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POUR UNE DIDACTIQUE DE L’ORAL AU COLLÈGE



POUR UNE DIDACTIQUE DE L’ORAL AU COLLÈGE
offre des outils et des ressources, l se confie pour dire les enjeux, les écueils et les réus-
vous propose une école du corps, de la voix et de la mise en espace, une école de la langue, de ses codes et de ses usages, une école de la réflexion, de la singularité et de l’affect. Parler avec sa voix, parler pour dire. Expliquer, argumenter, convaincre mais aussi entendre et savoir être convaincu. Parler ensemble et s’essayer aux autres.
C’est tout l’enjeu éducatif de ce magazine : que les échanges dans la classe donnent lieu à de véritables actes de communication, des échanges constructifs, opérés en confiance, loin des rapports de pouvoir que représentent trop souvent les prises de parole, dans lesquelles s’actualisent de façon renouvelée les mêmes rapports de force. Les rédacteurs vous montrent comment protéger au sein de la classe la prise de risque que représente une parole d’élève qui assume et développe la singularité d’une pensée. En ritualisant, en guidant pour ne plus se retenir d’oser.
L’autonomie est une capacité qui s’apprend comme les autres. « Ne suit pas en cours » disaient les appréciations. S’agit-il de suivre et non de faire et d’apprendre ? Afin que l’adolescent s’engage dans les objectifs définis pour lui, se les approprie et s’organise pour les atteindre, afin qu’il se donne librement la contrainte de l’effort nécessaire à ses progrès, il est temps de concevoir de véritables mises en pratique, de celles qui ne se contentent pas de mettre la classe en activité mais qui demandent à chacun de construire une démarche, de s’inscrire personnellement dans une réalisation, individuelle ou collective.
Sans doute certains adolescents, en particulier lorsqu’ils ne sont pas en réussite scolaire, sont-ils face à une incompréhension du sens des apprentissages, à une méconnaissance des règles du jeu, à un profond manque de confiance dans l’école, mais ils sont aussi, très simplement, en manque de responsabilités, de ces occasions qui permettent d’exister et d’être reconnus. Ce magazine en main, allez, à votre tour, vous asseoir au fond de la classe, écouter se déployer la parole de vos élèves, les laisser travailler à votre place, dans le cadre efficace et rassurant que vous aurez mis en œuvre. Cette confiance à accorder est le but ultime de ces propositions didactiques.
4. Ritualiser
4. Se présenter
5. Investir l’espace
6. Une impression d’aisance
8. S’inscrire dans le territoire
11. Un sketch de Stand Up
12. Faire parler les personnages d’un tableau
14. Découvrir un texte par l’oral
16. Débattre n’est pas combattre
20. Ecriture collaborative
22. Les outils pour l’enseignement de l’oral
23. Bibliographie et filmographie
24 Les enjeux de l’enseignement de l’oral
25. Pratiquer l’oral en classe
Mettre en confiance l’élève et créer un climat bienveillant propice à la parole
Apprendre à observer et à être observé
Créer un esprit d’équipe au sein de la classe
Travailler la concentration
Déroulement de l’activité :
Un échauffement corporel est mené en cercle par l’ensemble de la classe : échauffement de l’ensemble du corps, de la tête aux pieds ou inversement.
L’activité travaille la concentration et la gestion du stress.
Progressivité : le premier échauffement de l’année sera proposé par les enseignants, mais les suivants peuvent être pris en charge par les élèves.
Des exemples d’échauffement :
Inspiré du théâtre : https://www.youtube.com/watch?v=wRXROOXDDFk&t=19s
Inspiré de l’éducation musicale : https://www.youtube.com/watch?v=YPu8Fvx2ZPA
Travailler l’écoute, la mémoire Créer un esprit d’équipe Consolider l’idée d’appartenance à un groupe bienveillant
Un geste pour se présenter
En début d’année, en cercle, on demande à chacun de réfléchir à un geste pour se représenter. Il peut s’agir d’un geste du quotidien très simple. Le geste est clairement identifié et identifiable par le groupe (pas de gestes trop petits).
Le tour commence : chacun dit son prénom haut et fort puis fait le geste qu’il a choisi.
A la fin du tour, l’ensemble des participants reprend le nom et le geste de chacun.
Progressivité :
- L’élève vient au centre du cercle pour faire le même exercice.
- L’élève attend quelques secondes et prend le temps de regarder les membres du groupe avant de parler.
Aides possibles :
- Si un élève refuse de faire l’exercice, on peut lui proposer de passer avec un camarade dans le cercle.
- Proposer à l’élève de seulement donner son prénom.
- Se présenter sous une autre forme : « J’aime … », « Mon film préféré est… », « Mon chanteur favori est… », « Une phrase que j’aime… »
- Se mettre de dos pour faire l’exercice.
Rompre l’espace traditionnel de la classe pour s’engager oralement et corporellement
S’approprier l’espace, faire exister l’autre, prendre place au sein d’un collectif
Projeter sa voix, la moduler , travailler le regard (sur soi, sur l’autre)
S’approprier un texte littéraire
Etape n°1 : Investir l’espace en marchant
Consigne : vous marchez en prenant possession de tout l’espace (image du bateau qui coule, aucun endroit ne doit rester vide sinon le bateau penche d’un côté et finit par couler). Les élèves ne doivent pas percuter quelqu’un ou tourner en rond. La marche se fait en silence.
Etape n°2 : Complexification progressive de l’exercice : Varier le rythme
Un participant (au début l’enseignant mais progressivement cette étape peut être laissée à la charge de l’élève) accélère ou diminue le rythme de marche, toujours sans parler. Les autres participants réagissent naturellement et adaptent leur rythme de marche à celui du groupe.
Etape n°3 : Travailler le regard
Toujours en marchant, les participants s’arrêtent lorsqu’ils croisent quelqu’un. Ils prennent quelques secondes pour se regarder, toujours sans parler. Les élèves perçoivent la gène du regard de l’autre mais aussi la « zone » à respecter pour ne pas gêner l’autre (ni trop loin, ni trop près).
Etape n°4 : Porter sa voix
L’enseignant propose aux élèves une phrase extraite d’un texte littéraire. Lorsque l’enseignant touche l’épaule d’un élève, ce-dernier s’arrête. Le groupe va naturellement s’arrêter et regarder l’élève. Une fois que tout le monde s’est arrêté, l’élève déclame la phrase donnée.
Progressivité :
- Même exercice en demandant à l’élève de varier le volume sonore (dire la phrase en la murmurant ou en portant la voix).
- L’ensemble des élèves reprend en chœur la phrase prononcée par leur camarade.
