Fidèles à l’art du paysage, Marcel Chesneau et Paul Nassivet poursuivent dans cette voie selon une inspiration commune. Plusieurs peintres innovent et rejoignent le mouvement de l’abstraction lyrique, d’autres explorent toutes les tendances de l’expressionnisme, d’autres enfin restent fidèles à la figuration classique et notamment à l’art du paysage. Deux d’entre eux parmi ces derniers, Marcel Chesneau (1902-1974) et Paul Nassivet (1904-1977), poursuivent dans cette voie selon une inspiration commune. Ils sont particulièrement sensibles à la peinture d’Albert Marquet et privilégient dans leurs œuvres les couleurs sourdes qu’affectionnaient les Nabis, tout en les adaptant à la lumière particulière à Nantes. Une émulation se crée entre les deux amis, et leur facture au lendemain de la guerre est assez proche. Marcel Chesneau est resté célèbre à Nantes par ses aquarelles des bords de Loire, du Morbihan et des marais vendéens. En fait, il ne s’est spécialisé dans l’aquarelle que dans les années 60 sur les conseils d’Albert Mignon-Massart qui tient alors rue Boileau l’une des meilleures galeries de province. Après avoir commencé à exposer à la fin des années 30, il a peint à l’huile pendant trente ans. Au lendemain de la guerre, il a été inspiré par Nantes et
ses quais. Ses toiles ont alors beaucoup de points communs avec celle de son ami Paul Nassivet. Celui-ci a laissé un grand souvenir pour ses bords de Loire et surtout pour ses représentations de l’île d’Yeu. Mais iI a, lui aussi, abondamment peint Nantes, notamment par temps de neige. Et pourtant, comme beaucoup de jeunes Nantais de l’époque, il avait d’abord été attiré par les horizons lointains et le mythe orientaliste. Après avoir été formé à l’atelier de la Grande Chaumière à Paris, il s’était rendu plusieurs fois au Maroc dont il avait su traduire les vives couleurs. Très vite, il avait exposé à Paris, chez Bernheim, Rauch, au Salon des Indépendants et au Salon d’automne, puis chez MignonMassart. Plus tard, il devient professeur à l’école des beaux-arts en 1948, puis son directeur en 1967. « Il avait bien compris la lumière très particulière des bords de Loire, disait de lui James Guitet, peintre de la génération suivante, et surtout la poésie subtile de Nantes… Nantes la grise ». On peut certainement en dire autant de Marcel Chesneau. Tous deux méritent en tout cas d’être redécouverts par les amoureux de Nantes et surtout par les amateurs de peinture.
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