Decorators of the 1960s and 1970s

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Maria Pergay born en 1930

Coiffeuse Barbarella en acier Inox brossé s’ouvrant comme un poudrier, 1968. Intérieur en ébène de Macassar. Chaise Anneau en acier Inox brossé, 1968. Appartement parisien, vers 1970. Sièges et banquette-lit de Maria Pergay.

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Les créations de Maria Pergay se distinguent par une singularité impétueuse. Tout en appartenant au monde du luxe le plus affirmé, tout en accompagnant les splendeurs des siècles passés, elles sont indiscutablement contemporaines. Mais à leur manière, celle d’une poésie cosmopolite qui s’enracine autant dans l’Orient que dans l’Occident. Née en Moldavie, dans le sud de la Russie, Maria Alexandrovna Cachnitskaya se réfugie à Paris avec sa mère en 1937, à la suite de la disparition de son père, victime des purges staliniennes. En 1947, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, elle s’inscrit à l’IDHEC (l’Institut des hautes études cinématographiques), fréquente l’atelier de Zadkine et épouse Marc Pergay, dont elle aura quatre enfants. Sa vie professionnelle se décide un peu par hasard. Une de ses amies lui demande de créer des objets pour décorer des vitrines. Les grands oiseaux stylisés en pierres de couleur maintenues par une structure en fer forgé, qu’elle imagine pour le chausseur Durer, rue du Faubourg-SaintHonoré, marquent le début de sa notoriété. La nouveauté de son art lui apporte de nombreuses commandes. Elle travaille entre autres pour la boutique de décoration Claude Tabet, ou pour la firme Hugonet, spécialisée dans le mobilier de jardin. En 1957, la boutique Kirby Bird, rue Scribe, l’invite à créer des chandeliers en argent pour les cognacs Hennessy sur le thème d’un dîner de fin de vendanges. Il en résulte une composition joliment baroque, jouant sur l’allure rugueuse de ceps de vigne. La même année, elle lance une collection d’orfèvrerie contemporaine et expose au Salon de la bijouterie (Bijorca). En 1960, elle ouvre un magasin 2, place des Vosges, dans le Marais, et réalise pour Salvador Dalí, à l’initiative de Mafalda Davis, une amie de ce dernier, deux bijoux, dont Le Mythe du papillon et du feu. Au milieu des années 60, le responsable du service de décoration d’Ugine Gueugnon lui propose de créer pour Uginox, l’une des filiales du groupe, une gamme d’objets en acier inoxydable. Maria Pergay trouve que ce matériau se prête plus au mobilier qu’aux accessoires de décoration, auxquels elle s’est cantonnée jusque-là. Elle crée donc un ensemble de meubles qui servira de support à une vaste campagne publicitaire avec comme slogan : « L’acier, ce n’est pas toujours des casseroles. » Cette ligne va connaître un réel succès aussi bien en France qu’aux États-Unis, où la société Harvey Probber en acquiert l’exclusivité en 1969. Également séduit, Jean Dive, le décorateur de la galerie Maison et Jardin, est l’un des tout premiers à rendre hommage à son talent. En 1968, il présente au Salon des artistes décorateurs quelques tables de la gamme Uginox avec des meubles chinois sur un fond de boiseries du XVIIIe siècle badigeonnées de blanc. Le succès est immense, et il décide de présenter la totalité de sa collection en acier inoxydable la même année, cette fois-ci au sein de la galerie, en compagnie de meubles et de tapisseries des XVIIe et XVIIIe siècles d’une 243


Maria Pergay born en 1930

Coiffeuse Barbarella en acier Inox brossé s’ouvrant comme un poudrier, 1968. Intérieur en ébène de Macassar. Chaise Anneau en acier Inox brossé, 1968. Appartement parisien, vers 1970. Sièges et banquette-lit de Maria Pergay.

