Built to be famous-Starchitectes, conditions du succès, représentations, réceptions

REM KOOLHAAS

CHRISTIAN DE PORTZAMPARC

FRANK GEHRY

ZAHA HADID

DANIEL LIBESKIND

HERZOG & DE MEURON

JEAN NOUVEL

NORMAN FOSTER

RENZO PIANO

BJARKE INGEL’S

RUDY RICCIOTTI

BUILT TO BE FAMOUS Starchitectes, conditions du succès, représentations, réceptions

Agathe Gehin | Mémoire de Master sous la direction de Élisabeth Essaïan & Valérie Foucher-Dufoix École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville | Juin 2018

Sommaire

SOMMAIRE

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INTRODUCTION

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PARTIE I | CRÉATION D’UN STAR-SYSTEM : STARCHITECTES ET STARCHITECTURES

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PARTIE II | LE STATUT DE L’ARCHITECTE

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PARTIE III | ÊTRE CÉLÈBRE ≠ ÊTRE UNE STAR

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CONCLUSION

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Remerciements

REMERCIEMENTS

Je souhaite adresser mes remerciements aux personnes qui m’ont apporté leur aide et ont contribués à l’élaboration de ce mémoire.

En premier lieu, je tiens à remercier Élisabeth Essaïan et Valérie Foucher Dufoix, enseignantes à l’école d’architecture de Paris-Belleville, pour m’avoir soutenue et guidée dans cette réflexion, et de m’avoir aidée à trouver des solutions pour avancer.

Je remercie également Valéry Didelon, Olivier Namias ainsi que Philippe Trétiack d’avoir accepté de réaliser des entretiens, contribution essentielle de ce mémoire.

Je souhaite trés particulièrement remercier Bruno Bouchaud, ainsi que toute l’équipe de Bouchaud Architectes, pour la confiance qu’ils mont témoignée.

Je tiens également à remercier mes parents pour la relecture, les conseils et les encouragements, ainsi que mes soeurs et mes amis pour leurs précieux conseils et leur soutien.

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INTRODUCTION

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«-Bien sûr, l’idée de l’architecte comme une méga star est vraiment absurde...

-Bien...Bien sûr...»

Caricature de Rem Koolhaas, Klaus, 2009

Introduction

« C’est toujours les mêmes qu’on cite, pas étonnant qu’ils soient connus. »1 La célébrité est une sorte de moteur d’architecture : à travers l’histoire, la notoriété a motivé des architectes et leurs clients à construire des projets plus ambitieux les uns des autres. Ces dernières décennies, le pouvoir des médias et la force de la célébrité ont intensifié ce système. L’image publique et la publicité sont devenues essentielles à toute activité architecturale prospère. Le statut de l’architecte célèbre fait parfois fantasmer, dans ce milieu quelque peu fermé. Les élites de l’architecture sont de plus en plus médiatisées, caricaturées, critiquées ou adorées. En contournant l’architecture elle-même, c’est aux stars de l’architecture que nous nous intéressons.

Edgar Morin, dans son livre Les stars2 écrit en 1957, traite du phénomène des stars de cinéma sous différents angles : économique, social, culturel, esthétique et mythique. Il y présente la star comme une Déesse, répondant à un ensemble de codes et règles qui permettent la divination de l’acteur/rice. Il indique que le mythe de la star est un « processus de divination que subit l’acteur de cinéma et qui fait de lui l’idole des foules ».

La star présente et rassemble un ensemble de critères proches des caractéristiques divinatoire, elle est aimée et aime, elle bénéficie des puissances divinatrices de l’amour et de la beauté. Cette beauté étant accentuée par le fard, la tenue vestimentaire, la chirurgie permettant de gommer les défauts physiques et de les rendre parfaites. Outre cela, la star, toujours selon Edgar Morin, est une personne forcément généreuse et bonne : elle est moralement parfaite. Cette personnalité est complétée par l’élément suprême qui fait d’un acteur/rice une star : la sur-personnalité. Toutes ses actions sont exagérées puisqu’elle peut tout se permettre. Tout le monde peut devenir une star car il n’est alors pas nécessaire d’avoir du talent : la chance et le hasard représentent alors la grâce propre à la divinité.

Nous croisons quelques fois le mot starchitecte dans des revues, journaux, sur internet, ou nous l’employons pour parler des stars de l’architecture. Nous pouvons nous demander quelle est la légitimité du mot star, figure médiatique de consommation associé à l’architecte, figure intellectuelle mondialement reconnue ? Que signifie être starchitecte ? Si, dans le cinéma, les stars sont habituelles, en architecture comment arrive-t-on à ce statut particulier ? Est-ce dû à la chance et au hasard? Tous ces sujets ont soulevé des questionnements qui nous ont interpellés et ont piqué notre intérêt.

1

Citation de Michel Audiard, dans le film Le Président, 1961

2

MORIN (Edgar), Les stars, Seuil, (Le seuil, coll. Points 1972) collection point virgule, 2015

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Introduction

Le but ici est de s’intéresser aux systèmes de consécration, les conditions de ce statut et les méthodes employées pour y accéder.

De quelle façon les starchitectes se positionnent-ils dans le star system, quelles sont les conditions de ce succès, et comment l’image de star est-elle donnée et reçue par les médias ?

Afin de traiter ce sujet et répondre aux questionnements émis, nous avons mené des entretiens semi directifs avec des journalistes d’architecture français, nous avons proposé à différents groupes de personnes un questionnaire en ligne sur les starchitecte, et avons complété ces deux supports par de nombreuses lectures sur le sujet, allant de l’écrit de sociologie à l’essai, en passant par des articles de journaux et des écrits universitaires. Nous voudrions comprendre comment est apparue l’image de star dans le milieu de l’architecture et quels outils utilisent les architectes afin d’entrer dans ce cercle très fermé. Nous nous demanderons aussi dans quelle mesure ces architectes utilisent des outils et stratégies d’autopromotion, et comment les médias reçoivent et utilisent cette image.

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Pour ce faire, nous nous intéresserons dans un premier temps à l’apparition du star-system en architecture, de la société postmoderne au « Bilbao effect ». Puis, nous nous baserons sur des études sociologies menées sur la profession d’architecture des années soixante-dix aux années deux mille, s’attachant à définir des typologies d’architectes. Nous chercherons à comprendre si le starchitecte est une typologie à part entière.

Dans une seconde parie nous nous intéresserons plus particulièrement à définir ce statut de starchitecte à travers l’étude du mot star et sa provenance. Nous chercherons à savoir qui sont les architectes appelés ainsi à travers un sondage mené sur internet auprès des étudiants de première année en architecture, des étudiants de la deuxième année à la HMONP et du public profane. Nous utiliserons également le récent ouvrage de Guy Tapie, La culture architecturale des Français3, et un sondage réalisé par l’IPSOS pour AMC le moniteur pour étayer nos propos et les résultats de notre sondage. Nous analyserons, à travers les études sur la trajectoire des architectes menées par Véronique Biau, et le livre Les conditions du succès4, du muséographe Britannique Alan Bowness, les permanences et les occurrences des parcours des architectes sélectionnés via les résultats de notre sondage. Cela nous permettra d’y reconnaitre une trajectoire particulière du starchitecte ou non, et de définir si, comme Edgar Morin l’écrit, le fait d’être une star

3 TAPIE (Guy) (dir.), La culture architecturale des français, Questions de culture, Ministère de la Culture, Paris, 2018 4

BOWNESS (Alan), Les conditions du succès, Éditions Allia, Paris, Mai 2011

Introduction

est le fait d’une grâce hasardeuse ou l’accomplissement d’une trajectoire particulière.

La troisième et dernière partie sera consacrée à l’image de la star.

Nous chercherons à savoir quels outils et quelles stratégies utilisent les starchitectes pour véhiculer leur image, et comment celle-ci est utilisée et reçue par les médias. Pour cette dernière partie nous utiliserons trois entretiens réalisés avec des personnalités du milieu des médias architecturaux : Philippe Trétiack, écrivain, architecte et journaliste Français, Valéry Didelon, enseignant à l’ENSA Paris-Malaquais, chercheur, co-fondateur de la revue Criticat, et enfin Olivier Namias, architecte et journaliste indépendant spécialisé en architecture et urbanisme.

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I. CRÉATION D’UN STAR-SYSTEM : STARCHITECTES ET STARCHITECTURES

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Création d’un star system : starchitectes et starchitectures

1. LA SOCIÉTÉ POSTMODERNE Il est important d’aborder et de restituer la période dans laquelle le star-system5 architectural s’est créé, car il faut comprendre dans quel contexte il s’inscrit. Il est assez délicat d’apposer une date exacte sur l’apparition de ce star-system, car il est le fruit de divers facteurs qui se situent hors du champ architectural. La société postmoderne est le sujet de divers écrits qui tendent à comprendre la société alors en pleine mutation. De façon générale, les écrits de cette société postmoderne s’inscrivent dans la perspective de surmonter le désenchantement du monde après la désagrégation des repères culturels ou religieux, et l’échec des utopies révolutionnaires. C’est dans ce contexte que Guy Debord en 1967 écrit La société du spectacle, juste avant les événements de Mai 1968.

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Guy Debord était un penseur, un réalisateur de cinéma, mais surtout un activiste politique à vocation révolutionnaire qui s’était auto-proclamé chef de file du mouvement Situationniste, un mouvement d’activistes qui a pris part aux événements de Mai 68. La société du spectacle est un livre, adapté également en film, qui commencent tout deux par cette phrase : « Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles.

Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation »6.

Il est important de noter ici la signification de la notion de « spectacle ».

Selon l’auteur, « le spectacle est le moment où la marchandise est parvenue à l’occupation totale de la vie sociale. Non seulement le rapport à la marchandise est visible, mais on ne voit plus que lui : le monde que l’on voit est son monde. La production économique moderne étend sa dictature excessivement et intensivement »7. C’est-à-dire que le spectacle, comme entendu dans le livre de Debord, est la reconstruction matérielle de l’illusion religieuse et la compensation des désirs authentiques contraints de rester au stade de leur non-réalisation, parce que la consommation capitaliste impose un mouvement de réduction des désirs par la « régularité de la satisfaction 5 Le star-system est le système de vedettariat mis en place dans plusieurs marchés, notamment celui du cinéma.

C’est un anglicisme qui désigne le mode de fonctionnement d’activités lorsqu’elles sont organisées autour de la notoriété d’une vedette. En architecture, c’est le système de production global, basé sur le lancement publicitaire de personnages appartenant au monde de l’architecture comme une authentique star, à travers des système de divulgation efficaces.

6

DEBORD (Guy), La société du spectacle, Paris, Gallimard, collection Folio numéro 2788, 1996.

7

Ibid.

J.R Eyerman, Paramount Theater, Hollywood, California, 26 Novembre 1952. Photo utilisée pour la couverture du livre La société du Spectacle, édition de 1983

Création d’un star system : starchitectes et starchitectures

des besoins artificiels, qui restent besoins sans jamais avoir été désirs ».8 Le monde de la consommation est donc en réalité celui de la mise en spectacle de tous, pour tous. « En dehors du travail, le spectacle est le mode dominant de mise en rapport des hommes entre eux. C’est seulement à travers le spectacle que les hommes prennent une connaissance -falsifiée- de certains aspects d’ensemble de la vie sociale, depuis les exploits scientifiques ou techniques jusqu’aux types de conduite régnants […] Le rapport entre auteurs et spectateurs n’est qu’une transposition du rapport fondamental entre dirigeants et exécutants. Il répond parfaitement aux besoins d’une culture réifiée et aliénée : le rapport qui est établi à l’occasion du spectacle, est, par lui-même, le porteur irréductible de l’ordre capitaliste9 ». Il entend par l’aliénation que « […] plus (le spectateur) contemple, moins il vit ; plus il accepte de se reconnaître dans les images du besoin, moins il comprend sa propre existence et son propre désir10 ».

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Guy Debord se situe dans une critique de la société capitaliste, productiviste et consumériste. Il considère que cette société est en fait une société d’aliénation productiviste qui ne servirait les intérêts que d’une petite partie de la population, car si vous voulez participer à cette société de consommation, vous devez gagner de l’argent, donc travailler et vous devez en fait consacrer la majeure partie de votre existence à ce travail. Rien de très nouveau, mais Debord écrit que ce système-là ne peut perdurer que grâce à l’accumulation de spectacles. « Le spectacle compris dans sa totalité est à la fois le résultat et le projet du mode de production existant. Il n’est pas un supplément au monde réel, sa décoration surajoutée. Il est le cœur de l’irréalisme de la société réelle. Sous toutes ses formes particulières, information ou propagande, publicité ou consommation directes de divertissement, le spectacle constitue le modèle présent de la vie socialement dominante. 11» En résumé, la plupart des gens vivent une vie médiocre dans cette société, mais pour qu’ils ne se révoltent pas, ils sont abreuvés de spectacles. Cette notion est intéressante, car elle nous oblige à nous questionner sur notre propre vie, sur l’expérience réelle et quotidienne que nous faisons de notre existence. La description de cette société du spectacle nous permet de faire un lien avec les starchitectes qui seraient alors une production de cette société, étant producteurs eux-mêmes de spectacles. « Les anciens héros culturels de la société - hommes d’affaires, industriels, scientifiques de renom - avaient été remplacés dans l’imaginaire collectif par les « idoles de la consommation » - athlètes, artistes, stars du cinéma »12. Les architectes sont, par leur métier, très liés à l’évolution de la société et sont donc naturellement identifiés à cette notion de société du spectacle. Ils se sont intégrés à 8

Ibid., p.18

9

Ibid., p.18

10

Ibid., p.18

11 Ibid., p.18 12 Gravari-Barbas (Maria), Renard-Delautre (Cécile), 2015, Starchitecte(s). Figures d’architectes et espace urbain/Celebrity Architects and Urban Space, Paris, L’Harmattan, 270 p.

Création d’un star system : starchitectes et starchitectures

cette nouvelle époque de transition et certains arborent aujourd’hui le même statut que les stars.

Beaucoup d’autres sociologues et philosophes se sont également questionnés sur la société postmoderne, parmi eux Jean-François Lyotard, Michel Foucault, Gilles Deleuze, Jacques Derrida. En 1983, le philosophe Gilles Lipovetsky publie L’Ère du vide13, un recueil d’essais sur l’individualisme contemporain. Il cherche à démontrer dans ce recueil que les démocraties contemporaines sont plongées dans un vide idéologique en raison du dépérissement des grands projets collectifs. Selon Lipovetsky, la séduction est devenue la manière générale de régler toute la vie des sociétés contemporaines. Selon lui, le post-modernisme constitue un déclin de la créativité artistique. Durant l’ère moderne, il subsistait un renouveau créatif constant car on cherchait la négation des œuvres précédentes, en se détachant de la tradition, de l’imitation. À l’inverse, la société postmoderne met fin à cette logique en institutionnalisant l’avant-garde : l’invention est substituée par la surenchère. Il parle également de « vide idéologique » : il questionne la société postmoderne et considère qu’elle met en place un narcissisme satisfait, un désengagement politique, d’indifférence dans la recherche de la différence. Il aborde les sujets de standardisation, de logique d’uniformisation et de séduction. L’individualisme est alors le produit de cette société contemporaine. Ce contexte de personnalisation favorise le côté hyper-individualiste de l’architecture, que nous allons aborder plus tard.

Durant cette période postmoderne l’architecture subit, à l’instar de la société, de grands changements. Premièrement, les institutions de l’enseignement de l’architecture changent, se reforment. La profession opère un tournant et révolutionne son enseignement. Cette période est une des plus effervescentes en termes de nouvelles idées et de nouveaux modes de faire de l’architecture. À l’époque et depuis 1870, l’enseignement de l’architecture était regroupé avec celui de la peinture, de la sculpture et de la gravure à l’École des Beaux-Arts de Paris. Au milieu des années soixante, les étudiants en architecture se révoltent et revendiquent un statut d’intellectuel, reposant sur l’apport décisif des sciences humaines dans la formation des architectes. L’engagement des étudiants est politique mais aussi intellectuel, tendu vers un renouveau théorique, en opposition totale avec l’académisme.

L’École des Beaux-Arts est réformée en profondeur, l’architecture est alors séparée des autres disciplines artistiques. À la rentrée scolaire suivant mai 1968, l’enseignement se réinvente, de façon autonome vis à vis de l’École des Beaux-Arts, des UPA (unités pédagogiques d’architecture) sont créées sur tout le territoire français, elles sont devenues ensuite les Écoles d’architecture puis en 2005 les Écoles Nationales Supérieures d’Architecture que nous connaissons aujourd’hui. L’architecture rompt donc avec l’enseigne13 LIPOVETSKY (Gilles), L’ère du vide, essais sur l’individualisme contemporain, Edition Gallimard, Paris, 1986

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Affiche, peinture rouge sur papier blanc, Atelier populaire, 1968

Création d’un star system : starchitectes et starchitectures

ment académique par sa séparation d’avec les Beaux-Arts, mais également avec la suppression du Prix de Rome, concours de l’Académie de France à Rome. Les lauréats de ce prix étaient récompensés par un séjour à la villa Médicis au cours duquel les jeunes architectes se formaient. Ce concours est supprimé à la suite des événements de Mai 68 par André Malraux, Ministre de la Culture d’alors, et remplacé par une sélection sur dossier. À la suite de ces événements, en 1977 une Loi sur l’Architecture est votée : l’intérêt public de l’architecture est inscrit dans la loi. Elle fait glisser l’architecture vers la qualité alors qu’elle était dominée par la quantité depuis les reconstructions d’après-guerre. Les textes de cette loi visent à garantir la qualité architecturale du cadre de vie et incluent dans l’intérêt public « la création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que le patrimoine. »14 Ce tournant de la fin des années soixante est donc un basculement de toute la société qui atteint également l’architecture, où l’on réinvente les formes, les contenus pédagogiques, les lois : on aspire à faire de l’architecture autrement. On redonne en quelque sorte ses lettres de noblesse à l’architecture, qui tend vers plus de liberté, de créativité. L’architecture anticipe les besoins de la population, et devient créatrice de tendances impactant notre vie.

C’est à ce tournant de mai 68 et le contexte dans lequel cet événement a eu lieu qu’a débuté la production architecturale telle que nous la connaissons aujourd’hui. Au fur et à mesure des époques, la profession a évolué et différents types d’architectes exercent de façon différente dans le milieu de l’architecture. C’est à l’architecte particulièrement que s’intéresse cette étude, et plus principalement au phénomène des starchitectes et le star-system dans lequel il évolue. Afin d’étudier ce statut particulier, il nous faut nous intéresser à ses fondements, c’est-à-dire d’où est-ce que ce type d’architecte provient et comment il s’est construit

?»

a. Le wow-effect: « if you built it, will they come

Au début du XXe siècle, les architectes vedettes auraient peu construit ou alors leurs œuvres les plus connues auraient été de l’ordre de la théorie architecturale, de projets non construits, invendables, mais pourtant connus car diffusés via la presse spécialisée. Ces architectes seraient alors considérés comme des « maîtres » de l’architecture moderne et non comme des célébrités. Leurs édifices auraient été accueillis dans le respect 14

Loi n° 77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture

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Création d’un star system : starchitectes et starchitectures

comme des chef-d’œuvres, même s’ils n’auraient pas fait l’unanimité, et non comme des spectacles. L’essor de l’architecture postmoderne de la fin des années 1970 et du début des années 1980 serait le fruit de la transition d’une société de production vers une société de consommation. Les municipalités de cette époque auraient été soucieuses de produire des bâtiments de qualité, et auraient souhaité ajouter un supplément symbolique aux constructions nouvelles, et c’est donc pour cela qu’elles auraient sollicité les figures de l’époque qui aurait fait office de signature. Ces architectes auraient été alors capables de produire des architectures qualitatives puisqu’ils seraient considérés comme des architectes de qualité. On rechercherait la côte du bâtiment qui devient un spectacle, à la mode. On souhaiterait que l’architecte créée quelque chose de surprenant, de novateur, de nouveau. Ce type de commande aurait alors favorisé la personnification du bâtiment et l’individualisme de l’architecte. Les constructions auraient été alors reçues comme des spectacles et non plus comme des chefs d’œuvres ou des monuments.

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Dans la seconde moitié du XXe siècle, une certaine virtuosité technique est découverte : un goût prononcé pour les prouesses d’ingénierie voit le jour, notamment à travers les travaux de Norman Foster, Renzo Piano ou encore Richard Rogers, ces deux derniers ayant conçu le Centre Pompidou en 1977, à Paris, à la suite d’un concours organisé en 1971 et présidé par Jean Prouvé. Le centre Pompidou est le « fruit » d’anciens militants de mai 68, ayant compris quelles étaient les aspirations culturelles de cette révolution, exprimées dans ce bâtiment. « Nous étions d’anciens militants de mai 68. Georges Pompidou, au fond, très intelligemment, a compris ce qui s’était passé en mai 68, quelles étaient les aspirations de mai 68, ses aspirations culturelles, et a voulu les exprimer dans un lieu tout à fait original. Et pour cela, une chose qu’il faut dire avec force : il a fait appel aux jeunes. […] Nous avions 30 ans. Renzo Piano en avait 32, Rogers en avait 35, moi 29, et ainsi de suite. Je le dis aujourd’hui parce qu’on ne réalise pas combien ce bâtiment neuf, et toujours neuf, a été le fruit de l’imagination de jeunes gens inexpérimentés. Nous ne savions rien, et nous avons eu le pouvoir »15. Cette architecture « technologique » a démontré qu’une esthétique industrielle pouvait alors plaire : « Ce qui m’amusait, c’est que, pour une fois, on avait un musée où il ne fallait pas monter les marches et franchir un porche monumental. Il y avait une descente facile dans la Piazza, et puis une porte… Comme les portes, n’importe laquelle. C’était vraiment un appel aux gens en disant : « Venez là, c’est simple, ça ne fait pas peur le musée ! » »16, « Il y a une puissance et une beauté irruptive de Beaubourg qui est très grande, et qui à mon avis n’offense pas du tout le quartier. C’est cette merveille, assez rarement réussie dans Paris, qu’un quartier soit assez largement chamboulé malgré tout, et puis qu’on voit émerger un bâtiment qui 15

Citation de Claude Mollard, secrétaire général de Beaubourg en 1977, Janvier 2000

16

Citation du journaliste Pierre Descargues, Janvier 2000

Une du journal Le Parisien, lundi 31 janvier 1977

Création d’un star system : starchitectes et starchitectures

semble faire corps avec lui »17. Néanmoins, le projet du Centre Pompidou a été aussi le fruit de critiques sceptiques quant à cette architecture moderne : « Est-ce un morceau de France, qu’on a écorché comme une langouste et qui a perdu ici la salle de ses machines ? Est-ce une raffinerie destinée à récupérer les boues de la Seine pour en faire de l’essence ? […] Car ce monument du siècle n’est rien d’autre qu’un hangar, ou plutôt plusieurs hangars superposés et reliés par des tuyaux. Il a fallu beaucoup de génie pour rendre laide avec autant de complications, une chose aussi simple qu’un hangar »18.

Positifs ou négatifs, les propos sur Beaubourg ne manquent pas : on en parle, on questionne, il existe un engouement populaire d’envergure autour de ce « nouveau venu » dans Paris. Les villes se réinventent en donnant une certaine forme de priorité et une grande valeur à la culture et aux bâtiments culturels. L’architecture est faite pour séduire ou pour faire parler avant tout, se place sur le devant de la scène de l’industrie de la culture alors qu’elle était auparavant peu soucieuse d’occuper les médias en tout genre.

b. Développement d’un star-system | 28

Le moment « créateur » du star-system tel que nous le connaissons actuellement serait sans doute le moment de l’effet Bilbao et l’apparition du wow-factor19 dans les années 1990. C’est le succès phénoménal du Guggenheim de Bilbao de Frank Gehry qui aurait révélé le phénomène de starification de l’architecture, autrement dit le mode de fonctionnement d’une partie d’une activité, donc l’architecture, centrée sur le prestige et la notoriété de ses acteurs, donc les architectes. Associer l’architecture à la célébrité ne serait alors pas nouveau, déjà à l’époque de la Renaissance les artistes de tous domaines, y compris les architectes, étaient sous la tutelle de l’église ou de personnes haut placées et travaillaient pour leur compte.

Leur réputation pouvait alors leur permettre de vendre leurs services de façon plus efficace. Les cours princières étaient des lieux privilégiés de l’épanouissement de la culture. L’architecte est populaire car il produit un travail qui sonne « collectif » et innove pour des causes publiques. Le travail d’architecture est alors un accompagnement à l’évolution de la société.

Le musée Guggenheim de Bilbao, créé par Frank Gehry, inauguré en 1997, 17

Citation de l’architecte François Chaslin, Janvier 2000

18 Citation de l’écrivain René Barjavel, “ Centre Beaubourg : dieu que c’est laid ! “ , Le journal du dimanche, 30 janvier 1977 19 L’expression « wow-factor » est utilisée dans certains pays anglophones (USA, Royaume-uni) pour promouvoir les bâtiments avant-gardistes depuis la fin des années 1990, apparaissant avec le projet du Guggenheim de Bilbao par Frank Gehry.

Le musĂŠe guggenheim de Frank Gehry

Création d’un star system : starchitectes et starchitectures

est un ouvrage perçu par la critique et par la population comme novateur dans son approche technique mais également par son esthétisme. Ce projet développe l’approche déconstructiviste de Gehry et promeut les formes ondulantes et organiques qui jouent sur les matières et les lumières. Lors de son ouverture, le musée Guggenheim a connu un succès mondial, jusqu’à devenir un modèle non pas seulement d’architecture mais de développement urbain. Il revêt un caractère prestigieux car il a apporté à la ville une croissance économique importante.

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Ce projet nous permettrait de démontrer que l’emploi d’architectes-stars est une façon de générer de l’intérêt pour une ville et que la création d’un bâtiment culturel permettait à son architecte de devenir une figure importante de son milieu : en tant que créateur d’un lieu culturel très fréquenté, un lieu recevant du spectacle. À Bilbao, le succès populaire du musée conçu par Frank Gehry aurait apporté un prestige et un essor financier à la ville qui était jusqu’alors en déclin économique, et apporte également un certain prestige à Gehry lui-même. On parle alors de « Bilbao Effect » : un monument remarquable d’un architecte prestigieux permettrait à une ville de développer une identité particulière et reconnaissable par tous. C’est une architecture nouvelle utilisée en tant qu’outil de tourisme culturel. Cet attrait est fortement lié au programme de musée. Beaucoup d’architectes stars ont été les créateurs de musées : musée MAXXI à Rome et le Dongdaemun Design Plaza à Séoul de Zaha Hadid, La Fondation Louis Vuitton à Paris de Frank Gehry, le MuCEM à Marseille pour Rudy Ricciotti, le musée juif de Berlin de Daniel Libeskind, le Louvre d’Abu Dhabi de Jean Nouvel… Les musées particulièrement sont des lieux de spectacles. La fonction du bâtiment contribue aussi à le faire connaitre, la démocratisation de l’accès a la culture à cette époque contribue aussi à leur succès.

L’expression « wow-effect » (effet waouh) serait utilisée alors pour traduire la « note de plaisir » que procurerait une œuvre, c’est-à-dire le plaisir que provoquerait le bâtiment sur les passants et l’effet produit par celui-ci sur l’état d’esprit et les sens. C’est un « petit plus » qui se rajouterait aux préoccupations habituelles et traditionnelles de l’architecture : économie, esthétique, innovation… On chercherait dans un bâtiment une petite touche unique : l’effet sur l’esprit et les sens que peut avoir un bâtiment dans le but de produire un « indice de satisfaction »20. Puisqu’un bâtiment provoque du plaisir, alors l’architecte est l’initiateur de tout cela. Les œuvres sont alors accueillies comme des spectacles, c’est une posture architecturale nouvelle.

Cette « nouvelle architecture » davantage axée sur la séduction21 pour le grand public et l’esthétique visuelle met alors en exergue le créa20 KELSO (Paul), “Architects urged to go for the ‘wow factor’ in designs for Britain’s new public buildings”, The Guardian, November 27, 2000.

21 Le mot « séduction » n’est pas employé ici de façon péjorative. Il n’est pas un jugement moral mais il désigne le procédé visant à susciter une admiration voire une attirance des individus pour l’architecture, par le biais d’un bâtiment.

Création d’un star system : starchitectes et starchitectures

teur de ce spectacle : l’architecte. Cette façon d’employer des architectes reconnus afin de promouvoir le bâtiment et son contexte met en vedette une infime partie du corps de métier. Un bâtiment emblématique cache un architecte emblématique. Une élite de personnalités célèbres se forme autour de ces bâtiments. Ils deviennent instigateurs de tendances et des créateurs d’images. Au-delà d’être des figures emblématiques comme nous en avons connu dans toutes les époques, les architectes aujourd’hui sont des représentants de la culture du 21e siècle. En créant des emblèmes de villes, d’une marque ou de produits divers, ils deviennent des représentants de notre société actuelle. La fonction de starchitecte parait être le modèle d’intégration dans la société capitaliste contemporaine : un type à part d’architectes, et d’architecture. C’est à ce type d’architecte que nous allons nous intéresser et nous questionner. Ce groupe restreint de personnalités semble être dans un tout autre univers que la plus grande partie de la profession : des professionnels qui travaillent de façon anonyme dans le tissu urbain de tous les jours.

Il me semble nécessaire avant d’aborder le sujet des starchitectes de s’intéresser tout d’abord aux différentes typologies d’architectes déjà établies à partir de différentes études sociologiques sur la profession. De ce fait, nous pourrons par la suite définir plus précisément ce que sont les starchitectes et s’ils font partie d’une typologie déjà existante ou s’ils sont une case à part du métier, créés par ce star-system mis en place dans la profession.

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2. DES TYPOLOGIES D’ARCHITECTES, UNE NOUVELLE a. Typologies existantes Véronique Biau, architecte urbaniste en chef de l’État, docteur en sociologie, a écrit une thèse de doctorat en 2000 portant sur La consécration en architecture : l’émergence d’une nouvelle élite architecturale22. Elle consacre dans son texte un chapitre sur l’étude des diverses typologies d’architectes, basée sur des études sociologiques sur la profession qui se sont attelées à définir les différents types d’architectes. Une première classifica22 BIAU (Véronique), La consécration en architecture : l’émergence d’une nouvelle élite architecturale, Thèse de Doctorat en Sociologie, EHESS, Paris, 2000,

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tion est établie par Édouard Charton en 1842 dans son Dictionnaire des professions. Les typologies citées sont très hiérarchisées, et classées par rang.

Nous retrouvons ainsi au premier rang l’architecte-artiste qui étudie « avec persévérance » son art, qui a mené de longues études, qui est érudit donc qui enseigne l’architecture à d’autres où occupe des fonctions élevées. Ce premier rang est donc réservé à l’artiste, au-dessus des autres, comme un chef d’orchestre, capable de tout réaliser et de tout comprendre de son métier. Ce profil d’architecte créateur, artiste, est alors le plus valorisé dans le corps de métier. La création est alors mise en valeur dans l’architecture, associée au terme d’artiste. Au second rang sont classés les architectes administrateurs ou consultants qui ne sont pas des professionnels « actifs » mais ont plus un rôle de conseil auprès de municipalités. Ensuite sont cités en troisième les architectes qui ne sont consultés en tant qu’experts, puis la classe la plus nombreuse des architectes d’affaires travaillant aux travaux particuliers.

Dans cette quatrième partie il notifie que ces architectes d’affaires peuvent arriver à une certaine notoriété et une reconnaissance lorsqu’on « veut bien y voir quelque chose de plus qu’un moyen d’y faire fortune »23. La cinquième et dernière classe d’architecte sont ceux qui ne sont pas parvenus à obtenir un emploi et qui travaillent pour d’autres architectes pour lesquels ils mettent leur talent à disposition. Édouard Charton a une façon intéressante de classifier les architectes car il distingue les différentes typologies par leur façon d’exercer leur profession, tout en établissant une hiérarchie forte et distincte qui met en valeur un type plutôt qu’un autre, d’une application de l’architecture prestigieuse à une autre plus « médiocre ».

Bien plus tard, en 1973, l’historienne de l’art Raymonde Moulin dans Les architectes. Métamorphose d’une profession libérale24 défini elle quatre types d’architectes, des types-idéaux qui différencient premièrement les mandarins traditionalistes étant les détenteurs de la commande de monuments, se rapprochant de l’architecte artiste d’Édouard Charton, veillant au respect des intentions esthétiques des œuvres dont ils sont les chefs d’orchestres. En second se tiennent les princes ou mandarins modernistes qui, eux, sont proches des mandarins traditionalistes mais s’éloignent de l’académisme et défendent une position plus créatrice au service d’un plus grand nombre. Puis, viennent les architectes-patrons ou architectes d’affaires qui traitent de la commande de masse puis les utopistes et les sorciers qui, eux, sont des professionnels qualifiés de marginaux, car placés en marge du marché qu’ils désapprouvent et produisent essentiellement des écrits et des images. Cette classification de Raymonde Moulin ne hiérarchise pas les professionnels comme Édouard Charton mais les différencie en fonction de leur relation avec les différentes instances de pouvoir interférant avec l’architecture en général : les premiers l’académisme (avec pour la 23

Cité par Bernard Tricot dans son rapport Architecte et société. Paris, La documentation Française, 1979.

24 MOULIN (Raymonde) et al. Les architectes. Métamorphose d’une profession libérale. Paris, Calmann Lévy, 1973.

Création d’un star system : starchitectes et starchitectures

plupart l’obtention du prix de Rome), les seconds leur refus de ce même académisme, donc une façon un peu militante d’exercer, les troisièmes qui sont totalement en désintérêt avec le débat académisme/militantisme et qui sont plus pragmatiques et enfin les sorciers qui eux bénéficient de moins de légitimité par rapport à ces instances car leur production ne va pas au-delà de la théorie.

Ensuite, en 1989, l’urbaniste, sociologue et programmiste français, fondateur de l’AUA, Jacques Allegret établit avec son équipe25 encore une autre classification des architectes en s’appuyant sur le type de reconnaissance recherché par ceux-ci. On y trouve les architectes producteurs d’avant-garde qui recherchent la reconnaissance des milieux artistiques et intellectuels, les producteurs d’art bourgeois plus dépendant des élites économiques, puis les producteurs de grande consommation qui eux se rapprochent des logiques technico-économiques et les milieux artisanaux du bâtiment. En 1990, dans l’article « Évolution de la professionnalité des architectes » publié dans la revue Recherche Sociale, les sociologues Isabelle Benjamin et François Aballéa distinguent deux types opposés d’architectes : les architectes créateurs dont la référence se trouve du côté de l’art plus que du côté de la technique, et les architectes médiateurs qui adoptent eux une architecture « modeste mais sympathique »26 et privilégient la demande du client plutôt qu’une originalité de leur production. La même année le chercheur anglo-saxon Weld Coxe, évoque une autre classification des architectes : les architectes de produit qui sont orientés vers une logique économique de leur profession, comme les architectes d’affaires de Raymonde Moulin ou Jean Allegret, les architectes de service qui ont une stratégie orientée vers le relationnel puisqu’ils prétendent à de plus petites commandes, puis les architectes concept qui eux se rapprochent plus des définitions d’architectes artistes vues précédemment. Dans sa thèse, Véronique Biau établit un tableau comparatif de ces typologies d’architectes évoquées par ces différentes études. Elle y place une colonne réservée aux catégories qu’elle pense être différentes typologies d’architectes en fonction de la place accordée à la valeur de la création. C’est-à-dire qu’elle différencie les architectes qui ont « renoncé à faire « acte créatif » », et ceux qui « font au contraire de la création le maitre-mot de leur intervention dans le processus négocié et multidimensionnel qu’est l’acte de projeter et de construire »27.

Dans ce tableau sont donc regroupés les différentes typologies, chacune des catégories des différents sociologues associées et regroupées en quatre types : 25 ALLEGRET (Jacques), BERTRAND (Régis), DEBARRE (Anne), ACCORSI (Florence), Trajectoires professionnelles : esquisse du champ de l’architecture, Paris, École d’Architecture Paris Villemin, 1989 26 BIAU (Véronique), Stratégies de distinction. Les architectes français et la tentation du ”star-system” . Socio-logos : Revue publiée par l’Association Française de Sociologie, Association Française de Sociologie, 1996, 9. <hal-01252161> 27 BIAU (Véronique), La consécration en architecture: l’émergence d’une nouvelle élite architecturale, op. cit. p 29

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Création d’un star system : starchitectes et starchitectures

R. Moulin et al.

1974

J. Allégret 1989

Weld Coxe 1990

V. Biau 2000

Principal critère fondant la typologie

Rapports aux instances de la profession

Type de reconnaissance attendue

Réponse à des segments de la commande

Place accordée à la valeur de création

Type I

Architectes-patrons, ou architectes d’affaires

Producteurs de grande consommation

Architectes orientés sur le produit

Architectes d’affaires et architectes-artisans

Architectes orientés sur le service

| 34

Type II

Mandarins traditionalistes

Producteurs d’art bourgeois

Type III

Mandarins modernistes (antiacadémique, commande publique et sociale

Architectes d’avantgarde

Type IV

Utopistes et Sorciers

Architectes créateurs Architectes orientés sur le concept ou sur l’œuvre

Prétendants

Selon Véronique Biau les trois types-idéaux d’architectes sont les architectes d’affaires et les architectes-artisans, les architectes-créateurs et les prétendants. Les architectes d’affaires/artisans sont des professionnels pour lesquels la valeur créative n’est pas celle placée au premier plan de leur pratique de l’architecture : la spécificité stylistique n’est pas déterminante. Ils peuvent négocier avec leurs clients et leurs partenaires cette valeur de création, pourtant fondatrice de l’architecture, donc en quelque sorte ils ne cherchent pas en tout premier lieu à apposer une signature particulière à un bâtiment qu’ils conçoivent. Selon le tableau de Véronique Biau, ce type d’architecte correspond à l’architecte-patron de Raymonde Moulin, aux producteurs de grande consommation de Jean Allégret et aux architectes orientés sur le produit ou le service de l’auteur anglo-saxon Weld Coxe. Toutefois, selon Isabelle Benjamin et François Abballéa, ces architectes ne sont pas totalement déconnectés du facteur création, mais y apposent des valeurs de morale, de sincérité, d’authenticité.28 Les architectes-créateurs, eux, inversement, placent la création au sommet de leur pratique de l’architecture. Selon Véronique Biau toujours, « ils formeraient l’essentiel du groupe de praticiens qui, l’ayant sciemment recherché ou non, se trouvent plus que les autres cités dans les revues, présentés dans des expositions, invités dans les concours (au titre du juré, au titre de concurrent), récompensés par des prix et des distinctions.29 » Ces architectes créateurs sont alors associés à l’élitisme de la profession. C’est l’équivalent 28

Ibid., p 31

29 Ibid., p 31

Création d’un star system : starchitectes et starchitectures

des architectes mandarins et les princes de l’étude de Raymonde Moulin. « La notion de mandarinat s’est effacée des travaux sociologiques portant sur les architectes mais celle « d’architectes pour les architectes » selon la formule qu’emploie Jacques Allégret, lui a succédé pour désigner les producteurs d’avant-garde. […] Cette expression est en effet très évocatrice de la fermeture du champ architectural sur lui-même et de la force de l’entre observation qui règne à l’intérieur de ce champ »30. Ces architectes ont vocation à être reconnus comme des artistes, surtout par leurs pairs, mais ont tout de même conscience que la création architecturale ne possède pas les mêmes logiques que la création artistique pure. Le troisième et dernier typeidéaux d’architectes évoqué par Véronique Biau est celui qu’elle nomme les architectes prétendants. Elle considère que cette catégorie regroupe les jeunes architectes qui sont davantage dépendants de leurs commanditaires car dans une position moins établie que ceux des catégories cités ci-dessus.

Elle considère que cette dépendance vis-à-vis de commandes pour vivre ne leur permet pas d’accorder une grande valeur à la création, même s’ils peuvent aspirer à devenir des architectes créateurs et mettent en place des stratégies pour se placer à leurs côtés ou à leur place.

b. Starchitecte Ces études sont intéressantes car elles nous permettent de remarquer qu’aucun de ces « classements » ne prend en compte la célébrité, la notoriété de l’architecte dans son milieu pour classifier les architectes. N’est également pas pris en compte le facteur médiatique qui peut exister dans le milieu de l’architecture. Or, aujourd’hui nous rencontrons parfois la notion de starchitecte, star-architecte ou encore archi-star, architecte-star dans divers supports médiatiques destinés à des architectes ou au grand public.

Ces notions semblent réunir les architectes perçus comme des célébrités, représentant une élite professionnelle, des « vedettes » de la profession. Les études citées auparavant s’attellent à définir des profils types d’architecte mais ne font en aucun cas référence de façon explicite à la consécration médiatique à laquelle semble se rapprocher certains architectes d’aujourd’hui.

Aujourd’hui, la pratique de l’architecture n’échappe pas à une personnification et une starification croissante31. Les auteurs de ces précédentes études n’emploient aucunement ce terme de star pour qualifier les architectes.

Il nous semble important d’identifier cette typologie de starchitecte -s’il elle en est une-, afin par la suite de connaitre à quel moment 30 Ibid., p 31 31

DIDELON (Valéry), “A quoi sert le star-system”, D’A n°138, 14/08/2004, Paris

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Illustrations de Federico Babina, sĂŠrie Archi_Portrait

Création d’un star system : starchitectes et starchitectures

les architectes commencent à se rapprocher de celle-ci, s’ils mettent en place des stratégies pour y parvenir, dans quelle mesure cela change la pratique de l’architecture et enfin comment cette starification est perçue dans la sphère savante de l’architecture et la sphère populaire qui l’entoure.

C’est dans les années 1980 que les architectes commencent à acquérir le statut de star, principalement les professionnels regroupés dans des idéologies architecturales en vogue à ce moment. Selon Jean-Pierre Le Dantec, qui retrace l’histoire de l’architecture postmoderniste et contemporaine dans son ouvrage Dédale le héros, deux types de discours se mettent en place dans les années 1980. Premièrement, la théorie du Chaos et en second le déconstructivisme qui est introduit par Philip Johnson. Ces univers sont illustrés par des architectes comme Jean Nouvel, Rem Koolhaas, Frank Gehry, Daniel Libeskind ou encore Zaha Hadid qui mettent en place de l’architecture considérée comme relevant de l’architecture-gadget, l’architecture-spectacle, l’architecture-design qui selon Le Dantec, sont rendus légitimes par la notion de pari pris ou de concept, et vont de pair avec la production architecturale à la mode, narcissique et surtout publicitaire. Dans la société d’aujourd’hui, les bâtiments d’envergure érigés par ces architectes sont des objets facilement médiatisables car spectaculaires. L’architecture se veut toujours plus iconique et emblématique, est le fruit d’un concept fort mis en avant. La critique de Jean-Pierre LeDantec nous permet de faire le lien entre l’architecte et la médiatisation de celui-ci ou de sa production.

L’architecte-star serait un personnage faisant partie d’un star-system propre à l’architecture et se concentrerait sur la création d’édifices spectaculaires, mais également sur la promotion de sa propre image. Selon Gabriella Lo Rico et Silvia Micheli, « Le star-system architectural est un système de production globale, fondé sur le lancement publicitaire des personnages appartenant au monde de l’architecture comme des authentiques stars, à travers des systèmes efficaces de diffusion »32. Pour illustrer ce propos nous pourrions prendre l’exemple de Jean Nouvel à travers le projet « Ycone » (encore en construction aujourd’hui) dans le quartier confluence de Lyon où le commanditaire de ce projet, le Groupe Vinci, utilise l’architecte comme un argument de vente à part entière, comme un outil de marketing. En effet, les affiches publicitaires, plaquettes sont signées du nom de Jean Nouvel et associées à un slogan. La tour n’a pas simplement le nom Ycone, mais Ycone, la Confluence by Jean Nouvel. Le fait que ce soit Jean Nouvel qui ait réalisé le projet est mis au cœur de tous les dispositifs de vente et de publicité : l’architecte est l’argument central de vente.

32 LO RICO (Gabriella), MICHELI (Silvia), Lo spettacolo dell’architettura. Profilo dell’archistar, 2003, Mondadori

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Création d’un star system : starchitectes et starchitectures

Nous pourrions en déduire que l’architecte-star, est un professionnel détaché de l’ordinaire, utilisant des moyens modernes pour se créer une image médiatique. Néanmoins, il serait complexe de le placer dans un des types définis dans le tableau précédent de Véronique Biau. Le starchitecte ne correspond pas au type-idéaux des architectes d’affaires et des architectes artisans de Véronique Biau puisque ce type d’architecte n’accorde pas une grande importance à la valeur de création qui est relayée au second plan. Ils correspondraient plus aux architectes-créateurs, mais ont aussi des préoccupations économiques et de visibilité. Ils n’entrent dans aucune des cases et seraient un type V, ayant des points communs avec les autres types, mais se différencieraient car ils prendraient en compte dans leur profession le facteur de la médiatisation et de la communication, c’est-à-dire de la publicité, facteur n’étant pas évoqué dans les préoccupations des types précédents d’architectes. Le starchitecte se situe au carrefour entre les deux préoccupations principales de la profession : réaliser des œuvres d’un côté et faire des affaires de l’autre. Véronique Biau toujours, dans l’article « Stratégies de positionnement et trajectoires d’architectes33 » met le doigt sur le sujet de la commande publique, qui pour elle est l’articulation entre ces deux préoccupations. En effet, les grandes commandes publiques sont pour l’architecte un moyen de se faire connaitre, lui et son œuvre, donc est une valorisation symbolique (réaliser une œuvre), et elle associe également la rémunération matérielle qu’elle lui apporte (faire des affaires). | 38

33 BIAU (Véronique), ”Stratégies de positionnement et trajectoires d’architectes”, Sociétés contemporaines N°29, 1998. p. 7-25

II. LE STATUT DE Lâ&#x20AC;&#x2122;ARCHITECTE

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Le statut de l’architecte

1. STARS ?

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La notion de starchitecte associée à un personnage donne naissance à des questionnements sur le métier et le rôle de l’architecte dans son champ professionnel. L’architecture est considérée comme un art, mais elle ne parait pas être au même niveau34 dans le cercle populaire que le cinéma, la musique ou la littérature sans, bien sûr, y être inférieure. Pourtant, c’est un domaine rattaché aussi à l’identité des cultures et des sociétés. Salon Guy Tapie, « Elle matérialise un rapport au monde et reflète les conditions d’existence des populations, les relations de pouvoir et la vie collective dans une société »35. Cependant, elle ne semble pas mobiliser autant d’attention du grand public ; elle n’est pas vraiment populaire et reste scindée en deux par sa réception. Comme le note Guy Tapie dans l’introduction de son ouvrage36, une personne appartenant au milieu de l’architecture et un passant n’ont pas la même sensibilité à celle-ci : même s’ils font partie de la même société, ils ne partagent pas la même vision de l’architecture.

L’architecture est une discipline se trouvant entre les règles de constructions scientifiques, de conception esthétique, les aspects sociaux et environnementaux, elle répond à différents facteurs mais ne peut être pratiquée de manière autonome, contrairement à la peinture par exemple. Elle se trouve au carrefour entre les milieux artistiques, intellectuels, techniques et financiers. Elle a de particulier qu’elle correspond à « l’art sur commande ».

Le maitre d’ouvrage est diffuseur de l’œuvre architecturale qui ne dépend alors que de la commande à laquelle elle répond : s’il n’y a pas de commande, il n’y a pas d’objet construit. C’est un de ses paradoxes puisque l’art en général est le fruit du besoin ou de l’envie de l’artiste qui crée, pas d’une commande extérieure à la création pure. L’architecte doit se situer dans le système entre les contraintes économiques, puisque l’existence de son œuvre dépend du bon vouloir et des moyens d’un commanditaire, comme un mécénat et de l’enjeu symbolique que peut porter son œuvre.

34

Dans le sens qu’elle est plus méconnue par le grand public, cf La culture architecturale des Français.

35 TAPIE (Guy) (dir.), La culture architectural des français, op. cit., p 14 36 Ibid.

Le statut de l’architecte

Existe-il alors un lien entre être un praticien reconnu (par différents types de groupes) et le fait d’accéder à diverses commandes prestigieuses de façon régulière37 ? En d’autres termes, le fait d’être un architecte célèbre permet-il d’accéder à plus de projets qui offrent une couverture médiatique importante, donc la satisfaction d’une réussite conséquente ?

