Japanink n°3

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manga

c u l t u re

collection

jeu vidéo

SOUL EATER : rencontre avec Atsuchi Ohkubo • DRAGON BALL EVOLUTION EXCLUSIF ! SWORD OF THE STRANGER : interview de Masahiro Ando

INITIAL D • entretien avec Kaito Amano : Pastiche & Parodie Manga + en cadeau 4 posters > Soul Eater / Initial D. / et un double Special A

Studio Ghibli

DRAGON BALL EVOLUTION

SOUL EATER

SWORD OF THE STRANGER

INITIAL D

Pastiche & Parodie Manga

Special A

japanink

anime

Dossier spécial

Studio Ghibli

Ponyo sur la falaise Le Château Ambulant Le Voyage de Chihiro Princesse Mononoke Mon Voisin Totoro Le Tombeau des Lucioles Kiki la petite sorcière …

N°3

Mai / juin 2009

M 04999 - 3 - F: 5,95 E - RD


SH U SH IC IG HI EN O

g in c a -r t e e r t s e d e Le manga cult ce ! n a r F n e in f n e e l débou iald.fr

© SHUICHI SHIGENO/KODANSHA Ltd.

www.init

sortie manga le 26 mars !! en partenariat avec :

CD bientôt dans les bacs ! au cinéma le

8 avril

les 4 saisons TV déjà en DVD...


ANIMe JAPON

アニメ日本

4 Actu

ANIMe FRANCE

アニメ仏

8 Actu 12 Zombie Loan 14 Special A 16 Piano Forrest 18 Sword of the Stranger

Animanga

the stranger. Le film a d’ailleurs tellement plu au rédac’ chef qu’il a décidé de se reconvertir dès le prochain numéro en rônin redresseur de torts, protégeant la veuve, l’orphelin et le voisin du dessous. En parallèle, nous vous proposons également la présentation de Piano Forest et de Dragonball Evolution pour lequel, avouons-le, amis lecteurs, nous avons tiré à la courte-paille pour savoir qui s’y collerait dans l’équipe. Ne le dites pas à Patrick, le malheureux désigné, on a truqué histoire de voir sa mine et de parier quinze boîtes de cassoulet qu’il détesterait ! Et comme nous n’avons peur de rien, nous vous proposons également une interview exclusive des controversés et rebelles auteurs de Death Joke et de nombreuses parodies de nos mangas favoris. Ne manquez pas de faire un tour du côté des news, riches en évènements, et sur les pages consacrées à Zombie-Loan et Special A , et si vous trouvez que, décidément, nous sommes trop méchants et que ça manque de filles, du romantisme vous attend avec le portrait du mangaka cette fois consacré à la véritable princesse du genre : Rumiko Takahashi, auteur de grands succès comme Ranma ½ et Maison Ikkoku.

Jamais deux sans trois, donc nous revoilà ! Pour ce nouveau numéro, nous avons pensé à un nouveau changement de nom, histoire de lancer une mode en se rebaptisant à chaque parution. Japanix ? Trop gaulois… Japanours ? Là, le chat n’était pas d’accord, il s’en est fallu de peu qu’il ne se venge sur la pauvre figurine de Shun qui traînait par là ; elle ne doit la vie sauve qu’à la rapidité d’action de notre rédacteur en chef qui ne voulait pas entendre hurler : « Nissaaaaaaaaaaaaaan ! » pendant des heures. On nous a aussi suggéré Japanik par mail (pervers !). Moralité : nous avons donc décidé d’en rester à Japanink. Au sommaire de ce numéro : un large dossier est consacré aux œuvres du Maître de l’animation japonaise, Hayao Miyazaki, à l’occasion de la sortie sur les écrans du dernier-né du studio Ghibli : Ponyo sur la Falaise. Le phénomène Soul Eater est également présent dans ce nouveau numéro qui vous propose une rencontre avec l’étoile montante du monde du manga, Atsushi Ohkubo. Les samouraïs feront régner l’ordre et la justice avec une présentation de L’incident de Sakai, un recueil d’histoires d’Hiroshi Hirata qui plonge le lecteur dans le Japon des dix-septième et dix-neuvième siècles. Au programme aussi : un long entretien avec Masahiro Ando, auteur et réalisateur de Sword of

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MANGA JAPON MANGA FRANCE

DOSSIER Studio Ghibli

CULTURE

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OhkubO

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© Atsushi

COLLECTION

© 2008

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コレクション

3 Previews 8 8 5 Actu Japon 87 Actu France 88 Play Arts – part.2 90 Excellent Model

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SH UIC

カルチャー

Cinéma 67 Actu 68 Dragon Ball Last Evolution Musique 70 Actu 72 Dreams Come True Evénement 74 Chibi Japan Expo Sud Jeu vidéo 76 Actu 78 Sélection Société 80 La rentrée japonaise

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特集

42 Historique 4 5 Le Château dans le Ciel 46 Mon Voisin Totoro 4 8 Kiki la Petite Sorcière 49 Porco Rosso 50 Princesse Mononoke 52 Le Voyage de Chihiro 54 Le Château Ambulant 56 Ponyo sur la Falaise 60 Le Tombeau des Lucioles & autres films d’Isao Takahata 6 3 Les autres réalisateurs 64 Le musée Ghibli 66 La collection Ghibli

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Soul eater Initial D. et un double special A

07/04/09

マンガ仏

30 Actu 34 L’Incident de Sakai 36 Soul Eater 40 Dragon Ball 41 Luno

La rédaction

En cadeau 4 posters

マンガ日本

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Bonne lecture et n’abusez pas du yaourt 0 % !

マンガアニメーション

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© SHUICHI ANSHA SHIGENO/KOD Ltd.

92 Pastiche et Parodie Manga 94 Rumiko Takahashi 96 Courrier 97 Boutique 98 Glossaire

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Japanink N°4 : sortie le 15 juin

Pour vous abonner, rendez-vous pages 23 et 95

N°3 – Mai / juin 2009 • Édité par Neko Editions, 112 avenue de Paris, 94300 Vincennes E-mail : info@japanink.fr – Web : www.japanink.fr Association loi 1901 déclarée au Journal Officiel de Paris Directeur de la publication : Franck Besnier • Rédacteur en chef : Romain Huck • Ont collaboré a ce numéro : Cécile Dunouhaud, Clément Lagrange, Cécile Gaffory, Patrick Bernard, Cédric Messaoudène, Dimitri Desmé, François Xavier Michel • Conception graphique : Adrien Bonnet et Julien Bruneau (www.gukanjima.com) • Communication, partenariat, publicité : Olivier Chalumeau (pub@japanink.fr) • Imprimé par : Printerman (Espagne) • Distribution : NMPP • Remerciements : Jérôme Chélim (Asuka), Camille Galenne et Adeline Delaforge (Abysse Corp.). Merci à Laurent Peroy & Aurélie Lebrun (Kaze), Marie Fabbri (Kana), Adrien Lorenzo (Beez), Pierre Sery (Clair De Lune), Estelle Revelant et Fabien Vautrin (Kurokawa), Gérald Galliano (association Méluzine), Johan Camus (Dybex), Arnaud Plumeri (Doki-Doki),Anne Caisson (Bamboo) • ISSN : en cours – Commission paritaire : en cours – Dépôt légal : avril 2009 © 2009 Neko Editions/Tous droits réservés. La rédaction n’est pas responsable des textes et photos publiés qui engagent la seule responsabilité des auteurs. Toute reproduction de textes, logos, photos ou dessins publiés dans ce magazine est rigoureusement interdite sans accord écrit de l’éditeur.


Anime Japon

Actu Japon Les scientifiques avancent qu’un séisme atteignant une magnitude 7 sur l’échelle de Richter secouera Tokyo dans les trente prochaines années. Cette réalité est le point de départ de Tokyo Magnitude 8.0, un long métrage d’animation réalisé par Masaki Tachibana qui sortira cet été au Japon. Un film d’anticipation dans lequel la capitale nippone subit un tremblement de terre d’une magnitude 8 – tout est dans le titre – et qui nous invite à suivre Mirai, une jeune collégienne coincée dans les décombres après la catastrophe, qui tente ensuite de rejoindre son foyer. Pour coller le plus possible à la réalité, le scénario s’appuie sur des études très sérieuses réalisées sur le sujet.

Tokyo Anime Fair 2009 Du 18 au 21 mars s’est tenue dans la capitale nippone l’édition annuelle de la Tokyo Anime Fair. Il s’agit du rendez-vous le plus important pour les fans d’animation puisque plus de deuxcent-cinquante exposants viennent mettre en avant leurs nouveautés. Si les deux premiers jours sont réservés aux professionnels, les deux derniers sont ouverts au public, et cette année encore ce fût un succès puisque près de cent-trente mille personnes se sont rendues à la manifestation. Point d’orgue de l’évènement : la remise des Tokyo Anime Awards 2009. Sans réelles surprises, ils ont avant tout récompensé des valeurs sûres de l’animation japonaise, notamment à travers Hayao Miyazaki qui a remporté cinq prix pour Ponyo sur la falaise (anime de l’année, meilleur film japonais, meilleur réalisateur, meilleure œuvre originale et meilleur directeur artistique pour Noboru Yoshida). Code Geass 2 a également trusté le palmarès en raflant le prix de la meilleure série TV (ex aequo avec Macross F), celui du meilleur scénario et celui du meilleur seiyû pour le doubleur de Lelouch, Jun Fukuyama.

Evangelion version 2.0

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#3 • mai / juin 2009

© LEVEL-5 Inc. / Team Layton 2009

On savait qu’un long métrage d’animation tiré du jeu vidéo à succès de la Nintendo DS était en préparation. On en connaît désormais le titre et la date de sortie japonaise : Professeur Layton et la chanteuse éternelle sera donc visible au Japon à partir du 10 janvier 2010. En parallèle, une adaptation en prises de vues réelles ainsi qu’un manga pour le magazine Bessatsu CoroCoro Comic sont d’ores-et-déjà en projet. Pour rappel : le jeu vidéo, qui met en scène le Professeur Layton, spécialiste des énigmes casse-têtes, connaît déjà trois épisodes au Japon, alors que seul le premier est actuellement disponible en Amérique et en Europe. Le succès grandissant de la franchise et l’accueil enthousiaste du premier jeu en dehors du Japon devraient inciter les producteurs à développer les aventures du Professeur à l’international. Mais pour l’heure, aucune information sur une sortie mondiale du film n’a été communiquée.

© LEVEL-5 Inc. / Team Layton 2009

Professeur Layton, la suite

Après le succès phénoménal de Evangelion 1.0 : You Are (not) Alone (récemment sorti sur les écrans français), le deuxième volet, Evangelion 2.0 : You Can (not) advance est annoncé pour le 27 juin prochain au Japon. Pour préparer cette sortie, le character designer Yoshiyuki Sadamoto a réalisé trois figurines exclusives en vente là-bas depuis le 14 mars. Elles représentent Asuka (le personnage préféré des fans), Rei et un personnage mystère. Une opération commerciale a été mise en place pour associer la vente de ces figurines à la pré-vente des tickets de cinéma, tant le film est attendu.

© Chara

© Comité de production Tokyo Magnitude 8.0

Tokyo tremble


Anime Japon

Actu

Valkyria Chronicles

Les dogs se profilent Le manga Dogs de Shirow Miwa voit enfin arriver son adaptation en anime. L’histoire est celle de quatre personnages atypiques, tous porteurs de sombres secrets : une orpheline arborant

Le nouveau Keiichi Hara Keiichi Hara, dont Un été avec Coo vient de sortir en France, développe actuellement un nouveau projet cinéma prévu pour l’année prochaine. Il s’agit de l’adaptation en long métrage d’animation du roman de Eto Mori, Colourful, qui narre la rédemption d’un mort qui retourne sur Terre dans le corps d’un adolescent suicidaire du nom de Makoto. La production de cette tragi-comédie a été confiée au studio Sunrise.

une mystérieuse cicatrice à la poitrine, un journaliste souffrant © Sega/Project Valkyria

d’une dépendance à la nicotine, un tireur d’élite albinos né de manipulations génétiques et un Jeu vidéo à succès sorti à la rentrée dernière sur PS3, Valkyria Chronicles a déjà droit à son adaptation en anime, sous la bannière de A-1 Pictures. Les héros évoluent dans le pays imaginaire de Gallia, secoué par une guerre violente, avec les années trente en toile de fond. La bande-annonce a été dévoilée à la récente Tokyo Anime Fair et la diffusion est annoncée pour le courant du mois d’avril à la télé japonaise.

assassin rangé des voitures. Le premier volume sera en vente en DVD dès le 19 mai prochain chez nos cousins nippons, conjointement à la sortie du quatrième volume du manga.

© Atsuya UKI / Aniplex

© Atsuya UKI / Aniplex

Il y a un peu plus de deux ans, la firme Anime Innovation Tokyo avait annoncé travailler sur le développement de l’anime Cencoroll. On n’a cependant rien vu venir depuis. Aujourd’hui, c’est la société de production Aniplex qui annonce sa propre version pour 2009. Cencoroll raconte l’histoire de Yuki, une jeune fille aidée de son ami Testu, qui résiste à la mise à sac de sa ville par un étrange monstre, lui-même dirigé par un garçon mystérieux. Chose rare : il s’agit ici de l’œuvre d’une seule et même personne, en l’occurrence Atsuya Uki. Il a écrit, designé, animé et réalisé l’anime dont pour le moment on ignore encore le format précis et la date de lancement.

Jusqu’ici, Phantom était une série de jeux vidéo mettant en scène une tueuse à gage, un peu dans l’esprit de Nikita. En raison de son caractère érotique, le jeu, sorti en 2000, eut un succès confidentiel. En 2004, un nouvel épisode plus grand public vit le jour, parallèlement à une adaptation animée, distribuée en France par Dybex et composée de seulement trois épisodes. Aujourd’hui, c’est une nouvelle série animée qui est programmée pour le courant de cette année au Japon. La réalisation de Requiem for the Phantom a été confiée au studio Bee Train et une vidéo de trente secondes est visionnable depuis fin mars sur le site officiel de l’anime.

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© Nitroplus/ Project Phantom

Le gouvernement conseille Cencoroll


Anime Japon

Actu

Stitch au Japon

© Sanyo Bussan Co. Ltd./Comité de production Umi Monogatari

Une vidéo promotionnelle a été mise en streaming pour présenter le nouvel anime réalisé par Junichi Sato (Princess Tutu). Son titre : Umi Monogatari. Présenté comme un conte magique, c’est l’histoire de Marin et Urin, deux sœurs vivant parmi les poissons au fond de l’eau. Elles y trouvent un jour une bague et y voient l’occasion d’enfin découvrir le monde à la surface afin de la remettre à son propriétaire. Elles arrivent alors sur une île isolée et font la connaissance de Kanon, une jeune collégienne. Leur rencontre va mettre en évidence une menace planant sur le monde… De grands noms sont au service de cet anime : on retrouve y notamment Yuka Yamada au scénario (Neo-Angelique Abyss) et Haruko Iizuka au charadesign (Sky Girls). L’animation quant à elle est supervisée par le studio ZEXCS. La date de lancement n’a pas encore été communiquée.

© 2007,2008,2009 Nagaru TANIGAWA / ITOU Noizi / SOS Dan 6

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En 2002, le film Lilo & Stitch connaît un vrai succès mondial au cinéma. Du coup, Stitch, le petit extra-terrestre résultant d’une expérience et déboulé à Hawaï par hasard, a eu droit à sa propre série animée pour la télévision, reprenant les personnages du film et son contexte. Mais c’est une toute nouvelle série exclusive que les studios Disney sont en train de produire actuellement pour le marché japonais par le biais du studio Madhouse. Dans ces nouveaux épisodes, Stitch évoluera sur une île au sud du Japon. Exit Lilo ! Il est maintenant accompagné de Yuna, une petite fille japonaise afin de mieux s’adapter au marché nippon. Les studios assurent en revanche que le caractère du héros reste inchangé dans cette nouvelle saison sobrement intitulée Stitch !

Le retour de Mazinger

©2009 Gô NAGAI / Dynamic Planning / Kurogane-ya

Les fantaisies d’Haruhi Alors que la nouvelle série d’épisodes d’Haruhi Suzumiya se fait attendre depuis près de trois ans, toute rumeur fait l’effet d’une bombe chez les fans. Les producteurs ont cessé de l’alimenter, c’est au tour du diffuseur de rallumer la flamme. En voulant se renseigner sur la grille des programmes de la chaîne Télétama, les journalistes de Gigazine obtiennent une étrange réponse : vingt-huit épisodes sont annoncés, alors que la série n’en compte que quatorze. L’éditeur Kadokawa Shoten ne livre pourtant rien à ce sujet. Tout juste sait-on que le quinzième épisode devrait arriver le 10 juillet au Japon. La suite tant attendue ?

© Disney All Rights Reserved

© Sanyo Bussan Co. Ltd./Comité de production Umi Monogatari

Histoire d’eau

Gô Nagai revient le 4 avril sur le petit écran japonais avec l’une des séries qui a fait son succès en 1972 : Mazinger Z . Une nouvelle confirmée par l’ouverture d’un site officiel (www.shin-mazinger.com) et la diffusion d’un trailer prometteur mi-mars. A soixante-quatre ans, le père de Goldorak prouve à ses fans qu’il n’est pas prêt de partir à la retraite. La réalisation a été confiée à Yasuhiro Imagawa, habitué à travailler avec Nagai depuis les années 90 ; on lui doit notamment la série d’OAV Giant Robo The animation. Le chara design est assuré par Shinji Takeuchi, connu pour avoir officié sur Samourai Champloo, Heat Guy et Geneshaft en tant que directeur de l’animation. Le mecha design est assuré par Tsuyoshi Nonaka (Bandaï) qui a travaillé sur une autre série culte, Ultraman. L’équipe a privilégié la fidélité au trait de Gô Nagai. Le fan retrouvera donc le style du maître. Reste à savoir si le jeune public adhèrera, le genre mecha ayant beaucoup évolué sur le fond et la forme depuis les années 70.


Anime Japon

Actu

Dragon Ball Z fait son grand retour sur les petits écrans japonais. Une énième redite ? Oui et non. Il s’agit de la série classique mais en version qualifiée de « haute définition ». Peu d’infos filtrent pour le moment, mais il est d’ores-et-déjà question d’un nouveau découpage d’une centaine d’épisodes avec un nouveau générique et un réenregistrement des dialogues avec les seiyu d’origine. De quoi amener de nombreux fans sur la chaîne Fuji Tv.

Hack’n Slash Sengoku La nouvelle création du studio Production © 2009 Production I.G/Miyamoto Musashi Production Committee

L’ultime Dragon Ball Z

I.G n’est autre qu’une œuvre inspirée du jeu Hack’n Slash de Capcom. Réalisé par Itsuro Kawasaki, il s’est dévoilé au travers de plusieurs trailers avant d’être diffusé début

Musachi le dernier samourai © CAPCOM/Team Basara

avril. Le détail que tous les amateurs du doublage effectué avec les voix d’origines du jeu vidéo, à savoir Kazuya Nakai, Sôichiro Hoshi et Norio Wakamoto.

La vilaine Lulu

Majordome de combat La diffusion de la deuxième saison de la comédie animée Hayate the Combat

Butler a été lancée au début du mois d’avril au Japon. L’export de l’anime sur le continent nord-américain est déjà envisagé puisque acquis les droits de la première saison. Hayate

the Combat Butler raconte l’histoire de Hayate qui, pour rembourser une dette colossale, officie en tant que maître d’hôtel, garde du corps et homme de confiance auprès d’une jeune fille appelée Nagi.

© Kenjirou Hata/Shogakukan, Sanzenin Butler Group, TV Tokyo

Bandai a annoncé avoir

On le sait peu, mais en 1956 le créateur de mode Yves Saint-Laurent avait crée une bande dessinée, La vilaine Lulu. Dans un style minimaliste et naïf, Saint-Laurent raillait avec humour ses contemporains à travers son héroïne. La vilaine Lulu reprend vie aujourd’hui grâce à l’animateur américano-japonais Max Weintraub qui en a développé l’adaptation animée. Diffusée depuis le 4 avril dernier sur Tokyo MX TV, l’anime suit les pérégrinations fantaisistes de Lulu en en respectant la charte graphique originale.

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© Yves Saint Laurent

© Bird Studio/Shueisha, Toei Animation

apprécieront vient

Un film basé sur la vie du plus grand rônin de l’histoire du Japon s’apprête à sortir sur les écrans japonais l’été prochain. Musachi : Sôken ni Haseru Yume retrace le parcours de Musachi au fil d’un bio-animé réalisé par Mamoru Oshii. Dans cette lourde tâche, il est accompagné de Mizuho Nishikubo (directeur de l’animation de Ghost In The Shell 1 et 2) et du character designer Kazuto Nakazawa (épaulé par Kazuxchika Kize).

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Anime France

Actu France Kaze s’offre Claymore… Nombre d’amateurs connaissent le manga Norihiro Yagi, publié au Japon par Shueisha et en France par Glénat. Non moins nombreux sont ceux qui connaissent Claymore, l’anime qui en est tiré. Diffusé entre avril et septembre 2007 au Japon et réalisé par Hiroshi Fukutomi pour le studio Madhouse, il se décline en vingt-six épisodes et propose de plonger dans une époque d’apparence médiévale. L’espèce humaine y est menacée par les Yôma, des créatures démoniaques capables d’emprunter une identité et une mémoire pour arriver à leurs fins. C’est pour faire face à ces démons que les Claymore entrent en scène. Ces femmes hybrides, mi-humaines, mi-Yômas, possèdent des pouvoirs dépassant l’entendement. Pour éliminer leurs imperceptibles assaillants, ces guerrières arpentent le monde en s’arrêtant à chaque village infesté par les démons. Les Claymores sont dirigées dans l’ombre par une mystérieuse organisation dont les intentions semblent floues et le passé chargé de lourds secrets. C’est lors d’une mission dans un petit village qu’une des guerrières fait la rencontre de Raki. Cet homme en premier lieu subjugué par la beauté de la créature va de fil en aiguille découvrir l’organisation de l’intérieur et découvrir quel destin attendent ces guerrières. L’éditeur Kaze s’offre ici un titre original à plus d’un titre dont l’univers est proche de l’Heroic Fantasy. Deux coffrets de treize épisodes sont prévus à partir du 3 juin 2009.

DVD Le premier coffret de Kiba

Après avoir été intégralement diffusée sur TPS Star, la série Kiba est parue dans un premier coffret DVD le 8 avril dernier. Au final, les histoires du jeune garçon en mal d’aventures sortiront chez Kaze en quatre coffrets de trois DVD (avec pistes V.F. et V.O.S.T.). Pas de bonus particulier à signaler pour cette édition bénéficiant cependant d’un packaging élégant. Cette réalisation d’Hiroshi Koujina pour le studio Madhouse vous fera plonger dans un monde parallèle où Shadows Casters et Shadows se livrent une lutte à mort à l’aide d’un cristal aux pouvoirs étranges. C’est ébloui par ces puissances que Zedd, le héros de l’histoire, décide à son tour de devenir mage à l’intérieur de cette sphère.

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#3 • mai / juin 2009

… Et Vampire Knight Après seulement neuf volumes, Vampire Knight, de la mangaka Matsuri Hino, fait figure de référence dans la catégorie des manga à vampires, très en vogue en ce moment. Sortie en 2005 chez Hakusenka, cette histoire romantico-gothique rencontre un grand succès qui lui vaut une adaptation animée du Studio Deen au printemps 2008, suivie d’une deuxième saison l’hiver dernier. A l’image d’Hellsing et d’autres œuvres du style, il est ici question de vampires au sang pur confrontés à plusieurs sous-classes de vampires. L’action se déroule à l’Académie Cross, une école qui a pour particularité de proposer un enseignement tant pour les humains (Day Class) que pour les vampires (Night Class). Les deux groupes coexistent sans réellement se croiser. Les élèves de la classe de jour sont tenus de garder secrète la vraie identité des vampires et d’empêcher les humains de les fréquenter. Les deux gardiens, Yuki et Zero, sont les personnages centraux de l’histoire et portent un regard divergeant sur ces créatures qu’elles protègent. Les raisons de cette différence de point de vue, leurs intentions et celles des vampires se dévoilent au fil des épisodes de ce shôjo au visuel de conte cruel. Une fois encore, l’éditeur Kaze s’offre l’une des adaptations les plus attendues de 2009, avec une première saison prévue pour cet été.

seance de rattrapage

© Matsuri Hino, Hakusensha/Vampire Knight Production Committee

©Norihiro Yagi/Shueisha © DNDP,VAP, Avex Entertainment, Madhouse

Licences

Mind Game bientôt en DVD Un étrange concept d’animation, entre prises de vue réelles, 3D et animation classique, arrive sur chez nous en juin. Mind Game raconte l’histoire d’amour non moins étrange entre Nishi et Myon, deux jeunes étudiants d’Osaka. La jeune fille bien décidée à vivre le maximum de choses avec son petit ami, le présente à sa loufoque famille. Après un dîner haut en couleurs, le père de Myon est attaqué par deux yakuza, et Nishi se fait tuer. Débute alors pour lui une nouvelle aventure : refusant sa mort, il se détourne du chemin que lui indique dieu et se dirige vers le monde des vivants et retourne dans le restaurant de sa précédente vie. La suite du film reste tout aussi fantaisiste, avec au programme de nombreuses situations rocambolesques, des courses-poursuites et des rencontres toujours plus farfelues. Cet ovni créé par Masaaki Yuasa pour le Studio 4° est attendu chez l’éditeur Potemkine.

Désargentés ou malchanceux, beaucoup d’entre vous n’ont pas pu se procurer le très convoité coffret de l’intégrale de Death Note, contenant, en plus des collectors déjà sortis, un DVD supplémentaire, Death Note : Re-light volume 1-Visions of a god. Sorti au Japon en 2007, ce long épisode retrace la première partie du dessin animé, à savoir le combat entre Light et L, vue par le Shinigami Ryuuk. Et bien, soyez rassurés : cet épisode sort séparément le 6 mai prochain chez Kana Home Video.Un deuxième épisode suivant la deuxième partie, L’s Successor, a été diffusé en télé l’été dernier, mais sa sortie française n’est pas encore prévue.

Kaze fait Bobobo-Bo Bo-Bobo En l’an 3001, sur une planète Terre contrôlée par un empire du dôme maléfique, le tsar Boula Zéro quatrième du nom, souhaite faire disparaître le cheveu de la surface du globe, exigeant des hommes, femmes et enfants une calvitie totale. Face à cette terrifiante menace, un homme à la coupe afro blonde et ses complices organisent une résistance de choc, bien décidés à se révolter contre l’ignoble tsar. Cette série de Yoshio Sawai, adaptée en animé en 2003, est sortie en plusieurs coffrets édités chez Kaze. Depuis début avril, vous pouvez trouver l’intégrale de la série, soit vingt-sept épisodes (en V.O.S.T. et en V.F.).


Anime France

Actu

Un été avec Coo : le DVD Encensé par Libération, Télérama et Les Inrockuptibles, le film Un été avec Coo est sorti en septembre 2008. Cette réalisation de Keiichi Hara raconte avec poésie l’histoire d’une relation singulière entre un enfant, Kôichi, et un kappa (un esprit de l’eau). Leur rencontre se fait au bord d’une rivière où Kôichi lave une pierre bien étrange de laquelle sort cette créature. Prénommé Coo à son arrivée dans la famille du garçon, le kappa suscite tant de curiosité et de réactions dans la ville de Kôichi qu’il finit par en être gêné. C’est alors qu’il décide de partir à la rencontre des siens. Pour sa sortie en DVD le 23 avril, Kaze ne néglige aucun détail. Une édition simple contiendra le film en version originale, française et italienne, avec sous-titres français, hollandais et italiens. L’édition collector, composée de deux DVD, saura susciter l’intérêt tant par la beauté de son packaging que par les bonus et cartes postales qu’il contient.

Le retour de Gunslinger Girl Cette série, que d’aucuns comparent à Noir, est à l’origine un manga de Yû Aida dont dix volumes sont sortis en France, chez Asuka. La série animée, elle, se divise en deux parties. La première, réalisée par Morio Asaka, date de 2003 et est d’ores-et-déjà disponible chez Kaze. La deuxième, baptisée Gunslinger Girl Il Teatrino, est sortie au Japon en début d’année 2008. L’histoire, d’une rare qualité, nous mène en Italie où le gouvernement semble bien décidé à user de tous les moyens pour lutter contre le crime organisé. Pour ce faire il crée une agence, la Social Welfare Agency, qui, sous couvert d’activités sociales et médicales, assure en fait la logistique pour une équipe de professionnels chargés d’éliminer les chefs de clan ou d’assurer la protection de témoins-clefs. Leurs machines à tuer sont des petites filles robotisées et conditionnées physiquement et psychologiquement après des traumatismes graves allant de l’accident à la maladie. Dans la seconde saga, ces filles, baptisées Gunslinger Girls, sont utilisées dans la lutte contre Les Cinq Républiques, une organisation terroriste dirigée par un jeune homme appelé Pinocchio. Le premier coffret, contenant les sept premiers épisodes de la seconde série, est sorti ce 8 avril, toujours chez Kaze. L’occasion de découvrir ou redécouvrir une histoire extrêmement bien ficelée servie par un visuel classieux.

L’arrivée du Gurren Lagann Annoncée en novembre dernier chez Beez, Gurren Lagann, la série déjà culte du studio Gainax, est enfin prévue en DVD en juin. Vous pourrez y découvrir les aventures mécaniques de Simon et Kamina, deux habitants du monde souterrain bien décidés à découvrir l’air pur de la surface. Mais dans cette histoire située dans un lointain futur, les hommes bêtes menacent chaque humain qui s’y aventure, d’où l’existence de nombreux villages souterrains. C’est après la rencontre de l’un d’entre eux et l’arrivée d’une jeune fille pulpeuse prénommée Yoko que nos deux compères se lancent dans l’aventure, toujours guidés par un désir forcené d’aller plus loin. Deux éditions sont prévues pour accompagner la sortie DVD de la série. Une version simple avec deux DVD et un coffret collector pour ranger les prochains volumes, agrémenté d’un goodie bien sympathique : la drill lumineuse de Simon !

Le troisième film d’Ayakashi Ayakashi : Japanese Classic Horror fait figure d’exception dans le monde de l’animation japonaise. Série d’horreur d’un nouveau genre produite par Toei Animation, elle met en images des histoires de fantômes appartenant au folklore japonais. Chacune d’entre elle est séparées en trois arcs indépendants. Après L’histoire du fantôme de Yotsuya et La Légende du Donjon, c’est au tour du troisième et dernier volet de la saga de sortir chez Kaze le 6 mai. Cette nouvelle série de trois films racontent l’assassinat des habitants d’une riche demeure par un étrange monstre chat.

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Anime France

Actu

La révolution des Slayers La suite des aventures de Lina Inverse, appelée Slayers Revolution, se dévoile en DVD au mois de mai. Cette intégrale, en coffret trois DVD, ne contient qu’une piste japonaise avec sous‑titres français. Il est question dans cette suite de la recherche d’une nouvelle arme pour remplacer l’épée de lumière perdue dans un précédent combat. Lina et Gourry retrouvent à cette occasion d’anciennes connaissances, mais les retrouvailles sont de courte durée en raison de l’apparition de l’enquêteur Wyzer, bien décidé à emprisonner Lina.

Le dernier coffret Saint Seiya La saga Hadès n’étant pas décomptée dans cette série de coffrets, la Phénix Box propose le dernier arc de la série des années quatre-vingts. Après une longue bataille du sanctuaire et des aventures glacées à Asgard, Seiya et ses compagnons s’attaquent au sanctuaire sous-marin dirigé par la réincarnation de Poséidon. L’enjeu ? Sauver le monde victime d’un incessant déluge, mais surtout délivrer Saori qui, après avoir été capturée par ce nouvel ennemi, accepte d’être enfermée dans un pilier contenant l’eau du déluge qui tombe sur la surface. Ce nouveau coffret est quelque peu frustrant avec seulement quatorze épisodes et aucun gros bonus notable. A posséder néanmoins pour compléter la collection. Pour info, l’image du chevalier de ce coffret pourrait changer, à l’instar de celle de l’Andromeda Box.

La bande à Luffy sur Grand Line : la saison 2 Alors que le cinquième coffret propose les derniers épisodes de la première saison, les sixième et septième annoncent doucement mais sûrement la saison deux. Après avoir affronté la marine, de nombreux pirates et d’autres genres d’assaillants, la bande à Luffy s’approche de Red Line, passage obligé pour atteindre Grand Line, le chemin extrêmement périlleux que tout pirate doit affronter pour retrouver le One Piece. Mais avant cela, quelques épisodes inédits conduisent vers une île légendaire où se trouverait un dragon. Après avoir découvert la créature sacrée et affronté de nouveaux ennemis, les pirates se dirigent enfin vers le passage étroit derrière lequel se trouve la légendaire Grand Line. De nouveaux ennemis les attendent, mais de nouveaux compagnons sont également à venir dans une saison de très haute volée, comptant parmi les plus marquantes de toutes la série.

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Serial Experiments Lain a dix ans A l’occasion du dixième anniversaire de cette série culte, Dybex ressort un coffret en édition collector pour célébrer dignement l’évènement. Ce coffret au design soigné et original (reproduction d’un micro-ordinateur blanc) contient l’intégralité de la série en treize épisodes répartis dans quatre boîtiers slim accompagnés de nombreux goodies : un dvd de bonus avec les interviews des producteurs et du designer, Yoshitoshi Abe, une litographie et un manga exclusif d’une dizaine de pages de ce dernier, et un CD audio de remixes. Lain raconte l’histoire d’une jeune fille ordinaire et discrète. Un jour, elle reçoit un mail d’une de ses camarades qui vient de se suicider, lui apprenant qu’elle est toujours en vie sur le Net (le Wired). S’en suit une succession d’évènements étranges pour elle et son entourage. Une excellente série à bien des égards, auquel ce superbe coffret rend hommage. Incontournable.


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Actu

TV Nickelodeon et le dragon bleu

Dès le 20 mai, les abonnés de la chaîne câblée Nickelodeon pourront découvrir l’adaptation animée du RPG de Square Enix baptisé Blue Dragon. Ce jeu aux dessins signés Akira Toriyama raconte les aventures de Shu, un jeune garçon qui possède une ombre peu commune, capable de prendre la forme d’un dragon bleu. Il rencontre alors Zola, une jeune fille à la recherche de descendants des légendaires guerriers de la lumière, dont le héros fait partie. Commence alors une aventure dans laquelle Shû et ses compagnons partent à la recherche du secret de Blue Dragon tout en protégeant leur village des menaces extérieures. La série animée de cinquante-et-un épisodes est actuellement prévue pour une diffusion le mercredi à 16h20 et les samedi et dimanche à 10h30 et 13h25.

Les mythes remasterisés Le printemps arrive en douceur sur la chaîne Mangas. Peu de nouveautés sont à signaler dans les programmes du mois d’avril. Cowboy Bebop effectue un retour dans la grille, du lundi au vendredi à 19h10 et tous les dimanches de 19h10 à 20h50 pour quatre épisodes. La seule vraie nouveauté tient dans le retour d’anciens dessins animés, à savoir Dragon Ball Z et Saint Seiya en version intégrale non censurée, avec génériques originaux à la clé. L’occasion de redécouvrir les séries cultes dans une mouture ultime.

©BLUE DRAGON PROJECT/TV TOKYO

© Bird Studio/Shueisha, Toei Animation

© Masami Kurumada/ Shueisha, Toei Animation Co.ltd

Médias Fullmetal Alchemist : Brotherhood en direct du Japon

Slayers en ligne © Atsushi Ohkubo / Square Enix, TV Tokyo, Media Factory, Bones Dentsu

Soul Eater en ligne Kaze propose une initiative originale : l’anime Soul Eater, encore inédit chez nous, est présenté au public français en ligne. Un site Internet a en effet ouvert tout spécialement pour l’occasion. Il offre une bande-annonce et le premier épisode, sous réserve de posséder le tome 1 du manga. En effet, celui-ci contient le numéro de téléphone de maitre Shinigami qu’il vous faudra noter pour débloquer ce cadeau. L’animé devrait logiquement être diffusé en France dès cet été.

à prendre comme une nouvelle série et non une nouvelle saison. En effet, elle reprend les aventures des frères Elric depuis le début, en marquant cette fois-ci à la fidélité la plus totale au manga d’Hiromu Arakawa. Une occasion unique de redécouvrir la série dans une version forcément plus complète, la première version n’ayant pu retracer que les trois premiers volumes du manga.

FULLMETAL ALCHEMIST : Brotherhood © Hiromu Arakawa/FA Project, MBS

à la logique des nouveaux modes de communication de l’animation pour lutter contre le téléchargement illégal. Le lancement de cette nouvelle mouture de Fullmetal Alchemist le 5 avril a été l’occasion pour le studio Bones de tenter cette expérience avec plusieurs pays asiatiques et l’Australie. Cette diffusion quasi-simultanée est une grande première en France, et probablement l’une des plus belles opérations de l’année 2009. Fullmetal Alchemist : Brotherhood est

Afin de promouvoir la sortie de l’intégrale de la série en avril, le site Manga Distribution offre à ses visiteurs le premier épisode des aventures de Lina Inverse, la sorcière itinérante, et sa rencontre avec Gourry Gabriev le bretteur nomade. Basé sur les romans de Hajime Kanzaka adaptés en manga par Rui Araizumi, Slayers compte parmi les plus intéressantes séries autour de l’Heroïc-Fantasy. Réalisée par Takashi Watanabe, cette première série introduit une grande saga suivie un peu plus tard de Slayers Revolution et Slayers Revolution R, bientôt disponibles chez l’éditeur Blackbones.

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©TV TOKYO/ SOFTX

Dybex crée l’évènement. Alors que Fullmetal Alchemist : Brotherhood s’apprête à être diffusé à la télévision nippone, l’éditeur francophone propose une initiative exceptionnelle à travers un simulcast de la série. Il s’agit ici d’une première mondiale : la série est accessible gratuitement et officiellement en webcast pour les spectateurs francophones la semaine de sa diffusion au Japon par le biais d’une plateforme partenaire de l’éditeur Dybex. Cette opération participe


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Zombie Loan Alors que le manga de Peach Pit se termine chez Asuka, l’adaptation animée par le studio XebecM2 prend le relais chez Kaze. Les lecteurs de la série sauront qu’il est question ici de zombies et de mort, et que les véritables enjeux sont distillés au fil d’une histoire entre surnaturel et science-fiction. Point de vue sur une série animée courte mais surprenante.

Poignées de mains

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ichiru est une adolescente angoissée. Sous la tutelle de son oncle et de sa tante depuis la mort de ses parents, la jeune orpheline est régulièrement torturée par la vision de la mort de personnes. Et pour cause : elle possède des yeux de Shinigami. Ce pouvoir lui fait percevoir un anneau sur le cou de chaque être qui change de couleur lorsque sa fin approche. Le seul moyen dont elle dispose pour stopper ce pouvoir est sa paire de lunettes. Ce pouvoir mis à part, a vie de l’adolescente est plus que monotone jusqu’à ce qu’elle fasse la rencontre d’un étrange duo d’élèves, Shito et Shika. Ces deux personnes aussi inséparables que différentes seraient les seuls survivants d’un accident où une vingtaine d’autres élèves auraient péri. Michiru s’aperçoit très vite que les deux garçons n’ont pas réellement échappé à ce drame ; l’anneau noir qu’elle perçoit autour de leur cou signifie qu’ils ne sont plus en vie. Des morts-vivants ? Pas tout à fait. Le duo est en fait tenu en vie pour chasser ces créatures et les libérer de leurs chaines pour le compte d’une organisation secrète appelée Zombie Loan. Face à tant de révélations, Michiru va tenter de fuir. Malheureusement pour elle, la mort vient la rattraper. Un dilemme s’impose alors à elle ; le reste de son existence va en dépendre. Du Peach Pit à l’Anime

Zombie Loan compte parmi les œuvres à succès du duo Banri Sendo et Shikubo Ebara, plus connus sous le nom de Peach Pit. Il est en premier lieu publié par Enix dans le magazine Gfantasy courant mai 2003. Quatre ans et quelques volumes plus tard, on parle d’une version animée. Elle est annoncée courant 2007 par le biais de la maison de production Xebec M2 pour une diffusion sur TV Asashi dès le 3 juillet 2007. Akira Nishimori, le réalisateur choisi pour ce projet, est notamment connu pour ses différents travaux sur la saga Gundam ou ses différents rôles sur plusieurs succès de l’animation comme Inuyasha. Il

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réalise ici un tour d’horizon du premier arc du manga qui, avec seulement onze petits épisodes, ne peut couvrir totalement les aventures des chasseurs de zombies. Il tente alors le tour de force de saisir l’essentiel de la série tout en offrant un visuel à la hauteur du travail fourni par les célèbres mangaka Peach-Pit. Deux épisodes supplémentaires (les12 & 13) sont disponibles uniquement sur DVD. Aucune diffusion télévisée n’est prévue à ce jour. La trame développée dans ces deux épisodes ne constitue malheureusement pas une fin en soi. Au cours de l’anime, on peut entendre Wolf Throat en guise de thème d’ouverture, composée par l’un des membres du groupe The Birthday, Yusuke Chiba. Quant à la musique du générique de fin, Chain Ring, elle est l’œuvre de SatoChi, membre du groupe Mucc. Au milieu des morts vivants Dès les premières minutes de l’animé, le parti pris de l’équipe de Xebec M2 est limpide : tout doit se jouer sur l’ambiance. C’est ainsi qu’en plus d’un visuel lunaire, tout est fait pour ramener à des sensations gentiment angoissantes, que ce soit dans les jeux de couleurs ou dans le rythme des scènes. Des séquences plus ou moins volontairement lentes viennent se juxtaposer à de grands moments d’action. Ce dernier point est d’ailleurs exploité de manière progressive au fil des épisodes. Le character design assuré par Chiharu Sato vient rendre honneur au trait finement ciselé de Peach Pit. Mais le bât blesse sur la restitution d’origine qui, bien que fidèle dans l’ensemble, laisse la frustrante impression d’un survol trop rapide de certaines parties intéressantes du manga. Seul avantage de ce trop petit nombre d’épisodes : l’absence d’essoufflement. La particularité et la fantaisie qui donnent le côté facilement identifiable du manga sont ici joliment restituées, et l’on ne remarque presque pas le retour de ficelles très usitées telles que les yeux de Shinigami ou le monnayage des moments à vivre restants, très usités dans les dernières productions manga du même registre. On est également en terrain connu avec la trame

première de l’histoire : une jeune fille s’ennuyant terriblement mais qui trouve un sens à sa vie au fil des évènements. Pourtant le thème est ici traité de manière inattendue avec une évolution et une conclusion non moins originales. par Romain Huck

Fiche Technique

Auteur : Peach Pit Scénario : Yuka Yamada Réalisateur : Akira Nishimori Character designer : Chiharu Sato Directeur artistique : Norifumi Nakamura Musique : Hiroyuki Sawano Studio : Xebec M2 Diffuseur : TV Asashi Editeur France : Kaze Nombre d’épisodes : 11, série terminée Durée : 25 minutes Type : Shônen

CRITIQUE C’est sur une légère sensation de frustration que se termine le visionnage de Zombie Loan. Le scénario est sympathique, le visuel léché, l’ensemble est efficace mais malheureusement bien trop court pour se démarquer réellement. L’effet pervers de ce survol trop rapide est de faire perdre en force les personnages comme l’histoire. Reste sur cette courte durée une série d’animation qui remplit son cahier des charges à la perfection, et qui de ce fait mérite d’être visionnée, rien que pour la singularité de l’ambiance qu’elle propose.


