Fevrier 2012

LOI BERTRAND

REMÈDE OU PLACEBO ?

A BIDART, TECHNOFLEX MISE SUR L’INNOVATION

N°6 Février 2012

Sommaire

FÉVRIER 2012

A la Une

Bausch & Lomb développe ses collyres à l’export

Loi Bertrand, remède ou placebo ?

L’usine Bausch & Lomb d'Aubenas engage des investissements pour s’attaquer aux marchés d’Europe du Sud

La loi Bertrand sur la sécurité du médicament adoptée et publiée au mois de décembre tente de réparer certains dysfonctionnements du système et pages 10 à 13 de rassurer l’opinion. Mais atteint-elle son objectif ?

pages 40 et 41

B. Braun Medical veut percer dans les poches La branche stomie du groupe allemand est en passe d’accroître de près d’un tiers la capacité de production de son site de St-Jean-de-Luz

Focus

page 42

L’actualité pharma en bref Les principaux événements du semestre écoulé pages 4 à 9

Stratégies

Porsolt dans du neuf en Mayenne

Technoflex mise sur l’innovation

La CRO a inauguré sa nouvelle plate-forme de recherche des environs de Laval

Technoflex, le spécialiste de la poche souple, souhaite garder sa longueur d’avance comme partenaire innovant auprès des big pharmas

page 26

Un CSIS qui remet les industriels dans le jeu Le CSIS 2012 a martelé l’idée selon laquelle l’accroissement de la sécurité du médicament ne devait pas constituer une entrave à l’attractivité de l’industrie pharmaceutique française pages 14 et 15

pages 44 et 45

L’Eure fait gagner du temps aux biotechs Le département de l’Eure favorise le développement d’un tissu de biotechs page 27

Le match Medicen Paris - Lyonbiopôle Actu Labo confronte les atouts de Medicen Paris et de Lyonbiopôle : un match où il pourrait y avoir… deux gagnants

Le LIR veut renforcer la pharmaco-épidémiologie Le LIR, qui regroupe les filiales françaises des principales pharmas internationales, milite pour la mise en place d’une banque de données pharmaco-épidémiologiques nationale pages 16 et 17

« On ne trouvera jamais d’expert vierge » Jean-Pierre Door, l’un des parrains de la loi sur la sécurité sanitaire du médicament, donne son éclairage sur le texte qui vient d’être promulgué pages 18 et 19

« Pour un corps d’experts publics » En charge du volet médicament du candidat socialiste à l’élection présidentielle, Catherine Lemorton veut imposer le donnant-donnant aux industriels page 20

« Le marché français de l’OTC est sur le point de décoller » Pascal Brossard, qui a pris récemment la présidence de l’Afipa, est persuadé que le marché français de l’OTC est à la veille de connaître un important développement pages 22 et 23

« Le périmètre du groupe ne bougera pas à court terme » Après plusieurs acquisitions de sites, Hélène Rouquette, la présidente du prestataire de services de R&D IDD-Tech, veut se donner le temps de digérer ces opérations avant d’en engager d’autres pages 24 et 25

Conditionnement

pages 29 à 31

Chesapeake se donne les moyens de ses ambitions Chesapeake France mise sur l’innovation et investit dans de nouveaux créneaux pages 46 et 47

O4CP et Rovipharm font du sur-mesure pour les enfants La start-up parisienne O4CP et le plasturgiste Rovipharm poussent le sur-mesure à l’extrême pages 48 et 49

En direct des usines

Velfor innove pour développer ses marchés

Grange Castle au cœur de la stratégie vaccins de Pfizer Près de 2 Md€ ont été engagés par Pfizer au profit de son usine irlandaise de Grange Castle, un site de 1 200 salariés pages 32 et 33

Devant la spécificité des applications médicales, Velfor doit choisir des matières à forte valeur ajoutée pour satisfaire les exigences de ses clients page 50

Le pelliculage selon Seppic Seppic, une filiale d’Air Liquide, développe un nouvel excipient de pelliculage, Sepicoat page 51

GSK investit 600 M€ dans le Nord pour les vaccins Le site de production de vaccins de GSK Biologicals, à St-Amand-les-Eaux, est destiné à faire face à une demande croissante pages 34 et 35

Expanscience verdit son usine d’Epernon A Epernon, Expanscience s’est attaché à réduire ses impacts environnementaux

Métiers GSK veut piloter son organisation comme une Formule 1 En intégrant la culture d’amélioration de McLaren Group, GSK veut tendre vers un process de fabrication de plus en plus efficace pages 54 et 55

page 36 et 37

Daiichi-Sankyo fait mousser son usine bavaroise Le japonais va doper les capacités de son usine bavaroise de Pfaffenhofen pages 38 et 39

L’IBC pourrait ouvrir ses portes en 2014 Tours va se doter d’un institut de formation aux métiers de la bioproduction et des cosmétiques page 56

Ce numéro magazine est un hors série d’Actu Labo, la lettre bimensuelle de la pharmacie industrielle, publiée par les Editions d’Asklépios, SARL au capital de 75 000 € - 450 613 951 RCS Tours. Adresse : 14 boulevard Heurteloup - BP 92031 - 37020 Tours Cedex 1 - 02 47 70 60 00 - contact@actulabo.com.

Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) - Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) - Aurélie Vouteau (assistante) - Ont participé à ce numéro : Marion Baschet-Vernet, Jacques Donnay, Guillaume Mollaret, Valérie Moulle - Maquette : Régis Beaune - Diffusion : Annie Coupet.

Crédits photographiques : Bertrand Guay/AFP (photo de couverture) – DR : 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 12, 20, 26, 27, 28, 29, 51, 52, 53, 55, 56, 57, 58 – Jean-Christophe Savattier : 11, 19, 23, 29, 36, 56 – Jacques Donnay : 50 – D. Coquatrix : 13 – LIR : 16, 17 – IDD-Tech : 24 – Atlantic Bio Screen : 28 – Pfizer : 32, 33 - GSK : 34, 35, 54 – Expanscience : 37 – Daiichi Sankyo : 38, 39 – Bausch & Lomb : 40, 41 – B. Braun Medical : 42 – Technoflex : 44, 45 – Chesapeake : 46, 47 – OACP, Rovipharm : 48, 49.

Publicité : Mistral Media - 365 rue de Vaugirard - 75015 Paris - 01 40 02 99 00 - www.mistralmedia.fr Impression : Imprimerie Vincent (Tours) - Abonnement annuel (22 numéros et les hors séries) : 470 € - Prix de ce numéro : 5 € - Informations légales : CPPAP : 1215 I 83960 ISSN : 2108-2030 - Dépôt légal : février 2012 - Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon.

Focus Abbott taille en Californie Abbott Laboratories supprime 150 postes en production sur son site de Santa Clara et 10 en diagnostic à son siège de Lake County, tous deux en Californie. Cette décision fait partie du plan de restructuration lancé en 2008 et qui prévoit la suppression de 1 000 emplois.

Idexx Labo étend Memphis Le spécialiste du medical device en santé animale Idexx Laboratories vient d’annoncer qu’il allait lancer une extension de 3 500 m² de son site de Memphis, dans le Tennessee, qui emploie 150 salariés sur 9 000 m². Le laboratoire va investir 10 M$ et créer une centaine d’emplois.

Roche dans le New Jersey Le laboratoire suisse Roche a ouvert au deuxième semestre 2011 une unité de production de 1 500 m² à Nutley, dans le New Jersey, pour la fabrication des lots cliniques (tablettes, solides, liquides) de candidats médicaments en essais de phases I et II.

Boehringer dans les biosimilaires Le laboratoire allemand Boehringer Ingelheim a annoncé son intention de se lancer dans les biosimilaires ; il compte créer une entité dédiée à leur développement et commercialisation. Aucun calendrier relatif à ce projet n’a encore été présenté .

Merck & Co. au Pérou L’américain Merck et le péruvien BGI (médicaments génériques et produits de diagnostics) ont signé un accord de partenariat pour développer des biomarqueurs et d’autres applications diagnostiques destinées à différents domaines thérapeutiques comme la génomique.

4 Actulabo - Février 2012

CENEXI S’EMPARE DU SITE BELGE DE NEXTPHARMA L’affaire n’a pas traîné. Le façonnier français Cenexi (90 M€ de CA) a été autorisé le 16 janvier par le tribunal de commerce de Nivelles à reprendre l’usine belge de NextPharma (ex-Thissen) à Braine-l’Alleud. Seul en lice après le retrait de Jean Stéphenne, l’ex-président de GSK Biologicals, le sous-traitant de Fontenaysous-Bois (94) n’a pas eu de mal à convaincre les juges d’autant que les représentants du personnel avaient nettement pris position en faveur du projet.

Celui-ci prévoit donc la reprise de 145 des 300 salariés de cette usine spécialisée dans les formes lyophilisées stériles. En échange d’une « trêve sociale de 24 mois », Cenexi s’est engagé à reprendre prioritairement, « à compétences égales», les salariés licenciés en cas d’augmentation de la charge et à investir près de 4,8 M€ sur trois ans. Selon Philippe Mougin, le président de Cenexi qui va immédiatement s’employer à rassurer les clients, le CA 2012 de l’usine belge devrait atteindre les 18 M€.

ALKERMES EMMÉNAGE EN IRLANDE Suite au rachat de l’activité drug delivery de l’irlandais Elan en mai, l’américain Alkermes a pris possession du site irlandais d’Athlone, dans le comté de Westmeath. Cette unité cGMP de 20 000 m2, qui compte 450 salariés, fabriquera un produit qui devrait contribuer à hauteur de 15 à 20 M$ par an aux revenus d’Alkermes d’ici à 2016. L’unité d’Althone devient également une porte d’entrée vers les marchés européens.

GILEAD SCIENCES VEUT ÉTENDRE FOSTER La specialty pharma Gilead Sciences réfléchit à l’extension de son campus de 16 ha à Foster City, en Californie, où se situe son siège. Pour cela, Gilead avait racheté en 2009 à Electronics for Imaging 28 ha pour construire de

nouveaux bâtiments. A terme, le site, qui abrite actuellement 1 700 salariés, pourrait en compter le double. Aucun calendrier ne serait pour l’instant prévu pour la réalisation de cette opération, toujours à l’état de projet selon Gilead.

CONTRACT PHARMA FERME BUFFALO Le façonnier américain Contract Pharmaceuticals Limited (CPL) ferme son usine de Buffalo, dans l’Etat de New-York : les 260 salariés de cet ancien site de BristolMyers Squibb, racheté en 2005 par CPL, sont licenciés. Le site de Buffalo produit et conditionne des médicaments de prescription et des OTC sous formes liquides et pâteuses. Les fabrications de Buffalo seront assurées par l’usine CPL de Mississauga, en Ontario.

CORDEN PHARMA REPREND BOULDER L’allemand International Chemical Investors Group (ICIG), qui avait repris en 2008 l’ex-usine d’API Synkem de Solvay-Fournier à Chenôve (21), a racheté fin 2011 l’usine Roche de Boulder (Colorado). Rebaptisée Corden Phar-

ma, comme les autres unités pharmaceutiques et chimiques d’ICIG (16 sites pour 700 M€ de CA), Boulder emploie 265 personnes à la fabrication de peptides et d’API.

ALCON RENFORCE FORTH WORTH Le spécialiste de l’ophtalmologie Alcon, filiale du suisse Novartis, veut investir sur son site de Fort Worth, au Texas, qui emploie 3 250 salariés. Alcon doit créer 400 emplois d’ici à 2013 et 350 supplémentaires d’ici à 2018.

Avec cette opération, Novartis continue d’enrichir son pôle ophtalmique ; le laboratoire suisse possède également Ciba Vision, dédiée principalement à la fabrication de lentilles et produits oculaires.

TEVA CONSTRUIT UNE USINE EN RUSSIE L’israélien Teva investit plus de 100 M$ dans la construction

COVIDIEN VEUT SCINDER SA PHARMA

L’américain Covidien veut créer une spin-off pour isoler son activité pharmaceutique (API, génériques, traitement de la douleur et des addictions par analgésiques morphiniques, antidépresseurs...).

Son CEO José E. Almeida a indiqué que le groupe y réfléchissait depuis plusieurs années et qu’il lui semblait que le moment était opportun « parce que nous avons amélioré significativement les performances de notre pipeline ».

La compagnie a indiqué qu’elle avait été en pourparlers au début de cette année pour vendre sa branche pharma aux alentours de 4 Md$ mais que les négociations avaient été rompues : celle-ci assure des revenus annuels d’environ 2 Md$, aux deux tiers sur le marché US, et figure parmi les dix premiers fabricants de produits génériques aux Etats-Unis. Covidien, principalement positionné sur les medical devices, affiche un CA global avoisinant les 10 Md$. d’une usine à Iaroslavl, une ville située à 250 km au nord-est de Moscou. Les travaux de cette nouvelle unité, qui permettra la création directe de 200 emplois, devraient être achevés en 2014.

Teva a l’objectif de tripler ses ventes en Russie pour atteindre 1 Md$ : le laboratoire occuperait aujourd’hui la quatrième place du marché local après Sanofi, Menarini et Nycomed.

MERCK INVESTIT À SINGAPOUR Le laboratoire américain Merck & Co. va investir près de 180 M€ à Singapour afin d’y renforcer ses capacités de production et 550 M€ pour soutenir des programmes de recherche locaux.

Merck & Co. prévoit également d’étendre ses activités biotech et de collaborer avec les universités du pays pour renforcer ses effectifs. Ces investissements sont aidés par les services économiques de l’Etat.

BIOCON CONSTRUIT EN MALAISIE La biopharm indienne Biocon, spécialisée dans la fabrication d’API, a mis à l’étude la construction d’une unité de production sur le Bio-XCell biotechnology park,

en Malaisie : l’usine, qui devrait ouvrir en 2014, sera dédiée principalement à la production de biosimilaires de l’insuline pour le compte de Pfizer. Biocon prévoit déjà de diversifier le site en nouant des contrats de manufacturing supplémentaires avec d’autres laboratoires.

BOEHRINGER S’ÉTEND EN CHINE Le laboratoire Boehringer Ingelheim va investir 70 M€ dans le doublement de son site du Zhagjiang High-Tech Park, à Shanghai: l’effectif devrait passer de 240 à 400 salariés. La première phase, qui sera achevée fin 2013, comprendra la construction d’une unité dédiée aux médicaments de marque et aux nouveaux produits.

La deuxième étape, bouclée fin 2014, intégrera la création d’un laboratoire et la rénovation de l’existant.

ASTRAZENECA CROÎT EN CHINE Le laboratoire AstraZeneca aurait jeté son dévolu sur le chinois BeiKang Pharmaceutical, spécialisé dans les injectables. Le deal, qui permet au britannique de récupérer cinq génériques injectables contre les maladies infectieuses, devrait être bouclé dans le courant du premier semestre.

IPSEN DÉVELOPPE BOSTON La 4 e pharma française (CA de 1,1 Md€ en 2010) investit 45 M$ dans le renforcement de son unité de R&D Biomeasure de Milford, à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de Boston (Massachussets). Aux 7 000 m² actuels, qui seront en partie rénovés, va s’ajouter un bâtiment de trois étages offrant 5 500 m² supplémentaires, dont la construction devrait être achevée dans deux ans. La nouvelle unité est destinée à fournir d’ici à 2015 des lots de nouvelles molécules.

Pfizer et Sanofi en Arabie Saoudite Pfizer va construire une unité dans la Ville économique du roi Abdallah, en Arabie Saoudite, pour la fabrication de produits comme le Lipitor et le Celebrex : son ouverture est programmée pour 2015.

En 2010, Sanofi avait annoncé la construction d’une unité de production de diabétiques oraux dans cette même Ville économique du roi Abdallah.

Hikmar au Maroc Le laboratoire d'origine jordanienne Hikma Pharma (731 M$ de CA en 2010) a racheté 63,9 % du capital du marocain Promopharm, septième laboratoire pharmaceutique de son pays. Cette opération lui permet de récupérer des capacités de production au Maghreb, un portefeuille diversifié de plus de 200 produits, et devrait asseoir son développement sur ce marché.

Sanofi Pasteur à Hyderabad Suite au rachat de Shantha Biotech en 2009, Sanofi Pasteur ouvre au mois de mars une unité de production à Hyderabad, en Inde. Le laboratoire prévoit d’investir encore 220 M € dans cette usine, qui sera la plus grande du pays dans son domaine.

Sihuan Pharmaceutical à Pékin Le laboratoire chinois Sihuan Pharmaceutical va ouvrir une unité de production et de R&D sur le Zhangwan Development Area à Pékin. Le site, qui sera opérationnel en 2013, sera dédié à la production d’injectables et poudre lyophilisée pour injection.

Actulabo - Février 2012 5

Focus ALLERGAN CHOISIT L’IRLANDE POUR LE BOTOX

L’

américain Allergan a choisi d’agrandir son usine irlandaise de Westport, dans le comté de Mayo, sur la côte ouest de l’île, pour renforcer ses capacités de production du Botox, sa fameuse toxine botulique utilisée pour le comblement des rides, mais aussi pour diverses pathologies. « Cet investissement souligne l’importance stratégique du site de Westport dans notre dispositif, a commenté Pat O’Donnel, directeur général d’Allergan Pharmaceuticals Ireland. La demande de Botox va continuer à croître, portée par les approbations récentes pour le traitement de l’hyperactivité neurogène du détrusor et la migraine chronique. » Rappelons que le Botox, dans ses indications thérapeutiques et cosmétiques, représentait 30 % du CA d’Allergan en 2010 (4,8 Md$), les produits ophtalmiques contribuant, pour leur part, à 47 % des ventes.

Allergan va consacrer 350 M$ à ce projet qui permettra la création de 200 emplois ; il compte déjà 900 salariés dans le pays. Le laboratoire d’Irvine (Californie), qui investit déjà annuellement 25 M$ dans ce pays, utilisera aussi ces nouvelles capacités pour produire la prochaine génération des traitements biologiques actuellement dans son pipeline. Il vient d’ailleurs de décider de renforcer ses équipes de recherche en annonçant la construction d’un laboratoire de R&D de près de 10 000 m2 dans le New Jersey : il devrait y créer, à terme de cinq ans, environ 400 emplois.

NOVARTIS VA PRODUIRE DES VACCINS AU BRÉSIL Le laboratoire suisse Novartis vient d’annoncer son intention de construire une unité de production de vaccins dans l’Etat de Pernambuco, au nord-est du Brésil. Le projet, encore en phase d’études, représenterait un investissement de 300 M$ et pourrait voir le jour d’ici à cinq ans. La firme bâloise a déclaré vouloir se développer dans le pays et espère déjà y réaliser un CA de 2,8 Md$ cette année. Le Brésil est, en effet, demandeur de ressources thérapeutiques dans des domaines faisant partie du portefeuille de Novartis tels que l’oncologie, l’hépatite, le diabète ou encore la lèpre et la dengue.

Rappelons que le deuxième laboratoire pharmaceutique mondial possède aujourd'hui quatre sites au Brésil : une unité de production chimique à Rio de Janeiro, pharmaceutique à Sao Paulo, de génériques dans l’Etat de Parana et de vaccins – dédiée à la fabrication de lots contre la méningite C – dans l’Etat de Minas Gerais.

6 Actulabo - Février 2012

PATHEON VEND SWINDON Le façonnier canadien Patheon cherche à vendre les opérations de production de son site britannique de Swindon dont il conserverait la partie développement pharmaceutique. Par ailleurs, il transfère le contrôle qualité – effectué actuellement à Burlington, au sud de Toronto – sur d’autres sites de l’Ontario. Dans le reste du monde, il déménage son siège Europe en Grande-Bretagne et ouvre une unité à San Francisco.

NOVARTIS CONSERVE NYON… Après avoir laissé planer le doute tout l’automne, Novartis renonce finalement à fermer le site de Prangins, près de Nyon (canton de Vaud) : les 320 emplois de production sont donc conservés et le groupe va même engager des investissements sur ce site spécialisé dans les médicaments sans ordonnance. En contrepartie, les salariés acceptent un gel des salaires et le passage de 37,5 heures hebdomadaires à 40.

… ET INVESTIT À BÂLE Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, Novartis va aussi reconsidérer les coupes sombres prévues à Bâle, où 760 suppressions d’emplois étaient programmées : un tiers des salariés concernés devraient être reclassés dans le groupe et un autre tiers faire l’objet de mesures d’âge. Enfin, Novartis s’engage à créer 3 000 emplois d’ici à 2030 à son siège social pour passer de 7 000 à 10 000 salariés.

MERCK SERONO DÉVELOPPE SA BIOPRODUCTION À BORDEAUX-MARTILLAC

L

e site Merck Serono de Martillac, près de Bordeaux (33), qui produit des protéines thérapeutiques par culture de cellules de mammifères pour les études cliniques, va accueillir deux importants programmes. Le premier, baptisé « MicroMotion », vise à l’acquisition et à la mise en œuvre d’une technologie de fabrication utilisant des micro-organismes. Ces nouvelles ressources, qui raccourcissent considérablement les délais de fabrication par rapport aux cellules de mammifères, vont permettre à Merck Serono d’être paré pour la prochaine génération de molécules (nanobodies, fragments d’anticorps). Ce programme nécessite une extension de l’un des bâtiments du site (B) qui passera ainsi de 995 m2 à 2 450 m2. La plate-forme sera opérationnelle en mai.

Par ailleurs, le site bordelais va profiter de l’apport du programme « Biodéveloppement des molécules thérapeutiques » qui s’appuiera sur une partie de l’activité actuelle de culture et de purification. Sans « but commercial direct », le projet sera mené en collaboration avec les unités de R&D de Merck Millipore à Molsheim (67). C’est le bâtiment A de Martillac qui accueillera ce développement à l’issue d’une extension qui portera la surface de 1 650 m2 à 3200 m2. Cette dernière sera opérationnelle en juillet. Cumulés, ces deux programmes représentent un investissement de 26 M€ et devraient susciter la création d’une quarantaine d’emplois d’ici deux à trois ans. La plate-forme bordelaise de Merck Serono emploie aujourd’hui 72 salariés.

PCAS FINIT 2011 EN BEAUTÉ Le chimiste français de spécialités PCAS a enregistré une progression de 11 % de ses ventes au 4e trimestre 2011, année où il a réalisé 164,5 M€ de CA (+ 3,8 %), dont 60 % pour la branche synthèse pharmaceutique.