D’après Véronique Biau, la commande publique permet à l’architecte de cumuler le prestige symbolique38, qui devient alors constructeur d’un bâtiment souvent public, fréquenté et vécu par les usagers quotidiennement. Le commanditaire du bâtiment peut être un particulier qui fait appel à un architecte pour un projet personnel destiné à son propre usage, une collectivité qui projette un édifice public ou bien un promoteur motivé par des raisons commerciales. Autant de types de clients pour autant de types d’architectes.

L’architecte peut être choisi pour sa capacité à concevoir quelque chose de durable, d’économique, d’innovant. Mais il peut être sollicité également pour sa notoriété, son caractère, ses particularités, afin de réaliser une œuvre signée, originale, qui bénéficie au prestige de son commanditaire, de l’architecte et du lieu dans lequel elle se trouve. Les villes qui s’engagent dans de grands projets architecturaux et urbains recherchent la collaboration avec des architectes de renom. Comme l’écrit Véronique Biau « Elles cherchent à donner à leurs réalisations le sceau de l’excellence et de leur ouvrir l’audience des médias (celle de la presse spécialisée mais aussi celle, encore plus filtrée, de la presse grand public) »39. Les grands noms de l’architecture déjà reconnus à l’échelle nationale ou internationale apportent cette charge médiatique et emblématique à une œuvre. L’œuvre ne peut exister sans son auteur qui par son nom, la valorise. Dans Le génie. Histoire d’une notion, de l’Antiquité à la Renaissance40, Edgard Zilsel, historien et philosophe, reconstitue sur plusieurs siècles les déplacements de l’idée de génie entre les différents domaines de la création. Il y montre notamment que la valeur de création, attribuée généralement aux œuvres, tend à être imputée à la personne du créateur. Le personnage de l’architecte est utilisé et exhibé afin de diffuser l’œuvre. La côte médiatique et artistique de l’architecte est en quelque sorte produite par ces commandes et inversement. D’une certaine façon, l’architecte a une côte médiatique et artistique qui peut lui permettre d’accéder à telle ou telle commande, de se voir proposer tel ou tel projet, auquel il n’aurait pu prétendre en tant qu’inconnu. Cette côte médiatique n’est pas entendue comme la côte dans le monde de l’art : dans ce domaine les œuvres artistiques sont véritablement côtées via les ventes aux enchères, 37 Si nous-nous basons sur l’analyse de Véronique Biau, l’accès à des commandes importantes de l’état ou de municipalités se voit réservée en quelques sortes aux agences d’architecture de moyenne et de grosse envergure, donc jouissant d’une certaine notoriété.

38 Selon Véronique Biau : l’enjeu symbolique est le fait d’être reconnu comme un praticien de qualité, qui signe une œuvre porteuse d’une charge symbolique bénéficiant à son prestige.

39 BIAU (Véronique), Stratégies de distinction. Les architectes français et la tentation du ”star-system”, op. cit., p 31 40 ZILSEL (Edgar), Le génie. Histoire d’une notion, de l’antiquité à la Renaissance, Les éditions de Minuit, Paris, 1993 cité par (Nathalie) HEINICH, La sociologie de l’art, Paris, éditions La Découverte, coll. Repéres, 2001.

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Le statut de l’architecte

par exemple. Ici la côte signifie plus le fait d’être admiré, apprécié, populaire, notamment via les médias, être estimé.

a. Types de reconnaissance Le livre Les conditions du succès41, écrit par l’historien de l’art et muséographe britannique Alan Bowness en 2011, indique des étapes qui permettent à un artiste d’accéder au succès. Dans ce court ouvrage, l’auteur défend une position personnelle sur le succès dans le milieu de l’art. Selon lui, la progression vers le succès est claire et régulière, et les talents exceptionnels y parviennent toujours, en suivant le chemin de la renommée qu’il indique dans sa théorie. Son texte indique donc quatre stades d’accès au succès, représentés par quatre cercles de reconnaissances, en induisant tout d’abord que l’artiste ait du talent :

| 44

-La reconnaissance des pairs : la plus significative, être reconnu par ses égaux, ses exacts contemporains, puis le cercle plus large des artistes en exercice qui sont capables d’une grande perspicacité quant au jugement d’une œuvre mais qui peuvent aussi se montrer obtus dans leurs opinions et parfois être jaloux du succès d’un autre artiste, -La reconnaissance des critiques : l’artiste ne peut s’en passer puisque les critiques contribuent à créer le langage verbal qui nous permet de parler de l’art. L’écrivain critique joue un rôle précieux dans l’accession de l’artiste à la renommée puisqu’il contribue au débat critique concernant l’artiste et son œuvre.

-La reconnaissance de la clientèle des marchands et des collectionneurs : quand un artiste est connu par la critique, il a de fortes chances d’être acheté par les collectionneurs et les marchands. Par exemple, être acheté par les Saatchi42 signifie pour un artiste une plus-value considérable de son travail, et inversement être lâché par ces collectionneurs s’avère être un coup dur.

-La reconnaissance du grand public : ce cercle de reconnaissance selon Alan Bowness représente le stade ultime qui atteste que l’artiste est vraiment célèbre et à déjà réussi dans sa voie.

A l’instar d’Alan Bowness, le journaliste économique Jean-Baptiste Duval écrit en 2016 un article dans le Huffington Post concernant les 41

BOWNESS (Alan), Les conditions du succès, op. cit., p 14

42 Les frères lord Maurice Saatchi et Charles Saatchi sont les fondateurs d’une agence de publicité Saatchi & Saatchi. Charles Saatchi est connu en tant que grand collectionneur d’art contemporain, marchand d’art et galerie ayant une influence majeure dans le monde de l’art contemporain.

Le statut de l’architecte

éléments qui font monter la côte d’un artiste contemporain. Il énumère 5 points que les artistes ayant « la côte » en ce moment, ont en commun : -Avoir un sacré sens de la mise en scène, c’est-à-dire sortir de l’anonymat, ne pas s’en tenir qu’à son talent, et souvent avoir un sens de la polémique, pour attirer l’attention. Participation des médias dans la diffusion de certaines polémiques.

-Taper dans l’œil d’un collectionneur réputé : la reconnaissance de la clientèle et des marchands, c’est-à-dire se faire des relations, qui ouvriront les portes de leur galerie et des maisons d’édition pour, en troisième point, -S’exposer : la reconnaissance du grand public, être exposé est un des passages obligés pour entrer dans la cour des grands.

-Récolter les (bons) honneurs : la reconnaissance des critiques/de ses pairs. Le monde de l’art ne manque pas de prix et de récompenses, mais certains prix sont plus prestigieux que d’autres, assurent une large exposition médiatique et ont une influence sur le marché. En dernier le journaliste parle de -L’exposition de la consécration, qui concerne un artiste déjà confirmé mais qui peut encore faire monter sa cote via une exposition dans un grand lieu de la culture artistique comme le musée Guggenheim de New York, le centre Pompidou à Paris, le MoMA. Véronique Biau, dans La consécration en architecture : l’émergence d’une nouvelle élite architecturale, établit quant à elle un parcours type, des étapes qui permettent de parvenir à la consécration en architecture.

Ces étapes consistent, selon elle à :

- Choisir un maitre et une formation appropriée. Généralement

le « maitre » est un architecte déjà consacré dans sa profession.

- La participation à des concours d’idées, qui n’engendrent pas forcément de premières réalisations mais permettent de se faire « un nom » et de se forger un catalogue de références pour de futurs concours - La participation à des concours d’architecture publique - Après le succès à certains concours publics, possibilité d’asseoir cette nouvelle notoriété par des publications et des expositions.

- La dernière étape consiste en l’accès aux positions de pouvoir sur le marché symbolique

Le starchitecte apparait comme le membre d’une élite professionnelle, qui semble mis en vedette au-delà de la simple renommée. Il est un personnage jouissant d’une célébrité conséquente : on peut se demander s’il est un architecte ayant accédé à une notoriété particulière en ayant gravi certaines étapes. Comment les architectes désireux de reconnaissance et de célébrité se positionnent-ils afin d’accéder à cette notoriété ? Les starchitectes répondent-ils à ces étapes afin de gravir les échelons qui mènent vers une

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Le statut de l’architecte

célébrité donc une réussite quasi-certaine ? Sont-ils les représentants d’une élite architecturale ayant accédé à tous les stades nécessaires à cette célébrité ? Au contraire, le starchitecte est-il exempt de ces modes d’entrée dans un star-system propre à un milieu ? À ce moment-là, qu’est ce qui diffère entre un architecte célèbre et un starchitecte ? Puisque l’architecture s’est vu ouvrir le champ des codes du monde de l’art et des artistes, notamment l’hyper-individualisation de l’architecte qui s’accapare l’image de l’auteur d’une œuvre mais aussi de certains outils de communication mis au service de la commande, il serait intéressant de tenter de créer un lien entre la reconnaissance dans les milieux artistiques contemporains et la reconnaissance en architecture qui pourrait peut-être mener à ce statut de star de l’architecture. À la façon de Jean-Baptiste Duval et de Alan Bowness pour les artistes contemporains, nous allons tâcher de détecter s’il existe des étapes en architecture pour entrer dans le star-system. Est-ce que ce sont ces étapes qui permettent à un architecte d’être considéré comme starchitecte et pas simplement comme une personne célèbre, ou est-ce quelque chose d’autre ?

b. Que représente le mot star | 46

Afin d’analyser la manière d’accéder au statut de starchitecte, il nous faut savoir qui sont les professionnels représentants de cette notion.

Que représente aujourd’hui le mot star dans notre société ? Il est nécessaire de se pencher sur l’étymologie de ce mot afin de mieux comprendre pourquoi il est associé à une (petite) partie du corps de l’architecture aujourd’hui.

Le mot star est apparu au théâtre afin de désigner les grands acteurs, placés en tête d’affiche, « en sentinelle », pour recueillir un maximum d’applaudissements. Il représente aussi un sujet étoile (star, en anglais), qualificatif apparu en 1895 désignant le plus haut grade de la hiérarchie des compagnies de danse. En bref, la star est une personne très connue et respectée.

Aujourd’hui il désigne principalement la représentation mentale que l’on se fait d’un acteur de cinéma très célèbre, reconnu par ses pairs et au-delà, par le public. Souvent ces vedettes vont de pair avec un club de fans au sein duquel sont échangés des appréciations autour de la star qu’il concerne. Une star génère donc une sorte de culte, auquel les gens s’identifient comme un modèle. « Son association au luxe et au prestige la transforme en « marchandise » que l’on consomme et qu’il faut admirer. Mais elle n’est pas seulement un des facteurs économiques de la société capitalise. Au-delà de son appartenance au star-system, elle appartient aussi aux domaines du mythe, de la magie du rêve et de l’esthétique.»43 Lorsque le mot est utilisé 43 TAUPE (Marion), Le star-system & la consécration en architecture, mémoire d’initiation à la recherche, sous la direction de Jean Christophe Gerard et Frank Vermandel, Lille, Mai 2016

Affiche du film Et dieu... crĂŠa la femme, de Roger Vadim, 1956

Brigitre Bardot dans une publicitĂŠ pour la marque Lancel

Le statut de l’architecte

dans un domaine différent, on y ajoute souvent un article défini : la star de l’art contemporain, la star de la télé, la star de la cuisine, ou encore la star de l’architecture : « Quand la star de l’architecture Tadao Ando parle de boxe […] »44, « Renzo Piano, la star italienne de l’architecture »45, « Zaha Hadid : l’architecture perd sa star »46. Marion Taupe, dans son mémoire d’initiation à la recherche en architecture, consacre une partie à ce mot star et cherche à théoriser ce que représentent les starchitectes dans notre société, via l’analyse du mot et sa naissance au cinéma. Elle étudie pour cela l’essai d’Edgar Morin, Les stars47, écrit en 1957 et utilise pour comprendre le phénomène de starification trois points de son analyse : la relation spectateur-spectacle, le contexte dans lequel la star apparait et l’évolution socio-historique de la civilisation bourgeoise depuis 1900. Selon Edgar Morin, la mythologie des stars se trouve entre croyance et divertissement, la star se trouvant entre star-déesse et star-marchandise, c’est-à dire entre l’objet de culte qu’elle peut représenter et l’objet marchand, donne naissance à une certaine économie via son image. D’après son analyse, la star apparait au moment où l’acteur de cinéma jouit d’une grande influence sur la réalisation d’un film. Elle est alors sa substance précieuse : les producteurs lancent leur ouvrage non plus avec leurs noms mais grâce à celui de l’acteur principal. « Ce qui participe au mythe de la star c’est aussi le fait qu’il y ait peu d’élus pour des milliers de candidats potentiels au titre. […]

Le star-system ne s’ouvre qu’à une petite partie des vedettes. La chance d’être star devient donc fantasme, un hasard permettant la grâce. Enfin, le philosophe [Edgar Morin] voit en la star la réussite suprême qui transforme un arrivisme en ambition et cette ambition se transforme elle-même - par la starification - en grandeur d’âme »48. Ce qui permet d’identifier une star c’est la sur-personnalité qui permet le développement de l’identification qui nait des salles de cinéma et se poursuit hors de ce spectacle. L’image parfaite de la star, créée par les subterfuges du cinéma et cette sur-personnalité, rend l’homme envieux de sa condition : on rêve d’une vie de cinéma49.

Ces stars offrent de nouveaux modèles de vie tournés vers le divertissement, la culture et le luxe : le grand public souhaite accéder au niveau de vie que prônent les stars, qui incarnent une vie de rêve. Les stars ont donc un rôle qui dépasse des écrans. « La star est une marchandise totale, elle parraine émissions, produits, campagnes publicitaires. La star a son prix suivant les 44 BENHAMOU (Judith), Quand la super star de l’architecture, Tadao Ando parle de boxe, d’artistes et du musée Pinault de Paris, 30/06/2017, texte disponible sur le site www.lesechos.fr à l’adresse suivante : http://blogs. lesechos.fr/judith-benhamou-huet/quand-la-super-star-de-l-architecture-tadao-ando-parle-de-boxe-d-a16163.html 45 DEBAILLON (Anne), Renzo Piano, la star de l’architecture italienne, 08/09/2017, texte disponible sur le site www.lepetitjournal.com à l’adresse suivante : https ://lepetitjournal.com/rome/actualites/renzo-piano-la-star-italienne-de-larchitecture-92666 46 GRANDJEAN (Emmanuel), Zaha Hadid, l’architecture perd sa star, 02/04/2016, texte disponible sur le site : www.letemps.ch à l’adresse suivante : https://www.letemps.ch/culture/2016/04/02/zaha-hadid-architecture-perd-star 47

MORIN (Edgar), Les stars, op. cit. p 13

48 TAUPE (Marion), Le star-system & la consécration en architecture, op. cit. p 44 49

Ibid.

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Le statut de l’architecte

variations de l’offre et la demande. Le star-system prépare et fabrique la star tel un produit manufacturé. Elle est à la fois marchandise et source de valeur. C’est par une suite logique que les stars sont sujettes à une réelle efficacité commerciale, c’est-à-dire publicitaire, ce qui multiplie leur utilité marchande. Lorsque la star est publicitaire, elle imprègne un produit de ses vertus, en l’occurence mystiques. Maitresse de la mode, elle sponsorise les produits qui permettent à l’élite de se différencier du commun et au commun de ressembler à cette élite. »50 La star est donc un produit médiatique, puisqu’elle atteint son public par le biais des médias. Elle est populaire car elle fédère l’opinion de ce public : on parle d’elle, elle fascine et s’expose à la critique. Les acteurs ou personnages publics qui ne sont pas encore consacrés au rang de star cherchent l’attention des médias par lesquels elles pourront atteindre le public : il faut faire parler de soi, se faire connaitre. Les deux facteurs nécessaires à la star sont donc les médias qui cultivent cet objet de culte puisqu’ils trouvent dans les stars un intérêt économique : photos, interviews, anecdotes ; et le grand public qui est le baromètre de légitimité d’une star. La star ne peut en être une sans ces deux acteurs fondamentaux dans la création de la star.

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Puisque l’acteur est star lorsqu’il a de l’influence sur la réception d’un film, est-ce que l’architecte-star choisi pour la construction d’une œuvre architecturale a plus d’importance que l’œuvre elle-même ? Nous pouvons déjà affirmer que la consécration d’une star dépend donc de divers systèmes de reconnaissance : celle des médias, du grand public… Si la star du cinéma recherche l’amour du grand public, que recherche le starchitecte ? Il semble cohérent qu’afin d’entrer dans un star-system, les systèmes de reconnaissances mis en place ont un aspect d’inévitabilité. Comme dans le cinéma, dans les milieux artistiques et culturels il existe différents types de reconnaissances : celle des médias (comme cité plus haut pour les acteurs de cinéma), celle du grand public (la sphère populaire), et les institutions spécialisées, donc par la critique (prix et récompenses dédiés à un champ spécifique).

Afin d’analyser comment les architectes accèdent et interagissent avec ces types de reconnaissances et si cela fait effectivement partie d’un processus de célébrité, nous allons dans un premier temps essayer de dresser une liste de starchitectes, pour savoir qui cette notion représente. Puis, nous allons définir les différentes étapes composant ce processus à savoir : -S’exposer -Récolter les (bons) honneurs -L’exposition de la consécration -Présence dans les médias 50

Ibid., p 47

Le statut de l’architecte

Nous allons comparer les différentes trajectoires des starchitectes choisis à travers ces cinq étapes. Puis, nous nous intéresseront au rôle des médias dans celles-ci et à la manière dont ces architectes emploient des moyens de communications spécifiques.

Analyser les trajectoires et mettre en comparaison ces starchitectes nous permettra, comme évoqué plus haut, de confirmer qu’il existe des permanences dans leurs parcours, ou à l’inverse des différences qui ne nous permettent pas de dire qu’il existe un parcours type qui mène à la célébrité, et particulièrement au statut de star. Une fois cette analyse réalisée, nous nous intéresserons à savoir pourquoi sont-ils alors qualifiés de star et pourquoi ne sont-ils pas simplement qualifiés de célèbres ? Nous nous intéresserons à la manière dont la célébrité change la pratique de l’architecture, dans le métier d’architecte mais aussi par la réception de cette image de star au sein de ce milieu. Si les médias sont si importants, comment les stars du métier y sont représentées ?

2. QUI SONT-ILS ?

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Qui désigne la notion de starchitectes ? Pour exemple, sur la page Wikipédia du mot starchitectes sont cités les architectes « estimés parmi leurs pairs et les médias spécialisés » dans une liste plus ou moins exhaustive qui désigne les noms célèbres d’architectes contemporains de notre époque. Une corrélation y est faite avec le fait d’être reconnu comme starchitecte et la réception du prix Pritzker : peu d’architectes sont connus du grand public mais les starchitectes sont estimés parmi leurs pairs et peuvent recevoir des prix prestigieux. Même si Wikipédia n’est pas une source de recherche scientifique mais une plateforme collaborative entre internautes, il est intéressant de remarquer dans cette page la présence d’une seconde liste, séparée de la précédente, nommée « anciens starchitectes ». Une distinction est faite entre les architectes « actuels » et les anciens. La seconde liste n’est pas uniquement composée d’architectes décédés mais aussi de professionnels n’exerçant plus leur activité comme Robert Venturi, Peter Eisenman ou encore Mario Botta. Il semble logique d’avancer que cette notion est alors employée uniquement pour ne désigner que les architectes contemporains qui dépendent de l’attention actuelle portée par les médias : c’est à ceux-ci que nous allons nous intéresser. Dans cette liste sont cités trente-six architectes, parmi lesquels figurent : Bjarke Ingels, Peter Zumthor, Richard Rogers, Bernard Tschumi, Christian de Portzamparc, Santiago Calatrava, Renzo Piano, Jean Nouvel, Herzog et De Meuron, Richard

Le statut de lâ&#x20AC;&#x2122;architecte

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Illustrations de Paul Tuller, Architecture as crown

Le statut de l’architecte

Meier, Toyo Ito, Alvaro Siza, Norman Foster, Tadao Ando, Frank Gehry…

Un autre exemple de liste de starchitectes, dans le livre de l’architecte Julio Fajardo, Starchitectes51, soixante-treize architectes sont présentés comme tels, reconnus dans le milieu architectural de façon internationale. Parmi eux sont présent des architectes très médiatisés voir sur-médiatisés tels que MVRDV, Jean Nouvel, Bjarke Ingels et bien d’autres. Sont également cités des architectes étant dans la liste des « anciens » starchitectes de Wikipédia comme Mario Botta. À l’inverse, des architectes étant considérés comme des stars comme Zaha Hadid ou Frank Gehry ne sont pas cités dans le livre, tandis qu’ils le sont dans la liste Wikipédia. Dans la liste de Julio Fajardo, d’autres architectes pour leur part beaucoup plus discrets sur la scène architecturale, mais pas nécessairement plus méconnus, sont cités comme par exemple Edouardo Souto De Moura, qui, lui, n’apparait pas dans Wikipédia. On remarque alors que ces deux listes sont totalement subjectives et dépendent de leur protagoniste. En effet, cela dépend de ce que l’on entend par le terme starchitecte, et de notre définition personnelle de la star en architecture.

On ne peut à priori pas désigner de façon objective qui sont ces starchitectes puisque chacun attribue cette notion à qui il souhaite. Des listes d’architectes reconnus qui pourraient être qualifiés de stars, il en existe plusieurs, mais elles sont toutes différentes selon le média dans lequel elle apparait, son protagoniste ou son destinataire. Il nous semble alors nécessaire de s’appuyer sur des faits plus scientifiques et objectifs. Pour cela, nous allons nous servir de trois supports afin de définir qui sont les starchitectes.

Le premier support est un questionnaire réalisé sur internet via un formulaire google, à destination de différents groupes de personnes, diffusé via Facebook, par e-mails et par bouche-à-oreille. Ce sondage débute sur les questions qui vont nous permettre de diviser en trois groupes les personnes sondées : le groupe A composé d’étudiants en première année d’architecture, le groupe B les étudiants plus avancés (entre la licence 2 et l’année d’HMONP), et le groupe C les personnes n’appartenant pas à ce milieu. Les questions sont les suivantes : « Étudiez-vous ou avez-vous étudié dans une école d’architecture ? », « si oui, en quelle année êtes-vous » et enfin « Si non, dans quel milieu êtes-vous ? ». Ensuite des questions ouvertes sont posées pour chaque groupe, à savoir : « Citez 5 architectes « stars » Français qui vous viennent à l’esprit en premier », « Citez 5 architectes qui vous font penser « starchitecture », et enfin une question fermée « Selon vous, le qualificatif « starchitecte » est-il : positif/péjoratif/ni l’un ni l’autre ». Une quatrième question ouverte est posée aux sondés : « Selon vous, quel bâtiment vous fait penser à « starchitecture ? ». Les deux supports dont nous allons nous servir ensuite ne sont pas directement liés au terme de starchitecture mais ils me paraissent importants puisqu’ils parlent des Français et 51 FAJARDO (Julio), Starchitects, visionary architects of the twenty-first century, New York, Editions Collins, 2010

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Le statut de l’architecte

de l’architecture, plus précisément le rapport que les Français ont avec l’architecture et leurs connaissances dans ce domaine. Parmi les divers sujets abordés, apparaissent des questions concernant les Français et leur connaissance des architectes. Puisque nous avons défini que les starchitectes sont des professionnels ayant un fort lien avec les médias, nous pouvons en déduire qu’ils peuvent figurer parmi le lot des architectes les plus connus par les français car les plus médiatisés. Le second support sera un sondage réalisé par L’IPSOS pour AMC Le Moniteur Architecture n°209 de juillet 2011 dans lequel deux questions concernant les architectes et les constructions emblématiques de l’architecture nous intéressent : « Notoriété spontanée des grands architectes vivants », « Notoriété assistée des grands architectes vivants ». Le troisième support utilisé est le livre de Guy Tapie déjà cité plus haut : La culture architecturale des français52, dans lequel il consacre une partie à la « la connaissance des architectes » selon trois familles de personnes : les éloignés du milieu, les intéressés par celui-ci, les amateurs et les jeunes architectes. L’analyse des résultats nous permettra de créer un bornage à notre recherche : nous retiendrons trois starchitectes français les plus connus de la population française, et nous analyserons leurs parcours en comparant avec deux figures internationales de la starchitecture. L’analyse et la comparaison de leurs parcours via les étapes énoncées plus haut nous permettra de définir, ou non, un parcours type du starchitecte. | 54

a. Sondage internet Le questionnaire a été soumis de façon ouverte et les réponses ont été classées suivant les trois groupes cités plus haut, à savoir le groupe A regroupant les personnes étant en licence 1 dans une école d’architecture, le groupe B les personnes se trouvant dans une école d’architecture entre la licence 2 et la HMONP, et le groupe C regroupant les personnes ayant répondu n’appartenant pas au milieu de l’architecture. Il est important de notifier les biais de cette enquête : une personne qui ne connait par exemple pas d’architectes ou le terme starchitectes peut aller facilement chercher sur internet lorsqu’il répond au sondage et citer les cinq premiers architectes qui apparaissent sur un moteur de recherche. Un étudiant en licence peut citer simplement les architectes qu’il aime particulièrement, et que lui considère comme une star sans que l’architecte cité en soit une. Un architecte peut citer cinq noms en ayant déjà une idée des résultats attendus. 296 personnes ont répondu à ce sondage. Parmi eux 43 étudiants de première année dans une école d’architecture, 183 personnes étant entre la deuxième et jusqu’après le diplôme, et 70 personnes n’appartenant pas au milieu de 52 TAPIE (Guy) (dir.), La culture architecturale des français, op.cit., p 14

Le statut de l’architecte

l’architecture. Les résultats seront exprimés en pourcentage afin de nous donner la possibilité de comparer les réponses à chaque question des différents groupes.

La première question est une question ouverte demandant aux sondés de citer 5 architectes stars français de leur choix. Il semble judicieux de penser que le groupe A regroupe des personnes n’ayant pas encore une culture architecturale très ancrée. Ils ont forcément entendu des noms qui reviennent, des références, ont déjà des architectes « préférés » desquels ils se sentent proches, mais ne sont pas forcément conscients des différents types de professionnels existants et sont encore guidés par des enseignements ou des à priori. Pour ce groupe53, sur 32 architectes différents cités, l’architecte Jean Nouvel se retrouve en tête puisque sur 43 réponses il est cité dans 93% des cas. Viennent ensuite Le Corbusier dans 65% des réponses, puis Christian de Portzamparc, 37%. 20% des répondants ont ensuite cité Rudy Ricciotti et Dominique Perrault. 10 architectes cités ne sont pas français tels que Ludwig Mies Van der Rohe, Renzo Piano ou encore Frank Gehry. On ne peut savoir si c’est simplement par méconnaissance de ceux-ci ou simplement une réponse permettant aux questionnés de ne pas laisser une case vide. Il est intéressant de notifier que sont cités, dans une moindre mesure, des architectes appartenant à une toute autre époque tels que Eugène Viollet-Le-Duc (18%), Charles Garnier (9%) ou encore Sébastien Le Pestre de Vauban (2%). On peut deviner qu’en première année d’architecture on ne connait pas forcément des architectes français célèbres de notre époque mais plus des personnalités importantes appartenant à tous les âges, peu importe leur nationalité. En bref, sont cités pour cette catégorie de personnes une sorte de connaissance « de base » pour tout étudiant, des architectes « à connaitre ». Cela démontre également une certaine attention aux architectes abordés habituellement plus en cours d’histoire de l’architecture qu’en cours de projet en tant que référence d’architecture contemporaine. Nous pouvons déduire que le groupe A considère alors qu’une « star » de l’architecture peut appartenir à un autre siècle, tandis que les personnes plus avancées dans leur cursus voient plus dans le terme de stars les noms des architectes contemporains. Les résultats du groupe B54 sont à peu près identiques à ceux du groupe A en ce qui concerne les 5 premiers architectes cités. Sur 183 personnes, Jean Nouvel se retrouve une nouvelle fois cité en première position dans 91% des cas. Arrivent ensuite, dans l’ordre Christian de Portzamparc dans 56% des cas, Le Corbusier dans 40% des cas, Rudy Ricciotti dans 39% des cas et Dominique Perrault dans 32% des cas. Jean Nouvel est l’architecte qui arrive, comme dans le groupe A, en tête et de manière significative. Ce fait ne laisse aucun doute sur la notoriété dont Jean Nouvel jouit auprès des étudiants en architecture, toutes années confondues. 43 architectes sont cités en tout : de façon générale nous 53 cf. Annexe 01 54 cf. Annexe 02

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Le statut de l’architecte

pouvons en déduire que plus l’on avance dans les études plus nous connaissons d’architectes différents que l’on est capable de citer dans une catégorie spécifique, ici la catégorie des « stars ». Concernant le groupe C55 24 architectes différents sont cités, pour 70 personnes ayant répondu. Cela démontre premièrement que même si dans ce groupe les sondés sont plus nombreux que dans le groupe A, ils ne connaissent pas plus d’architectes. Cependant, Jean Nouvel se trouve toujours à la première place, cités 41% des fois. Le suivent Le Corbusier pour 30%, Rudy Ricciotti pour 17% et Christian de Portzamparc pour 14%. Pour ce groupe, 10% des sondés répondent « je ne sais pas » : c’est le fait intéressant concernant cette catégorie de personnes.

En effet, pour les autres groupes personne n’a pas su répondre à la question posée, à chaque fois pour les deux précédentes catégories au moins un architecte est cité.

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Chacun des sondés répond de façon subjective, derrière un écran.

Cependant, les résultats de cette question restent, dans une certaine mesure, presque identiques. Nous observons que pour les 3 groupes le quatuor de tête est toujours similaire, à quelques nuances de positions prés, Jean Nouvel restant toujours en tête. En mettant les résultats de tous les groupes en commun56 nous observons que pour cette première question, Jean Nouvel est, sur 296 personnes en tout, cité dans 80% des cas. Il parait être une figure « universelle » de l’architecte star dans le vocabulaire des personnes sondées. Christian de Portzamparc est en seconde position des architectes « star » français, cité dans 43% des cas. En ôtant Le Corbusier (décédé) de la recherche (qui arriverait en troisième position puisque cité dans 41% des cas), Rudy Ricciotti arrive en troisième position, cité dans 31% des fois.

Dominique Perrault arrive en quatrième position, cité 25% des fois.

La seconde question du sondage tente cette fois de savoir qui sont les architectes associés au mot « starchitecture » auquel pensent les différents groupes de personnes sondées, mais cette fois-ci sans se limiter à leur nationalité. Cela sert à savoir premièrement si les différents groupes ont des réponses similaires, comme à la question précédente, et deuxièmement si des architectes français se retrouvent considérés comme des stars de façon internationale. Pour le groupe A57 des étudiants en première année, 26 architectes différents sont cités. Les architectes sortant du lot sont Frank Gehry et Zaha Hadid, cités dans 48% des cas chacun. Nous retrouvons Jean Nouvel, cité pour sa part dans 41% des cas. Le Corbusier est cité dans 34% des cas, avant Renzo Piano, cité dans 32% des réponses. Nous retrouvons très loin Rudy Ricciotti, cité 4% des fois, alors qu’il était cité dans 20% des réponses lorsque la question était limitée aux architectes français. Se trouvant à la quatrième position lors de la question précédente, ici Christian 55 cf. Annexe 03 56 cf. Annexe 04 57

cf. Annexe 05

Jean Nouvel Christian

De Portzamparc

Le Corbusier Rudy Ricciotti Lacaton&Vassal Perrault Jean-Michel Wilmotte Auguste PerretOdile Decq Viollet Le Duc

Jean Prouvé

Patrick Bouchain

Edouard FrançoisClaude Parent Paul Andreu Gilles Perraudin Jacques Ferrier Bernard Tschumi Paul Chemetov Paul Andreu Marc Mimram Pierre Michelin

Fernand Pouillon Jacques-François Blondel Claude Nicolas Ledoux Emanuelle Gautrand Architecture Studio Frédéric Borel G.E HaussmannPhilippe Starck Charlotte Periand Yona Friedman Gustave Eiffel

Représentation graphique de l’annexe 04

GSEducationalVersion

Le statut de l’architecte

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de Portzamparc n’est cité dans aucune des réponses. Le trio arrivant en tête des réponses reste le même pour le groupe B, à savoir Zaha Hadid pour 73% des cas, Frank Gehry pour 68% puis Jean Nouvel pour 45% des cas. Rudy Ricciotti est, lui, cité dans 6% des cas, et Christian de Portzamparc dans 2% des réponses. L’architecte Norman Foster est cité pour ce groupe comme architecte faisant penser « starchitecture » dans 30% des cas, tandis qu’il l’est que dans 9% des cas pour le groupe A. L’italien Renzo Piano l’est dans 28%, 32% dans le groupe A. En comparant les résultats de ces deux groupes liés au milieu architectural, les amateurs ou les plus initiés, nous pouvons observer que le trio de tête est similaire, ce qui ne laisse aucun doute sur l’image que peuvent renvoyer Zaha Hadid, Jean Nouvel et Frank Gehry aux les étudiants. Cependant la suite des architectes cités diffère selon les deux groupes, comme, par exemple, l’architecte fondateur de l’agence BIG, Bjarke Ingel’s cité 27% des fois pour le groupe B58, tandis qu’il ne l’est que dans 4% des réponses pour le groupe A. Pour le groupe C59 Zaha Hadid arrive en tête, présente dans 21% des réponses, de manière égale à Jean Nouvel encore, lui aussi cité dans 21% des cas. Ensuite, 18% des sondés répondent « je ne sais pas » à cette question, contre 10% à la question précédente.

Arrive ensuite Frank Gehry cité dans 11% des cas, alors qu’il l’est à 48% et 68% pour les deux précédents groupes. En mettant les résultats de tous le groupes en commun60, l’architecte Zaha Hadid est citée 57% des fois, Frank Gehry 53% et le Français Jean Nouvel 39% des fois. Sont cités par la suite Renzo Piano, Norman Foster et Bjarke Ingel’s pour respectivement 25%, et 19% pour les deux derniers.

En ne prenant pas en compte la réponse « je ne sais pas » du groupe C, les trois premiers architectes faisant penser « starchitecture » aux sondés sont toujours le même, dans des ordres différents, à savoir Frank Gehry, Zaha Hadid et Jean Nouvel. De la même manière que pour la première question, nous observons que trois mêmes architectes arrivent en première place, peu importe de quel groupe il s’agit. Cela signifie dans une certaine mesure que dans la sphère populaire comme dans la sphère savante, ces trois architectes sont associés au mot starchitecture, à différents degrés, selon les connaissances de chaque groupe.

Du fait des résultats de ce premier sondage, il nous semble judicieux désormais de borner notre recherche et l’analyse à suivre à trois architectes français associés par les sondés au mot starchitecte : Jean Nouvel, Christian de Portzamparc et Rudy Ricciotti. Nous enlevons l’architecte Le Corbusier de l’enquête puisque c’est un professionnel disparu en 1965, qui n’est a priori donc pas concerné par le phénomène de starchitecture comme nous l’entendons dans cette recherche. En analysant les permanences et les 58

cf. Annexe 06

59 cf. Annexe 07 60 cf. Annexe 08

Zaha Hadid Franck

Rem Koolhaas

Jean Nouvel Gehry Norman Foster Le Corbusier Bjarke Ingels Renzo Piano Herzog &De Meuron

SANAA Sou Fujimoto

Tadao Ando

Franck Lloyd Wright MVRDV Louis Kahn Shigeru Ban Daniel Libeskind Peter Zumthor Alvar Aalto Alvaro Siza

Oscar Niemeyer Philippe Starck Coop Himmelblau

GSEducationalVersion

Ludwig Mies Van Der Rohe

Santiago Calatrava

Ieoh Ming Pei

Kengo Kuma Richard Rogers

Représentation graphique de l’annexe 08

Le statut de l’architecte

différences de leurs parcours, il sera intéressant de créer également des liens avec deux architectes qui semblent être indéniablement considérés comme des starchitectes par les trois groupes A, B et C, mais qui ne sont pas français : Frank Gehry et Zaha Hadid. Zaha Hadid étant décédée récemment, en 2016, il ne nous semble pas judicieux de l’ôter de cette recherche puisqu’elle est une figure importante de l’architecture contemporaine et est considérée comme starchitecte malgré cela. Avant de démarrer les analyses de parcours, il est intéressant de comparer notre sondage aux deux autres supports évoqués plus haut : le sondage Ipsos concernant la connaissance des français de l’architecture et l’ouvrage La culture architecturale des Français, même s’ils n’ont pas un rapport direct avec la starchitecture. Nous avons déduit précédemment qu’un starchitecte est un personnage très médiatisé via divers supports, alors, de façon automatique, les architectes les plus connus par les français pourraient par définition être des starchitectes aussi.

Il serait intéressant alors de comparer les architectes les plus connus des français, sans aborder la notion de starchitecture et les résultats de notre sondage.

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b. Sondage IPSOS et La culture architecturale des Français Dans un article en 2011, AMC Le moniteur d’Architecture61 publiait un sondage concernant les français et l’architecture. Selon ce sondage, 76% des français déclarent aimer l’architecture française actuelle62 (22% oui, tout à fait, 56% oui, plutôt). 40% déclarent se sentir bien informés sur le métier d’architecte63. Cependant, seulement 10% des répondants parvenaient à citer le nom d’un grand architecte vivant de façon spontanée64.

Parmi les architectes cités, nous retrouvons Jean Nouvel (9% des sondés l’ont cité) et Christian de Portzamparc (1%). Rudy Ricciotti, quant à lui, est absent des réponses données à cette question. Les réponses spontanées à ce type de question restent très faibles en nombre, même si ces architectes sont considérés comme des « stars ». Il existe alors un décalage entre l’image véhiculée par les médias des architectes stars et l’image de ces architectes dans l’imaginaire collectif des français. La vedette de l’architecture n’est alors pas forcément démocratisée au point de s’inscrire comme star dans l’imaginaire de la sphère populaire, comme les stars de cinéma ou de la mode par exemple. Le starchitecte l’est-il alors uniquement dans la sphère 61

Sondage Ipsos, Les français et l’architecture, AMC Le Moniteur architecture n°209, juillet 2011

62

cf. Annexe 09

63

cf. Annexe 10

64 cf. Annexe 11

Le statut de l’architecte

savante de l’architecture ? 45% des sondés ne parviennent pas à citer de façon spontanée un architecte français : cela rejoint les résultats de notre sondage, pour le groupe C. Le fait que cette catégorie de « je ne sais pas » apparaisse signifie que l’architecture reste un domaine fermé, méconnu de la sphère populaire. Néanmoins, le fait que certaines personnes arrivent à donner un nom d’architecte de façon spontanée révèle qu’uniquement certaines têtes connues, notamment Jean Nouvel et Christian de Portzamparc, sont connus dans une certaine mesure hors de la sphère de l’architecture, du fait de leurs œuvres ou leur personnalité. Lorsque la question de la notoriété est posée de façon assistée65, 36% des personnes à qui elle est posée déclarent connaitre Jean Nouvel, et 9% Christian de Portzamparc, cependant, ils ne peuvent les citer de façon spontanée.

L’ouvrage La culture architecturale des français66, dirigé par Guy Tapie, restitue les résultats d’une vaste enquête interrogeant différents publics (les candidats aux concours d’entrée aux écoles d’architecture, les étudiants en architecture diplômés, les architectes en activité, le grand public) sur leurs connaissances en matière d’architecture. Il remarque dans son ouvrage que contrairement à la musique, la peinture ou encore le cinéma, qui sont parfaitement placés dans une chaine de production et de consommation culturelle, mais qu’en revanche l’architecture ne mobilise pas tant d’attention. Fait qui est paradoxal puisque, selon Bruno Zévi cité par Guy Tapie : « si chacun est libre de tourner le bouton de la radio, de déserter les salles de cinéma, de concert, ou de théâtre, comme de ne pas lire un livre, personne ne peut fermer les yeux devant les édifices qui constituent le décor de notre vie »67. L’ouvrage de Guy Tapie est constitué de quatre chapitres qui confrontent plusieurs visions de l’architecture : l’architecture des architectes ; l’architecture selon les français ; l’architecture, l’architecte et le peuple et l’architecture diffusée, les médiateurs. Dans le chapitre deux, qui concerne l’architecture selon les Français, il expose les résultats d’un sondage mené auprès de groupes de citoyens ou d’individuels et d’un sondage national réalisé en 2013 par la société CODHA auprès de 1 201 personnes interrogées par le biais d’internet, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Ce dernier sondage étudie les perceptions et les représentations de l’architecture, l’intérêt porté à l’architecture et à sa connaissance et les voies de la connaissance en architecture. Dans ce chapitre, un graphique représente la connaissance des architectes par les Français en posant la simple question assistée « connaissez-vous cet architecte ? »68. L’architecte Jean Nouvel est présent dans les résultats de cette question : 46% de l’échantillon des personnes consultées 65 cf. Annexe 12 66 TAPIE (Guy) (dir.), La culture architectural des français, op. cit., p14 67

ZÉVI (Bruno), Apprendre à voir l’architecture, Paris, éditions de Minuit, 1959

68 cf. Annexe 13

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Le statut de l’architecte

déclarent ne pas connaître l’architecte, 21% ne le connaissent mais que de nom, et 33% le connaissent en ayant déjà vu au moins en photo une de ses œuvres. Christian de Portzamparc est inconnu pour 81% des sondés, n’est connu que de nom pour 11% et 8% connaissent l’architecte et ont déjà vu une de ses œuvres au moins en photo. Nous retrouvons dans ce sondage d’autres architectes tels que Vauban, le baron Haussmann69, Le Corbusier, Antonin Gaudi, Oscar Niemeyer et Renzo Piano. L’architecte le plus connu (par 58%) est Vauban. Rudy Ricciotti qui a été choisi pour le reste de notre étude n’est pas présent dans ce questionnaire, mais la présence de Jean Nouvel et Christian de Portzamparc nous confirme le fait que ces deux architectes sont, dans une certaine mesure, connus par le grand public, mais ces connaissances restent limitées et dépendent du niveau de connaissance de chacun, l’envie d’en connaitre plus.

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Le chapitre trois de cet ouvrage, L’architecture, le peuple et l’architecte, regroupe des questions destinées aux groupes des chapitres un (la population ayant un lien avec l’architecture c’est-à-dire les expérimentés, les candidats et les jeunes architectes) et deux (le grand public). Ce chapitre a vocation de mettre en scène les différences de position et d’attitudes vis à vis de l’architecture des jeunes architectes diplômés du chapitre un avec celles du monde professionnel et du monde profane du chapitre deux. Dans ce chapitre une question s’intéresse à la connaissance des Français de certains architectes, selon quatre familles de sondés : les éloignés du milieu de l’architecture, les intéressés, les amateurs et les jeunes architectes. L’amateur connait plus de noms d’architectes que l’éloigné de façon logique, et les jeunes architectes sont plus de neuf sur dix à citer tous les noms de la liste qui leur est soumise70. Christian de Portzamparc est un des exemples qui sépare sans conteste le monde des éloignés et les professionnels de l’architecture : ils sont 93% des jeunes architectes à le citer contre 2% des éloignés, 8% des intéressés et 27% des amateurs. Une fois encore nous pouvons établir une différence flagrante de connaissance entre les personnes du milieu et les « profanes ». A l’inverse Jean Nouvel montre que la starisation est vectrice de diffusion puisqu’il est connu de 63% des amateurs, 38% des intéressés et de 23% des éloignés et par 99% des jeunes architectes. Lorsque l’on compare avec Christian de Portzamparc, la différence est abyssale, pour citer Guy Tapie : 2% seulement connaissent une réalisation de l’architecte. Les architectes les plus populaires du sondage (Vauban, Le Corbusier, 69 Le baron Haussmann a été préfet de la Seine de 1853 à 1970. C’est sous sa direction qu’on été dirigés les transformations et la modernisation de Paris sous le second empire. Paris est profondément transformée, notamment par la création de boulevards et d’avenues percées dans le tissus urbain existant. L’immeuble de rapport et l’hôtel particulier s’imposent comme des modèles de références, les immeubles ressemblent tous : c’est l’esthétique du rationnel. Certaines grandes villes de provinces sont aussi remaniées au style d’Haussmann. Tout ces travaux, réalisés sous la direction d’Haussmann ont donné naissance au style Haussmanien, alors qu’Haussmann lui-même n’était pas architecte. Aujourd’hui encore, le terme Haussmanien est récurrent lorsque l’on parle d’architecture parisienne, entre autres. C’est un terme ancré dans la culture populaire, au-delà de la sphère savante de l’architecture.

C’est pour cela que la sphère profane, puisqu’il existe un style Haussmanien, peut en déduire qu’Haussmann était un architecte.

70

cf. Annexe 14

Le statut de l’architecte

Le baron Haussmann), semblent être ceux qui ont réalisé des édifices devenus des hauts lieux touristiques et rattachés à une époque marquante de l’histoire : Vauban et le règne du Roi Soleil, le Baron Haussmann et l’industrialisation, Le Corbusier et les Trentes Glorieuses…. Il me semble cohérent de conserver le même « podium » défini précédemment des architectes dont nous allons analyser les parcours, à savoir Jean Nouvel, Christian de Portzamparc et Rudy Ricciotti. Même si ces deux derniers ne semblent pas être autant connus par la population profane que Jean Nouvel, ils sont connus et considérés comme « star » par une partie non négligeable des 296 personnes de notre questionnaire analysé dans la partie précédente.

Parallèlement à la question de l’architecte, il est intéressant de constater que la connaissance des œuvres architecturales ne va pas forcément de pair avec la connaissance de leurs auteurs. Par exemple, selon le sondage de l’IPSOS, 9% déclarent connaitre la Pyramide du Louvre parmi les constructions de moins de 30 ans associée à l’architecture actuelle71, tandis qu’uniquement 3% déclarent connaitre spontanément son architecte Ieoh Ming Pei. 1% seulement déclarent connaitre le centre Pompidou/Beaubourg, et quasiment personne ne peut déclarer connaitre ses architectes Richard Rogers et Renzo Piano. Dans notre sondage réalisé pour ce mémoire, nous nous sommes également intéressés à la connaissance des sondés des constructions qui leur évoquent le terme « starchitecture », pour essayer de déceler une corrélation entre la connaissance des architectes star, les starchitectes, et de leurs œuvres emblématiques, la starchitecture. Pour le groupe A72 le musée Guggenheim de Bilbao est cité pour 41% des cas, puis la Fondation Louis Vuitton pour 27 % des cas : l’architecte des deux bâtiments, Frank Gehry, est aussi l’architecte le plus connu du groupe, comme analysé plus haut. En troisième position arrive le centre Pompidou/Beaubourg, cité pour sa part seulement 9% des cas, tandis que Renzo Piano, un de ses architectes, est cité par 32% du groupe A. Cela signifie à l’inverse qu’un architecte peut être considéré comme starchitecte sans connaissance particulière des bâtiments qu’il a conçu. Pour le groupe B73 les deux musées de Frank Gehry sont cités en premier, pour 45% et 31% des cas, Frank Gehry étant l’architecte arrivant en seconde position dans les architectes internationaux évoquant le terme de star, pour 68% des sondés. Pour le groupe C74, 24% des sondés n’appartenant pas au milieu de l’architecture ne savent pas citer de bâtiments liés à la starchitecture. Arrivent ensuite le musée Guggenheim de Frank Gehry (11%) et le Centre Pompidou (8%). Ces deux bâtiments et leurs architectes sont indéniablement les représentants de la starchitecture.

Néanmoins, les constructions d’architectes français auxquels nous nous intéressons semblent être, d’une moindre façon, associées à la starchitec71 cf. Annexe 15 72 cf. Annexe 16 73 cf. Annexe 17 74 cf. Annexe 18

63 |

Le statut de l’architecte

ture : dans les résultats généraux des sondages, tous groupes confondus75, la Philharmonie de Paris, construite par Jean Nouvel, est citée après les deux musées de Frank Gehry, dans 14% des cas seulement. Le MucCEM de Rudy Ricciotti est cité pour sa part dans uniquement 4% des cas, comme le Louvre d’Abu Dhabi de Jean Nouvel. Aucune des réalisations de Christian de Portzamparc n’est citée. Nous pouvons en déduire qu’un architecte peut être considéré comme un starchitecte, sans qu’aucune de ses œuvres ne le soient. A l’inverse, une œuvre peut être considérée comme une œuvre « star », mais pas son architecte.

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Ces analyses des divers sondages nous amènent à une première réflexion avant de démarrer les analyses des trajectoires des architectes. L’architecte Jean Nouvel parait être connu de tous, dans différentes mesures.

Cependant, il est connu de la même manière peu importe si le mot star est mentionné dans la question ou non. À travers ces trois sondages nous avons une vision plus ou moins générale des architectes les plus connus des Français. Nous voyons que le grand public sait nommer les figures les plus connues de l’architecture comme Jean Nouvel, mais peu d’autres figures que la sphère des personnes appartenant à l’architecture peut citer.