© PEACH-PIT / SQUARE ENIX CO., LTD•ZL PROJECT

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Special A > Prenez un lycée, glissez-y un groupe d’élite dirigé par un jeune nekketsu brillant, ajoutez une héroïne, jolie mais un brin caractérielle, et vous obtiendrez Special A. Vous l’aurez compris, cet anime utilise une formule classique dans le domaine du shôjo. Il devient alors légitime de poser cette question : Special A propose-t-il plus qu’un concept usé jusqu’à la corde ?...

L’éternelle n°2

H

ikari Hanazano est une petite fille imbattable. Âgée de six ans, elle possède une force au-delà de la normale qui lui permet d’accomplir de nombreux exploits. Elle connaît pourtant la défaite contre un garçon de son âge, Kei Takishima, lors d’un duel organisé par leurs pères respectifs. Blessée dans son amour propre, Hikari se jure de devenir plus forte pour battre son nouveau rival. On la retrouve quelques années plus tard au prestigieux lycée Hakusenkan. L’envie de vaincre Kei ne l’a jamais abandonnée et la conduit jusqu’à l’élite de cette école : la Special A. Cette classe regroupe des élèves aux compétences hors-normes qui suscitent l’admiration et la jalousie de tout l’établissement. Elle est composée de sept élèves classés en fonction de leur force. Contrairement à ses camarades, Hikari vient d’un milieu modeste et se hisse à la seconde place par sa seule volonté. Malheureusement, l’élève classé premier est et reste Kei Takishima qu’elle n’arrive jamais à détrôner. Tant dans le défi que dans la complicité, le duo s’affronte et apprend à se découvrir au fil d’une année scolaire riche en évènements. La Gonzo Touch

Special A est un shôjo créé par Maki Minami. Découvert dans les pages du bimestriel Za Hana To Yume en 2003, le manga rencontre rapidement son public et passe, après quatre chapitres, au bimensuel Hana To Yume. L’éditeur Viz Media s’empare alors de la licence pour une distribution en Amérique du Nord, alors que Madman Entertainment le distribue en Nouvelle-Zélande puis en Australie. Malgré le succès, l’adaptation animée n’est annoncée qu’en 2007 pour finalement sortir le 6 avril 2008. Le studio Gonzo, connu pour l’irrégularité de ses productions, prend en charge cette juteuse licence. La réalisation est confiée à Yoshikazu Miyao, un habitué du studio principalement connu pour ses story-boards sur de grosses productions telles qu’Ayakashi Ayashi, Hellsing ou encore Pokemon : Lucario et le mystère de Mew. Le travail autour du chara-design est celui de Kiyotaka Nakahara (Ichigo 100%), tandis que pour la direction artistique, on fait appel à un petit nouveau, Ayumi Sugimoto. Malgré la longueur et

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le nombre de tomes du manga, le dessin animé proposé ne compte que vingt-quatre épisodes. Cette version animée veut allier efficacité visuelle et rythme soutenu. L’histoire est donc réadaptée ; certains détails, plus ou moins importants, passent ainsi à la trappe, et l’aspect visuel des personnages évolue – leur physique est plus élancé que dans la version originelle.

Basket, et l’on aimera le détester. Les interactions entre les personnages sont en ce sens bien menées et les rendent plus attachants au fil des épisodes. Les difficultés scolaires, l’exclusion et autres passages douloureux de l’adolescence sont également mis en avant sans excès dramatique, croisés avec des moments plus chaleureux et légers. par Romain Huck

Déjà vu ? A sa diffusion sur Chiba TV, Gonzo marque par son intention de concurrencer des adaptations animées de shôjo à succès. Le format, la construction et le nombre d’épisodes ne sont pas sans rappeler Fruits Basket ou encore Ouran High School Host Club. Malheureusement, l’opération est à double tranchant. Encore plus que le manga d’origine, la version animée de Special A laisse une impression de redite, usant et abusant des classiques du genre. L’imagerie, des personnages aux couleurs vives joue sur un terrain connu, à mi-chemin entre les deux animés cités. Côté scénario, tous les poncifs du genre sont présents dès le premier épisode. C’est ainsi que l’on retrouve la thématique d’un groupement hors du commun dans un lycée où l’héroïne se démarque par ses origines modestes. Les ‘rebondissements’ jusqu’à la découverte du passé plus ou moins sombre de chaque personnage du groupe accentue plus encore ce manque d’originalité. Hikari, en héroïne aussi insouciante que pugnace, n’est pas sans rappeler une certaine Toru Honda, personnage principal du manga Fruits Basket. Peinture adolescente Malgré ces défauts certains, il serait faux de dire que l’histoire n’est pas accrocheuse. Difficile de remettre en cause l’efficacité de cette série dont la marge de progression reste finement étudiée. Yoshikazu Miyao offre une adaptation qui sait aller à l’essentiel, avec un juste dosage d’humour et de sensibilité. La galerie de portraits des sept membres composant la Special A offre avec habileté les différentes facettes de l’adolescence dans ce qu’elle a de meilleur et de pire. Les nouveaux éléments sont finement introduits et l’introduction du personnage malfaisant de service est amenée avec subtilité. Parfait dans son rôle d’intriguant, ce dernier n’est pas sans rappeler un certain personnage de Fruits

Fiche Technique

Auteur : Maki Minami Scénario : Jukki Hanada Réalisateur : Yoshikazu Miyao Character designer : Kiyotaka Nakahara Directeur artistique : Ayumi Sugimoto Musique : Rie Mitsunaga & Shôgo Kaida Studio : Gonzo Diffuseur : Chiba TV Editeur France : Black Bones Nombre d’épisodes : 24, série terminée Durée : 25 minutes Type : Shôjo

CRITIQUE Inutile de préciser que l’originalité n’est pas au rendez-vous dans cette production de Gonzo. Mais Special A a le mérite d’offrir une dose de fraîcheur et des personnages aussi divers que sympathiques qui rendent le visionnage agréable. Si bien que l’on se prend au jeu et aux diverses intrigues de ce shôjo turbulent, mieux étudié qu’il n’y parait.


Š 2008 Maki Minami.Hakusensha / Council of Hakusenkan Gakuen

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Avant-première

Quel est le point commun entre un piano perdu au milieu d’une forêt et deux jeunes garçons que tout oppose ? La musique, évidemment. Mais surtout, deux façons personnelles de l’aborder. D’une part, la pratique intensive ; de l’autre le don. Avant sa sortie sur nos écrans le 17 juin, gros plan sur un film qui constitue le grand retour du cinéma d’animation japonais dans nos salles. Une histoire de piano

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ublié de manière irrégulière dans Youg Magazine Uppers dès 1998, Piano no Mori a ensuite paru dans Weekly Morning. Aucun épisode n’a plus été proposé entre 2002 et 2006. A ce jour, quinze volumes du manga crée par Makoto Isshiki ont été édités.

©2007 Makoto Isshiki / THE PIANO FOREST Film Partners

C’est en 2007 qu’est conçue l’adaptation pour le cinéma dont nous parlons ici. Produite par Madhouse et réalisée par Masayuki Kojima. Le long métrage met en scène deux jeunes garçons que tout oppose. L’un est fils de bonne famille, l’autre enfant des rues. Pourtant, un point commun essentiel les rassemble : l’amour de la musique, et par dessus tout, celui du piano. Cependant, leur vision de la pratique de l’instrument diffère du tout au tout : si pour le premier, la musique est un défi qui se gagne au prix de l’effort, le deuxième a une approche toute instinctive et fait naître des sons de son instrument comme s’ils venaient du plus profond de son âme. Leur rencontre se fait autour d’un piano légendaire perdu au milieu d’une fôret…

Piano no Mori a été distingué à l’édition 2008 du Japan Media Arts Festival en recevant le Grand Prix du meilleur manga. La semaine de sa sortie au Japon, le film s’est classé directement à la neuvième place du box office, ce qui est pour le moins inhabituel pour un film indépendant. Au niveau international, il a reçu un accueil des plus élogieux, puisqu’en plus d’avoir été en lice pour le prix de meilleur anime de l’année 2008 au Japan Academy Prize, il a été nommé au Festival d’Animation d’Annecy l’an passé, et a été présenté au Waterloo Festival du cinéma d’animation sur le territoire nord-américain. Plus qu’un film d’animation, Piano no Mori est une déclaration d’amour à la musique classique. La bande originale, constituée d’œuvres de Mozart, Beethoven et Chopin, est pour le moins atypique dans un film d’animation japonais. Et pourtant, la musique, alliée aux images et à la force de l’histoire,

constitue à créer une atmosphère unique des plus efficaces. Un sous-Ghibli A la vue de l’affiche et des premières images du film, il est difficile de ne pas penser à l’univers verdoyant du réalisateur Hayao Miyazaki. Le rapport à la forêt présenté dans ce scénario tend à confirmer une impression de réchauffé. Pourtant, Masayuki Kojima propose un film à la construction radicalement différente et à la narration singulière, propre à ce que le réalisateur sait faire. La réalisation est de qualité et montre que les concepteurs sont des familiers du piano. Il serait grotesque de voir un personnage supposé être un virtuose avoir un placement de mains improbable ; sa position, le mouvement de ses doigts, tout dégage un vrai professionnalisme. Le pari est donc réussi. Un design pur Le design des personnages, quant à lui, est moins convaincant. Ils ont un physique qui ne se démarque pas vraiment, dû à un design peut-être trop épuré. Le film peine à trouver son identité parmi toutes les autres productions du studio, rendant par certains aspects les personnages un peu fades. Force est de constater que cela ne confère pas au héros le charisme qu’il devrait avoir. par Patrick Bernard

CRITIQUE Divers traits de cette histoire, de l’affiche au scénario, ont de quoi faire craindre le pire. La surprise n’en est finalement que plus grande, tant le rythme et la narration de Piano Forrest sont finement développés. Le réalisateur de Monster réussit au passage le bel exploit de passer à un registre opposé à celui qui a fait son succès, sans y laisser de plumes. Il livre un récit sensible à destination de tous les publics.

©2007 Makoto Isshiki / THE PIANO FOREST Film Partners

©2007 Makoto Isshiki / THE PIANO FOREST Film Partners

Piano Forest

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Interview

Mazahiro Ando À l’occasion de la sortie exceptionnelle de Sword of the Stranger sur les écrans français le 27 mai, son réalisateur Mazahiro Ando a fait le déplacement à Paris. Connu avant tout pour son travail d’animateur clé sur de grosses séries, telles que Full Metal Alchemist, Mazahiro Andô signe ici sa première réalisation. C’est avec beaucoup de gentillesse et de passion qu’il a accepté de répondre longuement à toutes nos questions, sans langue de bois.

©BONES /STRANGERS 2007

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ommençons par un avis personnel : je ne suis pas amateur des films de samouraïs. J’avoue avoir vu Sword of the Stranger pour les besoins de cette interview et avoir été captivé ! Votre film a-t-il quelque chose de différent de ce qui existe dans ce domaine ? Je voulais que le spectateur qui n’apprécie pas ce genre de films puisse l’aimer malgré tout, donc tant mieux si ça se passe ainsi. Pour moi, c’est une chose qui permet un peu d’échapper à la réalité. Après la projection, on retourne dans la réalité. Au Japon, le film est sorti en DVD et certaines personnes m’ont dit qu’ils avaient eu ce genre de réaction aussi. Il y a des gens qui ne sont pas intéressés par ce film a priori, mais en le voyant, ils comprennent qu’ils peuvent aimer ce genre de cinéma. Comment présenteriez-vous votre film à nos lecteurs qui ne le connaissent pas ? C’est un film d’action comme on n’en a jamais vu jusqu’à maintenant. Après la projection, on se sent un peu comme les héros. J’ai choisi des images intenses pour que le spectateur les voit sur grand écran.

Comment est venue l’idée d’un film de samouraïs et plus particulièrement se passant à l’ère Sengoku ? J’aime beaucoup le cinéma d’époque. Pour moi cette période est celle où la frontière est la plus mince entre la vie et la mort. Comme il y avait constamment des guerres, la mort côtoyait sans cesse la vie. Si la mort est aussi présente, c’est aussi l’occasion pour moi de parler de la vie. On vous connaît principalement pour vos travaux dans l’animation. Comment gère-t-on le long métrage animé par rapport à l’anime télévisé ? La plus grosse différence entre la télévision et le cinéma, c’est que lorsqu’on travaille pour le cinéma, on peut prendre tout le temps qu’on veut ! Pourquoi avoir privilégié la colorisation à la main au travail numérique de l’image ? Parce que j’ai grandi en voyant des films d’animation faits à la main. Depuis, j’ai toujours travaillé dans des milieux d’animation où on travaillait ainsi. Aujourd’hui, il y a beaucoup de films d’animation 3D. C’est justement parce qu’il y en a beaucoup que je souhaitais transmettre les techniques du cinéma d’animation à la main. Dans le film, l’imagerie est parfois crue, violente. Est-ce principalement par volonté de réalisme, ou y a-t-il d’autres raisons ? Je voulais ce réalisme. C’est un film d’époque avec une certaine tension, puisqu’il y a forcément quelqu’un qui va mourir après une bataille. Quand on ne montre pas la mort telle qu’elle est, on ne peut pas montrer la vie. J’ai donc choisi de mettre en avant le réalisme de l’un et de l’autre. C’est pour ça que j’ai pris soin de montrer la mort réelle. Cette ambiance est très réelle.

©BONES /STRANGERS 2007

Au niveau des héros, il y a un personnage sans identité, un enfant en fuite, un chien…Comment est venue l’idée de ces personnages et de les faire coexister ? Ils sont tous complémentaires. Ce que l’un n’a pas, l’autre lui apporte. Au début du film, Kotaro ne peut

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Interview

Pour moi, un film d’action doit posséder une vraie tension, mais aussi de l’émotion

être à l’aise qu’avec le chien. Petit à petit, il devient à l’aise avec Nanashi et il devient un peu son grand frère. C’est comme ça qu’il se crée une sorte de famille, grâce à la confiance, au respect. Un autre point commun entre eux, c’est qu’ils sont tous des étrangers. Quel message vouliez-vous faire passer à travers cela ? Il y a évidemment des étrangers qui vivent au Japon, mais pour moi le fait que ce soit au Japon n’a pas beaucoup d’importance, ce peut être dans un autre pays. Je voulais montrer des étrangers qui arrivent dans un pays, qui s’y intègrent et qui trouvent leur place. Il y en a qui tentent des choses pour y arriver – par exemple l’un des personnages se teint les cheveux en noir pour cacher sa vraie couleur – d’autres le font par la force…Moi je pense que chacun peut être intégré malgré la différence de nationalité. Les personnages chinois parlent régulièrement leur langue dans le film. Pour quelle raison ? Dans un film d’animation, il y a toujours les limites du réalisme. Quand on montre des personnages asiatiques, il n’y a pas vraiment de différences visuelles. C’est pour ça que je voulais montrer qu’ils ne parlent pas la même langue et qu’ils ne peuvent pas communiquer. C’est comme ça que j’ai choisi de les différencier, en leur faisant parler leur langue, toujours dans un souci de réalisme. Vous vous déclarez amateur d’action. Qu’avezvous voulu apporter au genre ? Dans le milieu du cinéma d’action, la manière de réaliser les films a changé. Aujourd’hui, on fait souvent des jeux de caméra. Par exemple, lorsqu’une balle est tirée, la caméra va tourner autour du personnage. C’est parce qu’on a les moyens de réaliser cela grâce au numérique. Du coup, bien souvent, ce genre de film se résume à une démonstration de technique et de moyens. Pour moi, un film d’action doit posséder une vraie tension, mais aussi de l’émotion. Ça fait un certain temps que je ne trouve aucun film d’action – même en live – qui montre des vraies émotions. Si je fais un film d’action, je veux absolument montrer pourquoi les personnages se battent, pourquoi on tue d’autres personnes. Lorsqu’il y a un combat, il y a forcément un personnage qui va mourir. Donc cette tension, il faut la montrer. Un film d’action, selon moi, ce n’est pas montrer les technologies numériques, mais la vraie psychologie d’un combat. Qu’est-ce que le cinéma animé d’action peut apporter au cinéma live du même genre ? Un long métrage d’animation peut paraître comme quelque chose que l’on pourrait faire en live, mais justement on ne le peut pas ! Il y a des choses qu’on ne peut faire qu’en animation. En live, il y a toujours des limites à ce qu’on peut faire, alors que finalement tout est possible dans l’animation ! Tout ce que j’imagine, toutes les images que j’ai en tête, je peux les réaliser. Et on peut même être plus réaliste qu’un film d’action, paradoxalement !

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Il y a beaucoup de morts dans Sword of the Stranger. Une certaine violence contrebalancée par des notions plus humaines, comme l’amitié et le partage. Est-ce une volonté de mettre les relations humaines en équilibre avec la violence ? Je ne voulais pas montrer qu’il suffit de gagner


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Interview

la bataille pour vivre. On a perdu aujourd’hui ces notions de respect et d’amitié. C’est pour ça que, au moins dans un film d’animation, je voulais les mettre en avant. Pensez-vous que votre film soit tous publics et qu’il puisse attirer une audience habituellement frileuse à l’égard du cinéma d’animation ? Evidemment, je souhaite que les fans d’animation voient ce film. J’aimerais également que ceux qui se méfient du cinéma d’animation y aillent et puissent ainsi le découvrir et l’aimer. Dans le public, au Japon, il y a eu des spectateurs qui n’étaient absolument pas habitués à ce genre, et ça ne les a pas empêchés d’apprécier le film.

Peu de films d’animation japonais sortent en salles en France. Comment prenez-vous le fait que le vôtre ait droit à une sortie sur nos écrans et quel a été votre aperçu du public français ? C’est un grand défi de sortir ce film en France, mais ça l’était aussi au Japon car la grande majorité des japonais ne voient que les films de Ghibli et autres Pokemons. Donc j’espère relever le challenge, que ce soit chez moi ou en France.

©BONES /STRANGERS 2007

L’ère Sengoku est une période importante dans l’histoire du Japon. Considérez-vous que votre film permette de mieux découvrir le Japon, son histoire et sa philosophie ? Effectivement, le film montre la voie des samouraïs et permet d’apprendre plein de choses à ce sujet ! Quels documents, films ou autres ressources avez-vous consulté pour vous aider à appuyer le sujet de votre film ? J’ai lu tous les livres possibles sur l’ère de Sengoku, j’ai fait des recherches et aussi je me suis inspiré d’une légende chinoise sur une personne qui a tellement cherché l’élixir de longue vie que ça l’a menée jusqu’au Japon. Bien évidemment, c’est une légende mais je me suis dit « Et si elle était vraie, comment les gens de cette époque réagiraient ? ». C’est pour ça que le film a un rendu assez réaliste à ce sujet.

©BONES /STRANGERS 2007

Comment percevez-vous la diffusion de votre film à l’étranger ? La réaction à l’étranger est bien meilleure que ce que je pensais. Quand on fait un film au Japon, on pense d’abord au public japonais et on ne pense pas forcément au public étranger. Aussi, lorsque j’ai vu la réaction du public non japonais, j’ai été ému et je dois dire que ça me donne du courage pour continuer.

©BONES /STRANGERS 2007

Vous avez réalisé des anime pour la télévision, comme Canaan. Comment passe-t-on de l’un à l’autre ? Pouvez-vous nous présenter cette série ? Un long métrage de cinéma est un genre dans lequel on n’a pas le droit à l’erreur, alors que dans une série on y a davantage droit et l’on peut faire beaucoup d’essais. Une série est diffusée régulièrement, généralement chaque semaine, et il faut fournir un travail à plusieurs niveaux. C’est une tâche assez difficile et fatigante.

©BONES /STRANGERS 2007

Vous avez eu la volonté d’utiliser des instruments occidentaux pour la bande originale. Plus généralement, qu’avez-vous voulu apporter d’occidental au film ? Il y a deux choses : premièrement, j’ai fait ce choix pour apporter de nouveaux éléments aux films d’époque. Les jeunes japonais ne s’intéressent plus vraiment aux films d’époque, j’ai donc voulu attirer ce public. Deuxièmement, c’est pour donner une autre approche à ce genre de films. Il se passe à l’époque Sengoku. J’ai voulu présenter un nouveau genre de films d’époque. Il ne faut pas oublier que les deux personnages principaux sont eux-mêmes étrangers. C’est pour ça qu’au niveau musical, ça paraît étranger mais ça ne l’est pas.

©BONES /STRANGERS 2007

CRITIQUE Les films japonais autour des samouraïs sont légion. Il était donc légitime de craindre une énième redite du genre avec ce film. Et bien non ! C’est avec surprise que Sword of the Stranger passe à coté de tous les écueils pour créer un film aussi sensible que violent, dont il est difficile de ressortir indemne. Derrière le visuel très cru se cache un message empli d’humanité transposé à travers la relation très pure de deux héros étrangers n’ayant rien à voir ensemble. L’imagerie faite à la main donne une véritable identité à un film qui s’appréciera d’autant plus sur grand écran. A ne surtout pas manquer !

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Anime France

©BONES /STRANGERS 2007

Interview

©BONES /STRANGERS 2007

intéresser des gens qui n’aiment pas ce genre de cinéma me fait plaisir

Fiche Technique

Auteur : Sutorejia: Mukô hadan Réalisateur: Masahiro Ando Scénario: Fumihiko Takayama Musique: Naoki Sato Character Design: Tsunenori Saito Directeur Artisitique Atsushi Morikawa Directeur de l’animation: Yoshiyuki Ito Design: Shiho Takeuchi Directeur de la photographie: Yohei Miyahara Producteur: Masahiko Minami Distributeur : Beez Entertainment Durée : 1h42

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S’attache-t-on aux personnages du film que l’on crée ? Si oui, à quels personnages êtes-vous attaché et pour quelles raisons ? Ce n’est pas un personnage que je ressens comme proche de moi, mais celui que j’aime le plus est le moine qui a abandonné l’enfant. Il représente tellement la faiblesse de l’être humain en abandonnant cet enfant alors qu’il ne le voulait pas mais finit par le faire. Evidemment, il y a aussi le personnage de Nanashi qui est plus l’idéal pour moi. C’est un héros ! Il y a également le rival. C’est un personnage pour qui la victoire compte plus que tout dans la vie. Par certains cotés, j’aurais aimé lui ressembler. Comment ressort-on de la réalisation d’un tel film ? Avez-vous d’autres projets de films en vue ? Pour l’instant, je n’ai pas de projet concret de film d’animation au cinéma ; j’ai des projets pour la télévision. Mais avant tout, j’aime le cinéma, même si j’aime beaucoup travailler l’animation pour la télévision. Je garde cette idée-là. Faire un film prend du temps : le mien est actuellement pris par des projets pour la télévision. Peut-on considérer ce film comme le travail le plus personnel que vous ayez fourni jusque-là ? Tout ce que vous me dites me fait vraiment plaisir. Au début, vous disiez que vous n’aimiez pas les films d’animation avec des samouraïs et finalement, vous avez apprécié le film. Justement, en tant que réalisateur, parvenir à intéresser des gens qui n’apprécient pas ce genre de cinéma est quelque chose qui me fait vraiment très plaisir ! Quelle est la scène que vous avez préférée dans le film ? Peut-être pas une scène, mais un plan : celui où Nanashi, Kotaro et le chien font pipi ensemble ! C’est extrêmement rare de montrer les personnages dans cette situation, mais ce petit moment montre les liens très forts qu’il y a entre eux ! Il y a également les

dix premières minutes du film qui sont importantes, car elles me permettent de présenter ce que je veux montrer du film au public. Justement, les deux premières minutes du film sont très tournées vers l’action, voire extrêmement violentes. L’aspect humain n’intervient qu’ensuite. Etait-ce un souhait de votre part ? C’est vrai que quelqu’un qui ne peut pas rentrer dans le film dès les dix premières minutes ne parviendra pas à tenir jusqu’à la fin. J’ai tout fait pour que ces dix premières minutes permettent aux spectateurs d’entrer dans l’ère de Sengoku. Elles montrent bien l’aspect visuel, la musique, l’action vers lesquels je voulais aller. Pour terminer, quel est le plus beau compliment que pourrait vous adresser un spectateur ? Qu’il me dise qu’il a été ému par le film. C’est mon premier film en tant que réalisateur, donc si quelqu’un ne l’a pas aimé, ça ne me dérange pas. Tant que quelqu’un ressent quelque chose en le voyant, c’est déjà très bien. par Romain Huck

L’histoire du film L’action de Sword of the Stranger se déroule pendant l’ère médiévale du Japon d’Edo, à la période Sengoku. En ces temps de guerre, le petit Kotaro est pourchassé par l’armée chinoise des Ming et rencontre sur sa route un guerrier sans nom (qui se traduit littéralement par « Nanashi »), lui-même hanté par les démons de son passé. Tous deux, accompagnés du petit chien Tobimaru, sont menacés par un groupuscule qui est à la recherche de la vie éternelle.


a b o n n e z - v o u s  à

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17

anime

SOUL EATER : rencontre avec atsuchi ohkubo • DRAGON BALL EVOLUTION EXCLUSIF ! SWORD OF THE STRANGER : INtervIew de MAsAhIro ANdo

INITIAL D • entretien avec kaito amano : PASTIcHE & PARODIE MANGA + en cadeau 4 posters > Soul EAtER / iNitiAl d. / et un double SPEciAl A

Dossier spécial

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PoNyo sur la falaise Le Château ambuLant Le Voyage de Chihiro PrinCesse mononoke mon Voisin totoro Le tombeau des LuCioLes kiki La Petite sorCière …

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Based on the comic “DEATH NOTE” by Tsugumi Ohba, Takeshi Obata originally serialized in “WEEKLY SHONON JUMP” published by Shueisha, Inc. © Tsugumi Ohba, Takeshi Obata/Shueisha © DNDP, VAP, Madhouse. Death Note and Death Note Logo are trademarks of Shueisha, Inc. in the United States and other countries

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Nouveauté

Initial D Depuis le 26 mars, les deux premiers tomes du manga Initial D sont enfin disponibles en français (aux éditions Asuka). Les amateurs de Fast & Furious et de Need for speed underground vont pouvoir découvrir (ou redécouvrir) avec bonheur ce manga culte. Quant aux néophytes, attachez vos ceintures car ça va drifter !

Les voitures se livrent à de vrais ballets

T

outes les nuits depuis qu’il est au collège, Takumi Fujiwara dévale les pentes du mont Akina pour livrer du tofu au volant de la Toyota Corolla GT-16 de son père (la « 86 » pour les intimes). Le jour, il est lycéen et travaille dans une station service avec son meilleur ami, Itsuki qui rêve de descendre des pentes à toute vitesse au volant d’une 86. Takumi, lui, prend plutôt ça comme une corvée ; d’ailleurs, il conduit la voiture depuis cinq ans sans même en connaître le nom. Une nuit, lors d’une livraison, notre héros dépasse Keisuke Takahashi, un pilote venu défier la team locale des Akina speedstars. Dès lors, des pilotes venus de nombreuses régions vont venir pour défier Takumi et sa 86. Notre héros, d’abord taciturne, va alors évoluer et découvrir que la conduite est surtout un plaisir.

© 1995 Shuichi Shigeno/KODANSHA Ltd.

Initial Dcompte

Fiche Technique

Auteur : Shuichi Shigeno Parution Japon : 11/1995 - En cours Nombre de tomes Japon : 39 Nombre de tomes France : 2 Editeur japonais : Kodansha Editeur français : Asuka Genre : Seinen

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Bien qu’il ne paraisse que maintenant en France, le manga est en prépublication au Japon depuis 1995 dans le Young Magazine. C’est un magazine seinen dans lequel sont parus les mythiques Akira et Ghost in the Shell. Devant le succès de la série, un anime voit le jour en 1998 et compte aujourd’hui près de soixante-dix épisodes dispatchés en quatre stages (sans compter les extras). Les trois premiers stages et la première partie du quatrième existent d’ores-et-déjà en DVD (chez Kaze). La seconde partie arrivera avant l’été. Pour l’heure, elle est diffusée tous les mercredis et dimanches matins sur NT1. L’anime présente un mélange de 2D, pour les personnages et les décors, et de 3D, pour les véhicules. Bien que la première saison ne soit pas de toute beauté, la qualité s’améliore au fil des années. La bande-son de l’anime est un sérieux atout ; les descentes sont rythmées par des morceaux d’eurobeat très punchy (plusieurs compils de ces musiques sont d’ailleurs disponibles à la vente). Face au succès, le manga a également été adapté au cinéma (le film Initial D reprend les battles clés de Takumi avant le quatrième stage) et en jeux vidéo. Des séries connus du grand public comme Fast & Furious et Need for speed underground

s’inspirent de son univers, mais se démarquent du manga en présentant des personnages plus violents. Quelle est donc la recette de ce succès ? Si l’on regarde les dessins, on remarque que les traits des personnages sont très simples et n’ont rien d’attirant. En revanche, les voitures sont très détaillées et les dessins prennent toute leur dimension sur les courses. Le réalisme des traits donne presque l’impression que la voiture survire hors de la page. Les thèmes accrocheurs de ce manga sont donc les voitures et le drift. Je détiens la voiture toute puissante A l’instar d’un héros de shônen, Takumi affrontera des voitures toutes plus puissantes les unes que les autres. A chaque fois qu’un nouveau pilote se présente, il met en avant les caractéristiques de sa voiture et explique pourquoi elle va gagner. On voit ainsi défiler les plus belles et plus puissantes voitures japonaises, de la Mazda RX-7 à la Mistsubishi Lancer Evolution, en passant par la Nissan Skyline GT-R. Toutes vont essayer de battre la 86. Ce défilé de voitures est un régal pour les yeux tant elles sont bien reproduites. N’oublions pas que ces deux tomes qui sortent aujourd’hui chez nous datent de 1995. Trente-sept autres sont sortis depuis, ce qui laisse présager une évolution. On peut ainsi espérer que le parc automobile accueille de nouvelles voitures aux graphismes encore plus alléchants. Que les néophytes se rassurent : bien que se déroulant dans l’univers des courses automobiles, le manga est accessible à tous. Si des termes techniques sont utilisés, ils sont expliqués et les voitures ne sont pas nommées par leur nom complet, seulement celui du modèle. C’est pourquoi la Toyota du héros se nomme 86 et son premier adversaire pilote une FD3S. Lorsque l’on sait que l’auteur, Schuichi Shigeno, possède une 86, on comprend pourquoi celle-ci finira toujours par l’emporter alors qu’elle est plus vieille et moins puissante que ses concurrentes. Même si les réglages de sa voiture sont bien adaptés à la descente, ce sont les talents de pilote de Takumi qui feront la différence. Au cours du manga, grâce à l’évolution de ses capacités, nous en apprendrons plus sur une discipline très prisée au Japon : le drift.


ANIMANGA

Nouveauté

Drift or grip ? Le succès au Japon d’un manga décrivant des épreuves de drift n’a rien d’étonnant car c’est là-bas qu’est née cette discipline. Pour améliorer leur temps de descente sur les routes de montagnes, les pilotes en sont venus à développer des techniques pour mieux négocier les virages. Le drift consiste à utiliser l’inertie de la voiture lors des virages pour la faire déraper. Bien maîtrisé, il permet au pilote de ne pas perdre trop de vitesse. Toutefois il est possible avec certaines voitures de descendre en grip, c’est-à-dire que la voiture prend les virages sans perdre d’adhérence. A chaque pilote sa façon de faire et c’est ainsi que les deux écoles s’affrontent lors de descentes endiablées. Néanmoins, il semblerait que la technique de drift de Takumi n’ait pas d’adversaire à sa mesure. Son père, un ancien champion de street racing, lui fait faire ses livraisons avec un gobelet d’eau dans le porte-canette. Si l’eau venait à sortir du gobelet, le tofu serait perdu. C’est ainsi que Takumi a acquis sa maîtrise des virages. Et si au début il conduit avec nonchalance, il va vite prendre un réel plaisir dans ces défis. On appréciera également l’esprit de compétition qui règne dans ces aventures. On est loin des courses-poursuites de Fast & Furious où les conducteurs doivent surveiller la route et leur adversaire. Dans le manga, la majorité des pilotes cherchent à obtenir la victoire uniquement par leur technique. C’est là un autre point fort de l’œuvre. Bien que les images soient fixes, le mangaka parvient à leur imprimer une dynamique au point qu’on s’y croirait. Les voitures se livrent donc à des ballets sur les pages du manga et le lecteur ne peut que s’en émerveiller. En plaçant son histoire dans le monde des courses automobiles, Shuichi Shigeno occupe un créneau peu utilisé dans les manga depuis Speed Racer. Néanmoins, grâce à une approche simple et des dessins dynamiques, il réussit à tenir le lecteur en haleine. Si les traits des personnages ne plairont pas à tout le monde, l’intérêt reste de voir de belles voitures japonaises effectuées des descentes endiablées. En écoutant un CD d’eurobeat pendant la lecture, vous pourrez presque vous croire devant l’anime. Toutefois, faites attention : même si on s’y croirait, il ne faut pas pour autant se prendre pour un pilote de drift. Une telle maîtrise ne peut être obtenue que par un entraînement adéquat. N’essayez donc pas de vous livrer à un gumtape death match avec vos amis, juste parce que vous avez lu comment faire… par François-Xavier Michel

CRITIQUE © 1995 Shuichi Shigeno/KODANSHA Ltd.

Après des années d’attente, les fans de l’anime n’osaient plus l’espérer, mais grâce à Asuka ce manga culte est désormais disponible en France. Et avec tant de retard, quoi de mieux que de sortir les deux premiers tomes ! Les fans auront ainsi de quoi patienter jusqu’à la fin du stage 4 qui sortira en DVD avant l’été.

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Zoom

Initial D Initial D c’est aussi un anime. La quatrième saison est sur le point de débarquer en France. L’occasion pour nous de faire le point sur cet anime qui déchaîne les passions et dont les fans se démarquent du public de l’animation japonaise plus traditionnelle. La naissance d’un anime

S

© Shuichi Shigeno/KODANSHA・avex entertainment・OB PLANNING

uite au succès du manga, la chaîne Fuji TV diffuse la version animée de Initial D, dont la production se voit confiée conjointement aux équipes de Pastel, du studio Gallop et de OB Planning. Il en résulte une longue série d’animation toujours en cours de production et qui en est actuellement à sa quatrième saison. Egalement exportée aux Etats-Unis, l’anime voit plusieurs de ses fondamentaux modifiés pour s’adapter au marché local. Ainsi, les noms de certains des personnages sont américanisés et quelques coupures sont réalisées çà et là dans certains épisodes. De même, la traduction américaine utilise un registre de langage plus familier que la version originale, ce qui n’a pas été sans choquer certains puristes. Malgré tout, la diffusion se poursuit jusqu’en Australie et des coffrets DVD sont édités régulièrement. Le jeu des différences

L’adaptation cinéma Co-réalisée par Andrew Lau et Alan Mak, une adaptation cinématographique de Initial D est sortie le 23 juin 2005 en Asie. Produite par Avex Inc. pour le Japon et Media Asia Group pour Hong Kong, cette transposition sur grand écran met notamment en vedette Jay Chou dans le rôle de Takumi et Edison Chen dans celui de Ryosuke. Il est à noter que l’un des réalisateurs avait déjà officié dans ce genre , puisqu’en 1999 Andrew Lau avait déjà réalisé The Legend of Speed, un drame dont le sujet était justement les courses automobiles.

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Le passage du manga à l’anime a nécessité un certain nombre de modifications, afin d’épurer l’histoire pour aller à l’essentiel. Certaines parties de dialogues ou des actions répétitives se retrouvent ainsi purement et simplement supprimées. Ainsi, pour les fans du manga, repérer et lister les détails qui varient de la version papier à la version animée devient un vrai jeu de piste que certains mènent avec passion. Il serait néanmoins fastidieux de citer ici toutes les différences, mais certaines sont majeures et valent qu’on s’y arrête. Par exemple, la personnalité des personnages principaux a été rendue moins spontanée dans l’anime. Lors des courses automobiles, bien souvent, on note des différences flagrantes de point de vue et de cadrage. En outre, si les personnages du manga, comme tout un chacun, se changent régulièrement, ce n’est pas le cas dans l’anime où chacun a un costume qui lui est attribué et n’en change pas ! Une autre différence, d’ordre commercial cette fois, est la

présence de marques citées dans la version animée. Si au début de sa diffusion, le nom des voitures était volontairement modifié, le succès de la série a fait que de grandes entreprises de l’industrie automobile s’y sont intéressées et désormais il n’est plus rare de voir des marques célèbres truster les voitures des héros ! Au niveau des personnages eux-mêmes, de nombreuses différences sont également à souligner. Kenta ne ressemble absolument pas à sa version papier. Il faut patienter jusqu’à la quatrième saison pour que son design animé soit conforme à celui d’origine. Quant à Tsugomi, la cousine de Keisuke, si on l’aperçoit épisodiquement dans le manga, elle ne fait aucune apparition dans l’anime. D’autres détails que les fans pointilleux sont ravis de souligner sont encore à citer. Ainsi, si à l’origine Natsuki travaille dans un fast-food, c’est dans une station service qu’elle officie dans l’anime, ou bien encore une voiture qui est gris métal sur papier et devient bleue à l’écran. La nouvelle saison La quatrième saison de Initial D met en scène l’équipe Project D, gérée par Ryosuke qui prépare les stratégies. Takumi se spécialise dans les courses de descente, tandis que les courses de montées sont pour Keisuke. L’équipe participe à de nouvelles courses et donne ses résultats sur le web ! De son côté, Takumi gagne en confiance de par son expérience et développe ainsi de nouvelles techniques. Par exemple, pour passer inaperçu auprès de ses concurrents, il n’hésite pas à éteindre ses phares. Mais tout cela n’est évidemment pas sans risques puisque c’est avec les nouvelles techniques qu’il met en œuvre (comme celle de ne conduire qu’avec une seule main) qu’il va avoir un accrochage avec une voiture qu’il apprendra plus tard être pilotée par son père. La menace des équipes adverses se fait de plus en plus pesante. Dans l’ombre, leur ennemi le plus redoutable guette leurs faiblesses. Des histoires d’amour sont également au menu, comme par exemple celle de Kyoko qui voit ses avances rejetées par Keisuke, bien que ce dernier l’apprécie réellement. Tout un programme ! par Patrick Bernard


© Shuichi Shigeno/KODANSHA・avex entertainment・OB PLANNING

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Manga Japon

Actu Japon Manga Du ping pong

Masami Kurumada effectue son grand retour avec Saint Seiya Next Dimension. L’information laissée par le célèbre mangaka sur son blog concernait en effet sa parution, et les lecteurs japonais du magazine Shônen Champion ont pu lire chaque semaine du mois de février de nouveaux chapitres du manga. Le quatorzième, appelé Bracelet de Fleurs, indique la fin d’un prologue de presque trois ans et le quinzième ouvre un nouveau passage. Vingt après la publication du dernier volume, la suite directe des aventures originelles de chevaliers d’Athéna est finalement reprise par son mangaka. L’histoire reprend au retour de Saori du monde des morts. Rapidement accompagnée par Shun, l’un de ses fidèles chevaliers de bronze, celle qui est la réincarnation d’Athéna va devoir se rendre au temple d’Artémis pour sauver Seiya, laissé pour mort au dernier chapitre de la saga Hadès. Les premiers chapitres sous forme de prologue sont de leur côté réunis en un premier volume sorti chez Akita Shôten le 9 février. Alors que les différentes suites du manga n’ont jamais connu les cimes des ventes au Japon, ce nouveau volume se retrouve neuvième catégorie « manga » la semaine de sa sortie. Une renaissance ?

© by FUKUCHI Tsubasa / Shogakukan

Tsubasa Fukuchi, le créateur du manga La loi D’Ueki, dont les seize volumes sont parus en France chez Pika, signe son grand retour au Japon. C’est dans le numéro d’avril du Monthly Shônen Sunday Super Zôkan qu’est publié Takkoku !!!, la nouvelle création de l’auteur, qui compte parmi les neuf nouvelles séries lancées par le magazine de l’éditeur Shogakukan pour la rentrée d’avril. Le premier chapitre est également disponible en japonais sur le site The Club Sunday : www.club.shogakukan.co.jp

Le Mazinger 2009 Le dernier numéro du célèbre Champion

Red, sorti le 18 avril, devrait combler les amateurs de Mazinger. Un nouveau volet des aventures de l’œuvre mecha culte de Gô Nagai débute dans le magazine, sous le nom de Shin

Mazinger Zero. Ce nouveau projet est le fruit de la collaboration entre les auteurs Yoshiaki Tabata et Yûki Yogo et devrait renouveler entièrement la légende de

Mazinger. Avec la sortie de la nouvelle série animée autour de Mazinger Z, le mois d’avril marque le grand retour de la saga sur le sol japonais.

Sora Kake Girl x2 Pour adapter le dernier né du studio Sunrise, Sora Kake Girl, pas moins de deux séries de manga sont réalisées. Dans cette histoire où l’humanité décide de migrer vers des colonies spatiales à l’an 311 du calendrier orbital, une intelligence artificielle appelée Léopard menace les peuples. Quand la jeune Akiha Shishido découvre ce groupe malveillant, elle décide de faire de son possible pour sauver l’espèce humaine. Elle est épaulée dans cette tâche par le policier Itsuki Kannagi, la taciturne Honoka Kawai et le robot Imo-Chan. La première adaptation, Sora Kake Girl R, déjà en parution dans le magazine Monthly Comic Rex, est un spin-off du dessinateur Kabocha. La deuxième, Sora Kake Girl D, vient de paraître dans le numéro d’avril de Comic Dengeki Daioh.

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Matsuri Special En plus de sa série actuelle, Masturi Special, Yoko Kamio va publier dans le numéro de juillet de Deluxe Margaret un dérivé de cette dernière, appelé Matsuri Special SP. Le manga d’origine débute en novembre 2007 dans le premier numéro du magazine Jump Square. Il met en scène une élève tout à fait ordinaire qui après l’école, revêt l’identité secrète d’une catcheuse, tout comme l’était son grand-père qui l’a élevée. L’histoire prend la forme d’un jeu de piste amoureux puisque la jeune Matsuri est éprise du garçon le plus populaire de l’école, mais celui-ci a une aversion pour les filles qui se battent.