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Les créations de Maria Pergay se distinguent par une singularité impétueuse. Tout en appartenant au monde du luxe le plus affirmé, tout en accompagnant les splendeurs des siècles passés, elles sont indiscutablement contemporaines. Mais à leur manière, celle d’une poésie cosmopolite qui s’enracine autant dans l’Orient que dans l’Occident. Née en Moldavie, dans le sud de la Russie, Maria Alexandrovna Cachnitskaya se réfugie à Paris avec sa mère en 1937, à la suite de la disparition de son père, victime des purges staliniennes. En 1947, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, elle s’inscrit à l’IDHEC (l’Institut des hautes études cinématographiques), fréquente l’atelier de Zadkine et épouse Marc Pergay, dont elle aura quatre enfants. Sa vie professionnelle se décide un peu par hasard. Une de ses amies lui demande de créer des objets pour décorer des vitrines. Les grands oiseaux stylisés en pierres de couleur maintenues par une structure en fer forgé, qu’elle imagine pour le chausseur Durer, rue du Faubourg-SaintHonoré, marquent le début de sa notoriété. La nouveauté de son art lui apporte de nombreuses commandes. Elle travaille entre autres pour la boutique de décoration Claude Tabet, ou pour la firme Hugonet, spécialisée dans le mobilier de jardin. En 1957, la boutique Kirby Bird, rue Scribe, l’invite à créer des chandeliers en argent pour les cognacs Hennessy sur le thème d’un dîner de fin de vendanges. Il en résulte une composition joliment baroque, jouant sur l’allure rugueuse de ceps de vigne. La même année, elle lance une collection d’orfèvrerie contemporaine et expose au Salon de la bijouterie (Bijorca). En 1960, elle ouvre un magasin 2, place des Vosges, dans le Marais, et réalise pour Salvador Dalí, à l’initiative de Mafalda Davis, une amie de ce dernier, deux bijoux, dont Le Mythe du papillon et du feu. Au milieu des années 60, le responsable du service de décoration d’Ugine Gueugnon lui propose de créer pour Uginox, l’une des filiales du groupe, une gamme d’objets en acier inoxydable. Maria Pergay trouve que ce matériau se prête plus au mobilier qu’aux accessoires de décoration, auxquels elle s’est cantonnée jusque-là. Elle crée donc un ensemble de meubles qui servira de support à une vaste campagne publicitaire avec comme slogan : « L’acier, ce n’est pas toujours des casseroles. » Cette ligne va connaître un réel succès aussi bien en France qu’aux États-Unis, où la société Harvey Probber en acquiert l’exclusivité en 1969. Également séduit, Jean Dive, le décorateur de la galerie Maison et Jardin, est l’un des tout premiers à rendre hommage à son talent. En 1968, il présente au Salon des artistes décorateurs quelques tables de la gamme Uginox avec des meubles chinois sur un fond de boiseries du XVIIIe siècle badigeonnées de blanc. Le succès est immense, et il décide de présenter la totalité de sa collection en acier inoxydable la même année, cette fois-ci au sein de la galerie, en compagnie de meubles et de tapisseries des XVIIe et XVIIIe siècles d’une 243


Stand Uginox au Salon des arts ménagers, 1971. Tout le mobilier a été créé par Maria Pergay. Illustration publiée dans Plaisir de la maison, mars 1971.

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qualité remarquable. Le pari, apparemment risqué, se révèle une grande réussite. Maria Pergay est lancée. La société Jansen lui passe commande, et Pierre Cardin, maître incontesté du chic futuriste, achète l’ensemble de sa collection. Elle dessine pour ce dernier des meubles d’exception qui seront exposés en 1977 à la galerie Évolution, dont un canapé Tortue tout à fait insolite. La carapace de l’animal s’ouvre sur des coussins en cuir très confortables, tandis qu’un mécanisme permet de le transformer en boîte pour rêveur excentrique. Autre meuble dont la simple description enchante l’imaginaire : une table basse en forme d’ammonite géante rongée par le temps d’où sortent des crabes en argent et des morceaux de cristal de roche. Ses créations des années 60 et 70 séduisent aujourd’hui par la qualité de leur dessin et de leur exécution, leur raffinement et leur poésie. Un luxe qui va la conduire à réaliser de grands chantiers pour les princes d’Arabie Saoudite, dont elle devient la décoratrice officielle. Malgré un cahier des charges très lourd, elle parvient à trouver des solutions inédites, comme ce grand mur d’eau silencieux qui sépare visuellement le quartier des hommes de celui des femmes, dans un palais situé en un lieu quasi désertique. Astuce pleine de sensibilité, de créativité et de savoir-faire technologique, à l’image de l’artiste.

Appartement de François Perrier à Paris, décoré par François Arnal, début des années 70. Table basse de Maria Pergay et chauffeuses provenant de sa boutique, place des Vosges. Table basse en position fermée en acier Inox et cuivre, 1969.

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Stand Uginox au Salon des arts ménagers, 1971. Tout le mobilier a été créé par Maria Pergay. Illustration publiée dans Plaisir de la maison, mars 1971.