- Introduire un décalage entre le sens de la phrase prononcée et l’intention voulue. Pour aller plus loin : la danse et le regard
https://www.youtube.com/watch?v=hgESqpYgz_g
Recommandations :
Cette activité peut être menée en demi groupe : un groupe d’élèves acteurs et des élèves observateurs. Les rôles
Mesurer le décalage entre le stress ressenti et ce qu’on laisse paraître lors d’une prise de parole
Trouver des clés pour donner une impression d’aisance en observant une prestation professionnelle
Prendre le corps en considération dans la préparation d’une prestation orale
Comprendre que d’autres étapes sont aussi importantes que la prestation elle-même
Présentation : Cette activité s’appuie sur un extrait de spectacle présenté à l’Opéra de Paris en 2004. A partir de cette captation, il s’agit de comprendre que malgré le stress qui accompagne une prestation orale, il est possible de l’apprivoiser et de donner une impression d’aisance.
L’œuvre support : Véronique Doisneau est danseuse classique. Elle est « sujet » dans le corps de ballet de l’Opéra National de Paris. Dans la hiérarchie des interprètes, c’est le 3ème échelon (le premier échelon étant celui de danseur.se étoile). Le sujet est un danseur qui danse dans le corps de ballet et à qui on confie parfois des rôles de solistes. Quand le chorégraphe Jérôme Bel a été invité par l’Opéra National de Paris à créer un spectacle, il a souhaité mettre en scène le travail de cette danseuse. Au moment de leprésenter au public, Véronique Doisneau est à quelques jours de la retraite.
Visionner un extrait du spectacle Véronique Doisneau de Jérôme Bel filmé à l’Opéra de Paris (du début jusque 6’25 environ, soit la fin du premier passage dansé).
https://www.youtube.com/watch?v=OIuWY5PInFs
- Qu’est-ce qui provoque du stress dans cette situation ?
‣ L’espace : immensité du plateau alors qu’elle est seule en scène, hauteur vertigineuse de la salle, nombre de spectateurs…
‣ Les symboles : prestige de l’institution de l’Opéra de Paris, la peur de décevoir les attentes du public (quel genre de spectacle sont-ils venus voir ?)
‣ Le fait de prendre la parole sur scène : n’oublions pas qu’elle est danseuse professionnelle et que ses habitudes sont ici complètement laissées de côté …
‣ Le fait de parler de soi : nécessité d’être franche et courage de se confier …
Qu’est-ce qui est mis en œuvre pour combattre ce stress ?
‣ Un visage ouvert et souriant
‣ La respiration (un peu plus tard dans le spectacle, la danseuse interprète un extrait de ballet et on entend son souffle. Donc, si on ne l’entend pas ici, c’est que la respiration est posée, qu’elle contribue au calme)
‣ Le rythme de la parole : elle n’hésite pas à faire des pauses
‣ Le regard : il est mobile, la tête l’accompagne, il se projette et il est aussi capable de se poser.
‣ La posture d’une danseuse classique : un corps droit (tiré vers le haut) et pourtant suspendu (pas complètement raide) ; une marche souple mais déterminée, ni trop lente, ni trop rapide
‣ L’ancrage et la prise d’espace : ses pieds ont l’habitude de s’ancrer dans le sol (en danse, on utilise souvent l’image des racines qui s’enfoncent dans la terre), son corps ne s’encombre pas de gestes parasites ; elle occupe des places différentes en fonction des moments du spectacle (par exemple, elle recule de 3 pas après sa petite introduction pour entamer le récit de son opération). Ces espaces délimités facilitent aussi sa mémorisation et donnent aussi des repères aux spectateurs pour leur écoute.
‣ Le discours : il a été préparé, il est sans doute appris par cœur. Véronique Doisneau parle d’elle-même, de sa vie personnelle et professionnelle. Ces passages autobiographiques qui retracent sa carrière lui permettent de partager avec le public et de passer à autre chose tout en laissant une trace.
‣ La mise en scène : la danseuse est en tenue de travail (alors que d’habitude, elle revêt un costume), elle tient son tutu sous le bras, des chaussons souples dans une main, une bouteille d’eau dans l’autre, ses cheveux sont attachés mais pas en chignon, son maquillage n’est pas visible.
Conclusion
Le travail du corps : recenser ce qui a aidé l’artiste à paraître à l’aise et proposer d’inventer une activité pour chaque paramètre
‣ La marche pour arriver dans l’espace du discours
‣ La posture, l’ancrage dans le sol
‣ La gestion de différents espaces du discours
‣ Le souffle, la respiration
‣ Le regard
‣ La voix
Le discours : il doit être préparé, appris mais pas « récité ».
Celui qui parle et celui qui écoute, une co-présence et une réciprocité :
Ce qu’il faudrait retenir :
‣ Malgré le stress que peut représenter une situation de prise de parole devant un public, il est possible d’agir sur différents paramètres pour diminuer le stress, le dissimuler voire même de rendre l’expérience agréable
‣ Rappel pour ceux qui écoutent : nécessité d’une écoute bienveillante pour aider celui qui prend la parole
‣ Rappel pour ceux qui prennent la parole : ceux qui nous écoutent ne sont pas là pour se moquer, ceux qui nous évaluent ne sont pas là pour nous piéger.
‣ Le propos autobiographique de Véronique Doisneau invite le public à une écoute bienveillante. Ce respect est aussi la condition pour que ces confidences existent.
‣ Comme dans l’autobiographie, le spectateur part du principe que cette artiste est sincère. Puisqu’il lui fait confiance, il est alors plus facile pour elle de sentir un accueil bienveillant.
‣ Les petites pointes d’humour permettent d’installer une atmosphère agréable dans la salle. Cette ambiance gagne alors en retour l’artiste qui parvient sans doute ainsi à se détendre.
Développer un projet qui encourage l’adhésion et la cohésion de la classe. S’approprier son territoire, développer des liens et des partenariats.
Lire pour un public
Avec une école primaire, proposer aux élèves d’aller lire des albums ou des contes aux élèves des écoles environnantes.
Préparation : travailler sur le sens des textes (on ne lit bien que ce que l’on comprend et il faut anticiper les questions éventuelles des élèves du primaire) et sur la lecture expressive.
Objectifs/ bénéfices : Lire à haute voix, de manière expressive. Créer des liens entre les différents établissements (les élèves de collège sont fiers de retourner dans leur école primaire, les élèves de l’école primaire appréhendent moins leur entrée au collège). S’engager.
Organisation : un stock d’albums et de contes – si l’école est à proximité du collège, le déplacement des collégiens se fait à pied durant une séance de cours par demi-groupe. Variante : proposer cette lecture sous forme de capsules vidéo ou en distanciel.