Or, nous avons admis précédemment que la star est une personne fortement médiatisée et consacrée par le grand public. Si ce grand public ne peut nommer que difficilement les architectes les plus connus que les personnes amateures d’architecture nomment facilement, il ne semble pas pertinent d’octroyer à tous les architectes connus des architectes le néologisme de starchitecte. En revanche, le grand public semble connaitre plus largement les bâtiments de starchitecture, produits par des starchitectes. Ce n’est donc pas via la connaissance générale qu’ont les Français des architectes que nous pouvons déduire s’ils sont starchitectes ou non. Il est tout de même judicieux de conserver le trio des architectes arrivant en tête pour le groupe A et B, puisque ces personnes du milieu de l’architecture sont plus supposées avoir une idée de ce que signifie « starchitecture », donc répondre de façon consciente à la question. Ce sont les trajectoires de ces trois architectes que nous allons analyser afin de tenter de déceler s’ils ont répondu à des étapes composant un processus de célébrité.

75 cf. Annexe 19

Jean Nouvel photographiĂŠ par Elliot Erwitt, 2013

Le statut de l’architecte

3. LES ÉTAPES DE CONSÉCRATION

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Afin d’analyser les trajectoires des architectes et savoir s’il existe des modalités typiques pour accéder au statut de célébrité ou de starchitecte en architecture, une étude biographique des trois architectes choisis ne suffit pas. Comme évoqué plus haut, l’architecture ne semble pas être admise dans la culture populaire de la même manière que d’autres disciplines telles que le cinéma, la littérature ou encore la mode. Dans certaines disciplines artistiques, comme l’écrivent Alan Bowness et Jean Baptiste Duval dans l’article du Huffington Post, il existe des étapes qui mènent un artiste à avoir la côte. L’art contemporain et l’architecture sont deux domaines différents de la culture mais sont deux disciplines créatives dépendantes de différents acteurs : artiste, commanditaires ; architecte, maitre d’ouvrage… Il ne nous semble pas incongru d’utiliser les étapes de Jean Baptiste Duval, couplées à celles d’Alan Bowness et de Véronique Biau et de les appliquer à l’architecture afin de savoir si les architectes ont eux aussi des étapes qui sont bénéfiques à leur « côte » et donc servent leur notoriété et leurs permettent d’être appelés starchitectes, ou si, au contraire, il n’apparait pas que les starchitectes répondent à des modalités spécifiques et la réponse se trouve ailleurs. Chaque étape correspond à un type de reconnaissance particulier.

Si Jean Nouvel, Rudy Ricciotti et Christian de Portzamparc répondent tous de la même manière à ces étapes, nous pourrons en déduire qu’il existe une corrélation entre celles-ci et la célébrité.

a. S’exposer D’après Jean-Baptiste Duval, une des étapes d’accès à la célébrité est, pour les artistes « entrer dans les galeries de renom ». Ce qui revient à être exposé. Une des étapes d’accès à la célébrité et au statut de star en architecture serait le fait d’être présent dans des lieux d’expositions, spécialisés en architecture ou non. Analyser la présence des architectes choisis dans des lieux d’exposition me parait cohérent puisque dans l’ouvrage de Guy Tapie dans le chapitre trois l’architecture, le peuple et l’architecte, 30%76 des éloignés du milieu de l’architecture déclarent utiliser les expositions pour acquérir des connaissances relatives à l’architecture, contre 68% des 76 cf. Annexe 20

Le statut de l’architecte

intéressés, 73% des amateurs et 89% des jeunes architectes. Ces résultats démontrent que les expositions consacrées à l’architecture ou exposant des architectes sont vecteur d’intérêt pour la population. Ainsi, nous allons analyser la présence de Jean Nouvel, Rudy Ricciotti et Christian de Portzamparc dans les musées spécialisés en architecture et les musées ayant déjà consacré une exposition à celle-ci. Les musées ou centre d’expositions dédiés à l’architecture choisis pour cette analyse sont Le Pavillon de l’Arsenal (187 110 visites en 2014)77 , la Cité de l’architecture et du patrimoine (250 642 visites en 2016)78 à Paris, le AIA center for Architecture à New York, le Centre Canadien d’Architecture à Montréal et le Danish Architectural Center à Copenhague. Les musées ne traitant pas spécifiquement d’architecture sont les trois musées représentant les trois plus grandes collections d’art moderne et contemporain au monde, soit : le Centre Pompidou à Paris (3 335 509 visites en 2016)79, le Moma de New York (2 788 236 visites en 2016)80, la Tate Modern à Londres (5 839 197 visites en2016)81. Nous avons comparé le nombre d’occurrences pour ces architectes dans ces différents musées, tous résultats confondus : présence dans une exposition, exposition consacrée, collections permanentes, conférences, colloques, blogs, revues… et nous avons isolé le nombre d’occurrences représentant la présence d’œuvres (dessins, maquettes, photographies) des architectes dans les collections permanentes de ces musées et dans des expositions éphémères.

Nous avons établi un tableau comparatif de ces occurrences pour les trois architectes choisis, Frank Gehry et Zaha Hadid82. Jean Nouvel apparait dans chacun des musées, dans les occurrences et les expositions. C’està-dire que dans chacun d’eux il y a ou il y a eu un œuvre de Jean Nouvel exposée. Même si les occurrences sont moindres au Tate de Londres et au Moma de New York, ses deux homologues n’y apparaissent pas, sauf Christian de Portzamparc pour le Moma. Notre trio est donc présent dans les deux lieux dédiés à l’architecture en France choisis, mais est beaucoup moins représenté dans les lieux internationaux consacrés à l’architecture. Des cinq architectes, seul Frank Gehry, starchitecte « de référence » est présent au AIA New York center for Architecture. Au Centre Canadien d’Architecture, des occurrences existent pour ces architectes mais ne concernent que des livres présents dans la bibliothèque du centre, des périodiques ou des photographies : aucun n’a été exposé dans ce lieu. Dans les lieux non consacrés à l’architecture, les cinq architectes sont présents au Centre Pompidou, Frank Gehry et Jean Nouvel apparaissant dans 10 expositions chacun. Dans les trois autres lieux non consacrés à l’architecture, des occurrences existent 77

Rapport d’observations définitives, Le pavillon de l’Arsenal, Paris, 2016

78

Rapport d’activités, Cité de l’architecture, 2016

79

Enquête de fréquentation des sites culturels parisiens en 2016, Observatoire économique du tourisme parisien

80

Ibid.

81 Ibid.

82 cf. Annexe 21

67 |

Le statut de l’architecte

pour ces cinq architectes mais peu d’expositions contiennent leurs œuvres.

Pour conclure, le fait d’être présent dans des lieux d’expositions semble être en effet une des étapes de l’accès au succès et à la reconnaissance, du moins pour Jean Nouvel et Christian de Portzamparc qui sont pour leur part assez présents dans les musées français dédiés à l’architecture en France, ainsi qu’au Centre Pompidou, l’un des musées représentant une des trois plus grandes collections d’art moderne et contemporain du monde.

Néanmoins ce qui pourrait sans conteste attester de la réussite auprès du grand public serait d’observer l’existence d’expositions consacrées à l’œuvre d’un de ces architectes, s’il y en a eu.

b. L’exposition de la consécration

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Effectivement, l’une des étapes citée dans l’article de Jean-Baptiste Duval est « l’exposition de la consécration ». En général, les artistes ayant des expositions consacrées sont déjà des artistes confirmés. Le fait qu’un des musées cité plus haut ait consacré une exposition à Jean Nouvel, Rudy Ricciotti ou Christian de Portzamparc serait révélateur. Ces musées, jouissant chacun d’une importante fréquentation d’un public de tous horizons, en consacrant une exposition à un architecte, assoit sa notoriété. Il est interessant de remarquer si nos trois architectes ont eu droit à une exposition consacrée. Cela semblerait vouloir dire que : -L’architecte est déjà suffisamment reconnu pour se voir consacrer une exposition dans un musée d’envergure ouvert à un large public -Les commissaires de ces expositions semblent admettre que l’architecte et ses œuvres intéressent le grand public Concernant Jean Nouvel, deux expositions lui ont été entièrement consacrées. Une première de novembre 2001 à janvier 2002 au Centre Georges Pompidou. L’exposition, dont la scénographie est conçue par Jean Nouvel lui-même, constitue un foisonnement des projets de l’architecte, autour d’images destinées à susciter l’émotion du public. Une seconde exposition d’envergure est consacrée, elle, aux meubles d’architectes de Jean Nouvel. Elle s’est tenue du 27 octobre 2016 au 12 février 2017 au musée des Arts décoratifs de Paris, et expose le mobilier et les objets conçus par l’architecte. D’autres expositions dans le monde ont été consacrées à ses travaux, mais pas sous forme de rétrospective, s’intéressant à une œuvre en particulier ou à un autre thème le concernant comme : « Jean Nouvel/ Claude Parent, musées à venir » à la galerie Azzedine Alaïa à Paris en 2016,

Affiches des expositions mentionnĂŠes

Le statut de l’architecte

« Claude Parent, l’œuvre construite, l’œuvre graphique » à la Cité de l’architecture et du patrimoine de Paris en 2010, ou encore « Jean Nouvel - 3 buildings » à la GA Gallery à Tokyo, pour ne citer qu’elles. Sans concrètement analyser les contenus de ces expositions, nous pouvons simplement admettre que oui, Jean Nouvel a eu droit à au moins une exposition « de la consécration », dont celle de 2011 au Centre Pompidou, bâtiment culturel d’une grande envergure accueillant un large public.

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Au Centre Pompidou, avant celle de Jean Nouvel, une exposition a été consacrée à Christian de Portzamparc. Prénommée « Scène d’ateliers », cette manifestation est la première grande exposition d’anthologie consacrée à l’architecte. Du 20 Mars au 27 mai 1996 sont alors exposés 900 esquisses, plans, dessins, peintures, aquarelles et croquis, 230 maquettes, 200 photographies… qui présentent ses principaux projets et réalisations de 1974 à 1996. Cette exposition présente en quelques sorte une rétrospective. Une seconde exposition « Portzamparc, rêver la ville » est consacrée à Christian de Portzamparc du 21 mars au 16 septembre 2007 à la Cité de l’architecture. Elle dévoile les réalisations récentes de l’architecte et ses projets en cours, ainsi que quelques « fictions ». De la même manière que Jean Nouvel, Christian de Portzamparc a été aussi sujet d’une exposition, au Centre Pompidou et à la Cité de l’architecture, deux lieux culturels parisiens accueillant un large public, néanmoins différents. Le Centre Pompidou accueille un public varié, tandis que la Cité de l’Architecture accueille plutôt des personnes proches de l’architecture, amateurs ou expérimentés.

Il est néanmoins moins représenté dans d’autres lieux, et n’a pas, comme Jean Nouvel été exposé dans d’autres lieux culturels dans le monde. Rudy Ricciotti, pour sa part, a été le sujet d’une exposition consacrée à son œuvre à la Cité de l’architecture et du patrimoine de Paris, du 15 février au 18 mai 2014. L’exposition est la première monographie dédiée à l’architecte, et met en valeur ses expérimentations sur les matériaux à travers moules de production et éléments de construction à l’échelle 1. Les trentes projets présentés révèlent le côté « constructeur » de l’architecte, notamment grâce à un portrait vidéo réalisé à l’occasion de l’exposition par Laetitia Masson, et produit par la Cité de l’architecture et du patrimoine. L’exposition a également été présentée au Musée Jean Cocteau à Menton, entre novembre 2015 et avril 2016. Bien que moins présent dans les lieux culturels (cf. annexe 22), Rudy Ricciotti a aussi été le sujet d’une exposition « de la consécration », bien qu’elle soit la seule, et dans un lieu plus destiné au public amateur ou expérimenté de l’architecture. Frank Gehry, notre starchitecte de référence, a également été exposé au Centre Pompidou en 2015 dans une rétrospective qui offre une lecture globale de son œuvre en retraçant les lignes de force de la carrière de l’architecte. La même année une exposition monographique lui est consacrée à la fondation Louis Vuitton, à l’occasion de l’inauguration du bâtiment, conçu par Frank Gehry lui-même. Zaha Hadid a elle été exposée à l’Institut du Monde Arabe à Paris en 2011. Une rétrospective lui a été

Le statut de l’architecte

consacrée en 1983 à l’Architectural Association à Londres. Tous deux ont eu eux aussi une exposition « de la consécration ». À la seconde étape de Jean Baptiste Duval, chacun des architectes composant le trio semble, à différentes mesures, y répondre. Nous pouvons alors affirmer que cette étape peut faire partie des conditions nécessaires à l’accès au succès chez un architecte, ou bien sa résultante, puisque, toujours selon le journaliste, ce sont déjà les « artistes » reconnus qui y ont accès.

Les architectes auraient donc répondu à d’autres étapes pour accéder à ces lieux d’exposition.

c. Récolter les (bons) honneurs La troisième étape à laquelle nous allons nous intéresser est « récolter les honneurs ». En effet, être nominé et/ou être lauréat d’un prestigieux prix d’architecture signifie être reconnu par ses égaux, ses pairs, et les instances qui délivrent ces prix. Ces instances représentent divers systèmes de reconnaissance en consacrant un architecte. Cette reconnaissance est primordiale chez un architecte puisque la notoriété ne peut venir que du seul public « profane ». Être reconnu par certaines de ces instances signifie bénéficier d’un regard critique venant de personnes capables d’une grande perspicacité concernant le domaine dans lequel il exerce. En considérant la réception d’au moins deux prix d’architecture importants, nous allons pouvoir déterminer si cela consiste ou non en une étape obligatoire menant vers la célébrité dont jouissent les trois architectes du trio. Les prix que nous choisissons pour comparer Jean Nouvel, Christian de Portzamparc et Rudy Ricciotti sont : Pour les prix internationaux :

- Le prix Pritzker, décerné par un jury d’indépendants, récom-

pense le travail d’un architecte vivant qui a montré à travers ses réalisations les différentes facettes de son talent et a eu un apport significatif à l’architecture. Ce prix est considéré comme le « prix Nobel de l’architecture » et donc fait office de consécration ultime.

- La médaille d’or de l’Union Internationale des Architectes Pour les prix européens :

71 |

Médaille du Prix Pritzker

Le statut de l’architecte

- Le prix de l’union européenne Mies Van der Rohe, décerné

tous les deux ans, qui récompense la qualité architecturale en Europe, il couronne des œuvres de moins de deux ans - EUROPAN qui est une compétition biennale de jeunes architectes de moins de 40 ans Pour les prix nationaux indépendants :

- Le prix de l’Équerre d’argent d’architecture du Moniteur, re-

mis pas la revue Le Moniteur d’Architecture chaque année par un jury composé d’architectes, de critiques d’architecture et de promoteurs. Le prix récompense une équipe composée du maitre d’ouvrage et du maitre d’œuvres qui a contribué à la construction d’un bâtiment sur le sol français. Ce prix intervient comme une reconnaissance de la compétence professionnelle - Le Grand Prix AFEX de l’architecture française dans le monde décerné chaque année depuis 2010 par un jury composé d’architectes, de journalistes et de représentants du ministère de la culture, des affaires étrangères, de la cité de l’architecture et du patrimoine ainsi que de l’UNESCO. Ce prix récompense un maitre d’œuvres qui a réalisé la construction d’un bâtiment hors de France au cours des deux années qui précédent la remise du prix.

Pour les prix nationaux institutionnels :

- Le grand prix national de l’architecture, remis par un jury de

vingt personnalités placées sous la présidence du ministère de la Culture à un architecte installé en France pour l’ensemble de son œuvre. Remis par l’État, ce prix peut avoir un rôle important dans la starification d’un architecte puisqu’il est perçu et reçu comme un label de reconnaissance, comme un diplôme supplémentaire.

- Les Albums des Jeunes architectes et Paysagistes (AJAP), récompense décernée tous les ans par le Ministère de la Culture et de la Communication Français depuis 1980. Auparavant Albums des jeunes architectes, puis Nouveaux albums des jeunes architectes, les AJAP servent à distinguer les jeunes professionnels de moins de 35 ans, afin de soutenir la jeune création architecturale et, depuis 2006, paysagère. Les lauréats de ce prix font l’objet d’une campagne de valorisation conjointement mise en place par la Direction générale des patrimoines et la Cité de l’architecture et du patrimoine, l’objectif étant d’offrir un meilleur accès à la commande publique pour cette nouvelle génération Pour les prix académiques :

- Le prix de l’Académie d’architecture de France qui décerne

différentes médailles pour récompenser la carrière ou l’œuvre d’architectes ou d’urbanistes français ou étrangers

73 |

Le statut de l’architecte

- Le grand prix d’architecture décerné par l’Académie des

beaux-arts française. Il récompense un architecte ou un étudiant en architecture de moins de 35 ans

En établissant un tableau résumant les prix reçus par les trois architectes83, Frank Gehry et Zaha Hadid, nous observons que nos trois français ont été lauréats du prix de l’Équerre d’Argent remis par le Moniteur d’architecture et du Grand Prix National de l’Architecture remis par le ministère de la Culture. Jean Nouvel et Christian de Portzamparc ont tous deux reçu le grand prix AFEX. Ils ont également reçu le prix Pritzker, la plus haute distinction pour un architecte. C’est l’unique prix architectural international qui leur a été remis, Rudy Ricciotti n’ayant pas été lauréat d’un des prix internationaux choisis. Seul Jean Nouvel a reçu le prix de l’Académie d’architecture de France. L’architecte a notamment été lauréat d’autres prix : le Praemium Imperiale, le Prix Wolf d’architecture, la médaille d’or royale pour l’architecture du Royal Institute of British Architects…

| 74

« Dans le petit champ des Français « Pritzkerisables », aucune surprise : Christian de Portzamparc l’a eu le premier en 1994, Jean Nouvel le décroche en second, quatorze ans plus tard. Ç’aurait pu être l’inverse, tant les deux partagent le même statut de plus-grand-architecte-de-France.

Ce dimanche donc, à 62 ans, Jean Nouvel a enfin obtenu la seule médaille importante qui lui manquait. Les autres, il les a eues. L’Équerre d’argent ou le Grand prix national d’architecture français, le Praemium Imperiale japonais, pour ne citer que celles-là. Le Pritzker américain devait tôt ou tard venir compléter ce palmarès tant les choix de ce prix se portent habituellement sur des profils de ce type : connus, aboutis, internationaux.

Richard Rogers par exemple, était couronné l’an dernier mais ce fut aussi le cas auparavant de Piano, Koolhaas, Foster ou Pei, bref, d’une série de star de l’architecture. Nouvel, qui répond au profil, ne dépare pas dans cette galerie. Il l’a dit lui-même hier au figaro : intégrer le « club » du Pritzker est « une façon d’entrer dans une association d’amis ».84 Il a été récompensé par de très nombreux prix, nationaux ou internationaux. De tous ces prix, Frank Gehry n’a reçu que le prix Pritzker. Zaha Hadid, elle, avait été lauréate du Pritzker également, mais aussi du prix de l’union européenne Mies Van Der Rohe et celui de la revue le Moniteur d’Architecture, l’Équerre d’Argent, qui est un prix national français. Aucun des architectes cités ci-dessus n’a reçu une récompense des AJAP : créé en 1980 et récompensant les architectes de moins de 35 ans, Jean Nouvel (né en 1945) et Christian de Portzamparc (né en 1944) ne pouvaient pas y prétendre.

Seul Rudy Ricciotti pouvait prétendre recevoir une récompense des AJAP, puisqu’il avait 28 ans lors de la création du prix, et venait tout juste d’être diplômé.

83 cf. Annexe 22 84 VINCENDON (Sybille), « Jean Nouvel archi tête dure », Libération, le 1 er avril 2008

Captures d’écran des vidéos des cérémonies de remise du prix Prtizker

Le statut de l’architecte

Il est difficile d’affirmer que la remise de tel ou tel prix est un passage obligé pour accéder à la célébrité. Néanmoins, le prix Pritzker a été reçu par les architectes de notre panel, sauf Rudy Ricciotti. Cela ne veut pas dire qu’il ne peut prétendre à un certain succès dans sa profession. Par exemple, toutes les célébrités de la littérature ne sont pas Nobel. Le fait de recevoir des prix nationaux, cependant, semble être une des conditions d’accès à une notoriété certaine, du moins en France. La conclusion de la comparaison des prix reçus par les trois architectes n’est pas franchement marquée. Il est compliqué d’affirmer que tel ou tel prix permet un accès à la notoriété et au statut de starchitecte, mais nous pouvons affirmer qu’ils garantissent une reconnaissance par diverses formes d’instances et qu’ils permettent une couverture médiatique certaine pour ces architectes : les grands prix étant largement diffusés par la presse, ils sont gages de qualité auprès des profanes.

d. Les médias | 76

La consécration grand public, à côté des expositions, passe généralement par la généraliste et nationale. Les publications destinées au grand public sont significatives de la grande notoriété que peut obtenir un architecte, mais sont souvent limitées aux architectes déjà consacrés par leur profession (ayant reçu des prix, etc.). De plus, selon La culture architecturale des Français, dans le chapitre consacré à l’architecture, le peuple et l’architecte85 88% des jeunes architectes déclarent acquérir des connaissances architecturales via des magazines spécialisés, contre 70% des amateurs, 59% des intéressés et 25% des éloignés. Selon le même graphique, 15% des éloignés déclarent acquérir des connaissances via la lecture régulière de la généraliste, contre 40% des intéressés, 45% des amateurs et 34% des jeunes architectes. Dans le chapitre ne concernant pas les personnes étant dans le milieu de l’architecture, donc le grand public ou le public profane, L’architecture selon les Français, 13%86 des personnes interrogées déclarent acquérir des connaissances architecturales via les rubriques architecture des journaux quotidiens, 34% déclarent lire des magazines spécialisés d’architecture.

Les médias spécialisés, destinés donc aux architectes ou aux amateurs d’architecture, eux, sont représentatifs de la critique architecturale. La reconnaissance des pairs étant primordiale pour l’architecte, ces publications ont une importance fondamentale. Selon Alan Bowness « les artistes 85

cf. Annexe 20

86

cf. Annexe 23

Le statut de l’architecte

eux-mêmes sont toujours les premiers à reconnaitre un talent exceptionnel ». De la même manière que nous avons procédé pour la présence des architectes dans les musées, nous allons sélectionner des médias de généraliste et des revues spécialisés sur l’architecture et comparer les occurrences des trois architectes dans ceeux-ci. De cette façon nous pourrons analyser dans quelle mesure nos trois starchitectes sont représentés dans ces médias et pour quel public.

Pour la presse généraliste Française nous choisissons les médias suivants :

- Le journal Le Figaro, représentant en moyenne un lectorat de

1,972 millions de personnes en 2016 - Le journal Le Monde, représentant un lectorat de 2,8 millions de personnes en 2016 - Le parisien/Aujourd’hui en France représentant un lectorat de 2,258 millions de personnes87 Pour la presse spécialisée nous choisissons les médias suivants : mois,

88

- La revue Le Moniteur, diffusée en moyenne 36 874 fois par - AMC (le Moniteur d’architecture), diffusé en moyenne 11 324

fois par mois, - La revue l’Architecture Aujourd’hui, représentant environ 75 000 lecteurs dans le monde 89 - La revue d’Architectures, lue régulièrement par 43% des architectes, selon une étude Archiliste datant de décembre 2015.

En établissant un tableau comparatif90 des occurrences de chaque architecte dans chacun des médias sélectionnés, nous observons qu’ils sont logiquement très largement représentés dans la presse spécialisée, notamment dans les revues appartenant aux groupe Le Moniteur. Jean Nouvel est sans surprises l’architecte, parmi les trois, le plus représenté. Chacune de ces étapes représente une instance de reconnaissance. Nous observons que chacun des trois architectes semble répondre à chacune de ces étapes, ce qui leur permet de bénéficier de différents types de reconnaissances : la reconnaissance de leur profession et d’institutions via la remise de prix, qui semble être la consécration « ultime » pour un architecte, la reconnaissance de la critique via les médias spécialisés, et la reconnaissance du grand public via les médias généraux et les expositions. La notoriété et le prestige 87

Source : Alliance pour les chiffres de la presse et des médias

88

Idem

89

Source : A’A’, la revue en quelques chiffres

90

cf. Annexe 24

77 |

Le statut de l’architecte

peuvent donc être issus de diverses sources. Il semblerait alors qu’il existe une trajectoire typique que nous pouvons dans une certaine mesure observer chez Jean Nouvel, Christian de Portzamparc et Rudy Ricciotti.

Pourquoi ces architectes sont-ils alors considérés comme des stars de l’architecture et non comme des personnes ayant simplement eu du succès dans leur profession, ou ayant juste « bien réussi » ? Comme vu précédemment la star est un produit médiatique, populaire, dont le simple nom a un pouvoir. Une personne ayant une « sur-personnalité », rendant les hommes, ou par exemple ici de jeunes étudiants en architecture, envieux de sa condition. La star en architecture incarnerait la « vie de rêve ». Le fait typique du starchitecte serait donc cette hyper individualisation du personnage qu’il incarne, et l’utilisation de stratégies marketing et de communication au profit de son affaire.

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III. ÊTRE CÉLÈBRE ≠ ÊTRE UNE STAR

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Être célèbre ≠ être une star

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Les étapes étudiées nous permettent de concevoir le fait que les architectes considérés aujourd’hui comme des stars répondent à une trajectoire spécifique et plus ou moins commune, selon les parcours. Nous avons observé que celles-ci représentent différentes instances, qui elles même correspondent à différents types de consécration et de reconnaissance. Ces étapes mènent de façon certaine à la célébrité, et permettent à l’architecte d’obtenir l’attention de ses pairs, des médias et parfois du grand public.

Cette renommée, représentée par les étapes précédemment énoncées, est une condition préalable à une certaine notoriété. Néanmoins, elle ne justifie pas l’emploi du terme star pour qualifier certains architectes. En effet, être célèbre ne relève pas de la même chose que d’être une star. Certes, il existe un intérêt public (parfois nuancé) pour ces architectes qui est lié aux raisons de leur renommée, cependant le terme de star représente un type de personnalité à part entière, comme nous l’avons observé dans la partie deux. Elle représente un objet de culte appartenant à la société de consommation et est avant tout, dans le domaine du cinéma par exemple, un produit médiatique, cherchant l’attention des médias, répondant à des codes appartenant au marketing afin de toucher le public. Ainsi, la star de cinéma est toujours un acteur ou une actrice, mais elle est « enveloppée » de cette aura de star qui change son image. Le starchitecte est alors toujours un architecte mais, considéré et vu comme une star, il bénéficie d’une image autre, souhaitée ou non, et dont il tire profit, ou non. Il y a donc une nuance entre la célébrité et la star, puisque les architectes qualifiés tels quels répondraient alors à certains codes de la star de cinéma ou la star de mode, c’est-à-dire quelqu’un qui travaille sa propre image au profit de son activité en utilisant des moyens de communication particuliers. Cette nuance entre la simple notoriété et le starchitecte serait la manière de se représenter et d’être représenté, de gérer sa communication et son image à la manière d’une star de cinéma, c’est-àdire une maitrise parfaite de la chaine communicationnelle. C’est peut-être tout le paradoxe du starchitecte : au lieu de promouvoir les bâtiments qu’il construit, il promeut son image, son personnage, sa griffe. Le starchitecte, en considérant par ce fait qu’il est un type à part entière, serait un architecte qui considérerait donc son nom, sa signature, de façon plus importante qu’un de ses homologues, en intégrant son image dans un processus d’auto promotion à part entière. Comme une star de cinéma, il se doit de se laisser aller à des confidences sur ses goûts et ses pratiques, s’attacher à dévoiler son ressenti et ses idées « intimes » avec le public. Nait alors une image de créateur charismatique, théâtralisant sa personnalité.

A travers divers exemples, notamment celui de Jean Nouvel, l’architecte français le plus nommé dans les divers sondages étudiés, nous allons analyser la façon dont les architectes utilisent des outils de marketing

Être célèbre ≠ être une star

et de communication au profit de leur activité architecturale, ce qui rendrait pertinent le fait de les qualifier de stars, et de quelle manière l’interaction entre ces stratégies de communication et leur réception dans les médias contribuent à cette figure de star.

1. L’IMAGE Au cours des siècles la prise en compte de la signature architecturale a évolué. Les signatures d’architectes n’apparaissent que dans les années 1830 sur les façades des immeubles parisiens nouveaux, alors qu’auparavant le bâtiment était signé du nom de son propriétaire, qui prédominait sur l’architecte. Alors qu’avant la propriété intellectuelle n’était pas forcément reconnue, aujourd’hui « on tend vers l’inverse, c’est-à-dire une extrême représentation du concepteur dont la personnalité participe à la valorisation du bâtiment. Inscrite dans notre société qui encourage le vedettariat, l’architecture devient éponyme et les architectes des stars médiatisées et omniprésentes dans les débats culturels »91. L’architecture est davantage transmise au grand public par ses représentations que par ellemême. On fait connaitre une œuvre architecturale non pas forcément en la visitant mais en utilisant des photographies, les magazines, le book d’une agence, mais aussi via l’architecte qui utilise aussi des outils de représentation : monographies, portraits… Sur le site internet de nos trois architectes, Jean Nouvel, Christian de Portzamparc et Rudy Ricciotti, nous retrouvons à peu près le même schéma de présentation : une sélection de projets, des publications parlant de l’architecte et de ses créations, une brève présentation de l’agence et une bibliographie selon les cas. Le point commun primordial est la présentation ou la biographie de l’architecte. Pour Jean Nouvel et Christian de Portzamparc nous retrouvons le même type de biographie, plus étoffée pour Christian de Portzamparc, où sont sommairement expliqués leurs parcours respectifs, les prix et les récompenses qu’ils ont reçu au cours de leur carrière et les principales caractéristiques de leur travail. Ces deux biographies sont illustrées à chaque fois par un portrait de l’architecte, en noir et blanc. On note que le portrait de Jean Nouvel est copyrighté « JeanLoup Sieff », le photographe ayant réalisé ce portrait en 2000. Ce qui est intéressant c’est que Jean Nouvel n’est pas photographié par n’importe qui : Jean Loup Sieff était un photographe Français réalisant des portraits, des reportages photographiques ou des photos de mode, ayant reçu en 1992 le 91 GRAVARI-BARBAS (Maria), RENARD-DELAUTRE (Cécile), 2015, Starchitecte(s). Figures d’architectes et espace urbain/Celebrity Architects and Urban Space, op. cit., p 20

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Portrait de Jean Nouvel, réalisé par le photographe Jean-Loup Sieff, 2000

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Grand Prix National de la photographie. Il est notamment reconnu pour avoir réalisé des portraits de célébrités notables telles que Serge Gainsbourg, Catherine Deneuve, Coluche, Jean-Paul Sartre, Karl Lagerfeld, et les photos très célèbres d’Yves Saint Laurent, notamment l’iconique portrait nu du couturier qui a fortement marqué l’histoire de la mode et de la publicité.

Dans le dossier de presse concernant l’agence Jean Nouvel Design, un autre portrait de l’architecte est aussi présenté en grand, en noir et blanc, cette fois copyrighté Eliott Erwitt. Eliott Erwitt est, lui aussi, un très célèbre photographe, américain, ayant portraituré de nombreuses figures emblématiques du XXe siècle comme Jackie Kennedy ou Marilyn Monroe pour ne citer qu’elles. En choisissant des portraits réalisés par de tels photographes, et en le notifiant, nous pouvons imaginer l’architecte se trouvant au même rang que les autres stars photographiées par Sieff.

L’image que l’on transmet de soi est primordiale pour un architecte, autant que l’image de nos œuvres puisque c’est aussi ces représentations que verront nos éventuels clients. Diffuser une image de soi signifie se représenter au monde d’une manière spécifique : se montrer photographié par un photographe de renom, en noir et blanc, véhicule une image de marque. Cela force une forme d’inaccessibilité, sérieuse, sobre, différente que si l’architecte était représenté en couleur, souriant, à son bureau ou entouré de son équipe. Christian de Portzamparc est représenté de la même façon, posant l’air souriant sur une photo noir et blanc, en plus petite et de façon moins « imposée » que celle de Jean Nouvel qui, elle, est en toute largeur sur le haut de la page. Rudy Ricciotti est présenté différemment que ses deux homologues. Au lieu du « classique » couple biographie écrite/portrait photographique, on trouve sur la page « biographie » de son site internet un résumé des prix que l’architecte a reçu, sa date et lieu de naissance ainsi que les écoles où il a étudié. À la place de la photographie on trouve la vidéo Ricciotti constructeur, un documentaire réalisé dans le cadre de l’exposition précédemment évoquée Ricciotti architecte, présentée à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris en 2013. Dans ce document l’architecte explique sa méthode de travail et sa façon de s’emparer de chaque projet.

Cette vidéo était la clé de lecture de l’ensemble de l’exposition, puisqu’elle en était la séquence essentielle qui permettait de comprendre ensuite sa logique. Le documentaire vidéo donnait au visiteur les principales clés pour déambuler dans l’exposition. Elle n’est pas une classique monographie mais privilégie la force esthétique des projets et leur matérialité. Cette vidéo, quasi monologue, permet au visiteur de savoir qui est Rudy Ricciotti via l’explication de son travail, et non par une simple biographie et une photographie. Néanmoins, cela reste un travail d’image choisi puisque la vidéo dure quelques 20 minutes et est centrée sur le visage de Ricciotti sur fond noir. L’intérêt que l’on porte à l’architecte nous mène vers l’intérêt que l’on porte à ses œuvres, et inversement. On peut se reconnaitre, en tant qu’amateur, professionnel ou éloigné, dans un personnage plutôt que dans une œuvre architecturale, de la même manière que l’on s’identifie à des ac-

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Captures d’écran de la vidéo «Ricciotti constructeur»

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teurs plutôt qu’a un film. D’ailleurs, nous pouvons très bien nous dire « je vais aller voir la philharmonie de Paris parce que c’est le dernier bâtiment de Jean Nouvel ». C’est pour cela que l’image que véhicule un architecte de lui-même est importante. À travers cette image on voit qui est le créateur d’une œuvre architecturale, qui devient alors auteur. Cela nous permet de personnifier l’architecture, d’associer un nom puis un visage à un bâtiment qui fait l’actualité.

Cette image d’auteur ou d’artiste est parfois utilisée à des fins de marketing et de représentation. À travers Jean Nouvel particulièrement nous pouvons observer deux cas précis dans lesquels l’image d’auteur et l’image de créateur est utilisée : ses deux agences et la tour Ycone. Jean Nouvel n’est effectivement pas uniquement l’image de son agence, mais de deux.

En effet, un an après l’ouverture de son agence Atelier Jean Nouvel (AJN), il fonde l’agence Jean Nouvel Design (JND). Il joue ainsi sur tous les tableaux et accompagne son agence d’architecture d’un outil de rayonnement sur tous les fronts : le design, l’architecture intérieure et la scénographie ; autant d’activités se rapprochant de l’architecture en lui étant complémentaire, permettant à l’architecte d’être présent dans de nombreux domaines et de contrôler encore plus la diffusion de ses œuvres et de son identité.

Cette double activité renforce l’image d’artiste complet, d’autant plus que les deux pôles de son agence portent son nom, un choix évoquant la volonté de faire connaitre son patronyme, contrairement par exemple à Rem Koolhaas et son agence nommée OMA, ou le groupe Architecture Studio qui défendent une « philosophie du groupe pour une architecture de groupe »92.

Ce choix peut paraitre assez mégalo puisque derrière une agence, des dizaines, voire des centaines de personnes travaillent. Cependant, c’est très récurent dans le milieu de l’architecture, car l’utilisation de son nom permet d’affirmer sa personnalité et son charisme. Sur le site internet de JND, la présentation générale et le dossier de presse sont ponctués de phrases et citations de l’architecte. Les textes suivant les photographies des projets présentés sur le site sont signés par l’architecte. Le je est prédominant, a une portée symbolique : lorsque l’on parcourt le site, le créateur s’adresse directement à son public, à son client, à son visiteur, nous pénétrons ainsi facilement dans son univers. On ne peut ainsi jamais oublier qui est derrière tout cela : l’emploi de la citation personnelle est alors reçu comme une signature, comme un peintre qui signe son tableau. Sur le site internet de Christian de Portzamparc, les textes présentant ses créations sont parfois aussi ponctués de citations de l’architecte. Rudy Ricciotti, lui, se contente de présentations de projets uniquement via des photographies. Ici, l’architecte ne ressent pas le besoin d’agrémenter d’explications ou de citations ses projets : ils parlent pour lui. Cette attitude le différencie des deux autres, puisqu’il ne cherche pas nécessairement à promouvoir sa parole à travers son site internet, mais il promeut simplement ses réalisations. Cela montre 92

Site internet de l’agence : www.architecture-studio.fr/fr/agence/presentation (consulté le 22 mai 2018)

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peut-être une contre-volonté de « vendre » son image, de se représenter, soi, en tant qu’architecte, en focalisant plutôt sur le propre de l’architecture : les oeuvres réalisées.

Jean Nouvel ne se définit pas comme un artiste ni un designer mais comme un « architecte faisant du design » dans une citation apparaissant au premier plan de la présentation de JND. C’est donc l’architecte qui prime et c’est le point de vue de l’architecte qui accompagne toute la production de ses ateliers, cependant il véhicule l’image d’un artiste complet. Selon Véronique Biau dans Comment se faire connaitre et accéder à la commande : stratégies du paraître chez les architectes, développer une seconde activité est une stratégie de pure médiatisation car c’est un moyen pour l’architecte de récupérer une notoriété préalable. En créant cette seconde activité Jean Nouvel s’assure d’être présent sur tous les plans de son activité, et de se représenter comme le directeur artistique de toute sa production, se mettant à distance de l’image du « patron » et se plaçant plus comme un intellectuel ou un artiste que comme un boss.

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Selon Marion Taupe, « Jean Nouvel se positionne comme tous les starchitectes de sa génération, en termes de marché, d’attitude marketing et de types de commandes, notamment la commande publique […]. Il se retrouve aujourd’hui, comme tous les autres architectes stars de la commande publique, aux Émirats et en Asie. En somme, des projets éminemment médiatiques, photogéniques - ou « infogéniques » - ce que Charles Jencks nomme les « iconic buildings » dont l’intérêt premier est l’étonnement, le spectaculaire et le prestige au service de riches clients ou des gouvernements ». En effet, les attitudes marketing sont importantes et feraient partie de ces stratégies mises en place par les architectes ou par les clients afin de vendre leur produit. L’architecte peut être présenté comme un label de qualité afin de convaincre. Comme l’écrit le fondateur de l’Intercontinental Curatorial Project, Vladimir Belogolovsky « L’architecture, tout comme la mode et la parfumerie, le mobilier et la conception automobile, est devenue une marque. Une image ne peut plus être séparée de sa marque. Les Gehry, les Hadid et les Foster sont essentiels pour les villes globales, les identités d’entreprises et les identités d’universités comme les Picassos, les Warhols et les Calders le sont pour les Guggenheims, les MoMAs et les Tate Moderns du monde entier »93. Plusieurs architectes star ont collaboré avec des marques diverses, en créant un objet particulier pour elles ou en étant l’architecte récurrent de leurs boutiques, ou plus préci-

93 Citation originale : « Architecture, just as fashion and perfume, furniture and car design, has become branded.

No longer can an image be separated from its label. The Gehrys, Hadids, and Fosters are as essential for global cities, corporate identities, and universities’ prestige as the Picassos, Warhols, and Calders are for the Guggenheims, MoMAs, and Tate Moderns of the world » dans BELOGOLOVSKY (Vladimir), Conversations with Architectes, in the age of celebrity, DOM Publishers, 2015

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sément de leur flagship94 store. Le flagship store désigne littéralement le « magasin amiral » c’est-à-dire le magasin emblématique d’une marque, qui souvent jouit d’une identité puissante et reconnaissable. Selon Maria Gravari-Barbas et Cécile Renard-Delautre : « Au cours des années 2000, « l’architecture flagship » se développe et se charge d’un nouveau sens, en devenant l’un des outils marketing approprié par les grandes marques. Les « flagship stores » témoignent de l’association des marques à des architectes de renom (comme Prada, associée à Rem Koolhaas)95 ». Ces marques sont donc très souvent des marques de haute couture, synonyme de luxe.

Plusieurs évolutions, à la fois économiques et culturelles contribuent à des changements importants de la manière dont l’architecture est utilisée. Tout comme les objets, elle est proposée comme une expérience en soi, nous consommons des sensations et des expériences de vie. « Les bâtiments sont vus comme des publicités et des destinations96 ». C’est-à-dire que le bâtiment n’est plus simplement une pièce de notre environnement mais un « environnement signé » produit par des concepteurs « éponymes » qui apportent « non seulement la valeur à leur projet mais aussi, et souvent surtout, celle de leur signature »97. Tout l’environnement du magasin est alors dédié à la marque en question, on ne s’y rend pas uniquement pour acheter mais pour visiter. Le design du lieu est alors un outil stratégique que les marques utilisent avec soin afin de se donner une image globale via un bâtiment, sans avoir besoin d’autre chose. L’emploi d’un architecte reconnu pour les réaliser est alors quelque chose d’important : la notoriété et l’identité de celui-ci doit être en adéquation avec la marque qu’il va représenter via son bâtiment, donc adapté à une image de marque de luxe.

Plusieurs architectes stars ont donc réalisé des Flagship stores partout dans le monde notamment David Chipperfield pour Valentino à Rome et New York, MVRDV pour Chanel à Amsterdam, UNStudio pour Louis Vuitton au Japon, Zaha Hadid pour Stuart Weizman à Milan, Christian de Portzam94 Cette notion de flagship et sa définition première est commentée dans le livre de GRAVARI-BARBAS (Maria), RENARD-DELAUTRE (Cécile), 2015, Starchitecte(s). Figures d’architectes et espace urbain/Celebrity Architects and Urban Space, Paris, L’Harmattan, à la page 24 en ces termes : « Utilisé par la bibliographie anglo saxonne dés les années 1980, le terme de « flagship », pour désigner les projets de rénovation et de requalification des villes américaines (Bianchini, Dawson, et al. 1992), symbolise « la réussite qui ancre une image d’innovation et de créativité au milieu d’une ville revitalisée et restructurée » (Swyngedouw, et al., 2002) ; il désigne un bâtiment qui « agit comme une vaste enseigne publicitaire pour les lieux de son implantation, avec, comme message implicite, qu’il faut y dépenser ou y investir » (Smyth, 1994)[…] Il s’agissait alors de faire reposer la commun cation d’un projet urbain de grande envergure sur un équipement phare capable à lui seul de susciter l’intérêt. L’architecture n’était Alors pas spécifiquement mise en exergue, car le « flagship » reposait surtout sur un programme innovant et la promesse de nouveaux usages attractifs. C’est bien en termes d’alitions que le projet annoncé comme « flagship » nous renseigne ; en revanche il ne nous dit rien du projet construit. Si au départ, le projet « flagship » n’appelait pas nécessairement la création d’une icône architecturale, les potentialités démonstratives que le « coup » du Guggenheim de Bilbao a notamment permis de révéler ont précipité l’engouement vers ce nouveau mode de branding territorial.

95 GRAVARI-BARBAS (Maria), RENARD-DELAUTRE (Cécile), 2015, Starchitecte(s). Figures d’architectes et espace urbain/Celebrity Architects and Urban Space, op. cit. p 20 96 Ibid., p 144 97

Ibid.

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Parfum Yves Saint Laurent, Jean Nouvel / Projet Flagship Dior, Christian de Portzamparc / Chaussures Adidas Originals, Zaha Hadid / Flagship Store Stuart Weitzman, Zaha Hadid

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parc pour Dior à Séoul, Jean Nouvel pour Ruco Line à Rome. La notoriété de l’architecte profite à la marque pour laquelle il construit, mais l’inverse marche également : l’architecte construit un emblème pour une marque reconnue mondialement, donc qui génère une forte portée symbolique. En relookant une boutique, ou toutes celles de la marque comme Jean Nouvel pour Ruco Line, l’architecte répond à un défi contemporain majeur « celui de prolonger la mémoire et la spécificité des lieux, ou qu’ils se trouvent, tout en répliquant un concept et en affirmant une même marque, d’une ville à l’autre et d’un continent à l’autre98 ». L’architecte est alors le « représentant » de la marque à travers le monde, ce qui sert la notoriété de cette même marque, et, peut-être parce que le célèbre architecte a dessiné cette boutique, nous y allons, puis comme nous y sommes nous pouvons acheter un produit. Parfois même, outre les Flagship Stores, les architectes réalisent des créations pour des marques de mode comme Zaha Hadid avec des chaussures Adidas ou Lacoste, un sac Louis Vuitton ou Jean Nouvel des chaussures Ruco Line, un verre Suze, un parfum Yves Saint Laurent : « L’homme Yves saint Laurent by Jean Nouvel ». L’architecte est alors un personnage suffisamment important pour devenir l’ambassadeur ou l’emblème d’une marque, et y apposer son nom. Cette association marque/star est un procédé déjà bien connu de diverses enseignes qui utilisent des stars, de cinéma ou de mode, comme relais d’influence, des accélérateurs de notoriété, donc de ventes. Nous remarquons un point commun du monde des stars et celui de l’architecture, la différence, et pas des moindres, étant que l’architecte star produit toujours (un bâtiment ou un objet) quelque chose pour la marque tandis que la star apparaissant aux côtés d’une marque ne fait souvent qu’y apparaitre et utiliser sa notoriété. Dans les flagship ce n’est pas à proprement pour booster les ventes que l’architecte est utilisé mais plus pour son image et sa notoriété. Néanmoins, il existe des cas de figure où l’image de l’architecte et sa construction sont utilisées à des fins de marketing.

Nous pouvons prendre comme exemple la tour Ycone dans le quartier Confluence à Lyon, actuellement en construction, où le groupe Cardinal/Vinci utilise la parole de l’architecte, qui devient un argument de vente et un outil marketing. Jean Nouvel a été choisi pour ce projet via une commande directe, c’est-à-dire qu’il n’était pas en compétition avec d’autres architectes, c’est lui que la maitrise d’ouvrage voulait. L’architecte a imaginé la tour de 50 mètres ainsi que ses aménagements intérieurs, conçus avec des meubles qu’il a lui-même réalisé pour certaines marques comme l’étagère « Graduate », la table « 1=2 », son luminaire « Objective » et la chaise « Mia ». Ce bâtiment profite d’une promotion exemplaire de la part de Vinci, promotion centrée sur l’image de Jean Nouvel.

98

www.jeannouveldesign.fr

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Premièrement, le nom de la tour Ycone fait directement référence au mythe de la star. Cette pratique de naming est expliquée par Marie-douce Albert dans un article du Moniteur, paru le 23 octobre 2015 : « Ce qui à l’origine relevait du mécénat et consistait à associer un nom de marque à une enceinte sportive est devenu l’art de nommer des produits en tout genre. Il a donc ses règles : « de préférence, le mot doit être court pour être facilement mémorisable et reconnaissable à l’international, explique Emmanuel Racca […] Mais voilà qui est de plus en plus difficile à trouver car, sur internet, tous les noms de domaines sont pris. » Du coup, les seuls mots encore disponibles, et pour cause, seraient ceux qui n’existent pas. Enfin presque… Ainsi, ycone.fr renvoie à une marque de vêtements de sports. Bref, le naming, c’est kool et magyk. Mais parfois, c’est kretin.

Et puis un peu vain. Parce que ça n’empêchera jamais quiconque de dire : « moi j’habite dans le blockhaus près de la tour qui penche, derrière le machin rose »99. Cette pratique est empruntée au marketing commercial et permet donc de résumer le projet et ses intentions. Ce mot bref et facilement mémorisable est directement associé au « sous-titre » du projet : La Confluence by Jean Nouvel. Le starchitecte est ici directement lié à ce terme d’icône. Ça n’est pas juste la tour Ycone, toute la communication et la promotion de ce projet est organisée autour de ce slogan : affiches publicitaires, plaquettes, site internet. Ce n’est pas n’importe quel projet qui est vendu au public mais c’est la création d’une personnalité célèbre. L’architecte est clairement mis en valeur dans ce processus de vente à visée du grand public.

L’architecte et son geste architectural est clairement un argument de vente, et cela fonctionne parce que Jean Nouvel est, comme nous l’avons vu, connu de différents groupes et surtout par le grand public. La tour Ycone, la confluence par Peter Zumthor ne ferait peut-être pas le même effet sur les potentiels acheteurs, car l’architecte suisse n’est pas nécessairement connu du grand public mais des proches du milieu de l’architecture. Sur le site internet destiné aux potentiels acheteurs ou aux curieux, nous retrouvons la rubrique Ycone by Jean Nouvel, où l’architecte est présenté pour le public profane comme « L’un des architectes les plus novateurs de ce siècle »100.

