

Auteurs
Florence Allorent
Attachée de conservation, Cité de l’architecture et du patrimoine
Tadao Ando Architecte
Diane Aymard
Architecte DE, historienne de l’architecture, doctorante au CRENAU (UMR AAU)
Christine Cayol Fondatrice de la Maison des arts de Pékin - YISHU 8
Laurence Cossé
Romancière
Albert Dichy
Directeur littéraire de l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine
Nadine Eghels Andreu
Directrice artistique de Textes & Voix, conceptrice et rédactrice de la Lettre de l’Académie des Beaux-Arts
Françoise Ged
Architecte, sinologue, membre associé du Centre Chine Corée, Japon à l’EHESS-CNRS, responsable de l’Observatoire de la Chine contemporaine, Cité de l’architecture et du patrimoine
Lisa Mexique Architecte DE
Jean Nouvel Architecte
Antoine Picon
Professeur à la Graduate School of Design d’Harvard, directeur de recherches à l’École nationale des Ponts et Chaussées
Virginie Picon-Lefebvre
Architecte DPLG, urbaniste enpc, professeure HDR à l’ENSAPB, chercheure à l’IPRAUS (UMR AUSser)
Stéphanie Quantin-Biancalani
Conservateur en chef du patrimoine, responsable de la collection d’architecture moderne et contemporaine, Cité de l’architecture et du patrimoine
Yann Rocher
Architecte, enseignant et commissaire d’expositions
Nathalie Roseau Architecte-ingénieur, professeure d’urbanisme à l’École des Ponts ParisTech
Bernard Vaudeville
Directeur associé de T/E/S/S, président du département Génie Civil et Construction au sein de l’École nationale des Ponts et Chaussées, membre associé de l’Académie d’architecture
Zou Qiang
Docteur en histoire de l’art, architecte et fondateur de Zone of Utopia
Sommaire
7Paris, Pékin et retour
Catherine Chevillot
9Préface
Augustin de Romanet
10La part intime
Nadine Eghels Andreu
14Paul Andreu. L’envol
Stéphanie Quantin-Biancalani
30«Disegno ergo sum»
Stéphanie Quantin-Biancalani
36Histoire de deux terminaux
Orly-Sud et Roissy 1
Antoine Picon
66La collaboration Andreu-Motte
Florence Allorent
76 Architecture mathématique, poésie technique
Bernard Vaudeville
78 En dedans et en dehors
Paul Andreu et l’espace habité
Nathalie Roseau
96La maison de l’atome de Cruas, 1975-1985
Diane Aymard
100Terminal français du tunnel sous la Manche, 1985-1994
Lisa Mexique
110L’architecte passeur
Yann Rocher
138Grande Arche de la Défense, Puteaux, 1984-1989 Virginie Picon-Lefebvre
144Les leçons du Japon Stéphanie Quantin-Biancalani
178 Le Grand Théâtre et la Chine Françoise Ged, Zou Qiang
198Les collines sportives de Guangzhou, 1998-2001
Diane Aymard
202Témoignages
Christine Cayol
Albert Dichy Laurence Cossé
Tadao Ando
Jean Nouvel
208Repères biographiques
210 Projets et réalisations de Paul Andreu
216 Liste des collaborateurs de Paul Andreu
224 Bibliographie
234 Index