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qualité remarquable. Le pari, apparemment risqué, se révèle une grande réussite. Maria Pergay est lancée. La société Jansen lui passe commande, et Pierre Cardin, maître incontesté du chic futuriste, achète l’ensemble de sa collection. Elle dessine pour ce dernier des meubles d’exception qui seront exposés en 1977 à la galerie Évolution, dont un canapé Tortue tout à fait insolite. La carapace de l’animal s’ouvre sur des coussins en cuir très confortables, tandis qu’un mécanisme permet de le transformer en boîte pour rêveur excentrique. Autre meuble dont la simple description enchante l’imaginaire : une table basse en forme d’ammonite géante rongée par le temps d’où sortent des crabes en argent et des morceaux de cristal de roche. Ses créations des années 60 et 70 séduisent aujourd’hui par la qualité de leur dessin et de leur exécution, leur raffinement et leur poésie. Un luxe qui va la conduire à réaliser de grands chantiers pour les princes d’Arabie Saoudite, dont elle devient la décoratrice officielle. Malgré un cahier des charges très lourd, elle parvient à trouver des solutions inédites, comme ce grand mur d’eau silencieux qui sépare visuellement le quartier des hommes de celui des femmes, dans un palais situé en un lieu quasi désertique. Astuce pleine de sensibilité, de créativité et de savoir-faire technologique, à l’image de l’artiste.

Appartement de François Perrier à Paris, décoré par François Arnal, début des années 70. Table basse de Maria Pergay et chauffeuses provenant de sa boutique, place des Vosges. Table basse en position fermée en acier Inox et cuivre, 1969.

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Hall de réception du siège social d’une entreprise à Ville-d’Avray, arrière du bureau Virgule en acier Inox, 1969. Table de salle à manger Nymphéas, plaque en acier Inox satiné à trous entre deux plaques de verre, piètement en Plexiglas et acier, 1968. Brochure publicitaire Jansen. Salle à manger de l’appartement d’un collectionneur à Paris, chaises et table de Maria Pergay en acier inoxydable et Plexiglas. Toile d’Alain Jacquet à gauche, mobile de Soto au fond. Illustration publiée dans Plaisir de France, novembre 1970.

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Table de salle à manger Arc-en-ciel, cercles concentriques en acier Inox entre deux plaques de verre, piètement en Plexiglas cerclé de métal, 1968. Brochure publicitaire Jansen.

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Hall de réception du siège social d’une entreprise à Ville-d’Avray, arrière du bureau Virgule en acier Inox, 1969. Table de salle à manger Nymphéas, plaque en acier Inox satiné à trous entre deux plaques de verre, piètement en Plexiglas et acier, 1968. Brochure publicitaire Jansen. Salle à manger de l’appartement d’un collectionneur à Paris, chaises et table de Maria Pergay en acier inoxydable et Plexiglas. Toile d’Alain Jacquet à gauche, mobile de Soto au fond. Illustration publiée dans Plaisir de France, novembre 1970.

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Table de salle à manger Arc-en-ciel, cercles concentriques en acier Inox entre deux plaques de verre, piètement en Plexiglas cerclé de métal, 1968. Brochure publicitaire Jansen.

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Appliques en acier et cristal de roche, 1970. Cabinet en acier chromé et laiton, vers 1975. Publicité pour la boutique Maria Pergay, vers 1975. Bahut en poirier noirci, laiton poli et acier poli. Première version de la table Gerbe, acier Inox et verre.

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Appliques en acier et cristal de roche, 1970. Cabinet en acier chromé et laiton, vers 1975. Publicité pour la boutique Maria Pergay, vers 1975. Bahut en poirier noirci, laiton poli et acier poli. Première version de la table Gerbe, acier Inox et verre.

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Table basse Ammonite dessinée pour Pierre Cardin, 1978. Base-coquille en fer forgé et cristal de roche. Plateau en marqueterie de laiton, cuivre, plomb, acier, argent et étain. Appliques-trophées en acier et bronze, 1977. Canapé en cuir et carapaces de tortue sur la place de la Concorde à Paris, 1977.

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Table basse Ammonite dessinée pour Pierre Cardin, 1978. Base-coquille en fer forgé et cristal de roche. Plateau en marqueterie de laiton, cuivre, plomb, acier, argent et étain. Appliques-trophées en acier et bronze, 1977. Canapé en cuir et carapaces de tortue sur la place de la Concorde à Paris, 1977.