A noter que Philippe Decazes n’est plus le dg du groupe depuis la midécembre : Vincent Touraille, le dg délégué, continue d’assurer la direction générale.

GSK RENFORCE SON UNITÉ ROUMAINE...

GSK vient d’achever un investissement de 7 M$ au profit de son usine de Brasov, en Roumanie, avec deux nouvelles lignes de fabrication notamment dédiées à la production du Seroxat (antidépresseur) et du Retrovir, un traitement du VIH. La France et l’Italie constituent les débouchés les plus importants des produits fabriqués à Brasov avec près de 24 % des volumes exportés.

HORUS PHARMA POURRAIT CO-INVESTIR AVEC PHARMASTER EN ALSACE Le laboratoire de spécialités ophtalmologiques Horus Pharma, en forte croissance (21 M€ de CA attendus en 2012, contre 16,5 M€ en 2011), devrait prochainement investir dans de nouvelles capacités, nous indique Claude Claret, un ancien d’Allergan, co-fondateur avec son épouse Martine d’Horus Pharma.

En Alsace, le projet pourrait être mené en collaboration avec le façonnier Pharmaster (groupe Synerlab) qui compte déjà au nombre des sous-traitants d’Horus Pharma. Jusqu’alors, ce spécialiste de la sécheresse oculaire et du traitement des paupières (environ une trentaine de produits sous AMM et dispositifs médicaux) confiait ses fabrications à des prestataires. « Nous souhaitons désormais les réinternaliser afin de mieux maîtriser nos technologies sous brevet » indique Claude Claret.

Le projet alsacien, qui représenterait un investissement d’environ 3,5 M€, associerait aussi des plasturgistes qui ont participé à l’élaboration d’un flacon collyre multidoses très innovant. Un programme d’investissement semblable avec une CMO partenaire est envisagé en Italie.

… ET PRÉFÈRE LA TURQUIE À DUBAÏ Le britannique GSK a décidé de transférer son siège pour le MoyenOrient et l’Afrique du Nord de Dubaï à Istanbul, en Turquie… notamment en raison de la qualité des dessertes de Turkish Airlines vers les pays concernés par cette division qui affiche un CA de 1,8 Md$.

Actulabo - Février 2012 7

Focus FOURNIER DISPARAÎT COMPLÈTEMENT DE DIJON

N

és à Dijon en 1880, les laboratoires Fournier, véritables symboles de l’industrie pharmaceutique dijonnaise, vont être réduits à l’état de souvenir. La direction de l’américain Abbott, devenu leur propriétaire en 2010 après le rachat de Solvay, a annoncé à la rentrée un plan de sauvegarde de l’emploi qui a touché principalement le siège dijonnais de Fournier et ses 70 salariés : le PSE a entériné la suppression de 24 postes et le transfert de 20 autres vers des unités Abbott situées notamment à Bâle (Suisse) et à Paris : 2 derniers postes ont été proposés à un sous-traitant.

Par ailleurs, la direction du groupe américain a cédé la plate-forme de recherche Fournier de Daix, au nord de Dijon. Trois cadres chercheurs, Frédéric Cren, Pierre Broqua et Jean-Luc Paquet, ont présenté un projet de reprise avec la création d’une nouvelle société, baptisée Inventiva, qui travaillera notamment sur un projet « très avancé » sur la maladie de Parkinson : 109 des 311 salariés devaient être conservés par le trio de repreneurs.

Après les laboratoires Monot, créés en 1919 et rachetés par Merck KGaA en 1996, les laboratoires Delalande, devenus Sanofi en 1991, l’usine Fournier de Fontaine-lèsDijon, passée sous la coupe de Recipharm, et le site de chimie pharmaceutique Synkem de Chenôve, cédé la même année 2008 à l’allemand International Chemical Investors Group (ICIG), Dijon voit une page de son histoire se tourner. Le dernier représentant local des industries de santé est désormais Urgo.

AENOVA PREND L’USINE LYONNAISE DE SKYEPHARMA EN LOCATION-GÉRANCE Née de la fusion de Dragenopharm Apoteker Puschle et de Swiss Caps AG, la CMO Aenova a repris cet été l’usine SkyePharma de St-Quentin-Fallavier (38), près de Lyon, en location-gérance. Cette unité, spécialisée dans les formes solides complexes (comprimés, comprimés enrobés), emploie quelque 90 salariés après en avoir compté 130. L’accord de location-gérance a été initialement conclu pour une période de deux ans, avec une option pour trois années supplémentaires. Pendant cette période, les deux parties sont convenues d’examiner les conditions d’une extension et d’un renforcement de cet accord.

Ce dernier prévoit qu’Aenova paiera un loyer annuel de 1 M€.

Aenova, qui exploite des sites de production en Allemagne, en Suisse, en Roumanie et en Floride, réalise un CA de 250 M€ et emploie environ 1 500 salariés. L’unité, agréée FDA, continuerait à produire pour les clients actuels de SkyePharma et devrait également profiter d’un apport de charge émanant d’Aenova.

8 Actulabo - Février 2012

V2PHARM LIQUIDÉ À GIEN Rien n’a pu sauver le fabricant de compléments alimentaires à façon V2Pharm, qui a été placé en liquidation judiciaire le 21 septembre par le tribunal de commerce d’Orléans. Les 135 salariés de l’usine de Gien (45) ont été licenciés au mois d’octobre, le temps d’achever les contrats en cours : le passif s’élevait à plus de 7 M€ pour un CA à peine supérieur à 10 M€.

LAPHAL RACHÈTE SID NUTRITION Le façonnier marseillais Laphal (environ 25 M€ de CA, 150 salariés) a racheté le distributeur de compléments alimentaires varois SID Nutrition : ce dernier employait au moment de la reprise une quinzaine de salariés, dont une dizaine de visiteurs médicaux, pour un CA d’environ 2 M€. SID Nutrition faisait l’objet d’une procédure de redressement judiciaire depuis février 2010.

FAREVA EN ITALIE ET AUX ETATS-UNIS Comme nous l’annoncions dans notre édition du mois de septembre, le façonnier Fareva a repris l’usine Pfizer de Richmond (Virginie), un ex-site Wyeth d’environ 500 salariés en CDI dont le n°1 mondial avait pourtant annoncé la fermeture en 2010.

Par ailleurs, conformément à l’information exclusive publiée le 27 octobre sur notre site actulabo.com, Fareva a racheté l’unité de production (112 salariés) du façonnier italien Sigmar, installée à Bergame, près de Milan.

DELPHARM REPREND LE SITE BAYER DE GAILLARD ET UNE USINE BRUXELLOISE DE BESINS

C

roissance tous azimuts pour Delpharm qui semble décidé à franchir une nouvelle étape de son développement. Cet automne, le façonnier présidé par Sébastien Aguettant a conclu, coup sur coup, deux accords ; d’une part avec Bayer pour la cession du site de Gaillard (74), d’autre part avec le laboratoire de spécialités Besins pour la reprise de ses installations de Drogenbos, près de Bruxelles (Belgique).

Au printemps, Delpharm prendra possession de l’activité de production du site de Gaillard, dans la grande banlieue genevoise, et les 347 postes afférents.

L’allemand, qui vend les murs et le foncier au sous-traitant français, continuera à en louer une partie pour abriter ses autres activités, qui emploient également quelque 350 personnes (161 visiteurs médicaux rattachés, le solde aux services centraux, marketing, affaires réglementaires, ainsi que le centre de R&D ITC…).

De source syndicale, Bayer aurait consenti un contrat de sous-traitance de cinq ans, renouvelable pour trois ans, au façonnier français qui se dote ainsi de capacités dans les effervescents, forme galénique où il est peu présent et où il aurait récemment enregistré des demandes de clients.

A Drogenbos, Delpharm ne reprendrait que les actifs industriels et la charge de ce site spécialisé dans la fabrication d’hormones en gels et capsules, notamment indiqués dans les troubles de la ménopause, qui emploie 62 salariés : ces derniers resteraient contractuellement engagés avec Besins.

CEPHALON A REPRIS MITRY-MORY Annoncée en avant-première dans nos colonnes, la reprise de l’usine Cephalon de Mitry-Mory (77) a été officialisée le 30 septembre. Comme nous l’indiquions à l’époque, le groupe PILS (Partners in Life Science), créé en 2005 par des anciens cadres d’Eli Lilly, s’est engagé à reprendre la cinquantaine de salariés de ce site spécialisé dans la production de principes actifs et notamment de celui du Spasfon (phloroglucinol).

PFIZER AMBOISE CÈDE UN PROJET Mauvaise nouvelle pour le site Pfizer de Pocé-sur-Cisse, près d’Amboise (37), avec la cession à l’américain Mylan des droits sur le programme de recherche et de manufacturing d’un nouvel inhalateur qui devait soutenir l’activité de ce site de 530 salariés.

Les pertes prochaines d’activités font craindre pour l’avenir de l’usine tourangelle, la dernière du n°1 mondial en France.

B.BRAUN MEDICAL RENONCE AU SITE ORGANON D’ÉRAGNY-SUR-EPTE Coup de théâtre à Eragny-sur-Epte (60) ! L’américain Merck (MSD en France) a annoncé début décembre que le groupe allemand B. Braun renonçait à reprendre l’usine Organon d’Eragny-sur-Epte, récupérée dans la corbeille de mariée de Schering-Plough. Ce site d’environ 300 salariés est spécialisé à la fois dans la production d’insuline et de médicaments, notamment dédiés au traitement de l’infertilité. Le projet prévoyait la reprise de l’activité d’insuline et d’une partie de l’activité pharma, soit entre 165 et 185 salariés. Selon ce même porte-parole, les dirigeants de B. Braun Medical auraient fait savoir que ce brusque revirement était provoqué par « des circonstances internes d’ordre économique». Prenant acte de cette décision, la direction de MSD a immédiatement fait savoir aux représentants du personnel qu'elle allait irrémédiablement entraîner la cessation rapide de l’activité pharma et la réduction des activités de production d’insuline. L’ajustement – drastique – ramènerait le nombre de collaborateurs employés à Eragny à 70.

NOVEAL TRANSFÈRE DE VALANJOU À MONTS En redressement judiciaire depuis juillet, le sous-traitant de compléments alimentaires Noveal (environ 10 M€ de CA) a proposé à une vingtaine de salariés de son site de Valanjou (49) de rejoindre l’exunité Biophélia installée à Monts, près de Tours (37) : les unités de Valanjou et de Monts emploient respectivement 65 et 20 salariés.

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Stratégies

Loi Bertrand, remè La loi sur la sécurité du médicament adoptée et publiée au mois de décembre tente, tout à la fois, de réparer certains dysfonctionnements du système et de rassurer l’opinion.

Mais certaines dispositions, écrites dans l’urgence, manquent parfois leur cible.

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C’

est une tradition française ! Rien de tel qu’une loi pour rassurer l’opinion lorsque celle-ci succombe à l’inquiétude. Le texte sur la réforme du médicament, adopté le 19 décembre dernier à l’issue de laborieux échanges parlementaires, se conforme à la règle.

La loi, promulguée et publiée au JO onze jours après son adoption, fait suite au scandale du Mediator et à une rafale de rapports plus ou moins inspirés ; elle « répond à une double ambition : la première est technique et vise, avec plus ou moins de bonheur, à remédier aux dysfonctionnements constatés dans l’urgence. La seconde consiste à adresser un message de fermeté à l’opinion qui, clairement, a pris le médicament en grippe », estime l’économiste

Claude Le Pen, spécialisé dans les Elles intègrent également la directive relative à l’introduction dans questions de santé.

Jaugée sur les seuls aspects tech- la chaîne d’approvisionnement léniques, il semble évident aux yeux gale de médicaments falsifiés, en imposant des règles des experts que la La loi n’est plus strictes d’insloi « n’est pas, en pas, en soi, pection et d’audit, soi, bouleversanbouleversante de nouvelles obligate», poursuit Claude Le Pen. Comme l’estime, de tions pour les acteurs de la chaîne son côté, cet expert de l’ex-Afs- de distribution autres que les grossaps, qui revendique l’anonymat, sistes (notamment les courtiers...). la partie relative à la pharmacovigi- Rien de bien nouveau sous le lance « ne consiste pour une soleil ! bonne part qu’à transposer des Si beaucoup d’acteurs de la filière directives européennes. Il s’agit pharmaceutique s’accordent à d’une simple mise en conformité penser, à l’instar de Bernard Duque les pouvoirs publics avaient four, directeur général de l’Amlis (Association des moyens laboranégligée jusqu’alors ».

En effet, les dispositions visent no- toires et industries de santé), tamment à transposer dans le « que toute amélioration des prodroit français la directive 2010/84/ cédures de pharmacovigilance UE ainsi que le règlement UE est bonne à prendre », ils sont tout n°1235/2010 issus du fameux « pa- aussi nombreux à le rejoindre quet pharmaceutique » de 2008. pour estimer « que ce qui avait été

de ou placebo ? mis en place jusqu’alors ne semblait pas si déficient ».

Pour autant, le volet afférent à la pharmacovigilance durcit la répression à l’endroit des exploitants et des titulaires d’AMM qui méconnaîtraient les obligations de signalement d’effets indésirables, en prévoyant une peine d’emprisonnement de trois ans et 45 000 € d’amende. La loi prévoit aussi une protection contre toutes sanctions ou discriminations engagées par un employeur à l’encontre d’un collaborateur qui renseignerait les autorités de santé sur la nocivité d’un produit de santé.

Le régime d’autorisation du médicament a subi quelques retouches. « Nous entrons sans doute dans une ère de plus grande incertitude réglementaire », résume un spécialiste de ces questions tra-

vaillant au sein d’une big pharma.

Ainsi, l’éligibilité au remboursement par l’assurance-maladie d’un médicament sera conditionnée à la réalisation d’études cliniques comparatives avec d’autres stratégies thérapeutiques. Pour autant, la portée de cette disposition devra être mesurée à l’aune du décret d’application… dont la publication semblait avoir été reportée sine die à l’heure où nous écrivons ces lignes.

Toujours au chapitre des régimes d’autorisation du médicament, la loi donne la possibilité à la nouvelle Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) d’ordonner la réalisation d’autres études cliniques post-AMM à l’occasion des réévaluations quinquennales.

Mais ces nouvelles études n’auront aucun caractère systématique, au grand dam de certains

parlementaires qui souhaitaient que celles-ci soient systématisées.

Enfin, pour faire suite à des recommandations multiples – synthétisées par le dernier rapport sur l’application des lois de financement de la sécurité sociale publié par la Cour des Comptes – les parlementaires ont tenu à modifier quelques dispositions du régime des ATU (Autorisations temporaires d’utilisation) qui permet à des patients atteints de patholo-

Pour Claude Le Pen, « on a l’impression que les pouvoirs publics cherchent le mouton à cinq pattes »

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Stratégies

Le texte de la réforme du médicament a été adopté le 19 décembre dernier, à l’issue de laborieux échanges parlementaires.

gies chroniques sévères, parfois sans solution thérapeutique, d’accéder à des traitements innovants n’ayant pas encore obtenu d’autorisation de mise sur le marché (lire notre encadré). « Ce qui est prévu revient heureusement sur les dispositions plus radicales, discutées en octobre dernier au Sénat, qui risquaient de fragiliser l’accès des patients à l’innovation », se félicite François Berdougo, le coordinateur du collectif d’associations de patients VIH TRT-5. « Ces modifications, qui restent acceptables, me paraissent toutefois surprenantes, renchérit Claude Le Pen. En

France, les protocoles compas- suspecte, à priori, toute relation sionnels mis en place dans le ca- commerciale entre les industriels dre des ATU sont d’une efficacité de la pharma et des experts reremarquable. Il ne semble pas connus, on risque tout simpleque des problèmes majeurs de sé- ment d’appauvrir…. le niveau curité se soient posés. Il n’était de l’expertise. » peut-être pas si urgent de modi- « Un expert indépendant peut aussi se tromper », ajoute Claude fier l’existant. » Les critiques se sont, en revanche, Le Pen qui estime « qu’il suffirait abattues sur le volet de la loi de rendre publics tous les débats concernant la gestion des conflits et toutes les interventions dans d’intérêt. « On a l’impression que les différentes commissions pour les pouvoirs publics cherchent que les tricheurs soient démasqués. » Selon beaule mouton à cinq Pour les expertises, coup d’observapattes : un expert les pouvoirs teurs, nombre des indépendant, sans publics cherchent dispositions relaaucun lien avec le mouton tives à la transpal’industrie pharà cinq pattes rence des décisions maceutique, jeune, beau et surtout très compé- et à la prévention des conflits d’intérêt « soit ne vont pas assez loin, tent », ironise Claude Le Pen. « L’enfer peut être, dans le cas soit risquent de s’avérer contred’espèce, pavé de mauvaises in- productives ». tentions, estime un autre spécia- On peut, en effet, saluer l’instauraliste, souvent retenu par les com- tion d’obligations fortes dans le missions publiques d’évaluation registre de la déclaration publique des médicaments. Les experts ne d’intérêt (mise en place d’un forvivent pas d’amour et d’eau mulaire de déclaration unique, fraîche. En cherchant à rendre consultation des DPI sur une base

LE RÉGIME DES ATU : TOUCHÉ MAIS PAS COULÉ « Satisfaisant, mais il faudra juger à l’usage ! » : Selon François Berdougo, le coordinateur du collectif TRT-5, qui regroupe cinq associations de malades du sida, les dispositions prévues au titre de la loi sur la sécurité du médicament portant sur le régime des autorisations temporaires d’utilisation (ATU) des médicaments hors AMM, ont « préservé l’essentiel : c’est-à-dire l’accès aux traitements innovants des patients privés de tout recours thérapeutique. Et dans l’impossibilité d’attendre la mise sur le marché des médicaments.» Le nouveau dispositif conserve le régime des ATU de cohortes, durcit celui des ATU nominatives (environ 20 000 patients concernés) en renforçant les obligations de pharmacovigilance. « Mais surtout, il maintient le régime des ATU dérogatoires nominatives qui permet à des patients auxquels le temps est compté d’accéder rapidement et de manière très souple aux produits en développement hors AMM ».

Le gouvernement et l’Agence ont souhaité modifier le système des ATU, « véritable exception française que beaucoup de pays nous envient », indique François Berdougo, afin d’inciter les industriels à engager plus rapidement pour ces traitements innovants des procédures d’AMM.

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PHILIPPE LAMOUREUX, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU LEEM

« La stigmatisation de l’industrie pharmaceutique a atteint un niveau inouï » S’il prend acte des dispositions de la nouvelle loi, le directeur général du Leem déplore le climat de stigmatisation de l’industrie pharmaceutique qui a accompagné les discussions au Parlement.

Actu Labo : Compte tenu du contexte dans lequel a baigné l’élaboration de la loi sur la sûreté du médicament, le texte vous paraît-il acceptable ?

Philippe Lamoureux : Je rappellerai que les Entreprises du Médicament ont soutenu les mesures visant à améliorer la transparence des liens d’intérêt et la sécurité des patients.

Nous avons toujours dit que nous souhaitions que cette loi soit euro-compatible et que le dispositif soit lisible et prédictible.

De ce double point de vue, les industriels du médicament ont été assez largement entendus. Pour autant, nous déplorons le climat de stigmatisation inaccepde données publiques), se féliciter que les récalcitrants ne puissent siéger dans les commissions ad hoc et reconnaître le bien fondé de l’installation de cellules de déontologie. Mais fallait-il, pour autant, décréter l’illégalité des décisions prises par des commissions où l’un des membres serait convaincu de détenir des relations d’intérêt déclarées ou non ? Fallaitil remonter jusqu’aux cinq dernières années l’historique éligible à une DPI ? Fallait-il limiter à quatre ou cinq ans la durée d’exer-

cice des membres des commissions ?

Autre disposition contestée, celle visant à réorganiser la visite médicale hospitalière. L’article 19 prévoit en effet que les délégués médicaux devront intervenir « devant plusieurs professionnels de santé, dans des conditions définies par convention conclue entre chaque établissement de santé et l’employeur de la personne concernée (…) après avis de la Haute Autorité de Santé (HAS) ».

table de notre industrie qui a atteint un niveau inouï pendant les discussions législatives. Nous regrettons aussi que, dans la foulée de cette loi, les pouvoirs publics aient décidé de pénaliser notre industrie dans des proportions inédites, via les politiques de régulation et au travers de différentes taxes.

Actu Labo : Cette écoute connaît-elle quelques exceptions ?

Philippe Lamoureux : Il est toujours difficile d’approuver 100 % des dispositions d’une réforme de ce type ! Le Leem prend acte du changement des règles de jeu et assure que les industriels se conformeront à ce nouveau cadre. Néanmoins, nous observons que nombre des dispositions prévues nécessiteront d’être précisées par voie réglementaire. Nous serons donc très attentifs au contenu des décrets. Pour ne citer qu’un exemple, la transparence des liens d’intérêt s’appliquera au 1er août pour les conventions signées au 1er janvier 2012 alors même que le décret d’application de la loi ne nous est pas connu. L’exercice ne s’annonce pas aisé… « Ce volet de la loi me paraît difficilement applicable pour des raisons pratiques, tant pour les délégués des laboratoires, et en particulier des laboratoires de taille medium, que pour les praticiens aux agendas déjà plus que remplis », commente Bernard Dufour. Prudent, le législateur a d’ailleurs prévu que cette disposition fasse l’objet d’une expérimentation ces deux prochaines années…

Jean-Christophe Savattier

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Stratégies

Un CSIS qui remet les indus Le CSIS 2012 qui s’est tenu le 25 janvier dernier a martelé l’idée selon laquelle l’accroissement de la sécurité du médicament ne devait pas constituer une entrave à l’attractivité de l’industrie pharmaceutique française.

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P

as d’annonce fracassante, mais tel n’était pas l’enjeu !

