Maquette 6229 1/2

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2013 > 2014

6229.CA

PATRICK ROCHON PEINTRE-LUMIÈRE LIGHT PAINTER

CONCOURS PHOTO : LES GAGNANTS

FRANÇAIS > ENGLISH

PHOTO CONTEST : THE WINNERS

9,95 $

TECHNIQUES DE PROS

PROFESSIONALS TECHNIQUES

REGARDS DE FEMMES PHOTOGRAPHES WOMEN PHOTOGRAPHER’S POINT OF VIEW

LES INCONTOURNABLES 2013/2014 GEAR YOU NEED FOR 2013/2014

PORFOLIOS

OLI CROTEAU, PATRICK ROCHON, SUSAN MOSS

PAR


Une optique révolutionnaire

RX10 La fusion d’un objectif 24-70mm et d’un 70-200mm f/2.8 a révélé cette optique 24-200mm f/2.8 constant incroyablement compacte. · 20,2 mégapixels, capteur Exmor R · Zoom Vario-Sonnar T* 8,3x, f/2.8, Wi-Fi · Vidéo HD 1080p, écran orientable 3po · Contrôle manuel, ISO 25 600, RAW & JPG


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6229.CA — 2013 › 2014

V O I C I U N A P PA R E I L PHOTO AUSSI

RÉV O L U T IONNAI RE

ÉDITO EDITORIAL

L’expérience photo-vidéo The photo-video experience

Vous tenez entre vos mains le tout premier numéro du magazine 6229, une initiative de Lozeau. Bien du chemin a été parcouru depuis l’ouverture du magasin par Léo Laurent Lozeau en 1927 ! Du passage à la couleur à l’arrivée du numérique, nous avons toujours autant de plaisir à partager avec vous notre passion pour l’image et notre expérience. Professionnels et amateurs, ce magazine est pour vous. À travers chaque image s’exprime un regard unique. Nous avons donc voulu faire de cette première édition un lieu de rencontre où se croisent différents univers créatifs québécois. D’un photoreporter qui souhaite témoigner du monde d’aujourd’hui à un peintre-lumière qui crée des œuvres époustouflantes, nous vous invitons à la découverte. C’est l’occasion de s’inspirer ! Plus encore qu’un magazine, 6229 est une manière créative et audacieuse de participer à la vitalité du milieu québécois de la photographie et de la vidéo. Voilà certainement la preuve qu’après 86 ans d’existence, Lozeau est toujours aussi dynamique et novateur. Notre équipe compte aujourd’hui près de 200 passionnés et ne cesse de grandir. Récemment, une nouvelle division vidéo professionnelle a vu le jour, faisant de Lozeau le plus grand magasin photo-vidéo au Canada. Avec 6229, une nouvelle page de notre histoire s’écrit. Merci à chacun d’entre vous ! Bonne lecture, Jean Simard Président de Lozeau You have in your hands the first issue of the magazine 6229, a Lozeau initiative. We’ve come a long way since Léo Laurent Lozeau opened his store in 1927. From the move to colour to the emergence of digital technology, we still get as much pleasure out of sharing our passion for the image and our experience with you. Professionals and amateurs, this magazine is for you ! Every image expresses a unique point of view. So we wanted this first issue to be a meeting place, where different creative worlds in Québec come together. From a photojournalist who wants to tell stories about the world we live in, to a light painter who creates breathtaking works, this is a journey in discovery. And an opportunity for inspiration ! More than a magazine, 6229 is a creative, bold way of participating in the vitality of the world of photography and video in Québec. It certainly reflects the fact that after 86 years in business, Lozeau is still as dynamic and innovative as ever. Our team keeps growing and now has almost 200 ardent professionals. A new professional video division was recently created, making Lozeau the largest photo-video store in Canada. WithMartin 6229,faite we are a new page of our history. Thanks to each and every Image de Diego Garin avecwriting appareil et objectif OM-D one of you ! Enjoy the magazine, Jean Simard Lozeau's President

Q U E V O U S L’ Ê T E S ÉDITEUR > PUBLISHER L.L.LOZEAU LTÉE PRÉSIDENT > PRESIDENT JEAN SIMARD DIRECTEUR DE PUBLICATION > GENERAL MANAGER OLIVIER ST-ONGE RÉDACTRICE EN CHEF > EDITOR IN CHIEF EMILIE NAULT-SIMARD DIRECTION ARTISTIQUE ET DESIGN GRAPHIQUE > ART DIRECTION AND GRAPHIC DESIGN ATELIER BANGBANG (SIMON LALIBERTÉ) GRAPHISME ET PHOTOGRAPHIE > DIGITAL PRODUCTION AND PHOTOGRAPHY STÉPHANE VAIRO INFOGRAPHIE > INFOGRAPHY KATIA TELISZCZUK PHOTO COUVERTURE > PHOTO COVER PATRICK ROCHON CHARGÉE DE PROJET > PROJECT MANAGER MARIE SLIWA CORRECTRICE > PROOFREADING BENOÎTE LABROSSE TRADUCTION IDEM TRADUCTION

Le nouvel Olympus E-M1 de la gamme OM-D est l’arme absolue pour vivre, créer et partager votre vision où que vous soyez. Avec son nouveau capteur de 16 MP doté de la technologie Dual autofocus, un obturateur mécanique de 1/8000s et un mode rafale à 10 images/s, l’E-M1 peut tirer à la vitesse de l’éclair. De plus, la stabilisation

d’image intégrée sur 5 axes assure des photos nettes avec tous les

COLLABORATEURS > COLLABORATORS MAUDE ARSENAULT • CLAIRE BEAUGRAND-CHAMPAGNE OLI CROTEAU • RENÉ DELBUGUET • JUAN JOSÉ ESCOBAR HELEN FARADJI • BARBARA GATEAU • ALEXIS GRISON HEIDI HOLLINGER • GUY HOUDE • BENOÎTE LABROSSE PATRICK LAVOIE • FRANCIS LAROCHE CHRISTINE LORTIE • DOMINIQUE MALATERRE VALÉRIAN MAZATAUD • SUSAN MOSS PATRICK ROCHON • BENOÎT ROSE

objectifs et vous inspirera à

photographier comme un pro.

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IMPRESSION > PRINTING : IMPRIMERIE F.L CHICOINE DISTRIBUTION : LMPI DISTRIBUTION DÉPÔT LÉGAL > LEGAL DEPOT BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU QUÉBEC ET BIBLIOwww.getolympus.com/em1 THÈQUE NATIONALE DU CANADA ISSN 2292-0323 (IMPRIMÉ) • 2292-0331 (EN LIGNE)

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LE CONTENU DU MAGAZINE 6229 NE PEUT ÊTRE REPRODUIT, EN TOUT OU EN PARTIE, SANS LE CONSENTEMENT ÉCRIT DE L'ÉDITEUR. DATE DE PARUTION > PRINTED NOVEMBRE 2013 • NOVEMBER 2013 ADRESSE > ADDRESSE 6229, RUE ST-HUBERT, MONTRÉAL (QUÉBEC) H2S 2L9 VENTES PUBLICITAIRES > ADVERTISING SALES OLIVIER ST-ONGE • 514-490-2270 OST-ONGE@LOZEAU.COM

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Wi-Fi intégré Viseur interactif *Boîtier E-M1 seul Histoire de la couverture Pour ce premier numéro, nous avons choisi de mettre en couverture un autoportrait du renommé peintre-lumière Patrick Rochon. Il a pris ce cliché juste avant l'une de ses séances photo à Montréal. Dans ses mains, il tient 2 néons professionnels de cinéma, des Kino Flo, qui lui servent parfois d'outils pour composer ses œuvres. À découvrir page 52. Story of the cover In this first issue, we have chosen for the cover a self-portrait by the renowned light painter Patrick Rochon. He took this picture just before one of his photo shoots in Montreal. In his hands he holds two professional neons for filmmaking, made by Kino Flo, which he sometimes uses as tools to create his works. To discover his work, see page 52.


SOMMAIRE 3

ÉDITO > EDITO

22-27

PORFOLIO

Oli Croteau

CHIFFRES > NUMBERS

48-50

8-9

REPORTAGE > REPORT

Lumière sur les directeurs photo Spotlight : Directors of photography

L'HISTOIRE DE LOZEAU > LOZEAU'S STORY

Les années clés The milestone years

ENTREPRISES > BUSINESSES

Des entreprises d'ici Homegrown businesses

14-20

CONCOURS > CONTEST

Le talent de chez nous

LES INCONTOURNABLES > GEAR YOU NEED

Vidéo professionnelle Professionnal video

6-7

10-13

44-47

28-29

LES INCONTOURNABLES > GEAR YOU NEED

Sports

32-36

RÉCIT > STORY

51-53

TECHNIQUES

Maîtriser le Bulb Ramping Mastering Bulb Ramping

54-59

PORTFOLIO

Patrick Rochon

Les réfugiés de Zaatari The refugees of Zaatari

38-39

LES INCONTOURNABLES > GEAR YOU NEED

Voyage Travel

41-43

60-61

Tourner des images de pro à l'étranger Shooting professional footage abroad

Dans l'atelier de Patrick Patrick's workshop

TECHNIQUES

OUTILS > TOOLS


64-65

81-83

94-99

Jules Lamarre, chercheur d'oiseaux Jules Lamarre, bird watcher

Modeler un éclairage naturel Modelling natural light

Susan Moss

ENTREVUE > INTERVIEW

TECHNIQUES

PORTFOLIO

84-87

LES INCONTOURNABLES > GEAR YOU NEED

Studio

66-67

LES INCONTOURNABLES > GEAR YOU NEED

Nature

88-93

REPORTAGE > REPORT

Regards de femmes A woman's eye

68-72

RÉCIT > STORY

Inondation à la cambodgienne Flooding, cambodian-style

75-80

REPORTAGE > REPORT

50 ans de photographie culinaire Over 50 years of food photogtaphy

101-104

TECHNIQUES

Créer des noirs et blancs Creating black-and-white picture

106-108

REPORTAGE > REPORT

Drones

110

ÉVÉNEMENTS > EVENTS

Lozeau était là en 2013 Lozeau was there in 2013

CONTENTS


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CHIFFRES › NUMBERS

Nombre de galaxies qui peuvent être détectées sur la photo la plus «  profonde » de l’Univers, l’Extreme Deep Field, prise par le télescope spatial Hubble avec 2 appareils hautement performants. Dix années de prises de vue et la superposition de plus de 2 000 clichés ont été nécessaires pour obtenir un tel résultat. // Number of galaxies detected in the “ deepest ” photo of the universe, Extreme Deep Field, taken by the Hubble telescope, thanks to two high-performance cameras. Ten years of picture-taking and the superposition of more than 2,000 shots were required to create this impressive image.

Longueur du plus petit appareil photo sur le marché, un Canon EOS de 2 mégapixels pouvant également faire des vidéos. Pesant 15 grammes, c’est aussi le plus léger. // Length of the smallest camera on the market, a 2 megapixel Canon EOS, which also takes video. Weighing a mere 15 grams, it’s also the lightest.

ANS/YEARS Temps d’exposition de la photo du Berlinois Michael Wesely sur laquelle ont voit le Musée d'art moderne de New York (MoMA), en reconstruction entre 2001 et 2004. Au cours des 2 dernières décennies, le photographe a mis au point une technique de longue exposition — dont les détails sont gardés secrets — impliquant l'utilisation de plusieurs filtres et d'une très petite ouverture sur l'objectif standard d’un appareil professionnel. // Exposure time of a photo taken by Berlin-based Michael Wesely, capturing the reconstruction of New York’s Museum of Modern Art (MoMA) between 2001 and 2004. Over the last two decades, Wesely has developed a long exposure technique — the details of which are kept secret — involving the use of several filters and a very small aperture on the standard lens of a professional camera.

