“La tour des brumes”

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me réconforter. Je caressai sa tête négligemment, les yeux dans le vague. Qu’allais-je faire ? Qu’allais-je devenir ? Autant de questions auxquelles je n’avais pas de réponses. D’abord je devais faire quelque chose du mort. Je frémis quand je m’aperçus avec quelle facilité mon père n’était devenu rien de plus qu’un corps sans vie. Je courus chercher un grand drap pour en faire un linceul. Je couvris ensuite celui-ci de terre sous le regard curieux et surpris de mon dragon. Je finis, de la terre plein les mains et le cœur lourd. Je regardais le ciel puis la tombe de fortune et la serre autour de moi, silencieuse. Mon regard errait de l’un à l’autre. Je savais que j’avais pris ma décision, cela depuis toujours, j’allais descendre. Le jour même, pourquoi pas. La vue de cet environnement si familier, trop familier, me faisait soudainement mal. Je m’attendais presque à entendre les pas de mon père dans l’escalier ou à le voir apparaître au détour du jardin. Je décidai donc de partir maintenant, avant que je ne regrette et revienne sur ma décision, avant que le surréalisme de sa mort ne me rattrape, avant que je n’aie peur de fuir. D’un sifflement bref, j’appelai mon dragon qui vint se poser sur mon épaule tandis que je gagnais les chambres. À l’intérieur, je sortis un sac qui se portait dans le dos en bandoulière. Il était en cuir et semblait résistant. Je le remplis de quelques vêtements et d’une couverture légère. Sur mon bureau, j’attrapai mon journal de bord, du papier et un nécessaire d’écriture. Je saisis aussi mes lunettes que j’aimais trop pour les laisser là et les amenai sur mon front en passant mon écharpe autour du cou. Je 86


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