Actu Labo janvier 2013

SPÉCIAL

actulabo

Pharmapack 13-14 février 2013 - Paris

LE MAG

de la pharmacie industrielle

LES PHARMAS VOTENT

POUR LA WALLONIE Jean Stéphenne (BioWin) Stéphenne (BioWin) L’INTERVIEW EXCLUSIVE DE LUCYJean VINCENT

SERVIER EISAI ESTATTEND EMBALLÉ Pharmapack LAPAR CNAM AU TOURNANT LE ROYAUME-UNI SPÉCIAL

13-14 février 2013 - Paris

N°9 Janvier 2013

Sommaire A la Une

Nanobiotix accélère l’allure La parisienne Nanobiotix vient de lever 14,2 M€ pour poursuivre un essai clinique prometteur page 40

Les pharmas votent pour la Wallonie La Wallonie francophone bénéficie d’une filière pharma à très fort potentiel, désormais reconnue à l’international. Les pouvoirs publics se sont ralliés à la cause des industriels qui ont multiplié les investissements ces dernières années, comme le rappelle Jean Stéphenne, l’emblématique patron du pôle de compétitivité BioWin. L’avenir est aussi à chercher du côté de la logistique santé et des biotechnologies. Comme l’illustre l’exemple de Promothera, la Wallonie et la Belgique ont développé une forte expertise dans le domaine des thérapies régénératrices. L’attractivité du pages 12 à 19 modèle wallon méritait bien un dossier spécial…

Focus

Le diagnostic prénatal aux portes du marché français

L’actualité pharma en bref

Les diagnostics prénataux non invasifs (DPNI) devraient progressivement s’installer sur le marché français

Les principaux événements du trimestre écoulé pages 4 à 9

page 29

Interview exclusive de Lucy Vincent, directrice générale de Servier

Theradiag a levé 8,1 M€ sur Alternext La biopharm Theradiag, spécialiste du diagnostic in vitro et du théranostic, lève des fonds page 40

SPÉCIAL

Pharmapack 13-14 février 2013 - Paris

page 28

L’actualité des CRO en bref Les principaux événements du trimestre écoulé

Stratégies

JANVIER 2013

La Lettre confidentielle actulabo a 10 ans La lettre bimensuelle actulabo a fêté cet automne ses 10 ans. Retour sur une période qui a profondément modifié le modèle d’affaires de la pharma pages 30 et 31

West Pharma se pique au jeu des biotechs West Pharma investit régulièrement sur ses sites français afin de s’adapter aux exigences croissantes de qualité que nécessitent les médicaments biotechs pages 42 et 43

Esai emballé par le Royaume-Uni Le laboratoire japonais Eisai concentre toutes ses ambitions sur son site britannique d’Hatfield, qui constitue un tremplin en matière de R&D pages 44 et 45

« L’affaire du Mediator va connaître un tournant »

L’actualité du conditionnement en bref Les principaux événements du trimestre écoulé page 46

pages 10 et 11

Les industriels ont la R&D dans le viseur Les big pharmas ont pris leurs équipes de recherche en grippe. Pour autant, ces réorganisations ne signent pas l’échec définitif des modèles intégrés pages 20 et 21

En direct des usines

Manager

Stallergenes étoffe son dispositif anti-allergies à Antony

Comment innover sans jouer les risque-tout

Le spécialiste du traitement des allergies respiratoires par immunothérapie investit chaque année plus de 15 M€ sur son unité industrielle d’Antony

Dans un contexte économique devenu pesant, que fautil faire pour rester dans la course à l’innovation, la seule capable d’assurer la croissance de demain ?

GSK réinjecte 26 M€ à Notre-Dame-de-Bondeville

pages 22 et 23

Comment faire avaler la pilule aux citoyens

pages 32 à 34

Le britannique engage une nouvelle tranche d’investissement dans son usine de l’agglomération rouennaise pages 36 à 37

La question de la maîtrise des dépenses de santé a été au cœur des débats du 18e Forum Economie Santé des Echos, les 19 et 20 novembre à Paris pages 24 et 25

Tridem mise sur le continent noir Tridem Pharma, spécialisée dans la prestation de services à l’export principalement sur les marchés de l’Afrique, est dans une phase très offensive page 26

Biopharms David Meeker (Genzyme) : « Nous devons aussi réussir dans les maladies à forte prévalence » Le nouveau CEO de Genzyme nous décrit les ambitions de la société. pages 38 et 39

Le biomanufacturing devient une cause nationale La France souhaite tirer son épingle du jeu sur le marché du biomanufacturing pages 48 et 49

Biopractis forme à la bioprod en grandeur réelle Plate-forme de formation à la production de biomédicaments en conditions réelles, Biopractis vient d’ouvrir ses portes à Nantes pages 50 et 51

Entretien annuel un moment clé du manager Grand rendez-vous de l’année, l’entretien d’évaluation peut se révéler un remarquable outil de gestion à condition d’avoir été préparé avec soin… page 52

Carnet Les dernières nominations dans la pharma pages 53 et 54

Ce numéro magazine est un hors série d’actulabo, la lettre bimensuelle de la pharmacie industrielle, publiée par les Editions d’Asklépios, SARL au capital de 75 000 € - 450 613 951 RCS Tours. Adresse : 14 boulevard Heurteloup - BP 92031 - 37020 Tours Cedex 1 - 02 47 70 60 00 - contact@actulabo.com.

Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) - Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) - Élise Pierre Aurélie Vouteau (édition) - Ont participé à ce numéro : Marion Baschet-Vernet, Jacques Donnay, Alexandra Foissac, Valérie Moulle. Maquette : Régis Beaune. Crédits photographiques : Belpress : UNE - DR : 4, 5, 6, 7, 8, 9, 12, 16, 17, 21, 28, 29, 30, 31, 36, 40, 47, 48, 49, 52, 53, 54 - François-Xavier Beuzon : 37 - Jacques Donnay : 46 - Alexandra Foissac: 26 - Valérie Moulle : 22 - Jean-Christophe Savattier : 14, 15, 18, 39 - Biopractis : 50, 51 - Groupe Les Echos : 24, 25 - Eisai : 44, 45 - Stallergenes : 32, 33 - West Pharma : 42, 43.

Publicité : Mistral Media - 365 rue de Vaugirard - 75015 Paris - 01 40 02 99 00 - www.mistralmedia.fr Impression : Imprimerie Vincent (Tours) - Abonnement annuel (22 numéros et les hors séries) : 480 € - Prix de ce numéro : 5 € - Informations légales : CPPAP : 1215 I 83960 ISSN : 2108-2030 - Dépôt légal : janvier 2013 - Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon.

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Focus Labso va fermer ses portes à Blanquefort

MERCK & CO. DÉMÉNAGE SON SIÈGE AMÉRICAIN

Le dernier site chimique français de Boehringer Ingelheim, la société Labso, installée à Blanquefort (33) va fermer ses portes en juillet prochain, ce qui entraînera la suppression de 53 postes.

Pour réduire ses charges d’exploitation et mieux valoriser son patrimoine immobilier, le laboratoire Merck & Co. a annoncé le 9 octobre sa décision de quitter dans les deux ans à venir son siège mondial de Whitehouse Station, dans le New Jersey, pour un site existant à Summit, distant d’une quarantaine de kilomètres et plus proche de New-York.

Merck emploie déjà 1800 personnes sur place à des activités de recherche, de production, de santé animale et de consumer care (santé familiale). Le siège de Whitehouse Station sera fermé et les 2 000 salariés qu’il abrite dispatchés entre Summit et d’autres sites du New Jersey, comme Branchburg et Cokesbury. Le déménagement devrait commencer en 2014 et s’achever à la mi-2015.

Watson revend des produits OTC à Harward Drug Group Le génériqueur américain Watson vient de vendre pour 117 M$ les produits OTC de Rugby Laboratories (rhume, allergie, sevrage tabagique) à Harvard Drug Group. Watson conserve les produits non-OTC de Rugby.

Arrow sort de l’espagnol Pharmagenus Arrow (groupe Watson) sort du capital de Pharmagenus, un acteur du marché espagnol des génériques. Arrow détenait 25 % de son capital au côté du laboratoire catalan Uriach (127 M € de CA en 2011).

GSK embauche en Malaisie GSK va créer 150 emplois en Malaisie, suite à la création du Business service centre (BSC), un hub de services dans lequel le laboratoire a investi : le BSC emploie actuellement 240 collaborateurs.

Lundbeck lance une unité à Tianjin Le danois Lundbeck a ouvert une unité de production à Tianjin, en Chine, dédiée principalement à la production de l’Ebixa, un traitement de la maladie d’Alzheimer mais aussi des médicaments contre les maladies du SNC. Le projet représente un investissement de 6 M€.

Lilly veut copier le lantus de Sanofi Lors de l’annonce de son investissement à Indianapolis (lire page 6), Lilly a annoncé son intention de lancer un biosimilaire du Lantus, l’insuline la plus vendue au monde, dont Sanofi perdra le brevet en 2015.

4 Actulabo - Janvier 2013

PFIZER ACQUIERT NEXTWAVE PHARMACEUTICALS Le géant Pfizer va débourser 255 M$ pour prendre le contrôle de la speciality pharma californienne NextWave Pharmaceuticals, spécialisée dans les troubles de l’attention et du système nerveux central. La transaction devrait être bouclée au dernier trimestre 2012. NextWave développe – en collaboration avec Tris Pharma – le Quillivant XR pour le traitement de l’hyperactivité, qui devrait être mis sur le marché américain en janvier prochain.

SYMBIOSIS OUVRE UNE UNITÉ D’INJECTABLES EN ÉCOSSE La CMO écossaise Symbiosis Pharmaceutical Services Ltd, fondée l’an passé, vient d’ouvrir son unité de produits injectables stériles à Stirling, au nord-ouest d’Edimbourg. Celle-ci fabriquera à petite échelle des produits injectables cytotoxiques et biologiques pour des essais cliniques

de phases I et II. Symbiosis a obtenu l’agrément du MHRA, l’équivalent britannique de l’ANSM.

ses capacités afin d’exporter dans plus de 40 pays au cours du premier trimestre 2013.

DR. REDDY’S VEUT S’EMPARER DU NÉERLANDAIS OCTOPLUS L’indien Dr Reddy’s vient de lancer une offre publique d’achat sur la specialty pharma néerlandaise OctoPlus pour 27,39 M€ en cash, soit une prime de 30 % par rapport au cours de l’action au 19 octobre 2012. OctoPlus est spécialisée dans les injectables et a enregistré un bénéfice net consolidé en 2011 de 7,7 M€. Par cette acquisition, Dr Reddy’s renforcera ses capacités de drug delivery et aura une base de recherche à Leyde, aux Pays-Bas.

GSK RENONCE À FERMER SON SITE IRLANDAIS DE SLIGO Le britannique GSK renonce à fermer l’ex-usine Stiefel Laboratories de Sligo (Irlande) : il y a tout juste trois ans, la big pharma avait annoncé sa fermeture d’ici à la fin 2013. GSK s’engage désormais à maintenir 120 emplois sur le site – soit moins de la moitié qu’en 2009 – et à réembaucher une cinquantaine de personnes d’ici à 2014 au prix d’un investissement de 10 M€. Sligo, qui produit des crèmes, lotions et gels pour les soins cutanés, continuera à être totalement dédié à la division dermatologie Stiefel.

SANOFI VEUT BOOSTER LA TURQUIE Sanofi, qui produit des génériques en Turquie sous la bannière de sa filiale tchèque Zentiva, veut booster ses opérations dans le pays en transformant son usine de Luleburgaz, près de la frontière bulgare, en pôle d’exportation d’antibiotiques. Cette unité produit 450 millions de lots par an et emploie plus d’un millier de collaborateurs. Elle représente le quart de la production mondiale de Zentiva, qui souhaite accroître

NOUVELLE UNITÉ POUR NOVARTIS À SINGAPOUR Le suisse Novartis va investir près de 500 M$ pour construire une nouvelle unité de production biotechnologique à Singapour ; elle sera dédiée à la production d’anticorps monoclonaux pour le traitement des maladies auto-immunes et respiratoires, ainsi que des cancers. Les travaux démarreront début 2013 pour une livraison prévue en 2016.

NORGINE EXTERNALISE SES EXPÉDITIONS À DREUX A Dreux (28), la direction de l’usine Norgine Pharma réorganise ses activités logistiques. Le laboratoire, spécialisé dans la production de formes liquides (lavements, préparations pour coloscopies) indiquées en gastro-entérologie, va ainsi externaliser son service expéditions qui emploie huit salariés auprès d’Aexxdis, un logisticien santé filiale de FM Logistic, qui vient de s’implanter à Dreux.

Les conditions de ce transfert – qui doit être effectif au 1er janvier 2013 – sont vivement contestées par les syndicats qui craignent que cette initiative préfigure d’autres désengagements, rappelant que la direction de Norgine Pharma a supprimé l’an passé 36 postes à son usine britannique de Hengoed, sa seconde plateforme de production : l’usine drouaise emploie 150 salariés. Selon la direction, ce transfert s’inscrit dans le cadre juridique de l’art.

1224-1 du code du travail qui garantit que celui-ci s’effectue à conditions statutaires équivalentes.

PFIZER OUVRE UN SITE EN TURQUIE L’américain Pfizer vient d’ouvrir une unité de production de vaccins pneumococciques conjugués à Istanbul, en Turquie, dont la capacité de production est de 75 millions de doses par an. Les premiers lots sont attendus sur le marché local dès la fin de l’année. C’est la troisième usine de ce genre pour Pfizer, qui en possède déjà deux aux Etats-Unis.

TESSENDERLO VA CÉDER CALAIRE CHIMIE À ICIG Le groupe belge Tessenderlo veut céder ses activités d’ingrédients pharmaceutiques – l'unité française Calaire Chimie (198 salariés) de Calais (62) et l'usine italienne de Farmechia à Treveglio (Lombardie) – à International Chemical Investors Group (ICIG), holding industriel qui, depuis sa création en 2004, a déjà acquis 17 sites de production en Europe et aux Etats-Unis, dont Synkem, à

Chenôve (21), l'ancienne unité de chimie pharma des laboratoires Fournier. Les activités cédées concernent 360 salariés.

BAYER INVESTIT 6 M€ POUR L’ASPIRINE EN ESPAGNE L’intégralité de la production du principe actif de l’aspirine Bayer sera fabriquée dans son usine espagnole de La Felguera, dans

les Asturies. L’allemand investira 6 M€ cette année sur ce site d’une centaine de salariés pour augmenter la capacité de production d’acide acétylsalicylique d’environ 25 %, soit 1 200 tonnes supplémentaires qui permettront, avec 6 000 tonnes, de couvrir la demande mondiale.

RECKITT SURENCHÉRIT SUR BAYER POUR SCHIFF NUTRITION Alors qu’on semblait s’acheminer vers un rachat pour 1,2 Md$ de l’américain Schiff Nutrition par Bayer Healthcare, le britannique Reckitt Benckiser a créé la surprise mi-novembre en surenchérissant à 1,4 Md$.

Un prix que les analystes jugent déjà élevé pour la société de Salt Lake City (Utah), qui a réalisé 259 M$ de CA lors de son dernier exercice clos fin mai, mais qui pourrait être encore relevé par Bayer… à moins que J&J ne décide, à son tour, de rentrer dans le bal des prétendants.

ABBOTT PRENDRAIT LE CONTRÔLE DE PETROVAX Selon le journal russe Russia beyond the headlines, l’américain Abbott s’apprêterait à prendre 62,5 % des parts du laboratoire russe Petrovax Pharm (98 M$ de CA). Ce dernier développe le Grippol, un vaccin contre la grippe, ainsi que le Polyoxidonium (maladies liées aux damages du système immunitaire). Si l’opération aboutit, elle fera partie des trois plus grandes transactions menées sur le marché pharmaceutique russe, rejoignant l’acquisition de Natur Produkt International par le canadien Valeant en 2012 et celle de Masterlek par Pharmastandard en 2009.

LE FONDS CINVEN S’INTÉRESSE AUX MIDDLE PHARMAS Le fonds d’investissement britannique Cinven vient d’acheter pour 367 M£ (456 M€) le laboratoire indien Amdipharm. Cinven compte fusionner sa nouvelle acquisition avec Mercury Pharma, pour lequel il a déboursé 465 M£ (578M€) cet été : les deux laboratoires, positionnés sur des marchés de niche avec des produits matures, sont complémentaires.

Teva ouvre un site en Hongrie L’israélien Teva vient d’ouvrir une unité de production de 15 000 m² à Gödöllö, en banlieue de Budapest, en Hongrie. Le laboratoire a investi près de 110 M$ dans cette usine, qui fabriquera entre 160 et 200 millions d’unités injectables sur six lignes de production. Elle desservira plus de 70 pays, principalement les Etats-Unis, l’Europe et l’Extrême-Orient.

Isochem rachète le britannique Wychem Racheté en 2010 par le fonds d’investissement allemand Aurelius, le spécialiste de la chimie fine Isochem vient de racheter le britannique Wychem. Ce dernier compte près de 1 500 références de produits originaux.

Novamedica aura une unité en Russie NovaMedica, une JV formée entre le fonds russe Rusnano et l’américain Domain Associates, va construire une unité de production en Russie ; l’emplacement du site sera choisi durant le premier trimestre 2013.

Nouveau siège britannique pour Astellas Le japonais Astellas déménage son siège européen, actuellement basé à Staines, en banlieue de Londres, à Chertsey, dans le Surrey : pour l’occasion, les effectifs devraient augmenter.

Sun rachète Dusa Pharma L’indien Sun Pharmaceuticals Industries rachète pour 230 M$ l’américain Dusa Pharmaceuticals, spécialisé dans la dermatologie. Cette acquisition complète dans ce domaine l’unité israélienne Taro Pharmaceutical Industries de Sun.

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Focus GSK SUPPRIME 66 POSTES À EVREUX, CELA AURAIT PU ETRE PIRE

L

a direction du site GSK d’Evreux (27) a confirmé la suppression en 2013 de 66 postes sur la base de départs volontaires : l’unité emploie aujourd’hui quelque 1 100 personnes.

Le 26 octobre, quelques jours plus tard, la députée PS Catherine Lemorton, présidente de la commission des Affaires sociales, déposait lors du débat sur le PLFSS un amendement visant à créer une catégorie de médicaments similaires pour les spécialités administrées par voie respiratoire ; cette clause revenait à autoriser la substitution de médicaments de référence par des similaires. Avec des conséquences graves pour le site d’Evreux qui fabrique, pour la France Seretide, le traitement de GSK pour l’asthme et la BPCO : les organisations syndicales évoquaient le risque de la suppression d’une centaine de postes à Evreux.

La ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, a alors demandé que Catherine Lemorton retire son amendement, ce qu’elle a fait, en s’appuyant sur un avis de l’ANSM jugeant qu’il n’était pas pertinent de mettre en place des génériques pour les sprays et aérosols. Elle a néanmoins demandé au CEPS de négocier une baisse des prix pour ces traitements.

SHIRE-MOVETIS FERME À TURNHOUT Le site belge Shire-Movetis, qui emploie 63 salariés à Turnhout, près de la frontière néerlandaise, va fermer ses portes prochainement. Shire avait repris Movetis en 2010 et la nouvelle entité était devenue filiale du britannique. Ses activités étaient liées au Resolor, un traitement de la constipation chronique qui, depuis le rachat de Movetis, était confronté à un marché difficile ; ses revenus étaient inférieurs aux attentes.

PFIZER SUPPRIME 300 EMPLOIS AU CANADA Le numéro 1 mondial a annoncé fin octobre la suppression de 300 emplois au Canada, la plupart à Montréal. Ces postes seraient répartis entre plusieurs sites, mais la majorité frapperait le siège social de Pfizer Canada à Kirkland, à l’ouest de l’île de Montréal. Le laboratoire a bouclé cette année un investissement d’environ 32 M$ pour doubler la capacité de production de son usine de Montréal (un ex-site Wyeth), qui emploie 800 personnes à la fabrication de ses traitements OTC vedettes (Advil, Centrum, Dimetapp et Robitussin).

ELI LILLY ETEND SON SITE D'INSULINE D'INDIANAPOLIS La big pharma américaine Eli Lilly va investir 140 M$ sur son site Kentucky Avenue, à Indianapolis: ce programme va lui permettre de produire aux Etats-Unis des cartouches d’insuline pré-remplies pour ses stylos injecteurs, tâche que Lilly ne réalisait à présent que sur ses sites français de Fegersheim (67) et italien de Florence. Ce mode d’administration, plus souple pour les patients, connaît un succès grandissant sur un marché en forte progression mais concurrentiel. Les ventes d’Humalog, l’insuline Lilly dont le brevet tombera l’an prochain, ont d’ailleurs baissé au troisième trimestre, comme celles de l’Humulin. À deux, ils assurent 16 % des ventes de la 9e pharma mondiale.