BILLION

Photo and video by the

Nombre de photos téléchargées sur le site Facebook en 48 heures, entre le 31 décembre 2012 et le 1er janvier 2013. // Number of pictures uploaded to Facebook in a 48-hour period from December 31, 2012, to January 1, 2013.

GIGAPIXELS Plus haute résolution jamais atteinte pour une photo panoramique : une vue à 360° de la ville de Londres, en Grande-Bretagne. Le cliché réunit 48 640 images prises par la communauté virtuelle 360 Cities et assemblées par un superordinateur. Si cette photo était imprimée, elle serait presque aussi large et haute que Buckingham Palace (98 par 23 m). // Highest resolution ever achieved in a panoramic photo : a 360° view of London, U.K. The shot is made up of 48,640 images taken by the 360 Cities online community and subsequently assembled by a supercomputer. If the photo were printed, it would be nearly as high and as wide as Buckingham Palace (23 x 98 m).

Heures de vidéo mises en ligne chaque minute sur le site Internet YouTube. Plus de 6 milliards d'heures de vidéo sont regardées chaque mois en 2013, soit presque une heure par personne sur la planète. Il s’agit d’une augmentation de 50 % par rapport à l'année précédente. // Hours of video uploaded to YouTube every minute. In 2013, over 6 billion hours of video have been viewed each month, or close to one hour per person on the planet. This represents a 50 % increase over last year.

$ US

MILLIARD

La photo et la vidéo en

Coût de l’appareil photo le plus cher au monde, un Leica vendu aux enchères en 2012 à Vienne, en Autriche. L’objet fait partie d'une série de 25 prototypes fabriqués en 1923, soit 2 ans avant la commercialisation officielle de la marque allemande. Envoyé à New York pour être breveté, l’appareil a été le premier Leica exporté. // Cost of the world’s most expensive camera, a Leica sold at a 2012 auction in Vienna, Austria. It was one of a series of 25 prototypes manufactured in 1923, two years before the German brand was officially launched. The camera became the first Leica ever to be exported when it was shipped to New York for patenting.


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KM SOUS L’EAU KM UNDER WATER

Année de fondation du plus vieux magasin de photographie au Québec toujours en activité, Lozeau, situé à Montréal. // Year in which Quebec’s longest-standing photography store — Lozeau, in Montreal — was founded.

ANS/YEARS Âge du plus jeune réalisateur à avoir laissé ses empreintes sur le trottoir d'Hollywood Boulevard, à Los Angeles : Christopher Nolan. L’homme qui a signé le dernier volet de la saga Batman est l’un des 8 réalisateurs à avoir reçu cet honneur parmi 260 stars du cinéma. // Age of the youngest director to have left his handprints on the Hollywood Walk of Fame, in Los Angeles ; Christopher Nolan, the man behind the last instalment of the Batman franchise, is one of only 8 directors out of the total 260 film stars honoured.

Distance qu’a parcourue le réalisateur canadien James Cameron pour prendre les images sous-marines 3D les plus profondes jamais réalisées. Du même coup, l’homme derrière Titanic et Avatar est devenu le premier à toucher le fond de la fosse des Mariannes, dans le Pacifique, l’endroit le plus profond connu sur Terre. Cette expédition fera l'objet d'un documentaire produit par National Geographic. // Distance travelled by director James Cameron to capture the deepest 3D underwater shots ever taken. In doing so, the man behind Titanic and Avatar became the first person to touch the bottom of the Mariana Trench, in the Pacific Ocean, known as the deepest point on Earth. The expedition will be the focus of a National Geographic documentary.

Nombre de négatifs produits chaque année au milieu de la décennie 1870 à Montréal par le studio du photographe William Notman, alors le plus populaire au pays. Son entreprise, qui comptait de nombreux studios, était à l’époque la plus grande en Amérique du Nord. // Number of negatives produced each year in the mid-1870s in Montreal by the studio owned by photographer William Notman, the most popular in the country at the time. Notman’s company, which owned several studios, was once the largest in North America.

JOURS DAYS

FOIS PLUS/TIMES MORE

ANS/YEARS

Année de production du vidéoclip le plus cher de l’histoire de la musique, Scream, de Michael et Janet Jackson. La facture s'élevait à 7 millions $ US. // Year the most expensive music video in history, Scream by Michael and Janet Jackson, was shot. The total cost was US $ 7 million.

La proportion de photographes québécois qui travaillent à leur compte (62  %), si on les compare à l’ensemble des autres travailleurs dans la province (11 %), selon Statistique Canada. // The proportion of Quebec-based photographers who are self-employed (62 %), as compared to all other occupations in the province (11 %), according to Statistics Canada.

Âge du plus vieux laboratoire photo au monde découvert intact. Il avait été ouvert par le photographe français Joseph Fortuné Petiot-Groffier vers 1840. À la suite de sa mort en 1855, ses héritiers avaient fermé la porte des lieux… qui n’a été rouverte qu’en 2007. Elle a alors révélé ses trésors, dont plus de 400 livres et tous les accessoires nécessaires à la réalisation de daguerréotypes, un ancien procédé photographique. // Age of the oldest photo lab found still intact. It had been opened by French photographer Joseph Fortuné Petiot-Groffier circa 1840. After his death in 1855, his heirs had closed up shop… until 2007, when such treasures as over 400 books and everything needed to produce daguerreotypes, an antiquated processing technique, were discovered.

MILLIONS $ US

Durée du film le plus long jamais réalisé, Modern Times Forever. Le film, produit par un groupe d’artistes danois en 2011, montre la lente dégradation du bâtiment du siège social de l’entreprise papetière Stora Enso, à Helsinki, en Finlande. Il a été projeté devant l’édifice en question. // Length of the longest movie ever produced, Modern Times Forever. The film, made by a group of Danish artists in 2011, depicts the slow deterioration of the building housing the head office of paper company Stora Enso in Helsinki, Finland. It was shown in front of the building in question.

Prix payé en 2011 à New York pour l’emblématique cliché Rhein II de l’artiste allemand Andreas Gursky - un record mondial. La photographie de près de 2 m sur 4 m est l’un des 6 tirages de cette série, dont les autres exemplaires sont notamment exposés au MoMa de New York et à la Pinakothek der Moderne de Munich, en Allemagne. // Price paid for the emblematic photo Rhein II by German artist Andreas Gursky in New York in 2011 — a world record. The photograph, which measures approximately 2 x 4 m, is one of 6 in a series, the others being exhibited at the MoMA in New York and at the Pinakothek der Moderne in Munich, Germany.

L’ouverture — étonnamment grande — de l’objectif spécial utilisé par Stanley Kubrick lors du tournage du film Barry Lyndon en 1975. // The aperture — surprisingly big — of the special lens used by Stanley Kubrick during the filming of Barry Lyndon in 1975.


Les années clés > The milestone years

DE LOZEAU LOZEAU'S HISTORY

L'HISTOIRE

Lise, la fille des fondateurs, se joint au commerce, en assurant ainsi la relève. C’est aussi à ce moment que L.L. Lozeau délaisse la finition de photos en noir et blanc pour se consacrer à la vente de produits et d'appareils photographiques. The founders’ daughter and successor, Lise, joins the business. Around the same time, black-andwhite photo finishing gives way to the sale of photography equipment and accessories.

Léo Laurent Lozeau fonde le magasin L.L. Lozeau, sur la rue Saint-Hubert, à Montréal. Il se spécialise alors en finition de photos et en photographie de mariage. Léo Laurent Lozeau opens the L.L. Lozeau store on St-Hubert Street in Montreal, specializing in photo finishing and wedding photography.

L.L. Lozeau devient le 1er magasin au Canada à offrir le service de traitement de photo APS dans ses laboratoires. L.L. Lozeau continues to innovate by becoming the first in Canada to offer APS photo finishing on the premises.

L'année 1989 voit la 3e génération entrer dans l'entreprise avec l'arrivée de Manon Simard, suivie de celle de son frère Stéphane, en 1993. C'est aussi le début d'une nouvelle ère technologique grâce à l'implantation du 1er centre de vente de caméras numériques au Québec. In 1989, the third generation joins the ranks, starting with Manon Simard, followed by her brother Stéphane in 1993. This was also the dawn of a new technological era for the general public, as L.L Lozeau became the first centre for digital cameras in Quebec.

La 2e génération — Lise et son conjoint Jean Simard — prennent les rênes de l'entreprise. The second generation takes over : Lise and her husband, Jean Simard, take the helm.

Dès 1940, Léo Laurent Lozeau et son épouse élargissent l'éventail de services de leur petite entreprise : à la finition de photos vient s'ajouter la vente d'appareils photo. In 1940, Léo and his wife broaden the range of services they offer and begin selling cameras and accessories.

L.L. Lozeau innove et fait l'acquisition du 1er laboratoire de finition photo 1 heure au Canada. Puis, en 1981, le premier laboratoire de développement de films diapositives (E-6) en 90 minutes est installé. L.L. Lozeau innovates by acquiring Canada’s first one-hour photo finishing lab. In 1981, the first 90-minute (E-6) slide processing lab is installed on the premises.

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L.L. Lozeau fait l'acquisition du premier laboratoire HD au Canada. La même année, une page d’histoire se tourne quand l’entreprise dévoile sa nouvelle image de marque: Lozeau, l'expérience photo vidéo. Elle organise également le 1er Salon de la photo et de la vidéo à Montréal. De plus, c’est en 2009 que s’amorce officiellement le passage du flambeau de la 2e à la 3e génération. L.L. Lozeau acquires the first HD laboratory in Canada, and the unveiling of the company’s new corporate image marks a new chapter in its history : Lozeau, l'expérience photo vidéo. The same year, Lozeau organizes the very first Salon de la photo et de la vidéo, in Montreal, and the torch is passed from the second to the third generation of Lozeaus.

En avril 2008, les portes du commerce électronique s'ouvrent pour les consommateurs  : Lozeau.com devient un site transactionnel. The doors of the online store, Lozeau.com, open in April.

L.L. Lozeau s'installe dans une nouvelle bâtisse et devient la plus grande surface de vente de produits photographiques au Québec. L.L. Lozeau moves to a new building, thereby becoming the province's largest retail outlet for photography supplies.

Le service d'impression E-mage fait son apparition sur le site Internet du magasin. Il offre la possibilité d'utiliser le laboratoire professionnel de L.L. Lozeau pour l'impression de photos à partir d'un ordinateur personnel. The E-mage printing service makes its appearance on the company’s website, offering customers virtual access to its professional laboratory for printing photos from their PC.

Aujourd'hui, après plus de 86 années de service, Lozeau est le leader québécois de la photo et de la vidéo. L'entreprise familiale s'est taillée une renommée incontestée pour la qualité de ses services et de son expertise technique. Depuis 1927, elle se fait un devoir d'anticiper les besoins de ses clients et de demeurer à la fine pointe des technologies. En septembre 2013, une nouvelle division vidéo professionnelle a d’ailleurs vu le jour, offrant un choix de produits encore plus diversifié et faisant de Lozeau le plus grand magasin photo-vidéo au Canada. Bien sûr, le succès de la boutique repose en grande partie sur la compétence de son personnel : son équipe de près de 200 passionnés contribue à faire de Lozeau une entreprise unique. Today, more than 86 years later, Lozeau continues to lead Quebec’s photo and video industry. This family business has built a solid reputation for its quality of service and technical expertise. Since 1927, it has strived to anticipate the needs of its customers and remain on the cutting edge of imaging technology. September 2013 saw the launch of a new professional video division that offers an even wider choice of products, making Lozeau the largest photo and video store in Canada. Naturally, the company’s success is attributable in large part to the competence of its staff : A team of some 200 individuals who share our passion contribute daily to making Lozeau truly unique.