MATSURI SPECIAL © 2007 by Yoko Kamio / SHUEISHA Inc

© by KURUMADA Masami / Akitashoten

Le grand retour des chevaliers


Manga Japon

Actu

Auteurs

D.GRAY-MAN © 2004 by Katsura Hoshino / SHUEISHA Inc.

Absente depuis l’automne dernier pour cause de sérieux problèmes de santé, la mangaka Katsura Hoshino avait suscité l’inquiétude des fans de son œuvre phare, D.Gray Man. L’amélioration de son état s’est confirmée avec le grand retour de son œuvre au sein du magazine Weekly Shônen Jump ces dernières semaines. En France, la série a quasiment rattrapé les sorties japonaises avec quatorze tomes publiés sur les dix-sept.

Le nouveau Santa Inoue Dan Da Barbarian est la nouvelle série développée par Santa Inoue. Le mangaka, créateur de la série Tokyo Tribe 2 , en publiera les premiers chapitres dans le numéro de mai du magazine Comic Birz . Peu de choses filtrent quant au scénario de cette nouvelle œuvre, mais la couverture laisse apparaître le visage du héros de cette aventure, montrant l’orientation réaliste du dessin du mangaka.

Fushigi Yugi : La légende de Gembu en mode pause Les mangakas ont la vie dure et nombre d’entre eux connaissent des problèmes de santé suite aux masses de travail à abattre pour leurs publications. La dernière victime en date est Yuu Watase qui vient d’invoquer ce motif pour une longue pause sur son manga Fushigi Yugi : La légende de Gembu. Il s’excuse auprès de ses fans dans un même communiqué annonçant l’absence de nouveaux chapitres jusqu’à l’été 2010. Alors que le dernier tome paru au Japon vient de sortir chez Tonkam, un fan book devrait sortir cet été au Japon.

Magazines Double anniversaire Pour célébrer dignement le cinquantième anniversaire des Weekly Shonen Sunday et Weekly Shonen Magazine, pas moins de cent-cinquante-huit créateurs de manga se sont réunis à l’Hôtel Imperial de Tokyo, le 17 mars dernier, cinquante ans jour pour jour après le premier numéro des deux revues. On a pu notamment noter la présence de Motoo Abiko et Fujiko Fujio (Doraemon), Mitsuru Adachi (Touch), Rumiko Takahashi (Lamu), Takao Saito (Golgo 13) et bien d’autres. A cette occasion, La Poste japonaise a édité une planche de vingt timbres mettant en scène les héros des manga les plus populaires publiés par les deux magazines. Parmi les surprises du numéro anniversaire du Weekly Shônen Sunday, l’association de deux talents : la mangaka Rumiko Takahashi, à l’origine de Juliette Je T’Aime, Ranma ½ ou Inuyasha, réalise un manga avec Mitsuru Adachi, le célèbre créateur de Touch et Crossgames. Le résultat est un one-shot de trente pages appelé My Sweet Sunday. Il est en libre lecture (en japonais uniquement) du 25 mars au 24 mai par le biais de l’éditeur Shogakukan sur son site www.club. shogakukan.co.jp et sera ensuite lisible dans l’édition du 22 avril de Weekly Sunday et prochainement exploité par Viz Media sur le territoire nord-américain.

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© by Yuu WATASE/SHOGAKUKAN Inc.

Le retour de Katsura Hoshino


Manga France

Actu France Licences

C e s h ô j o d ’A r i n a Tanemura connaît le succès au Japon chez Shueisha. Il raconte la vie au lycée de la jeune Otomiya Hainé qui, à quinze ans, étudie dans un lycée chic réservé aux hautes classes sociales. Les élèves y sont répartis en trois catégories, d’or à bronze, correspondant au prestige de leur statut dans la société. Hainé fait partie des bronze et effectue de nombreux travaux dans le lycée afin de s’enrichir. Cette ancienne délinquante entretient un amour immodéré pour Shizumasa Tougu qui la pousse à s’assagir. Persévérante, elle redouble d’efforts pour se faire remarquer et aimer du jeune homme. Ce nouveau manga sera disponible en France dès juillet prochain chez Kana.

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Doubt rejoint Ki-Oon…

© by TONOGAI Yoshiki / Square Enix

The Gentlemen’s Alliance Cross © by Arina Tanemura / SHUEISHA Inc.

The Gentlemen’s Alliance Cross

Connu par beaucoup sous le nom de Tegami Bachi, Letter Bee est un manga steampunk (sous-genre de la science-fiction créé en allusion au cyberpunk). L’histoire prend place dans un lieu où la nuit, éternelle, est éclairée par un soleil artificiel. Ce monde, appelé Amberground, est menacé par des insectes cuirassés, les Gainchuu. Lag Seeing, héros de cette histoire, est un Bee pour les Bee Hive, c’est-à-dire coursier pour un cabinet consacré à cette activité. Pour délivrer des paquets, on lui a confié les cœurs de toute la population. Ce scénario pour le moins étrange sort de l’imaginaire d’Hiroyuki Asada. Publié depuis septembre 2006 par Shueisha au Japon, le manga arrive en France chez Kana pour l’été, avec pas moins de deux volumes dès juillet.

LETTER BEE © 2006 by Hiroyuki Asada / SHUEISHA Inc.

A l’origine, La Mélancolie d’Haruhi Suzumiya est le premier volume d’une série de romans de Nagaru Tanigawa publiée par Kadokawa Shoten. Avec modernisme et originalité, l’auteur crée l’histoire d’une jeune adolescente excentrique et plus ou moins asociale qui effraie ses congénères à cause de son goût pour le surnaturel et les extraterrestres. Lasse d’une vie trop conventionnelle, elle crée la « brigade d’Haruhi Suzumiya pour offrir au monde des sensations fortes » (« Brigade SOS » en abrégé) dont le but est d’apporter plus d’excitation et d’aventure à ce monde ennuyeux. Haruhi Suzumiya est avant tout connue par le dessin animé de Kadokawa Entertainment distribué chez Kaze depuis 2008. Les deux mangas sortis entre le roman et la série d’animation le sont moins. Après une première adaptation de Mizuno Makoto stoppée après le premier volume en 2004, la seconde, signée Gaku Tsugano, rencontre une vie bien plus longue, avec huit volumes déjà sortis au Japon. En France, l’heureux éditeur de la série est Pika. Le premier volume sera disponible dès le 1er juillet prochain.

Letter Bee

Doubt est un nouveau manga d’horreur d’un des spécialistes du genre, Yoshiki Tonogai. Il s’inspire d’un jeu en vogue au Japon, Rabbit Doubt, dans lequel tous les joueurs sauf un sont des lapins dans une colonie. Celui qui reste joue le rôle du loup qui s’infiltre dans le groupe. A chaque tour, le loup tue un lapin, et le groupe doit essayer de savoir lequel des lapins est en fait le loup. Parfois, les enfants qui jouent à ce jeu décident de se réunir, tout comme Yuu, Mitsuki, Rei, Hajime, Eiji et Haruka, les protagonistes de ce manga. Mais l’un d’eux décide de prendre sa fonction de loup trop au sérieux et de tuer le ‘lapin’. Qui est le loup qui a déjà fait une victime? Les autres sauront-ils l’arrêter avant qu’un drame n’arrive ? Ce shônen policier aussi grave que mystérieux, édité au Japon depuis décembre 2007, arrive en France au mois d’août chez Ki-Oon.

© by IGARASHI Aguri / Square Enix

© by TSUGANO Gaku / Kadokawa

La mélancolie d’Haruhi Suzumiya

… suivi par Bamboo Blade Nouveau manga dont le thème tourne autour du kendo, Bamboo Blade est écrit par Masahiro Totsuka et dessiné par Aguri Igarashi. Débutée le 3 décembre 2004 dans le magazine Young Gangan puis adaptée à l’automne 2007 sur TV Tokyo, cette série a pour particularité le nom de ses personnages qui sont ceux de champions de kendo. Le héros de cette histoire, Toraji Ishida, est un professeur de politique et d’économie au lycée Muroe qui, en dehors de son travail, entraîne une équipe féminine de Kendo pour gagner un maximum de défis et compétitions. Il s’occupe d’une bande de filles au caractère bien trempé. Alors que dix volumes sont déjà parus au Japon, le manga est annoncé par Ki-Oon pour la rentrée 2009.


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Nouveautés 4 Sasanaki • Glénat 08/0 meki et Sasameke, consacrés Voici la suite directe des mangas Sasa s’éloigne de ce registre pour principalement au football. Sasanaki centrée sur Shinobu Koga, un ici est oire exploiter un style nouveau. L’hist personne n’a réussi à prendre en jeune élève au charme particulier que court : l’excentrique Matsurika ur rume une t, photo jusqu’ici. Cependan mois après le dernier volume un aurait réussi cet exploit. Sorti à peine Gotsubo brille par sa drôlerie Ryûji de série elle nouv de Sasameke, cette osées. prop rdes absu et les différentes situations

• Soleil Manga 06/05 Bus Fo r Spri ng est l’occasion de retrouver ction de Soleil Manga. Bus For Sprint colle la à uter Un nouveau shôjo vient s’ajo Happ In a y World dont les deux de la maison pour son manga Living Maki Usami, une auteure déjà connue e quotidiennement en prenant crois qui fille ici l’histoire d’une jeune tomes sont sortis en 2004. Elle offre Dès lors, plus rien ne sera ent… Jusqu’au jour où leur regards se crois le bus un jeune garçon filant en vélo. eurs. amat aux vé réser e, genr du iques i les class jamais pareil. Un scénario classique parm

• Akata Delcourt 13/05 Twin kle Stars France ce mois de mai avec sa quatrième en nt revie et Bask s Fruit re célèb L’auteure du r de shôjo. Commencée au Japon en culie parti tre regis un dans série longue, toujours de Sakuya. Cette jeune fille vit oire l’hist te racon janvier 2008, cette nouvelle saga se plait à regarder les étoiles et de Kana in cous dans une petite ville côtière avec son re son u’au soir de dix-huitième anniversai lorsqu’elle se sent seule ou triste. Jusq Etrange et ténébreux, il e. homm jeune x érieu myst d’un où elle fait la rencontre ici descendu des étoiles. La mangaka signe marque Sakuya qui croit alors qu’il est té gravi nant alter , yées déplo s otion te d’ém une histoire, où l’ambivalence et la palet re. Le dessin est de son culiè parti bien ur save une ire histo cette et humour, donne à ble. à l’ensemble une esthétique très agréa côté plus affiné qu’auparavant et offre nicles • Ki-Oon 05 Vam pi re Ch ro eur Ki-Oon s’est armé de quatre nouvelles l’édit , tence d’exis es anné Pour fêter ses cinq re Enix. Le bal des nouveautés s’ouvre Squa ais japon eur licences du manga de l’édit ires. Dans cette histoire, se déroulant vamp de avec ce thriller de Yuri Kimura à base arrêter hommes et les vampires cherchent à il y a quelques milliers d’années, les Celle-ci, enfermée par les e. mond le er sauv de afin ires vamp le mari de la reine des elle, ice, est recherchée par son mari qui, pour hommes à cause de sa folie dévastatr ndant cepe doit il fins, ses à er arriv Pour nne. a trahi aussi bien les siens que sa couro ue lé le cygne noir. Celui-ci, réincarné à chaq arriver à bout d’un terrible ennemi appe vies pour augmenter elles nouv ses de te profi e, femm génération dans le corps d’une deux l’emportera ?... de plus en plus ses pouvoirs. Qui des on d Battle Clu b Sec 5 28/0 a Asuk • Stage série est paru chez Asuka le 15 Alors que le dernier tome de la première la fin du mois de mai, toujours chez janvier dernier, une suite se dessine dès reprend les ingrédients qui font aki Shioz Yuji de a le même éditeur. Le mang très sexuée présentant à l’envi erie son charme particulier : derrière une imag le scénario offre des situations at, comb au ents vêtem les des filles s’arrachant e travaillée dans un univers ologi psych la à intéressantes et des personnages légèr urs e mais bien travaillée, de lutteuses qui fait recette au Japon. Toujo eurs de la première série. amat les mal sans cette suite devrait satisfaire

om e Pour Sanpei t 1&2 • Kana 17/04 & 5/05 Fumiyo Kouno revient avec un nouveau Après Le pays des cerisiers, la mangaka ité veuf et bougon. En déménageant retra s héro d’un manga tournant autour t de bord de sa défunte épouse. carne chez son fils, il découvre par hasard le orts aux autres que sur les rapp les sur tant tions orma Il est bourré d’inf mieux vivre son quotidien. à e homm vieil le conseils pratiques et va aider se il de vie, révèle plus débrouillard et Dès lors, à travers diverses tranches . ssait plus humain qu’il n’y parai

De la Co lè re à 13/05 l’éveil • Akata Delcourt e e À L’éveil suit le cheminement Colèr La De e, siècl XVIII du n Dans le Japo transporteur de cargaisons de e, homm Cet da. spirituel de Tetsu de Suna par le plus grand nombre à té bois pour de riches seigneurs, est détes un ermitage bouffhiste dans C’est . sivité agres le étuel cause de sa perp nt dans sa pensée, geme chan grand un isolé dans la montagne qu’il opère ée par le prêtre opér e s du mond à travers une initiation aux souffrance gé. chan uver retro s’en Kanno. Tout son être va

Asuka 14/05 Tr ill O n En d • plus à présenter. Avec Trill On End, n’est ka d’Asu shôjo des ction colle La elle mangaka et une histoire nouv une uvrir déco de l’éditeur propose Ritsu, est une personne oïne, L’hér e. aux allures de comédie romantiqu , sa vie n’est qu’une succession de dénuée de chance. De son propre aveu ée à modifier cet état de fait, la décid Bien es. catastrophes en tous genr musicien beau et populaire. jeune jeune fille tombe sur Eri Takamura, un rer le quotidien malchanceux empi va er derni ce me, égoïs Mais du fait de son i drôles que malheureuses. auss tions de Ritsu qui va enchaîner les situa

• Tonkam 20/05 Sugar Pri ncess dans le milieu du patinage place prend am Tonk chez venir à shôjo Ce nouveau oire de Maya qui décide l’hist te racon il jo, Naka a artistique. Réalisé par Hisay l’encourager, elle Pour oire patin la un jour d’emmener son petit frère à le réussit à réaliser qu’el axel le doub un r tente de , tante décide, bien que débu professionnel qui observait la scène sans aucune peine. C’est alors qu’un faire une grande de cette discipline. décide d’exploiter son talent et d’en t pas d’un dessin particulièrement fician béné ne Cette histoire, bien que t pour un shôjo. enan original, offre un scénario assez surpr

a 28/05 M oo nlight • Asuk jamais à la mode dans le monde que plus est ires vamp des e La thématiqu ka ne tend qu’à confirmer le d’Asu e sorti du manga, et cette nouvelle Wachi et Yuu Tachibana se déroule phénomène. Cette création de Masaki croisent des jeunes filles à l’allure ires vamp les où que dans un monde gothi du folklore japonais. Annoncé droit sombre et des monstres issus tout it finalement arriver fin mai devra a mang le avril, t débu à l’origine pour les amateurs d’œuvres faire satis quoi de en version française et offrir dans la veine de Trigun et d’Hellsing.

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Ice Eiji • Kana 06 Ice Eiji compte parmi les titres les Annoncé par Kana pour le mois de juin, son auteur Akiko Monden. Il est par plus originaux dans l’histoire proposée verti dans l’enseignement recon liste urna ex-jo un , Fuwa ici question d’Eiji e et décontracté a été calm e arenc d’app e de la langue anglaise. Cet homm culier par la vision parti en rter, traumatisé par son expérience de repo intègre un poste qu’il Lors re. guer en pays des d’enfants mort s dans ue de motivation manq le par ris temporaire dans un lycée, Eiji est surp en se conc entrant tout main en dre pren la de e décid et de sa classe, ulté. particulièrement sur les élèves en diffic

2 • Tonkam 17/06 Etoile vol 1 & oire de France, le meilleur comme le pire Quand les mangakas se penchent sur l’hist trois mousquetaires est revue en deux des oire peut être au rendez-vous. Ici, l’hist et Shonen Jump de Shueisha, Hiroshi Izawa volumes par deux auteurs du Monthly r les aventures de Charles ouvri redéc ou uvrir déco de sion l’occa Kohtarô Yamada. C’est de e dans son village de Gascogne. Ce fils d’Artagnan en jeune homme agité et volag dans le famil sa laissé a qui u déch père son mousquetaire n’assume pas son nom ni par fille appelée Constance, pourchassée la honte. Un beau jour, il croise une jeune r, il découvre que celle-ci sauve la nt vena En ire. queta mous un ce qui lui semble être é afin dé, et décide de faire table rase du pass est venue quérir l’aide de son père décé vie. sa dans alors once s’ann de sauver la jeune fille. Un changement

n vol .1 • Tonkam 17/06 Tokyo Babylo déjà ce manga de Clamp publié aux Beaucoup d’entre vous connaissent re en film live. L’histoire du jeune enco ou OAV éditions Tonkam, adapté en une nouvelle édition plus élégante, Subaru Sumeragi connaît ce mois de juin urs pourront ainsi retrouver les lecte Les ur. édite e toujours chez le mêm rs sa lutte pour protéger Tokyo trave à aventures du maître du Yin et du Yang ant mieux en valeur le dessin d’aut ant mett ante, plais plus on dans une versi découvrir à un nouveau faire de asion L’occ té. et l’histoire d’une rare quali grandes villes, et où le des le socia public un manga cachant une critique humaine. re natu la fait que ce de pire au héros est confronté

ref Autres volumes : en b

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Glénat 8/04 D.G ray Man • T.15 ion e de D.Gray Man. De retour à la congrégat volum eau nouv ce pour Beaucoup d’action enfin revenu le semb tout Noé, des nts enda desc après l’attaque ultime de l’arche des , du ns. En apparence seulement, car Allen au calme pour Allen et ses compagno collègues ainsi que ses de icion susp la ite susc oirs, fait de ses mystérieux pouv te est alors attaquée par les sbires du Com du Vatican. La congrégation de l’ombre ant d’aut le semb tion situa euse arche. La Millénaire, bien décidés à récupérer la préci ma de niveau quatre. plus désespérée quand intervient l’Aku

Asuka 8/04 Zom bie Loan • T.8 r en DVD chez Kaze, les deux héros sorti à rête s’app é anim in Alors que le dess tures manga chez Asuka. Pour le aven ières dern morts-vivants vivent ici leurs à ses esprits grâce à Michiru, s’apprête bouquet final, Chika, qui a retrouvé et ses compagnons Shito s, temp ce ant Pend s. refoi d’aut affronter Shiba, son ami retrouver Chika et mettre un terme à cette usent des pouvoirs de Shimotsuki pour notre monde. et elà l’au-d entre bataille se déroulant

ystères • T.6 Glénat 22/04 Neu ro, le mange-m s sorti de l’imaginaire de Yûsei Matsui turel Le manga policier aux accents surna tion e tome sombre à souhait. Il est ici ques gagne encore en mystère dans un sixièm chevelure. Face leur de té beau la de e caus à s pitée de femmes visiblement déca par ensorcelle les cheveux de Yako et tente à cette série de morts atroces, Neuro Sai, de r retou le ue marq La deuxième histoire cette manœuvre d’attirer le meurtrier. la itement alignées aient été dévoilées à après que quarante « boites rouges » parfa tive. détec du ntion l’atte à age s d’un mess télévision lors d’une inauguration, suivi

5 Bleac h • T.32 Glénat 20/0 e Ichigo afin d’obtenir l’affrontement final Inoue, sous les ordres de Grimmjow, ranim passé est marqué par des flashbacks dans le tant attendu. Celui-ci, très équilibré, acité et son désir pugn sa est in beso si ile dévo qui es, de l’Arrancar aux dents acéré nce Ichigo est en proie au doute : dans la viole d’être le meilleur. Pendant ce temps, Ce nouveau volume, centré nité. huma son peu à peu re perd e de ce combat, il réalis ndissement de taille. sur ce combat, se termine sur un rebo

at 25/05 On e Piece • T.49 Glén à ler Bark : Oz est à présent libéré et prêt Thril sur é sonn a at L’heure du grand comb eau volume, nouv ce dans n légio sont duels Les dévoiler l’immensité de ses pouvoirs. que le face à un Moria impalpable, pendant et l’on retrouve Luffy dans une lutte inéga eur bretteur. meill le est eux re d’ent qui ir défin pour Zorro et Ryuma croisent le fer rt compagne du docteur Hogback, n’en resso Chopper, qui découvre un peu plus la iers équip les vite, Très rait auparavant. que plus remonté contre celui qu’il admi une lutte qui parait perdue d’avance. de Luffy vont devoir faire face à Oz dans

ru hi Le roman d’Ha ncé, il était logique de voir arriver anno a mang le et Le dessin animé sorti encé: le roman. Annoncé par ce par quoi le phénomène Haruhi a comm celui-ci est rebaptisé pour ain, proch août 19 le pour ette l’éditeur Hach e est lui-même renommé volum ier prem le que l’occasion Brigade SOS alors découvrir la base réelle z voule vous Haruhi fait sa crise. Incontournable si depuis plus d’un an. d’elle r parle tant fait qui nale de cette histoire origi

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© Kiyo KYUJYO 2004 © Sunao YOSHIDA 2004 / KADOKAWA SHOTEN

40 TOMES DES TRINITY BLOOD 3 A GAGNER ! Pour participer, répondez à la question suivante et envoyez votre réponse par e-mail à concours@japanink.fr 1. QUI EST LE DESSINATEUR DU MANGA TRINITY BLOOD ? 2. QUEL EST LE NOM DU HÉROS DE TRINITY BLOOD ? 3. DE QUELLE ORGANISATION FAIT-IL PARTIE ? 4. AU 14 FÉVRIER 2009, COMBIEN DE TOMES SONT PARUS EN FRANCE ? 5. COMMENT S’APPELLENT LES VAMPIRES DE TRINITY BLOOD ? Date limite de participation : 10 juin 2009 Les 40 premières réponses recevront sous 4 semaines le tome 3 de Trinity Blood.


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L’incident de Sakai Hiroshi Hirata est le premier auteur de manga à avoir été traduit en français, et ce dès octobre 1969, dans le n°4 du magazine d’arts martiaux Budo. Sept pages non signées, baptisées La Dramatique Histoire du Samouraï Shinsaburo, bientôt suivies par divers autres courts récits d’Hirata, sans pour autant que son nom ne soit mentionné. L’injustice a été réparée depuis, et les éditions Delcourt proposent aujourd’hui L’Incident de Sakai et autres récits guerriers.

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Nihon Seizetsushi – BURIED HISTORY © Hiroshi HIRATA 2005 by Seirinkogeisha

e recueil d’histoires d’Hirata est paru au Japon en 2004 et arrive désormais chez nous. Il se compose de sept nouvelles qui plongent le lecteur dans le Japon du dix-neuvième siècle, au moment du passage de l’ère Edo à l’ère Meiji, époque où les samouraïs voient leur position sociale et politique remise en question. Seul le troisième récit, qui se situe en 1667, ne rejoint pas cette unité de temps. L’intérêt est double. Avant tout, Hirata décrit une société en mutation qui s’ouvre de manière violente au monde extérieur, subissant un choc de culture auquel elle n’est pas préparée et qui, de ce fait, la transforme intérieurement. En plus, il analyse les valeurs, les sentiments de vie et de mort qui s’entrechoquent et s’expriment alors. Le premier récit, L’incident de Sakai, est parlant. L’ouverture forcée du Japon en 1853 et l’arrivée des étrangers qui s’en suivent, se doublent d’un climat de tensions susceptibles de dégénérer en incident diplomatique. En 1859, seuls trois ports sont ouverts au commerce occidental : Nagazaki, Yokohama et Hakodate. En arrivant dans les concessions, les marins occidentaux, peu au fait des partticularités de la culture japonaise, courent alors de réels dangers face aux samouraïs, éduqués dans la méfiance des étrangers. Et les incidents ne sont pas rares. A chaque fois, les consuls en poste réclament des têtes. Le 8 mars 1868, la frégate Dupleix de la division navale des Mers de Chine, qui mouillait dans la baie d’Osaka, avait envoyé une chaloupe à vapeur vers Sakai, port au sud d’Osaka pour effectuer des sondages. Pour des raisons inconnues, elle fut attaquée, par des samouraïs appartenant au daimyo de la province de Tosa. Onze jeunes marins furent tués. Léon Roches protesta officiellement et exigea que les coupables fassent l’objet d’une peine exemplaire et qu’une indemnité soit versée. Le gouvernement japonais accéda en partie à la demande : les coupables furent arrêtés, vingt d’entre eux furent condamnés non pas à mort, mais à mourir dignement en tant que samouraï, autrement dit en effectuant le seppuku. La peine eut lieu

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dans l’enceinte du temple de Myokokuji le 16 mars 1868. Après le onzième sepukku, le commandant demanda la grâce des neuf autres. Il pensait, écrivit-il dans son journal, que ce châtiment n’avait pas atteint son but d’exemplarité et transformait les samouraïs meurtriers en héros. Le commandant, chrétien convaincu et soldat aguerri, voulait aussi manifester sa magnanimité face à ce spectacle choquant, sentiment qui fut différemment interprété par les Japonais. Mais Hirata ne s’embarrasse pas de détails historiques. Les origines de l’incident, totalement écartées, ne sont pas sa préoccupation. Seul compte l’exemple du samouraï qui assume son destin et accomplit un seppuku exemplaire qui ne manque pas de frapper l’occidental. Après la lecture suivante, Fief Ôsagi, Des Samouraïs Contre L’eau , on comprend qu’Hirata a surtout voulu montrer les valeurs du sepukku et l’éthique du samouraï : dans le premier cas il s’agit d’une manière violente de protester, de se rebeller contre ce qui est perçu comme une injustice, dans le second, il s’agit de se laver d’une faute, tragique. Le dernier récit du recueil, Les Gotô Frappeurs De Monnaie, mérite une mention particulière. Par les thèmes traités « le pouvoir et la valeur attribués à l’argent », Hirata rappelle au lecteur l’universalité de certains sujets que chacun peut méditer. Actualité ô combien brûlante .

En 1965, il part pour Tokyo à la recherche d’un nouveau travail puis, l’année suivante, épouse Yoshiko Kaoru. À cette époque, trois livres paraissent : Zatoichi, Nisha-Den (Histoire de Nisha) et ChishioGawa (Rivière du Sang). A la fin des années 1960, le gekiga est à la mode au Japon et deux de ses publications, Bushidô Muzan Den (Misère De La Voie Du Samouraï) et Kanzashi Kenpô (Ecole De Sabre Kanzashi) remportent un grand succès. Au début des années 1970, Hiroshi Hirata devient l’incontournable auteur de gekiga, spécialiste de l’histoire du Japon et des samouraïs – il commence la série L’âme Des Samouraïs en 1969, Épouse À Vie en 1972 et Prêteur de ie en 1973. Pourtant, malgré le succès, il est atteint par le doute. Il commence malgré tout une nouvelle série, Satsuma Gishiden en 1977, qu’il achève cinq ans plus tard. Dans le même temps, les éditeurs-anglo-saxons s’intéressent à son travail. Même si son œuvre n’est pas traduite en anglais

avant 1987, elle est exposée au Comic Convention de Saint Diego dès en 1978. Epuisé, l’auteur marque une pause et travaille comme électricien pendant un an. Mais il ne tarde pas à reprendre son crayon. Depuis 1983, il ne cesse de travailler sur de nouveaux projets, signe son autobiographie en 1990, Histoire D’un Père, et poursuit aujourd’hui son métier de gekiga-ka, tout en s’adonnant à la calligraphie. par Cécile Dunouhaud Notes 1 : www.du9.org

Un auteur pas comme les autres

Nihon Seizetsushi – BURIED HISTORY © Hiroshi HIRATA 2005 by Seirinkogeisha

Aîné de six frères et sœurs, Hiroshi Hirata est né à Tokyo le 9 février 1937 dans un milieu populaire. Sa famille, très croyante, adhère à la secte Tenri, une école bouddhique fondée par Miki Nakayama au dixneuvième siècle. Afin d’échapper aux bombardements américains qui débutent en 1942, la famille Hirata part s’installer à Nara, à proximité de Kyoto. Le père y ouvre une boutique de pompe à eau ; Hiroshi sacrifie une partie de son temps scolaire pour l’aider. À l’époque, le manga ne l’intéresse pas : il est plutôt attiré par la mécanique et le travail manuel. Mais, il participe déjà au journal de son collège et voue une grande admiration aux illustrations des romans historiques, particulièrement à celles de Kiyoshi Kimata, même s’il préfère les revues techniques et la récupération de pièces détachées pour fabriquer des projecteurs. En 1954, son père meurt et il doit abandonner les études pour subvenir aux besoins de sa famille. Il commence alors à travailler dans une entreprise d’équipements, tout en dessinant en parallèle. Grâce à un ami, il publie sa première histoire en 1958, Aizô-Hissatsuken (Le Sabre Tueur D’amour Et De Haine) dans la revue Mazô des Éditions Hinomaru-Bunko. L’expérience se révélant concluante, il fait paraître six autres histoires. Dans le même temps, un libraire de Nagoya l’incite à lire L’Endiguement de Horeki qui raconte l’histoire du fief de Satsuma. Intrigué, il approfondit ses recherches et fréquente librairies et bibliothèques pour étoffer ses connaissances sur l’histoire du Japon. Dès lors, ses récits acquièrent une dimension historique peu égalée dans l’univers du manga. Hiroshi Hirata est plus un gekiga qu’un mangaka. « Quand je crée mes histoires, j’essaie avant tout de décrire la réalité. (...) je crée des livres sérieux, jamais des histoires humoristiques et encore moins dérisoires (allusion à la définition-même du mot « manga » qui signifie littéralement « image dérisoire », NDLR). Un gekiga, c’est un drame réalisé sur papier ; un drame par lequel on essaie d’atteindre aux tréfonds de l’âme humaine 1 ».

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Soul Eater : Depuis l’annonce de son arrivée chez Kurokawa en juillet 2008, Soul Eater suscite l’impatience du lectorat français. Ce manga, vendu à plusieurs millions d’exemplaires au Japon, apporte un souffle nouveau dans un monde du shônen parfois routinier. C’est finalement le 12 mars que ce blockbuster est sorti en grande pompe, avec la venue exceptionnelle de son auteur à Paris, pour le Salon du livre. L’occasion d’offrir un tour d’horizon complet de ce succès annoncé.

Une école de Shinigami

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ans un décor gothique, surplombé par une lune au sourire malveillant, se dresse une jeune fille, prénommée Maka. Armée d’une faux vivante baptisée Soul Eater (mangeur d’âme), elle affronte Jack l’éventreur, une âme damnée. Sa victoire lui permet d’obtenir sa quatre-vingt-dix-neuvième âme humaine. Il ne lui manque alors plus que celle d’une sorcière pour réaliser son rêve : faire de son arme une Death Scythe (une faux de la mort). Maka et Soul Eater sont élèves à l’école de Shibusen dirigée par le Shinigami. Deux catégories d’élèves composent cette école : les apprentis manieurs d’armes démoniaques – les Meisters – et les apprentis Death Scythe. Très vite, de nouveaux protagonistes entrent en scène, notamment l’exubérant Black Star et son arme, la douce Tsubaki, ainsi que le fils du Shinigami, le compulsif Death The Kid, et ses deux armes, les sœurs Liz et Patty Thompson. Des aventures hautes en couleurs attendent ces élèves dans un monde où les humains croisent damnés, sorcières, zombies et autres créatures maléfiques, sous l’œil malin du soleil et de la lune. Le coup de génie de Square Enix

© Atsushi Ohkubo / Square Enix Co. Ltd.

Au Japon, le manga connaît de premières apparitions bien étranges. Il se dévoile en effet en trois one-shot sérialisés, entre le 24 juin 2003 et le 26 novembre 2004, dans deux revues différentes de Square Enix : Gangan Powered et Gangan Wing. La prépublication classique ne se fait que le 12 mai 2004, dans les pages du Monthly Shônen Gangan. Cette deuxième œuvre du jeune mangaka Atsuchi Ohkubo ne passe pas inaperçue, si bien que le premier volume rencontre un certain succès lors de sa sortie, le mois suivant. Avec ce manga atypique et moderne, Square Enix tente de reproduire le triomphe impressionnant

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de la saga des Full Metal Alchemist. Le succès est certes au rendez-vous, mais ne parvient pas à égaler son illustre modèle. Au total, les quatorze tomes déjà publiés cumulent 5,5 millions de ventes sur le territoire japonais. C’est en toute logique que le studio Bones, connu pour son intéressante adaptation de Full Metal Alchemist, s’intéresse au manga. Il est adapté en cinquante-et-un épisodes diffusés entre le 7 avril 2008 et le 30 mars 2009 sur TV Tokyo. Délire gothique Le manga Soul Eater est dans la lignée d’une nouvelle vague de shônen manga à l’identité visuelle bien marquée. Sa caractéristique majeure tient à son imagerie à forte connotation gothique. Cependant, l’œuvre sort visuellement des repères habituels propres à ce genre. Loin du visuel romantique et sombre des œuvres gothiques en vogue au Japon, Soul Eater présente un style tournant autour d’un design plus ou moins loufoque et intemporel, jouant

CRITIQUE Soul Eater brille par ses allures peu conventionnelles. Assurément excessif, il ne présente pas de grandes prétentions scénaristiques, mais compense par un univers aussi original que fouillé. Le visuel est bien travaillé, le rythme est enlevé et l’humour fait mouche. Si bien que l’on se prend avec plaisir au jeu des Meisters et de leurs armes démoniaques. Une bouffée d’air frais dans le monde parfois trop prévisible du shônen manga. Reste un léger bémol sur la trop grande présence de fan service qui, bien qu’agréable pour les yeux, revient de manière trop régulière dans des moments parfois incongrus.


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© Atsushi Ohkubo / Square Enix Co. Ltd.

5,5 millions d’exemplaires vendus sur le sol Japonais, en 14 tomes

sur une folie visuelle qui n’est pas sans rappeler l’univers du réalisateur Tim Burton. Une folie que l’on peut aussi retrouver dans le traitement de l’histoire et des personnages, où tous les genres sont mélangés. Ici, le Shinigami est drôle, sorcières, zombies et humains se côtoient et tous les repères sont brouillés. Le scénario de l’histoire va en ce même sens, et joue sur une idée du délire pour les moments d’humour comme pour les intrigues principales. Dans cette même idée de folie, rien n’est fait dans la demi-mesure, si bien que les sorties de pistes scéniques sont légion au profit d’un rythme enlevé où tous les écarts sont permis. L’auteur crée un monde aux repères hors du commun, où tous les repères sont, visuellement ou scénaristiquement, créés de toute pièce. Les ressorts classiques du shônen restent cependant très présents : les combats sont épiques, les personnages et armes possèdent des pouvoirs impressionnants, et l’auteur use de fan service avec délectation. Pop Culture

© Atsushi Ohkubo / Square Enix Co. Ltd.

C’est par son côté jeune et très actuel que le manga se rend d’autant plus identifiable. Pauvre en références propres au manga, la série vient puiser des inspirations dans la culture populaire allant des années quatre-vingt-dix à nos jours. Du cinéma à la musique, en passant par la mode, nombreuses sont les références propres à la culture adolescente, avec un goût prononcé pour le cinéma d’horreur et l’univers du rock européen. L’on croisera ainsi, au gré de personnages jouant sur des looks grunge ou gentiment gothiques, une référence aux Smashing Pumpkins, un zombie digne d’une vidéo du groupe Gorillaz, et la représentation moderne du docteur Frankeinstein. par Romain Huck

Fiche Technique

Auteur : Atsuchi Ohkubo Parution Japon : 05/2004-En cours Nombre de tomes Japon : 14 Nombre de tomes France : 2 Editeur japonais : Square Enix Editeur français : Kurokawa Genre : Shônen

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Interview

L’étrange monde de monsieur Ohkubo mélanger mes influences japonaises avec des choses plus occidentales. Où trouvez-vous vos repères pour créer un univers fictif comme celui de Soul Eater ? L’univers est très riche, on ne s’en rend peut-être pas forcément compte à la première lecture. L’action se passe dans notre monde à nous. Par exemple, la Death City se trouve dans le désert du Nevada. Tout se passe sur Terre et grâce à ça, je ne me perds pas dans mon univers. A la lecture des deux premiers volumes, on retrouve tous les codes classiques du shônen, mais avec un coté très délirant, justement comme dans Dr Slump. Effectivement, je me permets d’aller dans tous les sens. Il y a une chose que je garde toujours à l’esprit en faisant mes histoires, c’est qu’il faut que les enfants puissent aussi les lire. Donc je ne peux pas faire n’importe quoi. Effectivement, dans mon manga, je vais parfois dans des voies très sombres, voire grotesques, mais je me limite toujours pour que le lectorat plus jeune ne soit jamais choqué. © At s

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La venue d’Atsuchi Ohkubo au Salon du livre de Paris est un évènement car c’est son premier voyage hors du Japon, et que c’est l’occasion de rencontrer un auteur entouré de mystère. Une entrevue surprenante : résolument jeune et sympathique il répond aux questions avec le sourire et étonne par sa grande connaissance de la culture occidentale, son intérêt pour les groupes de rock des années quatre-vingt-dix et plus encore par sa passion pour les films d’horreur. Il confiera tirer certaines de ses influences de l’univers de David Lynch et de Tim Burton. C’est avec plusieurs journalistes de différents médias que nous rencontrons l’auteur, accompagné du directeur éditorial Grégoire Hellot.

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Soul Eater est votre première œuvre majeure. Comment ressentez-vous le fait de la voir prendre une telle ampleur ? Vous savez, le travail d’un dessinateur de manga, c’est d’être assis toute la journée à sa table et de dessiner. Je ne me rends pas vraiment compte des changements que ça entraîne de faire quelque chose qui fonctionne. Me dire qu’un jour je traverserai la mer pour venir parler de mon livre à l’étranger, c’est fantastique. C’est incroyable ce qui m’arrive ! Quelles sont vos sources d’inspiration en tant que dessinateur ? Je suis quelqu’un qui aime beaucoup la musique et le cinéma. Je regarde beaucoup de films et écoute énormément d’albums. Pour ce qui est des manga, mon influence principale est Dr Slump, tout simplement parce que c’est un manga que j’adore ; je l’ai lu énormément de fois depuis que je suis tout petit. On ne peut pas dire que je sois un gros lecteur de manga. Quand j’étais petit, je n’en lisais pas (rires).

Les personnages de Soul Eater sont très ‘fashion’. Est-ce que vous vous intéressez à la mode ? Je vais beaucoup dans les magasins de vêtements, je surveille les nouveaux modèles. Et bien sûr, je regarde ce que portent les gens dans la rue. C’est comme ça que je puise mon inspiration.

Quand on lit Soul Eater, on a l’impression que c’est entre l’univers de Tim Burton et un clip de J-pop. Est-ce que vos influences sont vraiment empreintes de gothique pop ? Je suis très content que vous ressentiez cela car c’est exactement ce que je voulais ! Mon ambition sur Soul Eater, ma patte graphique, c’est de faire comme si un japonais dessinait dans un style occidental,

Pourquoi ? Parce qu’elle est un peu simple ?! Oui ! Je suis un idiot !

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De quel personnage de Soul Eater vous sentezvous le plus proche ? Patty ! (rires)

Avez-vous participé à l’animation de Soul Eater ? Avez-vous réalisé un character design qui a été repris ensuite pour la série ? J’y ai extrêmement peu participé. J’ai laissé l’entière liberté au studio. Il y a évidemment eu quelques

rencontres au moment de la pré-production pour discuter de l’orientation à prendre pour la série, mais je les ai laissé faire. En revanche, j’ai crée quelques personnages originaux pour les jeux vidéo tirés du dessin animé. Comment vous est venue l’idée d’un Shinigami aussi décalé par rapport à ceux qu’on peut connaître ? J’adore les films d’horreur. Vendredi 13 par exemple ; Jason est affreux, mais il est classe ! C’est un peu de ça que je me suis inspiré pour faire mon Shinigami. Un personnage à la fois un peu classe mais qui reste populaire. Même si son apparence est un peu effrayante, c’est un personnage héroïque. Il a une ambivalence. Justement, dans les deux premiers volumes, il y a beaucoup de figures des histoires d’horreur occidentales (Jason, Jack l’Eventreur…). Quels films, quels groupes vous ont inspiré ? Tout le rock des années quatre-vingt-dix : Radiohead, les Smashing Pumpkins, Nirvana… Pour les films d’horreur, plutôt les classiques, comme Massacre À La Tronçonneuse. Pouvez-vous nous parler de votre première œuvre, B. Ichi ? C’est un manga beaucoup plus japonais dans l’âme que Soul Eater car il se passe au Japon et l’atmosphère est celle du quartier dans lequel j’ai grandi. Je pense que c’est une œuvre qui représente tout ce que j’avais à dire à mes débuts. Avez-vous déjà une idée de la fin de Soul Eater ? Je sais déjà qui est le dernier boss. Quand il sera mort, ça sera fini. Mais je ne sais pas encore comment on arrivera jusqu’à lui.

Je garde toujours à l’esprit que les enfants lisent mes histoires


© Atsushi Ohkubo / Square Enix Co. Ltd.