Lilly démarre les travaux d’un nouveau bâtiment de 7 000 m² qui permettra aussi de réduire les coûts de production de cartouches d’insuline : la mise en service est prévue pour 2015.

Une centaine de personnes devraient y être embauchées.

6 Actulabo - Janvier 2013

ABBOTT TAILLE DANS LE VIF Le laboratoire US Abbott a annoncé la suppression imminente de 550 postes, qui devrait être complétée par une seconde tranche – portant également sur plusieurs cen- taines de postes – en 2013. Ces cou-pes vont concerner principalement les commerciaux et la production aux Etats-Unis. Près de 50 % de ces suppressions seront également organisées au sein des filiales installées en Europe.

C4C INVESTIT 18 M€ AUX ULIS

L

e consortium C4C piloté par CELLforCURE, la filiale thérapie cellulaire du LFB, vient d’engager 18 M€ dans la construction d’un démonstrateur industriel dédié à la fabrication de produits de thérapie cellulaire. Cette unité de 2 000 m2, qui devrait initialement employer une quinzaine de salariés (60 à terme), sera édifiée aux Ulis (91) sur l’un des sites du LFB. L’ensemble du programme, qui représente un investissement de 80 M€ sur cinq ans – et qui a bénéficié des concours prévus au titre du grand emprunt à hauteur de 28,5M€–, associe deux biotechs (Cellogos et CleanCells) ainsi que sept établissements publics et hospitaliers : l’Etablissement français du sang (EFS) à travers ses établissements d’Aquitaine-Limousin et Pyrénées-Méditerranée, le CHU de Bordeaux, le CHRU de Lille/Université de Lille 2, le CHU de Nantes, le CHU de Toulouse et la Banque de tissus et de cellules (BTC) des Hospices civils de Lyon. Ce plateau technique, premier du genre en France, va se consacrer à la production de lots cliniques et commerciaux ; il devrait être ouvert à l’automne 2013.

BIOFILM LEVE DES FONDS La société clermontoise de tests diagnostics in vitro BioFilm Control a levé 3 M € auprès de Sofimac Partners, Entrepreneur Ventures, Medical Innovative Plastic Investments (MIPI) et l’Institut Mérieux.

Elle va permettre de procéder à la validation clinique de ses premiers tests diagnostiques et théranostiques en microbiologie. Son produit phare est l’Antibiofilmogramme qui permet de mieux prescrire des antibiotiques en tenant compte des capacités de résistance bactériennes.

CEVA EMPRUNTE 100 M€ AUPRES D’AXA Ceva Santé Animale vient d’emprunter 100 M € auprès d’Axa Private Equity. Une partie des fonds iront aux sites de production : Libourne (33), qui recevra 15 M€, Loudéac (22), Lenexa (USA) et Budapest (Hongrie).

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Focus ETHYPHARM S’AGRANDIT À CHÂTEAUNEUF-EN-THYMERAIS

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a drug delivery Ethypharm, qui emploie environ 310 salariés sur son unité de Châteauneuf-enThymerais (28) spécialisée dans les formes sèches innovantes (libération prolongée, comprimés enrobés), va engager environ 2 M€ 2 dans une extension de 1 000 m et dans l’acquisition de nouveaux équipements qui devraient permettre au site d’accroître la capacité de certains de ses produits de 20 %, indique la direction. Les travaux devraient débuter dans les premières semaines de 2013 pour s’achever en avril. Cette extension va s’accompagner de la création d’une vingtaine d’emplois.

L’usine de Châteauneuf, qui a bénéficié du transfert des salariés du site Ethypharm de Houdan (78), fermé en 2011, a profité l’an passé d’un programme d’investissement de 3 M€. Celui-ci a notamment été consacré à l’installation d’un nouvel équipement de séchage à lit d’air fluidisé ainsi qu’à l’aménagement d’une zone dédiée à des activités de répartition.

SALEM RELANCE MEYMAC Le laboratoire algérien Salem, qui a repris l’usine Bristol-Myers Squibb (BMS) de Meymac (19) en septembre 2010, une unité spécialisée dans la fabrication de formes sèches (31 salariés), est sur le point de signer des premiers contrats de sous-traitance ; l’activité de manufacturing pourrait débuter en 2013 et conduire la direction à recruter progressivement une quinzaine de salariés. Le laboratoire prévoit d’investir près de 2 M€ sur 2013 et 2014 dans de nouveaux équipements industriels.

NOVASEP INVESTIT 30 M€ A MOURENX Novasep, fabricant d’APIs à façon et développeur de procédés de purification, va consacrer 30 M€ à la construction d’une unité de chromatographie continue. Ce module de production sera construit à Mourenx (64) sur un site de 110 salariés, déjà exploité par Novasep. Ces capacités sont destinées à produire un API pharmaceutique pour un client unique, dont l’identité a été jalousement préservée, et commencera à produire des lots de validation au premier trimestre 2014.

ALKOPHARM EN ATTENTE À BLOIS A Blois (41), le laboratoire Alkopharm, l’une des unités du groupe dirigé par Alain Bouaziz, pourrait reprendre ses activités de fabrication prochainement. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) aurait, en effet, notifié à la direction l’abrogation des interdictions d’exercer et de produire qui frappaient ce site d’une quarantaine de salariés respectivement depuis les 20 janvier et 20 avril derniers.

Rappelons qu’à Blois, Alkopharm est spécialisé dans le conditionnement secondaire d’injectables et de formes solides ; l’usine produit un certain nombre de traitements de maladies rares – dont certaines sont privées de toute alternative thérapeutique – ainsi que le Normison (troubles de l’insomnie) et le Di-Hydan (traitement de l’épilepsie).

L’interdiction de fabrication avait été prononcée suite à la mise en évidence d’écarts majeurs dans la documentation des produits.

8 Actulabo - Janvier 2013

VIRBAC ÉTOFFE SA PALETTE Le laboratoire vétérinaire français Virbac (623,1 M€ de CA en 2011) joue la carte de la diversification.

La direction indique qu’elle vient de prendre une prise de participation de 51 % au capital du chilien Centrovet (300 salariés), spécialisé dans les traitements des élevages en aquaculture. Le Français a également pris une option qui l’autorise, le cas échéant, à prendre 100 % des actions de la société sud-américaine d’ici à cinq ans.

SYNERLAB REPREND LYOFAL ET IDD-TECH

L

e façonnier français Synerlab (environ 80 M€ de CA, 650 salariés) étoffe sérieusement ses capacités. Le groupe a annoncé la reprise de Lyofal, un sous-traitant spécialisé dans les formes lyophilisées ; ce dernier est installé à Salon-de-Provence (13) où il emploie une vingtaine de personnes. Par ailleurs, Synerlab, qui contrôle les activités des alsaciens BTT (comprimés et gélules), Pharmaster (formes liquides stériles) et du vernolitain Sophartex (formes sèches et liquides), se porte également acquéreur du site orléanais d’IDD-Tech, une des unités (20 salariés) de drug development dirigée par Hélène Rouquette (photo ci-contre) dont nous avions annoncé en exclusivité la mise sur le marché en septembre dernier. Grâce à cette double acquisition, qui a également été annoncée par Axa Private Equity, l’actionnaire de référence de Synerlab, ce dernier devrait approcher les 85 M€ de CA et employer environ 700 salariés.

Par ailleurs, l’administrateur judiciaire lyonnais chargé de céder IDD-Tech par appartements a relancé la procédure de vente de la plate-forme lyonnaise (13 salariés), spécialisée dans le développement d’anticorps monoclonaux.

SANOFI RENFORCE RIELLS La big pharma française Sanofi va augmenter la production de son usine de Riells i Viabrea (260 salariés), au nord de Barcelone (Espagne), en y transférant 7,3 millions d’unités de trois produits différents. Ce projet, annoncé à l’occasion du 40ème anniversaire de l’usine par Marc-Antoine Lucchini, pdg de Sanofi Iberica, découlerait du transfert de plusieurs fabrications de l’unité de Fawdon (450 salariés), près de Newcastle (Royaume-Uni), dont la fermeture est programmée pour 2015.

GEODIS REPREND LA LOGISTIQUE LYONNAISE DE BAYER

NEXTPHARMA CÈDE SES ACTIVITÉS AMÉRICAINES La CMO NextPharma va céder sa filiale de manufacturing américaine Bioserv au fonds d’investissement Kesa Partners dans le cadre d’une transaction dont le montant n’a pas été révélé. Bioserv, qui exploite une unité d’environ 3 000 m² (formes aseptiques et non-aseptiques, produits lyophilisés) à San Diego (Californie), était rentrée en 2007 dans le périmètre de NextPharma lorsque ce dernier entretenait de grandes ambitions sur le marché américain. Désormais, l’heure est au recentrage sur le marché européen et sur certaines spécialités telles que les hormones, la pénicilline et les céphalosporines.

Rappelons qu’après avoir cédé – à la barre du tribunal de commerce – son site belge (ex-Thissen) au façonnier français Cenexi, NextPharma semble concentrer ses ressources sur l’Allemagne où la CMO a ouvert, en février dernier, une importante plate-forme logistique sous atmosphère dirigée (26000 palettes) à Werne, au nord de Dortmund.

Le groupe Geodis Calberson va reprendre la plate-forme logistique de Bayer Santé Familiale installée à St-Georges-de-Reneins (69), au nord de Lyon.

Cette unité de 33 000 m², spécialisée dans la distribution de produits OTC et vétérinaires, adresse près de 14 000 officines françaises, mais aussi des grossistes, des hôpitaux et des parapharmacies. Le projet prévoit la reprise de 30 des 50 salariés.

Actulabo - Janvier 2013 9

Stratégies LUCY VINCENT, DIRECTRICE GÉNÉRALE DES AFFAIRES EXTÉRIEURES DU LABORATOIRE SERVIER

« L’affaire Mediator va con Dans une interview exclusive accordée à Actu Labo, Lucy Vincent, la directrice générale des affaires extérieures des laboratoires Servier, prévoit un tournant majeur dans l’affaire Mediator. Primo, les juges n’ont pas reconnu la volonté « de dissimulation » à l’égard des autorités sanitaires à partir de 1995.

Secundo, un expert épidémiologique nommé par le tribunal va passer au peigne fin les données de la Cnam ayant servi à l’évaluation du nombre de décès qu’aurait entraînés le médicament.

Le procès pénal se tiendra le 21 mai 2013.

10 Actulabo - Janvier 2013

2009, date à laquelle le Mediator a été retiré du marché, consécutivement, je le rappelle, à l’étude (Regulate) que nous avons menée et financée. C’est un fait qui constitue un tournant majeur dans cette affaire.

Actu Labo : Le pôle santé du TGI de Paris, en charge de l’instruction de l’affaire Mediator, a mis en examen Jacques Servier, le 11 décembre dernier, pour « homicides et blessures involontaires ». Quelle est la portée de cette décision ?

Lucy Vincent : Afin d’accélérer le traitement du dossier et notamment le volet relatif aux procédures d’indemnisation, le parquet avait décidé d’ouvrir deux informations judiciaires : l’une pour homicides et blessures involontaires, la seconde pour tromperie et dissimulation, notamment vis-à-vis de l’agence du médicament, sur les effets secondaires du benfluorex. Si le premier motif a été retenu dans les motivations de la mise en examen, le second ne l’a pas été suite à la prise en compte des observations de nos avocats. Les juges ont exclu toute tentative et volonté de dissimulation de Servier sur la période 1995-

Actu Labo : Un tournant, mais dans quelle mesure ?

Lucy Vincent : Tout simplement parce que cette exclusion contredit l’un des attendus clés du fameux rapport de l’Igas sur lequel repose une grand part de l’argumentation de nos accusateurs. Je rappelle que dans des termes choisis, nous aurions, je cite, « roulé dans la farine » les autorités et les instances de pharmacovigilance, l’Igas avait mis en avant cette pseudovolonté de dissimulation sans d’ailleurs engager une procédure contradictoire de consultation des parties, comme le prévoit le guide des bonnes pratiques auquel elle doit se conformer. Cette stigmatisation avait été établie sur la base d’éléments tronquée et biaisés. Nous l’avions dit à l’époque mais nous n’étions sûrement pas audibles…

Actu Labo : Ce rebondissement judiciaire pourrait-il aboutir à une coresponsabilité du laboratoire et des autorités de régulation ?

Lucy Vincent : Je vous laisse libre de formuler cette hypothèse et je ne préjuge de rien. Disons que je fais confiance à la justice pour tirer au clair cette question et en déduire toutes les conséquences.

Actu Labo : Pour autant, vous ne pouvez pas nier que ce produit était dangereux et qu’il a échappé à tout contrôle sérieux et efficace pendant 35 ans en dépit des alertes ?

Lucy Vincent : Mais nous ne nions pas les effets indésirables. Mieux, nous les avons démontrés dans

naître un tournant » une étude qui a coûté 20 M€. Un peu de bon sens !

Si nous avions précocement détecté la dangerosité de ce produit, pourquoi l’aurions-nous maintenu sur le marché en cachant ses effets nocifs ? Pour des raisons mercantiles ? Savez-vous que ce médicament ne représente que 0,7 % des ventes des laboratoires Servier ? La vérité scientifique, c’est que le Mediator a généré des effets indésirables discrets, peu détectables et heureusement rares, qui ne sont intervenus qu’après une assez longue période de traitement.

Par ailleurs, la prévalence de dysfonctionnements préalables de valves cardiaques au sein de la population traitée par Mediator est forcément plus importante qu’au sein de la population générale. Cette caractéristique introduit tout de même un biais statistique remarquable.

Actu Labo : Pourtant, des médecins et notamment des endocrinologues affirment avoir tiré la sonnette d’alarme depuis des années ?

Lucy Vincent : Mais où sont les alertes de pharmacovigilance à ce sujet ? C’est impressionnant le nombre de personnes qui prennent la posture du « on le savait bien, on vous l’avait bien dit » et qui interviennent après la bataille !

Actu Labo : Ceci vous amène donc à contester le nombre de victimes citées qui oscille entre 500 et 2 000 ?

Lucy Vincent : Je ne sais absolument pas quel a été le nombre de décès provoqués par les effets secondaires du Médiator. Un, c’est un de trop ! Ce que je sais, c’est que cette évaluation est fondée sur des données médico-économiques issues des bases de données de la Cnam. Ce qui est d’une très grande originalité ! Il ne s’agit en aucun cas de données venues

de la pharmacovigilance. Je tiens à signaler que cette estimation a été réalisée à partir d’une méthodologie dont nous ignorons tout. A de très nombreuses reprises, les laboratoires Servier ont demandé très officiellement aux dirigeants de la Cnam que soient communiqués ces chiffres et cette méthodologie.

Sans aucun succès. Pourquoi autant de mystère et aussi peu de transparence si ces données ne peuvent souffrir d’aucune contestation ? Récemment, et ce fait va sans doute constituer un autre rebondissement majeur, la chambre de l’instruction a demandé à ce qu’un expert épidémiologique soit désigné – et ceci a été fait… – afin que les données soient auditées. Je tiens à souligner que l’avocat de la Cnam a tenté de faire casser cette décision. Nous sommes, pour notre part, très impatients de connaître les conclusions de cet expert.

Actu Labo : Quel a été l’impact du Mediator sur l’activité commerciale et la réputation du laboratoire Lucy Vincent : Elle est très difficile à évaluer avec précision. Ce que je peux vous dire, c’est que notre chiffre d’affaires a beaucoup reculé en France cette année à l’instar de toute l’industrie pharmaceutique touchée par la baisse des prix et les déremboursements en rafale. En revanche, nous progressons fortement sur les marchés étrangers qui représentent aujourd’hui 92 % de notre volume d’affaires. Par ailleurs, notre sérieux et notre crédibilité scientifique n’ont souffert en aucune façon tant en France qu’à l’international. Je rappelle que depuis deux ans, Servier a signé 16 accords de développement avec des biotechs et des biopharms.

Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier

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Stratégies

DOSSIER WALLONIE

Les pharmas votent pour L La Wallonie, principale région francophone de la Belgique, bénéficie d’une filière pharma qui a déjà atteint une dimension internationale.

Mais à l’heure où la compétition mondiale s’intensifie, le soutien aux sciences de la vie est au cœur des politiques publiques.

Celles-ci visent à accroître l’attractivité d’un territoire qui a été très éprouvé par de drastiques restructurations industrielles. Les perspectives sont prometteuses.

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a Belgique fonde beau- triel belge Jean Stéphenne avant coup d’espoir sur le déve- son récent départ vers une retraite loppement de sa filière très active, ne constitue pas le pharma. Et se donne les moyens moindre des atouts du territoire. de ses ambitions. Ce modeste Près de 40 % des contrats de repays de 11 millions d’habitants, cherche de GSK Biologicals Belmultilingue, découpé en trois ré- gique sont ainsi sous-traités, ou gions principales font l’objet de dédont au moins veloppement avec La montée du deux, la Wallonie et des laboratoires nationalisme les Flandres, se reacadémiques belflamand gardent en chiens ges. UCB, le dermenace-t-elle de faïence, s’enornier champion nala Belgique ? gueillit de compter, tional encore en notamment en Wallonie, une lice – suite au désengagement de pharma belt que bien des nations Solvay –, n’est pas en reste. Diriplus importantes lui envient. gée par le français Roch Doliveux, Ainsi, GSK Biologicals exploite à la middle pharma qui a dû se livrer Rixensart (Wallonie, province du à une pénible restructuration de Brabant), Wavre (Wallonie, pro- ses sites belges, entretient la flamvince du Brabant wallon) et Gem- me en engageant 65 M€ (cf. notre bloux (Wallonie, province de Na- article page 19) à Braine-l’Alleud mur) plusieurs sites, dont l’une de dans une unité de bioproduction. ses plus importantes plates- Pfizer emploie, pour sa part, enviformes de production de vaccins ron 2 500 collaborateurs, notamet un centre mondial de R&D. ment dans le domaine de la santé «Soit près de 7 000 salariés et, ces animale. Rappelons que Pfizer Beldernières années, un niveau gium fut la première filiale ouverte moyen annuel d’investissement par le numéro un mondial sur le de plus de 600 M€ », se félicite Vieux Continent… en 1952.

Alphi Cartuyvels, le directeur de la « Baxter, BMS, MSD, la plupart zone Europe de l’Agence wallonne des pharmas mondiales – si l’on à l’exportation et aux investisse- excepte Sanofi ! – ont élu domiments étrangers (AWEX). L’impli- cile dans notre pays et en particucation au profit de projets locaux lier en Wallonie », souligne Jeande cette filiale vaccins de la Pierre Marcelle, le directeur marpharma britannique, qui fut diri- keting et investissements amérigée par le charismatique indus- cains de l’AWEX. « Et les atouts na-

turels de ce territoire, placé au cœur d’une zone de 400 millions de consommateurs à fort pouvoir d’achat, particulièrement bien maillée par d’importantes voies de communication, disposant en Wallonie de 40 hôpitaux universitaires et de trois pôles universitaires de renom mondial (Liège, l’Université catholique Louvainla-Neuve et l’Université libre de Bruxelles), continuent à produire leurs effets. J’ajoute que la Belgique est le premier pays au monde pour les essais cliniques per capita. » Ces effets bénéfiques ne se limitent pas au strict registre de la pharma ou des biotechnologies. Les investissements dans le domaine du dispositif médical et du device fleurissent aussi en Wallonie, comme en témoignent les importantes plates-formes de distribution exploitées par J&J à Courcelles et à La Louvière (100 M€ d’investissement).

Le groupe américain, qui produit aussi des médicaments à Beerse et Geel dans les Flandres, a par ailleurs inauguré en janvier dernier un nouveau site administratif à proximité de l’aéroport de Zaventem, près de Bruxelles, et à l’issue d’un programme de 19 M€.

Le tropisme des milieux d’affaires internationaux en direction de la Wallonie est indéniable : sur la dernière décennie, environ 8,5 Md€

la Wallonie

ont été directement injectés par des entreprises internationales dans l’économie wallonne. Et la Belgique pointait récemment au second rang de l’attractivité mondiale… derrière Hong Kong, selon le classement établi par les Nations Unies (World Investment Report 2012).

Mais la montée du nationalisme flamand habilement entretenu par le leader populiste Bart de Wever – qui ne cesse de fustiger les fran-

cophones et les leaders wallons accusés de vivre aux crochets de la Flandre devenue la région la plus riche de la Belgique – ne fait-elle pas peser un danger mortel sur l’unité belge et, partant, sur cette belle attractivité économique ?