L’édition 2012 du Comité Stratégique des Industries de Santé (CSIS), qui s’est tenu sous le haut patronage du Président de la République, avait surtout pour but de renouer le fil du dialogue entre les pouvoirs publics et les industriels du médicament. Et de lever certains malentendus qui s’étaient formés dans la foulée du déroulement de l’affaire Mediator. De ce seul point de vue, les protagonistes de cette rencontre pouvaient estimer avoir atteint leur ob-

jectif. « Le point fort du CSIS 2012 a été de convenir en commun que l’accroissement de la sécurité sanitaire du médicament, devenu un impératif majeur, ne devait pas être une entrave à l’attractivité de notre industrie », a ainsi commenté Christian Lajoux, le président du Leem. Qui a salué la volonté des protagonistes de s’attaquer « à la nécessaire réforme de l’évaluation du médicament » et de s’engager davantage dans la lutte contre la contrefaçon.

Plusieurs chantiers, déjà ouverts en 2009 à l’issue du CSIS précé-

dent, ont été confirmés et amplifiés. Ainsi, il a été notamment décidé « de définir un contrat cadre de recherche » entre partenaires académiques, industriels et consortiums de valorisation thématiques afin globalement d’accélérer la contractualisation dans ce domaine.

Le CSIS, qui s’est engagé à promouvoir le développement de la recherche translationnelle et plus généralement à renforcer l’attractivité de la recherche clinique française, propose une « coordination de responsables » de certaines en-

triels dans le jeu tités telles que les six Instituts hospitalo-universitaires (IHU), les sites de recherche sur le cancer intégrés et les pôles de compétitivité. Par ailleurs, les moyens du groupement d’intérêt public CeNGEPS, dédié au soutien de la recherche clinique devraient être « pérennisés ». Reprenant au vol une demande des industriels (voir notre article sur le LIR page 10), le CSIS a décidé de renforcer l’excellence française dans le domaine de la pharmaco-épidémiologie. A cet effet, il a été décidé de poursuivre le développement du Portail

Epidémiologie France et « de faciliter la mise en place d’études utilisant les données issues de la base SNIIR-AM et du PSMI ».

Les participants ont également appelé à la création d’un Observatoire de la filière française des industries et des technologies de santé. Le dispositif médical fait aussi son entrée en force au cœur de ses préoccupations. La création d’un fonds spécifique (InnoMedTech) permettant de financer en fonds propres des jeunes sociétés innovantes dans ce segment a été annoncée. Les pouvoirs publics,

qui engagent une réflexion sur des mesures d’incitation de la production et de la bioproduction jugent nécessaires de réaliser un « audit de l’environnement fiscal des entreprises de produits de santé en France et en Europe. Sans revenir sur le niveau de ressources attendues, il s’agit d’examiner dans quelles conditions pourrait évoluer la fiscalité actuelle pour devenir plus efficiente ». Vaste programme !

Le CSIS 2012 a été réuni sous la présidence de François Fillon.

JCS

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Stratégies

Le LIR veut renforcer la phar Le LIR, un think-tank qui regroupe les filiales françaises des principales pharmas internationales, estime que l’exploitation de données pharmacoépidémiologiques doit permettre de mieux répondre à l’exigence des agences sanitaires.

Il milite pour la mise en place d’une banque de données nationale.

Hervé Gisserot (GSK France), président du LIR, souligne qu’en 2010, les laboratoires étrangers ont investi 709 M€ dans des programmes de recherche en France, soit autant que le budget de l’Inserm.

Q

uelques jours avant la réunion du Comité Stratégique des Industries de Santé (CSIS), le LIR, un think-tank qui regroupe 16 filiales françaises de big pharmas internationales (soit un CA de plus de 11,4 Md€ et plus de 27 000 salariés), avait tenu à apporter sa voix au débat à l’orée de cette année qui sera décisive à de nombreux égards…

Son président Hervé Gisserot – par ailleurs président de GSK France –, a d’emblée rappelé l’apport des membres du LIR (qui préfère aujourd’hui l’usage de son acronyme à sa signification

de « Laboratoires Internationaux ment de la recherche clinique. de Recherche ») à la R&D et à l’in- Mais dans le même temps, nos novation française dans le médica- grands compétiteurs, et notamment. Ainsi, en 2010, ces derniers ment les pays émergents, ont « ont investi 709 M€ dans des aussi progressé. Il faut accélérer l’allure. L’excelprogrammes de relence de la France cherche en France, L’excellence de la soit deux fois le France est reconnue est reconnue dans le monde entier… montant des invesdans le monde mais le monde tissements réalisés entier… mais par le CNRS dans le monde pourrait pourrait se passer de l’excellence franle domaine de la se passer de çaise ». biologie-génétique l’excellence Fort de ce constat, et… l’équivalent française le LIR, qui souhaite du budget attribué à l’Inserm ». Certes, près de 70 % que « la France retrouve un rôle de l’effort a été focalisé sur la re- de premier plan dans le domaine cherche préclinique et cli- de l’innovation dans le médicanique, mais 40,9 M€ ment et des sciences de la vie », ont été consacrés à juge qu’il est plus que temps d’acdes partenariats pu- célérer le développement de la blics-privés et environ pharmaco-épidémiologie.

15 M€ engagés dans des « Aujourd’hui, la très grande maprogrammes impliquant jorité des données cliniques sont des équipes intégrées dans générées par l’industriel et avant les Instituts-Hospitalo-Uni- l’AMM, estime Guy Eiferman, pdg versitaires (IHU), « dont la de MSD France. Demain, 90 % des création a donné beaucoup données cliniques devront être de visibilité à la recherche fran- générées post-AMM et par d’auçaise qui était très fragmentée, tres acteurs que l’industriel, il poursuit Hervé Gisserot. Globale- faut déjà se projeter dans ce noument, des progrès considé- veau modèle ». rables ont été accomplis Ce modèle est destiné à répondre depuis quatre ou cinq aux attentes de plus en plus rigouans dans l’accompa- reuses des agences sanitaires. « Le gnement de l’inno- loi sur la sûreté du médicament vation et spéci- et la pharmacovigilance adoptée fiquement dans en fin d’année dernière (que l’accompagne- nous analysons longuement dans

maco-épidémiologie les pages qui précèdent, NDLR) du territoire national – pourrait la matière, le LIR va lancer au donne obligation aux industriels parfaitement entrer dans les attri- printemps 2012 une étude comde prouver à tout moment, en cas butions du groupement d’intérêt parative sur les pratiques pharde nocivité suspectée et sur simple public (GIP) dont la création est maco-épidémiologiques dans demande des agences, que le ra- programmée au titre de l’article cinq pays européens. tio bénéfice risque 33 de la loi sur la sû- « Ce travail de Celle-ci pourrait du produit reste reté du médica- benchmars’appuyer sur la positif », précise ment. La mission de king va nobase de données Céline Bourjolay, ce GIP est juste- t a m m e n t pharmacoavocate à la cour ment d’assurer l’ac- nous permetépidémiologiques de Paris, spécialicès aux données de tre d’élaborer de l’Assurance sée dans le droit de santé et de mener les grands prinMaladie la santé. des missions d’éva- cipes permettant Le respect de cette luation du médica- d’assurer le parobligation suppose que les indus- ment. « Car il ne s’agit pas de tage des données triels puissent exploiter des don- créer de nouvelles structures dans les meilleures nées pharmaco-épidémiologiques mais d’utiliser à bon escient ce conditions d’indéde qualité, réactualisées en temps qui existe déjà », recommande pendance », estime Guy réel. « Il nous faudra aussi pro- Hervé Gisserot.

Eiferman. duire auprès du payeur des don- Avant de faire des propositions Jean-Christophe nées quantitatives et qualitatives concrètes aux pouvoirs publics en Savattier Guy Eiferman qui soient autant d’éléments de preuve de la contribution de nos LES MEMBRES DU LIR ENGAGÉS produits à l’amélioration de la DANS DES PARTENARIATS PUBLICS santé publique », juge Guy EiferLes membres du LIR – le think tank est à l’origine des Rencontres Internationales de man.

Recherche (RIR) – apporte un soutien à de multiples projets de recherche éligibles au Dans cette perspective, le LIR midispositif des Investissements d’Avenir (Grand Emprunt). Ainsi, Novartis s’est engagé lite pour la création d’une grande au sein de l’IHU Imagine dans un programme de séquençage génomique visant à accélérer l’identification de mutations génétique à l’origine de maladies rares chez l’enfant. banque de données standardisées Avec l’IHU neurosciences translationnelles (ICM), GSK est impliqué dans une étude sur qui serait renseignée par l’ensemune cible particulière, le nogo, une protéine inhibitrice du système axonal. Roche vient ble des acteurs de la chaîne du de signer un accord de partenariat avec l’Institut hospitalo-universitaire parisien (ICAN) dans le domaine du diabète pour comprendre les mécanismes de régression de la médicament. « Celle-ci pourrait maladie chez des patients ayant subi un traitement chirurgical de l’obésité. On peut sans doute initialement s’apaussi signaler, dans un registre différent, le soutien apporté par Lilly au projet du Pr. puyer sur la base de données Marion Leboyer de l’Institut Mondor, consacré à la mise en place de cohortes dans les maladies psychiatriques. De leur côté, Lilly, GSK et Pfizer apportent leur écot au dévepharmaco-épidémiologique de loppement des plates-formes de biologie moléculaire de l’Institut national du cancer l’Assurance Maladie », propose le (INCa). président de MSD France. La gesEnfin, des investissements importants ont été engagés dans des fonds de valorisation de recherche académique (Matwin, Innobio, Inserm Transfert). tion de cette banque – « d’un intérêt crucial » pour l’attractivité Actulabo - Février 2012 17

Stratégies JEAN-PIERRE DOOR, DÉPUTÉ DU LOIRET, RAPPORTEUR DE LA MISSION PARLEMENTAIRE

« On ne trouvera jamais d’expert Le député UMP du Loiret, rapporteur de la mission parlementaire sur l’affaire Mediator, est l’un des parrains de la loi sur la sécurité sanitaire du médicament.

S’il se félicite de l’économie générale du texte, Jean-Pierre Door regrette que certaines dispositions, notamment celles concernant la gestion des liens d’intérêt, témoignent d’une rigueur excessive. Et risquent de s’avérer contre-productives.

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Actu Labo : Vous avez été l’un des principaux inspirateurs de la loi sur la sûreté du médicament. Le texte qui vient d’être promulgué vous convient-il ?

Jean-Pierre Door : La mission parlementaire que j’ai eu l’honneur de conduire a produit une cinquantaine de recommandations, dont près des trois quarts ont été reprises dans le texte de loi qui vient d’être publié au Journal Officiel. C’est évidemment une satisfaction. Pour autant, le travail est loin d’être achevé. Et l’efficacité de multiples volets de cette loi dépendra des décrets d’application qui vont être promulgués dans les prochains mois. Le Conseil constitutionnel et la CNIL devront se prononcer sur la compatibilité des dispositions avec les textes en vigueur, notamment celles portant sur les liens d’intérêt. Ces étapes seront évidemment très importantes.

Actu Labo : Craignez-vous que ces dispositions spécifiques enfreignent certaines libertés publiques ou soient entachées d’inconstitutionnalité ?

Jean-Pierre Door : Non, je n’ai pas d’inquiétude particulière à ce sujet. En revanche, certaines dispositions portant sur les déclarations et la gestion des liens d’intérêt qui ont connu, au gré des différents échanges parlementaires, des évolutions notables par rapport aux propositions initiales, me semblent difficilement applicables. Et elles contreviennent parfois à l’esprit et aux objectifs de la loi. Ainsi, aucun organisme de réception et de gestion des déclarations d’intérêt n’a encore été désigné, encore moins installé. Aux Etats-Unis, une instance unique prévue dans le cadre du Sunshine Act est en charge de cette mission fondamentale. Il n’y a encore rien de prévu de ce côté-ci de l’Atlantique. De même,

l’obligation de déclaration des liens d’intérêt avec respect impératif d’une période d’antériorité de cinq ans me paraît excessive. J’ai déjà eu l’occasion de le dire et je profite de cette occasion pour le réaffirmer. J’avais, pour ma part, et en accord avec le ministre de la Santé, proposé de cantonner cette période d’antériorité à trois ans. La loi prévoit aussi d’impliquer les ascendants et les descendants dans cette recherche de conflits d’intérêt. Je ne crois pas que ceci soit tout à fait approprié. Un expert doit-il être disqualifié parce que son neveu ou son cousin sont en relation d’affaires avec un laboratoire pharmaceutique ? J’espère enfin que le seuil financier obligeant les experts à déclarer des liens d’intérêt au premier euro est une boutade ! En la matière, il me paraît évident que le législateur a chargé la barque.

Je ne cache pas mon trouble et mon inquiétude à ce propos.

Actu Labo : Etes-vous favorable à la constitution d’un corps d’experts publics ?

Jean-Pierre Door : Je suis radicalement opposé à des initiatives de ce type. On ne gagnera rien à fonctionnariser un corps d’experts coupés du terrain, de la paillasse, des communautés de patients, sans contact avec les industriels. Il faut se faire une raison: personne ne trouvera jamais d’expert vierge et ce n’est pas souhaitable. Le seul critère qui doit prévaloir est celui de la compétence. Et la tentation de créer des Robocop désincarnés ne mènera à rien !

Sauf à appauvrir la qualité de l’expertise française. Au final, la lutte contre les conflits d’intérêt menée dans un esprit de juridisme étroit risque d’alimenter de multiples contentieux… et de faire le miel des cabinets d’avocats spécialisés.

Actu Labo : La réforme de la pharmacovigi-

SUR L’AFFAIRE MEDIATOR

vierge » lance prévue par la loi vous paraît-elle suffisante ? La situation française était-elle désastreuse à ce point ?

Jean-Pierre Door : Bien sûr, tout n’était pas à reprendre ! Pour autant, l’affaire Mediator a tout de même démontré certaines insuffisances. Je crois donc qu’il faut saluer le renforcement des centres régionaux de pharmacovigilance qui sont en première ligne. La création, sous l’égide du ministre de la Santé, d’un comité stratégique qui réunira des émissaires de la HAS et de la ANSM – l’ex-Afssaps qui, soit dit en passant, n’a quand même pas connu d’évolution spectaculaire – me paraît aussi être une bonne chose. Il est temps que ces organismes, qui ont tendance à coexister sans communiquer, apprennent à travailler ensemble.

Si cette task force avait existé et s’était réunie régulièrement dans le bureau du ministre de la Santé, il n’y aurait peut-être pas eu d’affaire Mediator.

Actu Labo : Pouvez-vous comprendre que les

industriels soient mortifiés par l’opprobre dont ils font l’objet ?

Jean-Pierre Door : Je sais que la très grande majorité d’entre eux comprennent l’utilité des mesures qui ont été prises. Le trouble des patients risquait d’entraîner toute la filière dans une relation fondée sur la défiance. Certains praticiens étaient déjà confrontés à des comportements de refus des traitements prescrits. Il fallait faire face à ce véritable tsunami médiatique et restaurer la confiance dans l’intérêt de tous.

Il faut maintenant repartir du bon pied : les pouvoirs publics doivent renouer le dialogue avec les représentants des producteurs de médicaments. Je me félicite à cet égard de la tenue, le 25 janvier, d’une réunion du Comité stratégique des industries de santé.

Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier

IL A SUIVI, PAS A PAS, L’AFFAIRE MEDIATOR A 69 ans, Jean-Pierre Door, député-maire de Montargis (45), est devenu l’un des experts reconnus de la majorité présidentielle sur les problématiques du médicament. Ce cardiologue, qui co-préside avec le député socialiste Gérard Bapt le club Hippocrate, un think-tank parlementaire dédié aux questions de santé soutenu par la Générale de Santé, Médéric et GSK, est devenu incollable sur le Mediator.

Il est vrai que le rapport sur ce scandale sanitaire dont il fut le rapporteur constitue désormais une véritable référence. Jean-Pierre Door est également membre de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques.

Actulabo - Février 2012 19

Stratégies CATHERINE LEMORTON, DÉPUTÉE PS PROCHE DE FRANÇOIS HOLLANDE

« Pour un corps d’experts publics » Chargée de plancher sur le volet médicament du candidat socialiste à l’élection présidentielle, la députée de Haute-Garonne veut imposer aux industriels un système du donnant-donnant.

Actu Labo : Le candidat Hollande prépare-t-il des mesures spécifiques destinées à l’industrie du médicament ?

Catherine Lemorton : Une équipe composée de moimême, de Jean-Marie Le Guen et de Gérard Bapt travaille avec Marisol Touraine, responsable des questions sociales auprès de François Hollande, à l’élaboration de propositions qui ont vocation à inspirer la politique du médicament du futur président de la République…

Actu Labo : Quel est le principe général qui guide ces travaux ?

Catherine Lemorton : Celui du donnant-donnant.

Nous estimons que l’industrie du médicament peut bénéficier d’une certaine modération fiscale en échange d’un engagement ferme à maintenir sur le territoire national des activités de production et de recherche.

Mais il ne faut pas s’attendre à des miracles. J’ajoute que ces engagements annuels pourront être discutés dans le CSIS qui devra se tenir au moins une fois par an… et pas quelques semaines avant une échéance électorale.

Actu Labo : Quelles mesures précises pourraient être annoncées ?

Catherine Lemorton : Rien n’est encore gravé dans le marbre, mais une modulation du crédit d’impôt recherche (CIR), destinée à avantager les entreprises qui en ont le plus besoin, est à l’étude. Nous souhaitons

également stimuler la mise sur le marché de produits de santé réellement innovants. Et également favoriser le maintien et le développement de fabrications de médicaments à forte valeur ajoutée. Il n’est peut-être pas nécessaire, à contrario, de soutenir financièrement les activités de conditionnement primaire ou secondaire.

Actu Labo : Allez-vous vous attaquer à la question du prix du médicament qui, en France, reste l’un des plus bas d’Europe ?

Catherine Lemorton : Il est préférable de valoriser les produits de santé qui apportent un plus notable à la santé publique. Certes, les prix français du médicament sont globalement dans la fourchette basse, mais les industriels se rattrapent sur les volumes…

Actu Labo : La loi sur la sûreté du médicament est-elle réussie ?

Catherine Lemorton : Il y a de bonnes choses, notamment la disposition prévoyant une réévaluation quinquennale de l’AMM ou l’obligation de comparer les médicaments avec des équivalents de même classe thérapeutique ou des placebos. Mais je déplore que l’on ait renoncé à la constitution d’un corps d’experts publics.

Actu Labo : L’hostilité des pouvoirs publics à l’égard des industriels du médicament va-t-elle s’atténuer ?

Catherine Lemorton : Nous ne souhaitons pas engager nos échanges avec les industriels du médicament dans un esprit de vendetta. Il s’agit de rappeler chacun à ses responsabilités et d’œuvrer dans le sens de l’intérêt général. Je pense à titre personnel que le mélange des genres n’est jamais bon : ce n’est pas, par exemple, aux industriels de financer des campagnes de vaccination. Pour autant, ceux qui joueront le jeu n’ont rien à craindre de la gauche au pouvoir, bien au contraire.

Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier

20 Actulabo - Février 2012

L’actualité de l’industrie du médicament

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Stratégies PASCAL BROSSARD, LE NOUVEAU PRÉSIDENT DE L’AFIPA, POUR UNE AUTOMÉDICATION

« Le marché français de l’OTC est Pascal Brossard, qui vient de prendre la présidence de l’Afipa, est persuadé que le marché français de l’OTC, notoirement sous-représenté, est à la veille de connaître un important développement.

Pour autant, l’accroissement mécanique du marché provoqué par le déremboursement et la demande d’autonomie des patients doit être encouragé, affirme-t-il, par un soutien public au délistage des produits et par une meilleure communication.

22 Actulabo - Février 2012

Actu Labo : Quelle est aujourd’hui la situation du marché français de l’OTC ?

Pascal Brossard : Globalement, avec un CA en France de 1,9 Md€ représentant entre 6 et 7 % du marché global du médicament, l’OTC connaît plutôt une phase de stabilité tant en valeur qu’en volume avec 420 millions d’unités produites. Mais cette tendance au ralentissement, voire à un certain recul, est une perspective à court terme. Nous sommes probablement à la veille d’un accroissement plus important des ventes qui correspond à la marche vers une plus grande autonomie et plus grande responsabilité des patients qui doit être accompagnée et soutenue.

Actu Labo : Mais ce décollage est annoncé depuis déjà plusieurs années...

Pascal Brossard : Certes, cette antienne du décollage imminent de l’OTC tient de l’Arlésienne. Pour autant, des facteurs mécaniques tels que les vagues de déremboursement annoncées par les pouvoirs publics, voire l’éventuelle suppression du taux de prise en charge de 15 % par l’assurance-maladie de certains produits, sont en mesure de relancer le marché.

Nous allons d’ailleurs dans le cadre de l’Afipa faire des propositions aux candidats à la présidentielle. Nous proposons, par exemple, d’encourager le délistage de certains produits – c’est-à-dire le passage d’une prescription médicale obligatoire à une prescription médicale facultative – en accordant une période d’exclusivité au laboratoire qui dépose le dossier de switch.

En effet, aujourd’hui, les délistages requièrent naturellement la réalisation d’études cliniques complémentaires mais ne s’accompagnent d’aucune procédure de protection des données. Il est nécessaire d’accorder un avantage sur le plan brevetaire, même limité dans le temps, à celui qui bâtit le dossier.

Actu Labo : L’Afipa réfléchit-elle à d’autres propositions plus audacieuses ?

Pascal Brossard : Pour ma part, je pense qu’il serait opportun et judicieux d’accepter que certains produits, y compris des antibiotiques, puissent être achetés librement par les patients à partir d’une ordonnance initiale, et cela dans le cadre d’un usage lié aux petites pathologies récurrentes de la vie quotidienne. Je pense, par exemple, aux médicaments indiqués dans le traitement des cystites. Il reviendra au pharmacien la charge et la responsabilité de valider la délivrance du produit au patient à partir d’un interrogatoire type fondé sur quatre ou cinq questions. Une telle mesure serait évidemment source d’économies pour l’assurance-maladie et permettrait de pallier partiellement les difficultés suscitées par la démographie médicale notoirement en berne.

Actu Labo : Pour autant, beaucoup de produits « swichtés » ou déremboursés voient leurs ventes s’effondrer...

Pascal Brossard : Certes, les déremboursements entraînent immanquablement une baisse des volumes qui, en fonction des produits, peut varier entre 25 et 40 %, parfois beaucoup plus. Mais cet effet est bien moins évident pour les médicaments à effet immédiat, pas compliqués et bien connus des patients.