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Alberto Pinto born in 1944

Salle de séjour d’une maison à Saint-Jean-Cap-Ferrat, vers 1970. Couloir qui mène au séjour, légèrement voûté ; bandes de couleurs par Jacques Ignazi. Appartement d’Alberto Pinto avenue Charles-Floquet à Paris, 1978. Recherche d’une simplicité luxueuse et d’une clarté de propos qui fait la synthèse entre un exotisme volontairement affirmé et un classicisme tout aussi présent.

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Alberto Pinto est l’un des décorateurs les plus célèbres de notre époque. Dans l’hôtel particulier parisien où est installée son agence règne l’activité d’une multinationale. Et c’est du monde entier qu’affluent ses clients, soucieux d’enrichir leur résidence ou le siège social de leur société d’un savoir-faire exceptionnel doublé d’un goût qui mêle heureusement éclectisme, raffinement et un sens bien réel de l’opulence. Né à Casablanca d’un père argentin et d’une mère espagnole, Alberto Pinto a vécu dans une famille heureuse qui habitait une maison coloniale aux dimensions généreuses. Toujours amoureux du Maroc, il possède aujourd’hui un magnifique palais à Tanger, une ville dont il apprécie l’atmosphère cosmopolite où les personnalités de grand talent perpétuent un mode de vie aristocratique et hors du temps à l’abri des murs de leur dar. Le jeune homme fait ses études à Paris, à l’École du Louvre, où il assouvit sa passion pour l’art. L’antiquaire Andrée Higgins, à l’origine de la redécouverte en France du style anglais qui connaît dans les années 60 une vogue sans égale, le remarque et lui demande de travailler pour elle. Il est à bonne école. Au milieu de la décennie, il débute une carrière de journaliste pour le magazine Maison et Jardin, puis signe un contrat de deux ans avec le groupe Condé Nast. Tout en parcourant le monde à la recherche de maisons étonnantes, il crée en studio des décors d’un modernisme coloré et novateur. Fort de ces expériences, Alberto Pinto aménage en 1967 son appartement new-yorkais. C’est le début d’une nouvelle carrière. Dans la foulée il ouvre une agence qui connaît un rapide développement, travaillant pour une clientèle internationale fortunée et aménageant de prestigieux espaces publics et ensembles hôteliers comme le Dorchester de Londres, le Grand Hotel Park à Gstaad et plus récemment La Mamounia à Marrakech. Alberto Pinto sait se plier aux volontés de ses clients et aux modes sans jamais déroger à l’idée qu’il se fait de son métier. S’il est un homme de son temps, il aime jouer avec les styles du passé et avec un certain exotisme. Son appartement du Champ-de-Mars, qui fut celui de l’écrivain Paul Morand, substitue aux lourdeurs historicisantes une atmosphère chaleureuse empreinte d’une poésie cosmopolite, où règnent palmiers géants, meubles en rotin et œuvres d’art. Toutes choses que l’on retrouve dans la boutique Pinto Pink qu’il ouvre en 1973, rue Princesse à Paris. Pendant une dizaine d’années, il vend là les meubles et les objets qu’il dessine ainsi que ceux de créateurs comme le grand architecte Caccia Dominioni, dont il aime le style affirmé, d’une modernité minimaliste réveillée par cette pointe d’étrangeté propre aux meilleurs Italiens. Si ses premiers chantiers bénéficiaient du ludisme contemporain et coloré des tables lumineuses de Ron Ferry, à mi-chemin de l’objet décoratif et de l’œuvre d’art, il est également sensible à l’esprit bien différent de Janine Janet qui inventa dans les années 50, pour les boutiques Balenciaga


Alberto Pinto born in 1944

Salle de séjour d’une maison à Saint-Jean-Cap-Ferrat, vers 1970. Couloir qui mène au séjour, légèrement voûté ; bandes de couleurs par Jacques Ignazi. Appartement d’Alberto Pinto avenue Charles-Floquet à Paris, 1978. Recherche d’une simplicité luxueuse et d’une clarté de propos qui fait la synthèse entre un exotisme volontairement affirmé et un classicisme tout aussi présent.