Faut-il rappeler que le Royaume a été privé de gouvernement fédéral pendant… 535 jours (un record mondial !) jusqu’à ce que le francophone Elio Du Rupo parvienne en début d’année 2012 à réunir

les représentants des différentes sensibilités politiques et linguistiques dans une équipe commune… plutôt hétéroclite ? « Ces difficultés politiques réelles ne sont pas un obstacle au business, ni à la gouvernance de la politique économique, assure JeanPierre Marcelle, tout simplement parce que cette dernière est du ressort des collectivités régionales et que celles-ci font preuve d’une très grande stabilité en la matière ».

L’un des sites GSK Biologicals à Wavre.

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Stratégies

Michel Detheux, fondateur et CEO de ITeos Therapeutics.

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DOSSIER WALLONIE

En Wallonie, ancienne région industrielle accablée par les restructurations de l’industrie lourde (sidérurgie) et un taux de chômage qui frise les 16% dans certains bassins d’emploi, la question de la réindustrialisation est au cœur des politiques publiques depuis plusieurs années. Sous la houlette de son ministre de l’économie et de l’industrie, le socialiste JeanClaude Marcourt, la Région wallonne a lancé en 2004 la version belge du plan « Marshall », un vaste programme d’aide à l’économie qui a été doté – après avoir contribué à la création de 27 000 em-

plois dans une première phase – Mais le potentiel est bien là ! Et de 3 Md€ supplémentaires sur la BioWin pourra s’appuyer sur l’expériode 2009-2014. Ce dispositif cellence de structures de transfert qui prévoit toute une palette de de technologie tel que le Groupe mesures a sélectionné plusieurs interdisciplinaire de génomique secteurs clés, dont les sciences de appliquée (Giga) dépendant de la vie. « Un pôle de compétitivité l’université de Liège et du CHU de la même ville – correspond à chaL’engagement la plus francophile cun de ces secteurs de la collectivité de Belgique –, pour jugés critiques », fait rarement parvenir à leurs explique Pierre défaut fins. Celui-ci ne se Léonard, le chef de cabinet adjoint du ministre. «Pour contente pas de valoriser les trales sciences de la vie, le pôle Bio- vaux de ses 400 chercheurs – dont Win a déjà contribué à faire près de 20% d’étrangers –, mais va émerger 42 projets, dont 26 pro- jusqu’à proposer à l’ensemble de jets de recherche pour un mon- cette communauté des équipetant d’investissement global de ments mutualisés, une plate109 M€ dont 79 M€ de fonds pu- forme clinique de haut niveau – la Belgique affiche les délais d’apblics », poursuit Pierre Léonard.

Forts d’une démarche bottom up probation de phase I les plus totalement assumée, les promo- courts d’Europe (moins de 14 teurs de ce pôle – dont le conseil jours) – et des incubateurs perd’administration est présidé par mettant aux jeunes pousses et aux Jean Stéphenne – ont laissé les ac- spin-off de faire leurs premiers teurs de terrain (porteurs de pro- pas. Par ailleurs, un mécanisme jets, laboratoires académiques, in- d’évaluation interne est en capavestisseurs) s’organiser et propo- cité de désarmer précocement ser des projets collaboratifs re- les projets privés de toute perscherche/industrie qui doivent tous pective scientifique ou commerpasser sous les fourches caudines ciale… d’un jury international indépen- L’engagement de la collectivité rédant. Certes, il y a encore du pain gionale fait rarement défaut aux sur la planche avant que ce pôle, initiatives les plus prometteuses, notamment positionné sur la mé- comme peut en témoigner Michel decine régénérative (l’une des ex- Detheux, le fondateur et CEO de pertises majeures de la bio valley ITeos Therapeutics, une biotech belge qui s’est déjà concrétisée spécialisée dans les traitements du par la floraison de belles bio- cancer par immunothérapie qui pharms comme TiGenics, Cardio3, vient de s’installer dans des locaux Bone Therapeutics, Promothera situés près de la zone aéroporBiosciences ou la CMO Masther- tuaire de Charleroi. « Nous venons cells), accède au Gotha mondial. de réaliser une levée de fonds de

9 M€, afin de financer un important programme clinique. La Région wallonne a apporté sur ce total 6,05 M€ dans le cadre d’une aide non dilutive ». Un concours décisif qui a sûrement convaincu le prestigieux Ludwig Institute for Cancer Research – dont ITeos est issue – à entrer au capital du laboratoire aux côtés d’autres d’investisseurs à hauteur de 3 M€. « Une première ! se réjouit Michel Detheux. Nous profitons de remarquables facilités immobilières et du décloisonnement qui s’est opéré entre tous les acteurs de la filière grâce à BioWin », affirme pour sa part Sébastien Massart, le directeur de la production et du développement de DNA Vision, une biopharm également installée à Charleroi et spécialisée dans la génomique et l’analyse des gènes, une autre spécialité belge. « C’est incontestable, le plan Marshall a rendu le climat wallon très business friendly, y com-

pris dans le domaine des sciences de la vie », juge Jean-Jacques Westhof, le directeur des relations internationales et du commerce extérieur de l’Union wallonne des entreprises (UWE). C’est peu dire que les investisseurs sont accueillis à bras ouverts de part et d’autre de la Meuse. Toute une série d’«incentives » (déduction des intérêts notionnels, régime des expatriés fiscaux, abattements fiscaux, aides à l’innovation et à l’équipement, exonérations de charges sociales), permettent de réduire le montant d’un projet « le cas échéant de plus de 30 % », estime Alphi Cartuyvels, et ceci dans la plus grande transparence vis-àvis des autorités européennes bruxelloises qui, en voisines, ont validé le dispositif. « Il est exact que la qualité de l’accueil des porteurs de projets est assez exceptionnelle », note ainsi Philippe Mougin, le patron – français – du façonnier Cenexi qui a repris à la

UNE R&D BELGE EN FORTE PROGRESSION Les dépenses de R&D en Belgique dans le secteur de la chimie, des sciences de la vie et des matières plastiques ont été estimées à 2,72 Md€ en 2011, soit une augmentation de 12 % par rapport à 2010. Sur la période 2000 à 2011, elles ont connu une augmentation moyenne de 6 %.

Ce secteur est celui qui affiche la plus forte intensité de R&D en Belgique et il représente la moitié des dépenses de recherche du secteur privé. Il faut également noter que les sciences de la vie (pharma et biotechnologies) représentent à elles seules les trois quarts des dépenses de ce secteur. Rappelons que l’industrie chimique, les matières plastiques et les sciences de la vie ont généré près du quart de la valeur ajoutée brute totale de l’industrie manufacturière en Belgique.

barre du tribunal de commerce en janvier dernier, au nez et à la barbe de Jean Stéphenne qui convoitait l’affaire, le site de production de cytotoxiques de NextPharma à Braine-l’Alleud approuvé FDA depuis septembre 2012. « Mais il faut aussi tenir compte de certaines contraintes comme les niveaux de salaires qui sont plus élevés de 1,5 à 2 % par rapport à la France» prévient Philippe Mougin. Un surcoût en partie gommé « par une productivité plus élevée», juge Jean-Luc Dewez, le directeur général de Cenexi Thissen, fraîchement nommé. Par ailleurs, l’emprise des syndicats de salariés wallons entretient indiscutablement une certaine conflictualité qui peut s’avérer dissuasive. « La perfection n’est pas de ce monde», convient Jean-Pierre Marcelle, qui souligne que Pfizer Health a récemment déplacé une activité de finance support de… l’Irlande vers la Wallonie. Une référence !

Sébastien Massart, directeur de la production et du développement de DNA Vision.

Jean-Christophe Savattier, envoyé spécial à Liège

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Stratégies

DOSSIER WALLONIE

JEAN STÉPHENNE, PRÉSIDENT DE BIOWIN ET EX-PRÉSIDENT DE GSK BIOLOGICALS

« Les pouvoirs publics se sont ralliés à la cause des industriels » L’emblématique patron de GSK Biologicals, ancien patron de l’Union wallonne des entreprises, qui a fait valoir ses droits à une retraite très active, est l’un des principaux artisans de l’attractivité de la pharma belt wallonne. Il préside le pôle de compétitivité BioWin.

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Actu Labo : A quoi attribuez-vous les réussites de la Wallonie dans le domaine des sciences de la vie ?

Jean Stéphenne : En premier lieu, ce territoire bénéficie d’une recherche fondamentale de qualité, notamment dans le domaine des sciences de la vie. Ceci se traduit par de nombreuses publications et par une activité de dépôts de brevets qui est tout à fait surprenante pour une région de cette taille. Secundo, il s’est forgé ici une culture très forte du transfert de la technologie.

Le monde universitaire et les milieux d’affaires se sont rapprochés. Enfin, les pouvoirs publics ont initié le fameux plan « Marshall » – auquel je me suis beaucoup consacré – et ont mis en place des soutiens à la recherche pour des projets entre entreprises et universités.

Actu Labo : Les industriels de la pharmacie semblent très bien considérés en Belgique ?

Jean Stéphenne : Cela n’a pas toujours été le cas.

Mais au tournant des années 2000, un certain nombre de patrons de l’industrie dont je faisais partie ont alerté les pouvoirs publics sur les aspects contre-productifs des politiques publiques engagées à l’égard de ce secteur, notamment en matière de fiscalité et de fixation des prix du médicament. Nous avons même réalisé une étude qui chiffrait l’impact économique et qui proposait sans tabou des mesures d’ajustement précises. Une sorte de rapport Gallois sectoriel si vous voulez ! Nous avons, je crois, gagné cette bataille intellectuelle qui a favorisé la mise en place de toute une série de politiques qui ont permis à la Belgique de se faire une place émi-

nente en Europe dans le domaine des sciences de la vie. Les pouvoirs publics se sont ralliés à la cause des industriels. Le gouvernement fédéral a notamment réduit les charges de sécurité sociale pour les chercheurs de 75 % ; et de plus, pour les brevets belges, une taxation attractive de l’ordre de 7 % a été installée.

En parallèle, la mise en œuvre du plan « Marshall » est passée par la création de pôles de compétitivité dont l’idée nous a été en partie soufflée par Christian Blanc que nous avions rencontré en 1997.

Actu Labo : Quels sont aujourd’hui les points forts de la Wallonie et de façon plus générale de la Belgique dans le domaine des sciences de la vie ?

Jean Stéphenne : Nous sommes bien placés dans les cellules souches où de belles biotechs ont émergé.

Notre second point fort est celui de l’immunothérapie appliquée au cancer. Enfin, il y a aussi une excellence belge dans le domaine des nutricaments.

Actu Labo : Où en êtes-vous de vos projets personnels de création d’activité dans le domaine de la pharmacie ?

Jean Stéphenne : J’ai déjà investi dans plusieurs spinoff belges, notamment spécialisées dans les nanotechnologies et les cellules souches (Nanocyl, Bone Therapeutics). J’ai également créé avec quelques amis une CMO (BePharBel) qui va se focaliser sur la sous-traitance de produits génériques à haut niveau de qualité et de services ; nous souhaitons nous positionner sur les marchés de l’hôpital et adresser des pays africains et du Moyen-Orient. Cette société s’est déjà dotée de capacités de manufacturing près de Charleroi.

Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier

HUGUES VAN ESPEN, RESPONSABLE DE BIOLOG

« La Wallonie devient un hub de référence mondiale » Le dirigeant de BioLog, une association qui vise au développement de la logistique santé en Wallonie, revient sur les fondamentaux de l’attractivité de ce territoire.

Actu Labo : Quels sont les principaux atouts de la Wallonie dans le domaine de la logistique ?

Hugues Van Espen : Nous disposons d’un réseau autoroutier gratuit, d’une très bonne desserte ferroviaire, de la proximité de grands ports tels que Rotterdam et Anvers irrigués par des canaux fluviaux, d’aéroports internationaux (Bruxelles, Charleroi) et d’une plateforme aéroportuaire dédiée au fret à Liège (675 000 tonnes par an). Ces atouts sont complétés par une offre foncière dotée d’un rapport qualité-prix plutôt compétitif. Dans les zones les plus touchées par la crise industrielle des années 70-80, le prix du m² évolue dans une fourchette comprise entre 22 et 55 €. A ce positionnement très favorable s’ajoute le soutien des différentes « incentives » fiscales prévues au titre du plan « Marshall », un dispositif public qui favorise les investissements étrangers dans un certain nombre de secteurs qualifiés, dont la logistique et les sciences de la vie.

Actu Labo : Les acteurs de la filière santé ont-ils déjà pris la mesure de ces atouts ?

Hugues Van Espen : Les opérateurs globaux (chargeurs, aménageurs, prestataires, utilisateurs) du secteur de la logistique ne s’y trompent pas : les plus grandes signatures de la logistique mondiale (TNT, UPS, DHL, DPD, Fedex, Marken, World Courrier, Galliker) ont développé d’importantes capacités dans les parcs d’activités logistiques qui foisonnent notamment autour de Charleroi et de Liège. Et les pharmas ne sont pas en reste ! Teva a ainsi planté sur l’aéroport de Liège sa

plate-forme logistique européenne qu’elle confie à la compagnie israélienne CAL et au prestataire spécialisé Lachs. GSK, qui exploite en Belgique l’une de ses plus importantes plates-formes de production et de recherche sur le segment des vaccins, sous-traite 80 % de la logistique de ses essais cliniques au prestataire spécialisé belge BPL. J&J a implanté à La Louvrière une plate-forme de distribution de 25 000 m² de produits pharmaceutiques (environ 50 M€ d’investissement). J&J exploite également un centre de distribution de matériel médical (environ 350 salariés) à Courcelles, près de Charleroi.

Lonza a transféré une grande partie de sa logistique européenne sur le site de Verviers. La Belgique devient un hub de référence mondiale.

Actu Labo : Comment BioLog peutelle accompagner cette tendance favorable ?

Hugues Van Espen : Nous sommes, par exemple, en train d’étudier un projet de mutualisation des flux intercontinentaux des laboratoires installés en Belgique, afin de faire bénéficier les acteurs de ce secteur de dessertes régulières au meilleur coût. Et ce, dans une logique de co-voiturage cargo qui pourrait améliorer les bilan carbones des donneurs d’ordre. Une enquête confidentielle a déjà été menée auprès de ces derniers pour cartographier leurs flux. Nous pourrons nous appuyer sur l’expertise d’une petite société flamande (Tri-Vizor) qui a développé une solution permettant de connecter les ERP (progiciels de gestion) d’une communauté de chargeurs. Mais nous ne sommes qu’aux préliminaires de ce projet.

Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier

Actulabo - Janvier 2013 17

Stratégies

DOSSIER WALLONIE

Promothera,

une success story wallonne ?

S’inscrivant dans la tradition belge de la thérapie cellulaire, Promothera Biosciences a fondé son développement sur des traitements très innovants de certains dysfonctionnements hépatiques génétiques.

Soutenue par la collectivité régionale, la biopharm devrait s’appuyer en 2013 sur une plate-forme industrielle de thérapie cellulaire.

18 Actulabo - Janvier 2013

V

oici probablement l’une des plus belles pépites de la biopharm valley wallonne. Discrètement installée dans une zone d’activité de Mont-StGuibert, près de Louvain-la-Neuve, Promothera Biosciences, une spinoff de l’Université catholique de Louvain (UCL), est devenue la coqueluche des investisseurs. Qu’on en juge, le laboratoire qui s’est développé sur la base des travaux du chercheur Etienne Sokal de l’UCL a réussi à lever récemment 23 M€, dont 6 M€ apportés par la Région wallonne via le SRIW (Société régionale d’investissement de Wallonie) ; le pool d’investisseurs privés était pour sa part emmené par Vesalius Bio Capital, un acteur du capitalrisque très engagé en Belgique. Il a entraîné derrière lui les concours d’industriels tels que Shire ou Boehringer Ingelheim Venture. « C’est sûrement la plus importante levée de fonds en Europe de ces derniers mois », se réjouit Beatrice De Vos, la responsable médicale (chief medical officer) d’une entité qui emploie déjà 46 collaborateurs dont une écrasante majorité de chercheurs et de doctorants. «Certains ont été empruntés aux services de R&D de GSK Biosciences très présent dans la région», ajoute malicieusement la CMO. Il est vrai que le modèle scientifique

de Promothera a de quoi séduire tous les talents. La biopharm qui s’inscrit dans la tradition belge de la thérapie cellulaire – qui a déjà favorisé la pousse de belles plantes comme TiGenics (traitement régénératif des cartilages du genou), Bone Therapeutics ou Cardio 3 – a fondé sa croissance sur une plateforme de développement de cellules souches prélevées sur des foies humains qui seront transplantées sur des foies de patients souffrant de graves désordres hépatiques génétiques. «Pour l’heure, deux projets phares sont engagés en clinique et se trouvent en phase I/II », nous indique Carole Monterrat, la vice-présidente Ressources de la biopharm wallonne, « le premier est indiqué pour le traitement du syndrome de Criegler-Najjar, une maladie rare (avec une prévalence de un patient sur un million) liée à une anomalie génétique qui oblige fréquemment les personnes atteintes à subir une transplantation ; le second dans une indication de déficit du cycle de l’urée, un peu plus fréquente (1 patient sur 30 000) qui peut déboucher sur de très graves atteintes neurologiques ».

On pourrait objecter à ces chercheurs que ce modèle orphelin reste fragile et n’est pas toujours compris par les investisseurs et les autorités de régulation. « Nous sommes certes

dans un modèle orphelin mais notre plate-forme de thérapie cellulaire allogénique peut s’appliquer théoriquement à plus de 200 indications différentes», plaide Carole Monterrat. Les autorités wallonnes et l’ensemble de l’écosystème industriel local se mobilisent au bénéfice de ce projet. Qui devrait en 2013 déboucher sur la construction en pays wallon d’une importante installation de thérapie cellulaire qu’elle partagera avec Bone Therapeutics. Promothera utilisera 1500 m², dont 500 m² de salles blanches. Ces capacités sont appelées à soutenir les différentes phases cliniques d’un projet ambitieux dont l’horizon de commercialisation s’établit autour de JCS 2017.

UCB s’arme pour le futur à Braine-l’Alleud A Braine-l’Alleud, la middle pharma belge UCB, qui exploite déjà une unité de 1 500 salariés, vient de se doter d’une plate-forme de biomanufacturing qui s’attachera à produire l’ensemble des molécules en phase de recherche clinique.

U

CB est bien l’un des piliers de la pharma wallonne, comme l’illustre l’importance de ses capacités installées à Braine-l’Alleud. Celles-ci s’étendent sur 51 hectares, où ont été édifiés une vingtaine de bâtiments. Et la plate-forme, qui se «situe au cœur de la migration vers les biotechnologies engagée par le groupe », selon son CEO français Roch Doliveux, vient d’être récemment renforcée. En septembre, la direction a inauguré sur le site – en présence de JeanClaude Marcourt, le ministre wallon de l’économie –, une nouvelle unité de bioproduction qui a requis un investissement de 65 M€… fortement accompagné par la Région wallonne.

Elle occupera 5 100 m2 de locaux, dont 800 m2 de surface de laboratoire ; le module abritera quatre bioréacteurs qui affichent une capacité de 3 200 litres. Ces équipements seraient en capacité de produire entre 40 et 60 kilos de matière active par an. « Plus d’une centaine de collaborateurs vont être employés par cette plate-forme de production.

Tous auront subi au préalable un accompagnement de très haute qualité comme il est de coutume chez UCB », indique un porte-parole du groupe, qui estime que cette unité de bioproduction, aujourd’hui en phase de qualification, devrait être pleinement opérationnelle en 2013.

Dédiée à la production de protéines thérapeutiques à base de culture cellulaire, l’usine aura pour vocation d’accélérer la mise à disposition de nouveaux médicaments biotechnologiques pour maladies graves. Elle se focalisera « sur le développement des molécules d’UCB en phase de recherche et d’essais cli-

niques ». En parallèle, les procédés de fabrication seront conçus et optimisés, afin de passer, le moment venu, du développement à la production industrielle à large échelle. « Grâce à ce projet industriel qui est important pour le groupe, mais aussi pour le bassin économique wallon, UCB s’arme pour le futur, a indiqué Roch Doliveux.

Aujourd’hui, au niveau mondial, 33 % des médicaments sont d’origine biotechnologique. Ceux-ci représentent déjà plus de 50 % du pipe du groupe. Avec cette unité biotechnologique pilote, UCB sera en mesure d’accélérer des études cliniques d’anticorps très innovants, afin de répondre à des besoins thérapeutiques non satisfaits ». La direction du groupe a également rappelé à l’occasion de cette inauguration qu’UCB était le « plus gros investisseur belge en R&D tous secteurs confondus ».