Manga France

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Revival

Dragon Ball Perfect Edition

Dragon Ball demeure sans aucun doute l’un des shônen les plus lus et les plus appréciés au monde. Vingt-cinq ans après sa création au Japon (quinze ans pour la France), le manga phare d’Akira Toriyama est toujours l’une des références absolues du genre. Alors que Glénat propose une édition perfect très attendue, Japanink revient sur cette œuvre culte. Un classique intemporel

P

our les (rares) lecteurs qui ne connaîtraient pas l’histoire, un bref retour s’impose. Dragon Ball narre l’histoire d’un jeune garçon à la force surhumaine qui vit dans la montagne. Son nom : Son Gokû. Petite particularité : cet expert en arts martiaux, âgé de quatorze ans, est doté d’une queue de singe ! Il croise sur sa route une jeune fille de seize ans, Bulma, qui a décidé de se lancer à la recherche des sept mystérieuses boules de cristal. Une légende raconte que quand on rassemble les sept Dragon Balls et qu’on prononce la formule magique, Shenron, le dieu des dragons, apparaît pour exaucer n’importe quel vœu. C’est le point de départ d’une grande aventure riche en péripéties pour nos deux héros, avec humour et combats spectaculaires à l’appui. Dragon Ball est le manga des superlatifs et des records. Depuis la sortie de son tout premier chapitre en prépublication le 3 décembre 1984 dans le n°51 de la revue japonaise Weekly Shônen Jump, plus de cent-cinquante millions de tomes reliés ont été vendus, uniquement au Japon ! Ce manga combine avec efficacité tous les éléments qui en ont fait un shônen culte : une histoire simple et efficace aux nombreux rebondissements, des personnages attachants au caractère bien trempé, un dessin clair et agréable, et surtout une bonne dose d’humour, point fort incontestable du manga.Dragon Ball est rapidement devenu une source d’inspiration pour de nombreux auteurs de la nouvelle génération ; Eiichirô Oda., le mangaka de One Piece, ne s’est par exemple jamais caché de sa très grande admiration et de l’influence d’Akira Toriyama sur son œuvre. Une édition soignée

Dragon Ball demeure le manga le plus vendu en France depuis sa sortie en 1994. Il a déjà fait l’objet de nombreuses éditions. Mais voici la réédition ultime, dite « perfect ». Les éditions Glénat ont fait un travail à la hauteur des espérances des très nombreux fans de Dragon Ball qui attendaient avec impatience cette réédition .Tout a été mis en œuvre pour contribuer à ce qu’elle devienne un incontournable, et qu’elle fasse oublier les imperfections des rééditions précédentes. La couverture luxueuse, imprimée en mat avec vernis sélectif, propose une jaquette inédite. La tranche révèle le début d’une nouvelle frise que le lecteur

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aura à cœur de découvrir avec les futurs volumes, au nombre de trente-quatre pour cette réédition. Autre point positif : un format plus grand, pour un meilleur confort de lecture, qui permet de mettre en valeur chaque planche (qui fourmille souvent de petits détails), le tout imprimé sur un papier de très bonne qualité, sur deux-cent-vingt-huit pages. En outre, cette édition propose enfin au lecteur l’intégralité des planches couleur du manga, jusqu’alors inédites en France. Par ailleurs, les puristes auront la joie de découvrir une toute nouvelle traduction, bien plus fidèle au manga original. Ainsi, tous les protagonistes retrouvent leurs noms d’origine (Son Gokû au lieu de Sangoku, Oolong au lieu d’Oolon, Kame Sennin et non Tortue Géniale...). Les techniques de combat conservent elles aussi leur nom d’origine, et le manga est parsemé de petites notes explicatives qui apportent un éclairage intéressant sur les termes employés et les jeux de mots. Enfin, le manga se referme sur la collection des illustrations de page de titre, avec là aussi de très belles illustrations, et ce même si l’on peut regretter l’absence (l’oubli ?) de la page titre du chapitre 13. En parallèle à la sortie du film ce mois-ci, cette réédition évènement tend à prouver que l’année 2009 est celle de Dragon Ball ! par Cédric Messaoudène

Fiche Technique

Auteur : Akira Toriyama Nombre de tomes au Japon : 34 (série terminée) Nombre de tomes en France : 1 Editeur Japonais : Shueisha Editeur français : Glénat Genre : shônen Nombre de pages : 228 Prix : 10,55 € TTC

CRITIQUE Il est toujours très agréable de redécouvrir sous un nouveau jour un grand classique. Cette édition perfect rend grâce au travail d’Akira Toriyama en mettant plus que jamais en valeur ses planches. Par ailleurs, le soin tout particulier apporté à la traduction est un plus non négligeable qui satisfera le fan le plus exigeant. Une édition de qualité pour une œuvre d’exception.

Dragon ball demeure le manga le plus vendu en France


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Nouveauté

Luno

L’exercice du one-shot est souvent périlleux car il oblige un auteur à aller à l’essentiel. Luno passe à côté de ces difficultés grâce à ses allures de conte cruel. Hors du Japon, dans une époque difficilement situable, il se permet de jouer sur le terrain de l’action mais offre avant tout un chemin philosophique aussi sombre qu’intelligent. Une histoire sans date

L’

action prend place dans une petite ville d’occident d’aspect ancien mais difficilement datable. Des rumeurs courent sur des profanations de tombes et des corps déterrés. Trois enfants en discutent et évoquent le propriétaire étrange d’une maison voisine. Deux d’entre eux sont bien décidés à en savoir plus mais le troisième, Tito, n’est pas enchanté à l’idée d’y aller. Ce jeune garçon à lunettes vit seul avec sa mère depuis la mort de son père et le départ de sa sœur pour une contrée lointaine. Arpentant les rues, il fait la rencontre d’un gamin vagabond poursuivi pour avoir volé de la nourriture. Peu de temps après, il recroise cet enfant qui, inquiet du sort de son chat, demande de l’aide à Tito. Il découvre alors que ce vagabond s’avère être en fait une petite fille qui semble fuir un groupuscule obscur. Lorsqu’elle lui confie une vieille montre à gousset, Tito comprend qu’elle et lui sont à présent en grave danger. En effet, cet objet, visiblement très convoité, semble cacher d’étranges pouvoirs. La vie du petit garçon, jusqu’ici ennuyeuse, va en être considérablement bouleversée. La création

Luno est signée par une mangaka habituée aux one-shot, Kei Toume. Sa série la plus connue est Sing Yesterday for Me, une comédie romantique en cours de parution chez Delcourt. Son trait réaliste et ses personnages à l’expression mélancolique rendent son dessin facilement reconnaissable. Pour Luno, elle confie avoir eu la volonté d’une histoire à une époque et un lieu indéterminés pour éviter que les lecteurs ne soient orientés vers une interprétation trop précise. Elle dresse ici un décor monotone et crée une héroïne blafarde aux airs ‘gothisants’ dans une aventure qui jongle entre spiritualité et philosophie et qui revêt les habits d’un conte cruel. Après un voyage en Amérique, l’auteure imagine son histoire dans un décor occidental, véritable renouveau pour elle qui confie adorer le style japonais traditionnel. C’est ainsi qu’elle fait de ce manga une œuvre à part dans sa carrière, tant sur la forme que sur le fond. L’apprentissage de la mort Bien que l’auteure manifeste l’envie de ne pas orienter le lecteur dans quelque interprétation que ce soit, elle livre avec Luno un message aussi profond qu’universel autour de la mort. A travers

une secte en recherche de l’immortalité et de jeunes héros touchés par la mort de leurs proches, tout un cheminement de pensée est offert au lecteur sur la façon d’envisager la mort. Ainsi, si les personnages en vie regrettent la perte de proches et désirent leur retour, les personnes qui reviennent à la vie regrettent leur état, et offrent un chemin de pensée autour de la valeur d’une existence et de ce qui fait qu’elle a un sens. Finalement, la question qui se pose après la lecture du livre se centre plus autour de la fin de vie, à savoir pourquoi il est inutile de chercher à survivre à tout prix et pourquoi accepter la mort sans regret. Les repères utilisés ne sont pas sans rappeler certains recueils sur le sujet issus du bouddhisme tibétain. L’œuvre ne se concentre cependant pas sur un aspect sinistre ou dramatique, préférant offrir un échange d’idées et d’expériences entre des personnages blessés par la vie, chacun à leur manière. La thématique de la mort, bien que souvent présente, est traitée ici avec finesse et maturité, et permet une lecture intéressante. par Romain Huck

Luno livre un message profond et universel autour de la mort

Fiche Technique

Auteur : Kei Toume Editeur : Kana Nombre de volumes sortis au Japon : 1 Nombre de volumes sortis en France : 1 Prix moyen du volume : 8,50 € Genre : Seinen

CRITIQUE Dans son registre, Luno offre une histoire maitrisée de bout en bout. L’œuvre, à la fois grave et intelligente, donne au lecteur un ensemble intéressant dont il est difficile de sortir insensible aux valeurs qui y sont évoquées. Le visuel est assez classique mais garde une élégance constante, et le trait de la mangaka accentue le réalisme d’une histoire aussi riche en idées qu’en enseignements.

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Dossier

Studio Ghibli

A l’occasion de la sortie très attendue de Ponyo sur la Falaise, la nouvelle production du Studio Ghibli, Japanink se plonge dans l’un des plus grands phénomènes du cinéma d’animation. Ghibli est au Japon ce que Disney est aux Etats‑Unis, avec ce supplément d’âme et de philosophie donnant une couleur toute particulière aux productions qui en sortent. Des débuts solitaires des différents réalisateurs à leurs dernières réalisations, se déroule un monde animé d’une densité sans commune mesure, où écologie, rapport à l’enfance, esthétisme et philosophie s’entremêlent pour donner des œuvres à part qui auront su toucher jusqu’à un grand public n’aimant pas l’animation. Avant de s’attarder sur les œuvres majeures made in Ghilbi, un peu d’histoire… dossier réalisé par Romain Huck

Hayao Miyazaki, né le 5 janvier 1941 à Tokyo, est diplômé en économie. Isao Takahata, né en 1935, l’est en littérature française. Pourtant, ces deux passionnés voueront leur vie à l’image et l’animation, ne s’éloignant jamais vraiment l’un de l’autre. Ils se rencontrent en 1964 autour de la série Ökami Shônen Ken (Ken L’Enfant Loup). Ils sont alors respectivement intervalliste1 et réalisateur pour la célèbre Toei Animation. Leur collaboration se poursuit autour d’un film charnière de l’animation nippone, Taiyô no Ôji : Horusu no Daibôken (Horus Prince du Soleil), qui à travers sa complexité et ses enjeux marque une ouverture de cet art à un public adulte. A une autre échelle, il marque également la progression de Miyazaki, animateur clé et source d’idées sur cette œuvre. Une solide amitié se crée entre les deux hommes. Véritables amoureux de l’animation, ils s’inscrivent ensemble dans une volonté forcenée de qualité artistique, sans concession aucune. Une rare exigence dans un monde de l’animation à la croisée des chemins dans les années 70 ; l’apparition du média télévisé engendre alors un travail à la chaîne, au détriment de la qualité. Face à ce changement, Takahata et Miyazaki restent fixés à leurs objectifs, si bien qu’ils se désolidarisent de nombreuses séries en cours de création, Cobra en tête, et quittent dès 1971 la géante Toei Animation pour le studio A Production chez qui le duo travaillera sur de célèbres séries animées comme Lupin III ou Heidi. Commence alors à poindre un rêve chez les deux hommes : la

Chronologie Pré-Ghibli

Par Hayao Miyazaki 1969 M Le Chat Botté (Nagagutsu Wo Haita Neko) 1980 M Princesse Mononoke (Mononoke Hime) 1978 S Conan Le Fils Du Futur (Mirai Shounen Konan) 1979 L Le Château De Cagliostro (Caglisotro no Shiro) 1982 S Sherlock Holmes (Meitantei Holmes) 1982 M Très Chère Soeur (Imote He) 1983 M Le Voyage De Shuna (Shuna no Tabi) 82/94 M Nausicaä De La Vallée Du Vent (Kaze No Tani no Naushika) Par Isao Takahata 1968 L Horus, Prince Du Soleil (Taiyô No Ôji : Horusu no Daibôken) 1968 S Heidi, La Petite Fille Des Alpes (Arupusu no Shôjo Haiji) 1981 L Kié La Petite Peste (Jarinko Chie) 1982 L Gauche Le Violoncelliste (Sero Hiki no Gôshu) M manga , S série animée, L long métrage

© by MIYAZAKI Hayao / Tokuma

Deux amis et un rêve

Ci-dessus : Nausicaä et Sherlock Holmes création d’un studio d’animation indépendant, avec l’ambition de produire des longs métrages aussi esthétiques que fouillés. C’est en 1979 que Miyazaki devient réalisateur, sur Cagliostro no Shiro (Le Château de Cagliostro). Cette adaptation de Lupin III, retraçant les aventures d’un gentleman cambrioleur de génie, deviendra un grand classique de l’animation encensé par la critique. Peu après, à l’occasion d’un article lui étant consacré, Miyazaki fait une rencontre clé avec Animage, magazine d’animation et de divertissement publié par Tokuma Shôten depuis 1978. Le jeune réalisateur dévoile à ces derniers différentes planches et séries de dessins. Des travaux qui séduisent le rédacteur en chef de la revue qui lui propose une collaboration, dans le but de l’aider dans ses projets de longs métrages auprès des différents producteurs de l’époque. Malgré ce soutien, les débuts sont difficiles et soldés par un certain nombre de projets refusés. Parmi eux se trouvent l’histoire d’un château flottant dans les airs, celle de la princesse du monstre (Princesse Mononoke) ou encore celle d’un certain Totoro…

Nausicaä : un détonnateur En 1982, Hayao Miyazaki vient de travailler pour la Rai (télévision italienne) sur les six épisodes d’une adaptation animée des aventures de Sherlock Holmes où le célèbre détective est représenté en renard. Il se retrouve au chômage. C’est alors qu’il connaît un tournant décisif dans sa carrière. Il a pour nom Kaze no Tani no Naushika (Nausicaä de la Vallée du Vent). Le personnage central de cette histoire est la princesse d’un petit royaume appelé la Vallée du Vent, qui n’est pas sans rappeler l’un des projets de films antérieurs du réalisateur, Rolf, dans lequel l’héroïne, Yara, était la reine de la Vallée du Vent. Nausicaä naît en manga dans Animage – une proposition du magazine que Miyazaki a accepté en échange d’une totale liberté tant au niveau du choix scénaristique que sur le moment d’arrêt de l’histoire, avec l’interdiction d’adaptation animée. C’est en février 1982 qu’est publié le premier chapitre de cette histoire jouant sur l’anticipation et la philosophie. Elle se déroule dans un monde détruit industriellement mille ans auparavant dans une guerre appelée les Sept jours

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Dossier

Studio Ghibli

A ses débuts, le studio ne tient que par un fil. Si chaque film sorti représente l’occasion pour les deux réalisateurs de mettre en œuvre tous leurs rêves dans une totale liberté, la contrepartie est d’obtenir assez de recettes pour financer une nouvelle production. Ce souhait de qualité, rare à l’époque, se paie par la dangerosité financière représentée par sa production. Cette audace porte cependant ses fruits : outre la célébrité gagnée par ces studios au fil des productions, Ghibli offre un bouleversement dans le milieu de l’animation japonaise centré pendant plus d’une décennie sur l’animation télévisée kilométrique sans recherche

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© M. Kanemaru

Une exception culturelle

de qualité. Il est désormais concurrencé par un courant alternatif où la prise de risque et la recherche de qualité se conjuguent avec succès. Ghibli ouvre la voie à de nouveaux réalisateurs possédant un style et une recherche qui sortent du lot. Nombre d’animateurs et de nouveaux talents se font connaître par les studios Ghibli. Le plus connu est Yoshihiru Sato qui, après avoir dirigé l’animation sur Tonari No Totoro (Mon Voisin Totoro), fait carrière pour le studio 4°. A travers le monde, les productions Ghibli contribuent à porter une nouvelle image de l’animation japonaise auprès du grand public, et à pousser nombre de phobiques du genre à se pencher sur le sujet. Princesse Mononoke sera ainsi présenté comme une antithèse de la « japoniaiserie » par certains médias.

© M. Kanemaru

de feu. La planète est désertique. N’y subsiste qu’une forêt toxique où vivent des insectes géants, dans ce qui est nommé la Mer de Décomposition. Aux alentours se trouvent des villages royaumes où les humains sont revenus à un mode de vie tourné vers le passé, dans les vestiges de la technologie. C’est dans l’un d’eux, la Vallée du Vent, que l’on trouve Nausicaä, luttant pour sauver des vies, apaiser les souffrances et l’avenir de l’humanité. Au final, sept volumes et cinquante-neuf chapitres sortent au Japon entre 1982 et 1994, représentant une œuvre majeure dans le monde du manga, où Miyazaki présente diverses lectures et perceptions de la guerre, l’écologie, l’espèce humaine et la société. S’il parle souvent de cette œuvre comme d’un calvaire à réaliser, il mène son idée à bout et s’influence de nombre d’évènements graves dans le monde. En juillet 1984, il fait une pause pour réaliser une adaptation du manga en long métrage animé. Un juste retour des choses puisque c’était ainsi que le projet était envisagé à l’origine. L’occasion pour Hayao Miyazaki de retrouver un ami de longue date, Isao Takahata, à qui il propose le rôle de producteur exécutif. C’est une nouvelle expérience pour le réalisateur qui accepte la tâche principalement pour faire plaisir à son collègue, d’autant que leurs conceptions en réalisation sont très différentes. « J’ai entendu dire que Takahata-San a finalement dit oui après avoir utilisé un cahier entier pour mettre en place ses idées. Mais je savais qu’en vérité, il ne voulait pas le faire. Un réalisateur ne peut pas produire le film d’un autre réalisateur. Si deux réalisateurs discutent seul à seul, cela se termine en effusion de sang 2». Reprenant le premier quart du manga originel, ce film s’en démarque par les diverses mises en avant et orientations, plus centrées sur l’invasion de la Vallée du Vent par les Tolmèques. Etant donné que l’éditeur Tokuma Shôten ne dispose pas de studio, le duo fait appel à un studio extérieur, Topcraft. Le film sort au Japon le 11 mars 1984. Les critiques sont excellentes et près d’un million de spectateurs viennent en salles. Un succès qui permettra à Takahata et Miyazaki de réaliser leur rêve commun. Tokuma Shôten accepte le projet de création du studio Ghibli qui naît en 1985. Le choix de ce nom vient d’Hayao Miyazaki. Alors que son confrère Takahata propose un nom japonais, « Musashino Kobo (L’atelier Musashino) », Miyazaki, marqué par un père ayant travaillé pour une société fabriquant des gouvernails pour les avions de chasse pendant la seconde guerre mondiale, propose « Ghibli » en rapport avec le vent chaud du désert ayant été repris par les aviateurs italiens de cette époque pour désigner leurs avions de reconnaissance. L’autre sens de la référence à ce vent du sud est simple : faire souffler un vent nouveau sur l’animation.

Un triomphe hors du commun Quand le premier film du studio, Laputa (Le Château Dans Le Ciel), sort le 2 août 1986, l’émulation n’est pas encore au rendez-vous, même si le film cumule assez d’entrées pour en créer un autre. Mon Voisin Totoro et Le Tombeau Des Lucioles peinent également à trouver plus qu’un succès d’estime. L’arrivée de Kiki La Petite Sorcière et ses 2,6 millions d’entrées permettent aux réalisateurs et au studio de respirer, ainsi que d’engager à plein temps les différents salariés de l’entreprise. Le rédacteur en chef du magazine Animage quitte alors son poste pour devenir producteur, et bientôt président du prestigieux studio. Au début des années quatre-vingt-dix que la première démarche purement commerciale de Ghibli se met en œuvre. Deux ans après sa diffusion en salles, Mon Voisin Totoro se décline en merchandising. C’est le début d’une impressionnante collection de goodies divers et variés. Le but non dissimulé est de compenser les impressionnantes dépenses et frais de production exigés par les réalisateurs pour leurs films. Mais cela ne suffit bientôt plus à couvrir des frais de réalisation conséquents. La diffusion mondiale devient un passage obligé pour Ghibli dès 1996 car Princesse Mononoke, sa prochaine production, demande un financement tel qu’il faudra, pour le rentabiliser, un nombre d’entrées que le seul Japon ne peut pas permettre. Après nombre de tractations non concluantes avec des majors telles que la Warner ou la Fox (qui souhaitaient des changements dans le montage), c’est Disney qui décroche les droits d’exploitation en occident à travers Buena Vista Home Entertainment. Une alliance des contraires qui pourrait surprendre. Mais son intervention étant limitée à la distribution dans les territoires non asiatiques, le groupe américain n’a aucun pouvoir sur la réalisation du film – Disney s’engage à ne pas toucher à la moindre musique et à ne pas couper la moindre seconde de film. Malgré ses exigences artistiques non négociables, le phénomène Ghibli atteint rapidement l’Europe et les Etats-Unis, jusqu’à rencontrer un énorme succès en 2001 avec Le Voyage De Chihiro, récompensé aux Oscar et au festival d’animation de Berlin. Notes

1 : Intervalliste est un métier dans le domaine des films d’animation. Un animateur clé (key animator) dessine les étapes importantes d’un mouvement. Le travail de l’intervalliste consiste à créer les dessins manquants (majoritaires) pour assurer un mouvement fluide lors de l’animation. 2 : Informations tirées de (l’excellent) Animeland H.S. n°3 et de Hayao Miyazaki, Master of japanese animation d’Helen McCarthy

Les studios Deux lieux-clés servent à définir le monde de Ghibli : l’atelier Nibariki et le studio Ghibli. Le premier est situé dans la ville de Nibariki et correspond à la société du même nom fondée par Hayao Miyazaki et Isao Takahata en 1984. Le second est un bâtiment construit à partir de 1991. Face à la difficulté de travailler à quatre-vingt-dix personnes dans 300m², Miyazaki fait passer l’idée d’un bâtiment adapté et va jusqu’à superviser les plans : 1100m² sur trois étages pour un studio qui n’est pas sans rappeler le studio Disney originel. Une centaine de personnes travaillent aujourd’hui dans ces locaux situés à Koganei, dans la banlieue tokyoïte.

Un site incontournable Un magazine entier ne suffirait pas à découvrir les moindres détails de chaque production Ghibli. Sur la toile, un trio de français talentueux – Emilie Michaut, Fabrice Bon et Xavier Michaut – s’est attelé à cette lourde et longue tâche, avec une approche des plus sérieuses. Des œuvres pré-Ghibli aux dernières productions, avec des documents rares et des analyses complètes, Buta Connection est sans conteste une référence de choix sur les studios Ghibli. www.buta-connection.net


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Studio Ghibli

Le château dans le ciel

天空の城ラピュタ

Au milieu des machines

Deux ans après le joli succès de Nausicaä de la Vallée du Vent, Hayao Miyazaki propose Le Château dans le Ciel. C’est le premier film du studio Ghibli. A l’instar de son prédécesseur, il découle directement d’un projet du réalisateur refusé au début des années quatre-vingts. Ambitieux dans l’histoire comme dans l’esthétique, il est pour Miyazaki l’occasion de présenter toutes les facettes de son univers, ce qui en fait un passage obligé pour mieux envisager le reste de son œuvre.

« J’ai la tête plus dure que le poing de mon patron » Comme souvent dans l’univers de Miyazaki, c’est dans un monde ancien, plus ou moins intemporel et imaginaire que se plante le décor du film. On y découvre en premier lieu Sheeta, une jeune fille captive dans un vaisseau militaire, bientôt attaquée et poursuivie par des pirates à cause d’une étrange pierre bleue sur un pendentif qui lui appartient. Après s’être échappée en sautant dans le vide, Sheeta se retrouve dans une ville minière, recueillie par un garçon de son âge prénommé Pazu. Le fil de la discussion s’oriente sur le rêve de ce dernier : découvrir une île mystérieuse flottant dans les airs appelée Laputa, pour poursuivre le rêve de son défunt père. Leur joyeuse rencontre ne s’éternise pas ; Sheeta est rapidement retrouvée par les pirates, puis par les mystérieux militaires. Une course poursuite riche en rebondissements permet d’en savoir plus sur la valeur de la pierre, notamment sur ses mystérieux pouvoirs liés directement au monde suspendu de Laputa. En découle une histoire riche en action où se dévoilent peu à peu les vrais visages de chaque protagoniste et les enjeux réels de chacun. Miyzaki jusqu’au bout des ailes Alors que Nausicaä découlait d’un projet de film antérieur, l’idée du Château dans le Ciel vient directement de l’adolescence d’Hayao Miyazaki, quand il lit le Comic Book Subaku No Maho (La Magie Du Désert). L’un des épisodes, autour d’un bijou donnant le pouvoir de voler, le marquera des années durant. Chose peu étonnante lorsque l’on sait le réalisateur passionné par les objets volants depuis une enfance marquée par un père et un oncle travaillant dans un secteur spécifique de l’aviation, à travers la société Miyazaki Airplane. Deux autres lectures ajoutent à son inspiration : la troisième partie des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift, basée autour d’une île volant dans le ciel, et le scénario d’une série jamais réalisée contant la fuite de deux orphelins face à une force maléfique sur fond de forteresse cachée. Si bien que le premier projet de long métrage présenté à Tokuma Shoten en juillet 1981 parle d’un château dans le ciel dirigé par des robots. Pas étonnant que Le Château dans le Ciel soit le film préféré d’Hayao Miyazaki. Tous ses thèmes

fétiches y sont réunis. En premier lieu dans l’image, avec l’omniprésence de machines volantes et une occasion pour le réalisateur de créer le design de diverses machines à l’aspect original. Ces planches de dessin seront très vite visibles dans des artbooks, puis au musée Ghibli. On retrouve aussi des pistes de lecture, chères au réalisateur, autour de la technologie et son utilisation, les luttes de pouvoir ou encore la nature humaine dans ses bons et mauvais côtés. Les références littéraires et mythologiques sont mêlées à un décor réaliste trouvant sa source dans la première révolution industrielle, allant jusqu’à mener l’équipe dans la visite de mines au Pays de Galles. Un succès d’estime

« Laputa vise un public de jeunes gens. […] Il y sera question d’un garçon avançant de toutes ses forces pour atteindre l’idéal auquel il croit. Laputa renouera avec les sources originelles de l’animation. L’animation n’est pas un divertissement mineur. C’est un média destiné aux enfants. Mais les grands films pour enfants plaisent tout autant aux adultes. 1 » La démarche est claire : après un précédent film adulte et parfois difficile d’accès, la volonté ici est

d’apporter une histoire enfantine, aussi riche sur le fond que sur la forme. C’est en décembre 1984, sous le nom de Pazu et le Mystère de la Pierre Volante, que débute la pré-production de ce nouveau film. Pour confirmer le succès en salle de Nausicaä, le réalisateur décide de s’orienter vers une approche grand public alliant efficacité et action avec un fond de qualité. Long à mettre en œuvre, le film changera trois fois de nom avant de s’appeler Laputa, Le Château dans le Ciel. De la pause dans le manga Nausicaä marquant la production du film à la sortie sur les écrans japonais le 2 août 1986, les modifications, détails ajoutés et remises à niveau du scénario font passer ce film du format d’origine de quatre-vingt-seize minutes à cent-vingt-quatre. Malgré ce soin porté et cette volonté de toucher tous les publics, Laputa est le film de Miyazaki le moins populaire en salles, avec moins de huit cent mille entrées. Il trouve néanmoins une nouvelle vie sur le long terme comme première œuvre du studio, et se popularise plus encore en paraissant à l’étranger, des années après, grâce à Buena Vista. Note

1 : Hayao Miyazaki, Master of japanese animation d’Helen McCarthy

Titre : Laputa ou Tenku no shiro Ryaputa (Le Château dans le Ciel) • Œuvre originale, scénario, réalisation,mise en scène, character design : Hayao Miyazaki • Producteur exécutif : Isao Takahata • Date de sortie : 2 août 1986 • Durée : 2h04 • Résultats en salles (Japon) : 774 271 spectateurs • Résultats en salles (France) : 906 715 spectateurs

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Studio Ghibli

Mon voisin Totoro

となりのトトロ

L’emblématique

Deuxième production du studio Ghibli, Mon Voisin Totoro est un film réalisé parallèlement au Tombeau des Lucioles d’Isao Takahata. Ce nouveau film de Miyazaki présente à l’époque un tournant dans son œuvre et ouvre la lignée à des productions aussi naïves que riches en symboles. Ce long métrage, devenu culte sur le long terme, est aussi à l’origine du merchandising de masse du studio.

« C’était le rêve, mais ce n’était pas le rêve »

Totoro fait partie des figures emblématiques de l’animation au japon

Dès les premières images, on saisit le premier changement de cap engendré par ce film : tourné vers d’avantage de réalisme visuel, il prend son décor dans les campagnes japonaises des années cinquante. Un père et ses deux filles sont dans un camion de déménagement. Cette famille, les Kusakabé, vient s’installer dans une vieille maison traditionnelle à Matsugô, près de l’hôpital où la mère est hospitalisée. On vit alors avec eux l’installation dans ce lieu vétuste et des instants d’un quotidien aussi simple que joyeux malgré l’absence d’un parent. Un beau matin, la plus jeune des filles, Mei, joue seule dans le jardin pendant que sa grande sœur Satsuki est à l’école. Elle fait la rencontre d’étranges petites créatures qui vont la mener jusqu’à un camphrier géant dans lequel dort un de leur semblable, version XXL. Il s’agit de Totoro, une créature de conte qui serait également le gardien de la forêt. Vers des valeurs simples La nouvelle réalisation d’Hayao Miyazaki prolonge et accentue l’orientation prise avec Le Château dans le Ciel. Plus encore que son prédécesseur, Mon voisin Totoro est accessible à tous les publics et présente une lecture facile de ses symboles. Un parti pris pour des valeurs fondamentales propres à l’enfance se développe sous différentes scènes familiales en parallèle à des tableaux appelant à un imaginaire de contes naïfs peuplé de créatures hors du commun. Miyazaki tire son décor des paysages ruraux de son enfance, aux environs de Tokyo. Mais le lien le plus fort avec les premières années du réalisateur reste celui à sa mère, malade de la tuberculose et hospitalisée la majeure partie de son enfance ; il y fait clairement écho dans le film. Pour imaginer le personnage de Totoro, Miyazaki puise également dans son passé et son imaginaire d’enfant, en mettant en images des créatures effrayantes vivant dans la forêt près de son domicile. Miyazaki s’inspire aussi de différentes œuvres destinées au jeune public. L’idée générale vient du livre Les Glands et le Chat Sauvage, un conte d’un auteur japonais du début du vingtième siècle, Kenji Miyazawa. Il lui emprunte principalement l’idée d’un

Titre : Tonari no Totoro (Mon Voisin Totoro) • Œuvre originale, scénario, réalisation, mise en scène, character design : Hayao Miyazaki • Producteur exécutif : Yasuyoshi Tokuma • Date de sortie : avril 1988 • Durée : 1h26 • Résultats en salles (Japon) : 802 000 spectateurs • Résultats en salles (France) : 200 000 spectateurs

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Studio Ghibli

La naissance du merchandising Ghibli La popularité du film est telle que, en 1990, deux ans après sa sortie au Japon, la première licence Ghilbi est accordée pour exploiter peluches et jouets autour de ses personnages. S’il vient saluer un succès en salles, ce merchandising va également pleinement contribuer à faire exploser le phénomène Totoro au Japon : toutes sortes de goodies à l’effigie de la créature voient le jour, de la trousse au sac en passant par diverses catégories de figurines. Des produits qui génèrent des bénéfices conséquents puisqu’ils couvrent plus d’un an de financement d’activité pour le studio ! enfant s’égarant dans la campagne : « Le livre de Kenji Miyazawa que j’aime le plus est Donguri to yamaneko (Les Glands et le Chat Sauvage), même si je ne comprends pas ce chat sauvage. Enfin, on n’a peut-être pas besoin de le comprendre. Seulement, je n’ai pas du tout apprécié les illustrations de cette nouvelle. Un chat sauvage petit comme ça, ça ne me convient pas. Un chat de deux mètres, debout, bouche bée regarderait d’une autre hauteur les petits glands qui courent partout en criant. En l’imaginant comme cela, j’ai pu aimer son monde. 1 » Culte à long terme Produit à partir de mars 1987, Mon Voisin Totoro compte parmi les idées de films refusées par les majors au début des années quatre-vingts. La mise en œuvre de ce projet est difficile après le demi-échec du film précédent dans les salles. D’autant plus que le cinéma d’animation peine à se faire remarquer au Japon. Pour faire passer ce nouveau projet, il faudra au studio une association avec l’éditeur Shinchosa, et allier la diffusion du film en salles avec un autre long métrage : Le Tombeau des Lucioles d’Isao Takahata. Dès lors, la durée de chacune des deux productions ne doit pas excéder une heure afin d’être diffusables à la suite l’une de l’autre. Travaillés dans des studios voisins, les deux films dépasseront finalement ladite durée et seront projetés ensemble ou séparément selon les salles. Le 12 avril 1988, Totoro rencontre le public avec un succès relatif. Bien que le nombre d’entrées en salles reste proche de celui de son prédécesseur, les scores semblent inespérés pour l’équipe, perplexe face à la relative simplicité du film. Le vrai succès arrive sur le long terme. Au fil des diffusions télévisées, le personnage de Totoro gagne une popularité impensable au Japon, au point de compter parmi les figures emblématiques de l’animation du pays. De ce fait, la tête de Totoro sert par la suite de logo aux productions du studio Ghibli. Le phénomène Totoro touche nombre de pays

dans les années quatre-vingt-dix. Les Etats-Unis d’abord, où il devient dès 1993, après un passage inaperçu en salles, un film très populaire en cassette vidéo. En France, il n’arrive qu’en 1998 par le biais d’une diffusion sur la chaîne Canal +. En salles, il ne rencontre pas le succès escompté malgré d’excellentes critiques. Les fans auront dû attendre jusqu’en 2006 pour le voir en DVD. Un conte écologique Si, au premier visionnage du film, on est avant tout marqué par la simplicité de l’œuvre, force est de constater la richesse des références qu’il contient. Les ressorts propres aux contes, qui ne sont pas sans rappeler des œuvres comme Alice au Pays des Merveilles (le chat-bus ressemble à s’y méprendre au chat de Cheshire), sont ici exploités avec finesse. Les

créatures extraordinaires sorties de cet imaginaire viennent servir un sens plus profond. Ainsi, Totoro est présenté comme gardien de la forêt, dormant dans un camphrier gigantesque qui, selon le père de famille, protège la petite contrée de Matsugô. Thématique phare d’Hayao Miyazaki, l’écologie n’est ici pas exprimée à travers des messages directs mais au fil d’une ode à la nature, dans une époque où Tokyo était encore entourée d’une dense végétation. Les deux enfants du film obtiennent des glands par Totoro. Une fois plantés dans la terre, ils feront pousser des arbres – une manière ludique d’entretenir la nature. Note 1 : Propos d’Hayao Miyazaki recueillis à Kichijoji par Noriaki Ikeda

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Studio Ghibli

Kiki la petite sorcière

魔女の宅急便

La simplicité payante

Joli, simple et sans prétention, le nouveau film Ghibli suit la volonté d’accessibilité d’Hayao Miyazaki. Sorties en salles un an et quelques mois après Mon Voisin Totoro, les aventures de Kiki la Petite Sorcière vont marquer une nouvelle ère pour le studio. Le grand succès que le film rencontre au cinéma est l’occasion de poser les bases des futures œuvres marquantes d’Hayao Miyazaki, et de permettre l’autofinancement de ses productions. « Je veux voir la mer » A l’approche de ses treize ans, la jeune Kiki doit, pour sa formation en sorcellerie, quitter le foyer familial. La tradition veut qu’elle travaille pendant une année dans une ville sans sorcière. Elle est accompagnée dans ce parcours initiatique par Jiji, un petit chat noir peu friand de voyages en balai. Avec la volonté forcenée de voir la mer, Kiki trouve ses marques dans une petite ville portuaire. Commence alors un chemin jalonné d’embûches pour la jeune fille qui doit se faire une place dans une ville où les pouvoirs magiques ne sont pas habituels, et utiliser les siens pour servir les autres. C’est ainsi que débute pour elle un apprentissage de la vie d’adulte, avec les contraintes qui en découlent. Grandir avec magie Ce nouveau film d’Hayao Miyazaki cible le jeune public féminin. Au Japon, il est difficile pour une jeune fille de l’époque d’obtenir son indépendance, et le film vient puiser sa source dans cet état de fait. Il va pour cela adapter Kiki’s Delivery Service, un roman pour enfant d’Eiko Kadono sorti en 1985. La base traitant de l’apprentissage d’une sorcière de treize ans dans une ville où les pouvoirs magiques n’existent pas demeure, mais le traitement de l’histoire est bouleversé pour les besoins du film. D’autant que le récit d’origine ne contient aucune réelle mésaventure, ni grands rebondissements. Crises de confiance et perte de pouvoir sont donc créés pour alimenter ce long métrage. Cependant, l’histoire reste dénuée de toute gravité, et l’on assiste à un film proche de Mon Voisin Totoro dans sa construction. La magie n’est qu’un prétexte pour traiter des aléas de la vie d’une adolescente au milieu d’un monde adulte. Si bien qu’au-delà de la sorcellerie se dresse la fresque du quotidien d’une jeune fille qui découvre le monde du travail, les rapports à la société et les remises en question, passages obligés dans l’évolution vers l’âge adulte. Un message positif sur l’indépendance, accessible à tous, et ce quelles que soient les difficultés rencontrées. Le tableau baptisé « Le vaisseau volant au dessus de l’arc-en-ciel 1 », élément important du film, va en ce sens ; il représente un personnage évoquant Kiki sur un cheval ailé aux côtés d’un buffle bien terrestre et pourtant dans les airs, allégorie de la

volonté appelée à dépasser les limites du physique. Le premier grand succès Cette troisième réalisation d’Hayao Miyazaki, pourtant considérée comme mineure par certains amateurs européens, reste décisive dans sa carrière comme dans celle du studio. Au début de sa création en avril 1988, Kiki la Petite Sorcière n’est pas destiné à être réalisé par un Miyazaki plus intéressé par le rôle de producteur. Mais peu satisfait par le script proposé par Nobuyuki Isshiki, jugé peu en phase avec la jeunesse féminine actuelle, il décide de reprendre les rênes du projet. Et ce sera à nouveau un parcours du combattant pour venir à bout de ce film. L’adaptation de l’œuvre est source de conflits avec l’auteure du livre dont il est tiré, peu enchantée par les ajouts apportés. Il faudra toute la diplomatie d’Hayao Miyazaki et d’Isao Takahata pour que Eiko Kadono ne pose pas son véto à la production. C’est contre cette dernière que l’entreprise de transport

Yamamoto va se manifester : le titre et le chat noir logo du livre sont directement empruntés à leur service de livraisons à domicile. Un accord publicitaire mettra finalement fin à ce conflit. Il aide même à la promotion du film à sa sortie, si bien que Kiki la Petite Sorcière génère plus de deux millions d’entrées en salles au Japon, soit plus que le score des précédentes productions de Ghibli réunies. Mieux : le film termine premier du box office nippon de 1989, ouvrant de nouveaux marchés et un avenir plus confortable au studio. Le film ne connaît pas le même succès à l’étranger : il sort directement en cassette sur le marché nord-américain (en version légèrement modifiée). En France, il ne sort en salles qu’en 2004, connaît un petit succès avant de paraître en DVD l’année suivante. Note

1 : Ce tableau a été composé par des élèves d’une école pour enfants à problèmes. Il a ensuite été retouché par une équipe du studio Ghibli ; Miyazaki a rajouté le visage de Kiki. (www.buta-connection.net)

Titre : Majo no Takkyubin • (Kiki, la Petite Sorcière)  • Œuvre originale, scénario, réalisation, mise en scène, character design : Hayao Miyazaki • Producteurs exécutifs : Yasuyoshi Tokuma, Mikihiko Tsuzuki, Morihisa Takagi • Date de sortie : 29 juillet 1989 • Durée : 1h42 • Résultats en salles (Japon) : 2 640 619 spectateurs • Résultats en salles (France) : 621 300 spectateurs

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Porco Rosso

紅の豚

Le romantique

Porco Rosso est le premier film d’Hayao Miyazaki diffusé à la télévision et au cinéma en France. C’est un échec cuisant, mais il a le mérite de faire connaître son créateur chez nous. Salué discrètement par la critique française, ce quatrième film du réalisateur (et sixième du studio) offre un renouvellement de son univers. Au programme : action, séduction, misanthropie et glamour mêlés aux ressorts philosophiques dont Miyazaki a le secret. « Quand nous chanterons le temps des cerises » Une île au milieu de la mer Adriatique, dans le courant des années vingt. Sur la plage, un homme dort sur un transat, un livre sur le visage. Quand le téléphone sonne, son visage se dévoile : l’homme a une tête de cochon. Son nom est Marco Pagot, ancien pilote pour l’armée de l’air italienne transformé mystérieusement en cochon peu après un grave évènement. Devenu chasseur de prime avec la montée du fascisme, il s’installe dans l’île où nous le découvrons. Au fil de ses aventures de chasseur de primes, cet aviateur taciturne et cynique se révèle peu à peu comme une personne à la fois sensible et séduisante malgré son physique peu avantageux. Film centré sur l’action, il présente les combats de Marco et son hydravion, le Porco Rosso, contre des ennemis aussi nombreux que différents. Du glamour, des femmes, l’Italie A l’époque, Porco Rosso est un petit bouleversement dans la jeune filmographie d’Hayao Miyazaki. Il s’agit de l’adaptation de son essai de 1984 Zassô nôto, un manga d’action volontairement léger où un ancien militaire au physique porcin part en quête de gloire à bord du tank qu’il s’est construit. Le réalisateur revient ici à l’une de ses passions d’enfance : l’aviation. Avec pour cela un terrain idéal : l’Italie fasciste des années vingt et ses différents véhicules volants. Le décor du film est à nouveau réaliste et bien ancré dans cette époque de l’entre deux guerres mondiales. On découvre une vue détaillée de l’Italie et de ses alentours, de Milan à la mer Adriatique. Il faut dire que le pays est bien connu du réalisateur, qui a travaillé pour la Rai (chaîne de la télé italienne). « J’ai un ami en Italie, Marco Pagot. C’est avec lui que j’ai réalisé Sherlock Holmes en version canine. Il m’a envoyé des livres sur Milan, la Vénétie et la côte Adriatique. Ensuite j’ai fait un court séjour à la campagne près de Rome pour me documenter personnellement sur les ambiances 1 . » Après deux productions aux accents naïfs, Porco Rosso se présente comme une œuvre adulte et porte des thématiques plus temporelles et complexes : la politique, mais surtout le romantisme, le rapport aux femmes ainsi que leur place dans la société de cette époque. Ces dernières sont représentées par deux

personnages très différents et fouillés. Gina est et demeurera un personnage à part dans la filmographie de Ghibli, introduisant une touche de glamour aux accents rétro, à l’image de grandes dames du cinéma du début du vingtième siècle. L’autre personnage féminin, Fio, est plus classique, mais marque par une forte personnalité. En toile de fond, des thématiques d’un genre nouveau se développent. La perte de l’innocence est ici symbolisée par le changement d’apparence du héros. Plus sombre, le film montre les réactions face à la perte d’êtres chers ou la lutte contre l’injustice, qu’elle soit menée par des politiques ou des pirates. L’autre thème important réside dans le romantisme omniprésent de cette œuvre : une femme qui attend un amour qui ne vient pas, tandis que le héros retrouve goût à la vie au contact de Fio. De son côté, Marco Pagot est un héros à contreemploi : l’ancien homme plein d’espoir est devenu un cochon marginal, cynique et blessé. Une autre piste de lecture du personnage est offerte par Miyazaki lui-même, qui se plait à penser ce personnage comme son autocritique. Confirmations et déceptions C’est en parallèle à la construction de l’actuel Studio Ghibli que commence en 1991 la production de ce nouveau film. L’idée de faire Porco Rosso viendrait

à l’origine d’une proposition de Japan Airlines. La compagnie aérienne nippone est intéressée par un film de quarante-cinq minutes pour satisfaire ses clients, et Miyazaki y voit le moyen d’offrir à son studio un moment de détente à travers cette réalisation. Il reconnaîtra par ailleurs ne pas avoir boudé son plaisir à réaliser ce film : « En effet, c’est un film né seulement d’une passion, ce qui selon moi est très dangereux... On ne doit jamais travailler pour soi mais pour ses clients ou, dans mon cas, pour le public. Je jure que c’est la première et la dernière fois que je fais une chose pareille ! 2 » Le plaisir est communicatif : le film cumule plus de trois millions d’entrées au Japon, s’offrant le luxe de battre La belle et la bête de Disney sur l’archipel. Ce succès ne dépassera cependant pas les frontières. Non sorti aux Etats-Unis, le film passe inaperçu sur les chaînes câblées anglaises. En France, il fait parler de lui au Festival d’Annecy en remportant le prix du meilleur long métrage, puis bénéficie du soutien de Canal + et d’un doublage de choix mené par Jean Reno. Pourtant, la sauce ne prend pas. Malgré une couverture presse favorable mais discrète, le nombre d’entrées en salles est faible. Cause invoquée : la mauvaise image de l’animation japonaise dans notre pays. Notes

1 & 2 : Interview réalisée par un italien, F. Copi, parue en France dans le fanzine Tsunami, aujourd’hui disparu.