Organiser un événement autour de la défense d’une cause entre plusieurs établissements
Un concours ou un temps d’éloquence pour lutter contre le harcèlement qui réunit collège, lycée général et technologique et lycée professionnel. Les élèves présentent des productions orales diverses (joutes oratoires/débats contre le harcèlement, saynètes racontant une situation de harcèlement et sa résolution, discours, poèmes, …).
Préparation : en groupe ou en classe entière (les élèves se répartissent en groupe, pas nécessairement de manière égale car les saynètes peuvent nécessiter plus de monde, les discours peuvent être écrits à plusieurs voix, les débats peuvent opposer deux groupes de nombre varié)
- temps d’information préalable : intervention de l’infirmier, travail de recherche, etc.
- temps de réflexion : choix de la forme, problématisation du sujet, etc.
- temps d’élaboration : soit les élèves commencent à l’oral puis mettent à l’écrit, soit les élèves écrivent puis expérimentent leur travail à l’oral
- temps de répétition
Objectifs/ bénéfices : S’engager, prendre des initiatives, coopérer et réaliser des projets. Formuler une opinion, la confronter, en discuter. Être capable d’une prise de parole continue d’une durée variable. Mettre l’éloquence au service d’une cause. Renforcer les liens entre les établissements.
Organisation matérielle : événement à mettre en valeur avec une estrade dans la cour ou sous le préau si cela est possible ou dans une salle dédiée si l’établissement en possède une. Bloquer un temps (une demi-journée) pour ces rencontres.
Mme Véronique Agnieray professeure de Lettres modernes collège des Flandres, HazebrouckLa plupart des structures culturelles ou des dispositifs type CLEA Contrat Local d’Éducation Artistique) accueillent des artistes en résidence, organisent des concours ou des salons littéraires, proposent des expositions. https://draeac.site.ac-lille.fr/ladaac/
Plusieurs activités sont alors possibles :
- rencontrer un(e) comédien(ne), un(e) metteur(e) en scène, un(e) écrivain(e), un(e) journaliste, un(e) documentariste, un(e) artiste plasticien(ne) ou sonore ou visuel(le) permettant un temps d’échange ou de conseils ou de production ;
- participer à un concours d’écriture puis mettre en voix cette production ou proposer une lecture publique de cette production ;
- organiser une table ronde entre plusieurs écrivains durant laquelle les élèves interviendront pour poser des questions ou animer la table ronde ;
- devenir les médiateurs d’une exposition.
En lien avec le musée, projet d’enregistrer des capsules audio présentant l’abbé Lemire.
En lien avec la fonction occupée par ce personnage qui fut député, projet d’écrire puis dire un discours afin de proposer une nouvelle loi.
Préparation : visiter le musée, découvrir les lieux et le personnage.
En lien avec le musée, choisir un sujet, faire des recherches, écrire le texte, répéter puis enregistrer la capsule audio.
En lien avec la fonction de député, lire et écouter des discours célèbres, se familiariser avec la rhétorique, écrire son discours, s’entraîner à prononcer son discours devant un auditoire.
Objectifs/ bénéfices : Lire à haute voix, de manière expressive. Être capable d’une prise de parole continue d’une durée variable. Mettre l’éloquence au service d’une cause. S’engager. S’inscrire dans le territoire.
Organisation : prévoir un déplacement jusqu’au musée – prévoir quelques achats de livre sur le personnage afin de procéder aux recherches l’on veut mettre en scène le discours de manière plus solennelle – utiliser un enregistreur type zoom ou le logiciel audacity.
Variante : organiser un temps où les élèves se feront les médiateurs ou guides du musée pour d’autres élèves de l’établissement le cadre d’un concours d’éloquence.
Chaque année, la Villa Marguerite Yourcenar propose une journée professionnelle en novembre ou en décembre pour découvrir les écrivains en résidence. Les rencontres peuvent ensuite avoir lieu en se mettant en relation avec la personne référente de la Villa.
Elle propose différentes activités pédagogiques (gratuites pour les établissements, seul le déplacement est à prévoir) : des possibilités de rencontres de février à décembre avec les auteurs en résidence dans les classes. les journées collégiennes au mois de juin durant lesquelles des ateliers d’écriture, des balades nature, un spectacle et des rencontres sont proposés aux élèves (sur inscription). Un concours d’écriture sur un thème différent chaque année. https://services.lenord.fr/Concours-decriture-collegiens-2023
Quelques propositions d’activités :
• proposer aux élèves de présenter l’auteur rencontré, de faire le « pitch » de l’une des ses œuvres, de lire l’un de ses textes, de produire un texte à la manière de cet(te) auteur/autrice et le mettre en voix, ...
• atelier théâtral/ jeux théâtraux menés par l’auteur. Il est possible de privilégier des rencontres avec des auteurs dont le travail est lié à la parole (dramaturge, écrivain(e) étant aussi comédien, auteur pour la radio, metteur en scène, …) ou dont les œuvres ont pour thème principal la parole ou l’éloquence pour en débattre.
Exemple d’une rencontre :
Avec Françoise Henry ( http://www.m-e-l.fr/,ec,697 ). Cette écrivaine a écrit plusieurs romans mais a aussi écrit des feuilletons pour la radio sur France culture, notamment une micro-fiction intitulée « Voleuse ». L’activité propo-
Utiliser les ressources créatives et expressives de la parole
Analyse d’un sketch (1h) : Premier projet d’éloquence de l’année, dans le cadre de la séquence sur la satire, nous commençons par analyser le sketch d’ouverture du spectacle « Fary is the New Black » de l’humoriste Fary. Il s’agit de repérer le dispositif scénique spécifique au stand up, les différents ressorts du comique, de comprendre la dimension satirique de l’œuvre.
Création d’un sketch. (environ 2h) :
En binômes ou trios les élèves réfléchissent chacun à un message qu’ils aimeraient porter et réfléchissent à une écriture, un jeu et un dispositif scénique permettant de créer le rire. Chaque élève effectue ce travail de recherche face aux membres de son groupe qui sont en posture réflexive afin de guider par des échanges la construction du sketch. A ce stade, l’enseignant est assez effacé afin de laisser les élèves s’exprimer librement. Il peut ponctuellement guider les recherches.
Présentation des sketchs (1h par demi-groupe) : Chaque élève présente son sketch en condition de « spectacle » au reste de la demiclasse. Il s’agit d’une étape de travail permettant de vérifier l’efficacité du sketch et d’ajuster la mise en scène.
Présentation finale (1h) : Les élèves jouent leur sketch devant le demi-groupe qui n’a pas suivi l’élaboration du travail.
• Ce projet une véritable prise de risque et cela suppose d’instaurer un cadre où la bienveillance entre les élèves est de mise.
