Ramdam 105

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JEUNE PUBLIC

de doute, de compassion, d’introspection. Les gens fragiles ne sont pas autocentrés. J’ai tendance à regarder les personnes et les choses fragiles telles qu’elles pourraient devenir. Vous jouissez par ailleurs d’une belle reconnaissance du public et de la profession. Comment vivez-vous avec ? Pas trop mal, merci. Très jeune, j’ai eu envie que ma vie soit liée à l’écriture, à la composition, c’est mon mode d’expression. Malgré cette période de crise, malgré le fait que chaque projet soit une lutte, aujourd’hui j’en fais mon métier, c’est merveilleux ! Mais je ne veux faire aucun compromis, c’est quelque chose que j’ai senti très tôt : je veux être en accord avec ce que je suis, que le public adhère ou qu’il n’adhère pas. Je trouve absurde de chercher la bonne manière de séduire un public. Le public termine l’œuvre. Quant au vedettariat, c’est autre chose, un métier à part entière. Vous multipliez les collaborations artistiques, avec Jane Birkin par exemple, qui comme vous sera prochainement de passage dans la région. Parlez-nous de cette rencontre, humaine et artistique. C’est vrai, je croise souvent des copains chanteurs, J.P. Nataf, Gaëtan Roussel, Albin de la Simone, Jeanne Cherhal... L’un des effets positifs de la crise est de nous pousser à nous retrouver et à faire de belles choses ensemble. Jane Birkin est une personne que j’aime beaucoup. Je lui ai proposé un duo sur la chanson Roissy, que j’ai imaginée comme un dialogue mère / fils ou amants, à l’ambiguïté assumée. Son accent renforce l’aspect romanesque, il porte des vapeurs de drame qui me plaisent. A cette époque, je produisais mon album Courchevel seul, je n’avais pas de maison de disque, elle m’a fait un très beau cadeau en acceptant ma proposition.

Il existe un certain courant de la chanson française où la musicalité à tendance à s’étioler au profit du texte. Quelle place accordez-vous à la voix, à la mélodie, aux arrangements ? Tout est important et tout me passionne. Je travaille l’écriture autant que la composition. Quand j’écris une chanson et que je la chante pendant un an ou deux, j’ai envie de continuer à m’éclater sur le morceau ; je passe donc beaucoup de temps dans mon studio à composer. Je me nourris de choses très différentes : j’ai commencé par la musique instrumentale, le classique puis le jazz, j’ai appris différents langages. Le chanteur que j’essaie d’être est venu plus tard. Je me suis souvent senti prêt au niveau de la composition et de l’écriture, mais avec une forte envie de remplacer le chanteur. Dans mon prochain album et pour la première fois, j’ai l’impression d’avoir convoqué l’interprète. Pouvez-vous nous parler de cet album ? J’y explore l’infiniment grand et l’infiniment petit, du monde qui nous entoure, l’espace, l’univers, à la plasticité du cerveau, qui obéissent aux mêmes règles et aux mêmes calculs. J’essaie de proposer une vision élargie, qui ne soit pas centrée sur notre planète. On parle de « protéger la Planète », mais c’est l’Homme qu’il faut protéger ; la planète s’en fout, elle n’a pas besoin de nous. J’ai la chance d’avoir une vie plutôt équilibrée, mais il suffit de sortir pour voir ce qui se passe et se sentir beaucoup moins serein. Je me suis inspiré des romans d’anticipation, de la neurobiologie, tout en essayant de proposer des chansons à hauteur d’homme. Quels sont vos autres projets en cours ? Un travail à quatre mains pour une comédie musicale avec Frédéric Videau, pour qui j’avais composé la musique du film A moi seule. Un gros et beau projet. 14 décembre, Parvis, TARBES.

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