La compagnie reçoit le trophée Mercure dans la catégorie « Service à la clientèle », une distinction remise par la Chambre de commerce du Québec lors des Mercuriades. At the Fédération des Chambres de commerce du Québec gala, the company is honoured with the Mercure award for customer service.

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ENTREPRISES › BUSINESSES

695 m › 669 w 4p

HOMEGROWN BUSINESSES

Dans les milieux de la photographie et de la vidéo, des entreprises québécoises créatives tirent leur épingle du jeu et traversent les frontières. Coup d’œil sur 3 d’entre elles. Creative companies are thriving in Quebec’s photo and video industry. Here’s a quick look at three of them.


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1- IFLOW Une nouvelle entreprise québécoise a fait son entrée sur le marché des accessoires photo-vidéo : IFLOW a inventé un dolly (chariot) portatif prometteur. C’est lors d’un tournage avec des athlètes de snowboard dans l’Ouest canadien qu'Olivier St-Onge, l'un des

2 fondateurs de l'entreprise, a eu l’idée d’un nouvel accessoire photo-vidéo. Restreint dans son tournage par des conditions rigoureuses, il imagine alors un dolly (chariot) portatif qui permettrait de stabiliser tous ses mouvements vidéo filmés hors-piste avec son appareil reflex et son téléphone intelligent. « Les appareils sont de plus en plus compacts, mais le matériel professionnel est parfois inadéquat », explique le passionné de l’image. « Beaucoup d’accessoires sont encore trop lourds, encombrants, ou trop chers, ce qui limite les tournages éloignés, spontanés ou en solo. » De retour au Québec, le jeune entrepreneur s'est associé à Richard Mourand et, avec l’aide d’une équipe d’ingénieurs, ils ont créé le IFLOW. L’accessoire a vu le jour grâce à une campagne de financement participatif sur le site Internet Kickstarter. Via le web, le produit a déjà été vendu dans près d’une cinquantaine de pays, avant même son lancement officiel qui aura lieu début 2014.

IFLOW Poid : 1 kg — Grandeur : 20 x 10 x 10cm. Le IFLOW est muni de 6 roues — 4 en périphérie et 2 au centre et se distingue par son mécanisme de pince universelle qui permet de s'adapter à différentes surfaces, comme des rampes d’escaliers. Il peut également être utilisé sur une surface plane. Weight : 1 kg — Dimensions: 20 x 10 x 10 cm. The IFLOW is equipped with 6 wheels — 4 around the edges and 2 in the centre set apart by its universal clip mechanism, which enables it to be attached to various surfaces, including handrails. It can also be used on flat surfaces.

1- IFLOW A newcomer to the photo and video accessories scene, IFLOW is the creator and marketer of a portable dolly that is showing a great deal of promise. It was while shooting snowboarders in Western Canada that Olivier St-Onge, one of the 2 founders of IFLOW, came up with the idea for a new photo-video accessory. Having his shoot restricted by harsh conditions, he imagined a portable dolly that would help stabilize his movements while shooting video off-trail with his reflex camera and smart phone. “ Cameras are getting smaller and smaller, but professional equipment is sometimes inadequate, ” says St-Onge. “ Many accessories are too heavy, too cumbersome or too expensive, thereby restricting long-distance, spontaneous or solo shoots. ” Once back home in Quebec, the young entrepreneur partnered with Richard Mourand and, with the help of a team of engineers, they created IFLOW. The product owes its existence to a crowdfunding campaign held on Kickstarter. Online sales of the iFlow have spanned nearly 50 countries, even before its official launch, planned for 2014.

2- PLASTICASE Over the last 25 years, Plasticase has manufactured millions of plastic cases for distribution on all seven continents. But it was in 2008 that the company, founded by Jean-Pierre Grenier, truly made its mark on the photo and video industry by introducing its NANUK line.


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2- PLASTICASE Au cours des 25 dernières années, Plasticase a fabriqué des millions de mallettes en plastique qui sont distribuées sur tous les continents. Mais c’est en 2008 que la compagnie fondée par JeanPierre Grenier s’est véritablement fait connaître dans le milieu de la photo et de la vidéo, alors qu’elle met sur le marché la gamme NANUK. Conçues pour transporter de l’équipement fragile dans les conditions les plus extrêmes, ces mallettes protectrices sont fabriquées selon des normes militaires strictes dans une résine spécialement conçue pour être résistante. Elles ont aussi l’avantage d’être légères et étanches. Les chiffres de vente des mallettes NANUK sont en augmentation de 25 % cette année par rapport à 2012, et ils représentent aujourd’hui plus de 50 % des ventes de Plasticase. « On a commencé NANUK avec 4 modèles il y a 5 ans. Aujourd’hui, on en a 11 et on est en train d’en développer 4 autres », explique Sandra Beatriz, directrice de comptes pour la compagnie.

3- SHAPE WLB D’un atelier de fortune dans le sous-sol de leur maison, Mylène Girard et son conjoint Charles Vallières, sont aujourd’hui passés à la tête d’une compagnie qui a le vent dans les voiles. En 7 ans, SHAPE WLB est non seulement devenu le plus important fabricant de matériel cinématographique au Canada, mais aussi une entreprise de renommée mondiale. Au départ, rien ne laissait présager un tel succès. « L’entreprise est née un peu par accident », explique Charles Vallières, vice-président. « Je travaillais en cinéma et Mylène aussi. On m’a demandé de fabriquer certaines pièces d’équipement pour l’aider dans son travail d’assistante à la caméra sur les plateaux. » Le tout premier prototype de support à caméra est donc conçu en 2003, à la demande du cinéaste Jean-Claude Labrecque. D'autres commandes ont aussitôt suivi.

Designed for transporting fragile equipment in the most severe conditions, these protective cases are made with a new type of highly resistant resin and meet strict military standards. They also have the benefit of being lightweight and watertight. Sales of NANUK cases this year have increased by 25 % over last year and now account for more than 50 % of Plasticase’s sales. “ We launched NANUK five years ago, with four models. Today there are eleven, and four more in development, ” notes Sandra Beatriz, an account manager at the company.

3- SHAPE Mylène Girard and her husband, Charles Vallières, have gone from working out of a makeshift studio in their basement to running a flourishing business. In 7 years, SHAPE WLB has become Canada’s largest manufacturer of filmmaking equipment and has earned itself a world-class reputation. Early on, there was nothing to suggest that they would achieve this level of success. “ The company got started a bit by accident, ” Vallières, the company’s vice-president, explains. “ Mylène and I were both working in film. I was asked to manufacture certain pieces of equipment to help her in her work as assistant camera operator on film sets. ” The first prototype of a camera support was designed in 2003, at the request of filmmaker Jean-Claude Labrecque. After that, the orders started flowing in.


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Depuis, SHAPE WLB a mis au point 7 gammes de produits et une quarantaine d’accessoires, destinés autant aux amateurs qu’aux professionnels. Leur invention vedette demeure les supports-épaule, qui disposent d’une technologie brevetée unique au monde : un mécanisme à rosette qui permet une rotation des poignées sur un axe de 360°. « C’est un bouton poussoir rouge placé sur plusieurs de nos produits. C’est ce qui fait la renommée de SHAPE à l’international », assure Charles Vallières.

Since then, SHAPE has developed 7 product lines and some 40 accessories aimed at amateurs and professionals alike. Their star products remain the shoulder supports, which integrate a patented technology: a swivel mechanism that enables handles to be rotated 360°. “ It's a red push-button mechanism installed on many of our products. It’s what earned us international recognition, ” Vallières notes.

100 % QUÉBÉCOIS

The parts are all made in Quebec, which is a plus, he says. “ Thanks to Quebec industries specializing in machining and aerospace, we have access to high-quality parts at very competitive prices, ” says Vallières, who works with the same suppliers as Bombardier. SHAPE is also preparing to move some of its production to its new warehouse, in St-Hubert. “ Our need for parts was increasing year after year, so we decided to get more involved in the manufacturing aspect, ” he explains, noting that SHAPE’s sales have been doubling year over year.

Les pièces sont fabriquées au Québec, « un atout » selon l’entrepreneur. «  À cause des industries québécoises spécialisées en usinage et en aéronautique, nous avons une super qualité de pièces à des prix très compétitifs », souligne celui qui travaille avec les mêmes sous-traitants que Bombardier. SHAPE se prépare à concevoir une partie de sa production dans sa nouvelle usine de Saint-Hubert. « Chaque année, le volume de pièces à produire est de plus en plus élevé. On a donc décidé de s’impliquer davantage dans la fabrication », explique Charles Vallières, précisant que chaque année, SHAPE double ses ventes par rapport à la précédente. DÉCOUVREZ-EN PLUS : VISIONNEZ LA VIDÉO DE L’ENTREVUE DISCOVER MORE : WATCH THE VIDEO OF THE INTERVIEW 6229.CA

100 % QUEBEC-MADE


Merci aux membres du jury : Paul Fortier (directeur de la Société de promotion de la photographie du Québec), François Desrosiers (directeur des ateliers chez Lozeau), Arnaud Granata (vice-président, directeur des contenus des Éditions Infopresse), Patrick Lavoie (retoucheur photo professionnel), Daniel Osborne (maître photographe émérite), Martin Benoît (enseignant en photographie au Cégep du Vieux Montréal) et Jacques Boissinot (photojournaliste).

Félicitations à tous !

es milliers d’amateurs et de professionnels ont participé au concours Le talent de chez nous, une initiative de Lozeau. Promouvoir et stimuler la photographie québécoise est essentiel, donc merci à chacun d’entre vous d’y avoir contribué ! Le rire d’un enfant, l’esquisse d’un sourire, un paysage époustouflant, une fête entre amis, un saut en skate, un animal farouche : vos photos nous ont inspirés. Pour faire honneur à votre talent, 6229 a décidé de publier les clichés gagnants des 6 catégories. Les juges — tous des professionnels de l’industrie — ont sélectionné les photos s’étant le plus distinguées par leur originalité et leurs qualités techniques. Le Coup de coeur du jury va à la photo de Claudia Potvin, qui s’est méritée une carte-cadeau Lozeau de 2 000 $. Les lauréats de chacune des catégories ont reçu une carte-cadeau de 500 $.

Les photos gagnantes publiées Winning photos published

A big thank-you to the judges : Paul Fortier (director of the Société de promotion de la photographie du Québec), Francois Desrosiers (director of the workshops at Lozeau), Arnaud Granata (vice-president, director of content for Édition Infopresse), Patrick Lavoie (professional photo retoucher), Daniel Osborne (master photographer), Martin Benoît (photography teacher at Cégep du Vieux Montréal) and Jacques Boissinot (photojournalist).

Congratulations to one and all !

housands of amateurs and professionals took part in Lozeau’s Le talent de chez nous contest. Promoting and stimulating photography in Québec is essential, so thanks to everyone who contributed ! A child’s laugh, a trace of a smile, a breathtaking landscape, a celebration among friends, a skateboard jump, a wild animal : Your photos inspired us. To salute your talent, 6229 has decided to publish the shots of winners in 6 categories. The judges — all industry professionals — selected the photos that stood out for their originality and technique. The jury’s Favourite is Claudia Potvin’s picture ; she has earned a Lozeau gift card worth $ 2,000. Winners in each of the other categories received a $ 500 gift card.