• Afin de faciliter la prise de parole, tous les niveaux de langue sont acceptés, le seul objectif étant de « dénoncer par le rire ».
• Un temps repère de 3min par sketch permet de construire un propos approfondi.
• Ce projet a pour vertu de désinhiber les élèves et de leur donner un espace pour exprimer leur créativité et d’aborder les sujets qui leur tiennent à cœur.
• D’autres oraux peuvent ensuite permettre une parole plus formelle.
Mme Emma Golon professeure de Lettres modernes collège Makeba, LilleTravailler sur une œuvre picturale qui résonne avec le corpus de textes choisis pour la séquence
Inviter les élèves à donner une voix à un personnage en l’incarnant S’appuyer sur l’oral pour nourrir un écrit
S’appuyer sur la spontanéité des élèves à l’oral et le côté ludique de l’activité pour favoriser le passage à l’écrit
Revoir les règles de mise en forme du dialogue et les appliquer à un texte personnel
Cette activité s’inspire de la série diffusée sur Arte A Musée Vous A Musée Moi qui « revisite avec humour les tableaux les plus célèbres du monde entier. Des personnages de toiles de maîtres s'animent au travers de sketchs loufoques et décalés, dans des décors et costumes scrupuleusement reconstitués. » (source site internet: https://www.arte.tv/ fr/videos/RC-017909/a-musee-vous-a-musee-moi-de-warhol-a-vermeer). Il s’agit de proposer une activité qui reprend cette démarche : donner la parole aux personnages d’un tableau.
L’activité fait partie d’une séquence intitulée « Quand la littérature invente des personnages racistes pour lutter contre le racisme »
Les œuvres supports
- Le tableau The problem we all live with de Norman Rockwell ;
- L’épisode Temps mort (épisode 6 de la saison 1) de la série A Musée Vous A Musée Moi diffusée sur Arte ;
NB : deux autres épisodes ont été consacrés à ce même tableau, J’ai pas envie d’aller à l’école (épisode 17 - saison 1) et Burn out (épisode 27 - saison 1)
- L’illustration New Kids in the Neighborhood de Norman Rockwell.
Déroulé de l’activité
1. Projeter le tableau The problem we all live with de Norman Rockwell aux élèves
Quels personnages ? Ruby Bridges et quatre agents fédéraux
Quelles tenues vestimentaires ? Robe blanche + accessoires d’école / costumes d’homme, brassard « Deputy US Marshal » + insigne
Quel « décor » ? Le mur du fond qui garde les traces de menaces et d’attaques mais qui met en valeur le fait que Ruby soit épargnée et que ces violences appartiennent déjà au passé.
Quelle composition ? Les contrastes des couleurs, le personnage au centre, encadré, la similitude des postures : Ils sont en marche
Quels liens avec le contexte historique de l’époque ? La lutte pour les droits civiques aux USA.
Roubaix Mme Sarah Kruszka professeure de Lettres modernes collège Sévigné,2. Par groupe de deux, proposer de trouver ce que pourrait penser Ruby Bridges à ce moment là, en prenant soin de concevoir les phrases à la première personne.
Au bout de 5 minutes, l’enseignant passe de groupe en groupe et demande aux élèves de prendre la parole comme s’ils étaient Ruby et de lui faire entendre ce qu’elle pense (attention, les élèves doivent forcément oraliser ces pensées à la première personne du singulier). L’enseignant les enregistre.
3. Visionner l’épisode Temps mort en ayant présenté la série A Musée Vous A Musée moi https://youtu.be/gx67Tx53NSE
4. Visionner l’épisode une deuxième fois en faisant des pauses pour que les élèves notent les éléments qui donnent des informations sur le contexte historique du tableau :
Les verbes importants pour comprendre les enjeux du contexte historique : « escorter » « aller à l’école » « protéger » « risquer »
Les indices de lieu et de temps : En Louisiane, en pleine ségrégation raciale, 1963
Le titre du tableau + le nom du peintre : « Le problème, on vit tous avec » + Norman Rockwell
Les personnages : Agents fédéraux / première fille noire à aller à l’école
La portée du tableau : La tolérance, un symbole, changer la face du monde
5. Proposer aux élèves de venir deux par deux au tableau et d’improviser un dialogue entre Ruby et un des agents fédéraux.
Les éléments relevés à l’étape n°4 sont projetés au tableau pour que les élèves puissent s’en servir. Ces passages sont enregistrés à l’aide d’un enregistreur vocal et retranscrits ensuite par le professeur pour garder une trace de ces dialogues improvisés.
6. Passage à l’écrit : chaque élève rédige un dialogue entre Ruby et l’un des agents fédéraux. Ce dialogue aura pour objectif de présenter l’oeuvre, son auteur et le contexte historique dans lequel elle s’inscrit. Il permettra aussi d’imaginer les sentiments des deux personnages et de les exprimer. Les règles du dialogue devront être respectées.
Ce temps de travail doit être différé, d’abord pour laisser le temps au professeur de retranscrire les phrases orales des élèves, ensuite pour réviser avec les élèves les règles du discours direct.
7. Evaluation possible : rédiger un dialogue entre deux personnages de votre choix de l’oeuvre New Kids in the Neighborhood de Norman Rockwell.
En fonction du niveau des élèves, il est possible de commencer par une description collective du tableau, puis de demander à quelques élèves de formuler à l’oral une hypothèse d’interprétation du tableau.
Ancrer l’enseignement de l’éloquence dans la discipline (le support est celui d’une séance qui s’intègre dans la séquence sur la satire) S’approprier des phrases clés du texte avant sa lecture intégrale pour en préparer la compréhension Utiliser l’oral pour entrer dans le texte plutôt qu’en restitution finale Utiliser l’oral comme moyen d’appropriation littéraire
- La découverte des phrases sorties du texte (pas encore étudié) en demi-groupe
- Exercices d’échauffements :
• Cercle ; mot envoyé par association d’idées
• Bouger en miroir
- Attribution d’une phrase à un élève :
• Temps de maîtrise de la phrase en circulant
• Les uns en face des autres chacun dit sa phrase à l’élève en face
• Puis en circulation, un élève s’arrête puis dit sa phrase
• Toujours en circulation, chacun dit sa phrase mais en s’adressant plus particulièrement à quelqu’un. De retour dans le cercle, les élèves doivent dire les phrases dans l’ordre du texte.
• Échange sur le sens qu’ils perçoivent et la dimension satirique. En classe ordinaire, l’étude du texte peut donc être lancée.