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Alberto Pinto est l’un des décorateurs les plus célèbres de notre époque. Dans l’hôtel particulier parisien où est installée son agence règne l’activité d’une multinationale. Et c’est du monde entier qu’affluent ses clients, soucieux d’enrichir leur résidence ou le siège social de leur société d’un savoir-faire exceptionnel doublé d’un goût qui mêle heureusement éclectisme, raffinement et un sens bien réel de l’opulence. Né à Casablanca d’un père argentin et d’une mère espagnole, Alberto Pinto a vécu dans une famille heureuse qui habitait une maison coloniale aux dimensions généreuses. Toujours amoureux du Maroc, il possède aujourd’hui un magnifique palais à Tanger, une ville dont il apprécie l’atmosphère cosmopolite où les personnalités de grand talent perpétuent un mode de vie aristocratique et hors du temps à l’abri des murs de leur dar. Le jeune homme fait ses études à Paris, à l’École du Louvre, où il assouvit sa passion pour l’art. L’antiquaire Andrée Higgins, à l’origine de la redécouverte en France du style anglais qui connaît dans les années 60 une vogue sans égale, le remarque et lui demande de travailler pour elle. Il est à bonne école. Au milieu de la décennie, il débute une carrière de journaliste pour le magazine Maison et Jardin, puis signe un contrat de deux ans avec le groupe Condé Nast. Tout en parcourant le monde à la recherche de maisons étonnantes, il crée en studio des décors d’un modernisme coloré et novateur. Fort de ces expériences, Alberto Pinto aménage en 1967 son appartement new-yorkais. C’est le début d’une nouvelle carrière. Dans la foulée il ouvre une agence qui connaît un rapide développement, travaillant pour une clientèle internationale fortunée et aménageant de prestigieux espaces publics et ensembles hôteliers comme le Dorchester de Londres, le Grand Hotel Park à Gstaad et plus récemment La Mamounia à Marrakech. Alberto Pinto sait se plier aux volontés de ses clients et aux modes sans jamais déroger à l’idée qu’il se fait de son métier. S’il est un homme de son temps, il aime jouer avec les styles du passé et avec un certain exotisme. Son appartement du Champ-de-Mars, qui fut celui de l’écrivain Paul Morand, substitue aux lourdeurs historicisantes une atmosphère chaleureuse empreinte d’une poésie cosmopolite, où règnent palmiers géants, meubles en rotin et œuvres d’art. Toutes choses que l’on retrouve dans la boutique Pinto Pink qu’il ouvre en 1973, rue Princesse à Paris. Pendant une dizaine d’années, il vend là les meubles et les objets qu’il dessine ainsi que ceux de créateurs comme le grand architecte Caccia Dominioni, dont il aime le style affirmé, d’une modernité minimaliste réveillée par cette pointe d’étrangeté propre aux meilleurs Italiens. Si ses premiers chantiers bénéficiaient du ludisme contemporain et coloré des tables lumineuses de Ron Ferry, à mi-chemin de l’objet décoratif et de l’œuvre d’art, il est également sensible à l’esprit bien différent de Janine Janet qui inventa dans les années 50, pour les boutiques Balenciaga


Décor réalisé en studio pour le magazine House and Garden à New York, 1969.

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et pour Jean Cocteau, un monde mythologique teinté d’une pointe de surréalisme. Avec elle, il exécute une salle de bains, sorte de grotte ornée de coquillages et peuplée de statues, à l’instar des nymphées des XVIIe et XVIIIe siècles. Et, depuis trente ans, chose peu connue du grand public, il commande régulièrement au sculpteur Hiquily des meubles d’une grande puissance évocatrice. Un goût pour l’exceptionnel qui traverse et structure son travail en lui conférant une dimention inédite. La clé du succès d’Alberto Pinto tient également à son sens remarquable de l’organisation et à son audace, reflet d’un caractère généreux ouvert aux multiples aventures que son métier lui suggère en permanence.

Pages précédentes Appartement à New York, 1969. Canapés dessinés par Gianfranco Frattini édités par Cassina, table basse d’Alessandro Albrizzi.

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Décor réalisé en studio pour le magazine House and Garden à New York, 1969.

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et pour Jean Cocteau, un monde mythologique teinté d’une pointe de surréalisme. Avec elle, il exécute une salle de bains, sorte de grotte ornée de coquillages et peuplée de statues, à l’instar des nymphées des XVIIe et XVIIIe siècles. Et, depuis trente ans, chose peu connue du grand public, il commande régulièrement au sculpteur Hiquily des meubles d’une grande puissance évocatrice. Un goût pour l’exceptionnel qui traverse et structure son travail en lui conférant une dimention inédite. La clé du succès d’Alberto Pinto tient également à son sens remarquable de l’organisation et à son audace, reflet d’un caractère généreux ouvert aux multiples aventures que son métier lui suggère en permanence.