LE TALENT DE CHEZ NOUS 6g>6w 1 gg > 1 bw 8p

www.letalentdecheznous.ca

CONCOURS > CONTEST

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Canon EOS rebel G Canon 85 mm f/1.8 f/1.8 85 mm 400 ISO 1/100s —

Jules

CLAUDIA POTVIN

2013 Coup de cœur du jury Jury’s Favorite 2013

PORTRAIT

Gagnant > Winner


Nikon D700 24-70 mm f/3.5 27 mm 250 ISO 1/3200s —

Rose

CHANTAL LEVESQUE

MOUVEMENT MOVEMENT

Gagnant > Winner


Nikon D7000 Nikkor 17-55 f/2.8 f/5.6 55 mm 400 ISO 1/250s —

Mon petit coin de lecture

LUC GAGNON

STYLE DE VIE LIFE-STYLE

Gagnant > Winner


Nikon D200 Nikkor 18-200mm f/3.5-5.6 VR f/5.6 170 mm 100 ISO 1/30s —

Moments tendres chez les Langurs

CLAUDE LAFLEUR

ANIMAUX ANIMALS

Gagnant > Winner


Canon PowerShot G1 X 15, 1-60, 4 mm f/5.6 15,1 mm 200 ISO 1/30s —

Beans and rice

RENAUD GRANDA

URBAIN URBAN

Gagnant > Winner


Nikon D600 Nikon 70-200mm VR II f/2.8 f/4.5 200 mm 100 ISO 1/1250s —

Baleine vs vaisseau fantôme...

ÉRIC GAGNON

PAYSAGE LANDSCAPE

Gagnant > Winner


Boîtier tropicalisé avec 92 joints de protection Capteur CMOS 24 MP stabilisé sans filtre passe-bas Fonction avancée anti-moiré Nouveau capteur de lumière RVB 86 000 pixels Cadence rafale de 8,3 images/sec Vidéo HD 1080p et outils créatifs Garantie Canadienne exclusive de 2 ans (boîtier et objectifs) ricoh-imaging.ca


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TEXTE › WORDS EMILIE NAULT-SIMARD PHOTOS OLI CROTEAU

PORTFOLIO

www.olicroteau.com

OLI

CROTEAU Photographe de snowboard Snowboarding photographer

Quand il a commencé, Oli Croteau ne savait pas où ses photos des pros de snowboard allaient le mener. Dix ans plus tard, il vit son rêve : ses clichés ont été publiés à travers le monde, il a collaboré avec des compagnies comme Red Bull et Billabong et fait actuellement partie de l’équipe de photographes seniors du magazine canadien King Snow. 6229 a profité de l’été pour l’attraper chez lui, près de Trois-Rivières, et lui poser quelques questions. When he started out, Oli Croteau didn’t know where his pictures of professional snowboarders would lead. Ten years later, he is living his dream : his photos have been published around the world, he has worked with companies like Red Bull and Billabong, and he is one of the senior photographers for the Canadian magazine King Snow. 6229 caught up with him this offseason at his home near Trois-Rivières.

800 m › 793 w 6p



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« Il faut que tu aies une énorme confiance envers l'athlète, et lui doit avoir confiance en toi. » “ You have to have tremendous trust in the rider and vice versa. ”

D’où est venue l’idée de faire carrière dans ce domaine ? J’étais moi-même rider de snow et de skate (planchiste), mais à un moment, je savais que je ne percerais pas plus. Comme j’étais attiré par l’image, j’ai décidé d’étudier en photographie. J’avais un but précis : devenir photographe de snowboard. Et c’est ce que je suis devenu. Percer au niveau international, ç’a été difficile ? La renommée internationale ne vient pas du jour au lendemain. J’ai commencé à shooter à Montréal avec certains riders. J’ai rencontré des gars qui m’en ont fait rencontrer d’autres, et ainsi de suite. Ça m’a amené un peu partout. J’envoyais des photos en Europe, et après aux États-Unis, puis au Japon. Le fait d’avoir mon nom dans les magazines m’a aidé à grimper les échelons. Ça s’est fait avec le temps, de manière naturelle, et j’ai connu d’autres choses, dont la photo de presse. Maintenant, je fais de la photo de snowboard à temps plein l’hiver, et, durant l’été, je fais de la pige pour les agences de presse. Est-ce un monde fermé, la photographie de snowboard ? C’est certain que c’est un petit monde et que c’est difficile de percer dans ce milieu-là, mais on est tous des bons chums et on essaie de s’entraider. On se jase de l’industrie pour évoluer dans le même sens et ne pas se marcher sur les pieds. En quoi tes photos se distinguent-elles des autres ? Nous, les photographes de snowboard, on est habitué de cadrer large pour voir l’environnement et ce qui se passe autour du sujet. On a été habitué de jouer avec des grands angles et des fisheyes (œil de poisson). Ça donne un autre côté du sport. C’est différent des photographes de presse, par exemple, qui ont plus tendance à se rapprocher de leur sujet. Les 2 styles sont autant valables. C’est risqué, parfois, ce métier ? Je me suis fait « sauter » dessus l’année passée par Nick Sauver. Ces choses-là peuvent arriver. Souvent tu shootes au fisheye, donc tu es proche de ton sujet, à 2-3 pieds (60-90 cm). Il faut que tu aies une énorme confiance envers l'athlète, et lui doit avoir confiance en toi.

Where did you get the idea to make a career in this field ? I was a snowboarder and a skateboarder, but at a certain point, I knew I wasn’t going any further. Since I was attracted to images, I decided to study photography. I had a specific goal : to become a snowboarding photographer. So that’s what I did. Was making it internationally difficult ? You don’t build an international reputation overnight. I started taking pictures of certain riders in Montreal. I met guys who introduced me to others guys, and so on. That led me to many different places. I sent photos to Europe, and afterward to the United States and then to Japan. Having my name in magazines helped me climb the ranks. It developed over time, naturally, and I tried other things, including photojournalism. Now I shoot snowboarding full-time in the winter, and in the summer I freelance for news agencies. Is snowboarding photography a closed world ? It’s definitely a small world, and it’s a hard world to break into, but we’re all buds and we try to help each other out. We talk about the industry so we can grow in the same direction and not step on each other’s toes. How are your photos different from others ? Snowboarding photographers are used to framing wide to see the surroundings and what is going on around the subject. We’re used to playing with wide angles and fisheyes. It shows another side of the sport. It’s different from photojournalists, for example, who tend to get closer to their subject. Both styles are equally valid. Can the job be risky ? I got “ jumped ” on last year by Nick Sauver. These things can happen. Often you shoot fisheye, so you are close to your subject, 2 to 3 feet (60-90 cm) away. You have to have tremendous trust in the rider and vice versa.


90 mm, f/6.3, 1/2000s, iso 50. portrait

setting, oli croteau lit the tree in the background.

évidence, oli croteau a éclairé l’arbre à l’arrière plan. techinique : n/a. canadian scott brown in action. to highlight the

of quebecer alex cantin for snowboard canada magazine. d/r : le canadien scott brown en action. pour mettre le décor en

g/l : portrait du québécois alex cantin pour le magazine snowboard canada. technique:

135 mm, f/4, 1/60s, iso 400. jason robinson performing a japan air in quebec city. the wide framework allows

us to fully understand the context.

technique:

jason robinson effectue un japan air en pleine ville, à québec. le cadrage très large permet de bien comprendre le contexte.

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« j'ai choisi de me placer sous le sujet pour donner un effet de hauteur. cet angle me permettait de fournir plus d’informations, par exemple la main sur la 15 mm, f/ 4.5, 1/1200 s, iso 100. photo of the athlete lnp who performs handplant transfer, published in transworld magazine. “ i chose to put myself under the

subject to give the effect of height. this angle allowed me to provide more information, for example the hand on the fence and the distance from the telephone pole, ” said oli croteau.

clôture et la distance à franchir jusqu’au poteau », explique oli croteau. technique :

photo de l’athlète lnp qui exécute un handplant transfer, parue dans le magazine transworld.

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6229.CA — 2013 › 2014

Est-ce essentiel de bien connaître la discipline pour faire de bonnes photos ? C’est certain que ça aide. Comme pour le hockey ou le soccer, plus tu connais le sport, plus tu es capable d’anticiper ce qui va arriver. Tu es plus alerte. Tout se passe tellement vite, c’est vraiment une question de fractions de seconde. La meilleure partie du travail ? L’inconnu. Tu ne peux pas prévoir ce qui va se passer durant un shooting. Puis, quelque chose te saute aux yeux, tu prends l’image et tu te dis : « Have got the shot » (J’ai une bonne photo) (rire). J’aime aussi l’adrénaline, le défi d’aller chercher la bonne photo au bon moment. Le rider ne refera pas 2 fois la même chose.

Do you have to understand the sport to take good photos? It certainly helps. It’s like with hockey or soccer : The more you know the sport, the better you can anticipate what’s going to happen. You’re more alert. Everything happens so fast, it’s really a matter of fractions of a second. The best part of the job ? The unknown. You never know what’s going to happen during a shoot. Then something jumps out at you, you take the picture and you say “ I’ve got the shot ” [laughs]. I also like the adrenaline, the challenge of getting the right picture at the right time. The rider won’t do the same thing twice.

EN RAFALE

Best photo : There isn’t one. You could take the best photo today, but tomorrow someone could take a better one. Successful photo : One that speaks for itself. When you look at it, you feel what is happening and you know what’s involved. Greatest recognition : Every picture published is the greatest recognition I could receive. Favourite camera : Canon 5D Mark III and Mark II. Particular ritual : When I’m driving my truck to the event site, I try to imagine the shoot, to visualize what it will be like. Obsession : Getting THE photo that will get talked about. If you weren’t a photographer, you would be : Nothing [laughs]. But since building my house, I think I’d work in construction.

RAPID FIRE

Meilleure photo : Elle n’existe pas. Tu pourrais faire la meilleure photo aujourd’hui, mais demain quelqu’un en ferait une meilleure. Photo réussie : Celle qui va parler par elle-même. En la regardant, tu ressens ce qui s’y passe et tu sais ce que ça implique. Plus grande reconnaissance : Chaque photo publiée est la reconnaissance la plus complète qu’on puisse m’offrir. Caméra préférée : Canon 5D Mark III et Mark II. Rituel particulier : Le moment où je conduis mon camion avant d’arriver au lieu d’un événement. J’essaie d’imaginer le shooting, de visualiser ce que ça va être. Obsession : Avoir LA photo qui va faire parler d’elle. Si tu n’étais pas photographe, tu serais : Rien (rire). Mais depuis que j’ai bâti ma maison, je crois que je travaillerais dans la construction.