Titre : Kurenai no Buta (Porco Rosso) • Œuvre originale, scénario, réalisation, mise en scène, character design : Hayao Miyazaki • Producteur exécutif : Toshio Suzuki • Date de sortie : 18 juillet 1992 • Durée : 1h33 • Résultats en salles (Japon): 3 050 000 spectateurs • Résultats en salles (France): 149 922 spectateurs

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Princesse Mononoke

もののけ姫

La princesse du monstre

C’est ce film, Princesse Mononoke, qui révèle Hayao Miyazaki à l’international et en fait LA référence de l’animation japonaise aux yeux d’un large public. Les thèmes abordés, plutôt complexes, peuvent laisser place à un visionnage plus simple pour les jeunes spectateurs grâce à l’inventivité et à la poésie du réalisateur. Ce conte intemporel traite du progrès et des responsabilités qui en découlent, thème récurrent chez Miyazaki.

« C’est un démon ! Sauve-toi ! » Nous sommes au quinzième siècle. Le Japon est en pleine modernisation. Les techniques, agricoles en particulier, évoluent rapidement. Le jeune Ashitaka tente de protéger son village d’un énorme sanglier pris d’un étrange mal – une multitude de vers, symboles d’une malédiction, recouvre son corps. Le bras du jeune homme est rapidement attaqué à son tour par ces vers. La chamane du village lui apprend alors que par sa blessure, il est à présent touché par la même malédiction que le sanglier, qui décuplera son instinct haineux et engendrera sa mort. Ashitaka tente de trouver un remède, en parcourant le monde. En chemin, il rencontre San, une jeune fille sauvage recueillie dans son enfance par une déesse louve, et de Dame Eboshi, chef d’une forge, qui pour arriver à ses fins déboise petit à petit la forêt dans laquelle San habite. Un combat acharné

oppose les deux femmes. San veut protéger sa forêt et les intérêts de la nature, tandis que Dame Eboshi protège les intérêts humains. Comment allier modernisation et respect de l’environnement ? C’est la question soulevée par Princesse Mononoke. Ashitaka semble avoir cerné les deux points de vue et tente de les défendre tour à tour. Ce jeune homme mélancolique vivait initialement dans un village suffisamment reculé pour n’avoir pas été rongé par la modernisation. Malgré tout, il est humain et comprend la nécessité de chacun de se développer pour se nourrir à sa faim. Il ne porte aucun jugement sur les agissements des deux camps. Mais concilier deux problèmes radicalement antagoniques n’est pas tâche aisée. Il serait facile mais réducteur de résumer le conflit qui oppose les deux femmes à une lutte « bien contre mal ». Dame Eboshi ne peut se limiter à une telle caricature. Quand elle présente les forges à

Ashitaka, on apprend en effet que les habitants qui y travaillent sont pour la plupart des personnes écartées par la société, qu’elle a prises sous son aile (des prostituées rachetées dans des maisons de passe, des lépreux, d’anciens esclaves…). Pour San, sa rivale, les humains sont la cause du mal qui gangrène la terre. Elle se fait porte-parole des dieux de la forêt. Son adaptation au monde humain est impossible. Même son amour pour Ashitaka ne sera pas suffisant pour qu’elle puisse intégrer la civilisation. Comme Dame Eboshi, elle est prête à mourir pour ses convictions. La révélation Miyazaki se penche sur le scénario de Princesse Mononoke en août 1994. Un an plus tard, le travail d’animation commence et dure près de deux ans. Il s’achève à peine un mois avant la sortie en salles au

Titre : Mononoke Hime (Princesse Mononoke) • Réalisateur : Hayao Miyazaki • Producteur exécutif : Yasuyoshi Tokuma • Date de sortie : 20 juillet 1997 • Durée : 2h13 • Résultats en salles (Japon): 13 540 000 spectateurs • Résultats en salles (France): 650 980 spectateurs

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Japon, le 12 juillet 1997. Le budget colossal – environ 18,5 millions d’euros – est très vite rentabilisé par le succès phénoménal rencontré au Japon : plus de 13,5 millions de spectateurs se déplacent en huit mois d’exploitation en salles, engendrant plus de cent-cinquante millions d’euros. Un record pour un film au Japon ! Le DVD, quant à lui, s’écoulera à quatre millions d’exemplaires. L’exploitation internationale ne débute qu’en octobre 1999 aux Etats-Unis, les droits de diffusion ayant été confiés à Buena Vista Home Entertainment (Walt Disney). Malgré une bonne critique générale, le film n’aura qu’un succès limité en salles, et d’aucuns lui reprocheront son doublage américain surjoué. Chez nous, c’est le 12 janvier 2000 que Princesse Mononoke arrive en salles. Le succès est plutôt honorable, avec six-cent-cinquante mille entrées, mais surtout les critiques sont élogieuses et permettent de faire connaître Miyazaki à un plus large public. Les ventes DVD seront amplifiées par la notoriété grandissante de Miyazaki dans l’hexagone, renforcée par la sortie, entre temps, du Voyage de Chihiro au cinéma.

Une fois n’est pas coutume, Joe Hisaishi signe avec talent la bande originale du film. Là encore, la musique s’intègre magnifiquement aux ambiances imposées par l’histoire. Curieusement, la bande-son du film porte aussi un intérêt dans ses silences. L’absence totale de son lors de l’arrivée du dieu cerf dans la forêt au moment où le guet-apens lui est tendu est spécialement marquante et renforce l’apparence déifique du Shishi Gami. Kami et shintoïsme

Princesse Mononoke montre l’importante influence du shintoïsme chez Miyazaki. On considère le shintoïsme (ou shinto, « voie des kami ») comme la religion nationale au Japon. Le mot « kami » peut être traduit par « dieu » ou « divinité », mais il réfère essentiellement à tout ce qui a un caractère sacré ou supérieur. Les kami existent sous diverses formes, matérialisables ou non. Ainsi, les astres, le vent, une rivière, une montagne, un arbre ou même un humain ou un animal (morts ou non) peuvent être des kami.

Le caractère des kami peut être changeant ; ils sont ainsi capables d’infliger un tatari (malédiction) par simple contact, volontaire ou non. Le shintoïsme se caractérise par sa vision sacrée de la nature, qu’il faut respecter. Dans le film, Moro, Okkoto, Nago, et bien sûr le Shishi Gami représentent des kami. La malédiction dont souffre Nago (devenu Tatari Gami) avant d’attaquer le village montre l’importance du rôle des hommes dans leur propre futur, et les renvoie face à leurs responsabilités. Le Shishi Gami, ce cerf à visage presque humain, n’est pas un dieu à part entière, mais a la capacité de donner et reprendre la vie pendant la nuit. La cupidité des hommes les pousseront à tuer le Shishi Gami pour différentes raisons : espérer gagner la jeunesse éternelle, se débarrasser de l’obstacle majeur s’opposant aux desseins de Dame Eboshi... La mort du Shishi Gami épargnera un temps les humains, mais son absence restera sans doute la pire malédiction qu’il aurait pu laisser. Le garde-fou est tombé. par Cécile Gaffory

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Le voyage de Chihiro

千と千尋の神隠し

Le phénomène

Point culminant de la carrière d’Hayao Miyazaki, Le Voyage de Chihiro est le film de tous les records. Chihiro, la petite fille maussade, vit des aventures extraordinaires. Elles vont faire le tour du monde, connaître des entrées en salles impressionnantes et rafler quelques-uns des prix les plus prestigieux. Voyage au cœur d’un film qui bouleverse un ordre de l’animation bien établi.

« Tu vas souffir, mais la chance tournera… » Chihiro et ses parents sont dans une voiture. Ils déménagent en banlieue. Cette nouvelle vie ne semble pas du goût de la petite fille de dix ans. Sur la route, ils s’arrêtent face à un étrange tunnel. Pris de curiosité, les parents avancent à l’intérieur, suivis d’une Chihiro peu enthousiaste. Ils se retrouvent au beau milieu d’une chapelle où souffle un vent étrange et derrière laquelle se cache un étrange village aux airs de parc d’attraction. Une odeur de nourriture attire le père et la mère vers un restaurant où un copieux buffet les attend. La jeune fille, peu en appétit, s’en va bouder. Elle visite le village et croise un étrange garçon. Quand elle retourne chercher ses parents, elle découvre avec effroi qu’ils se sont transformés en cochons. Le soleil se couche, des lumières et d’étranges ombres apparaissent. Le garçon croisé plus tôt refait son apparition et indique à Chihiro de s’enfuir, mais il semble déjà trop tard. Prisonnière du monde des esprits, elle va devoir redoubler de volonté pour rester en vie et sauver ses parents, dans un cheminement initiatique.

Dans le palais des bains Chaque été, Miyazaki passe ses vacances dans un chalet de montagne avec sa famille et les cinq filles d’un ami. Il déclare avoir voulu faire ce film pour elles. « Il y a un livre pour enfants qui a été publié en 1980, Kirino Mukouno Fushigina Machi (La Mystérieuse Ville Derrière la Brume, par Sachiko Kashiwaba, NDLR), et je me demandais si je pouvais faire un film basé dessus. C’était avant que nous ne commencions à travailler sur Princesse Mononoke. Un membre de l’équipe avait adoré ce livre au collège ; il l’avait lu de nombreuses fois. Je voulais vraiment savoir en quoi il était si intéressant. Alors, j’ai écrit une proposition de projet (sur la base du livre), mais elle a été rejetée. 1 »Il faudra attendre une troisième proposition pour que le projet soit accepté et donne au final cette nouvelle réalisation. Les trois histoires s’articulent autour d’un sauna situé dans un des bains de la ville natale d’Hayao Miyazaki. C’est pour lui un lieu mystérieux. Il se souvient d’une petite porte à côté de l’une des baignoires ; il a toujours été curieux de savoir ce qui se cachait derrière.

De fil en aiguille, le réalisateur développe une idée autour d’un bain des esprits et divinités du Japon. Afin de réaliser le village, et plus largement le monde des esprits au style ancien et particulier, Miyazaki puise son inspiration dans les bâtiments du musée en plein air de l’architecture d’Edo-Tokyo, dans le quartier de Koganei. Il a toujours été intéressé par leur mélange de design traditionnel japonais et occidental sous l’ère Meiji, période historique du Japon entre 1868 et 1912 La Chihiro-mania Mis en production en fin d’année 1999, Le Voyage de Chihiro bénéficie d’un budget record de 1,9 milliard de yens (environ 15 millions d’euros). Désireux d’assurer de bons résultats à cette nouvelle production, le studio déploie, par le biais du distributeur japonais Toho, une impressionnante campagne publicitaire pour attirer le public dans les salles : trailers, bande-annonce et clip musical présentent le film dans les mois précédant sa sortie. Le réalisateur joue pleinement le jeu des interviews, si bien qu’il est difficile d’éviter

Titre : Sen to Chihiro no Kamikakushi (Le Voyage de Chihiro) • Réalisateur : Hayao Miyazaki • Producteur exécutif : Yasuyoshi Tokuma • Date de sortie : 20 juillet 2001 • Durée : 2h02 • Résultats en salles (Japon) : près de 23 millions de spectateurs • Résultats en salles (France) : 1 410 000 spectateurs

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Les plus grandes récompenses Meilleur film d’animation, musique, réalisateur et Meilleur film aux Mainichi Film Concours 2002 Meilleur film asiatique aux Hong Kong Film Awards 2002 Meilleur film au Festival International du Film de Durban 2002 Meilleur film aux Reader’s Choice Awards 2002 Ours d’or au Festival International du Film de Berlin 2002 Meilleur film et Meilleure chanson au Prix de l’Académie Japonaise 2002 Meilleur film d’animation aux Critics Choice Awards 2003 Meilleur film étranger aux Film Critics Circle of Australia Awards 2003 Meilleur film d’animation aux Oscars 2003

Le Voyage de Chihiro au Japon. Plus que payante, la démarche va provoquer un phénomène de masse à la sortie en salles le 20 juillet 2001. Deux millions de spectateurs viennent dès le premier week-end ! Le film reste N°1 du box office nippon pendant cinq mois ! Loué par la critique et le public, il est vu par un sixième de la population japonaise et devient le plus gros succès de l’histoire du cinéma de l’archipel, écrasant Titanic sur son chemin. Dans le monde, Le Voyage de Chihiro cumule les récompenses (voir encadré). La France n’échappe pas au phénomène. Chihiro multiplie les couvertures et les critiques dithyrambiques, y compris dans les magazines les plus pointus. Si bien que le film réalise près d’un million et demi d’entrées chez nous, le double de son prédécesseur, Princesse Mononoke. Le bout du tunnel Un tel succès ne s’obtient pas par hasard. Plus encore que les autres réalisations de Miyazaki, Le Voyage de Chihiro marie une forme somptueuse à un fond très fouillé. La thématique du rite initiatique vers

l’âge adulte est ici pleinement exploitée. A travers le prisme d’un voyage dans un Tokyo aux airs d’Edo, le réalisateur décide de faire revenir son héroïne, une petite fille gâtée des temps modernes, dans une époque où il fallait travailler dur et faire des sacrifices pour obtenir quelque chose. C’est ainsi que Chihiro apprend, s’améliore et ressort grandie de cette aventure. L’expérience d’une petite fille dans un autre monde qui représente son passage de l’enfance à l’âge adulte peut facilement se mettre en parallèle à l’histoire d’Alice au Pays des Merveilles de Lewis Caroll qui a déjà inspiré le réalisateur par le passé. Le Voyage de Chihiro porte un regard critique sur la société japonaise concernant les conflits de générations, la dissolution de la culture traditionnelle et des coutumes dans la société mondiale, et la pollution de l’environnement. Tout comme Chihiro cherche son identité passée, le Japon, dans son inquiétude sur le ralentissement économique, a cherché à se reconnecter aux valeurs d’un passé révolu. Notes 1 : Animage, mai 2001.

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Le château ambulant

ハウルの動く城

Le contemplatif

Faire suite au phénoménal Voyage de Chihiro est une lourde tâche. Plus de trois ans s’écoulent donc avant la sortie du Château Ambulant, septième réalisation d’Hayao Miyazaki pour Ghilbi. L’œuvre esthétisante, fait appel à des sentiments simples tout en jouant sur une complexité adulte, faisant de ce nouveau long métrage un film singulier et déroutant du studio. Il suscite chez le public nippon autant d’enthousiasme que de controverse. « On dit qu’Hauru lui a arraché le cœur. » Depuis une chapellerie, de jeunes femmes observent une étrange machine surdimensionnée qui se déplace dans la lande aux abords d’une ville. C’est le château ambulant. Elles évoquent alors le magicien Hauru, dont la beauté n’aurait d’égal que la dangerosité – on dit de lui qu’il arrache le cœur des jeunes filles. Sophie, une jeune fille peu sûre d’elle et résignée à une vie peu intéressante tente de sortir de la ville, mais deux soldats intéressés lui barrent la route. L’intervention d’un jeune homme aux étranges pouvoirs l’aide à sortir de cette mauvaise posture pour l’entraîner vers une autre : le duo est poursuivi par d’étranges créatures magiques. Après avoir mis Sophie en sécurité, le jeune homme disparaît. Il s’agissait du magicien Hauru, et Sophie le découvre à ses dépens quand la sorcière des Landes, jalouse, se rend à son travail et lui jette un sort ; la jeune femme a désormais l’apparence d’une personne de quatre-vingt-dix ans. Sophie fuit alors pour la lande, où elle trouve refuge dans le mystérieux château ambulant. Le château ambulant ou le château de Hurle Ce nouveau film du studio Ghibli est une fois de plus adapté d’un roman, en l’occurrence Howl’s Moving Castle (Le château de Hurle), célèbre roman de la londonienne Diana Wynne Jones, sorti en 1986 en Grande-Bretagne, pendant que Miyazaki sortait Le château dans le ciel. A la lecture de ce conte philosophique à tiroirs, force est de constater à quel point les univers de l’auteure anglaise et d’Hayao Miyazaki sont proches. A l’été 2004, Hayao Miyazaki se rend en Angleterre pour montrer le film à Diana Wynne Jones (qui n’a pas du tout participé à sa production, même si elle a bien sûr rencontré les gens du studio). L’auteure anglaise en ressort enthousiaste : « Je n’ai pas été impliquée car je fais des livres, pas des films. Ce sera différent du livre, en fait, il est susceptible d’être très différent, mais c’est bien comme ça. Ce sera quoiqu’il en soit un film fantastique … 1 »

Le film est en effet nettement différent du roman. Le premier tiers de l’intrigue est similaire, après quoi le film exploite une trame originale, parcourue d’un grand nombre de thèmes familiers à Miyazaki : les dirigeables, la rédemption, l’évolution des sociétés européennes ou japonaises de la période victorienne à la deuxième guerre mondiale (environ 1860-1945). L’accent est certes mis sur Sophie et son aventure, mais l’action principale de l’histoire du film se déroule durant une guerre, qui rappelle la première guerre mondiale (avec des bombardements sur les civils, des attaques des villes qui rappellent le Blitz de la seconde guerre mondiale, et des cuirassés aussi monstrueusement grand que le Dreadnought), et prend place dans un pays fantastique qui rappelle

un peu l’Alsace d’avant la première guerre mondiale (de nombreux bâtiments sont semblables à ceux qu’on trouve à Colmar, dont Miyazaki a reconnu qu’il s’était inspiré pour son cadre, alors que l’action du roman se déroule au Pays de Galles). Dans le livre, les personnages font un détour dans le monde du vingtième siècle, où Hauru est connu en tant que Howell Jenkins. Ce point n’est pas repris dans le film, bien que l’un de ses nombreux pseudonymes soit « Le grand sorcier Jenkins ». Si Sophie et Hauru ressemblent majoritairement aux personnages originaux, à quelques détails près – le magicien a un passé différent et les yeux verts dans le livre, Sophie y est décrite avec des cheveux blonds – ils ont néanmoins des personnalités plus aimables et

Titre : Hauru no Ugoku Shiro (Le Château Ambulant) • Réalisateur : Hayao Miyazaki • Producteur exécutif : Toshio Suzuki • Date de sortie : 20 novembre 2004 • Durée : 1h59 • Résultats en salles (Japon) : près de 15 millions de spectateurs • Résultats en salles (France) : 1 308 613 spectateurs

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des motivations moins égoïstes. Autre différence notable chez Hauru : dans le livre, il court les filles et tente de localiser un magicien perdu et un prince, dans le film, il évite de donner son aide prétextant des raisons pacifistes et gère tant bien que mal les conséquences d’une telle décision. Une vision héritée du point de vue pacifiste propre à Miyazaki. Lors d’une interview au grand hebdomadaire américain Newsweek, il a déclaré que la production du film avait débuté en même temps que l’attaque de l’Irak par les Etats-Unis, et que la colère que cela avait provoquée en lui se ressentait profondément dans le film. Le film mystère

Nominations et récompenses Prix du public et nomination catégorie ‘meilleur film’, lors du Festival international du film de Catalogne 2004. En lice pour le Lion d’Or de Saint Marc, lors de la Mostra de Venise 2004. Prix de la meilleure bande originale de film, lors des Los Angeles Film Critics Association Awards 2005. Prix du lecteur, catégorie ‘meilleur film’, lors du Prix du film Mainichi 2005. Prix du meilleur film d’animation, lors des New York Film Critics Circle Awards 2005. Nomination catégorie ‘meilleur film d’animation’ aux Oscars 2005. Nomination catégorie ‘meilleur film d’animation’, lors de l’Académie des films de sciencefiction, fantastique et horreur 2006. Nomination catégorie ‘meilleur film asiatique’, lors des Hong Kong Film Awards 2006.

C’est dès 2001 que le projet est mis en route. Hayao Miyazaki étant toujours bien décidé à se retirer, le long métrage est confié à Mamoru Hosada. De retards en déroutes, le nouveau réalisateur abandonne le projet jugé peu satisfaisant par le studio. Miyazaki sort alors de sa retraite et reprend le projet en main. D’abord prévu pour juillet 2004, c’est finalement à l’hiver qui suit que le nouveau film Ghibli sort sur les écrans nippons, après un passage remarqué à la Mostra de Venise le 5 septembre. Cette sortie s’accompagne de nombreux changements. Parmi eux, l’absence de promotion et notamment d’interviews, à la demande d’Hayao Miyazaki qui, après avoir beaucoup parlé pour Le Voyage de Chihiro, souhaite que les spectateurs se fassent leur propre avis sur Le Château Ambulant. L’autre changement vient de la critique presse. D’habitude unanimes sur les productions Ghibli, et d’autant plus sur celles du réalisateur phare du studio, les critiques sont ici moins homogènes : si certains saluent la beauté et la poésie du film, d’autres le trouvent incompréhensible, et même niais. Cela n’empêchera pas le long métrage de battre des records : 1,1 millions d’entrées en salles en une seule semaine au Japon font de ce film le meilleur démarrage de tous les temps là-bas, devant Chihiro. Il termine troisième des films les plus vus au Japon, derrière ce même Chihiro et devant Princesse Mononoke. En France, il est le deuxième film du studio le plus vu en salles, dépassant largement le million d’entrées. Esthétique et pûreté « La guerre affecte la vie personnelle de chacun des personnages. Lorsque quelqu’un est plongé dans de telles circonstances, c’est très difficile de tomber amoureux ! ». La déclaration du producteur Toshio Suzuki résume le trait majeur du long métrage : un retour vers des sentiments simples. Outre la volonté d’un film visuellement beau, Miyazaki part à la recherche de la beauté du cœur avec un film plus sensible que d’habitude. La guerre est partout autour des héros, tous deux victimes de maléfices tout autant que de leurs défauts, mais la force des sentiments peut sauver de tout. Guimauve ? La critique, certes valable, serait un trop grand raccourci tant Hayao Miyazaki s’acharne à véhiculer complexité et poésie autour de ce thème assez simple. Le film est doux, tant dans le visuel que dans le rythme, en quête de sensations simples, sans fioriture ni recherche forcenée d’efficacité. Avec en toile de fond une philosophie de la vie mettant en avant les sentiments simples face aux évènements, si durs soient-ils. Note 1 : The Hayao Miyazaki Web

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Ponyo sur la falaise

崖の上のポニョ

Le conte sous-marin

Sorti chez nous le 8 avril dernier, Ponyo sur la Falaise est le huitième film d’Hayao Miyazaki pour le studio Ghibli. Loin de la retraite pourtant prévue depuis plus de dix ans, le réalisateur livre ici une œuvre plus naïve que les précédentes. D’aucuns la comparent au mythique Mon Voisin Totoro. Après avoir envahi le Japon, la princesse poisson arrive en France bien décidée à battre des records. « Embrasse la bulle une fois » Une jeune poisson rouge évolue près de la côte après s’être enfuie de son habitat. C’est alors qu’un cargo lui barre la route et la coince au milieu d’un monticule de déchets jetés à la mer. En essayant de s’enfuir, elle s’échoue sur une rive près d’une falaise sur laquelle se trouve une maison habitée par une mère et son enfant de cinq ans, Lisa et Sosuke. Ce dernier trouve la petite ‘poissonne’ en jouant au bord de mer et la met dans son seau. Il décide d’appeler cette créature Ponyo, ce qui semble la ravir. Une grande complicité commence à se nouer entre eux, très vite bouleversée par l’intervention d’un sorcier bien décidé à récupérer Ponyo. Cette dernière ne l’entend pas de cette oreille, et va montrer avec obstination sa volonté de devenir humaine. Garderie Miyazaki signe ici un retour vers une histoire plus naïve, mais riche de sens. L’idée naît durant l’hiver 2005 d’un échange entre Miyazaki et Toshio Suzuki, fidèle parmi les fidèles du studio, omniprésent au casting des dernières productions. « Un jour Miyazaki m’a consulté pour savoir quel genre de film nous allions faire et je lui ai proposé que ce soit un film pour les enfants. «Pourquoi pas quelque chose comme Iya Iya En?» »1 Iya Iya In est un livre écrit par Rieko Nakagawa et illustré par sa sœur Yamawaki Yuriko. Gros succès au Japon, il traite des garderies d’enfants. Le réalisateur et le producteur du film vont finalement s’éloigner de cette idée. Du moins pour le film. Car ils finissent néanmoins par faire construire une véritable garderie d’entreprise attenante à l’atelier de Nibariki.

il donne au petit héros du film le nom de Sosuke, personnage principal de The Gate vivant dans une maison sous une falaise. Et bien que la transcription kanji ne soit pas tout à fait similaire, il n’y a aucun doute sur l’hommage au héros du livre. Ce même auteur, à travers son roman Kusamakura, pousse Miyazaki vers une autre source d’inspiration. Soseki Natsume s’inspire du tableau de John Everett appelé Ophélie pour son roman. Intrigué, le réalisateur part directement à Londres afin de l’admirer en vrai. La vision d’Ophélie et sa simplicité poussent Hayao Miyazaki à retourner dans un style plus simple et naturel que ses dernières œuvres. La source d’inspiration la plus originale et marquante orientant la création de Ponyo sur la Falaise vient de l’opéra La Walkyrie de Richard Wagner. L’histoire est celle de Brunhilde, l’aînée de neuf sœurs walkyries, dans sa relation tumultueuse avec son père Wotan qui d’un baiser magique l’endort à jamais. L’autre aspect à mettre en parallèle au film vient du monde des Walkyries, monde où les dieux sont en train de mourir et où leur chef, Wotan, tente d’empêcher la fin du monde. Tsunami ? La production du film Ponyo sur la falaise a commencé en octobre 2006. Miyazaki a été particulièrement impliqué dans l’animation à la main. Il a préféré dessiner la mer et les vagues lui-même, et a apprécié l’expérience que constitue cette importante partie du film. Ce niveau de dessin détaillé a donné lieu à

6 courts métrages, 5 influences En exclusivité pour le musée Ghibli de Mikata, six courts métrages sont produits et diffusés ensemble sous le titre Ghibli no Mori no Eiga (Les Films de la Forêt Ghibli). Réalisés par Hayao Miyazaki entre 2001 et 2006, ils viennent servir à leur manière l’histoire de Ponyo sur la Falaise : – De la première création, sortie en 2001 sous le titre Kurijatori (La Chasse à la Baleine), l’on retrouve divers éléments et une imagerie marine en commun. – De la suivante, Koro no Ôsanpo (La Grande Excursion de Koro) est tirée l’imagerie évoquant le livre pour enfants. – Si ce n’est un public visé commun, rien n’est repris directement de Mei to Konekobaso (Mei et le Chaton-Bus) qui vient puiser dans l’univers de Mon Voisin Totoro. – De Yadosagashi (La Chasse au Logement) sont repris le vent, les arbres et l’herbe dessinés à la main dans un style plus que similaire. – Mizugumo Monmon (Monmon, l’Araignée d’Eau) sert de base à la création de l’univers subaquatique de Ponyo sur la falaise. – Hoshi o Katta Hi (Le Jour Où J’Ai Acheté une Étoile) est aussi une base de travail pour les objets brillants en trois dimensions créés sans infographie ni ordinateur.

Inspirations Le village de bord de mer où se déroule l’histoire est inspiré par Tomonoura, une ville située dans le parc national de Setonai-kai au Japon, où Miyazaki s’est rendu en vacances avant d’y vivre deux mois durant l’année 2005. Le nom du navire sur lequel le père de Sosuke travaille est le Koganeimaru, une référence à l’emplacement du Studio Ghibli dans le quartier de (« Maru » est la terminaison commune des noms de navire, qui signifie littéralement « cercle »). Pour créer le personnage de Sosuke, Hayao Miyazaki s’inspire de son fils Goro lorsque celui-ci avait cinq ans. Mais pas uniquement. Après s’être plongé dans les romans de l’écrivain japonais Soseki Natsume, Titre : Gake no Ue no Ponyo (Ponyo sur la Falaise) • Réalisateur : Hayao Miyazaki •Producteur exécutif : Toshio Suzuki • Date de sortie : 19 juillet 2008 •Durée : 1h41 • Résultats en salles (Japon) : 12 millions de spectateurs

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Miyazaki persiste dans les messages simples et la recherche de pûreté l’impressionnante somme de cent-soixante-dix mille images, un record pour un film de Miyazaki. Le film a été distribué par Toho le 19 Juillet 2008, dans 481 salles à travers le Japon, un record pour un film local. Le premier jour d’exploitation, le distributeur du film annonce que les bénéfices atteints à la mi-journée représentent déjà 83% des recettes de la première journée du Voyage de Chihiro, qui avait atteint la somme brute record de 30.4 milliards de yens (environ 230 millions d’euros) ! Ponyo a été présenté à la soixante-cinquième édition du Festival International du Film de Venise. Il y a reçu une mention spéciale pour « la haute qualité artistique et expressive de l’animation en mesure de donner une forme à l’imagination du merveilleux monde du cinéma ». Un communiqué de presse de Anime News Network révèle que Ponyo a été élu film d’animation de l’année 2008 par la Tokyo Anime Fair. Le Japan Times a quant à lui attribué au film quatre étoiles sur cinq, et a fait l’éloge de la simplicité du film et de ses éléments visuels, et l’a comparé au classique de Miyazaki Mon Voisin Totoro. Début 2009, Ponyo remporte cinq prix lors de la huitième édition de la cérémonie des Tokyo Anime Awards, notamment ceux de l’anime de l’année et du meilleur film japonais. Miyazaki reçoit pour sa part le prix du meilleur réalisateur et de la meilleure histoire originale, et Noboru Yoshida celui de la meilleure direction artistique. Le succès le plus surprenant vient de la bande originale du film. L’efficace et serinant thème majeur du film, rencontre un rare succès durant l’été 2008. Chanté par Nozomi Hohashi, une jeune fille de onze ans, Ponyo rencontre un franc succès dans les charts. Téléchargée un million et demi de fois et vendue à près de trois-cent-cinquante mille exemplaires, la chanson du film connaît l’honneur de finir dans les vingt meilleures ventes de l’année 2008 au Japon. La petite sirène

Ponyo sur la Ftalaise est la transposition du célèbre conte de Hans Christian Andersen, La petite sirène, dans le Japon d’aujourd’hui. Malgré la controverse suscitée par la simplicité du Château Ambulant, Hayao

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Miyazaki persiste dans les messages simples et la recherche de pureté. Si bien qu’il se sert à nouveau d’un conte pour enfant, de manière indirecte, pour créer les bases de l’univers de Ponyo. Bien que l’histoire soit cette fois transposée dans un monde réel, tous les éléments relatifs au conte sont à nouveau bien présents : magie, créatures irréelles et message en filigrane autour d’une valeur simple. Dans ce nouveau film, Miyazaki prône à nouveau ses valeurs fétiches : les appels à la protection de la nature viennent croiser ceux sur l’amour et la tolérance. L’échange entre les différentes générations est aussi mis en avant par la présence dans l’histoire d’intervenants de tous âges et l’interaction entre jeunes et personnes âgées. La symbolique la plus forte du film vient de la lune qui prend dans Ponyo une place centrale. Hayao Miyazaki développe pour son histoire certaines légendes autour de ce satellite, notamment le danger qu’elle peut représenter ou son pouvoir sur le comportement humain. Globalement, le message de l’histoire est certes enfantin, mais peu anodin dans la grande période de remise en question que traverse actuellement le Japon. Note 1 : Toshio Suzuki, mars 2008

Planches et Fnac Afin de fêter dignement la sortie française de Ponyo sur la Falaise, la Fnac expose des planches de travail du 25 mars au 5 mai. Au total une quarantaine de créations originales ayant servi au développement du film y sont proposées. L’occasion pour les passionnés du studio de découvrir une sélection de dessins de recherche, archives personnelles, peintures et aquarelles en exclusivité. L’exposition a lieu dans les galeries Fnac Arludik de neuf magasins : Paris Ternes, Paris Forum, Vélizy, Grenoble, Grand Palace-Nice, Poitiers, Rouen, Toulouse Wilson, Nantes. En outre, quatre tirages d’art numérotés et tamponnés Ghibli sont en vente en exclusivité mondiale au prix de 85 € (149 exemplaires chacun).



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Le Tombeau des Lucioles

火垂るの墓

Le réaliste

« La nuit du 21 septembre 1945, je suis mort » C’est avec cette phrase coup de poing que commence l’histoire. Elle est prononcée par Seita, un adolescent de quatorze ans que l’on suit avec sa sœur Setsuko dans une course poursuite pour survivre après l’attaque de Kobe par les bombardiers B-29 américains. Peu à peu se déroule le cheminement vers une mort annoncée de deux enfants aussi bien victimes de l’attaque militaire des américains que de l’individualisme forcené des japonais. Malgré la famine et la maladie, Seita et Setsuko restent unis jusqu’à la mort, à l’image de la scène des lucioles brillant comme des feux d’artifice avant une mort certaine. Grave et bouleversant, ce film, illustrant les horreurs de la guerre s’offre le luxe de ne jamais tomber dans la facilité ou le larmoyant, et offre de nombreuses scènes aussi riches de sens qu’esthétisantes.

© 1988 Akiyuki Nosaka / Shinchosa Company

Première réalisation d’Isao Takahata pour Ghibli, en co-production avec Shinchôsa, Le Tombeau des Lucioles demeure à ce jour l’œuvre la plus dure et la plus réaliste du studio. Souvent adulé, quelquefois violemment décrié, le film laisse rarement indifférent celui qui le visionne. Il dépasse à travers l’image et le scénario nombre de films sur la seconde guerre mondiale. Une référence unique en son genre, qui donne ses lettres de noblesse au cinéma d’animation pour adultes.

Ce film, sorti simultanément avec Mon Voisin Totoro d’Hayao Miyazaki, est l’adaptation directe de La Tombe des Lucioles , une semi-autobiographie de Nosaka Akiyuki sortie en 1967 au Japon. Né en 1930, ce dernier est adopté avec ses sœurs dont l’une meurt des suites d’une maladie tandis qu’une autre est victime de malnutrition. Leur père adoptif succombe lors du bombardement de Kobe en 1945. Ses histoires de guerre vues par ses yeux d’enfant ont fait de lui un auteur réputé, ce qui lui vaut notamment de remporter le prix Naoki en 1968. Quand Isao Takahata choisit de reprendre cette œuvre pour le cinéma d’animation, le défi semble difficile à relever. Pourtant, le film réussit à dépasser l’histoire de Nosaka Akiyuki en proposant une retranscription subtile. Refusant toute forme de manichéisme, le réalisateur présente une galerie de portraits aussi réaliste que nuancée. Le personnage principal lui-même commet de graves erreurs et contribue malgré lui à la mort de sa jeune sœur. Pour éviter de sombrer dans un simple mélodrame, Takahata prend soin à porter à l’ensemble une grande touche d’humanité. La poésie et l’onirisme viennent ajouter en intensité, et l’on ne peut que rester marqué par la scène avec les lucioles, extrêmement esthétique et symbolique de la fragilité d’une vie humaine. Titre : Hotaru no Haka (Le tombeau des lucioles) • Œuvre originale, scénario, réalisation, mise en scène, character design : Isao Takahata • Producteur exécutif : Toru Hara • Date de sortie : 16 avril 1988 • Durée : 1h28 • Résultats en salles (Japon) : 802 000 spectateurs • Résultats en salles (France) : 40 000 spectateurs

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© 1988 Akiyuki Nosaka / Shinchosa Company

Souvenirs de guerre


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Les autres films

Critique de la société

Le Tombeau des Lucioles est le témoin d’une guerre dans tout ce qu’elle représente de pire. A l’instar de l’auteur du livre d’origine, Isao Takahata n’hésite pas à égratigner le Japon et un certain égoïsme. « Dans le livre de Nosaka, il est en effet beaucoup question de l’égoïsme de cette société, et j’ai moi-même connu la guerre. (…) J’ai aussi rencontré des gens qui se sont aidés les uns les autres et qui avaient beaucoup d’humanité. (…) Il y a encore beaucoup d’égoïsme dans la société japonaise. Et mon souhait est de réveiller les consciences et de faire un peu changer les choses 1. » Bien que le film obtienne peu de mauvaises critiques, certains lui reprochent la partialité de sa réalisation, et quelques voix s’élèvent au Japon quant au regard jugé négatif sur leur peuple en temps de guerre. « Il suscite des contestations de la part de la droite et l’extrême-droite japonaise qui considèrent qu’il n’y a pas de raisons, ni de nécessité à décrire la situation du Japon telle qu’elle était à la fin de la guerre d’une façon qu’elle qualifie de ‘masochiste’. 2 » A l’inverse, certains internautes européens reprochent au film de présenter les japonais comme des victimes, prouvant une fois encore que tout n’est que question de perception.

Souvenirs goutte à goutte

おもひでぽろぽろ

Une œuvre culte Après avoir endossé la casquette de producteur sur Nausicaä et Le Château dans le Ciel , Isao Takahata souhaite revenir à ses premières amours en réalisant un nouveau projet, parmi lesquels se trouve l’adaptation de La Tombe des Lucioles . D’abord prévu pour une production avec Shinchôsa, le film s’intègre au studio Ghibli pour aider à la création de Mon Voisin Totoro . L’ambition de cette double production est d’attirer les sorties pédagogiques pour visionner le film de Takahata tout en offrant un regard sur celui de Miyazaki. Si bien que les deux productions s’en sortent honorablement en salles, sans pour autant faire de vague. Mais à l’instar de Mon Voisin Totoro, Le Tombeau des lucioles connaît un second souffle en étant diffusé annuellement à la télévision japonaise au mois d’août, date anniversaire de la fin de seconde guerre mondiale dans ce pays. Il s’inscrit par ailleurs parmi les films anti-guerre de référence. L’historien de l’animation Ernest Rister va jusqu’à le comparer à La Liste de Schindler, le qualifiant de film le plus humain qu’il n’ait jamais vu. En France, La Tombe des Lucioles est présenté au festival de Corbeil en 1992, en présence du réalisateur lui-même. Son passage sera cependant des plus confidentiels au cinéma. Sorti en 1996 dans deux salles d’art et d’essai à Paris, en version originale sous-titrée, il y restera présent un long moment au point d’arriver à cumuler quelques dizaines de milliers d’entrées. En 2000, il sort en DVD chez Kaze (contrairement aux autres productions Ghibli parues chez Buena Vista), dans une édition luxueuse comprenant le livre dont il est tiré. Notes

Mémoire d’enfance Dans le Tokyo de 1982, Taeko Okajima est une jeune critique littéraire de vingt-sept ans bien décidée à prendre une année sabbatique pour se mettre au vert dans la région reculée de Yamagata. Elle se prend alors à repenser aux vacances passées lorsqu’elle était enfant. Dans une alternance de souvenirs et de moments présents, Souvenirs Goutte à Goutte suit la nostalgie du passé d’une femme qui s’apprête à changer de vie. Des tranches de vie aussi bien réalistes que poétiques. Le réalisateur en profite une fois encore pour glisser des messages sur la société japonaise, en montrant les grands changements connus par le pays entre les années soixante et les années quatre-vingt. L’inaperçu Fort du succès de Kiki la Petite Sorcière, le studio lance de nouveaux projets et s’accorde quelques paris audacieux. Celui d’Isao Takahata est de s’essayer à l’adaptation d’un manga. Son choix se porte sur Omohide Poroporo, un recueil autobiographique des mémoires d’enfance de deux mangakas, Hoaru Okamato et Yûko Tone. En production alors que de profondes modifications s’opèrent au sein du studio (notamment des hausses de salaires), le Ghibli décide d’assurer le succès en salles du film en lui offrant une importante campagne publicitaire, ce qui fait de Souvenirs Goutte à Goutte le premier film du studio à bénéficier d’une réelle stratégie commerciale. A sa sortie en juillet 1991, le succès est au rendez-vous et le film se classe, à l’instar de Kiki la Petite Sorcière, premier au box office cette année-là. Sa carrière s’arrête là. En effet, que ce soit en salles ou en DVD, le film ne dépassera jamais les frontières du Japon et reste à ce jour le moins connu de toute la filmographie Ghilbi.

1 : Propos recueillis par Jean-Pascal Grosso pour www.amazon.fr (2001). 2 : Propos recueillis par Chron et Miko pour Radio Campus Bordeaux (2001).

