matin de diminution des risques cardio-vasculaires liés à la pratique d’activités physiques, diminution des traitements des personnes qui sont diabétiques et obèses. On a très peu abordé l’aspect vieillissement de la population puisque nous sommes une collectivité qui sera amenée à être l’une des collectivités les plus âgées de France dans quelques années. La problématique que j’aimerais souligner rapidement

c’est celle que l’on trouve dans les établissements médico-sociaux notamment auprès de personnes âgées dépendantes et le manque d’accompagnement de ces personnes par la pratique d’activités physiques adaptées par des professionnels. Étant moi-même amené à me déplacer dans le cadre d’un projet de recherche, j’ai été souvent confronté à une problématique qui est celle du manque de professionnels d’activités physiques adaptées dans les EHPAD où parfois les animatrices se retrouvent à faire des séances et se retrouvent confrontées à des problèmes de compétences notamment problématiques vasculaires comme des personnes qui ont par exemple un problème d’oreille interne, un problème d’artériopathie des membres inférieurs et elles ne savent pas quoi faire comme activité physique adaptée. Ma question de ce matin: pourquoi ne pas réfléchir au niveau de la CTM pour un financement en partie de professionnels d’activités physiques adaptées dans les EHPAD ou établissements médico-sociaux puisque réellement le besoin se fait sentir et visiblement il y a un manque de compétences et de moyens des structures médicales et sociales. Merci.

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Louis BOUTRIN

Je vais compléter mon intervention pour conclure en deux mots. C’est vrai qu’il y a des propositions qui sont faites et un certain nombre de pistes qui méritent d’être rafraîchies. À l’époque, nous avions un projet autour de la charte de l’hygiène de vie. Un certain nombre d’actions visant justement à améliorer la santé des Martiniquais, à travers la pratique d’activités physiques. Un des éléments a été cité par le Docteur Alain LEOTURE à l’instant, c’était le «défi communes». L’idée était de faire marcher toute la Martinique le même jour, au même moment avec, chaque année, des messages de prévention santé. Au niveau de la CTM nous allons, puisque c’est notre compétence (les collèges et les lycées), étendre ce «défi communes» à un défi collège et à un défi lycée, parce que c’est là que le bât blesse. Il est vrai que les adultes ont déjà pris conscience donc à la limite, si on refait le «défi communes» comme on le faisait auparavant, ce serait une bonne chose, on se ferait plaisir mais dans la dynamique que l’on veut mettre en place sur la prévention santé, il faut absolument que l’on puisse toucher les collèges. Nous avons déjà envisagé de reprendre le «défi communes», d’aller plus loin de faire un défi lycée, un défi collège de manière à faire passer les messages mais actionner une pratique réelle des activités…

Un participant Et des écoles!

Louis BOUTRIN

Oui, mais cela, on le fera avec les communes puisque la loi NOTRe étant passée, on ne peut intervenir dans les domaines où nous n’avons pas la compétence. Cela relève de la compétence des communes. Mais tu fais bien de le souligner. Il va falloir que l’on se mette ensemble pour cela. Un autre point, c’est vrai qu’il y a un vieillissement de la population. Il y a de nombreuses chutes et malheureusement ces personnes âgées, quand elles chutent, elles vont en milieu hospitalier et elles ressortent les deux pieds devant comme on dit chez nous. Les ateliers équilibre que tu as refilés à la Sécurité sociale, on fera en sorte que l’on puisse s’y intéresser de manière à diminuer les dépenses de santé parce qu’in fine c’est toujours le contribuable qui paie et faire en sorte que l’on puisse reprendre ces ateliers équilibre comme cela se passe dans d’autres régions. L’idée c’est de diminuer le nombre de chutes chez les

personnes âgées, diminuer les dépenses de santé. Un dernier point: les premières pathologies actuelles en Martinique demeurent les pathologies cardio et cérébraux vasculaires, bien avant les cancers. Je ne sais pas si Patrick RENE-CORAIL tu as les chiffres. C’est 250 décès par an?

Patrick RENE-CORAIL

Sur les accidents vasculaires cérébraux, c’est 1000 patients par an et c’est à peu près 200 à 300 décès par an.

Louis BOUTRIN

Les chiffres sont effarants. Il faut lutter contre cette accélération galopante du nombre de décès. C’est la première cause de mortalité en Martinique. À travers le sport santé on peut lutter contre cela, là encore améliorer l’espérance de vie et surtout faire en sorte que l’on puisse diminuer les dépenses de santé. C’est cela notre mission et nous allons nous y atteler rapidement et dès que les actes seront sortis, dans la foulée nous allons faire en sorte que le livre blanc sur le sport soit édité et que le sport santé ait la place qu’il mérite dans le cadre des orientations puisque ce livre blanc ce sont les orientations stratégiques de la CTM en matière de sport. Merci.

Marius NARCISSOT

Juste pour vous dire qu’ils ne pourront pas rester avec nous toute la matinée parce qu’ils ont des contraintes professionnelles mais on remercie le Docteur RENECORAIL qui a participé à ces travaux… Remercier aussi le docteur Alain LEOTURE qui a voulu nous donner toute sa participation ainsi que le Docteur JEAN-ÉTIENNE. On vous remercie tous les trois, malgré vos contraintes et vos plannings chargés, d’accepter de le faire avec nous. Nous tenons aussi à saluer l’arrivée de Madame MarieFrantz TINOT qui est Conseillère à la Commission sport de l’Assemblée territoriale, qui travaille donc avec nous et Madame Christine LERANDY qui est l’attachée parlementaire du Député NILOR. Merci à tout le monde et nous pouvons poursuivre les travaux.

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Les arts martiaux

Monsieur le Président BOUTRIN, Messieurs les Conseillers territoriaux, Messieurs les Présidents de ligues, Je m’adresse particulièrement à Monsieur Gérard BELFIT, Président de la ligue de karaté, à Alfred CEPHISE, Président de la ligue de judo. Je ne sais pas si la ligue d’aïkido est représentée…

à la fois la discipline spirituelle et physique pour se dépasser. C’est ainsi que sont nées notamment, dans le temple Shaoline, des pratiques que vous connaissez bien. L’Occident n’a pris connaissance des arts martiaux qu’au début du XXe siècle et la France notamment, a été l’un des terrains où les arts martiaux se sont le plus développés avec le judo et ensuite avec le karaté qui, du point de vue sportif, restent des disciplines qui rapportent le plus de titres à la France.

En ce qui concerne la Martinique, je voudrais tout simplement dire qu’à ce niveau, ce qui distingue l’art martial de l’art de combat, c’est son contenu intellectuel. En Martinique, c’est en 1965, avec Frantz CHARLESDENIS connue sous le nom de Francisco, qu’apparaît le judo.

Michel BRANCHI

Conseiller territorial de Martinique Bonjour, on m’a demandé de présenter la situation des arts martiaux. Je voudrais le faire en 4 points: d’abord un petit rappel sur l’origine des arts martiaux en général, les arts martiaux à la Martinique (leur apparition), la situation actuelle (nombre de licenciés, nombre de dojos, etc.) et les perspectives.

Les arts martiaux, en ce qui concerne le judo et karaté aujourd’hui développent deux aspects: l’aspect sportif et l’aspect traditionnel. L’aïkido a gardé essentiellement l’aspect traditionnel. Le judo est devenu sport olympique et le karaté essaie de le devenir et d’après ce que le Président de ligue de karaté vous dira, peut-être dans le débat, on peut le devenir dans une ou deux olympiades.

Quelle est l’origine des arts martiaux? L’origine des arts martiaux est très ancienne. Une trace de ces pratiques existe au 5 e siècle avant J.-C. et la légende dit qu’un moine bouddhiste, Bodhidharma, est venu de l’Inde en Chine et a enseigné aux moines

Il y avait bien Paulo DESIRE, pour les anciens qui sont là, mais le judo restait confidentiel et réservé à une certaine élite, il faut bien le dire. Francisco le démocratisa et l’a rendu plus populaire. Le premier Président de la ligue de judo a été Victor PAOLO suivi d’Édouard BERTRAND que certains d’entre nous ont bien connus. En ce qui concerne le karaté, il apparaît avec un certain Jacques BLANCHARD qui a formé les frères Claude et Alex POMPIERE puis Alain BRANCHI qui est revenu de France avec son titre de Champion de France et a donné un essor nouveau. Enfin, il faut bien le dire, le retour d’autres karatékas comme Roland GOURPIL, membre de l’équipe de France et international de karaté a donné une grande impulsion. La ligue de karaté naît en Martinique en 1977 et votre serviteur en a été le premier Président.

La situation actuelle

Les arts martiaux regroupent environ 5171 licenciés: le judo un peu plus de 3000, le karaté aux alentours de 1250, l’aïkido aux alentours de 490 et le taekwondo, je le cite quand même s’il y a un intervenant qui va en parler, aux alentours de 300 licenciés. Ce qu’il faut retenir, c’est que tous arts martiaux confondus, on compte 129,5 licenciés pour 10000 habitantsen Martinique contre 135,8 licenciés en France. Il y a 89 clubs et en ce qui concerne le judo. Il faut signaler qu’il y a 153 ceintures noires dont 29 féminines, 4 hauts gradés (6 e Dan): Luc RUCORT, Jean-Félix CESAR, Victor BRAY, Alfred CEPHISE ici présent. 45 enseignants dont 7 féminines. En ce qui concerne le karaté, il y a 166 ceintures noires dont disciplines associées: 32 (c’est essentiellement

Thème 13
Madame DARDOLLE Oui.
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en Martinique le Yoseikan Budo, le Krav Maga et les arts martiaux vietnamiens).

Il y a 6 hauts gradés (6e Dan): Éliane GLONDU, Eugène BATARDOT, Roger ALCINDOR ici présent, Fernand NARDY, Hubert MARIE-JOSEPH et votre serviteur.

En ce qui concerne les diplômés, puisque c’est important de pouvoir transmettre, il y a 67 diplômés dans la ligue de karaté. Je ne détaille pas.

En ce qui concerne la ligne d’aïkido, il y a 60 ceintures noires dont 10 ceintures noires femmes dont 3 grades de haut niveau: 2 au 6e Dan (1 femme et 1 homme). Je vais les citer: Raymond DUFRENOT et Gina CROISAN ici présente.

11 clubs, 10 enseignants en charge de cours: 4 enseignantes femmes et 6 enseignants hommes. De nombreux assistants. Un BEES 2 e (femme), 11 BEES 1er dont 6 DEJEPS, 17 brevets fédéraux.

Les perspectives

En ce qui concerne les perspectives, nous avons vu que le nombre de dojos est encore inégalement réparti. Il y a de véritables déserts en ce qui concerne notamment le nord. Les dojos sont répartis dans le centre et le sud. À l’extrême sud, à Sainte-Anne, il n’y en a pas. Il faut compléter le maillage territorial en matière de dojo.

La principale revendication de cette discipline c’est d’arriver à la construction d’un équipement pouvant

recevoir des animations et des compétitions c’est-àdire un dojo pouvant accueillir plusieurs compétitions avec au moins trois à quatre surfaces. C’est la condition d’un nouvel essor des arts martiaux. Je voudrais, en terminant, mettre l’accent sur le rôle éducatif des arts martiaux dans notre société en panne de repères et vouée à une violence débridée car, au-delà de l’apparence de la violence qui existe dans la nature, les arts martiaux apprennent à maîtriser le Ying - ce sont des termes que vous maîtrisez -c’està-dire le négatif et le yang, le positif, en proposant le do, la voie. Car tout art martial doit être une école de paix intérieure, d’harmonie, de liberté d’être. Grâce à la mobilisation et au contrôle de l’énergie,l’utilisation simultanée de la force (le Go) et de la souplesse, on peut libérer les forces conscientes (la volonté, la maîtrise de soi) et aussi les forces inconscientes (la vacuité de l’esprit). Le but c’est d’atteindre l’union du corps et de l’esprit trempés dans l’esprit du combat. La grandeur des arts martiaux est avérée en tant qu’entraînement athlétique (condition physique), je ne vais pas revenir là-dessus, cela été excellemment exposé tout à l’heure par les médecins, mais c’est aussi en tant qu’autodéfense et aussi en tant que discipline spirituelle. Honneur et fidélité sont les deux vertus les plus marquantes de cette morale mais aussi loyauté, droiture, courage, bonté et bienveillance, sincérité, respect et politesse, modestie et humilité telles sont les 9 vertus fondamentales du Code moral des arts martiaux que je voulais rappeler ici.

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C’est pourquoi nous pensons que notre collectivité devrait donner toute sa place aux arts martiaux dans son projet. Je vais citer un proverbe d’OKINAWA pour terminer:

«La douleur fait penser l’homme, La pensée rend l’homme sage, La sagesse rend la vie acceptable». Je vous remercie.

OT ou que l’on appelle kata au karaté. Nous avons ici la partie appelée «self défense» que nous appelons Ho Shin Soul, que l’on retrouve aussi dans un autre art martial coréen qui est l’aïkido.

Sur la deuxième ligne, celle du bas, vous pouvez voir sur les images la tendance actuelle que nous aussi nous embrassons et dont nous assurons la promotion, c’est le sport de combat, le taekwondo sous sa forme olympique ou le baby taekwondo qui est ouvert aux enfants dès l’âge de trois ans et le body taekwondo qui est une version pour pouvoir, encore une fois, favoriser l’accès à ces disciplines qui est une pratique beaucoup plus axée sur le cardio-vasculaire et l’endurance musculaire.

Bonjour à toutes et à tous. Je me présente, je m’appelle Laurent MOYSE, je suis cadre bénévole à la ligue de Martinique de Taekwondo. J’interviens sur la partie relations internationales auprès de cette ligue. Le but de notre présentation aujourd’hui est d’utiliser le taekwondo comme un exemple de développement des performances de haut niveau et surtout de pouvoir être force de proposition à l’intention des élus mais aussi du monde sportif, d’une vision des améliorations à apporter dans la création et la construction de la performance pour les athlètes de haut niveau en Martinique.

Le taekwondo c’est un art martial, comme l’indiquait notre collègue qui lui aussi donne sa part très importante au Do (la voie) et aussi à la partie du physique qui est l’art de bien utiliser ses pieds, ses mains, dans un bon esprit.

Pratiqué par près de 70millions de personnes dans plus de 200 pays c’est, à l’heure actuelle, le cinquième sport le plus pratiqué au monde. Il est sport olympique mais surtout il a une particularité c’est qu’en Martinique nous le pratiquons d’une manière à la fois traditionnelle et à la fois actuelle. Comme vous pouvez le voir sur les photos, en partant sur la première ligne de la gauche vers la droite, c’est l’aspect traditionnel. Nous avons des formes qui sont des combats contre des adversaires imaginaires d’une manière codifiée que l’on appelle

Le Taekwondo, en termes de discipline, nous avons sélectionné cinq dates qui nous apparaissent comme étant bien explicatives de ce que l’on est. En 1955 la Corée du Sud, suite à la deuxième Guerre mondiale, a pris la décision de donner naissance à cet art martial en fédérant toutes les écoles d’arts martiaux et en créant ce groupe Taekwondo qui est une fusion moderne des arts martiaux coréens ancestraux et des influences extérieures suite à l’invasion de la Corée par le Japon.

En 10 ans, entre1959 et1969, la Corée du Sud, sous une impulsion gouvernementale, pour pouvoir promouvoir cet art martial a répandu le taekwondo à travers le monde entier en envoyant des experts haut gradés dans chaque continent pour pouvoir développer la pratique.

Du coup, 1973 c’est la création de la World Taekwondo Fédération qui est la fédération mondiale de Taekwondo. En 1983, ce n’est pas une date qui est indiquée ici, cette Fédération mondiale est reconnue par le CIO, Comité olympique international.

En 1997, le taekwondo débarque en Martinique et en 2000, le taekwondo devient discipline olympique suite à différentes années où il était sport de présentation. Notre ligue, en quelques chiffres: premièrement c’est la seule ligue en Martinique à être perçue et reconnue comme étant une fédération à part entière. Nous vous l’expliquerons un petit peu plus tard. Nous sommes à l’heure actuelle, d’un point de vue sportif de haut niveau, classés parmi les 50 meilleures nations du Taekwondo mondial sur 200 pays qui pratiquent aujourd'hui ce Taekwondo.

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Nous avons à peu près, comme l’indiquait notre collègue du karaté, plus de 200 licenciés répartis dans 5 clubs avec un âge d’entrée de 4 ans et une sortie de 50 ans. Nous avons plus de 700 pratiquants en milieu scolaire puisque nous intervenons autant dans les TAP que sur les écoles ouvertes ou d’autres initiatives de ce genre. Nous avons créé un centre de formation de ceinture noire des arts martiaux coréens et nous avons également créé une école interrégionale de formation des enseignants en arts martiaux coréens. Nous avons à l’heure actuelle, un club sur les 5 clubs qui est encadré par la Fédération nationale, la Fédération française de Taekwondo et de disciplines associées, un club agréé «élite performance». Je laisse la parole à Monsieur MANGATAL qui est le Directeur technique régional et qui doit vous présenter la particularité de notre statut.

Directeur technique régional, ligue de taekwondo de Martinique

Sur la partie Taekwondo, nous avons choisi de parler de la partie excellence. Vous savez que nous intervenons aussi sur la partie loisir et santé. Comme vous le voyez, le taekwondo c’est surtout également un double projet: un projet sportif mais un projet scolaire. Nous mettons un axe de développement sur la partie coaching qui traite et qui englobe toute la partie humaine.

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Notre credo c’est travail, implication, persévérance, satisfaction. Pour ce faire, nous avons mis une politique sportive en place avec une formation des cadres au même titre qu’une formation des athlètes avec un perfectionnementde la performance. Comment? Nous avons d’abord travaillé en amont depuis 1997, lors de l’arrivée en Martinique du Taekwondo, et sur ces trois ou quatre dernières années, on a vraiment travaillé sur la partie sportive avec les athlètes et sur la partie humaine, grâce à ce plan et la participation avec la fédération des structures étrangères. Notre objectif c’est de balayer toute la partie athlétique (physique, technique, tactique) et on s’est rendu compte que la Martinique, si on doit faire un constat, est une terre de talent.

Maintenant on a eu quand même des petites difficultés, nous, au niveau de notre petit échantillon, sur la partie gestion de l’environnement et également sur la partie rentable. Ce que l’on a mis en place est une formation des cadres mais également une formation de nos athlètes sur cette partie de gestion de l’environnement et sur la partie rentable. Je pense que l’on en parlera plus tard.

On a surtout une petite particularité, comme vous le savez, très certainement, le taekwondo est la seule discipline olympique de Martinique reconnue par sa fédération mondiale en tant qu’unité propre au même titre qu’une fédération. Certains le souhaitent, nous, nous l’avons fait. Nous avons été affiliés à l’organisation mondiale reconnue par les CIO sous les couleurs d’un drapeau sportif martiniquais.

Aujourd’hui on a dû faire face à plusieurs difficultés locales. Lorsque nous avons eu à nous retrouver devant les instances pour la reconnaissance du taekwondo martiniquais au sein de la fédération mondiale de taekwondo, donc reconnu par le CIO, nous avons interpellé le CROSMA, à l’époque Monsieur EUSTACHE puis Monsieur LACOM, et également la Région. Cela a été très difficile mais nous avons été soutenus. Mais nous n’avons pas eu de propositions concrètes.

Lorsque nous nous sommes retrouvés en face des instances, il fallait utiliser le drapeau bleu, blanc, rouge, et c’était impossible de pouvoir l’utiliser. Pourquoi? Parce que cela faisait deux équipes de France. Ce n’était pas possible. Sinon on avait la possibilité d’utiliser peut-être le drapeau des quatre serpents et même

chose, connaissant l’histoire des quatre serpents, ce n’était pas possible que ce soit le drapeau représentatif et Monsieur BRANCHI l’a rappelé, nos valeurs martiales, ne correspondaient pas du tout. Ensuite on avait aussi la possibilité d’utiliser le drapeau que beaucoup connaissent: le drapeau rouge, noir, vert, mais c’était également très compliqué au niveau politique. Nous avons donc opté, avec l’appui de Monsieur LACOM ici présent, pour la création d’un drapeau sportif. Les couleurs ne sont pas anodines. Il faut savoir que ce drapeau, si vous regardez les couleurs, c’est du bleu et du rouge sur les extrémités. C’est l’équivalent du bleu, blanc, rouge que l’on peut retrouver sur le drapeau français bleu, blanc, rouge. Voyez également que nous avons les couleurs rouge, noir, vert qui sont présentes, qui caractérisaient nos couleurs. On a fait l’association des différents drapeaux pour créer le nôtre. Lorsque vous regardez le drapeau au niveau du jaune qui coupe le drapeau, c’est la situation de notre île. Aujourd’hui, nous sommes dans un carrefour stratégique et nous avons voulu symboliser ce carrefour stratégique avec une ouverture sur les côtés. Vous voyez les drapeaux à l’extérieur s’ouvrent sur les côtés. C’était pour symboliser le fait que la Martinique est ouverte tant pour la réception que pour le don. C’était pour symboliser la stratégie d’ouverture et aujourd’hui le jaune pour le soleil avec l’éveil. La particularité du drapeau sportif c’est qu’il est également le symbole de nos couleurs sur les ceintures au niveau du taekwondo et que l’on peut aussi retrouver sur d’autres arts martiaux. Le jaune l’éveil, le bleu c’est la fluidité, le vert représente la nature comme tout le monde le sait, le rouge, les énergies et le noir que l’on a mis en haut, c’est le début de la connaissance ce qui représente le savoir. C’est pour cela qu’on l’a mis en haut pour symboliser plusieurs choses: le savoir, savoir-faire et le savoir être. Au niveau du statut, j’aimerais vous en dire beaucoup plus sur ce drapeau…

Louis BOUTRIN

Je vous fais la proposition que la semaine prochaine on puisse intégrer cela à l’exposé de Monsieur LUCRÈCE sur sport et identité. Peut-être que cela correspond plus à la thématique.

David MANGATAL

Au niveau du statut, il faut savoir que toutes disciplines réunies en Martinique, correspondent à l’organisation du mouvement sportif qui nous a étéproposé et c’est ce que nous, nous appelons aujourd’hui, la

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première voie. Aujourd’hui, je suis athlète martiniquais, mon objectif si je veux être compétiteur de très haut niveau, ce sera les championnats régionaux, ensuite les championnats nationaux. Éventuellement si je suis très bon et sélectionné en Equipe de France, je vais peut-être avoir la possibilité avec une grosse sélection de participer au championnat d’Europe, l’équivalent des championnats continentaux. Si je suis encore très bon et que je suis éventuellement champion d’Europe, peut-être avoir la possibilité de faire les championnats du monde et encore une fois, et je suis très bon et en fonction des différents quotas et autres, peut-être participer aux Jeux Olympiques.

Champion de Martinique, champion de France, l’équipe de France, les championnats continentaux éventuellement les JO. Aujourd’hui notre statut fait quenous pouvons proposer à nos athlètes un parcours qui est tout aussi prestigieux. Aujourd’hui ils font partie de l’équipe de Martinique. Ils ont également la possibilité d’être champions de Martinique mais également de pouvoir faire les championnats de France. Ils font tous les opens de classe mondiale au même titre qu’une fédération, au même titre qu’une autre nation. Je veux vraiment insister sur le fait que le taekwondo est nation sportive. Ils font également les jeux continentaux avec cette possibilité de participer au championnat continental. Je parle bien de championnat, excusez-moi pas de jeu mais de championnat. Avec l’objectif qui est de participer au championnat du monde.

Si on regarde le parcours d’un athlète martiniquais aujourd’hui, un athlète qui en équipe de France, la seule chose que l’on ne pourra pas proposer à nos athlètes martiniquais, c’est la participation

aujourd’hui aux Jeux Olympiques. C’est la seule chose à laquelle nos athlètes martiniquais ne peuvent pas prétendre pour le moment. Je sais que le CROSMA avec les affiliations à la CANOC et autres, œuvre en ce sens.

On pourrait dire que c’est un hasard mais je peux vous assurer que non. Si je prends juste les résultats de l’année dernière et de cette année. Aujourd’hui vous voyez que nos athlètes sur les catégories juniors et cadets, sur la partie continentale nous avons Kevan BRIVAL qui est médaillé de bronze junior (3e continental) et Wesley MARAN, sur sa catégorie qui fait vice-champion continental. Sur la zone panaméricaine, c’est l’équivalent de la zone européenne. On est vraiment sur la partie continentale.

C’est surtout, et également, la possibilité pour ces jeunes-là comme je l’ai dit, de pouvoir participer à tous les opens internationaux, en fonction des budgets. Cette année, nous avons pu faire trois grosses sorties notamment sur l’US Open, sur le Canada et sur l’Allemagne. Il y en a d’autres qui arrivent. Ce que l’on peut voir c’est que sur chaque sortie, nos athlètes ont eu des médailles.

Comme je l’ai dit tout à l’heure, nous sommes aussi sur un projet scolaire et également sur un projet sportif, pour bien prouver que les deux peuvent être compatibles. Comment avons-nous procédé sur ce projet scolaire? Nous avons procédé à des mesures d’accompagnement sur ce projet scolaire ; au niveau des résultats, Kevan BRIVAL, que vous voyez sur la photo de droite, c’est mention très bien au Bac S et Wesley MARAN, sur la partie brevet, c’est la mention assez bien.

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Je vais passer rapidement sur Elsa et Rivaldo NODIER qui ont participé et ont obtenu également des résultats sur les championnats de France.

Aujourd’hui nos perspectives c’est, à court terme, un podium sur les championnats du monde junior auxquels nos athlètes ont participé à Burnaby en novembre. Il y a un gros travail qui a été fait et on compte également sur vous, sur votre soutien. Sur la partie à moyen terme, un rôle de préparation au haut niveau. L’idée c’est de pouvoir mutualiser et de pouvoir discuter au niveau du projet puisque l’on sait que sur cette tranche d’âge, comme vous l’avez entendu, il y a un gros potentiel. Ce serait pouvoir récupérer, je ne sais pas si c’est créer une académie ou une petite structure qui regrouperait l’ensemble des athlètes de haut niveau ou identifiés de haut niveau pour les emmener ou les préparer à la performance puisque l’on sait très bien que nous, nous les perdons à partir de 18 ans. C’est un des thèmes. Nous l’avons fait sur la partie taekwondo. Ce serait la possibilité de fédérer peut-être ou en tout cas de pouvoir élargir le projet.

À long terme, on intervient sur la partie préparation mentale et sur la partie gestion de l’environnement avec des athlètes ou des personnes reconnues.

Laurent MOYSE

Nous sommes, nous tous, toutes disciplines confondues, toutes structures associatives que ce soit clubs, fédérations, ligues, comités régionaux, face à une réalité qui est très simple, c’est qu’aujourd’hui nous ne pouvons pas attendre des collectivités publiques d’être l’État-providence. Je m’explique. L’État, en effet, a un rôle d’accompagnement. Les collectivités ont également un rôle d’accompagnement dans le cadre des politiques sportives territoriales ou publiques mais elles ne sont pas malheureusement, et elles ne doivent plus être considérées comme des vaches à lait, c’est-à-dire comme étant les seules possibilités de financement finalement de nos participations à des compétitions ou alors de la structuration de nos disciplines.

Forcément, il nous faut aujourd’hui inventer et réfléchir sur d’autres possibilités de financement. Aujourd’hui en effet, nous avons la possibilité de faire appel aux parents pour ceux qui ont les possibilités financières mais il y avait déjà un précurseur qui lui, était issu

du monde artistique qui, dans les derniers instants de sa disparition, avait sollicité le peuple Martiniquais, c’est Eugène MONA qui avait demandé au peuple martiniquais de mettre de l’argent dans des urnes pour pouvoir financer ou en tout cas, soutenir sa création artistique.

Aujourd’hui, nous avons exactement la même conception des choses c’est-à-dire que nous voulons inviter le peuple martiniquais à s’approprier et du coup, à financer de manière participative tout simplementl’essor et le fonctionnement du sport que ce soit le sport loisir mais aussi le sport de compétition que nous représentons à l’international, en tout cas en dehors de nos frontières.

Dans cet esprit, nous avons réfléchi et nous avons fait une analyse de la situation. Nous nous sommes rendus compte que l’un des meilleurs outils à l’heure actuelle pour pouvoir vendre un projet ou en tout cas présenter, c’est l’outil vidéo. Nous avons donc pris le parti de faire une vidéo qui, je l’espère, va vous faire comprendre en 1 minute 40 quel est notre projet concernant cette action très précise que David MANGATAL a présenté qui est donc notre participation aux championnats du monde junior en novembre prochain au Canada à Burnaby.

On vous remercie de votre attention.

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Bonjour à tous, nous remercions la Collectivité Territoriale de Martinique, Monsieur MARIE-JEANNE, Messieurs BOUTRIN et NARCISSOT pour leur invitation à intervenir sur les arts martiaux dans le cadre des Assises du sport martiniquais. Je suis Georges DRU, je ne suis pas Président de l’AM4, je suis un des responsables. Le Président est Lucien DIAMIN.

L’AM4 fait partie d’un regroupement d’ateliers, d’associations de Danmyé que l’on appelle le «Sanblé danmyé». Il existe un autre regroupement d’associations que l’on appelle la «wonn danmyé». Je profite d’ailleurs pour saluer la présence ici de Hugues BASPIN qui est un des responsables de lawonn danmyé et saluer aussi, même s’il est absent, la contribution de Monsieur Luc RUCORT, judoka bien connu qui s’engage pour la réorganisation du danmyé.

Monsieur RUCORT est membre du Sanblé Danmyé mais il participe aussi au travail d’une association lawonn danmyé. C’est pour vous dire que les choses sont bien enclenchées. Je vais vous parler de Jès djérié Matinik, c’est-à-dire les traditions de combat, les traditions guerrières de notre pays. Pour reprendre un vocable occidental: arts martiaux ou arts de combat. Les Jes djérié visent à travers l’approfondissement des techniques du combat, la confrontation à la violence et sa maîtrise, la préservation, la formation et l’élévation de l’être humain. Ces Jes djérié appartiennent à la grande famille des traditions de combat afro caribéenne et africaine (dont le rôle historique dans le développement des arts martiaux dans le monde est méconnu du fait du racisme historique).

Ce sont des arts héritiers des traditions guerrières des Africains déportés et réduits en esclavage aux Amériques. Ils ont su garder leur forte identité malgré l’arrivée et la présence de traditions de combat venues d’ailleurs.

La réactivation de ces arts aujourd’hui ne fait que renouer le fil coupé de l’œuvre de nos ancêtres. Ces arts sont empreints d’une grande richesse et n’ont rien à envier aux pratiques venues de l’extérieur. Ils s’inscrivent dans une démarche de collaboration et d’enrichissement mutuel avec les créations des autres peuples.

Quand nous parlons des Jés djérié Matinik, il y a d’abord le danmyé appelé encore ladja, wonpwen, kokoyé. C’est une tradition qui met à profit toutes les armes du corps: membre supérieur, membre inférieur, lutte, capacités psychiques et spirituelles («Tout kó’w se konba») autorisant ainsi la confrontation entre deux combattants de poids, de taille, de corpulence, de styles différents. C’est un art qui se pratique avec la musique et la danse. La musique et la danse sont des éléments intégrant c'est-à-dire qu’ils permettent la liaison entre tous les aspects de la pratique.

Le danmyé fait l’utilisation systématique et généralisée de ou wè’y ou pa wè’y (brouillage de l’information et de danse, ruse, simulation, dissimulation, effets de surprise, destination physique et psychique, camouflage de l’énergie (relâchement du corps).

Le danmyé développe un rituel particulier pour mobiliser les ressources physiques, psychiques, spirituelles du combattant, intégrer ses connaissances de son environnement, entrer en relation avec l’énergie: le rassemblement de la ronde (de tous les participants), la disposition en cercle, l’installation de la musique («alé lawonn et monté o tanbou»), mouyé-kasé et dékroché-mouyé.

Nous avons également le wolo qui utilise les coups portés avec les pieds et autres parties du corps: dos, poitrine, fesses, hanches, épaules - mais ce sont surtout les pieds qui jouent un rôle principal. Les bras servent de parade pour contraindre; ils servent aussi d’appui à la surface au fond de l’eau. La pratique la plus connue c’est celle du combat dans l’eau (an lanmè, lariviè). Le Wolo c’est aussi une pratique de combat au sol (sable ou terre) hors de l’eau. Le wolo est aussi un aspect du combat ladja/danmyé que les anciens appellent le wolo avec des coups de pied circulaires et toute activité qui utilise un autre appui que les deux jambes.

Nous avons également le konba baton appelé encore bat baton, bat bwa-a, jankoulib, koujanlib, jankouloubé, ladja baton. Il se pratique avec ou sans musique.

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La majorité des intervenants décrivent la musique comme étant celle du ladja. Cependant, même en l’absence des percussions, le champ est toujours présent. Le bâton nous relie à presque tous les arts afrocaribéens, c’est l’un des premiers arts de combat pratiqué par les Africains déportés ici.

La baton, la wolo et le danmyé partagent beaucoup de choses en commun. Si on approfondit dans les origines communes, il y a énormément de passerelles, c’est souvent la même gestuelle mais adaptée à des conditions différentes.

Quelles sont les principales avancées depuis le début de la réorganisation de ces pratiques? L’acquisition d’une expérience, pratique pédagogique d’organisation… Vous savez que le danmyé était un art qui vivait spontanément, de manière populaire. Il a fallu réorganiser le penser. Il y a une alliance entre les jeunes, les anciens, les gens de toutes catégories afin de réfléchir sur la pratique. Il y a donc une sérieuse avancée de la compréhension et de la codification du danmyé.

Récemment, il y a peine un mois, nous avons produit un livre de 296 pages sur les gestes guerriers en Martinique. C’est un livre qui peut être à votre disposition qui synthétise un petit peu cette expérience acquise, cette codification.

Nous avons donc l’émergence d’un noyau de cadres formés à l’aide des anciens, la formation d’un contingent de nouveaux combattants et musiciens.

La structuration d’un travail en direction des enfants dans les écoles, dans les quartiers et les familles.

La réorganisation de nouveaux cadres d’apprentissage ce que nous appelons lékol ou bien latèlié. La réorganisation des cadres de vie, celui du danmyé lib qui est le cadre traditionnel. Celui des katel qui est un cadre davantage sportif et le fè moun wè qui est le cadre démonstratif.

La prise en compte par l’éducation physique et sportive du danmyé comme activité physique et sportive traditionnelle pour le baccalauréat. Les jeunes peuvent présenter le danmyé comme option au baccalauréat aujourd’hui.

Le développement d’échanges respectueux avec les traditions de combat d’autres pays (judo, savate, canne, capoeira).

Cependant, les Jés djérié restent encore une activité fragile. Le recrutement reste relativement faible et difficile. Ce qui fait que l’activité souvent déstabilisée par quelques départs (vous connaissez les conséquences de l’émigration, pas seulement pour le danmyé, pour beaucoup d’activités en Martinique) ou quelques problèmes de santé. Et il y a une difficulté à stabiliser l’espace de vie sportif (tournoi, championnat, et même des ateliers ou des écoles.

Le danmyé peut-être plus que d’autres traditions de combat, traditions guerrières souffre d’un problème d’image: bagay vié neg (c’est-à-dire quelque chose

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pratiqué par des gens ayant les mains sales c’est-à-dire dans la sorcellerie), bagay djendjen (quelque chose qui n’aurait pas d’efficacité), bagay antan lontan (quelque chose qui est déjà dépassé), sa pa ni bénéfis (c’est-à-dire quels avantages en termes de voyage, en termes de reconnaissance, en termes de valorisation?)

L’héritage idéologique de la société esclavagiste qui, comme vous le savez, reposait sur le racisme. On sait que l’esclavage lorsqu’il a été aboli, n’a pas supprimé le racisme qui continue à vivre de manière non officielle mais qui a laissé beaucoup de traces dans parfois des pratiques officielles: tendance à dévaloriser ce qui vient de nous et à considérer ce qui vient de l’extérieur comme forcément plus intéressant. C’est une tendance qui est renforcée par la diffusion internationale d’arts guerriers déjà bien organisés, portés par le prestige de civilisations anciennes (asiatiques…) ou/et par le soft power de puissances établies (Japon) ou émergentes (Chine, Brésil).

Il y a des faiblesses de notre travail: communication insuffisante et artisanale, faiblesse des perspectives offertes, tâtonnements pédagogiques pendant longtemps, problèmes d’unité des cadres.

En termes de besoins, de perspectives, l’activité a aujourd’hui besoin d’une production d’outils modernes de communication: livres (cela a commencé), DVD, films documentaires, émissions radio et TV, Internet, autres (dépliants…). Pour la raison bien simple c’est que la réimplantation du danmyé est indissociable d’une prise de conscience de notre identité et de la valorisation de la légende/histoire du danmyé, de la lutte contre les complexes, la dévalorisation de nousmêmes (nou pa bèl, nou pa bon, nou pa kapab…) qui imprègne notre société du fait de son histoire.

Nous avons besoin d’un renforcement de la formation de cadres compétents et disponibles avec, autant que possible, des perspectives professionnelles et d’insertion.

Pour moderniser et valoriser la pratique, il nous faut un accès à des infrastructures disposant d’équipements et répondant aux normes de sécurité pour les entraînements. Jusqu’à présent la pratique est protégée, nous allons dire, par le peuple, par les masses populaires. Nous avons des salles de fortune mais nous avons besoin de passer à un stade supérieur.

Il faudrait aussi réfléchir à la création et à l’équipement d’infrastructures qui répondent, par leur architecture (notamment la forme circulaire), à la symbolique et aux conditions d’efficacité de nos pratiques. Et aussi la reconquête des espaces traditionnels (fêtes diverses, foires, soirées spécifiques qui se développent, les soirées danmyé particulièrement).

Nous travaillons à la création d’une organisation territoriale, coordonnatrice de l’ensemble des activités danmyé, dans le respect des différentes sensibilités. Deux regroupements, le Sanblé danmyé depuis octobre2013 et Lawonn danmyé depuis juillet2014, s’efforcent de tirer les leçons de l’expérience de la première tentative de regroupement, celle de la «Sosiété Danmyé Matinik» (SDM) (2001 à 2003) et travaillent à construire un nouveau regroupement national des forces du danmyé.

Évidemment, Jés djérié Matinik, puissant marqueur de l’identité martiniquaise, doit être pensé, dans sa façon, dans son organisation, comme une activité nationale ou régionale martiniquaise (selon les sensibilités), sous peine de perdre son âme.

Jés djérié ne peut être une section d’une activité extérieure à notre pays, s’inspirant d’un lespri, c’està-dire d’une philosophie, qui ne soit pas celui de notre tradition ancestrale, soumis à des règles qui n’auraient pas été définies par la communauté martiniquaise, représentée par des couleurs, un emblème, une devise, un hymne qui ne soit pas liés à l’identité martiniquaise.

Par contre, il est tout à fait envisageable et souhaitable qu’il y ait des rapports d’associations/collaborations avec une ou des organisations extérieures pour faciliter les échanges.

Nous, au niveau de l’AM4, nous reprenons à notre compte tout le travail symbolique qui avait été fait par Sosiété danmyé matinik et qui est encore véhiculé par beaucoup d’associations de danmyé, sans omettre le fait que cela peut être rediscuté, redéfini en fonction des évolutions.

La devise donnée par les anciens: «Danmyé se chimen lespri, lafos épi kouraj». Un chant de ralliement: «Manmay-la mété difé, mété difé pa mété dézod» qui traduit bien l’esprit du danmyé, engagement profond mais amitié avant tout, respect et amitié.

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Un emblème avait été choisi par le rassemblement national, c’est-à-dire au niveau de toute la Martinique, des anciens et des jeunes, organisés à l’époque uniquement dans l’AM4. Depuis cela s’est diversifié: l’oiseau koulibri qui a des capacités guerrières insoupçonnées. Et le dikanman-an, c’est-à-dire la tenue rouge et noir et le salut, lonnè-respé, que nous appelons le respect et le salut.

Nous voulons dire que ce sont des choses qui peuvent être discutées et qui peuvent évoluer mais par rapport à ce qui a déjà été dit en ce qui nous concerne, les couleurs rouge, vert, noir, ne nous posent aucun problème. Elles sont nées dans un contexte politique et elles ont été assimilées pendant longtemps à celles d’un courant politique mais cela, c’est pour tous les marqueurs de l’identité martiniquaise: le 22mai, la langue créole. Tous les marqueurs de l’identité martiniquaise sont passés par ce chemin. Aujourd’hui, ce sont des couleurs qui débordent largement, elles ont une signification historique et nous n’avons pas attendu que les politiques les lèvent pour les lever. Elles ont une signification historique, une signification culturelle, philosophique très profonde qui existe pour certaines avant même l’existence du peuple martiniquais parce que nous faisons partie d’une civilisation, nous sommes rattachés à une civilisation négro-africaine. Aujourd’hui, cela déborde largement et cela touche à tous ceux qui ont le souci, qui sont préoccupés par la préservation, l’affirmation, de notre fierté de notre identité, de notre façon d’être martiniquaise. Je vous remercie de votre attention.

Marius NARCISSOT

Je vous invite, Monsieur, à revenir la semaine prochaine à l’atelier «sport et identité» parce que l’exposé qui a été développé répond bien à cet atelier. Tu es déjà invité pour la semaine prochaine. Merci.

Louis BOUTRIN

Je pense que, par respect pour ceux qui sont venus pour les arts martiaux, je vais reprendre la formule, je crois, suivant ta devise, que la sagesse rend la vie acceptable. C’est ce que j’ai retenu. Je ne sais pas si j’ai bien retenu. La sagesse veut que l’on donne quand même la parole à la salle.

S’il y a quelques interventions, soyez brefs, non pas que je sois en divergence avec l’animateur mais je souhaite vraiment que les uns et les autres puissent s’exprimer, c’est vraiment l’esprit des Assises.

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Échanges/Débats

Louis BOUTRIN

Pendant que l’on passe le micro, j’ai une question pour Michel BRANCHI. Je pense qu’il est frappé de sectarisme parce que lorsqu’il a donné les chiffres des arts martiaux, il n’a pas inclus les arts martiaux traditionnels (danmyé, ladja). Le débat est ouvert.

Michel BRANCHI

Non, pas du tout. Je travaille avec Luc RUCORT depuis de très nombreuses années et dans notre dojo nous accueillons tous les dimanches un cours de danmyé ladja et par conséquent, comme je savais qu’il y avait une intervention spécifique sur le danmyé je n’ai pas voulu déborder.

Vous avez remarqué qu’eux-mêmes n’ont pas donné de chiffres. Mais ceci dit, j’ai eu l’occasion à de nombreuses reprises, d’avoir des confrontations avec le danmyé notamment dans le cadre de la préparation du livre dont il a parlé parce que nous savons très bien que l’un des éléments qui a permis l’essor des arts martiaux des autres pays, notamment le Japon, c’est précisément quand on a codifié.

Le savoir au Japon s’est transmis jusqu’au XIXe siècle de manière orale et même de manière secrète puisque cela se pratiquait la nuit et qu’il y avait des sanctions. Jusqu’au jour où l’empereur du Japon a décidé de s’ouvrir au monde moderne, que les maîtres en arts martiaux ont décidé de codifier.

C’est le chemin qui est suivi aujourd'hui. Ce n’est pas se dévaloriser que de noter que nous sommes des pays de tradition orale et non pas des pays de tradition écrite. L’écrit sert à fixer la loi. Par conséquent, je salue avec un grand enthousiasme la parution du livre dont a parlé Georges DRU. Je sais que les techniques se ressemblent. Je donne un exemple, ce que l’on appelle kalot pié en danmyé cela s’appelle mikazuki. Je regarde mon ami Roger ALCINDOR. C’est mikazuki geri en karaté ou hiroshi mikazuki geri c’est-à-dire que tu fais un coup de pied circulaire en croissant mais il ne faut pas pencher en arrière, sinon tu te casses la figure tout seul. (Rires) C’est là qu’intervient la pédagogie et l’enseignement.

Je soutiens parfaitement cette idée que nous devons développer nos arts martiaux traditionnels et je vais demander à (Georges) DRU pour qu’il nous dise aussi… je sais qu’une bonne partie des arts martiaux vient de différentes parties de l’Afrique. Il me semble qu’en Martinique il y a des méthodes différentes et que le travail de recherche consiste à savoir d’où viennent certaines pratiques. Par exemple, je sais qu’il y a des pratiques qui viennent de la Guinée et particulièrement d’une région guerrière qui s’appelle Fouta-Djalon. Ce sont des choses que nous devons apprendre dans nos écoles pour que notre identité soit confortée de manière scientifique.

Roger

ALCINDOR Président de l’association Gaet Karaté do Je vais intervenir sur les arts martiaux. Je souhaite que l’on puisse prolonger ce travail car il est très intéressant pour tout le monde et on n’a pas le temps de s’exprimer comme on le souhaiterait.

Juste pour revenir au début, comme l’a dit la représentante de l’université, de la même façon que ce serait bien d’introduire le sport très tôt à l’école, je pense aussi que la langue anglaise il faudrait peut-être qu’on travaille dessus, qu’elle soit enseignée très tôt parce que nous nous retrouvons souvent avec ce barrage. On fait partie de la Caraïbe, on est dans le bassin américain caribéen. C’est vrai que nos sportifs, si on a besoin d’évoluer parce que souvent c’est très difficile d’évoluer au niveau de la France, on est souvent bloqué par les quotas et tout ce qui s’ensuit, donc si on veut s’internationaliser un peu, ce serait bien que la langue anglaise, on l’ait déjà dans notre langage, dans notre parler pour que l’on puisse ne pas être bloqué si on veut évoluer ne serait-ce que vers les États-Unis puisque c’est une ouverture possible pour nous. C’est ce que l’on cherche à faire. C’est un premier point. Je ne voulais pas être trop long dessus.

Je pense que tout ce travail sera concrétisé par la remise sur pied de notre Gran Jè Matinik qui a fait de la peine à beaucoup de Martiniquais, quand cela a disparu.

C’est aussi pour aller dans le sens de notre travail. Par exemple, en lever de rideau, pourquoi il n’y aurait pas le sport avec nos seniors pour laisser la place après à notre Gran Jè au niveau des sportifs pour leurs performances. Merci.