Top 5 des inspirations d'Oli Croteau « Plus on regarde des photos, plus on emmagasine des images, meilleures sont nos idées. » Oli Croteau's inspirations “ The more we look at pictures, the more images we store, the better are our ideas. ” Photo de sport › Sport photography www.sportsshooter.com Éclairage › Lighting  www.strobist.blogspot.ca Photographes > Photographers blog.vincentlaforet.com www.chasejarvis.com www.ianruhter.tumblr.com

DÉCOUVREZ-EN PLUS : VISIONNEZ LA VIDÉO DE L’ENTREVUE DISCOVER MORE : WATCH THE VIDEO OF THE INTERVIEW 6229.CA


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LES INCONTOURNABLES › GEAR YOU NEED 2 1

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Les incontournables en sport Gear you need : sports


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« Gardez vos batteries au chaud ! » “Keep your batteries warm ! ”

— ÉRIC THIBAULT, EXPERT LOZEAU —

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ÉQUIPEMENT 1- Monopied Sirui P326

P326 Sirui Monopod Tête à basculement Manfrotto 234RC Manfrotto 234RC Tilt head 2- Sigma 120-400mm f/4.5-5.6

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3- Courroie Black Rapid Sport

Sport Black Rapid Strap 4- Canon 600mm f/4.0 5- Canon 1D-X

Canon 300mm f/2.8 6- Flash Canon EX 600 RT

EX 600RT Canon Flash 7- Panasonic TS5 8- Olympus OM-D E-M5

et objectif 75mm f/1.8 Olympus OM-D E-M5 with 75mm f/1.8 lens 9- Sac Lowepro Photo sport Pro 30L AW

Photo sport Pro 30L AW Lowepro bag




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RÉCIT › STORY

TEXTE › WORDS VALÉRIAN MAZATAUD PHOTOS VALÉRIAN MAZATAUD — WWW.FOCUSZERO.COM


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Un photoreportage en Jordanie Photojournalism in Jordan

Pour moi, être photographe, c'est être reporter. Lorsque j'ai quitté mon emploi d’éducateur scientifique pour devenir photojournaliste, je me suis envolé pour la Cisjordanie, au cœur du conflit israélo-palestinien. Trois mois plus tard, j'étais en Haïti, peu après le tremblement de terre du 12 janvier 2010. En quelques années, j'ai réalisé une dizaine de reportages aux 4 coins de la planète. Certes, je ne roule pas sur l'or, mais je ne changerais de boulot pour rien au monde. For me, being a photographer means being a reporter. When I left my job as a scientific edicator to become a photojournalist, I flew off to the West Bank, the heart of the IsraeliPalestinian conflict. Three months later, I was in Haiti, just after the earthquake of January 12, 2010. In a few years, I have covered some 10 stories from the four corners of the planet. And while I’m not exactly rolling in it, I wouldn’t trade my job for the world.

1 300 m › 1 275 w 5p


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ctobre 2012. Dans une maison d'un quartier populaire d'Amman, en Jordanie, Amina me détaille les souffrances de cette famille, des réfugiés syriens. Dans un coin de la pièce, il y a ce bébé, paralysé. À ma gauche, son père, dont le bras a été transpercé par une balle. Devant moi, il y a Heba, 4 ans, « qui perd ses cheveux par touffes entières » et pleure quand elle entend un avion. Ce que me raconte ma traductrice ne me touche plus. Depuis un mois, je me noie dans les récits d’horreur. « Un de plus », me dis-je cyniquement. Heureusement, il me reste la photo. Je prends 45 clichés d’Heba alors qu'elle se déguise, saute partout puis s'enroule dans son voile de prière. Pourtant, je sais que ces images ont peu de chance d'être publiées pour l'instant : elles ne cadrent pas vraiment avec ce qu’on m’a commandé au Québec.

PRÉPARATIFS Un mois plus tôt, à Montréal, l'envie de partir était devenue trop forte. Mes derniers reportages dataient de presque un an. Je voulais maintenant aller en Syrie, mais pas pour y faire comme les autres et me retrouver bloqué dans une zone de guerre. Je voulais qu'on se penche plus sur la situation des réfugiés syriens, et pas seulement ceux exilés en Turquie. La Jordanie me semblait une bonne option, et peu de journalistes québécois l’avaient couvert. En tant que photojournaliste pigiste, je dois financer seul mes voyages, et vendre mes idées de reportage avant de partir sur le terrain. Le quotidien La Presse s’intéressait au sort des enfants, le site web du magazine L’actualité à la vie quotidienne dans les camps, et le magazine Jobboom désirait un reportage avec du contenu vidéo sur le travail au noir des réfugiés. En quelques jours, mon budget — estimé à 3 000 $ — était bouclé. Une fois sur place, il serait encore temps d’explorer d'autres pistes. Pour parvenir à réaliser ces reportages, il fallait vite me construire un bon réseau de contacts locaux en écumant Internet, Facebook et les communautés virtuelles de journalistes telles Vulture Club ou Lightstalkers. Même chose du côté des organisations non gouvernementales (ONG) œuvrant avec les réfugiés. J’ai aussi souscris à l’assurance spécialisée de Reporters sans frontières et envoyé un fax au ministère de l’Information jordanien pour obtenir l'autorisation de visiter les camps de réfugiés. Trois semaines plus tard, j'étais fin prêt à m’envoler pour la Jordanie.

all 2012. In a house in a working-class neighbourhood of Amman, Jordan, Amina catalogues the suffering of a family of Syrian refugees. In one corner of the room, there is a baby, paralyzed. On my left, the baby’s father, whose arm was pierced by a bullet. In front of me is 4-year-old Heba, “ whose hair is falling out in large clumps ” and who cries whenever she hears a plane. The things my translator tells me no longer faze me. For the past month, I have been drowning in tales of horror. “ Another one, ” I say to myself, cynically. Luckily, I still have photography. I take 45 shots of Heba as she plays dress-up, jumps about and then rolls herself in her prayer veil. I know that these images are not likely to be published just yet : They don’t really fit with the assignments I was given back home.

PREPARATIONS One month earlier, in Montreal, the desire to set off had grown strong. My last stories dated back almost a year. Now I wanted to go to Syria, but not to follow in the footsteps of other reporters and find myself stuck in a war zone. I wanted people to see the situation of Syrian refugees, and not just those exiled in Turkey. Jordan seemed like a good option, and few Quebec journalists had covered it. As a freelance photojournalist, I have to finance my trips on my own and sell my story ideas before leaving. The daily La Presse was interested in the fate of children, the website of the magazine L’actualité in the dayto-day life in the camps, and Jobboom magazine wanted a story with video on refugees working under the table. In a few days, my budget — an estimated $ 3,000 — was lined up. Once on site, there would still be time to explore other avenues. To produce these stories, I had to throw together a solid network of local contacts, scouring the Internet, Facebook and virtual journalism communities, such as Vulture Club and Lightstalkers. The same thing with the non-governmental organizations (NGOs) working with refugees. All that was left was to get specialized insurance from Reporters Without Borders and send a fax to the Jordanian Ministry of Information to obtain an authorization to visit the refugee camps. Three weeks later, I was ready to fly off to Jordan.


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« Je savais qu’il faudrait construire mes photos pas à pas, en découvrant les lieux et en gagnant la confiance des gens. »

“ I knew I would have to construct my photos bit by bit, exploring the place and earning people’s trust. ”

ARRIVÉE Je suis débarqué à Amman tard un soir de septembre. Direction l'hôtel Mansour, en plein centre-ville. Pas très propre, mais pour 4 $ la nuit, je ne pouvais pas faire le difficile. Les jours suivants, j’ai dû attendre de recevoir l’indispensable autorisation de visiter les camps. J’en ai profité pour fixer des rendez-vous, explorer de nouvelles idées et acheter un cellulaire local ainsi qu'une clé Internet. Trois jours plus tard, j’étais dans le nord du pays. Les gens de l’ONG Caritas devaient me conduire au camp de réfugiés de Zaatari — de loin le plus important du pays — abritant à ce moment 55 000 personnes. Mais une manifestation déclenchée la veille compliquait les déplacements. Ma visite avec l’ONG était annulée. C’est donc par moi-même que j’ai décidé de me rendre au camp, en taxi. Après avoir montré mon autorisation à chacun des postes de garde, j’ai atteint l'entrée de Zaatari, située en plein désert. Le soleil y était brûlant, l'air sec et poussiéreux. Dans le bureau d'une ONG responsable du camp, on m'a assigné un traducteur. Il se disait très pressé. Je ne pouvais pas prendre de photos, ni parler aux femmes et aux enfants. Peu inquiet, je connaissais la rengaine et j’avais du temps devant moi. Je savais qu’il faudrait construire mes photos pas à pas, en découvrant les lieux et en gagnant la confiance des gens.

Mon matériel en Jordanie « Je pars le moins chargé possible et toujours sac au dos. Cependant, la Jordanie est un petit pays, alors il était facile de rester dans la capitale et de rayonner autour, ce qui m'a permis d'emporter plus d'équipement. » My equipment in Jordan “ I pack as light as possible and always carry a backpack. But Jordan is a small country, so it was easy to use the capital as a base to visit surrounding areas, which made it possible to bring more equipment. ” Boîtiers › Bodies : Canon 5D, Canon 7D, Canon G10 Flash › Flashes : Canon Speedlite 580 EX Lentilles › Lens es: Tamron 24-70 mm f/2.8, Canon 50 mm f/1.4, Canon 35 mm f/2.0 Accessoires › Accessories : Filtre à densité variable Polaroid, microphone SonyECMHGZ1 // Polaroid variable density filter, microphone Sony ECMHGZ1 Ordinateur › Computer : MacBook Pro Logiciels › Software : Photo Mechanic, Adobe Photoshop Lightroom Sac › Bag : Lowerpro Photo Sport AW 200

ARRIVAL I landed in Amman late on a September evening. I headed to the Mansour Hotel downtown. Not very clean, but for $ 4 a night, you can’t be too picky. In the days that followed, I had to wait to receive the requisite authorization to visit the camps. I took the time to make appointments, explore new ideas and buy a local cell phone and Internet key. Three days later, I was in the north of the country to meet the people from the NGO Caritas, who were supposed to drive me to the Zaatari refugee camp, by far the largest in the country, with 55,000 people at that time. But a demonstration had been sparked the night before, complicating travel. My visit with the NGO was cancelled. So I decided to head to the camp on my own, by taxi.


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After presenting my credentials at each of the security posts, I reached the entrance to Zaatari, located in the middle of the dessert. The sun was blazing, the air dusty and dry. In the office of an NGO that was running the camp, I was assigned a translator. He said he was in a hurry and that I couldn’t take pictures or talk to the women and children. I wasn’t too concerned ; it was a familiar song and dance, and I had time on my hands. I knew I would have to construct my photos, bit by bit, exploring the place and earning people’s trust.

ON SITE

SUR PLACE Deux semaines après avoir mis les pieds dans le camp, je pouvais l’arpenter sans guide. Je connaissais les lieux et l'on m’y reconnaissait. Chaque jour, je m'arrêtais devant une tente, baragouinais quelques mots d'arabe et l'on m’invitait à rentrer. Ces gens qui n'ont rien m'offraient le jus de leurs rations. Je restais là, à prendre des photos. J'essayais de comprendre, de saisir l'important, ce qui pourrait faire ressentir une émotion tout en transmettant une information pertinente. Mes journées de travail frôlaient souvent les 15 heures. Le soir, de retour à l'hôtel, je sauvegardais mes images en double — sur l’ordinateur et sur un disque dur externe —, les classais et en composais les légendes. Je m’interrogeais sur ce qui manquait à mon reportage et tentait de déterminer quelles images fonctionnaient mieux que les autres. Peu à peu, une logique visuelle cohérente s’est dessinée pour chacun des reportages, avec un type de cadrage, une lumière particulière… Quelques mois plus tard, de retour au pays et payé par tous mes clients, il me restait à peine 2 500 $ dans mes poches. Mais peu importe. La photographie, pour moi, c'est avant tout une passion : partager ma vision du monde et tenter de témoigner de la détresse au-delà des clichés, comme pour l’image de la petite Heba. Pour chaque reportage photo, le défi reste le même : rendre compte de la réalité au plus près, tout en étant capable de proposer un point de vue, un éclairage qui aidera le lecteur à mieux la comprendre.