Titre : Omohide Poroporo (Souvenirs Goutte à Goutte) • Œuvre originale, scénario, réalisation, mise en scène, character design : Isao Takahata • Producteur exécutif : Hayao Miyazaki • Date de sortie : 20 juillet 1991 • Durée : 1h58 • Résultats en salles (Japon): 2 169 000 spectateurs

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Pompoko

平成狸合戦ぽんぽこ

Le mythe des Tanuki Le tanuki est un mammifère omnivore originaire de l’Asie appartenant à la famille des canidés. Dans le folklore japonais, il fait partie de ces animaux auxquels sont attribués des pouvoirs magiques. Le plus connu serait sa capacité à changer de forme pour, dit-on, duper les humains. C’est dans une montagne qui leur sert de résidence que prend place Pompoko. Ces créatures insouciantes se battent entre elles pour définir leur territoire, oubliant la présence des hommes. Ces derniers s’apprêtent pourtant à détruire leur habitat afin d’en faire une ville. Pour les en empêcher, la joyeuse bande va devoir déployer des trésors d’ingéniosité afin d’effrayer les humains. Bien que d’apparence légère, ce nouveau Takahata véhicule un message fort sur la protection de la nature, tout en réhabilitant un vieux mythe du folklore nippon. «Avant la réalisation de mon film, il n’y avait pas vraiment de projet consistant et convaincant sur cette mythologie ancestrale. Il y a bien eu juste après la guerre des comédies musicales avec de vrais acteurs qui parlaient de ces transformismes, mais au fil du temps, cela s’est arrêté... 1 » Plus populaire que Totoro ? Si, à la base, cette nouvelle réalisation devait se dérouler dans le Japon féodal, le début de création de Princesse Mononoke pousse Isao Takahata à changer son fusil d’épaule. Alors que l’idée d’un film autour des Tanuki vient d’Hayao Miyazaki, l’exploitation de la thématique écologique et les messages qui en sont issus viennent de Takahata : « Si je ne crois pas qu’un film a le pouvoir de changer les choses, je pense qu’individuellement, on peut éprouver de la sympathie pour ces problèmes. Cela peut donner une meilleure compréhension du danger qui nous menace. J’essaye de donner à voir un chemin par rapport aux choix que les êtres humains doivent faire... 2 » Sorti en juillet 1994 au Japon, le film connaît une très belle carrière en salles et se classe premier du box office nippon cette année-là, se payant le luxe de dépasser Le Roi Lion de Disney. A l’étranger, ce nouveau Takahata connaît un accueil chaleureux et reçoit le prix du long métrage au festival d’Annecy. Il faudra attendre l’année 2006 pour le voir arriver en France et rencontrer un joli succès d’estime. Notes 1 & 2 : Propos recueillis par Totoro le 14 novembre 2002 au cinéma Le Studio à Aubervilliers.

Titre : Hesei Tanuki Gassen Pompoko • Œuvre originale, scénario, réalisation, mise en scène, character design : Isao Takahata • Producteur exécutif : Hayao Miyazaki • Date de sortie : 16 juillet 1994 • Durée : 1h58 • Résultats en salles (Japon) : 3 254 000 spectateurs • Résultats en salles (France) : 233 002 spectateurs

Mes voisins les Yamada

ホーホケキョ となりの山田くん

Un scénario classique

Mes voisins les Yamada, tiré du manga du même nom créé par Hisashi Ishii, présente la galerie de portraits d’une famille très japonaise à travers le regard de la petite fille nerveuse de ladite famille, Nonoko Yamada. Tous les clichés sont passés au crible, du père salaryman à la mère au foyer vite dépassée par les évènements, en passant par la grand-mère aussi envahissante que désagréable. Sans réel fil conducteur, la nouvelle réalisation de Takahata dépeint avec beaucoup d’humour les chroniques du quotidien de cette famille, articulées sous la forme de dix-huit scènes aux longueurs inégales. Double jeu Ce nouveau pari de Takahata est osé. En plus de proposer une histoire sous forme des saynètes humoristiques, le réalisateur s’essaie à un style très épuré, uniquement réalisé en aquarelles avec un design aussi grossier qu’original. Sorti en 1996 dans les salles japonaises, le film rentre dans ses frais, mais connaît des entrées assez décevantes dans l’archipel. Ailleurs, le film obtient de très bonnes critiques, louant l’originalité et l’audace du réalisateur, mais le public ne suit malheureusement pas. Titre : Houhokekyo Tonari no Yamada-Kun (Mes Voisins les Yamada) • Œuvre originale, scénario, réalisation, mise en scène, character design : Isao Takahata • Producteur exécutif : Yasuyoshi Tokuma • Date de sortie : 27 Juillet 1999 • Durée : 1h44 • Résultats en salles (Japon) : inconnu • Résultats en salles (France) t: 52 555 entrées

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Les autres réalisateurs Tu peux entendre la mer

海がきこえる

Premier téléfilm du studio Ghibli, Tu Peux Entendre la Mer est également le premier film non réalisé par Hayao Miyazaki ou Isao Takahata. C’est une jeune équipe, dirigée par Tomomi Mochizuki, qui se charge d’adapter ce roman éponyme de Saeko Himuro, pré-publiée dans le magazine Animage à la rentrée 1989. C’est sur le quai d’une gare que nous découvrons Taku Morisaki. Il y croise une jeune fille lui rappelle Rikako Muto, une ancienne camarade de classe. Taku s’apprête à retourner dans sa ville natale à l’occasion d’une réunion d’anciens élèves. Pendant son voyage, il se remémore ses années de lycée et sa relation avec son meilleur ami, brisée par l’arrivée en cours d’année d’une jolie fille, Rikako. Produit entre la rentrée 1992 et le printemps 1993, le film est diffusé sur la quatrième chaine japonaise, Nihon TV, le jour de Noël 1993. Après un bon accueil télévisé, il connaît une sortie dans une salle japonaise, dans la ville de Nakano. Bien que la carrière du téléfilm s’arrête ici, le roman d’origine connaît une suite, Umi ga Kikoeru 2: Ai ga Arukara.

Le Royaume des Chats

猫の恩返し

A la base, Hayao Miyazaki compte reprendre des personnages félins de Si Tu Tends l’Oreille afin de réaliser un court métrage de vingt minutes pour le parc de loisirs Ghibli. Il contacte alors Aoi Hiiragi, auteur du manga d’origine et lui propose d’écrire une nouvelle histoire. Le Chat Baron sort en mai 2002 par le biais d’Animage et sert de base à ce qui va finalement devenir un moyen métrage après l’annulation de commande du parc à thème. Hayao Miyazaki propose au jeune technicien du studio Hiroyuki Morita de réaliser ce film. En plus d’accepter la proposition, Morita va faire du Royaume des Chats un long métrage de plus d’une heure. L’histoire suit la jeune Haru, adolescente malchanceuse qui voit son destin bouleversé après avoir sauvé la vie d’un chat. Commence pour elle une nouvelle vie dans le Royaume des chats, où lui sont proposés une vie idéale et un mariage princier. Après avoir rencontré un gros succès au Japon à l’été 2002, le film s’exporte dans les salles françaises le 30 juillet 2003 et sera vu par plus de cinq-cent mille spectateurs.

Si tu tends l’oreille

耳をすませば

Si tu Tends l’Oreille est le premier long métrage pour le cinéma du studio à ne pas être réalisé par Takahata et Miyazaki. Il est cependant l’œuvre d’un nom alors bien connu chez Ghibli : Yoshifumi Kondô, character designer ou animateur-clé de la majorité des précédentes productions du studio. Pour sa première réalisation, sur les conseils de son mentor Hayao Miyazaki, il s’attaque à l’adaptation d’un manga qui raconte l’histoire de Shizuku Tsukichima, une jeune adolescente amoureuse des livres. Elle observe que ceux qu’elle emprunte à la bibliothèque de son école sont auparavant lus par un certain Amasawa Seiji, puis tombe sur un livre d’une extrême rareté offert par un donateur du nom d’Amasawa. Elle se met alors en tête de découvrir si les deux Amasawa sont liés. Le film rencontre un très grand succès au Japon (meilleur résultat de l’année) et lance la carrière du réalisateur, alors pressenti pour prendre la relève de Miyazaki qui pense partir à la retraite. Hélas, il disparaît brutalement le 21 janvier 1998, victime d’une rupture d’anévrisme.

Les contes de Terremer

ゲド戦記

La nouvelle tombe en novembre 2005 : le prochain film Ghilbi sera réalisé par Miyazaki. La surprise, c’est qu’il ne s’agit pas d’Hayao mais de Goro, son fils. Le projet en question concerne l’adaptation de Terremer d’Ursula K. Leguin, œuvre adorée par Hayao Miyazaki. L’auteure refuse depuis des années l’idée d’une transposition animée de son livre, mais contacte elle-même le studio suite au succès du Voyage de Chihiro. Alors qu’Hayao est trop occupé par Le Château Ambulant, Goro se passionne pour Terremer. Directeur du musée Ghibli et paysagiste de formation, il n’a aucune expérience dans le domaine de l’animation mais va pourtant réaliser l’histoire et le story-board de son côté. Son père n’apprécie pas, mais accepte devant l’insistance de son fils et du producteur Toshio Suzuki. Le film adapte le troisième volume des aventures de Terremer. On y découvre le jeune Arren, prince du royaume Enlad, qui, dans un accès de folie, a tué son père. Poursuivi par une ombre, il est sauvé in-extremis par Epervier, un Archimage. Les deux hommes doivent alors affronter une puissance menaçant le monde, l’ombre destructrice. A sa sortie japonaise, en juillet 2006, Les Contes de Terremer obtient un beau succès en salles, mais une critique assassine. C’est le seul film Ghilbi déshonoré par un Bunshun Raperry Award du pire film de l’année. Même sort en France : sorti le 4 avril 2007, le film réalise de bons scores tout en ayant une critique des plus mitigées. L’essai restera donc en demi-teinte pour le fils Miyazaki.

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Studio Ghibli

Le musée

La genèse En 1997, année de sa consécration avec Princesse Mononoké, Miyazaki a l’idée de créer un espace à la fois culturel et ludique sur le thème de ses oeuvres. Ayant obtenu, cinq ans auparavant, l’autorisation de créer un établissement à vocation culturelle sur le site du parc Inokashira, dans la ville de Mitaka, il se décide à sauter le pas en 1998 et, en trois ans, le musée voit le jour, non loin des studios Ghibli. Soutenu par le groupe de presse Tokuma-Shoten, le financement, qui s’élève au final à deux milliards de yens (environ quinze millions d’euros), est assuré par la Musseo-Darte-Ghibli, spécialement créée à cet effet. L’architecture très originale du bâtiment, aux formes arrondies, colorées et verdoyantes, met l’accent sur la liberté et l’écologie, concept très présent dans l’œuvre de Miyazaki qui, pourtant, s’en défend modestement. Aucun sens de visite n’est imposé au touriste qui peut concevoir son parcours de lui-même. A l’intérieur, de nombreux petits passages à hauteur d’enfants, forçant l’adulte à marcher à quatre pattes, ont été aménagés, accentuant le côté convivial et enfantin de l’endroit. Acheter son ticket et accéder au musée Pour vous procurer un billet d’entrée au musée, sachez qu’il n’y a pas réellement de place pour l’improvisation de dernière minute. Il existe deux façons de procéder. Si vous êtes déjà au Japon,

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il faut vous rendre dans un magasin Lawson et réserver votre billet sur l’un des terminaux ATM Loppi puis le retirer à la caisse. Le prix varie de 100 à 1000 yens suivant l’âge (soit 1 à 9 euros), le musée étant gratuit pour les enfants de moins de quatre ans. Si vous souhaitez réserver depuis la France, les agences de voyage JTB ont l’exclusivité de la vente. Ce système, plus coûteux, a un avantage : il n’est pas utile de réserver une heure. En effet, des sessions d’admission sont prédéfinies et les visiteurs doivent s’y conformer. Mais avec ce type de réservations, le visiteur peut entrer à n’importe quelle heure de la journée. Pour info : le musée est fermé le mardi sauf exception, et mieux vaut éviter la surchargée Golden Week (semaine du 29 avril au 5 mai, pendant laquelle la majorité des Japonais prennent des vacances). Une fois à Tokyo, se rendre au musée est assez simple : trois lignes de métro permettent d’y accéder depuis la capitale japonaise. Le plus simple est de prendre la JR chuo line ou la sobu line, direction Mitaka. Le trajet dure vingt minutes depuis Shinjuku. Dès lors, il ne reste plus qu’à rallier le musée proprement dit, soit en descendant à la station Kichijôji et en marchant une quinzaine de minutes (le parcours, qui permet de découvrir en même temps une banlieue japonaise sympathique par beau temps, est balisé par Totoro en personne !), soit en descendant à Mitaka-même et emprunter le neko-bus qui vous déposera directement au musée. Inutile d’envisager la voiture : le musée ne propose aucun parking, de même que les quartiers environnants !

© Mr. Kanemaru

© Mr. Kanemaru

Situé dans la petite ville de Mikata, dans la banlieue ouest de Tokyo, le musée Ghibli est une visite obligée pour les fans d’Hayao Miyazaki de passage au Japon. Inauguré en octobre 2001, il a pour objectif d’expliquer aux visiteurs les étapes de création d’un dessin animé à travers l’œuvre du maître tout en permettant aux enfants, très nombreux, de venir jouer dans l’univers de Totoro.

Le musée Une fois sur place, il faut attendre l’ouverture de la porte principale devant laquelle Totoro, installé dans une loge, joue les gardiens. La première visite démarre à 10h, puis les suivantes toutes les deux heures (temps de la visite). Le musée ferme ses portes à 18h. Une fois que la cloche donne le signal, le visiteur se voit remettre la brochure officielle, ainsi qu’un morceau de pellicule collector, et entre dans le musée. Inutile de songer à immortaliser les lieux pour épater les amis restés en France : les photos et les vidéos à l’intérieur du musée sont strictement interdites depuis quelques années et le personnel, nombreux, veille sympathiquement mais fermement à ce que cette règle soit respectée. L’histoire veut que cette interdiction ait été décrétée par Hayao Miyazaki lui-même, excédé par les bagarres des parents souhaitant à tout prix prendre leurs progénitures en photos souvent au détriment de l’atmosphère joviale des lieux. Cependant, il est encore possible de prendre des photos à l’extérieur, sur le patio le toit et le café. D’entrée, le visiteur est plongé dans le monde onirique de Miyazaki puisque l’univers visuel des différentes œuvres est réutilisé dans la décoration intérieure. Même les toilettes sont à visiter ! Ainsi à l’entrée, en levant la tête, on peut admirer un plafond décoré avec un soleil ressemblant à celui de la chambre de Bô dans le Voyage de Chihiro. Depuis le hall principal, véritable cœur du musée décoré de vitraux en guise


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© Mr. Kanemaru

© Mr. Kanemaru

© Mr. Kanemaru

Studio Ghibli

de fenêtres avec des représentations de Nausicaa, Totoro ou princesse Mononoké., le visiteur accède dans l’ordre qu’il souhaite aux galeries du premier et deuxième étage, aux expositions permanentes et temporaires, ainsi qu’à la salle de cinéma Saturn. Ce dernier, situé en contrebas du rez-de-chaussée, diffuse des courts métrages inédits de vingt minutes (six en alternance suivant les saisons). Le musée est donc divisé en plusieurs parties que l’on peut aborder de la manière suivante. La première est consacrée aux collections permanentes. Après une succession de vitrines expliquant la fabrication d’un dessin animé selon quelques techniques classiques comme la parallaxe ou le phénatikiskope, se succèdent plusieurs salles reproduisant les différentes étapes de créations d’un dessin animé. La première reconstitue l’atelier de travail de l’animateur avec des reproductions de croquis, de peintures et des maquettes dans une ambiance de désordre organisé assez joyeuse et fraîche. Le visiteur peut et doit prendre le temps de s’arrêter, la pièce fourmillant de détails dans les moindres recoins, même si la plupart des notes sont écrites en japonais, ce qui en limite la compréhension quand on ne parle pas la langue. Néanmoins, le visiteur attentif reconnaîtra sans peine certaines influences occidentales à travers les nombreux dessins, objets et livres exposés. La seconde salle est consacrée à la production proprement dite, avec l’exposition de cellulos et d’images variées. Enfin, la dernière salle montre la manière dont les divers éléments

sont assemblés pour donner naissance au film. Toujours au premier étage, celui des expositions permanentes, une pièce est consacrée à Laputa, sa grandeur et sa chute, comment les villes volantes se sont développées puis ont péri victimes de la folie guerrière de leurs concepteurs. Une autre salle propose une attraction pour enfants : un chat-bus géant en peluche, littéralement pris d’assaut par ces derniers qui devront d’abord se déchausser avant de se jeter sur la bestiole géante. L’adulte comprendra sans peine que ce lieu lui est interdit ! La deuxième partie du musée, installée au deuxième étage, propose des expositions temporaires annuelles consacrées à un film, un studio ou un travail en particulier. Depuis 2003, les visiteurs ont ainsi pu découvrir les travaux nécessaires à la réalisation du Château dans le Ciel, ou de la série télévisée Heidi. En 2006 fut présenté Wallace et Gromit et les travaux d’animation du studio Aardman Animations. En 2007 ce fut au tour d’Azur et Asmar de Michel Ocelot d’avoir les honneurs du musée Ghibli, signe de l’ouverture sur les œuvres étrangères et des échanges passionnés qu’entretient Miyazaki avec le cinéma d’animation occidental. L’aspect commercial n’est bien sûr pas oublié, avec la traditionnelle boutique du musée. Mais elle est placée bien à part de l’ensemble, ce qui ne créé pas de sentiment négatif dans l’esprit du visiteur. Elle est divisée en deux parties : la librairie, qui propose tous les livres et art book disponibles à

la vente, et la boutique Mamma Aiuto qui propose tous les goodies, dont certains exclusifs, de la carte postale au porte-clé en passant par la peluche et le mug Totoro, ou la figurine collector Die Cast de Porco Rosso. L’extérieur du musée est également travaillé. Sur la terrasse, un imposant robot-garde, tout droit sorti de Laputa, fait office de maître des lieux. Derrière lui : les restes d’un tableau de commandes du château après sa destruction, ainsi que le cube de l’histoire. Avant de partir, passage au patio et au café du chapeau de paille s’impose. Si le premier offre une atmosphère peu dépaysante pour les européens, le second propose au visiteur de quoi se rafraîchir et se restaurer à un prix correct. A noter que les étiquettes des bouteilles de bière vendues et consommées au café ont été dessinées par Miyazaki lui-même, ce qui rend cette ultime halte d’autant plus nécessaire pour les aficionados collectionneurs. Au final que reste-t-il au visiteur ? Le sentiment que le temps est vite passé, mais aussi l’impression d’avoir vécu un moment reposant et enchanteur malgré la marmaille bruyante qui circule à travers les lieux dans un cadre où Miyazaki a su reporter dans le monde réel son univers poétique et sensible. par Cécile Dunouhaud Sites Internet http://www.ghibli-museum.jp/en/ http://www.jtb-uni.com

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Dossier

Studio Ghibli

La collection

Le studio Ghibli s’est lancé dans le merchandising dès 1990 avec divers goodies autour de Mon Voisin Totoro. Depuis, tous les films sont exploités dans diverses formes via Cominica, la marque du studio. Toutes sortes d’objets sont disponibles, du porte-clés à la figurine de luxe. En faire la liste relèverait de la gageure. Nous avons donc opté pour un bref aperçu des figurines de cette très vaste collection.

➊ IMAGE MODEL COLLECTION Il s’agit de l’une des gammes de base, appelée également Studio Ghibli Collection. Elle compte dix séries de figurines de sept centimètres composées de PVC et ABS. Films exploités dans cette gamme : • Série I & II : Le Château dans le Ciel • Série III : Kiki la Petite Sorcière • Série IV : Le Château dans le Ciel • Série V : Mon Voisin Totoro • Série VI : Le Voyage de Chihiro • Série VII : Nausicaä de la Vallée du Vent • Série VIII, IX & X : Le Château Ambulant Police Tone Image Collection Cette collection basée autour de l’univers de Princesse Mononoke compte parmi les plus luxueuses, et par conséquent les plus chères sur le marché. D’une hauteur de vingt à trente-cinq centimètres, ses six statuettes en édition limitée et numérotée sont sur un socle de bois et présentent San (dans deux modèles différents), Eboshi, Ashitaka, mais également Yakuru dans des représentations en résine d’une rare précision.

➋ Memorial Collection Cette petite collection luxueuse touche, elle aussi, au film Princesse Mononoke. Les deux statuettes montrant San et Ashitaka en pleine action sur leur monture respective sont fabriquées en PVC et en ABS. Hautes d’une trentaine de centimètres, elles s’illustrent également par leur prix très élevé.

➌ Robot Soldat

Collector parmi les collectors, cette pièce tirée du film Le Château dans le Ciel impressionne en bien des points. Fabriquée en PVC, elle est posée sur un socle de laiton et de bois, et mesure à peu près vingt-cinq centimètres.

La compil’ Kaze met à l’honneur les musiques du studio avec une version fraîchement actualisée des classiques Ghibli. De Nausicaa à Ponyo Sur la Falaise , une sélection de vingt des meilleurs titres des bandes originales des films vous permettra de replonger dans l’univers sonore facilement identifiable du studio Ghibli.

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Mouvement des yeux rouges Cominica met ici en avant un film qui n’est pas directement du Studio Ghibli. La créature présentée n’est autre que le monstre de Nausicaa. Haute de dix-huit centimètres et longue de presque trente, cette PVC, bien que particulière visuellement, compte parmi les pièces les plus prisées autour de l’univers d’Hayao Miyazaki.

➍ Premium Collection & Excellent Model Le Château Ambulant, du fait de ses nombreux véhicules et de la machine symbolisant l’affiche, n’a pas manqué d’être exploité pour des représentations de luxe au design identifiable. D’un côté, on peut retrouver Hauru, Sophie et leurs amis sur le kayak volant provenant de l’une des scènes clés du film, de l’autre, le fameux château servant de base au film. Toutes deux sont dans des matières et dimensions semblables aux autres premiums de luxe citées plus haut. Elles possèdent en commun avec leurs grandes sœurs un prix effrayant d’environ 150 euros.


Culture

Films

Cinéma

Blood The Last Vampire

Adapté de la série animée éponyme écrite par Kenji Kamiyama, le film mettra en vedette l’actrice Jun Ji-Hyun dans le rôle de Saya, une chasseuse de vampires apparemment âgée de seize ans, née des amours d’un humain et d’une femme vampire, mais qui a en réalité plus de quatre cents ans ! Tourmentée par sa double nature, Saya ère pendant des siècles jusqu’à ce qu’elle soit envoyée sur une base militaire américaine à Tokyo, ce qui lui fournit l’occasion de se rapprocher du doyen des vampires, Onigen. Mais au-delà de sa force extraordinaire et de l’épée qu’elle manie comme personne, elle va découvrir que l’amitié qu’elle développe avec la fille du général de la base militaire pourrait être la clé qui la mènerait à détruire Onigen. Le film est réalisé par Chris Nahon et le scénario signé Ronny Yu, un temps envisagé à la réalisation. Il sort le 29 mai au Japon et le 17 juin chez nous.

Un tekken filmé

Goemon se dévoile Ce film est la nouvelle réalisation de Kazuaki Kiriya après Casshern. Adaptation du manga Ganbare Goemon, il suit les périples d’un ninja à la chevelure hérissée armé d’une kiseru, Goemon, inspiré du légendaire ninja Goemon Ishikawa dans le Japon médiéval folklorique. Le rôle-titre est tenu par Yosuke Eguchi (Tsukigami, Ryûsei). Pour le reste du casting, on croise les acteurs Jun Kaname (Casshern, K-20),Takao Osawa (Aragami), Ryoko Hirosue (Wasabi), et Erika Toda (Death Note). La sortie japonaise du film est prévue le 1er mai.

A l’image des fans de Dragon Ball et de Street Fighter, les amateurs de la franchise Tekken devraient avoir de quoi grincer des dents prochainement. Une adaptation de la mythique saga du jeu de combat de Playstation est actuellement en cours de production sous la houlette de Dwight H.Little, le réalisateur d’Halloween 4. Ce long métrage vient d’un studio indépendant et reste pour le moment assez mystérieux, mais le pitch communiqué donne à l’avance des raisons de s’inquiéter : il présente l’histoire comme la quête de Jin Kazama, bien décidé à se venger de son grand-père Heihachi Mishima qui aurait commandité l’assassinat de sa mère. Alors que Jon Foo incarne le rôle-titre du film, Cary-Hiroyuki Tagawa devrait reprendre celui de l’omnipotent chef de famille Heihachi Mishima et Chiaki Kuriyama, croisée dans Kill Bill, celui de la pétillante Ling Xiaoyu.

L’adaptation Samayoi Zakura Fuji TV est sur le point de diffuser une série live adaptée du manga de Mamora Goda, Samayoi Zakura. L’histoire est celle du jeune Keiichi Aiba (interprété par Atsushi Ito) qui, comme beaucoup d’autres jeunes, passe sa vie dans les cybercafés. Il se retrouve un jour choisi pour être juré au procès d’un neet de vingt-huit ans, accusé du meurtre de trois femmes, joué par Takashi Tsukamato. Parmi les jurés du procès se trouve également une jeune étudiante en droit (rôle tenu par Rosa Kato). Le tournage a débute en avril pour une diffusion courant mai sur Fuji TV.

Drama

Rendez-vous sur Spica NHK vient de lancer la production d’une adaptation du manga de Ko Yaginuma, Twin Spica. Il avait déjà fait l’objet d’une série animée en 2003, mais c’est la première fois qu’il prend la forme d’une série en live action. Cette série de science fiction, dont l’action est placée dans un futur proche, suit un groupe de jeunes apprentis cosmonautes. Asumi Kamogawa, l’héroïne, est déchirée entre sa passion et les objections de son père, lui-même ingénieur scientifique, dont la femme (la mère d’Asumi) est décédée suite à la chute d’une roquette. Malgré tout, l’héroïne va poursuivre son rêve. JAXA, l’agence aérospatiale japonaise, a supervisé elle-même le projet, dont la diffusion hebdomadaire débute sur NHK le 11 juin.

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Culture

Cinéma

Dragon Ball Evolution Dragonball Evolution est sorti le 1er avril. Et c’est bel et bien une blague ! Le film illustre une spécialité cinématographique typiquement américaine : l’adaptation ratée de récits ancrés dans la culture asiatique. Analyse de ce poisson d’avril qui illustre l’incapacité des studios américains, prisonniers de leurs codes culturels, à retranscrire l’univers fantastique et drôle d’Akira Toriyama qui a su séduire des millions de lecteurs à travers le monde. Une adaptation live attendue

On n’échappe pas à l’histoire d’amour niaise qui ferait passer Twilight pour du Shaekspeare

Fiche Technique

Auteur : James Wong Scénariste : Ben Ramsey D’après l’oeuvre de Akira Toriyama Acteurs : Justin Chatwin, James Marsters, Jamie Chung, Emmy Rossum, Park Joon, Chow Yun-Fat, Ernie Hudson, Texas Battle, Randall Duk Kim… Producteur : Stephen Chow Producteurs exécutifs : Akira Toriyama et Tim Van Rellim Distributeur : 20th Century Fox Durée : 1h29

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À

l’origine de Dragonball Evolution, il y a un manga devenu au fil du temps une référence majeure dans le monde. Série culte d’Akira Toriyama entre 1984 et 1995, vendue à plus de deux-centcinquante millions d’exemplaires dans le monde, Dragonball conte les aventures de Son Gokû, petit garçon d’origine extraterrestre doté d’une queue de singe, à la recherche des sept boules de cristal qui, une fois réunies, permettent de faire apparaître le dragon Sheron et d’exaucer n’importe quel voeu. Le scénario de base, les multiples personnages et leurs relations complexes en évolution quasi constante, avaient forcément de quoi intéresser le cinéma un jour ou l’autre. En 1989, la 20th Century Fox acquiert les droits d’adaptation de l’œuvre. Treize ans plus tard, en pleine DragonBallZmania aux Etats-Unis, l’idée d’adaptation live est relancée. Un premier projet sous la direction de Roland Emmerich (Independance Day, Stargate) est envisagé. Finalement, le réalisateur James Wong hérite du projet. Réalisateur américain de quarante-neuf ans, originaire de Hong Kong, James Wong est connu des téléphages pour avoir écrit quelques scénarios

de la série 21 Jump Street qui a lancé la carrière de Johnny Depp et pour avoir, en 1996, reçu un Golden Globe pour son travail sur la série X-Files. Il se spécialise dès lors dans la réalisation de films fantastiques prometteurs. Comble du chic, Stephen Chow, habitué à produire des films d’arts martiaux réputés mélangeant action et humour, le rejoint, tandis qu’Akira Toriyama lui-même est nommé producteur exécutif aux côtés de Tim Van Rellim. Toutes les conditions sont dès lors réunies pour faire de l’adaptation live de Dragonball une réussite La difficulté essentielle qui se pose alors est celle du scénario qui, compte tenu de la densité de l’histoire de base, devait forcément n’en reprendre qu’une partie infime. Mais laquelle ? Ben Ramsey, chargé du scénario, choisit de se concentrer sur la première : la lutte contre Piccolo. Un bon compromis pour permettre à un public non-initié de découvrir un univers nageant entre le loufoque et le fantastique. Le casting mélange des acteurs occidentaux et asiatiques et repose sur quelques têtes connues, comme Chow Yun Fat (trente ans de carrière), recruté pour incarner Roshi/Tortue Géniale, et James Marters (Spike dans Buffy Contre les Vampires) qui joue Piccolo, le méchant de l’histoire. Le rôle-titre est confié à Justin Chatwin, acteur canadien révélé par Steven Spielberg dans La Guerre des Mondes.


Culture

Cinéma

Côté filles, du sexy : Emmy Rossum dans le rôle de Bulma, Jamie Chung dans celui de Chi Chi, Eriko Tamura devient Mai, âme damnée de Piccolo. Enfin l’idole japonaise la plus connue en Occident, Ayumi Hamazaki, est recrutée pour signer le générique de fin. Même si quelques choix pouvaient faire grincer des dents, tout semblait donc réuni pour obtenir un résultat sympathique, mais … Une ambition proche du zéro absolu Le scénario retenu est finalement le suivant : dans les Temps anciens, la Terre faillit être détruite par des forces maléfiques. Pour s’en prémunir, sept sages créèrent les boules de cristal : les Dragonballs. Décidés à prendre leur revanche, les forces du Mal sont désormais de retour en la personne de Piccolo, extraterrestre originaire de Namek. Le jeune Son Gokû découvre le jour de ses dix-huit ans que son destin est loin de celui qu’il avait imaginé. Il rencontre maître Roshi, un expert en arts martiaux, et reçoit pour mission de stopper les ambitions de Piccolo à l’aide des sept boules de cristal. Mission qu’il assurera après s’être transformé en Oozaru. Wong et Ramsey n’ont donc retenu finalement qu’une trame d’une banalité et d’une simplicité effrayantes, en écartant presque systématiquement tout ce qui faisait la saveur et l’originalité des personnages. Ainsi, Son Gokû n’est plus un enfant naïf, ignorant du monde qui l’entoure, ne sachant pas pourquoi et comment son grand-père est mort ni ce qu’est une fille, mais un lycéen américain moyen impopulaire. Son périple initiatique avec Bulma (ici reformatée en scientifique sexy ne reculant pas devant une bastonnade), sa quête des boules de cristal, ses rencontres, son initiation aux arts martiaux auprès de Tortue Géniale, et ses amitiés diverses sont passées à la trappe ou réduites à leur plus simple expression. Que dire de l’absence de Krilin et de la transformation de Chi Chi ? Obsédée par le fait d’épouser Son Gokû dans l’œuvre originale, elle devient une caricature d’adolescente égarée chez H&M dont Son Gokû tombe amoureux. Au final, on n’échappe pas à l’histoire d’amour niaise qui ferait passer Twilight pour du Shakespeare. Se détachent Roshin, qui reste le pervers que l’on connaît, Park Joon sous- employé dans le rôle de Yamcha le bad boy, et James Marsters, même si, parfois, on se surprend à le comparer à Spike. Les scènes de combats sont malheureusement très inégales, alourdies par l’abus des ralentis qui démontre par ailleurs une totale absence de maîtrise des arts martiaux de la part de l’acteur principal, ni convaincu ni convaincant, ce qui est un comble compte tenu de l’équipe du film (mention spéciale pour une séance de taï-chi qui vire à la démonstration de moulin à vents). La présence d’Akira Toriyama consolera peu les fans qui peuvent se demander comment il a pu participer à un tel projet ! Son commentaire : « La meilleure façon pour moi et tous les fans d’apprécier ce film est de le voir comme un nouveau Dragonball d’une autre dimension ». Une façon polie de signifier que le maître ne s’y reconnaît pas ? Quoiqu’il en soit, James Wong envisage de récidiver en adaptant la seconde partie de la saga, Dragonball Z. Le script est déjà avancé et certains acteurs, dont James Marsters, ont signé pour participer à ce qui doit être au final une trilogie. Pourvu que l’Armée du Ruban Rouge les arrête avant ! par Patrick Bernard

CRITIQUE DragonBall Evolution ne relève pas du grand cinéma fantastique incluant humour et baston, mais bel et bien de la série américaine fainéante du samedi soir, celle que l’on regarde d’un œil, sans exigence particulière. L’adaptation passée par le filtre et les critères américains faisait craindre le pire aux plus pessimistes… Et on l’a eu ! A mi-chemin entre Smallville et les Power Rangers, James Wong semble avoir oublié que le grand écran ne supporte pas une certaine forme de médiocrité sur un sujet où les ambitions et une certaine folie étaient incontournables, quelque soit le degré de fidélité au manga de base. On devine dès lors que le scénariste et le réalisateur n’ont passé qu’un quart d’heure pour définir leur sujet, sans en comprendre l’essence-même. Dommage…

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Culture

Musique Kokia alive ! Que les fans français de Kokia se réjouissent : la chanteuse connaît une actualité chargée ce printemps. Après une séance de dédicace à la Fnac des Champs-Elysées le 6 mars dernier, le nouvel album de la chanteuse, intitulé Balance, arrive dans les bacs le 20 mai (chez Wasabi Records). Mais ce n’est pas tout : les dates de concerts se multiplient en France, comme en Belgique. Avec en prime un concert exceptionnel le 13 juin à Paris où seulement cent-cinquante chanceux auront droit à une croisière sur la Seine pour deux heures quinze de concert, une séance de dédicace et même un coffret surprise offert. Bon voyage ! Kokia en concert les 12 et 14 juin à La Cigale (Paris), le 13 juin sur le bateau Le Patache (Paris) et le 19 juin à La Botanique (Bruxelles, Belgique).

L’Arc en Ciel Live in Paris Souvenez-vous : en mai 2008, le célèbre groupe L’Arc en Ciel se produisait devant pas moins de six mille personnes au Zénith de Paris, prouvant si besoin leur énorme succès en France. Un DVD documentaire sur le Trans Asia Tour est disponible depuis fin mars au Japon. Il visite les coulisses de la tournée, mais sans aucune image de Paris. Et pour cause ! Un double DVD, entièrement dédié à cette date parisienne, est prévu pour le 20 mai prochain. Au programme : le concert, mais aussi des vidéos inédites du groupe en balade dans la capitale et quelques images backstage. Tout ça pour une soixantaine d’euros tout de même ! Pour les plus impatients, il est possible de le précommander sur le site Laruku (www.laruku.fr).

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Esie On tour Groupe d’électro-punk à la japonaise, Esie annonce sa première tournée européenne par le biais du label J-Music Live. Alors qu’un premier maxi numérique baptisé Behind My Skin est sur i-tunes depuis le 17 avril, Esie offre son single Invasion en téléchargement légal sur son site (www.esie.jp). Ce groupe tokyoïte connu pour ses performances scéniques est mené par une chanteuse au style singulier. Vous pourrez vous en rendre compte par vous-même puisque la tournée européenne fera escale en France (dont un showcase gratuit sur la Péniche Boer). Esie en concert en avril, le 24 au Printemps de Bourges (sélection pro), le 26 à laTokyo Tendance à Glazart (Paris), le 29 à la Péniche Boer (Paris) et le 30 aux Manga Party Awards à l’Olympia (Paris).

J-Music Bourges Pour son édition 2009 (du 21 au 26 avril), le Printemps de Bourges se met à l’heure japonaise avec une programmation baptisée Made in Japan. Pas moins de onze groupes issus de la scène nipponne sont annoncés. Si tous ne sont pas très connus (y-compris au Japon), le festival est l’occasion pour eux de démontrer leur talent. Tous le styles musicaux sont ici représentés, du J-rock au ska, en passant par le métal ou encore l’électro. Les artistes et groupes programmés sont : 80Kidz, Bakirinosu, Detroit7, Dex Pistols, Dj Kentaro, Envy, Gadget, Kokusyoku Sumire, Mono, Royal Cabaret et Shinichi Osawa. Pour plus d’infos sur les dates, les lieux et les horaires : www.printemps-bourges.com (Made in Japan dans la rubrique « Programme »).

L’expérience Nisennenmondai Les concerts de groupes nippons se multiplient en ce printemps 2009 et tous les styles sont présents. Les Nisennenmondai oscillent entre free rock et noise. Vous pourrez les découvrir très prochainement puisqu’ils viennent participer à plusieurs festivals en France au mois de mai (et un en Allemagne en juin). A ne pas mettre entre toutes les oreilles ! Nisennenmondai en concert en mai, le 29 au Villette Sonique Festival (Paris), le 30 au Mix Up Festvial (Beauvais) et le 31 au Art Rock Festival (Saint-Brieuc), ainsi que le 1er juin au Moers Festival (Cologne, Allemagne).


Culture

Musique

Tour de Monoral Après avoir rencontré un certain succès en Amérique latine en 2008, le groupe Monoral arrive en Europe, avec une tournée qui passera par l’Espagne et la France. Ce duo, formé suite à une soirée MTV Japan en 1999, est composé du chanteur-guitariste Anis et du bassiste Ali. Leur premier album, In Stereo, sorti en 2001, propose un univers rock accrocheur plus ou moins inspiré par la scène british. Des paroles en anglais brillantes, sans les problèmes de lecture inhérents à ce genre de groupe, marquent plus encore l’identité de Monoral. Après avoir signé un album sur le label du groupe L’Arc en Ciel en 2005, le groupe dépend à présent de Vamprose, le label indépendant d’Hyde. Monoral en concert le 26 avril à La Salamandra (Barcelone, Espagne), le 1er mai à Secret Place (Montpellier) et le 5 mai à La Mécanique Ondulatoire (Paris).

L’arrivage Move Move, ce sont la chanteuse Yuri, le rappeur Motsu et T-Kimura au mixage. Très souvent comparée à Day After Tomorrow, cette formation affiche un C.V. déjà bien rempli. Leur premier album, le bien nommé Electrorock, sort en 1998. Fort d’un certain succès, le groupe n’en reste pas là et marque la scène musicale par ses nombreux changements de styles. En huit albums studio, Move évolue dans les registres Trance, puis rock avant d’entamer une période hip-hop. C’est finalement vers l’électro que le groupe s’installe à partir de 2006. A travers le méga Best sorti en octobre 2007 au Japon, les amateurs ont l’occasion de découvrir toutes les facettes d’un groupe qui n’a pas peur de prendre des risques. Le label Wasabi records n’est pas passé à côté et propose le fameux best of intitulé Giga Best le 20 mai prochain. A ne pas manquer !

Ayumi x10 (puissance 10) La plus célèbre des chanteuses japonaises effectue son grand retour ce printemps. Next Level est le titre de son dixième album sorti fin mars au Japon. A cette occasion, la chanteuse communique sa musique par les nouveaux vecteurs de plus en plus tendance au Japon, où l’industrie musicale n’est pas épargnée par la crise mondiale du disque. Le nouvel Ayumi s’est donc décliné en clé USB collector en parallèle à une sortie plus classique dans les bacs. Niveau CD, plusieurs supports sont disponibles dont une édition limitée composée de deux CD et d’un DVD (contenant des clips et des making of).

La sphère d’Akino Akino Arai semble bien décidée à surprendre pour son retour. Avec Sora No Sphere, la chanteuse dit vouloir proposer le point de vue de l’homme regardant vers le ciel et l’espace, qui fait partie lui-même d’autres sphères. On comprend alors mieux l’étrange pochette de cet album. Au niveau musical, l’heure est aussi à l’expérimentation : des inspirations hawaïennes, un titre chanté en français ou deux chansons d’influence tibétaine composent un véritable appel au voyage musical. Les amateurs de la chanteuse, qui auront pu l’apprécier à l’Européen les 10 et 11 avril derniers, pourront découvrir ce nouvel album dès le 29 avril.