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Léo VASSARD

Je demande la parole pour rendre un hommage au travail fait par la ligue A mais je voudrais simplement signaler ici, qu’en tant que petit-fils de lutteur de danmyé…

Louis BOUTRIN

Tu ne t’es pas présenté.

Léo VASSARD

Léo VASSARD, je fais un petit peu de judo…

Louis BOUTRIN

Un peu?

Léo VASSARD

Je voulais simplement signaler que le fait d’avoir mis le danmyé au niveau des groupes folkloriques, il y a une espèce de brouillage dans les cerveaux. En tant que petit-fils qui tenait le T-shirt de son grand-père, le tricot ajouré thermolactyl de mon grand-père, cela m’a choqué de voir que les groupes folkloriques ont accaparé ce truc-là. Le danmyé est devenu un truc trop simulé. Donc, dans le travail que vous faites qui est énorme, il faudrait peut-être penser à couper ce petit cordon-là, remettre le danmyé en art martial. Le cordon culturel s’est super bien mais on ne doit pas tout le temps faire semblant parce que j’ai un petit-fils qui a sept ans, quand il regarde cela, il dit: «sé rôl misié ka fè!» La vérité vient de la bouche des enfants. Merci.

Louis BOUTRIN

C’est nous qui te remercions Léo VASSARD. Quand je disais tout à l’heure que les précurseurs du sport santé étaient dans la salle, j’avais oublié Léo VASSARD. Ba an lanmen.

Ceinture noire de judo. Et en plus, il a été avec Alfred CEPHISE à la création du SQUAT CLUB de Sainte Luce. Merci Léo VASSARD.

Marius NARCISSOT

Pour rebondir sur ce que vient de dire Léo VASSARD, je crois qu’il y a un point qui n’a pas été souligné dans la présentation. Quand on parle de danmyé, il y a le pwen bèl au François qui est un lieu de rendez-vous. Je crois qu’il ne faut pas oublier cela. Avant de continuer, je voudrais saluer la présence de collègues qui sont arrivés: Miguel LAVENTURE qui est Conseiller exécutif. La semaine prochaine, il viendra parler de sport et financement. Miguel LAVENTURE, prend note. Nous allons saluer aussi l’arrivée de notre collègue Lucien RANGON qui est membre de la Commission sport et la présence également d’Yves SIDIBE qui est DGA des routes et bâtiments publics. Sa présence est importante pour les sports mécaniques tout à l’heure. C’est un homme qui est très à l’écoute de ces besoins. Merci à vous.

Louis BOUTRIN

On va être obligé de conclure parce qu’il y a encore deux thèmes à aborder. En conclusion, on fera très simple. Il y a une idée qui a été émise par Michel BRANCHI qui est essentielle. À ce jour, nous avons une fracture territoriale en ce qui concerne les équipements pour les arts martiaux. Il nous appartient, à nous, au niveau de la CTM, d’approfondir la réflexion, de faire en sorte, premièrement, que l’on puisse palier cette fracture territoriale et surtout, il y a un sousdéveloppement en matière d’équipements pour les arts martiaux. L’idée c’est quoi? On en discute déjà. Il va falloir approfondir et faire en sorte que durant notre mandature on puisse donner corps et donner forme à ce projet, c’est qu’il y ait, à l’instar de ce que nous avions eu par le passé, la maison des sports, que l’on puisse avoir une maison des arts martiaux. Est-ce que ce sera un dojo territorial? On verra. Pour l’instant, l’idée a été émise, elle figurera parmi les propositions de ces Assises du sport martiniquais pour les arts martiaux. En tout cas, mèsi an pil, mèsi an chay.

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Les sports mécaniques

Mesdames, Messieurs les élus, Mesdames, Messieurs les Présidents de ligues et associations, Mesdames et Messieurs, bonjour.

En qualité de consultant en sports mécaniques, la CTM m’a demandé de vous faire une petite réflexion sur les sports mécaniques à la Martinique et avec surtout des perspectives d’avenir. Je vais vous parler de trois thèmes assez différents mais qui se regroupent tous entre eux. Ma réflexion va se faire sur l’automobile, la moto au sens large - j’ai vu d’ailleurs que nous avons de bons représentants - et le karting à la Martinique.

Assez rapidement, je voudrais vous faire un état des lieux de la situation. Le nombre de courses en 2015 pour ne citer que cela, c’est environ 12 courses automobiles pour 150 licenciés;15 courses en moto avec 120 licenciés; 0 course en karting avec une soixantaine de licenciés.

Pour mémoire, en tout cas pour ceux qui m’ont donné les chiffres et je tiens à remercier les associations avec qui j’ai été en contact, il faut savoir que pour le sport automobile notamment c’est environ 50% de plus qu’il y a une vingtaine d’années.

Les infrastructures sont assez modestes et grâce à ces infrastructures aujourd’hui notamment le parking du stade de Dillon reçoit le supermotard et le karting avec une simili piste dédiée. Sainte-Marie: le motocross.

Ducos, Morne-Rouge: le supermotard. Une installation loisir qui vient d’être créée par un jeune, pour ne pas le citer, Monsieur JOUACY, à travers un karting aux Trois-Ilets et nous avons toujours des rallyes et courses de côte pour les motos et pour les Quad et pour l’automobile.

Ce que l’on peut dire, c’est que le manque d’infrastructures aujourd’hui a précipité un peu l’essoufflement des sports mécaniques à la Martinique et je tiens à tirer un énorme coup de chapeau aux responsables bénévoles des associations qui font de leur mieux depuis très longtemps, mais force est de constater que la professionnalisation des événements et l’organisation des événements sont de plus en plus importantes. D’abord des contraintes de sécurité, des contraintes environnementales, des contraintes de l’urbanisation, pour l’automobile et les reconnaissances, etc ne facilitent pas la tâche. Mais aussi toute l’approche marketing.

Aujourd’hui, j’entends comme vous et ce que je ressens ou ce que je perçois car je dois bien dire, la CTM m’a demandé de faire un état des lieux, c’est ma vision. Je ne pense pas détenir la vérité mais en tout cas je voudrais vous faire part de mon expérience, de ce que j’ai vu, et de ce que je ressens depuis un certain temps. Je ne suis pas allé tout au fond de ce qui se passe ici à la Martinique, mais j’ai voulu en tout cas, être assez général et ensuite proposer des perspectives.

La difficulté aujourd’hui c’est que justement créer des événements, les monter, avoir des outils marketing, pouvoir proposer des opérations à la presse, pouvoir faire des opérations qui ont des retombées, quelque part c’est comme gérer une entreprise car la multitude d’événements que nous avons à la Martinique fait que l’offre organisationnelle est de plus en plus importante et il faut qu’elle soit absolument structurée.

J’ai voulu prendre un modèle, pas loin de nous - parce que ce n’était pas la peine d’aller très loin - qui pour moi, est un modèle assez concret. La Barbade est une île qui est un tiers de la Martinique, qui a commencé le sport mécanique après la Martinique et qui s’est structurée assez rapidement et en se fédérant autour de l’automobile, de la moto et du karting. Il faut savoir unechose, le sport mécanique à la Barbade est devenu le sport numéro un devant le cricket. Dans l’esprit anglais, lecricket, c’est comme le football chez nous, à la différence près que le sport mécanique est très largement en tête aujourd’hui.

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Thème 14
mécaniques
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Pourquoi est-il en tête?

Tout simplement parce qu’il y a toujours beaucoup de bénévoles qui y travaillent. Sans les bénévoles on n’y arrivera jamais. Mais c’est un sport qui s’est structuré, c’est un sport qui s’est fédéré, c’est un sport qui a réussi à se fixer des objectifs atteignables. Ils sont partis d’abord sur un premier petit circuit rallycross où ils faisaient de la moto et de la voiture puis ils se sont structurés un peu plus sérieusement à travers un vrai projet de développement qui s’appelle «Bushy Park» et sur lequel ils ont plusieurs axes: un axe compétition notamment où ils organisent de très grands événements, deuxièmement des événements, cela fait deux ou trois années qu’ils reçoivent le Top Gear Festival où ils ont fait venir de grandes personnalités telles que Lewis Hamilton, tel que que Ken BLOCK pour les connaisseurs. Ils ont organisé la Race of champions qui est un événement mondial qui va se faire cette année à Wembley en Angleterre. Ils se sont vraiment professionnalisés dans cette affaire-là mais ils ont aussi travaillé sur la formation, sur les grandes vacances, sur les événements, sur les concerts, tout un tas d’événements divers et variés qui ont permis à leur outil de vivre.

La question, pour entrer dans le vif du sujet car j’essaie d’être le plus précis et concis possible, comme je le suis d’habitude: Comment structurer ou plutôt restructurer cette filière en Martinique?

De mon point de vue, il y a vraiment deux axes incontournables: d’un côté la formation et d’un autre côté la compétition et le loisir. Je verrai la création d’un pôle mécanique avec tout ce qui regroupe les affaires autour de l’automobile, la moto, du karting et de

l’automobile de manière générale. Il est important aussi pour moi de créer un centre de formation à la conduite qui permettra de former l’ensemble des personnels routiers que ce soit dans les administrations, dans le privé ou pour ceux qui souhaitent se remettre à niveau, car sans cela, il sera extrêmement difficile aujourd’hui, compte tenu des 300 ou 350 licenciés, même si on dit que nous en avons perdus 50%, de se redévelopper car la compétition aujourd’hui à un réel besoin d’infrastructures avec de la promotion pour pouvoir faire, comme c’est le cas en Guadeloupe, où ils ont créé une coupe de marques, ils font des compétitions sur un circuit, ils arrivent à faire les compétitions motos, les 200 mètres départ arrêté ou du karting.

J’en veux pour preuve qu’ils ont des jeunes entre 8 et 10 ans qui participent désormais au championnat américain et qui représentent la Barbade au plus haut niveau. Le rallye de Barbade est un rallye extrêmement bien organisé. J’y ai personnellement participé. J’ai été très agréablement surpris de voir le niveau, l’exigence de marketing, d’organisation et de retour pour la Barbade. Il faut savoir que le Gouvernement barbadien n’investit pas pour rien. Il y a évidemment des retours et c’est là qu’il faut absolument une vraie restructuration des choses en tout cas si on revient sur la Martinique.

La condition sine qua non pour moi d’un redéveloppement, d’un redéploiement c’est évidemment la construction d’une infrastructure polyvalente qui permettra de recevoir un maximum d’acteurs.

Dans cette restructuration, il y a un autre thème qui me semble extrêmement important, c’est la création d’un écosystème intégré social, économique et

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médiatique. Sociale par la création d’emplois, par l’apprentissage, la formation aux métiers du sport. Nous avons énormément de jeunes aujourd’hui qui, dans les lycées (lycée Acajou) et lycées professionnels cherchent à se former en la matière. Je pense qu’aujourd’hui, il y a tout à faire puisque rien n’existe réellement en la matière. Évidemment, il faut faire émerger certains talents. Nous avons des sportifs, j’ai vu tout à l’heure, Alexis MARIE-LUCE, notre ami Joël DUCHENE. Moi-même, j’ai fait quelques bricoles mais il ne s’agit pas de parler moi mais en tout cas nous avons de beaux talents.

Nous avons beaucoup de talents cachés qui ne demandent qu’à émerger tant dans le sport que dans les métiers autour du sport.

L’exemple de la Barbade est un très bon exemple. Qu’ont-ils fait? Autour de leur circuit, comme je l’ai dit, sur les deux axes qu’ils ont: d’un côté la formation et d’un autre côté la compétition, ils ont également créé une demande avec l’Europe c’est-à-dire faire venir des Européens chez eux pour se servir du circuit, notamment en hiver mais aussi en été, et coupler cela avec une offre touristique pour la famille ou les gens qui pourraient bénéficier des infrastructures touristiques et tout un tas de choses dans l’arrière-pays. Ce qu’ils arrivent à faire très bien.

Comme je m’étais promis de rester dans les 10 minutes, et il y a beaucoup à développer, je vais rester précis et concis mais sachez qu’il y a matière à développer. Médiatique parce que la Barbade, si je prends l’exemple

de la Barbade, aujourd’hui, le fait de faire venir deux fois, quelqu’un comme Lewis Hamilton, je peux vous assurer que dans la demi-heure après qu’il soit arrivé et la conférence de presse qui a été faite à Barbade, dans le monde entier nous avons parlé de la Barbade et que ce soit les journaux économiques, sportifs, la Barbade est citée. Pour la Barbade, il y a eu des retombées touristiques inestimables.

Pour moi l’idée c’est de donner de la perspective notamment aux jeunes et créer un écosystème intégré. Enfin, je vais conclure, par le projet. Le projet c’est évidemment la création d’un circuit qui regrouperait la voiture, la moto, le karting, pourquoi pas le radiocommandé, pourquoi pas après faire un petit terrain de cross. Il est évident que ce n’est pas quelque chose de facile. Il est évident que la Martinique est une petite île et que le PLU notamment ne nous permet pas de faire n’importe quoi.

Je pense malgré tout, qu’il y a un certain nombre de bonnes volontés. Pour avoir personnellement travaillé sur ce projet, il y a de la volonté, il y a un certain nombre de mairies qui peuvent être intéressées et je crois qu’il faut que l’on se mette en mode projet. Quand je dis en mode projet, c’est qui fait quoi, désignation d’un chef d’orchestre, trouver un schéma de financement pertinent. Évidemment, est-ce que ce sera un partenariat public-privé comme je l’écris, je ne sais pas mais en tout cas il y a vraiment quelque chose à faire, en essayant de trouver un maximum de partenaires et en essayant de fédérer au maximum tous les financeurs qui pourraient soutenir une telle activité.

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Je reviens juste en arrière. Si aujourd’hui nous ne sommes que 300 ou 350 licenciés, je reste convaincu qu’un outil comme celui-ci, au-delà du développement économique qu’il va pouvoir apporter chez les concessionnaires, chez les auto-écoles, dans la formation, au travers de tous les événements qui pourront être créés, il y a vraiment de quoi le faire vivre et le développer.

Tout cela pour dire qu’aujourd’hui il faut calibrer un business modèle en sachant que ce n’est pas quelque chose, là encore, que l’on peut demander à des bénévoles. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut demander à des associations qui font de leur mieux. Ce sont des choses qui doivent être structurées et professionnalisées.

Je conclurai simplement pour dire que si c’est une volonté politique, s’il y a une volonté de concrétiser et de convaincre de l’intérêt d’une telle affaire, la Martinique a toutes ses chances, j’en suis convaincu. Je ne saurais terminer mon intervention sans parler d’une belle initiative qui a été faite sur le rallye par le Martinique Rallye Tour qui, je pense, est rentré un peu dans cette logique, sans en avoir parlé directement avec eux. Je tiens à saluer ce qu’ils vont faire la semaine prochaine parce que c’est un coup d’essai et j’espère que cela donnera de très bonnes idées à tous les sports mécaniques qui est justement d’associer le sport, le terroir martiniquais et également le tourisme. Je vous remercie de votre attention.

Bonjour tout le monde, Bonjour Messieurs et Mesdames les élus de la CTM, Bonjour Monsieur BOUTRIN, Bonjour aux associations,

La CTM m’a demandé d’avoir une vision du sport et j’ai décidé de vous présenter la moto mais surtout la passion de la moto au fil des âges. Pourquoi avons-nous pris ce thème? Parce que dans les années 1978, Monsieur le Président MARIE-CALIXTE, ici présent, c’est lui qui a créé le monde motocycliste à la Martinique.

Le 1er avril 1978, Il y a eu la première course de motos. Je précise que ce n’était pas des motos, c’était des trails en ce temps-là. Ce n’était pas des vraies motos de compétition. La Guadeloupe était un peu plus avancée que nous. En 1980, il y a eu la première course de motocross avec des vrais motocross, Honda Elsinor, grâce à l’appui de Monsieur CASSIUS. Il y a toujours deux clubs qui ont fonctionné dans les années 1980-1986: le Gerberra moto Club et le CMTT. Le Gerberra moto Club s’est toujours battu pour avoir deux sites parce qu’avant, nous avions deux ou trois sites de motocross: le Vauclin, le Saint-Esprit, le Lorrain.

Dans les années 1987, Monsieur MARIE-CALIXTE, comme les autorités lui ont demandé, s’est rapproché parce qu’il y avait trop de tirages sauvages en ce temps, pourtant il n’y avait pas autant de morts. Il a donc décidé de créer en 1987, le 200 mètres départ arrêté. À ce moment-là, le maire de Fort-de-France a mis à sa disposition, la RN9.

Par la suite, il a créé un championnat de cyclomoteurs. Il y avait une piste au Lamentin et un site à Dillon. La première course de côte a été créée. C’est la première course de côte cyclo. Cela se faisait au Carbet. C’est la côte qui s’appelle le Fromager.

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Première course internationale en 1988 de motocross qui s’est déroulée à Saint Esprit.

Par la suite, en 1989, il y a encore eu une course au Lorrain. Le maire du Lorrain avait mis un terrain à disposition du Gerberra Moto Club.

En 1990, le Président MARIE-CALIXTE se retire pour des obligations personnelles et il me demande de voir dans quelle mesure je peux continuer l’aventure. Avec notre ami, Charles LARODE, qui est Président de Tropiques Moto Club, nous avons partagé les disciplines. Moi, je suis resté au niveau du motocross et lui a pris le 200m départ arrêté qui était organisé sur la RN9. Le motocross était organisé à ce moment-là sur le Lorrain ainsi qu’au Morne-Rouge et au Vauclin. Dès lors que le 200m départ arrêté s’est présenté, les autorités ont commencé à mettre la pression. Il y a même des gens qui ont été condamnés. Je continue. En 1992, une discipline est apparue sous l’égide de Thierry LUCHEL.

En1996 et1998, il y a eu le 200m départ arrêté qui est organisé un moment par l’Oriental Moto Club puisque le Tropiques moto club avait arrêté.

Début 2000, vous avez le supermotard. Avec le motocross qui était organisé avant, nous avons eu des pilotes qui ont commencé à sortir du lot et à ce moment-là, le supermotard est revenu et la mairie de Fort-de-France a mis à notre disposition le parking du stade de Dillon ce qui nous a permis d’évoluer et c’est pour cela que vous avez des pilotes comme Alexis MARIE-LUCE et bien d’autres.

Je vais passer aux constats de l’époque. Initialement créées pour éradiquer le phénomène des courses sauvages, les épreuves motos (200m départ arrêté, motocross) créent un engouement chez le public et rassemblent des milliers de spectateurs à chaque manifestation. La moto jouit d’une image populaire et fédératrice. Chaque discipline dispose d’au moins deux lieux d’expression: le Lorrain et au Saint-Esprit (motocross), la RN9 (Pointe des Grives) ainsi que le bourg du Morne-Rouge (200m départ arrêté).

La filière d’excellence

Très vite, nos pilotes se sont distingués par leurs résultats et au gré des changes avec divers pilotes nationaux, ils ont pu montrer leur talent et se frotter au gratin international de la moto. S’organisent en Martinique 4 courses de motocross internationales et 3 courses internationales de Supermotard avec une fréquentation de plus de 8000 personnes.

Chaque génération a connu des pilotes de qualité. Les premiers pilotes à côtoyer le niveau national: Karl EDMOND (Champion de France national), Serge BUNOD en 1981 et LINLIN. Je vais montrer la photo de LINLIN parce que c’est quand même un mythe de la moto en Martinique.

Viennent après, la génération FLAVIGNY en 1991: Geslin GROCRAVLA, Charles-Denis RAMANICK, Georges-Alain GIBUS. Tous ces gamins ont pratiqué le motocross au Lorrain.

Vous avez ensuite, une nouvelle génération: la génération Xavier BELLEROPHON. Nous avons toujours créé la partie éducation au sein du motocross puisque le Président MARIE-CALIXTE a toujours fait ce travail-là et nous avons continué à suivre ce travail. Nous avons donc eu la génération Xavier BELLEROPHON, Stéphane BOSS ainsi que Steeve DUMOND-MONNET.

Par la suite, vous avez la photo de Xavier BELLEROPHON avec tout le groupe qui date des années 1981. L’année 2000 à Sainte-Marie, puisque nous avons perdu le Lorrain et Saint-Esprit, le maire de SainteMarie a décidé de nous sauver puisqu’il n’y avait plus de motocross. En 2001, nous avons organisé un motocross international.

Début 1992, vous avez les courses de côtes qui apparaissent. C’est une génération courses de côte, parmi

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les meilleurs pilotes: Fabrice FLAVIGNY, Thierry LUCHEL, Christophe CONCONNE et Luc DE GRANDMAISON. Olivier LUCHEL, c’est une autre génération, qui a été champion de Martinique. Je demande des applaudissements pour Monsieur LUCHEL… car ce n’est pas évident pour lui, depuis quelque temps, d’organiser des courses de côte. BELLEROPHON et Olivier VALERIUS. C’est une génération qui s’est trouvée sur le seul terrain à Sainte-Marie.

Vous avez une génération 2000 de Supermotard. Nous avons beaucoup de pilotes qui sont sortis du lot etqui ont côtoyé le national et l’international: Christophe CONCONNE, Patrick BELLEROPHON, Xavier BELLEROPHON, Dimitry DACY, Julien CHERUBIN.

La génération - c’est dommage qu’Alexis MARIE-LUCE soit parti, vous le voyez sur la photo, le numéro8. Et une autre génération à côté de lui: Steveen CABRISSEAU et Randy GROCRAVLA.

La génération Dirt-bike parce qu’un moment, nous avons eu un flottement au niveau du Supermotard. Les concessionnaires n’ont pas joué le jeu. Les motos japonaises sont devenues trop chères. À ce moment-là, nous avons eu deux années de flottement au niveau du motocross ainsi qu’au niveau du Supermotard.

Xavier BELLEROPHON en finissant ses études, a créé une structure et à ce moment-là a fait venir des dirtbike. Cela nous a remis en marche. Nous avons eu une nouvelle génération et en plus, le dirt-bike était à la portée de tous au niveau du porte-monnaie et à ce moment-là, on a fait ressortir les motos. Vous avez sur la photo la génération dirt-bike avec Christophe

CONCONNE, Dimitry DACY qui est dans la salle, Patrick BELLEROPHON, Marius ALLEBE, Willy MESSAGER, Emrick BUNOD, Axel MARIE-LUCE qui est en ce moment au championnat de France, Nemy CHERUBIN, Brian MICHEL, Youry CATHERINE.

C’est pour vous dire que la moto a toujours eu des difficultés. Je suis revenu sur la passion des âges. Pourquoi? Parce qu’avant, comme Simon JEANJOSEPH le disait, on avait beaucoup de structures.

Je vais revenir sur Lyvann LUCHEL. Cette une nouvelle génération comme je viens de le dire. La nouvelle génération Lyvann LUCHEL en course de côte. Nous avons eu quelques bémols et je vais vous expliquer pourquoi. La pratique sportive de la moto a toujours dû s’adapter pour exister. Ne rentrant pas dans les plans à long terme des municipalités en place, il a toujours fallu composer avec:

• L’urbanisme: les terrains utilisés pour la pratique du sport disparaissent au profit de logements et autres projets immobiliers.

• Les changements de classification des routes: disparition de la RN9 pour les runs, devenue voie express.

• Les sites non disponibles: par exemple, parking de Dillon utilisé pour les foires et expos et autres salons…

• Les coûts des équipements: motos, pièces… une transition avec le Dirt-bike a été faite pour pallier à l’augmentation des coûts de la pratique de la moto en compétition. Comme je l’ai dit tout à l’heure, on a failli pendant deux ans parce que le coût des motos était trop cher et par le Dirt-bike on a pu rebondir mais, on a toujours un problème d’infrastructures.

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L’absence de soutien politique engendre des conséquences directes qui impactent le sport, la perception du monde de la moto et ses perspectives économiques et sportives:

• Difficile pour les clubs d’investir sur des infrastructures si le foncier n’est pas stable. Je prends un exemple. On ne peut pas investir à Sainte-Marie parce que le terrain a été vendu à la CTM et aujourd’hui on ne peut rien faire dessus parce qu’il y a un projet immobilier. Depuis deux ans, on nous dit d’attendre et pour le moment, nos gamins ne font que s’entraîner. Il y a ce problème là à régler.

• La pratique devient occasionnelle et s’en ressentent les résultats et, l’encadrement et la formation des jeunes n’offrent plus de challenge une fois le stade des mini-verts dépassé.

J’ai fait un tableau pour vous. Il faut nous excuser parce que nous avons fait cela assez vite. De nos jours, la situation actuelle parle d’elle-même comparativementaux années passées. En termes de disciplines pratiquées: vous avez le 200m départ arrêté, le motocross, Supermotard, courses de côtes. Avant, il y avait quatre championnats. Maintenant, en 200m départ arrêté il n’y a rien. En motocross il y a des entraînements occasionnels (mini verts), en supermotard, il n’y a presque rien. Et en courses de côtes, je pense que Lyvann LUCHEL va vers les difficultés à cause de la réglementation du championnat de course de côte.

En terme d’infrastructures, pour le 200m départ arrêté on avait la RN9 et le Morne-Rouge, pour le motocross: Schœlcher, Lorrain et Saint-Esprit et SainteMarie. Et maintenant, pour Sainte-Marie il y a un projet immobilier en cours, terrain racheté par la CTM. Pour le supermotard: Dillon, Centre-ville de Fort-de-France, Dillon (occasionnel selon les disponibilités), Ducos et Morne-Rouge. Et maintenant, nous avons Dillon selon la disponibilité du site (foires et salons).

En terme de fréquentation, la moto a connu des pics de fréquentation avec plus de 8000 personnes présentes par manifestation et des sites d’exception comme le centre-ville de Fort-de-France et Dillon.

Nous avons fait une opération avec Simon JEAN-JOSEPH, cela date de longtemps. Il le sait très bien, cette opération a eu un succès colossal parce qu’on a associé la moto et la voiture.

Je voudrais revenir, parce que l’on n’a pas pensé aux loisirs. Parallèlement la moto de loisirs se développe, la vente de motos se développe, mais aussi le nombre de morts sur les routes explose en ce moment. Pourquoi? Parce qu’il y a un manque d’infrastructures. On a un gros problème et je tiens à le signaler aujourd’hui étant donné que la CTM a décidé de faire les Assises du sport: voir dans quelle mesure on pourra accéder à la gestion de ce problème. Le sport mécanique est et reste un exutoire nécessaire à la pratique saine de la moto. La formation y joue une part importante et dès le plus jeune âge, les pilotes apprennent à avoir les bons réflexes et les bons comportements.

Les solutions et perspectives pour l’avenir. Il est essentiel de privilégier l’accès à des infrastructures prévues à cet effet ou d’exploiter des solutions alternatives. À terme, l’idée de construction d’un circuit pour les sports mécaniques est la solution idéale. On précise bien pourquoi un circuit: pour faciliter la recherche de développement, pour faire des essais et tests, pour organiser un environnement propice aux échanges entre industries (recherche et formation dans le secteur de la mécanique).

Pour qui un circuit?

Les professionnels et utilisateurs ponctuels ou résidents, les équipementiers, les constructeurs, les écuries de course, les écoles de pilotage, les écoles de sécurité, les préparateurs…

On a mis un modèle en place. Vous avez un site de karting (numéro1 sur le plan). Un circuit de motocross à côté (numéro2). Les numéros3 et4, c’est un circuit amovible qui peut servir à tout le monde. On n’y a pas pensé pour le moment mais autant simplement faire à côté une partie de terre pour que le supermotard puisse être réalisé.

Les alternatives à l’existant. Cela veut dire ce que l’on a en ce moment et que l’on nous a promis depuis trois ans. Il n’y a plus de runs. Il n’y a plus de lieux communs. Au niveau des 200m départ arrêté en ce moment, il y a des tirages sauvages comme pas possible que ce soit sur l’autoroute, que ce soit à Sainte-Luce. Vous avez une alternative qui existe, la RN1. Normalement on avait prévu une ligne droite depuis trois ans à Carrère et on n’en a pas vu le jour. Vous avez donc une alternative pour le 200m départ arrêté, c’est la RN1. Et pour le motocross, revoir un petit peu avec la CTM

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dans quelle mesure on pourrait reprendre ce terrain-là parce qu’on ne peut pas faire des investissements et par la suite on nous dit qu’il y a un projet immobilier dessus.

En 2013, mon père a décidé, grâce à un ami, de m’inscrire à la sélection de la Red Bull moto GP Rookies Cup qui se déroule en même temps que le championnat du monde de moto. La moto GP Rookies Cup, c’est quoi? C’est une Cup organisée par Red Bull et aussi par la FIM, c'est-à-dire la Fédération internationale de moto. C’est 102 pilotes, qui viennent, qui se présentent, et 12 pilotes sont retenus à la fin de cette sélection. C’est une sélection qui se déroule sur deux jours. J’ai réussi à être sélectionné parmi les 12 pilotes.

Bonjour à tous. Je remercie la CTM de m’avoir invité pour vous faire part de mon expérience en tant que pilote. Tout d’abord, je vais me présenter, je vais vous raconter mon parcours sportif et pourquoi je suis là aujourd’hui. Je m’appelle Lyvann LUCHEL, j’ai 15 ans et je suis scolarisé au lycée de Bellevue en première. J’ai débuté la moto il y a exactement cinq ans et cela fait deux ans que je pratique la moto au haut niveau. Je remercie justement tous ceux qui m’ont permis de pouvoir en arriver là.

J’ai commencé en 2010 au championnat de France de 50cm³ en moins de 25CV. J’avais la plus petite moto. C’était quand même assez difficile. J’ai quand même réussi à finir quatrième au championnat de France et premier dans la catégorie (10 ans) pendant deux ans. L’année qui a suivi, j’ai fait le Championnat d’Espagne en 80cm³. J’ai fini a une place assez honorable car n’ayant pas de circuit en Martinique, j’avais un très gros désavantage par rapport aux autres qui, s’entraînent tous les jours en Espagne. En Espagne la moto c’est un peu comme le football.

C’était en 2014. N’ayant toujours pas de circuit en Martinique, j’ai fait de mon mieux, j’ai serré les dents, j’ai donné tout ce que j’avais. J’ai réussi à atteindre des places très honorables c’est-à-dire 13e et 14e position sur une vingtaine de pilotes.

L’année d’après, comme j’étais un peu trop jeune donc un peu un manque d’expérience par rapport aux autres, qui eux, avaient déjà 18 ans aux 19 ans, j’ai dû faire de mon mieux et je suis redescendu au Championnat d’Espagne moto 3, toujours sur des 250 et là j’étais parmi les 5 premiers jusqu’à cette année où nous avons décidé de nous inscrire au championnat du monde junior dont je suis classé troisième en ce moment même.

Je fais de mon mieux justement pour pouvoir garder cette place et pour avoir des débouchés pour l’année prochaine ou dans deux ans pour arriver au championnat du monde jeunes.

Les problèmes que nous rencontrons en Martinique agissent un peu quand même sur ma carrière sportive car nous n’avons pas de structure en Martinique. Le seul tournoi qui me reste en Martinique c’est la course de côte. Je fais de mon mieux et je donne tout ce que je peux mais c’est vraiment difficile de pouvoir allier le championnat du monde junior sans entraînement. Je compte vraiment sur les élus ainsi que tous ceux qui sont dans le monde de la moto, pour pouvoir faire une structure en Martinique pour les générations futures ainsi que pour les pilotes actuels qui sont au championnat de France, au championnat d’Europe dont le petit Axel MARIE-LUCE ou encore Alexis MARIE-LUCE et le fils de Serge BUNOD, Emrick BUNOD. Je les félicite aussi. J’espère que l’on pourra avoir ce circuit avant que je décide de raccrocher ma combinaison. Merci à tous.

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Bonjour à tous. Merci à la CTM de nous avoir invités. Merci à tous ceux et celles qui ont pris part au programme. Je souscris totalement à ce que Monsieur BUNOD a dit. Il a bien brossé le panoramique de la moto depuis son existence et c’est vrai qu’aujourd’hui, juste pour vous rappeler la ligue en Martinique existe déjà depuis 1978 et en son sein nous avons six clubs, comme Simon JEAN-JOSEPH l’a dit tout à l’heure, avec une centaine de licenciés et 300 bénévoles qui gravitent autour.

Cette ligue se compose de 6 membres plus un médecin parce que selon les statuts, nous organisons des manifestations, comme le disait tout à l’heure, Serge BUNOD, des courses de côte. C’est vrai qu’aujourd’hui nous rencontrons quand même des difficultés sur l’état des routes, sur le nombre de manifestations à mettre en place.

Nous nous sommes axés sur trois points essentiels: tout d’abord la formation. Comme le disait Simon JEAN-JOSEPH tout à l’heure, nous avons déjà une formation qui existe depuis plus d’une décennie. Avant il fallait partir pour pouvoir se former, aujourd’hui nous avons deux formateurs officiels pouvant assurer la formation tant bien les commissaires de course ainsi que les commissaires techniques et les chronométreurs. Assurer aussi la partie, je dirais, guidance c’est-à-dire qu’au niveau des enfants nous faisons ce que l’on appelle «les guidons» en fonction de leur niveau et nous assurons aussi pour l’UFOLEP. Il y a une bonne synergie parce qu’aujourd’hui il faut savoir que pour pouvoir pratiquer dans les compétitions, il faut avoir ce que l’on appelle un CASM, un certificat d’aptitude au sport motocycliste. Nous faisons passer cela. C’est le premier point, un point sur la formation.

Le deuxième point qui nous paraissait essentiel, c’est aussi sur la sécurité routière. On ne peut parler de sécurité routière si nous ne parlons pas d’éducation

routière aussi, nous avons au sein de la ligue ce volet qui nous paraît essentiel. Nous avons un référent qui est Lyvann LUCHEL qui, comme on le voit sur les photos, travaille avec les écoles depuis déjà 4 ans. On se déplace avec un système itinérant avec les motos pour pouvoir permettre à ces jeunes de toucher de près à la sécurité avec des conseils et on a remarqué qu’il était préférable qu’un jeune puisse parler à un autre jeune. C’est vrai que la relation était plus interactive car les jeunes étaient plus réactifs.

Le troisième point qui nous paraissait essentiel c’est la compétition. Comme le disait Lyvann, nous avons beaucoup de parents qui font beaucoup de bonnes choses. Je vois Dimitry qui est dans la salle qui a créé son club et aujourd’hui, il y a son fils, il y a d’autres enfants encore. Je voudrais vous demander d’applaudir les parents qui sont des bénévoles.

Aujourd’hui, la Martinique est un vrai laboratoire de champions. Comme le disait tout à l’heure Serge BUNOD et Simon JEAN-JOSEPH, le panel de champions que nous avons eu, on est peut-être pas sur le quantitatif mais on est vraiment sur le qualitatif. Aujourd’hui nous voyons qu’avec tous nos champions qui sont déjà passés, que ce soit en automobile ou en moto: la Martinique produit de vrais champions.

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Aujourd’hui nous avons d’autres champions. Lyvann LUCHEL fait partie maintenant du haut niveau de la Fédération française et sans compter les autres. Je crois qu’aujourd’hui c’est une très bonne chose. C’est vrai que l’on pourrait parler pendant des heures mais aujourd’hui il est vraiment temps. On veut se dire, on veut croire qu’il y aura une volonté forte de tout un chacun pour qu’il y ait vraiment un circuit et que la moto puisse gagner dans toute sa splendeur et dans toute sa plénitude pour que vraiment la Martinique puisse rayonner au plus haut niveau c’est-à-dire au mondial, en Europe, en national et je veux vraiment saluer le travail que vous faites et vraiment croire que nous allons mettre les petits pas dans les grands pour enfin avoir un circuit en Martinique. Merci à vous tous.

Louis BOUTRIN

Comme l’a dit Simon JEAN-JOSEPH tout à l’heure, il sera la semaine prochaine au Rallye MRT organisé sur Sainte-Marie.

Comme nous sommes au salut, je voudrais saluer la présence de Marie-France TOUL qui est vice-Présidente de l’Assemblée de Martinique. Madame TOUL, mettezvous debout que l’on vous voie.

Une petite demande du collègue NARCISSOT. C’est vrai que vous êtes très nombreux en sports mécaniques ce matin, ceux du sport santé qui étaient également très nombreux sont partis, ne faites pas comme eux, restez pour la dernière thématique concernant la voile. Merci d’avance.

Échanges/Débats

Grégory PASTOUR

Organisateur du Speed Run Mada

Bonjour. Gregory PASTOUR, organisateur du Speed Run Mada, première course d’accélération en Martinique qui a eu lieu à Basse-Pointe.

J’ai bien entendu le bilan que Simon JEAN-JOSEPH a fait ainsi que Monsieur BUNOD. Aujourd’hui, je crois que le constat est clair: nous avons besoin d’infrastructures. Pour avoir pris plus d’un an pour mettre en place le run automobile, je suis bien placé pour dire que c’est très difficile pour mettre en place une mani-

festation sportive et surtout le sport mécanique puisque l’on doit utiliser les infrastructures routières. A l’heure actuelle, c’est très compliqué. Cela devient de plus en plus compliqué surtout avec le nouveau texte de loi qui sort et surtout l’approbation des services des routes et autres, même les institutions, pour pouvoir valider ne serait-ce qu’une Commission Départementale de Sécurité Routière (CDSR).

D’ailleurs, là aussi je vais tirer mon chapeau et je vais vous demander aussi d’applaudir les ASA. Toutes les deux semaines, nous devions, par exemple, nous présenter en CDSR avec les représentants de la préfecture et les différentes institutions pour valider les tronçons de route que nous allions utiliser pour une journée. Il ne faut pas oublier non plus que ce sont des bénévoles. C’est une journée pratiquement perdue pour chaque personne qui se présente.

Je pense que la Collectivité territoriale de Martinique a bien entendu: nous avons besoin d’infrastructures. Aujourd’hui, je vais demander aussi à tout le staff et tous les pilotes du Speed Run Mada qui sont venus avec moi de se mettre debout.

C’est une petite partie des personnes qui ont contribué à la réussite du Speed Run Mada avec l’ASA Martinique. Pour une première manifestation en Martinique, c’était plus de 25000 personnes. Mais cela n’a pas été sans peine, c’est grâce d’abord à l’ASAM qui a bien travaillé la partie administrative avec nous, mais c’était très lourd aussi financièrement, sans accompagnement. C’est grâce aussi à des partenaires qui se sont tous positionnés parce qu’ils ont cru au projet et qu’ils ont surtout envie de voir avancer le pays parce qu’aujourd’hui quand on entend la gendarmerie ou que l’on voit des articles qui sortent sur des tirages sauvages, la course d’accélération c’est une alternative pour réduire ces tirages sauvages et aussi ces accidents qui font que beaucoup de familles perdent un membre ou plusieurs des fois. Aujourd’hui, je pense que le projet Speed Run Mada est un projet durable qui s’inscrit dans une politique de créer, d’amener un projet pour pouvoir mettre un circuit en place. Je pense que les ASA ont aussi bien bossé sur toute la partie courses de côte et rallyes parce que là aussi c’est quelque chose de très lourd. On a besoin d’accompagnement aussi bien financier que technique de la Collectivité pour pouvoir permettre la réalisation de ces manifestations qui aujourd’hui,

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au fur et à mesure, permet de ramener un public très chaleureux que l’on avait perdu depuis plus d’une dizaine d’années et qui revient au sport automobile. Merci.

José MANGATALE

Bonjour. José MANGATALE. Bonjour à tous les élus. Merci de cette invitation à être parmi vous. Bonjour aussi à tous les représentants de sport automobile et autres. Je vais me présenter. En créant le sport automobile en novembre1978, comme copilote, j’avais quand même une certaine expérience. Dans un Comité de 1981 à 2013. Président de l’ASAM pendant 20 ans (de 1992 à 2013), j’ai dû abandonner la présidence parce qu’il y avait un conflit avec une nouvelle profession, médiateur professionnel, on ne peut pas être dans l’apaisement relationnel et entrer en guerre avec les autres. Ce n’est pas possible. Toujours commissaire sportif mais surtout, depuis la création de la liaison administrative des sports automobiles avec la France, je suis représentant de la Fédération française de sport automobile en Martinique et du Comité régional. Merci à Simon JEAN-JOSEPH de la présentation qu’il a faite du projet qui est indispensable. C’est un projet qui avait déjà vu le jour avec le Président MARIE-JEANNE, avec le projet de Château Gaillard. J’ai tout le dossier. On a une base qui est quand même assez intéressante.

Pour reprendre un peu ce qu’a dit Serge BUNOD et Thierry LUCHEL sur nos besoins, je suis à votre disposition pour cela.

Grégory PASTOUR, tu étais peut-être encore au lycée mais il y a eu un première run d’autoroute, il y a quelques années, mais c’est bien d’avoir essayé. 8000à 12000 spectateurs…

Grégory PASTOUR 25000!

José MANGATALE

C’est le côté un peu marseillais que nous avons! Mais ayant été dans l’organisation pendant quelques années, l’évaluation des spectateurs nous sommes un peu habitué. Je voudrais quand même faire remarquer que ce circuit nous en avons besoin: besoin pour les sports (auto, moto, karting, radiocommandé) c’est nécessaire. Vous voyez l’émotion, je ne suis pas parkinsonien mais je tremble un petit peu parce que je suis bien content d’être là. Mais nous ne devons pas rentrer en compétition avec la Barbade. Loin de là. Eux, ils savent faire dans leur domaine et ils le font très bien. Ce qu’il nous faut, c’est un circuit qui, avait déjà, avec Château Gaillard, une certaine résonance puisque les Jamaïcains étaient prêts à venir le louer pour pouvoir mettre leurs véhicules au point. Les Trinidadiens étaient également prêts à venir.

Nous en avons besoin aussi pour la sécurité des Martiniquais. Le côté école, le côté développement, le côté sportif a été développé mais pas celui de la sécurité. Combien d’entre vous savent quand ils rentrent dans un virage à droite et qu’il y a une coulée d’eau qui traverse la route ou des gravillons ou un camion qui a laissé tomber du sable, si la voiture glisse dans le virage à droite: qu’est-ce que vous faites? Cela s’appelle la maîtrise de volant. Simon (JEAN-JOSEPH) a un petit peu aussi survolé ce domaine. Maîtrise de volant: qu’est-ce que vous faites? Si vous freinez, vous aller prendre la voiture qui arrive en face. Il y a toute une pratique que le moniteur d’auto-école demande pour avoir la maîtrise du volant: quelles réactions à avoir dans ce cas là? C’est la sécurité de tous les jours.

Vous avez aussi le côté sécurité, pas de tous les jours mais presque. Tous ces tirages sauvages. Certains sites ont été nommés. J’en connais au moins 6 pour la voiture. Je ne vais pas les nommer. Mais ils le font souvent sur route sans aucune sécurité. On entend parler d’accident. Pour la moto, pani tol, c’est la peau qui est à terre. Pour la voiture, nos amis sont plus

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prudents. S’ils font un accident, il y a trois ou quatre dépanneuses dans le coin, on emmène la voiture et le lendemain on fait la déclaration que l’on a fait un accident 50km plus loin, comme cela, votre assurance tous risques va fonctionner, puisque l’on n’a pas le droit de faire de compétition avec.

Par contre, lorsque l’on est sur route ouverte, on crée le danger pour les autres ou encore pour tous ces spectateurs qui sont sur le bord des routes. Il y a eu quelques accidents l’année dernière, un cette année où des spectateurs ont été blessés parce que les normes de sécurité ne sont pas bien appliquées.

Cette sécurité de l’usager de la route, nous devons la mettre en place. L’urgence pour nous c’est d’avoir cette piste de 416 mètres pour faire du run parce que c’est là que les jeunes pourront se défouler. C’est une nécessité. Auto et moto. C’est 416 mètres pour la moto et 400 mètres pour la voiture. Il nous faut donc 416 mètres. Cela s’appelle une piste de run. Pourquoi 416 mètres? 200 mètres d’accélération et 216 mètres réclamés par la FFM pour le freinage. Le minimum serait d’avoir cette piste-là, pour sécuriser les gens sur la route que ce soit au Morne des Esses ou bien d’autres endroits en Martinique parce que la population est en danger le vendredi, le samedi soir à cause de ces tirages sauvages. C’est une urgence.

Le deuxième, c’est arriver à avoir ce circuit que l’on peut définir ensemble pour auto, moto, karting, etc. sous l’encadrement d’un chef de projet. Pourquoi pas. Comme le disait Monsieur le représentant BOUTRIN, à l’époque, avec Monsieur MARIE-JEANNE, on avait mené ce sujet jusqu’au bout avec toutes les autorisations,avec toutes les fiches de terrain, avec les fonds européens. Les travaux devaient commencer et il y a eu un petit couac. J’espère qu’il ne va pas se

présenter de la même manière puisque la réalisation était possible et à mener au bout. On sait faire cela en Martinique. On peut le faire mais surtout pensons à l’urgence de cette piste de 416 mètres pour la sécurité de tous. Merci.

Louis BOUTRIN

Faites des interventions courtes. On pourra ainsi multiplier les interventions.

Clément MARIE, Président de l’ASA Tropic Je vous rassure, je ne serai pas long. Bonjour à tous, merci pour votre excellente initiative. Clément MARIE, Président de l’ASA Tropic. Je profite pour m’excuser pour les autres fois car je suis aussi dans le domaine associatif et je n’ai pas pu assister à vos débats. Je voudrais simplement dire, parce que j’ai entendu parler de 1978 et je confirme que je suis aujourd’hui le licencié le plus ancien dans le sport automobile puisque j’ai été licencié en 1977.

Et je suis toujours présent! L’ASAM a été créé en 1976. Ton dossier était vraiment bien. Tu es consultant mais c’est vrai que tu n’as pas eu le temps de mettre tout ce qui s’est passé mais je crois tout de même qu’il est important de rappeler cela. 1976: création de l’ASAM. 1982: création de l’ASA Tropic. Un groupe d’amis qui n’étaient pas contents de comment cela se passait. Aujourd'hui 2 associations: une qui est partenaire et l’autre qui a 34 ans et qui font ce qu’ils peuvent pour pouvoir faire fonctionner le sport automobile.

C’est vrai que l’on a besoin de circuits, c’est vrai que l’on a besoin d’infrastructures qui sont, à mon avis, nécessaires mais il n’y a pas que ça. On a besoin aussi d’éléments techniques: de chronos, de panneaux pour pouvoir répondre à toutes les contraintes qui nous sont imposées depuis deux ans par les règles de la FFSA à savoir les RTSR (règles techniques de sécurité routière). On a besoin aussi de financements pour le sport automobile afin d’avancer.