Rappelons que l’ensemble de la plate-forme de Braine-l’Alleud emploie 1 500 salariés ; elle produit notamment le Notropil (désordre cognitif), le Keppra dans le traitement de l’épilepsie ainsi que l’antihistaminique Zyrtec. Le site abrite également d’’importantes capacités de R&D focalisées sur la neurologie et les troubles du SNC. JCS

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Stratégies

RECHERCHE

Les industriels ont la R&D «I

Comme en témoigne le récent programme de restructuration de ses activités de R&D engagé par Sanofi, les big pharmas ont pris leurs équipes de recherche en grippe. Pour autant, ces réorganisations ne signent pas l’échec définitif des modèles intégrés.

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ndustriel pharma de premier plan cèderait activités de recherche en l’état. Prévoir travaux… ». Tel est le libellé d’une annonce imaginaire qui pourrait être publiée de nos jours par beaucoup de big pharmas. Ces dernières ont en effet pris leur R&D… en grippe.

Nombre d’entre elles jugent que les montants considérables engagés dans la constitution de pipes incertains ne sont pas payés de retour. Naturellement, l’annonce de la restructuration des activités de recherche de Sanofi, qui devrait se concrétiser par la cession d’une très importante plate-forme de R&D toulousaine, pierre angulaire du cancéropôle grand Sud-Ouest (GSO), a marqué les esprits. Et sans doute symbolisé le passage à une nouvelle ère. « Plusieurs phénomènes se conjuguent », estime ce consultant en stratégie industrielle, spécialisé dans l’industrie pharmaceutique, qui utilise la métaphore sportive. «Comme dans les épreuves de sprint où il est de plus en plus difficile de faire tomber des records, il est de plus en plus compliqué d’innover dans la pharma. Y compris au prix d’efforts considérables » poursuit cet expert qui juge, par ailleurs, que « les exigences légitimes de sécurité relayées par les autorités sanitaires prennent parfois le pas sur

la recherche de gains d’efficacité d’étonnant à ce que les boards thérapeutique ». Par ailleurs, ces passent depuis plusieurs mois mêmes autorités, priées de partici- leurs capacités de recherche en reper à la préservation des régimes vue. Externalisation de la rechersociaux, peinent à récompenser che ou de la préclinique auprès l’innovation. « C’est un fait, nous des biotechs, abandon de proallons vers un durcissement de grammes positionnés sur des aires l’évaluation médico-économique thérapeutiques et jugés trop expodu médicament », juge ainsi sés aux échecs, appel à la sous-traitance pour la cliClaude Le Pen, éconique, recentrage nomiste de la sanSanofi était des plates-formes té, qui estime que ce handicapée par phénomène monune recherche peu de R&D sur quelques domaines d’exdial s’exprime avec productive cellence : le vent une particulière acuité en France « où les indus- des réformes a soufflé sur la retriels pâtissent d’une reconnais- cherche pharmaceutique. sance médiocre de l’innovation L’affaire Sanofi – très controversée incrémentale », explique Patrice – qui a mobilisé les plus hautes Zagamé, président de la commis- sphères de l’Etat, soucieuses de sion des affaires scientifiques du démontrer que la défense de la reLeem et président de Novartis cherche constituait une cause majeure, illustre ces difficultés. « L’anFrance.

Enfin, et ce n’est pas le moindre nonce a choqué et beaucoup des paramètres, les coups de bou- d’observateurs ont rapproché ces toirs assénés par les génériqueurs suppressions de postes des résulont mécaniquement déprécié cer- tats financiers du groupe dans un tains actifs du portefeuille des raccourci démagogique. Pourpharmas. Tout en renforçant l’inté- tant, c’est un fait, Sanofi était hanrêt – voire l’urgence – de mener à dicapée par une recherche peu bien des programmes de dévelop- productive et il fallait que la direction réagisse », souffle cette pement réellement innovants… À ces contraintes externes vient source interne. s’ajouter le manque de producti- Info ou intox, la big pharma franvité interne des plates-formes de çaise a fait circuler en interne une R&D des big pharmas, parfois ga- note qui chiffre l’efficacité des gnées par un fonctionnement ad- chercheurs « sanofiens ». Selon ce ministratif. Dans ce contexte, rien document, le coût moyen de dé-

dans le viseur veloppement d’un nouveau médicament s’élèverait à 7,9 Md$ pour un coût moyen constaté auprès des 12 plus importantes pharmas de 5,8 Md$. Sur les trois dernières années, chaque molécule entrée dans le pipe de Sanofi aurait représenté une dépense moyenne de 135 M$ contre…

45 M$ pour le reste de l’industrie.

Selon une enquête publiée par le magazine Forbes et parue en février dernier, seulement deux autres pharmas, AstraZeneca et GSK, ont dépensé plus en moyenne pour chaque médicament que le champion tricolore.

Pour autant, les révisions des politiques de R&D des grandes majors du médicament ne se traduisent ni par une baisse du pourcentage des dépenses affectées à la recherche, ni par un abandon des modèles intégrés.

Ainsi, GSK, qui n’hésite pas à lâcher annuellement plus de 9 Md$ dans sa R&D, a indiqué en février dernier – le britannique est l’une des seules pharmas à se livrer à ce type d’évaluation – avoir réussi un retour sur investissement de 12 % en 2011 (contre 10 % en 2010). La big pharma table, à terme, sur un return de 14 %.

Cette performance est le fruit d’une réorganisation menée en 2009-2010, qui s’est notamment traduite par l’abandon de cer-

taines aires thérapeutiques (SNC) et par la réduction du nombre de pays (de 70 à 40) où sont conduits des essais cliniques. « Dans le même temps, environ 30% des sommes économisées ont été réinvesties dans une nouvelle unité dédiée aux maladies rares», indique un porte-parole de la phama britannique. « Certes, les pharmas révisent leurs modèles et sont tentées par l’externalisation, mais elles cherchent aussi à accroître leur productivité interne et à optimiser les ressources qu’elles accordent à la préclinique et au clinique », estime Eric Evene, directeur de la biométrie chez SGS Life Sciences.

Plates-formes de développement utilisant des bio-marqueurs et de fortes capacités statistiques, mo-

dèles prédictifs permettant de « tuer » dans l’œuf des programmes incertains, les équipes internes et leurs prestataires sont à l’affût de tous les procédés améliorant l’efficacité du premier euro engagé en R&D. Novartis, qui s’enorgueillit d’exploiter l’un des pipes les plus étoffés du marché – avec près de 56 autorisations de nouveaux produits sur la période 2007-2012 – compte ainsi beaucoup sur son Novartis Institute of BioMedical Research (NIBR) pour affermir la compétitivité de sa R&D : d’ores et déjà, les résultats sont là puisque le groupe suisse affiche un taux de réussite – de la préclinique jusqu’à la phase II – supérieur de 20 % à la moyenne de l’industrie.

Jean-Christophe Savattier

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Stratégies

RECHERCHE

Comment innover… sans «I

Dans un contexte économique devenu pesant, que faut-il faire pour rester dans la course à l’innovation, la seule capable d’assurer la croissance de demain ? Quelques pistes de réflexion ont été évoquées en septembre dernier lors des Premières Assises dédiées à l’innovation thérapeutique, organisées par la Fondation Concorde.

nnover, c’est prendre des risques, c’est changer constamment de point de vue sur les choses ». Cette affirmation de Jacques Marceau, membre de la Commission santé de la Fondation Concorde, donne le ton. L’innovation n’est pas un long fleuve tranquille. Et elle requiert, par nature, du temps et des moyens, deux éléments qui ont tendance à se dérober dans un environnement industriel où le court terme prévaut et où les ressources tendent à se restreindre.

Face à ce constat, les diverses parties prenantes ne manquent cependant pas d’idées pour favoriser l’innovation sur le sol français. Selon Robert Plana, directeur scientifique à la DGRI (Direction générale de la recherche et l’innovation), deux facteurs apparaissent comme majeurs : le développement d’équipes

La Fondation Concorde est un think-tank militant pour la compétitivité des entreprises, la création d’emplois et un État allégé.

22 Actulabo - Janvier 2013

de recherche pluridisciplinaires et chez Ernst & Young, précise ainsi la facilité d’opérer pour les cher- que l’open innovation (recherche cheurs « des aller-retour entre collaborative) fondée sur le parmonde académique et monde in- tage d’informations a déjà fait son apparition, il y a dustriel ». Il ajoute Innover, une dizaine d’anque la loi d’orientac’est prendre nées. Or, ce type de tion de la recherdes risques démarche ne va pas che, présentée début 2013, abordera les questions de soi. Elle implique un changedu transfert technologique et de la ment de paradigme, notamment création de valeur. Son analyse est au niveau de la propriété intellecconfortée par Alice Dautry, direc- tuelle. Fini les chasses jalousement trice général de l’Institut Pasteur, gardées ! Le problème reste aussi qui estime qu’en matière d’innova- entier pour la mise en place d’une tion « la clé réside dans les rela- gouvernance, aux différents nitions entre académiques et entre- veaux d’un projet de développrises ». Plus facile à dire… En dépit pement collectif. Comment se de certains progrès, ces deux partager le pouvoir, comment tirer mondes n’ont pas l’habitude ni individuellement bénéfice d’un parfois l’envie de travailler ensem- développement… sans flouer ses partenaires ? ble en France.

La nécessité de collaborer tous azi- Les industriels ne souhaitent pas muts est pourtant dans tous les es- être écartés de ce débat. Le présiprits : Philippe Grand, responsable dent de France Biotech, André du secteur des biotechnologies Choulika, rappelle ainsi que, si la France est un pays où l’innovation reste forte, « on ne sait pas mettre les moyens, au moment où une innovation éclot, afin qu’elle grandisse et devienne dominante». D’où ses deux propositions : il faut donner des moyens, pendant cinq ans, à un laboratoire académique qui a identifié une innovation de rupture, pour qu’il puisse la développer au mieux. Selon lui, la France doit définitivement mettre un terme au « saupoudrage ». Jean-

jouer les risque-tout Yves Drouin, vice-président du market access chez Bristol-Myers Squibb (BMS), estime pour sa part que la France reste attractive pour les investissements, avec plusieurs éléments favorables comme le niveau scientifique, la créativité des équipes ou le crédit d’impôt-recherche. À condition que les pouvoirs publics ne bradent pas le dispositif. Pour autant, le manque de souplesse des organisations, les taxes, les baisses de prix et les difficultés de l’accès au marché ont fait «basculer le plateau de la balance vers le mauvais côté, ces derniers mois ». Il pointe aussi un déficit de communication : « Notre maison mère sait parfaitement ce qui se fait en Israël ou en Angleterre, elle sait beaucoup moins ce qui se fait en France ».

Il prend enfin l’exemple du Japon, où les marges financières dégagées grâce aux génériques vont désormais être fléchées pour financer l’innovation de façon très claire. En outre, un système de prévision et de discussion avec les autorités a été instauré pour préparer l’arrivée sur le marché de nouveaux médicaments innovants. On se prend à rêver !

Un autre aspect est présent dans tous les esprits quand on parle d’innovation : son financement. Les nouveaux médicaments, en particulier les thérapies ciblées, coûtent

LA HAUTE AUTORITÉ DE SANTÉ PRÉFÈRE L'EFFICIENCE À LA PURE INNOVATION Le système d’évaluation de la Haute autorité de santé (HAS) va évoluer avec, tout d’abord, l’arrivée d’études comparatives destinées à évaluer un nouveau produit par rapport aux traitements existants : le système de SMR/ASMR va ainsi laisser la place à l’ITR (Index thérapeutique unique relatif). Autre innovation : l’évaluation médico-économique, autrement dit l’analyse de l’efficience (coût/efficacité) d’une molécule. Jean-Luc Harousseau, président de la HAS, explique que « si un traitement est innovant mais qu’il n’apporte rien, il n’y a pas de raison que la collectivité le prenne en charge. C’est bien le bénéfice et non l’innovation en elle-même qui doit être considéré ».

Autre nouveauté, des études post-inscription solides et très documentées vont enfin faire leur apparition ; elles nécessiteront un dialogue très précoce entre agences d’évaluation et industriels. Les industriels auront – enfin – accès, par le biais de l’ANSM et de la HAS, aux bases de données de l’assurance maladie pour pouvoir effectuer de vraies études post-inscription.

Enfin, dernier point : concernant les thérapies ciblées, l’évaluation de la HAS portera à l’avenir à la fois sur le coût du médicament et sur celui du marqueur biologique.

de plus en plus cher. Et les régimes d’assurance maladie se font de plus en plus tirer l’oreille lorsqu’il s’agit d’évaluer ces innovations thérapeutiques à leur juste prix. Des changements de nature économique semblent donc inévitables.

Yannick Pletan, directeur médical chez Roche France, propose d’analyser ce qu’apporte à la société un patient guéri. L’idée est de prendre en compte d’un côté le coût de la maladie et du traitement, et de l’autre celui de la guérison, de la bonne santé et d’investir en conséquence.

Il souhaite en outre que l’efficacité des thérapies soit mieux mesurée.

Quant à Christophe Duguet, directeur des actions revendicatives au sein de l’Association française

contre les myopathies, il appelle de ses vœux de nouveaux outils pour identifier les coûts d’un produit et adapter la rémunération à ces éléments : « Le prix doit être établi sur une base plus objectivée», afin de restaurer la confiance.

Au final, la commission Santé de la Fondation Concorde ne pouvait que préconiser de réduire les coûts de la R&D (développement du risk-sharing pour les industriels, amélioration de la transversalité…) et de « réunir les conditions d’une politique industrielle à hauteur des ambitions de la France », via une politique fiscale incitative et des mécanismes permettant de flécher l’épargne vers la R&D. Valérie Moulle

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Stratégies

POLITIQUE DE SANTÉ

Comment faire avaler la I

La question de la maîtrise des dépenses de santé a, bien entendu, été au cœur des débats du 18e Forum Economie Santé des Echos, les 19 et 20 novembre à Paris.

Diverses solutions, des plus classiques aux plus audacieuses, ont été évoquées par les divers experts convoqués par le quotidien économique.

Dans tous les cas de figure, le citoyen-contribuable devra faire des sacrifices. Comment faire en sorte qu’ils soient le moins douloureux possible ?

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nvités à ouvrir les deux journées du Forum Economie Santé des Echos, les 19 et 20 novembre derniers à Paris, Jérôme Cahuzac, le ministre du Budget, puis Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, ont délivré le même message de rigueur budgétaire. Mais comment parvenir à respecter l’engagement pris par le président de la République de rétablir les comptes de l’assurance-maladie d’ici à la fin du quinquennat ?

Pour Dominique Polton, directrice des études et des statistiques à la CNAMTS, c’est possible. Elle est persuadée du retour de la croissance : « d’ici à 2017, avec un PIB à + 2 % et une hausse des prix de 1,5 %, on tient l’objectif d’équilibre des dépenses d’assurance-maladie, qui progresse d’environ 2,5 % Jérôme Cahuzac, ministre délégué au Budget, pose sans tabou la question de certains remboursements.

par an ». On aimerait la croire.

Reste que résorber un déficit qui devrait se situer autour de 5,5 Md€ en 2012 et, selon les prévisions de la CNAMTS, de 5,1 Md€ en 2013, relève de la gageure dans une conjoncture déprimée.

Jérôme Cahuzac, adepte du coup de bistouri dans les dépenses, veut tailler dans les remboursements de médicaments. Lundi 19, lors du Forum des Echos, le chirurgien a dénoncé « la polymédication des personnes âgées » et « la surconsommation des antibiotiques et des anxiolytiques ». Cet homme de gauche a même franchi le Rubicon en s’interrogeant sur « la prise en charge d’une molécule innovante, très onéreuse, apportant deux ou trois mois de survie ». En Grande-Bretagne, précise le ministre délégué au Budget, « le débat

est posé, sans tabou ». Il y a du Tony Blair chez Jérôme Cahuzac.

Toujours aux avant-postes des lignes de défense de l’industrie pharmaceutique, Claude Le Pen ferraille contre les évaluations médico-économiques, dont il craint qu’elles soient « toujours négatives ». Gérard de Pouvourville, titulaire de la chaire Santé à l’Essec, s’appuie sur une étude du LIR (Les Entreprises internationales de recherche) pour démontrer que la France se situe désormais dans la moyenne européenne en matière de consommation de médicaments. Mais l’économiste souligne que si la patent cliff soulage les finances actuelles des systèmes d’assurance-maladie, la baisse progressive des chutes de brevets fera disparaître cet avantage dans les années à venir.

Pour avoir un système de santé efficient et moins dispendieux, il vaut mieux vivre au nord de l’Europe. Brigitte Dormont, de l’université Paris-Dauphine, cite des systèmes étatiques, comme ceux de la Grande-Bretagne ou de la Norvège, qui, à son sens, fonctionnent mieux que le nôtre. L’économiste David Nathan Bernstein décrit, quant à lui, le système néerlandais, en vigueur depuis 2006, où l’assurance-maladie, obligatoire pour tous, est gérée dès le premier euro par des assureurs

pilule aux citoyens ? mis en concurrence. Parmi les options proposées, figure le bouclier sanitaire qui plafonne le RAC (reste à charge) des patients, alors que celui-ci peut atteindre en France, dans certains cas, 5 000 € annuels.

Mais cette disposition, avantageuse pour des patients – souvent âgés ou de revenus modestes – gros consommateurs de produits et de prestations de santé – n’est possible « qu’à condition de dégrader la couverture de ceux qui dépensent peu ».

Une idée qu’approuve pourtant Bertrand Fragonard, président du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie (HCAAM), dont on se souvient qu’il a été le co-auteur, en 2007, d’un rapport sur le sujet. L’ancien directeur général de la Cnam suggère même que, pour réduire le coût de la prise en charge des longues maladies (50% des dépenses aujourd’hui, 70 % en 2020), « le tabou de la condition de revenu pour être bénéficiaire de l’ALD pourrait être remis en cause ». Sur la même longueur d’onde, Didier Tabuteau, professeur à Sciences Po., dénonce le système inégalitaire des complémentaires santé, qui représentent en moyenne 10% des revenus chez les plus modestes, contre 3 % pour la tranche des plus aisés. Il ajoute que les 4 Md€ de subventions annuelles versées par l’Etat aux ré-

gimes complémentaires équivalent presqu’au déficit de l’assurance-maladie.

Les dépassements d’honoraires, alors en pleine négociation entre assurance-maladie, complémentaires santé et syndicats de médecins, ont été largement évoqués.

Frédéric Van Roekeghem, directeur de l’Uncam, s’était exprimé quelques jours plus tôt en considérant qu’un niveau excessif s’appréciait à partir de 150% de taux de dépassement (soit plus de 70 € pour une consultation chez un médecin spécialiste de secteur 1, dont le tarif SS est de 28 €, NDLR). « Nous sommes le seul pays au monde à concilier honoraires libres et conventionnement », s’offusque Jean-Martin Cohen-Solal, directeur général de la Mutualité française. Faudra-t-il s’aligner sur le modèle en vigueur en Alsace et dans le département de la Moselle où le conseil d’administration du régime complémentaire et obligatoire a baissé ses cotisations au 1er janvier 2012 parce qu’il était… excédentaire ? Il est à noter que ce régime ne prend pas en charge les dépassements d’honoraires…

Les réseaux de soin des mutualistes offrent-ils une solution ? La

proposition de loi déposée par Bruno Le Roux pour autoriser les mutuelles santé à pratiquer des remboursements différenciés, selon que le patient accepte ou non de s’adresser aux professionnels conventionnés par elles, a été en partie vidée de son contenu en limitant cette possibilité à l’optique et au dentaire. Le gouvernement a déposé un amendement restrictif pour apaiser l’ire des médecins libéraux. Au grand dam de la Mutualité française.

A contrario, les parcours de soins sont devenus grande cause nationale. La prise en charge très en amont et l’accompagnement des patients est finalement la solution la plus efficace et surtout la plus consensuelle. Avec des résultats : le suivi des patients diabétiques a permis des économies parfois supérieures à 200 € par patient.

« Nous sommes le seul pays au monde à concilier honoraires libres et conventionnement » s’offusque Jean-Martin CohenSolal, directeur général de la Mutualité française.

François-Xavier Beuzon

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Stratégies

Tridem mise sur le continent noir Tridem Pharma, spécialisée à Toulouse (31) dans la prestation de services à l’export pour l’industrie pharmaceutique, principalement sur les marchés de l’Afrique subsaharienne, est dans une phase très offensive.

Le laboratoire revendique à terme une place de leader dans cette activité originale.

Gérard Baylé et Jean-Louis Operti, les dirigeants-fondateurs de Tridem.