Dans le même temps, les produits « switchés » ou déremboursés accusent aussi une augmentation de leur prix unitaire. Contrairement à une idée reçue, parfois colportée par les responsables publics, ces hausses de prix ne sont pas de l’unique responsabilité des industriels. Tout d’abord, il faut rappeler que le régime de TVA applicable aux produits OTC

RESPONSABLE

sur le point de décoller » UN DÉFENSEUR ENTHOUSIASTE DE L’AUTOMÉDICATION A 53 ans, Pascal Brossard occupe le poste de directeur général de Zambon pour la France, la Belgique et le Bénélux. Ce pharmacien, diplômé de l’Essec, a remplacé en juillet dernier Vincent Cotard à la tête de l’Afipa, l’association qui regroupe les industriels de l’automédication et qui veille à la mise en œuvre de pratiques responsables sur ces marchés.

Arrivé il y a quatre ans chez Zambon – un groupe familial italien qui réalise 550 M€ de CA dans le monde, dont 70 M€ en France – après un passage chez Nycomed, Pascal Brossard se veut un inlassable défenseur de l’OTC : « Les produits déremboursés qui sont affublés d’un SMR insuffisant ne sont pas des médicaments au rabais. Demandez aux patients ce qu’ils pensent des veinotoniques ou de leurs vasoconstricteurs qui apportent parfois un soulagement immédiat à leur inconfort ! »

contribue à accroître le prix public. Par ailleurs, les marges appliquées par les réseaux de distribution sont variables pour ces gammes de médicaments.

Les industriels doivent, pour leur part, tenir compte de la hausse structurelle de leurs coûts de production provoquée mécaniquement par la baisse des volumes. Pour autant, il faut relativiser les effets de ces hausses qui interviennent sur des gammes de produits dont le prix moyen n’est pas très élevé.

Actu Labo : Au-delà des mesures techniques de soutien à l’OTC, pensez-vous que la communication autour de ces produits est aujourd’hui efficace ?

Pascal Brossard : Il me semble que l’on devrait très tôt, et pourquoi pas dès l’école ou le collège, renseigner les patients sur les pathologies courantes, sur la

« bobologie » et sur le rôle des produits OTC. Pourquoi ne pas envisager que l’Education nationale, en partenariat avec les professionnels, assume cette mission d’éducation spécifique qui contribuerait à désencombrer les cabinets médicaux ? Par ailleurs, il nous faut continuer à communiquer auprès des professionnels de santé qui ne sont pas toujours très au fait de la qualité et de l’efficacité de nos produits. Les pharmaciens ont aussi une mission essentielle dans la prescription de ces médicaments de premier recours. Cette mission va d’ailleurs connaître un renforcement dans le cadre de la loi HPST (Hôpitaux, Patients, Santé et Territoires). Il est indispensable que les industriels de santé accompagnent ces évolutions.

Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier

Actulabo - Février 2012 23

Stratégies HÉLÈNE ROUQUETTE, PRÉSIDENTE ET FONDATRICE D’IDD-TECH

« Le périmètre du groupe ne bou Après plusieurs acquisitions de sites ces dernières années, Hélène Rouquette, la présidente du prestataire de services de R&D IDD-Tech, veut se donner le temps de digérer ces opérations avant d’en engager d’autres.

Elle recherche également un partenaire financier pour épauler sa filiale IDD-Biotech.

24 Actulabo - Février 2012

Actu Labo : Un peu moins de dix ans après sa création pour le conseil en affaires réglementaires, votre société a-t-elle étendu le champ de ses compétences ?

Hélène Rouquette : Non, IDD est toujours un prestataire de services, qui intervient effectivement sur le conseil en affaires réglementaires et propose également à ses clients une réflexion en matière de stratégies de développement. La structure emploie aujourd’hui 15 personnes à Paris et a réalisé 2,4 M€ de CA en 2011. En revanche, son action est aujourd’hui complétée par les savoir-faire de deux nouvelles entreprises : IDD-Tech, un ensemble de trois platesformes technologiques, et IDD-Biotech, qui développe des programmes de recherche en liaison avec les biotechnologies.

Actu Labo : Qu’est-ce qui vous a incitée à prendre ces nouvelles directions ?

Hélène Rouquette : L’industrie pharmaceutique vit de grandes mutations. Nous passons d’une ère de blockbuster à une médication individualisée. Dans la médecine de ville, les génériques prennent une place sans cesse plus importante et les volumes poussent à s’interroger sur la place des laboratoires traditionnels à l’avenir. Dans le même temps, la montée en puissance des biotechnologies bouscule les idées reçues. La moitié des médicaments nouvellement enregistrés proviennent

des biotechs et je suis convaincue que cette tendance va se poursuivre. Enfin, on assiste au désengagement progressif des grands groupes de leurs marchés traditionnels, c’est-à-dire occidentaux, pour se repositionner sur les marchés émergents. Ce faisant, ils laissent à disposition d’un certain nombre d’acteurs des plates-formes d’un très haut niveau et très bien équipées. Ce puzzle s’est mis en place peu à peu.

Actu Labo : Comment s’est construit votre groupe ?

Hélène Rouquette : IDD-Tech a vu le jour à Dardilly, dans la banlieue lyonnaise, en 2005, lorsque j’ai repris un site de Schering-Plough, qui était fermé depuis fin 2004. J’ai décidé d’en faire mon laboratoire de formulation, car le site avait été très bien pensé et m’apportait la capacité de réaliser l’ensemble des formes galéniques : formes stériles, formes sèches, formes pâteuses. En 2009, une nouvelle opportunité s’est présentée à Evreux, où j’ai pu reprendre une plate-forme de développement de GSK. J’ai ainsi récupéré une double compétence exceptionnelle : d’une part, un laboratoire de recherche de physique des poudres et des matériaux et, d’autre part, une structure pilote pour fabriquer les aérosols. Enfin, en 2010, j’ai repris le site Novartis d’Orléans, qui m’a permis

gera pas à court terme »

Actu Labo : Envisagez-vous de prolonger cette stratégie de croissance ?

Hélène Rouquette : Non, le périmètre ne bougera plus à court terme, car il faut « réindustrialiser » les plates-formes. Cela prend du temps et c’est coûteux.

Aujourd’hui, Dardilly est à peu près à l’équilibre autour de 4,5 M€, Evreux idem aux alentours de 1,5M€.

Orléans, en revanche, n’atteindra pas son équilibre avant 2012. Pour nous, cette année qui commence doit être celle de la montée en puissance des trois plates-formes. Il sera temps ensuite de penser à une nouvelle croissance.

Actu Labo : Vos sites actuels seront-ils amenés à évoluer ?

Hélène Rouquette : Dardilly était à l’origine un site très polyvalent. Avec le développement de la biotech

dans cet environnement très favorable, IDD-Tech Dardilly va prendre une orientation très nette de support au développement des biotechs ; cela veut dire les formes stériles, la bioproduction, la répartition aseptique… En contrepartie, Orléans, qui est un site expert dans le domaine des formes sèches, va progressivement devenir notre site de référence dans ce domaine. Quant à Evreux, le site gardera sa double compétence : la physique des poudres, qui permet de collaborer à l’ensemble des projets qui sont en développement chez nous, et le côté plus spécifique des aérosols.

Actu Labo : Le développement de vos activités se limite-t-il à l’Hexagone ?

Hélène Rouquette : Non, en reprenant Evreux, j’avais fait le pari d’être en avantage compétitif par rapport aux autres structures existantes en France et en Europe. Ce site nous a effectivement ouvert des marchés internationaux, puisque Evreux fait 70 % de son CA à l’international. Je pense qu’Orléans, du fait de son histoire et de son expertise, a vocation à faire de même, mais pas forcément dans les mêmes proportions, car on trouve le même type de prestataire dans les pays étrangers.

Actu Labo : Des projets pour l’immédiat ?

Hélène Rouquette : Avec IDD-Biotech, notre ambition est d’accompagner le développement du médicament jusqu’à la phase I. À ce stade-là, nous devons trouver un partenaire qui sera intéressé par le déroulement des phases I, II, III. C’est pour cela que nous sommes en recherche de fonds, car IDD-Biotech est une structure qui, par nature, brûle du cash. J’espère trouver d’ici le mois de juin le partenaire financier le plus adapté pour nous aider.

Propos recueillis par Jacques Donnay

EN BREF

de changer de taille. Nous étions jusque-là concentrés sur de petits pilotes. Dans les formes sèches, nous pouvions faire en granulométrie un 9 litres ; avec Orléans nous avons porté notre capacité à 45 litres.

Cela nous permet d’accompagner le développement du médicament jusqu’à la phase III alors que nous étions limités précédemment aux phases I et IIa. Enfin, cela m’a également permis d’intégrer des compétences dans le domaine de la production de petits lots commerciaux : peu de traitements justifient désormais d’avoir de grands sites de production industriels.

IDD-Biotech est née à Dardilly en 2008. Je louais alors une partie des locaux à des biotechs pour absorber les frais fixes de ce gros paquebot. En 2006, j’ai finalement repris un de ces locataires pour constituer IDD-Biotech. Nous avons une bibliothèque de cellules qui représentent les prémices de futurs médicaments.

Les chiffres clés du groupe IDD-Tech • IDD-Tech : 97 personnes (60 à Dardilly, 17 à Evreux, 20 à Orléans) pour 7 M€ de CA • IDD-Search (Paris) : 15 personnes et 2,4 M€ de CA • IDD-Biotech : 14 personnes à Dardilly

Actulabo - Février 2012 25

Stratégies

RECHERCHE PRÉCLINIQUE

Porsolt dans du neuf en Mayenne a vie des CRO n’est pas un long fleuve tranquille. C’est l’impression générale qui dominait lors de l’inauguration, en septembre dernier, de la plate-forme de recherche in vivo et in vitro de Porsolt qui se déploie désormais au Genest-St-Isle, près de Laval (53). Cette unité de 5 500 m2, qui aura représenté au total un investissement de 11 M€, « va nous permettre d’au moins doubler nos capacités par rapport à l’ancien site », nous indique Roger

L

classée d’un tel site ne nous donnait pas d’autre choix que de déménager », poursuit le dirigeant qui se souvient des âpres discussions avec Réseau Ferré de France (RFF), les pouvoirs publics et les collectivités, qui se sont éternisées : « Il fallait que ce transfert soit compatible avec nos ressources, notre modèle économique et puisse trouver une emprise foncière adéquate ». C’est d’ailleurs à la faveur de l’aménagement d’une ZA flambant neuve –

Nouveau bâtiment de Porsolt.

Porsolt, le président de la CRO éponyme.

Mais c’est à l’issue « d’une longue et délicate opération de transfert qui a failli plusieurs fois capoter» que ce programme a finalement abouti. L’ancienne unité de recherche préclinique était déjà implantée sur la commune du Genest-St-Isle mais malheureusement située sur le faisceau de la future LGV Sud Europe Atlantique. « L’inscription en installation

la ZA de Glatine – que le projet de transfert-extension a pu voir le jour.

Désormais dans la place, les équipes de la plate-forme – environ 60 collaborateurs – vont pouvoir se consacrer aux métiers de Porsolt : les études de sécurité et d’efficacité précliniques et ce, sur les aires thérapeutiques les plus variées « mais avec tout de même un certain focus sur le cardiovasculaire, les antidouleurs, le

EN BREF

La CRO spécialisée dans le préclinique s’appuie désormais sur une plate-forme de recherche in vivo et in vitro de 5 500 m2 à proximité de Laval (53), au prix d’un investissement d’environ 11 M€.

Les chiffres clés de Porsolt • 6,5 M€ de CA en 2010 • 7 M€ de CA attendus en 2011 • 85 % de l’activité hors de France • 60 personnes au Genest-St-Isle (53)

26 Actulabo - Février 2012

SNC et les maladies métaboliques (diabète) ». L’unité mayennaise va s’appuyer sur des capacités renforcées de chimie analytique et sur les expérimentations menées sur des modèles animaux (rats, chiens). « La crise de 2008 n’a pas épargné le marché, indique Roger Porsolt, et nous avons évidemment subi le ralentissement d’activité qui s’en est suivi. Mais l’externalisation des études précliniques et cliniques va s’accroître pour des raisons de coût et de réactivité, aussi parce que les big pharmas ont besoin d’études totalement objectives. Ce que ne sont pas toujours en mesure de fournir leurs équipes internes… » Afin de préserver des programmes de recherche coûteux qui ont mobilisé de très importantes ressources, les équipes des pharmas peuvent – consciemment ou non – introduire quelques biais statistiques qui faussent les résultats des études. Aujourd’hui, la CRO (100 clients dans le monde entier) qui réalise plus de 85 % de son activité hors France (plus de 30 % aux USA) s’estime prête à revenir au rythme de croissance de 10 à 15 % par an qui était le sien pendant les années 90. Elle souhaite aussi renouer avec la profitabilité de cette période au cours «de laquelle l’Ebitda variait entre 15 et 20 % ».

Jean-Christophe Savattier

L’Eure fait gagner du temps aux biotechs En prolongement de son riche tissu de sites pharmaceutiques (GSK, Janssen-Cilag, Sanofi Pasteur, CIT…), le département de l’Eure favorise le développement d’un tissu de biotechs.

À

Bâtiment de la bio-pépinière de Miserey.

applications. TChem a fusionné en mars 2011 avec le canadien Sirona Biochem, qui apporte à la fondatrice de TChem ses compétences de bu-

Evreux et au Val-de-Reuil, qui se répartissent le riche appareil industriel pharmaceutique du département de l’Eure, on prépare l’avenir de la filière en aidant les startup. Eure Expansion, le bras armé du Conseil général en matière de développement économique, la technopole CBS (Chimie-Biologie-Santé) et le cluster PharmaValley, défendu par Luc Van Hifte, directeur du site de recherche Janssen Cilag, favorisent l’éclosion et le développement de jeunes sociétés prometteuses du secteur des sciences de la vie.

Quelques-unes d’entre elles recèlent de grandes promesses.

Au Val-de-Reuil, TChem, fondée en 2007 par Géraldine Deliencourt-Godefroy, décline sa technologie GlycoMim – qui mime des sucres et les stabilise en les fluorant – dans diverses

siness developper et lui permet de se consacrer à son cœur de métier, la recherche de molécules d’intérêt thérapeutique et cosmétique. Les deux partenaires ont entamé une collaboration sur le diabète et débuté les essais précliniques d’une molécule appartenant à une nouvelle famille de composés, les inhibiteurs de SGLT. Le développement d’un antigène destiné à produire un vaccin anti-cancer est également en cours.

Mais le produit le plus prometteur de TChem pourrait être un agent dépigmentant qu’elle développe avec BioGalenys.

Cette dernière, une CRO qui s’est spécialisée dans l’étude du passage transmembranaire des principes actifs, lance les travaux cette année d’un nouveau laboratoire de 850 m2 qui sera construit en face de l’unité Delpharm, un ancien site Pharmacia repris par le façonnier il y a dix ans.

A son achèvement, Biogalenys quittera la bio-pépinière de Miserey, près d’Evreux (ci-contre), dont elle fut, en 2009, la première occupante. Ce bâtiment de 2 100 m2, co-financé par les collectivités territoriales, l’Etat et un zeste de fonds européens, abrite plusieurs sociétés des sciences de la vie en devenir.

Avec un pied au Val-de-Reuil et un autre au Québec, Quidd, créée en 2004 par Pascal Fruit, est l’une de ces

jeunes pousses prometteuses. Son fondateur, un cadre de l’industrie pharmaceutique passé par GSK, Serono, Sanofi mais aussi L’Oréal, croit aussi fort à l’imagerie moléculaire que le MIT de Boston qui jugeait, en 2003, « qu’elle était l’une des dix technologies émergentes qui vont changer le monde».

Dans ce domaine de l’imagerie à usages préclinique et clinique, Quidd a inventé deux technologies complémentaires : des molécules injectables – ou sondes – qui émettent un signal lumineux – fluorescent – proportionnel à un phénomène biologique ciblé et des systèmes de détection qui captent ces signaux. Les sondes activables, plus complexes, dont certaines ont été développées avec l’Ircof de l’université voisine de Rouen, ciblent des enzymes et particulièrement des protéases : elles sont fondées sur le principe de FRET (Fluorescence Resonance Energy Transfer), où le transfert d’énergie d’un fluorophore 1 vers un fluorophore 2 induit un signal, et de son alternative, le quenching, où le second absorbe la fluorescence du premier sans émettre de signal. Quidd travaille, toujours avec les équipes du Pr. Renard à l’Ircof, à des molécules encore plus sophistiquées, comme les molécules profluorescentes ou chémiluminescentes.

FXB Actulabo - Février 2012 27

Stratégies

ATLANTIC BONE SCREEN CONSTRUIT À ST-HERBLAIN Installée aujourd’hui dans des locaux appartenant à la faculté de pharmacie de Nantes, la biotech Atlantic Bone Screen (ABS), une spin-off de l’Inserm (UMR 597), créée en 2005, va engager un important programme immobilier. Ronan Le Bot, le président d’ABS, nous confirme que la société va en effet lancer la construction à St-Herblain, en banlieue nantaise, d’un bâtiment de 2 700 m². Cette plate-forme, qui accueillera une animalerie d’environ 1 000 m2, abritera les activités de CRO d’ABS, d’une seconde société sous contrat (Atlanchim Pharma), spécialisée dans la synthèse chimique de molécules, ainsi que celles d’Atlanthéra. Cette entité, nouvellement créée par Ronan Le Bot, regroupe le développement de produits candidats potentiellement indiqués dans le traitement des tumeurs rares des tissus osseux. L’ensemble représente 29 salariés pour un CA d’environ 1,4 M€ en 2011.

Atlantic Bone Screen, qui vient tout juste de faire entrer au capital un investisseur (Nantes Atlantique Innovation), à l’occasion d’une levée de fonds de 250 000 €, prépare une seconde augmentation de capital de 1,5 M€.

ONCODESIGN ET TACONIC S’ASSOCIENT EN PRÉ-CLINIQUE La CRO dijonnaise Oncodesign et l’américain Taconic, fournisseur de solutions en sciences de la vie, vont co-développer des solutions précliniques in vivo en oncologie en mettant en commun leur portefeuille, qui comprend des modèles précliniques murins mimant des tumeurs (Chi-Mice, OncoMouse…). Oncodesign et Tatonic proposeront également des technologies d’imagerie type IRM, mais aussi des services de recherche en pharmacologie in vivo et in vitro.

PPD RACHETÉE PAR DEUX FONDS La CRO américaine PPD vient d’être rachetée par les fonds d’investissement Carlyle et Hellman & Friedman pour un montant de 3,9 Md$, qui correspond à une valorisation de près de 30 % par rapport au cours de clôture du titre le 30 septembre :

28 Actulabo - Février 2012

suite à cette opération, l’action PPD ne sera plus cotée.

Basée en Caroline du Nord, PPD est présente dans 44 pays où elle emploie environ 11 000 collaborateurs.

LE CATALAN KYMOS S’ALLIE AVEC IPSEN La CRO catalane Kymos, spécialisée dans les services analytiques pour l’industrie pharmaceutique, les biotechs, la cosmétique et la nutraceutique, vient de signer un accord avec Ipsen aux termes duquel cette dernière accepte de faciliter l’intégration d’une équipe de huit scientifiques de Kymos. Celle-ci va rejoindre la plate-forme de R&D d’Ipsen

implantée à Sant Feliu de Llobregat, près de Barcelone. La CRO, qui est installée dans le parc scientifique de Barcelone (PCB), va notamment prendre en charge des projets de développement réglementaire dans le domaine des biotechnologies et des biosimilaires.

CETERO SE RENFORCE EN DERMATOLOGIE La CRO Cetero a renforcé de façon « significative » ses capacités d’études cliniques de produits dermatologiques et transdermiques sur quatre de ses sites (Miami, St-Louis, Toronto et Fargo), indique la société qui a également accru ses capacités dans le préclinique en se do-

tant de nouveaux équipements de chromatographie de masse (LC/MS et LC/UV). La CRO estime que ces nouvelles technologies vont lui donner la capacité d’évaluer in vitro le potentiel d’absorption transdermique de la plupart des composants pharmaceutiques qui font aujourd’hui l’objet de développements.

EUROFINS ET SPAULDING S’ASSOCIENT La CRO française Eurofins Optimed Clinical Research et l’américain Spaulding Clinical viennent de signer un accord de partenariat afin de collaborer sur des projets et d’offrir à leurs clients une gamme complète de services cliniques intégrés. Les services d’Eurofins – qui couvrent toute la palette des essais cliniques, de la phase I à la phase IV – et ceux de Spaulding, qui combinent à la fois des services de pharmacologie et la fabrication de dispositifs médicaux, se complètent parfaitement. L’association des deux CROs va également leur permettre de mailler le territoire mondial.

UCB SIGNE UN ACCORD AVEC PAREXEL Le belge UCB vient de passer un accord avec la CRO américaine Parexel pour soutenir ses activités de développement clinique.

Ce partenariat permettra notamment au belge d’étendre ses activités dans le domaine du développement de candidats médicaments, notamment en Asie, et de profiter de la plate-forme technologique eClinical de Parexel. UCB pourra également compter sur l’expertise-conseil de ce dernier en matière d’affaires réglementaires et de commercialisation.

Le match

/

Deux poids lourds qui font jeu égal

I

ncontestablement, Medicen Paris et Lyonbiopôle figurent au top des pôles de compétitivité français dédiés à la santé humaine. Puissance des ressources académiques et cliniques, appui des industriels, richesse et justesse des programmes de recherche, soutien des collectivités de leurs territoires respectifs : ces deux poids lourds tirent décidément dans la même catégorie : celle des géants à vocation mondiale.

Difficile cependant de mettre en évidence une quelconque suprématie de l’un sur l’autre… D’autant que chacun a choisi son terrain avec le plus grand soin. Ainsi, Lyonbiopôle a fondé son développement sur la recherche de nouveaux traitements des maladies infectieuses. Un parti-pris qui l’a conduit à présenter avec succès le dossier de création d’un Institut de recherche technologique (IRT) dans ce domaine : le projet a été reconnu par les pouvoirs publics dans le cadre du programme des Investissements d’Avenir (IA).

