2. Les deux linguistes
PremiĂšre surpriseâŻ: Ătienne Choulier nâĂ©tait pas venu seul Ă Fontan, dans ce vieux mas Chinon Ă prĂ©sent dĂ©moli. Il y avait avec lui StefĂĄn Meinhof, mĂȘme si trĂšs peu de gens ont entendu parler de ce dernier. Les deux hommes sâĂ©taient rencontrĂ©s en janvier ou fĂ©vrierâŻ1935, Ă la cantine de la Sorbonne. Je ne vais pas jouer aux romanciers et dĂ©crire ce quâil y avait au menu, et les sauces et le goĂ»t de chaque plat, mais voici ce que jâai appris grĂące Ă mes recherches en bibliothĂšque, et grĂące aux petites vieilles du village, souvent plus bavardes que les livres. Ă lâĂ©poque, Choulier avait trente ansâŻ: brun, trapu, barbu, et toujours les mĂąchoires serrĂ©es. Ses collĂšgues assurent quâil vous regardait toujours droit dans les yeux, mais comme si vous nâĂ©tiez pas lĂ . Ils savaient dĂšs lors peu de choses sur lui. NĂ© dans le Jura. Grands-parentsâŻ? Agriculteurs. ParentsâŻ? Instituteurs. Enfant sage, adolescent timide et dĂ©gingandĂ©, Ă©tudiant ivre de poĂ©sie romantique. Et puis 16
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