26 Actulabo - Janvier 2013

A

bbott, AstraZeneca, GSK, Elli Lily, Johnson & Johnson, Janssen Cilag, Merck Serono, Pfizer, mais aussi Danone comptent parmi les clients du groupe Tridem Pharma, qui représente et distribue en Afrique subsaharienne les produits d’une vingtaine de laboratoires pharmaceutiques. L’entreprise toulousaine est sur tous les fronts, comme en témoigne son actualité récente.

Elle vient de créer une division dermo-cosmétique en septembre 2012, de racheter la gamme de produits Végébom début octobre et de démarrer une activité sur l’Afrique noire anglophone à l’automne. Le tout dans un climat commercial marqué par la signature de plusieurs contrats importants. Le groupe, qui vient d’achever l’extension de ses entrepôts (7 100 m²), a assuré le financement de son développement

grâce à l’ouverture de son capital Tridem les portes du marché… à deux fonds d’investissement fin français. Le groupe vient de recru2011. Un développement qui, ter un chef de produits pour la chez Tridem, se concrétise par une France et un chef de division à Abidjan ; il envisage déjà, après racroissance à deux chiffres.

Fondé en 1986, Tridem, qui affiche tionalisation du portefeuille, d’éaujourd’hui 350 collaborateurs, 15 tendre la gamme de produits. La bureaux en Afrique et un CA en poursuite de cette stratégie de croissance externe forte progression Tridem va démarrer et de diversification (56 M€ en 2011, une activité sur sectorielle, mais 70M€ en 2012), n’a l’Afrique noire aussi l’extension de eu de cesse d’optianglophone à l’activité vers l’Afrimiser son modèle : l’automne que noire anglol’offre de services à l’export vers l’Afrique noire. L’idée phone, avec le Ghana comme paysest de proposer aux laboratoires pilote, sont les leviers de croissance une gamme complète de presta- que Tridem Pharma compte actitions, allant de la promotion à la ver. «Dans notre métier, c’est la distribution ou à l’exploitation spécialisation des compétences d’AMM en passant par le marke- qui nous permet d’assurer pour ting et le réglementaire. Cette of- nos clients une gamme de services fre s’articule aujourd’hui autour ciblés, adaptés à leurs besoins. Tride trois filiales : Tridem Promo qui dem Pharma est reconnu pour gère les forces de visite médicale l’originalité et la complémentain situ, Tridem Distri pour la distri- rité de son offre », assure Gérard bution en gros et BεO qui Baylé, pdg et cofondateur du achète des marques ou ex- groupe. Personnel qualifié, investissements dans les infrastructures et ploite sous licence.

Alors que le continent afri- les outils de reporting en adéquacain voit émerger une tion avec les standards pharmaceuclasse moyenne qui s’inté- tiques, diversification ciblée: la méresse désormais aux pro- thode Tridem Pharma semble duits de confort, Tridem se porter ses fruits. Objectif affiché à donne les moyens d’accélé- l’horizon 2015 : 100 M€ de CA et rer sa croissance en se di- une position renforcée dans le trio versifiant vers la dermo- de tête des services à l’export. Tricosmétique. Le rachat de dem n’entend pas se contenter de Végébom, très connu sur la 3e place ! l’Afrique, ouvre d’ailleurs à Alexandra Foissac, à Toulouse

Actulabo - DĂŠcembre 2012 25

Stratégies

Le diagnostic prénatal

aux portes du marché français

Stimulés par les progrès du séquençage du génome, les diagnostics prénataux non invasifs (DPNI), qui permettent de détecter des anomalies génétiques du fœtus, devraient progressivement s’installer sur le marché français.

Ils ne pourront pas faire l’économie d’un débat éthique préalable.

28 Actulabo - Janvier 2013

L

e lancement commercial opéré cet été par le laboratoire allemand LifeCodexx du premier test de diagnostic non invasif de la trisomie 21, effectué à partir de l’ADN fœtal recueilli dans le sang de la femme enceinte, a soulevé beaucoup de questions de ce côté-ci du Rhin. Beaucoup n’imaginaient pas que la technologie mise au point par le chercheur chinois Dennis Lo dès la fin des années 90 – licenciée aux Etats-Unis par le laboratoire Sequenom –, avait atteint un tel point de maturité. Il est vrai que les coûts de séquençage du génome, extraordinairement décroissants, permettent désormais de repousser les limites du diagnostic et notamment du diagnostic prénatal.

Une telle solution présente beaucoup « d’intérêt médical », explique ainsi le Pr. Yves Ville, chef de service de gynéco-obstétrique de l’Hôpital Necker et l’un des promoteurs de cette technologie. « Aujourd’hui, le dépistage de la trisomie 21 est proposé systématiquement aux femmes au premier trimestre de la

grossesse. Il est effectué par échographie et par dosage de marqueurs sériques. ». Un profil de risque est établi à l’issue de ce double examen corrélé avec l’âge de la patiente. Lorsque le risque est supérieur à 1 sur 250, un caryotype est effectué après prélèvement du liquide fœtal par biopsie (amniocentèse) afin de confirmer ou d’infirmer la suspicion initiale. Problème : cet examen délicat, très invasif, conduit chaque année à plusieurs centaines de morts de fœtus. « Le diagnostic prénatal à partir de l’analyse de l’ADN fœtal circulant, prescrit uniquement à des groupes de femmes à risques, permettrait de réduire considérablement le nombre d’amniocentèses (90 000) pratiquées en France et, partant, le nombre de ces décès», affirme le Pr. Ville qui était sur le point, à l’heure où nous écrivons ces lignes, d’engager une vaste étude clinique portant sur 3000 patientes. Ce praticien a déjà échafaudé un protocole en s’appuyant sur un algorithme développé par les équipes du Genoscope d’Evry qui exploite, par ailleurs, de très importantes capacités de séquençage haut débit.

Les enjeux économiques sont importants puisqu’on estime à 50000 le nombre de patientes qui pourraient chaque année être soumises

à un diagnostic prénatal non invasif (DPNI) dans une indication de diagnostic de la trisomie 21. Et ce, à un prix unitaire compris dans une fourchette de 500 à 1 000 €.

Certains laboratoires privés ne s’y trompent pas ! Le laboratoire de biologie médicale Cerba, sous la houlette du Dr. Jean-Marc Costa, expérimente également un autre protocole qui serait fondé sur la licence acquise auprès de l’américain Sequenom. « Toutes ces équipes françaises sont l’arme au pied », indique un bon connaisseur de ce dossier.

Elles sont dans l’attente des décisions des pouvoirs publics qui n’ont pas encore tranché, tant sur l’autorisation elle-même du DPNI que sur son éligibilité au remboursement. Il est vrai que le débat éthique risque de faire rage. Des associations de patients atteints du syndrome de Down et des militants «Pro-Life» sont déjà très remontés contre les DPNI suspectés, par eux, de favoriser le développement de politiques eugénistes. Les praticiens et les laboratoires, pour leur part, sont dans l’attente d’une prise de position du ministre de la Santé… qui tardait toujours à l’heure où nous écrivons ces lignes.

Jean-Christophe Savattier

ONCODESIGN SIGNE AVEC SANOFI Oncodesign, une CRO spécialisée dans le drug development de produits d’oncologie, a signé un deal avec Sanofi. L’accord porte sur la mise à disposition de la plate-forme de développement Nanocyclix dans le cadre de programmes spécifiques ciblant des kinases. Nanocyclix est une technologie propriétaire de chimie médicinale fondée sur un procédé de macrocyclisation qui permet d’obtenir des inhibiteurs de kinases « puissants et très sélectifs ».

Selon les termes de l’accord, Oncodesign appliquera sa technologie Nanocyclix à plusieurs programmes confidentiels de Sanofi sur une durée de quatre ans. La CRO dijonnaise percevra un droit d'accès à la technologie Nanocyclix et pourrait engranger des paiements en fonction de la réussite des étapes de découverte, de développement et des approbations réglementaires. Le total de ces paiements est susceptible d’atteindre 130 M€. Oncodesign pourra aussi bénéficier d’une redevance sur le volume des ventes éventuelles.

INVENTIVA SUR LES RAILS Inventiva, née de la reprise par deux cadres dirigeants, Frédéric Cren et Pierre Broqua, de la plateforme de recherche d’Abbott (exFournier) de Daix, près de Dijon (21), a démarré son activité début septembre avec 76 chercheurs et techniciens. Inventiva poursuit deux programmes avec Abbott dans les maladies auto-immunes et la néphropathie diabétique et développe de manière autonome deux autres programmes dans la maladie de Parkinson et le diabète. Abbott s’est engagé à financer les coûts de fonctionnement pendant cinq ans et le volume d’affaires annuel anticipé est de l’ordre de 15 M€.

BIOTRIAL S’EMPARE DU CANADIEN WARNEX La CRO rennaise Biotrial (30 M€ de CA en 2011) vient de racheter

qui serait constitué essentiellement par des acquisitions dans les pays émergents.

CITOXLAB EN FORTE CROISSANCE Née il y a un an de la fusion du français CIT et du canadien LABResearch inc, CIToxLAB (850 salariés) a réussi à faire croître son CA sur le premier semestre 2012 de 34 % à périmètre comparable pour atteindre 37,2 M€.

CIToxLAB North America, dont le siège est à Montréal, affiche un CA de 13,6 M€, soit le meilleur chiffre depuis la création de LABResearch qui a embauché une centaine de collaborateurs sur les 14 derniers mois.

la division bioanalyse du canadien Warnex. Implantée à Laval, au Québec, cette dernière réalise un CA de 10 M€ avec une centaine de collaborateurs. Cette acquisition d’un acteur centré sur le préclinique sera complétée par l’ouverture d’une plate-forme d’essais cliniques dans le New

SAINTE ALLIANCE CLINIQUE CONTRE L’AUTISME La fondation FondaMental, l’Inserm et l’Institut Roche de recherche et médecine translationnelle s’engagent dans un programme de développement quadriennal visant à mieux caractériser les troubles du spectre autistique (TSA) qui touchent 67 millions de personnes dans le monde et près de 600 000 en France. Le deal porte sur la réalisation d’une étude observationnelle sur 180 patients autistes âgés de 6 à 40 ans.

Jersey, à l’issue d’un investissement de 15 M € . Notons que Jean-Marc Gandon, le président de Biotrial, table d’ici à cinq ans sur un CA de 180 M€ minimum,

GSK LIVRE SES RÉSULTATS CLINIQUES AUX CHERCHEURS GSK va donner un meilleur accès des résultats de ses essais cliniques à des chercheurs extérieurs au laboratoire. Les données concerneront à la fois les médicaments approuvés et ceux qui n’ont pas été développés jusqu’à leur terme. GSK, qui précise que tous les essais cliniques depuis 2007 sont concernés, s’est aussi engagé à publier les données de l’ensemble de ses es-

sais, quels qu’en soient les résultats, dans des revues spécialisées.

QPS SE DÉVELOPPE EN EUROPE La CRO américaine QPS vient d’agrandir son unité de Groningen, aux Pays-Bas ; le centre clinique – dédié aux phases I – passe de 24 à 58 lits. QPS avait racheté cette unité à sa concurrente Xendo en 2010. Cette extension intervient quelques mois après l’acquisition de la CRO autrichienne JSW Life Sciences, qui avait déjà permis à QPS de s’étendre en Europe.

SGS DOUBLE SES CAPACITÉS DANS LE NEW JERSEY La CRO américaine SGS, spécialisée dans les solutions analytiques dédiées à la pharmacologie clinique, vient de doubler ses capacités dans le New Jersey avec une extension de 1 400 m².

Celle-ci comprend notamment une partie dédiée pour les audits de ses clients. La CRO a ainsi développé depuis 2010 son site de Poitiers (86) en France, ouvert un second site en Inde et un service de formulation dans son usine de l’Illinois.

CHARLES RIVER MAJORITAIRE CHEZ VITAL RIVER La CRO américaine Charles Rover Labs va débourser 27 M$ pour acquérir 75 % des parts de Vital River, le plus grand fournisseur d’animaux de laboratoire en Chine. L’américain aura une option sur les 25 % restants.

Actulabo - Janvier 2013 29

La lettre confidentielle actulabo a dix ans En dix ans, l’industrie pharmaceutique a bien changé.

Cette décennie est également celle des premiers pas réussis de notre lettre d’information bimensuelle actulabo, qui a publié à l’automne son numéro 200.

Retour sur une période qui a profondément modifié le modèle d’affaires du secteur.

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ix ans ! Déjà dix ans…

Depuis son lancement, à l’automne 2002, notre titre n’a jamais dérogé à ses fondamentaux: la précision, la concision, la réactivité et l’indépendance. Faisons preuve, à l’instant où nous sortons de l’enfance, d’un brin d’immodestie : ces valeurs constituent bien les marqueurs d’actulabo. Et nous n’avons aucune intention de nous en éloigner !

La décennie qui s’est écoulée fut celle de profonds bouleversements pour la filière pharmaceutique.

Epuisement du modèle blockbuster, mise au régime sec des

systèmes d’assurance-maladie, ralentissement de l’innovation, attaques tous azimuts des génériques, scandales sanitaires retentissants, les années 2002-2012 ont fermé une séquence historique : celle d’une certaine insouciance partagée par l’ensemble des opérateurs, projetés qu’ils étaient dans une spirale vertueuse. Le fameux changement de paradigme a d’abord conduit les boards à miser préventivement sur l’effet de taille.

Depuis dix ans, quelques méga-

fusions ont ainsi défrayé la chronique. C’est ainsi en 2004 qu’Aventis, né en 1999 de la fusion d’Hoechst, Marion et Roussel-Uclaf d’une part, et de plusieurs laboratoires autour de Rhône- Poulenc d’autre part, convolait en justes noces avec Sanofi-Synthélabo. Près de huit ans après cet événement majeur, Sanofi a bien évolué. Le virage – difficile – vers les biotechnologies a été amorcé avec l’acquisition de Genzyme.

Dans une logique encore plus défensive, le n°1 mondial Pfizer s’est emparé en 2009 pour la bagatelle de 68 Md$ de son compatriote Wyeth. Objectif principal: diversifier un portefeuille produits plombé par une exposition trop forte à la perte des brevets.

Quelques mois plus tard, deux autres pharmas américaines, Merck et Schering-Plough, décidaient de s’unir pour donner naissance au n°2 mondial. Certaines, soucieuses de ne pas louper le train des biotechnologies, se sont également dotées à prix d’or de ressources ad hoc, : c’est ainsi que le suisse Roche a dépensé 43 Md$ en 2009 pour finir d’absorber Genentech et que l’allemand

Le futur site web que vous découvrirez durant le premier trimestre 2013.

Merck KGaA a avalé Serono. D’autres ont préféré s’en tenir à des rachats plus ciblés et plus modestes de petites biopharms à fort potentiel.

Bien sûr, ces fusions, relevant parfois du principe schumpeterien de la « destruction créatrice », ont entraîné des coupes sombres dans les effectifs des laboratoires. Pour autant, cette convulsion violente recèle de multiples opportunités : les biomédicaments, les nouveaux vaccins, la médecine personnalisée, l’offre de services permettant d’améliorer la compliance dans les pathologies chroniques constituent de formidables relais de croissance. De même, la progression de l’accès aux soins dans les pays émergents apporte de nouvelles perspectives aux big pharmas et à leurs partenaires… tout en suscitant l’arrivée de nouveaux compétiteurs.

Créée en 2003, la lettre confidentielle actulabo, diffusée exclusivement sur abonnement, livre tous les quinze jours à ses lecteurs des informations souvent exclusives sur l’industrie du médicament.

Un peu moins de cinq ans plus tard est né le blog actulabo www.actulabo.com, devenu rapidement l’un des sites les plus consultés du secteur sur le web.

Ce dispositif a été complété fin 2009 par le magazine actulabo ; ses quatre éditions annuelles offrent gratuitement à ses 7 000 destinataires une information de qualité qui donne prioritairement la parole aux acteurs de la filière pharma.

La lettre, le blog et le magazine actulabo sont édités par les Editions d’Asklépios, une société du groupe MCM Presse.

Jean-Christophe Savattier

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à renvoyer aux Editions d'Asklépios - BP 92031 - 37020 Tours Cedex 1 - Tél. 02 47 70 60 00 - Fax. 02 47 05 38 56

r OUI, je désire m’abonner pour un an à actulabo (22 numéros + hors-série) au tarif de 480 € (2013).

J’adresse un chèque à l’ordre des Éditions d’Asklépios. Je recevrai une facture acquittée de ce montant à réception.

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En direct des usines

Stallergenes étoffe son dispo

Les chiffres clés de Stallergenes à Antony

EN BREF

Le spécialiste du traitement des allergies respiratoires par immunothérapie investit chaque année plus de 15 M€ au profit de son unité industrielle mixte d’Antony, dédiée à la fois à la fabrication d’allergènes spécifiquement préparés par individu (ASPI) ainsi qu’aux APIs de comprimés sublinguaux de spécialités.

• Plus de 500 000 patients traités chaque année par immunothérapie sublinguale • 235 M€ de CA en 2011 • 20 % du CA annuel engagé en R&D • 3,8 millions d’ampoules et flacons par an

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À

Antony (92), Stallergernes, qui a fondé son développement sur les traitements de désensibilisation aux allergies respiratoires, exploite des capacités parfaitement ajustées aux contraintes de ses marchés... qui ne sont pas minces. Employant près de 1 000 salariés, dont 200 sur ce site parisien – où est également implanté le siège social –, Stallergenes (235 M€ de CA en 2011) s’appuie ainsi sur une unité de fabrication d’ASPI (allergènes spécialement préparés par individu) hautement automatisée. « Nous recevons près de 20 000 ordres par jour qui émanent des médecins prescrivant nos produits », indique ainsi le Dr. Olivier de Beaumont, vice-président des affaires médicales du groupe. Et les équipes de Stallergenes sont en mesure de préparer et d’expédier toutes ces prescriptions individuelles (conditionnées en gouttes ou en injectables sous-cutanés) dans un délai variant entre 5 et 22 jours ouvrés selon le type de préparation. La variété des destinations – une cinquantaine de pays – complique évidemment la gestion du process.

Si Stallergenes exploite une « collection » de 150 allergènes, une grosse part des pathologies signalées par les allergologues peut être traitée par des préparations qui

ne comprennent que quelques allergènes parmi les plus courants.

Mais pour un nombre très important de patients, « les allergènes prescrits, ainsi que les dosages, varient très sensiblement d’un individu à l’autre », juge Olivier de Beaumont. D’où l’exigence de se doter d’un appareil industriel qui relève parfois… de l’épicerie fine, sans pour autant sacrifier aux légitimes contraintes de compétitivité.

Pour réussir ce tour de force industriel, l’un des deux bâtiments de production, entièrement dédié aux ASPI, abrite une noria de robots trois axes, qui chargent les flacons dans des « barquettes » qui seront utilisées tout au long du process, dont une bonne part est réalisée en zone stérile. Une partie de ces flacons qui contiennent un

« cocktail » des allergènes les plus courants est pré-remplie ; une autre partie des flacons fait l’objet d’un remplissage individualisé en fonction de la prescription du médecin, sachant que chaque patient utilise en moyenne entre 1 et 5 flacons tout au long de la durée du traitement. « Le nerf de la guerre, c’est notre système informatique de gestion de production développé sous l’ERP Movex, qui planifie, supervise et trace le process patient par patient », nous indique Anne-Marie Pommier, la directrice industrielle de l’unité. Naturellement, les contrôles effectués à 100 % sont validés en bout de process par un contrôle manuel, l’opératrice devant valider la conformité à la fiche patient des préparations conditionnées dans des valisettes.

L’unité industrielle d’Antony (92) fabrique des allergènes spécifiquement préparés par individu.

sitif anti-allergies à Antony Le taux d’erreur tourne autour du 1 pour 100 000, «soit un niveau très satisfaisant qui n’a fait que s’améliorer ces dernières années » grâce à la mise au point d’astuces qui permettent un meilleur contrôle qualité. Ainsi, les équipements de remplissage, dont certains ont été spécifiquement conçus par le bureau d’études de Stallergenes, intègrent des dispositifs, du plus simple – les « barquettes » ne peuvent, par exemple, être insérées sous les robots que dans un seul sens –, au plus compliqué (gestion colorimétri-

que des capsules, contrôle vidéo).

Totalement en phase avec le modèle économique du laboratoire qui développe aussi des produits de spécialités et notamment des comprimés sublinguaux dans le cadre d’un programme (Stalair) visant à couvrir 80 % des allergies respiratoires dans le monde, Stallergenes

s’est doté d’une unité de principes actifs qui a récemment multiplié ses capacités… par dix. « Cette unité va notamment assumer la fabrication des APIs extraits de

Le système d'aspiration automatisé sur le site d’Amilly (45) ne récolte en plein champ que les têtes des pollens.

