Couple Leila et son mari forment un couple complémentaire et assorti. Ils s’entendent très bien et sont d’accord sur tout. Sur tout ? Pas si sûr ! Il ya une brèche dans ce couple si bien cimenté. Elle porte le nom de Aïd el Kébir. Ils ne sont jamais arrivés à s’entendre sur la manière de passer cette journée. Elle aimerait emmener les enfants et partir quelques jours en vacances. Il tient à tout prix à ce que cette fête soit l’occasion de se retrouver en famille et partager de bons moments autour d’un méchoui ou un couscous à l’agneau. Malgré elle, Leila cède parce qu’elle doit bien cela à un mari qui ne ménage aucun effort pour lui faire plaisir. Elle raconte. La nuit a été très courte. Entre les bêlements des victimes installées à l’extérieur, dans le couloir de la mort et les trépignements du tout dernier qui voulait faire dormir le petit agneau dans sa chambre, c’est à peine si j’ai fermé l’œil. 6h 00 du matin. Le réveil sonne comme lors d’un jour de travail. Mon mari veut être aux premières loges à la mosquée où, tel un Caïd, il se rend deux fois par an.
L'aid en famille Chronique d’une journée de braise
Je suis en train de lui préparer le petit déjeuner quand j’entends une petite voix me dire : « dis maman, ils vont l’égorger Jilou ? ». Jilou c’est l’agneau de lait que mon mari a eu la bonne idée de lui acheter. Selon lui, en faisant plaisir au petit, on va également manger une viande bien plus tendre encore. Bourreau de nourrisson! Je réussis, non sans mal, à calmer le petit et à le renvoyer au lit. Mon mari sorti, je décide de profiter de ce seul moment de tranquillité pour siroter mon café. 6h 30 – Je suis à peine installée qu’on sonne à la porte. C’est Wassila, la jeune aide ménagère de ma belle sœur qui vient faire un remplacement, Zohra, ma femme de ménage passant les fêtes en famille. 8h 30 – Mon mari revient de la mosquée accompagné du boucher qui semble pressé d’en finir. Il a encore un minimum de dix gorges à trancher. Je le laisse en compagnie de mon mari et de Wassila et je m’occupe de mon fils secoué par une crise de nerfs. J’arrive si bien à le convaincre que du coup il veut assister à la mise à mort de son compagnon d’un soir. Tu parles de fidélité !