Je ne veux pas être trop long, mais il y a vraiment, à mon avis, un vrai débat à faire et ce que je vais dire servira pour le karting, pour la moto. On peut associer tous les sports.

Je crois qu’il est vraiment très important puisque l’on ne va pas pouvoir vraiment débattre de toute la problématique des sports mécaniques aujourd’hui,

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avec votre autorisation, que l’on puisse se rencontrer à nouveau, les sports mécaniques, de manière à pouvoir faire évoluer cette volonté que vous avez de nous aider et surtout d’aider les associations. Je voudrais profiter aujourd’hui pour remercier tous ces bénévoles qui sont, au quotidien, à nos côtés, auprès des associations, qui œuvrent pour le bien du sport en Martinique. Merci.

Un participant Bonjour. Je pratique la course de côte depuis 2005. On rencontre beaucoup de problèmes déjà au niveau des routes qui ne sont jamais correctement réparées, que ce soit pour des tirages ou autres, c’est très dangereux pour nous. Par exemple, la route de Sainte-Marie, en course de côte, nous sommes déjà en retard pour la faire. Pourquoi? Parce que depuis l’an dernier ou deux ans, on demande de refaire la première portion mais rien n’est fait. On commence à perdre patience et à un moment donné, on ne pourra rien faire et on va raccrocher les combinaisons.

Louis BOUTRIN

Il y a quelqu’un qui est en train de sourire tout en haut avec un T-shirt bleu, avec des lunettes. Regardez-le. C’est lui Monsieur SIDIBE, Directeur général adjoint qui s’occupe des infrastructures et des routes. Redites cela bien fort. Comment sont les routes?

Quelqu’un dans l’assemblée Rafistolées!

Un participant

On voudrait savoir déjà pour Sainte-Marie, si cela se fera sous peu. Il faut vraiment que nous ayons une piste pour essayer les machines au lieu que nous allions sur les routes pour les essayer. C’est un manque de sérieux, mais on n’a pas le choix.

Louis BOUTRIN

Est-ce que l’on peut donner à Monsieur SIDIBE le micro, quelques secondes. Merci. Je suis curieux d’entendre sa réponse.

Yves SIDIBE

DGA chargé des routes et infrastructures, CTM Déjà je suis sous contrôle, je ne suis qu’un administratif de la CTM.

Louis BOUTRIN

Le judo c’était tout à l’heure!

Yves SIDIBE

Deux choses. La première c’est rassurer tout le monde de l’implication des services techniques. Je rappelle que nous avons, dans les services, un certain nombre de jeunes techniciens ou ingénieurs qui sont passionnés par l’automobile. Certains d’entre eux ont même participé à des compétitions. Indiquer que nous sommes systématiquement partie prenante des réunions à la préfecture et nous n’avons pas de mal à solliciter des collaborateurs puisqu’ils sont passionnés. Mais terminer en disant que nous ne réalisons qu’en fonction des dotations financières que nous avons et là, je me tourne vers les élus…

Louis BOUTRIN

Le conseiller exécutif en charge du budget et de la programmation budgétaire, Monsieur Miguel LAVENTURE est également présent. Il ne savait pas ce qui l’attendait! Responsable de la sécurité routière également, à l’époque c’était sa mission à la préfecture.

Yves SIDIBE

Par contre, une observation suite à l’intervention de Simon JEAN-JOSEPH. Il est vrai que les jeunes sont particulièrement intéressés par l’automobile. Je crois que 20% de l’activité mondiale tourne autour de l’automobile. Il est clair qu’il y a là un vecteur de formation et de métiers. On parle beaucoup des pilotes mais il y a aussi tout ce qui est mécanique automobile, mécanicien, etc. Là il doit y avoir des retombées y compris à l’international.

J’ai une question à poser aux spécialistes de l’automobile. Faire un circuit, c’est vrai que c’est certainement l’avenir à moyen ou à long terme. Par contre, on sait qu’il y a un gros problème, c’est le problème du foncier. J’aimerais bien entendre les spécialistes sur l’utilisation des voiries

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Samedi 23juillet 2016 Les sports mécaniques
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Samedi 23juillet 2016 Les sports mécaniques

actuelles, quitte à ce que celles-ci fassent l’objet d’un aménagement et d’un partage parce que nous sommes quand même à une époque du développement durable, des agendas 21 et il faut que nous apprenions à partager les équipements publics de manière à faciliter leur mise en place. C’est vrai pour les bibliothèques. Les bibliothèques dans les collèges doivent servir, en dehors des périodes scolaires, aux associations, etc. C’est vrai pour les plateaux sportifs toujours dans les établissements scolaires qui doivent pouvoir servir, en dehors des périodes scolaires, aux quartiers, etc. Cela doit être vrai aussi pour la voirie, c’est-à-dire, peut-on imaginer des circuits automobiles ou motos à partir de voiries qui existent, quitte à ce qu’elles soient aménagées et sécurisées et qu’elles puissent être utilisées deux ou trois fois par an avec, j’allais dire, l’accord des riverains, etc.?

Il y a quelques exemples notamment des exemples connus: le circuit de Monaco, il y a eu une course récente de formules électriques à Paris. J’avais demandé à l’un de mes collaborateurs, qui justement est passionné par le sport automobile, de me faire une proposition de boucle de circuit. Nous en avons fait un certain nombre pour le cyclisme. Pour le cyclisme c’est certainement plus facile parce que les nuisances au moins sonores et les vitesses sont plus faibles. J’aimerais avoir des réponses sur ce sujet.

Pour l’état du réseau routier, je pense que la volonté des élus, mais ce n’est pas à moi de le dire, est bien là: c’est écouter le monde sportif et les services appliqueront comme ils l’ont toujours fait, les décisions qui seront prises par les élus étant entendu que dans le domaine de l’aménagement des routes, le nerf comme toujours, ce sont les finances.

Louis BOUTRIN

Le nerf veut dire deux mots!

Miguel LAVENTURE

Conseiller exécutif chargé des Finances, des Fonds européens et du Tourisme, CTM Bonjour Je suis Miguel LAVENTURE. Je ne suis pas le nerf. Je suis venu ici car je pense qu’il est indispensable pour les responsables de la CTM de participer aux manifestations organisées par la CTM. Je suis venu ici pour entendre, je n’avais absolument pas prévu d’intervenir parce qu’il est prévu que j’intervienne samedi prochain. Ce sera donc l’occasion pour moi de dire à tous ceux qui veulent entendre et participer aux débats sur le financement du sport, puisque c’est la

thématique de samedi prochain, qu’ils seront non seulement les bienvenus, mais qu’ils sont véritablement attendus samedi prochain à 8h30. On va commencer par ce thème-là, donc n’arrivez pas à 11h30, pour que nous puissions réfléchir ensemble à cette problématique du financement du sport.

Je veux juste dire, par rapport aux éléments qui ont été évoqués, pas à l’instant seulement mais sur un plan global, deux choses. La première c’est que la rareté du financement c’est la donne absolue pour chacun, à titre individuel (personne ne fait toute la dépense qu’il souhaite à titre privé parce qu’il n’a pas tous les moyens qu’il souhaite), mais c’est vrai aussi à titre public que ce soit pour notre Collectivité, pour une commune, pour la nation, pour l’Europe sur tous les plans. Il faut en matière de finances, faire des choix et je souhaite que chacun ait bien cela présent à l’esprit lorsque nous allons tous nous retrouver samedi prochain à 8h30. Deuxième élément, pour faciliter les choix, il faut combiner les usages. Monsieur SIDIBE vient d’ouvrir une perspective. Combiner les usages cela veut dire qu’effectivement l’usage principal peut s’accommoder d’un usage complémentaire, secondaire, accessoire, occasionnel, comme vous voulez mais il faut, de plus en plus, que nous vivions avec l’idée qu’il n’y aura pas nécessairement des usages exclusifs. S’agissant des sports mécaniques, il y aura notamment à intégrer le fait que les usages ne peuvent pas être non plus, en termes exclusifs concernant les usagers. Cela veut dire que oui le sport automobile doit faire la place au sport mécanique qui est la moto, au sport mécanique qui est le karting et aux autres formes de sports qui nécessitent une surface sur laquelle on circule et que les organisations qui sont représentatives de ces usagers-là doivent fonctionner de manière combinée, fédérée, mutualisée et en tout cas, pas exclusive. Je veux juste donner ces deux éléments-là parce qu’évidemment ils vont figurer dans les références méthodologiques auxquelles nous allons faire allusion dans l’intervention qui est prévue mais que je veux, encore une fois, vous motiver à venir entendre samedi prochain à 8h30 ici même. Merci beaucoup.

Éric MARIE CALIXTE

Bonjour. J’ai demandé le micro parce que ça va un peu nous rapprocher de ce que le médecin disait tout à l’heure et ce que Miguel LAVENTURE vient de dire. J’ai eu la chance de rencontrer un grand maître des échecs, le Directeur technique de notre club d’échec.

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Je lui demandais pourquoi c’était les pays de l’Est qui avaient les meilleurs joueurs et le plus grand nombre de grands maîtres. Il m’expliquait que c’était parce que le Gouvernement n’avait pas d’argent pour offrir des terrains de football. Ils se sont donc adaptés: ils ont offert un jeu d’échecs à chaque enfant. Ils ont mené une politique très spéciale leur permettant d’exister, leur permettant de paraître autour du jeu d’échecs ce qui fait qu’ils sont arrivés à ce résultat.

On a parlé de sports mécaniques. Je ne sais pas si les sports mécaniques en mer devaient rejoindre les sports mécaniques aujourd’hui mais le médecin a dit quelque chose de très important: nous sommes sur une île, autour il y a de l’eau. La différence qu’il fait entre la moto et l’eau, puisque je me suis demandé aussi pourquoi j’étais sur une moto. C’est parce que je pouvais être vu, parce qu’il y avait des filles, parce que cela faisait du bruit, parce que… Maintenant si je pars sur la mer, personne ne me voit. Qu’est ce qui fait que l’on va vers telle activité par rapport à telle autre? Est-ce que le fait d’être sur une île ne devrait pas être la chose la première qui devrait nous permettre de faire des activités qui correspondent, puisque ce que nous recherchons c’est du paraître. Je ne sais pas si le terme est exact. Permettre aux jeunes, permettre à toutes ces personnes d’exister sur une île avec de l’eau. Ayant été à l’initiative de cours de moto, je suis un peu embêté de dire cela mais je crois que l’eau serait peut-être une très bonne solution.

Louis BOUTRIN

Cela s’appelle noyer le sujet.

Louis BOUTRIN

On va mettre les voiles!

Robert MARAJO

Je voudrais faire un petit intermède pendant qu’il se prépare. Je vous signale qu’il y a des championnats de France de natation actuellement à Amiens et hier, vendredi, le jeune Julien BEROL du Longvilliers Club du Lamentin a été vice-champion de France au 50m nage libre en 24’66.

On vient de m’envoyer une autre information que je viens de recevoir. Le même Julien BEROL au 100m nage libre aujourd'hui est vice-champion de France à nouveau. Je vous rappelle qu’il n’a que 15 ans. Dans la même finale, il y a un deuxième Martiniquais, il s’agit de Heindrick CHAMPROBERT de Schoelcher Natation 2000 qui sort en 4e position en 54’06. Vous voyez bien que notre jeunesse est là. Elle a plein de possibilités.

Louis BOUTRIN

Oui, je voudrais saluer la présence d’Arnaud GODARTPHILIPPE, skipper du voilier Figaro qui est engagé dans la régate «le Solitaire du Figaro» et qui est à l’origine avec Éric BARAY du projet «Destination Voile». Bay an lanmen.

Un participant Éric BARAY est présent.

Louis BOUTRIN Bay an lanmen.

Jean TRUDO

Nous avons les deux personnes à l’origine de ce projet fabuleux dont on va peut-être parler tout à l’heure.

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Jean TRUDO

Ancien Président de la ligue de voile de Martinique Secrétaire général du Yacht Club de Martinique

Bonjour à toutes et à tous, Je voudrais avant tout remercier Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif en charge des sports à la CTM, Marius NARCISSOT, Président de la Commission sport de la CTM et il n’est malheureusement pas présent avec nous aujourd’hui, Monsieur le Député Jean-Philippe NILOR.

Marius NARCISSOT

Juste une précision, Jean-Philippe NILOR n’est pas là mais il a demandé à son attachée parlementaire, Christine LERANDY, d’être présente.

Jean TRUDO

Merci de me donner l’occasion de parler de ce que nous aimons tous et de ce qui me passionne. Ensuite, puisque l’occasion m’en est donnée, je voudrais remercier particulièrement Viviane CAPGRAS, Francette CASSIOU et leur équipe, depuis si longtemps au service du sport martiniquais. Enfin, celles et ceux par qui les informations fournies m’ont permis de vous présenter ce matin un aperçu des sports nautiques et qu’ils me pardonnent si j’ai dû réduire certaines de leurs contributions afin de rester dans le temps imparti. Vous comprendrez pourquoi tout à l’heure.

Je n’oublie pas dans mes remerciements Madame Lauren LABINSKY du service communication de la CTM qui m’a beaucoup aidé sur les diapos. Comme vous devez le savoir ce n’est pas ma génération.

Voilà la question: savez-vous quel est le plus grand stade du monde? Quelle est la réponse?

L’assemblée La mer.

Jean TRUDO

Vous avez raison, c’est le plus grand stade du monde. Les 11 sports nautiques dont je vais vous parler utilisent tous ce stade, j’ai nommé: la mer.

Quels sont les points communs à tous ces sports nautiques?

Premièrement leur implication dans le secteur économique de notre île. J’en veux pour preuve le nombre important de professionnels de la filière nautique qu’il s’agisse de vente, location, maintenance de voiliers, de bateaux moteur, de scooters des mers, de la vente d’accessoires, d’activités payantes des clubs de plongée, du kitesurf ou du management de marinas et de ports de plaisance.

Deuxièmement, autre point commun, la forte implication des bénévoles dans le fonctionnement des associations et des clubs en rapport avec le nautisme.

Troisièmement, la qualité d’ambassadeur de la Martinique de ces acteurs nautiques dans le monde.

Et quatrièmement, un point non négligeable, l’intégration caribéenne. Pour rappel, depuis le début des années soixante, la voile martiniquaise est représentée au sein de l’instance caribéenne de voile autrefois nommé la West Indies Yachting Association, devenue

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depuis la Caribbean Sailing Association, organisme qui regroupe les pays de l’arc caribéen, des Bahamas au Venezuela.

Nous ne parlerons pas cette fois-là de certaines disciplines utilisant également la mer comme support, soit trop nouvelles, soit trop peu développées. On a en premier le Paddle - ce n’est pas moi qui ai choisi la photo!

J’avais raison de le préciser. Le flyboard, le bodyboard ou encore le jet surf et le rafting. Certaines de ces disciplines sont bien sûres pratiquées en Martinique mais je dirais presque à l’état des balbutiements. Le rafting on en fait un petit peu dans nos rivières mais pas sur les mêmes supports, sur des supports un peu plus petits. Nous n’évoquons pas non plus l’aviron,discipline par laquelle je pensais commencer mon propos en vous racontant les luttes fratricides intervenues par le passé entre les champions de régate en aviron, les gommiers de Saint-Pierre «Frappez des ailes» de Schœlcher, et «renouveau» du Carbet. Je laisserai le soin à mon ami Président de la ligue d’aviron, Willy HABRAN, qui doit intervenir à la suite à cette présentation des sports nautiques que je vous ai préparée.

On commence par le premier sport: le canoë-kayak. Comité régional présidé par Monsieur Laurent EDMOND. 4 clubs affiliés pour un total de 196 licenciés.Depuis

2011, les jeunes de l’élite régionale se classent sur les podiums du championnat de France égalementlors des courses de niveau international, style manche de coupe du monde.

Les principales problématiques rencontrées: difficultés de financement des déplacements en Guadeloupe et dans la Caraïbe, difficultés d’acquisition de matériel volumineux en provenance de l’Afrique du Sud, problèmes sanitaires sur certains espaces (vers de chien), non-affiliation des clubs de voile à la Fédération française de canoë-kayak alors que bon nombre de ces clubs proposent des prestations avec le support canoë-kayak.

Parmi les suggestions - c’est pour cela que je vous ai dit que j’ai dû réduire parce qu’il y en a beaucoup mais je vais les transférer à l’exécutif en temps voulu: serait-il possible de passer régulièrement un motoculteur au moins sur les plages les plus fréquentées?

Ensuite, nous passons au handisport. Nous avons eu une très belle présentation de notre ami PANCALDI, la semaine dernière qui est le Président de cette association. Daniel LORTO est le Conseiller d’animations sportives et aussi le référent sport santé handicap à la DJSCS et Jocelyn NIENAT en est le CTR. Il existe, à ma connaissance, peu de bases nautiques en Martinique pouvant recevoir et mettre en place des activités pour les personnes en situation de handicap. Le club nautique le Neptune au Lamentin est la seule

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base conforme avec des vestiaires et des toilettes adaptées, un ponton et une chaise de mise à l’eau que vous pouvez voir sur notre écran. Le club compte 15 licenciés Fédération Française handisports et possède 6 bateaux mini Ji et 6 kayaks. C’est pour l’instant la seule structure à proposer l’handi-voile dans des conditions optimales en Martinique. Le référent handi-voile du club est Jacky LAMBLE.

Le mini Ji, c’est un petit quillard de 3,65 mètres de long, inchavirable et insubmersible qui pèse 50kg. Il est adapté pour les personnes en situation de handicap. Il est piloté par un palonnier ou un volant offrant une assise confortable. Il offre de vives sensations au pilote logé dans le siège baquet. Une fois l’embarquement effectué, les personnes valides aussi bien que les personnes en situation de handicap physique ou sensoriel deviennent des navigateurs à part entière. Cependant, même si certaines bases nautiques ne sont pas entièrement accessibles, il est possible malgré tout de réaliser certaines activités avec un public en situation de handicap. Pour preuve les activités menées au Robert avec des jeunes déficients visuels et auditifs, sur la base de Californie. Le kayak est donné pour tous types de handicaps et au Marin, initiation à la yole.

Au niveau des activités aquatiques en elles-mêmes, la voile, kayak, l’aviron, le kitesurf, le surf, toutes ces activités peuvent être pratiquées par des personnes en situation de handicap avec des adaptations minimes, personnalisées. Un club est en cours d’affiliation, il s’agit du West Indies Pro Kayak basé à Californie.

Nous changeons de discipline, nous passons au kitesurf. La ligue de kitesurf est peu active mais deux associations existent dont deux fonctionnent bien: la Rid’in Matnik présidé par Mathieu LAMATY et le Cap Kite. 9 écoles sont affiliées à la Fédération française de vol libre pour 117 licences annuelles. Concernant les difficultés rencontrées, elles portent surtout sur les infrastructures de sécurité autour de la pratique de ce sport sur les plages. Sur le site de Cap Chevalier, par exemple, aucun chenal, aucune bouée ne sépare la zone de bain de la zone de navigation. À la Pointe Faula sur la commune du Vauclin, c’est l’association Rid’in Matnik, qui avec ses propres moyens, a dû mettre en place, les bouées qui délimitent les zones pour la sécurité des baigneurs. Ce phénomène accentue la fausse mauvaise réputation autour du kitesurf et a tendance à crisper les relations entre grand public et pratiquants. Le Madinina Kite Master a lieu tous les ans et sera au calendrier du Comité martiniquais du tourisme.

Nous passons à présent au motonautisme, les scooters des mers. On n’est pas là pour se fâcher, on est là pour se dire quelques vérités. J’ai sollicité toutes les associations qui pratiquent le motonautisme en Martinique et je n’ai eu qu’une réponse. Cela ne me gêne pas trop dans la mesure où ses préoccupations rejoignent celles des autres associations. L’association Jet Attitude est présidée par David DIMBOUR.

Deux clubs affiliés et un autre non affilié à la Fédération française de motonautisme. Nombre de licenciés: une trentaine. En revanche, près de 500 propriétaires de VNM, véhicules nautiques motorisés, sur l’île. Il y a encore de la marge pour le recrutement.

La problématique de la discipline c’est la problématique des autres clubs. On en a sélectionné une ou deux: obtenir pour la Martinique et par l’entremise de nos parlementaires, un plafonnement raisonnable de la taxe véhicules nautiques motorisés pour tous les jets ski - qui est le nom commercial - achetés et immatriculés en Martinique.

Jet Attitude possède déjà un terrain et dispose d’une AOT, autorisation d’occupation temporaire. Ce terrain ne peut être utilisé par manque de moyens alors que la Martinique compte plus de 500 propriétaires de jet ski, comme je vous l’ai dit, qui pratiquent leur activité sans aucune infrastructure ni encadrement.

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Suggestions: la création d’espaces de mise à l’eau aiderait à faire de nos eaux un véritable terrain de jeu motonautique pour nos Martiniquais et inciter les Européens et Canadiens et nord-américains à venir à la Martinique pratiquer l’activité de jet ski, en achetant en prime, leur engin localement fort d’une détaxe réduite ou inexistante. À terme, former des jeunes notamment au lycée professionnel du Marin, au métier de moniteur VNM jusqu’à la création d’un circuit touristique sur un principe calendaire permettant à des touristes de venir découvrir le littoral en scooter des mers.

La Martinik Cup, puisque l’on parle de grandes manifestations, vieille déjà de 7 ans, a permis de constituer un réseau mondial de fans et de pratiquants de jet ski. La manifestation phare c’est la Martinik Cup qui est désormais positionnée le week-end du 11novembre pour laquelle cette année, plus de 40 pilotes dont 27 pilotes venus de l’extérieur seront en Martinique.

Pour 2017-2018, dans la continuité des démarches, suite à la participation de nos meilleurs pilotes au championnat du monde de vitesse, Jet Attitude travaille à la possibilité d’organiser une très importante manifestation mondiale.

On change de discipline, on passe à la nage en eau libre. La nage en eau libre fait divergence mais je me suis référé à la Fédération française.

Le Comité régional de natation, qui est présidé par Gabriel LORDINOT, affilié à la Fédération française de natation, dont la nage en eau libre, que certains situent en activités aquatiques et d’autres en activité nautique. Ce n’est pas l’objet du jour, je vais juste en parler rapidement. On restera général sur la ligue de natation qui inclut cette pratique. Un pôle d’entraînement sur le Carbet avec le lycée de Bellefontaine. Il y a un organisme de formation aux métiers du sport lié à la natation, situé à la Maison des sports au siège du Comité.

Concernant la nage en eau libre, 3 compétitions sont prévues en mer pour la saison 2016-2017: aux Anses d’Arlet le 9octobre, à Schœlcher le 27novembre et à Saint-Pierre/Carbet le 8janvier 2017.

Les sports subaquatiques

On parle maintenant de plongée avec une belle photo fournie par le Comité de plongée qui est présidé par

Michel TOULA. On rentre vraiment dans la connexion sport, voile, pratique et économique. 16 clubs associatifs avec 1891 licenciés et 14 structures commerciales agréées. La raison pour laquelle j’insiste sur cela, chaque fois que vous avez une activité professionnelle,il y a un moniteur, un bateau, des salariés, des revenus. Je regarde Miguel LAVENTURE, il y a un impact touristique.

Le Comité est un organe déconcentré de la Fédération Française d’Études et de Sports Sous-Marins (FFESSM) qui œuvre pour le développement des commissions et l’activité subaquatique fédérale avec un fort potentiel de développement économique pour les jeunes en particulier. Point fort pour 2017: 23e édition du Festival de l’image sous-marine en avril2017, organisation des championnats de France et du monde de nage avec palmes début juillet2017.

Le Surf

Beaucoup de mal à avoir des informations. Il y a des gens qui sont extrêmement réactifs. Il y en a dans la salle que l’on a déjà présentés. Il y a deux jeunes dont je parlerai tout à l’heure qui ont, à mon sens, construit un événement qui doit être un exemple. On peut ne pas être d’accord sur le site, on ne va pas rentrer dans cela, est-ce que Tartane est mieux que Basse-Pointe? Ce n’est pas l’objet du jour. L’objet du jour c’est la pratique de la discipline.

Trois disciplines: le surf, le bodyboard, le longboard. 200 licenciés. 3 clubs: Madinina surf Club, Zandoli Surf club et le Martinique surfing.

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Je vais m’arrêter un petit peu sur cette association qui est le club des deux Nicolas dont vous avez beaucoup entendu parler: Nicolas CLEMENTE et Nicolas URSULET avec certainement la plus belle manifestation en termes d’organisation, de couverture médiatique et de retombées touristiques dans le domaine des sports nautiques, bien entendu. Je prends toutes mes responsabilités quand je parle de cette chose-là puisque vous pouvez avoir tous les renseignements. Je vais vous donner quelques chiffres. Il y a beaucoup de présents dans la salle, pratiquement tous qui organisent des manifestations, qui savent combien il est difficile de chercher des financements ou de chercher tout simplement des retransmissions.

Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes concernant le Madinina Surf Pro qui s’est déroulé cette année à Basse-Pointe. 9 membres de l’équipe de production interne. Cela veut dire du matos pour tout filmer en interne, 3 photographes, 1 community manager, 7 journalistes de presse, 70 membres de l’équipe de Canal +Ils ne sont pas allés chercher ici - je n’ai rien contre Martinique Première, je travaille avec eux - ils sont allés loin. Lorsque vous êtes sur Canal + vous êtes sur la planète. Ils ont réussi cette performance d’aller démarcher cette société avec tout le matériel de pointe: 3 sites Internet, une chaîne dédiée, 2 web-lines consécutifs, 1 appli mobile, 5 réseaux sociaux.

D’autres chiffres: 452 publications dans 26 pays et territoires, 86% des biens et services facturés aux 71 entreprises martiniquaises sollicitées. Plus de 100 personnes employées pour 812heures de bénévolat

et 1200heures saisonnières facturées. Plus de 430 personnes hébergées en structures hôtelières et chez l’habitant dans le Nord Atlantique. Tout ceci pour un budget de 1,2million d’euros avec 60% de partenariats privés.

Monsieur le Président, on est encore loin des 20% mais on est à 40% et on a vraiment un très fort partenariat sur cette affaire.

Le triathlon

Il y a un certain nombre de disciplines qui sont des disciplines olympiques comme le triathlon. Pourquoi j’insiste sur ce mot? Vous savez pour un sportif, le Graal, le sommet ce sont les Jeux Olympiques. Cela veut dire que sur certaines disciplines (athlétisme, voile, triathlon, surf) nous avons des chances de voir de jeunes martiniquais un jour aux JO car lorsqu’ils suivent la filière normale, ils ont une chance d’arriver. Pour les autres, c’est plus difficile parce qu’ils ne sont pas en disciplines olympiques mais il est important, et le CROSMA, à son niveau a fait un bon travail de recrutement au début, c’est d’avoir des disciplines olympiques et de mettre au sein du Comité régional olympique et sportif martiniquais (CROSMA), toutes les autres disciplines affiliées, que ce soit les yoles, les gommiers ou même des disciplines comme la pêche sportive qui ne sont pas des disciplines olympiques. Mais le terme «discipline olympique» est très important pour nous. Je sais que dans le football, on forme les gens pour aller en ligue 1, mais la ligue 1, ce n’est rien à côté des Jeux Olympiques.

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On a la chance d’avoir le handisport. Leurs Jeux Olympiques, ce sont les jeux handisports qui se situent après les JO ; Mandy FRANCOIS-ELIE est passée par là. Cette année, j’espère encore que cette étoile va briller.

La ligue de triathlon existe en Martinique depuis 1989 et compte aujourd’hui une centaine de licenciés, BF4, en Martinique. Pour l’instant, c’est la ligue de Guadeloupe qui nous fournit des cadres parce que nous n’en avons pas. Une plus grande cohésion avec les comités de natation, de cyclisme et l’athlétisme pour arriver à programmer des stages ou compétitions communes, et un traitement égal par les médias.

La voile

Là aussi j’ai eu des difficultés à avoir les renseignements mais comme j’en fais un peu, depuis l’âge de 14 ans, j’ai certains éléments que j’ai pu rassembler. La ligue de voile est présidée par Yves-Michel DAUNAR. Le CTR voile est Enrico ARSENE.

Constat: la ligue qui comptait plus de 2000 licenciés, il y a quelques années n’en compte plus que 747 alors que la pratique de la voile est de plus en plus importante en Martinique. 9 clubs affiliés, 3 clubs non affiliés. Certains clubs sont représentés: le Yacht Club par son Président, je vois quelques amis du Club du Robert, de Schœlcher, du Marin. Les autres représentants n’ont pas pu venir avec nous. Une particularité sur ce club, le club de

la Martinique qui est un club foyalais qui est le seul club en association indépendante alors que les autres clubs dépendent des municipalités. Ce club est né en 1935. Il compte aujourd’hui 230 membres environ, 7 salariés à plein temps donc 2 moniteurs et 1 BEES.

La Ligue a beaucoup de projets de renaissance, pour utiliser un terme sympathique. Il y a un projet qui est en cours: le projet Martinique destination voile dont vous avez entendu parler.

Arnaud GODART-PHILIPPE, le skipper et Éric BARAY qui est quelque part par là, ont eu l’idée, il y a quelques années, en 2013 me semble-t-il, après la Bénodet, de monter un projet, c’est-à-dire de mettre 136 jeunes issus des 34 communes de l’île, âgés de 16 à 25 ans, inscrits à Pôle Emploi, à la pratique de la voile sportive et à la recherche de métiers de la mer. Je pense que nous aurons cet écrémage des 136 jeunes.

Nous allons en sortir 10 que nous allons connecter en quelque sorte avec ceux qui font de la voile, les licenciés martiniquais et ils seront envoyés dans un centre que nous avons en Bretagne qui est managé par Arnaud GODART-PHILIPPE. Nous sommes sur une préoccupation de fonds FEDER, FSE et un peu de fonds privés. Pourquoi avoir ces 10 gamins qui deviennent des skippers professionnels? Ils seront sur tout le circuit français et européen et ils auront un métier de la mer.

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Quand on parle de métiers de la mer, on sort un peu des métiers traditionnels de mécaniciens de base, de mécaniciens hors-bord et on rentre dans des métiers très compliqués à trois niveaux. Premier niveau: le métier connu, un deuxième niveau: j’en parlerai dans ma conclusion, de gens qui sont venus ici il y a une trentaine ou une quarantaine d’années et qui sont dans les métiers du nautisme et qui doivent partir à la retraite, il faudra bien les remplacer, et un troisième niveau: ces nouveaux métiers quand on parle de méga yacht, pour vous donner une idée, le mécanicien de base ce n’est pas lui qui va dans le méga yacht, parce que le méga yacht c’est un bateau de milliardaire et lorsque vous allez le voir vous y allez avec votre valise qui coûte 10000€, vous avez votre costard s’il le faut, mais vous facturez 50000€ votre prestation. On est dans un autre domaine, on va vraiment rechercher toutes ces choses-là.

Nous nous appuyons sur une partie avec le lycée professionnel du Marin. Une autre partie avec Pôle emploi et une troisième partie avec le lycée de Trinité. On va faire valoriser les diplômes que nous avons passés. On est vraiment dans une pyramide et à horizon 4 ou 5 ans, un Martiniquais, un nouvel Éric BARAY, mais qui sera sur toutes les régates en France, toutes les régates transocéaniques et qui peut entraîner dans son sillage d’autres jeunes.

Notre objectif, c’est cette pyramide, c’est de sélectionner les 10 meilleurs Martiniquais et de les mettre sur un circuit avec tout ce qui s’en suit. Nous avons quelques indications, je ne vais pas vous les détailler. Mais nous entrons en communication, nous avons commencé par le départ de la Solitaire du Figaro. On va apprendreun petit peu plus sur cette affaire.

Les gommiers

Comme je le disais à Francette, il n’y a rien de plus différent qu’un gommier et une yole. Le club de gommiers est présidé par Augustin BONBOIS, ex-Président de la ligue d’aviron. Il est revenu à ses premiers amours. 9 bénévoles. 276 licenciés. Je vous donne le nombre de licenciés de temps en temps, vous allez comprendre pourquoi, parce que le nombre de licenciés est très important. Le gommier est sans doute le bateau le plus ancien de la Caraïbe et particulièrement de la Martinique. Nos charpentiers de marine ont fait de lui un voilier de compétition. Compétition importante en 2016-2017: le trait d’union sud Sainte-Lucie en fin d’année et le trait d’union nord Dominique tant apprécié.

Les yoles rondes Fédération des yoles rondes présidée par Alain DEDE. 27 associations comptant plus de 800 licenciés. 19 grandes yoles et 21 bébés yoles. Pourquoi cette différence? Les associations ont toutes des grandes yoles mais n’ont pas toutes des bébés yoles. On est toujours dans la pratique de masse, la pratique de base, mais après, quand vous rentrez dans une dynamique différente, les 21 bébés yoles n’arrivent pas toujours à monter une structure partenariale. On est dans les 150000€200000€. C’est la raison pour laquelle le nombre d’associations de bébés yoles est plus important.

Une manifestation phare: le Tour des yoles rondes en fin juillet - début août.

En conclusion, il faut savoir que le poids du secteur nautique dans son ensemble est d’environ 63millions d’euros pour 260 entreprises. Filière relativement stable puisque 82% des salariés bénéficient de CDI et que près de 45% d’entre eux ont plus de 6 ans d’ancienneté. Par contre, la pyramide des âges est particulièrement déséquilibrée avec plus du tiers de professionnels âgés de 55 ans et plus. Ces chiffres, je les ai obtenus de la Fédération des industries nautiques.

Autres chiffres parlants: 1623 voiliers et 13669 navires à moteur immatriculés en Martinique. Des perspectives: des possibilités de travaux d’entretien, de réparation à effectuer. Ce sont des chiffres qui ont été communiqués par la Direction de la mer, anciennement Direction des Affaires Maritimes.

Les constats communs: je n’ai rien inventé, j’ai recherché plusieurs constats. On arrive toujours à peu près aux mêmes constats. Je ne vais pas vous donner le détail. Mais en tout cas, les grands constats communs à tous les sports nautiques:

• Développement insuffisant de la pratique de masse parce qu’avant d’arriver à l’élite, il faut bien démarrer quelque part.

• Mauvaise gestion

• Mauvaise organisation de la pratique

• Manque de formation - je sais que c’est le dada de Marius NARCISSOT: comment arriver à une pratique compétitive de haut niveau?

• Quelles organisations pour les événements nautiques?

• Déficit de communication pour certaines ligues et comités.

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En conclusion, avec de belles perspectives d’avenir dans un secteur en pleine croissance, les sports nautiques ne sont plus une vitrine, c’est un véritable atout économique pour la Martinique. Je rêve d’une Martinique qui, si elle se décide, peut faire de la plaisance un levier économique majeur. Je regarde Monsieur le Conseiller en charge des affaires économiques et du tourisme.

J’encourage les responsables de ligues, comités et associations affiliés à accroître leur nombre de licenciés afin de contribuer à l’augmentation du montant du CNDS, Centre national de développement du sport. Le CNDS ce sont les prélèvements sur les produits de la Française des jeux, paris sportifs et droits de retransmission des manifestations sportives au bénéfice du soutien au développement de la pratique sportive. C’est très important parce que, pour 2016, et on était sur des chiffres de licenciés de2014 et2015. Vous savez combien de CNDS à distribuer aux licenciés martiniquais? 1667137€ qui ont été distribués à un peu moins de 70000 licenciés. Lorsque j’étais au CROSMA avec Gérard LACOM, je crois que nous étions à 85000 licenciés. Cela veut dire que moins on a de licenciés, moins on a d’argent du CNDS. La Guadeloupe nous a déjà largement dépassé. On sait ce qu’il y a à faire.

Je préconise la mise en place d’une véritable passerelle parce qu’elle n’existe pas, même s’il y en a quelquesunes, entre les ligues et comités d’une part et l’UNSS, l’USEP et l’Université pour l’adhésion des jeunes à une pratique sportive car lorsqu’ils sont dans ces organismes moins de 15 ans, plus de 15 ans à l’université, après c’est la mise dans la nature. Il y a moyen de les capter et on rentre dans les associations sportives, dans le circuit «régulier».

Pour terminer, Président, je dirai que je souhaiterais la mise en place d’un Conseil nautique martiniquais composé de l’ensemble des acteurs de terrain (élus, responsables de mouvement sportif, professionnels du nautisme et du tourisme) afin de mettre en place et développer un schéma nautique martiniquais. Schéma nautique qui regrouperait tous les opérateurs nautiques, qui devrait planifier une politique de développement organisée, réfléchie et volontariste et qui devrait également déterminer les orientations et les axes de développement, tout en valorisant ce qui se fait. Je vous remercie de votre attention.

Louis BOUTRIN

Je vous propose, en attendant que l’on puisse caler le diaporama, que l’on aborde le débat sur la voile et sports nautiques.

Félix DOUTONE

Membre fondateur du Club nautique Le Neptune au Lamentin Jean TRUDO a fait un excellent développement sur l’actualité et l’avenir des sports nautiques. Mais je voudrais ajouter quelque chose de précis. Plus que le problème, plus que les solutions économiques, ce qui est important, c’est la prise en compte du comportement, de la psychologie des gens qui s’adonnent à un sport donné.

Je suis désolé d’être un peu négatif par rapport à ce qui a été dit sur la moto. Ce n’est pas négatif la moto. C’est un instrument utile, facile, pratique, qui est absolument incontournable dans la vie d’une cité. Mais le faire de façon aussi importante dans un territoire si peu pourvu en terrain, permettant ce genre de pratique: sportive, de vitesse, de concours. C’est pratiquement condamner les gens à en faire librement sur la chaussée amenée à être utilisée par tout le monde. C’est un danger. Si le sport mécanique peut permettre de garantir un comportement citoyen sur la route, banco.

L’avantage d’un sport nautique c’est que l’on maîtrise la mer, on sait quand il faut y aller. On sait qu’elle est formatrice en matière de caractère. On peut prendre l’enfant depuis le tout jeune âge, de 7 à 77 ans, même beaucoup plus tôt s’il le faut. On fait en sorte, finalement, qu’il y ait un encadrement permettant une maîtrise de l’élément marin. L’élément économique viendra, je veux bien, mais ce qui importe pour moi c’est l’éducation par la mer, par la voile. C’est l’éducation finalement à une sorte de maîtrise de l’environnement. Cela peut amener à des professions pêcheurs, mais cela nous rapproche des autres îles de cet archipel qui s’appelle la Caraïbe. Cela nous rapproche d’une culture qui initialement est la nôtre. Nous devons d’abord nous intégrer. Il faut absolument que la voile, maîtrisée par des enfants depuis le plus jeune âge, arrive à faire de nous de vrais insulaires. Or, j’ai une expérience complètement négative de ce que peut rencontrer quelqu’un qui veut vraiment créer une structure d’accueil des sports nautiques, préparation à la voile. J’ai commencé à prendre mon bâton de pèlerin en 1976, j’ai créé le

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club Neptune en 1986. J’ai eu toutes sortes d’obstacles pour arriver à ce résultat. Je veux bien que l’économie marche mais qu’elle ne mette pas de bâtons dans nos roues quand je vois un développement harmonieux du Martiniquais. J’ai eu des difficultés avec les structures administratives de l’État. J’ai pu arriver finalement à aider Monsieur GRATIEN à obtenir le désenclavement du Morne Cabri. J’ai été à l’initiative de l’Étang Z’Abricot, Conseiller municipal. C’est devenu une marina magnifique, je suis content.

Mais il est prévu dans le plan que j’avais proposé au Conseil municipal, une structure, un espace pour une école de voile, pour les formations. Dans la CACEM, il y a quoi? Le Club de Schœlcher qui est d’abord privé et qui heureusement s’est municipalisé. De l’autre côté, à l’ouest, il y a le club nautique Le Neptune que j’ai fait municipaliser. Au milieu, il y a Fort-de-France. Au nord, il y a Saint Joseph. Ce n’est pas sur la rivière blanche que l’on va former des gens qui ont la maîtrise de la mer. Il y a à Fort-de-France une absence totale de maîtrise de structures de formation par enseignant de voile. Je le dis avec beaucoup d’émotion parce que j’ai derrière moi une expérience négative de ce que peut être finalement une démarche pour ouvrir l’océan, la mer aux jeunes Martiniquais.

L’appel que je fais aujourd’hui. J’ai assisté à toutes les séances parce que toutes les séances avaient un rôle à jouer dans l’ouverture de cette mer aux enfants martiniquais. Nous devons être Martiniquais d’abord dans un environnement marin, puis Antillais, après on est français si on veut, on va régater ailleurs, je suis pour. On aura réussi. Ce sera la consécration. Mais d’abord, la culture est à développer depuis le plus jeune âge pour que les enfants n’aient pas cet attrait, qui est normal… Moi j’aime la vitesse, j’ai déjà fait des vitesses incroyables avec ma BMW. Il n’y avait pas de radar. Mais on ne peut pas se lâcher, on ne peut pas se libérer sur la route. C’est faux.

Autrement dit, pour être vraiment collectivement soudés sur un projet qui aura forcément des prolongements économiques, il faut vraiment qu’il y ait une démarche culturelle en faveur de la voile sportive, de la voile plaisance mais surtout la voile, pas le motonautisme, il vient derrière. Il est indispensable. La mer est là aussi pour eux. C’est très bien. Mais l’aspect culturel, l’aspect formateur, l’aspect de maîtrise, du comportement des jeunes enfants, c’est ce qui est important. Autrement dit,

il faut que les enfants qu’ils soient du Morne-Rouge, du Morne-Vert puissent avoir accès régulièrement, hebdomadairement à une structure de formation de prise en compte de leurs besoins afin de se familiariser avec la mer et la voile.

Bonjour, je me présente Willy HABRAN, Président de la ligue d’aviron de Martinique, mais aussi Président de la Commission sportive de la ville des Trois-Ilets en tant qu’adjoint au maire.

J’interviens aujourd’hui dans le cadre de l’aviron. Je tiens à remercier et à féliciter Monsieur BOUTRIN, Monsieur NARCISSOT, Jean-Philippe NILOR et toute la CTM pour cette heureuse initiative et vous aussi, pour votre présence.

J’ai essayé de faire un plan très succinct. Après les généralités, je vais vous faire un état des lieux, puis nous verrons les perspectives d’avenir et je terminerai par une conclusion.

État des lieux

L’aviron est un sport de vitesse pratiqué dans de longs bateaux effilés en bois ou en matériaux composites (aviron traditionnel) ou uniquement en résine composite (aviron moderne). Dans les années 1980, l’interdiction de confectionner à partir de l’essence du gommier, désormais protégé, amène les différents fabricants à utiliser moins de bois et plus de matériaux de composites. C’est un sport complet qui met en action tous les muscles (jambes, cuisses, abdominaux, dorsaux, épaules, bras et poignets). L’aviron moderne peut être pratiqué en solo ou en équipe (double ou quatre de couple).

L’aviron traditionnel C’est entre les années1950 et1970 que l’aviron traditionnel connaît son essor. Les pêcheurs, après leur sortie en mer, organisaient entre eux des compétitions, qui

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suscitaient grandement l’engouement avec de nombreux paris. Ces compétitions ont été intégrées par la suite dans les fêtes patronales.

L’aviron traditionnel est issu de la longue tradition des gommiers de nos aînés, sport le plus célèbre dans le Nord Caraïbe, des Anses d’Arlet au Prêcheur.

Chaque commune avait une embarcation en quatre avirons, avec des équipes telles que «SAPA AYEN», «LES ANGLAIS», «RENOUVEAU», «INNOCENT», «EN NI PE», «MI NOU JOUR». Il y avait des moments très évocateurs inventés par les marins-pêcheurs.

Aujourd’hui, on trouve uniquement en Martinique des bateaux traditionnels en trois avirons, avec des équipes telles que «DIFE PRI» du Prêcheur, «FRAPPEZ DES AILES» de Fond Lahaye de Schœlcher, «FREGATE» de Case-Pilote, les «MARLINS» de Bellefontaine, «TRANBLE LANME» des Trois-Ilets, etc.

On a sur la photo, la fabrication de l’aviron traditionnel issu d’un tronc d’arbre et à droite, vous avez un pêcheur que certains reconnaîtront, du Lamentin, qui est en train d’examiner la construction de l’embarcation. Vous voyez bien comment se profile cette construction. J’ai mis beaucoup de photos comme on me l’a demandé, pour vous montrer ce qu’est l’aviron traditionnel. Là c’était à Saint-Pierre, les avirons sont disposés sur la plage. Ici, c’est un départ de course à Case Pilote.

L’aviron moderne

Nous arrivons à l’aviron moderne: en solo. Il est pratiqué de plus en plus par les jeunes dans les clubs. Nous avons un aviron moderne double (deux personnes sur l’aviron) et vous avez ensuite l’aviron moderne à quatre de couple.

Les clubs

Les clubs sont répartis dans le Sud, Centre, Nord Caraïbe et le Nord Atlantique.

Il y a 8 clubs pratiquant l’aviron traditionnel et moderne:

• L’Étoile du Nord du Prêcheur;

• Les Marlins de Bellefontaine;

• Les Carbétiens du Carbet;

• La Frégate de Case-Pilote,

• Frappez des ailes de Fond-Lahaye;

• ACR du Robert;

• Aviwon sid matnik de Rivière Pilote

• Club nautique des Trois-Ilets.

Il y a 3 clubs pratiquant uniquement l’aviron moderne:

• Club nautique de Schœlcher;

• H2Eaux de Fort-de-France;

• Club Lucéen de Sainte-Luce.

Il y a un seul club qui pratique l’aviron traditionnel:

• Dlo féré qui vient d’être créé, qui se situe à Petite Anse aux Anses d’Arlet.

Vous avez le nombre de licenciés en2013 et2014. En 2015, je n’ai pas eu le temps de le mettre, mais nous avons une remontée en puissance. En 2015, nous sommes vers 350 licenciés.

Les résultats sportifs Nous avons eu régulièrement des rencontres interrégionales avec la Guadeloupe. En 2013, à Petit-Bourg en Guadeloupe. En 2014, aux Trois-Ilets en Martinique et en 2015 à Deshaies, toujours en Guadeloupe. Sur ces trois rencontres, nous avons remporté la victoire. Ce n’était pas le but, c’était plutôt l’échange des connaissances.

En championnat de France, à chaque fois qu’un club de Martinique se déplace au championnat de France, ils sont systématiquement qualifiés pour la finale, cela veut dire la grande finale, en double et en solo.