Deux vidéos laissent la parole à Jean Nouvel lui-même afin qu’il explique le projet. Encore une fois, non seulement l’architecte mais aussi son image est placée au cœur du projet, mais parle directement aux potentiels clients.

De la même manière que sur son site internet, nous nous sentons proche de lui car à travers des vidéos ou des citations directes, Jean Nouvel nous parle.

Le spectateur peut alors se sentir en confiance puisqu’il n’y a pas d’intermédiaire réel entre le discours de l’architecte et lui, une distance étant tout de même instaurée par le format de la vidéo en question : toujours sobre, en noir et blanc, qui confère à la fois le caractère sérieux à l’architecte, et le côté créateur puisqu’il est le seul à parler de la tour. À travers cette opé-

99 ALBERT (Marie-Douce), « Le naming, c’est fantastyk », Le Moniteur, 23 octobre 2015 100

http ://www.laconfluenceby-jeannouvel.com/ycone-by-jean-nouvel/

Affiche publicitaire de la tour Ycone, La Confluence by Jean Nouvel

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ration de communication nous pouvons aisément observer la question de la starification et des stratégies de marketing au sein de la profession.

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À travers ces divers exemples nous pouvons apercevoir de quelle manière aujourd’hui se traduisent la notoriété et le statut de star en architecture. Le journaliste et architecte Valéry Didelon, dans un article101 pour la revue Criticat, dont il est un des fondateurs, s’intéresse à cette question de la communication en architecture, et au fait qu’elle tient aujourd’hui un rôle de plus en plus important dans le milieu. Nous avons de notre côté étudié la façon de communiquer de Jean Nouvel sur certains points, sa façon de se représenter. Cet architecte est une personnalité déjà consacrée, et nous voyons qu’effectivement de l’énergie est fournie au sein de son agence afin de mettre en valeur ses ateliers, à travers son image notamment. Il nous semble intéressant de constater que cette manière d’utiliser son image et des attitudes tenant du marketing commercial est un point commun aux starchitectes. D’après l’article dans Criticat, il semblerait que le fait de communiquer et d’y mettre les moyens serait quelque chose qui se démocratiserait, et ne soit pas le fait uniquement des starchitectes mais de plus en plus des jeunes agences d’architecture qui utiliseraient aisément ces nouveaux moyens, grâce aux nouvelles plateformes sociales qui sont notre quotidien aujourd’hui et dès les études, mais qui n’existaient pas il y a 10 ans de cela. « On peut définir ici la communication comme l’ensemble des moyens, les médias, mis en œuvre pour faire connaitre ou promouvoir le travail d’un architecte. Ceux-ci évoluent, s’accroissent, s’améliorent sans cesse, en particulier depuis qu’internet permet de diffuser l’information en temps réel et directement auprès du public »102. Les starchitectes déjà consacrés, et ce depuis un moment, sont donc à la page du XXIe siècle. Selon Valéry Didelon, « savoir bien communiquer est désormais l’une des premières qualités que l’on reconnait aux architectes qui réussissent ». Don, selon lui, réussite rime avec communication bien travaillée. Selon l’un des fondateurs de l’agence parisienne LAN, Umberto Napolitano, pris en exemple par le Journaliste « C’est un enjeu fondamental pour sa génération, mais cet investissement dans la communication n’a rien à voir avec du marketing ou de la recherche de clients ». Selon Valéry Didelon toujours, la communication serait aujourd’hui davantage axée sur le look et la représentation de soi, sur le développement d’une image de marque originale. Le journaliste émet une limite à cette tendance de l’auto-promotion, en soulignant le fait qu’à la place de vanter son propre savoir-faire, l’architecte pourrait plutôt avoir une voix importante sur de grandes orientations collectives. « Moins d’autopromotion et davantage de persuasion donnerait aux maitres d’œuvres non pas des places, mais LA place à laquelle ils aspirent dans la société. Il faut

101

DIDELON (Valéry), « Les architectes et la communication», Criticat n°16, automne 2015

102

Ibid.

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encore pour cela que les médias les y incitent, alors qu’ils cèdent parfois à la facilité - et au caractère lucratif - du publireportage. »103 Cette conclusion quelque peu critique nous amène à réfléchir sur la place qu’ont les médias dans la réception de cette image de star. Ils sont des médiums importants dans l’accès à la notoriété d’un architecte, nous l’avons vu, mais sont-ils une des raisons pour lesquelles les starchitectes en sont ? Les médias sont-ils une des causes de cette image, parfois mal reçue dans le milieu ? En effet, lors du sondage que nous avons réalisé auprès des trois groupes des étudiants en architecture en première année, les personnes plus avancées dans leur cycle d’étude et les personnes éloignées, nous avons demandé de quelle manière ils percevaient le mot « star » en une question fermée « Selon vous, le qualificatif « starchitecte » est-il : positif, négatif, ni l’un ni l’autre.104 ». Sur les 296 personnes interrogées presque la moitié, 48,3%, pensent que le qualificatif est péjoratif, 36,6% ni l’un ni l’autre et seulement 14% trouvent la qualification positive. Une question ouverte est posée ensuite, demandant aux questionnés de justifier leur réponse105. Parmi les personnes trouvant le terme positif, nous trouvons : « S’il y a du talent, et donc reconnaissance médiatique, pas de raison que ce soit péjoratif », « Ce n’est pas parce qu’une œuvre est plébiscitée qu’elle est mauvaise. De fait, il en va sans doute de même pour les artistes. En plus, je rêverai d’être qualifié ainsi un jour », « Ce sont des architectes qui ont su se démarquer et devenir célèbre », « Ce terme s'applique à des architectes qui sont connus plus ou moins bien du grand public et ce n'est pas plus mal. L'architecture reste un milieu élitiste et assez fermé. Si certains architectes réussissent à faire connaître leur travail, cela peut être fort utile », « Selon la qualité de son travail, la reconnaissance du «grand public» peut être légitime. ». Parmi les commentaires justifiants les avis jugeant péjorativement le terme de starchitecte nous trouvons, par exemple : « Négatif car un archi n’est pas une star dans le sens où il ne construit pas des bâtiments dans le but de se faire une renommée mais plutôt afin de répondre aux réels besoins d’une société », « Il renvoie au nom plutôt qu’au projet », « Pour moi c’est un qualificatif négatif car il reflète que l’architecte réalise beaucoup, il fait du beau avant de faire de l’architecture, sa signature est plus importante que la qualité pour le commanditaire », « Car aujourd’hui n’est plus possible de continuer à faire ce genre de bâtiments, nous nous trouvons dans la crise économique mais surtout environnementale, cette architecture ne sert qu’à choyer l’ego surdimensionnés de l’archi ! L’archi crée au service des gens et de la société et non au service de ses fantasmes…». Parmi les commentaires négatifs, les commentaires sont parfois très virulents envers l’image de star dont peut jouir un architecte. Il nous paraît cohérent de penser que ces starchitectes sont mal perçus du public via l’image véhiculée d’eux dans

103

Ibid.

104 cf. Annexe 25 105 cf. Annexe 26

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les médias, spécialisés ou généralistes, destinés au grand public ou destinés au public savant.

Nous allons questionner trois journalistes et/ou architectes écrivant dans des revues spécialisées, ou non, sur le rôle des médias dans la notoriété d’un architecte et sur le fait que ces médias pourraient éventuellement renvoyer au public savant et populaire une image négative de ces architectes stars.

2. LA RÉCEPTION DE L’IMAGE DE STAR

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Nous avons réalisé des entretiens guidés, avec trois personnalités du monde des médias : Philippe Trétiack106, Valéry Didelon107 et Olivier Namias108. Les trois journalistes et/ou architectes ont des profils différents : Philippe Trétiack est architecte et journaliste, il a été grand reporter pour le magazine féminin Elle, il est en charge de l’architecture pour Beaux-arts magazine, il écrit notamment pour Air France magazine et Elle décoration.

Il est aussi l’auteur d’un livre qui a fait sa notoriété dans le milieu de l’architecture : Faut-il pendre les architectes ?, publié en 2001 aux éditions Seuil.

Valéry Didelon, lui, est architecte principalement mais est aussi le co-fondateur de la revue Criticat, après avoir été membre de la rédaction de la revue Le Visiteur. Il est enseignant à l’école nationale supérieure d’architecture de Paris Malaquais. Pour sa part, Olivier Namias est journaliste indépendant et architecte. Il écrit pour divers magazines comme Les Échos ou Le Monde Diplomatique, et a écrit divers livres sur l’architecture. Nous avons préparé un guide d’entretien et rédigé des questions afin de pouvoir garder un fil rouge lors des entretiens : - En tant qu’acteur dans le milieu des médias, pensez-vous que le terme de star soit cohérent lorsqu’il est associé à un architecte ?

- En tant que journaliste, voyez-vous le rapport entre les médias et les starchitectes se modifier au cours du temps ?

106

cf. Annexe 27

107 cf. Annexe 28 108 cf. Annexe 29

Être célèbre ≠ être une star

- Selon un architecte cité par Véronique Biau : « Un type qui a une signature, il peut faire des merdes totales, la critique prendra soin de lui trouver des qualités ou des excuses. Cependant, elle ne se mettra jamais à examiner un projet qui ne sort pas d’une « plume » »109, pensez-vous que les médias jouent un rôle dans la starification d’un architecte ?

- Pensez-vous que les journalistes spécialisés dans l’architecture pourraient avoir un rôle révélateur des architectes peu connus ? Est-ce un tournant nouveau ?

- Selon Valéry Didelon : « Savoir bien communiquer est désormais l’une des premières qualités que l’on reconnait aux architectes qui réussissent »110. Pensez-vous que d’une certaine façon, mettre des moyens et de l’énergie dans la communication est un moyen nouveau mis en place afin d‘acquérir de la notoriété pour les architectes, notamment via l’image diffusée dans les médias?

- « Pour avoir signé un bâtiment contesté, Dominique Perrault s’est parfois fait tailler un short (très court). En un sens, c’est une réussite car si la BNF ne suscitait aucune colère, elle ne susciterait rien d’autre111 » cf. mémoire : Selon un certain groupe de personnes, l’image de star est perçue comme étant très négative : d’après vous quel rôle jouent les médias, et la presse spécialisée, dans la véhiculation de cette image ?

Ces questions nous permettent d’aborder différents sujets : la cohérence du mot star avec l’architecte, le rapport entre les architectes et les médias, le rôle des médias dans la starification d’un architecte, la communication en général, et la réception du terme starchitecte. Elles nous permettent d’aborder, lors des entretiens, d’autres sujets comme les similitudes du star-system du cinéma avec celui de l’architecture. Afin d’analyser les réponses à ces questions nous avons regroupé les réponses et avis des interviewés selon des thèmes généraux, évoqués ci-dessus.

109 Un architecte cité par BIAU (Véronique) dans Comment se faire connaitre et accéder a la commande : stratégies du paraitre chez les architectes, Centre de recherche sur l’habitat (CRH), Paris-La Défense, juillet 1994 110

DIDELON (Valéry), « Les architectes et la communication », op. cit. p 92

111

TRÉTIACK (Philippe), Faut il pendre les architectes?, Seuil, 2001

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Être célèbre ≠ être une star

a. Cohérence du terme starchitecte

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La première question permet en quelque sorte d’introduire le sujet général de l’entretien : les starchitectes. Les trois journalistes sont tous d’accord pour dire que le terme de star est cohérent lorsqu’il est associé à un architecte. Philippe Trétiack considère que l’architecte peut absolument être associé au terme de star : les starchitectes aujourd’hui ayant répondu à des étapes, notamment en ayant reçu le Pritzker Price. Ce prix, selon lui, participe à créer une catégorie à part des architectes qui l’ont, vis-à-vis de ceux qui ne l’ont pas. En quelque sorte les stars d’un côté et les architectes anonymes de l’autre. Il mentionne également le fait que ces architectes soient traités comme des stars, et, de ce fait, se comportent comme tels.

Olivier Namias évoque lui aussi une manière particulière de se comporter : « Je trouve que le mot star est justifié parce qu’ils sont pratiquement inatteignables, et avoir affaire à eux c’est quand même toujours très compliqué112 ». Pour Philippe Trétiack, cette association entre star et architecte est le résultat de phénomènes de starifications qu’il définit comme l’association de divers domaines comme la mode, la photographie, les arts et l’architecture ensembles. Pour lui : « Il y a des architectes qui font beaucoup de travail, qui sont connus dans le monde entier, si ça ce n’est pas des stars !113». On retrouve chez Olivier Namias cette idée de travail à l’international, puisque selon lui les starchitectes sont surtout des personnes ayant exporté leur travail partout dans le monde, et c’est ce qui rend ce statut légitime.

Pour ce dernier, cette image de star est liée à la communication et aux médias, car ce serait pour eux une façon simple de faire entrer la figure de l’architecte dans l’imaginaire du grand public. Selon Valéry Didelon, cette figure de star est également légitime car il ne considère pas que l’architecture soit un milieu à part, et qu’il n’y aurait alors aucune raison pour qu’il n’y ait pas de stars en architecture comme il en existe dans d’autres milieux.

Cependant, il considère que ce n’est pas du tout la même architecture qui est produite par un starchitecte et par un architecte : il n’y a pas les mêmes commanditaires, les mêmes budgets, les mêmes projets, donc pas le même métier, objectivement.

b. Rapport entre l’architecture et les médias 112 cf. Annexe 29 113 cf. Annexe 27

Être célèbre ≠ être une star

Le second thème des entretiens est la relation générale entre les médias et les architectes. D’après Olivier Namias, le lien est complexe entre les médias, les journalistes et les starchitectes, car il est compliqué d’obtenir des interviews avec ces stars : « Je dirai que c’est des gens qui n’accordent pas facilement d’interviews, ils n’ont pas tellement d’intérêt pour la presse architecturale, ça c’est clair chez Nouvel. Ils ne veulent pas trop discuter, ils sont vraiment à part en fait114 ». Les starchitectes ne prendraient donc pas tous forcément tous la peine d’envoyer des communiqués à la presse sur leurs projets. Selon Valéry Didelon, les relations entre les architectes et les revues sont compliquées. La presse architecturale présente un paradoxe, puisque les personnes fournissant leur contenu sont aussi ses lecteurs : les revues d’architecture ne sont quasiment lues que part des architectes. Les architectes ont de la pression car ils doivent être publiés pour être vus, et parce que le milieu de l’architecture se veut de plus en plus concurrentiel.

De leur côté, les revues dépendent beaucoup des architectes, pour obtenir l’iconographie d’un article par exemple. Il souligne également le fait que le paysage médiatique architectural et général a beaucoup évolué : il y a moins de supports, beaucoup de revues ont disparu et sont beaucoup moins lues qu’auparavant. De plus, le manque de moyens empêcherait les journalistes de faire des enquêtes sur des architectes peu connus, par exemple. Cela renforcerait la logique du star-system, puisqu’il serait plus facile de parler des starchitectes. Philippe Trétiack mentionne également le fait que « La presse crève ! 115», et qu’elle ne comprend pas l’architecture correctement,ne fait pas passer les bonnes choses, notamment le fait que l’architecture soit « traduire dans la forme bâtie les questions de société, ses changements ». Selon lui, la presse n’a pas cette culture et ne véhicule pas les bonnes choses sur l’architecture, alors que les français s’y intéresseraient volontiers. L’autre raison pour laquelle cette presse va mal est que l’architecture contemporaine n’est pas comprise dans le « roman national 116» de la France. De ce fait, les lecteurs de la presse généraliste ne s’intéressent pas, ou peu, à l’architecture, contrairement aux pays anglo-saxons ou aux États-Unis.

c. Le rôle des médias dans la starification En ayant abordé les « bases » du sujet, nous pouvons ensuite nous entretenir sur la raison pour laquelle nous avons interrogé ces personnalités : le rôle des médias dans la starification d’un architecte. Les trois journalistes ne sont pas d’accord du tout avec l’architecte cité dans le rapport de 114 cf. Annexe 29 115 cf. Annexe 27 116 cf. Annexe 27

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Véronique Biau, qui déclare que la critique ne prend pas le soin d’examiner les projets qui ne viennent pas d’une « plume », et ne s’intéresse qu’aux « grands projets ». Selon Philippe Trétiack, les journalistes en général ne parlent pas uniquement des projets qui sortent d’une plume, même s’il admet que la presse à tendance à parler des projets étant dans des courants mainstreams117, notamment, par exemple, les projets « où il y a un arbre sur le toit118 ». Les médias en général n’auraient pas vraiment leur rôle dans la starification d’un architecte, même si « un article est toujours bon à prendre ! » pour n’importe quel architecte. Selon lui, la presse n’est plus assez lue pour avoir un rôle dans la starification d’un architecte, d’autant plus que la presse architecturale n’est lue que par les gens qui s’intéressent déjà à l’architecture. Or, la star est une personnalité reconnue du grand public. Valéry Didelon n’est pas non plus d’accord avec l’architecte cité par Véronique Biau, même s’il est vrai selon lui que les médias ont tendance à s’intéresser en majorité aux personnes connues. D’après lui, s’intéresser à un architecte qui est le contraire d’une star demande beaucoup plus de travail. Pour écrire sur un architecte que l’on ne connait pas, il faut vraiment s’intéresser à lui, et avoir de vrais jugements sur son œuvre. Le journaliste sous-entend qu’il n’est pas forcément nécessaire de faire tout ce travail de recherche lorsque l’on parle d’une star, parce que nous connaissons déjà une grande partie de son œuvre, de son identité. Il donne un exemple intéressant à ce sujet, en parlant de la remise du Pritzker de Zaha Hadid : « J’ai écrit un article qui parlait de Zaha Hadid, le fait qu’elle ait eu le Pritzker. Il suffit de lire l’argumentaire du jury ! Pourquoi elle a eu le prix ? Parce qu’elle est une grande architecte. C’est une grande architecte parce qu’elle a eu le Pritzker. C’est un raisonnement…119 ». Mais les médias s’intéressent à ces starchitectes parce que les lecteurs, eux aussi, participent à cette tendance.

Une personne lira plus un article sur une star que sur un inconnu, parce qu’elle représente un repère rassurant. Selon Olivier Namias, il est aussi un peu normal de montrer des projets d’architectes qui ont déjà « pignon sur rue120 », même si selon lui il n’y a pas que les architectes connus qui sont publiés. Il évoque également la photo, qui est un des supports de communication principal de l’architecture : tous les projets, selon lui, ne sont pas photogéniques, même s’ils fonctionnent bien. Toujours d’après Olivier Namias, la principale raison pour laquelle ce sont les architectes stars qui sont les plus présents dans les médias destinés au grand public, c’est qu’il y a beaucoup plus de filtres dans ces médias-là. Lorsqu’un journaliste veut proposer un sujet d’article, il doit passer par le rédacteur en chef du média, qui va décider de la suite. Le journaliste n’est donc pas décisionnaire. Le déficit de connaissances en architecture se fait alors sentir : il est plus facile de 117 Phénomène de masse qui représente ce qui est d’actualité, ce qui est à la mode. Courant principal qui influe un large nombre sur la façon de s’habiller par exemple, et d’autres habitudes de consommation.

118 cf. Annexe 27 119 cf. Annexe 28 120 cf. Annexe 29

Jean Nouvel en couverture de magazines

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proposer un article sur un musée construit par un grand architecte, que sur un immeuble de logements, où l’une des qualités du bâtiment sont les coursives distributives… Le grand public entend « décoration » lorsqu’il s’agit d’architecture, alors il a besoin de choses simples à appréhender. Lorsque c’est trop subtil, il ne va pas forcément s’y intéresser. De façon générale, nous avons une façon simplifiée de parler d’architecture, alors nous communiquons des choses simples au public profane. Valéry Didelon aborde aussi le sujet de la simplification de l’architecture pour le grand public.

Selon lui, c’est dû à cela que les stars jouissent d’une image négative auprès du grand public, de façon générale. Les stars, selon lui, représentent mal le métier, ils sont vus comme étant les seuls protagonistes de leurs bâtiments, alors que la réalité est infiniment plus complexe. Ils ne sont pas des artistes décisionnaires de tout, comme pourrait le penser le public. Plus l’architecture est faite par de nombreuses personnes, plus nous la simplifions : « En fait, un bâtiment, c’est cent personnes. Et quand c’est cent personnes, c’est incompréhensible. Si vous expliquez à quelqu’un, si vous dites : « En fait, il y a bidule, il y a machin, il y a l’ABF, il y a le maire, et puis il y a… » Donc c’est quoi le moyen le plus simple ? C’est de dire qu’il y a un architecte. 121» Cette figure de star permet alors de communiquer auprès du public, et, lorsqu’elle est critiquée, l’architecte est alors le seul responsable, puisque son nom représente la totalité de son œuvre, alors que ça n’a jamais été aussi faux. Selon Valéry Didelon, ce système marche correctement, même s’il est mensonger, puisqu’il permet au grand public de comprendre et de s’identifier. Les médias parlent du maître qui a dessiné, alors que l’architecture n’est que rarement, voire jamais, le fait d’un génie ou d’un geste. Le rôle des médias selon lui devrait être l’inverse : reconnaitre l’architecture comme une pratique collective, sans cacher toute cette complexité. Néanmoins, ces figures de stars utilisées par les médias permettent à l’architecture de ne pas être un simple produit industriel : il subsiste comme cela un peu d’exceptionnalité dans l’architecture, une image d’auteur qui n’existe pas dans les milieux industriels comme l’industrie automobile, prise en exemple par le journaliste. Finalement, cette figure de star serait la seule chose que les médias auraient pour rendre visible l’architecture aux yeux du grand public.

La citation de l’architecte anonyme, cité par Véronique Biau, sous-entend que les médias ne parlent que des architectes très connus, des plumes. Il semble considérer que les médias, spécialisés ou non, ne parlent que des personnes connues, sans faire attention à l’architecture derrière. Il semble ne pas entretenir une vision aimable des médias ou des journalistes.

Pour Olivier Namias, c’est parce que l’architecte n’a pas été publié dans une revue, donc que cette citation résulte d’une sorte de frustration. Valéry Didelon insiste sur le lien entre la critique, les médias et les architectes.

Selon lui, les architectes ne comprennent pas que la critique est faite pour eux : les médias seraient les seuls interlocuteurs des architectes. « Je suis 121 cf. Annexe 28

Être célèbre ≠ être une star

intimement persuadé qu’un architecte a besoin de gens en face de lui qui ne soient pas ses larbins, qui ne soient pas ses représentants de commerce, qui soient ses interlocuteurs, qui lui disent ce qui ne va pas, qui lui disent ce qui va122. ». Les médias et la critique sont donc essentiels pour un architecte, qui ne peut pas forcément créer un réel dialogue avec d’autres acteurs de son milieu. Il ne peut pas réellement dialoguer avec ses clients, ni avec ses collègues, puisqu’il existe entre eux une relation concurrentielle. Valéry Didelon déplore le fait que les journalistes aujourd’hui « cirent les pompes 123» des architectes, et ne rentrent pas plus dans un schéma de dialogue/critique constructive. Le journaliste a aussi des intérêts à procéder comme cela : il doit garder sa place, il doit être invité aux inaugurations, etc. Le climat de la presse en général induit peut-être ce « stress », comme le dit Valéry Didelon. Néanmoins, il est tout de même intéressant et important d’interviewer une personne célèbre : la lumière de l’interviewé jaillit un peu sur l’intervieweur. Pour illustrer cela, le journaliste prend l’exemple d’un journaliste qui interviewerait le Président de la République : le journaliste devient celui qui a interviewé le Président de la République. Cela fonctionnerait de la même façon entre les journalistes et les starchitectes. Tout ceci représente une boucle qui parait compliquée à modifier, tant elle dépend de différents phénomènes venant autant des architectes que des médias.

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d. La communication via les médias Nous interrogeons ensuite les journalistes sur la communication des architectes, via les médias. Nous avons vu que les architectes, de plus en plus, communiquent afin de se faire voir ou de faire connaitre leurs œuvres.

Il serait intéressant de savoir si la presse généraliste et la presse spécialisée sont des médiums utilisés par les architectes. Selon Philippe Trétiack, c’est la moindre des choses de communiquer en architecture. Cependant, même si les architectes utilisent les médias pour se faire connaitre, ça n’est pas le principal facteur de communication. Pour lui, le principal c’est de communiquer via son agence : si les médias en parlent c’est toujours bien, sinon, tant pis. Aujourd’hui, selon lui, la communication se fait principalement via les réseaux sociaux, et il trouve cela formidable puisque cela permet à chacun de faire connaitre son travail au plus grand nombre, sans passer alors par l’intermédiaire que seraient les médias. En effet, nous pouvons observer que les architectes sont parfois présents sur diverses plateformes de réseaux sociaux tels que Instagram, ou Facebook : @ateliersjeannouvel, @jeannouveldesign, @frankgehry, @rpbw_architects (Renzo Piano 122 cf. Annexe 29 123 cf. Annexe 28

Capture d’écran www.jeannouveldesign.Fr

Être célèbre ≠ être une star

Building Workshop), parmi d’autres. Selon le journaliste, la communication est indispensable pour toute activité de création. De son côté, Valéry Didelon ne pense pas que les architectes communiquent vraiment via les médias. En effet, le principal public que vise un architecte n’est pas le grand public, ce sont les maîtres d’ouvrages : via les médias il pourrait montrer que quelqu’un d’extérieur, juge, fiable, le reconnait comme un bon architecte, reconnait son travail comme assez qualitatif pour être publié.

Or, les médias spécialisés sont majoritairement lus par les architectes euxmêmes, et sont une sorte de système de distinction à l’intérieur même de la profession. Les proportions de la communication dans l’architecture sont renversées et parfois disproportionnées aujourd’hui selon le journaliste. Il utilise l’exemple de Le Corbusier, qui faisait lui aussi de la communication.

Cependant, la communication venait par-dessus l’œuvre d’architecture. En tant que contre-exemple, il utilise l’architecte Bjarke Ingel’s, qui selon lui fait énormément de communication autour de son agence, mais pas d’une façon proportionnée par rapport à son œuvre architecturale. La communication est bien évidemment importante, mais elle ne doit pas prendre le dessus sur l’œuvre architecturale. D’après Valéry Didelon, aujourd’hui certaines agences d’architecture, souvent de jeunes agences, pensent d’abord à bien communiquer avant de penser à faire leur propre architecture. Cette critique est également présente dans son article publié dans Criticat, Les architectes et la communication, dont nous déjà avons parlé dans la partie 1 de ce chapitre. L’agence LAN, qu’il évoque également lors de l’entretien, se donne les moyens financiers et « communique avec maestria ». Le journaliste écrit : « Umberto Napolitano le revendique d’ailleurs : c’est un enjeu fondamental pour sa génération mais attention, précise-t-il, cet investissement dans la communication n’a rien à voir avec du marketing ou de la recherche de client. L’architecte fait preuve d’un pragmatisme résolu, mâtiné d’un peu de mauvaise conscience, sinon de mauvaise foi. À dessein ou pas, il ne distingue pas l’information et la représentation de la communication, ce qui est pourtant indispensable pour qui veut comprendre aujourd’hui où commence et s’arrête cette dernière. »124 Nous voyons alors que les médias peuvent participer à l’image de star dont peut jouir un architecte, néanmoins ils ne sont pas, ou plus, forcément utilisés par ces derniers pour communiquer.

La question de la communication est alors plus complexe, comme le souligne Valéry Didelon dans son article. Ce sujet revient aussi lors de notre entretien : aujourd’hui, outre les nouveaux moyens utilisés par les agences pour communiquer (comme les réseaux sociaux) les agences se dotent de professionnels de la communication. Certaines agences sont conscientes qu’aujourd’hui la communication est une compétence spécifique, que certains délèguent à des professionnels de ce sujet. Ces professionnels de la communication « facilitent le travail des journalistes, dont les moyens se 124

DIDELON (Valéry), « Les architectes et la communication», Criticat n°16, automne 2015

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réduisent de manière inversement proportionnelle, mais aussi établissent des liens directs entre élus, promoteurs et architectes. Pour le compte de ces derniers, elles organisent des visites et des inaugurations de bâtiments, des rencontres avec la presse spécialisée ou généraliste, réalisent des dossiers d’œuvres destinés aux maîtres d’ouvrage, éditent des livres plus ou moins sophistiqués […] S’appuyant sur des carnets d’adresse qui font leur réputation, elles deviennent des entremetteuses recherchées qui promettent à tous une notoriété qu’elles doivent en pratique réserver à quelques un125 » Au-delà de créer et superviser toute la communication d’une agence, les agences de communication ont un rôle véritablement important pour l’accès à la commande. Par exemple, Philippe Trétiack nous parle de Claudine Colin, la fondatrice d’une de ces agences de communication, qui s’occupe entre autres de Jean Nouvel, en ces termes : « Il n’y a pas de Jean Nouvel sans Claudine Colin ! Jean Nouvel, sans Claudine Colin, ça n’existe pas ! » Dans les grandes agences d’architecture, la communication est alors tellement importante qu’il est nécessaire d’employer des personnes qui s’occupent des books, des relations avec la presse, des relations publiques, des publications… Çe n’est pas réellement les architectes qui communiquent, mais des agences de communication qui s’occupent de la construction de leur image. Cela fait penser aux agents, dans le cinéma, qui s’occupent des acteurs et leur créent une image de star. Les médias de presse sont alors utilisés, mais ça n’est pas le médium le plus important pour ce faire. | 106

e. La véhiculation d’une image Nous avons remarqué dans notre sondage que les personnes jugent majoritairement le terme starchitecte de façon négative126. Nous avons demandé lors des entretiens si les médias spécialisés ou généralistes participaient à cette image négative de la star, notamment via des articles critiquant largement les starchitectes. Nous avons utilisé l’exemple de la Philharmonie de Paris, projet ayant fait jaillir de grandes polémiques, ou l‘architecte a beaucoup été critiqué, notamment via l’image de star qu’il véhicule : « Les caprices de l’architecte Jean Nouvel ont été évoquées pour expliquer ce dépassement hors normes…127 », « Muet pendant des mois, son architecte s’est décidé à monter le volume de son interprétation dissonante.128 », « Et les architectes ? Sont-ils prêts à remettre en question leur posture si fran125

Ibid.

126 cf. Annexe 25 127 LORET (Éric), GHYS (Clément), TION (Guillaume), « La philharmonie complètement à l’est », Libération, 16 janvier 2015 128 2015

SABBAH (Catherine), « Philharmonie de Paris : c’est l’architecte qu’on assassine… », Les Échos, 25 juin

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çaise d’auteur-artiste solitaire trop souvent revendiquée et, sans perdre leur âme, d’agir aussi en chefs d’entreprise ? »129, « Nouvel terrifie par son toujours-plus. On médit de lui, méchamment parfois, dans les allées du pouvoir : « Jean Nouvel, ce recordman du monde des dépassements d’honoraires, cet homme qui méprise l’argent public ! » Les plus aimables le prennent de haut : Nouvel le poète, irréel. Celui qui construit une œuvre mais qui en fait tant et trop, un perfectionniste, qui voudrait tout changer, tout le temps, qui se perd en esthétisme ! 130». Concernant ces critiques, Olivier Namias considère qu’elles sont écrites car la Philharmonie est liée au sujet de l’argent public, donc intéressent le public et les médias généralistes. Pour lui, nous ne retenons que les critiques négatives des architectes stars, car elles sont plus marquantes. Ces critiques sont aussi un moyen, d’après lui, pour rendre visible l’architecture aux yeux du grand public. Philippe Trétiack ne pense pas que les médias participent à cette image négative, selon lui, cette image est due à une forme de « haine » des gens qui réussissent en France, de l’argent, alors que ce sont des gens « formidables ». Pour lui cette image négative est due à une forme de jalousie, mais n’est pas due aux médias, car ils écrivent aussi beaucoup de bonnes choses sur les starchitectes, même si ce terme peut être pris comme une insulte, notamment par les architectes eux-mêmes. L’architecte est divisé en deux images : « les architectes ont un double aspect : c’est à la fois l’architecte des beaux-arts, anarchiste et bohème, et c’est en même temps le curé donneur de leçon, ingénieur.131 » Cette double image est aussi responsable de la mauvaise image dont peut jouir un architecte. Valéry Didelon, lui, mentionne une atmosphère générale venant de la montée du populisme en France qui pourrait être représentée aussi par la critique des élites de l’architecture, des starchitectes. Mais selon lui, cette critique négative n’est pas dominante face aux commentaires qui louent cette architecture, puisque, finalement, chacun rêve de faire un jour partie de cette élite. Pour lui, il existe un lien entre les starchitectes et les architectes anonyme, puisque, en reprenant l’exemple de Jean Nouvel, il est architecte comme n’importe quel architecte, finalement. Quand on parle de l’architecte Jean Nouvel dans les médias, l’architecte ordinaire se reconnait en lui, parce qu’il l’est aussi, architecte. Comme il y a un lien sociologique entre les deux, il ne peut vraiment exister une critique : on peut critiquer autant qu’on le voudra Jean Nouvel, il jouit d’une aura tellement forte en France que finalement, « tout architecte français reconnait en lui l‘architecte qu’il aimerait être.132 » Selon Philippe Trétiack, la critique est présente parce qu’il y a une grande méconnaissance de l’architecture. Il utilise des comparatifs avec le 129

Ibid.

130 ASKOLOVITCH (Claude), « Le chantier de la philharmonie de Paris qui les rend tous fous », Vanity Fair, 17 février 2015 131 cf. Annexe 27 132 cf. Annexe 28

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cinéma pour illustrer cela. Il compare les starchitectes tels que Renzo Piano, Jean Nouvel ou Norman Foster avec les grands réalisateurs de cinéma : Fellini, Scorsese… Ces derniers ne sont pas critiqués pourtant, dans leur milieu, ils sont de la même grandeur que les starchitectes dans le leur. On ne se rend tout simplement pas compte qu’ils sont de la même taille, parce que l’architecture n’est pas comprise dans la culture populaire, peut être ?

Un grand réalisateur est capable de gérer une immense équipe et de tenir un scénario, pour lui, les architectes font la même chose. De la même façon qu’il faut de grosses productions Hollywoodiennes pour faire exister le cinéma d’auteur, il faut des starchitectes et de la starchitecture pour faire exister l’architecture plus discrète et ses auteurs. Les starchitectes, selon lui, font certes du chiffre, mais ce qu’ils font ou ont fait surtout ce sont « des lendemains, il y a un avant et un après. 133», cela fonctionne de la même manière qu’au cinéma. Le tout est une question de distinction, tous ces milieux sont organisés de façon hiérarchique, il y a des anonymes, des stars, et entre les deux se confondent des centaines d’acteurs différents. Pour olivier Namias, cette différence de distinction entre le cinéma et l’architecture, c’est qu’il existe des cinéphiles qui s’intéressent, dans les films, au réalisateur bien sûr, mais également aux maquilleurs, aux scénaristes, etc. En architecture, il n’existe pas d’archiphiles, c’est à dire que personne ne saura qui a été le bureau d’étude, l’acousticien ou le carreleur de tel projet. Il n’y a pas de générique dans l’architecture, alors qu’au cinéma, celui-ci peut durer plus de dix minutes : tout le monde est crédité, jusqu’a la moindre troisième maquilleuse.

133 cf. Annexe 27

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Générique du film «Et dieu... Créa la femme»

CONCLUSION

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Conclusion

L’objectif de ce mémoire était d’appréhender le symbole du starchitecte de façon globale : comment les architectes se positionnent dans le star-system, quelles sont les conditions de ce succès et comment les médias donnent et reçoivent cette image.

En ayant analysé la façon dont le star-system architectural s’est créé, nous avons pu comprendre comment le statut de star est acquis par les architectes. Les starchitectes ont des trajectoires professionnelles similaires, ont reçu des prix qui concrétisent leur notoriété et sont, à minima, connus du grand public. Cependant, nous avons remarqué que le statut de star n’est pas seulement dû au fait de la célébrité. Il est le résultat d’une façon de se représenter particulière, en tant qu’auteur, en tant qu’artiste, et de la véhiculation de cette image par les médias, notamment la presse lue par le grand public.

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Ce statut est le résultat d’une boucle. D’un côté, les revues, pour des raisons économiques principalement, mais aussi du fait de la méconnaissance et la simplification de l’architecture, tendent à ne parler uniquement de ces stars : la presse généraliste met en avant les projets et les architectes qui vont attirer le regard du grand public. De l’autre côté, les architectes, dans un milieu de plus en plus concurrentiel, organisent de façon pointue leur communication, notamment en employant des entreprises dédiées.

Elles transmettent peu ou difficilement les informations sur leurs réalisations. La presse ne peut, de ce fait, proposer une réelle analyse critique, ou, du moins, plus difficilement. L’un dans l’autre, c’est l’image de l’architecte qui en pâtit : nous l’avons remarqué dans le sondage que nous avons réalisé, les starchitectes ne jouissent pas toujours d’une image positive, tant auprès de leurs pairs que du grand public. Cette image est due au fait qu’ils adoptent des comportements de star, appartenant à une élite, mais aussi à la réaction indépendante des médias. Cette figure de star permet d’ignorer la complexité du métier, en plaçant l’architecte comme décisionnaire de tout, alors qu’une réalisation architecturale est le résultat d’interactions entre une infinité d’acteurs différents.

L’architecture a son lot de stars, mais elle n’est pas encore assez démocratisée au point d’inscrire l’une d’elles dans l’imaginaire populaire, comme peut l’être une star de cinéma ou de mode. Lorsqu’il s’agit des experts du milieu, ils ont, eux, les outils suffisants pour développer un réel regard critique à propos de l’idée de starchitecte, et le considèrent généralement trop éloigné de leur pratique de l’architecture.

Conclusion

Dans le star-system, chacun adopte un rôle : Ricciotti le méridional, le gros caractère, Zumthor l’ermite, un peu snob, Nouvel, la tête dure de l’architecture. Chacun joue son rôle, mais ce sont tous des stars, à l’échelle de leur milieu. Ces architectes ont tous une carrière à l’international, développent une image d’auteur, ont une renommée mondiale (sauf, peut être, pour Rudy Ricciotti) et sont connus du grand public. La question qui nous est posée, finalement, n’est pas nécessairement la construction de ce terme, mais plutôt sa légitimité : pouvons-nous réellement considérer une personnalité comme une star, alors qu’elle n’est pas totalement ancrée dans l’imaginaire collectif ?

Les analyses des trajectoires des architectes choisis, leur façon de se représenter et le questionnement de trois personnalités évoluant dans le milieu des médias nous ont permis de relever quelques paradoxes concernant ce terme de star. Est-il légitime, finalement ?

Marion Taupe constate dans son mémoire que « les pairs ne portent pas un regard de « fan » sur les starchitectes, contrairement aux acteurs de cinéma, cependant la « sur-personnalité » est présente puisque l’on observe un personnage qui n’est pas celui du quotidien 134». Dans les revues généralistes, elle constate que les portraits consacrés aux stars de l’architecture orientent la description des architectes sur des points de leur personnalité, et non uniquement sur leur identité architecturale. Ainsi, des anecdotes sur leur vie personnelles sont utilisées afin de familiariser le lecteur avec l’architecte dont il est question. Le look, le caractère, le style de l’architecte sont utilisés pour que le lecteur s’identifie à lui, remarque que c’est un être humain, qui a, comme lui, des failles, mais qu’il a conçu des œuvres. Si la presse spécialisée ne s’intéresse pas particulièrement à ces anecdotes personnelles mais plus largement aux réalisations, la presse générale les valorisent en associant ces traits de caractère aux œuvres de l’architecte. « C’est là que nous retrouvons le facteur communicationnel de l’architecture : la production de l’architecte a créé une iconographie dans l’imaginaire du public auquel il fait référence lors de la lecture d’un portrait. L’architecture est média, et cela davantage que la personne elle-même135 ». Certes, la presse parle de ces starchitectes, mais est-il cohérent d’employer ce terme tandis qu’uniquement 10%136 des français savent spontanément citer le nom d’un grand architecte vivant ?

Une dernière comparaison avec le cinéma nous permet d’y voir plus clair. Selon Edgar Morin, dans son ouvrage Les Stars137, le cinéma, lorsqu’il n’est plus qu’un loisir parmi tant d’autres, se voit séparé en deux : 134

TAUPE (Marion), Le star-system & la consécration en architecture, op. cit. p 44

135

Ibid.

136

Sondage Ipsos, Les français et l’architecture, op. cit. p 58

137

MORIN (Edgar), Les stars, op. cit., p 13

113 |

Conclusion

d’un côté le cinéma indépendant, représenté par la Nouvelle Vague (19591962) et par le cinéma New Yorkais. Ces films n’ont pas de gros budgets, traitent des sujets sociaux, favorisent le regard de l’auteur : l’acteur n’y est pas mis en avant. Cette catégorie de film est saluée par la critique et remporte tous les prix d’estime. De l’autre côté se trouve le cinéma spectaculaire, de grosses productions. Ce type de film est incarné par des stars, dont elles sont la substance principale. Ces deux cinémas ne sont pas hermétiques et coopèrent. Concernant les films à petit budgets, les stars ne peuvent pas réellement y exister car les principes économiques et esthétiques tendent à exclure l’image de la star. Dans les films spectaculaires, la star est admirée.

La star dans le cinéma est maintenant un des principaux critères de motivation pour le spectateur d’aller au cinéma : elle est donc fabriquée et modelée pour plaire au spectateur. Certaines de ces stars jouent dans des films peu populaires, des films d’auteurs, car c’est grâce à eux qu’elles conservent ce statut, mais c’est grâce aux films populaire qu’elles l’acquièrent. Or, ces films populaires sont souvent considérés comme un art « illégitime ».

| 114

Associer le terme de star à l’architecte, indirectement, c’est lui conférer la création d’œuvres « illégitimes », et populaires. Ce qui ne nous semble pas être une vérité. Là se trouve l’abus de langage concernant ce terme de star. Malgré tout, il construit une figure reprenant l’idéal de l’architecte-artiste, de l’architecte-auteur dans l’imaginaire collectif : la star de l’architecture semble être, aux yeux du public, la seule version possible de la figure de l’architecte. Cette figure éloigne, paradoxalement, les starchitectes de la première des instances de consécration : les pairs. Les architectes du quotidien se trouvent à l’opposé de ces attitudes de star, que ce soit des attitudes de marketing, de communication, ou une manière de se représenter. Une critique experte existe alors autour de l’architecture produite par les starchitectes : architecture objet, architecture iconique, architecture décontextualisée, hors budget, déloyale. Les revues d’architecture décrient ces sujets, en en faisant, paradoxalement, la publicité. Finalement, ces attitudes venues d’autres milieux, et l’apparition de l’image de star dans l’architecture pourraient être bénéfiques à l’architecture du futur : en les employant d’une façon plus raisonnée, il serait peut être possible de promouvoir une architecture différente, mieux communiquée, donc plus appréciée.

Il nous semble à la fois logique et à la fois problématique de considérer un architecte comme une véritable star. Dans son milieu, il peut être reconnu, célébre. Mais le terme de star renvoie directement à la reconnaissance du grand public, or nos starchitectes ne sont pas tout à fait des stars pour lui. Ce mot n’est alors pas justement employé. Les paradoxes concernant ce terme de star, et le fait que l’architecte ne puissent pas réellement en être une viennent, il nous semble, du fait que l’architecture, même avec ses stars, n’est pas encore comprise dans la culture de masse, comme le cinéma, qui, lui, l’est. elle n’est pas réellement un spectacle, même si nous la cotoyons tout les jours. Elle n’est pas incluse dans l’ensemble des pro-

ductions, des pratiques, des valeurs modelées par les agents de l’industrie culturelle. L’architecture n’est pas une industrie, elle n’est pas capable de rassembler un très grand nombre de personnes devant une même oeuvre, elle n’est pas reproductible.

L’architecture aurait besoin d’être comprise dans la culture de masse pour légitimer entièrement ce statut de star, or, elle ne l’est pas.

Mais n’est-ce pas, justement, ce qui permet de ne pas remettre en cause son bien-fondé ?