Actulabo - Janvier 2013 33

En direct des usines cinq graminées (ivraie, pâturin, phéole, dactyle et flouve) entrant dans la composition de l’Oralair », explique Olivier de Beau-

gocie âprement un prix de vente – constitue la première pierre du programme Stalair. Le laboratoire exploite sa propre plate-forme

PRÈS DE 5 000 PATIENTS ENGAGÉS DANS LE PROGRAMME STALAIR Le programme Stalair engagé par Stallergenes vise à développer une offre de comprimés sublinguaux composée des allergènes (pollens divers et acariens) responsables de 80 % des allergies respiratoires recensées dans le monde. D’ores et déjà, l’Oralair, un traitement des allergies à cinq pollens parmi les plus courants, est commercialisé dans 18 pays, notamment en Europe, et se trouve en phase III aux Etats-Unis. La prochaine étape sera le lancement d’un comprimé traitant les allergies aux acariens (aujourd’hui en phase III en Europe), au bouleau, ainsi qu’au Cèdre du Japon. L’ensemble du programme Stalair représente onze études cliniques et plus de 5 000 patients enrôlés. Rappelons qu’un Français sur quatre souffre d’allergies respiratoires (rhinite ou asthme allergique), contre 3,8 % en 1968. Entre 15 et 20 % de ces personnes souffrent d’une forme sévère de ces pathologies.

mont. Ce médicament déjà commercialisé dans 18 pays – mais pas encore en France où le laboratoire qui n’a obtenu qu’un taux minimal de remboursement de 15 % né-

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« pollens » à Amilly (45) où il cultive et récolte – via un système d’aspiration automatisé – les précieux pollens des graminées précitées. En revanche, la fabrication

et le conditionnement des comprimés sublinguaux (mise sous blister) sont effectués par la CMO Cenexi, l’ex-filiale façonnage de Roche.

Stallergenes n’entend pas en rester à ce stade. Le laboratoire, qui investit chaque année près de 15 M€ dans son outil industriel, envisage d’engager prochainement 7 M€ à Antony. Cet investissement capacitaire va être notamment consacré à l’installation d’une nouvelle ligne de conditionnement d’une capacité de 1000 litres dédiée aux allergènes d’acariens, qui sera installée dans le bâtiment U1 où sont fabriqués, préparés et conditionnés les APSI. Jean-Christophe Savattier

En direct des usines

GSK réinjecte 26 M€ à NotreLe britannique engage une nouvelle tranche d’investissement dans son usine de l’agglomération rouennaise, rachetée à Sanofi en 2004. La seconde ligne de seringues pré-remplies à forte cadence, dont l’entrée en production est prévue pour 2015, devrait permettre au site normand de largement dépasser les 200 millions d’unités de seringues d’antithrombotiques par an.

L’entrée du site GSK de Notre-Dame-de-Bondeville (76).

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ropriétaire depuis 2004 de l’usine d’injectables à Notre-Dame-de-Bondeville (76), GlaxoSmithKline ne rechigne pas sur les moyens pour la développer. Avec la décision, dévoilée cet été par Hervé Gisserot, président pour la France de la big pharma britannique, d’investir 26 M€ supplémentaires, ce sont plus de 100 M€ qui auront été engagés, en une dizaine d’années, sur le site de la banlieue rouennaise.

Trois ans après le démarrage d’Etna, une ligne de remplissage à forte cadence de seringues d’antithrombotiques, GSK double la mise avec, pour objectif, d’assurer en 2015 la totalité de la production de seringues pré-remplies du site normand, avec deux lignes curieusement baptisées de noms de volcans siciliens. Après Etna qui remplit 28 000 seringues de l’antithrombotique Fraxiparine

à l’heure, la future Stromboli pourra atteindre jusqu’à 36000 seringues dans le même laps de

temps. A cette date, les trois lignes conditionnement. L’an passé, 95 de production aujourd’hui instal- millions de seringues de Fraxipalées dans les bâtiments vétustes de rine/Fraxodi, 34,6 millions de secette ancienne filature de coton, ringues d’Arixtra et 12 millions transformée en laboratoire phar- d’unités de diluants sont sortis de maceutique par Jean Choay en ces lignes.

1969, seront arrêtées : Etna et La ligne Etna a nécessité un invesStromboli assureront seules les tissement de 45M€. Prévue par le fabricant Groninger productions de Plus de 100 M€ pour 24 000 serinl’héparine de bas ont été engagés en gues/heure, la table poids moléculaire une dizaine d’années de remplissage at(HBPM) Fraxiparisur le site teint aujourd’hui ne et de sa cousine Fraxodi (nadroparine calcique), une cadence de 28 000 seringues dont les volumes sont appelés à par heure : elle a établi un record croître en proportion de la deman- de 556 000 unités en une journée de des pays émergents. Le site et assure 70% de la production de continuera de produire l’Arixtra l’usine. La stérilisation des tubes (fondaparinux) et des diluants d’environ 160 unités est réalisée pour les vaccins destinés aux usi- par rayonnement bêta avant l’ennes belges GSK Biologicals et à cel- trée dans l’isolateur où s’opère le le, récemment inaugurée, de St- remplissage des contenants en verre, puis la mise en place du joint Amand-les-Eaux (59).

Installé dans 46 000 m² de bâti- piston. Les seringues ainsi formées ments, GSK emploie quittent alors la zone stérile pour le plus de 700 personnes mirage automatique par caméras à à Notre-Dame-de-Bon- haute vitesse, avant d’être dépodeville. Le site a la par- sées dans des boîtes peigne qui reticularité d’être tota- joignent l’atelier de conditionnelement intégré, abri- ment. tant à la fois des ate- Stromboli prendra place dans le liers de chimie pour même bâtiment, après réaménagela fabrication des ment des locaux existants : l’invesprincipes actifs na- tissement pour ce programme, qui droparine et fondapari- va s’étaler jusqu’à la fin de l’année, nux, les services supports et, bien atteint cette fois 26 M€. Mais une entendu, la production de formes bonne année sera nécessaire pour pharmaceutiques stériles et leur les essais et les qualifications avant

Dame-de-Bondeville Les isolateurs Etna remplissent 28 000 seringues de l’antithrombotique Fraxiparine à l’heure.

neau, pour conduire ce changement majeur, s’interroge encore sur la destination de ce patrimoine architectural du début du siècle aux toits caractéristiques dits à « sheds », typiques de la révolution

industrielle : ils abriteront, peutêtre, des ateliers de conditionnement après de nécessaires travaux d’aménagement.

François-Xavier Beuzon

LES DIX ANS D’ARIXTRA L’année 2012 était également celle du dixième anniversaire de l’Arixtra (fondaparinux sodique), le premier antithrombotique injectable et synthétique agissant spécifiquement sur le facteur Xa de coagulation du sang. Il a fallu, avant la mise sur le marché (2002 en Europe et 2001 aux Etats-Unis), dix ans de recherche et presque autant, dans la décennie précédente, pour aboutir à la découverte du fondaparinux sodique : des équipes françaises ont eu l’idée de synthétiser le pentasaccharide par un processus de haute technologie : la chimie des sucres. Cette synthèse permet de s’affranchir d’un mode de production par extraction animale, d’accroître la sélectivité de l’action pharmacologique et de limiter ainsi le risque de thrombopénie induite par l’héparine.

EN BREF

que la seconde ligne de remplissage à forte cadence du site ne puisse commencer à produire, probablement en 2015.

Cette modernisation de l’usine, qui sera entièrement servie par les deux lignes sœurs Etna et Stromboli dans trois ans, passe aussi par une reconversion partielle du gigantesque site de 20 ha. Les bâtiments anciens, hérités de l’usine textile Gillet-Thaon avant d’être modifiés pour se plier aux exigences de la production pharmaceutique par la volonté du dirigeant des laboratoires Choay – pionnier de l’héparine à visée thérapeutique –, n’abriteront plus de production à cette échéance. GSK, qui a dépêché sur place l’an passé, un jeune directeur, Franck Mori-

Les chiffres clés de GSK à Notre-Damede-Bondeville • Plus de 700 salariés, dont 620 CDI • Site de 20 ha • 46 000 m2 de bâtiments construits • 160 millions de seringues pré-remplies en 2012

Actulabo - Janvier 2013 37

Biopharms

GRAND TÉMOIN

DAVID MEEKER, CEO DE GENZYME

« Nous devons aussi réussir dans Le nouveau CEO de Genzyme, que nous avons rencontré à Lyon à la mi-octobre lors du colloque Ectrims (European Comittee for Traitment and Research in Multiple Sclerosis), nous décrit les ambitions de la société devenue le bras armé de Sanofi dans le domaine des biotechnologies et des maladies rares.

Il entend faire de Genzyme un leader dans le traitement des scléroses en plaques.

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Actu Labo : Avec le Lemtrada (alemtuzumab) et le tériflunomide en une prise quotidienne, Genzyme a fait son entrée sur le marché très encombré de la sclérose en plaques (SEP). Un marché qui pourrait atteindre 14,5 Md$ en 2016. Quelles sont vos ambitions ?

David Meeker : Clairement, nous souhaitons devenir des leaders mondiaux sur un marché qui touche aujourd’hui près de 2,5 millions de personnes dans le monde, dont environ un quart d’Européens. Comme nous l’avons fait dans le domaine des maladies rares qui demeure notre cœur de métier, nous souhaitons partir des besoins des patients et de leurs médecins.

Aucun laboratoire ne détient la vérité pour des pathologies aussi difficiles à traiter que les scléroses multiples dans l’état actuel de la science. Pour autant, je suis intimement convaincu que nos médicaments vont apporter d’importantes améliorations dans leur prise en charge. Je rappelle que le tériflunomide, un traitement issu du pipe de Sanofi, sera le premier médicament par voie orale dans cette indication, ce qui est un progrès majeur, ne serait-ce que du point de vue du confort du patient. Une toute récente étude clinique de phase III, dont nous venons de publier les résultats, a démontré une nouvelle fois que ce produit ralentissait significativement la progression du handicap.

L’alemtuzumab, un anticorps monoclonal, présente également un profit d’efficacité très intéressant : il est doté d’un effet anti-inflammatoire aigu puis de rééquilibrage du système immunitaire permettant de réduire l’activité de la SEP. Il faut toutefois rappeler que certains patients préfèrent être en butte à une fréquence plus importante des crises tout en étant moins exposés à certains effets secondaires pénibles provoqués, par exemple, par des médicaments immunosuppresseurs plus efficaces. C’est leur choix et il faut le respecter.

Actu Labo : Vous allez toutefois devoir vous confronter à des acteurs déjà bien en place, comme Teva avec le Copaxone, qui revendique une part de marché de 40 % aux Etats-Unis ?

David Meeker : Il ne s’agit pas de s’attaquer coûte que coûte à des positions acquises par d’autres laboratoires mais de partir des besoins des patients et de leurs représentants avec lesquels nous avons déjà noué des relations fortes. C’est sur la qualité de la réponse de notre produit à leurs besoins, notamment sur le plan de l’efficacité, que nous allons prendre la place qui nous revient. Chez Genzyme, nous pensons que notre expérience des maladies rares nous donne une grande légitimité pour aller dans cette direction.

Pour nous, le passage des maladies rares aux pathologies à plus forte prévalence équivaut à un changement d’échelle, pas à un changement de modèle.

Actu Labo : Est-ce que Genzyme a vocation à reproduire ce modèle pour d’autres pathologies?

David Meeker : Il y a près de 7000 maladies rares et une large part d’entre elles n’ont pas de traitement. Il y a donc encore beaucoup de travail à accomplir. Pour autant, nous pensons qu’il n’y a pas d’opposition entre notre stratégie dans les maladies rares et celle dans les pathologies à plus forte prévalence. Le lien, c’est la prise en compte des besoins du patient et la gestion collaborative de la maladie. Ce chemin, c’est d’ailleurs celui de la médecine personnalisée de façon générale.

Actu Labo : Quel est le modèle industriel que vous allez privilégier pour ces deux traitements?

David Meeker : L’alemtuzumab sera produit par une CMO qui, malheureusement pour le tissu industriel hexagonal, n’est pas française. Nous avons choisi ce mode afin de garantir la flexibilité et la réactivité d’un

les maladies à forte prévalence » process que nous n’entendons pas ré-internaliser.

Pour sa part, le tériflunomide sera pris en charge par les capacités de Sanofi.

tout le cas chez Genzyme. Ce qui n’exclut pas, bien sûr, la recherche de complémentarités fortes, notamment dans le domaine de la R&D.

Actu Labo : Justement, comment jugez-vous la gouvernance de Sanofi mise en place dans le cadre du rachat de Genzyme ?

David Meeker : Elle est tout à fait intelligente. Chris Viehbacher et l’équipe dirigeante de Sanofi ont tout de suite compris qu’ils devaient laisser l’autonomie suffisante aux équipes de Genzyme pour que s’expriment les qualités de réactivité et de flexibilité qui leur sont propres… et aussi pour que ce rachat ne soit pas synonyme de destruction de valeur. Souvent, lorsqu’une acquisition ne se passe pas bien, les gens partent, tout simplement. Ce n’est pas du

Actu Labo : Le rétablissement de la disponibilité du Fabrazyme et du Cerezyme, respectivement indiqués dans le traitement des maladies de Fabry et de Gaucher, compromise suite à des dysfonctionnements de votre usine d’Allston, est-il en bonne voie ?

David Meeker : Oui, le retour vers une situation normale est bien engagé, mais il devrait se faire progressivement, et par étapes jusqu’à la fin 2013. Je préfère ne pas donner de dates précises, car c’est un processus complexe soumis à quelques aléas.

Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier

DAVID MEEKER : L’ARTISAN DE LA FUSION AVEC SANOFI L’élégance très victorienne du Dr. David Meeker, 57 ans, qui a succédé en octobre dernier comme CEO de Genzyme à Henri Termeer, évincé au prix d’une compensation financière de… 300 M$, n’a pas éclipsé le bon vivant qui sommeille dans cet amoureux des paysages et de la gastronomie française. Nommé l’an passé par le CEO de Sanofi Chris Viehbacher auquel il reporte en tant que patron de filiale, David Meeker est entré chez Genzyme en 1994 ; au moment de la fusion avec Sanofi, dont il fut l’un des principaux artisans, il assurait les fonctions de COO (juste au-dessous du CEO dans les organigrammes anglo-saxons).

Ce scientifique, qui a dirigé le Pulmonary Critical Care Fellowship d’une clinique réputée à Cleveland, ne tarit pas d’éloges à l’égard de la maison mère. Saura-t-il préserver l’indépendance et l’agilité d’un fonctionnement interne qui a fait ses preuves… face au poids de son acquéreur ? C’est sans doute l’enjeu principal de son mandat ; celuici s’ouvre dans un contexte d’évolution du modèle de Genzyme, désormais résolument tourné vers les traitements de maladies à plus forte prévalence.

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Biopharms

Nanobiotix accélère l’allure La parisienne Nanobiotix, pionnière de la nano-médecine, vient de lever 14,2 M€ : elle a été autorisée à poursuivre un essai clinique prometteur dans le traitement du sarcome des tissus mous.

S

pin-off de l’université d’Etat de New York à Buffalo, établie à Paris, Nanobiotix, un pionnier de la nano-médecine en oncologie, annonce des résultats cliniques encourageants pour le NBTXR3, un produit testé en phase I à l’Institut Gustave-Roussy dans le traitement du sarcome des tissus mous à un

stade avancé. Un comité d’experts indépendants vient unanimement de recommander de poursuivre cet essai conformément au protocole. « C’est une étape majeure, nous indique Laurent Lévy, président du directoire et co-fondateur de Nanobiotix, elle survient quelques semaines après le succès de notre entrée à l’Euronext qui nous a permis de lever 14,2 M € ».

Ces concours vont permettre de financer la clinique du NBTXR3 qui, directement injecté dans la tumeur, permet d’augmenter considérablement les doses de radiothérapie – jusqu’à les multiplier par 9 loca-

lement –, qui sont absorbées par les nanoparticules et ce, sans compromettre les tissus sains. Deux autres produits fondés sur la même plate-forme technologique, l’un administré en intraveineuse, le second injecté dans la cavité tumorale après chirurgie, étoffent le portefeuille de Nanobiotix. « Nos produits sont très polyvalents et peuvent être évidemment indiqués dans beaucoup d’autres indications (cancer de la prostate, glioblastome) ». Si la biopharm entend développer le NBTXR3 en propre en Europe, elle a, en revanche, signé un accord de licence avec le taïwanais Pharma Engine pour l’Asie et entend dupliquer ce modèle pour l’Amérique du Nord avec une autre pharma.

Jean-Christophe Savattier

Theradiag a levé 8,1 M€ sur l’Alternext L

a biopharm Theradiag, un spécialiste français du diagnostic in vitro et du théranostic, vient de lever de nouveaux concours. Le laboratoire s’est introduit en décembre dernier sur l’Alternext à Paris dans le cadre d’une opération qui lui a permis de lever plus de 8 M€ (8,1 M€)

40 Actulabo - Janvier 2013

suite à la mise en jeu d’une clause de sur-allocation. Le prix par action s’est inscrit dans le haut de la fourchette annoncée à 5,80 €. Cette opération capitalistique va permettre à la société, indique la direction, « d’étendre son expertise aux nouvelles thérapies des maladies inflamma-

toires et auto-immunes, des cancers et du sida en complétant sa gamme Lisa Tracker et sa plateforme microARN protégée par 2 brevets », ainsi que « de poursuivre son expansion à l’international ». La capitalisation boursière de la société s’élève désormais à 21,7 M€.

Actulabo - Janvier 2013 39

SPÉCIAL Pharmapack – 13-14 février 2013 - Paris

West Pharma se pique au jeu Depuis cinq ans, West Pharma investit régulièrement sur ses sites français de Nouvion-enThiérache en Picardie et du Vaudreuil en Normandie, afin de préserver sa longueur d’avance acquise dans l’injectable.

L'enjeu : s’adapter aux exigences croissantes de sécurité et de qualité que nécessitent les médicaments biotechs.

Lancé en septembre, le SelfDose facilite l’administration de molécules biologiques sensibles.

42 Actulabo - Janvier 2013

L

e site de West Pharmaceutical Services, à Nouvionen-Thiérache (02), est spécialisé dans la fabrication des composants élastomères d’emballages primaires destinés aux médicaments injectables, comme les seringues pré-remplies, les capsules, les bouchons de sérum et de lyophilisation. Ses capacités de production s’élèvent aujourd’hui à 220 millions de composants par mois. « C’est l’un des piliers de notre réseau mondial de production, représentant pratiquement 30 % de l’activité en Europe et 10% dans le monde », pointe Laurent Fréchin, vice-président des ventes Europe chez West Pharma.

Son développement bénéficie aujourd’hui du rythme soutenu de la demande pharma pour les médicaments sous forme injectable, dont la croissance dépasse en moyenne les 10 % chaque année.

Pour accompagner cette dynamique, les investissements au profit du site de Nouvion-en-Thiérache n’ont pas marqué le pas depuis cinq ans. Les efforts ont notamment visé le renforcement de la qualité et le contrôle par la vision avec l’acquisition de trois machines EnVision™. « Nos lignes de production en classe 5 et 8 intègrent la transformation des matières premières,

le moulage, le lavage et le con- le site d’Eischweiler, en Alletrôle automatique des compo- magne, pour répondre à la croissants par caméra », explique Lau- sance de ce type de demandes. rent Fréchin. En outre, West Phar- S’appuyant sur ces progrès, West ma a développé des solutions spé- Pharma fait donc le pari des biociales pour le marché très exigeant technologies pour assurer la contides biotechs. « Nous avons récem- nuité de son développement dans l’injection et surment investi sur Des solutions tout l’auto-injecune nouvelle ligne à très forte valeur tion. « Il y a de plus de B2 Coating pour ajoutée en plus de médicaaméliorer la qualité intrinsèque de nos bou- ments biotechs dans le domaine chons », poursuit-il. Le procédé injectable qui sont très sensibles, « B2 Coating » fait référence à un difficiles à formuler, à conditionrevêtement spécifique développé ner et parfois à administrer, note par West Pharma pour réduire le Laurent Fréchin, car il y a toutaux de particules subsidiables de jours un ratio entre le dosage et le ses produits. C’est une alternative temps d’injection à respecter ». pour l’industrie pharma aux mé- D’où la direction prise ces derthodes de siliconisation tradition- nières années par l’entreprise de nelles par émulsion. « Le silicone combiner une double expertise de est considéré comme un élément concepteur-développeur dans le perturbateur pour les molécules conditionnement et l’administraultra-sensibles comme les pep- tion. « Notre premier challenge tides et les protéines », explique-t- est d’assurer la sécurité et l’efficacité du conditionnement, il. Pour éviter le « Free Silicon », en général un flacon et West Pharma a donc un système de bouchage, puis d’étudier l’administration du médicament sous forme de seringue, développé un sys- d’auto-injecteur ou de cartoutème de bouchage particulier qui che », poursuit-il. Une démarche combine un film de protection qui va également dans le sens de (flurotec) et son revêtement « B2 la réglementation pharmaceuCoating ». La nouvelle ligne, qui tique sur les produits combinés est aujourd’hui opérationnelle à (exemples : une cartouche dans Nouvion-en-Thiérache, vient en un stylo, une seringue de 1 ml support d’une ligne exploitée sur dans un auto-injecteur).

des biotechs Le site de West Pharma à Nouvion.

