INDUSTRIALISER L’AFRIQUE Stratégies, politiques, institutions et financements
gestion des finances publiques afin d’élargir l’assiette fiscale, améliorer la transparence et accroître l’efficacité des dépenses publiques, tout en freinant la fuite des capitaux.
Selon la Banque africaine de développement, l’Afrique pourrait collecter 17 milliards d’USD par an en utilisant comme garantie les futurs transferts de fonds.
Les envois de fonds des travailleurs émigrés constituent également une source de capitaux capable de stimuler l’investissement et la croissance. Les envois de fonds officiels vers l’Afrique, soit 62 milliards d’USD en 2014, ont considérablement augmenté par rapport aux 11 milliards en 2000. On peut néanmoins s’attendre à ce qu’ils ralentissent en raison de la faible croissance économique en Europe, de la baisse des prix du pétrole au Moyen-Orient, de la dépréciation de l’euro et du resserrement des contrôles migratoires dans de nombreux pays sources de revenus. Pour autant, les ressources de la diaspora (sous forme d’obligations) représentent une source de financement largement inexploitée pour les projets industriels ou d’infrastructure.
Bien qu’encore dominés par les banques, les marchés des capitaux se développent sur les marchés financiers africains, augmentant les possibilités de financement à long terme du développement industriel et des infrastructures. Il existe aujourd’hui environ 25 bourses de valeurs sur le continent, celle de Johannesburg étant la plus développée.10 En 2013, la capitalisation totale des marchés boursiers africains atteignait environ 1500 milliards d’USD. Les marchés obligataires africains en sont également à leurs débuts, principalement sous l’impulsion des titres émis par les gouvernements, l’activité étant axée sur le marché primaire intérieur. L’émission d’obligations souveraines par la Côte d’Ivoire en 2015 a été suivie par le Gabon, la Zambie, le Ghana, l’Angola et le Cameroun. Les six pays ont émis
10 Voir http://www.african-exchanges.org, consulté le 13/02/2017.
Encadré 2.2 : La stratégie « Industrialiser l’Afrique » de la Banque africaine de développement L’ambition de la Banque est de contribuer à doubler le PIB industriel d’ici 2025. Au cours des dix prochaines années, la Banque investira
créant le Fonds obligataire domestique africain avec un objectif de 250 millions d’USD.
3,5 milliards d’USD par an sous forme de financements directs et de
4. Promouvoir le développement des entreprises en con-
mobilisation de ressources pour mettre en œuvre ses six programmes
tribuant à la mise en place d’une structure de soutien efficace
phares d’industrialisation :
pour l’entrée et l’expansion des entreprises, et notamment des
1. Favoriser les politiques industrielles qui ont fait leurs
PME. La Banque augmentera ses lignes de crédit aux PME pour
preuves par un appui au programme et au budget et par une
atteindre 800 millions d’USD par an au cours de la prochaine
assistance technique aux gouvernements dans la conception de
décennie. En outre, elle fournira une assistance technique aux
politiques industrielles et la création d’unités de PPP chargées de
entités axées sur les PME (en particulier aux plateformes d’incu-
coordonner les entités organisationnelles internes afin d’élaborer,
bation qui pourraient être pilotées par l’ONUDI et les institutions
mettre en œuvre et suivre les projets de PPP.
financières).
2. Catalyser le financement de projets d’infrastructure et de
5. Promouvoir des partenariats stratégiques en mettant en
projets industriels en portant ses investissements (y compris
place une plate-forme de connectivité permettant de partager
ses propres investissements) de 2,5 à 4 milliards d’USD par an. La
l’information en toute honnêteté. La Banque accueillera tous les
Banque compte mobiliser des fonds supplémentaires à hauteur
deux ans un Forum sur l’investissement en Afrique afin de mettre
d’environ 1,5 fois ce montant dans un scénario de « business as usual ».
en relation les entreprises africaines et les investisseurs. 6. Développer des grappes industrielles efficaces en soutenant
3. Soutenir la croissance des marchés des capitaux liquides
simultanément jusqu’à cinq regroupements industriels. Chacune
et efficaces sur le continent en soutenant, au cours de la pro-
des cinq régions d’Afrique en aura un dans un premier temps,
chaine décennie, 20 marchés des capitaux à travers l’Afrique et en
jusqu’à atteindre le chiffre de 35 grappes.
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Chapitre 2 : Une transformation structurelle inclusive et durable de l’Afrique : aller de l’avant