« Qu’on se le dise, l’architecte se doit d’être la sentinelle de la ville, il est en à la fois le gardien et le poète. Ce n’est pas l’élu ou le promoteur qui doit faire la ville, eux la produisent, c’est à lui de prendre ses responsabilités, c’est lui le chevalier romantique et courageux, c’est l’architecte. Certains verront dans ces propos un air suranné et corporatiste. Être désuet je veux bien mais corporatiste, sûrement pas, faut pas déconner quand même. Il ne s’agit pas de l’architecte démiurge au-dessus de tout qui, habité d’une grâce divine grotesque, décrète le projet, mais plutôt de celui qui prend comme matière première le temps, les personnes et le vent, qui les écoute, s’y confronte aussi pour en conscience proposer in fine des pistes radicales fortes et simples. Rien n’est plus dur que de faire simple. Chacun doit pouvoir se sentir acteur de ce processus pour qu’à terme, il bouleverse notre vision et invente un nouvel espace. Alors, enfin, l’architecte disparaît et il ne reste plus que l’architecture.138 »

138 POITEVIN (Matthieu), « Ode à l’architecture », A’A’ L’architecture aujourd’hui, n°412, mai 2016

ANNEXES

117 |

Table des annexes

TABLE DES ANNEXES

Annexe 01 - Groupe A question 01 120 Annexe 02 - Groupe B question 01 121 Annexe 03 - Groupe C question 01 122 Annexe 04 - Tous groupes question 01 123 Annexe 05 - Groupe A question 02 124 Annexe 06 - Groupe B question 02 125 Annexe 07 - Groupe C question 02 126 Annexe 08 - Tous groupes question 02 127 Annexe 09 - Jugement global concernant l’architecture française actuelle 128 Annexe 10 - Niveau d’information sur le métier d’architecte 128 Annexe 11 - Notoriété spontanée des grands architectes vivants 129 Annexe 12 - Notoriété assistée des grands architectes vivants 129 Annexe 13 - Connaissance des architectes par les français 130 Annexe 14 - Connaissance des architectes selon les familles 130 Annexe 15 - Construction les plus emblématiques de l’architecture actuelle 131 Annexe 16 - Groupe A question 03 131 Annexe 17 - Groupe B question 03 132 Annexe 18 - Groupe C question 03 133 Annexe 19 - Tous groupes question 03 134 Annexe 20 - Modes d’acquisition de connaissances relatives à l’architecture par famille 135

119 |

Table des annexes

Annexe 21 - Tableau récapitulatif des occurences dans les musées 136 Annexe 22 - Tableau récapitulatif des honneurs reçus 136 Annexe 23 - Modes d’acquisition de connaissances architecturales selon les familles 137 Annexe 24 - Tableau récapitulatif des occurences dans les médias 138 Annexe 25 - Tous groupes question 04 138 Annexe 26 - Réponses ouvertes question 04 139 Retranscription de l’entretien avec Philippe Trétiack 147 Retranscription de l’entretien avec Valéry Didelon 157 Retranscription de l’entretien avec Olivier Namias 169

| 120

Annexes

Annexe 01

ANNEXE 01 Groupe A - Question 1 Citez 5 architectes star français 40

Jean Nouvel Le Corbusier Christian de Portzamparc

16

Rudy Ricciotti Dominique Perrault Auguste Perret

8 8 8

Jean Prouvé Violet-Le-Duc Paul Andreu Jean Michel Wilmotte

9 9

Ar

Christian d

5 5

Garnier

4 4

Ludwig Mies Van Der Rohe

| 122

28

Gustave Eiffel Renzo Piano

2 2 2 2

Jacques Ferrier Marc Mimram Franck Gehry Charlotte Periand

Domi

A

3

Jean Mi

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Andrea Palladio Norman Foster Odile Decq Tadao Ando Zaha Hadid Jacques Herzog et Pierre De Meuron Shigeru Ban Bernard Huet Claude Parent Gilles Clément Oscar Niemeyer Patrick Bouchain Sebastien Le Prestre de Vauban Paul Chemetov 0

Ludwig Mies

G

J

Cha

A

N

5

10

15

20

25

30

35

40

Jacques Herzog et Pier

G

O

Pat

Sebastien Le Pres

P

Annexes

Annexe 02

ANNEXE 02 Groupe B - Question 1 Citez 5 architectes star français Jean Nouvel Christian de Portzamparc Le Corbusier Rudy Ricciotti Dominique Perrault Lacaton Vassal Jean-Michel Wilmotte Jean Prouvé

42

28

60

L2-L3

168

104 74 73

Ch

22 21

Odile Decq Patrick Bouchain Auguste Perret Gilles Perraudin Viollet-Le-Duc

16 15 11 10 8 8 8 7 7 7 6 5 5 4 4 4 4 3 3 3 2 2 2 2 2 2 1 1 1 1 1 1 1 1

Renzo Piano Edouard François Claude Parent Paul Chemetov Jacques Ferrier Andreu Bernard Tschumi LAN Yves Lion Herzog et De Meuron Michelin Marc Mimram Fernand Pouillon Tony Garnier Blondel Emanuelle Gautrand Franck Gehry Claude Nicolas Ledoux Charlotte Perriand Daniel Liebeskind Zaha Hadid Architecture Studio Gustave Eiffel Philippe Starck Haussmann Frédéric Borel Yona Friedman Norman Foster Rem Koohlaas Peter Zumthor 0

123 |

30

60

90

120

150

180

Annexes

Annexe 03

ANNEXE 03 Groupe C - Question 1 Citez 5 architectes star français Jean Nouvel

21

Rudy Ricciotti

12

Christian de Portzamparc

10

Je ne sais pas

7

Jean-Michel Wilmotte

Christ

6

Dominique Perrault

5 5

Philippe Starck Renzo Piano

| 124

Pas d

29

Le Corbusier

Jea

D

3

Viollet-Le-Duc

2 2 2 2

Jean ProuvĂŠ Norman Foster Gustave Eiffel Santiago Calatrava

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Yona Friedman Philibert Delorme Peter Zumthor Patrick Bouchain Odile Decq Pierre Lescot David Mangin LAN Antonin Gaudi Auguste Perret Haussmann 0

5

10

15

20

25

30

Annexes

Annexe 04 ANNEXE 04 Tous groupes - Question 1 Citez 5 architectes star français 237

Jean Nouvel Christian de Portzamparc

130 123

Le Corbusier Rudy Ricciotti

94

Dominique Perrault

74

Lacaton Vassal

42 39 32

Jean-Michel Wilmotte Jean Prouvé Auguste Perret

Ré

24 23 20 17 13 12 11 9 9 8 8 7 6 6 6 6 6 5 5 4 4 4 4 4 4 3 3 3 3 2 2 2 2 2 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Odile Decq Viollet-Le-Duc Patrick Bouchain Renzo Piano Paul Andreu Gilles Perraudin Claude Parent Jacques Ferrier Edouard François Paul Chemetov Je ne sais pas Bernard Tschumi LAN Marc Mimram Gustave Eiffel Philippe Starck Yves Lion Herzog et De Meuron Michelin Fernand Pouillon Franck Gehry Norman Foster Garnier Ludwig Mies Van Der Rohe Tony Garnier Blondel Emanuelle Gautrand Charlotte Perriand Claude Nicolas Ledoux Daniel Liebeskind Zaha Hadid Architecture Studio Yona Friedman Peter Zumthor Haussmann Frédéric Borel Rem Koohlaas Andrea Palladio Tadao Ando Zaha Hadid Shigeru Ban Bernard Huet Sébastien Le Pestre de Vauban Santiago Calatrava Philibert Delorme Pierre Lescot David Mangin Antonin Gaudi Haussmann 0

125 |

50

100

150

200

1

250

300

Annexes

Annexe 05

ANNEXE 05 Groupe A - Question 2 Citez 5 architectes qui vous font penser starchitecte Franck Gehry

21 21

Zaha Hadid Jean Nouvel

18

Le Corbusier

15

Renzo Piano

14

Rem Koohlaas

8 8 8

Alvaro Siza Franck Lloyd Wright Mies Van Der Rohe

5 5

Tadao Ando

| 126

5

Peter Zumthor

4 4

Norman Foster Oscar Niemeyer

3 3

Richard Rogers Jacques Herzog et Pierre De Meuron

2 2 2 2

Rudy Ricciotti Santiago Calatrava Shigeru Ban BIG

Jacques Herz

1 1 1

Dominique Perrault Violet-Le-Duc Sanaa

1 1 1 1

MVRDV Coop Himmelblau Lina Bo Bardi Philippe Starck 0

5

10

15

20

25

30

Annexes

Annexe 06

ANNEXE 06 Groupe B - Question 2 Citez 5 architectes qui vous font penser starchitecte Zaha Hadid

L2

134

Franck Gehry

126

Jean Nouvel

83

Norman Foster

56

Renzo Piano

52 51 49

Bjarke Ingelâ&#x20AC;&#x2122;s Rem Koohlaas Herzog & De Meuron

34

Le Corbusier

17 14 13 12 12 12 10 10 10 9 9 8 7 7 6 6 5 5 4 4 4 3 3 2 2 2 1 1 1

Tadao Ando Sanaa Sou Fujimoto MVRDV Rudy Ricciotti Franck Lloyd Wright Louis Kahn Shigeru Ban Ludwig Mies Van Der Rohe Daniel Libeskind Peter Zumthor Alvaro Siza Santiago Calatrava Alvar Aalto Oscar Niemeyer Christian de Portzamparc Philippe Starck Coop Himmelblau Ieoh Ming Pei Kengo Kuma Aires Mateus Richard Rogers Dominique Perrault RCR Toyo Ito Edouardo Souto De Moura Jean-Michel Wilmotte Richard Neutra 0

127 |

L

28

56

84

112

140

Annexes

Annexe 07

ANNEXE 07 Groupe C - Question 2

Pas du milieu/archi générau

Citez 5 architectes qui vous font penser starchitecte Zaha Hadid Je ne sais pas

Zaha Hadid 15 Jean Nouvel 15

13

Franck Gehry

Je ne sais pas 13

11

Renzo Piano

Franck Gehry 11

9

Philippe Starck

Renzo Piano 9

8

Norman Foster

Philippe Starck 8

7

Norman Foster 7

4 4 4 4

Bjarke Ingel’s

| 128

Architectes cités

15 15

Jean Nouvel

Herzog & De Meuron Antonin Gaudi Oscar Niemeyer

Bjarke Ingel’s 4 Herzog & De Meuron 4 Antonin Gaudi 4 Oscar Niemeyer 4

3

Le Corbusier

Le Corbusier 3

2 2

Tadao Ando Ludwig Mies Van Der Rohe

Tadao Ando 2 Ludwig Mies Van Der Rohe 2

1 1 1 1 1 1 1 1

MVRDV Sanaa Franck Lloyd Wright Dominique Perrault Peter Zumthor Chipperfield Sir Edouard Luydens Bofill 0

MVRDV 1 Sanaa 1 Franck Lloyd Wright 1 Dominique Perrault 1 Peter Zumthor 1 Chipperfield 1 Sir Edouard Luydens 1 4

8

12

16

Bofill 1

Annexes

Annexe 08 ANNEXE 08 Tous groupes - Question 2 Citez 5 architectes qui vous font penser starchitecte Zaha Hadid

170 158

Franck Gehry

116

Jean Nouvel

75

Renzo Piano Norman Foster

57

Bjarke Ingelâ&#x20AC;&#x2122;s

57 57

Rem Koohlaas

41

Herzog & De Meuron

35

Le Corbusier

21

Tadao Ando

19

Franck Lloyd Wright Ludwig Mies Van Der Rohe

16

Sanaa

15

Alvaro Siza

15

MVRDV

14

Rudy Ricciotti

14

Peter Zumthor

14

Oscar Niemeyer

14 14

Philippe Starck Je ne sais pas

13

Sou Fujimoto

12

Shigeru Ban

12

Louis Kahn

10

Daniel Libeskind

9

129 |

9

Santiago Calatrava

6

Alvar Aalto Richard Rogers

6

Christian de Portzamparc

5

Coop Himmelblau

5

Ieoh Ming Pei

4

Kengo Kuma

4

Dominique Perrault

4

Antonin Gaudi

4

Aires Mateus

3

RCR

2

Toyo Ito

2

Edouardo Souto De Moura

1

Jean-Michel Wilmotte

1

Richard Neutra

1

Viollet Le Duc

1

Lina Bo Bardi

1

David Chipperfield

1

Sir Edouard Luydens

1 1

Ricardo Bofill 0

45

90

135

1

180

Annexes

Annexe 09 Source :Sondage IPSOS, Les français et l’architecture, AMC Le Moniteur architecture n°209, juillet 2011

ANNEXE 09 Jugement global concernant l’architecture française actuelle Globalement diriez-vous que vous aimez l’architecture française actuelle?

22 %

Oui, tout à fait

54 %

Oui, plutôt

12 %

Non, plutôt pas

9%

Non, pas du tout

3%

Ne se prononce pas 0%

| 130

15 %

30 %

45 %

60 %

Annexe 10 Source :Sondage IPSOS, Les français et l’architecture, AMC Le Moniteur architecture n°209, juillet 2011 Globalement diriez-vous que vous aimez l’architecture française actuelle?

Oui, tout à fait

22 %

Oui, plutôt

54 %

Non, plutôt pas

12 %

ANNEXE Non, 10 pas du tout

9%

Niveau d’information sur métierpas d’architecte Ne seleprononce

3%

Vous sentez vous trés bien, plutôt bien, plutôt mal ou très mal informé sur le métier d’architecte et sur les prestations qu’il propose aux particuliers souhaitant construire une maison?

11 %

Trés bien informé

29 %

Plutôt bien informé

39 %

Plutôt mal informé

16 %

Trés mal informé

5%

Ne se prononce pas 0%

10 %

20 %

30 %

40 %

ANNEXE 08

Niveau d’information sur le métier d’architecte

Vous sentez vous trés bien, plutôt bien, plutôt mal ou très mal informé sur le métier d’architecte et sur les prestations qu’il propose aux particuliers souhaitant construire une maison?

!3

Annexes

Annexe 11 Source :Sondage IPSOS, Les français et l’architecture, AMC Le Moniteur architecture n°209, juillet 2011

ANNEXE 11 Notoriété spontanée des grands architectes vivants Pouvez-vous citer des noms de grands architectes vivants, français ou étrangers?

Jean Nouvel

9%

Le corbusier

7%

Ieoh Ming Pei

3%

Christian De Portzamparc

1%

Jean Michel Wilmotte

1%

Roland Castro

1%

Oscar Niemeyer

1%

Ricardo Bofill

1%

Pouvez-

Chris

2%

Autres

Jea

45 %

Aucun

38 %

Ne se prononce pas 0%

10 %

20 %

30 %

O

40 %

50 %

N

Annexe 12 Source :Sondage IPSOS, Les français et l’architecture, AMC Le Moniteur architecture n°209, juillet 2011

ANNEXE 12 Notoriété assistée des grands architectes vivants Pour chacun des architectes suivants, dites moi si vous le connaissez, ne serait-ce que de nom 36

Jean Nouvel

64

17

Roland Castro

83

13

Jean Michel Wilmotte

87

Nicolas Michelin

12

88

Paul Andreu

12

88

Christian de Portzamparc

9

91

Antoine Grumbach

9

91

Dominique Perrault

9

91

Manuelle Gautrand

9

91

8

Yves Lion

92

7

Michel Cantal-Dupart 0

93 20

40 Oui

60

80

100

Non

!1

ANNEXE 10 - Notoriété assistée des grands architectes vivants

131 |

Annexes

Annexe 13 Source : TAPIE (Guy) (dir.), La culture architecturale des français, Questions de culture, Ministère de la Culture, Paris, 2018 ANNEXE 13 Connaissance des architectes par les Français Connaissez-vous cet architecte?

19 % 23 %

Vauban

58 %

22 % 22 %

Hussman

56 %

23 % 25 %

Le Corbusier

21 %

Jean Nouvel

15 %

Antoni Gaudi Oscar Niemeyer

13 %

Christian de Portzamparc

11 % 8%

Renzo Piano

11 % 6%

52 % 46 % 33 %

56 %

29 %

67 %

20 %

81 % 83 %

0%

22,5 %

45 %

67,5 %

90 %

Non Oui, uniquement de nom Oui, et j’ai déjà vu au moins en photo une de ses oeuvres

| 132

Annexe 14 Source : TAPIE (Guy) (dir.), La culture architecturale des français, Questions de culture, Ministère de la Culture, Paris, 2018 ANNEXE 14

Connaissance des architectes selon les familles Tableau 1

39 %

Non

Gaudi

23 %

58 %

63 % 22 %

22 %

56 %

Le Corbusier

23 %

99 % 25 %

52 %

Jean Nouvel 36 %

46 %

21 %

33 %

56 %

15 %

29 %

67 %

20 %

13 %

Christian de Portzamparc

66 %81 %

11 %

8 %

Renzo Piano

83 %

57 %

Antoni Gaudi Oscar Niemeyer 44 %

Haussmann

Renzo Piano

2% 4% 6%

Oscar Niemeyer

De Portzamparc

2% 8%

Oui, et j’ai déjà vu au moins en photo une de ses oeuvres

19 %

Hussman

18 %

79 % 100 %

23 %Vauban 38 %

Jean Nouvel

Oui, uniquement de nom

62 %

Le Corbusier

99 %

80 %

98 % 11 %

28 % 98 % 16 %

37 % 96 % 27 % 93 %

46 %

71 % 76 % 78 %

Vauban

0%

25 % Éloignés

50 % Intéréssés

Amateurs

75 %

100 %

Jeunes architectes

!1

6 %

Annexes

Annexe 15 Source :Sondage IPSOS, Les français et l’architecture, AMC Le Moniteur architecture n°209, juillet 2011 ANNEXE 15 Constructions les plus emblématiques de l’architecture actuelle Quelle est la construction de moins de 30 ans que vous associez le plus à l’architecture actuelle?

Pyramide du Louvre Arche de la Défense Stade de France Le Viaduc de Millau La BNF Beaubourg/Centre Pompidou Burj Khalifa Musée du Quai Branly Guggenheim de Bilbao Tour Granite la Défense Centre Pompidou de Metz La Tour CMA CGM Tour Montparnasse Autres en France Autres à l’étranger

9% 3% 2% 2% 2% 1% 1% 1% 1% 1% 1% 1% 1% 4% 1% 10 %

Aucune

59 %

Ne se prononce pas 0%

12 %

24 %

36 %

48 %

60 %

Annexe 16

133 |

ANNEXE 16 Groupe A - Question 3 Quelle est la construction de moins de 30 ans que vous Quel bâtiment vous fait penser starchitecture? associez le plus à l’architecture actuelle?

Guggenheim de Bilbao - Franck Gehry

9%

Pyramide du Louvre

Fondation Louis Vuitton - Franck Gehry

4

Centre Pompidou - Richard Rogers, Renzo Piano

12 Arche de la Défense

3%

Stade de France

2%

Villa Savoye - Le Cobrusier

3

Le Viaduc de Millau

2%

Institut du Monde Arabe - Jean Nouvel

3

La BNF

2%

Beaubourg/Centre Pompidou

1%

Philharmonie de Paris - Jean Nouvel

2 2

Burj Khalifa

1%

Le Louvre d’Abu Dhabi - Jean Nouvel

2

Musée du Quai Branly

1%

Tour Eiffel - Gustave Eiffel

2

Le château de Versailles

Guggenheim de Bilbao

1%

1

Tour Granite la Défense

1%

Villa Rotonde - Andréa Palladio

1

Centre Pompidou de Metz

1%

Tempieto - Bramante

1

La Tour CMA CGM

1%

Villa Gilardi - Luis Barragan

1

Tour Montparnasse

1%

Pierres Vives - Zaha Hadid

1

Autres en France

4%

Piscine, Leça da Palmeira - Alvaro Siza

1%

Cathédrale Notre Dame

1 1

Autres à l’étranger Aucune

10 %

Abbaye de Conques

1

Ne se prononce pas

59 %

La tour Triangle - Herzog & De Meuron

1

Casa da Musica - Rem Koohlaas

1

Thermes de Vals - Peter Zumthor

1

Falling Water House - Franck Lloyd Wright

BNF - Dominique Perrault

1

La cité radieuse - Le Corbusier

1

Pavillon Barcelone - Ludwig Mies Van Der Rohe

1

Rolex Learning Center - Sanaa

1

Tour Montparnasse Opéra de Sydney - Jorn Utzon

1 1

Burj Khalifa - Skidmore, Owings and Merrill

1 0

18

Guggen

Fondatio

Centre Pompidou

Institut

Philh

Le Lou

Falling Wat

Piscine

La tour

T

3

6

9

!1

12

Pavillon Barcelo 15

18

Burj Khalifa

Annexes

Annexe 17

ANNEXE 17 Groupe B - Question 3 Quel bâtiment vous fait penser starchitecture?

83

Guggenheim - Franck Gehry

58

Fondation Louis Vuitton - Franck Gehry

39

Philharmonie - Jean Nouvel

21

Musée des confluences - Coop Himmelblau Centre Pompidou - Richard Rogers et Renzo Piano

15 11

Tour Agbar - Jean Nouvel

10

Mucem - Rudy Ricciotti

9

Le Louvre d’Abu Dhabi - Jean Nouvel

9

Centre Culturel Heydar Aliyev - Zaha Hadid

8

Maxxi - Zaha Hadid

7

Casa da Musica - Rem Koohlaas

| 134

Burj Khalifa

5

Opéra de Sydney - Jon Utzon

5 5

L’arbre Blanc - Sou Fujimoto Musée du suai Branly

4

La villa Savoye - Le Corbusier

4

Pierres Vives - Zaha Hadid

4 4

BNF - Dominique Perrault La cité radieuse - Le Corbusier

3

La tour Triangle

3

Pyramide du Louvre - Ieoh Ming Pei

3 3

MOMA Rolex Learning Center - Sanaa

2

Campus Vitra - Herzog & De Meuron

2

Market Hall - MVRDV

1

Thermes de Vals - Peter Zumthor

1

Salk Institute

1

Piscine des JO - Zaha Hadid

1 1

Mairie de Montpellier - Jean Nouvel 0

18

36

54

72

90

Annexes

Annexe 18

ANNEXE 18 Groupe C - Question 3 Quel bâtiment vous fait penser starchitecture?

17

Je ne sais pas

8

Guggenheim - Franck Gehry

6

Centre Pompidou - Richard Rogers et Renzo Piano

5

Le Louvre d’Abu Dhabi - Jean Nouvel Fondation Louis Vuitton - Franck Gehry

4 4 4

La tour Eiffel - Gustave Eiffel Pyramide du Louvre - Ieoh Ming Pei

3 3 3

Mucem - Rudy Ricciotti Opéra de Sydney - Jon Utzon Burj Khalifa - Skidmore, Owings and Merrill

2 2 2 2 2

Philharmonie - Jean Nouvel Pierres Vives - Zaha Hadid Grand Arche de la Défense La Sagrada Famillia - Antonin Gaudi Siége du PCF - Oscar Niemeyer BNF - Dominique Perrault

1

Tour Agbar - Jean Nouvel

1 1 1 1 1 1 1

Piscine des JO - Zaha Hadid La cité radieuse - Le Corbusier Viaduc de Millau - Norman Foster Tour CMA - Zaha Hadid Antigone Montpellier - Ricardo Bofill Empire State Building - William Frederick Lamb

135 |

1 1 1 1 1 1

Musée Soulages - RCR Vitra House - Herzog & De Meuron Modern Tate - Herzog & De Meuron Fondation Beleyer - Renzo Piano Taj Mahal Pyramide de Giseh 0

4,5

9

13,5

18

Annexes

Annexe 19 ANNEXE 19 Tous groupes - Question 3

Quel bâtiment vous fait penser starchitecture?

109

Guggenheim - Franck Gehry

74

Fondation Louis Vuitton - Franck Gehry

43

Philharmonie - Jean Nouvel

25

Centre Pompidou - Richard Rogers et Renzo Piano

21

Musée des confluences - Coop Himmelblau

17

Je ne sais pas

14 13

Le Louvre d’Abu Dhabi - Jean Nouvel Mucem - Rudy Ricciotti

9 9

Centre Culturel Heydar Aliyev - Zaha Hadid Burj Khalifa - Skidmore, Owings and Merrill Opéra de Sydney - Jon Utzon

9 9 8 8 8 7 7 6 5 5 4 4

Tour Eiffel - Gustave Eiffel Maxxi - Zaha Hadid Casa da Musica - Rem Koohlaas Pyramide du Louvre - Ieoh Ming Pei La villa Savoye - Le Corbusier Pierres Vives - Zaha Hadid BNF - Dominique Perrault L’arbre Blanc - Sou Fujimoto La cité radieuse - Le Corbusier Musée du suai Branly La tour Triangle - Herzog et de Meuron

| 136

3 3 3 3 2 2 2 2 2 1 1 1 1

MOMA Rolex Learning Center - Sanaa Campus Vitra - Herzog & De Meuron Institut du Monde Arabe - Jean Nouvel Thermes de Vals - Peter Zumthor Le châleau de Versaille Grand Arche de la Défense La Sagrada Famillia - Antonin Gaudi Siége du PCF - Oscar Niemeyer Tour Agbar - Jean Nouvel Market Hall - MVRDV Salk Institute Piscine des JO - Zaha Hadid

1 1 1 1 1 1 1

Mairie de Montpellier - Jean Nouvel Falling Water House - Franck Lloyd Wright Villa Rotonde - Andréa Palladio Tempieto - Bramante Villa Gilardi - Luis Barragan Piscine, Leça da Palmeira - Alvaro Siza Cathédrale Notre Dame

1 1 1 1 1 1

Abbaye de Conques Pavillon Barcelone - Ludwig Mies Van Der Rohe Tour Montparnasse Piscine des JO - Zaha Hadid Viaduc de Millau - Norman Foster Tour CMA - Zaha Hadid

1 1 1 1 1 1

Antigone Montpellier - Ricardo Bofill Empire State Building - William Frederick Lamb Modern Tate - Herzog & De Meuron Fondation Beleyer - Renzo Piano Taj Mahal Pyramide de Giseh 0

30

60

1

90

120

Annexes

Annexe 20 Source : TAPIE (Guy) (dir.), La culture architecturale des français, Questions de culture, Ministère de la Culture, Paris, 2018

ANNEXE 20 Modes d’acquisition de connaissances relatives à l’architecture par famille

59 % Voyages ou visites

89 % 47 %

Emissions télévisées

44 % 40 %

74 %

Intérêt pour son propre environnement

25 %

39 %

Intérêt pour son propre logement

48 %

25 %

59 %

Lecture de magazines spécialisés

36 %

55 %

Lecture de livres

37 %

Activité de temps libre

16 % Emissions radiophoniques consacrées à l’architecture

15 %

28 %

88 %

66 %

96 %

74 %

35 %

Lecture régulière de la presse

34 % 0%

70 %

59 %

42 % 26 %

89 %

71 %

21 %

17 %

137 |

68 % 73 %

Expositions

Lecture d’ouvrages consacrés à l’architecture

88 % 89 %

66 %

30 %

21 %

97 %

83 % 83 %

40 % 45 %

25 %

50 % Eloignées

Interesses

75 % Amateurs

100 % Jeunes Architectes

Intérêt pour son

Intérêt po

Lecture d

Lecture d’ouvrages c

Emissions radiophoniques co

Lectu

Annexes

Annexe 21

ANNEXE 21 Tableau récapitulatif des occurrences dans les musées PAVILLON DE L’ARSENAL - PARIS

Expositions Occurrences

AIA NEW YORK CENTER FOR ARCHITECTURE NEW YORK

CITÉ CHAILLOT PARIS

Expositions

CENTRE POMPIDOU PARIS

Occurrences Expositions

Occurrences

MOMA - NEW YORK

Expositions Occurrences

CAA CENTRE CANADIEN D’ARCHITECTURE

TATE MODERN LONDRES

Expositions

Occurrences

Expositions

Occurrences

Expositions

Occurrences

Total

Jean Nouvel

13

30

6

17

nc

23

2

4

10

212

4

9

1

2

0

123

333

Christian De Portzamparc

11

29

10

17

nc

15

0

0

7

66

2

27

0

0

0

70

184

Rudy Ricciotti

5

11

4

6

nc

0

0

0

0

6

0

0

0

0

0

33

32

Frank Gehry

6

17

1

2

nc

150

0

0

10

22

3

26

0

9

2

381

246

Zaha Hadid

2

10

3

6

nc

29

2

6

11

26

1

44

4

15

1

319

159

Le Corbusier

5

19

9

52

Nc

30

0

0

42

284

2

419

3

90

4

3403

955

| 138

Expositions Occurrences

DANISH ARCHITECTURE CENTER COPENHAGUE

Annexe 22

ANNEXE 22 Tableau récapitulatif des honneurs reçus PRIX INDÉPENDANTS PRIX INTERNATIONAUX

PRIX PRITKER

PRIX DE L’UNION INTERNATIONALE DES ARCHITECTES

PRIX DE L’UNION EUROPÉENNE MIES VAN DER ROHE

EUROPAN

EQUERRE D’ARGENT

GRAND PRIX AFEX

PRIX ET RECOMPENSE / HONNEURS

x

x

x

Christian De Portzamparc

x

x

x

Rudy Ricciotti

x x

Zaha Hadid

x

x

PRIX ACADÉMIQUES

PRIX NATIONAUX

Jean Nouvel

Frank Gehry

PRIX INSTITUTIONNEL

PRIX EUROPÉENS

x

GRAND PRIX NATIONAL DE L’ARCHITECTURE

!1

x x x

AJAP - ALBUMS DES JEUNES ARCHITECTES ET PAYSAGISTES

PRIX DE L’ACADÉMIE D’ARCHITECTURE x

GRAND PRIX D’ARCHITECTURE DE L’ACADÉMIE DES BEAUX ARTS

Annexes

Annexe 23 Source : TAPIE (Guy) (dir.), La culture architecturale des français, Questions de culture, Ministère de la Culture, Paris, 2018

ANNEXE 23 Modes d’acquisition de connaissances architecturales selon les familles 42 % 40 % 43 %

Fréquenter des expositions dont le thème est l’architecture

32 %

Être en contact avec un architecte ou un profèssionnnel

36 % 39 % 51 %

32 %

Participer à des voyages ou à des visites hors voyages organisés

24 %

Assister à des conférences, débats, qui portent sur l’architecture

45 %

33 % 35 %

30 %

44 %

Regarder à la télévision des émissions d’architecture

32 % Participer à des voyages et à des visites organisées

37 % 41 % 42 %

32 %

Lire des livres d’architecture

Lire des magazines d’architecture

Faire de l’architecture avec l’aide d’un professionnel

8%

16 %

15 % 11 % 10 % 16 % 13 % 10 % 8% 7% 8%

Lire les rubriques architecture des journaux quotidiens

Ecouter des émissions sur l’architecture à la radio 0%

46 %

139 |

41 % 40 %

34 % 37 % 36 % 38 % 33 % 32 % 31 % 34 % 35 % 28 % 27 % 30 %

Consulter des sites internet sur l’architecture

Lire des guides de voyages

55 % 52 % 51 %

21 %

15 %

30 %

Classe moyenne supérieure

45 %

Classe populaire

Bâtiments cités citésClasse moyenne supérieure

Sans activité

60 % Ensemble

Classe populaire

Sans activité

Fréquenter des expositions dont le thème est l’architecture

42 %

40 %

43 %

Être en contact avec un architecte ou un profèssionnnel

32 %

36 %

39 %

Participer à des voyages ou à des visites hors voyages organisés

51 %

32 %

45 %

Assister à des conférences, débats, qui portent sur l’architecture

33 %

24 %

35 %

Regarder à la télévision des émissions d’architecture

44 %

55 %

52 %

Participer à des voyages et à des visites organisées

32 %

37 %

46 %

Lire des livres d’architecture

42 %

32 %

41 %

Consulter des sites internet sur l’architecture

34 %

37 %

36 %

Lire des magazines d’architecture

33 %

32 %

31 %

Faire de l’architecture avec l’aide d’un professionnel

35 %

28 %

27 %

Lire des guides de voyages

16 %

8 %

21 %

Lire les rubriques architecture des journaux quotidiens

11 %

10 %

16 %

Ecouter des émissions sur l’architecture à la radio

10 %

8 %

7 %

Annexes

Annexe 24

ANNEXE 24 Tableau récapitulatif des occurrences dans les médias

MÉDIAS SPÉCIALISÉS

| 140

LE MONITEUR

AMC

MÉDIAS GÉNÉRAUX

A’A ARCHITECTURE D’ARCHITECTURES LE FIGARO AUJOURD’HUI PRIX ET RECOMPENSE / HONNEURS

LE MONDE

LE PARISIENAUJOURD’HUI EN FRANCE

Occurrences

Occurrences

Occurrences

Occurrences

Occurrences

Occurrences

Occurrences

Total

Jean Nouvel

1 769

944

23

23

50

166

nc

2975

Christian De Portzamparc

990

1660

3

5

11

21

nc

2690

Rudy Ricciotti

862

40

7

13

23

20

nc

965

Frank Gehry

363

40

10

7

66

23

nc

509

Zaha Hadid

597

26

14

6

20

23

nc

686

Annexe 25

ANNEXE 25 Tous groupes question 4 Selon vous, le terme « starchitecte » est positif, négatif, ni l’un ni l’autre?

Péjoratif

143

109

Ni l’un, ni l’autre

44

Positif

0

37,5

75

112,5

150

Annexes ANNEXE 26

ANNEXE 26

Réponses

Réponses

Annexe 26

Cede n'est paspour parceles qu'une oeuvre oeuvre est plébiscitée qu'elle est mauvaise. De fait, il en va sans doute même artistes.

En est plébiscitée qu'elle est mauvaise. De fait, il en va sans doute de même pour les artistes. En Ni l'un, ni l'autre plus, je rêverai d'être qualifié ainsi un jour.

fié ainsi un jour.

côtéle"starchitecte" provoque oque chez les commanditaires une envie " d'avoir le plus beau, le plus Le grand, plus imposant", bref lechez les commanditaires une envie " d'avoir le plus beau, le plus grand, le plus imposant", bref le bâtiment pour ville. Cela assouvis leurs envies de mégalomanie, ils veulent que le bâtiment se remarque et qu'on leur ville. Cela assouvis leurs envies de mégalomanie, ils veulent que le"meilleur" bâtiment se remarque et leur qu'on par rapport à ce bâtiment. On prends donc un architecte à la mode. Starchitecture ne veut par forcément dire qualité e bâtiment. On prends donc un architecte à la mode. Starchitecture neparle veut d'eux par forcément dire qualité Ni l'un, ni l'autre architectural ouet même qualité paysagère, la "stararchitecture" est avant tout là pour mettre en évidence le style et la personnalité alité paysagère, la "stararchitecture" est avant tout là pour mettre en évidence le style la personnalité de l'architecte.

Cettedes architecture tecture est une œuvre et elle met en avant la qualité artistique de l'architecte en oubliant éléments est une œuvre et elle met en avant la qualité artistique de l'architecte en oubliant des éléments important de l'architecture... l'intégration, l'échelle humaine et le coût

e... l'intégration, l'échelle humaine et le coût

C'est une manière de mettreque en avant certaines des œuvres majeures de l'architecture contemporaine. Il est juste dommage que tre en avant certaines des œuvres majeures de l'architecture contemporaine.

Il est juste dommage ne se porte pas, vis à vis du grand public, sur des avancées majeures de l'architecture. Les "starchitectes" d'autrefois Ni l'un, ni l'autre l'intérêt vis à vis du grand public, sur des avancées majeures de l'architecture.

Les "starchitectes" d'autrefois portent aujourd'hui des noms de rues. oms de rues.

Parce que c'estarchitecturale la seule choseen architecturale qui touche le grand public. Sans ça il n'y aurait aucune culture architecturale en hose architecturale qui touche le grand public. Sans ça il n'y aurait aucune culture Ni l'un, ni l'autre France, c'est triste à dire mais vrai. Faut militer pour plus de médiation architecturale dans les écoles. mais vrai. Faut militer pour plus de médiation architecturale dans les écoles.

héorie, négatif quand on parle de pratique

Ni l'un, ni l'autre

l'un, ni l'autre ommé par un jury, il l'est par le grand public, et çaNi c'est cool

Positif quand on parle de théorie, négatif quand on parle de pratique Un starchitecte n'est pas nommé par un jury, il l'est par le grand public, et ça c'est cool

Ce mot désigne un architecte cte qui a de l'influence et dont les bâtiments créent l'attractivité à son nom. Ensuite libertéqui à a de l'influence et dont les bâtiments créent de l'attractivité grâce à son nom. Ensuite liberté à Ni de l'un, ni l'autre grâce chacun ouréussit non. un un architecte qui à travailler, qui a charreté comme tout le monde, ils ont eu la chance de réussir, 'est un architecte qui à travailler, qui a charreté comme tout le monde, ilsarchitecte ontd'aimer eu la qui chance de c'est réussir, Ni l'un,à ni certains sont "obliger" ger" de rester dans le même style architecturale quitte s'yl'autre enfermer, d'autreparfois au contraire utilise cede rester dans le même style architecturale quitte à s'y enfermer, d'autre au contraire utilise ce "rang" pour se diversifier et faire avancer la métier; et faire avancer la métier;

Nette référence au plasticisme cisme sculptural dans le cas des 2 architectes internationaux cités ci-dessus pour leur oeuvre, qui sculptural dans le cas des 2 architectes internationaux cités ci-dessus pour leur oeuvre, qui prennent à mon sens richesse davantage garde à donner une 'griffe immédiate' à leurs réalisations qu'une véritable richesse avantage garde à donner une 'griffe immédiate' à leurs réalisations qu'une véritable architecturale. fondun de commerce, qui se détache peu à peu d'une qualité architecturale qu'ils ont pu avoir, comme un ond de commerce, qui se détache peu à peu d'une qualité architecturale qu'ils ont puC'est avoir,leur comme moule trop uséun perd en précision et finesse.Mais je comprend bien la tentation pour l'architecte d'assouvir un sentiment de précision et finesse.Mais je comprend bien la tentation pour l'architecte d'assouvir sentiment de puissance ne lui est pas naturel. UNStudio illustre bien le dilemne "Nous sommes des mendiants et des vantards". Mendiants, s naturel. UNStudio illustre bien le dilemne "Nous sommes des mendiants et desqui vantards".

Mendiants, car toujours à avoir besoin de l'argent des autres pour réaliser nos rêves, vantards, pour être capables de persuader nos maîtres. n de l'argent des autres pour réaliser nos rêves, vantards, pour être capables de persuader nos maîtres.

peutconvaincre pas être un tre un artiste simplement, il doit vendre son travail avant même de leL'architecte concevoir etne pour il artiste simplement, il doit vendre son travail avant même de le concevoir et pour convaincre il doitles comprendre jeuxespère de pouvoir des décideurs, donc la politique dans laquelle surnagent les commandes qu'il espère de pouvoir des décideurs, donc la politique dans laquelle surnagent commandeslesqu'il obtenir.

Un personnage débonnaire en apparence (image d'Epinal de l'artiste) mais en pratique c'est un redoutable calculateur à bonnaire en apparence (image d'Epinal de l'artiste) mais en pratique c'est un redoutable calculateur à Ni l'un, ni l'autre mon sens.

Pour je faire diraisdequ'il est suite un publicitaire brillant, master du timing de l'image, par étonnant qu'il ait voulu faire de la BD, suite t un publicitaire brillant, master du timing de l'image, par étonnant qu'il aitBIG, voulu la BD, d'images qui décrivent le scénario "parfait" d'un concept sur un site. Ce "prémachage" du travail intellectuel nous guide sans scénario "parfait" d'un concept sur un site. Ce "prémachage" du travail intellectuel nous guide sans qu'on indéniablement questionne la justesse des se des étapes, bref, il arrive à nous faire sentir intelligents avec des schémas, efficace.

Il étapes, bref, il arrive à nous faire sentir intelligents avec des schémas, indéniablement efficace. Il

a compris besoins soins des décideurs : pouvoir expliquer notre projet en deux minutes sans avoir àcomment recracherles notre vervedes décideurs : pouvoir expliquer notre projet en deux minutes sans avoir à recracher notre verve insipide habituelleet qui ne convaincra ni n'éclairera personne. N'importe quel néophyte est capable de comprendre et d'expliquer convaincra ni n'éclairera personne. N'importe quel néophyte est capable de comprendre d'expliquer projet deou BIG en deux minutes. Le tout vendu sur fond d'efficacité et de rationalité apparente. Simplicité ou simplisme? minutes. Le tout vendu sur fond d'efficacité et de rationalité apparente.un Simplicité simplisme?

Pour deux autres, un peu la flemme de développer maintenant. Finalement, j'ai pris un peu plus de 5 minutes... eu la flemme de développer maintenant. Finalement, j'ai pris un peu plus deles 5 minutes...

ont réussi

Ni l'un, ni l'autre

Tant mieux pour eux s'ils ont réussi

Ni l'un, ni l'autre

because

l'un, ni l'autre selon la qualité de son travail, la reconnaissance du "grand public" peut être légitime. ail, la reconnaissance du "grand public" peut être Ni légitime.

Nipublic l'un, nipour l'autre projet souvent hors budget et hors echelle. Mais crée un enjouement du grand public pour l'architecture contemporaine t et hors echelle. Mais crée un enjouement du grand l'architecture contemporaine

Très subjectivement, pensepas qu'il peut être péjoratif quand la réputation de l'architecte n'est pas méritée, ou tout du moins pas nse qu'il peut être péjoratif quand la réputation de l'architecte n'est pas méritée, ou tout dujemoins et que celle-ci a été surcotée sur la seule qualité à se vendre dudit architecte (BIG, Zaha Hadid, Ateliers 2/3/4 en France), é surcotée sur la seule qualité à se vendre dudit architecte (BIG, Zaha encore Hadid, Ateliers 2/3/4 en France), qu'ill'asignifie bâtiment va être connu et reconnu seulement parce qu'un architecte connu l'a réalisé sans lien avec sa Ni l'un,architecte ni l'autre connu ent va être connu et reconnu seulement parce qu'un réaliséqu'un sans lien avec sa qualité, maisdans aussides positif lorsqu'il orsqu'il permet de faire reconnaître le milieu architectural au plus grand nombre projets qui permet de faire reconnaître le milieu architectural au plus grand nombre dans des projets qui à la profession une visibilité artistique impossible autrement. (FLV, Quai Branly, Opéra de Sydney) visibilité artistique impossible autrement. (FLV, Quai Branly, Opéra deoffrent Sydney)

a besoin hitectes et de starchitectes. Il y a de la place pour tous. Le sujet n'est Le pasmonde le qualificatif ded'architectes l'architecte et de starchitectes. Il y a de la place pour tous. Le sujet n'est pas le qualificatif de l'architecte Ni l'un, ni l'autre suite à un projet donné. Le sujet est la commande passée par le client a-t-elle été remplie par l'architecte? e sujet est la commande passée par le client a-t-elle été remplie par l'architecte?

ou pas. J'aime pas nouvel

Ni l'un, ni l'autre

Ça dépend si c'est nouvel ou pas. J'aime pas nouvel

Ni l'un, nialors l'autre star ça fait mon âme mais bon il faut des stars dans tous les domaines pourquoi pas ! un peu je vends mon âme mais bon il faut des stars dans tous les domaines alors pourquoi pas !

Ni l'un, ni péjoratif. l'autre S'il y a du talent, est donc reconnaissance médiatique, pas de raison que le terme soit péjoratif. reconnaissance médiatique, pas de raison que le terme soit

gne un type d'architecture

Ni l'un, ni l'autre

C'est une adjectif qui désigne un type d'architecture

Ni l'un, ni l'autre

Je ne connais pas

l'un,ninipositif l'autreni négatif. ça m'évoque un architecte connu, une star dans le milieu de l'architecture, ce n'est ni positif ni négatif. connu, une star dans le milieu de l'architecture, ceNin'est Ni l'un, ni l'autre Je ne connaissais pas ce terme. rme.

eut dire

fie st architecture

Ni l'un, ni l'autre

Je ne sais pas ce que cela veut dire

Ni l'un, ni l'autre

Je ne sais pas ce que signifie st architecture

Ni être l'un,àni l'autretranchant Il implique une certaine renommée en dehors du milieu officiel mais cela peut être à double tranchant car très médiatisé. enommée en dehors du milieu officiel mais cela peut double car très médiatisé.

Ni l'un, ni l'autre Il faut être un peu star dans sa tête pour être architecte.

ns sa tête pour être architecte.

Nisimplifier l'un, ni l'autre Il s’agit d’archiectes Géniaux mais les médias ainsi que le grand public aiment simplifier les choses. ux mais les médias ainsi que le grand public aiment les choses.

Ni l'un, ni l'autre Ce questionnaire esta mille lieues de mon vecu...desolee

e lieues de mon vecu...desolee

t d’un courant dans l’architecture moderne

TRACTION

Ni l'un, ni l'autre

J’ai l’impression qu’il s’agit d’un courant dans l’architecture moderne

Ni l'un, ni l'autre

Je ne sais pas

Ni l'un, ni l'autre

C'EST JUSTE UNE CONTRACTION

notoriétéChaque débutedomaine normalement malement par un savoir faire et une créativité extra-ordinaire (au sensLapremier). de par un savoir faire et une créativité extra-ordinaire (au sens premier). Chaque domaine de compétences a des "stars".

Ni l'un,d'être ni l'autre Mais cedes terme a également une connotation négative car il renvoie à une volonté d'être sous les feux des projecteurs, d'épater t une connotation négative car il renvoie à une volonté sous les feux projecteurs, d'épater etc...ousans prendre conscience de la réalité, du concret. Est ce alors de l'architecture ou de l'art ? (Ouais je suis dre conscience de la réalité, du concret. Est ce alors de l'architecture de peut l'art ?être (Ouais je suis philosophe à mes heures perdues fous toi de ma gueule ! Bisous bisous) perdues fous toi de ma gueule ! Bisous bisous)

pour moi "starchitecte" est synonyme de notoriété, généralement celle-ci se fonde sur des aspects positifs mais également st synonyme de notoriété, généralement celle-ci se fonde sur des aspects positifs mais également Ni l'un, ni l'autre négatifs

L'ARCHITECTURE

Ni l'un, ni l'autre

!1

NE MET PAS EN AVANT L'ARCHITECTURE

!1

141 |

Annexes Le qualificatif "Starchitect" est pour moi à double tranchant. Je crois profondément que notre profession manque cruellement, en France, de visibilité. Le fait que certains noms émergent et redorent l'image de l'Architecture au yeux du grand public est essentiel. De plus la renommée et le crédit rattachés à ces architectes se reflètent parfois sur la ville qui accueille leurs projets.

L'attractivité du Guggenheim de Bilbao n'est plus a prouver et la ville de Montpellier après s'être bardée de bâtiment signés connait aujourd’hui un essor démographique important. Il faut aussi reconnaître que les moyens offerts à ces architectes permettent aussi de mettre en place des dispositifs architecturaux (spatiaux et matériels) qui n'aurait pas été imaginables sous une autre plume. Les bâtiments de Frank GEHRY, Nouvel ou même la cité des sciences de Calatrava représentent un coût

Ni l'un, ni l'autre

exorbitant de chantier, de mise en place , de recherche de qualité de matériaux et d'entretien qui font évoluer l'architecture contemporaine mais m'ammène à mon contre point. L'image véhiculée par ces architectes star est le seul reflet luxueux de la profession, très éloignée pour moi de ce que devrait être un architecte. Les projets que j'ai en tête sont souvent de très beaux bijoux architecturaux, mais tristement deconnectés du contexte dans lequel ils s'inscrivent. (Les archives de Pierre Vives à Montpellier en sont peut être le pire exemple, et les environs cité des science de Valencia parlent d'eux mêmes) La plupart des projets que nous serons tous amenés à diriger au fil de nos carrières ne seront pas destinés aux sphères les plus luxueuses de notre société mais bien à l'ensemble de celle ci. C'est pourquoi l'image de l'architecte ne peut pas être seulement celle de la pompeuse et étincelante architecture star, qui rafle tous les concours par son renoms. Laissons également de la place à l'architecte qui invente : de nouvelles façons de vivre, de construire, d'élaborer un projet. Respectons l'importance et la modestie que peut avoir le simple travail de synthèse d'un architecte arrivé sur un site en particulier. Nous ne pouvons pas nous enterrer dans une image incomplète de la profession. L'architecte n'est pas un artiste œuvrant à une échelle monumentale mais bien un observateur, à la recherche d'un équilibre entre l'histoire; le social; l'économie; le politique d'un lieu qu'il investit, que ses outils tant techniques qu'artistique l'aideront à concrétiser.

Ce sont des architectes qui deviennent des personnalités connues à grande échelle, le terme n'est ni péjoratif ni positif, même si

Ni l'un, ni l'autre

ces "stars architectes" pourraient militer un peu plus pour la reconnaissance de notre métier vis-à-vis du grand public plutôt que de véhiculer l'image que l'architecte est une personnalité créative et inabordable, qu'avoir recourt à un architecte fais doubler le coût des travaux, etc. Les petits projets, humbles et en campagne ne sont malheureusement pas souvent valorisé, ni médiatisé...alors que ce sont ceux qui ont le plus d'impacte dans le contexte dans lequel ils s'implantent !

Ni l'un, ni l'autre

certains on du talent certains on des contacts politique important...

Ni l'un, ni l'autre

La plupart des starchitectes ne se revendiquent pas comme tel, ça devient donc péjoratif pour quiconque le penserait et ne l'est pas pour tous les autres qui y verraient un aspect positif de la profession

Ni l'un, ni l'autre

Le qualificatif starchitecte définit des bâtiments ou des architectes emblématiques mais n'atteste pas de la qualité ou de l'esthétique.

La notoriété liée à ce qualificatif implique une reconnaissance de ses pairs pour son oeuvre architecturale donc positif.

Ni l'un, ni l'autre

Cependant, toute réalisation d'un starchitecte n'est pas forcément remarquable ou iconique comme on pourrait l'entendre, il s'agit d'apprécier un projet sur la réflexion de l'architecte indépendamment de son nom. En effet, le choix d'un starchitecte pour la réalisation d'un projet est parfois lié à sa popularité, cela permet de susciter davantage l'attention des médias et de propulser le projet sur le devant de la scène.

Ni l'un, ni l'autre

Positif car évoque des architectes à la carrière que l'on peut envier, qui sont respectables de par leurs travaux, et négatif car cela leur donne un côté superficiel, "people" à eux et au monde de l'architecture en général.

Positif car reconnaissance internationale et talent

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Ni l'un, ni l'autre

Mais négatif aussi car c'est souvent connoté "projet cher et réserver à une élite". Ne correspond pas aux besoins urgent du logement et du bâti dans le monde.

Personnellement je vois plus dans le côté que négatif On voit ce type dachitecture la positif démonstration et la démesure moins dans la recherche mais dans la facilité des grand espace

Ni l'un, ni l'autre Ni l'un, ni l'autre

et a grand cout de production Ceds architectures sont donc souvent vu de maniere technique plus que poetique.

Mais les starjugement sont celle qui ont apporté un regard neuf a l'archi sont devenues star repris et refaite par d'autre C’est un architectures genre et pas un

Ni l'un, ni l'autre

La flemme d'expliquer par ecrit je suis charette

Ni l'un, ni l'autre

c'est qu'un mot

Ni l'un, ni l'autre

Ca dépend des points de vue

Ni l'un, ni l'autre

Péjoratif ou non, le qualificatif qui convient le plus à « stararchitecte » c’est architecte. Ce sont des artistes qui s’expriment et bien que perçus comme trop mainstream pour pouvoir être originaux, ils le sont. Ce sont de grands archietectes, voilà tout.

Ni l'un, ni l'autre

Star = célèbre positif star = mode grand public donc pas vraiment réfléchi effet de mode

Ni l'un, ni l'autre

Un architecte mérite une reconnaissance quand son œuvre plaît et a nécessité du travail.

Ni l'un, ni l'autre

Parce que ce sont des architectes qui sont très connus pour des projets qui ont eu un impact fort dans leur construction et à du coup sur médiatisé leur image

Ni l'un, ni l'autre

En soi ce n est pas parce que l on est pss un starchitecte que l on ne peu pas faire de belles architectures.

Ni l'un, ni l'autre

la cité radieuse est une starchitecture sans y avoir prétendu, elle est juste très étudiée dans les collèges et donc très connue tandis que l'opéra garnier et le chateau de versaille ont été construits pour être des starchitecture. on ne peut pas dire que "starchitecte" est un terme positif ou péjoratif car il y a une multitude de starchitecte différents.

Ni l'un, ni l'autre

Ni l'un, ni l'autre

Etre starchitect insinue que l'architecte a comme possibilité d'être reconnu pour son travail en représentant un style. Mais cela peut être neface pour les plus petits architectes qui se doivent de suivre la même fibre artistique ques les autres grands architects.