- Etape finale possible après étude du texte : mettre en voix le texte pour en restituer la dimension satirique
- Groupe de 3 élèves :
• Répartition du texte avec recherches (effets d’échos, certains mots ensemble…) et phase d’entraînement.
• Passage à l’auditorium devant une autre classe de 3e qui n’aurait pas étudié le texte mais avec laquelle un change pourra être fait sur les enjeux du texte.
Remarques :
- Un projet oral qui facilite la compréhension d’un texte « difficile ».
- U projet oral possible avec un autre texte (exemple en 4e : texte fantastique ; sortir les phrases contenant les doutes, l’hésitation du narrateur, le surgissement du surnaturel… pour définir le genre).
Mme Manchuelle Marie professeure de Lettres classiques collège Makeba, LilleChacune est attribuée à un élève :
« Un bébé sain et bien nourri constitue à l’âge d’un an un plat délicieux. »
« On les proposerait à la clientèle la plus riche et distinguée du Royaume. »
« Si l’on reçoit, on pourra faire deux plats d’un enfant. »
« Ses avantages à mon avis sautent aux yeux et plusieurs d’entre eux sont d’une importance capitale. »
« Les plus pauvres fermiers possèderont enfin quelque chose à saisir pour payer leurs propriétaires. » « La vente des enfants, s’ils naissent à une cadence soutenue, peut rapporter huit shillings. »
« Ce nouveau plat attirera certainement de nombreux clients dans les auberges. »
« Mon plan renforcerait grandement l’attrait du mariage, »
« Il augmenterait le dévouement et la tendresse des mères pour leurs enfants. »
« Comment ne pas les chérir, ces pauvres bébés dont elles tireraient leur subsistance ? »
« Les maris, de leur côté, seraient aussi fiers de leur femme enceinte qu’ils le sont aujourd’hui de leur jument ou de leur vache pleines, »
Le texte étudié ensemble ensuite
J'en viens à mon sujet, c’est-à-dire à ma proposition. Ses avantages à mon avis sautent aux yeux et plusieurs d’entre eux sont d’une importance capitale.
D’abord, comme j’ai dit plus haut, on verrait baisser beaucoup le nombre des papistes, qui se font chaque année plus envahissants, grâce à leur forte natalité, et qui sont nos plus dangereux ennemis. Ne demeurent-ils pas en Irlande avec l’intention bien arrêtée de la livrer au Prétendant, mettant à profit l’absence de tant de bons protestants qui ont choisi de s’exiler, plutôt que de payer, contre leur conscience, la dîme à un desservant épiscopale?
Deuxièmement. Les plus pauvres fermiers posséderont enfin quelque chose à saisir pour payer leurs propriétaires. On sait que bêtes et grains sont toujours saisis depuis longtemps, et que l’argent est une chose inconnue.
Troisièmement. Etant établi qu’il en coûte, au bas mot, dix shillings par an pour faire vivre chacun de ces cent mille enfants de deux ans et au-dessus, le compte économique de la Nation y gagnera cinquante mille livres par an, sans compter l’apport d’un nouvel aliment introduit sur la table des gourmets (qui appartiennent aux classes riches du Royaume) : d’où un accroissement de la circulation monétaire, les biens consommés étant entièrement irlandais d’origine et de manufacture.
Quatrièmement. La vente des enfants, s’ils naissent à une cadence soutenue, peut rapporter huit shillings par an à une reproductrice, tout en réduisant à un an le temps où elle les aura à sa charge.
Cinquièmement. Ce nouveau plat attirera certainement de nombreux clients dans les auberges dont les patrons ne manqueront pas de le préparer à la perfection, en mettant au point les meilleures recettes, pour faire de leurs établissements le rendez-vous des gastronomes les plus distingués et les plus fiers de leurs compétences – et un habile cuisinier, bon juge des vrais désirs de ses hôtes, saura combiner les repas coûteux qu’ils apprécient.
Sixièmement. Mon plan renforcerait grandement l’attrait du mariage, que toutes les Nations sensées ont soit encouragé par des récompenses, soit protégé par des lois et des sanctions. Il augmenterait le dévouement et la tendresse des mères pour leurs enfants. Comment ne pas les chérir, ces pauvres bébés dont elles tireraient leur subsistance, et dont l’intervention de la Société ferait une source de revenus annuels au lieu d’une occasion de débours ? Nous verrions vite naître une saine émulation entre les femmes mariées : « Laquelle de nous portera au marché le bébé le plus gras ? » Les maris, de leur côté, seraient aussi fiers de leur femme enceinte qu’ils le sont aujourd’hui de leur jument ou de leur vache pleines, de leur truie sur le point de mettre bas. Et la crainte d’un avortement les détournerait de lever le poing ou le pied contre elles (comme ils le font trop fréquemment).
Extrait de la Modeste proposition concernant les enfants des classes pauvres, J. SWIFT, 1729
Permettre aux élèves de « participer de façon constructive à des échanges oraux » comme le préconisent les programmes.
Développer un éthos du débatteur par l’acquisition de techniques argumentatives, par la prise en compte de l’interlocuteur, par la prise de conscience de l’importance de la fonction arbitrale du modérateur.
Proposer un contre-modèle aux formes dégradées de débats qui ont cours sur certains réseaux sociaux et sur certaines chaînes télévisées d’information en continu.
Un corpus d’œuvres et de documents qui mettent en scène des situations de controverses que l’on peut aisément analyser. Les œuvres suivantes ne sont citées qu’à titre indicatif :
- Un extrait de Pourquoi j’ai mangé mon père ? fable préhistorique et comique de Roy Lewis, portant sur la question du progrès.
- La scène d’exposition des Femmes savantes de Molière portant sur la question du mariage.
- La Devise de François Bégaudeau, dialogue théâtral savoureux portant sur la signification des trois composantes de la devise républicaine
- Douze Hommes en colère de Sidney Lumet et Reginald Rose (version filmique et version théâtrale), œuvre qui met en scène la délibération d’un jury et qui propose à travers le juré n°8 incarné dans le film par Henry Fonda une pédagogie du débat.
- Des extraits de débats radiophoniques (le début d’un débat sur l’implantation du TGV dans un numéro de l’émission animée par Alain Finkielkraut Répliques sur la chaîne France Culture) et télévisés (extraits d’un début de débat sur la chaîne BFM TV et d’un début de débat dans le cadre de l’émission quotidienne 28 minutes animée par Elisabeth Quin sur la chaîne Arte)
- Pour ou Contre ! de Sophie Lamoureux aux éditions Gallimard jeunesse.
- Disposer d’une caméra, d’un pied ou au moins d’un moyen d’enregistrement sonore.
Cette séquence se situe à la croisée de deux des questionnements spécifiques au niveau troisième, « Dénoncer les travers de la société » et « Agir dans la société : individu et pourvoir ».