Dernièrement, nous avons eu un championnat international en 2015. Nous avons eu la participation d’un rameur de la Martinique. Il nous a vraiment honorablement représenté puisqu’il est sorti 21e sur une cinquantaine de participants.

Emploi et formation

Emploi: 1 emploi à venir. Nous sommes en train de mettre en place un emploi de TSR pour fin 2017.

Formation: nous avons assuré la formation de 10 arbitres régionaux, un arbitre national, un arbitre international. En2013 et2014: 15 initiateurs, 12 éducateurs et 4 arbitres.

Je profite pour saluer dans la salle la présence d’un arbitre national qui est Jean-Michel PIQUET.

Perspectives d’avenir

S’agissant de la formation professionnelle, il faut former des professionnels du nautisme à l’aviron à travers une formation sécurité et les amener par la suite à une formation BP JEPS.

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Les résultats escomptés: créer un réseau de professionnels «aviron» au sein des structures nautiques parce que cela fait vraiment défaut.

La mise en œuvre: formation sur un certain nombre d’heures définies pour parvenir à cela.

Les critères d’évolution: les critères se jugeront par le nombre de personnes formées et le nombre de clubs d’avirons créés et affiliés.

Les partenaires: la Fédération française d’aviron, la DJSCS Martinique, la CTM, l’OPCA.

Nous pensons très fortement qu’il faut développer un chantier de conditionnement et de construction des supports pour les loisirs nautiques. Je vous précise que pour faire venir un quatre de couple en Martinique, aujourd'hui, tous frais confondus, il faut compter aux environs de 19000euros.

Nous disons au niveau de nos clubs que ce n’est pas possible, il nous faut nous diriger vers un chantier de conditionnement de construction des supports pour les loisirs nautiques. Cela est possible.

Nous pensons également qu’il faut faire de l’aviron un sport santé.

C’est possible puisque l’aviron a toutes les vertus nécessaires et indispensables pour pouvoir parvenir à atteindre ces objectifs.

À terme, nous pensons aussi qu’il faut une écocitoyenneté par le sport.

Créer et animer des cycles d’éducation à l’environnement par l’aviron à destination des jeunes scolaires (CM1/CM2) et des centres de loisirs (ALSH) afin de recréer du lien entre la mer, le littoral et les populations. L’aviron a sa place dans le tourisme sportif puisque nous le vivons au quotidien.

Organiser tous les deux ans une manifestation d’envergure(rando-raid) en aviron de mer à destination de rameurs métropolitains et internationaux dans le cadre d’un circuit de découverte du littoral martiniquais. À terme, le tourisme sportif: installer un accueil de tourisme permanent permettant l’accueil d’équipe d’avirons du monde entier sous la forme d’un pack comprenant le vol, l’hébergement et un circuit en aviron de mer. C’est vrai que certains clubs d’aviron travaillent déjà avec certains établissements hôteliers qui accueillent les touristes et par la suite qui viennent pratiquer dans nos clubs. Il s’agit ainsi d’accompagner les clubs d’aviron, avec leur consentement, dans leur développement et leur structuration afin d’améliorer l’accueil et les conditions d’encadrement des publics. Par des formations de cadres fédéraux, par des labellisations, par l’émergence de

projets associatifs pour qu’il y ait une augmentation du nombre global de licenciés et du nombre global de pratiquants.

Au niveau national, nous voulons permettre l’émergence d’un haut niveau martiniquais par l’organisation de stages régionaux et la présence d’équipage aux épreuves nationales et internationales en aviron de mer.

De plus en plus, nous constatons que la jeunesse (des jeunes de 12, 13, 14 ans) se dirige vers la pratique de l’aviron traditionnel, puisque, comme vous le savez, les constructions sont plus adaptées et donc plus faciles à manœuvrer. Il s’agit d’augmenter le public féminin. Mais, il y a encore du travail à faire et nous comptons sur les collectivités, sur les conventions publiques privées pour que nous puissions arriver à satisfaire cette demande-là qui est grandissante.

En conclusion, chacun s’accorde sur les nombreux avantages de la pratique de l’aviron en Martinique, que ce soit dans les domaines sportif, de la santé, social et culturel.

C’est la raison pour laquelle il convient d’adopter une stratégie opérationnelle concertée, tournée vers un développement harmonieux de l’aménagement et de la formation au sein des structures nautiques d’aviron. De plus, l’aviron peut se présenter comme étant un atout touristique (et donc économique) exceptionnel. Merci de votre attention.

Louis BOUTRIN

Je voudrais saluer la présence, puisque l’on parle voile et de sports nautiques, de Georges-Henri LAGIER qui est le patron de Ti boug Energie. Merci Georges-Henri LAGIER.

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Échanges/Débats

Edson EUGÈNE

Président de TYM972

Bonjour à tous. Je suis un peu embêté parce que nous n’avons pas reçu la demande par mail, sinon j’aurais été enchanté de vous présenter ce que l’on a fait.

On a fait le championnat du monde de jet ski. C’était une première pour la Martinique. Nous l’avons organisé avec les Américains et les Russes. Vous comprenez bien que la petite Martinique que nous sommes, faire un projet avec une puissance comme celle de Russie et des Américains, c’était quand même quelque chose d’exceptionnel et je tiens à féliciter les élus ici, Miguel

LAVENTURE, Louis BOUTRIN et tous les autres élus, le Comité Martiniquais du Tourisme, vous avez eu confiance en nous. Nous avons été vus par 89 pays dans le monde.

Nous avons eu beaucoup de problèmes par rapport à la Fédération française motonautique. Ils nous ont mis beaucoup de bâtons dans les roues parce que notre club n’est pas affilié à un club français, on est affilié à la Fédération américaine. Vous comprenez bien que la Fédération française a envoyé un panel de mails à tous les autres clubs du monde pour leur dire de ne pas venir à la Martinique, que cette course n’aurait pas lieu.

En tout cas, vous les élus, vous nous avez soutenus et grâce à vous, cet événement a vu le jour au mois d’avril à la Martinique. Ce fut une première réussie malgré les obstacles.

Sachez que la première manche avait lieu en avril et la deuxième manche aura lieu en Russie. On part dans 15 jours représenter la Martinique à Vladivostok. Ce sera un plaisir pour nous par la suite de revenir avec, j’espère bien, une belle victoire parce que l’on part avec 8 pilotes martiniquais et 6 de la Guadeloupe.

Pourquoi je dis cela? On était justement dans la loupe des Américains. Ils ont voulu nous faire confiance. Ils nous ont dit: «Vous savez, on prend le risque de venir dans une petite structure, dans une petite île que l’on ne connaît pas». Scoot FRAZIER est venu ici. La puissance d’un tel Monsieur sur notre petite île. Il a été surpris et nous a dit: «C’est incroyable, vous

avec une île remarquable. Je ne connaissais pas». Et au niveau de la plus grande course au monde qui a lieu à Las Vegas, il va nous offrir à nouveau, en octobre, une vitrine pour présenter la Martinique sur l’aspect motonautique et on va vendre la Martinique pour la prochaine édition parce que cela a été acté en Californie, vendredi dernier. On sera à nouveau retenu pour 2017 mais cette fois-ci,avec beaucoup plus de moyens, beaucoup plus de pilotes et le monde entier le saura. La Fédération française pourra envoyer tous les mails qu’elle voudra, la course aura quand même lieu.

En tout cas sachez que ce projet, ce n’était pas une chose facile mais avec la Collectivité Territoriale de Martinique et le Comité Martiniquais du Tourisme, on va mettre une vitrine à Vladivostok au mois d’octobre, apparemment on essaiera de faire Vladimir POUTINE donner le coup d’envoi. Ce sera un plus pour nous parce que s’il est là, tous les médias du monde seront là aussi, pour donner le coup d’envoi de la course. On aura la réponse mercredi mais apparemment, si tout se passe bien, s’il n’y a pas trop de terroristes, il risque d’être là. Ce sera une plus-value pour nous.

Il y a une chose très importante. Le Club TYM972 travaille avec la Collectivité territoriale. On travaille sur un projet de manière à ouvrir la Martinique vers la mer. Pourquoi? Parce que nous avons une taxe qui vient plomber tous les plaisanciers. On ne peut pas vivre sur une île et avoir des barrières pour aller sur l’eau, déjà on a des problèmes pour aller sur la mer. Je suis sapeur-pompier. C’est moi qui ramasse tous les motards, les accidentés sur la route qui font des tirages. Je pense que la Collectivité, vous les élus, vous avez plutôt à favoriser l’ouverture de la mer parce que nous sommes réduits sur la terre mais comme Monsieur l’a dit, la mer est le plus grand terrain du monde.

J’espère que Monsieur BOUTRIN continuera parce que nous avons commencé à faire ce travail pour diminuer la taxe. Nous n’avons pas de bombes en Martinique comme les Corses parce que les Corses se sont manifestés, il y a deux ans et Monsieur le Député Alfred MARIE-JEANNE a fait une intervention à l’Assemblée nationale et les deux Ministres en question, Ministre des sports et Ministre des finances, ont répondu de manière négative à Monsieur MARIE-JEANNE pour enlever la taxe.

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Par contre, avec Louis BOUTRIN et Miguel LAVENTURE, on va faire en sorte de permettre aux Martiniquais de payer la taxe à moitié puisque cette taxe, 50% est due à la part d’État et les autres 50% à la part territoriale. Nous travaillons donc avec Miguel LAVENTURE et Louis BOUTRIN. C’est très bien parti, je pense que l’on va trouver des réponses très favorables de manière à permettre aux Martiniquais de payer beaucoup moins parce que l’on a beaucoup de jet skieurs sur l’eau et ils sont stressés parce qu’il y en a qui n’ont pas les moyens de payer la taxe. Il faut compter entre 500€ et 1200€. C’est très lourd pour nous. On espère avoir un avis très favorable de Louis BOUTRIN et Miguel LAVENTURE, là-dessus, de manière à rouvrir le jet ski sur la mer.

En tout cas, merci de nous suivre, merci de nous faire confiance et à partir de l’année prochaine, on aura une très grande réponse favorable entre les deux îles. Je ne veux pas trop en parler. Il y a un projet phare qui arrive et Miguel LAVENTURE nous a dit, lors des débats au Palais des Congrès, qu’il faut ramener les sports internationaux parce que l’on parle de championnat du monde, de ramener les touristes parce que l’on parle de tourisme sportif dans la tranche entre mai et septembre puisque vous savez qu’en basse saison il y a de la place pour recevoir les sportifs étrangers. Par contre, en haute saison, il n’y a plus de places dans les hôtels.

C’est pour cela, par rapport à ce que souhaite Miguel LAVENTURE, que j’ai déjà décalé la Martinique Jet Race qui était prévue initialement pour avril2017. Cela a été accordé par les Américains. On va la placer fin mai2017. Ce sera un lieu fixe comme à la KARUJET, qui est la référence du motonautisme à la Martinique.

Mais en 2017, je pense que la Martinique sera également la référence du motonautisme dans le jet-ski. Merci à vous.

David DIMBOUR Président de JET’ATTITUDE Bonjour à tous. Je ne serai pas très long. Déjà je remercie Monsieur TRUDO d’avoir positionné le motonautisme dans ce très bel exposé. Il est vrai que c’est une activité qui est relativement jeune, relativement récente. Monsieur EUGENE l’a dit, on le sait aujourd’hui, c’est une activité qui commence à trouver une certaine forme d’émulation sur le territoire Martinique, qui a effectivement des retombées aussi bien sur le terrain sportif que sur le terrain économique pour la Martinique et c’est très bien.

Aujourd'hui dans l’exposé fait par Monsieur TRUDO, c’est vrai qu’il existe plusieurs entités et par-delà la problématique sportive, il existe, Monsieur EUGENE vient de le dire, une problématique beaucoup plus importante et beaucoup plus lourde que celle de cette fameuse taxe sur les engins VNM, qui a, comme il vient de l’exposer des conséquences relativement importantes sur l’économie de la Martinique puisque moins d’engins vendus, moins d’engins immatriculés, moins de TVA perçue et bien entendu moins d’octroi de mer pour la Martinique.

Aujourd’hui, ce fameux terrain de jeu que Monsieur TRUDO a exposé, qui est la mer, est également un terrain de jeu qui peut avoir pour la jeunesse martiniquaise une caisse de résonance très importante en termes de positionnement social, en termes de recherche de travail et de formation.

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Aujourd’hui, il faut véritablement que nous puissions continuer tout ce qui irait dans le même sens pour permettre à ces activités de trouver son essence et de trouver sa stabilité.

C’est quand même un petit pied de nez puisqu’il se trouve que je suis personnellement, je le dis volontairement, un ancien brevet d’État voile. Je suis arrivé à l’activité nautique par la filière nautique, voile. Aujourd’hui il m’a paru logique de pouvoir m’orienter vers cette activité qui est nouvelle, qui apporte à de nombreux Martiniquais des perspectives nouvelles et effectivement qui ne peut pas continuer de se développer ainsi. Monsieur EUGENE l’a dit, il y a Monsieur THELAMON, bien connu sur la place de vente de ces engins, il y a des concessionnaires, il y a des emplois en jeu, il y a bien sûr de l’économie à ne pas oublier de prendre en compte et nous espérons véritablement qu’avec toutes les structures qui existent, avec leurs différents projets qui seront entendus, j’imagine, par les élus que vous êtes, j’espère véritablement que cette activité va se développer avec un échéancier et une certaine forme de logique pour permettre à la Martinique de se doter d’une nouvelle corde à son arc, le nautisme, parce que nous pensons que cette activité ne peut être écartée de l’étude de la filière du nautisme dans sa généralité. Merci.

Ginette DUPLAN Vice-Présidente de l’association Martinique Billfish Bonjour. J’interviens d’abord pour formuler un reproche à mon ami Jean TRUDO parce que j’ai bien

écouté, j’ai vu et malheureusement je ne vois pas apparaître la pêche sportive. Pourtant elle se pratique en Martinique depuis plus de 26 ans. C’est vrai que nous n’avons pas la vitrine de la voile, nous n’avons pas la vitrine du motonautisme, nous n’avons pas la vitrine de l’aviron, mais je pense qu’elle méritait quand même d’être citée parce que 26 ans, ce n’est pas rien. Il y a des gens qui travaillent dessus. Nous avons derrière des formations qui sont assurées. Nous avons le soutien que nous portons à nos bateaux qui participent dans la Caraïbe à tous les tournois de pêche, donc on représente la Martinique et on vante la Martinique.

Je terminerai simplement en disant avec mon ami, Félix DOUTONE avec qui j’ai travaillé à la ligue de voile parce que je viens de la voile également. Je le rejoins sur l’ouverture que l’on doit accorder à la pratique, quel que soit le sport nautique, pour les jeunes. C’est vrai que c’est une école, c’est une éducation, une maîtrise, une humilité c’est comme cela que moi je perçois la chose avec un regard vers la mer parce que la route un moment donné, elle aura des conséquences.

Par contre, pratiquer un sport nautique quel qu’il soit, sans humilité et croire que l’on est en terrain conquis sur l’eau, c’est bien souvent l’ouverture vers des drames. C’est tout ce que je voulais dire. Mais simplement rappeler à Jean TRUDO de mettre à jour son annuaire de sports nautiques parce que la pêche sportive c’est un sport qui a sa place dans une économie, dans le tourisme, dans l’environnement puisque nous, nous pratiquons ce qui s’appelle le No-Kill, dans la mesure

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où nous protégeons les espèces que nous pêchons à savoir que nous relâchons le poisson avec lequel on s’est battu. C’est bien le cas de le dire, on se bat avec le poisson. Jean TRUDO, rends-nous cet honneur, s’il te plaît. Merci.

Bonjour tout le monde. Dans les activités aquatiques et nautiques depuis de très nombreuses années, je ne veux pas répondre à Monsieur DOUTONE, je veux aller dans le même sens que Monsieur DOUTONE.

Je vais d’abord faire un petit reproche au Président de la ligue de natation qui a oublié dans les événements de course en mer, la traversée de la baie de Fort-deFrance à la nage qui a été reprise par mon association H2Eaux depuis deux ans et qui se déroule le 30décembre de chaque année.

Je te rejoins parfaitement Monsieur DOUTONE. Certes j’entends de gros projets, de très gros projets pour la voile mais il y a eu une intervention sur les bénévoles samedis derniers. Je voulais prendre la parole pour dire qu’il y a une catégorie qui a été oubliée, ce sont les professionnels bénévoles.

C’est-à-dire des professionnels qui sont encore plus impliqués que certains bénévoles mais souvent… Je vais le dire tout à l’heure! Dans le monde du nautisme, sans vouloir oublier personne - peut-être que je vais en oublier un ou deux - il y en a cinq qui ont fait un travail extraordinaire (il n’en reste plus que quatre). Il y en a d’autres. Il y a Jean-Michel RANFASSA mais lui, cela fait tellement longtemps qu’il nous a quittés que je ne le nommerai pas. Il y en avait cinq. Il y en a un qui a abandonné au niveau des éducateurs, des formateurs, il s’agit de Monsieur MORNE-BOULOIS qui est parti. Il en reste quatre. Nous étions tous les quatre là, tout à l’heure, il s’agit de Bruno LECOMTE, Guy DE CHAVIGNY, Albert LAPICONE et moi-même.

Quand ces quatre-là qui restent, auront arrêté, j’ai bien peur que nos enfants ne fassent plus de voile, ne fassent plus d’activités nautiques, d’initiation.

À H2Eaux, on fait du kayak, de l’aviron, on ne fait pas de voile. Ceux qui viennent chez nous pour faire de la voile, on les envoie à Schœlcher, on les envoie à Morne Cabri, on les envoie parfois au Yacht Club. Nous

sommes si peu nombreux sur la place que personnellement, je préfère ne pas aller sur le terrain de la voile, pour renforcer les structures qui sont à ma gauche et à ma droite.

Mais il y a un véritable problème qui se passe c’est que les professionnels bénévoles, il y en a dans tous les sports, au niveau des activités nautiques, il en reste quatre et je crains fort, Monsieur DOUTONE, que l’on ait de grosses difficultés à pouvoir recommencer à voir des Martiniquais au plus haut niveau notamment en planche à voile comme Jean-Max DE CHAVIGNY, Rémi VILLA, etc. Je crois qu’il y a vraiment un gros travail là-dessus.

Nous avons vu passer de nombreux dirigeants et bénévoles, des présidents, des secrétaires, des trésoriers mais nous, nous sommes toujours là depuis plus de 40 ans et j’aurais bien voulu en lieu et place de mes trois autres camarades que nous ayons un entretien avec Monsieur NARCISSOT sur le problème du nautisme à la Martinique pour nos enfants. J’aurais voulu que cette réunion se fasse pour que nous, professionnels bénévoles, nous puissions donner notre avis sur le développement et sur le redéploiement de la filière du nautisme pour nos enfants.

Albert LAPICONE

Responsable du Club nautique du Marin J’insiste pour que la voile puisse quand même s’exprimer. Je suis responsable du club nautique du Marin et aussi membre de la ligue de voile. Je voudrais intervenir sur plusieurs choses. Sur le bilan qui a été fait de la voile qui est un petit peu noir, moi je le trouve un peu trop noir parce qu’il y a quand même beaucoup de choses de faites. C’est vrai que le nombre de licenciés a diminué mais par contre, en retour, on a beaucoup de scolaires et d’extrascolaires qui viennent pratiquer les activités chez nous. Je pense que cela n’a pas été pris en compte dans le bilan. Ne serait-ce qu’au Marin, on a 700 scolaires qui viennent pratiquer des activités nautiques (voile, kayak). Je pense que ce sont des choses qu’il faut prendre en compte. À Schœlcher, il y en encore plus. Il y en a 2000 à Schœlcher. Ce sont des choses qu’il faut prendre en compte. C’est une première chose.

Par contre, les problématiques que nous rencontrons, ce sont des problématiques d’une part financière parce qu’on a un sport en matériel qui coûte cher. En plus, on est des structures, des clubs qui sont tous

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professionnalisés. Le personnel est entièrement professionnalisé. Cela coûte très cher également. C’est une des problématiques que l’on rencontre.

Nous sommes obligés de demander une participation à ceux qui viennent faire l’activité. Ce coût que l’on demande, c’est un frein justement à la pratique de l’activité nautique parce qu’il y a d’autres sports comme le football par exemple où il n’est rien demandé aux jeunes. Je vais balayer rapidement. Au niveau de la formation et notamment les événements nautiques, j’aurais souhaité - ce n’est pas une critique, c’est une recommandation, une demande - que l’on prenne le pouls des gensdu terrain. Il y a un certain nombre d’événements qui ont été organisés en Martinique, qui ont coûté très cher, beaucoup trop cher à notre avis, pour le monde de la voile et on n’a jamais été consulté là-dessus.

Je prends l’exemple de la Bénodet qui a été une régate qui a coûté très cher alors que nous avons une manifestation «la semaine nautique de Schœlcher» qui a une subvention dérisoire chaque année et qui accueille des gens qui viennent de toute l’Europe et de toute la Caraïbe.

Pour la Bénodet, on a dépensé des millions - je n’ose pas dire le chiffre parce que je ne suis pas sûr du chiffre et je sais que le chiffre qui avait été annoncé c’est 1million d’euros - pour accueillir 15 bateaux. Je donne un autre exemple, la Transquadra qui est une manifestation qui accueille 100 bateaux. Ils avaient 40000€ et l’année dernière, cela a été revu à la baisse. Expliquez-moi pourquoi il y en a un qui accueille 15 bateaux et qui a 1million d’euros de subventions et l’autre qui accueille 100 bateaux et qui a 40000€ de subventions. Cela veut dire que l’on peut organiser avec 40000€. Je pense qu’avant de prendre des décisions – je pense au niveau politique - il serait souhaitable de prendre le pouls. Je n’ose pas dire de la ligue de voile parce qu’elle est dans un état pour l’instant mais je vous donne rendez-vous d’ici six mois, que l’on remette en place une ligue qui fonctionne correctement. Mais que l’on prenne le pouls des gens du terrain. Il y a des compétences en Martinique et on ne les utilise pas. Deuxième chose, simplement, le problème qu’il y a eu avec la formation. Une formation a été mise en place sans que l’on prenne le pouls non plus des gens de terrain. On a mis en place un BP JEPS activités nautiques, seulement les personnes qui participaient

à cette formation n’étaient pas au niveau. J’ai toujours dit qu’il faut, avant de mettre en place des formations dans le nautisme, que l’on mette les Martiniquais au niveau technique, au niveau pratique. Il faut qu’ils aient un certain niveau.

Je vais vous donner un exemple très simple. On avait une formation qui était organisée, une formation de skipper. On s’est battu pour qu’il y ait une pré formation. Pourquoi? Parce que jusqu’à ce qu’il y ait cette préformation, il y avait 80% d’étrangers, 20% de Martiniquais. Quand on a mis en place la préformation financée par la CTM, anciennement la Région, le chiffre s’est inversé. Nous avons eu 80% de Martiniquais et 20% de gens qui venaient de l’extérieur. Je pense qu’il faut quand même qu’il y a une réflexion sur la manière dont on met en place les projets et je pense que les événements dont on a parlé sont très importants pour la Martinique. C’est une vitrine pour la Martinique, c’est une manière d’aller développer, de communiquer et d’échanger et je pense qu’il faut le prendre en compte.

Je vous donne un autre exemple sur le championnat de France minime où on était il n’y a pas longtemps. Chaque année, il y a une soirée «dirigeants». J’y mets de ma poche et de celle du CTR pour que l’on s’achète au moins un minimum pour pouvoir être présent et représenter la Martinique sur cette Région. Je pense qu’il y a plein de pistes de réflexion et qu’il faudra d’autres travaux pour que l’on puisse vraiment aboutir à quelque chose de très intéressant. Je vous remercie de m’avoir écouté.

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Louis BOUTRIN

Je ne vous apprendrai rien, Chers Amis, si je vous disais que dans quelques jours il y aura l’ouverture des Jeux Olympiques à Rio. Des Jeux Olympiques qui sont attendus sur le plan sportif mais pour nous politiques, qui sont aussi attendus puisque, comme vous le savez, après les JO, il y a un renouvellement des ligues, des comités et renouvellement du CROSMA. Ce sera l’occasion d’avoir de nouveaux partenaires et ensemble d’écrire une nouvelle page pour le sport martiniquais.

Les Assises s’inscrivent dans cette dynamique parce qu’il faut aujourd’hui tout mettre à plat: repenser notre vision sur le développement du sport martiniquais et faire en sorte que cette page que nous allons écrire, nous puissions l’écrire ensemble. Aujourd’hui, c’était une journée particulière puisque nous avons abordé des thématiques précises. On a commencé par le sport santé. Vous avez vu que nous avons fait un état des lieux et nous ne nous sommes pas contentés de faire un état des lieux, nous avons fait une proposition aujourd’hui, de concentrer à la fois tout ce qui relève du Centre d’évaluation sport santé, tout ce qui relève des dynamiques et des structures de formation pour le sport santé de manière à ce que l’on puisse effectivement profiter des bienfaits du sport dans un objectif de santé publique.

Nous avons également parlé du sport mécanique et à l’unanimité, si nous étions sourds, nous aurions pu quand même, malgré tout entendre le message tellement cela a été martelé, il y a nécessité d’avoir une structure polyvalente que ce soit un circuit, il y a des pistes également qui ont été lancées notamment par Monsieur SIDIBE pour qu’il y ait un usage partagé de certaines portions de routes. Rien n’est exclu à ce niveau. Mais il est vrai que nous sommes interpellés par le nombre de jeunes qui décèdent chaque week-end sur nos routes. On ne peut pas nous, politiques, se désintéresser, même si nous n’avons pas tous les éléments en main en matière de sécurité routière. Il y a des solutions alternatives à trouver et qu’il nous appartient de prendre en compte. Nous avons entendu l’appel de cette jeunesse pour qu’il y ait des équipements à la hauteur, je dirais, de ces enjeux, à la fois sportif et de santé publique.

Enfin, nous avons eu à partager avec les arts martiaux, une vision très large des arts martiaux, aussi bien les arts martiaux que l’on connaît qui sont, puisque

justement, l’intérêt de la question c’est d’aborder les arts martiaux traditionnels, j’ai presque envie de dire, les arts martiaux martiniquais. Là aussi, il y a un sousdéveloppement en matière d’équipements. Il va falloir faire des choix et Miguel LAVENTURE avait parfaitement raison. Il y aura des arbitrages à faire. In fine, ce sera le Président de l’exécutif qui fera cet arbitrage. Il sera présent lors de la clôture de ces Assises mais en matière d’équipement pour les arts martiaux, il y a une fracture territoriale qu’il va bien falloir rattraper. Il y a un véritable désert dans le nord en ce qui concerne les équipements pour les arts martiaux. L’idée d’une maison des arts martiaux est dans l’air, il va falloir approfondir la question.

Enfin, il y a eu un débat qui, de mon point de vue, est resté à la surface des choses, à l’écume des choses puisque l’on est dans l’élément marin. Mais nous irons plus en profondeur parce que ces Assises ne sont que le début d’une réflexion qu’il conviendra d’approfondir. L’idée qui a été émise par Jean TRUDO que je reprends rapidement, qui est celle d’un Conseil nautique martiniquais mérite d’être retenue. À travers ce Conseil nautique martiniquais, toutes les disciplines, et on peut même dire, avec Georges-Henri LAGIER ici présent, qu’il faut l’étendre même si nous avons posé la question des retombées économiques à travers le Tour des yoles de la Martinique. Il va falloir inclure la pratique des yoles dans ce Conseil nautique martiniquais de manière à ce qu’effectivement, comme l’a encore martelé le Docteur DOUTONE, que l’on puisse, non pas tourner le dos à la mer, mais épousercarrément la mer de manière à ce que la mer soit également un lieu de pratique d’activités sportives, un lieu d’éducation à la citoyenneté. J’y crois énormément, tu as parfaitement raison sur ce point, mais surtout un lieu où effectivement on peut avoir des retombées économiques considérables. Il n’y a pas de raison que d’autres pays ou d’autres états insulaires puissent tirer profit de la mer et que nous, nous puissions jeter un regard juste à l’horizon sans tirer les retombées attendues. Voilà chers amis, je ne serai pas plus long mais je tenais vraiment à vous remercier. Vous avez compris que nous avons entamé un marathon. Le marathon se termine samedi prochainmais après le marathon, nous aurons des courses moins longues mais peutêtre des sprints rapides pour pouvoir mettre en œuvre toutes ces orientations, les orientations stratégiques de la CTM en matière de politique publique sportive. En tout cas, mèsi an pil, mèsi an chay. Il y a le Président

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de la Commission des sports de la CTM à mes côtés. Je lui donne le micro pour qu’il puisse s’exprimer. En tout cas, je vous donne rendez-vous samedi, au prochain atelier. Il y aura «sport et médias» qui est très attendu, le financement du sport et la question identitaire qui se pose et nous avons bien fait de mettre à l’ordre du jour cette question puisque vous le voyez, à chaque atelier, il y a cette question identitaire. Il s’agit bien des Assises du sport martiniquais et non pas d’autres choses. Merci.

Marius NARCISSOT

Je ne serai pas long, je vais simplement remercier l’assistance pour les propositions très riches qui ont été faites aujourd’hui et vous garantir une chose, c’est que nous avons entendu des propositions qui nous permettent d’aller un peu plus loin dans nos réflexions. Merci pour cet apport. Je voudrais vous direaussi que la Commission sport de l’Assemblée Territoriale fait corps avec l’exécutif pour la politique sportive que nous mettons en place et je tiens à remercier tous les membres de la Collectivité territoriale. Merci.

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Intervenants

• Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM

• Miguel LAVENTURE, Conseiller exécutif chargé des Finances, des Fonds européens et du Tourisme, CTM

• Éric PRIVAT, Représentant de la DJSCS Martinique

• Jean-Christophe BOULANGER, Adjoint au Maire du Morne-Vert

• Philippe JOCK, Président du Mouvement des Entreprises de France, MEDEF Martinique

• Hervé TOUSSAY, Président de l’Association pour la Promotion de l’Industrie, AMPI

• Céline ROSE, Présidente de la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises, CGPME Martinique

• Mathurin MAYOULIKA, Journaliste France-Antilles

• Pierre GILLES, Journaliste RCI

• Gerry L’ETANG, Maître de conférences en anthropologie à l’Université des Antilles

• Laurent MOYSE, Ligue de taekwondo de Martinique

• David MANGATAL, Ligue de taekwondo de Martinique

• Alfred MARIE-JEANNE, Président du Conseil Exécutif de la CTM

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Bien sûr, des mots de bienvenue.

Je reconnais dans le peloton, des coureurs de fond, des marathoniens qui sont là depuis le début. Nous allons terminer la première étape pour passer le relais au Président de la Collectivité, Président de l’Exécutif, Alfred MARIE-JEANNE qui viendra clôturer ces Assises du sport martiniquais.

Je vais vous demander un peu de discipline. Je vous demanderai aujourd’hui d’être relativement concis dans les interventions puisque l’esprit même des Assises du sport depuis le début, ce n’est pas de refaire l’histoire du sport martiniquais mais c’est de faire un focus à un moment T sur l’état des lieux des disciplines concernées ou des ateliers concernés, de manière à ce que l’on puisse, au-delà du constat, ne pas s’éterniser

dans des logiques de constat mais se projeter: quel pourra être l’avenir du sport martiniquais?

Lors de ces Assises, je le répète une nouvelle fois, nous ne faisons pas le procès de disciplines, le procès de sportifs, nous ne faisons pas le procès du sport martiniquais, ce que nous essayons de faire, c’est de consolider les fondations de la maison «sport martiniquais».

Je vous renouvelle, au nom de la Collectivité territoriale de Martinique, les mots de bienvenue. Aujourd’hui, nous avons en plus deux invités que vous allez découvrirtout à l’heure, qui viendront juste arrêter les travaux pour qu’ils puissent apporter leur témoignage et compte tenu du fait que ce sont des visiteurs qui ne sont que de passage, on leur permettra de disposer rapidement.

Sans plus tarder, nous allons aborder une question qui est essentielle. Vous avez bien compris qu’il y avait une cohérence à la fois, dans le choix des thématiques et dans la planification des ateliers. Nous avons, bien sûr, laissé le dernier mot pour le financement du sport martiniquais et j’ai l’honneur d’accueillir mon collègue, Conseiller exécutif de Martinique, Miguel LAVENTURE, qui va nous parler du financement du sport martiniquais, sous vos applaudissements.

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l’UNSS qui va, mieux que d’autres, pouvoir témoigner de l’importance du sport scolaire et pour cela, il faut évidemment disposer d’infrastructures appropriées, des collèges et des lycées. Nous ne dirons jamais à quel point la finalité de ce sport scolaire transcende toutes les autres préoccupations y compris les préoccupations de santé. Il y a ici des médecins qui peuvent en témoigner, il y a ici des éducateurs à tous niveaux.

LAVENTURE Conseiller exécutif chargé des Finances, des Fonds européens et du Tourisme, CTM

tout le monde. Tout le monde est à peu près président ici. Je vais dire bonjour chers Amis, ce sera beaucoup plus simple.

Bonjour

On va entrer directement dans le cœur du sujet. Je vais vous exprimer un regard sur le financement du sport côté puissance publique, puisque nous avons des intervenants de grande qualité qui vont pouvoir parler du financement du sport du côté un peu privé (les institutions privées et les entreprises).

La CTM se mobilise pour le sport avec d’autres acteurs publics. On va d’abord parler, par conséquent, de ce que fait la Collectivité Territoriale de la Martinique, à tous les niveaux: le sport pour tous (le sport de masse, le sport que chacun peut choisir de faire et pour lequel la CTM souhaite inciter à une pratique régulière et soutenue), le sport de compétition et le sport d’excellence (un sport de haut niveau, un sport qui conduit les Martiniquais, pour un certain nombre d’entre eux, à être des champions dans des disciplines multiples).

La mobilisation qui est organisée, à cet effet, est à la fois une organisation directe et indirecte, et nous voyons un peu plus facilement que les autres qu’il y a d’abord l’investissement et il porte à la fois sur le sport pour tous, l’ensemble des scolaires. Cela commence par là. C’est vraiment à ce niveau que les choses se font. Je veux saluer ici la présence de la Directrice de

Nous nous sommes permis d’indiquer quelques chiffres sur ce que signifie ce sport scolaire en termes d’efforts d’investissement pour les collèges et les lycées. Puis, il y a des interventions qui sont faites sur les structures pour lesquelles la Collectivité Territoriale est maître d’ouvrage. On en a cité quelques-unes ici, en particulier l’IMS où nous sommes ici et nous en ferons une présentation un peu plus précise dans un instant. La CTM intervient aussi, je le disais en introduction, pour le sport de compétition qui est un sport qui est organisé en même temps qu’il est très largement mis en œuvre pour tous mais il y a une structuration. Le Président du mouvement sportif en dira sûrement un mot en conclusion, dans un instant. Mais vous voyez les montants qui sont mobilisés concernant les ligues et comités, les associations, l’élite régionale, l’aide individuelle, le sport de haut niveau, les grandes manifestations nous entendons par là, y compris les évènements de ce mois de juillet: Tour cycliste, Tour des yoles mais aussi les grandes manifestations occasionnelles qui sont mises en œuvre parfois sur un plan international. Il y a eu les CARIFTA GAMES de natation récemment, Robert MARAJO est ici, il pourra en dire un mot s’il le souhaite. Et l’opération sport vacances qui a été clôturée hier, comme vous le savez, et qui, elle aussi, constitue un élément essentiel de cette notion de sport de masse pour faire en sorte que tous les enfants martiniquais puissent être incités à pratiquer

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le sport même ceux qui sont dans des conditions difficiles (physiques par moments mais aussi sociales, familiales, environnementales).

Tout ceci a représenté sur trois ans un montant de 25millions d’euros. C’est du fonctionnement qui vient s’ajouter aux opérations d’investissement sur lesquelles nous sommes spontanément un peu plus attentifs mais le fonctionnement est indispensable. Chacun connaît, ici, dans cette circonstance-là où il n’y a que des passionnés de sport, l’engagement obligatoire pour faire que chaque jour, il y ait les moyens nécessaires pour pouvoir fonctionner et faire en sorte que les rendez-vous soient assurés.

Vous avez également quelques indications chiffrées sur des éléments de fonctionnement, sur des structures pour lesquelles la Collectivité est maître d’ouvrage et vous avez ainsi une indication d’un total général d’environ 30millions d’euros sur ces opérations de fonctionnement pour la période 2013-2015 auxquels il faut ajouter environ 9millions d’euros pour l’année 2016 -l’année en cours- ce qui fait que l’on a près de 40millions d’euros sur les quatre ans qui sont ainsi mobilisés sur le fonctionnement, je répète, à la fois pour des structures qui sont de la responsabilité de la Collectivité mais également très généralement l’ensemble des structures.

Je rappelle que d’année en année, un perfectionnement des dispositifs de soutien est intervenu ce qui fait qu’aujourd’hui, je le dis avec beaucoup de prudence, parce qu’on n’est jamais sûr d’avoir tout couvert et de n’avoir rien oublié, mais aujourd’hui je crois que l’on peut dire que la totalité du mouvement sportif dans sa structuration et son organisation bénéficie pour son fonctionnement d’une intervention de la Collectivité, évidemment au niveau des structures générales que sont les ligues, les comités et les associations mais également parfois à un niveau beaucoup plus proche du terrain particulier et par conséquent, il y a là un effort que je veux juste souligner étant très respectueux de ce que les uns et les autres font, ce que les uns et les autres ont fait, et par conséquent, nous, on se situe dans une dynamique d’enrichissement, d’approfondissement et d’accentuation de l’effort de la Collectivité territoriale de Martinique.

À titre indicatif, nous avons listé quelques opérations qui relèvent de la main de la CTM en donnant des ordres de grandeur des coûts de remise en état, uniquement sur l’aspect patrimoine, sur l’aspect investissement pour que nous voyons que les attentes sont importantes, que les nécessités sont parfois tout à fait urgentes. Les personnes qui fréquentent la piscine du Carbet savent par exemple qu’il y a vraiment des urgences qui doivent être traitées mais cela vaut également pour d’autres espaces y compris le stade Desclieux qui, comme vous le savez est souvent utilisé à des fins de sport scolaire et par conséquent, on a une idée de ce qui constitue la nécessité des ressources budgétaires qu’il faut mobiliser. Autorisez-moi un focus un peu particulier sur l’endroit où nous nous trouvons. C’est le dernier-né de ce patrimoine de la CTM qui est aujourd’hui dédié aux sports: c’est l’Institut Martiniquais du Sport. Je veux juste vous donner quelques chiffres pour situer les ordres de grandeur. La réalisation de l’endroit qui

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nous accueille aujourd’hui et qui a vocation à être dans une dynamique beaucoup plus accentuée qu’au cours de ces dernières années, a coûté 27millions d’euros pour son investissement global auquel il faut ajouter le coût du foncier pour environ 3millions d’euros et en fonctionnement, il y a aujourd’hui 1million d’euros en 2015 et à peu près la même chose est prévue en 2016. D’ores et déjà, nous savons qu’il va falloir en 2016 probablement accentuer la contribution de la Collectivité parce que vous avez déjà remarqué que tous les mois derniers qui sont passés et aussi bien Louis BOUTRIN que Marius NARCISSOT vont peut-être vous donner des indications sur les perspectives du deuxième semestre. Il va y avoir des choses beaucoup plus importantes qui vont se faire et par conséquent, il y aura probablement des mobilisations à faire. Nous voyons donc déjà que sur les moyens mis en œuvre au titre de la mobilisation directe, on aurait pu avancer dès la première ligne, on le devine aisément mais on l’a illustré. Évidemment le décalage entre ce qui est concrètement fait et ce que chacun souhaiterait qui soit fait. Mais ce qui est fait est déjà très important et la ressource est rare. Je disais cela samedi dernier lorsque j’ai fait mon intervention dans le débat. Par conséquent, on est nécessairement dans des problématiques de choix, d’arbitrage, de hiérarchisation et d’organisation des mobilisations les plus efficaces. Je le dis parce que l’on reviendra peut-être dans le débat sur le sujet: le sport a fait partie, au moment des orientations budgétaires, qui ont été décidées le 25avril, très clairement des priorités absolues exprimées par la Collectivité Territoriale de Martinique. Bien entendu c’est la responsabilité du Président d’engager le débat et de faire le rapport et d’assurer les affichages. C’est la responsabilité de sa majorité de faire que ces expressions soient tenues mais je dois dire, parce que c’est la vérité, que le débat sur les orientations budgétaires a manifesté un vrai consensus de

l’Assemblée territoriale sur cette priorité du sport dans les engagements budgétaires. Par conséquent, c’est avec un certain sens de cette responsabilité que je vais apporter, au nom de tous, que je dis ici devant l’ensemble des dirigeants du mouvement sportif que la question du sport est au centre des préoccupations de la CTM.

Elle l’est, au moyen des éléments directs qui ont été indiqués, mais également la mobilisation indirecte. Je veux juste citer deux exemples. Vous avez vu, quand il s’est agi de l’investissement, on n’a donné que l’illustration exprimée par les éléments du patrimoine de la Collectivité mais vous savez que l’ensemble des stades de la Martinique, ce sont des stades municipaux. Vous savez que la plupart des équipements sportifs d’une manière générale (palais des sports, hall des sports, les structures d’entraînement) sont des équipements municipaux. Par conséquent, la présentation qui a été faite ne dit pas l’effort qui est réalisé de manière indirecte. Je vais prendre un exemple qui date de la semaine dernière. Louis BOUTRIN présentait en Assemblée plénière, je crois que c’était le 19juillet - il y a donc 11 jours - le rapport par lequel le Président du Conseil exécutif proposait une intervention exceptionnelle dans sa diligence mais aussi dans son montant pour assurer la rénovation, la modernisation du stade de Sainte-Marie. C’est d’actualité donc on donne l’info. Ce n’est pas parce que l’on veut tirer gloriole de… Pas du tout. C’est l’actualité. Il y a plein d’exemples comme cela que je peux prendre. Cette actu dit que sur un coût total de 7,6millions d’euros, la CTM intervient pour 3millions d’euros. Par conséquent, cet effort budgétaire qui n’est pas obligatoire, la CTM donne si elle considère que c’est important et qu’elle en a la capacité. Elle a choisi parce que vous connaissez autant que moi la répartition territoriale des grands équipements en Martinique: le Nord Atlantique a besoin d’avoir un stade de cette dimension et qu’il soit véritablement un pôle d’activités. 3millions d’euros ont été votés à l’unanimité par l’Assemblée territoriale, le 19juillet. Il y a ainsi, dans les cartons, d’autres opérations qui font actuellement l’objet d’instructions et qui seront présentées dans les temps qui vont venir.

Un autre exemple que je veux donner c’est l’exemple du Centre aquatique de la CACEM. On a mis «du Lamentin» mais c’est de la CACEM, installé sur le territoire du Lamentin où il a pris la suite de la piscine municipale du Lamentin, mais c’est devenu maintenant un équipement

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communautaire. Là aussi aucune obligation de la CTM de devoir participer à une telle opération, la CTM a décidé de financer uniquement, autorisez-moi à le qualifier d’exemplaire, qui a été mis en service à l’occasion des CARIFTA GAMES de natation et par conséquent, c’est 3millions d’euros sur 23millions d’euros.

En ce qui concerne les outils indirects de la CTM, il y a aussi toutes les mises à disposition. Je passe vite. Il n’y a pas d’événement qui se fait sans que les équipes, les personnels ne soient engagés mais aussi les sites sur lesquels il peut y avoir utilité à ce qu’il y ait une implication.

Je vais parler de la CTM parce que c’est mon engagement en tant qu’élu mais je veux ici, pour que les choses soient bien claires, dire qu’à côté de ce que fait la CTM, il y a l’effort de l’État. Il y a ici le représentant de la DJSCS qui pourra en dire un mot avec le CNDS et aussi d’autres moyens. Il y a des intercommunalités qui sont très présentes ainsi que les communes. Je me suis entretenu avec le maire du Morne Vert qui aurait bien aimé être là mais un de ses adjoints pourra s’exprimer en ce sens. Il n’y a pas de sport sans soutien de la dynamique de la ressource privée: les entreprises. Le sponsoring mais plus généralement les soutiens qu’ils peuvent apporter sont essentiels. C’est pour cela qu’il y a des présidents de structures, président et présidente qui vont intervenir dans un instant. Je n’en dis donc rien. Mais permettez-moi d’insister sur le rôle irremplaçable des bénévoles nombreux qui sont dans des démarches militantes sans lesquels le sport martiniquais n’aurait pas connu la dynamique et les succès que nous avons la fierté d’enregistrer. Permettez-moi d’insister sur un

élément qui est un oubli parce que nous l’avons dit dans la préparation du document, c’est l’engagement des familles. Les familles décident de faire en sorte que les enfants fonctionnent et à ce moment-là, elles ne mesurent pas les efforts.

Je voudrais en terminant, indiquer que face à des besoins toujours plus croissants, l’optimisation des ressources s’impose de plus en plus. Déjà, samedi dernier, j’évoquais quelques idées à cet égard. Il y a plusieurs principes qu’il nous faut accepter de mettre en œuvre collectivement, c’est la mutualisation, le partage des usages et une gestion plus responsable. Cela vaut pour la CTM, et cela vaut pour tous les acteurs. La mutualisation, le partage des usages et la gestion plus responsable passe par définition par le fait que plusieurs acteurs s’associent pour la mise en œuvre de ces principes.

Je veux juste donner un petit exemple avec les sports mécaniques. Samedi dernier, il y a eu des discussions importantes qui ont eu lieu ici, un débat véritable. Trois propositions sont affichées: la première, c’est la labellisation «sport mécanique» pour certains tronçons de routes de manière à ce que l’on ne soit pas obligé de dire que tant que l’on n’a pas construit quelque chose de spécifique qui ne servira qu’à une catégorie, on ne pourra rien faire pour permettre aux personnes qui sont je dirais, des passionnés de sport mécanique. On doit pouvoir faire dans des délais brefs des choses à partir de l’existant en apportant les compléments utiles et les perfectionnements à la fois techniques et physiques nécessaires.

Certains tronçons de voirie pourraient être considérés comme compatibles avec la pratique de runs.