●1Paul Andreu, Grand Théâtre national de Chine, dit «Opéra de Pékin» (1998-2007), carnet 43, janvier 2000•Paris, CAPA / MMF, inv. MMF 2021.4.42
Paris, Pékin et retour
Paul Andreu est l’homme de Roissy, mais c’est en Chine, après l’achèvement de l’Opéra de Pékin, que je l’ai croisé, et recroisé. Sa capacité à poursuivre une poétique propre tout en se laissant emmener, voire déplacer, par les cultures auxquelles il se confrontait est ce que j’ai trouvé de plus touchant dans son parcours : « Rien pour moi n’aurait été pareil sans cette deuxième expérience», écrit-il (Deux lettres à un jeune architecte, 2016). Il s’est lui-même laissé emporter par le flux et le reflux des rencontres. Est-ce étonnant pour un homme fasciné par le développement et l’évolution, à l’image de la matrice de Roissy, conçue pour son ouverture aux croissances futures? Ne comparait-il pas les idées en architecture «à ces plantes qui ne se développent pas tout à fait de la même manière quand on les change de sol et de climat» (Deux lettres à un jeune architecte, 2016) ?
Chez lui – contrairement aux générations d’architectes de l’après – 1968 qui se sont évertuées à récuser toute trace d’esthétique dans leurs démarches – aucun doute: «l’architecture est un art». Une création, pour reprendre ses mots, à la fois fruit de rencontres qui transforment et, «dans une plus grande intériorité, cette confrontation à soi-même, au temps et aux mythes qui le fondent, d’où surgit le sens» (J’ai fait beaucoup d’aérogares, 1998). Dans une approche qui assume sensibilité et poétique sans rien céder à la rigueur; qui génère sobriété et sérénité sans renoncer à l’exigence.
Nul lieu où l’intime, précisément, ne se révèle mieux que dans ses 69 carnets, tous du même fabricant et du même format, compagnons fidèles de tous ses voyages, de toutes ses quêtes. Donnés généreusement par Nadine Eghels Andreu à la Cité de l’architecture et du patrimoine, ils forment la colonne vertébrale de son processus créatif: tout part de là, tout s’y rattache, là où la main se fait prolongement de l’esprit. À ce don s’est ajouté l’ensemble des archives de Paul Andreu, faisant de la Cité l’un des premiers lieux de ressources pour comprendre cet architecte hors norme. La Cité et l’exposition lui doivent énormément. L’immense aérogare de Roissy, comme les archives, entre désormais dans le champ d’un patrimoine qui, comme toutes les grandes infrastructures, doit par nature rester vivant. Le Groupe ADP, dont le très vif intérêt pour la mise en valeur de cette icône de l’architecture ne s’est jamais démenti, a été un précieux soutien pour cette exposition et l’ouvrage qui l’accompagne. Dès qu’ils ont pris connaissance de l’initiative de la Cité, Augustin de Romanet et Edward Arkwright ont immédiatement et généreusement répondu présents. Qu’ils soient tous deux ici très chaleureusement remerciés pour avoir mis à notre disposition les ressources documentaires et archivistiques, et pour leur collaboration décisive.
Catherine Chevillot, conservatrice générale du patrimoine, présidente de la Cité de l’architecture et du patrimoine

● 2 Aérogare 1 de Roissy-Charles-de-Gaulle (1967-1974), vue aérienne • Archives du Groupe ADP
Préface
Le dessin, comme une obsession. Le dessin comme support de la conception, medium indispensable à l’architecte. Toute sa vie Paul Andreu dessinera, inlassablement. Ses carnets aujourd’hui exposés sont la matérialité originale de ce travail, l’œuvre sur papier faisant écho aux œuvres elles-mêmes.
Paul Andreu a marqué l’histoire de l’aviation et de l’architecture. Tout au long de sa carrière, il aura accompagné de façon créative la mutation sociétale liée au développement du voyage en avion, de l’expérience émotionnelle unique du terminal 1, dès les années 70, jusqu’à la massification du trafic pendant les années 2000.
C’est en 1967 que le jeune architecte en chef de 29 ans se voit confier la création du premier terminal de ce qui deviendra l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle. Dès son inauguration, le 8 mars 1974, le terminal 1 émerge comme une œuvre iconique qui, cinquante après son achèvement, fascine toujours architectes et voyageurs. Il devient une référence de modernité intemporelle qui inspirera une longue liste d’études et de réflexions sur le devenir de l’architecture aéroportuaire.
Car l’aéroport de Paul Andreu illustre le moment où le ciel pose pied à terre, instant suspendu dans le temps, moment particulier de l’envol. Il accompagne le mouvement et notamment cet instant unique où le voyageur chemine à pied entre des infrastructures routières, ferroviaires et jusqu’à l’avion, parcourant un espace complexe qui se doit d’être lisible et rassurant.
Paul Andreu apporte une attention particulière au confort psychologique et physiologique, à la lisibilité des cheminements et au traitement de la lumière. Les parcours qu’il conçoit jouent avec une très grande variété de séquences : aériennes, souterraines, en surplomb. Sa vision est globale, intégrant la conception des accès routiers, des ouvrages techniques, des gares et des aérogares formant un ensemble monumental unique, mêlant infrastructures et bâtiments dans un geste original et une grande exigence de rationalité. La géométrie et les mathématiques sont une constante
de son œuvre. Celle-ci est parcourue par un sens inné de la composition et une parfaite maîtrise de la complexité inhérente au fonctionnement aéroportuaire. à travers sa maîtrise des grandes échelles et une intelligence spatiale remarquable, il réinvente, à chaque étape de sa carrière, de nouveaux modèles de fonctionnement en réponse aux exigences fonctionnelles de l’aviation et au contexte local.
Ses dessins, dans lesquels il maîtrise parfaitement les différentes échelles des projets, du plan-masse au dessin des bâtiments ou au design des luminaires, façonnent une monumentalité évidente, simple, sans artifice. Ils illustrent parfaitement son attachement à la rationalité et à la simplicité des structures, toujours lisibles, sublimées par le jeu de la lumière sur les formes et les matières. À compter de 1984, Paul Andreu se déploie en dehors du monde aéroportuaire. Sa participation au projet de la Grande Arche auprès de Johann Otto von Spreckelsen lui permet de développer son expérience hors des pistes d’atterrissage et des terminaux. Ces nouveaux horizons l’amèneront, après la réalisation du Musée maritime d’Osaka, à remporter le concours de l’Opéra de Pékin, projet auquel il attache une attention personnelle particulière. D’une géométrie simple, l’Opéra dialogue avec la Cité Interdite au cœur de la ville, au cœur de l’histoire.
Paul Andreu aura marqué l’histoire architecturale du Groupe ADP, et bien au-delà, aura su faire partager une vision de l’architecture. Nous en sommes les dépositaires, et les continuateurs, soucieux de faire vivre le formidable patrimoine qu’il nous a légué. Il était donc naturel pour nous d’accompagner la Cité de l’architecture et du patrimoine dans cette rétrospective qui suscitera chez chacun un regard surpris et admiratif sur son œuvre.
Augustin de Romanet, Président directeur général du Groupe ADP


Aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, aérogare 1. Couleur, mobilier, signalétique, 1969-1974
●55Aérogare 1 de Roissy-Charles-de-Gaulle, cubes publicitaires et banquettes de Joseph-André Motte à l’étage Départ, 1978•Gilles Ehrmann, photographe•Archives du Groupe ADP





●56Jacques Fillacier, Aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, couleurs réservées à l’aéroport, étude chromatique pour Air Maxim’s, mars 1977•Échantillons collés sur papier•Archives Joseph-André Motte
● 57 Jacques Fillacier, Deux échantillons colorés, étude chromatique pour le flocage du béton et le tissu des sièges de l’aérogare 1 de Roissy-Charles-de-Gaulle, 1971 • Cartons • Paris, bibliothèque du MAD, inv. FILL 1142.1
●58Jacques Fillacier, Nuancier de couleurs pour l’aérogare1 de Roissy-Charles-deGaulle, 1972•Plaka sur papier Paris, Centre Pompidou, MNAM-CCI, inv. AM 2010-1-392
● 59 Jacques Fillacier, Étude de mise en situation du gris des caissons de signalisation dans un ensemble couleur béton pour l’aérogare1 de RoissyCharles-de-Gaulle, 1971•Cartons colorés contrecollés sur carton Paris, bibliothèque du MAD, inv. FILL 1142.3.1

Les satellites étaient dans la lumière, c’étaient des portes ouvertes sur le ciel.
Paul
Andreu, Archi-mémoires, 2013


●60Aérogare 1 de RoissyCharles-de-Gaulle, intérieur d’un satellite d’embarquement, 2003•Paul Maurer, photographe
● 61 «Programme modulaire sièges m0221 », page publicitaire pour les sièges conçus pour l’aéroport Roissy-Charles-deGaulle, dans Structures Décoratives, no 16, septembre 1974 Courtesy galerie Demisch Danant
● 62 Joseph-André Motte, MPS (Manufacture parisienne des sièges), Banquette et table basse Roissy, d’après le modèle conçu pour l’aérogare1 de Roissy-Charlesde-Gaulle, 1972•Résine de polyester, gel coat, mousse, tissu en vinyle•Courtesy galerie Demisch Danant





●160Pointe de la péninsule, maquette de rendu, 1989-1997 • Paul Andreu, architecte et Atelier maquettes d’Aéroports de Paris•Carton et métal Paris, Centre Pompidou, MNAM – CCI, inv. AM 2002-2-501 (2)
● 161 Détail du couteau de la péninsule, maquette de rendu • Paul Andreu, architecte et Atelier maquettes d’Aéroports de Paris•Carton et métal •Paris, Centre Pompidou, MNAM – CCI, inv. AM 2002-2-501
● 162 Détail de la couverture du hall d’embarquement, péninsule et pare-soleil, maquette de rendu•Paul Andreu, architecte et Atelier maquettes d’Aéroports de Paris•Plastique, métal •Paris, Centre Pompidou, MNAM – CCI, inv. AM 2002-2-494
● 163 Vue de la verrière de la péninsule•Archives
Nadine Andreu


Aéroport international de Shanghai- Pudong, Chine, 1996-1999
● 164 Paul Andreu, architecte, Antoine Buonomo, perspectiviste, Hervé Langlais, bases de plans filaires•Perspective aérienne, rendu de concours, 1997•Peinture acrylique, crayons de couleurs et craies sur papier•Collection Antoine Buonomo



● 165 Façade depuis la voie d’accès principale•Paul Maurer, photographe
●166Vue intérieure•Paul Maurer, photographe
●167-168
Paul Andreu, architecte, Antoine Buonomo, perspectiviste, Hervé Langlais, bases de plans filaires
167 Perspective sur le hall public des départs et des arrivées, 22 février 1996
168Perspective sur le hall public, le jardin et la galerie d’embarquement, 26 février 1996
Peinture acrylique, crayons de couleurs et craies sur papier
Collection Antoine Buonomo





●188Aérogare 1 de Roissy-Charles-de-Gaulle (1967-1974), un passager dans un des tubes du vide central•Archives du Groupe ADP