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Punk libertin

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Introduction

Introduction

Raffiné, impertinent, onirique, extravagant, voluptueux… Aucun de ces termes ne peut à lui seul décrire son style. Par contre, mélangez-les, puis versez le cocktail dans un shaker de bronze, chauffez-le au fer à souder, transvasez dans des coupes cristallines et saupoudrez d’épices hallucinatoires, et vous voilà abreuvé à sa fontaine créative. À se demander d’où Mark Brazier-Jones peut bien tirer ses formules ensorcelantes depuis des décennies…

Ses créations incarnent sa personnalité. Pour tenter de la décrypter, transportons-nous un soir de 2016, quand la galerie Avant-Scène célèbre ses 30 ans et autant d’années à représenter la star du mobilier d’art anglais auprès de sa clientèle huppée. Il a conçu pour l’occasion un guéridon en éclats de bronze poli, ses formes inspirées de molécules d’hydrogène. Il est arrivé en dandy British, longue veste de velours et santiags, son épouse et muse Julia au bras, déambulant avec flegme parmi les invités. Un mot aimable adressé à chacun, coupe de Ruinart au bout de ses doigts bagués. De temps à autre, il dessine sur son calepin. Il paraît tellement posé, après tout il a 60 ans. Personne ne le voit glisser un papier plié en quatre dans la poche de ses collectionneurs français. Le lendemain, ils y découvriront des dessins érotiques1. Pas sage du tout.

Il est né à Auckland, en Nouvelle-Zélande, de parents d’origine suédoise. Sa mère est botaniste, son père et son grand-père paternel sont artistes peintres, alors que son aïeul maternel, Herbert Tornquist, est un paysagiste et un photographe portraitiste de renom. Dans un pays où la nature est omniprésente, avec l’école du « faire » comme éthique de vie, l’enfant navigue entre la ville, la plage et le « bach », une maison de Robinson Crusoé construite au cœur du bush. « Le paradis des chasseurs-cueilleurs » selon ses mots 2 , où, avec son frère cadet, il fabrique ce qui lui passe par la tête au gré de leurs trouvailles.

La famille émigre en Angleterre dans les faubourgs de Londres lorsqu’il a 12 ans. Fini les ciels sans fin et les étendues sauvages. Il mettra des mois à réussir à porter des chaussures, lui qui a toujours vécu pieds nus. « Je me sentais comme un mutant venu d’une autre planète 3 » Dyslexique, il ne s’adapte pas à l’école traditionnelle. Heureusement reste l’art, où il excelle. Pas la peinture, plutôt la terre, dans laquelle il peut défouler son énergie. Il passera un bachelor en sculpture céramique au Hornsey College of Art4 puis commencera à fabriquer des décors pour l’industrie émergente de la vidéo musicale.

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