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Bien entendu, cela veut dire qu’à ce moment-là, il faut des déviations, bien entendu cela veut dire qu’à ce moment-là, il y a les dispositifs de sécurité particuliers mais c’est cette mutualisation qui se partage les usages qui permettra de dire: «Il y a une solution parce que tout le monde considère qu’il faut faire un effort».

Il faut faire converger le sport et la sécurité routière d’une manière active et pratique. Il y a un dernier élément que je voudrais rajouter c’est l’utilisation que nous pouvons faire dans notre tête du concept de sport associé à des finalités qui vont au-delà de la représentation que nous nous faisons du sport. C’est d’une part la santé et il y a eu un atelier consacré à ce sujet, je n’y reviens pas. Mais un deuxième aspect que nous devons utiliser, chers collègues, pour donner une dimension supplémentaire à cette réflexion des Assises du sport, c’est la notion d’insertion. Le sport comme élément d’insertion.

Il y a déjà eu des efforts y compris dans ce qui se fait en milieu carcéral par des structures comme la fédération de boxe mais plus généralement l’insertion et compris avant l’exclusion, y compris quand l’exclusion s’est manifestée. Le sport comme élément puissance d’insertion. Vous comprenez bien qu’à ce moment-là, la mutualisation des financements, aujourd’hui donnés pour apporter quelques solutions aux conséquences de l’exclusion, ou apporter quelques modalités de mise en œuvre d’inclusion, nous pouvonsles croiser avec les financements classiques du sport et c’est cette nouvelle manière de réfléchir, de fonctionner, de mettre chacun dans le tout, et de faire que le tout n’oublie personne, que nous souhaitons qu’il s’exprime dans la démarche de financement, à l’occasion,Messieurs les organisateurs, de l’initiative qui a été prise et que je veux une fois de plus saluer d’organiser ces Assises du sport et c’est pour cette raison que je vous propose de retenir: «Martinique, terre de champions», «le sport pour tous et avec tous». Merci.

Louis BOUTRIN

Par rapport au programme initial, nous avons ajouté le financement de l’État à travers la DDJS qui s’appelle maintenant également DDJSCS, de cohésion sociale, dont le Directeur est Monsieur CHEVALIER qui s’excuse et qui est remplacé ce matin par Monsieur PRIVAT.

Bonjour à tous. Nous avons choisi de faire une présentation qui tient compte essentiellement des éléments apportés par l’État sur le sport à la Martinique. Il y a un élément que l’on n’a pas intégré dans notre présentation c’est notamment la part de la CAF et du ticket loisirs. Monsieur DUFEAL est présent, s’il a une intervention à faire, je pense qu’il pourrait en dire un mot. En ce qui concerne la Direction Jeunesse et Sports, on est sur le partage des politiques publiques en matière de sport et on contribue au financement du sport sur le territoire. Pour cela, on a trois moyens d’intervention principaux: le CNDS - les anciens disent le FNDS. C’est le Centre national de développement du sport et on intervient sur deux champs: le fonctionnement avec à peu près 2millions d’euros et l’investissement sur les équipements sportifs. Le deuxième moyen d’intervention c’est la mise à disposition des cadres techniques et enfin les emplois aidés. Je vais vous en faire une présentation plus détaillée.

Une fois que la part territoriale est attribuée à chacune des régions par le Conseil d’administration du CNDS au niveau de la France, la part de la Martinique est connue, donc nous réunissons une Commission territoriale qui est composée de représentants du mouvement sportif, son représentant est là, Monsieur SOUMBO, les représentants de la Collectivité Territoriale de Martinique et un représentant de l’Association des maires. Nous étudions les propositions des différentes associations qui portent leur projet et à ce moment-là, on fait un certain nombre de propositions sur les montants attribués. Enfin, la commission arrête les montants et nous transmettons les états de paiement à Paris qui, dans le courant du mois de juillet et août, effectue les mandatements. C’est pour le fonctionnement.

S’agissant de l’équipement, cela s’adresse essentiellement aux collectivités territoriales et aux communautés d’agglomération. Ce sont des interventions sur les équipements sportifs. Cette intervention est autour

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de 20% du montant global de la dépense et la Direction de l’investissement assure l’instruction des dossiers. Le partage de ces dossiers, contrairement au fonctionnement où il y a un appel à projets qui se fait en début d’année, là, les projets viennent au fil de l’eau. Les différentes communes et les différentes communautés d’agglomération proposent des financements. Par exemple, la piste cyclable de Ducos, nous sommes intervenus. Il y a une intervention qui a été actée, puisque l’on a parlé du stade de Sainte-Marie, pour à peu près 700000€. La participation pour la piscine de Rivière salée, 700000€ également pour l’année 2016.

Le deuxième champ d’intervention concerne les cadres techniques. Je voudrais juste, au milieu des deux, vous parlez de deux dispositifs qui sont: le fond d’échange, ce sont les financements qui sont mis à disposition par le Ministère de l’Outre-mer. Avec ce fond d’échange, on assure la facilitation des déplacements des athlètes sur des projets particuliers. C’est la représentation de la Martinique au niveau national, au niveau caribéen. Enfin, le BOP Sport, c’est un moyen d’intervention en interne qui nous permet surtout de porter des aides individualisées aux athlètes.

Concernant les cadres techniques, aujourd’hui sur les 63 ligues, il y a 5 ligues qui bénéficient de cadre technique d’État qui sont l’athlétisme, la natation, le football, le handball et… la voile - J’ai vu Monsieur Jean TRUDO, cela m’a rappelé la voile.

Un participant Et le basket.

Éric PRIVAT DJSCS

Oui, le basket aussi. Les cadres techniques sont des moyens d’intervention intéressants parce qu’ils permettent le développement de la discipline mais également un travail important sur la formation et la détection. Chaque ligue détermine le profil et le niveau d’intervention de son cadre technique qui est placé auprès du délégué. C’est un système assez particulier. Je pense que Samuel PEREAU en sait quelque chose. C’est placé auprès des ligues puisque ce n’est pas sous la responsabilité des ligues. C’est un système assez particulier.

Enfin, on finira en parlant des emplois aidés.

Ce sont des emplois qui, mine de rien, reviennent relativement chers quand on cumule le nombre de mises à disposition. D’abord les services civiques. Il faut savoir qu’un service civique coûte à peu près 900€. Une part est attribuée au jeune qui est de 580€ par mois. Ce service civique revient donc à 900€ sur la participation de l’État pour un jeune et par mois. Cela fait à peu près 9000€ sur l’année.

Pour finir, les emplois d’avenir, ce sont des périodes sur trois ans. Les adultes relais ce sont des emplois aidés qui sont mis auprès des territoires prioritaires et notamment les quartiers prioritaires de la ville qui sont sur Fort-de-France, Le Lamentin, Robert et Sainte-Marie.

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En conclusion, je vous dirais que ces différentes interventions se font en étroite collaboration avec tous les partenaires indiqués dans chacun des dispositifs. Même si chacun doit pouvoir conserver les orientations qui lui sont propres, l’accompagnement financier du sport martiniquais doit s’envisager de manière solidaire et mutualisée. Enfin, les déplacements, les équipements ou sport de haut niveau sont autant de champs sur lesquels nous devons avancer ensemble. Merci.

cela peut poser problème concernant la partie que nous devons apporter. Sans compter que, parallèlement à cela, on doit mettre en place aussi un service qui va entretenir. Cela demande des moyens humains et logistiques.

Troisième point concernant la promotion du sport au niveau de la commune. Selon la taille de la commune ou de la ville, il peut y avoir effectivement des services dédiés, un service sport et jeunesse. Au niveau de notre petite commune, par exemple, nous avons choisi de mettre à disposition de l’école et à disposition des associations, un animateur sportif. Nous voulons aussi, pourquoi pas essayer d’en mettre d’autres mais là encore cela revient à un problème financier.

Bonjour à toutes et à tous. J’interviens en remplacement de mon Maire, Lucien SALIBER qui m’a demandé de le remplacer au pied levé. Vous excuserez d’avance la qualité de mon intervention.

En tout cas, il m’a demandé d’intervenir surtout pour montrer l’implication des municipalités au niveau du sport. Généralement, nous intervenons au niveau du financement des activités des clubs, par l’intermédiaire de subventions. Cela dépend, bien entendu, de la situation financière de la commune. Chaque commune intervient en fonction de ses moyens. C’est un premier point qui peut être problématique en fonction de la situation financière de la commune.

Concernant le Morne Vert, nous n’avons qu’une seule Association sportive qui est d’ailleurs actuellement en difficulté. Ces dernières années, notre subvention, pour avoir une idée, était de 23000€. Au niveau d’une petite commune, c’est quand même un effort.

Nous intervenons aussi concernant la réalisation et l’entretien des espaces mis à disposition du sport. C’est vrai qu’il y a des aides qui existent mais il y a quand même un effort qui est demandé aux municipalités et là encore cela dépend de leur situation financière, que ce soit pour la réalisation et l’entretien de complexe sportif, de piscine par exemple. Là aussi

L’intervention sera courte mais ce que Monsieur le maire, Monsieur SALIBER m’a demandé de faire remonter c’est que certes, les collectivités municipales veulent apporter leur aide au niveau du sport parce que c’est un point très important pour la vie de la commune mais c’est vrai que cela ne peut se faire sans une aide importante, par exemple de la CTM, de la préfecture, de la Direction jeunesse et sports. C’est ce qu’il m’a demandé de vous transmettre. C’était ce petit témoignage. Je vous remercie.

Bonjour à tous, Bien que n’ayant pas assisté personnellement à toutes ces matinées consacrées aux Assises du sport depuis le 18juin, je suis certain, compte tenu de la qualité des intervenants qui m’a été rapportée, que la mutualisation des constats et des propositions qui ont été faites à l’occasion de ces matinées, permettra de définir des plans d’action pour l’ensemble du sport martiniquais. J’en profite pour remercier la Collectivité Territoriale de Martinique pour cette initiative et particulièrement, le Conseiller exécutif en charge du sport, Louis BOUTRIN

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et le Président de la Commission sport de la Collectivité, Marius NARCISSOT. C’est une excellente initiative qu’il convient de saluer et je pense vraiment qu’à l’issue de ces quelques samedis, nous aurons un catalogue de propositions et un mode opératoire qui permettra de faire avancer ce sport martiniquais.

Pourquoi une organisation professionnelle comme le MEDEF s’intéresse au sport?

La réponse est en trois volets: le premier c’est que nous considérons que le sport a un rôle sociétal notamment en ce qu’il participe au bien-être et à l’épanouissement des individus. Nous savons aussi que ce sport contribue à la croissance économique par les recettes qu’il génère et nous parlerons tout à l’heure, si Robert MARAJO me le permet, de l’intervention du MEDEF et des entreprises, plus généralement, à l’organisation des CARIFTA GAMES de natation et la part importante que nous y avons prise grâce à l’effort du Président LORDINOT que je salue et de Robert MARAJOqui a vraiment beaucoup insisté et quand on lui disait non, il sortait par la porte et rentrait par la fenêtre et à la fin, il a obtenu beaucoup plus que ce qu’il n’avait imaginé au début.

Nous pensons aussi que le sport contribue au rayonnement et à l’amitié entre les peuples ainsi qu’au rayonnement de la Martinique. Je salue Germain SOUMBO, le Président du CROSMA, qui le premier a inséré le mouvement sportif dans son environnement caribéen.

Venons-en au thème de l’atelier «le financement du sport martiniquais». Au MEDEF, nous sommes partis du constat que la plupart des événements sportifs qui avaient déjà une notoriété, je pense au Tour cycliste de la Martinique qui vient de se terminer, au Tour des Yoles qui va commencer demain. Bien que les dirigeants se plaignent toujours de ne pas avoir des ressources suffisantes, globalement ils arrivent à trouver des sponsors et globalement les budgets sont bouclés avec le concours, on l’a dit, de l’État et des collectivités mais globalement, pour ces sports qui ont une bonne ouverture aux médias, il n’y a pas de difficultés insurmontables. C’est plus difficile pour d’autres événements sportifs qui n’ont pas été encore pleinement perçus par le public martiniquais comme porteurs de nos valeurs et pourtant ces sports nécessitent de très gros moyens. Cela me permet de faire un focus sur les CARIFTA GAMES qui certes, avaient une couverture médiatique importante, mais les CARIFTA GAMES de

natation étaient organisées pour la première fois en Martinique et il n’était pas évident, d’entrée de jeu, que l’on parvienne à boucler ce budget de l’ordre de 600000€. Je dois dire qu’il y a une part publique importante, que les contributions des entreprises sur ce budget sont autour de 70000€. Ce n’est pas un montant exceptionnel mais c’est quand même l’élément qui a permis de boucler ce budget. Et ce qu’il faut noter sur cette manifestation et l’intérêt qu’elle a pour l’économie martiniquaise, c’est que sur les 600000€ globalement de budget, quasiment tout a été fait sur place et dépensé sur place. Ce sont des sommes qui ont été réinvesties quasiment intégralement. Je crois que seules les médailles ont été fabriquées ailleurs. Globalement, on sait que ce sont des manifestations d’envergure qui accroissent son rayonnement caribéen de la Martinique, qui l’insèrent un peu plus dans son environnement et qui en plus, a des retombées économiques intéressantes.

Au-delà des sommes dépensées pour la manifestation, il y a les accompagnants qui sont venus, des équipes qui sont venues, des familles qui ont accompagné leurs enfants et on peut estimer autour de 300000€ à 320000€ les dépenses ne serait-ce que pour l’hôtellerie. Je sais qu’il y a eu un atelier, il y a une quinzaine de jours sur l’impact économique du sport mais je tenais à le rappeler parce que cela me paraissait quelque chose d’essentiel.

Nous sommes convaincus que le sport martiniquais, que le mouvement sportif est un acteur majeur de la stabilisation de la société martiniquaise et de son économie. Je le dis avec plaisir, c’est un vivier de talents de haut niveau qui contribue à la notoriété de notre territoire. Nous avons fait le constat que j’ai indiqué tout à l’heure, des trois volets sport économie et l’implication du monde économique et singulièrement du MEDEF dans l’activité sportive est aussi née de la rencontre et des échanges que j’ai eus avec Germain SOUMBO. Germain SOUMBO est venu me voir en 2013, à l’occasion de son élection au CROSMA pour me présenter son projet «sport industrie». Nous avons échangé sur l’apport que le monde de l’entreprise pouvait avoir auprès du mouvement sportif. Nous avons réfléchi aux meilleures voies et moyens pour que ces échanges soient réguliers, permanents, et que l’on en vienne à financer puisque la démarche de Germain SOUMBO était celle-ci: comment le monde de l’entreprise peut contribuer au financement du sport martiniquais?

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Après quelques semaines de réflexion, d’échanges avec les spécialistes que Germain SOUMBO nous a présentés, il nous est apparu que la solution idéale, c’était un fonds de dotation. Il a été intitulé «Martinique sport, entreprises et développement». C’est une initiative conjointe du CROSMA et du MEDEF à laquelle j’ai tenu personnellement à associer l’AMPI puisque nous avions, à l’époque, échangé ne serait-ce que parce que le projet du CROSMA s’appelait «sport et industrie», il m’était apparu important d’y associer l’AMPI qui, à l’époque, était présidée par Pierre-Marie JOSEPH et qui est remplacé aujourd’hui par Hervé TOUSSAY qui nous fera une présentation tout à l’heure de l’apport des membres de l’AMPI au sport martiniquais. Étant précisé que globalement, 70% des adhérents de l’AMPI sont aussi adhérents du MEDEF. Nous sommes donc en complète synergie quand nous travaillons au fonds de dotation puisque les décisions du fonds de dotation sont prises par un comité composé de 2 membres du CROSMA, 2 membres du MEDEF et 2 membres de l’AMPI.

Ce fonds de dotation que nous avons porté sur fonds baptismaux en 2014, a mis beaucoup de temps à démarrer pour des raisons administratives notamment. C’était la première fois qu’une telle structure juridique était mise en place. C’est un outil relativement récent puisqu’il relève de la loi de modernisation de l’économie de 2008 et ce fonds de dotation combine à la fois, les atouts de l’association et de la fondation sans leurs inconvénients notamment tous les inconvénients liés à la lourdeur juridique des fondations.

Notez que le fonds de dotation est constitué par les allocations qui lui sont versées par les entreprises, au travers de notre organisation professionnelle et nous avons bon espoir d’utiliser et de collecter, en

vitesse de croisière, entre 150000€ et 250000€. Quelles sont les actions que nous soutiendrons conjointement (CROSMA, AMPI et MEDEF) à travers ce fonds de dotation?

Outre les rendez-vous majeurs, comme les CARIFTA GAMES de natation, que les entreprises, je le rappelle, ont financé à hauteur de 70000€ alors qu’à la première conférence de presse, Robert MARAJO disait: «Il nous faut 30000€» puis à la suivante il fallait 40000€ et à la fin, avec 70000€ il a pu boucler son budget.

Outre ces rendez-vous majeurs que nous souhaitons très fortement accompagner, nous allons mettre en place des bourses pour les sportifs de haut niveau méritants ou pour les jeunes sportifs qui rencontrent des difficultés sociales ou financières. Nous travaillons aussi sur proposition du CROSMA à la création de manifestations sportives en direction des jeunes désœuvrés des quartiers sensibles. Là nous rejoignons tout à fait ce que vient de dire le représentant d’État sur les adultes relais notamment et l’implication que nous voulons, nous monde de l’entreprise, avoir dans la société martiniquaise. Nous sommes conscients du rôle sociétal que nous devons remplir et nous le faisons, je crois, depuis de nombreuses années avec un engagement sans faille.

Comment attirer les entreprises? C’est aussi une problématique car elles sont sollicitées tous les jours. Nous avons toujours des demandes qui émanent des uns et des autres: un jeune qui a remporté une compétition locale et qui doit partir sur une compétition nationale, Nous sommes très sollicités et nous pensons que cette dispersion et ses sollicitations permanentes non organisées et non structurées, n’ont pas de retours et n’ont pas de retombées.

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Très souvent, les entreprises qui le font ne bénéficient pas des avantages fiscaux qui sont associés au fonds de dotation. Notre argument essentiel et premier auprès de nos adhérents, et des entreprises, c’est de leur dire: «via le fonds de dotation, les sommes que vous attribuerez au sport martiniquais seront défiscalisées». Des réductions d’impôts qui sont conséquentes, puisqu’en la matière, on a un crédit d’impôt de 60% des versements effectués avec des limitations liées au pourcentage du chiffre d’affaires, avec des reports possibles si vous n’imputez pas la première année. L’intérêt de ces versements c’est que certes, il ne devrait pas y avoir de retour intégral. L’administration fiscale dans sa grande générosité admet 25% en gros de retours d’images. Et je salue l’initiative du CROSMA en la matière. Dès qu’il y a des manifestations organisées par le CROSMA, il y a toujours le panneau devant lequel les joueurs sont invités à faire leur interview, sur lequel la liste des logos des différents sponsors sont présents et représentés.

Pour les particuliers, et nos dirigeants d’entreprise sont aussi des particuliers, ils vont pouvoir cumuler à la fois des défiscalisations de leur entreprise et leur défiscalisation personnelle s’ils le souhaitent puisque les particuliers bénéficient eux aussi de défiscalisation, d’une réduction d’impôt de 66% du montant versé. Il y a vraiment un champ d’économies fiscales possibles et je passe rapidement sur le troisième volet de l’économie fiscale qui concerne l’ISF puisqu’il n’y a pas grand monde de concerné à la Martinique.

En conclusion, ce que je veux que vous reteniez de ce lien et de cette organisation conjointe AMPI, MEDEF et CROSMA, et de ce fonds de dotation, c’est la reconnaissance de la pratique sportive comme vecteur de lien social. On a parlé du mécénat financier mais ce mécénat peut prendre aussi, et nous avons prévu avec Germain SOUMBO, de le décliner sous cet angle-là, l’aspect du mécénat de compétences. Nos entreprises pourront accompagner les clubs ou les ligues (ce sont plutôt les ligues qui décideront des clubs qui sont intéressés), à monter des dossiers: des dossiers de financement, des dossiers de demande de subventions. Il y a un champ de subventions européennes qui n’est pas aujourd’hui exploré aujourd’hui faute de compétences dans les clubs. Ce mécénat de compétences, il ira à la fois sur une recherche de subventions mais aussi sur l’accompagnement comptable parce que l’on se rend compte aussi que certains clubs ont des

difficultés financières qui ne sont pas anticipées et si nous avons ce vivier de cadres financiers ou comptables à disposition des ligues et des clubs, je pense que cela permettra une montée en compétences des équipes, une montée en compétences des associations et de tous ces bénévoles. Et je reviens sur ce que Miguel LAVENTURE disait tout à l’heure, tous ces bénévoles sans qui le sport n’existerait pas.

Pour nous, entrepreneurs, deux intérêts à ce mécénat de compétences: une communication en externe certes, mais une communication en interne afin de fédérer sensiblement les équipes. Voilà ce que je voulais vous dire sur le financement et la contribution modeste du MEDEF au financement de l’économie sportive et du sport martiniquais.

Bonjour à tous, j’aurais pu faire cette intervention en binôme, comme vous l’avez compris, avec le Président du MEDEF puisque nos entreprises y sont nombreuses. Mais quand il dit 70% c’est un peu beaucoup puisque nous sommes quand même 140 et il y a une trentaine d’entreprises chez moi, mais nous avons aussi des entreprises à la CGPME, très peu, mais quand même quelques-unes. Vous comprendrez que j’ai préféré faire un binôme avec Céline ROSE pour assurer la mixité, à la fois, des présentateurs mais aussi de la taille des entreprises.

La problématique du financement des entreprises au sport martiniquais est la même que l’on se trouve au MEDEF, à l’AMPI et à la CGPME. Je n’aborderai pas de chiffres, j’aborderai plutôt des questions relatives aux raisons de l’engagement des entreprises au sport. Nous allons notamment parler du fonds de dotation mais il y a aussi d’autres moyens.

Le premier engagement, il est celui pour lequel nous souhaitons que l’entreprise soit une entreprise

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citoyenne, cela a été développé au cours des présentations. L’entreprise se veut participer au développement social et humain de la société. L’entreprise est de plus en plus engagée et responsable de ce qui se passe dans son environnement et c’est la raison pour laquelle on doit retrouver l’entreprise quand elle n’est pas en mesure et qu’elle n’a pas toujours les capacités de recruter massivement mais au moins qu’elle participe par des financements importants parfois, plus modestes à certains moments, au financement du sport.

Cela nécessite une organisation au sein de l’entreprise. On peut tout à fait, et Céline ROSE en parlera tout à l’heure lors des engagements budgétaires, mais dès lors que l’entreprise souhaite s’afficher au sein du milieu sportif, il est important qu’elle mette en place une organisation soit du chef d’entreprise luimême - on le voit puisque souvent, les entreprises portant le nom du chef d’entreprise s’affichent clairement - d’autres avecleur directeur se retrouvent sur des manifestations. Je salue ici la présence du Directeur d’EDF qui est venu avec des personnalités que l’on verra tout à l’heure. Cette organisation nécessite effectivement que des moyens soit du chef d’entreprise, soit d’autres moyens (des salariés) participent à cette manifestation.

En contrepartie, il faut qu’il y ait une visibilité médiatique. On en parlera tout à l’heure dans «sport et média». Mais il est certain qu’il y a derrière, souvent, la volonté de se voir pour développer son entreprise ou les produits de son entreprise.

Au sein de l’entreprise, cela participe à une cohésion des équipes, des salariés. Après chaque manifestation, en fonction du domaine dans lequel se trouve l’entreprise (le cyclisme, le football ou d’autres), on assiste chez moi, tous les lundis matin, à une discussion sur ce qui s’est passé pendant le week-end et cela participe à la cohésion des entreprises. On est fier de soutenir telles équipes, on est fier de se retrouver sur le terrain le dimanche.

Personnellement je dois vous dire, quand je vois tous les jeunes qui portent le maillot de mon entreprise, qui se retrouvent le mercredi, cela fait vraiment chaud au cœur de voir comment l’entreprise participe au développement de ces jeunes. Sur l’aspect budgétaire, je laisserai la parole à Céline (ROSE) qui parlera d’engagement des entreprises.

Bonjour à tous. Je remercie aussi la Collectivité d’avoir pensé à l’AMPI et aux petites et moyennes entreprises de la Martinique pour parler du financement du sport. C’est vrai que ce n’est peut-être pas aussi organisé que sur les fonds de dotation, ce qui est très bien d’ailleurs, parce que cela permet d’avoir un espace où les entreprises peuvent avoir quelque chose de structuré.

Mais aujourd’hui, j’avais aussi envie de parler de ce financement de proximité que l’on a avec le milieu sportif qui n’est peut-être pas très visible, qui n’est peut-être pas très organisé mais qui a ce petit effet déclencheur sur des clubs sportifs dans des communes qui ont besoin de petits financements pour boucler un peu leur budget et en ce sens, les entreprises qui sont dans les communes participent activement et c’est vrai que sur la partie communication il faut quand même que vous soyez attentifs à ce que la communication des clubs sportifs soit un peu plus organisée pour mettre en valeur ces petites entreprises. Ce ne sont pas des sommes importantes de club à club mais mises bout à bout, on peut arriver à des montants. C’est vrai que ce sera un travail à faire d’évaluer ce financement d’entreprises qui n’entre pas dans une structure organisée mais qui est le premier pas d’une participation. Souvent c’est comme cela que l’on commence et après on finit en intégrant des fonds de dotation comme ce dont a parlé Monsieur JOCK tout à l’heure.

Essentiellement pour dire que la petite entreprise aussi participe au financement du sport de manière peut-être moins organisée mais souvent nos petits champions qui démarrent, cela commence dans la commune et c’est effectivement avec ce genre de petits accords que l’on peut atteindre le niveau des fonds de dotation.

Nous n’avons pas beaucoup de chiffres. C’est difficile sur les petites entreprises de savoir exactement ce

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Céline
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qu’elles donnent, elles-mêmes ne le comptabilisent pas de manière très organisée. C’est essentiellement pour vous sensibiliser à cela et savoir présenter les choses. Quand on va voir une entreprise, la manière de présenter son petit dossier, l’engagement personnel de la personne qui présente son projet quand il va voir un chef d’entreprise, souvent c’est de l’émotionnel et c’est comme cela que cela déclenche le petit financement de départ et souvent l’entreprise commence petit et si cela lui plaît bien, et qu’elle voit que l’association sportive valorise ce petit apport de départ, elle a envie de recommencer et, au fur et à mesure, elle amplifie son implication et elle crée des fonds de garantie, qui effectivement, je pense, organisent mieux le financement des entreprises et permet de passer à la défiscalisation quand on arrive à défiscaliser quelque chose. (Rires). C’est essentiellement ce que j’avais envie de dire sur cette partie-là.

Hervé TOUSSAY

C’est vrai que pour les entreprises de taille un peu plus importante, il y a véritablement une analyse budgétaire. On ne peut pas dire ce qui est réellement fait au sein

des entreprises. Chaque entreprise a sa politique et on le voit sur le terrain. Des entreprises s’engagent parfois uniquement sur des sports qui ont une image médiatique pour s’afficher et mettre des moyens très importants, cela va souvent jusqu’à 1% du chiffre d’affaires de l’entreprise. Souvent ce sont donc des montants très importants. Cet aspect-là est très important, en relation avec le développement du produit d’une entreprise et c’est le dernier volet que je voulais aborder qui est donc l’aspect «industrie martiniquaise». Ce sera ma conclusion en relation avec l’actualité.

Nous avons l’Association martiniquaise pour la promotion de l’industrie, comme son nom l’indique, qui cherche à promouvoir le produit fabriqué en Martinique et on le voit sur les manifestations sportives. Notre association met en valeur, en fédérant toutes les entreprises qui participent à cette promotion, sur le Tour des yoles avec aujourd’hui 4 industries qui participent à ce Tour. Il y en avait plus auparavant mais les difficultés économiques ont fait que certaines se sont retirées. C’est le message que je voulais faire passer au nom de l’industrie martiniquaise. Je vous remercie.

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Échanges/Débats

Rodrigue DUFEAL

Directeur Partenaires et contact clients, CAF Martinique Éric PRIVAT m’a passé le relais que je prends un peu tardivement mais Éric PRIVAT, je n’ai pas laissé tomber le relais. Vous avez compris que je n’ai pas forcément la tenue du Directeur partenaire CAF Martinique mais la tenue de sportif, de citoyen, membre du Golden Star Basket Club, l’un des plus grands clubs de basket de la Martinique. (Protestations au sein de l’assemblée) Éric PRIVAT, tu as parlé de tickets loisirs. Effectivement nous avons signé une convention avec la CTM. On aurait pu être aussi au micro, mais ce n’est pas grave, on est là. Sport et cohésion sociale, sport et insertion. Les entreprises ont dit que la branche famille a aussi son rôle à jouer. Éric PRIVAT l’a annoncé. Merci d’avoir introduit cette partie. Les tickets loisirs: tout ce que vous avez toujours voulu poser comme question sur le ticket loisir et que vous n’avez jamais osé demander, je vais répondre aujourd'hui en 4 points:

Pour qui? 4 - 20 ans. Montant? Aide plafonnée à 200euros. Montant dépensé en 2015: 1,3million d’euros. Quand on fait la division, on voit bien que 6000 enfants martiniquais ont bénéficié du ticket loisirs. Je ne pourrai pas répondre aujourd’hui à toutes les questions mais vous avez inscrit vos noms, vos coordonnées, vos adresses mail. Je me mettrai à votre disposition éventuellement le samedi. Je vois le Président de la ligue de handball qui m’avait invité un samedi, j’étais venu volontiers présenter à l’ensemble des présidents ce dispositif. Sport et insertion, sport et cohésion sociale, je pense que la branche famille a son rôle à jouer et nous allons faire ensemble car tout seul, on ne peut rien faire. En sport collectif comme en sport individuel, sé ansanm ki bon.

Alex CAROTINE

Ex-dirigeant du Club Colonial Alex CAROTINE, ex-dirigeant du Club Colonial qui est aussi un grand club… Je voudrais dire qu’il y a une source de financement, comme on l’a évoqué ce matin, c’est la contribution des dirigeants qui mettent la main à la poche pour le financement de certaines opérations soit sociales,

soit économiques, soit de performance économique dans leur club. Il y a d’une part les interventions financières que l’on attribue aux jeunes licenciés surtout quand on est un club omnisports, quand on a des sections de football, d’athlétisme, de tennis de table. Les dirigeants financent également pour l’achat d’un pneu, des contrats d’assurance de véhicules. Il y a une contribution également auxquels les supporters de clubs contribuent c’est l’obtention de résultats également le dimanche. Il y a des primes que l’on attribue également aux joueurs qui sont financées par les supporters. Il y a également des supporters de clubs qui financent également des regroupements pour faire l’acquisition des habillements, les préparer. C’est un financement qui, à l’époque où j’avais essayé de financer cela, représentait environ 20% du budget du club, parce qu’il y a cette contribution que j’évoque qui concerne le financement du sport et des clubs.

Youry ROTIN

Club Cœur et Santé

Le Club c’est Cœur et Santé. Il n’y a pas de compétition mais le travail est aussi important. J’ai trois questions concernant ce financement du sport: Est-ce que le fonds de dotation est donné juste au CROSMA qui va reverser aux associations? Vous avez parlé d’un mécénat et d’abattement fiscal mais il me semble qu’il y a un certain nombre de conditions notamment il faut que l’association soit d’utilité publique donc déclarée à l’État. J’aimerais avoir la précision peut-être que je n’ai pas toutes les informations.

Ensuite, au niveau du financement du sport en milieu carcéral. Le milieu carcéral est un milieu très intéressant car il y a beaucoup de sportifs très compétents. J’interviens en milieu carcéral et je pense qu’il y a un travail à faire au niveau de l’insertion sociale de ces jeunes. On a l’exemple de Jimmy VARDY, de N’Golo KANTE, qui ont fait de la prison et qui sont de très grands sportifs. Il y a un vivier de personnes très physiques au centre pénitentiaire que l’on aurait pu accompagner. Qui peut accompagner ce type de projet? Qui peut le financer? Voici mes trois questions.

Philippe JOCK

S’agissant du fonctionnement du fonds de dotation, je l’ai indiqué dans mon intervention, c’est un comité composé de représentants du CROSMA, du MEDEF et de l’AMPI qui vont choisir les actions à accompagner avec les trois volets que l’on a déclinés à savoir l’accom-

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financement du sport martiniquais

pagnement des jeunes sportifs, les manifestations d’envergure internationale et l’accompagnement financier pour les sportifs méritants ayant des difficultés sociales ou financières.

Un participant

Les associations ne peuvent pas y aller?

Philippe JOCK

Les associations via leur ligue vont présenter des dossiers au CROSMA. S’agissant de la condition à remplir, le fonds de dotation est régulièrement déclaré. Les avantages fiscaux qui sont associés sont acquis et c’est bien ce qui a pris beaucoup de temps et qui a empêchéau fonds de dotation de fonctionner dès 2015 puisque les autorisations administratives ont mis beaucoup de temps.

S’agissant du sport en milieu carcéral, je ne sais pas s’il y a quelqu’un autour de la table qui est en mesure de répondre, peut-être l’État?

Éric PRIVAT

Par rapport à la question concernant une aide au centre pénitentiaire, je ne peux pas apporter de réponse précise aujourd’hui bien évidemment, mais je pense que dans le cadre des actions en termes de cohésion sociale, de sport, en lien avec les autres services de l’État, il peut y avoir des choses qui se mettent en œuvre pour accompagner éventuellement des situations particulières. Ce que je vous proposerai, c’est éventuellement de prendre rendez-vous au niveau de la

Direction de la jeunesse et des sports et de la cohésion sociale pour exposer entièrement les projets que vous avez et voir quelle mesure il est possible de vous accompagner ceci en lien avec le Ministère de la justice, etc.

Un participant Dirigeant du RC Saint Joseph Bonjour l’assemblée, une simple question. La question que je pose de manière générale: qu’est-ce que l’on fait du bénévolat en Martinique? Nous savons que notre jeunesse a besoin d’encadrement. Notre jeunesse a besoin de toute une série de choses en dehors de la cellule familiale, pour l’accompagner dans la vie. Je voudrais savoir qu’est-ce que l’on fait du bénévolat de manière générale? Parce qu’un bénévole, financièrement, il dépense, que ce soit au niveau de son temps, que ce soit au niveau du matériel qu’il met à disposition du club. Il y a un investissement. Qu’est-ce que l’on fait de ces gens?

Louis BOUTRIN

J’ai demandé le programme parce que nous avions prévu parmi les ateliers, un atelier qui a été d’ailleurs très animé qui concerne le sport et le bénévolat. Cet atelier s’est tenu le samedi 16juillet. C’est vrai que c’était un week-end particulier mais il y avait plus de 120 participants. Nous avons retenu l’idée d’un statut du bénévole sportif parce qu’effectivement ce que vous venez de dire, cela va dans le droit fil de toutes les interventions. À l’instar de ce qui se fait actuellement dans le milieu syndical, on souhaiterait qu’il y ait un véritable statut avec un crédit d’heures auprès de

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l’employeur et quelques avantages notamment sur le plan fiscal. Je résume les grandes lignes mais cet atelier a déjà été traité. C’est vrai que les bénévoles, Monsieur le représentant du Club Colonial vient de le rappeler, Miguel LAVENTURE l’a souligné lors de son intervention, le poids dans le financement du sport, des bénévoles. Je profite du micro pour saluer quelqu’un que vous ne connaissez pas trop puisqu’il était sous-préfet dans l’Hexagone, il est actuellement Directeur Général des Services de la Collectivité Territoriale de Martinique, Jean-Guy MERCAN qui va se mettre debout.

Puisque nous avons cet intermède de présentation, je vais également saluer la présence parmi nous de Marie-France TOUL qui est vice-Présidente de l’Assemblée de Martinique. Sa voisine Marie-Line LESDEMA.

À ses côtés, Michel BRANCHI, Président de la Commission des finances, qui a fait une très belle présentation lors de l’atelier sur les arts martiaux.

Madame TINOT, Conseillère territoriale membre de la Commission Sport également. Vous avez bien compris que tout le monde de la Commission sport, majorité et opposition,nous sommes dans le même balan.

Belfort BIROTA que j’ai aperçu.

Monsieur LACOM qui est le Président du CCEE, le Conseil consultatif de l’éducation et de l’environnement. Je salue également Michel CRISPIN qui est le Président du CESER, Conseil Économique et Social régional. Où est-il Monsieur CRISPIN? Il se met debout.

Je tiens tout particulièrement à saluer un grand sportif, on parlait de bénévoles tout à l’heure, il n’en a pas l’air mais il apporte sa contribution. Il est président d’un club à Saint-Joseph et il est un des conseillers du Président Alfred MARIE-JEANNE, puisqu’il est au Cabinet du Président, Camille MARLET qui va se mettre debout. Yves SIDIBE qui est Directeur Général Adjoint qui s’occupe des infrastructures.

Les collègues veulent que je fasse tout en une foulée. C’est un marathon. Mais si on va trop vite, on risque d’être épuisé avant l’heure. Je voudrais profiter de ce micro pour saluer parmi nous, puisqu’il s’agit de mécénat, de partenaires privés et Miguel LAVENTURE a souligné l’apport du monde de l’entreprise dans les échanges sportifs et dans le financement du sport et parmi ces entreprises, il y a une grande entreprise qui nous éclaire tout le temps, qui est EDF… représentée par son Directeur, Michel DURAND… Nous travaillons ensemble dans un programme territorial

de maîtrise d’énergie et j’apprécie énormément cet homme pour la qualité de son apport et surtout son esprit de construction et sa perspicacité. Il intervient également en tant que partenaire mais c’est avec un immense plaisir, qu’aujourd’hui, il vient avec une sommité du monde de la voile puisque ce monsieur, tenez-vous bien, a fait le tour du monde en catamaran. C’est un tout petit catamaran de 6,30 mètres, en plus sans électronique, sans GPS c’est-à-dire comme à l’ancienne avec un sextant et juste des cartes comme on le connaît et comme on l’a vu dans des films. Il est parti en octobre2013, il est arrivé en juin2015. Je vous demande de saluer parmi nous la présence d’Yvan BOURGNON qui se met debout. C’est un illustre skipper franco-suisse qui a également gagné la transat Jacques Fabre avec son frère Laurent BOURGNON. Je vous demande d’applaudir cet exploit. Puisqu’il a fait ce tour du monde sans GPS, il sera à bord d’une yole sans GPS… Dès après-demain, il va faire une étape. Cela a été son souhait mais je préfère qu’il vienne, qu’il puisse exprimer à la fois ses émotions et son intérêt pour la voile traditionnelle martiniquaise. Ba’y an lanmen.

Yvan BOURGNON Skipper - Tour du monde en solitaire Bonjour tout le monde. Effectivement, c’est un grand privilège d’être avec vous aujourd’hui mais aussi un grand privilège d’avoir était invité par EDF pour être sur cette yole de gommier tradition. Pour tout vous dire, je tremble un peu parce que j’ai mis mes premiers pieds sur la yole hier et cela a commencé par deux chavirages. Quand j’ai fait le Tour du monde, j’ai chaviré deux fois en 250 jours et là, en 25 minutes, j’avais déjà coulé deux fois. J’ai bien remarqué que ces embarcations étaient très instables et que leurs techniques de navigation étaient très particulières. Et c’est vrai que moi, qui ai goûté à, à peu près à tout ce qui flotte sur l’eau, en tout cas depuis 30 ans maintenant, je n’ai jamais vu une embarcation aussi incroyable que celle-ci qui défie toutes les lois de la physique et de la nature puisque, vous le savez, il n’y a pas de quille sur votre yole et Dieu sait si c’est compliqué de la maintenir à l’endroit. J’ai bien compris que tout ce que j’avais appris depuis 30 ans en matière de navigation, cela ne servait à rien… Je suis donc arrivé hier en disant: «Je suis votre équipier, je vais commencer à apprendre». J’aurai grand plaisir en tout cas demain à démarrer le prologue et à tenir peut-être une ou deux étapes avec

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Le
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eux. Je pense qu’on va y prendre beaucoup de plaisir et que l’on a beaucoup de complicité puisque, vous l’avez compris, je navigue maintenant depuis quelques années sur des bateaux qui sont dépouillés de toutes technologies, de GPS, de protection de cabine, et là effectivement hier, lorsque je suis monté sur le bateau, et j’ai vu qu’il n’y avait même pas ces petites choses qui indiquent la direction du vent. Je me suis dit: «comment font-ils pour pouvoir voir d’où vient le vent ?»

Ils sont encore plus intuitifs que nos marins traditionnels en France. Je suis très impressionné et j’ai hâte d’en découdre avec eux pour voir comment cela se passe. Je vais en profiter pour parler un peu de sport, de la voile de manière générale, surtout médiatique et business. En tout cas, en ce qui concerne la Martinique, pour avoir un peu sillonné toutes les mers du monde, je pense que vous avez vraiment la chance d’avoir une île où il y a 400000 personnes qui vivent autour de la yole et de la voile. C’est assez unique au monde parce qu’à part la Bretagne et je pense un peu la NouvelleZélande, je ne connais pas d’autres endroits sur la planète où il y a autant d’engouement sur un événement de voile et sur la voile en général. Je crois que cela mérite beaucoup d’attention.

Il y a aussi une autre chose incroyable qui se passe en Martinique avec la mer, c’est une des rares villes au monde où il y a du vent à peu près partout, que ce soit sur la côte au vent et sur la côte sous le vent. La baie de Fort-de-France est réputée pour avoir du vent malgré qu’elle soit sous le vent, mais aussi du côté du Diamant. Il y a vraiment du vent sur toute la côte et c’est assez incroyable. Quand tu vas en Guadeloupe, ou même sur toutes les îles du monde, il n’y a pas cela, même en Bretagne. Vous avez évidemment la chance de naviguer 365 jours par an. C’est vraiment particulier à la Martinique.

J’ai vu beaucoup d’efforts sur les structures qui sont faites. Une seule chose qui peut être regrettée, il y a encore des choses à faire au niveau de la formation, au niveau des moniteurs de voile notamment. On voit que les associations font de gros efforts pour former leurs jeunes mais tout cela manque peut-être encore de cadres au niveau peut-être fédéral pour qu’il y ait plus de moniteurs de voile, de gens qui soient de vrais formateurs, des vrais coaches qui puissent encadrer et former ces jeunes. J’espère que là-dessus, il y aura

des efforts de fait pour que cela se développe encore plus parce que vous avez toutes les prédispositions pour cela. En ce qui me concerne, cela fait 25 ans que je fais ce métier,la voile. J’ai eu la chance de trouver de nombreux sponsors depuis très longtemps. Pour vous parler un peu de ce qui se passe en métropole mais cela y ressemble beaucoup, en tout cas hier j’ai vu sur la yole qu’ils étaient très organisés, même si ce n’est pas une équipe professionnelle, au niveau de la communication et cela fait plaisir à voir. En tout cas à la yole gommier tradition, on a bien compris que ce n’est pas juste prendre l’argent des sponsors, ce n’est pas juste récupérer les sous ou mettre un sticker sur la voile, mais qu’il fallait s’impliquer, se donner. Hier, ils se sont mis en situation pour des tournages, pour des images, et c’est vrai que ça fait plaisir de voir des sportifs jouer le jeu à fond de la communication. C’est un peu le défaut parfois du sportif qui pense à son sport et qui oublie qu’il y a des sponsors derrière, qui attendent un retour. Aujourd’hui, je crois que l’on n’a pas le choix, c’est un peu fini les patrons d’entreprises qui donnent de l’argent parce qu’ils aiment le foot, ou parce qu’ils aimenttel autre sport. Tout le monde doit rendre des comptes à tout le monde et tout le monde doit être très professionnel que ce soit niveau amateur du sport et au niveau professionnel. De voir que même au sein des yoles où il n’y a pas d’enjeu d’argent, de voir qu’il y a de belles initiatives au niveau de la communication, cela fait plaisir.

En tout cas, de ce qui se passe pour nous dans la voile en France, il y a évidemment une petite crise économique mais bien que ce ne soit pas le sport numéro un, bien que la formule un, le cyclisme, prennent les devants on reste un des sports qui réunit et qui récupère les plus beaux budgets au niveau du sponsoring et du mécénat. C’est essentiellement lié à l’image. Évidemment cela porte. Vous savez, la voile porte des valeurs fortes: il n’y a pas trop de dopage, il n’y a pas d’argent, il n’y a que des belles vertus sur la mer: la nature, les humains qui sont mis en avant, avant tout. Et même s’il y a un peu d’argent, l’argent est mis dans les bateaux et jamais sur les skippers, sur les équipages. La voile porte du coup, de belles valeurs qui sont aujourd’hui reconnues plus que jamais.

Il y a évidemment la notoriété qui joue son rôle car la France est le troisième ou le quatrième pays où les retombées médiatiques sont les plus importantes en termes de voile. Cela y contribue. Des événements

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sportifs comme le tour des Yoles ou le Vendée Globe ou tous ces grands évènements qui passent beaucoup en télé et cela permet vraiment de médiatiser son événement et de le vivre. Malgré tout, il y a beaucoup de rivalités, car il y a beaucoup de bateaux, beaucoup de sponsors.

Le conseil que j’ai à donner, c’est que quel que soit le niveau où on est, je pense que chacun doit trouver son identité (au niveau des clubs, au niveau des sportifs) et doit essayer de raconter son histoire parce qu’effectivement aujourd’hui on ne peut pas se permettre de juste dire: «je veux faire troisième ou je veux faire quatrième ou cinquième». Je crois qu’il faut vraiment trouver son identité et son histoire. Son histoire peut être complètement différente: cela peut être une histoire autour d’une cause humanitaire, d’une cause de santé. Tout à l’heure on parlait de mécénat: il y a beaucoup effectivement aujourd’hui de bateaux qui portent le nom… Moi j’avais porté le nom du «don d’organes ou à la vie» mais il y a eu la chirurgie cardiaque, la sclérose en plaques, toutes ces causes qui aujourd’hui sont mises en avant et du coup cela ne permet pas seulement de penser à la régate mais de raconter une histoire, d’emmener des malades sur les bateaux, de leur faire vivre quelque chose d’exceptionnel mais cela peut être aussi tout simplement des records, des gens exceptionnels qui viennent embarquer sur un bateau. Toutes ces belles histoires permettent aux médias de raconter quelque chose et de le faire vivre davantage.