Medicen Paris, pour sa part, a fait le choix de la médecine translationnelle, c’est-à-dire de la décou-

David Sourdive, président de Medicen Paris

verte de nouveaux traitements fondée sur un processus intégré allant « de la paillasse jusqu’au lit du patient ». Au passage, le pôle s’appuie sur l’impressionnant potentiel francilien dans le domaine des sciences de la vie. Enfin, le pôle de compétitivité bénéficie des imposants plateaux hospitaliers et des ressources cliniques de l’AP-HP, trois d’entre eux étant de surcroît devenus des IHP (Instituts Hospitalo-Universitaires).

Epaule contre épaule, tête contre tête, ces deux pôles poursuivent leur quête vers la reconnaissance internationale. Un chemin déjà bien engagé si l’on énumère la liste des programmes internationaux de R&D auxquels Medicen Paris et Lyonbiopôle sont associés. Cette dimension collaborative a même conduit les pôles parisien et lyonnais à partager des ressources dans le cadre de l’IRT dédié à l’infectiologie. Dans les deux pages qui suivent, nous comparons, point par point, les forces en présence. Medicen Paris contre Lyonbiopôle : un match où il pourrait y avoir… deux gagnants.

Philippe Archinard, président de Lyonbiopôle

Stratégies

LE MATCH

Medicen Paris MEDICEN PARIS, UN PILIER DE LA MÉDECINE TRANSLATIONNELLE MOYENS

Depuis sa création en 2005, Medicen Paris Région a accompagné 55 projets de R&D collaboratifs, impliquant une centaine de PME et des « jeunes pousses » pour un budget global supérieur à 330 M€. Sur ce total, les fonds publics s’élèvent à 142 M€ et proviennent essentiellement de l’Etat (Fonds Unique Interministériel), des collectivités territoriales et notamment de la Région Ile-deFrance, d’Oseo et de l’Europe (FEDER). Par ailleurs, le pôle a labellisé 108 projets de l’ANR qui ont ainsi bénéficié de 34 M€ de financement pour un budget global de 72 M€. Last but not least , Medicen a parfaitement tiré profit des opportunités offertes par le programme public dit des Investissements d’Avenir ; près de 72 dossiers ont été sélectionnés pour un montant d’investissement de 720 M€ qui ont notamment permis la création de trois IHU (Instituts Hospitalo-Universitaires) : Imagine (CHU Necker, Université René-Descartes, Inserm) dédié aux maladies rares, l’Institut de Cardiologie métabolisme et nutrition (CHU Pitié-Salpêtrière, Inserm, Université Pierre et Marie Curie) et l’Institut de neurosciences translationnelles de Paris (CHU Pitié-Salpêtrière, Inserm, Université Pierre et Marie Curie).

MARCHÉS

Compte tenu de son approche transversale, le pôle Medicen Paris se positionne sur quatre grands marchés de la pharmacie traditionnelle et des biomédicaments : les maladies infectieuses, les cancers au sens le plus large, les maladies neuro-dégénératives sensorielles et psychiatriques ainsi que les maladies cardio-vasculaires.

OBJECTIFS ET PROGRAMMES

Le positionnement de Medicen l’amène à jouer de sa faculté de levier dans le domaine de l’imagerie médicale via des projets auxquels participent de grands industriels implantés en Ile-de-France tels que GE Medical, Siemens, Philips, Guerbet, ainsi que CISbio International. De nombreux projets de R&D sont également engagés dans le domaine du criblage des molécules et de la génomique (AMBRe, Barrières, Cremec, ETICS, TMB), des biomarqueurs (Servier, Biotype, Predican, Hexocan, DivRescue), des dispositifs médicaux ainsi que de la thérapie génique (CardioCell, Form4Kids, Horus, Ingecell, Immucan, StemRed, Cellectis).

ADHÉRENTS ET GOUVERNANCE

Medicen Paris Région compte aujourd’hui 195 membres actifs auxquels s’ajoutent plusieurs dizaines d’associés et de partenaires. Cette collection de membres actifs comprend une petite quinzaine de grands industriels (Air Liquide, Sanofi, Servier, LFB, GSK, Ipsen, Innothera) et plus d’une vingtaine de plates-formes de recherche publique et académique. Medicen a connu en octobre dernier un changement de président : David Sourdive, le co-fondateur de Cellectis, a remplacé au pied levé Emmanuel Canet, le président de la R&D du groupe Servier qui a souhaité mettre un terme à un mandat qui n’expirait qu’en février 2012.

30 Actulabo - Février 2012

Lyonbiopôle LYONBIOTECH S’APPUIERA SUR L’ACQUIS LYONBIOPÔLE Le modeste budget annuel de 2,5 M€ du pôle de compétitivité de Lyonbiopôle est sans comparaison avec les quelque 800 M€ que devrait dépenser d’ici au début de la prochaine décennie l’Institut de recherche technologique (IRT) LyonBioTech, que porte le pôle lyonnais avec l’Institut Pasteur.

L’Etat s’est engagé à octroyer 89 M€ de subventions – ou dotation consemptible – et 300 M€ au titre d’une dotation non consemptible (dont seuls les intérêts seront disponibles) pour alimenter durant les neuf ou dix prochaines années le budget d’exploitation de LyonBioTech, soit une enveloppe globale d’environ 180 M€.

Les partenaires privés apporteront entre 400 et 450 M€ et les collectivités locales (Grand Lyon et région Rhône-Alpes) environ 50 M€. Avec les revenus de licence et les contrats de recherche initiés par l’IRT, le bilan produits/charges devrait s’équilibrer autour de 800 M€.

A Lyon-Gerland, un centre d’infectiologie a été ouvert en avril 2009 : il compte 1 920 m2 de laboratoires composés de 7 modules et de services mutualisés. A côté va s’élever la plate-forme AcCinov, 6 000 m2 de plateaux techniques destinés à héberger les prestataires de l’IRT. La première pierre devrait être posée en juin 2012 pour une livraison un an plus tard.

L’IRT Lyon BioTech est positionné sur un marché global en forte croissance qui atteignait 109 Md€ en 2010. Il doit conforter le leadership français en infectiologie et permettre de se positionner rapidement sur les nouveaux segments porteurs de la bioproduction.

L’IRT Lyon BioTech a pour ambition la prise en charge globale des pathologies d’origine infectieuse.

Après le pôle de compétitivité en infectiologie Lyonbiopôle, qui a labellisé 92 projets dans les domaines des maladies infectieuses et l’oncologie pour un engagement d’investissement de 470 M€, l’IRT va conduire des recherches dans trois domaines : les nouvelles thérapies et les vaccins (Sanofi Pasteur) ; les diagnostics en temps réel (BioMérieux) ; le microbiote comme indicateur et produit de santé (Danone).

Le projet, ambitieux, est de créer 10 000 emplois directs et indirects : près de 40 000 m2 de bâtiments devraient être construits, à terme, sur le site de Lyon Gerland.

Lyonbiopôle compte déjà une bonne centaine d’adhérents, dont 81 PME et filiales de grands groupes, 4 industriels majeurs (Sanofi Pasteur, Merial, BioMérieux et Danone) et 15 centres de compétences publics. Il est présidé par Philippe Archinard, CEO de Transgene, filiale biotech de BioMérieux.

Avec Jacques Berger, l’IRT LyonBioTech s’est doté d’un directeur général en provenance de Sanofi Pasteur.

Actulabo - Février 2012 31

En direct des usines

Grange Castle au cœur de la Près de 2 Md€ ont été engagés par Pfizer au profit de son usine irlandaise de Grange Castle, près de Dublin.

Ce site de bioproduction de 1 200 salariés va bénéficier de nouveaux volumes générés par l’extension d’indication du Prevenar 13, un vaccin contre les pneumocoques.

32 Actulabo - Février 2012

A

ffaibli par la tombée dans le domaine public du Lipitor, le n°1 mondial tente de reprendre l’avantage dans les biothérapies et en particulier dans le domaine de l’immunothérapie. Pfizer souhaite démontrer la pertinence de sa démarche aux yeux des marchés. En novembre dernier, la direction européenne a ainsi ouvert à un aréopage de journalistes les portes de son gigantesque site irlandais de Grange Castle, une ex-plate-forme Wyeth de 1 200 salariés, dont près de 500 en production.

Celle-ci, située à une vingtaine de kilomètres de Dublin, a bénéficié au total et depuis une dizaine d’années « d’environ 2 Md€ d’investissement », nous indique un porte-parole de la direction. Le pari industriel est très ambitieux.

C’est cette usine qui devrait principalement accompagner les am-

bitions affichées – mais aux nier sur le site de Grange Castle contours encore flous – de Pfizer un programme d’investissement dans le domaine des vaccins. Elle de plus de 145 M€, « qui va nobénéficiera rapidement de l’exten- tamment nous permettre de plus sion d’indication accordée en oc- que doubler la capacité de protobre dernier au Prevenar 13, un duction de composants glycoconvaccin préventif des affections in- jugués » nous indique Enda Moran, le directeur des vasives provoquées Des infections activités de manufacpar les pneumocoresponsables de turing du site. ques (streptococcus 1,6 million de décès Rappelons qu’un pneumoniae). chaque année composé glycoconJusqu’alors, ce vacdans le monde jugué combine des cin, qui dispose d’un spectre large – 13 sérotypes glucides – des polysaccharides identifiés représentant la très dans le cas d’espèce – à d’autres grande majorité des affections par types moléculaires (protéines ou pneumocoque –, n’était adminis- peptides). Les polysaccharides, tré en Europe et aux Etats-Unis qui constituent les principaux qu’aux enfants. Mais en vertu de composants du vaccin, ne sont pas l’autorisation accordée par produits en Irlande « mais par l’agence européenne, le Prevenar d’autres usines Pfizer situées aux 13, le seul vaccin conjuguant des Etats-Unis ». polysaccharides à la protéine vec- En revanche, la finition et notamtrice CRM197, pourra être délivré ment le remplissage stérile des seaux patients âgés de 50 ans et plus. ringues est bien effectué à Grange Le franchissement de ce seuil est Castle par une seule ligne de remde nature à doper les ventes, plissage aseptique ultra-automaticompte tenu de la prévalence des sée, dotée d’un système vidéo de infections invasives (pneumonies, contrôle à 100 % des doses. Cet méningites) touchant cette frange unique exemplaire sera, à terme, de la population. Des infections renforcé par une seconde ligne de responsables de 1,6 million de dé- conditionnement, « indépendamcès chaque année dans le monde ment des résultats commerciaux et qui entraînent 10 Md€ de dé- enregistrés par le Prevenar 13 », penses annuelles pour les seuls poursuit Enda Moran qui esquive régimes sociaux européens. Afin les questions portant sur les vod’accueillir début 2012 la fabrica- lumes produits et sur les prévition du Bo Prevenar, la direction de sions de capacité des équipeHilligsoe Pfizer a engagé en septembre der- ments de remplissage.

stratégie vaccins de Pfizer

tout au long de la durée de vie des traitements et notamment du Prevenar 13, il est prévu d’optimiser et donc de modifier la structure des composés glycoconjugués, « des modifications qui, lorsqu’elles suscitent trop d’écarts avec le dossier d’autorisation initial, peuvent nous conduire à engager des études cliniques complémentaires », indique Enda Moran.

Pour le retour sur investissement, il faudra donc patienter. L’usine de Grange Castle ne fabrique que deux produits à ce jour : le Prevenar 13 et l’Enbrel, un traitement vedette de l’arthrite rhumatoïde. « A terme, nous devrions pouvoir compter sur trois autres produits dont un vaccin aujourd’hui en phase de développement », espère le directeur de la production de Grange Castle. La plate-forme irlandaise dispose naturellement du savoir-faire et des capacités pour

accueillir d’autres fabrications et notamment celles d’anticorps.

Toutefois, « il est toujours très difficile de mutualiser des équipements pour ces projets de bioproduction », souligne un porteparole du groupe.

Jean-Christophe Savattier, à Dublin

Les chiffres clés de Pfizer à Grange Castle • Plus de 100 000 m2 de surface industrielle • Plus de 1 100 salariés, 19 nationalités différentes • 4 quatre zones de fabrication • 14 laboratoires de contrôle qualité

EN BREF

En effet, les résultats commerciaux ne semblent pas garantis, compte tenu des pratiques de prescription en vigueur ainsi que de la variabilité des prises en charge de ce produit par les régimes sociaux européens. En France, une dose de ce vaccin est commercialisée au prix de 85 € et, à l’heure où nous écrivons ces lignes, des discussions étaient en cours avec les autorités de régulation afin d’obtenir le remboursement du produit par la Sécurité Sociale.

Par ailleurs, l’usine de Grange Castle peut s’appuyer sur une très importante plate-forme de développement et de caractérisation des composés des bioproduits « qui fonctionne en réseau avec l’ensemble des plates-formes de développement du groupe », affirme Nick Maishman, le directeur des activités parentérales de Grange Castle.

Cet appui est essentiel puisque,

UN MARCHÉ QUI ATTEINDRA LES 20 MD$ EN 2015 Selon le consensus des analystes, le marché mondial du vaccin devrait avoisiner les 20 Md$ en 2015. A ce jour, ce segment est occupé à hauteur de 25 % chacun par GSK et Sanofi Pasteur. Pfizer se hisse à la troisième place avec une part de marché de 18 %, devant Merck (environ 15 %) et Novartis (8 % suite à l’acquisition de Chiron).

La direction de Pfizer rappelle que, globalement, la production de vaccins représente un enjeu industriel de première importance pour l’Europe : 90 % des capacités de production, deux tiers des salariés et deux tiers des projets de R&D (79 sur 123) relatifs aux vaccins sont implantés sur le Vieux Continent alors que ce dernier ne représente qu’un tiers du marché mondial, selon les chiffres fournis par l’EVM (European Vaccine Manufacturers).

Actulabo - Février 2012 33

En direct des usines

GSK investit 600 M€ dans «U

EN BREF

Le site de production de vaccins de GSK Biologicals, situé à St-Amand-les-Eaux, a été inauguré le 15 décembre dernier.

Un investissement stratégique pour faire face à la demande croissante.

Les chiffres clés de GSK Biologicals • 5 Md€ de ventes en 2010 (17 % du CA de GSK).

• Leader mondial avec 29 % de part de marché.

• 12 000 collaborateurs, dont 1 600 chercheurs.

• 30 vaccins commercialisés, 20 en phase d’essais cliniques.

• 1,4 milliard de doses de vaccin fournies dans le monde.

• 179 pays approvisionnés.

• 15 sites de production dans le monde.

34 Actulabo - Février 2012

n albatros d’acier que ensuite : la commune est sidans un écrin de tuée près des sites belges de Waverdure » : C’est vre et de Rixensart, ainsi que du ainsi qu’Alain Bocquet, maire de siège mondial de la division vacSt-Amand-les-Eaux (59), a qualifié cins du groupe, toujours en Belle site de GSK Biologicals, inau- gique. guré en décembre Enfin, les aides de La nouvelle unité est dernier en prél’Etat et l’accueil lodédiée à la production sence d’élus local ont joué un rôle secondaire, la caux, de sa direcclé : la CAPH (Comproduction primaire trice, Géraldine munauté d’aggloétant assurée par Vetterhoeffer, du mération de la Porte les usines belges vice-Président de du Hainaut) a apde GSK Biologicals GSK Biologicals, porté 10 M€ au proChristophe Weber, et de Jean-Yves jet, le Feder (Fonds européen de Lecoq, vice-président de GSK développement régional) 1,8 M€ France. Le groupe a profité de l’oc- et l’Etat, 3,37 M€. Des aides qui casion pour rappeler qu’il est le n’ont certes représenté que 2 à 1er laboratoire international en 3 % de l’investissement total mais France, avec deux sites de re- qui ont servi de déclencheur à cet cherche et quatre sites de produc- important projet industriel. tion sur le territoire. Entre 2006 et Plus de 600 personnes travaillent 2011, GSK a investi 1 Md€ dans sur place : 570 employés GSK auxl’Hexagone, dont 600 M€ à St- quels viennent s’ajouter des intéAmand, afin de créer une unité de rimaires et consultants. A terme, 800 collaborateurs sont attendus... pointe.

Plusieurs sites étaient en compéti- dont plusieurs anciens salariés des tion et, selon Christophe Weber, le industries automobile, sidérurchoix de la France, annoncé en gique et métallurgique : « Nous juillet 2006, a reposé sur trois cri- avons misé sur le développement tères déterminants. La qualité de la main d’œuvre tout d’abord : en 2002, le rachat de Sterilyo, situé à St-Amand et spécialisé dans les vaccins injectables et lyophilisés, a permis à GSK Biologicals d’acquérir le savoir-faire des équipes en place. La localisation géographi-

des compétences, la région NordPas-de-Calais n’étant pas un bassin historique de l’industrie pharmaceutique », justifie Géraldine Vetterhoeffer qui entend « développer les partenariats locaux et intégrer les fournisseurs autour du site ». Franck-Olivier Lachaud, sous-préfet de Valenciennes, affiche sa volonté d’implanter une nouvelle filière dans la région : « Il fallait une locomotive pour qu’il y ait des wagons : cette locomotive, c’est GSK ». L’enjeu, maintenant, est d’attirer les sous-traitants et de « créer un nouvel horizon économique ».

La nouvelle unité nordiste de GSK Biologicals est dédiée à la production secondaire (formulation, remplissage aseptique, lyophilisation, conditionnement) de vaccins ; la production primaire, autrement dit la fabrication des antigènes, est assurée par les usines belges du groupe. Cinquante millions de doses de vaccins pédiatriques (Synflorix, InfanrixHexa, Infanrix Polio...), de vaccins de la gamme adultes et

le Nord pour les vaccins citer en exemple le Rotarix, vendu entre 30 et 50 € en Europe, mais 2,5 $ la dose avec l’Unicef : « Sur ces types d’accord, nous acceptons de ne plus faire de marge ».

Avec sept milliards d’habitants sur

prioritaires de l'OMS : VIH, tuberculose, paludisme. Concernant le vaccin contre le paludisme, les premiers résultats des études cliniques sont prometteurs, avec un risque réduit de moitié. Si les der-

être atteinte d’ici à 2014 ou 2015.

La vingtaine de vaccins qui seront à terme produits sur place sont destinés à 125 pays, en Europe mais aussi émergents via l’Unicef et le Gavi (Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation) : plus de 70 % des volumes du groupe ont été distribués dans ces régions en 2010.

Pour Christophe Weber, « GSK Biologicals mène depuis longtemps une politique de prix très différenciés », qui permet d’assurer l’accès auprès d’organisations qui achètent des vaccins pour le compte de nombreux pays. Et de

terre et une progression du niveau de vie, la demande mondiale en vaccins va augmenter. IMS Health prévoit un marché de 30 Md$ d’ici à 2015. Côté challenges, le nombre de clients à servir est important et chacun a des besoins particuliers. Sans parler de la concurrence, de plus en plus forte... Résultat, l’optimisation des capacités de production, la formation et l’innovation sont clés pour rester compétitifs.

Le pipeline de GSK Biologicals est bien fourni, avec vingt candidats.

Le groupe travaille notamment sur les trois maladies infectieuses

nières données de phase III sont satisfaisantes, les premiers lots d’enregistrement seront fabriqués à l’usine de St-Amand dès cette année. Parmi ses autres projets novateurs, le groupe cite plusieurs vaccins en phase III : zona, tétravalent contre la grippe, vaccin thérapeutique contre le mélanome et le cancer du poumon. Son vaccin contre la dengue, en phase II, est en retard sur celui de Sanofi Pasteur, mais le groupe se dit confiant dans son potentiel élevé.

Valérie Moulle

L’unité nordiste de GSK Biologicals est dédiée à la production secondaire (formulation, remplissage aseptique, lyophilisation, conditionnement) de vaccins.

EN BREF

adolescents (Cervarix, Engerix B, Fluarix…) et de vaccins de prévention/voyage (Engerix B, Havrix, Twinrix) sont conditionnés sur place, pour une capacité totale de 300 millions de doses qui devrait

Les chiffres clés de St-Amand • 7 bâtiments de 25 000 m².

• 600 M€ investis.

• 600 collaborateurs dont 200 hautement qualifiés.

• Site dédié à la production secondaire de vaccins.

• Capacité de production annuelle : 300 millions de doses.

• Vaccins vendus dans 125 pays.

Actulabo - Février 2012 35

En direct des usines

Expanscience verdit son L

A Epernon, dans l’ouest parisien, Expanscience vient d’investir 23 M€ dans une plateforme d’extraction de principes actifs naturels de dernière génération qui va lui permettre de soutenir une politique de réduction des impacts environnementaux très volontaire.

Jean-Paul Berthomé, président des laboratoires Expanscience.

36 Actulabo - Février 2012

e laboratoire Expanscience, positionné à la fois sur les marchés de la dermo-cosmétique et de la pharmacie de spécialités (rhumatologie, dentaire), vient de doter son unique plateforme de production (270 salariés, environ 4 ha couverts) de nouvelles capacités d’extraction de principes actifs d’origine naturelle : cette unité est installée à Epernon, une petite commu-

ne de la plaine beauceronne située « Ces capacités vont nous permetentre Chartres (28) et Rambouillet tre d’assurer notre développement à l’international qui va s’accélé(78).

A l’issue d’un investissement de rer suite à notre demande d’enre23 M€ et de deux ans de travaux, le gistrement de ce produit auprès groupe a réceptionné un bâtiment de l’Agence européenne du médicament (EMEA) », d’environ 5 000 m2.

Notre objectif est poursuit Jean-Paul Celui-ci accueille de réduire de 20 % Berthomé qui antiune ligne flambant notre dépense cipe déjà les perspecneuve d’extraction en énergie, eau tives commerciales des concentrats de et production de postérieures à l’ensoja et de préparadéchets d’ici à 2015 trée en service du tion d’insaponifiables de soja et d’avocat, deux com- module d’extraction. A l’heure où posants entrant dans la compo- nous écrivons ces lignes, le lancesition du Piasclédine : ce traitement ment de la production est prévu de l’arthrose, conditionné in situ pour le dernier quadrimestre 2012, en gélules, a donné à Expans- date à laquelle est également procience l’opportunité de revendi- grammé l’arrêt de l’actuelle proquer une position leader sur ce duction : une partie de la surface de la plate-forme a, en effet, été résegment de marché. « Ce programme répond à servée pour l’éventuel déploieune triple ambition, nous ment d’une seconde ligne qui sera indique Jean-Paul Ber- aussi dédiée à l’extraction et à la thomé, le président des la- préparation d’insaponifiables de boratoires Expanscience. soja et d’avocat.