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Musique

Dreams Come True C’était il y a vingt ans : la scène J-pop voyait débouler un groupe qui allait apporter un peu d’air frais dans le monde musical. Son nom : Dreams Come True. Depuis, ils ont régulièrement occupé les charts Japonais. A l’occasion de la sortie de leur nouvel album, Do You Dreams Come True, nous revenons sur la carrière de ces artistes hauts en couleurs. A l’origine

C’

est en 1988 que commence l’aventure Dreams Come True. Deux artistes sont à l’origine de la formation : Takahiro Nishikawa et Masato Nakamura. Ce dernier est déjà un musicien professionnel depuis une dizaine d’années lorsqu’il fait la rencontre de celle qui deviendra l’icône du groupe : Miwa Yoshida. C’est dans un petit club qu’il la remarque. Elle est considérée comme une chanteuse amatrice et pourtant, elle possède déjà une base vocale assez conséquente, lui permettant de jouer sur plusieurs octaves. Il faut dire que la jeune fille puise ses inspirations dans de grandes références du jazz comme Ella Fitzgerald ou Sarah Vaughan. Dans le même temps, ses propres compositions s’orientent vers une musique pop. Cette ouverture musicale sera d’ailleurs une des spécificités du groupe. Le trio prend tout d’abord pour nom Cha-Cha & Audrey’s Project, avant de devenir rapidement les Dreams Come True. L’année 1989 marque leurs débuts officiels, avec la sortie de leur premier single, Anata ni Aitakute, et dans le même temps, de leur premier album. Le succès est immédiat. Une première tournée est alors organisée et un deuxième album sort quelques mois à peine après le premier ! Là encore, le public répond présent. Avec plus d’un million d’exemplaires vendus, il restera dans le Top Albums pendant près de quatre ans ! Il faut dire que le groupe, bien que classé en J-pop, ne se contente pas de cette frontière catégorique un peu abstraite. Pour définir leur style, il faudrait faire sans doute le tour des différents courants musicaux existant dans le monde. Ils n’hésitent pas à glaner leurs idées dans le rock, le jazz, la bossa-nova, le hip-hop…La seule limite qu’ils s’imposent étant celle de leur inspiration. C’est ce curieux voyage proposé à leur audience qui a pu assoir leur popularité et à créer leur propre univers sonore. Projets solo et carrière internationale Tandis que leur succès va grandissant (Swinging star est ainsi le premier album Japonais à dépasser

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Musique

Bien que catalogués J-pop, les DCT touchent à tous les styles musicaux

les trois millions d’exemplaires vendus), le trio tente de nouvelles expériences enrichissantes. Ainsi Masato compose les musiques des premiers jeux Sonic de Sega dans les années 90. Comme il le déclarera lui-même, au début lorsqu’il pensait aux jeux vidéo, les sons très basiques d’un Space Invaders 1 lui venaient en mémoire. Le challenge était alors intéressant pour lui : il s’agissait de créer quelque chose d’artistique sur un support qui, à l’époque, n’amenait pas ce genre de travail. Miwa, quant à elle, sort son premier album solo, Beauty and Harmony, en 1995, ce qui lui permet de mieux creuser ses inspirations vocales. Parallèlement, le groupe dans son ensemble élargit son horizon thématique, tout d’abord avec la composition de chansons pour des films (Nuits Blanches à Seattle en 1993) ou des dramas (Ao Shite Iru to Ite Kure pour la TBS en 1995). Ils s’ouvrent aussi à un public international avec en plus de différents concerts dans des pays asiatiques, un réel intérêt pour le marché américain. Certains albums japonais ressortiront pour l’occasion réenregistrés dans la langue de Shakespeare, comme Sing or Die ou The Monster. On se rend compte alors que ces artistes sont capables de s’adapter aisément et que l’intérêt qu’ils portent depuis le début aux autres sonorités leur a été profitable. La première partie de l’histoire de Dreams Come True (ou Dorikamu, comme les nomment les afficionados du groupe) peut donc se conclure à la fin des années 90, avec un premier best of : The Soul. 2002 sera l’année des grands changements pour le groupe. Takahiro, qui était aux claviers, décide de quitter le groupe pour mener une carrière solo. Mais c’est la justice qui le rattrape pour des affaires de drogue. Cette période est marquée par la fin de contrat avec leur maison de disque. Ce qui aurait pu être un frein sera finalement une opportunité : Miwa et Masato créent leur propre label, DCT Records, qui produira leurs propres albums, mais également ceux d’autres artistes. Par la suite ils seront distribués par une grande major, mais garderont malgré le contrôle de la production. Les années

2000 marquent un essoufflement des ventes par rapport à la décennie précédente. Vingt ans de carrière En 2007, le groupe prépare son vingtième anniversaire. Ken Sueda, compagnon de Miwa, à qui l’on doit des clips pour Dreams come true, Exile ou Ayumi Hamasaki, prépare un documentaire sur le duo. Malheureusement, il décède en septembre des suites d’une tumeur. Malgré la douleur, le duo sort son nouvel album en décembre. Miwa et Masato n’en restent pas là. En 2008, ils sortent de nouveaux singles dont Tsuretette Tsuretette qui se classe en première place du Top nippon, prouvant, si nécessaire, que le groupe est toujours là et bien décidé à continuer sa route avec son public. 2009 : les Dreams Come True décident de célébrer les vingt ans de leur premier album. Les mois de mars et d’avril marquent la fin de la scolarité au Japon, et pour l’occasion, le single Goodbye My School Days prend place dans les bacs. Il s’agit d’une chanson que Miwa avait composée alors qu’elle avait fini ses études au lycée. Toujours dans un esprit éclectique, le groupe invite l’actrice Tabe Mikako et les groupes Oreskaband et Fuzzy Control à entonner leur propre version de ce nouveau titre. L’effet est saisissant, notamment dans le clip vidéo où l’ensemble s’enchaine dans des styles différents mais avec des transitions logiques qui ne choquent pas les auditeurs. Le 21 mars dernier, vingt ans jour pour jour après la sortie de leur premier opus, le groupe nous fait le cadeau d’un nouvel album accompagné d’un nouveau best of. Lancement de l’opération lors d’un concert à Osaka qui marque le début de leur nouvelle tournée. Quarante titres sont chantés en live devant plus de dix mille personnes. Miwa parait très émue et très heureuse de cette célébration. Nous aussi ! Bonne route aux DCT… Par Dimitri Desmé Note

Discographie (albums)

Dreams Come True (1989) Love Goes On (1989) Wonder 3 (1990) Million Kisses (1991) The Swinging Star (1992) Magic (1993) Delicious (1995) Love Unlimited (1996) Sing or Die (1997) The Monster (1999) The Soul - Best of (2000) Monkey Girl Odyssey (2001) Dreamage : Love Ballad Collection (2003) Dreamania : Smooth Groove Collection (2004) Love Overflows (2004) Diamond 15 (2004) The Love Rocks (2006) And I love you (2007) Do You Dreams Come True (2009)

1 : Jeu vidéo sorti en 1978 par Taito.

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Événement

Chibi Japan Expo Sud

Du 20 au 22 février 2009 se tenait à Marseille la première édition de la Chibi Japan Expo Sud. La cité Phocéenne a été choisie pour accueillir la planète manga le temps d’un week-end. Un déplacement en province suffisamment rare pour être souligné. Retour sur ces trois journées de salon.

Une organisation rodée

C’

est le Hall numéro 3 du Parc Chanot de Marseille qui recevait dès le vendredi le public venu assister en nombre à cet évènement. Loin de la démesure de la Japan Expo parisienne, ce lieu permettait d’offrir de nombreuses activités dans une configuration certes plus réduite, mais également plus humaine. Premier point positif : le choix du lieu où se situait la manifestation. Le parc Chanot, situé en centre-ville, est facile d’accès par les transports en commun et dispose d’un vaste parking pour les automobilistes. Deuxième bon point : le système de gestion de file d’attente, hérité de la Japan Expo parisienne, permettait au public d’investir les lieux sans heurts ni bousculade. Par ailleurs, tout était fait pour pouvoir accueillir les visiteurs et les guider dans les meilleures conditions (présence d’un point-info situé au cœur du hall, de nombreux agents d’accueil au service du public, plans à disposition à l’entrée), évitant ainsi à ces derniers de s’égarer. Des activités à foison

Le public a largement répondu présent, permettant aux organisateurs d’atteindre leurs objectifs

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De nombreuses activités étaient proposées au public durant les trois jours du festival. Point d’ennui à l’horizon… Outre les traditionnelles boutiques proposant des tonnes de goodies et produits dérivés, un espace était réservé aux jeunes créateurs de mode venus présentés leurs collections. Le hall proposait de nombreuses autres activités afin de contenter un public toujours de plus en plus exigeant : démonstrations d’arts martiaux, initiation aux percussions avec l’association Bamboo Orchestra, présentation de dance-dance révolution avec Azur-Games et de jeux vidéo rétro avec l’association Apoil… On retiendra également le stand d’initiation au shiatsu pratiqué par l’académie de shiatsu Iokai. En plus de ces diverses activités, la traditionnelle salle de projections diffusait en continu des animés, notamment quelques avant-premières, comme le très attendu Gurren Lagan chez Beez, ou encore

Shining tears X wind chez Kaze, en plus des récentes séries des catalogues éditeurs (Tokyo Babylon chez Black Bones, Eye -shield 21 chez Kaze…). Par ailleurs, deux salles situées l’une en face de l’autre étaient réservées aux dédicaces, conférences et diverses animations. Côté invités, le salon faisait la part belle au mangaka d’Ikkitousen, Yuji Shiozaki, mais aussi au dessinateur du manhua Chronique de Pékin, Song Yang, à la dessinatrice Aurore, ainsi qu’au chanteur du groupe Acid Flavor, Ryo Fujimura, qui débute actuellement une carrière en solo. Tout comme l’édition parisienne de la Japan Expo, et à défaut d’un amphithéâtre, une vaste scène principale était dédiée aux activités phares du salon. Ainsi, le samedi, après une très intéressante démonstration de kimonos et de danses traditionnelles, le public s’était donné rendez-vous pour assister, au concert de Ryo Fujimura qui, face à des visiteurs survoltés, proposa un show de près d’une heure dans lequel il présenta ses compositions. Cet espace vit également défiler les mannequins des jeunes créateurs du salon, mais aussi des cosplays (en groupe et en solo), ainsi que d’une sympathique démonstration de danse des Parapara-Angels. Le public a largement répondu présent à l’évènement ; l’objectif annoncé par l’organisation de vingt mille entrées sur trois jours aurait été atteint. Les visiteurs étaient essentiellement des enfants accompagnés de leurs parents le samedi et le dimanche, mais surtout des adolescents venus en masse, preuve que le public de la Japan Expo ne cesse de se rajeunir. Quelques ombres au tableau Tout ne pouvait néanmoins pas être parfait pour un galop d’essai. Il est des défauts récurrents d’une Japan Expo à une autre. Tout d’abord, la salle de projection d’animés n’était pas adaptée et son emplacement peu judicieux. Située à quelques mètres de la scène principale et à proximité du Bamboo Orchestra, le son des animés était souvent couvert par la clameur du public applaudissant le cosplay ou par les percussions de l’orchestre d’à côté. Dommage… Par ailleurs, on peut regretter le peu de promotion ou d’exclusivités proposées lors du salon, et certaines différences de prix parfois importantes pour des


Culture

Événement

produits en tous points identiques. Enfin, il est regrettable de constater que peu de gros éditeurs aient daigné faire le déplacement en province (hormis Beez, Anima et Ankama), ce qui tend à démontrer qu’ils se réservent en très grande majorité pour la version parisienne de la Japan Expo. Le public n’a pas toujours été à la hauteur de l’évènement lui non plus. Il reste en grande majorité attiré par les attractions à grand spectacle. Ainsi, si le concert de Ryo Fujimura, le karaoké géant du samedi ou le cosplay du dimanche ont drainé beaucoup de spectateurs, les conférences ou animations de la salle d’activités ont reçu un accueil beaucoup plus mitigés, et ce malgré leur intérêt. Manque de curiosité du public ? Nous avons été surpris par la patience du public, qui était prêt à endurer de très longues files d’attente afin de savourer des takoyakis ou autres spécialités japonaises proposées par les points de restauration, au lieu d’aller à la rencontre des activités offertes. Ainsi, la première moitié du hall, réservée aux stands de produits dérivés ou d’accessoires de mode, était littéralement bondée. Tandis que la seconde partie du hall, réservée aux démonstrations d’arts martiaux ou à d’autres activités, était souvent déserte. Verdict Au final, cette première salve de la Chibi Japan Expo Sud demeure dans l’ensemble positive, preuve qu’il y a également une place et un public pour de telles manifestations en province. Si les quelques défauts sus mentionnés sont résolus, cette étape marseillaise est promise à un bel avenir. D’ici là, direction la capitale : la Japan Expo prend ses quartiers d’été à Paris, du 2 au 5 juillet. Elle y fêtera son dixième impact. Par Cédric Messaoudène

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Preview

Final Fantasy : Démo & Images

Final Fantasy XIII Square Enix PlayStation 3/Xbox 360

Une démo, un site officiel, des images de jeu et des interviews : l’actu de Final Fantasy XIII est florissante. Alors que la démo arrive à peine sur le sol japonais, le producteur Yoshinori Kitase et le réalisateur Motilu Toriyama dévoilent de nombreuses informations sur le jeu. Ils rassurent d’abord les fans inquiets de l’avancement du jeu ; il est déjà développé sur plusieurs points. Yoshinori Kitase offre au passage les noms des doubleurs des quatre héros du jeu déjà présentés. Lightning se voit attribuer la voix d’Haruhi Fujioka d’Ouran High School Host Club, à savoir Maaya Sakamoto, avec le but de donner quelque chose de « cool » dans le

ton de la mystérieuse héroïne. Snow hérite quant à lui du doubleur Daisuke Ono afin d’insuffler à la fois un fort caractère et un côté fraternel au personnage. Vanille et Sazh héritent respectivement des voix de Yukari Fukui et Masashi Ebara. Trois familles de monstres devraient voir le jour : ceux issus de Pulse, ceux de Cocoon mais aussi les créatures que l’Armée du Mouvement Sacré utilise à ses propres fins. Mais que contient cette démo ? Conçue avant tout pour présenter le système de combat, elle se déroule au niveau le plus bas du monde isolé de Cocoon où les humains n’ont en principe pas l’autorisation d’aller. Au niveau du mode de jeu, Toriyama invite

à se pencher sur la jauge d’enchainement et les breaks qui décuplent l’aspect stratégique du jeu. A noter l’apparition de nouveaux personnages, présentés comme un groupement appelé Nora et dont le personnage de Snow ferait partie. Ce dernier aurait donc trois autres compagnons de route présentés comme captifs sur les premières images. « Nous n’avons intégré ici que 50% de ce qu’il y aura dans le système ATB du jeu définitif », indique Kitase. « L’histoire y est également présentée de manière très superficielle ».

En bref Toradora uniquement au Japon

Toradora ! PSP Tiré du manga du même nom, le jeu Toradora ! s’annonce comme un soft interactif à base de mini-jeux. Le petit + : le joueur pourra voir l’expression de deux héroïnes se moduler suivant l’évolution du jeu. Typiquement axé pour le marché nippon, sa sortie n’est à ce jour annoncée sur aucun autre territoire.

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Arc Rise Fantasia bientôt au Japon

Arc Rise Fantasia Wii Ce jeu de rôle exclusif à la Nintendo Wii, qui sortira sur le sol japonais en juin, jouit de solides références puisque c’est l’équipe de l’anime Eureka Seven qui en a réalisé le design. Quant à la bande-son, elle serait assurée par le compositeur à l’origine de Chrono Trigger.

Le retour du dragon

Dragon Quest IX DS Nouvel épisode de la célèbre série, cette fois sur DS, actuellement annoncé pour le Japon. L’incertitude quant à une sortie chez nous est totale. Parmi les nouvelles spécificités de cette nouvelle quête, notons une interface permettant à tout moment de faire le point sur les monstres vaincus, les quêtes terminées ou les objets acquis.

Dragon Ball Kai en images

Dragon Ball Z Kai DS Annoncé pour le 29 avril, uniquement au Japon, ce nouveau RPG de la très exploitée licence Dragon Ball est dérivé de la nouvelle série actuellement en diffusion au Japon, Dragon Ball Kai. Son action se déroulera entre la fin de Dragon Ball et l’arrivée de Vegeta sur Terre. Aucune sortie européenne n’est prévue à ce jour.

© SQUARE ENIX.,LTD. All Rights Reserved. CHARACTER DESIGN/ TETSUYA NOMURA

Jeu vidéo


Culture

Jeu vidéo

Tests

Un Castlevania manqué ? Castlevania Judgement Konami Wii

©2008 Konami Digital Entertainment

Ressortez votre attirail de chasseur de vampires ainsi que votre fouet, Castevania est de retour. Sorti le 19 mars dernier, Castlevania Judgment est le premier opus sur Wii de la célèbre série de Konami. Premier cross-over dans l’histoire de la licence, il rassemble les figures les plus emblématiques de la saga .Sont ainsi prévus une quinzaine de personnages tels Simon Belmont, ou encore le célèbre héros de Castlevania Symphony of the Night , Alucard. Contrairement aux derniers épisodes sur la DS

orientés action-RPG, cet épisode est un jeu de baston en arènes fermées. Autre surprise : le design de cet épisode est confié à Takeshi Obata, le dessinateur du manga Death Note. Le design des personnages proposés est ainsi ultra-léché, donnant un coup de jeune aux personnages de la saga. Malheureusement, le scénario est trop mince et ne sert que de prétexte pour réunir les figures mythiques sur un volet assez répétitif dans le mode de jeu, où le déblocage de personnages cachés se résume à refaire le mode Arcade inlassablement. Le Gameplay va en ce sens et bien que les armes soient jolies et bien pensées, les choix de techniques et enchainements sont aussi peu originaux que nombreux. Aucune possibilité de faire évoluer les héros et peu de bonus au programme, si ce n’est le changement de couleur de costume de deux éléments. L’annonce du jeu et la présence du célèbre dessinateur de Death Note au design laissaient rêveur. Malheureusement, le réveil est très difficile. Le jeu ne remplit pas ses promesses et ne doit son salut qu’à son un somptueux.

CRITIQUE

Resident Evil 5 : toujours +

Resident Evil 5 Capcom PlayStation 3/Xbox 360

Premier jeu de la série à sortir simultanément sur consoles next-gen (Xbox 360 et PS3) le 13 mars dernier, Resident Evil 5 fait suite à un des volets les plus réussis de la saga. Prenant place pour la première fois en Afrique, le soft permet de retrouver le héros du premier volet de la saga, Chris Redfield. Accompagné de la sculpturale Sheeva Alomar, Chris est désormais membre du B.S.A.A., une organisation internationale visant à lutter contre le développement du bio-terrorisme. La principale innovation de cet opus réside dans son système de coopération, bien pensé dans l’ensemble, qui apporte au jeu beaucoup de fraîcheur. Plus poussé que le mode de coopération initié dans Resident Evil Zéro, le système permet aux personnages de se secourir mutuellement, de franchir à deux un passage hors de portée, de s’échanger soins et munitions. La coopération sera par ailleurs fondamentale dans les assauts face au boss. Tout comme dans Resident Evil 4, les actions en quick time events sont de retour. Elles permettent de déclencher certaines actions spécifiques en appuyant

sur les touches lorsqu’elles apparaissent à l’écran, rendant le déroulement du jeu encore plus vivant. En outre, le jeu fait preuve de prouesses techniques. Graphiquement superbe, il utilise pleinement les capacités des consoles. Effets d’ombres et de lumières, couleurs, environnements, personnages et créatures sont parfaitement rendus. Côté durée de vie, il faudra compter environ une quinzaine d’heures pour le finir la première fois. De nouveaux modes de jeu et des bonus sont à débloquer une fois le jeu fini. Lors de sa sortie en 2004, Resident Evil 4 avait fait l’effet d’une véritable petite bombe .A lui seul, cet opus dépoussiérait la série débutée en 1996 en instaurant de nouvelles bases. Nouvelle jouabilité, gameplay plus orienté action, graphismes superbes, intrigue solide, et durée de vie très confortable en faisaient une nouvelle référence du genre. Cinq ans après, force est de constater que ce cinquième volet fait plus office d’un Resident Evil 4 bis et manque d’originalité face à son prédécesseur. Bien que sympathique, l’intrigue reste assez stéréotypée, bien en deçà des scenarios des

meilleurs épisodes de la saga, et ce malgré quelques moments bien trouvés. De même, la jouabilité est parfois crispante .Une fois de plus, les personnages n’ont pas la possibilité de tirer tout en bougeant. Si le système de sauvegarde automatique facilite la progression dans l’aventure, la nouvelle gestion de l’équipement est un véritable calvaire. Cette nouvelle gestion nécessite un certain temps d’ajustement. Par ailleurs, l’intelligence artificielle de Sheeva est parfois capricieuse, celle-ci hésitant à saisir certains objets, ou pire à se soigner. A contrario, l’I.A. a tendance à parfois gaspiller soins et munitions. Enfin, et c’est un comble, le jeu n’apporte que trop rarement quelques frissons. En dépit des quelques réserves évoquées ci-dessus, Resident Evil 5 demeure un très bon jeu. Malgré son impression de déjà vu et son manque d’originalité, il reste efficace, et ce grâce à la qualité de réalisation et au plaisir de jeu qu’il procure. CRITIQUE

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Jeu vidéo

par Adrien Bonnet

Flower

Sony / ThatGameCompany PlayStation Network • Environ 8 € Autant prévenir, Flower est un jeu concept. Un concept qui peut paraître simpliste, une fois expliqué en quelques mots, mais qui prend tout son sens une fois la manette Sixaxis entre les mains. Vous incarnez le vent et il vous faut diriger des pétales de fleur dans des champs qui s’étendent à perte de vue, en inclinant le pad. À chaque fois que le souffle du vent passe à côté d’une fleur, elle éclôt. Il y a différents types de fleurs à trouver pour progresser dans le jeu. A priori, rien de bien extraordinaire. Ce qui a permis à Flower de se faire vite une place parmi les titres PSN les plus remarqués, c’est qu’il propose une expérience relaxante, à part. Visuellement et techniquement, Flower est très abouti : des millions de brins d’herbe ondulent à l’écran sans ralentissements, les éclairages et le design sonore sont soignés. En outre, le jeu n’est pas dirigiste : on peut tout à fait décider de planer dans les décors pendant de longs moments sans être rappelé à l’ordre. Il est même préférable de faire des sessions courtes pour se relaxer : les six chapitres sont assez brefs, si on se borne à réaliser les différents objectifs (terminer les niveaux, trouver des fleurs cachées et débloquer les différents trophées). Pour rappel, le développeur du jeu – ThatGameCompany – a développé par le passé Flow (également disponible en ligne sur PS3) mais surtout Cloud (sur PC), qui propose une expérience écolo du même genre, cette fois-ci en manipulant les nuages.

le jeu next-gen sera mutualisé

Ken Kutaragi, l’horripilant ex-Monsieur PlayStation, l’avait annoncé : le futur du jeu vidéo est à la dématérialisation et à la mutualisation des calculs en ligne. Pour faire simple, il deviendra peut-être bientôt inutile de posséder chez soi des consoles toujours plus sophistiquées et des cartes graphiques à remplacer, pour suivre le s évolutions techniques du jeu vidéo. C’est l’idée suivie notamment par une société californienne, OnLive, qui plancherait depuis plusieurs années – avec le soutien

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de grands éditeurs de jeu vidéo tels qu’Electronic Arts, Ubisoft ou Take2 – sur un système de ce type. Le joueur abonné au service pourrait jouer directement sur un serveur distant, via sa connexion Internet. Exit les problèmes de compatibilité ou de matériel onéreux à renouveler dès lors que la connexion Internet est puissante. On peut néanmoins douter de l’efficacité d’un tel système sur les FPS qui nécessitent d’être très récactif, et sur la puissance de calcul monstrueuse, au niveau du serveur, nécessaire à un tel projet.

Un autre acteur de poids, Sony, vient de déposer la marque PS Cloud (référence au cloud gaming). S’agit-il du système évoqué par Ken Kutaragi : les calculs s’effectuant sur toutes les PlayStation connectées en réseau ? Le trou laissé par la PlayStation 3 sur les résultats financiers de Sony va peut-être pousser la firme à concevoir un matériel moins onéreux et moins en pointe, et à mettre leurs clients à contribution dans un système mutualisé au niveau mondial. Le futur service OnLive


Culture

Jeu vidéo

Wiimakes

“Nouvelle façon de jouer” Nintendo Wii • Environ 30 €

sortie de la Nintendo DSi Nintendo Environ 170 € • En blanc ou noir

Après avoir vendu cent millions de DS dans le monde (un japonais sur cinq en possède une !), Nintendo vient de lancer une troisième versions de sa console portable tactile. Côté apparence, elle reprend globalement les lignes épurées de la DS Lite. Outre l’amélioration du son et un écran un petit peu plus grand, la principale nouveauté réside dans l’ajout de deux caméra intégrées à la coque. « Au départ, l’écran tactile de la DS représentait son toucher et la prise microphone ses oreilles. J’ai entendu quelqu’un dire assez tôt dans le projet que nous devions donner des yeux à la console » (Satoru Iwata, Pdg de Nintendo) : si DSi se prononce « DS Eye », ce n’est pas un hasard. Il est donc question de prendre des photos ou des vidéos et de s’amuser à les retoucher ou les déformer. Les possesseurs de DS lésés ? Au risque de froisser les joueurs qui possèdent déjà une DS, Nintendo a décidé d’exploiter ces nouvelles fonctions dans des jeux spécialement conçus pour ce support : certaines cartouches seront réservées à la DSi, et d’autres – toujours compatibles DS – comprendront des bonus pour DSi. En outre, un service en ligne vient d’ouvrir ses portes, à l’image de ce qui existe sur Wii. Il est donc possible d’acheter des jeux dématérialisés (les DSiWare) ou de surfer sur le web grâce au navigateur intégré (une refonte du navigateur Opera, déjà disponible sur cartouche). Ces fonctions en ligne seront zonées et accessibles aux seules DSi.

Est-ce une façon pour Nintendo de remplir un agenda décidément très vide sur Wii ? Annoncés à la sortie de la console, les wiimakes (comprendre : des jeux GameCube légèrement modifiés pour être compatibles avec la télécommande Wii) font leur apparition. Pour une trentaine d’euros, vous aurez droit à une série de titres qui ont excellé par leurs ventes (Metroid Prime, Pikmin) ou ont reçu de bonnes critiques (Chibi-Robo, Donkey Kong Jungle Beat). La « nouvelle façon de jouer » annoncée s’avère être une vraie réussie pour Metroid Prime, qui gagne les contrôles très intuitifs qui ont fait le succès de Metroid Prime 3… au prix d’une difficulté nécessairement revue à la baisse. Même constat pour Pikmin, où le viseur de la télécommande Wii agit comme un curseur de souris, à l’image d’un STR PC simplifié. Mario Power Tennis se révèle, à l’inverse, assez mal calibré pour la wiimote. Déjà assez moyen sur GameCube, le remake souffre de contrôles imprécis et d’une réalisation un peu datée. Si vous n’avez pas eu la chance de toucher à ces titres souvent excellents, on ne peut que vous les conseiller. À une chose près, leur prix : vous trouverez les jeux GameCube originaux pour une dizaine d’euros en occasion. Il serait dommage de s’en priver, sur une console rétro-compatible.

Les premiers jeux Nintendo a profité de la Game Convention, qui s’est récemment tenue en Allemagne, pour dévoiler quelques titres portables. La grosse annonce, c’est un nouvel épisode de la saga Zelda, sous-titré Spirit Tracks, qui proposera les mêmes graphismes cel-shadés que Phantom Hourglass et introduira un nouveau moyen de locomotion : le train à vapeur. On ne sait pas encore si ce titre exploitera les fonctions vidéo de la DSi. En revanche, les premiers DSiWare pointent leur nez, comme le nouveau Wario Ware où on peut interagir avec la caméra (à l’image de l’Eye Toy de Sony) ou toutes sortes de puzzle game ou d’accessoires plus ou moins inutiles (calculatrices, horloges, etc…). Comme sur iPhone, que l’on présente souvent à tort comme la concurrence directe des consoles de poche, une rubrique de jeux gratuits fait également son apparition. Possesseurs de DS Tank ou DS Lite, faut-il franchir le pas ? Un point fera sans doute la différence : afin de gagner de la place, Nintendo a supprimé le port cartouche GameBoy Advance. Désormais, il faudra choisir entre des fonctions multimédia et des jeux exclusifs ou bien le retro-gaming GBA.

Titres disponibles Pikmin 1 et 2 Mario Power Tennis Également prévus Metroid Prime Chibi-Robo Donkey Kong Jungle Beat Metroid Prime 2

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Société

La rentrée des classes Chez les jeunes français, le printemps signifie le retour de la douceur climatique, mais aussi l’arrivée des nombreux jours fériés, la préparation d’examens et, pour les plus impatients, les grandes vacances imminentes. Il en est autrement pour la jeunesse japonaise pour qui le printemps est un moment-clé de l’année, en l’occurrence celui de la rentrée scolaire après les vacances hivernales. Gros plan sur une différence culturelle notable entre les deux pays. Système Scolaire

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ul n’ignore l’importance de l’école dans le monde occidental et plus encore dans notre pays où notre système éducatif se veut aussi solide que riche en références historiques. Beaucoup ignorent que le Japon accorde depuis plusieurs siècles une place prépondérante à l’éducation. Dès l’époque d’Edo, le pays compte des milliers d’école, baptisées terakoya, dans lesquelles les enfants du quatorzième siècle se voient prodigués un enseignement à l’écriture et à la lecture par des moines bouddhistes. Avec le temps, l’évolution de la société japonaise n’a fait qu’appuyer sa volonté d’apporter une éducation solide à ses enfants. Les premières lois relatives à l’école ne tardent pas ; la réforme la plus importante, tenant de l’obligation d’un enseignement en primaire, date de 1872. Il est intéressant d’observer que l’école japonaise est très vite soumise à de nombreuses lois touchant aussi bien les manuels scolaires que l’organisation des écoles, vacances comprises. Cela a pour effet de donner un monde éducatif fortement centralisé, où l’établissement perd en autonomie face à la mairie ou encore à la préfecture, et encore plus face à un ministère de l’éducation nationale important, appelé monbushô. Le Japon arrive ainsi, comme la France, au cinquième rang mondial du taux de scolarisation et au premier du taux d’alphabétisation avec le chiffre parfait de 100%. Un cheminement singulier C’est après trois semaines de vacances que les écoliers nippons effectuent leur rentrée, au début de mois d’avril. Elle est rapidement suivie par celle des autres secteurs de la société pour qui le mois d’avril constitue le changement d’année fiscale. Cela concerne aussi « l’industrie » du manga qui connaît de nombreuses sorties ou annonces de

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Culture

Société

Vie scolaire

…Jours de fêtes…

sorties au printemps. Les nouveaux arrivants en primaire ont souvent droit à une cérémonie de rentrée organisée par leur école, en présence des familles. C’est alors que débute une année scolaire construite de manière totalement différente de la nôtre, tant dans les horaires de cours que dans l’organisation des vacances. Les japonais bénéficient par exemple d’un volume horaire plus souple que les français. Pour un lycéen d’établissement public classique, une journée d’école commence à 8h30, avec quatre cours dans la matinée, une pause déjeuner d’une demi-heure à une heure, suivie de deux ou trois cours. La journée se termine donc aux alentours de 15h30. La première semaine de vacances arrive après seulement un mois de cours à l’occasion de la célèbre Golden Week, semaine de fête nationale au Japon. L’été qui arrive rapidement marque comme pour nous une longue période de vacances sur le mois d’août, même si une majorité d’établissements restent ouverts et proposent de nombreuses activités sportives d’été à leurs inscrits. Les jeunes japonais doivent ensuite s’armer de patience et attendre les fêtes de fin d’année pour avoir de courtes vacances d’hiver. De nombreuses fêtes et jours fériés viennent cependant alléger le tout.

Il est impossible de parler de la rentrée japonaise sans évoquer la multitude de fêtes locales ou nationales qui l’accompagnent. Jeunes et adultes nippons célèbrent le printemps de diverses manières, entre la cérémonie de rentrée des écoles et des entreprises jusqu’à la semaine de fête de la Golden Week. Le point d’orgue de la période s’appelle Hanami, ou la fête des cerisiers en fleur. Cette célébration du printemps est une véritable bulle d’air pour les nippons et le moyen d’échapper quelques instants à la constante oppression sociale. En cette occasion, on pique-nique, on rit, et bien sûr la bière et le saké coulent à flots. Les employés peuvent même, exceptionnellement, se permettre de s’adresser à leur supérieur hiérarchique sans utiliser les précautionneuses formules de politesse. Il existe un hanami des abricotiers, répondant au même principe, bien que moins populaire. Cette alternative est appréciée par un public plus âgé cherchant autre chose qu’un prétexte à la débauche. Cette fête, dont la base est de célébrer la floraison des cerisiers, est par conséquent dépendante de celle-ci et des aléas climatiques. De ce fait, il n’y a pas de date établie dans le pays pour la célébrer.

Jours de joie…

…Et jours d’angoisse

Malgré un relatif traditionalisme et une dureté réputée de l’enseignement, il est établi que la majorité des jeunes japonais aiment la rentrée scolaire. Et pour cause : l’école et l’université correspondent à un moment où la vie sociale est des plus trépidantes. Dans un système éducatif où tout est basé sur l aspect collectif, les activités extra-scolaires n’existent quasiment pas. En lieu et place se trouvent des clubs qui proposent des activités en tous genres aux élèves après les cours. Et certains établissements rivalisent d’originalité dans les secteurs proposés : derrière les classiques que sont le sport et les matières artistiques se trouvent des activités tantôt traditionnelles telles que la cuisine ou la mécanique, mais aussi des plus originales, comme l’astronomie (dispensée aux plus âgés). Ces clubs sont très prisés des élèves et constituent une culture du collectif sans équivalent chez nous. Si bien que le recrutement des clubs des lycées et universités est un véritable évènement attendu par la jeunesse.

Derrière cette abondance de gaité se cache cependant un revers appelé gogatsu-byô, ou le mal du mois de mai. Cette forme de dépression qui touche tous les âges est un révélateur de la pression sociale que constitue réellement cette rentrée. Elle débute généralement quelques semaines après les différentes rentrées des écoles, lycées, universités et entreprises. Définie comme une dépression réactionnelle, elle provoque une dépersonnalisation passagère ou des bouffées délirantes à ceux qui la subissent. Les étrangers et les personnes possédant un décalage d’intellect ou de sensibilité sont les premières victimes de ce mal, expliqué généralement par le stress provoqué par une entrée ou un retour dans le monde du travail. Car derrière l’aspect festif de la rentrée se cache avant tout des moyens de décompression avant de retrouver un rythme de travail scolaire ou d’entreprise des plus soutenus où l’exclusion reste la pire crainte de nombre d’habitants de l’archipel, par Romain Huck quel que soit leur âge.

Six ans d’école primaire, trois ans de collège et de lycée, puis quatre ans d’université : le déroulement scolaire du jeune japonais est à l’opposé de celui du jeune français. Dans la même optique, la dénomination des classes est inversée, et l’on passe de la première année à la deuxième, et ainsi de suite. La scolarité est obligatoire jusqu’à l’âge de quinze ans, soit jusqu’en dernière année de collège. Avant d’entrer en primaire, les enfants de moins de trois ans fréquentent des crèches ou des jardins d’enfants et sont amenés à vivre en communauté dès ce moment. Ils acquièrent ainsi le plus tôt possible des valeurs qui leur permettront de s’intégrer dans la société. L’enseignement en primaire est le plus long. La dernière année de primaire au Japon correspond à notre classe de sixième. À la fin de ce cycle, il est demandé aux écoliers de maîtriser plusieurs matières, telles que les mathématiques, les sciences, et le japonais, et de connaître environ 1.250 kanji (les caractères japonais). L’entrée au collège se fait sans formalité particulière. A la fin de la troisième année, une attestation d’études est délivrée aux élèves. Elle ne donne pas forcément un libre accès aux établissements supérieurs, souvent privés, contrairement à ceux qui relèvent de la scolarité obligatoire. C’est par examen d’entrée que les élèves passent au lycée. Celui-ci conduit au premier cycle universitaire jusqu’à l’obtention de la licence qui est sanctionnée par la rédaction d’un mémoire. Ainsi, dès leur plus jeune âge, les enfants apprennent à fournir une grande charge de travail et ce cycle de vie des japonais se résume à une succession de concours. On dénombre aussi des établissements spéciaux, également privés, où l’examen n’est pas et utile et qui regroupent tous les cycles scolaires, de la maternelle à l’Université. Ce type d’établissement est extrêmement cher et réservé à une élite sociale.

La majorité des jeunes japonais aiment la rentrée scolaire

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Collection

Previews Medicom Evangelion 2.0 You Can (Not) Advance

Shinji Ikari RAH n°449 Prévue en août 2009 Prix annoncé : 17 640 (138 euros) La sortie sur les écrans japonais du deuxième film d’Evangelion est l’occasion pour Medicom de présenter l’une des très bonnes surprises de l’année 2009. La firme, décidément friande de personnages cultes, s’atèle ici à la réalisation de Shinji Ikari. Héros masculin de la saga, il a toujours été effacé par ses comparses féminines et ne connaît que peu de représentations dignes de ce nom. A l’image d’un Lelouch Lamperouge de Code Geass, Shinji bénéficie ici d’un skinny body. Seul petit reproche : le manque d’accessoires pour une figurine de luxe.

SOTA Street Fighter

Ken Prévue en septembre 2009 Prix annoncé : 19000 yens (155 euros) Street Fighter IV est l’occasion de sortir une nouvelle vague des figurines des héros de la série. Ici, la marque SOTA se munit d’une représentation des plus luxueuses de Ken, rival mythique de Ryu dans cette saga. Haute de 30cm et fournie avec un socle et un fond enflammé, la PVC jouit d’un très bon rendu global. Le point noir reste un prix trop élevé malgré le bon niveau général. Reste une figurine à surveiller de près pour les fans de combats de rue.

Wave Lucky Star

Kagami & Tsukasa PVC 1/12 e Prévue en août 2009 Prix annoncé : 3675 yens la pièce (29 euros) Nombreuses sont les représentations des deux héroïnes dans leur tenue d’écolière. Pourtant, Wave vient aussi tenter ses adaptations PVC de Lucky Star dans un format assez petit de 13cm. Si elles ne brillent pas par leur grande originalité, l’on pourra louer la qualité de réalisation pour une figurine de petite taille.

Medicos One Piece

Monkey D.Luffy & Portgas D.Ace The Grand Line Men Volume 1 Prévue en août 2009 Prix annoncé : 1450 yens la pièce (12 euros) Vous êtes fans de One Piece et vous rêvez d’une belle collection mais les Portrait Of Pirates sont trop onéreux pour vous ? La marque Medicos a pensé à vous et offre ici une nouvelle collection appelée The Grand Line Men. Ces nouvelles figurines, hautes de 15cm et soigneusement réalisées, offrent une alternative de choix à un prix dérisoire. Luffy et son frère inaugurent cette nouvelle gamme qui pourrait bien faire recette.

Good Smile Company Vocaloid

Black Rock Shooter PVC 1/8e Prévue en août 2009 Prix annoncé : 9800 yens (77 euros) Qui est ce mystérieux personnage du nom de Black Rock Shooter ? Cette jeune fille au look androgyne et Goth est simplement la figure de proue d’un des clips de Vocaloid créé avec Hatsune Miku. Annoncée en grande pompe par Good Smile Company, cette statue en PVC pourrait compter parmi le gros succès de l’été. En attendant, vous pourrez l’admirer sous toutes les coutures, photos ou vidéo, sur le site de l’éditeur qui offre une page entièrement dédiée à cette nouvelle venue.

Medicom Cobra The Space Pirate

Cobra Earlier Version RAH n°456 Prévue en avril 2009 Prix annoncé : 18 690 (146 euros) L’anniversaire de Cobra ne semble pas prêt de s’arrêter, et Medicom propose ici encore une initiative des plus originales : Cobra jeune. Les premières images, prometteuses, laissent entrevoir un résultat surprenant, avec au passage le même bras détachable que sa version plus âgée. Un beau et rare cadeau de Noël (oui, oui, déjà) pour les fans du pirate de l’espace.

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Collection

Actu Japon Max Factory Lucky Star

Kagami Cosplay Miku Hatsune Figma n°35 Prévue en avril 2009 Prix annoncé : 2500 yens (20 euros) Après la version figma classique de l’égérie de Vocaloid, en voici une nouvelle, et avec elle, une légère confusion. En effet, ce personnage n’est pas réellement Miku Hatsune, mais Kagami, l’une des héroïnes de Lucky Star cosplayée pour l’occasion en l’idole du logiciel musical Vocaloid. Qu’apporte-t-elle de plus ? Différentes expressions, et des têtes interchangeables avec celles de la figma classique de Kagami, à savoir la n°13, sortie il y a quelques mois. Très finement réalisée, elle demeure un indispensable pour les amateurs de la série Lucky Star.

CM’s Corp Magical Lyrical Nanoha Strikers

Fate T Harlaown Gutto Kuru Figure Collection Prévue en avril 2009 Prix annoncé : 11 340 yens (88 euros) Fate T.Harlaown est la quatrième Magical Girl exploitée par CM’s Corp. dans sa gamme Gutto Kuru Figure Collection. Haute de 21cm, elle bénéficie d’un jeu de deux visages et est fournie avec un socle et trois formats d’épée différents. Un large choix de poses et d’expressions s’offre à son acquéreur. Son prix élevé est justifié par un compromis réussi entre action et esthétisme.

Max Factory Suzumiya Harui no Yuutsu

Harui Suzumiya Summer Clothes Version Figman°34 Prévue en avril 2009 Prix annoncé : 2500 yens (20 euros) Harui est la Martine des temps modernes : en pom-pom girl, en bunny ou en chanteuse, l’héroïne en vogue vit des aventures extraordinaires. C’est en version estivale que nous la découvrons ici. Cheveux attachés ou détachés, appareil photo, brassard et insigne de chef de brigade vous permettront de découvrir qu’Harui n’a toujours pas épuisé ses ressources. A l’instar de Makina, les premiers exemplaires seront fournis avec un sac collector dans trois coloris disponibles.

Clayz Lucky Star

Max Factory Shikabane Hime

Makina Hohimura Figma n°28 Prévue en avril 2009 Prix annoncé : 2500 yens (20 euros) Une nouvelle série vient rejoindre la collection de figma. Shikabane Hime suit le combat de Makina Hoshimura, jeune lycéenne morte vivante qui, pour espérer aller dans l’au-delà, doit abattre cent-huit zombies, semant la terreur dans sa ville. Son héroïne se voit ici présentée à la perfection, à l’aide d’un jeu d’expressions et d’accessoires bien pensés. Grâce au sculpteur Masaki Asai, Max Factory offre avec Makina une des réalisations les plus léchées de sa collection, de par les effets de mouvements et d’action. Armes à feu classiques et mode de tir sont fournis, et les premiers acheteurs auront en bonus un sac d’école, dans l’un des trois coloris proposés.

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Megahouse One Piece

Mihawk & Aokiji Portrait Of Pirates Prévue en mai 2009 Prix annoncé : 5700 yens la pièce (46 euros) Après avoir dérouté en sortant le sympathique mais dispensable Carew, les concepteurs de Megahouse décident de surprendre à nouveau en s’attaquant aux mythiques capitaines corsaires de One Piece. Et non des moindres : Mihawk est l’un des premiers Shishibukai croisés par Luffy et sa bande. Meilleur épéiste du monde des pirates, il est pourvu d’une lame en forme de croix du nom de Kokutou Yoru, transposée ici avec une extrême finesse. Ce n’est que beaucoup plus tard que l’on croise Aokiji, personnage impressionnant tant par sa grande taille que par sa capacité de se changer en glace. L’on sait déjà que ce premier détail respecté en fait la plus grande PVC de la collection, culminant à 27cm. A ne surtout pas manquer !

Hiragi Tsukasa & Takara Miyuki PVC échelle 1/8e Prévue en mai 2009 Prix annoncé : 6000 yens la pièce (47 euros) Clayz continue ici sa collection autour de la série Lucky Star. Très exploitées en figurines par la majorité des marques en vogue, on se demande ce que ces nouvelles PVC vont apporter. Et malgré une réussite incontestable au niveau sculpture, rien d’extraordinaire n’est à signaler, d’autant que le prix reste relativement élevé.


Collection

Actu Japon

Medicos Dragon Ball Z

Son Goku Medicos Chouzou Art Collection Prévue en mai 2009 Prix annoncé : 8400 yens (72 euros) Les figurines, gashapons, et tout autre format sont légion pour la mythique série Dragon Ball Z. Pourtant, il reste extrêmement difficile de trouver des représentations originales et finement réalisées de ses héros. Medicos, à travers sa gamme Chouzou Art Collection, relève ici le défi et semble réussir un joli tour de force avec cette PVC de Son Goku. Haute de 23cm, elle offre une image des plus réussies du héros mythique dans sa transformation en Super Saiyen.

Griffon Queen’s Blade

Nanael AngelOf Light PVC 1/7e Prévue en mai 2009 Prix annoncé : 7800 yens (60 euros) Les jolies filles de Queen’s Blade ont le vent en poupe cette année. Cela n’a pas échappé à Griffon qui sort une nouvelle version de Nanael. A l’image de ses collègues Melona et Ekidna, l’ange de la lumière est cast-off, et donc à réserver à un public de voyeurs avertis. Reste une jolie représentation du personnage et une expression bien retranscrite, le tout sculpté par Hiroman.

