“La tour des brumes”

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moi, ils ne se cachaient même plus. Puis, il y eut cet escalier, en bois pas différent des autres, à peine plus vermoulu, seulement lorsque je m’aventurai dessus, presque en courant, sous la masse de mes milliers de poursuivants l’escalier s’effondra. Je tombai sur quelques mètres puis atterris sur un tas de gravats et de rats. Me voyant au sol, les centaines de survivants se jetèrent voracement sur moi. Je sentis un millier de pattes et de griffes fouiller tout mon corps, s’engouffrer par dizaines dans mon pull. Je me relevai difficilement sous la nuée noire, je m’enfuis, arrachant de ma peau ceux qui ne tombaient pas. Je courus droit devant moi, mon compagnon accroché à mon épaule, j’entendais le reste des flots noirs me pourchasser encore, puis brusquement, une porte se dessina devant moi. Je l’ouvris en grand et fus aveuglé par la lumière soudaine, je me retournai et fermai la porte violemment. Aucun ne passa. J’appuyai mon front contre le bois du battant. J’entendis avec satisfaction leurs couinements de colère. Je souris et soufflai enfin. C’est à ce moment que je sentis le vent dans mes cheveux. Je me redressai et compris. J’avais réussi, j’étais dehors. N’osant pas me retourner, je savourai l’air pur qui me vint après l’air vicié. Et la lumière vivante qui coulait à flots après celle, avare, du labyrinthe. Après le vide, l’extérieur et peut-être des gens ? Trop impatient pour attendre encore, je me retournai. Il n’y avait personne. Juste des arbres clairsemés, éparpillés sur les collines et des rochers blancs comme neige. Le soleil perçait les nuages et l’air 95


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