Première étape
« Le pour et le contre »
Cette séance inaugurale est sans doute plus facilement praticable lorsque la classe est en demi-groupe.
En guise d’ouverture de la séquence, nous proposons un exercice qui sollicite la réactivité des élèves mais qui les oblige également à prendre en compte la parole de l’interlocuteur.
Des binômes sont constitués. Chaque élève du binôme doit avancer un argument, un seul, favorable ou défavorable (pour l’autre membre du binôme) au thème proposé. Une liste d’une dizaine de « pour ou contre » est proposée aux élèves :
Pour ou contre le don d’organes ? Pour ou contre les concours de beauté ? Pour ou contre les centrales nucléaires ? Pour ou contre la publicité ? Pour ou contre la chirurgie esthétique ? Pour ou contre les voitures dans les centres villes ? Pour ou contre les graffitis ? Pour ou contre les tatouages ? Pour ou contre le droit de vote avant 18 ans ? Pour ou contre les fastfoods ? Pour ou contre le téléchargement illégal ?
Certains de ces sujets de débats peuvent sembler frivoles, il s’agit dans cette phase initiale, de demander aux élèves, dans une courte phase préparatoire, de se concentrer sur la formulation d’un seul argument.
Ensuite a lieu une suite de micro-débats très rapides où le premier débatteur dit qu’il est pour telle ou telle thèse et justifie sa position en avançant son unique argument. Son contradicteur, lorsqu’il lui répond, a obligation de commencer son intervention de la façon suivante :
Vous dites que ……………… parce que………………. Moi je pense au contraire que…………….. parce que……………
L’intérêt de cette contrainte est d’obliger l’élève à écouter l’argument avancé par la partie adverse, et de le préparer au geste argumentatif de la concession.
Deuxième étape
Analyse du début d’un débat radiophonique extrait de l’émission Répliques produite et présentée par Alain Finkielkraut où le présentateur/modérateur annonce le thème débattu, indique l’identité des deux parties en présence, lance l’échange et distribue la parole.
Les deux parties en présence avancent successivement leurs premiers arguments.
Ce débat de facture « classique », se déroulant dans un climat de grande courtoisie, permet d’identifier clairement le rôle du modérateur, il permet aussi de repérer très clairement les arguments avancés, d’en observer leur formulation et de mesurer l’intérêt de l’emploi de mots outils dans la structuration de l’argumentation.
Troisième étape
Une troisième séance prend appui sur le film de Sidney Lumet Douze Hommes en colère qui a été préalablement visionné dans le cadre de Collège au cinéma (mais qui existe aussi en format DVD). Il s’agit de mettre en évidence l’éthos du débatteur en réfléchissant à l’opposition très marquée dans le film entre le juré n°8, incarné par Henry Fonda, qui cherche à mettre en évidence l’existence d’un doute raisonnable quant à la culpabilité du jeune homme accusé de parricide et qui ne se départit jamais de son calme et le juré n°10 qui laisse libre cours à sa colère et à l’expression de ses préjugés racistes. Ce dernier est dans une forme opposition frontale alors que Henry Fonda animé d’un esprit de consensus cherche à convaincre les autres jurés à l’aide d’arguments rationnels et de faits.
Malgré l’usage du noir et blanc et l’âge de l’œuvre, ce film mobilise l’attention et suscite l’intérêt des élèves.
Quatrième étape
On peut réfléchir à la notion de stratégie argumentative en prenant appui sur un dialogue théâtral ou un dialogue romanesque. Un extrait de Pourquoi j’ai tué mon père de Roy Lewis où, dans une préhistoire de fantaisie, s’opposent Ernest et son fils sur la question du bon usage du progrès technique ou la scène d’exposition des Femmes savantes de Molière où Armande et Henriette sur la question du mariage.
On demande aux élèves d’identifier les thèses en présence et de dire dans une formulation ramassée les arguments mis au service de ces thèses.
On leur demande également de mesurer l’efficacité de l’attitude adoptée par chacun des interlocuteurs.
Cinquième étape
Observation de deux extraits de débats télévisés. Un débat cacophonique venu d’une chaîne d’information en continu et un débat extrait de l’émission 28 minutes d’Elisabeth Quin où les débatteurs ne sont pas disposés frontalement et où le travail de modération est très actif. Cette analyse scénographique des deux formes de débats permet aux élèves de mesurer l’importance de la mise en scène du débat.
Sixième étape
Mise en œuvre de débats au sein de la classe.
Des groupes de six à huit élèves sont constitués. Deux élèves modérateurs et deux ou trois élèves défenseurs d’une thèse.
B. Choix d’un thème à débattre
On peut demander aux élèves de proposer des sujets mais l’enseignant se réserve le droit de valider ou non la proposition. Lui-même peut suggérer des thèmes :
- Est-ce important de suivre la mode ?
- Faut-il limiter la liberté d’expression sur les réseaux sociaux ?
- La vidéosurveillance est-elle la solution miracle pour garantir les citoyens ou constitue-t-elle un danger liberticide ?
- Faut-il réintroduire l’uniforme dans les écoles et les collèges ?
- Faut-il permettre le droit de vote à seize ans ?
C. Phase de recherche d’arguments de la part des groupes de débatteurs. Parallèlement les modérateurs préparent leur introduction et travaillent également la compréhension du sujet. L’enseignant met à disposition des élèves des ressources documentaires. Les élèves sont également autorisés à faire des recherches en ligne.
La salle de classe fait l’objet d’un aménagement particulier. On peut idéalement imaginer que les débats puissent avoir lieu dans une salle un peu plus grande, ce qui confère une forme de solennité à l’exercice. La possibilité de filmer ou d’enregistrer ces débats a un grand intérêt pédagogique car on peut ainsi faire retour et analyser ce qui s’est passé.
Au cours du débat l’enseignement peut pratiquer, sur le modèle des matchs de basket, le « temps mort » qui permet aux parties adverses de relancer leur argumentation.
Les élèves constituant le public disposent de deux grilles d’évaluation l’une concernant la qualité de l’argumentation des deux parties adverses l’autre l’efficacité des modérateurs.
adopter une posture d accompagnement. Nous demandons aux élèves de sortir de leur « fort ». En troisième, âgés de 14 ou 15 ans, certains élèves ont du mal à accepter leur corps ou leur voix. L’implication de l’enseignant doit être forte, il doit mesurer l’effort qu’on demande aux élèves.