Car seuls les architectes les plus connus font partie de cette catégorie, d’autres architectes moins connus et qui réalisent de merveilleuses constructions sont oubliés

Ni l'un, ni l'autre

C'est un mot usé je ne pense plus que les archi cherchent à avoir une reconnaissance personnelle pour leurs travaille

Ni l'un, ni l'autre

c'est une sorte de reconnaissance, notoriété

Ni l'un, ni l'autre

Il ne vise qu'à nommer une mode médiatisée qui dématérialise un métier riche par la diversité de ses professions, lié à un champ professionnel bien plus vaste encore ainsi qu'à des réalités diverses et complexes.

Ni l'un, ni l'autre Ni l'un, ni l'autre

Parce que Je n'ai pas du tout envie d'être un stararchitecte, si on m'attribuait ce qualificatif je le prendrais de manière péjorative, mais je comprends et je concois que certains cherchent à l'être

Ni l'un, ni l'autre

Ils sont nécessaires pour bousculer et faire innover la profession (dans le bon ou mauvais sens selon les points de vue) mais comme les artistes d'avant-garde, ils ne sont pas forcément comprise par tout le monde.

Ni l'un, ni l'autre

Ils ont en quelques sortent une façon de faire qui leur sont propre, et ont la capacité de produire cette façon de faire a grande échelle

Ni l'un, ni l'autre

L'architecture marque les esprits mais elle n'est que superficielle, l'aspect humain n'est pas prit en compte dans la conception

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Annexes

Ni l'un, ni l'autre

La quête de reconnaissance peut-être une fin en soi et être connu du grand publique est une forme de réussite

Ni l'un, ni l'autre

Parce que l'architecture c'est très subjectif

Ni l'un, ni l'autre

Cela représente un architecte très connu dans le milieu, même par ceux qui ne sont pas dans le monde de l'architecture et qui a fait des projets qui ont fait sa réputation. Mais cet architecte peut etre apprécié ou non, bon ou mauvais cela dépend de chacun.

Ni l'un, ni l'autre

Car il ne représente pas grand intérêt, il vaut mieux reconnaître le qualités d'un homme plutôt que les adjectifs qui lui sont attribué, cela évite de se méprendre sur l'architecte

Ni l'un, ni l'autre Ni l'un, ni l'autre

Ni péjoratif ni positif Pas péjoratif, il reconnaît le talent d'un architecte cependant au détriment de bâtiments aux budgets plus modestes qui restent pour autant superbes et faits par des architectes avec de grandes capacités aussi.

Ni l'un, ni l'autre

Je pense que dans la situation actuelle c'est une solution comme une autre afin de pouvoir avoir le plus de projet.

Malheureusement, cette façon de procéder dessert les jeunes architectes qui lors de concours, n'ont aucunes chances face aux starchitectes qui seront gagnants parfois plus pour leur nom que pour le projet proposé.

Ni l'un, ni l'autre

Il peut être intérprété différement selon l'architecte et les architectures

Ni l'un, ni l'autre

Pour moi ce sont juste des architectes qui ont eu la chance d'être connu. Certains archi stars font du beau boulot d'autre nin comme dans ceux pas connus

Ni l'un, ni l'autre

.

Ce terme s'applique à des architectes qui sont connus plus ou moins bien du grand public et ce n'est pas plus mal.

L'architecture reste un milieu élitiste et assez fermé. Si certains architectes réussissent à faire connaître leur travail, cela peut être fort utile.

Ni l'un, ni l'autre

Cependant, la "starchitecture" pourrait donner l'impression que l'architecture est avant tout liée à des projets, on peut le dire, assez tape-à-l’œil, voire prétentieux pour certains. Or, l'architecture touche des sujets très sensibles et importants (d'un point de vue social, économique, politique...) et le fait qu'elle soit réduite à une sorte de starsystem me paraît assez dérangeant. Cela donne l'impression que les architectes conçoivent leur projet par plaisir avant tout personnel, pour leur renommée et non pour les hommes qui vont habiter les murs de leurs bâtiments.

Personnellement, je suis plus sensible à la modestie et à la justesse de l'architecture de Peter Zumthor, qu'à l'extravagance et la

Ni l'un, ni l'autre

prétention Frank GEHRY, qui bénéficie de ce statut de "starchitecte". ils sont trèsde médiatisés ou étudiés Parce que je pense que ce nom peut leur être donné pour leur architecture un peu "spectacle", qui sort du cadre conventionnel

Ni l'un, ni l'autre

Ni l'un, ni l'autre

Ni l'un, ni l'autre Ni l'un, ni l'autre

d'une société et c'est ce qui les rendent célèbres. Ils créent le "buzz" font parler d'eux en véhiculant des images nouvelles presque futuriste de l'architecture.

Il ne parle pas tant d'architecture que de média, d'image, de spectacle. Il y a de très bons architectes, et de très mauvais (architecturalement parlant toujours : espace, construction, parcours, calepinages...). De plus, les conditions de la commandes dont ils profitent (qui permet souvent des architectures plus ambitieuses) ne leur est pas exclusive (pas besoin de la juger plus positivement qu'une autre).

Indifférente (déso gathou) Cela ne qualifie pas en bien ou en mal un architecte, simplement le fait que sa notoriété en fait de lui un starchitecte, rendant le jugement de ses projets plus importants.

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Ni l'un, ni l'autre

star / architecte, deux termes sans valeur

Ni l'un, ni l'autre

Je pense que cela n'est ni bon ni mauvais

Ni l'un, ni l'autre

En fonction de ce que réalise l'architecte : ex: Architecture spectacle va Architecture remarquable

Ni l'un, ni l'autre

Une architecture qui ose, notamment par son aspect esthétique, et qui ne respecte pas forcément son contexte.

Ni l'un, ni l'autre

Ni l'un, ni l'autre

Ca peut être positif dans le sens ou il fait avancer la technique et la perception de l'architecture, mais négatif dans le sens ou c'est un peu de l'architecture "pub" sans réelle dimension sociale Positif dans un sens car il permet de revitaliser l'endroit où le futur bâtiment sera implanté. Négatif dans l'autre car un archi n'est pas une star dans le sens où il ne construit pas des bâtiments dans le but de se faire une renommée mais plutôt afin de répondre aux réels besoins d'une société.

Ni l'un, ni l'autre

Ce sont des architectes qui ont su se demarquer et devenir celebre

Ni l'un, ni l'autre

Ca correspond à une periode

Ni l'un, ni l'autre

Positif dans le sens où cela met en valeur le travail de l'architecte/groupe d'architectes. Négatif lorsqu'on met en valeur une architecture "objet", non inscrite dans son contexte (paysager, historique, social), évoquant un "style" répétitif propre à chacun des projets de la firme (ex: Frank GEHRY ou Zaha Hadid).

Ni l'un, ni l'autre

Ils donnent à l'architecture une image de "domaine d'exeption", tel une oeuvre d'art ce qui est positif en soit mais peut donner au métier un aspect inaccessible

Ni l'un, ni l'autre

Ni l'un, ni l'autre

Ni l'un, ni l'autre

parce que Etre reconnu pour ce que l'on fait c'est très bien, et si une personne est considéré comme tel c'est qu'il y a du talent et une maîtrise de l'architecture derrière. Donc c'est positif. Mais etre nommé comme "stararchitecte" peut aussi être vu dans un sens péjoratif vis à vis de l'architecture qu'il/elle construit. Ça peut parfois considérer l'architecture comme un bâtiment ou object parfait simplement parce que le nom de la stararchitecte y est figuré, et du coup catégoriser ces personnes.

Le starchitecte permet de faire connaitre l'architecture au grand public, de rendre l'architecture accessible à tous, mais à la fois, il peut etre pejoratif car ce n'est pas forcement de l'architecture de qualité, souvent associé à l'argent ( Palais de justice à Nantes de Jean Nouvel, plusieurs années de retard sur le chantier et qui 10 ans après ce casse la gueule Un starchitecte construit des objets repères dans la ville, publiques, il en faut, c'est ce qu'on remarque le plus. Mais il faut aussi

Ni l'un, ni l'autre

des architectes pour construire dans la continuité de la ville. Les starchitectes sont plus reconnus par ce qu'ils construisent le remarquable mais ils sont aussi plus facilement jugés.

Ni l'un, ni l'autre

"fais tes projets en silence, la réussite se chargera du bruit", le bruit n'est pas toujours synonyme de réussite, beaucoup de projets peu connus réalisés par des architectes eux aussi peu connus sont de véritables chez d'œuvres dans leur totalité.

Ni l'un, ni l'autre

Parce qu'avant d'en arriver là, ils ont bossé

Ni l'un, ni l'autre

Ce qualificatif peut permettre aux architectes de sortir du milieu de l’architecture, que je trouve assez fermé.

Ni l'un, ni l'autre

Certain sont connus pour leurs bâtiments "hors normes" et d'autres pour leurs talents

Ni l'un, ni l'autre

parce qu'il entretien le "mythe " de l'architecte, qui reste ensuite une idée reçue de la profession dans l'opinion générale et de fait donne une image erronée du métier

Ni l'un, ni l'autre

C'est relou ton questionnaire biche je les aimes les starchitectes:)

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Annexes

Ni l'un, ni l'autre

Grand bien leur fasse. C'est évidemment très positif pour eux d'entre arrives à une telle renommée mais ils ont fait sombrer la pratique de l'architecture dans une course au show off

Ni l'un, ni l'autre

La gloire et devenir fameux est autre chose que d'être un architecte responsable, investi et compétent dans son travail.

Ni l'un, ni l'autre

"Starchitecte" signifie seulement architecte célèbre, reconnu internationalement. Toutefois, la starchitecture repose sur le NOM et l'IMAGE plus que sur les usages et les qualités du bâtiment. En ce sens, la starchitecture est souvent une architecture de geste adaptée selon moi seulement à certains programmes particuliers: les musées d'art. La "starchitecture" est donc plutôt péjorative.

Elle est surtout le reflet de notre société d'image, de divertissement, de starification, en pleine crise individualiste et égoïste.

Ni l'un, ni l'autre

Etre reconnu comme un architecte de talent n'est certainement pas une mauvaise chose tant que l'architecture n'est pas dévoyée, répétée comme une copie indentifiable de chacun des projets (ex: Piano vs GEHRY)

Ni l'un, ni l'autre

Le terme archi star émane du monde des critiques d'architecture pour désigner ces archi très visibles médiatiquement. Il n'enlève rien au travail de ces architectes.

Ni l'un, ni l'autre

J'entends aussi bien par stararchitecte une architecture "surfaite" comme aussi bien une architecture remarquable

Ni l'un, ni l'autre

Parce qu'il est les deux pejoratif dans le style Nouvel (geste architectural foiré) ou positif (moyens et créativité plus importants

Ni l'un, ni l'autre

dans cas Hadid Piano) Le fatled'être connuoun'est pas gage d'un travail de mauvaise qualité

Ni l'un, ni l'autre

Defini une tendance, une mode, pas une pensée ni un mouvement

Ni l'un, ni l'autre

c est une forme d'architecture qui s'inscrit dans notre société du faire valoir, de l image sans que ça soit fonctionnel ou utile

Péjoratif

on ne juge plus l'architecte mais l'homme qui l'a fait

Péjoratif

L'architecte doit s'effacer derrière l'architecture qu'il a réalisée : on construit pour les futurs usagers, pas pour sa postérité.

Péjoratif

met la personne en avant et pas le batiment

Péjoratif

Parce qu'il ne répond à la définition de l'architecture mais on parle plus d'art contemporain habitable... ou pas !

Péjoratif

parce que ce qui compte c'est plus l'architecture en soit mais l'architecte. C'est un peu l'effet de mode d'aujourd'hui mais à l'échellepour du bâtiment.

Connu leur personnalité et pas les oeuvres / gros projets consumériste en dehors des réalités contemporaines / cherches à

Péjoratif

Péjoratif

faire le buzz / grosse entreprise ou il y a des petites mains / recherche premier de la reconnaissance et de financement quitte à ne pas respecter la déontologie / emprisonné dans l'esthétique et perte de sens de l'architecture / mauvaise promotion pour l'architecture (espèce d'artiste inaccessibles et pour riche) Parce qu'on en arrive à choisir l'architecte pour son nom et non pour son projet Malheureusement la renommée de l'architecte pour notre société (passée et d'aujourd'hui) induit celle de son architecture et sous entendrait une qualité incontestable. Il y a alors dans ce processus de célébrité, une aura malsaine dans l'étude et

Péjoratif

l'appréciation de l'architecture-produit. A contrario, une architecture de qualité peut être et est souvent inconnu du grand public, et en même temps gagnerait à l'être... Il y a dans la renommée lien subtil qui lie l'architecte à son oeuvre, qui tendrait à le servir comme le desservir ! Toutefois, tout architecture recherche dans sa carrière une reconnaissance, est-elle pour autant la finalité ? Le travail de mémoire, du patrimoine architectural et même de l'enseignement dans les écoles d'architecture tendent à créer ce phénomène de "starification" de certains architectes. Ce tri sélectif en est pour le moins subjectif. Il s'applique malheureusement dans tous les domaines de l'art (acteur, design, chanteur..).

Péjoratif

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L'architecte n'est alors plus pris au sérieux dans la démarche de projet mais uniquement dans la singularité sculpturale. L'image prime alors sur la fonctionnalité Les "starchitectures" sont pour moi des architectures très formelles choisies seulement pour leurs images, souvent pour des

Péjoratif

raisons politiques. Les architectes explosent souvent le budget, et les bâtiments se "démodent" très rapidement. Les starchitectes sont donc souvent appréciés par le grand public mais très critiqués par le milieu de l'architecture.

Car il n'est pas synonyme de qualité. C'est un qualificatif subjectif qui influence l'opinion publique sans réelle justification. Je

Péjoratif

préfère des architectes plus discrets comme Zumthor, Aires Mateus ou RCR. Malgré qu'ils soient connus, ils suivent leur éthique sans se préoccuper des intérêts financiers ou politiques.

Péjoratif

Etre une star c'est être connu a ne rien faire

Péjoratif

Il contribue à la dévalorisation du métier en nous faisant passer pour des mégalo qui gribouillent.

Péjoratif

Représente une image de l'architecte "grand créateur", "génie", qui "explose les budjets on le veut bien parce qu'il est connu"... ne porte pas du tout les valeurs et la déontologie qu'appliquent les autres architectes dans leur travail local.

Péjoratif

Parce qu'il renvoi au show business et à un certain culte de la personnalité artistique au détriment parfois Danube architecture sensible et fonctionelle.

Péjoratif

Il signifie qu'un architecte est si connu que l'on ne lui commande pas un bâtiment pour la qualité de son architecture mais pour le renom qui y sera associé.

Péjoratif

En tant que futur architecte, je préfèrerai être reconnu pour mon travail que par une éventuelle notoriété (pas toujours fondée sur le travail. Ex : Jean Nouvel devenu célèbre par sa femme journaliste et non par une oeuvre remarquable qu'il aurait pu faire).

Je pense que c'est toujours le cas dans n'importe quelle profession. De plus, la commande publique en architecture devient difficile pour des petites agences ou des agences grossissantes peu connus à cause de la "starification". C'est fort dommage ;)

Péjoratif

Il peut être reconnue pour son travail sans étre une star

Péjoratif

Il renvoie au monde des stars, superficiel.

Péjoratif

Il y a un côté "mainstream" et superficiel dans ce terme.

Péjoratif

Cela semble moqueur et caricatural, dans le sens "celui qui se prend pour une star"

Péjoratif

le mot star

Péjoratif

Star est une mise en avant clinquante qui semble avoir un lien avec la popularité et non la qualité mais je ne connaissais pas ce qualificatif.

Péjoratif

Un architecte doit s'effacer devant son œuvre, pour que celle-ci perdure dans le temps.

Péjoratif

J'ai l'impression que ce terme qualifie un "sous genre" d'architecte

Péjoratif

J'avais jamais entendu ce mot, mais ça fait un peu qql qui joue de son rôle et qui en profite

Péjoratif

Si un "starchitecte" est un architecte star, alors je trouve cela péjoratif de discriminer les personnes d'un même secteur. De plus l'adjectif n'est à mon sens pas beau du tout et sonne vraiment mal. Si c'est autre chose alors je ne sais pas, il faudra m'expliquer ce que c'est.

Péjoratif

C'est un néologisme malencontreux

Péjoratif

Il renvoie au non plutôt qu'au projet

Péjoratif

Parce que cela insinue que la personnalité prend le dessus sur l'oeuvre, et donc que les concours ne sont pas objectifs.

Péjoratif

Le nom de l'architecte devient une marque déposée

Péjoratif

Car le succès a tendance à monter à la tête de certains architecte.

Péjoratif

Archi placé sur un piédestal, ce qui peut altérer l'archi pour elle même au profit de l'ego de son créateur

Péjoratif

Des architectes reconnu par le biais de relations, de médias ou d'événements (opportunistes), plus que pour leur réel travail.

Péjoratif

Symptômatique d'une architecture spectacle existant pour sa propre glorification et celle de son architecte

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Annexes

Pour moi ça désigne pas seulement un architecte mais toute son agence...qui est comme une énorme entreprise, produisant Péjoratif

beaucoup de fric grâce quelques bâtiments remarquables... Ça cache peut-être un manque de conscience (notamment par rapport aux coûts...)

Péjoratif

Il positionne l'architecte sur un piédestal et lui donne une connotation "marketing", faisant de ses batiments des objets de consommation

Péjoratif

On Limite l'architecte à une star alors qu'il est architecte avant tout. Il faut plutot voir en quoi cet architecte à fait qu'on retienne ses œuvres.

Péjoratif

Parce que bien souvent les "stars" se servent de leur renommée (acquise par un grand travail) pour réaliser des projets qu'ils ne méritent pas; ces projets sont simplement mauvais.

Péjoratif

L'architecte se contenterait alors principalement de l'esthétique du bâtiment pour plaire au grand publique

Péjoratif

star est a connotation négative, "téléréalité", star n'est pas perçu comme une étoile, on parle aujourd'hui d'artiste, de ARTISTECTURE ?

Péjoratif

la réalisation peut être star, mais pas le réalisateur

Péjoratif

Ce n'est pas une conscience collective de faire de l'architecture

Péjoratif

"Starchitecte" donne pour moi une image de l'architecte mondialisé. Edifiant des bâtiments sans faire appel aux techniques et savoir faire locaux; mais aussi sans réel rapport au contexte environnant; privilégiant plutôt l'architecture signale.

Péjoratif

C'est péjoratif dans notre langage courant mais je ne pense pas que ce soit un mal que certains architectes soit connus du grand public cela peut aider les gens à se sensibiliser à l'architecture. Après j'aurai peut être préféré que ce soit d'autres architectes qui soit connus. Cela donne une certaine image du métier qui n'est pas vrai pour 99% de leurs collègues.

Péjoratif

L'architecture, la perception et les sensations sont personnelles et singulières. Starchitecture signifie pour moi industrie. Or l'architecture ne doit pas devenir une industrie pour pouvoir rester unique

Péjoratif

L'aspect "star" renvoie à une vision publique d'un homme au beau discours public mais peu de fond.

Péjoratif

Les starchitectes ont toute l'attention du public pendant que le reste de la profession rame et trouve peu de contrats, y compris pour certaines "grosses agences" dans les régions qui proposent parfois de bien meilleurs projets.

Péjoratif

Une architecture peut être perçus différemment en fonction des personnes, et cet adjectif influence l'avis du visiteur

Péjoratif

Péjoratif Péjoratif

Péjoratif

Pour moi un starchitecte est un architecte qui a un peu perdu de vue l'objectif premier de l'architecture. Je pense plutôt à Franck GEHRY dans ce cas la. Mais pour d'autres comme Zaha Hadid ce n'est pas forcément péjoratif.

Prce que ce sont des architectes sûrcôtés qui se sentent obligés de répondre à tous les appels à concours pour faire vivre leur agence inutilement énorme.

Personne qui font des projets différents de ce qu'aime la société, qui se font remarquer.

Cette connotation péjoratif, vient surtout de cette idée de l'architecte au grand geste architectural, à la tête d'une grosse boîte à faire des concours internationaux, s'imposant sur tout les continents grâce à sa renommé, devenant donc plus gros, pouvant donc mener encore plus de concours. C'est aussi lié à des architectes ayant juste une pratique très reconnu qui ne mène absolument pas au travers de l'architecte qui impose son écriture, toujours la même qu'importe où c'est.

Péjoratif

On ne pense qu’a faire un beau bâtiment avec de gros moyens

Péjoratif

ça fait "architecte à monuments touristiques", c'est dommage, on perd l'intérêt architectural et tout le monde prend la même photo sous le même angle en disant "waw c'est un architecte connu qui a construit ça" sans même comprendre l'intérêt de la chose. Puis c'est moche comme mot, "starchitecte", ça fait "ouais c't'architecte j'laime bien ouais ouais ouais..."

Péjoratif

Le coté pas tres humble, on preferera grands noms de l'architecture, à architecte superstar

Péjoratif

Parler de "starchitecte" c'est classifier une oeuvre, un architecte dans une tendance ponctuel, c'est aussi etre connu pour un style particulier, c'est d'avoir un style de projet alors que chaque projet devrai être unique et repondre a un besoin, un contexte a chaque fois particulier, savoir se ré-inventer et ne pas reproduire un batiment qui a plu..

Péjoratif

Trop extravagant, trop la grosse tête, un salaire pharamineux !

Péjoratif

Pour moi c'est un qualificatif négatif car il reflète que l'architecte réalise certes beaucoup, il fait du beau avant de faire de l'architecture , sa signature est plus importante que la qualité pour le commanditaire

Péjoratif

Monopole de la commande publique, agences-industries.

Péjoratif

Trèd difficile à définir peut etre trop proche des politiques et surtout par jalousie

Péjoratif

Pour moi ça donne l'image d'un architecte complètement déconnecté qui fait de l'architecture objet.

Pour moi, stararchitecte c'est mettre d'une part en avant 1 architecte alors qu'en réalité, il y a des 10aines voir 100aines

Péjoratif

Péjoratif

d'architectes qui bossent à ses côtés dans l'ombre de l'image de la "star". Depuis, star = quelqu'un de connu et mise en avant de ce qu'il fait, hors selon moi, une bonne architecture doit pouvoir effacer l'architecte qui est derrière et la mettre en relation directe avec le visiteur, l'habitant du lieu, l'utilisateur du lieu. Stararchitecte, c'est trop mettre en avant quelqu'un parce qu'il a un style qui sort du lot, qui innove etc c'est de l'architecture qui sert a en mettre plein la vue dans un premier. j'appelle cela de l'architecture bourgeoise avec des sommes colossal et de la consommation de matière colossal pour faire du beau et affronter les limites de la gravité et autres problème

Péjoratif

Péjoratif lorsque c'est le grand public qui le design ainsi Car il met en avant non pas l'intérêt d'un travail, d'une démarche, mais une personnalité, ce qui, au fond, n'a rien à voir avec

Péjoratif

l'architecture en soi. Généralement, je trouve cela rabaissant de réduire le travail d'un architecte, à vrai dire d'une équipe, à des ragots d'entre-soi, du people. Nous donnerons bien meilleure image de notre "corporation" en nous passant de ces attitudes ridicules.

Péjoratif

Il est utilisé de façon péjorative mais ne devrait pas

Péjoratif

pcq

Péjoratif

Ce type d'architecture (bien qu'impressionnante) releve plus d'un geste sculptural indépendant que d'un veritable soucis d'architecture dans un contexte.

Il évoque une formalisation à l'extrême. Ca renvoie a l'esprit concours où l'art de vendre le projet dépasse celui de la conception du projet. Nouveau maniérisme qui crée des objets de rendu et pas des objets de recherche.

Péjoratif Péjoratif

Un architecte qui s'affranchit des règles et des commandes grâce à sa renommée, favorisé face à d'autres agences uniquement pour le prestige.

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Annexes

Le terme "starchitecture" renvoie à un système-valeur de l'architecture. Ce système est déconnecté et mégalo, les projets qu'il Péjoratif

produit sont guidés par le capital et la consommation visuelle, le plus souvent il s'agit de pur "flag-ship". Tous les architectes bénéficiant d'une grande visibilité devraient oeuvrer à l'amélioration du statut d'architecte et de la qualité architecturale et essayer d'orienter les politiques urbaines et sociales (dan le milieu de l'architecture) dans le bon sens, et non pas participer à l'avénement du "mall", à l'espace marchand comme premier espace public, etc. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, si je peux me permettre.

Péjoratif

Ce sont des phares, des totems qui sont érigés. Ils pourraient être construits partout ailleurs, ne tiennent pas forcement compte de l'environnement. Ces bâtiments ne disent pas toujours vrai quand à la structure et la technique. C'est un gros déploiement

Péjoratif

d'argent, une sorte d'événement.

FORMALISTES !!!

Péjoratif

Un donne un côté célébrité et superficiel aux architectes et les mettent en avant en dépit de leur agence/collaborateurs

Péjoratif

Un architecte n'a pas besoin de se faire appeler "stararchitecte" pour etre une star, cela démontre un besoin de notoriete

Péjoratif

Ils écrasent

Péjoratif

Ils peuvent construire tout et n'importe quoi ce sera bien vu de tous étant donné que ce sont des starchitecte

Péjoratif

Parce que Les créations architecturales ont plus vocations a être des objets "de marque" posés dans un contexte souvent ignoré. Cela crée

Péjoratif

Péjoratif Péjoratif Péjoratif

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parfois des sculptures inscrites dans un style reconnu dans un but de construire "à la gloire" de l'architecte en question plutôt que de répondre à des problématiques sociales, historiques, urbaines, géographiques, économiques, etc.

J'ai l'impression qu'une "star architecte" est plus connu pour ce qu'elle va faire à cote de son architecture (mode de vie, histoire people en gros) que pour son travail et ses réalisations L'edifice vu comme un objet est souvent mit en avant (la star) délaissant le rapport du bâtiment au contexte, alors que c'est primordial On sous entend que ses projets ne sont pas forcément bien mais juste qu'ils sont "voyant" "bling bling" ou alors que cet architecte a fait des projets bien avant mais que mtn il suffit juste pour lui de poser son nom pour construire

Péjoratif

qualificatif superficiel

Péjoratif

Péjoratif parce que souvent en disant "starchitecte" on veut dire "qui se soucie plus de son image que du "contenu" de son architecture". En gros on considère qu'un architecte, au moment où il devient mondialement connu, se met à faire de la merde (pas forcément mon cas, mais je le pense pour GEHRY perso).

Par contre il ne nous viendrait jamais à l'idée de qualifier Siza de starchitecte. Pourquoi? je ne sais pas.

Péjoratif

Car c'est seulement une histoire d'argent et de magouilles politiques. Bien souvent l'essence même des émotions et des sensations que peut procurer l'architecture en est oubliée.

Péjoratif

renvoie à l'architecture comme un objet pour se faire connaître et non à une réponse à des besoins de la société. Cependant, cela permet de faire réagir et promouvoir les différences de capacités entre architectes et promoteurs

Péjoratif

Le terme fait croire qu'il n'y a qu'une seule personne derrière le projet architectural. Il ne faut pas faire croire aux gens qu'un star architecte produit un bâtiment, alors qu'il y a tout une équipe derrière. C'est un mensonge.

Péjoratif

Car l'architecture ne doit pas être juste un objet.

Péjoratif

Pour moi le qualificatif starchitecte renvoie une image péjoratif, car l'influence du mot porte atteinte à l'essentiel c'est-à-dire le projet.moi la "starchitecture" est de la poudre aux yeux. Un travail formel extrêmement poussé et qui très souvent délaisse la Pour

Péjoratif

Péjoratif

fonction. Une déception quasi-systématique suite à la découverte de la fonctionnalité du bâtiment aux vues de la spectacularité de son apparence. C'est plus une question d'égo et ils semblent perdre de vue le but premier de l'architecture : on construit pour les autres.

Plutôt péjoratif mais il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier ! Et puis c'est un jugement de valeur très subjectif.

Pour moi qui aime plutôt l'architecture sociale, humaine et vernaculaire, forcément le qualitatif "starchitecte" sonne comme démesure, argent et tape à l'oeil.

Péjoratif Péjoratif Péjoratif

Ca fait référence à la marchandisation de l'image de l'architecte ,à la re connaissance de sa personne (artiste) plus qu'à son travail.

Ce terme est associé à mes yeux un type d'architecte dépensiers à l'architecture monumentale qui n'est pas représentatif du véritable travail de l'architecte. Il s'associe désormais au grand concours plus facilement remporté par ces nom prestigieux Car il réduit le bâtiment à un objet iconique connu de par sa forme ou son visuel mais non ses réelles qualités architecturales Ce sont souvent des projet réaliser par de très bon architecte, qui ont fait leurs preuve auparavant. Leur renommé leur laisse place à de nombreux projets Aux programmes complexes. Quand j'entends "starchitecture", j'imagine des projets formel. Qui se

Péjoratif

remarquent de loin, qui joue avec les technique de construction et qui emploi de nouveau concept. Ce qui est plutôt positif.

Seulement ces projets sont souvent intéressant uniquement dans la forme. Les principe meme de l'architecture sont alors très souvent oublié, laissant place à des espace peu fonctionnelle. Les budgets consacré à ses projet sont colossales et très souvent pas respecter. Jmapprecirai que cette argent soit consacré à des projet un peu moin "voyant" et plus poussé dans des concepts fonctionnels. D'autre part, beaucoup de ses architectes sont souvent dépassé par le nombre de projet en cours, et en délaissent certain. Ils deviennent alors une "marque" ( une signature qui ne garentit aucune qualité).

Péjoratif

C'est une branlette d'égo, l'architecture ne doit pas servir l'image ni représenter celui qui la fait, mais ceux qui l'utilise

Péjoratif

Le fait qu'un bâtiment soit connu peut venir de la notoriété de l'architecte, et pas forcément du fait de ses qualités

Péjoratif

architecturales Batiments images, démesurés, jouissent de privilèges dans la commande, coût très souvent exorbitant.

Péjoratif

Car cela autorise toutes les connerie et détruit l'architecture, Avec des gestes gratuits et dès bâtiments hors de prix

Péjoratif

architecture spectacle, objet, architecture du fric...

Péjoratif

parceque

Péjoratif

Parce que je suis jalouse et que je veux la même carrière pour gagner beaucoup d'argent !

Péjoratif Péjoratif

On ressent l'idée de l'architecte qui souhait faire de l'architecture pour son image avant tout, pour qu'on parle de lui, et pas en priorité pour les usagers, ce qui n'est pas toujours réellement le cas . car souvent employe dans un discours denoncant le cote mercantil du travail d un archi Les "starsarchitectes" ont pour moi (avis tout à fait personnel) un intérêt plus grand à "épater" ses visiteurs en oubliant l'usage

Péjoratif

du lieu et son implantation, son contexte. Une "stararchitecture" perd cette notion de mise en valeur des usages et privilégie le spectaculaire. Ainsi on se retrouve dans des scénarios atypiques et aujourd'hui des situations critiques et critiquées dans le fait que pour un musée par exemple, les visiteurs viennent pour observer cette "starchitecture" au détriment de l'exposition. Il y a donc aucune mise en valeur du programme...

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Annexes

L'emploi de ce terme peut être utilisé pour qualifier un architecte connu nationalement ou internationalement d'un point de vue médiatique, par un "buzz", et pour le caractère spectaculaire de ses bâtiments .. En somme une architecture de spectacle.

Péjoratif

Il est rarement employé pour définir un architecte reconnu pour ses théories et ses idées (on a jamais considéré Louis Kahn comme une starchitecte, même si l'époque était différente).

Pour parler de manière plus actuelle, l'image médiatique et la reconnaissance priment aujourd'hui sur l'architecture au sens large (comparaison possible par exemple avec Peter Zumptor, jamais qualifié de starchitecte).

Péjoratif

Péjoratif

Péjoratif

Ça me donne l'impression qu'ils sont justes là pour faire de l'image, de la comm. Même si ce n'est pas le cas, j'ai l'impression qu'ils font ce qu'ils veulent, en faisant abstraction du site, parce qu'ils font partie du cercle starchitectes.

C'est la renommée avant la conception de l'espace. Pour moi Piano n'est pas un starchitecte car malgré le succès, il est resté concentré sur ses méthodes et ses choix architecturaux Il induit un cliché de l'architecture comme un étant quelque chose de bizarre, artistique, aux formes complexes et aux apparences étranges. Pour le public, l'architecture se résume à ça, ce qui dévalorise considérablement l'image de l'architecte en France alors que ces personnes sont à une échelle de l'architecture bien différente de la plupart des autres praticiens, les stars architectes ne représentent qu'un pourcentage infirme de la conception architecturale. Le manque de culture et d'intérêt du public pour l'architecture est responsable de cet aspect péjoratif du terme alors qu'il pourrait être plutôt valorisant !

Péjoratif Péjoratif

Le terme starchitecte est plutôt lié à des personnalités ou à des architectes dont la renommée est telle aujourd'hui, que la qualité de leur architecture n'est plus critiquée.

Oeuvres tournant autour du domaine de l'architecture de la globalisation, sans identité

Péjoratif

fd

Péjoratif

Car aujourd'hui n'est plus possible de continuer de faire ce genre de bâtiments, nous nous trouvons dans la crise économique mais surtout environnementale, cette architecture ne serve que à choyer l'ego surdimensionné de l'archi! L'archi crée au service des gens et société et non au service de ses fantasme...

Péjoratif

Ca me fait penser à un architecte qui ne fait plus vraiment un travail d'architecte

Péjoratif

mauvais

Péjoratif

Notion de visibilité de l'œuvre exacerbée / Démonstration architecturale / Querelle d'ego / L'objet avant la fonctionnalité

Péjoratif

IL Y A PEU DE PROFONDEUR ET DE REFLEXION DANS LES PROJETS, IL S AGIT PLUS SOUVENT D'UN NOM UTILISE.

Péjoratif

Ce qualificatif va souvent de paire avec le pouvoir, l'argent, une hégémonie sur la profession et une couverture médiatique excessive ce qui ne font pas toujours les meilleurs alliés pour produire une architecture juste.

Péjoratif

Car tape à l'oeil, cher, et decontextualisé

Péjoratif

Car on y associe généralement des architectes qui réalisent des projets de grande envergure qui en "mettent plein la vue" esthétiquement et qui ont des budgets astronomiques. Le tout sans forcément apporter une qualité spatiale intérieure meilleure ou faire intervenir une conception et une construction respectueuse, durable et adaptée. L'architecture n'est pas seulement cela et de loin, mais il est dommage que ce soit malheureusement l'image première qu'elle ai auprès du grand public.

Péjoratif

L'architecte cherche à créer de la qualité spatiale et créer de nouveau rapport à l'espace. Tout cela pour les utilisateurs. Les starchitectes recherche la popularité et le prestige à travers l'image et la médiatisation de leurs bâtiments, c'est une question d'égo. Cela n'empêche cependant pas la qualité de ces projets, la priorité n'est simplement plus la même. Je préfère la modestie et l'authenticité à l’égocentrisme et le faux-semblant.

Péjoratif

Marketing architectural

Péjoratif

Bichette j'ai fais mon memoire sur le sujet et j'ai de tres bonnes ref. si tu veux !!

Péjoratif

Une architecture médiatisée, une architecture de consommation, une architecture du trop...

Péjoratif

Etre toujours au dessus, sans contrainte, remporter tous les projets, Ego surdimensionné, Architecture tape à l'oeil..

Péjoratif

Parce qu'ils en oublient pour quoi et pour qui ils font l'architecture.

Péjoratif

Il désigne une architecture publicitaire, qui met plus en valeur l'architecte et le commanditaire que les usagers et les habitants.

Péjoratif

Il s'agit d'une forme d'architecture qui ignore trop souvent son contexte que ce soit historique, social ou économique.

Péjoratif

Je pense bel objet mais pas fonctionnel et souvent coûteux d'entretien Les starchitectes sont reconnus positivement auprès du grand public comme des archis avec beaucoup de talent réalisant

Péjoratif

beaucoup d'objets. Ils sont également connus pour leurs projets onéreux, mettant à mal les professionnels de la formation, en faisant passer l'ensemble des archis pour des professionnels inconscient de l'environnement économique dans lequel ils travaillent. Ils véhiculent également une fausse image de l'architecture auprès de tous. Si tu ne l'as pas lu, jette un coup d'œil au bouquin "Contre l'architecture" de Franco de la Cecla, bon petit bouquin ! Je suis également en train de lire "Faut-il pendre les architectes" de Philippe Trétiak. Je ne peux pas te donner d'avis dessus pour le moment, mais peut-être qu'il peut t'intéresser !

Bon courage :)

Péjoratif

Star ne veut pas dire qualité

Péjoratif

batiment couteux

Péjoratif

C'est dans la démonstration purement esthétique, ça impressionne mais ne répond pas forcément aux enjeux d'un site. Ils se créent une identité forte et ne renouvelle pas leurs idées, quel que soit le site, les communautés concernés, l'histoire...

Péjoratif

Car c'est l'Architecture et non pas l'architecte qu'il faut mettre en avant, non pas un nom mais toute une équipe, non pas un montant exorbitant mais une dimension sociale et contextuelle...

Péjoratif Péjoratif

Généralement quand j'emploie ce terme c'est pour parler de bâtiments emblématique qui ont malheureusement un côté marketing qui me dérange un peu. En revanche certains sont intéressants et à mon gout.

Priorité aux apparences et à la forme Ce type de bâtiment est, selon moi, souvent en décalage avec le site et le contexte environnant. La volonté esthétique passe avant

Péjoratif

les questions d'usage, on peut le voir à travers l'homogénéité des réalisations de ces agences d'architectes dite "starchitectes", où le fait de vouloir imposer une "marque", "une signature" s'impose au delà du bon sens.

Péjoratif Péjoratif

Bien qu'il permette de faire connaître l'architecture, il permet aux architectes d'oublier les vrais enjeux du métier pour ne faire questarchitecture de l'apparence La c'est généralement plus du tape a l’œil où la signature de l'architecte est plus recherchée que la pertinence du projet en lui mêm, souvant ayant des dysfonctionnements. Cependant, ils y a bien sur des exceptions où les bâtiments produits

Péjoratif

La starification des disciplines artistiques n’est pas une bonne chose selon moi

sont des perles (esthétique/poésie+fonctionnement)

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Annexes

Positif

Ça doit être un bâtiment connu

Positif

C'est qu'il a aider à la production de monuments historiques ou connus, qui l'ont rendu célèbres.

Positif

Le composé avec le préfixe star est sympa

Positif

Positif car cela signifie que cet architecte a su marquer les esprits via ses œuvres

Positif

monument connu et culturel

Positif

En première impression ce qualificatif me semble positif sans connaître sa signification

Positif

Du fait de son préfixe qui fait penser à un bâtiment ou une oeuvre majestueuse connue ou qu'il l'est personnellement.

Positif

Pour moi évoque la réussite

Positif

Je n’ Jamais entendu cette expression mais avec le préfixe « star » ça me semble plutôt positif

Positif

Parce que c’est de l’art

Positif

Creatif

Positif

Ca consacre

Positif

Parce que c’est construit avec star et architecte

Positif

Cela fait penser à des monuments dont l'architecture est reconnaissable facilement par tous (ville, pays et architecte). Pour moi ce sont des monuments que l'on vient visiter pour leur architecture.

Positif

Chaque époque a eu ses architectes dits 'stars' aujourd'hui, qu'on disait célèbres hier. Ils ont souvent bâti des merveilles et repoussé les limites du possible dans la construction et dans la création.

Positif

connais pas

Positif

Brillant, intemporel

Positif

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Il est connu

Positif

Il renforce le mérite du travail de l’architecte, il permet de faire ressortir l’architecte de l’anonymat dans un milieu où il est difficile de se faire connaître parfois. Il permet de mettre en avant l’artiste autant que l’on met son oeuvre.

Positif

Créativité

Positif

Je ne sais pas

Positif

Car cela rend l’architecture plus visible par le grand public ce qui est une bonne chose

Positif

Incarnation de la réussite de ce métier

Positif

Parce qu’il s’agit d’un métier où les œuvres sont visibles mais les créateurs souvent oubliés

Positif

Il faut des personnalités montantes et influentes dans chaque corps de métiers. De fait, les starchitectes contribuent au lancement de courants nouveaux et à la promotion du métier d’architecte dans le monde.

Positif

Parce que être reconnu pour son travail est valorisant

Positif

Ils ont fait leur preuves, leurs œuvres sont étudiées et prises comme modèle

Positif

L’architecture à réussi a sortir du lot uniforme

Positif

Ça représente des bâtiments phares et emblématiques de l'architecture

Positif

Starchitecte=bon architecte

Positif

c'est une façon d’écrire son nom dans l'histoire de l'architecture et de s'impose quelque soit les limites spatio-temporels C'est un terme qui démontre de la notoriété de l'architecte de ça capacité à faire de son oeuvre quelque chose d'amdmirable par

Positif

le plus de personne et d'énormément apprécié par beaucoup de monde. Donc être qualifié de starchitecte démontre du talent inouï de celui-ci.

Positif

Mise en avant de l œuvre par le nom

Positif

Star = célébrité

Positif

C'est une architecture qui sort du commun

Positif

car il y a le mot star

Positif

Grave à son succès important

Positif

Reussite

Positif

Simple adjectif pour qualifier un architecte célèbre et reconnu

Positif

Quoi qu'on en dise, si ces architectes sont connus, c'est qu'ils ont inspirés des générations d'archi par leurs idées, leur travail

Positif

C'est le signe d'une reconnaissance mondiale, que le travail fourni porte ses fruits

Positif

c'est être un architecte reconnu en tant qu'artiste aussi avec un "don" de démarquage

Positif

Notoriété, reconnaissance

Positif

Ce sont les représentants imagés d'une catégorie social que nous cherchons à atteindre

Positif

un style arty architectural parmi d'autres

Positif

La notoriété n'est pas un defaut.

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Annexes

Annexe 27 Entretient réalisé le 28 Mai 2018 avec Philippe Trétiack, architecte et écrivain, au café Le Rouquet, Paris V

- Vous êtes journaliste, vous travaillez pour divers magazines, sur le thème de l’architecture - Je vais résumer en deux mots parce que j’ai une vie double.

Il y a des gens qui me connaissent par l’architecture et d’autres qui me connaissent par le grand reportage. Ce ne sont pas les mêmes. J’ai été trente ans grand reporter à Elle, et j’étais l’homme de la rédaction, j’étais le seul. Et vraiment, j’ai fait le tour du monde dans tous les coins et je continue d’ailleurs et ça, ça n’avait rien à voir avec l’architecture. Vraiment, j’ai tout fait, j’ai fait l‘Afghanistan, des conflits, j’ai fait de la culture. De l’autre côté, j’ai toujours travaillé pour l’architecture - Vous êtes architecte ?

- Oui je suis diplômé d’architecture, j’ai une licence d’urbanisme, un DEA d’histoire de l’art et puis surtout dans le milieu de l’architecture j’ai été connu par un livre qui m’a rendu célèbre, Faut-il pendre les architectes. Depuis j’ai écrit une vingtaine de livres dont beaucoup de choses qui n’ont rien avoir avec l’architecture. Et aujourd’hui je suis en charge de l’architecture de Beaux-Arts magazine, titulaire de la chronique depuis longtemps et par ailleurs j’écris beaucoup pour Air France magazine, Elle déco, des choses au hasard, La revue des deux mondes.... Je suis donc journaliste, écrivain, et de formation architecte mais je ne suis pas du tout architecte !

- En tant qu’acteur dans le milieu des médias, est-ce que vous pensez que le terme de star soit cohérent quand il est associé au terme d’architecte ?

- Oui ! Absolument.

- Pour quelles raisons ?

- Absolument et incontestablement ! D’abord parce qu’il s’est développé dans ce milieu un certain nombre de phénomènes qui font que pour être un grand architecte il faut, dans le meilleur des cas avoir eu un Pritzker. Donc déjà le fait qu’il y ait un Pritzker, qu’il y ait un prix No-

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Annexes

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bel d’architecture, forcément ça créée une catégorie d’architectes à part.

Il faut avoir en général fait dans l’idéal le pavillon de la Serpentine à Londres, donc ne pas avoir construit à Londres avant, encore plus si vous avez fait un chai ou un vignoble ... Vous avez les trois catégories. Et starchitecte, oui, absolument, parce que ce sont des gens qui sont rentrés, d’abord ils ont un statut de Rock Star. Pour certains, ils se conduisent, ils se comportent de la même manière ! Zaha Hadid c’était le cas, moi j’ai côtoyé Zaha Hadid et c’est vraiment comme une rock star, quand elle arrivait chez elle, il y avait dans son bureau des gens qui l’attendaient, des gens qui tenaient son manteau, un autre qui tenait son sac, son chauffeur était là… On n’ouvrait la porte que pour elle dans son bureau, c’était la seule qui pouvait passer par cette porte, donc c’est quand même considérable !

C›est certain que, entre Piano, Nouvel…il y en a qu›on connait, on peut les citer, il n›y en a pas beaucoup !

- Oui il n’y en a pas beaucoup.

- Il y en a quelques nouveaux, il y a l’architecte de BIG, Bjarke Ingels, qui est tellement star qu’on vient de lui consacrer un film qui sort ces jours-ci, qui n’est pas un très bon film par ailleurs... Oui, je pense que ces gens-là sont traités comme des stars, ils ne voyagent qu’en première, font des magasins à Tokyo... Il y a eu un moment, je l’ai raconté, je ne sais pas dans quel livre ou article, il y a eu un moment il y a eu une concrétion de tous ces phénomènes. C’est-à-dire qu’a un moment vous aviez Prada, qui était la boutique la plus fashion du moment, qui avait commandé sa boutique à Rem Koolhas. Rem Koolhas a installé la boutique Prada, il y avait une seule chaussure dedans. La photo a été faite par ce grand photographe allemand, dont évidemment le nom m’échappe à ce moment-là, qui fait les photos gigantesques là... ça me reviendra ! Donc la photo du magasin a été faite par ce photographe, c’est devenu une des photos les plus chères du monde ! Dans le même temps ce photographe a commandé son atelier à Herzog et De Meuron, il y avait donc une espèce de boucle…

- Une association entre…

- Vous avez la mode, la photographie, les arts plastiques, l’architecture, ensemble. Et si ça ce n’est pas un phénomène de starification, je ne sais pas où il faut les trouver, les phénomènes de stars !

- En tant que journaliste est-ce que vous voyez le rapport entre les médias et ces starchitectes se modifier au cours du temps ? Est-ce que vous trouvez que vous en parlez davantage ?

- Je crois que c’est compliqué parce qu que l’architecture ça n’apporte pas de publicité... Donc pour un journal ce n’est pas intéressant de parler d’architecture ! Sauf quand l’architecture contemporaine est comprise dans le roman national comme c’est le cas aux États-Unis, dans les pays anglo-saxons…En France, nous, le roman national c’est le

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patrimoine. Ce n’est pas l’architecture contemporaine, à la rigueur un peu Le Corbusier avec la maison du fada et la Cité radieuse à Marseille, mais avec un côté un peu sulfureux de Marseille. Mais pour nous ce qui compte dans l’histoire c’est les châteaux, les châteaux de la Loire, d’où Stephane Bern, d’où le patrimoine... Ça vous en avez dans la presse ! Mais de l’architecture il n’y en a pas ! C’est beaucoup plus intéressant pour un journal d’ouvrir une page de cosmétique…

- Parce qu’en terme de rentrée publicitaire…

- Et quand par exemple on parle de la Philharmonie ? Les journaux vont en parler parce qu’il y a du débat, il y a de la polémique et du coup ça intéresse, ça apporte des lecteurs…

- Ah oui alors dès qu’il y a de la polémique c’est idéal, bien sûr !

Mais par ailleurs, je pense que c’est une erreur grave des journaux, parce que je pense qu’en vérité - et c’est pour ça d’ailleurs que la presse crève, et bien fait pour sa gueule- parce qu’ils ne comprennent pas que… Moi je l’ai vu avec le livre sur l’architecture, je sais que ça marche ! C’est-à-dire que les gens ça les intéresse l’architecture ! Les gens sont fiers des bâtiments qui peuvent les rendre fiers ! Ils sont très contents de Beaubourg même si au début on a gueulé... Il y a une chose que les magazines devraient faire passer ! Mais parce qu’ils ne savent même pas, les journalistes, que quand même un truc important dans la profession de journaliste, c’est qu’ils sont quand même des gens extrêmement paresseux ! Et souvent assez cons !