Nous allons d’une part Enfin, et ce n’est pas le moindre accroître notre capacité des enjeux, la construction de cette de production de 30 % unité illustre la stratégie du laborapar rapport à l’an- toire dans le domaine du dévelopcienne ligne exploitée pement durable et de la responsaen 5 jours/7 ». Si, à l’ave- bilité sociétale qui « s’est déjà nir, le nouvel équipe- traduite par un certain nombre ment était utilisé en d’engagements précis », affirme le continu (7 jours/7), la capacité président. « Un tel équipement va s’éleverait de facto à 25 millions contribuer à la réalisation de l’obde boîtes contre 19 millions au- jectif de réduction de 20 % de notre dépense en énergie, eau et projourd’hui.

duction de déchets que nous souhaitons atteindre à Epernon d’ici à 2015 », estime Karen Lemasson, responsable du développement durable chez Expanscience. Cette politique s’inscrit dans une stratégie plus générale de réduction de 20 % des émissions de GES (gaz à effet de serre) attendue sur la période 2008-2015.

Pour parvenir à ces fins, la direction du laboratoire n’a pas lésiné sur les moyens. Dès la conception du process qui emprunte – au cours d’un cycle de production d’environ 48 h – diverses étapes, de la distillation à la désodorisation en passant par des phases de séchage-étuvage, les contraintes relatives à l’objectif de moindre consommation des différents flux énergétiques ont été soigneusement intégrées. Le procédé, qui se déploie dans un bâtiment aux normes ATEX, s’appuie ainsi sur des colonnes d’extraction/ évaporation à flots tombants de grande hauteur (plus de 17 m) qui

permettent de réduire la consommation d’eau. Naturellement, les architectes du bâtiment ont dû conformer son gabarit à ces tailles hors norme.

Autre exemple de ce parti-pris environnemental, la plate-forme de production – qui s’appuie sur un système de contrôle et de pilotage informatique centralisé – comporte, greffés à l’extérieur du bâtiment, deux équipements de grande hauteur (skids) qui servent au recyclage des solvants. « Cette infrastructure a représenté, à elle seule, un investissement de 2 M€.

Elle illustre la philosophie ultramodulaire qui a présidé à la conception du bâtiment », nous explique Fabrice Coriton, directeur de la production chez Expanscience.

Lorsque ce dernier aura réussi à réduire à zéro les volumes de solvants utilisés – un objectif clairement affiché –, il ne restera plus qu’à démonter cet équipement

sans compromettre l’ensemble du process. « Le surcoût de la construction d’une telle unité de production par rapport à une plateforme plus classique, de l’ordre sans doute de 15%, reste soutenable » nous confie Jean-Paul Berthomé qui suggère que l’avance prise sur les impérieuses exigences réglementaires «ne fait qu’anticiper l’inéluctable durcissement des normes environnementales auquel doivent se préparer les industriels ».

Le président d’Expanscience reste raisonnablement optimiste quant aux perspectives de développement du Piasclédine. Certes, ce dernier pourrait à terme être concurrencé par des traitements plus innovants : « Il y a toujours des risques, mais le très bon bilan de ce produit sur le front de la pharmacovigilance constitue un bel atout différenciateur ».

Jean-Christophe Savattier

EN BREF

usine d’Epernon

Les chiffres clés d’Expanscience • 233 M€ de CA en 2010 • 5,3 % du CA investi en R&D • 923 collaborateurs • 48,8 millions de produits fabriqués

Actulabo - Février 2012 37

En direct des usines

Daiichi-Sankyo fait mous C’

Le japonais, qui entend fortement progresser sur les marchés européens et aux Etats-Unis, va doper les capacités de son usine bavaroise de Pfaffenhofen.

Celle-ci est également bien placée pour accueillir une plate-forme de bioproduction.

est à Pfaffenhofen, au médicaments indiqués dans le traicœur de la Bavière et à tement des affections cardiovascuune soixantaine de ki- laires (Pravastatin), des pathologies lomètres au nord de Münich, que le infectieuses (Luivac) ou de l’hyperjaponais Daiichi-Sankyo exploite tension (Metoprolol). une importante unité industrielle Ce développement s’est accompaemployant 403 colgné d’une spécialisaDeux nouvelles laborateurs. « Il s’ation radicale puisque comprimeuses Fette, git de la seule usine les capacités de fabridont l’une à grande cation de semi-solides globale de cette vitesse, seront importance située (huiles), historiqueinstallées hors de l’archipel ment déployées par nippon où le groupe compte six Luitpold-Werke, ont été cédées en usines », indique Frank Knefeli, le 2010 à Stada ; ce dernier continue directeur d’une plate-forme indus- d’ailleurs à les exploiter sur place trielle acquise en 1990 auprès du la- dans un bâtiment dédié. boratoire Luitpold-Werke.

Fer de lance des ambitions euroDepuis cette date, le site dédié aux péennes du groupe – le QG de formes solides orales (comprimés Daiichi-Sankyo Europe a été établi simples et enrobés) n’a eu de ces- à Münich –, Pfaffenhoffen réalise se de croître grâce aux apports aujourd’hui environ 70 % du CA ensuccessifs de produits tels que les registré par la filiale ; celui-ci detraitements de l’hypertension vrait s’élever à 800 M€ au 31 mars Omersartan et 2012, un chiffre auquel il convient Benicar – la d’ajouter les 300 M€ de génériques marque de vendus par l’indien Ranbaxy, entré l’Omersar- dans le périmètre de Daiichi-Santan aux kyo en mai 2008.

E t a t s - Au 31 mars 2011, à l’issue de l’exerUnis – cice à cheval sur deux années ciainsi viles, Daiichi-Sankyo Europe avait que enregistré – hors Ranbaxy – une des facturation de 670 M€.

Afin d’accompagner cette croissance et anticiper le lancement de produits très prometteurs – notamFranck Knefeli ment l’edoxaban, un anticoagulant de dernière génération présenté

38 Actulabo - Février 2012

comme un futur blockbuster et déjà commercialisé au Japon depuis cet été –, le groupe affûte son outil industriel bavarois. Au prix d’un investissement d’environ 20 M€, la direction vient, en effet, d’engager l’extension des capacités de production qui devraient, à terme, s’élever à 4 milliards d’unités par an, contre 2,7 milliards d’unités aujourd’hui.

Le projet va notamment se traduire par l’installation de deux nouvelles comprimeuses Fette – quatre sont actuellement en piste – dont l’une à grande vitesse (Fette 3090, qui débite 450000 comprimés à l’heure), ainsi que par le déploiement d’un nouvel équipement de granulation. L’ensemble de ces installations continuera à être exploité en deux équipes. La direction du site, qui bénéficie d’un agrément FDA régulièrement renouvelé, prévoit

ser son usine bavaroise

également d’étoffer le conditionnement (blister alu et PVC) via l’installation d’une nouvelle ligne susceptible de porter rapidement les capacités annuelles de 27 millions à 31 millions de boîtes. Ces dernières devraient continuer à être exploitées en trois équipes 5 jours/7. « Nous sommes en ordre de marche pour accompagner le développement commercial du groupe sur le moyen et le long termes. Nous avons aussi su faire preuve de réactivité lorsqu’il s’est agi d’assurer l’accueil de certaines fabrications de l’usine de Hiratsuka, au Japon, transférées suite à la catastrophe de Fukushima », explique Reinhard Bauer, le CEO de DaiichiSankyo Europe.

L’usine de Pfaffenhofen pourrait aussi bénéficier du lancement du tivantinib (ARQ-197), un traitement du cancer du poumon non à petites

du pipe de Ranbaxy. Le site de Pfaffenhofen semble idéalement positionné, mais la direction industrielle étudie aussi la possibilité d’implanter l’unité en Alsace, plus précisément à Altkirch (68) où le groupe exploite un site d’API et de produits biologiques d’environ 40 salariés. « Rien n’est encore arrêté, convient le CEO de la filiale européenne qui juge toutefois que Pfaffenhofen dispose indéniablement de nombreux atouts »…

Jean-Christophe Savattier, à Pfaffenhofen

Les chiffres clés de Daiichi-Sankyo • 8,55 Md€ de CA 2010-2011 (6,9 % réalisés en Europe) • 620 M€ de résultat net • 1,72 Md€ de dépenses de R&D • 30 488 collaborateurs, dont 2 484 en Europe

EN BREF

cellules qui se trouve aujourd’hui en début de phase III. Le groupe nippon a, en effet, l’intention « de devenir un acteur majeur dans le domaine des anticancéreux d’ici à 2015 » indique Reinhard Bauer.

Cette ambition s’est traduite par le rachat de plusieurs biotechs, dont l’américaine Plexxikon (pour 800 M$) et l’allemande U3 Pharma, une jeune pousse münichoise qui développe un anticorps (U3-1287) de dernière génération (anti HER3). Ce programme, développé avec Amgen, se trouve aujourd’hui aux portes de la phase II. Last but not least, l’usine bavaroise est aussi candidate à l’accueil d’une plate-forme de production de biomédicaments, et notamment d’anticorps, que le japonais souhaite implanter en Europe au terme d’un investissement industriel compris en 20 et 25 M€. Elle produirait des produits de prescription mais aussi des biosimilaires sans doute issus

Reinhard Bauer, CEO de Daiichi-Sankyo Europe.

PRÉVISIONS PRUDENTES EN EUROPE Reinhard Bauer, le CEO de Daiichi-Sankyo Europe, s’est montré préoccupé par l’évolution réglementaire du médicament en France, premier marché européen de la pharma japonaise avec près de 116 M€ de ventes prévus à fin mars 2012. « Auparavant, les autorités de régulation imposaient lors du lancement des produits des prix parmi les plus bas en Europe mais ne revenaient pas sur cette décision initiale. Désormais, nous subissons aussi des baisses de tarifs inopinées qui compromettent les perspectives de développement de notre filiale française et nous empêchent d’établir des prévisions fiables ». Cette évolution, qui ne semble pas épargner d’autres pays européens, a conduit Daiichi-Sankyo à réviser ses hypothèses de croissance en Europe. Pour 2012-2013, le groupe devrait se maintenir à 800 M€ de ventes – hors Ranbaxy – contre 900 M€ prévus initialement.

Actulabo - Février 2012 39

En direct des usines

Bausch & Lomb développe S

A Aubenas, 80 % des collyres produits par l’usine Bausch & Lomb sont destinés aux îles britanniques.

L’usine ardéchoise est considérée plus compétitive que celle de Romford, près de Londres, qui les a produits jusqu’en 2002.

Cette année, Aubenas s’attaquera aux marchés d’Europe du Sud. Des investissements ont été engagés pour réussir ce nouveau pari industriel.

on industrie n’est pas en forme. De la lingerie Lejaby, placée en liquidation, à l’usine de fabrication d’enveloppes GPV, en redressement judiciaire, les usines ardéchoises font grise mine. Avec 192 salariés – auxquels s’ajoutent environ 130 travailleurs intérimaires –, et 4 créations de poste à venir dans l’année, l’usine de fabrication de collyres du groupe américain Bausch & Lomb à Aubenas fait exception. Alors que le groupe licenciait des collaborateurs il y a tout juste dix-huit mois (le siège français du groupe à Montpellier s’est séparé de 38 salariés), « nous avons opéré ici une vingtaine d’embauches entre 2008 et 2010, explique le directeur de site Manuel Logrado. Nous sommes plutôt un secteur porteur pour le groupe. La partie pharma (le groupe est également axé sur les secteurs de la chirurgie et de la contactologie, NDLR) tend aujourd’hui à faire jeu égal avec la contactologie qui représente Manuel Logrado environ

40 Actulabo - Février 2012

40 % du chiffre d’affaires du core trop peu présents en Europe du Sud et au Maghreb, Aubenas groupe en France. » Le site ardéchois compte 700 m² présentera cette année un noude salle blanche pour la produc- veau collyre plus adapté à ces martion de ses collyres. C’est sur sa chés. Les autres produits usinés à gamme Minims, aujourd’hui dé- Aubenas sont des collyres antiseptiques en streap clinée en vingt-deux Nous produisons (80%) et flacon (20%), formules, que l’Amé56 millions de davantage dédiés au ricain compte pour doses et travaillons marché français, développer ses parts à être plus comme le Désoméde marché. « Nous compétitifs dine ou l’Aqualarm, produisons 56 millions de doses et travaillons à être représentant un total de 117 milplus compétitifs. Nous visons une lions de doses. progression à moyen terme de 5 à Par rapport aux autres sites de 10 % », explique Cédric Azéma, le production de collyres allemand, directeur de production. Minims américain et chinois, l’usine franest une gamme principalement çaise est « une fois et demie plus dédiée aux hôpitaux du Royaume- petite que celle de Berlin qui desUni et d’Irlande. Elle représente tine ses produits à la Russie et aujourd’hui « 80 % de notre chiffre l’Europe de L’Est. Notre producd’affaires. C’est un produit très tion est équivalente à celle de FloCommonwealth qui n’est pas ride, mais notre CA est plus faible adapté au marché français parce en raison des prix de vente », déqu’il est trop cher pour être rem- crypte le directeur ardéchois des boursé. Mais nous espérons un anciens laboratoires Chauvin, rajour changer çà », complète Ma- chetés en 2000 par le groupe établi à Rochester (Etat de New-York). nuel Logrado.

Pourquoi produire en France un Dans ce territoire rural d’Ardèche, produit dédié au marché britan- proche de l’autoroute A7, Bausch nique ? « Le groupe a décidé en & Lomb a également décidé de 2002 de délocaliser les activités développer ses capacités logisde l’usine de Romford (banlieue tiques en procédant à une extende Londres, NDLR) vers l’unité sion de 1 100 m² de son espace de d’Aubenas, considérée alors com- stockage. me plus compétitive », répond le Un investissement de 2,5 M€ qui directeur du site ardéchois. Les vient s’ajouter à une somme équicollyres Bausch & Lomb étant en- valente consacrée chaque année

ses collyres à l’export Les chiffres clés de Bausch & Lomb

au renouvellement de l’outil industriel. Le tout sera opérationnel en mai prochain. « Après une étude sur les différents sites européens du groupe en 2010, trois centres d’excellence logistique ont été choisis (le groupe en comptait

onze auparavant, NDLR) : Berlin, Milan et Aubenas », explique Manuel Logrado.

Désormais, outre les collyres qu’elle fabrique à destination de l’Europe du Sud et du Maghreb, l’entreprise livre elle-même des

sprays et autres pommades qu’elle ne produit pas sur site. Comme l’avait révélé Actu Labo n°179, Bausch & Lomb investira, en 2012, 5 M€ pour étendre les possibilités de ses sites d’Aubenas, Toulouse et Montpellier.

Guillaume Mollaret

EN BREF

• Plus de 2 Md$ de CA • Plus de 13 000 salariés dans le monde • Rachat des Laboratoires Chauvin en 2000, 220 M€ de CA et plus de 700 collaborateurs en France (chiffres 2008)

Actulabo - Février 2012 41

En direct des usines

B. Braun Medical veut percer dans les poches

EN BREF

La branche stomie du groupe allemand est en passe d’accroître de près d’un tiers la capacité de production de son site de St-Jean-de-Luz. Un programme destiné à accompagner la demande des pays émergents.

Les chiffres clés de B. Braun Medical St-Jean-de-Luz • 200 salariés • 11 000 m2 de surface, dont une salle blanche de 800 m2 • Entre 35 et 40 millions de produits fabriqués par an dont 70 % à l’export • 16 M€ investis sur la période 2010-2015

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S

pécialisée dans la fabrication de dispositifs de stomies digestives et urinaires, l’usine B. Braun Medical de St-Jean-de-Luz (64) vient d’engager un important chantier de développement capacitaire. Jean-Philippe Cottenceau, le directeur d’une unité de 200 salariés promue plate-forme d’excellence par le groupe allemand, nous confirme que 16 M€ vont être engagés dans l’extension des capacités, sans doute de l’ordre de 30 %. « Nous fabriquons aujourd’hui 40 millions de poches dans le Pays Basque, l’objectif est de produire 10 millions supplémentaires d’ici à 2015 », décrit ainsi Jean-Philippe Cottenceau. La partie immobilière de ce programme – qui a déjà amené B. Braun Medical à doubler la surface dédiée à la production – s’est traduite par un investissement de 4 M€ auquel s’ajoutera une enveloppe de 12 M€ consacrée à des équipements industriels.

Cet investissement est motivé par deux raisons principales : d’une part, B. Braun Medical veut exploiter industriellement une innovation développée par la cellule R&D de l’usine, conduisant à la mise sur le marché de la gamme Flexima Active, une poche « une

pièce » qui améliore le confort des patients grâce au protecteur cutané Skin Tech.

Les chercheurs de B. Braun ont, en effet, travaillé sur la composition de la « gomme » composée de différents polymères malaxés en amont du process, qui donne un aspect « seconde peau » très cohésif au système permettant de faci-

ment constaté sur des marchés plus matures où, à l’inverse, les progrès de la chirurgie et de la prise en charge de certaines pathologies (cancers du colon, maladies de Crohn) réduisent l’utilisation des dispositifs de stomie.

Pour mieux percer à l’export, B. Braun Medical, qui détient 5 % d’un marché mondial estimé à

liter la fixation de la poche sur l’épiderme. Par ailleurs, l’usine de St-Jean-de-Luz, qui exporte plus de 70 % de ses volumes, mise beaucoup sur les perspectives offertes par les marchés du grand large. « L’avenir, ce sont les pays émergents », plaide Jean-Philippe Cottenceau, qui souligne que « les progrès de la prise en charge des malades dans ces pays sont impressionnants ». Le responsable de l’activité stomie précise, par exemple, que la croissance des ventes en Russie s’est élevée à 50%. Elle devrait venir plus que pallier le tasse-

1,3 Md€, prône des approches « qualité-prix » adaptées à la solvabilité des pays cibles. « Nous réservons nos produits d’entrée de gamme aux nations émergentes où les capacités financières des acheteurs sont tout de même plus faibles ». Jean-Philippe Cottenceau signale au passage être confronté à de brutales baisses de prix en Europe – 7,5 % en Espagne à deux reprises – ce qui, naturellement, compromet la fiabilité des prévisions d’activité dans cette zone.

Jean-Christophe Savattier, à St-Jean-de-Luz

Conditionnement

Technoflex mise sur l’inno S Avec Olivier Chesnoy aux commandes depuis six mois, Technoflex, le spécialiste de la poche souple, souhaite garder sa longueur d’avance.

Son équipe de 15 personnes en R&D l’aide aujourd’hui à se positionner comme un partenaire innovant auprès des big pharmas sur des solutions très techniques, de niche et en forte croissance.

Olivier Chesnoy

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ociété familiale créée il polypropylène (PP). » Un pari techy a 25 ans, Technoflex se nique qui n’était pas évident au trouve aujourd’hui à un départ ; pourtant, cette année, tournant de son histoire. Depuis Technoflex a quasiment doublé la disparition d’un de ses membres sa facturation sur ce segment : fondateurs fin 2010, l’enjeu était « Nous avons 10 % d’avance sur de transmettre rapinos prévisions pour Nous ciblons dement le relais à l’activité connectid’abord des une nouvelle équique, qui est essensegments pointus pe : c’est chose faitiellement portée comme les te et les rênes de par les innovations anti-infectieux celle-ci ont été conque Technoflex déet l’ophtalmologie fiées depuis six veloppe.» mois à Olivier Chesnoy, médecin Un point fort chez Technoflex est et diplômé de l’Essec passé par les d’avoir aujourd’hui une équipe de laboratoires Fournier.

R&D de 15 personnes qui travaille Le spécialiste de la poche souple, en partenariat avec les clients pharbasé à Bidart (64), affiche au- maceutiques. Cela permet aussi jourd’hui un CA de 38 M€, y com- d’étendre les applications en PP pris sa filiale Bioluz, installée dans sur sa gamme propre Inerta, lancée la commune voisine de St-Jean-de- en 2004. « Nous sommes reconnus Luz. Sa particularité est – aussi – de pour la qualité et la fiabilité de réaliser 70% de ses ventes à nos produits, reconnaît Olivier l’international : « 2011 Chesnoy. Mais nous sommes aussi s’est plutôt bien pas- confrontés à une forte concursée pour Techno- rence avec des compétiteurs qui flex, note Olivier travaillent à partir de pays à bas Chesnoy. Grâce coût de main-d’œuvre, sur des aux choix des diri- marchés où les prix finaux sont geants de l’entre- tirés à la baisse par les acteurs de prise, les mutations la santé. » technologiques ont été Pour aller plus loin, la stratégie se anticipées. Nous avons réoriente donc vers un segment réussi à prendre de l’avan- en forte croissance : celui des méce sur le passage des poches dicaments prêts à l’emploi, notamsouples en PVC ment les injectables. « Nous vers le sommes ici sur des marchés sophistiqués, visant des produits

pharma et de niche tels que les dérivés sanguins, avec des volumes plus faibles mais une demande importante », analyse-t-il.

Chaque produit est ici un cas particulier pour Technoflex. « Traduire les besoins spécifiques de nos clients en poches, connecteurs spécifiques, c’est du cousu main », complète Olivier Chesnoy.

Au-delà des solutions classiques comme la poche d’antibiotique prête à injecter, il y a des produits à plus forte valeur ajoutée, comme des poches bi-compartiments avec d’un côté le produit actif et de l’autre le soluté qui sont reconstitués juste avant la dispensation au lit du malade. « Nous n’en sommes qu’au démarrage du marché, continue-t-il. Nous ciblons d’abord des segments pointus comme les anti-infectieux et l’ophtalmologie. » Technoflex collabore également avec des big pharmas qui cherchent à étendre le brevet de leurs médicaments princeps en apportant des améliorations dans la façon de les administrer. Pour l’entreprise, cette opportunité vise tous les produits susceptibles d’être reconstitués et injectés dans des poches. « C’est suffisamment important en terme de taille pour intéresser l’industrie mais pas assez grand pour qu’elle souhaite le faire elle-

vation

Des investissements constants chez Technoflex à Bidart

guille, ou encore des poches de prélèvement pour thérapies géniques pour le monde de la biotech (cryoconservation).