Il est aujourd’hui difficile de dissocier un médicament de son mode d’administration lors du dépôt d’AMM. Un système d’administration plus sophistiqué et efficace peut aussi permettre d’étendre la durée de protection de ses brevets. Voire permettre d’obtenir un

prix plus élevé pour la mise sur le marché de traitements plus ciblés.

Pour développer son marché, West Pharma a conclu des accords de co-développement avec les laboratoires pharmaceutiques afin de mettre au point des solutions sur mesure.

Certains d’entre eux apparaissent très prometteurs, à l’instar du récent partenariat avec Janssen Biotech (Johnson&Johnson), qui a abouti au lancement du SelfDose en septembre dernier. Le nouveau système d’auto-injection sous-cutanée a été conçu pour faciliter l’administration de molécules biologiques sensibles. Son utilisation est intuitive pour le patient : il ne voit jamais l’aiguille qui se rétracte à la fin de l’injection de manière automatique. Un progrès sensible dans la compliance, qui consacre la justesse du positionnement du groupe.

Marion Baschet-Vernet

En France, les efforts de West Pharma se concentrent aussi sur le site normand du Vaudreuil depuis l’acquisition de Plastef en 2009, intégrée désormais dans le groupe en tant que West Pharmaceuticals Service Normandie. Plastef, qui réalise un chiffre d’affaires de 7,9 M€ avec 75 personnes, s’est fait connaître dans la pharma avec son système de sécurité Eris. Celui-ci consiste en un tube protecteur qui vient recouvrir l’aiguille après l’injection. Il est notamment utilisé sur l’antithrombotique Lovenox de Sanofi. « Les synergies sont aujourd’hui de plus en plus importantes avec l’emballage primaire sur les aspects de sécurité », reconnaît Laurent Fréchin, vice-président des ventes Europe chez West Pharma. La réglementation en vigueur aux Etats-Unis contre les piqûres accidentelles est en train d’arriver en Europe avec une nouvelle directive (2010/EU/32) applicable dès mai 2013 visant à protéger les équipes de santé.

Il était difficile pour West Pharma de développer plus en avant Eris, qui bénéficie d’une exclusivité par classe thérapeutique. Pour accroître son portefeuille et ses opportunités, la société mise donc également sur B.Safe, un système de rétractation automatique de l’aiguille comparable au Safe’n’Sound de Rexam et à l’UltraSafe de BD. « La production du B.Safe pourra commencer dès le premier trimestre 2013 sur le site du Vaudreuil, annonce Laurent Fréchin. Nous prévoyons d’atteindre d’ici à un an et demi le niveau actuel de production d’Eris qui est de 100 millions d’unités par an ». Plusieurs contrats sur B.Safe sont déjà en cours avec l’industrie pharmaceutique.

EN BREF

UN CENTRE D’EXCELLENCE EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ AU VAUDREUIL

Les chiffres clés de West Pharma • CA de 1,180 Md$ en 2011, dont 48% aux Etats-Unis, 44% en Europe, 5% en Asie et 5% en Amérique du Sud • Effectif global de 6 000 personnes • En France, 2 sites de production: Nouvionen-Thiérache et Le Vaudreuil

Actulabo - Janvier 2013 43

SPÉCIAL Pharmapack – 13-14 février 2013 - Paris

Eisai emballé par le Royaume Le laboratoire japonais Eisai concentre toutes ses ambitions sur son site britannique d’Hatfield, qui constitue un tremplin en matière de R&D et de production pour ses médicaments phares contre l’épilepsie, le cancer et la démence.

Des investissements sont en cours pour augmenter les capacités de production, d’emballage et de qualité.

Les ventes mondiales du Fycompa atteindront 392 M€ d’ici à 2015.

44 Actulabo - Janvier 2013

E

n septembre dernier, le laboratoire Eisai, basé à Tokyo, a créé la surprise au Royaume-Uni en inaugurant une nouvelle ligne de fabrication pour son médicament contre l’épilepsie Fycompa (perampanel) sur son site d’Hatfield (Hertfordshire), montrant ainsi sa volonté d’investir dans le pays et de s’en servir comme tremplin pour conquérir… le reste du monde. Depuis 2009, le site d’Hatfield était reconnu comme le centre de R&D d’Eisai, hébergeant notamment le britannique Eisai Knowledge Center (EKC). Il a pris du galon en 2012 en devenant la plate-forme unique de R&D, de production et d’emballage d’Eisai pour desservir ses activités en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique et en Russie.

Sur place, Eisai concentre en un même lieu ses laboratoires de développement, sa recherche clinique, les ventes, l’emballage et la

production pour accélérer son ex- dynamique devrait amener les pansion à l’international. Dans la ventes mondiales du Fycompa à morosité ambiante, l’actualité por- 392 M€ d’ici à 2015. De quoi boostant sur ces nouvelles capacités de ter les volumes d’Hatfield sur pluproduction à Hatfield fait grand sieurs années. « La nouvelle ligne bruit au Royaume-Uni, en annon- de production de doses solides de çant surtout une création nette Fycompa produira à terme pour d’emplois. « Nous prévoyons que 80 pays », continue la porte-parole. l’effectif actuel s’accroisse de Le changement est d’autant plus significatif pour le 5 à 10 % par an Des médicaments laboratoire que jusqu’en 2015, afin emballés c’est la première que les capacités manuellement fois qu’il produit du site s’alignent sur nos ambitions de développe- un médicament à l’échelle monment », note Cressida Robson, di- diale en dehors du Japon. « Auparecteur de la communication ravant, chaque pays produisait et emballait pour sa propre conEMEA d’Eisai Europe.

L’Europe, le Moyen-Orient, l’Afri- sommation », note Cressida Robque et la Russie sont des marchés son. Pour se préparer, une enveclés pour le développement à ve- loppe de 125 millions d’euros a nir du laboratoire. « La région déjà été investie sur le site d’HatEurope, Moyen-Orient et Afrique – field, « l’un des plus importants inEMEA – représente actuellement vestissements jamais réalisés sur 250 M€ soit un peu plus de 4 % le territoire britannique par une des ventes totales d’Eisai, pour- société japonaise». suit-elle. Cette contribution de- La dynamique n’est donc pas prêvrait croître à 7 % en 2015 ». La te de s’essouffler sur le site, qui est également reconnu comme un centre d’excellence de premier ordre en matière d’emballage. Eisai vient d’ailleurs d’y installer deux nouvelles lignes de conditionnement pour des traitements majeurs contre le cancer. Il s’agit d’abord d’une ligne dédiée au conditionnement d’Halaven (éribuline), un traitement contre le cancer du sein métastatique, qui a obtenu une homologation en fé-

-Uni vrier 2011. Intégré l’année dernière au Fonds contre le cancer britannique, Halaven constitue une réelle avancée pour les femmes souffrant d’un cancer du sein avancé. Côté production, le laboratoire a multiplié les précautions pour éviter tout risque de contamination sur le site. « Les médicaments sont emballés manuellement au rythme de 27 000 flacons par mois », précise Cressida Robson.

La seconde ligne vise le conditionnement de composés très puissants comme le lenvatinib, une molécule expérimentale contre le cancer avancé de la thyroïde différenciée (CTD). En phase III de test clinique auprès des patients, Eisai pense soumettre d’ici à fin 2013

les autorisations marketing pour ce médicament, qui bénéficie au Japon du statut de produit orphelin. Au total, ces nouveaux investissements dans l’emballage pharma permettront à Eisai de passer de trois à cinq lignes de conditionnement sur le site d’Hatfield d’ici à fin 2013.

Par ailleurs, ces équipements de pointe devraient également permettre au site de se positionner

pour de futurs projets de R&D dans les neurosciences. Les enjeux sont d’importance, notamment au Royaume-Uni. La démence, qui touche chaque année sept millions de nouveaux cas sur le territoire britannique, a été reconnue comme « premier défi national » par David Cameron, Premier ministre.

En octobre dernier, David Willetts, ministre britannique des sciences et des universités (à droite), inaugurait le nouveau site d’Hatfield (Hertfordshire) d’Eisai en compagnie de Gary Hendler, CEO du laboratoire (au milieu).

Marion Baschet-Vernet

DES INVESTISSEMENTS EN R&D DOPÉS PAR LA PATENT BOX Le choix d’investir au Royaume-Uni pour Eisai fait suite à la politique d’incitations fiscales du gouvernement britannique, et en particulier l’introduction de la Patent Box. Celle-ci permettra au 1er janvier 2013 une réduction de 28 % à 10 % de l’impôt sur les revenus des brevets déposés au Royaume-Uni. « Avec l’allègement de la Patent Box, le Royaume-Uni devient le pays le plus compétitif pour investir, face aux pays présentant des programmes similaires comme les Pays-Bas et la Belgique », a reconnu Gary Hendler, CEO d’Eisai, lors de l’inauguration de la nouvelle ligne de production de Fycompa en septembre dernier. Eisai prévoit d’ailleurs de transférer ses droits de propriété intellectuelle pour ce médicament au Royaume-Uni. Dans le pays, il possède 300 chercheurs sur un effectif total de 600 personnes qui travaillent de manière ciblée sur la démence, la maladie d’Alzheimer et l’épilepsie. Le centre privé sur la démence d’Hatfield concentre à lui seul les compétences de 75 scientifiques.

Rappelons que GSK a été la première big pharma à réagir favorablement à la baisse de la Patent Box en annonçant un vaste programme d’investissements de 570 M€ au Royaume-Uni pour créer 1 000 emplois. Il est prévu en particulier la construction d’une nouvelle usine dédiée aux médicaments issus de systèmes biologiques et d’organismes vivants, qui sont à l’origine de 15% de l’innovation chez GSK.

Actulabo - Janvier 2013 45

SPÉCIAL Pharmapack – 13-14 février 2013 - Paris

Mylan veut encore améliorer sa productivité à Meyzieu

Les chiffres clés de Mylan • CA worldwide de 6,13 Md$ en 2011 • CA de 1,47 M$ pour la division EMEA • 18 000 salariés dans le monde (2 500 pour EMEA) • 1 100 produits en portefeuille

46 Actulabo - Janvier 2013

EN BREF

Au moment de souffler les dix premières bougies de leur unité de conditionnement de génériques, basée près de Lyon, les laboratoires américains Mylan confirment leur optimisme sur les perspectives de croissance du marché en France et dans les pays voisins.

L’

unité de conditionnement de génériques créée par Merck Generics à Meyzieu, dans la banlieue de Lyon, reprise en 2007 par l’Américain Mylan à l’occasion du rachat de l’allemand, fête cette année son dixième anniversaire.

Spécialisée dans les formes sèches, elle conditionne quelque 57 millions d’unités par an, exclusivement réservées au marché français, soit 27 % de toutes les ventes réalisées par Mylan dans l’Hexagone sur le marché des villes.

«Cela représente environ 220 000 boîtes et 30 000 flacons conditionnés chaque jour », précise Véronique Chapon, directrice du site depuis l’origine.

Pour Didier Barret, président Europe de Mylan, « il est évident que la France représente un marché important pour le groupe, puisque nous sommes leaders sur notre créneau. Cette unité de conditionnement nous permet d’être proche des 22 000 pharmacies françaises clientes et de répondre immédiatement à la demande ».

Pour cela, l’unité de Meyzieu emploie 70 personnes et dispose de cinq lignes de conditionnement, dont quatre dédiées à la mise sous blister, la dernière étant un pilulier. « Nos équipes tournent déjà en 3x8, mais nous avons encore

des marges de progression », ajoute la directrice du site. Didier Barret corrobore cette analyse et n’envisage pas de nouveaux développements sur le site, bien qu’il confirme les ambitions de croissance du groupe en termes de production. « L’unité de conditionnement de Meyzieu a bénéficié d’investissements importants au moment de sa mise en route.

Elle peut encore améliorer sa productivité, même si on ne passera pas sans peine à 60 millions d’unités conditionnées. »

lisé il y a cinq ans, au détriment de Londres et Francfort qui étaient également en course pour accueillir ce siège.

Depuis sa base de l’Est lyonnais, où sont employées 350 personnes, Mylan gère en fait quelque 2 500 salariés, répartis dans 23 pays d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique (EMEA). « Le CA de Mylan EMEA s’est inscrit à 1,47Md$ en 2011. À l’échelle de la planète, le groupe a réalisé 6,13Md$ de CA la même année, ce qui le place au 3e rang mon-

Car Mylan croit fermement au potentiel de son implantation rhodanienne. « La région lyonnaise joue un rôle essentiel dans notre stratégie, assure Didier Barret.

Non seulement parce que nous disposons ici de l’une de nos trois unités européennes de conditionnement, mais aussi parce que nous avons installé notre siège Europe à St-Priest. » Un choix réa-

dial des médicaments génériques et spécialités pharmaceutiques (derrière Teva et Sandoz, NDLR)», précise Didier Barret. Une position que le groupe américain entend conforter au cours des cinq prochaines années. « Nous produisons actuellement 45 milliards de doses par an ; nous souhaitons doubler ce volume d’ici à 2016 », annoncet-il.

Jacques Donnay

CROSSJECT LICENCIE SON DISPOSITIF D’INJECTION La start-up dijonnaise Crossject (environ 15 salariés) qui développe un dispositif d’injection sans aiguille (Zeneo) fondé sur la technologie… de la découpe par jet d’eau (lire à ce sujet le magazine actulabo de mai 2012), annonce avoir licencié ce produit très innovant auprès d’un laboratoire pharmaceutique dans une indication de traitement de la polyarthrite rhumatoïde. Le nom de ce partenaire n’a pas encore été rendu public.

Le dispositif, protégé par près de 370 brevets, permet d’administrer la plupart des principes actifs compte tenu de sa capacité d’adaptation à la viscosité des produits. Présidé par Gérard Heinrich, Crossject table pour 2016 sur un CA d’environ 16 M€ qui sera essentiellement généré par la vente de licences d’exploitation et de distribution.

PATHEON MET LA MAIN SUR BANNER PHARMACAPS… Le façonnier canadien Patheon vient de racheter pour 255 M$ Banner Pharmacaps, spécialisé dans la production de capsules

et de pilules et détenu par le néerlandais Vion. Banner Pharmacaps emploie près de 1 200 salariés et possède des sites de production aux Pays-Bas, au Canada et au Mexique. Ce rachat

rentre dans la stratégie de Patheon de se recentrer sur le secteur des prescriptions orales ; il rentre en concurrence directe dans ce domaine avec Catalent et Capsugel. … ET VEND SON CONDITIONNEMENT CLINIQUE À BELLWYCK Patheon a cédé son activité de conditionnement secondaire et de services cliniques à son compatriote Bellwyck Packaging Solutions. Cet accord permet au la- boratoire de Toronto de se recentrer sur son cœur de métier (la production de médicaments en formes sèches et injectables). Une vingtaine d’employés Patheon ont rejoint Bellwyck : les activités cédées sont localisées à Burlington (État d’Ontario, Canada) et comprennent une présence à Cincinnati (État d’Ohio, États-Unis).

Actulabo - Janvier 2013 47

Manager

Le biomanufacturing devient La France souhaite tirer son épingle du jeu sur le marché du biomanufacturing, en proposant des plates-formes de formation et de production de haut niveau.

Inauguré en septembre dernier, le laboratoire de TP de Sup’Biotech est équipé de matériels utilisés par les industriels.

«L

a demande en biomédicaments est passée de 5 à 15 % entre 2000 et 2012 et le service médical rendu (SMR) de ces produits est bien meilleur », a rappelé Cédric Guillerme, chargé de mission biotechnologies rattaché au ministère du Redressement productif, lors de la conférence organisée en octobre dernier par Sup’ BioTech. Face à la part croissante des bioproductions dans le manufacturing pharma – 5 des 10 médicaments les plus vendus en 2011 étaient issus de la biopro-

duction –, l’Hexagone doit redoubler d’efforts pour rattraper son retard dans la course internationale. En accord avec le Conseil stratégique des industries de santé (CSIS), qui a posé l’exigence du 48 Actulabo - Janvier 2013

« maintien et du développement à petite échelle est nécessaire de la production de biomédica- avant d’envisager une production ments » au rang de ses priorités, importante. « Au niveau eurol’État a, depuis 2000, investi 2,8 Md€ péen, nous souffrirons toujours dans différents projets de pla- d’un handicap dû à notre manque d’expétes-formes de bioLa demande en rience. Il faut mimanufacturing. Le biomédicaments est ser sur la thérapie pays passera ainsi passée de 5 à 15 % génique et la thérade 36 sites en 2011 entre 2000 et 2012 pie cellulaire, nos à 44 en 2013, pour un nombre total d’environ 13 000 points forts », ajoute le directeur emplois. Pour autant, les acteurs de la bioproduction de LFB Bioestiment qu’il ne s’agit pas de cé- technologies, qui vient justement der à la folie des grandeurs. « Les de se doter d’une nouvelle filiale, capacités sont suffisantes, de Cellfor- Cure, dédiée à la thérapie nombreuses créations et exten- cellulaire. Des plates-formes et pépinières ont été mises en place afin de soutenir et accompagner les acteurs du secteur, de la PME à la CMO, à l’instar de la plate-forme AcCInov à Lyon, créée au sein de l’ensemble Lyon Biopôle.

Mais, pour que sa filière bioproduction gagne du galon, la France doit aussi s’appuyer sur une offre de formation de haut niveau. Les cursus français en biotechnologies sont déjà reconnus au niveau international et ont prouvé leur efficacité en accompagnant des procédures de reconversion de process chimiques vers le vivant.

La migration du site de Sanofi sions sont prévues à l’instar de à Neuville-sur-Saône (Rhône) – celle de PX Therapeutics. Ce qui après celle de Vitry-sur-Seine avec manque, ce sont… les projets », l’IMT – en est un bel exemple : la regrette Roland Béliard, président société y a mis en place un prochez LFB Biomanufacturing, qui cédé de bioproduction d’un vacrappelle qu’une validation clinique cin contre la dengue « dans une

une cause nationale logique de reconversion », indique ainsi Antoine Quin, le directeur bioproduction de Sanofi Pasteur. Pour négocier ce virage, Sanofi Pasteur a dû se tourner vers la formation interne et/ou externe, afin de compter dans ses rangs des chefs de projets, managers et biotechniciens rompus aux bonnes pratiques de fabrication (BPF). « Les industriels ont des besoins émergents, à la fois en formation interne et aussi via des sessions de formation externes afin d’allier des profils différents dans leurs équipes », abonde Estelle Mogensen, responsable du laboratoire de bioproduction à Sup’Biotech. « Ces formations grandeur réelle comme à Sup’ Biotech, permettent de garantir un meilleur recrutement car il faut en moyenne six à huit mois a minima pour former nos salariés au départ », confirme Roland Béliard, qui ajoute qu’au sein des unités LFB, ce sont les besoins pour les reconversions qui sont les plus criants. « Or, passer de l’activité pharmaceutique aux produits recombinants n’est pas si simple. ll faut notamment apprendre à travailler en milieu stérile ». LFB recrute pour la thérapie cellulaire des salariés issus de structures hospitalières… qui n’ont jamais travaillé en environnement industriel.

Les centres de formation français

ont bien intégré ces problématiques à l’instar de la future usineécole Ease en Alsace (cf. Actu Labo n °8) ou de la plate-forme de formation du Genopole à Evry (91).

Premier bioparc de France et centre de production de vecteurs de thérapie génique le plus important au monde, le Genopole a ainsi créé une plate-forme qui répond aux besoins des biotechs et apporte une formation professionnalisante, complémentaire aux formations préexistantes.

En ouvrant au printemps dernier un laboratoire de TP dédié à la bioproduction (voir encadré), SupBiotech a également compris « l’importance de travaux pratiques en conditions réelles pour former des techniciens comme des ingénieurs et chefs de projet »,

détaille sa directrice, Vanessa Proux. En effet, avant de diriger les équipes, les chefs de projet doivent connaître le travail des biotechniciens. « Il faut former à la fois les personnels de la R&D et de la production afin que chaque équipe comprenne les besoins de l’autre », complète Estelle Mogensen, de SupBiotech.