Two weeks after setting foot in the camp, I could navigate it unguided. I knew the place and people recognized me. Every day, I would stop in front of a tent, butcher a few words of Arabic, and I would be invited to come in. People who had nothing offered me the juice from their rations. I stayed, taking pictures. I tried to understand, to capture what was important, what could stir up an emotion while conveying the essential information. My workdays often verged on 15 hours. Evenings, back at the hotel, I would save two copies of my images, one on the computer and one on the external hard drive, categorize them and create captions for them. I would ask myself what was missing from my story and try to figure out which images would work better than others. Little by little, a coherent visual logic emerged for each of the stories, a sort of composition, a particular light… A few months later, back in Canada and paid by all of my customers, I had barely $2,500 in my pockets. No matter. For me, photography is first and foremost a passion : sharing my vision of the world and trying to convey the distress beyond the photos, like the picture of little Heba. For each photo report, the challenge is the same: providing an up-close-and-personal account of reality, while offering a point of view and shining a light that will help the reader understand.

Qui est Valérian Mazataud ? Photographe basé à Montréal, je travaille principalement avec des médias québécois comme Le Devoir, La Presse, ou L’actualité. Je m’intéresse aux problématiques liées à la justice sociale, aux minorités et aux droits humains. En 2011, j'ai remporté le prix Antoine-Desilets de la relève en photo de presse. Who is Valérian Mazataud ? As a Montreal-based photographer, I work mainly with Quebec media outlets such as Le Devoir, La Presse, and L’actualité. I am interested in issues of social justice, minorities and human rights. In 2011, I won the Antoine-Desilets Award for emerging photographers.


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LES INCONTOURNABLES › GEAR YOU NEED

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Les incontournables en voyage Gear you need : travel 12


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« Un trépied en carbone est plus léger à transporter. » “ A carbon tripod is lighter an easier to carry ! ”

— ALEXANDRE INGLEY, EXPERT LOZEAU —

ÉQUIPEMENT 1 - GoPRo HERO3 Édition Noire

GoPro Hero3 Black Edition 2 - Pentax K-5 II

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Sigma 10-20mm f/4-5.6 EX DC 3 - Leica X2 4 - Olympus TG-2 iHS 5 - Pentax 35mm f/2.4 AL 6 - Pentax 50mm f/1.8 7 - Filtre B&W Polarisant circulaire

Circular polarizing B&W filter 8 - Filtre B&W : MRC UV

MRC UV B&W filter

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9 - Trépied Gitzo GT1544T

GT1544T Gitzo Tripod Tête de trépied Gitzo 1780QR 1780QR Gitzo head 10 - Déclencheur Pentax O-RC1

Pentax O-RC remote control 11 - Sony NEX-6 + 16-50mm OSS 12 - Crayon nettoyant Lenspen NLP-1

Lenspen NLP-1 cleaning kit 13 - Sony NXCAM NX70 14 - Trépied et tête Gorilapod

Gorilapod tripod and head


© Daymen Canada Acquisition ULC

Sac photo léger prêt pour l’aventure !

SAC PHOTO SPORT PRO 30L HOUSSE INPERMÉABLE INTÉGRÉE ESPACE POUR BAGAGE

BANDOULIÈRES AJUSTABLES COMPARTIMENT AMOVIBLE POUR APPAREIL PHOTO

SYSTÈME DE SUPPORT RESPIRANT

LOWEPRO.COM


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TEXTE › WORDS JUAN JOSÉ CEA ESCOBAR − WWW.JUANJOSE.CA VIDÉASTE ET FORMATEUR, VIDEOGRAPHER AND INSTRUCTOR

TECHNIQUES

TOURNER DES IMAGES DE PRO À L’ÉTRANGER 894 m › 816 w 3p

SHOOTING PROFESSIONAL FOOTAGE ABROAD

Suggestion de matériel Suggested equipment

Quand Vincent Laforet a rendu public son court-métrage Rêverie -entièrement tourné en HD avec un appareil photo reflex (EOS 5D MARK II) — en 2009, 2 millions de personnes l’ont visionné sur YouTube en moins d’une semaine. Pionnier du nouveau terrain de jeu qu’offrent de tels appareils, Laforest s’inscrit dans une nouvelle révolution technologique: celle que j’appelle la « révolution des gros capteurs ». When Vincent Laforet published his short film Reverie — shot in HD using only an SLR camera (EOS 5D MARK II) — on YouTube in 2009, 2 million people viewed it in less than a week. Exploiting the new possibilities offered by such cameras, Laforet pioneered a technological revolution — what I call the “ big sensor revolution. ”


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lors que je découvrait le EOS 5D MARK II, je me suis dit : « Enfin, un appareil qui peut donner une petite profondeur de champ avec un seul capteur jusqu’à 8 fois plus gros que plusieurs utilisés en télé ». Et c'était sans compter la qualité de son rendu dans les basses lumières, et le vaste choix d'objectifs interchangeables permettant un contrôle absolu du cadrage. Dès la sortie de ce nouveau produit, en 2008, les ventes de caméras vidéo traditionnelles ont chuté. Les consommateurs n’avaient d’yeux que pour le fameux 5D MARK II. Puis, sur les blogues, des critiques ont commencé à apparaître, entre autres sur les difficultés à gérer certains aspects d’un tournage avec ces appareils. Le marché des caméras a donc commencé à se diviser entre le segment du cinéma et celui de la vidéo.

DEUX PERCEPTIONS DES REFLEX Les appareils photo reflex (ou DSLR), contrairement aux caméras vidéo, ne permettent pas d’obtenir rapidement toutes les images souhaitées. Il faut changer fréquemment d’objectif, par exemple pour zoomer sur un sujet, et parfois arrêter de filmer pour changer la carte mémoire. D’un autre côté, en cinéma, chaque plan filmé est réfléchi à l’avance et tous les paramètres sont contrôlés : choix de l’objectif, cadrage, etc. De plus, l’équipe de tournage est nombreuse — assistant focus, preneur de son, cadreur, directeur photo, réalisateur, et autres. Pour ces professionnels, les reflex offrent donc des qualités optiques intéressantes à un prix beaucoup moins élevé que bien des caméras vidéo pros. Les avantages d’un reflex peuvent se transformer en faiblesses lors de certains types de tournages pour lesquels il est difficile de prévoir ce qui va se passer devant la caméra, par exemple celui d’un documentaire ou d’un reportage de voyage. Vous risquez alors de manquer des moments importants, d’être hors foyer, ou d’avoir des gigaoctets de son à synchroniser. Pour ces tournages, je conseille une caméra vidéo. Plusieurs modèles se détaillent entre 2 000 $ et 10 000 $ et certaines offrent la possibilité de filmer des images qui correspondent aux standards des chaînes télé (50 Mb/s 4:2:2).

CHOISIR UNE CAMÉRA SEMI-PRO Partir en voyage avec une grosse caméra vidéo professionnelle n’est pas une bonne idée. Le risque de vol est élevé et les assurances coûteuses, surtout pour une caméra de 7 000 $ ou plus. Elle sera encombrante et intimidante pour les sujets, qui pourraient refuser de se faire filmer. D'un autre côté, les petites caméras semipros ressemblent beaucoup à celles destinées au grand public. Elles sont pourvues de la prise balancée XLR, qui permet de brancher des micros professionnels, sauf que le débit de prise de vue ne dépasse généralement pas les 24 ou 28 Mb/s (AVCHD), soit la moitié des standards exigés en télé. Et c’est la même chose pour l'échantillonnage couleur de 4:2:0.

xploring the EOS 5D MARK II, I thought : “ At last, a camera that can give a shallow depth of field with a single sensor, up to 8 times bigger than many used in TV. ” Added to which comes the quality of its performance in low lighting, and the vast range of interchangeable lenses that give absolute control over framing. Once the 5D MARK II was out, in 2008, sales of traditional video cameras plunged. Buyers only had eyes for the new prodigy. But soon negative comments began to appear on blogs, including criticism of the difficulties of managing some aspects of filming using such cameras. The market thus began to split between the cinema and the video segments.

TWO VIEWS OF DSLRS Unlike video cameras, DSLRs do not allow you to obtain all the images you want quickly. You have to change lenses frequently, for example to zoom in to a subject, and sometimes you have to stop shooting to change the memory card. In cinematography, of course, every shot is thought out beforehand, and all parameters are considered: choice of lens, framing, etc. In addition, the film crew is made up of a number of people — focus puller, sound mixer, director of photography, director, and so on. For these professionals, DSLRs offer interesting optical qualities at a much lower price than professional video cameras. But the advantages of a DSLR can turn into shortcomings in certain types of filming, where it is difficult to predict what is going to happen in front of the camera — for example, when shooting a documentary or a travel report. You then risk missing key moments, being out of focus, or having to synchronize gigabytes of sound. For this kind of filming, I recommend a video camera. There are many models retailing at between $ 2,000 and $ 10,000 and some are capable of taking footage that meets the TV channel standards (50 Mbps 4:2:2).


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« Les consommateurs n'avaient d'yeux que pour le fameux 5D Mark II. » “ Buyers only had eyes for the new prodigy. ”

Si vous faites de la postproduction avancée, ce type de caméras ne conviendra pas, puisque les traitements tels la coloration, la stabilisation, le 3D et autres dégradent l'image à chaque exportation. Tout dépend donc de ce que vous comptez faire de vos images. Pour de simples téléchargements sur Vimeo ou YouTube, ces appareils constituent un bon choix.

CHOISIR UNE CAMÉRA PRO Depuis quelques années, une solution intéressante a fait son apparition sur le marché : la Canon XF100, une caméra vidéo professionnelle adaptée à 100 % aux besoins des voyageurs qui souhaitent tourner des images professionnelles à l’étranger. Compacte et légère, elle offre toutes les options de son et de contrôle manuel. L’enregistrement de fichiers MPEG-2 HD s’effectue sur 2 cartes mémoire Compact Flash (peu couteuses par rapport à d’autres). Le débit de prise de vue de 50 Mb/s et un échantillonnage couleur de 4:2:2 permettent de maintenir la plus haute qualité d'image requise pour de la postproduction avancée ; le tout pour environ 3 000 $. Par contre, le capteur 1/3” de la XF100 n’est pas aussi performant dans les basses lumières que ceux, plus gros, de certains modèles. Finalement, la plupart des documentaires demandent de réaliser des entrevues et de filmer de belles images panoramiques. Grâce à l'économie faite en achetant la caméra XF100, pourquoi ne pas vous munir d’un deuxième appareil, cette fois un reflex ? Vous pourriez l’accompagner d’un objectif fixe ou d’un zoom à ouverture constante, un ensemble qui ne dépassera pas les 2 000 $ ou 2 500 $.

Matériel suggéré > Suggested equipment Pour filmer : Caméra Canon XF100 avec 4 cartes CF 400X de 32 Go et appareil photo Canon EOS 70D avec les objectifs Tamron 17-50mm f/2.8 et 50 mm f/1.4 For filming : Canon XF100 camcorder with four CF 400X cards of at least 32 GB and Canon EOS 70D SLR camera with 17-50mm f/2.8 and 50 mm f/1.4 Tamron lenses. Micros : Rode NTG-2 ou Sennheiser MKE 600 ; pour des entrevues, un ensemble Sennheiser EW122-PG3 avec micro-cravate sans fil. Microphones : The Rode NTG-2 or Sennheiser MKE 600 ; for interviews, a Sennheiser EW122-PG3 kit with wireless tie-clip microphone.