Louis BOUTRIN

Vous avez bien compris qu’il y a de la cohérence dans ce que nous faisons, puisque nous parlons de financement du sport. Miguel LAVENTURE qui a fait l’intervention s’occupe également de tourisme. L’exemple de la voile montre bien qu’il y a une passerelle entre, à la fois le sport, le financement du sport et les activités de développement économique puisque nous avons le MEDEF et l’AMPI qui sont présents aujourd’hui ainsi que la CGPME, pour que tout le monde soit cité. Nous saluons la présence du Président de l’exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique, Alfred MARIE-JEANNE.

Monsieur BOURGNON, merci de votre témoignage. Michel DURAND, merci également de votre présence et je dirais, de cette collaboration étroite que nous avons dans le cadre de ce que vous avez signé avec le Président Alfred MARIE-JEANNE, le programme territorial de maîtrise d’énergie. De l’énergie, il nous en faudra ce matin pour accélérer parce que nous avons pris un peu de retard. Sans plus tarder, je restitue la parole à la salle, au présentateur, pour que nous puissions terminer les questions sur ce premier atelier «financement du sport martiniquais».

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Victor JEAN-BAPTISTE

Président de l’association Bò Kannal Levé Doubout Man ka prézanté kò-mwen Victor JEAN-BAPTISTE, prézidan lasosiasion Bò Kannal Lévé Doubout é vis-prézidan Martinique All Star. Premié kestion-an man ka pozé, nou ni an outil Bò Kannal ki téren foutbol-la. Téren foutbol-la té ni kat poto limiè ki té ka limen konvenablèman kifè nou té ka organizé an kartié-a, nou té ka animé kartié-a. Pou yo té sa pasé an lawout, yo di nou «nou ka tiré poto-a é lè la wout-la pasé» yo key viré mété poto-a. Poto-a resté dòmi la, i anni disparet. Nou sav bien ke TCSP-a sé Bò Kannal i key rivé; dènié estasion-an, sé Bò Kannal. Bò Kannal, ni an gran lotel yo fini konstwi yo ka kriyé «Le Simon». Man ka kwè si yo ba mwen ékléraj-la o norm, sa key fè an animasion ba kartié Bò Kannal ki kanmenm la-Martinik, key fè an animasion ba Fodfwans é ka fè an animasion ba la-Martinik. Ou pé ni dé timanmay ki key pé vini jwé foutbol pask ékléraj-la key korek de 15 zè à 19 vè, ou pé fè ba jenn é de 20heures jiska 23heures ba lé zadult ki ka travay la jounen ki pé pa vini laprémidi. Ou pé ni dé zajanki té vini adan lotel-la an touris é par tjiryozité ki pé vini gadé sé déwoulman sé match foutbol-la épi yo pé wè an super jwè atravè bagay tala. Man té key anvi sav ki moun ki key pé pli ta, man kay kité téléfonmwen pou yo risivwè mwen pou diskité di sa plus longman.

Dézièm bagay-la, ou ni sa yo ka kriyé «le beach soccer». Sé nou Martinikè ki ay pòté «beach soccer» an Gwadloup. Il se trouve que la Gwadloup za partisipé an 2015 aux Championnats du monde de «beach soccer» au Salvador alor que yo fè an Championnat beach soccer de janvier à mars. Man ka mandé mwen: nou antouré dlo ek sab, ki tan nou key ni an téren «beach soccer» aux normes internationales 37 mètres sur 28 mètres.

Twaziem bagay-la, ou ni an lo timanmay ki adan lékol de foutbol; lé paran ka péyé kotizasion ba yo. Mé sé timanmay nou-an dè 6 zan a 11 zan pa ni konpétision ba yo: yo pa ka fè konpétision. Man té key swété ke yo fè an espas rézervé ba foutbol an sal ba timanmay 6 a 11 an. Lè nou sav ke laratik du football ka permet ladécouvert de grands techniciens. Mi anlè twa bagay-tala finansman, sav koumaniè demen maten ke nou pé ni an «beach soccer» ki key fè pratik foutbol sal. Téléfòn-mwen sé 0696 31 33 50. Man sé an zanfan du péyi-a an servis de lajenès martinikèz donk man ni dwa osi an favè jénes mwen. Mèsi.

Louis BOUTRIN

Trois questions précises et concises. En ce qui concerne le Beach soccer, cela fait partie des orientations qui ont été prises quand on a parlé des infrastructures. C’est vrai que nous devons mettre à profit nos plages pour le Beach soccer, pour le tennis, pour le volley.

Ce sont des pratiques qui, en plus, sont devenues des sports olympiques. Nous accompagnons ces disciplines qui font partie de la programmation en matière d’infrastructures pas seulement que du béton, mais à la fois les installations de pleine nature.

En ce qui concerne les espaces pour les gamins jusqu’à 11 ans, il y a un très beau projet qui a été présenté par Samuel PEREAU qui est Président de la ligue de football que je vous demande d’applaudir. C’est un projet porté par la ligue de football et qui prend en compte cet aspect des choses. S’il veut donner des précisions, il a toute latitude pour le faire mais la Collectivité accompagne déjà par le financement. Dans la pratique c’est 11000 licenciés, c’est la plus grosse ligue du pays. Nous l’accompagnons et dans son programme d’actions annuel, il y a effectivement la prise en compte de cette tranche d’âge. Pour l’éclairage du terrain de foot de Bò Kannal, je laisse la parole à Miguel LAVENTURE.

Miguel LAVENTURE

En complément des deux premiers points, sur la possibilité d’avoir des équipements particuliers pour les enfants, on revient complètement au partage des usages que nous avons ici. Aujourd’hui il n’y a pas d’incompatibilité, le Président de la ligue de football le sait, il le met en œuvre, de faire en sorte que des terrains, des espaces, des salles ou des dispositions qui existent puissent être organisés pour des usages multiples. C’est dans ce sens-là et c’est comme cela que nous allons parvenir à faire en sorte qu’il y ait davantage de valorisation, d’utilisation, de profits qui soient tirés des éléments, même si on apporte quelques compléments, quelques ajustements, quelques équipements particuliers sur un certain nombre de sites.

En ce qui concerne le terrain qui a besoin d’éclairage, je pense que c’est un terrain qui n’appartient pas à la CTM. Je pense que c’est un terrain qui doit appartenir à la ville de Fort-de-France. Je pense que c’est un démontage de poteau qui a été fait par d’autres personnes que la CTM et par conséquent, comme je suis Conseiller municipal de Fort-de-France, je serai très heureux avec la collègue TOUL qui est également

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Conseillère municipale, avec Michel BRANCHI qui est Conseiller municipal et avec Marie-Line LESDEMA et tout autre collègue qui est ici et qui siège au Conseil municipal de Fort-de-France, je pense que nous serons très heureux de pouvoir organiser une séance de travail avec les autorités compétentes. Nous serons présents pour supporter cette nécessité. Je pense qu’il n’y a personne dans la salle, qui ignore, en tout cas pas moi, le militantisme bénévole que tu mets en œuvre depuis des années et des années, à Bô Kannal, mais d’une manière générale sur Fort-de-France et la Martinique et par conséquent nou key pòté sa épi-w.

Samuel PEREAU

Président de la ligue de football de la Martinique Bonjour à tous. Je salue effectivement l’intervention de Victor. On connaît Victor, son verbe haut et sa force de persuasion mais on est tout à fait derrière les projets qui ont été évoqués notamment la question des orientations en termes de Beach soccer. Ce sont des infrastructures qui manquent. Et la question d’un espace dédié pour le foot, on va travailler dessus. Très rapidement, en une minute, pour faire six propositions ou en tout cas des pistes de proposition en matière d’économie et de recettes pour le sport martiniquais. Je rebondis sur l’actualité c’est-à-dire le Tour des yoles rondes de la Martinique. Cela a été évoqué lors de débats très fournis de la dernière fois. Je crois qu’il y a vraiment une orientation à prendre pour que ce produit puisse être mieux rentabilisé pour que finalement l’investissement territorial soit moindre ou soit rééquilibré par rapport aux ouvertures. Il y a vraiment quelque chose à faire pour gagner de l’argent, en tout cas un peu plus d’argent sur ce produit.

Autre chose c’est l’intégration à la FIFA pour le football martiniquais. Le Président MARIE-JEANNE est arrivé et vraiment je salue son action puisqu’il était fortement engagé en la matière. Parfois on nous dit: «Qu’est ce que vous voulez? C’est identitaire…». C’est d’abord une ressource financière incroyable pour le football martiniquais et pour le sport martiniquais. C’est 1,5million d’euros par an, pendant quatre ans. Lorsque l’on voit sur le diaporama que Monsieur LAVENTURE a montré, que la Collectivité s’engage à hauteur de près de 10millions d’euros pour les ligues et comités, cela représente à peu près 15% de ce montant. Cela pourrait permettre de souffler et de distribuer un peu mieux pour les autres disciplines. La rentabilisation des équipements: j’ai eu une

discussion hier avec un ami qui m’a parlé du Golf à la Martinique. C’est vrai, on voit qu’il y a 2millions d’euros qui sont injectés en termes de fonctionnement pour cet équipement. C’est 15millions d’euros qui sont estimés pour la remise en état de cet équipement et c’est un site incroyable. On peut se demander: estce qu’il n’y a pas des choses à faire pour mieux le rentabiliser? Quand on parle de l’investissement des usagers, de la famille, il faut que le Martiniquais et ceux qui visitent la Martinique puissent comprendre qu’il y a des équipements, c’est beau, c’est joli, on peut pratiquer des choses, mais il faut payer aussi pour les utiliser.

Trois autres choses rapidement. C’est un peu pour l’État: le financement et le mode de calcul de la part territoriale du CNDS. J’ai toujours posé la question à Monsieur CHEVALIER qui me dit que la part territoriale est calculée avec des ratios qui sont un peu plus importants pour l’Outre-mer mais lorsque l’on sait que le CNDS est financé en grande partie par les recettes de la Française des jeux, et lorsque l’on connaît heureusement ou malheureusement, la propension des Martiniquais aux jeux et donc finalement l’investissement économique des Martiniquais dans la Française des jeux, on peut se dire qu’il y a nécessairement à revoir les coefficients et des modes de calcul de la part territoriale du CNDS. D’autant plus que nous avons un retard en équipements qui est de l’ordre de 10 points de retard par rapport au reste national. Lorsque le Ministre répond au Président MARIE-JEANNE qu’ils ne sont pas d’accord pour que l’on intègre la FIFA mais qu’ils sont d’accord pour faire un effort supplémentaire en termes d’infrastructures, il faut peut-être que des actes suivent les paroles.

Sur la conception provisoire du domaine public, c’est quoi? Cela doit être une aide aux communes. Il y a, en matière d’activités sportives, beaucoup de clubs, beaucoup d’associations qui organisent des manifestations et l’une des petites recettes qui est constante pour les associations, c’est tout ce qui est buvette, tout ce qui est organisation de logistique alimentaire autour des activités sportives et les clubs, les associations n’arrivent pas à tirer profit suffisant de cela. On ne va pas parler du Golden Star ni du Club Colonial, mais on peut parler de la Samaritaine par exemple (rires) qui draine un public important - il y en a d’autres aussi et qui n’arrivent pas parce que les dispositifs ne sont pas encore en place pour réglementer le commerce

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sédentaire autour du stade. Si vous avez un match un vendredi soir à 20heures, à partir de 18heures il y a déjà du monde, il y a même la question de l’utilisation des parkings et il y a quelque chose à faire avec les collectivités communales en matière de possession provisoire des espaces pour que les clubs puissent mieux rentabiliser cela.

Une dernière chose, sur les emplois, tout cela c’est peut-être la compétence de l’État mais il faut en parler, et les Parlementaires, le Président MARIE-JEANNE est là mais les autres parlementaires peuvent travailler sur la question de l’évolution des dispositifs d’emplois aidés. Nous avons souvent pensé que le sport promotionnel, c’est-à-dire avoir peut-être une pratique semi-professionnelle à la Martinique, dans certaines disciplines, pouvait passer par des dispositifs d’aide à l’emploi en termes de pratiques formation des jeunes entre 18 et 25 ans sur le modèle de dispositifs qui existaient déjà, pourrait être aidé à la pratique et à la formation pour pouvoir améliorer à la fois le spectacle qui est donné et également donner des formations concrètes à ces jeunes. Merci.

Alex BONVENT

Directeur d’agence bancaire Bonjour à tous, Alex BONVENT, Directeur d’une agence locale d’une banque de la place. On ne va pas faire de publicité. Je suis très content de ce qui a été fait car lors de son discours d’ouverture, le Président MARIEJEANNE avait dit: «Je vais vous associer à ce que je fais». Il y a des initiatives qui ont été déjà prises: la pêche, le sport. C’est vrai que je n’ai pas pu assister aux autres séances pour des raisons d’organisation. Je crois que dans tout, il faut une méthode. Je veux vraiment saluer cette méthode-là c’est-à-dire d’abord on écoute les gens, on fait des préconisations, et on fait des conclusions. J’avoue que j’apprécie. C’est vrai que tout le monde a parlé d’ex. Je suis aussi un ancien dirigeant. Je suis ex-Secrétaire général de d’un club sportif de Rivière Pilote. Cela fait quand même plaisir de le signaler.

J’ai trois propositions à faire. La première parce que l’on a parlé de mutualisation et de solidarité, ce serait de retenir ce qui a été dit par le Président JOCK en partenariat avec le CROSMA, cette notion de mécénat de compétences. Parce que la problématique que l’on rencontre aujourd’hui et je le vois à travers mes fonctions. On a des dirigeants qui sont bénévoles qui

s’engagent, qui s’investissent, et cela été dit, malheureusement ils n’ont pas les compétences. Par exemple ils disent qu’ils ne savent pas faire un plan de trésorerie. Parfois je suis obligé de communiquer des modèles. Je crois qu’il faut mettre un mode opératoire assez rapidement dessus pour vraiment former les dirigeants à la notion de gouvernance associative parce qu’il y a aussi des gars qui viennent, yo ka vini fè a kou. Yo pa vini vraiment et puis cela, c’est un vrai problème en Martinique: le problème de gouvernance. Tout le monde veut être chef, tout le monde veut être président. Mais il y a un gros problème, il faut faire un constat, chacun doit se remettre en cause parce qu’il y a des ego qui sont très forts dans ce pays et le jour où on va laisser tomber les ego, je crois que l’on va avancer énormément.

La deuxième proposition concerne les clubs et les ligues qui n’arrivent pas anticiper leurs besoins c’est-à-dire qu’ils ont un besoin de 100 et au final découvrent qu’ils ont besoin de 200. Il faut vraiment anticiper le besoin pour permettre de mutualiser les financements.

La troisième, qui est un peu plus délicate, c’est le problème de délais de versement des subventions. Je crois qu’il va vraiment falloir réfléchir sur cette approche. Je ne peux pas dire parce que je suis aussi banquier, on essaie de faire de notre mieux pour accompagner. Je crois que les banques de la place tirent souvent sur les rênes mais souvent le problème c’est qu’elles n’ont pas de visibilité. Parce que les associations, vous êtes très nombreuses dans la salle vous ne savez pas, je le dis franchement, anticiper les choses et c’est toujours à la dernière minute. Et derrière, une banque a aussi des règles à respecter. Je voudrais quand même faire cette proposition. Il faut vraiment réfléchir dessus: on anticipe à la fois les besoins et comment faire en sorte qu’il y ait des subventions qui soient versées dans des délais raisonnables ou encore sécuriser les banques dans leur approche d’accompagnement. Merci beaucoup.

Miguel LAVENTURE Brièvement pour appuyer et presque remercier Alex BONVENT de mettre le doigt sur ces éléments. Oui pour la mutualisation. Deuxièmement, les compétences pour accompagner les dirigeants d’associations, la proposition qui a été faite par Philippe JOCK est extrêmement déterminante et tous ceux qui pourront

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en bénéficier faciliteront à la fois la vie de leur club et la vie du sport en général. Troisièmement, les délais de paiement, c’est un sujet central. On est là ni pour pointer le doigt sur personne, ni essayer de jouer, je ne vais pas dire, blanc mais je veux juste dire, Président n’écoute pas, que depuis que la nouvelle mandature est en route, chacun sait qu’un objectif absolument prioritaire au quotidien, c’est précisément de faire en sorte qu’une dépense reconnue, soit une dépense payée. Cela vaut, je le dis sans embarras, pour les entreprises notamment les plus modestes, mais les entreprises en général et les associations. D’autant que les associations, mais chacun de vous le sait ici, n’ont pas des fonds propres qui sont constitués par le capital comme une entreprise et par conséquent, si ce n’est pas la ressource des membres qui amorcent la trésorerie, l’association est en difficulté. Par conséquent, très clairement, je le dis, encore une fois, Président n’écoute pas, c’est une orientation fondamentale. Je le dis parce qu’il a bien voulu me faire la confiance de me demander d’être au sein du Conseil exécutif en charge des questions budgétaires. Je vous dis avec beaucoup de simplicité, il n’y a aucun enregistrement, si vous sentez que dans certains cas il y a des difficultés, n’hésitez pas à passer quelques coups de fil bien placés aux personnes qui doivent veiller à ce que le travail soit fait en temps et en heure. Merci beaucoup.

Louis BOUTRIN

Les débats ont été très riches, relativement longs. Vous avez bien compris que le financement est multiple: financement public, financement privé. Vous avez entendu les partenaires. On a noté, malheureusement ils ne sont pas représentés, que 42% du financement du sport, n’oublions pas que ce sont les ménages par leur consommation, donc les familles, comme Miguel LAVENTURE l’a souligné dans son intervention. Vous avez bien compris que pour nous, en tant que CTM, il s’agit de mettre en place une politique publique avec tout ce que cela comporte. Nous avons, qu’on le veuille ou non, même si, je le répète, la loi sur le sport a oublié les collectivités mais surtout la loi sur la décentralisation a oublié le sport. Nous devons à la marge, contribuer au financement sans en avoir je dirais, cette prérogative et nous le faisons. La CTM a pris une nouvelle orientation. Cette orientation, cela a été dit, c’est une question de méthodologie. Aujourd’hui nous allons prendre le pouls, faire un diagnostic, l’état des lieux du sport. Il y a des choses

qui sont excellentes: c’est une terre de champions. Mais au-delà de cela, il y a quelques carences. Nous identifions les difficultés, nous identifions les carences de manière à aujourd’hui, apporter des solutions, je dis bien toujours dans le cadre d’une politique publique avec la partie visible de cette politique publique c’est-à-dire le contenu et le programme, mais il y a toute une partie qui n’est pas visible et c’est ce que l’on nous dit quand on dit une orientation normative. Il faut donner du sens à ce que l’on fait. C’est le cadre dans lequel nous allons instruire cette politique publique

La dernière chose, ce sont les facteurs de coercition. Nous devons, vous l’avez bien compris, il y a plusieurs acteurs, mettre de la cohérence dans ce que nous faisons. Miguel LAVENTURE l’a souligné par les propositions qui ont été faites en matière de financement, de mutualisation des financements. Le plus bel exemple, c’est le sport mécanique où vous avez bien vu que la collectivité sera très réactive parce que nous ne pouvons pas rester des spectateurs en train de compter et comptabiliser. En arrivant ici ce matin, j’écoutais les informations à la radio, je vais la nommer,RCI. L’information donne froid dans le dos :un nouveau mort à moto. Depuis le début de l’année,j’entends ce matin que sur les 15 morts sur nos routes, il y a 10 jeunes martiniquais qui sont morts sur des deux-roues. On ne peut pas d’année en année, continuerà faire un bilan des statistiques du nombre de tués, de nos jeunes sur les routes.

La Collectivité apporte une réponse rapide, urgente. Quant aux propositions qui ont été faites, que vous avez entendues ce matin en matière d’installation et de mutualisation des moyens, nous le ferons dans les semaines à venir avec Monsieur SIDIBE qui y travaille déjà. Il y a un groupe, à l’issue de nos travaux des Assises du sport, qui s’est déjà réuni autour de Monsieur SIDIBE et nous allons étudier des possibilités pour donner à nos jeunes - le jeune LUCHEL qui a participé à l’atelier est ici présent - lui et son père ont participé à cet atelier. Nous sommes dans une dynamique maintenant de projets et de propositions. C’est ce qu’il faut retenir avec in fine un financement et vous savez qu’en termes de financement, ce n’est pas nous qui décidons puisque l’ordonnateur est là mais il parlera le moment venu quand il fera son intervention. En tout cas, mèsi an pil, mèsi an chay pou premyé atelié tala.

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Samedi 30juillet 2016 Le financement du sport martiniquais
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Samedi 30juillet 2016 Sport et média

Sport et média

Bonjour à tous. Il était prévu effectivement que je prenne la parole en deuxième position mais vous voyez, on aurait pu dissocier média et sport, même Camille ALEXANDRE déclare forfait.

Il est prévu, dans le temps qui m’est donné, de vous parler des médias mais plus précisément de vous faire un état des lieux de la presse écrite puisque c’est ce que je représente aujourd’hui et particulièrement France-Antilles.

France-Antilles a été créé en 1964, il y a de cela 52 ans. Depuis sa création il a accordé une place au sport. Effectivement le journal prendra un tournant autour des années 1968 où Maurice LEBRUN en charge de cette rédaction, aura avec lui des correspondants, des noms prestigieux comme Claude CAYOL, Alain SERAPHIN, Jean ÉTIENNE, Serge KROMWEL, Alex VEGA, Alain BERTHO ou encore André SAINT-LOUIS. Pourquoi je dis que cela prendra un tournant? Parce que Maurice LEBRUN restera plus d’une quarantaine d’années avant d’arrêter, il y a de cela 5 ans, et on se rend compte qu’il y a de cela cinq ans, la rédaction s’est fortement professionnalisée puisqu’en tant que chef de service, il avait sous ses ordres un secrétaire de rédaction, Jean-Claude BERTRAND et trois rédacteurs à l’époque Prudence BERTHO, Francis DOB et votre serviteur.

Depuis son départ, date autour de laquelle nous sommes passés au petit format que tout le monde connaît maintenant, la rédaction s’est réduite: nous ne sommes plus que quatre. C’est en fonction de la conjoncture économique qui fait, qu’il y a deux ans, nous avons fait un dépôt de bilan et nous aurions pu à ce moment-là perdre au moins deux des nôtres.

Tout cela pour préciser qu’aujourd’hui nous ne sommes plus que 4: un chef de service, un secrétaire de rédaction et deux journalistes professionnels sur le terrain auxquels il faut ajouter une douzaine de correspondants. Parmi eux, il y a Clément MARAJO qui filmait tout à l’heure, il y a Steve GEDI qui est dans la salle, qui nous donne d’ailleurs un sacré coup de main pour promouvoir le sport martiniquais.

France Antilles, en termes de coûts de production, c’est 3 à 7 pages au quotidien dans lesquelles nous laissons justement une forte place au sport local. Ce sont des suppléments qui paraissent régulièrement: supplément de 16 pages que l’on trouve le lundi dans le journal, qui traite de l’actualité aussi bien locale qu’internationale. Et notre supplément auto, comme celui de l’Euro ou la Coupe du monde, de la ligue 1 encore des yoles rondes, paru hier.

On dira aussi que France Antilles, en plus de s’être professionnalisé et d’avoir plus d’ampleur, a ouvert aussi un site Internet qui permet justement de mieux diffuser l’information et de ce fait, l’actualité sportive locale peut être vue à l’extérieur.

Quand je parle de site Internet, je vais empiéter sur ce que j’appelle la presse écrite sans papier, pas parce que leur activité est illégale, bien au contraire, c’est une presse écrite qui se sert justement d’Internet: c’est le cas d’Antilles sport (www.antilles-sport.com). Je l’ai aussi vu tout à l’heure dans la salle, il faisait des photos. C’est le cas de Caribbean Sport en hommage à Stéphane CARNIER qui est un journal en ligne,paru en anglais et qui traite de l’actualité sportive de la Caraïbe et qui sort depuis la Martinique. On n’oubliera pas « Sport Plus » qui a disparu il y a de cela deux ans, qui était un bimensuel et qui traitait, comme il le disait, du sport autrement.

Je précise, pour finir l’état des lieux, que la presse écrite c’est un quotidien qui paraît tous les jours et les sites Internet que j’ai cités. Mon intervention est terminée et je fais la place à mon confrère, Pierre GILLES.

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Thème 17
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Samedi 30juillet 2016 Sport et média

Bonjour à tous. Bonjour Monsieur le Président. J’ai la redoutable tâche de m’exprimer face à un auditoire que je vois parce qu’habituellement c’est beaucoup plus facile de s’adresser à des gens que l’on ne voit pas. Nous allons parler un peu de presse, de média et sport. Un sujet exigeant qui s’adresse à tous et aussi à tous les étages de la commande de société.

C’est vrai, lorsque l’on parle d’activité associative, sportive ou autre, le premier réflexe est de savoir qui fera savoir et qui pourra dire qu’il se passe quelque chose dans ce milieu. On dit très souvent que la presse a bon dos. À partir du moment où l’information n’est pas passée ou est mal interprétée parce qu’il y a un point de départ de l’info et un point d’arrivée, ce qui veut dire qu’en cours de route, elle peut changer de forme. Je crois que c’est une trajectoire normale, objective de ce que nous pouvons considérer comme fonction déterminante de la presse dans le monde associatif et sportif en particulier puisque c’est cela qui nous intéresse aujourd’hui.

Un petit point sur la réalité de la relation sport et média en Martinique. La presse étant le contexte social c’est-à-dire qu’à partir du moment où il n’y a pas de presse, on a un peu le sentiment de ne pas exister. À partir du moment où on ne peut pas faire savoir qu’il y a quelque chose qui se passe, c’est que rien ne se passe dans ce pays, dans cette région ou encore dans ce quartier. La presse est un facteur d’accompagnement et de développement au quotidien dans une approche plurielle. C’est pour cette raison que cela intègre forcément tout le mécanisme de la cohésion sociale. Cela veut dire que cela va créer des communautarismes, cela va en quelque sorte, par l’information, rassembler des gens, créer des débats.

Lorsque j’étais petit, après les matchs de football le samedi après-midi à Louis ACHILLE ou ailleurs, tout le monde se rassemblait - je m’adresse à ceux qui ont

vécu cela - près du cimetière des riches, c’était à la Croix Mission et on refaisait le match. J’ai constaté, par la suite, que 30 ou 40 ans après, c’était une appellation contrôlée qui nous venait de l’extérieur «on refait le match». Pourquoi? Parce qu’à ce moment-là il y avait un besoin de communication, il y avait un besoin de savoir et de faire savoir et on n’avait pas besoin d’assister à toutes les rencontres de football ou d’autres disciplines, nous savions ce qui s’était passé et être un citoyen correct le lendemain dans la cour d’école, du collège, du lycée, simplement parce que l’on avait écouté les anciens qui, avait assisté au match de football et qui avaient pu nous le raconter.

Presse sportive et promotion sociale

La promotion du monde sportif

La presse d’une manière générale ou sportive, comme vous l’entendez, n’est pas un organe de promotion d’autorité c’est-à-dire qu’elle doit s’inscrire dans sa fonction en gardant une certaine forme de liberté et un certain recul par rapport à la réalité. C’est-à-dire qu’on n’est pas obligé de tout faire, on aura l’occasion d’en parler tout à l’heure. On n’est pas obligé de s’inscrire, comme on dit, dans la colonne du projet systématique pour dire «la presse devra faire ceci ou devra faire cela». La presse a une déontologie, il y a un éditorial au travers de l’entreprise et c’est cette ligne éditoriale qui est définie en fonction d’un certain nombre de paramètres. C’est elle qui va faire fonctionner l’organe de presse et qui pourra en quelque sorte, mobiliser, rassembler et faire savoir tout ce qui se passe.

Dans quel contexte?

Cela se passe dans un contexte privé mais d’abord dans un contexte public. Cela veut dire que nous sommes dans une structure sociétale avec un service public. Ce service public a un rôle à jouer. Nous allons le détailler plus en profondeur tout à l’heure. Ce rôle doit être plein, entier et on ne doit pas lui passer la pommade parce qu’il aura bien fait son boulot. Il a le devoir de faire bien son boulot et d’entrer dans un cahier des charges de la société qui lui permet de faire savoir ce qui s’y passe.

L’action média

La question que je me pose: le sport fait-il du média un cadre intégré au socle social? Oui, il rassemble, génère du communautarisme et parfois du nationalisme. Je l’ai dit tout à l’heure.

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Quel est le rôle éducatif par rapport au fait d’informer?

On va informer mais l’information peut être considérée de différentes manières, dans différentes démarches. Faire savoir ce qui se passe, c’est du brut de décoffrage, la presse c’est son boulot elle est là pour dire ce qui s’est passé. Cela s’est produit tel jour, il y a eu telles manifestations sportives qui ont entraîné tel truc, etc. Puis vous avez l’information telle qu’elle est véhiculée. Comment? Par exemple nous sommes sur un match de football ou un match de basket, de volley-ball ou même une compétition d’athlétisme ou de cyclisme, et il y a un problème. Est-ce que nous devons tout de suite étiqueter celui que l’on aura identifié comme le coupable ou alors est-ce que nous allons placer une démarche dans un contexte apaisant avec des explications, avec des détails. C’est bien à ce niveau-là que c’est important. Souvent on dit: «Vous n’avez pas le cœur de dire ou le courage de dire ce qui s’est passé, vous voulez toujours nous apporter une explication, vous voulez toujours nous expliquer quelque chose». C’est une démarche éducative et pédagogique, comme quoi la presse peut être éducative et peut être aussi pédagogique. Cela aussi c’est important. Parce que nous sommes dans un monde de verbalisation, c’est-à-dire que nous avons besoin de faire savoir que suite et surtout dans notre société nous avons besoin de faire savoir ce que l’on sait. Il faut tout dire. Faut-il tout dire? C’est une autre démarche c’est-à-dire que je dis oui, il faut peut-être faire tout savoir mais il y a une forme à respecter.

Le traitement journalistique du sport et l’interactivité dans l’intergénération. Cela aussi c’est important. On parle beaucoup de nouvelles disciplines, de nouvelles activités qui, de plus en plus, entrent dans un cadre rénové dans notre société, innovant: sport de salle, sport de plage (Beach soccer et compagnie). C’est de plus en plus en anglais que l’on s’exprime. On finit toujours par se comprendre. Mais il y a aussi la génération d’avant, cette génération qui, grâce à elle, a en quelque sorte et pour beaucoup, et peut-être aussi pour l’essentiel, de la réalité d’aujourd’hui. Est-ce que nous devons y faire un black-out? Est-ce que l’on doit ignorer, oublier ou alors est-ce que nous devons perpétuer justement ce lien intergénérationnel?

La presse, le sport, surtout dans le monde associatif, dans le monde sportif, c’est également une démarche que nous devons entreprendre, que nous devons

entretenir, soutenir, défendre c’est-à-dire établir le lien parce qu’une société qui n’a pas de cadre, elle ne peut exister. On ne peut pas dire que chaque jour connaît le monde. Non. Il y a un lien qui s’effectue. Ce travail entre les générations il doit être aussi une réalité. Cela s’était pour l’action média.

Qui traite l’information, qui la diffuse?

Le service public, je l’ai dit tout à l’heure, et le service privé avec l’activité de communication interne à l’action de la vie associative, c’est-à-dire que nous estimons qu’un organe de presse n’a pas la compétence, n’a pas le temps, n’a pas le personnel, n’a peutêtre pas le financement nécessaire, ni la disponibilité d’antenne pour pouvoir gérer et traiter tout. C’est-àdire qu’il faudrait aussi une forme de responsabilisation au sein des associations, c’est-à-dire trouver un moyen pour qu’à l’intérieur même de l’association, il y ait une formation, une volonté de mettre sur pied un outil de communication. Communiquer simplement parce qu’il nous faut déjà intérieurement savoir ce que nous voulons communiquer, ce que nous voulons faire savoir. Si nous arrivons à développer au niveau des associations, au cœur des associations des démarches de l’apprentissage de la communication, à partir du moment où nous irons au contact des presses classiques, traditionnelles comme on dit, on sera beaucoup plus fort parce qu’il y aura beaucoup plus d’arguments à faire valoir à ce niveau-là, donc une forme de responsabilisation pour créer ce que l’on appelle de l’interactivité.

Nous portons, nous accordons, moi, en tant qu’ancien du monde associatif, nous estimons qu’il y a toujours du crédit à obtenir au niveau de la prise en main. C’est une forme d’éducation, c’est une forme de responsabilisation.

On va prendre un exemple de RCI. Je tiens à préciser que je ne suis pas désigné, à titre formel, pour pouvoir parler au nom de cette radio. Mais par notre temps de collaboration, je me suis octroyé cette possibilité d’en parler. RCI, c’est une radio généraliste avec une partie digitale qui traite l’information, qui poursuit l’information à travers le Web. C’est une entreprise commerciale. Très souvent je dis que c’est une entreprise commerciale simplement parce qu’on me dit souvent: «Vous ne faites pas suffisamment ceci, vous ne faites pas suffisamment cela».

C’est une entreprise commerciale, sans subvention, dont l’essentiel de son activité repose sur la publicité

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et la qualité de son contenu d’antenne. C’est une première chose.

La couverture journalistique des activités sportives constitue un élément de sa mission - c’est une radio généraliste qui laisse un quart de l’antenne à l’information sportive - en qualité de structures de communication dans un contexte de cohésion sociale. Ce n’est pas parce que c’est une entreprise commerciale que l’on perd de vue qu’elle est intégrée de plain-pied dans la société et qu’elle fonctionne à partir d’éléments fournis par la société. Ce qui implique des choix à travers une ligne éditoriale directement dépendante de ses contraintes économiques et de programmation. Les contraintes économiques, oui c’est vrai, la bourse n’est pas extensible à souhait. Il y a des employés, c’est une entreprise Martinique-Guadeloupe qui a un personnel, qui a des frais de fonctionnement donc forcément elle a un budget qu’elle alloue à l’information sportive.

Quel choix, pour quelle ligne éditoriale? Je sais que vous nous attendez sur ce point-là. Il n’y a pas de problème. De plain-pied au cœur du contexte social et sociétal, les choix nous sont dictés forcément par la tendance exprimée par l’environnement immédiat de l’entreprise de communication. C’est vrai, on a tendance un peu à nous reprocher, à nous dire: «Il n’y a que le football!». En plus, on n’hésite pas à ajouter: «les stades sont vides…». Je tiens à préciser que même si les stades sont vides, les gens écoutent la radio et regardent la télévision. Peut-être que nous

sommes dans un contexte aujourd’hui moderne, d’avancées technologiques qui, en quelque sorte, nous amène à fonctionner différemment à partir de tous nos portables. Très souvent les jeunes maintenant marchent la tête baissée. Pourquoi? Car toujours sur les écrans de leurs portables.

Je disais que l’on parle beaucoup du football et compagnie. J’estime, lorsque l’on parle d’environnement immédiat de l’entreprise, c’est surtout le fait que nous avons des sports qui sont mobilisateurs. Le football, il est ce qu’il est, il est universel. On ne peut pas le changer. On ne peut pas décider un jour, dans une radio même non commerciale, de dire: «On ne parle plus de football». Est-ce que ce sera servir les autres disciplines que de parler uniquement d’elles et de ne pas trouver des éléments mobilisateurs pour pouvoir les embarquer dans la promotion et dans le développement de la communication? Cela aussi c’est important. Nous sommes obligés de tenir compte d’une charpente, d’un élément mobilisateur pour permettre justement aux autres disciplines de pouvoir exister. Que veut-on entendre parler chez nous? On va entendre parler de tout.

Mais comment tout traiter?

Il convient de faire des choix en fonction des attentes exprimées par la masse tout en accordant à tous, une fenêtre de communication. De toutes les manières, à RCI, nous avons comme ligne éditoriale, de parler de tout et accorder à tout. Je ne crois pas exprimer une contrevérité en ce moment, face à vous, puisque vous

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êtes devant moi cela va être difficile de dire n’importe quoi qui ne cadre pas avec la réalité. Nous, nous sommes tout à fait d’accord, nous sommes tout à fait ouverts à tout mais il y a quelque part, des activités, des disciplines qui sont plus mobilisatrices.

Le football semble mobiliser une grande part de l’information sportive et de la communication. Seulement, tous les sports ont droit à un traitement journalistique objectif. Je l’ai déjà dit. C’est la raison majeure de notre approche multidisciplinaire. Ici, à RCI, je crois que l’on essaie d’apporter un maximum d’éléments, un maximum de disponibilités d’antenne à tous et à chacun. Tenir compte de l’importance de l’action que mènent tous ceux qui croient à l’enrichissement de notre société par l’activité de vie associative. Si vous êtes là, c’est que vous êtes concernés par la vie associative, vous êtes concernés par notre société. C’est-à-dire que nous ne pouvons pas dire «telle discipline ne nous fait pas faire un chiffre d’affaires, on n’en parle pas». Pas du tout. Nous devons respecter le travail. Cela va au-delà de l’approche professionnelle du journaliste mais c’est une réalité qui sort droit de l’importance que joue la vie associative à l’intérieur d’une société.

En conclusion, la couverture la plus large des activités réalisées construit une ligne éditoriale de notre approche journalistique. Notre objectif principal est de libérer la parole - je crois que c’est un fait que nous devons porter et que nous pouvons porter au crédit de Radio Caraïbe Internationale et des autres médias avec qui j’ai l’occasion de collaborer. Libérer la parole et la donner à tout un chacun. Parce qu’une radio, un outil de communication est fait pour permettre au peuple de s’exprimer. Je suis désolé, si on ne permet pas aux gens de s’exprimer et de se libérer quelque part, on aura un peuple muet, des jeunes qui ne s’expriment pas. Souvent aujourd’hui, qu’est-ce que j’entends dire: «il parle bien !». On est surpris de constater qu’il parle bien. Normalement il y a une sorte de photographie que nous faisons de nousmêmes et qui nous tourne, comme on le dit, en ridicule. Non, pas du tout, je crois que libérer la parole c’est une chose qui est importante et donner la possibilité à tout à chacun de s’exprimer, il faut développer tout cela.

Quelle définition pouvons-nous donner au service public?

Ce n’est pas une critique que je porte au service public, je parle du service public d’une manière générale. Un service public est mis à la disposition des uns et des autres, d’une population. Un service public ne doit pas être payé pour pouvoir remplir sa mission. C’est une proposition que moi je fais, c’est une perception que j’ai. Un service public est là pour exactement répondre à l’attente de tout un chacun, de tout ce qui se passe, il doit y mettre les moyens. France Télévisions, France 2, etc. ce sont des gens qui font un boulot, qui ont une ligne éditoriale, qui ont une démarche.

On ne doit pas les payer pour qu’ils viennent couvrir une manifestation.

Un service public est fait pourquoi? Il est fait pour pouvoir permettre au peuple de se voir et de dépasser le stade où on est content de passer à la télévision. Ici à la Martinique on est encore content, en tant que sportif, de passer à la télévision. C’est grave. On ne doit pas être content parce que l’on passe à la télévision. La télévision c’est notre outil, c’est notre matériel, cela va développer notre image, cela va nous permettre d’évoluer, cela va créer des motivations au sein des associations, cela va créer des motivations au sein des bénévoles qui ont le sentiment de ne pas travailler inutilement et d’être nécessaires à travers l’action qu’ils mènent.

Transmettre les pensées profondes du sportif. Cela aussi c’est important. Construire le débat en évitant la langue de bois tout en rétablissant la vérité dans les faits et aussi dans les textes. La presse sportive est une presse qui a la même déontologie que la presse d’une manière générale, que le journalisme. Ce n’est pas un individu déguisé, ce n’est pas une sous-marque.

C’est quelqu’un qui normalement doit pouvoir être en mesure de transmettre justement en toute objectivité la culture, le développement intellectuel que cela sous-entend, l’information et développer l’information. Cela aussi c’est important.

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Nos recommandations:

• Développer une politique de l’image

• Renforcer l’image du Martiniquais à la radio et à la télévision (la nécessité d’un peuple à se reconnaître et être reconnu)

• Développer au sein de l’association un réseau propre de communication s’appuyant sur des technologies modernes avec des liens, si possible avec les grands médias. Cela veut dire en clair, j’en ai parlé tout à l’heure, au début de mon intervention, qu’une association, nous avons un travail qui est fait à l’intérieur, nous allons mettre en place un cycle de formation pour permettre aux bénévoles et aux membres de l’association de pouvoir se former et de pouvoir être à l’aise devant une caméra, devant un micro, pour communiquer et établir des liens. Nous avons établi aussi, à RCI, des liens avec les ligues et comités qui viennent nous voir avec qui on se met d’accord pour faire la promotion de leurs manifestations et pourtant, ils ne passent pas forcément à la caisse, mais c’est une collaboration, c’est un retour naturel. Pourquoi c’est un retour naturel et nécessaire? Simplement parce que s’il n’y a pas d’activités sportives au sein des associations, il n’y a pas de radio, il n’y a pas télévision puisqu’il n’y a rien à raconter. Il y a une interactivité, un échange mais qui ne doit pas s’inscrire dans une forme de pression mais de liens avec beaucoup d’interactivité, de souplesse en quelque sorte.

• Accélérer la formation en communication à tous les étages l’action associative. Enfin, dans un projet plus large - cela peut peut-être vous surprendre:

• Construire des structures médias radio, télé, Web en grande partie dédiées à la communication du sport. On se dit que peut-être, quelque part, malgré la bonne volonté affichée dans tous les médias, à tous les étages de la communication qui existe, on peut peut-être, pourquoi pas, penser à l’élaboration d’un organe de presse dédié exclusivement ou en grande partie à l’activité sportive. Cela pourrait peut-être élargir le champ de communication et permettre à tout le monde d’être content et satisfait même si, je tiens à préciser, que le fondement de mon intervention ne s’appuie pas sur une satisfaction mais c’est un point qui permet de garder la porte ouverte à la collaboration et aux échanges et à l’interactivité. Voilà ce que je voulais, pour aujourd’hui, vous dire.

Je vous remercie de votre attention.

Louis BOUTRIN

J’essaie d’être un peu plus persuasif que toi. Nous avons vraiment des contraintes parce que si nous nous éternisons dans des interventions trop longues, on risque de déborder bien au-delà du temps qui était prévu. Il y a un troisième atelier tout aussi important.

On l’a mis à la fin parce que c’est une question essentielle puisque ce sont les Assises du sport martiniquais, il y a donc la question identitaire qui doit être abordée et l’intervenant qui est l’anthropologue Gerry L’ÉTANG a des contraintes et il devra effectivement s’en aller. Je vous demande d’être bref, tout en saluant la présence parmi nous du Député Jean-Philippe NILOR que je vous demande d’applaudir, qui est également Président de l’Institut Martiniquais du Sport. C’est lui qui nous reçoit aujourd’hui et de Diane MONTROSE qui est Conseillère territoriale et membre de la Commission des sports. Ba’y an lanmen.

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média
Samedi
Sport et

Échanges/Débats

Pierre CROCHEMAR

Cadre sportif free-lance

Je salue le Président MARIE-JEANNE, Président de la Collectivité. Je salue également tous les élus et l’ensemble des amis de la salle. Je voudrais féliciter le travail de ceux que nous avons entendus ce matin en particulier dans le domaine sportif puisque c’est dans ce domaine que j’excelle et je voudrais saluer la qualité du travail de Pierre GILLES en particulier. Ceci étant dit, le thème c’est «sport et média». Le rôle du média, il faut le définir. Je pense qu’un média est d’abord là pour informer, éduquer, distraire et donner de l’émotion. À telle enseigne que nous avons une compétition qui vient de se terminer dernièrement, c’est le Tour cycliste de la Martinique. Je peux vous dire que je me suis pété un muscle, je ne pouvais donc pas me déplacer et je me suis accroché à ma radio pour pouvoir écouter les avis éclairés de ceux qui nous faisaient vivre le tour. Je ne suis pas un spécialiste du vélo mais j’ai eu beaucoup de plaisir à écouter ce tour cycliste et je ne pouvais pas me détacher d’autant plus que nous avions des Martiniquais qui se trouvaient en tête de compétition. Mais les avis éclairés de ceux qui nous narraient la compétition faisaient que je ne pouvais pas me détacher de la radio. Ce qui me fait dire qu’au niveau de la radio il y a une notion qui doit paraître c’est la compétence. La compétence de ceux qui interviennent. Ensuite, il y a un autre aspect qui est très fort, c’est le principe de neutralité qui n’est pas toujours hélas, respecté dans notre département. Merci pour celui qui dit que l’on n’a pas de département. Je le sais effectivement. Ce qui fait la force d’un média, c’est l’audimat. C’est la raison pour laquelle on dit qu’il y a des disciplines que l’on n’entend guère à la radio sous prétexte qu’il n’y a pas d’audimat et le football, de l’autre côté, a un audimat fort parce que premièrement, il y a davantage de personnes qui pratiquent le foot, davantage de personnes qui sont tous des entraîneurs de foot, il y a davantage de personnes qui ont toujours un avis à donner. Mais il n’en demeure pas moins, il y a quelque chose que les gens oublient c’est la force, la puissance des médias. Je m’adresse à tous les présidents: que ce soit en interne, que ce soit en externe, on a besoin d’un média. Il faut que dans chaque association, il y ait un chargé de communication qui puisse véhiculer les messages que l’association ou le club veut véhiculer.

À telle enseigne - Je vais accélérer parce qu’il me dit qu’il faut faire vite - je vais prendre un exemple quand j’ai dit, donner de l’émotion, là encore, je regardais un match et j’écoutais les propos de l’animateur. Je ne reconnaissais pas ce qu’il disait à travers ce que je voyais. Je me suis dit qu’il y a un problème. Après, quand je suis allé à un plus haut niveau, on m’a dit: la radio, le média est là pour donner de l’émotion parce que sans émotion l’homme n’existe pas. C’est une réalité et c’est la raison pour laquelle je vais terminer mon propos en disant ceci. Vous avez dans votre club des présidents qui ont peur de perdre un joueur soit-il le meilleur possible du club. Ce joueur n’existe que lorsque l’on prononce son nom continuellement à la radio, continuellement on parle de lui parce que c’est la vedette du club, il fait gagner son équipe mais du jour au lendemain, il ne joue pas parce qu’il a un conflit avec vous, un conflit de personnes, il ne faut pas avoir peur de laisser de côté si vous faites une formation de masse parce que c’est dans la masse que vous allez découvrir les vedettes de demain. Pour conclure,je dis que tous les clubs ont besoin des médias, qu’il faut les utiliser au maximum pour pouvoir promouvoir votre sport chez vous.