A l’avenir, Technoflex souhaite poursuivre sa croissance sur les marchés pharma. « Le marché américain est clairement une zone privilégiée pour notre équipe

commerciale, mais également la zone BRIC, Brésil, Russie, Inde et Chine, des pays qui se développent rapidement », précise Olivier Chesnoy.

Les chiffres clés de Technoflex • 38 M€ de CA en 2011 dont 32 M€ pour les poches et la connectique et 6 M€ pour Bioluz, la filiale de remplissage • 70 % du CA réalisé hors de France • 300 employés • Capacité de production annuelle de 100 millions de poches et de 500 millions de connecteurs

Marion Baschet-Vernet

INVESTISSEMENTS PRÉSENTS ET À VENIR À BIDART

EN BREF

même, pointe le président de la PME basque. L’injectable nécessite des moyens particuliers, d’où l’intérêt de faire appel à des partenaires spécialisés. » En outre, les études existantes sur Inerta permettent de faire gagner du temps dans les phases de développement et de dépôt d’AMM. « Nous participons, au côté de nos clients, à la conception initiale de ce que serait un médicament injectable en poche souple prêt à l’emploi, souligne Olivier Chesnoy. Grâce au travail des équipes de R&D, nous sommes en train de passer la marche supérieure qui nous amène aujourd’hui à un niveau plus proche de la pharmacie. » Une étape marquée en 2010 par l’obtention du label d’entreprise innovante d’Oséo.

Les projets de manquent pas.

L’entreprise travaille déjà sur les prochaines générations d’Inerta et sur la spécificité de ses films avec des propriétés barrière améliorées. L’attention se porte sur de nouvelles gammes multicouches qui nécessitent plus de travail en amont pour minimiser les interactions entre la poche et le médicament. Autres axes : des kits de connectique qui permettent un accès d’injection sur une poche, des sets de transfert Inerta pour la reconstitution sans ai-

Le site de Technoflex à Bidart (64) s’étend sur 4 000 m2 et les projets innovants de la société dopent l’activité : elle investit d’ailleurs 4 M€ dans l’achat de trois nouvelles machines automatiques pour fabriquer les poches en polypropylène (PP), un segment qui devient progressivement son cœur de métier. A terme, la capacité du site en poches PP va passer de 13 à 45 millions d’unités par an. « Nous envisageons un investissement au moins équivalent en 2013-2014 », souligne Olivier Chesnoy, président de Technoflex. Ces investissements lourds visent des opérations menées en salle blanche et exigent une planification très en amont.

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Conditionnement

Chesapeake se donne les mo Avec un centre de R&D à Angoulême et un centre logistique à venir à St-Pierre-des-Corps, près de Tours, Chesapeake France est sur tous les fronts, et surtout celui de la croissance.

Miser sur l’innovation et investir de nouveaux créneaux comme l’emballage primaire font partie des projets actuels et futurs.

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M

algré le tassement des volumes pharma, Chesapeake France tire bien son épingle du jeu en affichant une progression de 10 % de son activité entre 2010 et 2011.

Les ventes du spécialiste des étuis, notices et étiquettes pharmaceutiques s’élèvent aujourd’hui à 41M€. En France, la société emploie près de 300 salariés répartis sur trois sites à Angoulême (16), Ussel (19) et St-Pierre-des-Corps, près de Tours (37).

Au sein du groupe américain Chesapeake Corp. (700 M€, 4 500 personnes, 40 sites dans le monde), également présent dans les emballages de grandes marques et les contenants plastiques, la division pharmacie et santé se porte donc plutôt bien en contribuant à 50 % du CA global du groupe. Et les perspectives dans un proche avenir restent positives avec une croissance de 5% attendue sur 2012, selon Fabien Chenudeau, son di-

recteur commercial France, une différenciation, Chesapeake Franprogression liée aux bonnes per- ce s’est tournée vers le fabricant formances de l’entreprise et à l’in- suédois de carton Billerud. L’objet troduction de nouveaux marchés. du partenariat est d’utiliser le supEn premier lieu, le secteur des mé- port carton en fibres Billerud Fidicaments en accès libre tire la breform® qui présente une procroissance : « La pression du gou- priété à l’élasticité importante. « On va pouvoir vernement avec les Les déremboursements déremboursements embosser le carton et lui donner un pousse les laborapoussent les effet relief, note toires à aller vers le laboratoires vers Fabien Chenudeau. marché OTC où ils l’OTC où ils font L’épaisseur de la font moins de vomoins de volume lume mais avec mais plus de marge déformation équivaut à un point de plus de marge », souligne le directeur commercial. braille multiplié par dix. » La stratégie marketing est alors Mais ses ambitions ne s’arrêtent « de jouer la marque. » La de- pas là. Avec le Billerud Fibremande s’oriente donc vers des form®, l’idée à plus long terme est d’opérer un virage stratégique packagings plus attrayants.

Une autre voie d’amélioration vise pour Chesapeake France en invesles emballages nomades et adaptés tissant le marché de l’emballage au traitement du patient, comme primaire. Pour ce manager visionle GSK Panadol Compact®, l’étui naire, les laboratoires sont en train portefeuille discret et élégant dé- de réfléchir à des alternatives pour veloppé pour l’analgésique de GSK supprimer le PVC et les dérivés de UK. « La tendance actuelle est pétrole de leurs emballages et être d’avoir des étuis plus sophistiqués, plus respectueux de l’environneintégrant cinq à six couleurs, dé- ment. «L’enjeu à terme est de subscrit Fabien Chenudeau. On utilise tituer l’aluminium et les blisters des cartons à base d’aluminium par du papier carton », note-t-il. pour donner un côté argenté Evidemment, c’est un projet au comme pour la marque Busco- long court et il reste encore du trapan®. On peut également leur vail à faire, en particulier sur la pardonner des effets en 3D de pro- tie moisissures et traitement du fondeur ou de relief comme pour carton et du papier, mais la ligne est déjà tracée pour assurer la le dentifrice Sensodyne® ».

Pour répondre à cette exigence de croissance à l’avenir.

yens de ses ambitions Pour mener à bien ses projets innovants, Chesapeake France a lancé il y a un an un important plan d’investissements et de réorganisation industrielle de ses deux sites d’étuis en France, basés à Ussel et à Angoulême, pour un montant global de 3 M€. Agrandi de 1 000 m2, le site corrézien affiche des capacités en hausse de 50 % à 400 millions d’unités par an avec trois machines d’impression, quatre découpeuses, quatre colleuses et une vignetteuse. Le site charentais a également fait l’objet d’une attention particulière. Il abrite aujourd’hui quatre machines d’impression, cinq découpeuses et six colleuses pour un volume annuel de 500 millions d’unités en hausse de 30 %.

En Europe, les initiatives vont éga-

lement bon train. A ce jour, Chesapeake produit une prestation globale pour la pharma en matière d’étuis, de notices et d’étiquettes, à partir de plusieurs sites pour la zone Irlande et Grande-Bretagne. « Nous avons la volonté de faire de même pour la zone continentale européenne avec la France, la Belgique et l’Allemagne », annonce Fabien Chenudeau. Aujourd’hui, Chesapeake France se tourne vers la Belgique et son site de Gand pour s’approvisionner en étiquettes, mais on peut imaginer demain « avoir une imprimante flexographique sur notre site de St-Pierre-des-Corps afin d’être cohérent vis-à-vis de notre stratégie multi-produits, multi-services et multi-sites ».

Marion Baschet-Vernet

Chesapeake France prévoit le lancement d’une base logistique sur son site Field Boxmore Emballage Santé de St-Pierre-des-Corps afin de rationaliser ses flux de transport au départ de ses trois sites français. « L’idée est de proposer des livraisons groupées d’étuis, d’étiquettes et de notices sur un site », explique Fabien Chenudeau. Une personne est en cours de recrutement pour piloter le service qui devrait être en place fin 2012 : trois nouveaux postes seront à pourvoir en phase de lancement et une dizaine à terme. Le site tourangeau a été choisi en raison de son emplacement stratégique au cœur de la PharmaValley qui se déploie entre la Seine et la Loire (régions Ile-de-France, Centre et Haute-Normandie).

D’autant qu’avec une troisième ligne d’impression cette année, le site de notices de Chesapeake France accompagne la croissance du marché. En 2012, son CA devrait s’élever à 6 M€ (+ 13 %). De nouvelles directives européennes encouragent les laboratoires à agrandir la police de caractères et la formulation des textes, ce qui favorise le développement de notices pliées plus longues (« notices malabars »).

EN BREF

UNE BASE LOGISTIQUE EN PROJET À ST-PIERRE-DES-CORPS

Les chiffres clés de Chesapeake France • 41 M€ de CA • 300 salariés • 3 sites : Angoulême (40 000 m2 pour les étuis), Ussel (22 860 m2 pour les étuis) et St-Pierre-des-Corps (41 000 m2 pour les notices) • Capacités disponibles : 150 millions d’étuis et 100 millions de notices • Capacité de production : 1,1 milliard d’étuis et 550 millions de notices par an

Actulabo - Février 2012 47

Conditionnement

O4CP et Rovipharm font du Le concept de sur-mesure mis au point par la start-up parisienne O4CP et Rovipharm, spécialiste de l’injection plastique, est poussé à l’extrême. Il garantit le respect de la dose et le choix du goût du médicament pour l’enfant, dans un système d’administration compact et sûr pour le personnel médical.

«E

st-il possible de donner aux enfants le médicament dont ils ont besoin avec le goût qu’ils aiment ? »… et finalement d’avoir une approche de médecine personnalisée avec des formulations et des systèmes d’administration spécialement adaptés aux enfants.

Les efforts de Vincent Grek, PDG et fondateur de la start-up parisienne Only For Children Pharmaceuticals (O4CP), qui a levé 3,3 M€ en novembre 2008 pour développer les formulations orales liquides de deux médicaments pédiatriques contre la leucémie, s’orientent en tout cas dans ce sens. Le point de départ de sa réflexion semble simple : il s’agit de dissocier le principe actif du goût.

LA FORMULATION PÉDIATRIQUE EST UNE OBLIGATION Start-up basée à Paris, O4CP possède aujourd’hui onze projets dans le pipeline ciblant les cancers et les maladies immunologiques chez l’enfant. Depuis 2007, une nouvelle réglementation sur les médicaments pédiatriques sert bien sa stratégie. Pour tout nouveau médicament adulte, les laboratoires doivent développer la formulation chez l’enfant. « Ils doivent déposer un plan d’investigation pédiatrique (PIP) qui doit être approuvé par l’EMEA, » explique Vincent Grek, fondateur d’O4CP. Mais, souvent, les grands laboratoires ne sont pas adaptés, ni équipés pour réaliser ces développements très spécialisés. D’où l’intérêt des récentes innovations de Rovipharm.

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« En théorie, un enfant peut demander du chocolat avec tel médicament et de la banane avec tel autre, et changer de goût comme bon lui semble », précise le dirigeant.

Pour concrétiser son projet baptisé Loulla & Philla (du nom des deux médicaments pour le traitement de maintenance de la leucémie lymphoblastique aiguë), O4CP a rencontré Rovipharm, le spécialiste de l’injection médicale, pour sa maîtrise du dosage. Pour les deux partenaires, les données de départ étaient les suivantes : avoir un système d’administration qui respecte le dosage, permettre le mélange de la formulation au sein du device avec un liquide masquant le goût du médicament, et cela en toute sécurité pour le personnel soignant devant manipuler ces traitements cytotoxiques.

Basé à Treffort, à côté de Bourgen-Bresse (01), Rovipharm réalise la majorité de ses ventes dans les systèmes de dosage standards : cuillères et seringues doseuses, compte-gouttes, gobelets... « Et, depuis deux ans, nous développons notre savoir-faire sur un

nouvel axe de dispositif médical spécifique », pointe Cédric Marmonier, qui dirige la société avec Emmanuelle Boizet. Un domaine prometteur qui vise les instruments médicaux chirurgicaux et les produits de diagnostic, et devrait représenter, d’ici à quatre ans, la moitié de la facturation de Rovipharm.

Son CA, qui croît de 10% par an depuis sa création en 2006, représente aujourd’hui 10,5 M€.

Pour O4CP, Rovipharm a mis au point pour Loulla le Shaker® (cidessus), un système de dosage et d’administration « tout en un », compact et sûr. Un seul dosage liquide est prévu à l’aide d’une seringue graduée (6 ml). Côté design, la particularité du Shaker est d’avoir deux goulots.

Sur le premier, le principe actif sous forme de comprimé, de liquide ou de poudre est placé dans le réservoir d’un bouchon extemporané, qui est lui-même vissé sur le col du flacon. A l’autre extrémité, il y a un col réducteur, qui est injecté séparément, sur lequel

sur-mesure pour les enfants on vient clipser la seringue : « Il y des autorités européennes », poura une partie pour le médicament suit Vincent Grek. et une partie pour le dosage, et Le développement pharmaceuces deux parties sont soudées par tique et clinique n’a cependant ultrason », résume Vincent Grek. pas été une mince affaire. « Il nous Ensuite, et au moment de l’admi- a fallu deux ans pour préciser nistration, le personnel soignant li- l’idée et encore deux ans pour bère la formulation dans le conte- coordonner et valider la supply nant en percutant le bouchon chain avec des études de stabiextemporané. Après la reconstitu- lité», continue-t-il. La chaîne logistion, il enlève le bouchon à l’extré- tique étendue englobe ici l’usine mité, qui est doté d’une sécurité qui fabrique les comprimés, celle enfant et d’une bague d’inviolabi- qui fournit les liquides, et l’usine lité puis plante la de Rovipharm pour Nous développons seringue sur le réassembler l’ensemnotre savoir-faire ducteur intégré. Il ble dans le Shaker. sur un nouvel prélève le produit « Nous pensons alaxe de dispositif avant de l’adminisler beaucoup plus médical trer à l’enfant. La vite maintenant spécifique seringue n’est donc pour le développejamais au contact direct du pro- ment des formulations pédiaduit toxique. triques avec une AMM espérée « Nous devons réaliser les moules pour Loulla en 2012 », annonce industriels du Shaker® mais l’en- Vincent Grek. Un délai court semble de la chaîne industrielle d’une année qui se justifie aussi est suffisamment avancée pour par l’obtention d’une désignation que l’on dépose un dossier d’enre- orpheline pour sa nouvelle formugistrement pour le device auprès lation par l’EMEA en octobre 2007.

« L’intérêt du partenariat avec Rovipharm va au-delà de la spécificité du design, conclut-il. Nous avons un brevet très large pour le Shaker qui va des préparations extemporanées jusqu’aux nutriments, ce qui promet encore de nouvelles perspectives ».

Marion Baschet-Vernet

UN NOUVEL ATELIER POUR PLUS DE SPÉCIALISATION Sur son site du Treffort (01), Rovipharm a terminé début 2011 la construction d’un nouvel atelier de 800 m2 en salle propre ISO 8 pour une surface totale de production de 3 000 m2. Objectif : répondre à la croissance et augmenter la capacité. « Nous avons à l’heure actuelle trois presses, nous en aurons cinq en fin d’année, et nous avons la capacité d’en avoir douze », note Cédric Marmonier, le patron de Rovipharm. Grâce à un investissement global de 800 000 €, tout a été prévu dans le cahier des charges : conception de locaux spacieux et modulables, mise en place de solutions logistiques performantes et personnalisées, assurance d’une production sécurisée et certifiée. Cinq lignes de production seront installées dans ce nouvel atelier fin 2011.

Actulabo - Février 2012 49

Conditionnement

Velfor innove pour développer ses marchés Face à la grande spécificité des applications médicales, le groupe Velfor doit choisir des matières très techniques et à forte valeur ajoutée pour satisfaire les exigences de ses clients.

Les blisters conçus par Velfor utilisent de nouvelles matières comme les polycarbonates.

50 Actulabo - Février 2012

P

rès du quart des ventes du groupe Velfor, spécialiste de la transformation de la matière plastique, est aujourd’hui réalisé dans le médical et la pharma, où le groupe développe deux métiers : le thermoformage de boîtes et de blisters avec Velfor Emballage à St-Pal-en-Chalençon (43) et la soudure de film souple pour les poches avec Lider, à Montrevel-en-Bresse (01). « Avec les marchés que l’on cible, nous pensons continuer notre

progression sur les trois prochaines années au rythme de 1 M€ de CA supplémentaire chaque année », annonce François Bonnier, son directeur des ventes médicales, qui compte entrer sur de nouveaux marchés en proposant soit de nouveaux emballages, soit de nouvelles matières.

Dans le thermoformage, Velfor Emballage utilise aujourd’hui le Tritan, un film très résistant mis au point par Eastman pour les blisters de prothèses orthopédiques. « Les tests de chutes sont très sé-

vères. On laisse tomber le produit de deux mètres sur les six faces, avec des prothèses qui peuvent peser jusqu’à 600 grammes », note François Bonnier.

Dans le même temps, la société développe des blisters et opercules pour l’autoclavage et la stérilisation à 121° d’applications ophtalmologiques (lentilles, seringues). « Nous avons développé des solutions en polycarbonate avec des opercules en Tyvek spéciaux, poursuit-il. Nous utilisons des films médicaux classe 6 USP qui peuvent être en contact avec des prothèses. » Velfor Emballage adapte son concept « No Touch » à ces nouvelles matières – Tritan comme polycarbonate – avec des pièces emballées et prêtes à être utilisées : un blister qui se plie en deux pour dégager une seringue, des présentoirs pour les prothèses, des vis à dévisser dans le dentaire…

Velfor développe la même approche matière avec Lider pour les poches en PVC autoclavable, en EVA classées USP pour l’injectable ou encore en polyuréthane. « Le Variopack est un mélange de polypropylène et d’EVA qui permet d’avoir une meilleure imperméabilité et un aspect

barrière pour la vapeur d’eau », met aussi en avant François Bonnier.

Lider est en phase de validation avec des clients pour des poches de sang et des liquides biologiques utilisant le Variopack. A l’avenir, les applications de poches vont se concentrer sur les gros volumes (50, 60, 100 litres).

C’est pourquoi Lider s’équipe actuellement d’une machine automatique réalisant la soudure de matelas anti-escarres gonflés à l’air (1,5 m sur 1 m de large) : « Il y a cinq ans, 80 % de ce que l’on transformait était en PVC ; aujourd’hui, 80 % est en polyuréthane », souligne François Bonnier.

M. B.-V.

François Bonnier, directeur des ventes médicales de Velfor.

Le pelliculage selon Seppic S

eppic, une filiale d’Air Liquide spécialisée dans la fabrication de composants chimiques pour divers secteurs industriels, dont la pharmacie et la cosmétique (75 % d’un CA d’environ 250 M€), a saisi l’occasion du salon CPHI de Francfort (25-27 octobre 2011) pour présenter un nouvel excipient de pelliculage, Sepicoat.

Issu de la chimie végétale, en l’occurrence un amidon de maïs (non-OGM) modifié, Sepicoat ne confère aucun goût au comprimé qu’il enrobe (les dérivés cellulosiques HPMC et le polymère de

synthèse PVA ont respectivement goût de « papier mâché » et de solvant chimique). En outre, il permet au comprimé pelliculé d’avoir un aspect plus brillant et moins granuleux au toucher, ce qui convient bien au marché des compléments alimentaires.

S’il est vendu sous forme de poudre (l’amidon ne se granule pas), la pulvérulence de Sepicoat est modérée. Sa densité en matière sèche est élevée (25 % du produit livré, contre 15 à 20 % pour les excipients classiques), ce qui raccourcit le temps de pelliculage « de 25% à l’échelle industrielle »,

souligne sa fiche de présentation. Enfin, Seppic propose 17 coloris à ses clients industriels de la pharmacie et de la nutraceutique. Seppic, qui emploie plus de 600 personnes dont 100 chercheurs, partage ses activités en quatre grandes divisions : la santé humaine, les cosmétiques, la santé animale et les spécialités industrielles.

Sepicoat se décline en 17 coloris.

François-Xavier Beuzon

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Conditionnement

UN TUBE DE DENTIFRICE BIODÉGRADABLE Le premier tube de dentifrice biodégradable, fabriqué avec des plastiques majoritairement issus de ressources végétales, est arrivé sur le marché. Il servira à conditionner une pâte de dentifrice de la marque suédoise AllVeggie, spécialisée dans les produits naturels. Très engagée dans le développement durable avec des produits « issus du commerce équitable qui n'exploitent ni la nature ni les hommes », la marque a choisi cet emballage car il lui permet de proposer « une solution complètement en phase avec l'environnement».

Le tube est fabriqué et imprimé par le suédois Tectubes. Les matériaux ont été fournis par l'allemand FkuR Kunstoff. Ce dernier est notamment à l’origine du Bio-Flex, une résine composée d'un mélange d'acide polylactique (PLA), de polymères biodégradables et d'additifs, compostable selon la norme européenne EN 13432.

NOUVEAUX MOYENS POUR CLONDALKIN À CORK

La division Pharma and Healthcare du spécialiste de l’emballage Clondalkin (5 000 salariés, près de 900 M€ de CA) vient de doter son site de Cork (Irlande) d’une nouvelle imprimerie rotative 6 couleurs de marque Muller Martini Alprinta V74. Cet équipement va lui permettre d’imprimer plus rapidement une gamme plus étendue de notices pharmaceutiques. « Cette ligne va nous permettre de répondre à de nouvelles demandes du marché », a commenté son directeur général David Lennon.

AUTAJON SE RENFORCE EN ESPAGNE… Le groupe français Autajon s’est renforcé au printemps dernier sur le marché espagnol en prenant le contrôle de Sinel, un spécialiste de l’étiquette adhésive

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installé à Barbera des Vallès, près de Barcelone. Cette acquisition parachève l’implantation du groupe en Espagne en ajoutant une offre « étiquettes » à son offre « étuis carton » de Durero, déjà renforcée par l’apport récent de Litoplex, spécialiste de l’étui pharmaceutique. … ET S’AGRANDIT À MONTÉLIMAR

Au mois d’octobre, Autajon (CA de 405 M€ en 2011) a signé avec la Ville de Montélimar (26) un compromis de vente pour un terrain de 2 ha qui serait destiné à agrandir d’environ 14 000 m2 son usine d’emballage SP (Santé Pharmacie) de la ZA Daurelle : on parle de la création de 200 emplois à terme sur le site.