CHOOSING A SEMI-PROFESSIONAL CAMCORDER Travelling with a large professional video camera is not a good idea. It is cumbersome and intimidating for subjects, who may refuse to be filmed. There is a high risk of theft and insurance is expensive, particularly for a camera costing $ 7,000 or more. However, small semi-professional camcorders look a lot like those aimed at the general public. They are equipped with a balanced XLR input, which lets you connect professional microphones. But the bit rate is generally no higher than 24 or 28 Mbps (AVCHD) – only half the quality required for television. The same goes for the 4:2:0 colour sampling. This type of camera will be unsuitable if you do advanced postproduction, because postproduction processing, such as coloration, stabilization, and 3D, degrades the image quality with every export. So it all depends on what you plan to do with your footage. For simple uploads to Vimeo or YouTube, these cameras are a good choice.

CHOOSING A PROFESSIONAL CAMCORDER A few years ago, an attractive solution came onto the market : the Canon XF100, a professional video camera 100% suited to the needs of travellers planning to shoot professional footage abroad. Light and compact, it offers every sound and manual control option. It records in MPEG-2 HD format onto two Compact Flash memory cards (inexpensive in comparison with other types). The 50 Mbps bit rate and 4:2:2 colour sampling provide the higher image quality required for advanced postproduction, all for around $ 3,000. However, the XF100’s 1/3-inch sensor doesn’t perform as well in low lighting as some models with larger sensors. A final thought : Most documentaries involve filming interviews and shooting beautiful panoramas. With the savings you make when purchasing an XF100, why not invest in a second camera, an SLR this time ? You could match it with a fixed lens or a constant aperture zoom and not have to lay out more than $ 2,000 or $ 2,500.

Trépied vidéo : Manfrotto MTV502AM avec tête 701HDV et étui de transport. Video tripod : Manfrotto MTV502AM with 701HDV head and carrying case.

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LES INCONTOURNABLES › GEAR YOU NEED

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« Blackmagic : une caméra 4K en format compact. »

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“ Blackmagic : a compact 4K camera ! ”

— JEAN MICHEL THERRIEN, EXPERT LOZEAU —

Les incontournables en vidéo professionelle Gear you need : professional video


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ÉQUIPEMENT 1 - Claquette

Clapperboard 2 - Télésouffleur Listec pour iPhone

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Listec Teleprompter for iPhone 3 - Canon EOS 7D

Canon 17-40mm f/1.4 Canon XA20 Chariot IFLOW PRO IFLOW PRO Dolly 4 - Viseur Zacuto Z-Finder EVF Pro

Zacuto Z-Finder EVF Pro Viewfinder 5 - Blackmagic Production Camera 4K

Rokinon 24mm T1.5 CINE 6 - Sony PMW-F5

Zeiss 35mm T/2.1 CP.2 Cine Support Shape BP7000 7 - Rokinon 35mm T1.5 CINE


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LES INCONTOURNABLES › GEAR YOU NEED

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Les incontournables en vidéo professionelle Gear you need : professional video


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« Il n'y a plus de limite pour raconter une histoire. » “ There are no longer any limits in telling a story ! ”

— JUAN-JOSÉ CEA ESCOBAR, EXPERT LOZEAU —

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ÉQUIPEMENT 1 - Canon C300

Canon CN-E 85mm T1.3 L F Rail Cinevate Atlas Cinevate Atlas Slider Tête Manfrotto 501HDV 501HDV Manfrotto head 2 - Canon C500

Canon CN-E 15-47mm T2.8 L SP 3 - Glidecam HD-4000


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TEXTE › WORDS HELEN FARADJI, CRITIQUE CINÉMA - FILM CRITIC WWW.REVUE24IMAGES.COM

REPORTAGE › REPORT

963 m › 909 w 3p

Directeur de la photographie. Aux oreilles des amateurs d’images, le titre a quelque chose de mythique. Mais rares sont ceux qui peuvent expliquer précisément le rôle qu’il joue sur un plateau de tournage. 6229 a décidé de faire la lumière sur ce métier de l’ombre. Director of photography. The title has a mythical quality to the ears of photo and video buffs. But only a few can explain the role this individual actually plays on a film set. 6229 has decided to shed some light on this behind-the-scenes job.


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évoué à l’image, le directeur de la photographie la compose. Il détermine l'angle et les mouvements de la caméra, mais aussi les types d'éclairage qui seront utilisés. Sa fonction première consiste, selon Geneviève Perron, à « définir l’aspect plastique des films ». Sauf qu’elle reconnaît aisément que son métier est très peu compris par le grand public.

— © jerry pigeon

Quand vient le temps de préciser le rôle du directeur photo, l’une des principales difficultés est de bien cerner les différences avec celui du photographe. Pourtant, elles sont notables. « À mes yeux, la grande différence, c’est d’intégrer le mouvement à son travail », pense Simon Duhamel, aussi photographe. « Il faut, par exemple, choisir les bons plans de coupe pour qu’avec le mouvement, on puisse aussi raconter une histoire. » L’éclairage choisi par le directeur photo est d’ailleurs influencé par ce mouvement. « Pour une photo fixe, du point de vue de l’éclairage, il y a un seul cadre, alors que pour un film, il faut penser aux déplacements des personnages et de la caméra », explique Geneviève Perron. Cela implique entre autres de veiller à l’équilibre de la lumière dans une séquence d’images. Au-delà de l’image, l’équipement et les méthodes de travail diffèrent grandement, fait remarquer Simon-Pierre Gingras — dit SPG. « L’équipement pour la direction photo est beaucoup plus technique. Il faut que tu sois constamment à jour, parce qu’il y a du nouveau matériel qui sort tous les jours. » « En plus, en photographie, tu travailles tout seul, pour ton one man show », ajoute SPG. « Tu fais la préproduction, la production, la postproduction. En cinéma, en clip, ou en pub, il y a toute une équipe qui est là pour toi, tu travailles en gang, ce qui te donne plus de temps pour faire tes recherches et vraiment te mettre au service des idées des autres. »

Simon-Pierre Gingras — dit SPG — est un photographe et directeur photo polyvalent à qui l’on doit entre autres des vidéoclips de Galaxie, Ariane Moffatt et Radio Radio. > Simon-Pierre Gingras — known as SPG — is a photographer and a versatile cinematographer behind videos for Galaxie, Ariane Moffatt and Radio Radio, among others. www.spgspgspg.com

© simon duhamel —

LE DIRECTEUR PHOTO N’EST PAS UN PHOTOGRAPHE

Simon Duhamel est à la fois photographe, retoucheur et directeur de la photographie. Comme directeur photo, il travaille principalement en publicité pour des clients comme Microsoft, Ubisoft et la Société de transport de Montréal. > Simon Duhamel is a photographer, retoucher and cinematographer. As director of photography, he works mainly in advertising for clients such as Microsoft, Ubisoft and the Société de transport de Montréal. www.simonduhamel.com

s someone dedicated to the image, the cinematographer is a sort of composer. He determines the angle and movements of the camera, but also the types of lighting that will be used. Geneviève Perron sees her role as “ defining the esthetics of the film. ” But she readily admits that her job is still poorly understood by the general public.

THE DIRECTOR OF PHOTOGRAPHY IS NOT A PHOTOGRAPHER In explaining the role of the director of photography, one of the main difficulties lies in distinguishing the DP'S role from the job of photographer. And yet, the differences are significant. “ To my mind, the big difference is integrating movement into your work, ” says Simon Duhamel, also photographer. “ For example, you have to choose the right cutaways so that with the movement, you can also tell a story, ” he adds. The director of photography’s choice of lighting is influenced by this movement. “ For a still photo, from the point of view of lighting, there is only one frame, whereas for film, you have to consider the movement of people and the camera, ” Geneviève Perron says. This means ensuring that the light is balanced in a series of images, for example. Beyond the image, there are also big differences in the equipment and approach, notes Simon-Pierre Gingras, who goes by the name SPG. “ The equipment for photo direction is much more technical. Everything always has to be up to date, because there’s new equipment coming out every day. ” “ Plus, in photography, you work alone. It’s a one-man show, ” SPG continues. “ You do pre-production, production and post production. In film, videos or advertising, there’s an entire team to support you. You work together, which gives you more time to do research and really put yourself at the service of other people’s ideas. ”


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Leurs pièces d‘équipement fétiches > Their favourite equipment Simon Duhamel : « En photo, je travaille avec les systèmes Profoto DEL et Profoto Studio Air qui permettent de programmer mes lampes à distance. Sinon, j’adore le logiciel d’animation Dragonframe, qui permet d’avoir une image référence pour maîtriser l’alignement avec le live view (visualisation en direct) de la caméra. Récemment j’ai fait un projet équipé d’un appareil 5D et de la nouvelle version de son logiciel interne, très performante, qui m’a permis de faire de la capture vidéo à distance. » Simon Duhamel : “ In photography I work with Profoto DEL and Profoto Studio Air systems, which let me program my lights remotely. Otherwise, I just love the Dragonframe animation software, which gives you a reference image to control the alignment with the camera’s live view. Recently I worked on a project with a 5D camera and the new version of its internal software, which was very high performance and allowed me to do remote video capture ”. SPG : « Des kneepads (genouillères) ! Je ne peux pas m’en passer (rire). Sinon, j’aime beaucoup les vieilles lentilles anamorphiques, notamment les Panavision CG et les Hawk V-Lite. Je capote sur ce look ! » SPG : “ Kneepads ! I can’t live without them [laughs]. Otherwise, I really like the old anamorphic lenses, in particular the Panavision CG and the Hawk V-Lites. I love the look ! ” Geneviève Perron : « Des séries d’objectifs. Dans ma valise d’équipements, c’est ce que je priorise : avoir une optique de très haute qualité. La marque d’objectifs que je préfère, c’est Cooke et leur nouvelle série S-5 ! » Geneviève Perron : “ Series of lenses — that’s what I put in my equipment case first — with very high quality optics. I prefer Cooke lenses and their new S-5 series ! ”

© christian laurence —

TOUS AU SERVICE D’UNE IDÉE Les 3 passionnés de l’image en mouvement considèrent que l’étape la plus importante d’un projet est celle de la préparation, durant laquelle le directeur photo et le réalisateur anticipent ensemble le déroulement du tournage. Cette période peut durer de 2 semaines à 2 mois, en fonction du type de production. « Le contact avec le réalisateur ou le designer avec qui je travaille est essentiel », note Simon Duhamel. « En postproduction, je travaille beaucoup en assemblant d’autres images à celles que j’ai shootées. C’est donc important pour moi de tout décortiquer et de comprendre en amont pour bien envisager les défis techniques à venir. » Selon Geneviève Perron, le choix des lieux de tournage, effectué durant la préparation, compte aussi beaucoup. « C’est très important, parce que les atmosphères du film seront liées aux lieux dans lesquels on va tourner. Par exemple, pour Camion, le réalisateur, le directeur artistique et moi sommes allés à Dégelis et au NouveauBrunswick. J’y ai pris beaucoup de photos, que j’ai ensuite retravaillées avec Photoshop. Ça nous a entre autres aidé à choisir le format pour le film. En fait, pour moi, quand le tournage commence, la majorité du travail est déjà fait ! » Aux yeux de SPG, cette préparation constitue également une singularité du métier de directeur photo. « Comme l’éclairage et le contrôle de la lumière se font vraiment sur le set (plateau), toutes les décisions prises d’avance te sauvent beaucoup de temps. En photographie, tu peux être un peu plus permissif et retravailler ensuite l’image avec Photoshop. En vidéo, ça serait trop long. Ce n’est pas une seule image, mais 24 par seconde ! » Maillon fort de l’équipe créative sur un tournage, le directeur photo ne jouit peut-être pas de la reconnaissance qu’il mérite. Pourtant, comme le dit Simon Duhamel, « c’est souvent au réalisateur qu’on attribue l’image, alors que dans les faits, c’est le directeur photo qui met en images la créativité du réalisateur ».