Et c’est vrai ! Ils ne comprennent pas que l’architecture ça a deux fonctions : la première c’est de faire des abris, c’est une évidence, mais la deuxième c’est de traduire dans la forme bâtie les questions de société, les changements de société. Et au départ les changements de société ils sont mal reçus : quand Piano fait Beaubourg, les gens disent «Oh supermarché de la culture ! Raffinerie...» mais en vérité, ensuite, ils se rendent compte que c’était formidable parce que ce qu’il a fait c’était faire entrer l’espace public, c’est faire d’un musée un lieu public, accessible à tous. Et ça c’est énorme ! Et ça il faut du temps pour le comprendre, et les magazines devraient le comprendre aussi mais ça ils n’ont pas... Ils n’ont pas cette culture…

- Du coups il surfent plus sur la polémique - Oui. Puis, ils parlent des actrices américaines à la con... Enfin ça j’ai travaillé à Elle, je sais de quoi je parle ! Et ils ne comprennent pas que les gens ça les intéresse la manière dont leur ville évolue…

- Et le grand public, est ce que ça l’intéresse justement de parler d›autre chose que les starchitectes, puisque du coup les starchitectes sont connus par le grand public…

- Non mais comprenons une chose ! De même que dans le cinéma, il faut des acteurs et des réalisateurs connus pour faire derrière tout

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le reste du cinéma, de même que dans l›édition, c›est de moins en moins vrai puisque l›édition crève mais, c›est vrai quand même, il faut qu’il y ait quelques grands best-sellers pour publier le reste. Dans l›architecture il faut des stars…

- Pour pouvoir parler du reste...

- S’il n’y a pas de stars, il n’y a rien ! Que déjà, au moins, le public connaisse Jean Nouvel, Portzamparc, Perrault, sache qu’il y a la BNF etc... Ça amène le reste ! Donc ce n’est pas l’un contre l’autre - La chercheuse Véronique Biau a interrogé des architectes anonymement pour savoir comment ils communiquent, comment est leur manière de devenir «célèbre» Un des architectes dit : « Un type qui a une signature, il peut faire des merdes totales, la critique prendra soin de lui trouver des qualités ou des excuses. Cependant, elle ne se mettra jamais à examiner un projet qui ne sort pas d’une « plume » ». Pensez-vous que les médias jouent un rôle dans la starification d’un architecte ?

- Ah… C’est absolument faux ! C’est des conneries, ce n’est pas vrai du tout ! D’abord, il y a des critiques extrêmement dures et par ailleurs, il y a des tas d’articles dans la presse, mais souvent spécialisée parce que dans la grande presse il y a quand même des articles sur des réalisations... Après, elle a tendance à suivre les courants main Stream, c’est-àdire que vous avez des projets d’envergure partout dans la presse… Dieu soit loué, je reviens de Venise, à la Biennale, il n’y a plus ça. On arrête l’écologie, enfin ! Elle est intégrée dans certains projets mais on n›en parle plus... Les journaux ils n›en sont pas encore là, ils pensent encore que dès qu›il y a un projet, qu›il y a un arbre sous le toit il faut en parler. Mais je ne dirais pas que la presse ne tape pas sur les stars... Jean Nouvel il s›est fait assassiner….

- Oui mais qu’on en parle en bien ou en mal, les journalistes parlent des architectes célèbres, un peu au détriment d’autres qui gagneraient à être connus….

- Non mais alors, excuses-moi mais, les journalistes c’est quoi ?

- On ne peut pas dire «les journalistes», il y a des journalistes qui en parlent, des journalistes qui n’en parlent pas, mais une presse grand public qui parle d’architecture on en voit rarement, voilà. Vous avez quand même des critiques d’architecture dans Le Monde, dans Libé, le Figaro...

Je pense que Béatrice De Rochebouet est plus douée en art contemporain mais enfin, elle a quand même fait deux pages sur la Biennale de Venise, donc on ne peut pas dire ça je pense. Tous les discours qui visent à dire «tous» les journalistes font ci, les architectes font ça, sont faux. C’est vrai que quand Norman Foster vient sur le chantier du viaduc de Millau, que tous les journalistes et hommes politiques viennent en bagnole, font 3h de voiture, et que lui arrive avec son hélicoptère et que ça énerve tout le

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monde mais c’est absolument… Là il y a une star ! C’est incontestable, il a son avion privé...

- Pensez-vous que les journalistes spécialisés en architecture, pourraient avoir, à l’inverse, un rôle révélateur des architectes peu connus ?

- Oui mais, comme on dit, s’ils sont spécialisés c’est qu’ils ne sont lus que par des gens qui s’y intéressent. Je dirais que dans ce cas-là, ce qui peut davantage faire sortir des archis de l’anonymat, c’est l’Europan, tous ces concours où les jeunes peuvent être mis en avant. Et puis il y a des stars qui font connaitre des stars. Quand vous avez Francois Pinault qui décide d’associer Tadao Ando avec cette jeune équipe dont le nom m’échappe aussi, mais avec qui il fait en ce moment le musée, son futur lieu d’expo aux halles. La il fait sortir des jeunes il n’ y a pas de doutes.

- Les médias spécialisés auraient donc un rôle à jouer?

- Mais ils en ont un ! Parce qu’ils sont spécialisés ils sont très peu lus. Je ne parle pas de la presse architecturale, elle n’est quasiment pas lue ! Ça n’existe plus ! Il y a des blogs qui ont un peu de poids, là oui...

- Et dans la presse grand public, parfois il y a des articles sur l’architecture, est-ce qu’un article sur un architecte très peu connu dans ce genre de presse…

- Oui ! Bien sûr ! De toute façon tout article ou émission, c’est toujours bon à prendre... (rires) - Selon Valery Didelon, « Savoir bien communiquer est désormais l’une des premières qualités que l’on reconnait aux architectes qui réussissent ».

- Oui c’est la moindre des choses !

- Est ce que vous pensez que d’une certaine façon quand un architecte met des moyens et de l’énergie dans la communication de son agence, c’est un moyen mis en place, pour acquérir de la notoriété, notamment via les médias?

- Évidemment ! Évidemment Et c›est normal ! C’est la moindre des choses de se faire connaitre !

- Vous avez des exemples d’architectes qui ont utilisé sciemment les médias pour se faire connaitre ?

- Bah tous ! Ce n’est pas seulement comme ça que ça marche.

Parce que là, il y a le côté un peu complotiste, dans votre question. Ce n’est pas ça ! On parle d’Ingels, il est l’extraordinaire architecte de BIG !

Pour mettre en scène ses projets, il fait des vidéos, des films, ils sont magnifiques, et c’est formidable ! Donc après, à la limite que les journaux en parlent ou pas, ce n’est pas important… Ça circule sur les réseaux, c’est beaucoup plus important et c’est formidable donc la capacité de faire comprendre au plus grand nombre son travail, c’est aujourd’hui une donnée

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indispensable de toute activité créative et de création !

- Dans le cadre de mon mémoire j’ai fait un sondage avec différents groupes de personnes qui sont en première année, de la deuxième année à la dernière et des personnes hors du milieu, en leur leur demandant s›ils trouvaient le mot starchitecte péjoratif, positif où ni l’un ni l’autre.

Il en ressort que c’est souvent pris comme quelque chose de très négatif - Bien sûr…Est-ce que vous pensez que les médias en général, participent à cette image négative…

- Non je ne pense pas… Mais, en France, il y a une haine des gens qui réussissent, de l’argent, une haine de tout ça. On est un peuple de gens aigris, c’est regrettable mais c’est comme ça. Starchitecte, ça représente ce côté...Renzo Piano c’est un starchitecte incontestablement, je l’ai encore interviewé il y a trois jours, c’est un personnage extraordinaire de malice, il est bouleversant! Quand il dit que pour lui l’architecture c’est faire des bâtiments qui font la paix, parce qu’il est né de la guerre, c’est extraordinaire… Pourtant c’est vraiment un géant, il a bâtiments dans le monde entier en train de se construire. Mais, quelle que soit l’idée… quelqu’un de célèbre en France, les gens n’aiment pas ça !

- Donc automatiquement il va être critiqué ?

- Oui ! Ils sont jaloux …

- Par la presse, par les journaux…

- Par les Français ! Même pas par la presse ! La presse peut dire beaucoup de bien d’un architecte très célèbre ! Il y a eu pleins d’articles sur la BNF de Perrault, il n’y a pas d’articles négatifs sur lui…Je pense qu’il y a des tas de gens qui, si on dit starchitecte ils vont trouver que c’est une insulte !

- Oui... Et, dans la presse, quand quelqu’un de totalement étranger à l’architecture lit un article critiquant Jean Nouvel pour la Philharmonie par exemple, automatiquement vu qu’il ne connait pas le milieu ou l’architecture en soi, il va automatiquement se dire ah ben du coup l’article a raison...

- Nonobstant, tous les gens qui vont à la Philharmonie, se rendent compte que ça marche ça marche bien, l’acoustique est sublimissime, c’est une des plus belles salles de concert au monde ! Que Jean Nouvel soit détruit, je l’ai encore vu il y a trois jours, il est vraiment détruit par cette histoire... C’est vrai, il pensait que c’était l’oeuvre de sa vie... Là il est en procès. Je pense que c’est vrai qu’ils ont saboté son projet...

- Tous mes amis étudiants en architecture, lorsqu’on parle de Gehry « berk Gehry » ;« ah Jean Nouvel berk » alors qu’en fait on ne connait pas forcement ce qu’ils font…

- C’est des géants ! Ils sont aussi forts que les Scorsese, que les Spielberg, où les grands cinéastes et réalisateurs de films, les Fellini, etc.

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Ils sont de cette taille-là ! J’ai été avec Jean Nouvel à Abu Dhabi à la fin du chantier. C’est quand même dingue, il y a 5000 personnes sur le chantier, c’est quand même une pression énorme. Lorsque ,j’étais à l›inauguration de la Philharmonie qui est sublime, je lui ait dit: «quand tu as commencé, tu pensais que ce serait comme ça?» Il m’a dit «je savais que ce serait exactement comme ça» ! Et ça veut dire quoi ? Ça veut dire que depuis le début il s’est affronté à tous les, gens qui voulaient casser son truc, parce que les grands qui réussissent, c’est des grands paranoïaques comme les grands cinéastes donc. Mais on peut dire ce que l’on veut, mais les gens ne vont pas cracher sur Fellini, ni sur Scorsese, mais ils vont cracher sur Jean Nouvel parce qu’ils ne se rendent pas compte que c’est des gens de la même taille !

- Et ce n’est pas selon vous parce que l’architecture c’est censé, c’est un art, mais c’est un usage...

- Si ! C’est la complexité de la chose, c’est un art utile…

- Voilà ! C’est aussi pour ça selon vous qu’il y a beaucoup de gens en archi qui ont du mal à voir des stars dans ce milieu ?

- Oui ! Parce qu’on est beaucoup en France dans cette idée que l’architecte doit avoir un rôle social, doit rendre service, doit rendre service au peuple ! On est un peuple très à gauche dans notre façon de penser ! Ça c’est le bon côté ! Pourquoi pas, mais il y a aussi un côté gauche, peine à jouir euh, qui peut être aussi un coté de droite d’ailleurs... ahah ! M’enfin j’ai toujours dis que le fait que les archis s’habillent en noir c’est qu’ils ont un double aspect, c’est à la fois l’architecte beaux-arts, anarchiste et bohème et c’est en même temps le curé donneur de leçons, ingénieur. Il y a les deux, c’est pour ça que c’est complexe, l’architecte est complexe à aborder mais… Un grand réalisateur de films, c’est aussi un gars qui est capable d’écrire un scénario, qui est capable de tenir une équipe technique, comme un architecte en fait… La différence c›est que pour qu›il y ait un succès pour un film, il faut qu›il y ait du monde, faut faire du chiffre. Un bâtiment, à la limite, il suffit qu›il y ait une personne qui l›aime et qui en fasse la promotion, ça peut suffire pour en faire un truc célèbre. Donc c’est un peu comme l’art contemporain dans ce sens, il suffit qu’il y ait un bon mécène qui vous achète pour faire de vous une star. Si Pinault a décidé d›encenser Jeff Koons, il n’y aurait qu›un seul client, Koons devient une superstar. Pour les architectes c’est pareil, si Pinault décide de demander à Tadao Ando de faire la douane à Venise, c›était déjà une star, mais il peut propulser quelqu›un au rang de star.

- Pour poursuivre ce parallèle entre la star, mot qui vient du cinéma, avec l’architecture, il y a cette image de star qui est issue de la société de consommation de la culture de masse. Or, l’architecte est associé à l’image d’un intellectuel ... Est-ce que vous êtes d’accord pour dire que

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dans le cinéma il y a des films d’auteur, des Block Buster qui font que les films d’auteurs existent ?

- Oui… - Et dans l’architecture vous pensez que c’est la même chose ?

- Oui, parce qu’il y a aussi dans le cinéma des Block Busters qui sont des films d’auteurs...Fellini, c’est un Block Buster, c’est un grand cinéaste, il y en a d’autres, Scorsese, Altman, il y en a plein, Woody Allen…

- Oui, mais si vous voyez le Block Buster comme les grandes productions avec que des acteurs connus, type Marvel…

- Cela dit, je trouve que quand même l’expression «star» justement, ce qui est intéressant dans l’expression starchitecte, il pourrait il y avoir les architectes type bestsellers un peu populaire mais il n’y en a pas.

Ce qu’on reconnait comme des starchitectes, c’est quand même les architectes qui sont des intellectuels, qui ont une écriture, qui ont une patte, etc. Il y a des architectes qui font énormément de constructions, beaucoup plus que les starchitectes, mais on ne les connait pas. Eux, font tout...

Par exemple, l’entreprise américaine qui fait le bâtiment du.... Freedom Tower... Owings ... Skidmore, voyez... C’est des superstars de l’architecture, mais ils n’apparaissent pas comme starchitectes, ils apparaissent comme une énorme entreprise corporate qui fait de l’architecture. Starchitectes ça veut quand même dire que vous êtes un auteur !

- C’est ça... Donc il y a une signature derrière…

- C’est plutôt bon signe ! Ça veut quand même dire qu’on reconnaît ces architectes, qu’ils font non seulement du chiffre, ils construisent pas mal, mais surtout ce qu’ils ont fait c’est des lendemains : il y a avant, un après…

- Mais selon vous cela vient aussi du fait qu’ils, tel JeanNouvel, ont une manière de s’auto-promouvoir, de se montrer et de se faire voir…

- Non pas tellement… Non... Je dirai pas tellement !

- Une manière de communiquer ?

- Non Jean Nouvel n’a pas été très bon pour sa com…Après il a Claudine Colin et son bureau qui est très important ! Vous avez interrogé des gens des bureaux ?

- Non… - Vous devriez appeler Claudine Colin : il n’y a pas de Jean Nouvel sans Claudine Colin ! C’est sa com ! Et François Pinault, c’est Claudine Colin qui s’occupe de ce qui se passe à Venise, des choses comme ça... Certains ont compris ça ! mais il y en à d’autres... BIG, je ne sais pas qui s’occupe de lui, mais lui est très fort en com ! Très fort en conférence ! Il attire des foules, il n’y a pas de doutes !

- Dans le sondage que j’ai réalisé pour le mémoire et, quand on dit starchitecte, par exemple, Peter Zumthor tout le monde l’apprécie et

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jamais on ne pourrait l’appeler starchitecte...

- Ça dépend, je l›ai vu à Venise, il expose en ce moment au dernier niveau, disons un endroit principal. Toute une série de ses maquettes sont des maquettes presque poétiques, sensorielles, qui ont un énorme succès. Donc c›est quand même une star, c›est absolument une starchitecte...

- Et pour vous, il n’y a pas de différences entre le starchitectes Peter Zumthor et le starchitecte Jean Nouvel ?

- Non, non ! Ils sont Pritzker tous les deux !

- Ils ont une manière différente de…

- J’opposerais plutôt Zaha Hadid et Zumthor, ou Norman Foster et Zumthor. Ce sont des productions considérables mondialement, y’en a d’autres ... MAD, un peu japonais, installé à Toronto, énorme star !

- Pour vous c’est quelque chose de bénéfique à l’architecture ?

Le fait qu’il y ait des star qui soient connues du grand public ça sert à démocratiser ?

- L’important c’est ce qu’ils font ! S’ils sont très connus et qu’ils produisent des bâtiments détestables ou qui font du mal à l’architecture voilà… Mais en général, les grands archi célèbres et célèbres comme des stars, ce qu’ils font, c’est bien ! Après, qu’ils volent du travail aux autres, qu’ils en laissent pas à leur concurrence, la question se pose, c’est possible. Je pense par exemple qu’en ce moment il y a un phénomène en France qui est tout à fait détestable c’est qu’énormément de maitres d’ouvrages publics veulent un architecte Japonais ! Tout à fait détestable, car on s’aperçoit qu’en France, souvent, les archis japonais qui sont des stars, je pense à Kengo Kuma, Toyo Ito... Ce qu’ils font en France c’est mauvais ... En général ils ratent tout ce qu’ils construisent, c’est une catastrophe.

Kuma a fait plein de bâtiments ratés. Dont, à mon sens, le Beaubourg de Metz… On peut en discuter… Alors là il y a un phénomène, chez les élus, le phénomène starchitecte qui est contestable et regrettable ! Parce qu’ils pensent que c’est bien pour leur com de pouvoir dire que j’ai fait faire le bâtiment par machin qui est très connu…

- C’est pour cela qu’on dit que le fait que ce soit un starchitecte pour les élus c’est un outil?

- C’est valorisant ! Absolument !

- Je dirais, ce n’est pas le public qui est victime de ça c’est les élus ! Derrière ça se cache un autre problème c’est qu’en France, on a 36000 communes, donc chaque maire veut avoir son bâtiment et c’est n’importe quoi, d’où le fait qu’on a 4 hôpitaux sur 5 qu’il faut fermer…Ils n’arrêtent pas de parler de la fermeture de la maternité de Pithiviers. C’est une excellente chose, quand vous avez une maternité où vous faites un accouchement tous les trois jours, personne n’a envie d’y aller !

- Sur les sites internet que j’ai analysé un peu, lorsque l’on est sur

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la première page du site de Jean Nouvel, il y a une énorme photo, prise par un photographe très célèbre, Eliot Erwitt, qui est copyrighté en bas de la photo... Puis ensuite il y a beaucoup de « je », il est prédominant sur le site…

- Les grands architectes célèbres côtoient des gens eux-mêmes célèbres, de grands peintres, de grands photographes, de grands mécènes.

Tout ça c’est normal. Je connais très bien Jean Nouvel, mais je ne financerai jamais un bâtiment hélas !

- Cette photo copyrightée Eliott Erwit, le fait de le montrer, cela a une signification autre autre que s’il y avait une photo prise par un photographe totalement inconnu …

- Cela dit il était peut-être obligé de mettre le nom…

- Oui, bien sûr ! Mais sur d’autres sites d’architectes, par exemple ceux de Portzamparc et Ricciotti, ils ont tous les trois pas du tout la même manière de se représenter. Sur le site de Jean Nouvel, on voit beaucoup le «je», la citation, où l’architecte est présenté comme un artiste, sur le site de Portzamparc il y a peu de photos de lui, Ricciotti seulement une vidéo et il ne se passe rien d’autre sur le site autre que son travail.

- Oui ?

- Du coup on voit quand même une nuance…

- Ricciotti, ce qu’il aime, c’est le côté rebelle ! C’est aussi un moyen de communiquer !

- Bien sûr, il s’est fait un personnage… Vous le considéreriez comme starchitecte ?

- Non… Je pense qu’il pourrait l’être, mais il n’est pas un niveau parce qu’il a pas construit beaucoup à l’étranger. Ce qui caractérise la star, c’est qu’elle a une production internationale, elle est autant connue en Chine qu’aux États-Unis, ça c’est le cas d’Herzog et de Meuron, de Foster, de Nouvel... c’est crucial ! Bon c’est bien de s’appeler Arthur H mais ce n’est pas Céline Dion, quoi ! Même si je dis beaucoup de mal de Celine Dion, je veux dire, elle est connue il il n’y a pas de doutes ! C’est une star ! (Rires) - Merci beaucoup.

- C’est un plaisir.

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Annexe 28 Entretient réalisé le 29 Mai 2018 avec Valéry Didelon, architecte et journaliste, à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Malaquais.

- Je travaille sur le terme starchitecte de manière générale,

dans le but de comprendre pourquoi nous sommes amenés à associer ce terme, qui est issu du cinéma et de la société de consommation, à l’architecture. Je m’intéresse ainsi plus particulièrement à la réception de cette formule dans les médias. C›est pour cela que j›ai souhaité interroger des journalistes ou écrivains pour les médias spécialisés, pour parler de ce terme-là. Vous, en tant qu›acteur dans le milieu des médias, est-ce que vous trouvez cohérent le mot star lorsqu’il est associé à un architecte ?

- Cohérent ? Je ne sais pas. On pourrait dire que les architectes ne sont pas des gens très différents des autres et, comme dans tout milieu sociaux-professionnel, il y a des gens connus et des gens pas connus. Il y a des figures médiatiques, il y a des figures pas médiatiques. On pourrait donc dire que dans l’absolu, il n’y a aucune raison qu’il n’y ait pas de stars chez les architectes. Il y a des stars dans le cinéma, dans la mode… C’est souvent un mot qui est associé aux milieux artistiques, et les architectes sont en partie dans un milieu artistique. Mais tout d’un coup, tout ça me fait penser qu’il y a même des stars chez les ingénieurs par exemple.

- D’accord.

- On voit des gens comme Peter Wright, Cecil Balmond, qui sont devenus des stars de l’ingénierie. Donc voilà, la starification c›est un phénomène qui a peut-être commencé dans le monde de l›art, mais qui s’est étendu dans de nombreux domaines. A ce titre-là, on pourrait dire qu›il n›y a aucune raison pour que les architectes fassent exception.

- D’accord. Une seconde question, en tant que journaliste, voyez-vous le rapport entre les médias et les architectes se transformer au cours du temps ?

- Alors moi je ne suis pas journaliste…

- Vous n’êtes pas journaliste, mais vous avez déjà écrit. Vous écrivez des articles sur l’architecture.

- Dans le temps, de toute façon, je ne peux parler que de ma propre expérience. Moi j’ai commencé à écrire dans des revues d’architecture il y a un peu plus de 15 ans, mon premier article date de 2001. Je ne pourrais pas tellement dire qu’avant ça j’ai quelque chose à en dire…

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Alors est-ce que depuis 15 ans les choses, les relations entre les architectes, les médias ont évolués ? Les médias ont évolué. D’abord le paysage médiatique et le paysage de l’architecture ont été totalement transformé, pas en bien ! Malheureusement, en mal : il y a moins de supports, beaucoup de revues ont disparu, alors après il faut distinguer la situation française et la situation plus générale. Mais globalement, les revues sont moins lues, donc ont moins de ressources, vont moins bien, et les médias sont plus stressés, il y a un stress… Et ce qui est un peu particulier, et je crois que c’est quelque chose que je dis dans mon article, par exemple: la différence entre les revues d’architecture et les revues de cinéma c’est que les revues de cinéma, elles sont lues par des gens qui vont au cinéma, elles ne sont pas lues par des cinéastes. Les revues d’architecture sont lues par des architectes. Les gens qui fournissent le contenu, ceux sont à la fois les lecteurs, et le problème il vient de là. Les relations entre les architectes et les revues de ce point de vue-là, est-ce qu’il évolue ? Moi je pense que la situation est de plus en plus concurrentielle dans le monde de l’architecture, il y a de plus en plus de pression sur les architectes, de la pression à être publié par exemple, et donc eux-mêmes font une sorte de pression sur les médias.

- D’accord.

- Mais qu’est-ce que ça change sur le fond ? Moi je pense que les médias et journalistes étaient plus indépendants avant, et maintenant ils sont moins indépendants des architectes. Ils dépendent beaucoup des architectes. Une de nos clés de réflexion en créant Criticat, c›était que si on dépend des architectes pour obtenir l’iconographie, on n’est pas libre d’écrire ce qu’on veut. Et aujourd’hui pour écrire, par exemple sur Herzog et De Meuron, ils exigent de lire les articles écrit sur eux avant leur publication… Ce qui est absolument inacceptable ! Et ça je pense que ça aurait été inimaginable il y a 20 ans !

- Ça c’est un fait qui a changé…

- Oui je pense que ça a changé, je pense qu’ils ont acquis une sorte de pouvoir, ils savent qu›ils ont un pouvoir sur les médias, donc ils se permettent, ils arrivent, en feed-back, à contrôler les médias d’une certaine manière.

- D’accord. Nous reviendrons là-dessus lors d’une prochaine question. Véronique Biau, a écrit un rapport sur la manière qu’ont les architectes de devenir célèbre et se faire connaître. Elle a pour cela interviewé, de façon anonyme, des architectes. Un des architectes dit « Un type qui a une signature, il peut faire des merdes totales, la critique prendra soin de lui trouver des qualités ou des excuses, par contre, elle ne se mettra jamais à examiner un projet qui ne sort pas d’une plume ». Est-ce que vous pensez que les médias peuvent d’une manière ou d’une autre jouer un

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rôle dans la starification d’un architecte ?

- Oui. En même temps là, par exemple dans cette citation, tout est mélangé. La critique, les médias, est-ce que les gens qui écrivent dans les médias sont des critiques, etcétéra. Dans la plupart des cas, pas du tout, c’est pas vrai. Alors si on parle des journalistes, à la fin la question c’est ?

- « Elle ne se mettra jamais à examiner un projet qui ne sort pas une plume. » C’est-à-dire il n’y aura jamais un article…

- Ça ce n’est pas vrai ! Déjà il ne faudrait pas dire que la critique, parce que ça c’est beaucoup plus compliqué. Je pense que par définition, des critiques, des vraies critiques, eux, ils sont beaucoup plus autonomes.

Mais les médias… Par exemple, c’est vrai que les rédacteurs en chef des revues et etcétéra, ils ont tendance à parler des gens connus, à les montrer.

Parce qu’à l’inverse, s’intéresser à un architecte qui est le contraire d›une star, qui est totalement inconnu, ça demande beaucoup plus de travail. Son œuvre, il faut aller la voir, parfois loin.

- Et peut-être que ce sera moins lu…

- Et peut-être que ce sera moins lu, parce que les lecteurs euxmêmes sont assez moutonniers ! Donc on lit un article sur Jean Nouvel, et on va beaucoup plus le lire que sur Raoul Duchemin ! Même si Raoul Duchemin a fait un bâtiment bien plus intéressant que Jean Nouvel !

Parce qu’en fait, ce sont des repères, des figures. C’est à dire que, face à quelqu’un qu’on ne connait pas, pour juger il faut avoir des vrais jugements, vraiment évaluer les bâtiments. C’est plus compliqué. Enfin, ce qui m’a toujours fait marrer ceux sont les articles où l’article n’est pas commencé et on a déjà dit que l’architecte était un grand architecte. J’avais écrit un article où je parlais de Zaha Hadid, le fait qu’elle ait eu le Pritzker.

Et l’argument, il suffit de lire l’argumentaire du jury du prix. Pourquoi elle a eu le prix: c’est parce que c’est une grande architecte, et c’est une grande architecte parce qu’elle a eu le prix… C’est un raisonnement…

- C’est une boucle.

- Oui on raisonne en boucle. Et ce raisonnement en boucle, en fait, il facilite les choses. Un rédacteur en chef, il sait que tous les mois il y a quelques architectes connus qui publient des bâtiments. Pourquoi se casser la tête? S’il veut publier quelqu’un d’inconnu, qui fait des trucs bizarres, il va falloir le rencontrer, et se poser des questions…

- Donc c’est plus de travail et c’est plus compliqué ? Est-ce que vous pensez, à l’inverse, que les journalistes spécialisés pourraient avoir un rôle révélateur d›architectes peu connu ?

- Ils devraient ! Ce devrait être leur mission! Ce devrait être leur mission de parler de la qualité de l’architecture, de la chercher, de ne pas miser sur les chevaux d’hier, mais de s’intéresser aux gens qui vont faire l’architecture de demain. De prendre des risques…

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- Et vous trouvez que dans les revues actuellement il n’y a pas

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ça ? Il n’y a pas ce travail-là ?

- Non, parce que de toute façon, ils n’ont plus les moyens, il n’y a plus vraiment de rédaction… En fait les gens prennent zéro risque. Il y a des journalistes qui sont très peu payés. Ils ne peuvent pas faire d’enquêtes, donc il n’y a plus les conditions matérielles pour faire ce travail d’investigation et de recherche. Du coup, effectivement, ça ne va faire que renforcer cette logique de star-system, qui est auto-célébrationnel. On sait très bien qui on publie, parce que ce sont des gens déjà connus et voilà…

- Ensuite, selon vous, savoir communiquer est une des principales qualités que l’on reconnaît à des architectes qui réussissent. Pensezvous que d›une certaine façon, mettre des moyens et de l’énergie dans la communication est un moyen nouveau qui est mis en place afin d’acquérir de la notoriété pour les architectes ? Notamment via l’image qu’ils diffusent dans les médias ?

- Ouh la la, ça c’est une question un peu… (rires) Il faudrait que vous la réécriviez cette question, plus simplement !

- Est-ce que vous pensez que, quand des architectes mettent de l’énergie et des moyens dans la communication, c’est un moyen…

- Il ne les mettent pas ailleurs par exemple ?

- Oui, mais s’ils les mettent dans la communication, est-ce qu’il les mettent aussi via les médias, ils s’en servent comme médium pour…

- Pour communiquer, il faut toucher un public. Et les architectes, ils ne peuvent pas toucher le public directement. Un public c’est qui ? Le public c’est d’abord les autres architectes, c’est en fait un système de distinction à l’intérieur de la profession. C›est se faire reconnaître auprès des autres comme étant une figure éminente. Ceux sont les maîtres d’ouvrages, et c›est évidemment ça le public majeur ! Comme le but de tout ça c’est l’accès à la commande. Parce que vis-à-vis d’un maitre d’ouvrage, un architecte publié peut dire à un maitre d’ouvrage, « quelqu’un d’extérieur, soit disant juge, soit disant fiable, me reconnait comme un bon architecte donc embauchez-moi ! » C’est fondamentalement ça l’idée de la publication.

- Et par exemple, quand vous dites, en parlant d’Herzog et De Meuron, qu’ils ont un droit de regard sur ce qui sort sur eux dans la presse, vous dites que c’est nouveau, que c’est quelque chose qui se fait chez d’autres architectes, c’est quelque chose qui ne se faisait pas avant, et qui du coup est un nouveau moyen…

- C’est pas tout à fait connecté à ce dont on parlait avant…

- Ils contrôlent l’image qui est diffusée.

- Oui ils contrôlent l’image, ils veulent de plus en plus la contrôler, ils veulent prendre de moins en moins de risques, ils acceptent

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de moins en moins la critique. Ils ne comprennent pas que la critique n’est pas contre eux mais pour eux. Enfin, je suis intimement persuadé qu’un architecte a besoin de gens en face de lui qui ne soient pas ses larbins, qui ne soient pas ses représentants de commerce ni ses interlocuteurs ; qui lui disent ce qui ne va pas, parfois ce qui va, qui lui montrent.. Qui pointent les choses et etcétéra… Quand les architectes n’auront plus que des journalistes serviles en face d’eux, ils auront perdu leur dernier interlocuteur en face, parce que ce n’est pas avec leurs clients qu’ils peuvent vraiment parler d’architecture. Ce n’est pas souvent non plus leurs collègues parce qu’ils sont en concurrence avec eux. Bon même si, des fois ça grattait, c’était aussi un moyen de savoir où on en est… Moi je fais toujours référence à cette fameuse citation de Koolhaas, à cette conférence à Delft, qui a été traduite en français dans le Visiteur. Où Koolhaas disait qu’il a besoin, lui, de critiques qui ne soient pas des représentants de commerce, qui ne sortent pas des amis non plus, qui soient juste des gens qui lui disent, qui lui parlent un peu en vérité.

- D’accord, du coup les journalistes et les médias sont les seuls, la seule vraie parole ?

- Pour un architecte qui travaille aujourd’hui, avec qui d’autre peut-il dialoguer ? Dialoguer avec des confrères c’est pas évident, ils sont dans des relations de concurrence. On peut avoir des amis, mais je dirai que la solidarité ou encore le débat entre les architectes n’existent presque pas. Ainsi pendant longtemps les architectes dialoguaient aussi à travers les revues et la critique. Il y avait des oppositions, des désaccords... Tout ceci a disparu. Aujourd’hui les journalistes, dans la plupart des cas, ils cirent les pompes des architectes leur disent qu’ils sont formidables, qu’ils sont géniaux etcétéra. Alors, les architectes ils se disent qu’ils sont géniaux et ne change rien !

- Du coup ils cirent les pompes uniquement des architectes qui sont déjà à un certain stade de notoriété.

- C’est sûr, ils vont pas cirer les pompes d’un inconnu qui fait des trucs géniaux ! Parce qu’il y a aussi l’intérêt du journaliste ! Le journaliste, lui, il a intérêt à garder sa place, à être invité, donc il va être déférent vis à vis des grands. Il suffit de lire je sais pas, l’interview de Portzamparc dans D’a et on voit ce que c’est que la déférence ! C’est à dire qu’on est le docile serviteur de celui qu’on vient interviewer, et d’une certaine manière il y a un peu de la lumière de l’interviewé qui rejaillit sur l’intervieweur…

Comme ça, le critique ou le journaliste se met un peu à la hauteur. Mais vous voyez ça hors du domaine de l’architecture ! Si un journaliste interview le président de la république, il devient lui-même une star du journalisme parce qu’il interview la star de la politique. Donc tout ça en fait, à la fin, est-ce que ça produit un débat intéressant sur l’architecture ? Est ce

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que ça aide à produire des idées intéressantes? Je ne crois pas…

- Moi non plus.

- Mais on comprend comment ça fonctionne socialement en fait !

- Pour poursuivre, dans mon mémoire j’ai établi un sondage pour savoir qui sont les starchitectes, j’ai interrogé environ 300 personnes dans différents groupes, et il y a tout un questionnaire. À la fin une question permettait de savoir comment ils trouvaient le terme starchitecte. Il y en a beaucoup qui trouvent ce terme hyper négatif, même des personnes qui ne sont pas dans le milieu de l’architecture, ou qui ne sont pas censés savoir qui sont les starchitectes…. Est-ce que selon vous les médias spécialisés jouent un rôle dans la véhiculation de cette image négative du starchitecte ?

- Non, je ne pense pas. Je pense qu’ils n’en sont pas encore là.

Si j’étais vous, je me focaliserai pas trop sur ce mot starchitecte qui est un mot un peu récent et qui, à mon avis, dans quelques années… On n’en parlera plus. Le mot qui est intéressant c’est le mot star-system, c’est un vieux mot qui existe dans pleins de domaines différents. D’ailleurs je ne serai pas capable de dire quand il est apparu mais probablement dans les années 60.

- C’est après mai 68, en architecture.

- Oui mais ce qui est intéressant c’est de voir, plus largement, quand on a commencé à en parler ? On peut imaginer que c’était dans le monde des arts, peut être, dans les années 50 ? Ça c’est un vieux mot, et à mon avis, on pourra parler de star-system dans 20 ans, dans 30 ans, starchitecte, bon… C’est une sorte de jeu de mot. La question c’était que les médias ?

- Participent à …

- Critiquent ça ou pas. Non je ne pense pas. Mais alors après, on ne peut pas nier non plus ; vous le voyez dans un contexte plus général où il y a une montée du populisme ; la critique des élites. Il peut y avoir une forme de critique du star-system chez les architectes. Comme une sorte de populisme qui irait finalement à l’architecte ordinaire « oh mais qui sont-ils, c’est qui? » voilà. Mais je pense que, globalement, la révérence et la narration dominent encore sur la critique de l’élite, de l’élitisme. Parce que, finalement, chacun espère bien un jour rejoindre l’élite ! Et ça, c’est le nerf de la guerre. Si cela vous intéresse de lire des trucs là-dessus, il faut lire le livre de Magali Sarfati-Larson qui est une sociologue ayant travaillé sur la profession d’architecte aux États-Unis. C’est un livre assez ancien de 1993, mais qui reste un livre remarquable, où elle montre bien qu’il y a un lien entre les architectes ordinaires, ceux du quotidien, et la petite élite qui est en haut dans laquelle chaque architecte ordinaire se reconnait

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quelque part. Par exemple, Raoul Duchemin, architecte à Montbéliard, en fait il est architecte comme Jean Nouvel. Et, quand on parle de Jean Nouvel, c’est un peu lui, il se reconnait là-dedans et il se dit aujourd’hui je suis un rien mais je pourrai être dans la petite élite locale, puis dans l’élite nationale etcétéra. Il y a un vrai lien sociologiquement ! Donc comme il y a un lien, il ne peut pas avoir vraiment de critique… Jean Nouvel, c’est quelqu’un à qui on pourrait reprocher beaucoup de choses : il a fait beaucoup de mauvais bâtiments, il est très arrogant... Et il jouit d’une aura en France considérable, parce que, finalement, tout architecte français reconnait en lui l’architecte français qu’il aimerait être…

- Mais du coup, par exemple, quand on parle de Jean Nouvel, il y a beaucoup de gens qui le qualifient de starchitecte mais par contre, Zumthor, qui est considéré comme un bon architecte par beaucoup de monde, est très peu critiqué, et personne ne le qualifie de starchitecte ?

- Ce n’est pas vrai, il fait partie du star system, à sa façon !

- D’une autre manière ?

- C’est l’ermite le plus célèbre du monde ! Vous voyez, c’est du snobisme, d’une certaine manière. Je ne sais pas si vous avez vu, il y a Wim Wenders qui a fait un film où il va filmer Zumthor dans sa cuisine.

Voilà, tout cela serait intime, perdu dans un village en suisse. Mais en même temps il y a juste Wim Wenders qui est passé par là pour le filmer !

- Donc, selon vous, c’est une image qu’on se donne comme Ricciotti se donne l’image de gros caractère ?

- À l’intérieur du star system, chacun adopte un rôle ! Tout le monde n’est pas Jean Nouvel. Il y a Jean Nouvel, il y a Patrick Bouchain : lui c’est la star engagée. Puis il y a Ricciotti, c’est le méridional, parce qu’il faut que le sud de la France ait le sien. Zumthor, c’est la combinaison de la retraite et de l’ascétisme, mais en même temps de l’élitisme le plus complet ! Chacun est dans son rôle mais tout ça, ce sont des stars !

- Donc il n’y a pas de différence ?

- Du point de vue de la question médiatique et de la question du star system, non il n’y a pas de différence !

- Et du point de vue de l’identité, dans le sens où le mot star est issu du cinéma, de la culture de consommation - Regardez, dans le cinéma, il y a des stars hollywoodiennes et des films grand public, et il y a des stars de films d’auteurs !

- Pour vous ceux sont les mêmes stars ?

- Du point de vue de la question de la star, c’est la même chose.

En fait, qu’est-ce que c’est que toute cette historie de star ? C’est une question de distinction ! On est face à des mondes sociaux dans lesquels il y a les acteurs de cinéma ou les architectes, des milliers, des dizaines, des centaines de milliers d’acteurs. Et bien, ces milieux sont organisés hié-

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rarchiquement, avec une énorme quantité de gens qui sont anonymes, qui font les petits boulots, les petits rôles dans les films, les petits bâtiments dans la ville, et quelques-un qui font les grands bâtiments et qui font les films à gros budget. C’est une structuration pyramidale de cette production et à ce titre-là, voilà !

- De la même manière qu’au cinéma il faut par exemple des blockbusters pour faire exister le cinéma d’auteur, vous pensez que ça s’applique à l’architecture ?

- En tout cas ça a un peu à voir avec ce que je vous disais, finalement le petit architecte se reconnait un peu dans le grand architecte. Il y a aussi beaucoup d’architectes qui n’ont pas toujours été des stars, qui le sont devenus : il y a des trajectoires, des gens qui sont passés d’une petite activité, en général la plupart des stars comme par hasard. Ils ont toujours été dans les grandes capitales, dès le début. Mais la règle aussi, c’est qu’il y a des gens qui ont de vraies trajectoires de l’anonymat le plus complet jusqu’à une forme de gloire, ceux sont des choses qui arrivent. Et donc, oui, est ce qu’il y a un lien? Oui, bien évidemment. Dans la logique médiatique, il y a un lien et sur un autre plan, sur la logique professionnelle, il n’y a justement plus de lien et c’est important. En fait, je le dis dans un article, je pense que ce qui est caractéristique aujourd’hui c’est que l’architecture, telle que la font les stars, n’a plus rien à voir avec la pratique d’un architecte ordinaire. Ils n’ont pas du tout le même genre de commanditaires, ils n’ont pas le même genre de contraintes… Donc, objectivement, ils ne font pas le même métier. Il y a une sorte de mythologie professionnelle qui fait croire que tout ça, ceux sont les mêmes architectes qui le constitus mais en fait ce n’est pas le même métier… Et je pense que c’est pareil que ce qui sépare un petit comédien de théâtre qui joue dans une troupe, d’une star du cinéma. Ce n›est pas du tout pareil, ils ne travaillent pas dans les mêmes conditions. Ils se racontent qu’ils appartiennent au même monde, mais c’est faux. À mon avis, il y a une sorte de tension paradoxale qui se joue quoi.

- Dans le sondage que j’ai réalisé, beaucoup de commentaires disent que c’est anormal d’avoir des stars en architecture, puisque ce n’est pas un milieu où on est censé reconnaitre une individualité, mais plus une œuvre. Le côté social, ce serait un peu déplacé…

- Le coté social de l’architecture…

- C’est pas moi qui le dit, ceux sont les commentaires que j’ai eu : pourquoi il y a des stars alors qu’on est pas censés…

- Non, non, mais, on arrive à un autre sujet. Je pense que ce qui ne peut faire que renforcer le coté du star-system, c’est qu’en fait, la réalité de l’architecture est de plus en plus complexe. C’est totalement paradoxal. C’est à dire que plus l’architecture est faite par de nombreuses

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personnes, plus il y a d’acteurs. C’est de plus en plus vrai : il y a 50 ans, pour faire un bâtiment, il n’y avait pas tant d’acteurs que ça. Il y avait un patron, quelques dessinateurs, un ingénieur, un maitre d’ouvrage et ils construisaient. Aujourd’hui, pour le moindre petit bâtiment public, les équipes... C’est délirant ! En fait, un bâtiment c’est 100 personnes. Et quand c’est 100 personnes, c’est incompréhensible. Si vous expliquez à quelqu’un « en fait pour que ce bâtiment existe il y a bidule, il y a machin, il y a l’ABF, le maire, et puis il y a... ». Donc c’est quoi le moyen simple ? C’est de dire qu’il y a un architecte, donc il y a une figure qui apparait.

Et ça, c’est une sorte de simplification de l’histoire, de ce qu’est l’architecture, qui est rassurante, facile, qui permet de communiquer auprès du public. C’est bizarre quand les architectes parlent, ils disent que c’est l’opéra de bidule, comme si bidule avait fait, comme s’il avait dessiné… Ces stars là, elles interviennent peu sur les projets, ce n’est pas eux qui les font, les projets. Même leurs chefs de projet n’ont pas fait tant que ça. À l’agence ils ont un chef, mais qui a dirigé une équipe de 15 personnes, qui a travaillé pendant 10 ans, avec un bureau technique, qui, eux-même, étaient en interaction avec un maitre d’ouvrage… Donc, en fait, l’architecture elle est faite d’une multitude de personnes. Mais plus il y a de gens impliqués, plus la logique du star system est forte. Parce qu’il y a un besoin d’explication, de clarté.

- Il y a le besoin de faire ressortir une personne, une figure…

- Voilà ! Alors que ça n’a jamais été aussi faux ! Aujourd’hui, on sait très bien. Lisez aussi l’article sur le sexisme dans le star system, publié dans Criticat. Il est super cet article. L’écrivaine dit qu’il y a des gens qui téléphonent à l’agence, ils disent qu’ils veulent parler à Venturi pour un projet, et elle dit que c’est elle qui a fait le projet et ils disent « non non. Mais je veux parler à Robert Venturi ! C’est lui le chef. » Et il n’a jamais vu le projet ! C’est moi qui l’ai fait donc je peux vous en parler etc. En fait, le public a besoin d’un interlocuteur identifié, même s’il est incompétent sur la chose dont on parle.

- Et vous pensez que c’est cette image qui est importante, car il faut quelqu’un à qui se référer? Est-ce que le grand public, pour mieux comprendre l’architecture, qui est un domaine assez fermé, a besoin de ces têtes là pour s’intéresser, pour reconnaitre ?

- Oui, à priori ! Le plus simple pour le grand public c’est ça !

Le système marche assez bien, c’est-à-dire qu’il permet d’identifier. Le problème, c’est qu’il est mensonger. C’est qu’il fait croire que les bâtiments sont le fait du génie, d’un geste, d’une personne, de son intuition.

Mais nous savons, nous, que les bâtiments sont d’une infinie complexité.

Ce que je crois, ce que devrait être le rôle des médias et de la critique, c’est non pas de cacher cette complexité en ne parlant que du génie et du maitre

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qui aurait dessiné, mais justement d’arriver à déployer la complexité des bâtiments, pour faire comprendre les enjeux. Mais c’est du boulot ça, pour arriver à le faire simplement, c’est beaucoup plus complexe que de dire « Ah encore un magnifique, encore le génie créateur de Portzamparc ou de machin ! » Ça, c’est facile, c’est vite fait!

- Et c’est faux du coup !

- C’est faux ! C’est un mensonge !

- Et ce n’est pas cohérent !

- Je veux dire, Renzo Piano a fait le tribunal d’instance de Paris. La contribution de Renzo Piano à ce bâtiment, elle est minime.

Extrêmement minime. Ces gens-là, au début de leurs carrières, ils étaient très investis dans les premiers bâtiments. Et un peu de ce fait, par la taille de leur agence, la taille des commandes, et la complexité du monde, sur chaque projet, leur contribution évolue… Et à l’inverse, il y a pleins d’autres contributeurs qui sont totalement ignorés.

- Donc, en fait, il ne faudrait pas qu’il y ait des stars architectes mais des acteurs stars dans…

- Il faudrait reconnaître l’architecture comme une pratique véritablement collective. Et en même temps, c’est compliqué, parce que si on allait vraiment dans cette direction-là, elle disparaitrait aussi. C’est a dire que quelque part, le fait qu’il y ait ce système de personnalisation, c’est encore ça qui fait que l’architecture n’’est pas tout à fait comme les bagnoles ou les produits industriels. En fait, il y a encore un être humain qu’on peut toucher, il y a encore quelqu’un, une figure qu’on peut essayer de comprendre. Je veux dire, les types… Par exemple, Jean Nouvel. Il est quand même assez fort. Il arrive dans des présentations de projet… Je ne sais pas si vous avez vu ce film The Competition, un film sur un concours d’architecture, c’est intéressant. C’est filmé en continu, et alors on voit bien qu’en fait le projet, il le regarde 3 fois ,30 minutes le soir en rentrant, après diner… Ce n’est pas lui qui fait le projet. Mais, le jour de la présentation, il s’assoit, on passe les trucs, il commente les images qu’ont fait ses collaborateurs et il arrive quand même à raconter un truc un peu personnel.

Et en fait tout d’un coup il incarne, il est le projet.

- Il y a une image d’auteur ?

- A ce moment-là, il saisit tout en tant qu’auteur ! Et c’est assez passionnant parce qu’il n’a rien fait avant. On se dit : s’il avait gagné le concours, probablement derrière qu’il n’aurait presque pas participé au projet. Mais à un moment il arrive quand même à capter par la mise en récit, quelque chose d’ineffable, qui fait que l’architecture, ça n’est pas un bien industriel. Donc c’est compliqué, à la fois c’est un immense mensonge.

- Et à la fois c’est nécessaire…

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- Et à la fois, c’est ça qui donne un peu l’exceptionnalité à l’ar-

chitecture. C’est un peu compliqué, ce qu’il faudrait juste, peut-être, c’est arriver à mieux dire ces choses un peu compliquées. Et arrêter les narration simplistes sur l’architecture.

- Vous pensez que ça, ça tend à changer actuellement ? Ce système de stars ? Vous pensez qu’on va plus s’y intéresser, où au contraire, qu’on s’enfonce encore plus dans ce…

- Je sais pas, après, je veux dire, l’état de la presse ne va pas s’améliorer donc je pense, comme on l’a dit tout a l’heure, que ce système de distinction joue son rôle. Ca va continuer, il n’y a pas de doute. Sur un autre plan, par exemple la presse, les jeunes ne la lisent plus non plus, ils se tournent vers d’autres supports. On voit qu’il y a un goût, aujourd’hui, pour tout ce qui est collectif. Est-ce que c’est vraiment un goût pour le collectif ? C’est aussi un moyen finalement de, temporairement, devenir quelqu’un. C’est comme derrière tous les groupes de rock, il y a toujours une star en solo. Un leader qui, derrière, va faire sa carrière solo. On a l’impression que les gens plus jeunes sont plus sensibles aux aventures plus collectives, mais bon… Ça n’a pas toujours été le cas. Je ne sais pas, si on réfléchit un peu fondamentalement, on peut dire que plus le monde tend à devenir compliqué, plus on a besoin d’images simples pour le représenter. De repérer. Et puis comme il y a de moins en moins de moyens, et de place, pour ceux qui veulent apporter où reconnaitre la complexité…

On peut penser que les choses ne vont pas véritablement changer, je ne pense pas non…

- Donc on tend plus vers quelque chose d’encore plus… Comment dire, où il y a encore plus de figures qui se font reconnaitre ?