DEUX CONTRATS MAJEURS POUR STIPLASTICS La PME iséroise vient de signer,

coup sur coup, deux beaux contrats : elle renouvelle ainsi son contrat de fourniture de la cuillère doseuse Spoonbox pour la prise de la version pédiatrique du Dafalgan de Bristol-Myers Squibb. Elle a aussi été choisie par les laboratoires Laudavie pour des gobelets doseurs de 5 ml destinés à l’administration de Calmosine aux enfants. Ce gobelet doseur intègre la technique IML (In-Mould Labelling).

GOLDPRINT REJOINT LGR EMBALLAGES Le français LGR Emballages (120 M€ de CA, 650 salariés dans le monde) – l’un des principaux producteurs d’étuis pliants pharmaceutiques en Europe avec 9 sites en France, Belgique et Espagne – a pris cet été la majorité du capital du belge

Goldprint NV (11 M€ de CA), spécialisé dans la production d’étuis pliants et de notices pharmaceutiques. LGR consolide ses deux entités belges : la bruxelloise Goldprint et l’anversoise VTK, qui fabrique elle aussi des étuis pliants.

APTAR SE PLACE CHEZ OVAL MEDICAL L’américain Aptar, maison mère du français Valois, a déboursé 3,2 M$ à la mi-novembre pour prendre une participation de 20 % chez l’anglais Oval Medical Technologies : ce dernier, basé à Cambridge, a une expertise reconnue dans la conception et le développement de dispositifs d’administration de médicaments injectables. Le mois précédant l’opération Oval Medical, Aptar Pharma prenait le contrôle de l’indien THK Plastics Private Ltd pour 17 M$ en cash et la reprise de 1 M$ de dette.

CHESAPEAKE ACQUIERT CORTEGA Le spécialiste américain du packaging Chesapeake a racheté dans le courant de l’été son compatriote Cortega, basé dans le Wisconsin. Ce dernier fabrique des notices, des étiquettes adhésives et des cartons pour l’industrie pharma et les génériqueurs dans ses usines situées dans l’Etat de New York et en Caroline du Nord.

NOUVELLES CAPACITÉS À SAN DIEGO POUR SHERPA L’américain Sherpa Clinical Packaging, un prestataire spécialisé dans le conditionnement clinique, vient d’inaugurer de nouvelles capacités (860 m²) à San Diego. Cette plate-forme implantée sur le campus d’Althea Technologies (Sorrento Valley), une CMO spécialisée dans

la fabrication d’injectables et la production de biothérapies, est dotée de systèmes de contrôle d’accès et de surveillance/monitoring des lignes de conditionnement qui sont exploitées sous atmosphère dirigée (de + 8 à – 20°C). Elle emploie environ 25 salariés.

GERRESHEIMER BOOSTE LA CHINE… L’allemand Gerresheimer a l’intention d’augmenter dans le courant de cette année la production de ses moules à injection destinés à produire des inhalateurs sur son site de Dongguan en Chine ; le site passerait de 100 à 350 salariés. L’allemand prévoit également d’ouvrir l’an prochain dans le pays une autre unité de production de moules à injection destinés aux dispositifs médicaux.

… ET INVESTIT EN BAVIÈRE En plein développement dans les pays émergents (lire ci-dessus), Gerresheimer n’en oublie pas son pays d’origine et notamment son usine de Pfreimd, en Bavière, qui va faire l’objet d’un investissement de 25 M€ suscitant la création de 130 emplois qui vont s’ajouter aux 550 existants. Cette unité de la division Plastic Systems va accroître ses capacités de fabrication de systèmes d’injection, stylos à insuline et inhalateurs.

ACTAVIS ACQUIERT PHARMAPACK INT. Le génériqueur d’origine islandaise Actavis a annoncé le rachat du néerlandais PharmaPack International. Installé à Zoetermeer, ce dernier est spécialisé dans le packaging (conditionnement primaire et secondaire, vrac, conditionnement et stockage de produits opiacés, conditionnement secondaire de lots cliniques et de cytostatiques) des produits pharmaceutiques et biologiques.

Ce rachat devrait donner à Actavis « davantage de flexibilité, notamment lorsqu’il s’agit d’adresser des marchés nécessitant de plus faibles volumes », a indiqué Claudio Albrecht, le CEO. L’une des missions prioritaires de PharmaPack sera de fournir le conditionnement en vrac des produits fabriqués par l’usine Actavis d’Alathur, en Inde.

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Manager

GSK veut piloter son organis En intégrant la culture d’amélioration continue de McLaren Group, GSK s’attend à rendre son procédé de fabrication plus efficace et plus compétitif sur le long terme. La construction d’un centre pour la performance appliquée sur son site britannique d’Hoking, qui sera ouvert dès 2013 à l’ensemble des employés des deux organisations, permettra également de gagner en réactivité et d’accélérer le lancement d’idées nouvelles.

Andrew Witty, CEO de GSK (à gauche), vient de signer un contrat de partenariat sur cinq ans avec Ron Dennis (à droite), son homologue chez McLaren Group.

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A

près Ferrari, McLaren est la seconde équipe de Formule 1 à avoir remporté le plus de victoires sur les circuits. C’est un succès incontesté qui est fondé sur une culture partagée de l’excellence et de l’amélioration continue au sein des équipes, qui fait finalement la différence en Grand Prix. Question de prestige et d’histoire, le laboratoire britannique GSK souhaite s’inscrire dans la même lignée de records en intégrant ces leçons d’efficacité à son organisation. C’est en ce sens qu’Andrew Witty, CEO de GSK, vient de signer un contrat de partenariat sur cinq ans avec Ron Dennis, son homologue chez McLaren Group.

Chez GSK, l’initiative répond autant au besoin de booster l’image

en s’adossant à un grand du sport équipe avec McLaren dans les doqu’à la nécessité de baisser les maines des nouvelles technolocoûts et d’améliorer la fiabilité des gies, de l’innovation, de la R&D et procédés. Les big pharmas sont de la production. En pratique, les restées longtemps à l’abri d’une deux partenaires vont construire un centre de la perrecherche d’optimiAccélérer formance appliquée sation grâce à la le time-to-market sur le site de fabricarente que leur gades médicaments tion de GSK basé à rantissaient les procandidats Hoking, au sudduits brevetés et à forte marge. L’efficacité dans la ouest de Londres. Ce lieu de production n’a jamais été une brainstorming sera ouvert en priorité. Mais depuis quelques an- 2013 à tous les employés des deux nées, la perte des brevets et la organisations, ainsi qu’à d’autres baisse des ventes les poussent à partenaires, pour encourager la sortir du bois et à apprendre d’au- mise en place de projets comtres secteurs. En ce sens, le pro- muns. Le premier tour d’essai s’efgramme mis en place par GSK res- fectuera avec la branche GSK semble beaucoup à celui déployé Consumer Healthcare, qui comfin 2009 par AstraZeneca avec Ja- prend des marques grand public guar Land Rover (lire ci-dessous). bien connues comme Lucozade, Jusqu’en 2016, GSK fera donc la boisson sportive la plus vendue, ou encore l’antidouleur Panadol et le dentifrice Sensodyne.

Chez GSK, l’OTC représente 2 000 lignes de production et 80 sites dans le monde.

Les équipes Consumer Healthcare vont ainsi travailler avec l’unité Mission Control de McLaren qui analyse en temps réel la performance de l’équipe pendant les saisons de Grands

ation comme une Formule 1 Prix et dirige la prise de décision des pilotes au volant. En intégrant les dessous d’une analyse rigoureuse et d’une prise de décision rapide sur le terrain, cette phase d’échauffement avec l’unité Mission Control devrait permettre au géant de la pharmacie d’être plus réactif face à la concurrence et aux besoins des consommateurs, et d’accélérer l’innovation.

Pour y arriver, GSK va faire l’apprentissage de nouvelles techniques de management de la performance, en s’adaptant aux conditions de Grands Prix. Au cours d’une saison, les règles et les responsabilités sont bien claires en F1. Chaque équipe utilise un maximum de 8 voitures au cours des 20 courses. « Pour être le meilleur, McLaren a développé un système unique de modélisation de chacun des composants d’une voiture pour fournir des renseignements qui peuvent prédire la fatigue potentielle et l’échec, avance Stephen Rea, directeur de la communication de GSK UK. 75 % des composants sont modifiés durant une saison et il y a très peu de cas avérés d’incendie de moteur ou de graves explosions sur le terrain. » La maximisation de la performance, même dans les détails, sur les lignes de production de GSK pourrait significativement réduire

le nombre de pannes et améliorer le service à la clientèle ainsi que les coûts. « Un de nos sites de fabrication affiche plus de 14 000

incidents par an. Imaginez les conséquences qu’aurait une amélioration de son efficacité de seulement quelques points ! », poursuit Stephen Rea. La prévention des erreurs et des risques sur la chaîne de fabrication et la réduction des délais devraient permettre à GSK de revenir en première ligne.

Car l’objectif à atteindre, à terme, est d’accélérer le time-to-market des médicaments candidats. L’unité de R&D de GSK est en train d’analyser comment l’expertise de McLaren pourrait contribuer à améliorer les procédés de recherche clinique en accélérant la conception des essais et en permettant de suivre en temps réel les patients et l’ajustement de leur traitement. « McLaren a développé un système qui permet aux membres d’une équipe de surveiller à distance tous les aspects de la performance d’une voiture pendant la course en utilisant la

technologie sans fil, note Stephen Rea. Cela permet des ajustements mineurs, à quelques minutes d’intervalle, plutôt que des interventions plus importantes qui prennent du temps. » Comment adapter

cette flexibilité aux études humaines pour avoir une mécanique parfaite lors du lancement de nouveaux produits, c’est ce que va s’efforcer de faire GSK pour rester toujours en tête de peloton en matière d’innovation.

McLaren a développé un système unique de modélisation de chacun des composants d’une voiture pour fournir des renseignements qui peuvent prédire la fatigue potentielle et l’échec.

Marion Baschet-Vernet

S’OUVRIR AUX AUTRES SECTEURS POUR RESTER AU TOP Dans les années 1990, Toyota est devenu l’un des plus grands constructeurs automobiles en déployant une production orientée vers l’efficacité, en appliquant les concepts de « production lissée » et de gestion des stocks « en juste à temps ». Dix ans plus tard, l’industrie automobile dans son ensemble lui emboîtait le pas.

C’est au tour maintenant de la pharma d’apprendre à rouler plus vite et à être plus performante. GSK s’associe dans ce sens à McLaren. Sa démarche s’inscrit dans le prolongement de celle d’AstraZeneca qui, fin 2009, cherchait à innover en recrutant des talents extérieurs auprès de Jaguar, la marque automobile de luxe, pour redresser la barre sur son site de production de Macclesfield, dans le Cheshire (40 % du CA du groupe).

La pratique d’échange continuerait aujourd’hui auprès d’autres secteurs comme la grande consommation.

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Manager

L’IBC pourrait ouvrir ses portes en 2014 Tours va se doter d’un institut de formation aux métiers de la bioproduction et des cosmétiques.

L

e projet de création à Tours (Indre-et-Loire) de l’Institut des Biomédicaments et des Cosmétiques (IBC) est dans les starting-blocks !

Portée par le Pôle de recherche et d’enseignement Centre-Val-deLoire Université (PRES) et le groupe de formation aux métiers de la pharmacie industrielle IMT, cette plate-forme de formation en alternance aux métiers de la bioproduction et de la cosmétique industrielle sera construite à Tours sur

L’IMT SE DOTE D’UNE ANTENNE AU VAL-DE-REUIL L’IMT vient d’ouvrir une antenne au Val-de-Reuil (27) au cœur du parc industriel et technologique éponyme, qui rassemble beaucoup de grands noms de la pharma mondiale. Pour autant, cette plate-forme de formation implantée dans un bâtiment de 180 m2 ne sera pas forcément utilisée par les plus grosses structures présentes sur le site. « A priori, elle sera plutôt destinée aux PME, voire aux TPE de la filière qui répugnent parfois à envoyer un petit nombre de salariés se former sur le site de Tours », explique Nicolas Navereau, le responsable de l’antenne normande. Aujourd’hui, l’IMT qui reçoit déjà une cinquantaine de stagiaires en bénéficiant de la logistique du Greta d’Elbeuf (76) compte former une dizaine de personnes supplémentaires en proposant notamment des stages inter-entreprises dédiés aux techniques de management.

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la ZAC du Plat-d’Etain, sur le site d’une friche militaire. Le projet, qui sera financé partiellement par le dispositif des Investissements d’Avenir (IA), prévoit la construction, dans le cadre d’un investissement de 20,5M€, d’un bâtiment d’une surface de 2 200 m2 doté de plusieurs plateaux techniques. Les promoteurs de ce programme se sont risqués à annoncer une date d’ouverture : septembre 2014.

Pour autant, le rythme de croisière ne devrait pas être atteint avant 2017, date à laquelle l’IBC devrait accueillir annuellement plus de 350 nouveaux étudiants par alternance. Il s’agira aussi bien d’accueillir des candidats en formation initiale – dont des apprentis – que des candidats en formation continue ainsi que des salariés engagés dans des parcours de requalification professionnelle certifiante, soit plus de 1 000 apprenants chaque

année. Les principaux cursus proposés seront le CQP conduite de procédé de fabrication en bioproduction, la formation de technicien supérieur en bioproduction industrielle (TSBI), tous deux déjà proposés et assurés par le groupe IMT. Ce dernier va avoir également à créer de toutes pièces le cursus de technicien spécialisé en maintenance des équipements de bioproduction (Tesmeb). Auxquels s’ajouteront deux licences professionnelles « cosmétologie industrielle » et « contrôle et analyse des biomédicaments », ainsi qu’un Master 1 et 2 Pro « biomédicaments et biocosmétiques ». Les partenaires du PRES, dont l'IMT, devaient incessamment déposer le dossier de financement auprès des responsables des Investissements à l’heure où nous écrivons ces lignes.

Jean-Christophe Savattier

Carnet

David Meeker succède à Christopher A. Viehbacher le CEO de Sanofi - à la direction générale de Genzyme, dont ce dernier assurait l’intérim depuis son rachat par la big pharma française.

David Meeker est entré chez Genzyme en 1994 au poste de directeur médical du programme thérapie génique et était devenu depuis président de l’activité maladies rares.

Corinne Hoff a été nommée au poste de directrice de la communication de Novo Nordisk où elle aura la responsabilité de la communication interne et externe pour les activités du groupe en France.

Docteur en pharmacie, Corinne Hoff a passé quinze années dans l’industrie de la santé au niveau international.

François Duplaix vient d’être promu au poste de vice-président Finance Europe de Bristol-Myers Squibb ; il succède à Steve Binder, qui prend la responsabilité des Finances aux Etats-Unis. François Duplaix intègre également le comité de direction de BMS Europe.

Merck & Co. vient d’annoncer la nomination de Cuong Viet Do au poste de Chief Strategy Officer (CSO). Il succède à Mervyn Turner, qui a quitté le laboratoire récemment. Coung Viet Do siègera également au comité exécutif. Précédemment, il était vice-président de Lenovo.

Maris Hartmanis a rejoint la specialty pharma suédoise Medivir, spécialisée dans les maladies infectieuses, en tant que président et CEO. Il remplace Ron Long, qui quitte également le board de Medivir. Maris Hartmanis était précédemment CEO de BioPhausia.

Marc Alias, ancien responsable de la communication corporate de Procter & Gamble pour l’Europe de l’Ouest, a été nommé début novembre directeur de la communication du groupe Pierre Fabre (1,86 Md€ de CA en 2010 en médicaments de prescription, OTC et produits dermocosmétiques).

Régis Pignol a pris récemment le poste de directeur scientifique du site montpelliérain de Sanofi, suite au départ en retraite de Jacquie Berthe. L’actuel directeur de l’usine de Montpellier, Christophe Daubie, devient quant à lui directeur régional des sites de R&D de Sanofi pour l’Europe du sud.

Yves L’Epine vient de prendre le poste de directeur général de Guerbet, le groupe pharmaceutique dédié à l’imagerie médicale. Il succède à Bernard Massiot, décédé récemment, et à Jean-Jacques Bertrand – pdca – qui a assuré l’interim. Yves L’Epine a travaillé auparavant pour Sandoz, Novartis ou encore Abbott.

Tony Kingsley vient de prendre le poste de vice-président exécutif des opérations commerciales globales chez Biogen Idec. Il succède à Francesco Granata qui était en poste depuis 2010.

Suite au rachat de Nycomed par Takeda, Franck Morich – actuel vice-président exécutif des opérations internationales de Takeda – vient d’être nommé CEO de Nycomed. Il conserve son poste chez Takeda.

Heather Bresch a été promue CEO de l’américain Mylan, elle succède à Robert J. Coury qui devient président exécutif. Heather Bresch travaille depuis une vingtaine d’années chez Mylan, où elle a occupé divers postes tels que COO et siège au board de Mylan depuis mars dernier.

Pfizer a élu Ian Read – actuellement président du laboratoire et CEO – en tant que président du board. Il succède à George Lorch. Parallèlement, Marc Tessier-Lavigne et Helen Hobbs sont rentrés au comité de direction.

John Thievon vient d’être nommé président de Dey Pharma, la branche dédiée à la specialty pharma du génériqueur Mylan. John Thievon a été, durant les dix précédentes années, président et CEO de MiddleBrook.

Le CEO du laboratoire américain Amag Pharmaceuticals, Brian Pereira, a démissionné récemment, il sera remplacé temporairement par le CFO Franck Thomas. Parallèlement, Amag Pharmaceuticals se sépare d’une cinquantaine de ses salariés, suite à l’échec de sa fusion avec Allos Therapeutics.

Le laboratoire israélien Teva a nommé Jeremy Levin, qui a précédemment occupé un poste d’exécutif senior chez BMS, en tant que CEO. Il succède à Shlomo Yanai qui quittera son poste de président et CEO en mai.

La specialty pharma canadienne Pivotal Therapeutics, spécialisée dans le traitement des maladies cardiovasculaires, a nommé John Cebhardt comme président du board de direction.

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Carnet

Richard Clark, le président du board de Merck & CO., vient de prendre sa retraite.

Il est remplacé par Kenneth Frazier, (ci-dessous) déjà président et CEO de Merck & Co. Richard Clark, qui a passé une quarantaine d’années au sein du laboratoire, avait déjà cédé son siège de président à Kenneth Frazier l’an passé.

Le board de Teva Pharmaceutical Industries vient d’annoncer la nomination de Rob Koremans au poste de président et CEO de Teva Europe à partir de mars 2012. Rob Koremans occupait précédemment le poste de vice-président en charge de la stratégie dans le générique de Sanofi.

Erick Roche a été porté à la présidence de Teva France et de Cephalon France. Il rapportera à Gérard van Odjik, président et CEO de Teva Europe, installé à Utrecht (PaysBas). Erick occupait précédemment les fonctions de directeur général de Biogaran, la filiale générique de Servier.

Toujours chez Teva, Maurice Chagnaud est promu chef des opérations commerciales (CCO) de Teva Pharmaceuticals Europe BV, et aura notamment en charge le développement commercial des activités génériques et des médicaments de spécialités.

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Thomas J. Haughey a pris la présidence de Par Pharmaceutical et a nommé Paul V.Campanelli COO. Patrick G. LePore conserve son poste de président du board et de CEO.

Rich Fante a été promu viceprésident régional d’AstraZeneca pour l’intégralité de la zone Amérique (Nord, Centrale et Sud) ; il était auparavant responsable des opérations commerciales en Amérique du Nord. Marion McCourt a, quant à elle, été nommée COO pour les opérations US.

La CRO anglaise Novella Clinical a porté Elizabeth Edwards à la vice-présidence de ses opérations pour l’Europe. Elle a occupé précédemment le poste de directrice senior du développement clinique chez Inspire Pharmaceuticals.

Emmanuelle Quilès, présidente de Pfizer France, vient d’être réélue présidente de l’Agipharm, l’association des groupes internationaux pour la pharmacie de recherche.

Elle entame ainsi son second mandat de deux ans à la tête de l’Agipharm.

Baxter International a désigné Jean-Luc Butel en tant que vice-président corporate et président ; il sera sous la houlette de Robert L. Parkinson, le CEO de Baxter International. Jean-Luc Butel était précédemment vice-président exécutif et président international de Medtronic.

Timothy Wright vient d’être nommé à la tête du département Développement de Novartis Pharmaceuticals. Il a rejoint le laboratoire en 2004 et a occupé notamment les postes de senior vice-président et chef des sciences translationelles au Novartis Institut pour la recherche biomédicale.

François Liebaert est devenu vice-président de la R&D et des affaires médicales d’Integragen.

François Liebaert a commencé sa carrière au sein de la filiale française de Schering où il a occupé différentes fonctions au sein des départements médical et marketing.

La biopharm toulousaine Cerenis Therapeutics, spécialisée dans les thérapies basées sur le métabolisme des HDL, vient de nommer John Paolini directeur médical. Cette décision intervient au moment où le laboratoire accélère le développement clinique de son produit phare (CER-001).

Sandeep Gupta, président fondateur des opérations indiennes de Lilly, a pris le poste de COO chez Glenmark Pharmaceuticals. Il travaillait chez Lilly depuis 1993.

La biopharm US Inspiration Biopharmaceuticals, spécialisée dans le développement de traitements contre l’hémophilie, se renforce en accueillant Howard Levy au poste de directeur médical, Daniel Regan au poste de directeur commercial et Karen Tubridy au poste de vice-président.

Rappelons qu’Inspiration est l’un des partenaires clefs du français Ipsen dans les biotechnologies.

Julie Shimer, la présidente directrice générale de Welch Allyn – dédiée au diagnostic médical – vient d’annoncer son intention de prendre sa retraite. Elle occupait ce poste depuis cinq ans après être rentrée chez Welch Allyn en 2002.

Le fondateur du laboratoire israélien Teva, Eli Hurvitz, est décédé récemment à l’âge de 79 ans. Il a été à la tête du laboratoire de 1976 à 2002, en faisant un des plus grands génériqueurs mondiaux. Eli Hurvitz a également occupé le poste de président de l’association des manufacturers israéliens.

La biopharm californienne NeurogesX, spécialisée dans les thérapies anti-douleur, vient de nommer Ron Martell président et CEO, en remplacement de Tony DiTonno, qui reste cependant membre du board.