Lilics Art Storm XXX-Holic

Alter Bamboo Blade

Good Smile Company Shining Wind

Good Smile Company Kannagi

Kawazoe Tamaki PVC 1/8 e Prévue en mai 2009 Prix annoncé : 5800 yens (44 euros) La majorité des figurines de cette série, simple mais efficace, tournant autour du kendo, mettent en avant la jeune Kawazoe Tamaki. Cette jeune fille frêle à l’air timide s’avère être un prodige du kendo. C’est en toute logique que nous la retrouvons avec son arme dans ce qui est probablement sa représentation la plus réussie. Petite (seulement 10cm), cette PVC est cependant très détaillée et joliment réalisée. Elle est accompagnée d’une version plus ou moins SD d’elle-même haute de 6cm.

Kureha Nendoroid n°63 Prévue en mai 2009 Prix annoncé : 3500 yens (28 euros) Une fois n’est pas coutume, un jeu vidéo est mis à l’honneur par les Nendoroid. Ce (déjà) soixantetroisième Nendoroid est en effet tiré du jeu de Sega Shining Wind. Kureha est ici présentée avec son arc, ses flèches, mais aussi avec un sabre, offrant la possibilité de reproduire l’un des moments forts de ce jeu.

Maru & Moro PVC 1/8 e Prévue en mai 2009 Prix annoncé : 6800 yens (53 euros) Bien que populaire, la série culte de Clamp n’est que peu exploitée en figurine. Difficile donc d’ignorer la sortie d’une nouvelle représentation de ses personnages. Lilics Art Storm s’offre ici une sculpture de Maru et Moro, haute de 12cm et posée sur un socle luxueux. Les deux mystérieuses filles vivant dans le magasin de Yuuko se présentent dans une position ambiguë, mais sans vulgarité aucune. A ne pas manquer.

Nagi Nendoroid n°64 Prévue en mai 2009 Prix annoncé : 3500 yens (28 euros) Kannagi compte parmi les séries ayant marqué l’automne 2008 au Japon. Les histoires de Jin Mikuriya, étudiant en art, et de Nagi, divinité ayant pris vie au travers d’une des sculptures du jeune artiste, ont rencontré un joli succès, et se voient donc logiquement exploités en figurines. En particulier le personnage de Nagi, qui n’échappe pas à une transcription au format Nendoroid. Au menu : baguette magique, micro et expression de surprise.

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Collection

Actu Japon

Clayz Kannagi

Nagi PVC échelle 1/8 e Prévue en juin 2009 Prix annoncé : 7000 yens la pièce (55 euros) Un mois après une sortie en Nendoroid, c’est dans un format plus classique mais non moins réussi que nous retrouvons la sympathique Nagi. Cette fois, c’est une grande PVC pour laquelle le personnage prend la pose sur un socle rocheux. Dynamique et expressive, cette représentation de la déesse avec son sceptre est convaincante.

Good Smile Company Sora Wo Kakeru Shoujo

Imoko Shishidou Meidoroid Nendoroid n°65 Prévue en juin 2009 Prix annoncé : 3500 yens (28 euros) Imoko compte parmi les personnages phares de la nouvelle série de Sunrise appelée Sora Wo Kakeru Shoujo. Ce petit robot, qui ressent tout comme les humains, peut se connecter et contrôler tout élément électronique à sa portée. C’est avec sa version maid, forme robotique utilisée pour servir la famille Akiha, que nous retrouvons le petit robot. Lui-même disponible en accessoire de la figurine, il est représenté en format non SD et peut se placer à l’intérieur de la tête de la maid, comme dans la série.

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Bandai Soul Of Chogokin

Mazinger Z GX-45 Prévue en juin 2009 Prix annoncé : 6800 yens (53 euros) Incontournable chez les collectionneurs de robots, Soul Of Chogokin est une gamme entamée en 1998 qui rend hommage aux robots mythiques créés par Gô Nagai. C’est avec un énième Mazinger Z que s’ouvre le cru 2009. Bien que très peu original, l’un des deux robots les plus célèbres de Gô Nagai reste néanmoins aussi joli que fonctionnel, et saura séduire l’amateur de robots à l’occasion de la nouvelle série animée à venir au Japon.

Kotobukiya Gurenn Lagann

Yoko Crimson Chapter PVC 1/6 e Prévue en juin 2009 Prix annoncé : 9000 yens (77 euros) Yoko, l’héroïne sexy de Gurenn Lagann, connaît depuis la rentrée dernière une vague de représentations diverses et variées. Personnage parmi les plus collectionnés du moment, elle se voit ici représentée avec la taupe Buta à l’occasion de la sortie du film Gurenn Lagann. Il faut noter l’excellente qualité de réalisation de cette PVC qui offre deux visages et une arme rétractable en accessoires. Le travail du sculpteur Tsukuru Shihige dans la sculpture du personnage donne l’un des rendus les plus convaincants et expressifs de Yoko. Seul le prix relativement élevé vient entacher ce sans-faute.

Bandai Soul Of Chogokin

Dygenguar & Aussenseiter GX-46 Prévue en juin 2009 Prix annoncé : 28000 yens (223 euros

Il vous faudra de solides économies pour obtenir ces robots de Super Robot Taisen OG. Jamais une représentation de la gamme Soul Of Chogokin n’avait connu un tel prix, mais force est de constater la réussite de ce nouveau produit. L’occasion de faire réaliser aux deux premiers Dynamic General Guardians de la série le Tatsumaki Zankantô, avec transformation en étalon de l’Aubenseiter pour permettre à Dygenguar de traverser le champ de bataille et venir à bout de sa cible. Transformables à souhait, il s’agit de petits joyaux de dynamisme et offrent un très large choix de poses..

Square Enix Final Fantasy VII

Cloud Strife Static Arts Prévue en juin 2009 Prix annoncé : 15 540 yens (125 euros) Après l’ouverture de cette nouvelle série de statues PVC par Sephiroth, il était plus que logique de voir Cloud lui emboîter le pas. Haut de près de 34cm, ce nouveau Static Art propose un diorama à la hauteur de ce que l’on connaît de Square Enix en la matière. S’il n’y a aucun souci à se faire quant aux finitions et au rendu général de ce nouveau Cloud, on pourra reprocher un prix trop élevé et un léger manque d’originalité pour ce personnage incontournable de la saga Final Fantasy.


Collection

Actu France Kaiyodo

La Mélancolie d’Harui Suzumiya

Harui Bunny

Mikuru Adventure

Revoltech Fraulein School Festival Series 001, 002 & 003 Prévue le 9 avril 2009 Prix annoncé : 29,90 euros la pièce La bande à Harui est présente sur tous les plans. Ici, les trois amies ouvrent chez Revoltech une nouvelle gamme de Fraulein. Dans des tenues toujours plus originales, ces nouvelles figurines articulées proposent un nombre d’accessoires conséquents pour coller au style recherché ou offrir plusieurs styles de mise en valeur. Finement réalisées, expressives et stylées, elles comptent parmi les plus intéressantes Revoltech de l’année 2009. Yuki Witch

Kaiyodo Hokuto No Ken

Rei White Hair Revoltech Ken 009 Prévue le 9 avril 2009 Prix annoncé : 29,90 euros la pièce Après des débuts prometteurs, la gamme autour du mythique Hokuto No Ken commence à patiner en ce printemps 2009. Les personnages principaux étant déjà sortis, Revoltech s’est intéressé à des éléments secondaires et se penche désormais sur des recolorations de figurines. Rei est ainsi le premier de la collection à connaître un doublon ne différent que par sa couleur de cheveux. Gare à l’overdose !

Good Smile Company Demonbane

Al Azif Nendoroid n°29 Prévue le 9 mai 2009 Prix annoncé : 29,95 euros la pièce Tout en suivant de près les actualités japonaises des Nendoroid, Abysse Corp. n’oublie pas les anciens modèles. Sortie en février 2008 au Japon, l’héroïne de Demonbane arrive sur le territoire français ce printemps. Une réalisation fine et originale, pour ne pas changer, contenant un jeu de deux têtes ainsi que quelques bonus sympathiques tels que les oreilles de chat.

Cospa Little Busters

Triad Toys Samurai Champloo

Jin Prévue le 9 avril 2009 Prix annoncé : 99,95 euros la pièce En premier lieu annoncé avec son collègue Mûgen, c’est finalement en avril que parait Jin en France. Figurine articulée de luxe de 30cm, elle brille entre autres par ses trente-cinq points d’articulation qui offrent un choix de poses des plus variées. Yeux amovibles, katana, dagues et bijoux tous réalisés en métal viennent enrichir un programme des plus prometteurs en la matière. Triad Toys nous offre ainsi une série de figurines de luxe n’ayant pas à rougir face à une Medicom.

Rin Natsume PVC 1/6e Prévue le 9 avril 2009 Prix annoncé : 79,90 euros Le sixième jeu de Key, Little Busters, est à l’origine un visual novel sorti en juillet 2007. Fort d’un certain succès, la série connaît l’adaptation de plusieurs de ses personnages en figurines et PVC. Ici, le personnage de Rin est proposé, avec son chat, dans sa tenue d’écolière. Sculptée par Hiroshi, elle mesure 20cm.

Square Enix Star Ocean

Edge Maverick & Reimi Saionji Play Arts Prévue le 9 mai 2009 Prix annoncé : 24,90 euros la pièce Les Play Arts font une infidélité à Final Fantasy et autres Kingdom Hearts à l’occasion de la sortie prochaine du jeu vidéo Star Ocean The Last Hope sur X-Box 360. Les héros de ce nouveau volet de la saga de RPG Star Ocean sont ici mis à l’honneur dans une retranscription fine où les choix des matières font une fois encore la différence. Les deux figurines seront accompagnées de leurs armes respectives.

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Collection

Zoom

De Final Fantasy VIII à Final Fantasy XII

Seconde partie de notre article sur les Play Arts. Pour rappel : cette gamme s’articule avant tout autour de l’une des sagas cultes du RPG : Final Fantasy. À partir du septième volet (que nous traitions dans le précédent numéro), quasiment tous les épisodes ont bénéficié de reproductions dans ladite collection. Un chemin vers la réussite ponctué de menues erreurs pour la série de figurines la plus complète autour de ce RPG culte. Dans l’attente des Plays Arts autour du treizième volet, voici la suite des épisodes exploités par Square Enix. Final Fantasy X-II

C’

est avec la sortie de la première suite directe d’un Final Fantasy qu’apparaît la première série de Play Arts. Dès 2004, Yuna, Paine et Riku, les drôles de dames du très controversé Final Fantasy X-II, arrivent sur le marché japonais sous la forme de figurines articulées qui rencontrent un succès immédiat. La valeur ajoutée de ces premières sorties se situe au niveau du rendu de leurs tenues, aussi légères que complexes ; chaque détail de voilure reste soigné par les concepteurs de Square Enix. Quelques erreurs de jeunesse, tels que des visages moins bien finis et un léger manque d’accessoires, n’empêchent pas cette première série d’être une jolie réussite. A noter que ces pièces sont aujourd’hui difficiles à trouver. Final Fantasy VIII C’est le 30 avril 2006 qu’apparaissent trois intervenants de Final Fantasy VIII, le deuxième plus gros succès de la firme derrière le septième épisode. Sont mis à l’honneur les deux héros de ce volet, Squall Leonheart et Linoa Heartilly, accompagnés de la pimpante Selphie Tilmitt. Si la réalisation du héros taciturne est pour le moins bluffante, avec un choix de matières bien pensé, une gunblade bien réalisée et un visage expressif, les filles qui l’accompagnent déçoivent un peu – visages peu ressemblants, absence totale d’accessoires pour Linoa. Une série qui laisse donc un léger goût d’inachevé. Retenons cependant un aspect général plus réaliste qu’à l’accoutumée, les personnages du jeu offrant un aspect plus actuel que réellement intemporel.

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Final Fantasy X Suivant de près la série précédente, les intervenants du dixième volet foulent le sol japonais le 30 juin 2006. Les finitions générales sont bien meilleures. Une nouvelle étape est franchie quant aux détails et expressions des figurines. Les inévitables Tidus et Yuna sont ici accompagnés d’une excellente surprise : Auron. Toutes trois présentent un sans faute, tant le rendu général est ressemblant, avec, pour chacun, la présence d’accessoires finement travaillés. Le seul petit défaut notable reste leurs proportions, légèrement plus menues et dépareillant quelque peu avec les autres séries sorties. Cette série est jusqu’alors la plus colorée, grâce à des tenues et des armes remarquables dans cette collection qui joue habituellement avant tout sur des tons sombres.

FINAL FANTASY XIII ? Dévoilée au Comic-Con de San Diego en fin d’été 2008, deux des nouvelles Play Arts issues du très attendu treizième épisode se dévoilent peu à peu au fil des salons. Lightning, héroïne supposée de ce volet, apparait en toute logique comme fer de lance de cette série. Elle est accompagnée d’un élément surprenant : la chimère Shiva, transformée en véhicule motorisé, comme sur les premières images de jeu dévoilées il y a plus d’un an. Un pas de plus dans les progrès techniques de Square Enix. On peut donc en toute logique s’attendre à de belles surprises et à la présence probable de Snow et Vanille dans cette nouvelle ligne. A suivre…


Collection

Zoom

Final Fantasy XII Un nouveau volet qui sort est synonyme d’une nouvelle collection de Play Arts. Arrivés sur le sol japonais le 28 février 2007, cette série de quatre figurines détonne. Tous accessoirisés, Vaan, Ashe, Balflear et Gabranth viennent compléter la grande famille et apporter une originalité à travers leur style moins futuriste. L’on retient particulièrement la réalisation de Gabranth, armure mystérieuse, tranchant complètement avec le visuel habituel d’un héros de Final Fantasy. Au chapitre des petites déceptions, l’on remarquera malgré tout des visages un peu grossiers pour Vaan et Ashe, qui déçoivent au vu des réussites précédentes à ce niveau. Final Fantasy IX Beaucoup l’auront attendu, nombre de collectionneurs n’y croyaient plus, y allant même de leur pétition. Et pourtant… Les héros de Final Fantasy IX bénéficieront dès cette année de leur série en Play Arts. La gamme ayant avant tout exploité des personnages de Final Fantasy adultes aux traits réalistes, il y a de quoi attendre avec une impatience certaine l’arrivée de Djidane Tribal, Grenat et Bibi dans cette collection. Si l’on ne connaît pour l’instant que les prototypes de ces figurines à venir, nous pouvons y voir, outre les promesses de fines réalisations, que toutes seront accessoirisées de leur arme du jeu. Leur commercialisation est prévue pour le quatrième trimestre 2009. par Romain Huck

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Collection

Gamme

Excellent Model

Parmi les gammes les plus fournies du moment, Megahouse se fait une place de choix avec ses Excellent Model. Riches en accessoires, grandes et d’une réalisation souvent proche de l’excellence, elles se singularisent par un rendu élancé qui sublime les personnages d’origine. C’est aussi par une liste de licences aussi variées que connues que la firme nippone tire son épingle du jeu : de Saint Seiya à Bleach, en passant par Gundam, Sailor Moon ou Street Fighter, il est difficile d’échapper aux Excellent Model. par Romain Huck

Partie 1 : Les Classiques Les Excellent Model existent depuis presque six ans. Constituées de PVC et d’ABS, ces statuettes à l’échelle 1/7e (hautes d’une vingtaine de centimètres) jouent principalement la carte de l’esthétisme et portent bien leur nom. L’équipe de Megahouse a en effet opté pour des finitions d’une rare finesse, des bonus et choix de tête toujours intelligents, sans oublier une posture mettant en valeur au mieux le personnage exploité. La gamme surfe sur des animés, mangas et jeux vidéo en tous genres. Des choix souvent risqués et originaux donc fatalement quelques ratés et des lignes parfois décevantes. Mais la majeure partie de la gamme est faite de très belles pièces qui feront rêver les amateurs.

Collection Sailor Moon

Les filles qui ne se laissent pas faire ouvrent le bal des Excellent Model chez Megahouse. Déjà exploitées par Bandai sous le même nom de gamme en 1996, les sailor s’offrent ici une nouvelle jeunesse et les cinq guerrières d’origine connaissent ici une de leurs transpositions les plus fines. On notera comme points positifs la grande fidélité au design originel et des tenues finement réalisées. Sans oublier, sur chaque socle, le symbole de la planète correspondant à la guerrière en question. Editées courant 2003, toutes sont assez rares et difficiles à dénicher à présent.

Collection Bleach

Collection Gundam Seed Destiny

Débutée en janvier 2006 avec Yzak Jule, Stellar Loussier et Lacus Clyne, cette série est probablement l’une des plus complètes et concluantes de la gamme. Le design d’ensemble est soigné, les poses bien pensées et la ressemblance avec les personnages originaux des plus réussies. Avec une quinzaine de personnages exploités en format classique ou dans la gamme des RAHDX, elle constitue la collection à ne pas manquer parmi les Excellent Model et l’une des plus intéressantes représentations des séries autour des Gundam Seed.

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Peut-être la seule vraie déception de la gamme. En janvier 2005, la série autour de Bleach débute avec les deux héros, Ichigo et Rukia, qui connaissent une transposition laissant un arrière-goût de bâclage. Visage grossier et peu ressemblant pour Ichigo, des finitions moyennes, le résultat est surprenant vu le haut niveau de réalisation habituel. Heureusement, les transpositions suivantes gagnent en qualité pour finalement apporter la bonne surprise de la ligne : Yoruichi qui, en plus d’être un choix original, bénéficie d’un sans faute dans sa transposition.


Collection

Gamme

Les autres…

Queen’s Blade

Rappelant plus ou moins Ikkitousen, cette future série à venir à la télévision japonaise est déjà connue et exploitée en merchandising. Spin-off des livres de combats Lost Worlds publié dans le magazine Hobby Japan, Queen’s Blade met en scène des jeunes filles riches en formes et extrêmement court-vêtues dans des combats de haute voltige. Dès lors, un passage en figurine ne parait pas réellement étonnant, et il en résulte une gamme particulière flirtant légèrement avec le hentaï. L’une des licences à surveiller cette année.

Avec des exercices de style ou des figurines isolées, la gamme met à l’honneur beaucoup de séries de genres divers et variés. Jouant clairement dans le registre sexy, avec les Capcom Maniax ou les Hinata Héroïnes, voire complètement hentaï avec Kuinzubureido, la gamme se dote également de représentations plus classiques mais audacieuses comme celle issue de Blood+ qui met en scène son héroïne Saya posée sur le buste de son chevalier Haji. Tsukasa Bullet, Spirit Of Wonder ou encore Real Drive voient également certains de leurs personnages emblématiques mis à l’honneur.

Collection Saint Seiya

Dans le monde des collectionneurs de Saint Seiya, cette série fait figure d’exception. Elle met à l’honneur la princesse Saori, Seiya et Shiryu avec une volonté de se concentrer sur l’aspect esthétique, offrant ainsi des personnages sublimés s’éloignant plus ou moins du design d’origine. Le résultat a de quoi dérouter, principalement du côté des deux chevaliers que l’on reconnaît difficilement. De plus, les matières ne mettent pas vraiment en valeur les armures.

Partie 2 : Les Portraits Of Pirates Face au succès des Excellent Model, Megahouse a rapidement proposé une gamme dans la gamme. D’abord avec les Portraits Of Pirates (les P.O.P.), puis dernièrement avec les RAHDX (Robot Animation Hero & Heroines). Débutée en avril 2004 avec un trio de choc constitué de Luffy, Zorro et Nami, la collection des P.O.P. n’a cessé de s’agrandir, tout en gagnant toujours plus en qualité. D’une rare élégance, elles donnent aux héros et aux personnages secondaires leur plus belle transposition.

Version d’origine

Collection originelle mettant à l’honneur Luffy et ses amis, elle est l’une des transpositions les plus correctes des pirates. Et après s’être attelée à tout l’équipage d’origine durant 2004, l’équipe en charge de ces statuettes ose l’originalité, en transposant entre autres Smoker et Belmer dans la collection en décembre 2005. C’est là que s’est achevée cette première lignée de personnages qui, depuis, s’est raréfiée sur le marché.

Version Neo

C’est ici l’une des lignes de figurines ou statues les plus réussies sur le marché de la collection. En plus de revoir, sublimer et corriger les héros déjà transposés, les sorties sont régulières et gagnent toujours plus en qualité au fil de parutions très soutenues. Là encore, beaucoup de personnages rares se joignent à la fête avec en tête Vivi, Portgas D.Ace ou encore l’excentrique Mister 2. Et après avoir fermé l’année 2008 sur un somptueux Rob Lucci, c’est autour de Carew, le sympathique canard de la princesse Vivi, de sortir en mars dernier. Seul regret: ne pas voir réédités dans cette nouvelle gamme des personnages rares de la ligne précédente comme Belmer ou Smoker.

Version Chibi

Si l’idée ne paraît pas forcément intéressante sur le papier, transposer les versions enfantines des héros de One Piece s’avère être une grande réussite. Avec un petit prix, un rendu des plus soignés et nombre d’accessoires et possibilités, on obtient une sous-collection riche en bonnes idées. Parmi les figurines les plus réussies figurent un Luffy plus que jamais expressif, une Nami mignonne à souhait ou encore un Sanji en petit cuisinier à l’air effronté extrêmement bien retranscrit.

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Créateur récréateur

Interview

Kaito Amano Apprécié par certains, décrié par d’autres, le genre parodique touche de nombreuses œuvres à succès du manga. La collection Pastiche et Parodie Manga est entièrement dédiée à cet art controversé. Ses auteurs et dessinateurs sont réputés pour leur discrétion. Nous avons pourtant l’honneur d’une interview du scénariste Kaito Amano qui a bien voulu répondre à nos questions avec humour et franchise, à l’occasion de la sortie de Saint Zodiac le 4 juin.

C

omment choisissez-vous le manga à parodier ? Il va de soi qu’on porte de préférence nos choix de parodie sur des oeuvres que l’on connaît très bien et qu’on apprécie. Si on n’a pas les connaissances de fond d’une série ni le plaisir à la lire, il devient difficile, pour ne pas dire impossible, d’en faire une parodie correcte. Dans mon cas, Naruto, Death Note ou encore Full Metal Alchemist sont des manga que j’adore et sur lesquels je me suis beaucoup amusé.

On se moque, mais gentiment. on n’est pas là pour descendre une série 92

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Quelles sont les étapes de l’élaboration scénaristique ? Il y a deux objectifs principaux : mettre en avant les défauts des personnages ou de l’histoire et créer une trame d’histoire qui reste intéressante à lire, dans la mesure du possible. Pour la trame globale, selon le scénario du manga original, on peut se contenter de suivre l’histoire de base en la parodiant, ou alors se permettre de faire des digressions ou des cross over avec d’autres personnages, et créer de petites histoires originales et débiles qui peuvent coller à certains aspects de la personnalité du personnage parodié. D’une façon ou d’une autre, il faut réussir, et c’est le plus difficile, à créer une version alternative des personnages et de l’histoire sans tomber dans la facilité. Il y a donc nécessairement un parti pris qui ne plaît pas à tout le monde. Pour le reste, la conception se passe comme celle d’un scénario normal. On pose les grandes lignes de l’histoire et des personnages, on articule autour de gags qui paraissent nécessaires ou inévitables, puis on ajoute d’autres gags au milieu pour ponctuer l’ensemble, dont certains viennent de façon spontanée. Pour que l’humour reste frais, il faut essayer de garder une bonne dose de spontanéité dans l’écriture. Et la création graphique ? Là c’est plutôt au dessinateur de répondre. Pour ma part, je fais au préalable un story-board pour chaque planche en essayant d’être suffisamment précis pour que les expressions que j’imagine sur les

dialogues soient bien ressenties par le dessinateur. Il arrive que ça ne colle pas ou que nos points de vue divergent, et en général au final, le gag tombe à plat. Je fournis également toute la doc nécessaire : dessin des personnages originaux, des lieux de l’action quand c’est possible, et des différentes références, pour éviter au maximum que le dessinateur se trompe ou perde du temps quand il bosse. Quelles bases du manga original tentez-vous de saisir dans cette optique ? L’idée est surtout de mettre en exergue les défauts du manga. Chaque trait qui paraît un peu gros peut être déformé, amplifié, ou inversé afin de créer un effet comique. Tel personnage hyper charismatique va devenir un ballot incompétent, ou alors un personnage qui a quelques défauts devient au contraire trop sûr de lui, une incohérence scénaristique peut être également mise en avant pour créer des gags. Les possibilités sont nombreuses, tout en essayant quand même de conserver l’esprit d’origine de l’oeuvre et de ne pas se contenter de la critiquer gratuitement. D’où l’importance, comme je disais un peu plus tôt, de sélectionner prioritairement des oeuvres qu’on apprécie. Quelle est la part d’improvisation dans les différents gags de vos créations ? En fait, en dehors des quelques gags inévitables qu’on a l’esprit sur une série au départ, la plupart des autres viennent au fil de l’écriture. Il faut réussir ajouter de l’humour de façon fluide, en adéquation avec ce qu’on raconte, ce qui n’est pas simple. L’humour, c’est parfois une bonne vanne sortie spontanément au cours d’une conversation, pas forcément une série de mécanismes qu’on peut réfléchir longtemps à l’avance. Quel est votre but lorsque vous réalisez une parodie ? Se moquer, mais gentiment. On n’est pas là pour descendre la série et foutre en l’air le boulot de l’auteur original. Au contraire, on a passé de bons moments à le lire, et on a envie de se payer une tranche de n’importe quoi en mettant en scène


Créateur récréateur

Interview

nos héros dans des positions ou situations qui les désavantagent. Dans vos créations, vous faites régulièrement coexister des personnages de différents mangas très célèbres. Pourquoi ce choix ? C’est beaucoup pour se faire plaisir. Death Joke notamment a été un vrai bonheur à ce niveau-là. Mais ça dépend de la façon dont on amorce la parodie. Naruzozo permet beaucoup moins ce genre d’apports car on colle de prêt au manga. Pour Death Joke, la façon même d’introduire le personnage de Puduk en tant que méchant raté du monde des manga qui veut se faire une place chez les humains permet de faire coexister le monde « réel » et un univers plein de personnages de diverses séries qu’on aime bien et qui peuvent intervenir dans la parodie. Ça permet aussi de parodier d’autres séries de façon sporadique, parce qu’il n’y a pas assez à dire pour en faire des ouvrages complets. Considérez-vous le manga comme un genre difficile à parodier ? C’est le cas de toute parodie. En faisant ça, on sait qu’on entre dans une catégorie bâtarde qui va principalement être critiquée. La parodie est considérée par beaucoup comme un outil purement commercial et facile, qui se contente de plagier une oeuvre. Je peux le comprendre ; personne n’aime voir ses héros pris en défaut ou dans une version dégénérée. L’exercice n’en est que plus difficile, alors on essaie de se faire plaisir et de faire plaisir aux lecteurs qui aiment la parodie, ce qui reste quand même l’essence de notre boulot. Est-il difficile de réaliser une parodie par rapport aux éditeurs des manga originaux, comme d’un certain public fan de manga ? Oui. Les fans de la série d’origine vont être les premiers à nous critiquer. Je pense que les éditeurs d’origine n’apprécient pas trop non plus qu’on joue avec leurs licences. Mais que chacun garde à l’esprit qu’aucune parodie ne peut détrôner une oeuvre originale. Au mieux, elle n’est que l’expression de son succès. Quand on commence à parodier une série, c’est que son succès est indéniable. Je doute en plus que ça influence d’une quelconque façon les ventes de l’originale, donc il n’y a pas lieu de crier au pillage. Quel fût pour vous le personnage le plus intéressant à parodier ? Je pense que c’est Q, de Death Joke. Le personnage est déjà bien loufoque à la base, ce qui offre une mine de détournements à faire. Son caractère, son tempérament, ses mimiques, son intelligence aussi font qu’il a été très facile, en amplifiant très légèrement chacun de ces traits, de créer un personnage parodique qui restait en accord avec l’original. Je me suis pas mal amusé aussi sur Puduk (toujours dans Death Joke) et Ogroshitoitsu (dans Naruzozo) L’œuvre la plus intéressante à parodier ? Death Note, une fois de plus, grâce au parti-pris de parodie que j’ai évoqué. Ça m’a permis une grande liberté de délire, pas mal d’histoires annexes, et de faire des clins d’oeil à d’autres séries que j’apprécie. Ça reste ma meilleure expérience de parodie, toutes oeuvres confondues. par Romain Huck

La collection Pastiche et Parodie Manga (Gekkô) Death Joke de Kaito Amano et Hiro Sakano 3 volumes Full Lethal Alchimist de Kaito Amano 1 volume paru/ 1 prévu Love Nana de Hane Kazedo et Ryu Nakamoto 2 volumes Naruzozo de Jiro Kurito et Kato Shiro 5 volumes Two Pieces de Siranami 3 volumes parus / 5 prévus

Saint Zodiac de Kaito Amano et Leiji Sutori 3 volumes prévus

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Portrait

Rumiko Takahashi

Quel est le point commun entre Ranma ½ Lamu et Juliette, outre qu’ils furent des succès en France ? Réponse : leur auteure, Rumiko Takahashi, dont l’œuvre prolifique se poursuit, et qui est considérée comme un des piliers du monde du manga. Son style fait l’unanimité tant au Japon qu’aux Etats-Unis et en Europe. Particularité suprême : elle séduit aussi bien les filles que les garçons. Portrait de celle qui est surnommée « la princesse du manga ».

Rumiko Takahashi est née le 10 octobre 1957 à Niigata. Si au lycée elle collabore au club de dessin, le manga ne représente qu’un hobby. Après avoir été admise à l’université, elle emménage dans un petit appartement à Nakano, quartier de Tokyo. Le soir, après ses cours, elle s’inscrit au Gekiga Sonjuku, une école de mangas créée par Kazuo Koike, futur auteur de Crying Freeman. Ce dernier la pousse dans ce qu’elle considère toujours n’être qu’un passe-temps et l’encourage à publier ses premiers dojinshi en 1975 (Bye Bye Road, Star of Futile Dust). Elle retiendra surtout cette leçon de Koike : « Les B.D. sont véhiculées par les personnages. Si un personnage est bien créé, la B.D. est un succès ». Elle travaille en tant qu’assistante de Kazuo Umezu et commence à développer un style personnel dont les influences majeures restent ancrées dans la culture japonaise. Les séries et comics américains comme Spiderman, le théâtre en général ont la première place tandis que contrairement à la plupart de ses confrères, le cinéma n’attire guère son regard. Sa première histoire, Kattena Yatsura, raconte l’histoire de Kei, un jeune livreur de journaux qui se fait enlever par des extraterrestres. Parallèlement, elle publie d’autres histoires courtes, mais c’est cette première œuvre qui lui permet de remporter le prix annuel du Nouvel Artiste décerné par le comité éditorial de la maison d’édition Shogakukan en 1977. Sa carrière démarre véritablement en 1978 lorsqu’elle est publiée dans le magazine Shonen Sunday, sous les yeux de ses parents sceptiques quant à ce choix de carrière – à l’époque, aucune femme ne fait réellement carrière dans le genre. Son premier véritable succès est Urusei Yatsura (Lamu) qui raconte les relations entre Ataru Moroboshi, lycéen et Lum, une extraterrestre aussi sexy que caractérielle. L’histoire met environ deux ans à trouver son public et à consacrer par la même occasion Rumiko comme auteure qui compte. Le succès d’Urusei Yatsura est tel qu’il est adapté pour la télévision en octobre 1981. Dès lors la vie de Rumiko change radicalement. En 1980, elle commence parallèlement à la rédaction d’Urusei Yatsura sa deuxième série-phare publiée chez Big Comic Spirit : Maison Ikkoku (Juliette Je T’Aime). L’œuvre est considérée comme le summum de la comédie romantique. En 1987, elle achève simultanément ces deux séries et démarre

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alors sa troisième œuvre-phare : Ranma ½. A cette époque, la mode est à Dragon Ball et aux séries sur fond d’arts martiaux. Elle créé donc la sienne, qui mélange humour et romance. C’est l’histoire de deux jeunes gens fiancés par leurs pères : Akané Tendô et Ranma, jeune garçon pratiquant les arts martiaux, victime d’un mauvais coup du sort puisqu’au contact de l’eau froide il se transforme en fille, ce qui ne manque de provoquer une série d’aventures et de quiproquos. La série s’achève en 1996 et laisse place à Inu-Yasha, sa plus longue série dont le dernier tome est paru en février 2009 au Japon. En parallèle, elle publie une série d’histoires touchant à différents genres comme Mermaid Saga qui mélange horreur et action. Du 30 juillet au 11 août 2008 a eu lieu au Matsuya Ginza une rétrospective consacrée aux œuvres de Rumiko Takahashi, présentant des documents inédits. A cette occasion, une réplique originale de la pension de Maison Ikkoku a été réalisée, de quoi combler les fans. Son succès a fait d’elle la mangaka la plus fortunée du Japon. Pour autant elle ne se repose pas sur ses lauriers et une nouvelle série ne devrait pas tarder à voir le jour comme elle l’a confié au magazine Shonen Sunday à la fin du mois de janvier dernier. Par Cécile Dunouhaud


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Bonjour, J’ai récemment acheté le Japanink n°2. Le magazine est très attractif : de nombreux articles et surtout une mise en page nickel. C’est bien lisible (colonnes biens définies), les illustrations sont en accord avec le reste (couleurs, textes). Aussi, je voudrais vous remercier pour ce nouveau magazine sur l’animation, les mangas et la culture japonaise. L’actualité est vraiment présente, de ce fait on découvre vraiment de nouvelles informations. Cependant, il me semble qu’il y a une erreur de photographie à la page 68. En effet, dans la rubrique Actu > J-Music, on parle des nouvelles d’Olivia mais la personne sur la photographie qui la représente est Anna Tsuchiya. Bien qu’Anna Tsuchiya soit mentionnée dans cet article, ne serait-ce pas une erreur de photographie étant donné que l’article traite d’Olivia ? Si je fais erreur je m’en excuse. Je tenais tout de même à vous faire part de mon doute. Mey Mey, Toute l’équipe vous remercie pour vos compliments et est très heureuse de fournir de nouvelles informations :-) Pour ce qui est de votre remarque concernant la page 68, vous avez totalement raison, et nous nous excusons pour cette erreur.

Bonjour, C’est assez rare que j’achète un magazine mais je dois avouer que celui-ci me plaît beaucoup. Je ne suis pas abonné mais c’est le deuxième numéro que j’achète et je dois dire que je garde un certain plaisir à le lire. Je remercie toute l’équipe pour les informations données sur le film et la série Death Note, dont je suis

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une des plus grandes fans, mais aussi sur le prochain album de Kokia. J’aimerais juste savoir s’il y aura encore une suite aux films de Death Note et s’il y aura également une suite à la série Fruit Basket ainsi que Ouran Host Club. Je vous en remercie d’avance, et continuez comme ça, votre magazine est génial ! Ingrid Ingrid, Nous sommes vraiment très heureux de tous les messages positifs que nous recevons mais surtout de voir à quel point le magazine plait autant. Cela nous motive encore plus ! Pour répondre à vos trois questions : aucune suite n’est prévue.

Bonjour, J’avais remarqué votre magazine dès le n°1 mais je n’avais pas eu l’occasion de me le procurer. Je me suis rattrapé avec le deuxième numéro. La première chose que j’ai apprécié et qui m’a attiré c’est l’apparence de la couverture qui, contrairement à d’autres magazines de manga, lui donne un air plus sérieux et plus mâture qui se rapproche plus de l’image que j’ai d’un magazine. Le second point est la présentation. Les dossiers, les rubriques et les articles sont bien présentés, encore une fois ceci redonne cette image de véritable magazine à mes yeux. L’idée de mettre régulièrement une image du manga concerné sur toute une page de droite est très bonne, d’autant que les images sont bien choisies. Mais je n’ai pas compris pourquoi dans certaines rubriques la police des articles change si souvent... Dernier point, peut-être pas si important à part pour moi : le fait d’avoir mis des posters détachables alors que certains magazines les agrafe, ce qui abîme le poster lorsqu’on le

détache. Donc merci pour ça aussi. J’espère avoir donné un avis assez constructif. Vous faites du bon travail. Bon courage pour la suite. Greg Greg, Même si vous avez raté notre premier numéro, vous êtes pardonné ;-) L’idée était de faire de Japanink un magazine effectivement plus ‘mâture’, sans prétention aucune. Nous voulions une maquette claire, sobre, efficace et classe. Le changement de police est un effet graphique (notamment dans les news) afin de dynamiser ces pages. Merci pour vos encouragements :-)

Bonjour, J’ai eu l’honneur de découvrir par hasard votre premier numéro. J’en ai profité pour acheter le second quand il est sorti. D’habitude je n’achète quasiment jamais de magazines car cela rempli mes armoires ! Je suis une férue de manga depuis mes… onze ans. Comme la plupart des jeunes de mon âge, j’ai aimé les animés du Club Dorothée (le bon vieux temps de Sailor Moon, DBZ etc.), sans réellement savoir cependant qu’il s’agissait de manga ! Ensuite j’ai découvert Neon Genesis Evangelion et j’ai adoré. Enfin bref… J’adore votre magazine, à tel point que je vais me faire plaisir en m’y abonnant pour quelques numéros. Merci d’avoir pris le temps de me lire et encore merci pour votre magazine passionnant. Delphine Delphine, C’est peut-être un honneur pour vous de nous avoir découvert, mais ça l’est encore plus pour nous de voir à quel point notre travail satisfait autant de gens ! Nous l’espérions mais nous ne l’attendions pas ! Nous nous excusons par avance pour la place que nous espérons prendre dans votre armoire ;-)


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Dossier Death Note Anime : Naruto Shippuden – Gurren Lagann – Freedom Animanga : Hokuto No Ken Manga : Hellsing – Ergo Proxy – Qwaser of Stigmata Culture : Reportage Les manga Cafés – Cinéma 20th Century Boys – Jeux video Dragon Ball Z Infinite World – Société La jeunesse japonaise en crise Collection : Nendoroids – Real Action Heroes Portrait : Gô Nagai

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Anime : D.Gray Man – Evangelion 1.0 – Gundam 00 – Eyeshield 21 – Les Mystérieuses Cités d’Or Manga : Sawako – Enfant Soldat – Nabari No Ô – Blue Dragon Ral Ω Grad – Ikigami Culture : reportage L’art du sushi – cinéma Sakuran – musique Ego-Wrappin’ – musique Virgin Princesse – société Hauts et bas démographiques Collection : Play Arts (pt.1) – Les Figma - Revoltech Portrait : Naoko Takeuchi

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Glossaire Termes pour l’animation Anime : terme définissant un dessin animé chez les Japonais. Anime comics : se dit d’un roman-photo reprenant un dessin animé. BGM (background music) : se dit d’une musique de fond pour un anime, qu’il soit un film ou une série. Chara design : définit la conception graphique de personnages pour un dessin animé. Character designer : personne pratiquant le chara design. Cellulo : se dit d’une feuille transparente utilisée pour la fabrication traditionnelle d’un dessin animé. OAV / OVA (original animation video) : se dit d’un anime fait pour une exploitation en circuit vidéo ou DVD. OAD : définit généralement un animé vendu avec un manga en tant que bonus. OST (original soundtrack) : désigne la bande originale d’un dessin animé. Seiyu : doubleur ou doubleuse dans l’animation. Shitajiki : définit une feuille plastifiée rigide utilisant une illustration d’anime.

Termes pour le manga Dojinshi : recueil d’histoires proposées par un mangaka amateur diffusé à une petite échelle. Il se rapproche du terme de « fanzine ». De nombreux auteurs, par la suite célèbres, ont utilisé cette formule à leurs débuts comme le studio Clamp. Manga : s’emploie pour définir la bande dessinée japonaise. Mangaka : auteur de bande dessinée. Yonkoma : manga en quatre cases superposées. Souvent humoristiques, ils racontent une histoire courte et sont souvent utilisés pour combler des pages. Les concours de yonkoma sont très en vogue au Japon, et même en France où quelques-uns ont déjà été organisés, notamment à la Japan Expo.

Classification manga / animation Ecchi : œuvre de genre érotique. Hentaï : se traduit par « pervers ». Définit un genre à tendance pornographique. Josei : se dit d’une création destinée aux femmes. Mecha / meka : sous-catégorie définissant un manga ou un anime à machines robotiques évoluées. Mecha designer : désigne un dessinateur de robots. Nekketsu : se traduit « sang brûlant ». Désigne un shônen d’action. Pantsu : sous-genre du shônen. Définit une oeuvre jouant sur l’aspect sexy. Seinen : se dit d’une oeuvre destinée à un public adulte. Shôjo : se traduit par « jeune fille ». Définit une œuvre destinée à un jeune public féminin. Shônen : se traduit par « jeune garçon ».Définit une œuvre destinée à un jeune public masculin. Yaoi : se dit des mangas présentant des relations homosexuelles entre hommes, le plus souvent écrites par des femmes. Yuri : se dit des mangas présentant des relations homosexuelles entre femmes, destinées à un public féminin.

Qualificatifs Bishônen : désigne un personnage masculin au style androgyne. Fan service : définit les scènes de manga ou d’anime racoleuses utilisant sexe ou robots. Kawaii : se traduit par mignon. Otaku : personne repliée sur elle-même, qui vit une passion exclusive : poupées, culte d’une star, manga, jeux vidéo… Ses goûts sont en général portés sur tout ce qui touche le monde du Japon. SD (super deformed) : désigne un personnage au visage disproportionné par rapport au reste du corps.Utilisé pour la caricature.

Autres Art book : se dit d’un beau livre présentant des images et documents officiels. Cosplay : désigne une personne déguisée en personnage de manga ou d’anime.

ERRATUM Dans notre numéro précédent, des erreurs se sont glissées dans l’indication des prix de plusieurs figurines de la rubrique Collection. Voici leur prix de vente réel : – Jun Planning –Ikki Tousen Great Guardians / Kanu Juban : 59.95€ – Max Factory – Suzumiya Haruhi No Yuutsu / Itsuki Seifuku & Yuji : 24.95€ pièce – Max Factory – Plawres Sanshiro : 24.95€ pièce – Square Enix – Kingdom Hearts II / Play Arts: 24.90€ pièce

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– Megahouse – One Piece Portrait of Pirates / Carew : 49.95€ – Toynami – Bleach / Urahara & Hitsugaya : 15.90€ pièce – Collection Nendoroïds / Good Smile Company : 29.95€ pièce – Kaiyodo – Revoltech : 28.90€ – Jun Planning – Black Lagoon / Revy Winter Costume : 59.95€ Une erreur également glissée dans le copyright du poster de Trinity Blood : ©Kiyo KYUJYO 2004 ©Sunao YOSHIDA 2004 / KADOKAWA SHOTEN. Nous prions nos lecteurs, ainsi que les éditeurs et distributeurs concernés de bien vouloir nous excuser.


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TRINITY BLOOD © Kiyo KYUJYO 2004 © Sunao YOSHIDA 2004 / KADOKAWA SHOTEN Publishing Co.

Les vampires aussi peuvent devenir des proies !

Disponible en librairie au rayon manga



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