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Le rythme du monde

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Libertine punk

Libertine punk

« La Nature n’est qu’un spectacle de bonté », écrivait Rimbaud, et de beauté selon Franck Evennou. C’est ainsi qu’il la donne à voir au travers de son mobilier d’art. Forêts cathédrales, rivières alanguies, tiges feuillues tendues vers la lumière, merveilles de la faune et de la flore… Il sculpte ses meubles inspirés de cette source intarissable comme les strophes d’un long poème écrit avec des encres de bronze et de bois.

Son histoire commence par un coup de foudre. « En 1976, nous avions 18 ans. J’ai rencontré Marianne dans l’une des soirées parisiennes où la jeunesse profitait d’une liberté nouvellement acquise1 » La nuit peut-être, mais le jour ses parents veillent à ce qu’il se prépare un avenir stable. Il n’a aucune idée de la profession qu’il souhaite exercer. Quelque chose en rapport avec le dessin, la seule discipline qu’il pratique avec bonheur depuis toujours. Il se retrouve en école de commerce. Puis il entre chez Kodak, la marque américaine dont le logo jaune a envahi les rues et la publicité délirante signée Jean-Paul Goude occupe les écrans de cinéma et de télévision.

Franck emménage avec Marianne à Nogent-sur-Marne. Il gagne très bien sa vie, gère librement son planning, ce qui lui permet de travailler et de visiter plusieurs expositions chaque jour. Les arts l’appellent, il résiste encore. Sa compagne lui propose de suivre des cours privés donnés par un sculpteur, aménage un atelier au sous-sol de la maison où le jeune cadre dynamique s’exerce durant la nuit, et le soutient lorsque après plusieurs années entre deux mondes il décide d’effectuer le grand saut, abandonnant son emploi stable pour vivre l’existence d’artiste que ses parents redoutaient.

Ses premiers objets seront pour Aude Clément. Passée par les Beaux-Arts et Camondo, cette journaliste culinaire a ouvert Au Bain Marie, 600 mètres carrés dédiés aux arts de la table situés entre l’hôtel de Crillon et la boutique Hermès. De 1987 à 1992, elle y lancera des éditions d’artistes (dont Cindy Sherman, Ettore Sottsass ou Richard Meier), scénarisées dans son étonnant cabinet de curiosités2. Franck imagine pour elle la Table de Nemo, une ode à l’univers fantastique de Jules Verne.

Ses coupes aux allures de méduse, ses manches de couverts conquis par des coraux et le seau à champagne ventru en bronze, comme sortis de l’épave d’un galion, ne manquent pas d’intriguer une visiteuse qui va devenir sa complice pour les décennies à venir, Elisabeth Delacarte. Franck Evennou se présente un beau jour dans sa galerie Avant-Scène, avec un carton de projets sous le bras. La galeriste reconnaît les prémices d’un style décoratif

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