Grégory PASTOUR

Organisateur du Speed Run Mada Bonjour à tous, Grégory PASTOUR, représentant sport automobile de l’ASAM et organisateur du premier run automobile de la Martinique. Je vais intervenir rapidement sur deux points. D’abord pour remercier la CTM car depuis la semaine dernière, lors du thème «sports mécaniques», nous avons déjà pu mettre en place des cellules de travail et d’ailleurs Monsieur BOUTRIN l’a signalé tout à l’heure que nous avons déjà pu élaborer des plans d’investissement ou éventuellement d’aménagement de circuits, en tout cas de piste par rapport aux voiries existantes parce que c’est vrai que le projet direct de circuit grandeur nature sera un peu difficile à mettre en place tout de suite sur l’île. Mais en tout cas, merci à vous, merci les élus d’accompagner ce sport parce que c’est vrai que nous avons besoin depuis un moment de pouvoir travailler avec une collectivité dynamique. Deuxième point, en rapport avec le thème, les médias. Aujourd’hui, il est vrai que les médias font un travail sur les sports mais aujourd’hui ils restent encore très évasifs car les partenaires n’ont de visibilité que si les médias appuient le travail que nous faisons. Aujourd’hui une association qui va solliciter un

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partenaire, se doit d’aller avec un dossier, un plan de communication convenable par rapport à des manifestations mais très souvent nous sommes confrontés à un souci, c’est que les médias se réduisent beaucoup parce que les partenaires parfois ne sont pas des communicants ou parfois que le sport ne correspond pas, pour le moment à ce qu’ils ont envie de communiquer. Aujourd’hui, par exemple, on va parler du sport mécanique. On voit que la visibilité est moindre, par rapport aux matchs de football et autres. Je ne tire pas sur les autres sports, bien au contraire, mais je dis que si nous voulons progresser et faire progresser notre sport, il faut que les médias puissent nous accompagner et nous donner la chance d’avoir cette visibilité et de continuer le travail que nous faisons qui est un travail de masse. Voilà, merci.

Jimmy URSULET

Antilles-sport.com Bonjour. Tout d’abord, merci à Mathurin MAYOULIKA d’avoir mis le site dans sa présentation. Ensuite concernant les médias, effectivement c’est un outil d’éducation selon nous, à antilles-sport. com, principalement d’éducation. C’est pour cela que je tiens justeà faire une petite demande. Il y a un mot que j’entends beaucoup trop, que je lis beaucoup trop, quand on parle de compétition c’est le mot «affrontement». Peut-être qu’il faudrait trouver autre chose à dire. Pour un match entre deux équipes, c’est une opposition, ce n’est pas forcément un affrontement. Concernant Monsieur PASTOUR, nous, à antilles-sport, nous sommes un peu contraints par l’économie parce que nous n’avons pas beaucoup de moyens pour couvrir toutes les manifestations. Le thème des Assises du sport, je crois que tout est lié à la volonté politique, économique et éducative. Voilà tout ce que j’avais à dire. Merci.

Alex FERDINAND

Radio Lévé Doubout Matinik

Merci. Je ne serai pas long, en tout cas, j’essayerai. Je représente Radio Lévé Doubout Matinik (RLDM). Je vais parler en français mais je vais dire pourquoi, tout à l’heure, il faudrait quand même que le créole prenne aussi sa place dans les Assises. Je suis un peu frustré parce que nous n’avons pas parlé des radios associatives, des radios libres. On a invité France Antilles et RCI et les radios libres qui font un gros travail, naturellement RLDM mais aussi Radio actif, etc. Je pense qu’il faut aussi saluer le travail de ces radios libres.

Radio Lévé Doubout Matinik a été un pionnier pour

sa part, dans l’activité sportive. Je me rappelle qu’à peine la création de la radio, en 1986, nous avions diffusé en direct la finale de la Coupe d’Afrique des nations Nigeria-Cameroun. Nous étions le seul à le faire. Ensuite, nous avons mis le créole à l’honneur dans les activités sportives. Nou ka palé fwansé mé tout moun sav ke Radio Lévé Doubout ka difuzé match foutbol an kréol, tour siklist an kréyol, etc.

Je pense que les médias en Martinique sont handicapés. Ils font un travail extraordinaire. Je vais vous dire pourquoi. En 1983, la Martinique est championne des Caraïbes. Championne des nations de la Caraïbe. Je me rappelle quand je demandais à un journaliste: «Ki moun ki chanpyon Trinidad? Ki moun ki chanpyon Sent-Lusi? Ki moun ki chanpyon Dominik?».

On ne sait pas. Nous connaissons le joueur de la quatrième division espagnole, autrichienne, etc. mais nous ne connaissons pas le champion de Sainte-Lucie et nous les avons rencontrés. Comment est-il possible qu’on dispute la Coupe de la Caraïbe des nations, la CONCACAF, etc. et nous n’avons aucune information sur les champions et sur les joueurs de ces pays-là. C’est inadmissible. L’appel que je lance pour tous les médias c’est que nous commencions enfin à nous intéresser aux champions…

Je ne vais pas être plus long puisque naturellement nous avons débordé mais je dois dire que nous avons aussi fait un gros travail de formation au niveau des journalistes sportifs. Je sais que Camille ALEXANDRE n’aime pas cette expression mais Gisèle ERICHET, Christian BOUTRIN, Walter RIGA, etc. ce sont des gens que nous avons formés à Radio lévé doubout Matinik. L’incontournable ABDOUL qui est journaliste à RLDM et qui retransmet le Tour des yoles avec toute la compétence. Je crois qu’écouter RLDM pendant le Tour des yoles… Écoutez Abdoul et vous allez voir ce que c’est qu’un Tour des yoles en créole. Je termine. Je voulais rendre un grand hommage au travail qui est fait par tous les journalistes: Pierre GILLES, mon ami, etc. et tous les autres. Je rendrai aussi un hommage à Marcel BEAUDZA - n’oublions pas les pionniers. BEAUDZA père mais BEAUDZA fils aussi.

Messieurs les médias, faites un effort sur la Caraïbe, faites un effort sur nos voisins qui ne sont pas les Belges, ni les Autrichiens, ni les Espagnols mais qui sont les Saint-Luciens, les Dominicains et les autres. Merci.

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30juillet 2016 Sport et média

Robert MARAJO

Longvilliers club

J’aimerais intervenir rapidement sur les deux thèmes d’aujourd’hui. Pour revenir sur le premier thème, Monsieur JOCK m’a beaucoup nommé. Il n’avait pas écouté l’intervention que j’avais faite sur le bénévolat. Le premier salaire du bénévole, c’est la reconnaissance. Je voulais dire qu’organiser une compétition, il faut réfléchir et bien innover sur certaines choses, savoir où on veut aller et lorsque par exemple nous avons réfléchi sur les CARIFTAS, nous avons parlé de promotionner notre pays, nous avons parlé tourisme et c’est pour cela que tout le monde a été émerveillé de voir le Rocher du Diamant s’ouvrir lorsque l’on parlait de finale et que le nageur qui faisait la finale apparaissait lorsque le rocher s’ouvrait. C’était une façon de faire un bon clin d’œil au tourisme. La ville du Diamant ayant participé. Lorsque nous sommes montés à Saint-Pierre pour faire la course en mer, Saint-PierreCarbet, c’était aussi pour permettre à tous ceux qui sont venus au pays de visiter notre pays. Maintenant, pour faire le lien avec la presse, tout ceci a réussi lorsque la presse a participé, lorsque la presse nous a aidés mais je suis un vieux, il y a de nouvelles choses que je ne connais pas. Comme je fréquentais beaucoup les jeunes, ils m’ont parlé de streaming, d’Internet, de WhatsApp de Facebook, etc. Je n’ai pas hésité à leur dire oui, même si j’ai très peur de WhatsApp, d’Internet ou autre chose. Mais il faut faire confiance. Lorsque Monsieur JOCK vous a parlé de chiffres tout à l’heure, c’est grâce au BTS tourisme du lycée de Bellevue que nous avons pu faire des enquêtes. Nous avons fait appel aux jeunes.

Maintenant sur le deuxième thème, Pierre GILLES a fait un exposé sur la presse, la presse spécialisée, sportive. Vous savez bien que j’étais responsable de Sport Plus. Ce n’est pas si évident que cela. La presse en général nous aide quand on organise quelque chose, quand on va la voir, mais parfois, par exemple pour rester sur la télévision - c’est dommage ils ne sont pas là mais je l’aurais quand même dit devant eux, que ce soit ATV ou Martinique Première. Il y a quelque chose que vous n’avez pas vu. Pourquoi? Vous n’avez peut-être pas fait attention. Lorsque toutes les grandes télévisions retransmettent les matchs où ils font des interviews, vous voyez systématiquement le mur de publicité derrière. Ici, si vous l’avez vu, c’est parce que c’est une obligation en ce qui me concerne, lorsque j’ai démarché Martinique première, c’était l’obligation. Mais si vous observez bien certaines interviews, certains reportages, voyez que maintenant ils ont automatiquement inversé l’image de derrière pour que vous ne puissiez pas lire la publicité derrière. Il ne faut pas être plus royaliste que le roi. Cela, c’est le CSA. Il faudrait que les parlementaires posent bien cette question. Nous sommes un petit pays, le CSA ne doit pas jouer ce genre de rôle, uniquement ce genre de rôle là. Certains m’en voulaient lorsque je m’occupais du Tour cycliste parce que j’imposais que toute interview, même radio, devait être faite devant le mur de publicités parce que c’est grâce aux partenaires que nous arrivons à organiser convenablement une manifestation. Il faut donc jouer le rôle de tous les côtés. Je vais vous raconter une dernière anecdote avant de laisser la parole à d’autres. Je ne vais pas nommer mais il y a un président de club qui, à l’époque j’étais

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Samedi
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responsable de sport plus, faisait une finale de Coupe de France de football à Louis ACHILLE. Je l’appelle, je lui dis: «Camarade, tu as un coup à jouer, tu es sponsorisé par une marque de voiture. Tu vas demander à cette marque de te donner 12 voitures et tous les joueurs vont rentrer sur le stade en voiture. La presse va filmer cela et ce sera super, ce sera un retour d’ascenseur». Il m’a dit: «Il m’a déjà donné le chèque, c’est bon!». Je lui dis non. C’est cela aussi le problème. Quelqu’un a parlé de formation, je ne suis pas là pour donner des leçons mais c’est cela aussi le problème. C’est tout ce que je voulais dire.

Louis BOUTRIN

Je vais remercier les différents intervenants pour cette thématique. C’est vrai que nous avons parlé énormément du mouvement sportif, on a parlé également ce matin du financement notamment des sponsors mais il manquait un élément du triangle à savoir les médias.

Dans ce triangle, à la fois mouvement sportif et sponsor, vous avez bien compris qu’au fil du temps, le sommet du triangle a évolué, notamment les télévisions. Je regrette l’absence de celui qui avait été invité, Camille ALEXANDRE. On a parlé de la place des radios notamment des radios libres qui apportent leur contribution. La presse écrite également contribue à accompagner le sport, à donner de l’information. On peut dire que pendant longtemps la télévision a servi le sport mais qu’actuellement les choses se sont inversées. Au sommet du triangle, on trouve maintenant la télévision qui se sert du sport et cela devrait nous alerter puisqu’on a vu pendant ces Assises que le sport véhicule un certain nombre de valeurs (des valeurs éducatives, des valeurs culturelles) or actuellement est-ce que ces valeurs ne sont pas quelque peu chahutées par les télévisions notamment par l’exclusivité?

Ils n’ont pas pu s’exprimer, mais je vais parler en leur nom, les petites ligues se trouvent aujourd’hui… Je sais que la Présidente de la ligue de twirling va confirmer puisqu’elle est intervenue. Je me fais donc un peu l’écho de tout cela. Le fait qu’il y ait certaines disciplines qui sont actuellement très médiatisées, cela porte, en quelque part, atteinte au travail effectué par quelques petites ligues et il va falloir rééquilibrer les choses et quelle est la place, dans cela, de notre mission de service public puisque le média qui est absent, il se trouve que c’est le service public et la demande qui est faite aujourd’hui c’est qu’il y ait des retransmissions puisque le sport ce n’est pas que du spectacle, le sport

c’est également l’accompagnement, l’insertion, Je ne vais pas reprendre toutes les thématiques que nous avons abordées.

En fin de compte, il y a deux choses qui n’ont pas, à travers les débats, été évoquées ou très peu par Samuel PEREAU dans ses propositions mais qui sont également valables pour les médias: c’est la redistribution des recettes qui sont engrangées par le sportspectacle mais à l’ensemble des ligues. Là, nous allons avoir un sérieux débat et des propositions à faire là-dessus. La deuxième chose, c’est que pour qu’il y ait plus de lisibilité, je reviens sur une des propositions qui est valable également pour sport et média, c’est la création pour la lisibilité de petites ligues d’un Observatoire du sport à la Martinique pas seulement pour la dimension statistique ou que l’on puisse avoir des éléments de repères mais pour mener notre politique publique, nous avons besoin de cet outil qui est indispensable.

En conclusion, nous disons que l’idée émise qu’il y a une chaîne dédiée au sport, cela existe déjà. Il y a des sites Internet qui sont dédiés aux sports mais cela n’existe pas encore chez nous. Se pose, puisque l’on a parlé économie, le problème de l’économie d’échelle. Nous avons eu des expériences malheureuses dans le sport, dans la presse écrite parce que nous n’avons pas suffisamment - et MARAJO sait de quoi il parle avec Sport Plus. C’est cela la contrainte. Nous avons essayé de suivre le mouvement à l’époque avec une publication qui s’appelait «Karibel» ensuite avec «La tribune des Antilles», mais c’est le marché et le marché ne permet pas aujourd’hui à une presse écrite de pouvoir survivre. Nous parlons comptabilité, nous parlons gestion…

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Samedi 30juillet 2016 Sport et média

Robert MARAJO, pendant combien d’années tu as tenu Sport Plus?

Robert MARAJO

32 ans.

Louis BOUTRIN

32 ans! Il y avait un numéro spécial de Sport Plus à chaque Tour de la Martinique et quotidiennement on pouvait le lire. Quand on parle, on parle de choses que l’on connaît, que l’on a vécues. Quand on dit actuellement que le marché ne permet pas qu’il y ait une presse écrite qui puisse survivre…

Un participant Ce n’est pas vrai!

Louis BOUTRIN

Mais on peut toujours dire: «Ce n’est pas vrai». On peut toujours dire ce que l’on veut. L’information c’est une réalité. Et la réalité c’est que les journaux qui existaient comme celui que tenait Robert MARAJO ont disparu et il y a des raisons à cela. Ce sont des raisons économiques. La chose qui est la plus réelle c’est que pendant longtemps, on a critiqué FranceAntilles parce que France-Antilles avait un monopole c’était l’unique quotidien. À la Barbade, il y a trois

quotidiens. Nous avons essayé à l’époque de créer «l’écho des Antilles». Nous avons mutualisé les moyens pour créer une presse parce qu’il ne peut pas y avoir une information sans pluralisme de la presse. Il était donc nécessaire qu’à côté de France-Antilles, il y ait un autre quotidien. Nous n’avons pas pu sortir ce quotidien. Cela n’a même pas duré 6 mois. Vous avez vu qu’à travers l’information on peut effectivement faire évoluer la relation média, monde sportif et je place là-dedans les sponsors.

Le thème qui arrive maintenant nous tient particulièrement à cœur qui est celui de l’identité martiniquaise. Je vais vous demander une attention particulière à l’exposé qui sera fait mais là, pour être concret, nous allons vous projeter un petit film de 1 minute 30 qui est présenté par la ligue de taekwondo et je sais que dans la salle il y a Maître TANGER que je vous demande de saluer par vos applaudissements. Pendant de longues années, avec Michel WAMARA, Maître TANGER a porté haut les couleurs du budo à l’extérieur de la Martinique sur le plan international. Ce n’était pas prévu, mais je sais qu’elle fera un petit témoignage de cette expérience à l’international sur la question justement de l’identité martiniquaise. Gerry L’ÉTANG, c’est à toi de jouer. Merci.

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Sport et identité martiniquaise

Autre changement, quand dans mon enfance on écoutait la récréation d’une école maternelle, tous les enfants jouaient en créole. Aujourd'hui, tous jouent en français. Ainsi, les petits-enfants de ceux qui il y a deux générations de cela jouaient en créole, jouent aujourd'hui en français. La langue maternelle des Martiniquais est donc passée du créole au français. La culture, on le voit, évolue.

Antilles

Bonjour à tous. Je vais vous parler ce matin d’identité martiniquaise. Je remplace au pied levé le sociologue André LUCRECE qui a été empêché.

Avant toute chose, il importe de signaler le caractère controversé du mot «identité». Mon ami Jean BERNABE, qui comme vous le savez, est un grand illustrateur de la culture et de la langue créole martiniquaises, vient de publier un ouvrage qui a pour titre «La dérive identitariste», où il récuse l’emploi du mot «identité» quand il est rapporté aux communautés, aux peuples. Pour lui, l’identité collective ça n’existe pas car l’identité est par définition quelque chose d’identique, c'est-à-dire quelque chose de fixe, qui ne varie pas. Or, les cultures humaines qui sont à la base de ce que l’on considère comme l’identité, varient.

Pendant mon enfance, dans les années soixante, quand on mangeait du boudin, on mangeait forcément du boudin noir à base de sang. Un des effets de la mondialisation en Martinique a été le développement dans le pays de religions néo-protestantes d’origine étasunienne qui pour certaines prohibent la consommation de sang. Cette interdiction a contribué à l’apparition de nouveaux boudins à base de toutes sortes de choses sauf de sang. À base donc de poisson, de poulet, de lambi, d’hareng saur, etc. On peut constater une évolution similaire de notre pâté créole qui était à l’origine un pâté dont la farce était uniquement à base de porc, et qui aujourd'hui est aussi à base de poulet, de morue, etc.

Mais la culture varie aussi du point de vue synchronique. Nous ne partageons pas, de manière absolue, les mêmes traits culturels. Par exemple, les Martiniquais adventistes ne courent pas le vider, ne boivent pas le rhum. Autre exemple, la famille blanche créole est plutôt patriarcale, là où la famille noire créole est plutôt matrifocale. Nous ne partageons donc pas totalement les mêmes traits culturels.

L’autre grief que BERNABE fait au mot «identité», c’est que rapporté au peuple, il peut être un instrument d’exclusion. Le terme, on le sait, est apparu à gauche, employé également par des colonisés soucieux de sauvegarder leur patrimoine et aussi par leurs défenseurs. Seulement aujourd’hui, l’expression est fortement revendiquée par l’extrême-droite qui, du fait de la mondialisation, se juge menacée par le migrant. Ainsi en France, le mouvement le plus opposé à l’expansion de l’Islam et aussi au multiculturalisme, s’intitule «bloc identitaire». Son logo officiel est d’ailleurs un cochon Et en Europe, ce que l’on appelle la mouvance identitaire, caractérise une nébuleuse de mouvements racialistes ou ethno-différencialistes qui, toujours en contexte de globalisation, prétend défendre ceux qu’elle appelle les «indigènes européens blancs», pervertissant ainsi une idée déjà malheureuse.

Il n’en reste pas moins que ce que l’on appelle «identité collective» correspond bien à quelque chose de réel, même si on doit peut-être le nommer autrement. Par exemple, «spécificité ethnoculturelle» comme le propose Jean BERNABE, ou encore «appartenance collective», ou encore «conscience communautaire». Bref, le sentiment de former un peuple avec des traits culturels particuliers, avec une communauté d’origine et de destin, existe bel et bien. C’est ce que l’on pourrait appeler, pour ce qui nous concerne ici en Martinique, la «martinicanité».

Ces réserves étant rappelées, s’il faut éviter d’exclure l’Autre, il faut également éviter de se perdre dans l’Autre

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car toute culture qui disparaît est, d’un point de vue anthropologique, une perte pour l’humanité, un appauvrissement de l’Homme. Car la richesse de l’Homme réside dans sa diversité.

Prenons à ce niveau un exemple tout simple. Les Martiniquais ont une manière particulière de peler leur orange: en spirale. Cette manière de faire diffère de la manière française de préparer ce fruit. En France, on consomme l’orange après avoir retiré une écorce préalablement coupée en quatre. Perdre la culture martiniquaise serait donc voir disparaître un geste et peut-être aussi une production esthétique, si bien sûr on considère qu’une spirale d’écorce d’orange a quand même plus d’allure que quatre morceaux de «peau» de ce fruit.

Aujourd’hui, notre sentiment d’identité, notre spécificité ethnoculturelle, est menacé parce que notre culture est menacée. Elle est menacée par l’enrayement d’un processus d’origine interne, la créolisation, et le développement de deux processus d’origine externe: la francisation et la mondialisation. Nous sommes de plus en plus affaiblis culturellement et, corollairement, la conscience que nous avons de nous-mêmes est de plus en plus ténue. Plusieurs choses montrent cela. Notamment le fait que nous employons de plus en plus les mots de l’Autre, c’est-à-dire du Français.

Il y a une dizaine d’années, je participais à une réunion de travail autour d’un projet lancé par notre «Chabin patriote», Alfred MARIE-JEANNE. Nous étions une vingtaine autour d’une table et l’un d’entre nous a sorti cette phrase: «Le mois dernier, alors que j’étais dans l’hexagone…». Il a été interrompu par MARIE-JEANNE qui le questionna ainsi: «Eskizé mwen konpè, mè ola sa yé sa, «l’hexagone »? ».

Si Alfred MARIE-JEANNE pointait le problème que représentait l’emploi de ce mot, c’est notamment parce qu’«hexagone» fait écho à «outre-mer». Le terme participe d’une vision de l’ensemble français formé d’un hexagone et d’un outre-mer. Selon cette vision, la Martinique, c’est l’outre-mer. Or, accepter de relever de l’outre-mer, c’est accepter une vision totalement décentrée de soi, c’est en définitive être aliéné, c’est-à-dire être étranger à soi-même. Car bien entendu, nous ne pouvons pas être d’outre-mer. L’outre-mer, c’est par définition, ce qu’il y a de l’autre côté de la mer. C’est en fait la France qui est notre outre-mer.

De plus, en employant les mots «hexagone» et «outre-mer», on remplace un autre couple de mots qui définissaient historiquement l’ensemble politique français: «métropole» et «colonie». En remplaçant «métropole» et «colonie», les termes «hexagone» et «outre-mer» tentent de gommer l’altérité qu’il y a entre les deux sous-ensembles et suggèrent non plus un rapport de domination mais finalement une assimilation politique et culturelle totale par-delà l’histoire et la géographie. Si on en croit cette appellation, ce nouveau couple «hexagone-outre-mer», il n’y a qu’une nouvelle et seule France composée d’un hexagone et d’un outre-mer.

L’emploi croissant de ces mots par nous témoigne du progrès de notre assimilation à la France et à son appartenance. Or, il n’y a pas si longtemps, pour nous, la France, c’était «la France» ou alors, c’était «la métropole», entité distincte où résidait le pouvoir sur la colonie ou sur la néo-colonie.

Autre évolution, la tendance que nous avons à caractériser nos fruits comme des fruits exotiques. Je vous rappelle qu’«exotique» signifie «étranger». Quand nos fruits deviennent exotiques, nous devenons étrangers à nous-mêmes. Les fruits qui nous sont exotiques sont faits les pommes, les poires, les pêches, etc.

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Il y a également aliénation quand nous employons les mots de l’autre pour nommer nos fruits. Cela me rappelle une anecdote. Il y a quelques années, je voyageais sur Air Caraïbes. Une hôtesse aussi ravissante que francisée, me proposa des jus qu’elle déclina ainsi: «Acérola, gOyave, fruit de la passion». Mon voisin qui ne manquait pas d’humour, lui répondit ceci: «Sé kan menm pa model fwi Francky VINCENT an ou paré ba nou la ?! ». L’hôtesse se rattrapa en bafouillant: «ma-ma-maracudja!».

Il y a autre mot qui est un effet de la francisation comme de la mondialisation et qui est de plus en plus adopté ici: «été». L’été astronomique existe cependant en Martinique. En effet, en Martinique comme dans tout l’hémisphère nord, il y a un été astronomique qui culmine avec le solstice d’été, qui a lieu généralement le 21 juin qui est le jour le plus long de l’année. Mais quand nous parlons ici d’«été», nous ne parlons pas d’été astronomique, nous parlons d’été météorologique, et nous désignons ainsi les mois de juillet et d’août. Or les météos française et martiniquaise ne correspondent pas. Cette évolution témoigne d’un changement dans la périodisation de l’année martiniquaise.

Il importe toutefois de rappeler que la périodisation à la Martinique a toujours évolué. Aujourd’hui, nous avons une périodisation, marquée par l’école et ses pauses (grandes vacances, petites vacances…). Précédemment, au temps de la colonie plantationnaire, nous avions une périodisation liée au cycle de la canne à sucre, laquelle découpait l’année en deux: le carême, qui correspondait à la récolte de la canne, et l’hivernage, qui correspondait à la pousse de la canne. Et si nous remontons plus avant, au temps des Amérindiens, il y avait une autre périodisation, liée

à la guerre celle-là, parce que les Caraïbes étaient des guerriers. Il avait le temps où les Caraïbes quittaient l’île pour partir en guerre, et un temps où ils étaient dans l’île et qui incluait notamment à la période cyclonique où ils ne pouvaient prendre la mer.

La périodisation a toujours été définie par l’élément qui structurait la société: jadis la guerre, ensuite la canne puis l’école.

Dans le cadre de la périodisation actuelle liée à l’école, et du fait de l’assimilation, de la mondialisation, du fait aussi du retour de nos frères émigrés en France et qui rentrent en vacances au pays en juillet et août, avec notamment les congés bonifiés, nous parlons de plus en plus d’été. Aujourd’hui donc, nous glissons vers une périodisation influencée par l’assimilation.

Nous sommes donc de plus en plus assimilés, c’est-à-dire de plus en plus français culturellement. Paradoxalement, aujourd’hui, nous n’avons jamais été si peu assimilationnistes. Nous sommes même devenus anti-assimilationnistes. Mais à y regarder bien, c’est logique. On ne désire que ce qu’on n’a pas. Et ce qu’on a obtenu, on ne le désire plus. À partir du moment où on est quasiment devenu français, on ne veut plus l’être. Nous sommes donc menacés de disparaître dans un Autre qui devient de plus en plus un Même et cela nous pose problème.

En réponse à cette menace, nous multiplions les préservations et revalorisations des traits culturels qui nous caractérisent encore. Nous multiplions également les occasions d’affirmer la conscience que nous avons de nous-mêmes et donc notre volonté de faire peuple.

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Cette réaction n’a rien d’artificiel. Il s’agit en réalité d’un phénomène compensatoire, donc d’un phénomène nécessaire. Nous sommes désormais confrontés à une sorte de vide existentiel. Et face à ce vide, nous avons tendance à nous affirmer de plus en plus, Martiniquais. Le sport est un vecteur de cette affirmation: les hymnes, les drapeaux, les équipes, etc. sont des moyens d’affichage de la conscience collective de soi. Par-delà de la compétition, le sport permet de mettre en exergue une identité politique et culturelle, de symboliser des peuples.

Malgré le cadre étroit dans lequel nous nous mouvons à ce niveau, nous devons aller le plus loin possible. Ce que nous faisons par exemple au niveau de la yole est fondamental sur le plan de l’affirmation de soi. Voilà un sport propre à la Martinique, que nous avons réussi à revaloriser. Il faut continuer. Il faut aussi essayer de s’imposer en tant que Martiniquais à l’international. Beaucoup dans cette salle s’y emploient. Merci

Louis BOUTRIN

La transition est toute trouvée, à l’international, certains s’y emploient. Nous allons à présent voir pendant une minute 30, une petite vidéo proposée par deux jeunes Martiniquais au sein de la ligue de taekwondo. Pendant qu’ils sont en train de brancher le matériel, je vais demander au deuxième d’expliquer leur parcours et d’où est venue cette idée d’une proposition de drapeau.

Ligue de taekwondo de Martinique

Bonjour à tous et à toutes. Je travaille à la ligue de Martinique de taekwondo et je suis en charge des relations internationales. On va partir sur une petite présentation simple avant de partir sur la démarche. Tout d’abord, merci à la Collectivité de nous inviter pour la deuxième fois pour expliquer la démarche.

À mes côtés, David MANGATAL, Directeur technique de notre ligue. Le but de notre présentation aujourd’hui, afin d’introduire le film qui vous a été présenté par Monsieur BOUTRIN qui durera une minute 30, est de faire un lien entre exigence, performance et identité. Pour vous donner quelques chiffres très rapidement: la ligue de Martinique de Taekwondo est la seule ligue à être reconnue et perçue comme étant une Fédération à part entière. Nous avons un double statut. Nous vous l’expliquerons.

Nous sommes, en termes de niveau sportif, classés parmi les 50 meilleures nations du Taekwondo. Nous avons plus de 200 licenciés pratiquants âgés de 4 à 50 ans répartis dans 4 clubs. Nous touchons à peu près 700 enfants en milieu scolaire (maternelle) entre 3 et 5 ans. Nous avons procédé à la création d’un centre de formation des arts martiaux coréens. Nous avons également procédé à la création d’une école interrégionale de formation des enseignants en arts martiaux coréens et nous avons, en notre sein, un club qui est agréé «élite performance» par la Fédération française de Taekwondo, ce qui veut dire qu’il se classe parmi les 10 meilleurs clubs en France.

La notion d’exigence. La personne que vous voyez à l’écran, c’est Confucius, un philosophe chinois, qui disait: «Exige beaucoup de toi-même et attends peu des autres». Ce que nous pouvons dire sur les exigences, c’est qu’elles sont bien souvent commandées par les circonstances. Qui dit circonstances qui s’élèvent, dit un niveau d’exigence qui doit s’élever et donc

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Laurent MOYSE
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forcément une performance qui doit être corrélée par rapport à cette notion de circonstance.

David MANGATAL

Directeur technique régional,ligue de taekwondo de Martinique

Nous avons choisi d’illustrer notre définition d’identité par l’arbre que vous voyez avec un tronc qui correspondrait à notre identité, des branches, des feuilles qui correspondraient à notre personnalité et la personnalité change au gré des circonstances et des exigences. L’arbre, comme vous le voyez et comme vous le savez, se nourrit de l’extérieur mais également de l’intérieur avec des racines. C’est notre point de vue. Chaque arbre est singulier.

Laurent MOYSE

Ligue de taekwondo de Martinique

Le premier outil que l’on vous propose de découvrir: notre ligue a pris la décision dès 2001, lors de la création du Comité régional de taekwondo de Martinique, d’élaborer pour chaque olympiade, pour chaque période de 4 ans, ce que l’on appelle un plan de politique sportive dans lequel sont inscrits les axes prioritaires de développement. Grâce à cet outil cadre, nous avons pu développer à la fois une analyse fonctionnelle et surtout une philosophie gestionnaire basée sur l’efficience. L’efficience, c’est quoi? Pour nous, à notre sens, c’est que chaque action doit être réalisée en optimisant les moyens afin d’atteindre les objectifs concernant la structure (la ligue), les athlètes et les cadres puisque le propos de notre exposé d’aujourd'hui concerne le sport d’excellence. Concernant la structure, l’avantage d’avoir un plan de politique sportive, c’est qu’il peut agir à la fois sur le développement interne mais sur le développement externe. Concernant le développement interne, nous avons fait ce que l’on appelle du Benchmarking, c’està-dire que nous avons observé et analysé le mode de fonctionnement de fédérations étrangères, telles que la fédération mexicaine, la fédération française, la fédération américaine et la fédération canadienne.

Cette observation et cette analyse nous ont conduits vers deux actions très concrètes: la première c’est de changer la dénomination des services, des organes qui composent notre ligue et de redispatcher les tâches en fonction des compétences transversales de chaque cadre. Nous sommes passés d’un statut de commission à un statut de direction. Nous n’avons

plus de commissions sportives, mais une direction sportive. Plus de commissions aux affaires extérieures, mais des directions des relations internationales et ainsi de suite.

Avec cela, en s’appuyant sur les compétences transversales de chacun des intervenants, nous avons pu mettre en place de nouveaux process de fonctionnement qui permettent à la fois en interne, et dirigés vers l’externe, de mieux travailler, dans de meilleures conditions.

Concernant le développement externe, puisque les circonstances changeaient au niveau sportif - ce que Monsieur MANGATAL va vous présenter juste aprèsnous avons dû nous adapter et donc élever le niveau d’exigence. À cela, il a fallu s’affilier à d’autres organes qui nous permettaient d’accéder à un autre niveau d’exigence et nous avons donc entrepris dès le début des années 2000 de nous affilier à la Fédération mondiale de Taekwondo. Cela a été chose faite en 2011. Comment est-ce possible? Tout simplement parce que les statuts de la Fédération mondiale de Taekwondo nous donnaient la possibilité, en tant que pays non indépendants, de pouvoir participer à toute échéance officielle uniquement d’un point de vue sportif. Nous avons dû mettre au point un dossier pour pouvoir attester de notre réalité identitaire mais surtout en appuyant le fait que ce n’était pas une démarche politique mais une démarche sportive et que ce qui nous intéressait avant tout chose, c’était de proposer un parcours sportif à l’attention de nos athlètes. Cela a été chose faite en 2011 et cela nous a permis de travailler avec la Fédération française puisque nous avons eu le soutien de la Fédération française, du CROSMA, du Comité national olympique et de notre Fédération, de redéfinir un conventionnement avec eux pour que l’on passe d’un statut de ligue à une sorte de fédération où nous travaillons en collaboration perpétuelle (gagnant-gagnant pas donnantdonnant) afin de pouvoir travailler dans de bonnes conditions. L’affiliation à la Fédération mondiale nous a mis devant une réalité que nous avons relevée qui était de pouvoir créer un drapeau du taekwondo martiniquais qui serait un emblème, donc un symbole qui permettrait d’être bien identifié par nos collègues des autres nations sportives qui participent également au championnat du monde.

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Au niveau des athlètes, il faut savoir qu’il y a eu un avant le 28avril 2011, la date est la reconnaissance de notre Taekwondo martiniquais en tant que nation sportive, et un après.

Avant, c’est ce que tout le monde connaît au niveau du parcours d’un athlète que l’on proposait à tous: Championnat de Martinique, Championnat de France, pour le champion de France en titre, peut-être une possibilité d’être sélectionné en équipe de France et de faire les championnats d’Europe et peut-être s’il a été sélectionné, faire peut-être les championnats du monde et encore peut-être la possibilité de faire les Jeux olympiques. J’insiste sur ce mot «peut-être».

Aujourd'hui ce qui est sûr, après le 28avril 2011, c’est que l’athlète martiniquais aujourd'hui fait les championnats de Martinique, a la possibilité de faire les championnats de France et d’être positionné sur les championnats panaméricains. On fait les championnats panaméricains, les championnats continentaux et surtout cette possibilité de faire les championnats du monde et représenter la Martinique en tant qu’athlète martiniquais. La seule chose qu’il ne peut pas faire aujourd'hui ce sont les Jeux olympiques.

Nous avons insisté sur nos athlètes parce que c’est important. Ce que l’on proposait avant, au niveau de notre vision, c’est la possibilité pour les athlètes: «Vous faites les championnats de France» et on imposait notre vision. Aujourd'hui, on a changé cette manière de faire. On s’est mis au service de l’athlète et on l’a mis au centre du projet. Aujourd'hui, c’est l’athlète, connaissant les possibilités, qui gère son projet. Aujourd'hui, nous en sommes que les accompagnateurs. C’est vraiment l’athlète -j’insiste là-dessus - qui construit son projet et lui donne un sens. Bien entendu, les parents le valident ou non. Les coachs ne sont que des impulseurs de réussite. Il faut juste que les athlètes, en accord avec

eux-mêmes, en respectant les clés que nous avons données la dernière fois: le travail, la persévérance, l’implication pour obtenir la satisfaction. Le taekwondon’est qu’un prétexte pour nous, pour construire des champions sportifs mais surtout une finalité, celle de construire des champions de la vie, en plaçant donc l’intéressé au centre de son projet. Il n’est plus le spectateur de sa vie, mais bel et bien l’acteur ou le réalisateur de sa vie.

Nous avons augmenté le niveau d’exigence des athlètes, c'est-à-dire qu’il a fallu aussi augmenter le niveau d’exigence du staff et de l’entraîneur. Les circonstances et les exigences ont impliqué un choix au niveau des compétences, au contact d’experts mondiaux. Comme nous le disions tout à l’heure, nous avons été invités par la Fédération américaine. On est allé voir ce qui se passait ailleurs. On a des transversalités des compétences au sein de la ligue: marketing, communication digitale, informatique, management. On a participé à des séminaires réservés à l’élite mondiale. Nous avons été invités par des fédérations étrangères dans leurs structures et aussi à l’entraînement. On est allé voir ce qui se passait ailleurs. Comment ceci s’est matérialisé? Cela s’est matérialisé par des certifications mondiales mais aussi par des diplômes continentaux ou mondiaux. Nous sommes passés, aujourd'hui, nous pouvons le dire d’un statut d’entraîneur à celui de véritable coach. Le coaching pour nous, cela consiste à accompagner des personnes ou des groupes dans la définition et l’atteinte de leurs objectifs au bénéfice de leur évolution sportive, personnelle et professionnelle. Vous pourriez nous dire: «Vous êtes allés vous former à l’extérieur?». Je le disais tout à l’heure sur l’identité: «Qu’est ce que vous faites ici en Martinique avec ce que vous avez pu prendre de l’extérieur?». Aujourd'hui, Germain SOUMBO est responsable du CROSMA et avec lui, nous avons coorganisé une formation réservée aux cadres et aux coachs de haut niveau.

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Laurent MOYSE

Ligue

de taekwondo de Martinique

En ce qui concerne la communication et le marketing, nous savons, grâce à l’intervention des collègues du média et du financement, qu’aujourd'hui nous sommes face à une réalité où nous devons nous prendre en main. Comme je vous l’ai dit au départ «Exiger beaucoup de soi-même et peu des autres». En communication, nous avons appliqué le même principe. Pendant 4 ans, nous avons mis en sommeil notre communication. Nous n’avons plus du tout informé, en tout cas en ce qui concerne les actions que nous menions sur le terrain, nous n’avons pas utilisé les canaux classiques qui sont la presse écrite, la presse télé et la presse radio. Nous avons mis en sommeil. Pour quelles raisons? Parce que nous avons d’abord observé comment les gens percevaient les informations, comment, à l’étranger, la communication au niveau du sport se faisait. Du coup, nous avons réfléchi à une stratégie. Cette stratégie aujourd'hui s’appuie sur deux choses: internetet un partenariat gagnant-gagnant avec les médias du service public et les médias du privé. Pour quelles raisons? Parce qu’il faut d’abord, à notre sens, répondre aux attentes de nos partenaires afin d’être efficace dans le but que nous poursuivons.

Cette stratégie est mise en place depuis maintenant le début de l’année. Elle a déjà ses effets au niveau des réseaux sociaux puisque grâce à nos postes et à ce que l’on a pu faire transmettre comme information, tout l’environnement de nos athlètes a été au courant de leurs résultats et cela nous pousse à nous conforter dans cette direction.

Concernant les perspectives que l’on se donne. À moyen terme, nous pensons qu’il serait intéressant pour la Martinique de généraliser l’organisation de compétitions nationales et mondiales uniquement. C'est-à-dire encore une fois, élever le niveau d’exigence pour permettre à la Martinique d’être reconnue à l’extérieur puisque l’identité s’affirme de l’intérieur mais elle est également perçue et reconnue par l’extérieur.

David MANGATAL

Directeur technique régional, ligue de taekwondo de Martinique

En ce qui concerne le projet à long terme, ce serait de mutualiser avec toutes les disciplines sur un projet pour les 13-17 ans et de faire une team Martinique.

Laurent MOYSE

Je vous propose donc de découvrir le spot vidéo que nous avons réalisé qui va rentrer dans le cadre d’une campagne de financement participatif où nous allons faire appel, non pas à la générosité mais à l’investissement et à l’implication de tous les Martiniquais que ce soit population, collectivités, institutions étatiques et secteur privé.

En sachant que nous ne garantissons rien. Lorsque nous partons en championnat du monde, comme David MANGATAL vous l’a dit, nous sommes les coachs, c'est-à-dire que nous donnons le meilleur de nous-mêmes pour pouvoir accompagner les objectifs que se sont définis nos athlètes. Nous partons d’une maxime qui est très simple: «Nous ne perdons jamais: soit nous gagnons, soit nous apprenons». Merci de votre attention.

Louis BOUTRIN

La parole est libre, la parole circule. Nous vous demandons de rester dans le thème de cet atelier «identité martiniquaiseet sport» de manière à ce que nous puissions libérer le Président MARIE-JEANNE puisqu’il doit conclure ces Assises du Sport. Merci.

Échanges/Débats

Félix DOUTONE

Je pose une question qui est un peu délicate qui revient à nous faire une introspection. Dans cette pratique sportive très particulière où vous affirmez votre identité à l’extérieur. Est-ce que vous ne vous sentez pas à l’étranger, chez vous?

David MANGATAL

Juste avant de laisser la parole à Laurent (MOYSE), je vais répondre. Comme on l’a dit sur la définition de l’identité, on se considère avant tout, cela dépend du point de vue dans lequel on se place, comme citoyen du monde.

Laurent MOYSE

Il est vrai que l’identité se cultive ici et à l’extérieur, parce que nous sommes en fait fortement inspirés par une citation d’un poète mexicain qui s’appelle Octavio PAZ qui dit que «toute culture naît de la rencontre, du choc et des échanges». Nous nous sommes, en effet, aperçus que sur le terrain, aujourd'hui, lorsque nous allons à l’étranger sur des compétitions, personne ne

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nous connaît sous nos prénoms et noms, mais tout le monde nous appelle «Martinique».C’est à la fois le fait d’aller à l’extérieur et de montrer notre savoir être et savoir-faire, qui a concouru à permettre à notre identité qui était déjà construite de s’enrichir.

Il y a aussi un autre levier sur lequel on n’a jamais appuyé parce que cela ne nous semblait pas être notre mission. À aucun moment nos athlètes n’ont été l’objet d’un discours visant à les rendre fiers de ce drapeau qui a été créé. Pourquoi? Déjà parce que premièrement, c’est un emblème d’une discipline sportive et non pas un drapeau national. Ce qui veut donc dire qu’automatiquement ces athlètes ont construit, ont enrichi leur identité tout simplement grâce à ce niveau d’exigence qui a changé. Le niveau de performance, les résultats obtenus ont attiré l’œil de l’extérieur sur eux, sur ce qu’ils sont.

Edson EUGÈNE

Bonjour à tous. La semaine prochaine, nous partons pour la deuxième manche du championnat du monde en Russie. Bien entendu, il y aura aussi les Français mais nous, nous aurons une carte à jouer parce que dans la catégorie stock, j’ai le privilège d’être classé en première catégorie. Les Russes nous ont demandé sur quelle image ils vont projeter, au niveau mondial, les couleurs de la Martinique. C’est quand même quelque chose de très important pour nous. Je me retourne vers le Président et Monsieur BOUTRIN. Nous partons jeudi. Si nous, au niveau de notre association, on pouvait avoir un drapeau, une couleur, quelque chose pour projeter pour la Fédération motonautique russe qui va elle-même la présenter au niveau mondial, je serais enchanté de la présenter.

Je tiens à vous féliciter car moi-même j’ai subi beaucoup de contraintes pour la préparation des championnats du monde à la Martinique, grâce à la Collectivité territoriale, aux élus que vous voyez ici parce qu’ils m’ont énormément aidé parce que la Fédération française m’a bloqué. Elle a bloqué la Martinique et grâce à vous les élus, on a pu faire ce championnat du monde. Comme quoi, la petite Martinique a porté à bras-lecorps ce projet avec l’identité Martinique. En tout cas félicitations. Continuez à nous soutenir et je serai très heureux de véhiculer notre image à travers le monde la semaine prochaine. Merci.

Louis BOUTRIN

On va prendre deux intervenants et on va passer à la conclusion.

Margaret TANGER

Bonjour à tous. J’ai été très émue de revivre l’expérience que vous avez eue à la ligue de taekwondo. Cela m’a ramené plusieurs années auparavant, à l’histoire de l’école de Budo, l’association martiniquaise de Budo qui a existé en Martinique entre1973 et2007 où notre mort a été décidée au niveau politique pour des raisons que je ne vais pas développer ici.

Nous avons exactement le même parcours puisque nous avons estimé que le sport c’est un moyen de construire cette identité martiniquaise, de la renforcer à la fois au niveau régional, panaméricain mais aussi une reconnaissance internationale puisque l’on voit bien que tous les états se battent pour participer aux Jeux Olympiques, c’est que cela a un sens. Quand on existe au niveau international, c’est un moyen de renforcer son identité collective.

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Le Budo a été la première association à se projeter au niveau international. Nous avons simplement décidé que nous n’avions d’autorisation à recevoir de personne pour aller rencontrer nos amis Caribéens.

Nous avons eu des rencontres en judo et en karaté avec Haïti, le Venezuela, toute la Caraïbe. Nous sommes passés aussi par une Fédération panaméricaine de Karaté. Nous avons rencontré le responsable à qui nous avons exposé nos attentes, notre réalité martiniquaise qui ne correspondait pas du tout à celle qui peut exister au niveau national. Ils ont parfaitement compris. Ils nous ont soutenus. Nous avons eu des recommandations et ils nous ont introduits devant une fédération mondiale de karaté qui s’appelait la Japan Karatedo qui est une fédération mondiale de karaté qui se trouve au Japon. Nous sommes allés voir cette fédération. Ils nous ont reconnus et nous avons été inscrits. L’association martiniquaise de Budo était inscrite comme membre observateur de cette fédération mondiale. Ce qui nous a permis, pendant de longues années, de participer à toutes les manifestations internationales organisées par cette fédération et à plusieurs championnats du monde. Nous avons d’ailleurs été vice-champion du monde à Moscou et au Japon avec des jeunes Martiniquais formés localement. Nous avions notre professeur que tout le monde connaît. J’ai d’ailleurs vu Hugues FANON qui est là, qui a participé à l’aventureavec le Budo. J’avoue que cela a permis véritablement de défendre la jeunesse martiniquaise, de défendre la réalité martiniquaise. Nous étions reconnus. Nous avons même eu une compétition, un championnat du monde où il y avait l’équipe de Martinique et il y avait une équipe de France à côté avec leurs membres et cela n’a gêné personne.