Comme toutes les activités visant à développer les compétences orales, l miers résultats obtenus peuvent sembler décevants. On demande aux élèves d du débat, cela nécessite des compétences lexicales et syntaxiques qu mencer par des exercices modestes tels que celui proposé dans la première étape. Au moment de la recherche
Contre-argument
Consigne : A la manière d’Eugène Guillevic dans son poème « Douceur », vous affirmez un mot qui vous qualifie et vous expliquez pourquoi en quelques vers.
Exemple de réalisation (classe de 3e) :
Je dis père : quand je te vois que deux week-end par mois.
Je dis père : quand tu me rends heureux pour le peu de jours que tu me vois.
Je dis père : quand tu fais tout pour moi. (Louis)
Je dis famille quand je pense à tous ces moments.
De joie ou de tristesse.
Je dis famille : à toutes les disputes entre frères et sœurs.
Malgré tout, l’amour entre nous. (Lisa)
Je dis temps quand il m’en manque, je dis temps car il ne s’arrêtera pas… (Léo)
Je dis famille quand je vous vois pour un événement important. (Lucile)
Je dis : maman.
Je dis maman quand je pense à mon âme-sœur.
A cette personne à qui je peux tout dire
A cette personne qui fera partie de moi tout ma vie. (Lucie)
Je dis : sociabilité.
Je dis : sociabilité finie.
Quand je vois tous ces gens
Sur leur téléphone
Tête en bas, l’air lassant
Car tout est si beau dehors, Quand on cherche un peu
Je dis sociabilité finie
Pensant aussi
Aux jugements que tout le monde porte.
Pensant aussi
Aux écrans remplacés par la réalité.
Je dis : sociabilité finie
Pensant aussi
Aux « j’aime » qui ont remplacé un « bonjour », Pensant aussi
Aux textes remplacés par la voix.
Cet air tout neuf
Me brise déjà. (Léa)
Mme Marion Szajkowski professeure de Lettres modernes collège Paul Éluard, VermellesConsigne : Terminer cette phrase : « La poésie, c’est » en pensant à quelque chose qui reflète votre personnalité.
Exemple de réalisation (classe de 3e) :
La poésie c’est comme une mélodie. (Ange)
La poésie c’est comme la danse, c’est joli. (Valentine)
La poésie c’est comme une route, elle nous conduit là où l’on veut.
La poésie c’est comme un jeu, on voudrait que ça soit éternel. (Téo)
La poésie c’est comme la musique, c’est mieux quand ça rime. (Axel)
La poésie c’est un miroir. Un miroir qui projette l’image de soi.
La poésie c’est la voix douce de ma mère.
La poésie c’est toi et moi, C’est déprimant et perçant. (Lilly)
La poésie nous redonne le sourire.
La poésie nous redonne un souvenir.
La poésie nous refait penser à quelqu’un qu’on aime.
La poésie nous donne une émotion. (Kenzo)
La poésie c’est comme le ciel : on peut être libre d’imaginer ce que l’on voit.
La poésie c’est comme une blague, tu peux vanner dessus.
La poésie c’est comme un plat de nourriture : quand tu as fini, tu en reveux.
La poésie c’est être libre de penser comme on pense. (Mathilde)
La poésie c’est comme un cavalier et son cheval. (Océane)
La poésie c’est la liberté de faire ce que l’on veut comme un dessin. (Gaëlle)
La poésie c’est le savoir du passé et de l’avenir.
La poésie c’est l’avenir au bout d’un stylo.
La poésie c’est le partage des passions.
La poésie c’est la culture d’ailleurs. (Stellan)
Consigne : Reprendre l’anaphore « Je me bats (pour/ contre/ avec…) » pour écrire un poème collaboratif sur le thème de la révolte :
Exemple de réalisation (classe de 3e) :
Je me bats pour mes parents
Je me bats pour mon futur
Je me bats pour lui
Je me bats pour moi
Je me bats contre les violences conjugales
Je me bats contre cette société
Je me bats contre ceux qui ne croient pas en moi
Je me bats pour me sentir bien dans ma peau
Je me bats pour prouver aux autres que je peux y arriver
Je me bats pour faire taire certaines personnes
Je me bats pour être indépendante
Je me bats pour réussir dans la vie
- Un enregistreur vocal (téléphone portable éventuellement) :
Il est utile pour travailler les enregistrements vocaux, travailler le brouillon d’oral, les différentes strates du travail entamé. Il est important que l’élève puisse s’entendre, s’améliorer, s’auto-évaluer. Cet outil peut notamment permettre de travailler le volume sonore et le débit.
- Un dictaphone (téléphone portable éventuellement) :
L’ENT propose un dictaphone accessible à tous. De nombreux téléphones en sont également munis. Il permet un travail de l’oralisation, en classe et à la maison.
- Une petite caméra (téléphone portable éventuellement) :
Les élèves s’habituent progressivement à être filmés lors du travail de l’oral. Ils apprennent, en s’observant, à accepter leur image et à travailler leurs tics gestuels et leur posture.
- Une valise de baladodiffusion :
Elle permet à l’ensemble d’une classe de travailler l’oral, en petits groupes ou individuellement. Tous les élèves peuvent ainsi être mis en activité durant une séance.
- Un pupitre :
L’élève libère ainsi ses mains de tout support, tout en étant rassuré par la présence de ses notes sur le pupitre. Cet outil est utile notamment pour travailler la lecture expressive ou les discours.
- Un trépied :
L’enseignant peut y poser le téléphone, l’appareil photo, la caméra pour travailler à partir de captations d’images.
- Pierre Chiron, Manuel de rhétorique : comment faire de l’élève un citoyen, Les Belles Lettres, 2018
- Eric Cobast, Les 100 mots de l’éloquence, éd. Que suis-je ?, 2019
- Aurore Debierre, Oser prendre la parole – Je passe à l’acte, éd. Actes Sud, 2019
- Cyril Delhay, L’Art de la parole, Dalloz, 2018
- Christian Dumais et Lizane Lafontaine, Enseigner l’oral, c’est possible !, Chenelière éducation, 2014
- Stéphane de Freitas, Porter sa voix - S’affirmer par la parole, éd. Le Robert, 2018
- Alain Héril, Dominique Mégrier, 60 exercices d’entraînement au théâtre, Tome 1 et 2, éd. Retz, 1992
- Laetitia Opigez et Alexandra Pulliat, Enseigner l’oral au cycle 4, Oser et savoir prendre la parole, Réseau Canope, 2017 ( https://www.reseau-canope.fr/notice/enseigner-loral-au-cycle-4.html )
- Bertrand Perrier, La parole est un sport de combat, éd. JC Lattès, 2017
- Anna Russell, A voix Haute – Ces femmes dont les discours résonnent, éd. Hugo Image, 2021
Stéphane de Freitas, A voix haute : la force de la parole, 2016
Tom Hooper, Le discours d’un roi (The King’s speech), 2011 (France).
