Le Jardin merveilleux | Conte extrait de "Contes très merveilleux"

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trois fois le tour des steppes d’Asie. On raconte que les nobles et les puissants sont arrivés les premiers, sur leurs chevaux rapides comme le vent. On dit que chaque fois que l’un d’eux a tenté de cueillir une pomme d’or, les branches se sont dérobées, laissant ses mains avides vides. On raconte que l’un d’eux a réussi, au risque de sa vie, à cueillir une pomme, en s’accrochant aux branches qui se soulevaient, on dit que quand il a porté le fruit à sa bouche il en est mort foudroyé. On dit que, quand ils ont voulu boire, l’eau des rigoles les a empoisonnés. Voilà pourquoi on n’a plus revu dans le jardin un seul cavalier fortuné. La légende affirme que, beaucoup plus tard, les gueux, les pauvres et les mendiants sont arrivés, à pied. Des jeunes et des vieux, des familles et des solitaires, des gens du pays et des étrangers. Pour eux, les branches se sont baissées pour offrir les fruits qu’elles portaient. Les visiteurs se sont installés à l’ombre des arbres, ont bu l’eau claire des rigoles et se sont rassasiés. Ils ont respiré le parfum des fleurs et écouté le chant des oiseaux. On dit que, quand la nuit est tombée, les arbres ont pris une teinte bleutée, les étoiles ont brillé et, enfin tranquilles, les visiteurs se sont endormis, à l’abri de la faim et des soucis, pour la première fois de leur vie. Le jardin merveilleux existe quelque part encore aujourd’hui. Puissent vos pas vous y mener un jour. 24

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