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Appartement new-yorkais, 1969. chambre à coucher, vinyle blanc aux murs, sol et plafond, 1969. Lit à baldaquin et chevet en bois laqué d’Alberto Pinto, fauteuil Elda de Joe Colombo. Au fond, tableau d’Alberto Collie.

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Salle de séjour d’une maison à Saint-Jean-Cap-Ferrat, vers 1970. Meuble d’étagères d’angle d’Alberto Pinto, table basse de Willy Rizzo, canapés et poufs de chez Rossi. Au mur, sculpture-miroir de Cristal-Art. En bas, couloir qui mène au séjour, légèrement voûté ; bandes de couleurs par Jacques Ignazi.

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Appartement new-yorkais, 1969. chambre à coucher, vinyle blanc aux murs, sol et plafond, 1969. Lit à baldaquin et chevet en bois laqué d’Alberto Pinto, fauteuil Elda de Joe Colombo. Au fond, tableau d’Alberto Collie.

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Salle de séjour d’une maison à Saint-Jean-Cap-Ferrat, vers 1970. Meuble d’étagères d’angle d’Alberto Pinto, table basse de Willy Rizzo, canapés et poufs de chez Rossi. Au mur, sculpture-miroir de Cristal-Art. En bas, couloir qui mène au séjour, légèrement voûté ; bandes de couleurs par Jacques Ignazi.

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Atelier d’artiste à Montparnasse, Paris, 1975. Dans le salon, table sculpture lumineuse de Ronaldo Ferri, chèvre thaïlandaise, XIXe siècle, jardinière en bois laqué blanc Delta. Aux murs, tableaux de J.L. Germain et François Arnal. Page de gauche, salle à manger ; table dessinée par Alberto Pinto, chaises en osier, oiseau en bois peint Senofu. Dans le salon, chauffeuses en osier à piètement chromé dessiné par Lydia Levi pour Alberto Pinto, tableaux de Chu Ten Chun. Illustration publiée dans Maison Française no 287, mai 1975.

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Atelier d’artiste à Montparnasse, Paris, 1975. Dans le salon, table sculpture lumineuse de Ronaldo Ferri, chèvre thaïlandaise, XIXe siècle, jardinière en bois laqué blanc Delta. Aux murs, tableaux de J.L. Germain et François Arnal. Page de gauche, salle à manger ; table dessinée par Alberto Pinto, chaises en osier, oiseau en bois peint Senofu. Dans le salon, chauffeuses en osier à piètement chromé dessiné par Lydia Levi pour Alberto Pinto, tableaux de Chu Ten Chun. Illustration publiée dans Maison Française no 287, mai 1975.

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Appartement à Rio de Janeiro, 1970. Ci-contre, dans le salon, coussins de cuir posés sur un podium en demi-cercle, petites tables en Altuglas et plateau de verre dessinées par Alberto Pinto, murs recouverts de panneaux laqués brun, fauteuil en Altuglas de Christian Daninos pour Capy, table basse lumineuse de Ron Ferry ; tapis de laine filetée de marron. Ci-dessous, salle à manger décorée de bandes laquées blanc et brun. Table dessinée par Alberto Pinto, composée d’un piètement d’Altuglas teinté et d’un plateau de verre. Chaises chinoises anciennes.

Salle de bains d’un appartement à Genève, 1977. Niches tapissées de miroirs abritant un meuble-lavabo et un meuble-coiffeuse. Au-dessus d’une console de Philippe Hiquily, tableau de Félix Labisse.

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Appartement à Rio de Janeiro, 1970. Ci-contre, dans le salon, coussins de cuir posés sur un podium en demi-cercle, petites tables en Altuglas et plateau de verre dessinées par Alberto Pinto, murs recouverts de panneaux laqués brun, fauteuil en Altuglas de Christian Daninos pour Capy, table basse lumineuse de Ron Ferry ; tapis de laine filetée de marron. Ci-dessous, salle à manger décorée de bandes laquées blanc et brun. Table dessinée par Alberto Pinto, composée d’un piètement d’Altuglas teinté et d’un plateau de verre. Chaises chinoises anciennes.

Salle de bains d’un appartement à Genève, 1977. Niches tapissées de miroirs abritant un meuble-lavabo et un meuble-coiffeuse. Au-dessus d’une console de Philippe Hiquily, tableau de Félix Labisse.

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