Les difficultés que nous avons: je ne vais pas m’étendre là-dessus mais je suis avocate, je connais un peu, mais juridiquement il fallut faire valoir beaucoup d’arguments: le principe de subsidiarité, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la reconnaissance des minorités et le principe de discrimination positive collective que nous estimions devoir mettre en œuvre parce que nous sommes une réalité qui doit aussi être reconnue. Les difficultés que nous avons eues, c’était au niveau local. Cela ne va pas faire plaisir à tout le monde, certains se reconnaîtront certainement dans la salle mais nos principaux adversaires n’ont pas été la fédération française mais cela a été localement, les ligues qui étaient concernées par la discipline qui nous ont mis beaucoup

de barrages et heureusement nous avons été soutenus par les collectivités locales. Nous avons été soutenus à l’époque par la Région où il y avait Camille DARSIERES. Il nous a toujours soutenus pour nos actions. Nous avons eu un Président, Claude LISE, au niveau du Département qui nous a soutenus, et nous avons eu aussi, lorsque la nouvelle collectivité est arrivée en place avec le Président Alfred MARIE-JEANNE. Nous avons toujours eu des soutiens malgré les contestations des ligues régionales qui trouvaient anormal que nous ne soyons pas inféodés à une organisation, fédération, ligue qui est aussi un outil de domination. L’organisation française qui est mise en place, c’est un maillage territorial qui est organisé pour asseoir la domination et inféoder aussi les gens. Nous avons refusé à nous reconnaître dans ce système. On a eu beaucoup de difficultés mais nous avons toujours été soutenus. Nous avons eu la chance d’avoir le soutien moral de ce grand Homme qu’était Aimé CESAIRE. Il était aussi le Président d’honneur de l’école de Budo. Il avait accepté de l’être. Il nous soutenait contre toutes les difficultés.

La question du drapeau s’est aussi posée pour nous parce qu’il n’était évidemment pas question d’aller avec le drapeau français. Certaines propositions avaient été faites de mettre un signe distinctif sur le drapeau français. Le drapeau français est issu d’une histoire. Il n’y a pas à mettre de signe distinctif dessus. S’est posée la question de savoir puisque nous avons un drapeau régional qui est la croix blanche et les quatre serpents. Est-ce qu’il fallait utiliser ce drapeau? Non, parce que c’est un drapeau qui a flotté sur la Martinique pendant la période de l’esclavage, on ne pouvait donc pas le prendre non plus.

Finalement, une fois, parce qu’il y avait une manifestation à Cuba et qu’il nous fallait un drapeau, nous avions demandé le drapeau olympique parce que nous n’en avions pas. C’est vrai qu’il y a eu une compétition panaméricaine à Cuba où nous avons tiré sous la bannière olympique et finalement nous avons décidé de créer notre emblème avec les couleurs qui, pour nous, sont les couleurs de la Martinique mais cela n’engage que nous, c’est le rouge et le noir. C’est avec ces couleurs que nous sommes allés dans les différentes compétitions.

Ma proposition là-dessus car il faut que la Martinique s’exporte à l’international, en dehors des structures

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officielles, nationales et internationales parce que votre histoire, comme pour nous, cela a été possible simplement parce que l’on est dans une discipline karaté/taekwondo qui ne sont pas disciplines olympiques, ce qui nous a permis, parce qu’il y a moins d’enjeux de business, financiers, d’avoir plus facilement cette ouverture-là. Mais quand vous allez dans des sports très business comme le football, le tennis, cela devient très compliqué. L’idée c’est de mettre en place, nous avions d’ailleurs fait la proposition, ce livre-là «histoire d’un marronnage sportif» parce que l’on nous avait traités de karatékas marrons à l’époque parce que nous allions justement faire vivre notre réalité martiniquaise. Ce livre-là raconte l’épopée du budo, non seulement au niveau social, insertion, etc. mais toute l’action internationale.

La proposition que j’avais faite à l’époque, et je l’avais présentée lors des États Généraux aussi, était de créer une Fédération omnisports martiniquaise qui permettait de regrouper toutes les disciplines qui veulent réunir tous les Martiniquais, tous les sportifs martiniquais qui veulent se projeter au niveau international. Cela donnerait l’avantage de la cohérence, de mutualisation

des moyens et je crois qu’à travers cette Fédération omnisports martiniquaise comprendrait toutes les disciplines qui le souhaitent et toute une organisation qui permettrait effectivement de les accompagner chacun dans sa discipline propre au niveau international. C’est important car on s’est rendu compte, une fois que le niveau national n’était plus utile, que l’on a laissé le sportif un peu de côté et cela nous a permis d’en récupérer et de les promouvoir. Voilà ce que je voulais dire. Ce qui est important mais qui ne va peut-être pas faire plaisir à tout le monde, et je termine là-dessus, cette structure martiniquaise, il va falloir qu’elle ne soit pas dirigée par les mêmes qui dirigent les ligues, les fédérations nationales. Il faut savoir ce que l’on veut.

Ils sont utiles pour promouvoir nos Martiniquais au niveau national mais tout ce qui est notre réalité martiniquaise, nos rapports avec la Caraïbe, nos rapports directs à l’international, il faut absolument que ce ne soit pas les mêmes personnes. Voilà ce que j’avais à dire.

En vous remerciant.

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Mes premiers mots seront de vous demander de ne pas m’applaudir. Vous avez entendu? Je ne suis pas venu ici pour être applaudi.

Deuxièmement, la Collectivité Territoriale sous mon impulsion, avec mes différents élus et personne d’autre, nous avons pris l’initiative de lancer les Assises du sport en Martinique. Je ne le regrette pas, bien au contraire puisqu’au-delà de la caricature, tout le monde a pu s’exprimer convenablement et même parfois même trop longuement. La parole a été libérée. C’est surtout cela qui est important pour moi.

J’ai pris cette initiative sans donner de consigne particulière d’aveuglement, de dispersion ou de confusion. Chacun avait le droit de penser, de dire, de s’exprimer. Il n’y avait pas d’exclusion particulière, ni de captation pour soi-même, ni de récupération pour soi-même, des observations qui auraient été faites, des décisions qui pourraient être prises ou des propositions qui pourraient être faites. Je dois être clair.

Je dois dire que je m’excuse, que peut-être certaines disciplines ont été oubliées. Je me dois ici de dire que, personnellement, s’il y a eu un oubli, cela arrive. J’ai le droit en tant que Président de la Collectivité Territoriale de Martinique, je ne suis pas imbu de ma personne, de dire qu’il peut y avoir quelques ratés, mais il n’y a pas, dans ma proposition, d’exclusion de quiconque et je ne veux pas non plus qu’il y ait de la récupération de la part de quiconque.

Je rappellerai, parce qu’il me semble que tout le monde veut s’accaparer tout et n’importe quoi, puisque l’on a parlé de l’histoire, je suis obligé d’y revenir puisque vous l’avez évoquée. Celui qui vous parle a été un Président de club. Permettez-moi de m’exprimer. Cela ne veut pas dire que cela me donne une compétence ou une suprématie particulière, ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Cela veut dire que cela me donne une compréhension des problèmes. C’est qu’arrivé à ce niveau-là de responsabilité politique, j’ai eu des responsabilités sportives sans pour autant avoir été moi-même un champion. Je dirais que j’ai été élu dans la rue, Président du Racing Club de Rivière Pilote. J’ai même un plateau d’argent que l’on a offert au Président Alfred MARIE-JEANNE, élu dans la rue.

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Je vais vous l’apporter un de ces jours. Qui dit mieux?

Pourquoi? Parce que l’on était devant une difficulté, des gens qui voulaient s’accaparer, comme aujourd’hui du Racing Club de Rivière Pilote. Et puis qui, subitamenté, lorsqu’il s’est agi de faire une assemblée générale, ils étaient absents: ni compte-rendu moral, ni compte-rendu financier. Et les gens se sont retrouvés dans la rue. Et en passant dans la rue, en me promenant, on m’a élu dans la rue Président du Racing Club de Rivière Pilote. C’est étrange. C’est peut-être une identité particulière.

C’est peut-être une responsabilité qui m’a permis de m’engager. Est-ce que je me suis enorgueilli de cela pour dire que tout était parfait? Il fallait vous parler de l’histoire. Ce n’est pas une histoire, c’est du vécu. Combien d’histoires j’ai eues dans la Caraïbe concernant le sport? Je rappelle que nous avons pris contact avec tous les pays de la Caraïbe. Je n’avais pas besoin d’aller frapper à la porte française pour me permettre d’aller prendre contact avec des gens de la Caraïbe. J’ai été en désaccord avec la France. C’est incroyable d’aller demander la permission pour que j’aille à SainteLucie, à la Dominique, à Cuba. Pourquoi demander la permission pour prendre contact avec des dirigeants? Je ne comprends pas ce comportement là.

Je l’ai tellement fait qu’il se trouve que par un hasard historique – et si je parle et je râle déjà, on peut me démentir - mais la seule chose que je ne peux admettre c’est que l’on me démente. Si vous démentez et que c’est vrai, je m’inclinerai et je ferai mon mea maxima culpa. Que s’est-il passé? Par un hasard heureux, nous allions faire une rencontre à Porto Rico. Nou té invité, koi. Nous étions invités en tant que sélection martiniquaise. J’espère que les journalistes se souviennent de cela, sans les taquiner, ce sont tous mes amis. Même parfois quand ils me provoquent un petit peu, mais c’est la vérité. Mais ils restent d’abord mes amis parce qu’ils ont œuvré, à un moment, dans la bonne direction. Je ne retiens pas la mauvaise direction, je la corrige et je retiens la bonne direction.

Je ne retiens pas les mauvais donneurs de leçons, je retiens les bons donneurs de leçons. Je ne retiens pas les renégats. J’arrive et que se passe-t-il? On a fait un rapport contre Alfred MARIE-JEANNE, que c’est un Président de Tjou patat; Tjou patat c’est-à-dire de quoi que ce soit.

On laisse la sélection entrer à Porto Rico. Je n’étais pas Président de la Collectivité ni de quoi que ce soit, je dis bien, j’étais simplement maire de la ville de RivièrePilote. C’était mon seul titre. On me dit que je n’entre pas. Je ne mens pas, allez regarder vos bouquins d’histoire et les rapports qui avaient été faits. Je ne suis pas content de ce qui s’est passé là. On me dit: «Vous ne rentrez pas à Porto Rico». Ecoutez-moi bien, et c’est là que vous devez comprendre le sens des gens. La sélection est sortie. C’est scandaleux. Porto Rico, un match international. Il n’y aura pas de matchsans les joueurs. Au-delà de leur conception politique, ils se sont mis derrière leur Président qui représentait l’honneur de leur pays. Nous partons définitivement de ce pays. Querelle inutile. Vous imaginez le scandale. On revient me chercher pour me dire: «Vous allez rentrer». Savez-vous ce que les gens ont fait? Ils ont dit: «Monsieur Alfred MARIE-JEANNE rentre d’abord» et nous rentrons. Nous n’avions pas de drapeau; amériken enmen drapo. Il y avait tout simplement une conscience en œuvre. Je laisse passer les autres affaires.

On a l’impression et c’est ce que je ne comprends pas, on confond tout et tout. Je pose la question: on aurait pu aborder d’autres sujets: le sport et le dopage, le sport et la violence. L’affrontement c’est quoi? Il ne faut pas tomber, c’est ce que je ne comprends pas, dans une espèce de chauvinisme. Au moment où, de par le monde, quel que soit le sport, que ce soit le sport professionnel ou le sport d’une façon générale, toutes catégories confondues, c’est devenu peut-être une marchandise, disons cela. Cela occupe l’espace, l’actualité.

Vous voulez que je sois absent, sans repère, de cette actualité? Je suis d’une contrée, je suis d’un pays, je suis d’un continent et je suis parmi le monde. Je ne fais pas l’annexe, je ne vais pas par des cercles concentriques à l’image d’un caillou. J’avais l’habitude de faire ça, on le jetait dans les mares. On jetait les cailloux. A partir du point, il y avait des cercles. On partait d’un point pour aller vers l’extérieur. Je n’ai jamais vu que l’on partait de l’universel pour aller vers soi. C’est pas du nombrilisme: on part de soi, de son nombril pour aller vers le reste. On peut discuter de cela, philosopher si vous voulez, mais je ne vais donner à personne et je ne soutiendrai personne, ni aucun groupe, d’aller en quelque part avec un drapeau qui ne soit pas un drapeau politique martiniquais. Il faut être clair une fois pour toutes et définitivement.

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Samedi 30juillet 2016 Clôture des assisses du sport martiniquais du 18 juin au 30 juillet 2016
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Imaginez que serait la cacophonie parce qu’il faudrait un drapeau pour le basket, un drapeau pour le football, à la limite un drapeau pour tout, ce n’est pas cela. Citez-moi un pays au monde où il n’y a pas un drapeau national quel que soit le drapeau. Citez-moi le nom où il n’y a pas un drapeau qui symbolise un pays. Tous les gens ont un drapeau! Je ne suis pas resté catégorique et je parle d’ailleurs avec mes propres collaborateurs: «Quel exemple que vous donnez là aux gens!». On a l’impression d’un recul sur les choses. Qu’est ce qui m’arrive? Je n’ai jamais délégué mon pouvoir. Comment on ne comprend pas? Comment on peut accepter cela? Je ne dis pas que l’on ne doit pas prendre des initiatives et ce n’est pas en citant des noms - je ne veux pas que l’on me cite dans les cas où cela ne m’intéresse pas.

J’aime le sport d’une façon générale, je l’ai prouvé. Je vais dire ici, je n’ai pas cité de chiffres, mais il n’y aurait pas eu de Tour cycliste de la Martinique si la Collectivité Territoriale de Martinique n’avait pas financé dans la confiance. Les Assises du sport démontrent justement le tournant que nous avons pris. Je n’ai pas besoin de citer de chiffres. Monsieur le Directeur général, vous êtes là, vous les connaissez les chiffres. Si jamais j’ai menti, vous avez le droit et l’obligation de me démentir publiquement. Je vous donne ce droit là. Il n’y aurait pas de Tour des yoles bientôt si la Collectivité Territoriale de la Martinique n’avait pas donné 460000€. Celui qui paie ne doit pas commander mais celui qui paie ne doit pas être humilié.

On peut ne pas être content. C’est votre problème mais par conséquent, je suis très franc. Pourtant, j’ai dit que l’État ne donnait pas quelque chose de conséquent.

C’est justement là le problème. Qu’est-ce que cela veut dire? Mon souci c’est de faire quoi? C’est de regrouper tous les gens. On a parlé de mécénat. Bravo. Qu’estce qu’il raconte le mécénat? Il ne s’agit pas d’exclure mais il ne s’agit pas non plus d’accaparer, comme si les autres n’avaient rien fait.

Pour terminer, la première chose, je l’ai déjà dit, je le répète. Le sport: échelle sociale. Bravo. J’utilise le bon terme. La Martinique – mais pas que la Martinique, la Caraïbe – est terre de champions. C’est moi-même qui avais dit le slogan «Martinique, terre de champions». On ne peut pas dire que ce n’est pas vrai. Mé pa Martinik selman: «Guadeloupe, terre de champions», «Caraïbe, terre de champions». J’ai menti?

Je suis allé, je termine par cela, personnellement à la Jamaïque. J’ai rencontré tous les types que je connaissais et tout le monde le sait ici. Tu le sais mieux que quiconque. J’ai discuté avec et j’ai demandé si on ne pouvait pas entraîner gracieusement tous les athlètes de la Martinique. On m’a répondu: «banco, bravo». Il s’est trouvé, et je ne fais pas de critique, qu’à un moment donné, MARIE-JEANNE Alfred a été mis sur le côté. C’est la loi de la démocratie. Je respecte. C’est normal, c’est cela la démocratie. Mais ce qui n’a pas été fait, il ne faut pas le mettre sur mon dos. Je l’ai su en revenant dans mon propre pays, qu’est-ce qui s’est passé? Mon premier souci et je le dis ici – tu secoues la tête…

Tro présé. Il faut le reconnaître. Je rappelle que Samuel GALIBERT a été champion de France, il était étudiant à la Martinique. I té chanpyon kouri…

Je suis obligé de le réfréner. Je lui dis: «Atandé ou la ka tonbé».

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Samedi 30juillet 2016 Clôture des assisses du sport martiniquais du 18 juin au 30 juillet 2016

Par conséquent, pour terminer, mon premier soucije répète pour tout un chacun - a été d’aider le sport parce que je crois en la vertu, tout au moins, j’allais dire la vertu majuscule du sport toutes catégories confondues. C’est ce que nous voulons faire avec les acteurs du sport.

Dans notre budget primitif de cette année, vous voyez, moi, je ne suis pas superstitieux, mais il y a une drôle de chenille noire qui n’avancera pas plus loin. Que cette chenille puisse devenir un papillon ailleurs mais pas ici.

Toutes les chenilles noires vivantes, man ka édé yo pour la circonstance. Ça c’est Alfred MARIE-JEANNE. Je termine, dans le budget primitif qui est voté-là, tu peux en témoigner, c’est pratiquement un budget consacré au sport et à la jeunesse et aux petites entreprises. Bien sûr la culture puisque cela fait partie. Mais je dis bien surtout au sport, à la culture, aux jeunes. Je ne mens pas. Je vous demande d’aller regarder et je vous demande de publier cela cette année.

Au moment où je vous parle, c’est 1milliard d’eurosce n’est pas 1,4milliards d’euros ou 1,3milliards d’eurosc’est 1000100000€.

Il y a, au budget primitif, exactement 1000130000€. Nous avons déjà payé à plus de 55%, à la sueur de notre front, le budget consacré aux éléments que je viens de vous dire.

Aucun drapeau pour l’instant ne saurait représenter la Martinique dans aucune discipline. Il faut qu’il y ait un drapeau consensuel pour tout le monde. Si ce n’est pas ça, ce n’est rien.

Mon aide est conditionnée à cela. Le politique ne doit pas être écarté. N’allez pas me raconter des histoires. Je tiens à le dire avec le plus grand sourire, on peut écrire ce que l’on veut de là-bas, on peut écrire ce que l’on veut là-bas, les gars, après envoyez n’importe quoi, mais il s’agit pour l’instant, en cette matière, et celui qui vous parle est convaincu que s’il y a un domaine, une discipline qui emporte le consensus, qui emporte l’adhésion, qui emporte, comment dirais-je, l’emballement c’est bien le sport. Vous avez bien entendu? Et sur ce point là, aucune décision, je le dis, ne saurait être prise sans l’accord obligatoire d’Alfred MARIE-JEANNE. Mèsi an pil, mèsi an chay.

375
Samedi 30juillet 2016 Clôture des assisses du sport martiniquais du 18 juin au 30 juillet 2016
1 • Football 10 083 2 • UNSS 6 463 3 • USEP 4 667 4 • Handball 2 980 5 • Tennis 2 968 6 • Natation 2 893 7 • Athlétisme 2 873 8 • Judo 2 599 9 • Basket 2 280 10 • Comassub 2 096 11 • Pétanque 1 691 12 • Cyclisme 1 523 13 • Karaté 1 368 14 • Sport d'entreprise 1 242 15 • Voile 1 165 16 • Randonnée pédestre 1 164 376 Livre Blanc du Sport Martiniquais 2016 -2021 ANNEXE Le sport martiniquais en chiffres Le sport martiniquais en chiffres BP 2015 BP 2016 BP 2017 Conseil régional + Conseil généralCTM CTM 6 799 864 € 9 800 201,97 € 10 590 000 € Évolution du budget primitif des sports en chiffres 2015 à 2017 Nombre de licenciés par discipline saison 2016-2017
ANNEXE Le sport martiniquais en chiffres 377 Livre Blanc du Sport Martiniquais 2016 -2021 17 • Gymnastique volontaire 1 100 18 • Équitation 1 078 19 • UFOLEP 1 052 20 • Gymnastique 1008 21 • Rugby 837 22 • Yole 809 23 • Échecs 722 24 • Scrabble 709 25 • Kick boxing 627 26 • Volley-ball 618 27 • VTT 578 28 • Golf 564 29 • Taekwondo 553 30 • Escrime 531 31 • Boxe thai muay 529 32 • Aïkido 489 33 • Tir 406 34 • Boxe savate 395 35 • Aviron 372 36 • Badminton 365 37 • Gommiers 308 38 • Handisport 300 39 • Twirling baton 235 40 • Surf 231 41 • Tennis de table 225 42 •Boxe 206 43 • Tennis de table 225 44 • Montagne et escalade 186 45 • Kayak 183 46 • Ball-trap 179 47 • Arts énergétiques et martiaux chinois 165 48 • Modélisme 115 49 • Motocycliste 110 50 • Tir à l'arc 105 51 • Lutte olympique 102 52 • Triathlon 66 53 • Cervoliste 52 54 • Parapente 31 TOTAL 64 385

AFCA African Football Caritative Association

AMPI Association pour la Promotion de l’Industrie

APA Activités Physiques Adaptées

APPN Activités Physiques de Pleine Nature

APS Activités physiques et sportives

APSA Activités Physiques Sportives et Artistiques

ARS Agence régionale de santé

ASA Association sportive automobile

ATRF Adjoint Technique de Recherche et de Formation

BAC PRO Baccalauréat Professionnel

BAFA Brevet d’Aptitude aux Fonctions d’Animation

BEES Brevet d’état d’éducateur sportif

BNSSA Brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique

BP AGFF Brevet Professionnel Activités Gymniques de la Forme et de la Force

CAC Centre aquatique communautaire

CACES Certificat d’Aptitude à la Conduite en Sécurité

CANOC Association des Comités Nationaux Olympiques de la Caraïbe

CARICOM Communauté des Caraïbes

CASCO Central American and Caribbean Sports Organization

CCEE Conseil de la Culture, de l’Éducation et de l’Environnement

CCF Contrôle en Cours de Formation

CESS Centre d’Évaluation Sport et Santé

CGPME Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises

CNDS Centre National pour le Développement du Sport

CNFPT Centre National de la Fonction Publique Territoriale

CNIL Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés

CNOSF Comité National Olympique et Sportif Français

COMPAS Comité Martiniquais pour la Promotion des Activités Sport - Santé

CONCACAF Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique Centrale et des Caraïbes

CQP ALS Certificat de Qualification Professionnelle

option AGEE Animateur de Loisir Sportif Option Activités Gymniques d’Entretien et d’Expression

CQP Certificat de Qualification Professionnelle

CREPS Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportive

CROSMA Comité Régional Olympique et Sportif de la Martinique

CROUS Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires

CSA Carribean Sailing Association

CTAPS Conseiller Territorial Activités Physiques et Sportives

CTM Collectivité Territoriale de Martinique

CTR Conseiller technique régional

CTS Conseiller technique sportif

CUI-CAE Contrat Unique d’Insertion - Contrat d’Accompagnement dans l’Emploi

DEJEPS Diplôme d’État de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport

DGA Directeur Général Adjoint Dispositif Sésame vers l'Emploi pour le Sport

SESAME et l'Animation dans les Métiers de l'Encadrement

DJSCS Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion sociale

DNB Diplôme National du Brevet

DTA Diagnostic Territorial Approfondi

ECTS European Credits Transfer System

EHPAD Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes

ENF École de Natation Française

EPGV Éducation Physique de Gymnastique Volontaire

EPLE Etablissement public local d’enseignement

EPS Éducation Physique et Sportive

ERASMUS European Region Action Scheme for the Mobility ETAPS Éducateur Territorial Activités Physiques et Sportives ETAPS Éducateur Territorial des Activités Physiques et Sportives

FFESSM Fédération Française d’Études et de Sports Sous Marins

FIFA Fédération Internationale de Football Association

FNDS Fonds National pour le Développement du Sport FOL Fédération des Œuvres Laïques

FSE Fonds Social Européen

GR20 Sentier de Grande Randonnée 20

ICAP Institut Cubain d’Amitié avec les Peuples

IMS Institut Martiniquais du Sport INS Institut National du Sport

INSEE Institut National de la Statistique et des Études Économiques

INSEP Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance

IPR-EPS Inspecteur Pédagogique Régional - Éducation Physique et Sportive

ISF Impôt sur la fortune

LAF Ligue Antilles Foot

LEGT Lycée d’Enseignement Général et Technologique

LPO Lycée polyvalent

MDPH Maison Départementale des Personnes Handicapées

MEDEF Mouvement des entreprises de France

METs Metabolic Equivalent Task

MJC Maison des Jeunes et de la Culture

NACAC North American, Central American and Caribbean Athletic Association

NAP Nouvelles Activités Périscolaires

OECS /OECO Organization of Eastern Caribbean States

OSCS Observatoire de la Solidarité et de la Cohésion Sociale OTAPS Opérateur Territorial des Activités Physiques et Sportives PIB Produit Intérieur Brut

PLU Plan Local d’Urbanisme

PNRM Parc Naturel Régional de Martinique PSBE Parcours Sportif et Bien Être PTI Pacte Territorial d’Insertion RLDM Radio Lévé Doubout Matinik RSA Revenu de Solidarité Active SAMAC Société Aéroportuaire Martinique Aimé Césaire SAPHYR Santé par l’Activité Physique Régulière

SDIS Service Départemental d’Incendie et de Secours SNSM Société Nationale de Sauvetage en Mer SPL Société Publique Locale

STAPS Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives SUAPS Service Universitaire des Activités Physiques et Sportives

SVT Sciences de la Vie et de la Terre TAP Temps d’Activité Périscolaires

TCSP Transport en Commun en Site Propre

TPMR Transport des Personnes à Mobilité Réduite UE Unité d’Enseignement

UFM Union des Femmes de Martinique

UFOLEP Union Française des Œuvres Laïques d’Éducation Physique

UFR Unité de Formation et de Recherche

UNSS Union Nationale du Sport Scolaire

URSIAE Union Régionale des Structures d’Insertion par l’Activité Économique

USEP Union Sportive de l’Enseignement du Premier degré VAE Validation Acquis d’Expérience

Lexique 378
Livre Blanc du Sport Martiniquais 2016 -2021

AGLAE Jean-Yves, Président de la Société Rasing page 209

AGRICOLE Fred, Club Manikou page 36

ALCAN Grégory, Athlète de haut niveau en reconversion page 181 - 186

ALCINDOR Roger, Président de l’Association Gaet Karaté do page 286

ALEXANDRE Camille, Journaliste page 61 - 62 - 65

ASSENE Zachary, association affiliée à l’EPGV page 268

BARAY Éric, Navigateur page 62 - 65

BASPIN Hugues, Militant culturel page 58

BOCALY Mario, Responsable encadrant de section sportive au collège page 152

BOLO Teddy, Association Les Loups du street page 239

BONNAIRE-ANGLIONIN Corinne, Association DIAMBARS page 97

BONTÉ Maurice, Président de l’Association des maires page 217

BONVENT Alex, Directeur d’agence bancaire page 346

BOULANGER Jean-Christophe, Adjoint au Maire du Morne-Vert page 333

BOURGNON Yvan, Skipper - Tour du monde en solitaire page 341

BOUTON Marie-Line, Présidente de la ligue de twirling-bâton page 39 - 182 - 200

BOUTRIN Louis, Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM page 6 - 31 - 41 - 72 - 89 - 116 - 118 - 151 - 155 - 156 162 - 177 - 178 - 181 - 187 - 189 - 195 - 203 - 205 - 224 257 - 268 - 321 - 347 - 358

379
Intervenants

BRANCHI Michel, Conseiller Territorial de Martinique page 275 - 286

BUNOD Serge, Président de Mécanique pour tous page 40 - 292

BURDY Max, Président de l’Union Sportive de l'Enseignement du Premier degré, USEP page 99

CADORÉ Alain page 95

CALIXTE Frédéric, Directeur d’Aqua Moov page 243

CARNIER Stéphane, Caribbean Sport Magazine page 179 - 197

CAROLE Francis, Conseiller exécutif chargé des affaires sociales, santé et solidarité, Collectivité Territoriale de Martinique page 228

CAROTINE Alex, Ex dirigeant du Club Colonial, Ex Vice-Président de la ligue de football page 137 - 160 - 339

CAZENAVE Gille, Photo en 360° page 177 - 186 - 207

CHARLES Peggy, Vice-Présidente de la MJC de Floréal page 92

CHEVALIER Alain, Directeur de la Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale de la Martinique page 90 - 230 - 244

CROCHEMAR Pierre, Cadre sportif free-lance, Porteur de projet page 181 - 206 - 207 - 355

DÉDÉ Alain, Président de la Fédération des Yoles Rondes page 157 - 191 - 201 - 204 - 207 - 209 - 211

DEPIESSE Frédéric, Médecin au CHUM page 38

DERIGENT Gisèle, Union des femmes de la Martinique page 222

DESORMEAUX Denise page 256

DIMBOUR David, Président de l’association JET ATTITUDE page 33 - 317

DOLMEN Jean-Claude, Président de l’URSIAE Martinique page 240

DOMERGUE Bernard, Directeur de l’association H2eaux page 35 - 88 - 94 - 223 - 255 - 319

DOUTONE Félix, Membre fondateur du Club nautique Le Neptune au Lamentin page 33 - 87 - 132 - 222 - 267 - 312 - 357

DRU Georges, Responsable à l’Association Mi Mès Manmay Matinik, AM4 page 282

DUBOS Pascal, Professeur d’université page 65

DUFEAL Rodrigue, Directeur Partenaires et contact clients, CAF Martinique page 339

DUPLAN Ginette, Vice-Présidente de l’association Martinique Billfish page 318

ERICHER Émile, Président des professionnels de l’activité physique adaptée page 60

EUGÈNE Edson, Président de TYM972 page 316 - 368

EURISOUKÉ Valentine, Ministre des Sports de Nouvelle Calédonie page 86

FAGOUR Michelle, Présidente de l’association Cœur et Santé page 267

FÉDÉE Simone, Directrice du Service Universitaire des Activités Physiques et Sportives, SUAPS page 106 - 267

FERDINAND Alex, Ancien dirigeant de la ligue de handball, Radio Lévé Doubout Matinik page 60 - 135 - 356

FLAMAND Véronique, Représentante de la Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale page 52

Intervenants
Livre Blanc du Sport Martiniquais
380
2016 -2021

GAMESS, Président des Entreprises du Voyage page 134

GERMÉ Jocelyn, Conseiller Technique Régional, CTR de la ligue de football page 148 - 157

GILLES Pierre, Journaliste RCI page 118 - 350

GOLD-DALG Axel, Chargé de mission IMS page 184

GOLDEN Axel page 153

GUSTO Philippe, Président de l’association Les baroudeurs page 244

HABRAN Willy, Président de la ligue d’aviron de Martinique page 313

HALBWACHES Dominique, Représentant du Préfet et de la Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale page 13

HARDY-DESSOURCES Marie-Clotilde, Proviseur du lycée Acajou 2 page 91 - 112 - 115

HILLION Gérard, Président du Club Manikou page 241

HIPPOLYTE Brandon, Association Les Loups du street page 239

HONORÉ Patrick, Élu de la ville de Fort de France, dédié aux sports page 157

HOUDIN Michelle, Association Les Loups du street page 239

HOUDIN Nicolas, Association Les Loups du street page 239

JALTA Philippe, Directeur du développement au Comité Martiniquais du Tourisme page 175 - 178 - 179

JEAN-BAPTISTE Victor, Président de l’association Bò Kannal Levé Doubout page 344

JEAN-ETIENNE Armelle, Médecin chargée de la cellule sport, CHUM page 261 - 267 - 268

JEAN-JOSEPH Simon, Champion de sport mécanique page 289

JEAN-MARIE Olivier page 164

JOCK Philippe, Président du MEDEF Martinique page 333 - 339 - 340

KENNET Kevin, Vice-Président des professionnels d’activité physique adaptée de la Martinique page 271

L’ÉTANG Gerry, Maître de conférences en anthropologie à l’Université des Antilles page 361

LACOM Gérard, Président du Conseil de la Culture, de l’Éducation et de l’Environnement, CCEE page 240

LAPICONE Albert, Responsable du Club nautique du Marin page 319

LARCHER Eugène, Président de la Communauté d’agglomération de l’Espace Sud page 29

LAUPA Sandro, Éducateur Activités Physiques Adaptées, APA de la ligue handisport page 247

LAVENTURE Miguel, Conseiller exécutif chargé de la programmation budgétaire, Collectivité Territoriale de Martinique page 302 - 327 - 344 - 346

LEONIS Achille page 158

LÉOTURE Alain, Médecin au Centre d’Évaluation Sport et Santé page 264 - 268 LINISE Alain, Expert maritime page 198

LOCA Brigitte, Ligue d’escrime de Martinique page 223

Livre Blanc du Sport Martiniquais 2016 -2021

Intervenants 381

LOIRAT Jérôme, Délégué départemental de l’Union Française des Œuvres Laïques d'Education Physique, UFOLEP page 83 - 237

LORDINOT Gabriel, Président du Comité régional de natation page 37 - 58 - 65 - 160 - 183 - 222

LOUIS-MARIE Patricia, Membre de la ligue d’escrime page 255

LUCHEL Lyvann, Champion de Martinique de motocross page 296

LUCHEL Thierry, vice-Président de la ligue motocycliste de Martinique page 297

MANGATAL David, Directeur technique régional, ligue de taekwondo de Martinique page 278 - 365 - 366 - 367

MANGATALE José, Représentant de la Fédération française de sport automobile en Martinique et du Comité régional page 297

MARAJO Clément page 62

MARAJO Robert, Président du Longvilliers Club du Lamentin page 34 - 35 - 115 - 234 - 303 - 357

MARCELLUS JEAN-ALEXIS Tania, Agence Conceptuel page 182 - 199

MARIE Clément, Président de l’ASA Tropic page 300

MARIE-CALIXTE Éric page 302

MARIE-JEANNE Alfred, Président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique page 3 - 18 - 372

MARIE-JEANNE Charlène, Conseillères Technique Régionale de la ligue de football - Football féminin page 145

MARIE-JEANNE Maguy, Chef de Cabinet chargée de la Coopération et des affaires internationales et européennes, Collectivité Territoriale de Martinique page 123 - 132 - 139

MARIE-ROSE Philippe, Responsable de la coopération, Collectivité Territoriale de Martinique page 123

MAYOULIKA Mathurin, Journaliste France Antilles page 349

MILLIOT Philippe, Président de la ligue de badminton page 36

MONTLOUIS BONNAIRE Victor, Président du Vélo Club du François page 39 - 114

MOTHMORA Michel, Champion du monde de boxe World Boxing Federation, WBF page 215

MOYSE Laurent, ligue de taekwondo de Martinique page 277 - 281 - 364 - 365 - 367

NARCISSOT Marius, Président de la Commission Politique des Sports, Collectivité Territoriale de Martinique page 24 - 68 - 69 - 189 - 205 - 211 - 239 - 245 - 260 - 273 - 285 - 287 - 322

NELLA Aurélie, Conseillère exécutive chargée de l’enseignement supérieur, Collectivité Territoriale de Martinique page 119

NILOR Jean-Philippe, 2e Vice-Président de l’Assemblée de la Collectivité Territoriale de Martinique, Président de l’Institut Martiniquais du Sport page 42 - 44 - 62 - 68 - 69 - 138 - 151 - 156 - 159

NISAS Daniel, Président de la ligue de handball de la Martinique page 184

NOLBAS Georges, Président du Comité de lutte de Martinique page 113

PANCALDI Florent, Ligue handisport de Martinique page 247

PASTOUR Grégory, Organisateur du Speed Run Mada page 298 - 355

PEREAU Samuel, Président de la ligue de football de la Martinique page 141 - 153 - 208 - 345

Président de l’US Robert page 163

Livre Blanc du Sport Martiniquais 2016 -2021

Intervenants 382

Président du Club nautique Le Neptune page 346

PRIVAT Éric, Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale page 331 - 332 - 340

PUJAR Marcel, Président du Racing Club de Rivière Pilote page 154 - 164

RANGASSAMY Élodie, Agent de développement à l’EPGV page 268

RAULT Lionel, Directeur régional d’Air France page 128

RENÉ-CORAIL Patrick, Médecin page 273

REYNAUD Yvan, Animateur sportif BMX, Diam’N Riders page 112

ROSE Céline, Présidente de la CGPME page 337

ROSE Michel, Conseiller territorial des APS page 87 - 177 - 181 - 240 - 267

ROTIN Youry, Club Cœur et Santé page 339

SAITHSOOTHANE Sylvia, Conseillère exécutive chargée de l’Éducation, Collectivité Territoriale de Martinique page 74 - 93 - 117

SAUTERNE Mathias, Association Les Loups du street page 239

SIDIBE Yves, DGA chargé des routes et infrastructures, Collectivité Territoriale de Martinique page 301

SIGER Marina, Déléguée régionale au Centre National de la Fonction Publique Territoriale page 220

SOUMBO Germain, Président du Comité Régional Olympique et Sportif, CROSMA page 09 - 59 - 132 - 168 - 187

SYLVESTRE Nicole, Directrice de l’Union National du Sport Scolaire, UNSS page 102

TANGER Margaret page 368

THIERY Benoît, Représentant de la Rectrice de l’Académie de Martinique, IPR - EPS page 12 - 77 - 89

TOUSSAY Hervé, Président de l’AMPI page 336 - 338

TRUDO Jean, Ancien Président de la ligue de voile de Martinique, Secrétaire général du Yacht Club de Martinique page 134 - 202 - 256 - 305

TUSSI Guy page 199 - 242

URSULET Jimmy, antilles-sport.com page 356

USANDERIC Yvane, Éducateur et entraîneur de football page 159 VASSARD Léo page 287

VICTORIN Renée, Association sportive TEAM LAM TRAIL 972 page 36 - 183

VIGÉE Daniel, Médecin fédéral de la ligue de football de Martinique page 150 Louis BOUTRIN, Modérateur Gianny GABRIEL, Animateur

Livre Blanc du Sport Martiniquais 2016 -2021

Intervenants
383
384
Table des matières

••• Samedi 18juin 2016

Préface

Alfred MARIE-JEANNE, Président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique 3

Discours d’ouverture

Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif chargé des sports, CTM 6

Germain SOUMBO, Président du Comité Régional Olympique et Sportif - CROSMA 9

Benoît THIERY, Représentant de la Rectrice de l’Académie de Martinique, IPR - EPS 12

Dominique HALBWACHES, Représentant du Préfet et de la Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale 13

Orientations stratégiques pour une politique publique du sport 16

Sport et équipements Les métiers du sport 22

Thème 1 Sport et équipements

Marius NARCISSOT, Président de la Commission Politique des Sports, CTM 24

Eugène LARCHER, Président de la Communauté d’agglomération de l’Espace Sud 29

Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif chargé des sports, CTM 31 Échanges - Débats 33

Thème 2 Les métiers du sport

Jean-Philippe NILOR, 2e Vice-Président de l’Assemblée CTM, Président de l’Institut Martiniquais du Sport 44 Véronique FLAMAND, Représentante de la Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale 52 Échanges - Débats 58

••• Samedi 25juin 2016

Sport et éducation Sport scolaire et universitaire 70 Introduction

Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif chargé des Sports, CTM 72

Thème 3 - Sport et éducation

Sylvia SAITHSOOTHANE, Conseillère exécutive chargée de l’Éducation, CTM 74 Benoît THIERY, Représentant de la Rectrice de l’Académie de Martinique, IPR - EPS 77

Jérôme LOIRAT, Délégué départemental de l’Union Française des Œuvres Laïques d'Education Physique - UFOLEP 83

Valentine EURISOUKÉ, Ministre des Sports 86 Échanges - Débats 87

Thème 4 Sport scolaire et universitaire

Max BURDY, Président de l’Union Sportive de l'Enseignement du Premier degré - USEP 99

Nicole SYLVESTRE, Directrice de l’Union National du Sport Scolaire - UNSS 102

Simone FÉDÉE, Directrice du Service Universitaire des Activités Physiques et Sportives - SUAPS 106 Échanges - Débats 112

Livre Blanc du Sport Martiniquais 2016 -2021

385
Table
des matières

••• Samedi 2juillet 2016

Sport et intégration caribéenne Quel avenir pour le football martiniquais ? 120

Introduction

Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif chargé des sports, CTM 122

Thème 5 Sport et intégration caribéenne Maguy MARIE-JEANNE, Chef de Cabinet chargée de la Coopération et des affaires internationales et européennes, CTM 123

Philippe MARIE-ROSE, Responsable de la coopération, CTM 123

Lionel RAULT, Directeur régional d’Air France 128 Échanges - Débats 132

Thème 6 Quel avenir pour le football martiniquais ?

Samuel PEREAU, Président de la ligue de football de la Martinique 141

Charlène MARIE-JEANNE, Conseillère Technique Régionale de la ligue de football, football féminin 145

Jocelyn GERMÉ, Conseiller Technique Régional de la ligue de football 148 Échanges - Débats 150

••• Samedi 9juillet 2016

Sport et économie

Quel avenir pour les yoles rondes ? 166

Thème 7 Sport et économie Germain SOUMBO, Président du CROSMA 168

Philippe JALTA, Directeur du développement au Comité Martiniquais du Tourisme 175 Échanges - Débats 177

Thème 8 Quel avenir pour les yoles rondes ? Alain DÉDÉ, Président de la Fédération des Yoles Rondes 191

Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif chargé des sports, CTM 195 Échanges - Débats 197

386 Livre Blanc du Sport
Martiniquais 2016 -2021 Table des matières

••• Samedi 16juillet 2016

Sport et collectivités territoriales

Sport dans la cité, sport et bénévolat, sport et insertion Sport et handicap 212

Introduction

Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif chargé des sports, CTM 214

Michel MOTHMORA, Champion du monde de boxe World Boxing Federation - WBF 215

Thème 9 Sport et collectivités territoriales

Maurice BONTÉ, Président de l’Association des maires 217

Marina SIGER, Déléguée régionale au Centre National de la Fonction Publique Territoriale 220 Échanges - Débats 222

Thème 10 Sport dans la cité, sport et bénévolat, sport et insertion

Francis CAROLE, Conseiller exécutif chargé des affaires sociales, santé et solidarité, CTM 228

Alain CHEVALIER, Directeur de la Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale de la Martinique 230

Robert MARAJO, Président du Longvilliers Club du Lamentin 234

Jérôme LOIRAT, Délégué départemental de l’Union Française 237

Marius NARCISSOT, Président de la Commission Politique des Sports, CTM 239 Échanges - Débats 240

Thème 11 Sport et handicap

Florent PANCALDI, Ligue handisport de Martinique 247

Sandro LAUPA, Éducateur Activités Physiques

Adaptées - APA de la ligue handisport 247 Échanges - Débats 255

••• Samedi 23juillet 2016 Sport et santé

Les arts martiaux Les sports mécaniques Les sports nautiques 258

Introduction

Marius NARCISSOT, Président Commission Politique des Sport, CTM 260

Thème 12 Sport et santé Docteur Armelle JEAN-ÉTIENNE, Médecin chargée de la cellule sport, CHUM 261 Docteur Alain LÉOTURE, Médecin au Centre d’Évaluation Sport et Santé 264 Échanges - Débats 267

Thème 13 Les arts martiaux Michel BRANCHI, Conseiller Territorial de Martinique 275

Laurent MOYSE, ligue de taekwondo de Martinique 277

David MANGATAL, Directeur technique régional, ligue de taekwondo de Martinique 278

Georges DRU, Responsable à l’Association Mi Mès Manmay Matinik - AM4 282 Échanges - Débats 286

387 Livre Blanc du Sport Martiniquais 2016 -2021

Table des matières

Thème 14 Les sports mécaniques

Simon JEAN-JOSEPH, Champion de sport mécanique 289

Serge BUNOD, Président de Mécanique pour tous 292 Lyvann LUCHEL, Champion de Martinique de motocross 296 Thierry LUCHEL, vice-Président de la ligue motocycliste de Martinique 297 Échanges - Débats 298

Thème 15 Les sports nautiques

Jean TRUDO, Ancien Président de la ligue de voile de Martinique, Secrétaire général du Yacht Club de Martinique 305

Willy HABRAN, Président de la ligue d’aviron de Martinique 313 Échanges - Débats 316

••• Samedi 30juillet 2016

Le financement du sport martiniquais Sport et média Sport et identité martiniquaise 324 Introduction Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif chargé des sports, CTM 326

Thème 16 Le financement du sport martiniquais Miguel LAVENTURE, Conseiller exécutif chargé de la programmation budgétaire, CTM 327 Éric PRIVAT, Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale 331 Jean-Christophe BOULANGER, Adjoint au Maire du Morne-Vert 333 Philippe JOCK, Président du MEDEF Martinique 333 Hervé TOUSSAY, Président de l’AMPI 336 Céline ROSE, Présidente de la CGPME 337 Échanges - Débats 339

Thème 17 Sport et média Mathurin MAYOULIKA, Journaliste France Antilles 349 Pierre GILLES, Journaliste RCI 350 Échanges - Débats 355

Thème 18 Sport et identité martiniquaise Gerry L’ÉTANG, Maître de conférences en anthropologie à l’Université des Antilles 361 Laurent MOYSE, ligue de taekwondo de Martinique 364 David MANGATAL, ligue de taekwondo de Martinique 366 Échanges - Débats 367

Clôture des Assises du Sport Martiniquais Alfred MARIE-JEANNE, Président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique 372

Annexe Le sport martiniquais en chiffres 376 Lexique 378 Intervenants 379

Livre Blanc du Sport Martiniquais 2016 -2021

388
Table
des matières

Livre Blanc du Sport Martiniquais 2016 -2021

Production : Collectivité Territoriale de Martinique

Sous la direction de : Alfred MARIE-JEANNE, Président de la CTM et Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif

Conception graphique & réalisation : Essentiel Conseil

Crédit photos : Collectivité Territoriale de Martinique

© Septembre 2017

Livre Blanc du SPORT MARTINIQUAIS 2016-2021 Collectivité Territoriale de Martinique Rue Gaston Defferre • Cluny CS 30137 • 97201 Fort-de-France Cedex Tél. 0596 59 63 00 • Fax 0596 72 68 10 • Courrier@collectivitedemartinique.mq

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