- Après, le truc c’est que ce qui change c’est la nature de ces stars. Parce qu’on parle de stars, par exemple on ne parlait pas du mot stars dans les années … La génération du mouvement moderne, on ne les appelait pas des stars, on les appelait des maitres… Et il y a un peu une différence entre les maitres et les stars, c’est a dire entre Alvar Aalto et BIG, il y a une différence.

- Donc la nouvelle génération elle manie différemment les outils de communication ?

- Elle est surtout sur cette question de communication ! Et pas beaucoup sur la question de l’architecture. C’est aussi ça ! A un moment tout ce procès il a fini par devenir l’essentiel du truc quoi ! Avant il venait se rajouter. Je veux dire, Le Corbusier faisait aussi de la communication, des interviews, il était aussi une star. La communication est venue par-dessus, fondamentalement une œuvre de transformation de l’architecture. Le truc s’est renversé. C’est-à-dire que BIG, il fait de la communication et à l’occasion de faire de la communication, pour faire tourner une grosse

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boite et devenir un homme riche et puissant, il fait un peu d’architecture, mais la proportion est complètement renversée - Et elle est inégale ?

- Oui, et sa contribution à l’architecture contemporaine elle est dérisoire. Je veux dire, lui où un autre, peu importe, ce n’est pas ça…

Donc c’est vrai que tout ce domaine de la communication est occupé. Mais on le voit bien, c’est pas du tout propre à l’architecture. Dans tous les domaines, la communication occupe une place importante, elle finit par devenir une fin en soi. On voit des architectes, comme LAN par exemple, c’est incroyable ! Dès le début c’est là-dessus qu’ils ont tout misé !

- Alors qu’en fait ce n’est pas le propre de l’architecture…

- Mais oui ! Normalement, ils devraient d’abord vouloir faire leur architecture, leurs idées ! Et, éventuellement, la communiquer. Alors que là, ce qu’ils veulent c’est communiquer, et pour communiquer il faut faire de l’architecture. Mais il y a une sorte de renversement de perspective.

- D’accord ! Eh bien voilà… J’ai plusieurs positions différentes par rapport à hier déjà. Ce n’était pas du tout le même avis que vous, donc c’est très intéressant !

- Vous avez vu qui hier ?

- J’ai eu un entretien avec Philippe Trétiack !

- Il ne doit pas dire la même chose que moi !

- Du coup c’est intéressant d’avoir plusieurs avis sur ces stars.

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Annexe 29 Entretient réalisé le 31Mai 2018 avec Olivier Namias, architecte et journaliste, au café A, Paris X.

- Dans quel cadre est l’entretien ?

- C’est pour le mémoire de fin d’études. Et comme je vous ai dit

au téléphone, je travaille sur les starchitectes.

- Oui. - Donc sur le terme assez général, nouveau, que les gens utilisent. Et je m’intéresse à savoir qui est ce que cela représente et pourquoi on appelle des architectes des stars, terme issu de la société de consommation et du cinéma, qui est censé ne pas forcement bien aller avec l’architecture, dans l’imaginaire collectif. Savoir d’où est ce qu’il vient, pourquoi il est employé, qu’est ce qu’il représente et pour qui. J’ai mené un sondage pour savoir que pensent les gens de ce terme-là, selon différents groupes. J’analyse un peu l’image que les architectes choisis, Jean Nouvel, De Portzamparc et Ricciotti, ont, si c’est légitime de les appeler star, comment ils se représentent… C’est intéressant d’interviewer des journalistes, pour savoir ce qu’ils pensent de ce terme-là, pour savoir s’il vient des médias, s’ils en parlent d’une manière différente… Savoir un peu la relation entre ces stars et les médias, où les journalistes.

- Vous avez fait une recherche pour savoir d’où venait le terme ?

- Oui dans la première partie. C’est quelque chose qui existe depuis longtemps dans beaucoup de milieux artistiques, le star-system, du coup le terme star vient plus du cinéma. L’année exacte je ne sais plus, mais ça vient du moment où, au lieu d’être juste une vedette, la star devient la substance principale du film au lieu que le film soit vendu pour luimême. Il est vendu pour la star qui joue dedans, c’est un terme qui vient du cinéma. Je fais plusieurs comparatifs avec le cinéma. En architecture, ça vient avec l’effet Bilbao et le musée Guggenheim de Gehry, qui a montré que l’emploi d’un architecte star pouvait apporter à une ville une économie, du tourisme. On s’intéresse à cette figure-là, surtout les municipalités et les villes, qui utilisent l’archistar pour avoir son bâtiment construit par une star. Et du coup je m’intéresse à savoir qu’est-ce qui différencie

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le fait d’être célèbre et d’être une star ; ce n’est pas la même chose. Et je me demande si ce n’est pas la manière dont on se représente, comment les personnes s’auto-promeuvent et savoir si c’est dû à ça ou si c’est dû aux médias. C’est surtout après le sondage que j’ai mené, j’ai vu que c’était une image négative qu’avaient les gens de ce terme, par exemple les étudiants, les gens hors du milieu ils ont une vision négative…

- Ah bon ?

- Oui, après c’est un petit échantillon, ce n’est pas non plus extrême. Mais la plupart pensent que c’est un terme négatif, notamment les personnes n’étant pas du milieu, qui connaissent les architectes qui sont dans les médias. Voilà.

- Oui, je ne sais pas je n’ai pas jamais fait d’études pour savoir quand apparait le mot starchitecte, l’expression, est ce qu’il y a des choses.

Je crois que c’est Edgar Morin qui a écrit sur les stars… Starchitecte, je crois que ça arrive, vers 2005/2007, notamment quand je m’occupais de la bibliographie que faisait Archiscopie, il y a des livres, de photos sur les archis qui présentaient les architectes, avec le mot starchitecte qui est assez… Un mot valise, assez particulier. C’est vrai que c’est lié à l’émergence de Gehry je pense, et qu’il y a très vite des figures identifiées déjà, Koolhaas… Zaha Hadid…

- Qui ont tous cette image de star, qui représentent une élite, sous un mot qui ne veut pas dire grand-chose…

- J’ai l’impression que dans les articles que j’ai lus…Je ne sais pas si j’arriverais à les retrouver, je pense que c’est né dans les médias américains, d’où le terme. C’est une hypothèse à confirmer. Ça a été une façon en fait de faire rentrer dans le grand public la figure de l’architecte, qui a toujours été à part. Il y a des artistes stars, tout un tas d’autres choses qui sont devenus stars : les cuisiniers stars, les… Au-delà des stars de cinéma. Et ça a été une manière de ramener les gens qui sont dans le champ des arts, arts appliqués, au grand public. Je me souviens d’un article d’une critique, où il critiquait, je crois le quai Branly. Et il disait ce n’est pas tel ou tel bâtiment, c’est pas aussi bien qu’un Zaha, ou ça bouge pas comme un Zaha, et en fait les termes qu’il utilisait ça renvoyait spécifiquement à la peinture. C’est un mot qui a été utilisé pour, d’une part, un peu s’occuper de l’architecture dans les médias, arriver à trouver une figure qui est facile à…

- À se rappeler ?

- À communiquer, à véhiculer. Après je pense que des architectes se sont construits en parallèle, étaient préparés à se construire comme des stars. Notamment les AA school, tout ça, où c’est des gens qui se sont beaucoup plus construits une notoriété avant même d’avoir fait quoi que ce soit. L’exemple c’est Zaha Hadid, même Koolhaas si on regarde les

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premiers bâtiments qu’on voit émerger dans les années…

- J’ai analysé en premier les parcours des architectes choisis, ils ont tous une trajectoire assez similaire. Ils ont eu les mêmes prix, ils ont tous eu un mentor, ils ont eu un certain nombre de prix, ils ont eu une exposition dans tel lieu. Ils répondent tous à une trajectoire, voulue ou pas, mais qui les mènent à être appelés starchitectes finalement. Ils ont tous le Pritzker, eu tel prix, ils ont tous une trajectoire qui se ressemble et on voit qu’il y a des étapes à franchir pour arriver à cette…

- Oui…Je pense que c’est une co-construction. Je pense qu’il y a eu d’une part, un côté médiatique, d’autre part, les architectes sont préparés à ça. Il y a des institutions qui ont un intérêt à promouvoir des architectes, parce que c’est un terrain peu connu, je pense au Pritzker si on regarde l’évolution des prix, des gens primés, voilà…

- Ce ne sont plus les mêmes, maintenant, par rapport à il y a quelques années, le Pritzker ne récompense pas les mêmes types de personnes. On voit RCR, ce n’est pas du tout le même type d’architecte que Jean Nouvel ou que Gehry, qui les ont eus bien avant mais on voit qu’il y a une tendance à revenir vers des personnes, des architectes un peu plus discrets…

- Oui, oui.

- Qui n’ont pas ce truc-là de vendre une image, une plume, et une figure hyper élitiste de la tête qui sort du lot et qui est une star.

- Je pense qu’effectivement le prix qui consacre plus que tout autre la star c’est le Pritzker, et il consacre des architectes auteurs qui sont des créateurs originaux, un peu des démiurges, qui va un peu à l’encontre de toute une architecture plus quotidienne, qui déclasse un peu les architectes normaux. Je ne sais pas, c’est un peu des banalités que je vous dis…

- Non, non ce sont des faits qui sont là ! J’ai des questions à vous poser que j’ai posées à d’autres journalistes pour faire une petite comparaison pour voir les différents avis. J’ai préparé pour me guider.

Alors, vous, vous êtes journaliste indépendant ?

- Oui, maintenant oui.

- Vous êtes architecte ?

- Oui. - Donc vous êtes acteur dans le milieu des médias, est-ce que vous pensez que ce terme de star est cohérent quand il est associé à un architecte ?

- Euh… - C’est général hein mais…

- Oui… En fait on peut se demander pourquoi aujourd’hui on appelle un starchitecte… Alors que c’est un terme qu’on a jamais appliqué à des figures proéminentes, comme Wright, Le Corbusier, Aalto…

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- C’était des « maitres » avant, pas des stars… Pour vous ça va

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avec une époque ?

- Le mot, oui. Après il y a toujours eu… C’est quand même déjà des figures d’auteur, c’est des gens qui ont amené l’architecture, des choses, une architecture qui n’existait pas encore. Mais on ne les a pas appelés stars. Star, pour moi, vraiment c’est lié à la communication et aux médias en fait, qu’ils soient appelés comme ça. C’est surtout aussi pour faire comprendre, intégrer la figure de l’architecte auprès du grand public.

Je suis surpris cependant que le public n’aime pas les architectes…

- N’aiment pas ?

- Les starchitectes ?

- Ce n’est pas qu’ils ne les aiment pas, c’est qu’ils trouvent le terme négatif, c’est ce qu’ont répondu les personnes interrogées pour le sondage.

- Après c’est indéniable. Ça montre une reconnaissance, qui se traduit en termes de construction, de production, d’actions à l’international, et c’est indéniable. Oui, ils sont à part dans la classe des architectes, donc c’est un peu légitime. Ce qui m’a fait rire c’est qu’apparemment, il y a Foster et Koolhaas qui trouvent que le terme est péjoratif aussi, ils ne veulent plus être appelés starchitectes, c’est assez récent.

- Entre les architectes eux même ce terme est mal vu… Ils n’aiment pas ce mot. Ces starchitectes est ce que vous voyez le rapport entre eux et les médias se modifier au cours du temps ? On en parle plus, moins ?

- Nous, dans les médias professionnels, c’est les personnes qui sont les plus difficiles. À part Portzamparc, je dirai que c’est des gens qui n’accordent pas facilement d’interviews. Ils n’ont pas tellement d’intérêt pour la presse architecturale, ça c’est clair chez Nouvel. Ils ne veulent pas trop discuter, ils sont vraiment à part en fait. Je trouve que le mot star est justifié, parce qu’ils sont pratiquement inatégniables. Et avoir à faire à eux, c’est quand même toujours très compliqué.

- Est-ce que pour sortir un article sur eux il faut avoir leur aval avant, en ce sens-là, ils font des choses qui compliquent encore plus le…

- Tous les architectes demandent ça, du plus petit au plus grand, ils veulent tous relire !

- Ils veulent contrôler ?

- Pour éviter les contre-sens… Herzog et De Meuron on a du mal à les interviewer, mais en fait si on regarde les stratégies de communication, il y en a plusieurs. C’est plus au niveau des stars. Eux ils finissent d’avoir tous les documents complets et après ils peuvent les donner facilement, ils veulent voir les maquettes en général mais… J’en ai envoyé une mais je n’ai pas eu de retour. On le fait parce que c’est Herzog et De

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Meuron.

- Du coup pour un autre architecte c’est pas justifié ?

- On le fait parce que là, on est obligé d’en passer par là.

D’autres ne communiquent pas, ou ceux qui sont un peu moins haut dans l’échelle je pense à MVRDV, UN Studio, eux nous envoient des communiqués en permanence.

- Donc c’est eux qui envoient des choses aux journalistes pour être publié ? Du coup en ce sens ils contrôlent leur image ?

- Ouais mais ça aussi tous les architectes le font aujourd’hui, du plus grand au plus petit. Ceux qui ne nous envoient rien finalement ce sont les starchitectes…

- Ils n’ont pas besoin de vous envoyer ?

- Ouais, ça dépend maintenant ils envoient un peu…

- Donc, à travers les médias ils contrôlent leur image et ils ont des choses à dire sur ce qui est publié sur eux ? Ce n’est pas un contre sens quand on est journaliste de pas pouvoir écrire ce qu’on veut ?

- Si, si, ils contrôlent l’envoi d’image et les plans…

- Ce qu’il y a écrit ?

- Non… - Ils ne contrôlent pas mais ont quand même un œil dessus ?

- Je ne sais pas, j’ai écrit des trucs sur Aravena pas très gentils, j’ai jamais eu une remarque. Je ne sais pas à quel point ça les intéressent.

C’est des gens qui sont à un tel niveau de sollicitation, qui ont des agendas quand même…

- De stars !

- Hyper remplis. Je pense qu’ils ne contrôlent pas tout. On ne communique pas forcement facilement. Surtout, ils ne s’intéressent pas tellement en règle générale, à la presse architecturale, ou aux médias des architectes.

- Du coup ils ne s’en servent pas forcement comme médium pour communiquer ?

- Non. - Ils le font autrement via leur agence mais pas via les médias ?

- Oui. - Selon Véronique Biau : « Un type qui a une signature, il peut faire des merdes totales, la critique prendra soin de lui trouver des qualités ou des excuses. Cependant, elle ne se mettra jamais à examiner un projet qui ne sort pas d’une « plume » », pensez-vous que les médias jouent un rôle dans la starification d’un architecte ?

- Alors c’est un peu dur de répondre, parce qu’on ne sait pas qui parle…

- Oui c’est anonyme.

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- Donc est ce que cette personne n’a jamais été publiée… Je

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ne sais pas, tous les architectes aujourd’hui qui sont… il y a plusieurs raisons de publier ou pas un architecte, et il y en a pleins aujourd’hui, malheureusement qui sont liées à la communication. La première chose c’est la disponibilité des photos. Que les journalistes s’intéressent jamais aux petits je pense que c’est faux… Je pense que c’est souvent « on ne m’a pas publié » …

- Du coup la citation est assez parlante…

- Ça c’est une critique récurrente des architectes, en fait. Il parle du lectorat des revues d’architecture et des revues d’architecture.

En fait, on ne publie pas tout le monde, et on est aussi d’accord pour faire voir des projets bien et aboutis. Souvent ils viennent de gens qui ont déjà pignon sur rue, c’est un peu normal. Après il y a la médiatisation que les architectes eux même entreprennent, notamment les photos. C’est un vecteur important pour être publié, et troisièmement on passe parfois à côté des choses. C’est aussi une question de réseaux et de connaissances mais, bon, je pense que l’histoire de ceux qui tendent à dire « voilà un architecte génial oublié de tous, dans son coin qui fait un bon travail » … Il y en a plein mais c’est en travers des médias, et tous les projets ne sont pas… Je connais de bons projets qui marchent bien et qui ne sont pas photogénique et inversement. Donc je pense que la presse essaie de rendre compte d’une réalité. Maintenant pour exister dans ce système de communication, je pense que c’est les agences qui se mettent de plus en plus à utiliser les outils de la communication et les meilleurs dans ça c’est les jeunes architectes. J’ai vu ça avec les NAJAP, en quelques années… Je suis sidéré par la façon de, à quel point ils sont aguerris et ils maitrisent les outils de communication.

- Je parlais hier avec un journaliste qui disait que ce les nouveaux communiquent beaucoup, il disait qu’avant on faisait de l’architecture et on la communiquait mais le but principal c’était de faire son architecture. Maintenant ça tend à changer, qu’il avait l’impression que dans les jeunes agences par exemple LAN ils communiquaient et pour ça il fallait de l’architecture. Il y a plus de balance entre le fait de communiquer et le fait de faire de l’architecture. Parce que communiquer, c’est devenu tellement important qu’on oublie presque le fait c’est de l’architecture qu’il y a derrière.

- Je suis d’accord sur certains points mais je dirais que LAN ne fait pas non plus pas d’architecture. On avait interviewé Jean Christophe Quinton, en 2012 pour, « 10 ans après, 10 ans déjà » à Belleville, je ne sais pas si vous trouverez les traces à Belleville. Et en fait je pense que c’est la communication en elle-même qui contamine l’architecture, et elle impose ses outils. C’est vrai qu’on fait une architecture qui devient communi-

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cable, et c’est un des signes de cette architecture.

- Ça a un impact dessus…

- Oui, et ça devient une caractéristique de l’architecture. Faudrait voir si ça, le fait que ce soit de la communication, ne la discrédite pas complètement ? Faudrait voir dans quelles mesures…. Moi je crois pas qu’il y ait une vertu, je me méfie un peu d’une bonne architecture qui ne serait pas vue, et de la mauvaise architecture qui serait vue et publiée.

Je dis ça, ça peut être parce que je travaille dans des magazines mais…

C’est une des conditions pour moi de la communication, est-ce qu’elle est bonne, comment elle contamine l’architecture quels sont ses freins ce serait aussi à voir… Ce serait à examiner dans les objets qui sont produits.

C’est vrai que parfois, j’ai vu des projets où on a l’impression que tout est bien fait par ailleurs, mais on a l’impression que ce qui était intéressant c’était ce que ça pourrait faire dans le book des architectes.

- Là on parle des médias spécialisés. Dans les médias grand public il existe des articles sur l’architecture, ou l’on parle quand même beaucoup des architectes déjà très connus, parce que le grand public ne peut pas ou ne s’intéresse pas à quelqu’un dont on ne connaît pas déjà le nom. Est-ce que selon vous les médias grand public ont un rôle ? Ils contribuent à starifier encore plus ? On devient une star quand on est connu du grand public, par quelqu’un dans la rue comme ça, qui n’est pas en architecture, il va connaitre Jean Nouvel… Est-ce que les médias, selon vous, participent à cette starification des architectes déjà starifiés ? Ça contribue à les rendre encore plus grands ?

- D’un côté oui, mais alors il faut bien se rendre compte que, moi je me bats souvent avec ça, c’est que les médias peuvent amplifier et répercuter des phénomènes mais ce n’est pas parce que on va l’écrire que… Ce n’est pas les médias qui font l’audience. Ils ne contribuent pas à la notoriété, mais ils ne partent pas non plus de rien. Souvent quand il y a des affaires, ce n’est pas parce qu’on va écrire Fillon qui s’achète un costume à 3 000 balles que ça trouvera une audience dans le public. La façon dont le public réagit c’est différent. C’est sûr que les médias grand public… Mais moi je ne connais pas, je ne travaille pas dans cette presse, mais j’ai des collègues qui y travaillent et il y a une question de filtres en fait. Une personne chargée de l’architecture dans un magazine comme Télérama, ou même aux Échos, en fait elle n’est pas décisionnaire. Il propose d’abord à son rédacteur en chef, et là il y a déjà un premier filtre qui joue.

Le rédacteur en chef est comme un peu le grand public. Il y a un gros déficit de connaissances de l’architecture en France…

- C’est dû à ça qu’on ne parle que des grands ?

- Ce n’est pas dû à ça mais c’est sûr c’est tout un tas de filtre qui font qu’à la fin, c’est plus facile de parler de quelqu’un de connu qui

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fait un musée, que d’un inconnu qui fait des HLM à Brive-La-Gaillarde, vous voyez ? Il y a un rédacteur en chef qui dit : « bah ouais, tes 15 logements… » En fait, l’architecture dans la presse, quand on en pale au grand public, il entend souvent décoration. Pour appréhender un bâtiment, il ne peut pas voir des choses quand c’est trop subtil, au niveau des logements, des coursives tout ça… Il faut qu’il appréhende ça à travers des choses qu’il connait déjà.

- Du coup, on a une manière simplifiée de parler de l’architecture au grand public, on parle des grands projets, des trucs faciles à comprendre, les musées etc. Est-ce que, justement, c’est en simplifiant la manière dont on parle au grand public que l’architecture est peu démocratisée ? Est ce qu’elle serait plus démocratisée et connue si les journalistes du grand public avaient moins ces filtres là et parlaient plus des petits projets pour faire comprendre l’architecture différemment ?

- Je ne pense pas, la démocratisation de l’architecture c’est un problème récurrent depuis des années, il y a une grosse confusion... Je pense que c’est plutôt un problème d’éducation. Le public est très embarrassé avec l’architecture, il ne voit pas trop ce que c’est, c’est un art, mais un art appliqué. Il ne comprend pas les figures, c’est pas aussi facile à comprendre qu’un tableau où il y a tout un système... On pourrait parler en parallèle des systèmes d’exposition qui vont vers des choses générales.

Dans l’art on peut avoir des figures, on peut parler de Picasso… C’est plus facile de vendre des objets, des choses comme ça. Le pavillon français il y a deux ans à la biennale, qui parlait de petits projets, quand il y a des initiatives publiques qui donnent un sens à des choses comme ça du territoire, n’arrive à en parler plus dans les médias. Moi je pense qu’à la base, c’est un gros problème d’éducation. Déjà, les journalistes, un des intérêts réels de toute la presse, c’est …Regardez France culture depuis que Chaslin est parti il n’y a plus d’émission d’architecture... C’était la seule émission qu’il y avait sur ça. Ils en parlent un peu dans les émissions de ça, mais ils n’y connaissent rien, ils jugent d’après des critères… Comme si l’architecte était un artiste qui avait une entière liberté d’action, alors que ce n’est pas le cas du tout. Je pense que le problème de base, c’est quand même une méconnaissance de l’architecture. Il y a un manque d’éducation, d’intérêt.

C’est paradoxal, quand on dit qu’on va faire des études d’architecture ou qu’on est architecte, les gens trouvent ça génial mais ils ne connaissent pas vraiment plus.

- Le public a une une image étonnée de l’architecture… Cette image de star, qui est perçue comme négative, est ce que les médias véhiculent cette image négative ? Selon vous ?

- Les médias…

- En général, ça peut être la presse imprimée, sur internet…

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Est ce qu’ils véhiculent les images négatives des stars, parlent beaucoup des polémiques ?

- Ce qui est vrai, c’est que, bon, on retient toujours les critiques parce qu’on a un peu l’impression que les stars de l’architecture… Après c’est la seule chose qu’on ait pour rendre visible l’architecture.

- Par exemple quasiment les seuls articles qui sont parus dans les journaux destinés au grand public par exemple sur Jean Nouvel c’est beaucoup des choses qui l‘encensent sur Abu Dhabi ou des choses qui le critiquent comme avec la philharmonie… Ou c’est quelqu’un de génial qui fait des projets incroyables, ou bien c’est un mauvais architecte qui ne gère pas ses projets, il n’y a pas d’entre deux.

- Sur la philharmonie c’est un peu diffèrent il y a une énorme polémique, que Nouvel aussi a entretenu parce qu’il y a un gros conflit sur la conduite du chantier etc. Donc en plus c’est de l’argent public…

- C’est pour ça que ça intéresse le grand public ?

- Il y a un scandale, il y a aussi une entreprise qui doit se défendre par rapport à des attaques, il y a le système PPP donc ça, ça a généré de la polémique.

- Donc ça fait vendre en quelque sorte ?

- Ça fait vendre oui, c’est surtout que c’est un sujet. On dépense 300 millions pour un musée alors qu’on parle de restrictions budgétaires.

Ce n’est pas parce que ça fait vendre que c’est pas légitime non plus d’en parler. Après sur le Louvre Abu Dhabi je dirai que c’est un peu… Oui là c’est toujours le problème de savoir quels critères, sur quels critères les…

Moi je n’ai pas été invité à la visite inaugurale, parce qu’il y a tout un système d’agence de presse qui convie les journalistes. C’était plutôt des gens de la presse grand public et je pense que quand on est loin c’est plutôt bluffant comme bâtiment. Donc il faut prendre un peu de recul, c’est difficile. On peut très bien aussi se faire manipuler par des journalistes, des architectes ou autre chose.

- Par exemple pour la visite inaugurale du Louvre, l’agence choisi quels journalistes il invite, de quels médias ?

- Oui, c’est un ensemble, parce que je crois qu’il y avait le ministère qui était partie prenante, le ministère de la culture… C’est tout un ensemble qui choisit en fonction des considérations budgétaires, des retentissements espérés, tout ça quoi…

- Et, par exemple, je reviens à ce que nous avons dit tout à l’heure : Le Corbusier etc. étaient jamais qualifiés de stars. Même aujourd’hui il y a des gens qui répondent aux mêmes trajectoires, ils ont tous eu le Pritzker, ont répondu à telles étapes etc… Mais dans le sondage réalisé et en en parlant autour de moi, on qualifie facilement Jean Nouvel de star mais Zumthor, même si c’est un architecte apprécié et très peu criti-

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qué, jamais ça ne nous vient à l’idée de l’appeler star architecte. Pourtant il pourrait répondre à cette catégorie… Selon vous pourquoi aujourd’hui deux architectes comme eux, on en appelle une star facilement et l’autre non ?

- Moi j‘appellerai star Zumthor, je ne vois pas pourquoi ?

- Moi personnellement j’avais du mal à l’appeler comme ça parce que ça a une connotation négative et dans les sondages aussi les gens trouvent qu’il ne correspondait pas à ce terme.

- Ben lisez j’ai vu un article ce matin… Non il n’y a rien qui dise que Zumthor… Ça dépend comment vous définissez la star, pour moi c’est un architecte qui a une notoriété mondiale. A eu certains prix comme les prix que vous citez, qui peut développer une démarche d’auteur dans des contraintes limitées… Donc pour moi ça c’est une star, donc Zumthor aussi.

- Mais quand on les compare il a très peu d’actions d’autopromotion, il jouit d’une image un peu d’ermite, mais il ne vend pas son image en quelque sorte…

- Nouvel non plus…

- Quand on regarde leur sites internet… Jean nouvel, il y a des citations de partout, des grandes photos… Il y a quand même une, comment dire, une certaine image qui est donnée de lui qui n’est pas donnée de Zumthor sur son site ou autre… Ricciotti il n’y a qu’une vidéo par exemple il n’y a pas de citation, de photo de lui, que de ses projets… Jean Nouvel, lui, on voit que dans sa stratégie de communication l’idée c’est de se mettre en avant en tant qu’auteur et artiste, et pour moi c’est un peu ça qui différencie la star et être célèbre, non ?

- Ce n’est pas parce qu’on dit qu’on est modeste qu’on l’est…

Moi je pense que l’exemple de l’architecte trop modeste c’est quand même Siza, un type qui a toujours eu l’image de l’architecte besogneux, dans son coin loin des médias qui en même temps, quand j’étais à Porto en 1997 il avait déjà 50 projets dans toutes les villes du monde c’était un peu contradictoire. Tout ça c’est la construction de leur image. Peut-être que Zumthor est un peu plus en retrait, mais je ne vois pas en quoi on le qualifiera pas de star. Nouvel ce qu’il dit sur son site, c’est peut-être parce qu’il sent le besoin et l’envie d’exprimer des choses sur l’architecture, il se sent tenu d’avoir des pensées sur certaines choses. Le site c’est un peu la construction, ce n’est pas la communication en fait.

- Vous pensez que ça n’est pas de la communication ?

- C’est une partie de la constitution de l’image mais Nouvel ne communique pas hein ! Moi je ne reçois jamais rien de Nouvel qui dit on a fini tel projet, tel projet… On ne sait pas ce qu’il fait. Vous avez vu The Competition ?

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- Non ! On m’en a parlé lors des précédents entretiens aussi…

- Je pense que c’est un bel exemple. C’est à voir, parce que ça

ne donne pas une très bonne image des starchitectes, notamment.

- On a parlé de ce film avec le journaliste d’hier, il me disait qu’effectivement dans le film on voit l’architecte qui ne travaille pas sur le projet, qui travaille une demie heure, qui le regarde et lors de la présentation il présente son projet et se l’accapare et jouit d’une image d’auteur, alors qu’en fait non…

- Bon… L’architecte fait des trucs, enfin… Faire tourner une agence et faire le projet c’est quand même un peu compliqué, c’est des grandes agences, donc Nouvel il ne fait pas grand-chose. Je pense qu’en fait il s’est fait un peu piéger parce que dans ce projet il est assez mal vu.

C’est la maitrise d’ouvrage aussi, qui veut faire une tour de 200 mètres pour exposer une voûte romane de 12 mètres de long, il y a un problème de programme. Y’a un gros déficit. Dans le film, c’est l’architecte qui passe pour un con, et Nouvel est peut-être un peu négligent. Ce que je sais c’est que, c’est intéressant, Foster quand il apprend apparemment qu’une des conditions du concours c’est de participer au film, il se retire du concours.

Et ce que je sais de source sure, mais vraiment, puisque c’est le chargé de com de Zaha Hadid qui me l’a confirmé, c’est que lui, il lui a dit de ne pas paraitre dans le film. Il lui a dit « tu ne vas pas dans le film ». C’est de la communication, en fait, et Nouvel finalement qui a joué le jeu de se laisser filmer, laisser rentrer les caméras, il se retrouve finalement à passer un peu pour une andouille quoi !

- Je fais comme je vous ai dit des parallèles entre l’architecture, le monde de l’art et du cinéma. De la même manière qu’il y a au cinéma des Blockbusters Hollywoodiens et qu’il y a du cinéma d’auteur, est ce que vous pensez que les starchitectes et la starchitecture en général, est nécessaire à l’architecture pour que l’autre architecture, plus discrète voire anonyme, existe ? Est-ce que c’est nécessaire d’avoir ces stars et ce type d’architecture ?

- Non. En même temps, il faut toujours des bâtiments un peu exceptionnels quoi, il y a toujours des architectes qui se distinguent du lot.

Plutôt ce qu’on pourrait se demander c’est par exemple, est ce que on avait besoin d’Aalto et de Le Corbusier pour qu’on parle plus des petits architectes ? Mais, cependant qu’est-ce que Aalto ou le Corbusier ont amené à l’architecture, à la pratique architecturale après ? Le Corbusier, quand même l’influence est énorme… Ce qu’on peut se demander, c’est ce que les starchitectes apportent des choses à l’architecture, est ce qu’on apprend ou est-ce que c’est deux mondes un peu séparés ? C’est un peu ça qu’on peut se demander.

- On a eu cette discussion hier aussi de dire que le petit archi-

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tecte dans son coin, quand il entend parler de Jean Nouvel, il se reconnait un peu puisque les deux sont architectes. Finalement, un architecte comme Jean Nouvel et un architecte lambda, ils ne font pas le même métier, c’est plus du tout la même envergure des choses… Est-ce que pour vous ils font le même métier ou est ce qu’il y a tellement d’écart entre les deux que c’est plus du tout la même chose ?

- C’est vrai que ça peut avoir un aspect positif c’est pour ça que aussi toutes les erreurs ou les ratés des starchitectes sont dramatiques pour l’architecture à proportion de ce qu’ils font de bien peut être positif. Alors c’est, comme en plus ils ont suivi une commande, l’architecte pousse toujours à aller plus loin. Ils sont laissés après entrainer dans des bâtiments que j’avais appelé les monstres dans un article. Aller dans des formes délirantes, en contre coup ça aurait pu avoir un aspect négatif. En fait on n’interroge jamais les commanditaires de ces choses-là… Ils ne font pas le même métier, oui ! Et même, en fait ce qui distingue le starchitecte ou l’architecte star, l’architecte lambda, ils ne sont pas du tout dans le même rapport de force. Je pense que d’être starchitecte ça permet quand même de peser plus dans la commande. Alors Nouvel s’en est pas très bien tiré à la Philharmonie mais si on regarde le PPP du TGI à Batignolles… vous ne voyez pas ? Piano ? En fait… Le tribunal ! Que j’ai visité, en fait on voit que si l’architecte n’avait pas été une star avec sa notoriété, son aura, ça aurait été beaucoup plus dur d’imposer des choses à l’entreprise. Vous connaissez le principe des PPP… - Non ?

- En fait c’est l’entreprise qui est mandataire du chantier donc, c’est elle qui décide alors que normalement, dans les commandes auxquelles ont était habitués jusqu’ici, c’est l’architecte qui est décisionnaire.

Et en fait beaucoup de choses auraient pu être imposés à Piano qui aurait dénaturé le projet… Et ça aurait sans doute été plus difficile pour d’autres architectes.

- Piano à déjà beaucoup de notoriété et du coup…

- Ben on ne va pas dire à Piano « ça marche pas ce que vous faites ! » J’ai vu des conférences en Italie ou des salles de 5 000 personnes se prosternent devant lui !

- Ils ont une telle image qu’on ne peut souvent les contredire ?

- Ils ont moins… Sinon en fait l’architecte passe souvent pour un guignol …

- Le commanditaire choisi telle ou telle starchitecte, il le laisse faire, si c’est Renzo Piano qu’il veut il le laisse faire totalement ce qu’il veut sans…

- On ne laisse jamais…

- Il lui laisse plus de liberté ?

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- Ça dépend du projet, oui en tout cas il aura moins, dans tous

les conflits, la construction avec les entreprises notamment, il a plus de poids. Après ça ne marche pas toujours, l’exemple de la philharmonie, c’est un contre-exemple.

- J’ai terminé mes questions si vous avez des choses à rajouter qui vous paraissent essentielles sur ce terme…

- Essentiel je sais pas, mais je trouve qu’en fait starchitecte ça maintient une ambiguïté. Les architectes se distinguent un peu comme une figure de créateur, c’est-à-dire que ça fait croire, ça masque le fait que l’architecture c’est quand même toujours une conception collective.

On parlait de nouvel qui ne suivait rien mais, enfin qui avait l’air de rien suivre dans le projet de The Competition mais dans les grandes agences de star, le talent de l’architecte c’est aussi de savoir s’entourer. C’est à dire que dès qu’on a ce statut-là, on obtient une visibilité qui vous donne une telle visibilité qu’on arrive à drainer les meilleurs architectes du monde entier. Les plus euh, j’avais vu chez (inaudible ?) quand il avait commencé à être très connu, il y avait la première pièce avec les 40 esclaves espagnols, catalans, les 40 esclaves allemands, les 40autres… Je reviens sur ce que j’ai dit, quand même, les starchitectes ont plus de liberté qu’un architecte normal, mais malgré tout ils ont quand même des limites. Et les budgets, c’est quand même toujours des limites, la recherche architecturale en fait c’est souvent dans les agences, c’est aux agences de le faire ce n’est pas vraiment payé. On vous demande de dessiner un bâtiment. Si vous devez en dessiner 15 pour le faire, on ne va pas vous payer les 15.

Donc ces agences-là elles ont, elles peuvent avoir une force de frappe. Et c’est aussi un des talents, c’est de pouvoir gérer un peu cette notoriété, cette dynamique !

- Parce qu’il y a plus de pression du coup, sur un bâtiment quand on sait qu’il est attendu ?

- Il y a plus de pression, il y a plus de moyens derrière.

- D’accord - Starchitecte ça occulte le fait que c’est un travail collectif au sein de l’agence et au sein des collaborateurs, des collaborations… En fait il n’y a pas encore, faudrait mettre en place… Au cinéma il y a des génériques de films, et on sait tout jusqu’à la moindre troisième maquilleuse.

- Alors qu’en architecture il n’y a pas ça - Il n’y a jamais, on sait qu’il y a le réalisateur et qu’il y a derrière les acteurs, puis les équipes techniques et tout ça… Le générique d’un film durer 10 minutes…

- Oui !

- Tout le monde est crédité, et là en fait ça maintient la fiction que l’architecture c’est un peu une œuvre d’un créateur unique alors qu’on

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sait très bien : il y a des ingénieurs, des BET… - Et selon vous ce n’est pas aussi dû au fait qu’en fait ça cache que c’est quelque chose de collectif, les stars, et qu’en fait c’est nécessaire parce qu’il y a tellement d’acteurs et de plus en plus, ne serait-ce que pour construire un petit bâtiment, que si on veut le médiatiser c’est trop compliqué à expliquer. Cette figure d’architecte elle est nécessaire car on besoin d’un auteur, d’une image, d’une figure ? Parce que c’est une réalité trop complexe à expliquer ? Du coup les médias parlent d’un bâtiment, ils parlent de l’architecte mais jamais des autres acteurs et c’est aussi la faute entre guillemet des médias, parce qu’ils ne parlent jamais des autres acteurs qui existent dans le bâtiment ?

- Oui… bon après les relations c’est pas qu’avec les médias.

Non ? Je reprends la comparaison avec le cinéma, vous savez ce que c’est les vrais cinéphiles ? C’est les gens qui voient le film et qui ne voient pas seulement le réalisateur mais qui était le chef opérateur, qui était là… Ils retracent tout ça. En fait en architecture on a pas nos cinéphiles, on n’a pas d’archiphiles, on a pas. Le public ne se forme pas pareil.

- Après les architectes voient diffèrent un bâtiment que quelqu’un qui ne connait pas par exemple !

- Oui mais par exemple les cinéphiles en sont pas nécessairement réalisateurs ou acteurs, même pas du tout.

- Pour être archiphile on a besoin d’être architecte ?

- Et encore… Je ne sais pas qui pourrait me citer que c’était tel maitre d’ouvrage, donc le producteur, qui était le BET structure, le chef de projet dans l’agence, qui était…

- Donc c’est une différence fondamentale entre les deux ? On parle de stars en architecture, c’est pour montrer une figure en oubliant le reste tandis que dans le cinéma on voit quand même tout ce reste là ?

- Ce n’est pas seulement les médias, mais tout le monde s’est un peu accommodé de ça on a pas seulement parlé des petits, ni oublié les petits architectes dont on parlerait pas et que des grands. Je pense que si on feuillette une revue et qu’on dépouille des revues sur un an, il n’y a pas que des architectes connus et même dans l’histoire, elle s’intéresse très peu aux chefs d’agences. On a vu émerger récemment c’était y’a quelques années on a reparlé de Nathalie De Blois qui était la chef de Gordon Bunshaft qui était chef de projet. Même dans SOM, là, on a effacé le nom qui est une agence corporate, il y a des polémiques régulières, enfin pas régulières, sur Pouillon où en fait on oublie de citer Pierre Vageau qui attribuait tous les bâtiments à son chef d’agence.

- On s’y accommode de ça, c’est plus facile !

- C’est vrai qu’on peut penser que sans l’architecte star, bâtiment ne serait pas comme ça.

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- Reste à savoir quel rôle l’architecte star a dans la conception

d‘un projet… Jean Nouvel quand il sort un bâtiment, derrière il y a le chef de projet, le directeur de projet, qui trace vraiment le projet ? Ce n’est pas vraiment un projet de Jean Nouvel ?

- Il y a tellement de projets, je serai curieux de savoir comment Siza sur tous ses projets par exemple… Nouvel avait été assez, sur quelques années, quand il s’exprimait encore, il avait été assez clair. Dans l’archi d’aujourd’hui il avait dit qu’il se considérait plus comme le directeur artistique de son agence. Après c’est clair que bon, ce n’est pas l’architecte comme dans la tour infernale, où c’est une figure populaire. C’est l’architecte vu par le prisme populaire du cinéma. Vous l’avez vu, la tour infernale ?

- Non… - Steeve McQueen est architecte, il a dessiné une tour qui prend feu, et il sait dire ou sont les moindres interrupteurs mais c’est un peu un mythe !

- Ces architectes stars ont commencé à un moment donné… On oublie avec cette image négative qui existe, on oublie qu’ils ont commencé comme tout le monde et qu’ils ont à un moment donné été meilleurs, ou qu’ils ont fait des choses assez incroyables pour arriver à ce statut là à un moment donné. Ça on l’oublie un peu… Les gens qui ont répondu au sondage, ils oublient un peu, on critique beaucoup surtout les étudiants, mes camarades de promos critiquent énormément les stars mais finalement on a tendance à oublier qu’ils ont commencé quelque part et que s’ils en sont là ce n’est pas pour rien !

- Non c’est sur tout le monde ne peut pas devenir Jean Nouvel !

- Ils ont fait des bâtiments qui sont vraiment d’eux quoi. Ce qu’ils ne font plus aujourd’hui. L’image négative, elle fait oublier ce début-là qui est quand même important, qui fait qu’en fait c’est des gens pas comme les autres, ils ont été très bons à un moment donné.

- Je pense qu’il faudrait voir combien de temps on arrive à rester star ? Si on regarde la décennie un peu d’avant 1990, il y a… Disons, on va mettre l’émergence de la star aux années 2000, il y avait des stars, des gens qui avaient une grande notoriété, mais dans les cercles architecturaux à travers les revues. Je pense à Kollhoff, Hans Kollhoff, qui ont totalement disparus après. C’est vrai que les starchitectes on ne les a pas trop vu disparaitre !

- Mais aujourd’hui, ils apparaissent plus tôt, ceux dont on parle, ils ont déjà un certain âge, maintenant on parle starchitecte quand on parle de BIG par exemple, qui est beaucoup plus jeune. Avec des moyens qui existent maintenant et qui n’existaient pas avant, qui font qu’on peut être considéré comme star bien plus jeune qu’avant…

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- En même temps, Piano et Rogers ils ont 25 ans quand ils

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gagnent Beaubourg !

- C’est vrai… Mais c’était par l’architecture, pas par sa communication… Ce n’est pas pareil que BIG qui est beaucoup connu parce qu’il a une façon de communiquer particulière !

- Il répond à une demande… Je vais vous envoyer un article là, sur BIG. Il est infatigable, il a une énergie, pour le meilleur et pour le pire ! Il y a une grande différence, dans les années 1990, ou c’est des gens qui sont plus dans la presse dans des débats théoriques, que dans le développement d’une écriture, même si chez Koolhaas, OMA, il y a une question d’écriture qui est là, de développement théorique. Je pense que c’est un système assez global entre les écoles, les institutions, les médias, les commandes aussi. On peut se demander ce que l’architecture amène, ce que le starchitecte amène à l’architecture en général. À la profession.

- Selon vous ?

- Par exemple, si on regarde Nouvel, dans les années 1980, 1990, et Nouvel après, c’est quelqu’un qui s’est détaché de la profession.

Il a tenté de revenir - Détaché, c’est à dire ?

- Il n’était plus concerné par les problèmes. Entre Nouvel qui organisait un contre-projet pour les halles, qui s’engageait au sein des syndicats d’architecture et le Nouvel qui se moquait un peu des combats de base des architectes sur les concours, les choses comme ça, il y a un fossé.

Cependant quand il est revenu à l’arsenal avec Bouchain il y a deux ans et qu’il disait « mes fières d’architecture, retrouvons-nous, on doit se réunir », il a tenté un retour dans la communauté d’architecte mais c’était un peu tard !

- Ça ne marchait plus ?

- Ça faisait un peu « j’ai des problèmes on va tous m’aider ! » - Du coup il est totalement à l’extérieur du cercle des architectes ?

- Moi c’est mon sentiment, je le trouve un peu en dehors.

- C’est parce qu’il est devenu célèbre ?

- Oui, il s’est mis dans une tour. La célébrité c’est quelque chose de compliqué à gérer.

- Et lui vous trouvez qu’il l’a mal géré ? Lui s’est exclu de tous ses propres cercles ?

- Je sais pas comment il le vit mais c’est clair qu’il ne semble pas super à l’aise avec ça. C’est Nouvel qui faisait aussi des projets pour Tolbiac ou le site de la TGB, c’était quelqu’un qui agitait des idées. Après on ne l’a plus tellement retrouvé sur le terrain des idées.

- C’est pour ça qu’il a été un peu critiqué ? Parce qu’il construi-

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sait aux émirats, pas en France… J’ai lu un article qui critiquait le fait qu’il s’expatrierait un peu, que c’était mal perçu !

- On ne sait pas ce qu’il construit vraiment Nouvel. J’ai rencontré une de ses chefs de projets, qui s’occupe de sa matériautéque. Elle dit qu’ils ont pas mal de projets, et sur certains projets ils ont des budgets comme tout le monde. Donc on ne connait pas vraiment sa production.

Après s’il a des gros projets ailleurs, c’est un problème parce que c’est les architectes et les droits de l’homme. Les commanditaires c’est quand même des princes. Les grandes commandes viennent de pays qui sont pas très portés sur la démocratie, et tous, il faut se taire. Zaha Hadid quand elle construisait en Azerbaïdjan, ce n’est pas une grande démarcation. Les problèmes qu’elle a eus avec les traitements des ouvriers à Dubaï, ou au Bahreïn, ou au Qatar, la coupe du monde de foot 2022. Les polémiques qu’il y avait eu, sur les conditions de travail des ouvriers…

- Il y a une question d’éthique ?

- Oui. Est-ce que tous les architectes ont forcément fait attention ? Malheureusement on peut dire que non.

- C’est pour ça que quand ils construisent dans ces pays-là ils sont critiqués ? C’est un angle d’attaque ?

- Oui… Mais par qui ils sont critiqués ? Est ce qu’ils sont vraiment critiqués pour le… Je ne pense pas qu’il y ait une critique des droits d l’homme très forte qui vienne du milieu des architectes, après, j’ai interrogé sur ça, des moins grosses agences, qui travaillent sur ça. Ils me disent que oui mais ils y vont aussi, avec des entreprises, il n’y a pas que l’architecte. Abu Dhabi c’est une antenne du Louvre, c’est fait avec l’assentiment de la France et les très hauts fonctionnaires de l’état donc, tout le monde a un peu lâché l’affaire quoi… Parfois, l’architecte doit être plus vertueux ? Je ne sais pas.

- Eh bien, voilà ! Merci.

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Bibliographie

195 |

Table des matières

| 196

Table des matières

TABLE DES MATIÈRES

Sommaire 7 Remerciements 9 Introduction 11 Partie I | Création d’un star-system : starchietctes et starchitectures

17

18

1. La société postmoderne

a. Le wow-effect : «if you built it, will they come ? » b. Développement d’un star-system

23 26

2. Des typologies d’architectes, une nouvelle

a. Typologies existantes b. Starchitecte

29

Partie II | Le statut de l’architecte

39

40

1. Stars ?

a. Types de reconnaissance b. Que représente le mot star ?

29 33

42 44

197 |

Table des matières

2. Qui sont-ils?

a. Sondage internet b. Sondage IPSOS et La culture architecturale des Français

3. Les étapes de la consécration

49 52 58 64

a. S’exposer

b. L’exposition de la consécration

c. Récolter les (bons) honneurs

d. Les médias

64 66 69 74

Partie III | Être célébre ≠ être une star

79

1. L’image

81

2. Réception de l’image de star

94

| 198

a. Cohérence du terme starchitecte b. Rapport entre l’architecte et les médias c. Le rôle des médias dans la starification d. La communication via les médias e. La véhiculation d’une image

96 96 97 101 104

Conclusion 109 Annexes 115 Table des annexes 116 Bibliographie

187

RICHARD ROGERS

DOMINIQUE PERRAULT

SANTIAGO CALATRAVA

SKIDMORE, OWINGS & MERRIL

ALVARO SIZA

PETER ZUMTHOR

TOYO ITO

TADAO ANDO

DAVID CHIPPERFIELD

MVRDV

SANAA

MASSIMILIANO FUKSAS