Richard La Gravenese, Ecrire pour exister (Freedom Writers), 2007
Patrice Leconte, Ridicule, 1996
Sydney Lumet, Douze Hommes en colère, 1957
L’éloquence est avant tout l’apprentissage d’une parole originale (propre à l’élève), efficace (qui lui permette de se faire entendre), consciente d’elle-même (ses règles, ses conditions, sa valeur).
L’éloquence considère l’exercice-même de la parole, comme relevant de procédures qu’il importe de perfectionner et d’approfondir.
Le travail de l’éloquence permet également aux élèves de prendre confiance en eux progressivement.
L’éloquence en français travaille l’expression orale continue et l’échange argumenté, ainsi que la mise en voix, en gestes et en espace de textes littéraires (de la lecture à voix haute à la lecture jouée et au jeu théâtral).
L’éloquence investit tous les arts de la parole, qu'elle soit vivante (théâtre, lecture en public, ensemble des arts du spectacle vivant) ou captée (cinéma-audiovisuel).
Ce travail a donc tout particulièrement sa place dans le cours de français mais concerne toutes les disciplines
Le travail de l’éloquence induit une prise de conscience et une verbalisation des aptitudes et des compétences demandées lors des exercices.
L’éloquence renvoie à des pratiques diversifiées de la parole qui mettent en jeu une dimension réflexive dans la mesure où l’élève expérimente en situation le pouvoir de la parole. Il mesure l’impact de ses mots. Il découvre que la parole est dirigée, qu’elle permet une ouverture à l’autre, un échange. Il comprend que s’exprimer est indispensable pour construire la pensée et qu’échanger est indispensable pour se construire comme sujet.
Le travail de l’éloquence est aussi un apprentissage de la citoyenneté.
Par des activités régulières et diversifiées, l’élève apprend peu à peu à maîtriser sa pensée et son propos.
L’art de l’éloquence permet également de se construire comme sujet d’une communauté. Il est donc recommandé de présenter quelques éléments d’histoire de la parole, dans laquelle l’élève est invité à s’inscrire, ainsi que de développer une éducation à différents langages artistiques, par la pratique et par la rencontre des œuvres et de leurs auteurs.
Recommandation n°1 : Mettre en œuvre des formes diversifiées d’activités langagières.
Il s’agit de sensibiliser les élèves à la dimension esthétique à l’œuvre dans toute expérience intense de la parole : le détour par le théâtre, par la diction poétique, par certaines ritualisations de la parole (diction baroque, théâtre japonais, discours politique, etc.) peuvent alors « constituer d’utiles mises en perspective pour éviter une réduction de l’éloquence à une technique argumentative ».
Il est recommandé de proposer des activités variées, afin de permettre aux élèves de découvrir les différents aspects de la production des discours, d’en comprendre les enjeux et la structure, pour être en situation d’en produire à leur tour. Par exemple, on pourra travailler l’oralisation de textes écrits, l’improvisation, la récitation, la théâtralisation, la rédaction et la prolifération de discours.
Recommandation n°2 : Valoriser la pédagogie de projet : On veillera à alterner des temps spécifiques de « laboratoire », où l’on travaille très artisanalement l’art du discours et de la parole, et des temps plus solennels de « prestation de parole », des moments de passage « en scène » ou « au barreau », où chaque élève peut tour à tour entrer dans « une expérience forte du dire et du parler ». Ainsi, le travail de l’éloquence peut se mener dans le cours de français au quotidien.
Recommandation n°3 : Pratiquer de manière régulière :
Il est recommandé de ménager régulièrement ces temps de pratique pour réussir à modifier et à enrichir la relation intime des élèves à la parole.
Recommandation n°4 : Ménager des temps de parole au sein de l’établissement :
Il est recommandé d’organiser au sein de l’établissement des temps forts de parole, des prises de parole qui donnent sens au travail de l’élève et le motivent. Ces temps forts permettent également de dynamiser les pratiques. Il est possible d’organiser des temps courts et d’associer ces prises de parole à des manifestations déjà ancrées dans les pratiques des établissements comme le printemps des poètes, la semaine de la presse, etc.
Écueil n°1 : ne pas réduire cet enseignement à l’apprentissage d’une technique oratoire.
Ecueil n°2 : ne pas réduire l’apprentissage de l’éloquence à une technique de développement personnel favorisant une aisance à l’oral indifférente à la nature du propos.
Écueil n°3 : Attention au concours d’éloquence : un levier et un piège.
Le concours d’éloquence peut s’avérer intimidant pour les élèves et être contre-productif. En effet, face à plus « éloquent » que lui, l’élève peut se dire qu’il vaut mieux se taire. Il est recommandé de sécuriser la parole de l’élève, non de mettre ce dernier en difficulté.
Rédacteurs en chef : Bérengère Clément, IA-IPR de Lettres et Stanislas KuttnerHoms, IA-IPR de Lettres
Concepteur du webzine : William Weens, professeur de Lettres modernes et Langues et Cultures de l'Antiquité, collège Jean Rostand, Licques.
Contributeurs :
Véronique Agnieray, professeure de Lettres modernes, collège des Flandres, Hazebrouck
Anabelle Bubrovsky, professeure de Lettres modernes, collège Makéba, Lille
Fouad Djebouri, professeur de Lettres modernes, collège du Lazaro, Marcq-enBaroeul
Emma Golon, professeure de Lettres modernes, collège Makéba, Lille
Sarah Kruszka, professeure de Lettres modernes, collège Sévigné, Roubaix
Marie Manchuelle, professeure de Lettres classiques, collège Makéba, Lille
Kévin Planqueel, professeur de Lettres classiques, collège Makéba, Lille
Fabrice Simon, professeur de Lettres modernes, collège du Lazaro, Marcq-enBaroeul
Marion Szajkowski, professeure de Lettres modernes, collège Paul Éluard, Vermelles.
Remerciements : Ces contributions sont le fruit de l’expérimentation nationale d’un enseignement d’une demi-heure hebdomadaire d’éloquence, en français, en classe de troisième. Cet enseignement est unanimement reconnu comme un levier au service du développement des compétences orales. Le dispositif a été décliné dans l’académie de Lille grâce à des équipes d’enseignants expertes, innovantes et engagées.
Nous les remercions chaleureusement de leur travail. Nous saluons en particulier la veille attentive de Sarah Kruszka et la riche et précise compilation de Marion Szajkowski, soutenue par Gwenn-Aëlle Geffroy, IA-IPR en Lettres. Nous remercions enfin, pour ses éclairages techniques, Amélie Silvert, responsable académique du numérique éducatif dans le second degré à la DRANE.