L’aspect pratico-pratique de ces formations présente également un autre avantage, selon Roland Béliard du LFB: « C’est une source de motivation, car beaucoup de jeunes n’ont aucune idée concrète de ces métiers avant d’être en poste, cela devrait susciter des vocations dans ce secteur d’avenir. » Élise Pierre

SUP’BIOTECH OUVRE UN LABORATOIRE DE TP DÉDIÉ À LA BIOPRODUCTION Créée en 2004 pour répondre aux besoins du secteur de la biologie et former des experts en biotechnologies, l’école spécialisée Sup’Biotech à Villejuif, qui propose une formation en cinq ans après le bac, a investi 100 000 € afin d’ouvrir en cette rentrée 2012-2013 une plate-forme technologique complète; elle permet aux étudiants de 4e année de réaliser toutes les étapes nécessaires à la production d'une bio-molécule. Le laboratoire est équipé de matériels utilisés par les industriels : quatre bioréacteurs et des systèmes d'analyse. Les lo-caux, séparés en deux ateliers, ont été conçus de manière à instaurer des procédures techniques similaires à celles mises en place dans les sites de bioproduction : sas d'entrée/sortie de personnel et de matériel pour éviter toute contamination, suivi de la croissance des cellules et de la synthèse d'une molécule d'intérêt par échantillonnage. La structure pourra à terme être mise à disposition, en fonction des disponibilités, à des professionnels de la bioproduction.

Actulabo - Janvier 2013 49

Manager

Biopractis forme à la bioprod

«L

Plate-forme de formation à la production de biomédicaments en conditions réelles, Biopractis vient d’ouvrir ses portes à Nantes. Sa vocation est de répondre aux besoins de l’industrie pharmaceutique en mal de collaborateurs opérationnels et autonomes.

es entreprises s’intéressent à la production à une échelle pilote, car elles rencontrent de grandes difficultés à recruter des techniciens et opérateurs aptes à travailler directement dans un environnement BPF et en salles blanches », explique Pierric Chalois, directeur du centre de formation « Biopractis Training Center » à Nantes, qui a ouvert ses portes en septembre dernier. Confrontés à la mobilité chronique de leurs jeunes recrues, les acteurs de l’industrie pharmaceutique peinent, en effet, à employer et conserver des salariés hautement qualifiés et formés aux

Pierric Chalois, directeur du centre de formation Biopractis Training Center.

contraintes réglementaires. « Les industriels veulent également éduquer leurs collaborateurs afin qu’ils soient de plus en plus autonomes sur les machines », ajoute Pierric Chalois. En proposant des

50 Actulabo - Janvier 2013

formations « en conditions réel- Parmi les formateurs, Biopractis les», Biopractis répond aux préco- compte ainsi des responsables des nisations du Leem qui conseillait sociétés Vivalis (Stephen W. Brown, dans un rapport de mettre à dispo- chief technical officer), Laporte sition des organismes de formation Euro (Cécile Guémas, responsable des pilotes « GMP like » permettant projet pharmaceutique) et Malik Belattar, gérant de d’acquérir une forTravailler avec les Pharma Biot’Expert. mation pratique. « A mêmes équipements En gestation depuis la différence d’une que la R&D nous 2010, Biopractis a école, nous souhaipermet de dispenser été porté par l’école tons devenir le cendes formations nationale vétérinaitre de référence de qualité re, agroalimentaire pour la formation à la production de biomé- dica- et de l’alimentation Oniris, en parments dans un contexte in-dus- tenariat avec l’université de Nantes, triel », confirme Pierric Chalois, qui dont les étudiants bénéficieront précise que tous les équipements également dans le cadre de leur formation initiale. « Cette platedu centre sont de type pilote.

Depuis son ouverture, Biopractis a forme innovante permettra de déjà délivré ses premières forma- mener vers l’industrie pharmations pratiques sur 2 à 4 jours, sur ceutique des étudiants déjà romles thèmes « GMP et manipulations pus aux bonnes pratiques de faen salle propre », et « culture cellu- brication en leur donnant une laire petite échelle en contexte connaissance pratique inédite à GMP », tandis que d’autres mo- ce jour », détaille le directeur. À dules sont prévus sur les thèmes raison de 25 % du taux d’occupades techniques de purification ainsi tion, des sessions de formation inique sur la culture cellulaire en bio- tiale seront dédiées aux élèves réacteur inox. Conçues par des ex- d’Oniris de la filière Ingénieur en perts de la production de biomédi- biotechnologies de la santé ainsi caments, ces sessions s’adapteront, qu’aux élèves en Master Dévelopau cas par cas, aux besoins des in- pement et contrôle des produits dustriels. « Nous pourrons cons- de santé de l’université nantaise. truire des modules sur mesure », À l’instar des stagiaires en formaconfirme Pierric Galois, qui rap- tion continue, ces étudiants pourpelle que les sessions sont animées ront utiliser les équipements de à 100 % par des professionnels, res- pointe du centre. Car, pour reproponsables industriels qui viendront duire l’environnement d’une sopartager leurs connaissances. ciété biopharmaceutique, Bioprac-

en grandeur réelle tis a mis les bouchées doubles : salles blanches équipées de sas, de zones à atmosphère contrôlée, combinaisons spécifiques…

Correspondant à un investissement de 1,5 M€, le centre Biopractis a été soutenu par le pôle de compétitivité Atlanpole Biotherapies et financé par la Région Pays de la Loire, l’Etat dans le cadre du Fonds de restructuration de la défense et Oniris.

De son côté, Nantes Métropole a mis à disposition de Biopractis sur le site de Bio Ouest, un bâtiment comprenant 400 m2 de laboratoires et 200 m2 de bureaux et salles de réunion. « Nous avons adapté ces locaux afin de créer 400 m2 de salles blanches, cloisonnés en unités d’environ 20 m2 capables d’accueillir des groupes de 6 personnes maximum », ajoute le directeur.

Parmi ces salles, Biopractis compte une salle de culture cellulaire, équipée notamment de microscopes inversés et d’un spectrophotomètre, une salle « Upstream » équipée de deux bioréacteurs (50 L et 30 L) et une salle « Downstream », comptant notamment deux équipements de chromatographie et deux appareils de filtration TFF. «C’est un vrai challenge de travailler avec les mêmes équipements que la R&D, afin de dispenser des formations de qualité», souligne Pierric Chalois. Les stagiaires « tourneront » sur les différents ate-

liers afin de manipuler l’ensemble de ces équipements. Les tests en grandeur réelle, réalisés début septembre, s’avèrent concluants.

Si des laboratoires comme le niçois Virbac semblent déjà prêts à y envoyer leurs salariés en formation, Biopractis espère toucher à l’avenir tous les industriels du secteur à l’échelle française, mais aussi européenne. « Il y a un impact rapide en terme d’amélioration des compétences. Par ailleurs, nous allons compléter le catalogue et souhaitons prodiguer 30 semaines de formation continue par an afin d’accueillir 300 personnes », conclut Pierric Chalois, qui rappelle que le centre restera spécialisé sur l’industrie des biomédicaments.

Les acteurs des industries cosmé-

tique et agroalimentaire pourraient pourtant, à terme, se montrer fort intéressés par ce centre de ressources à l’échelle industrielle…

Cette plateforme innovante permettra de mener vers l’industrie pharmaceutique des étudiants déjà rompus aux bonnes pratiques de fabrication.

Élise Pierre

DES WORKSHOPS POUR LES CADRES Face au manque de congrès dédiés à la bioproduction sur le territoire français, Biopractis a décidé d’organiser des ateliers (workshops) tout au long de l’année pour les managers et cadres de l’industrie pharmaceutique. « L’objectif est de permettre aux cadres responsables d’unités de production de confronter leurs problématiques métiers avec deux ou trois experts de haut niveau, sur une thématique », explique Pierric Chalois. Parmis les thèmes autour de la production de biomédicaments, pourront être abordés : « La production de lignées cellulaires », « Comment améliorer l’efficacité des bioprocédés ? ». Ces séminaires de formation mettront l’accent sur l’interaction et l’échange d’informations entre professionnels, dans un but de partage et d’évolution de leurs savoir-faire.

Actulabo - Janvier 2013 51

Manager

Entretien annuel

un moment clé du manager

Grand rendez-vous de l’année, l’entretien d’évaluation peut se révéler un remarquable outil de gestion des carrières et des compétences. À condition d’avoir été préparé avec soin…

52 Actulabo - Janvier 2013

D’

une obligation légale, l’entretien d’évaluation est devenu un véritable outil de gestion des carrières, jusqu’à s’intégrer au cœur de la stratégie des grands acteurs de l’industrie pharma. Le laboratoire GSK a ainsi fait de ce rendez-vous l’objet d’une campagne nommée « Performance & Development Plan ». Dès l’automne, la proximité de l’échéance et son importance sont rappelées aux salariés. « Ce processus fait désormais partie des piliers de l’entreprise », estime la DRH Florence Lizart, qui précise que l’objectif serait même de renouveler ce bilan à « mi-parcours » dans l’année. Echange approfondi sur des bases précises entre un manager et son collaborateur, l’entretien permet d’apprécier les objectifs de l’année écoulée et de vérifier la conformité de la performance et des compétences aux attentes. Comme le rappelle Thierry Perret, consultant chez Michael Page, l’entretien doit être « un vrai moment d’échange où le salarié et son responsable sont sur un pied d’égalité ». Un pré-requis… qui s’apparente pourtant souvent à un vœu pieux !

Pratique courante chez les 800 col-

laborateurs d’Ethypharm, les ma- Désormais, les salariés d’Ethynagers – une centaine – ont suivi pharm donnent tout d’abord leur cette année une formation aux appréciation générale avant que le fondamentaux du management, manager n’identifie les points forts dont une large part était consacrée et axes d’amélioration, puis proà ce rendez-vous. « Alors que le pose des formations adéquates taux de réalisation des entretiens afin de le faire évoluer. Une évaluastagnait de 45 à 50 %, nous attei- tion prisée par les services RH au gnons désormais les 90 %, se ré- moment d’établir les plans de formation. Afin d’optijouit la DRH DaEtre factuel miser le dérouleniela Kopczuk. Elle est la clé d’un ment de cet entrefait écho à Florenfeedback réussi tien, un modèle ce Lizart, de GSK : « Nous fédérons toutes les équipes écrit est souvent mis à disposition autour d’un projet de manage- au préalable auprès de tous les ment participatif, qui fera l’objet salariés. « L’objectif est que chacun d’un référentiel insérant les bon- prépare de son côté cet entretien, nes pratiques. L’entretien indivi- mais ce formulaire n’est qu’un duel y apparaît indispensable support », complète Florence pour le développement profes- Lizart, qui souligne le rôle clé du sionnel et personnel ». A l’avenir, manager dans cette dynamique.

Ethypharm envisage même d’ap- « Le manager doit savoir se placer profondir ces moments de partage dans une écoute active – sans à travers des entretiens à 360°. «Les consulter ses e-mails ou son télémanagers ont pris conscience phone – afin d’être sincère et auqu’il fallait préparer cet entretien thentique. Surtout, il faut être facet prendre le temps nécessaire tuel, c’est la clé d’un feedback pour échanger », ajoute la DRH. réussi. » Pour la plupart des consultants, le Dans tous les cas, cet entretien secret d’un entretien réussi réside d’évaluation est souvent dissocié dans sa préparation. Qui permet des négociations sur la rémunérad’éviter à coup sûr les maladresses. tion, qui ont souvent lieu dans un « Au départ, nous avions mis en second temps. Même si « évidemplace un système de notation à ment c’est une base de décision l’issue des entretiens… qui a été pour les augmentations de salaitrès mal vécu par tous les sala- re», reconnaissent les DRH. Élise Pierre riés», explique Daniela Kopczuk.

Carnet

Sandra E. Peterson, CEO de Bayer CropScience, va rejoindre au 1 er décembre J&J afin de diriger ses activités de produits de santé grand public. Elle rejoint également le conseil exécutif du laboratoire qui passe de quatre à six membres.

L’irlandais Elan a nommé Peter Hasler COO ; il était précédemment directeur non exécutif du laboratoire. Peter Hasler est actuellement président d’HBM Bioventures AG et a travaillé pour Biogen Idec.

Le français Pascal Soriot, 53 ans, qui occupait depuis 2010 les fonctions de directeur des opérations (COO) de la branche pharmaceutique de Roche, a été nommé dg – CEO – de la big pharma an- glosuédoise AstraZeneca. Ce poste était vacant depuis le départ précipité, le 1 er juin dernier, de David Brennan.

Pascal Soriot a dirigé Genentech, la filiale biopharmaceutique de Roche. Il est remplacé chez Roche Pharma par l'américain Daniel O'Day, qui était jusqu'à présent COO de Roche Diagnostics.

La biotech belge TiGenix vient de nommer Jean Stéphenne, l’expatron de GSK Biologicals, en tant qu’administrateur indépendant et président du conseil d’administration. Russel Greig, ancien de chez GSK, prend lui aussi un poste d’administrateur indépendant.

Les deux hommes remplacent Koenraad Debackere et Mounia Chaoui-Roulleau qui ont démissionné.

Changement à la tête du Leem. Christian Lajoux, qui occupait la présidence de l’organisation professionnelle depuis 2006, passe le témoin à Hervé Gisserot pour un premier mandat de deux ans. A 48 ans, Hervé Gisserot, diplômé de l’IEP et de l’Insead, a travaillé 12 ans au sein du groupe Fournier avant de rejoindre Aventis en 1998.

En 2008, il est devenu président-directeur-général de GSK France et a pris en 2012 le poste de vice-president senior. Notons qu’Hervé Gisserot préside aussi le LIR (Association des Laboratoires internationaux de recherche).

Le français Transgene vient de nommer Nathalie Adda Chief medical officer (CMO) et elle devient également membre du comité exécutif.

Elle a travaillé 15 ans aux Etats-Unis, notamment pour Gilead, Boehringer Ingelheim et Vertex Pharmaceuticals.

Le président de Janssen France Cyril Titeux succède à Emmanuelle Quilès, démissionnaire récente de la présidence de Pfizer France, à la présidence d’Agipharm, l’association des groupes internationaux de la pharmacie de recherche.

Le Dr Paul Chew devient Chief medical officer et senior vice-president des affaires médicales globales de Sanofi en France. Actuellement senior vice-president, Chief science officer et Chief medical officer de Sanofi US, il a succédé à Jean-Pierre Lehner le 1er janvier 2013.

L’indien Aurobindo change de CEO et c’est Arvind Vasudeva qui prend le poste. Précédemment, il était COO chez Glenmark Pharmaceuticals et a été directeur du management de RPG Life Sciences.

Roger-Marc Nicoud, fondateur et pdg de Novasep depuis 20 ans, devient président du conseil de surveillance. C’est Patrick Glaser, à la tête de la division Novasep Synthesis depuis mai 2010, qui le remplace en tant que pdg.

Le laboratoire britannique GSK a nommé le canadien Patrick Desbiens président de GSK France. Il succède à Hervé Gisserot qui devient senior vice-president de la zone européenne. Patrick Desbiens est entré chez GSK en 1996 et y a occupé différents postes à responsabilités.

Le président et CEO du canadien Theratechnologies va quitter ses fonctions. L’intérim sera assuré par Luc Tanguay, l’actuel senior viceprésident et CFO qui est rentré dans l’équipe managériale en 1996.

Anna S. Richo rejoint le belge UCB au poste de vice-présidente exécutive et avocate générale. Elle remplace Bob Trainor qui prend sa retraite à la fin de l’année. Anna Richo travaillait précédemment pour Amgen.

Novo Nordisk a nommé Farris Smith au poste de directeur des opérations stratégiques France et Benelux.

Il succède à Krzysztof Kozik, qui rejoint Novo Nordisk Pologne au poste de dg.

Michel Ginestet succède à Emmanuelle Quilès comme président de Pfizer France. Âgé de 54 ans, ce centralien reste directeur de la business unité Primary Care de Pfizer France. La fille de l’ancien ministre Paul Quilès quitte Pfizer pour donner une nouvelle orientation à sa carrière.

Président de Gilead France depuis octobre 2011, Michel Joly vient d’être coopté membre du Leem « dans la famille de pensée des laboratoires américains ».

La biopharm californienne Medistem a nommé Alan Lewis CEO et membre du comité de direction.

Alan Lewis a été précédemment vice-président de la recherche chez Wyeth-Ayerst et CEO de Novocell.

Cipla a désigné Subhanu Saxena CEO. Il occupait précédemment le poste de CEO et président de Novartis Pharma UK. Il a également travaillé pour de grands groupes comme The Boston Consulting Group et PepsiCo.

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Carnet

Le président fondateur de la CRO dijonnaise Oncodesign, Philippe Genne, est le premier président de l’Association française des sociétés de services et d’innovation pour les sciences de la vie (Afssi), qui vient de se constituer.

Lee McCracken a été nommé CEO de Pathwork Diagnostics, spécialisé dans les diagnostics génétiques pour l’oncologie. Lee McCracken faisait partie du comité de direction du laboratoire.

Sandrine Benaroche se voit confier le poste de directrice de l’unité oncologie de Pfizer France ; elle aura pour mission de développer la performance du portefeuille oncologie au niveau local. Sandrine Benaroche dispose d’une expérience de plus de 11 ans en marketing au sein de Pfizer.

Le fonds Celtic Therapeutics, basé à New-York et Lausanne et investisseur dans les candidats thérapeutiques, vient de recruter l’avocate américaine Beth P. Hecht (ex-Warner Chilcott, exChiRex) comme partenaire et directrice des affaires juridiques et administratives (CLAO).

Fran Heller rejoint BristolMyers Squibb en tant que senior vice-president business development, après avoir occupé trois ans le même poste au sein de la biotech californienne Exelixis.

La biopharm franco-allemande Sartorius Stedim Biotech a nommé Stefan Schlack senior vice-president marketing. Il occupé différents postes chez Sartorius depuis son arrivée en 1996, notamment en management.

Le laboratoire Targacept a nommé Stephen Hill président et CEO ; il rejoint également le comité de direction. Stephen Hill a précédemment été président et CEO de Solvay Pharmaceuticals et ArQule.

Flemming Ornskov succède à Angus Russell en tant que CEO de Shire ; ce dernier était en poste depuis 5 ans. Flemming Ornskov était précédemment chief marketing officer chez Bayer.

Lindsay Rocco vient d’être nommée vice-presidente executive corporate communication ainsi que membre du comité de direction de Dendreon. Elle sera sous la responsabilité du président et CEO John Johnson.

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Le génériqueur israélien Teva vient d’annoncer le départ pour fin 2013 de son CEO pour l’Amérique, William Marth. Allan Oberman, actuellement senior vice-president de North America Generic Pharmaceuticals of Teva, prendra le poste de CEO et president de Teva Americas Generics.

Denis Delval, dg France d’ALK, a été coopté en tant que membre du CA du Leem en remplacement de MarieLaure Pochon. Emmanuelle Quilès est remplacée au CA par Jean-Christophe Barland, dg de BMS France, et au bureau du Leem par Marcel Lechanteur, pdg de Lilly France & Benelux.

Didier Miraton va prendre la succession de Jacques Fabre, 61 ans, qui a fait part de son intention de faire valoir ses droits à la retraite après toute une carrière dans le groupe familial. Il reste néanmoins administrateur du groupe. Didier Miraton, 54 ans, ingénieur des Ponts et Chaussées, avait quitté le fabricant de pneumatiques Michelin l’an dernier après avoir effectué toute sa carrière professionnelle dans le groupe clermontois : à son départ, il en était le cogérant et le nu-méro 3.

Le Dr Gary Nabel vient d’être nommé CSO, senior vice-président et adjoint au president Monde de la R&D. Gary Nabel était depuis 1999 directeur du centre de recherche sur les vaccins du National Institute of Health.

Le CEO de Sanofi, Chris Viehbacher, succède au CEO de GSK Andrew Witty à la tête de l’EFPIA (European Federation of Pharmaceutical Industries and Associations).

Christopher Gent, le président de GSK, quitterait son poste d’ici à trois ans ; le nom de son successeur n’est pas encore fixé. Christopher Gent est entré chez GSK en 2005.

Le Dr Alexander Gershman rentre au comité scientifique de la biopharm californienne Medistem, spécialisée dans les cellules souches. Le Dr Alexander Gershman est un urologue renommé, qui a notamment exercé au Cedars-Sinai Medical Center de Los Angeles.

La specialty pharma américaine Emergent BioSolutions a nommé Robert Kramer CFO, il succède à R. Don Elsey qui quitte le laboratoire. Robert Kramer était actuellement vice-president executive de la division corporate services.

Jim Mellon et Frank Armstrong viennent de prendre place au comité de direction de la drug discovery Summit en tant que directeurs non exécutifs.