Geneviève Perron travaille comme directrice de la photographie en fiction et en documentaire, par exemple sur les plateaux des longs-métrages Le journal d’Aurélie Laflamme et Camion. Elle est aussi photographe. Geneviève Perron works as director of photography in fiction and documentary, including such feature films Le journal d’Aurélie Laflamme and Camion. She is also a photographer. www.genevieveperron.com

EVERYONE AT THE SERVICE OF AN IDEA These 3 people with a passion for moving images believe the most important part of a project is the preparation, when the director of photography and the director plan how the shoot will unfold. The preparation phase can last from two weeks to two months, depending on the type of production. “ Contact with the director or the designer I’m working with is essential, ” says Duhamel. “ In post-production, I work a lot at putting other images together with the ones I’ve shot. So it’s important for me to look at things and understand them ahead of time to be able to foresee the technical challenges down the road. ” According to Perron, the choice of shooting locations, made during the preparation phase, counts for a lot as well. “ It’s very important, because the atmosphere of the film depends on the locations we shoot in. For example, for Camion, the director, the artistic director and I went to Dégelis and New Brunswick. I took a lot of photos, which I then reworked with Photoshop. That helped us choose the format for the film. In fact, when shooting starts, most of my work is already done ! ” According to SPG, this preparation is also a peculiarity of being a director of photography. “ Since lighting and lighting control are actually done on the set, all the decisions made ahead of time save you a lot of time. In photography, you can be a bit more lax and then rework the image with Photoshop. In video, it would take too long. It’s not a single image ; it’s 24 images per second ! ” Even though they are key members of the creative team on a set, directors of photography don’t always get their due. As Duhamel points out, “ people often credit the director with the image, when, in fact, it’s the director of photography who puts the director’s creativity into images ”.


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TECHNIQUES

TEXTE › WORDS OLIVIER ST-ONGE, DIRECTEUR MARKETING CHEZ LOZEAU ET PHOTOGRAPHE, DIRECTOR OF MARKETING AT LOZEAU AND PHOTOGRAPHER.

MAÎTRISER LE BULB RAMPING MASTERING BULB RAMPING 737 m › 699 w 3p

Méthode pour la photographie à intervalle Time-lapse photography

L’un des défis de la photographie à intervalle, ou time-lapse, est de maîtriser la grande variation de luminosité surtout si l’exposition s’étend sur plusieurs heures. Ces derniers sont reconnus pour être les plus difficiles à réaliser, mais leurs rendus sont aussi les plus impressionnants. Voici comment s’y prendre pour les réussir de tels time-lapse grâce à la méthode du Bulb Ramping (terme encore non traduit). Mode d’emploi pour les experts et les curieux. One of the challenges of time-lapse photography is controlling the wide variation in light due to long exposure times. These time lapses, which can span several hours, are hard to get right, but the results are impressive. Here’s how to achieve great results using bulb ramping. It’s a how-to manual for experts and the curious alike.


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u cours d’une journée, nos yeux font un excellent travail pour s’adapter en douceur aux grandes variations de luminosité. Reproduire ce phénomène avec son appareil photo, lors d’un time-lapses, nécessite de bons réglages (voir image 1). Pour réaliser un time-lapse, vous pouvez configurer votre appareil en mode Automatique, ou ajuster manuellement l’exposition avant chaque temps de pose. Mais selon moi, le Bulb Ramping donne des résultats plus intéressants. Cette méthode permet de modifier progressivement les paramètres d'exposition de votre appareil photo à l’aide d’un intervallomètre afin d’obtenir les ajustements optimaux, autant à l’aube qu’au crépuscule. Vous obtiendrez des transitions lumineuses étonnamment douces, le scintillement (flicker) étant atténué par cette utilisation du mode Bulb. Votre time-lapse pourra ainsi s’étendre du coucher du soleil à la nuit, puis au jour, avec un rendu des plus réalistes.

uring the course of a day, our eyes do an excellent job of gradually adapting to wide variations in light. Recreating this phenomenon with a camera for time-lapses requires proper settings (see image 1). celle avec jour/soir For time-lapse, you can configure your camera in auto mode, or manually adjust the exposure with each exposure time. But I think bulb ramping produces more interesting results. This method allows you to gradually change your camera’s exposure settings using an intervalometer to make the proper adjustments, for example at dawn and at dusk. The result will be incredibly smooth light transitions, with the flicker minimized by the use of bulb mode. Your time lapse can go from sunset to night to day with a highly realistic rendering.

RÉALISER UN BULB RAMPING EN 4 ÉTAPES

BULB RAMPING IN 4 STEPS

1- Sélectionnez le mode Bulb de votre appareil photo Ce mode permet à votre intervallomètre d’avoir un contrôle direct sur les réglages de votre appareil : ouverture, vitesse d’obturation et ISO. Au fur et à mesure du changement de luminosité, il les ajustera entre 2 prises de vue. Ainsi, le temps d’exposition pourra aller au-delà de celui préprogrammé par votre appareil, généralement limité à 30 secondes.

1- Select bulb mode on your camera Bulb mode allows your intervalometer to have direct control over your camera’s settings: aperture, shutter speed and ISO. As the light changes, it will adjust the settings between shots. So exposure time can go beyond your camera’s pre-programmed shutter speeds, generally limited to 30 seconds.

2 - Configurez votre appareil Réglez votre appareil en fonction de la lumière ambiante. Mettez la balance des blancs en mode Automatique ; cela facilitera le calibrage des tonalités lors des variations de luminosité. Notez que l’utilisation d’un filtre de densité neutre vous permettra d’avoir une plus grande ouverture, et ce même en plein jour. Posé sur votre objectif, ce filtre peut vous faire gagner de 1 à 10 crans de diaphragmes.

2 - Configure your camera Adjust your camera to the available light. Set your white balance in auto mode ; this makes it easier to calibrate tones as the light changes. Using a neutral density filter enables a larger aperture, even in the middle of the day. Placing this filter on your lens can give you from 1 to 10 more lens stops. Qu’est-ce qu’un time-lapse ? Un time-lapse est une succession de photos prises à intervalles réguliers, qui, une fois assemblées à l'aide d'un logiciel de montage, permet d'obtenir une vidéo en accéléré. What is time-lapse ? Time-lapse is a series of photos taken at regular intervals that, once assembled using editing software, creates the impression of a high-speed video.


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To capture the transition from sunset to a starry sky, the camera’s settings could be:

Si vous voulez capturer la transition du coucher de soleil vers un ciel étoilé, les réglages de l'appareil pourraient être: Vitesse : 1/20 s est la vitesse d'obturation rapide la plus fiable possible en mode Bulb. Ouverture: la plus petite ouverture possible. ISO : 100, car votre ISO doit être au plus bas pour avoir la meilleure qualité d’image et le moins de bruit possible. Objectif : Réglez la mise au point de votre objectif en mode manuel et ajustez le foyer à Infini ∞ pour vous assurer d’avoir la plus grande netteté possible.

Speed : 1/20 s is the most reliable fast shutter speed in bulb mode. Aperture : The smallest aperture possible. ISO : 100, or set your ISO as low as possible to get the best image quality, and the least noise. Lens : Focus in manual mode and set the focus to Infinity ∞ to create as much sharpness as possible. 3- Adjust the intervalometer

3- Réglez l’intervallomètre L’intervallomètre va d'abord prendre une mesure de la lumière ambiante avec le posemètre intégré, puis continuer à prendre des mesures ponctuelles et régler l'exposition selon les variations de luminosité. Si vous voulez capturer la transition du coucher de soleil vers un ciel étoilé, les réglages de l'appareil pourraient être : Durée : 3 heures. Intervalle de prise de vue : 20 secondes, mais l’intervalle entre 2 poses est déterminé par la vitesse du sujet photographié. Plus le sujet est rapide, plus l’intervalle sera court, afin de donner l’impression de fluidité, comme pour les nuages. Fréquence de lecture du posemètre : 10 minutes. 4- Réaliser la postproduction de vos images Assemblez d’abord vos images à l’aide d’un logiciel, par exemple Time Lapse Assembler ou Quick Time Pro. Réduisez ensuite ce qui reste de scintillement avec un autre logiciel, par exemple MSU Deflecker ou LR Timelapse. Au moment de choisir la cadence prise de vues, rappelez-vous qu’elle varie entre 24 et 30 images par seconde. Par exemple, pour une vidéo finale de 30 secondes, voici le calcul à effectuer : Time-lapse de 3 h = 180 min = 10 800 s 24 images par seconde x 30 s de vidéo = 720 images 10 800 s / 720 images = 15 s d’intervalle entre chacune

The intervalometer will first measure available light using the integrated light meter, and then take periodic measurements and adjust the exposure based on light variations. To capture the transition from sunset to a starry sky, your camera’s settings could be : Duration : 3 hours. Photo interval : 20 seconds. The interval between two shots is determined by the speed of the subject. The faster the subject, the shorter the interval, to create the impression of fluidity. This works well for clouds, for instance. Light meter reading frequency : 10 minutes. 4- Do the postproduction on your images First, use software to assemble your images, like Time Lapse Assembler or Quick Time Pro. Then reduce the remaining flicker with MSU Deflicker software or LR Timelapse. When choosing the frame rate, remember that it varies between 24 and 30 images per second. For instance, here is the calculation for a 30-second final video : Time-lapse of 3 hr = 180 min = 10,800 s 24 images per second x 30 s of video = 720 images 10,800 s/720 images = 15 s intervals between each one


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TEXTE › WORDS EMILIE NAULT-SIMARD PHOTOS PATRICK ROCHON

PORTFOLIO

www.patrickrochon.com

PATRICK

ROCHON Peintre-lumière Light Painter

En solo dans son studio de Montréal, à Tokyo pour une campagne publicitaire ou en performance avec des danseurs contemporains : Patrick Rochon repousse sans cesse les limites de son art, le light painting. Ses photographies peintes avec la lumière font le tour du monde et se propagent sur le web. Dernièrement, des millions d’internautes on vu la vidéo de son projet réalisé en collaboration avec des athlètes de wakeboard et Red Bull. Piqué par la curiosité, 6229 est allé rencontrer celui qui s’est baptisé peintre-lumière. Whether working solo in his Montreal studio, in Tokyo for an ad campaign or in performance with contemporary dancers, Patrick Rochon keeps pushing the boundaries of his art : light painting. His photos painted with light travel the world and the Web. Recently, millions of Internet users got to see his video project with Red Bull and wakeboard athletes. Intrigued, 6229 went to meet the man who has dubbed himself a light painter.

949 m › 923 w 6p


5 appareils photo ont été disposés autour du orlando watersports complex, en floride. des nikon d600 et « au milieu de la nuit, on travaillait dans le noir total, disposant de peu de temps avec les lumières allumées sur le wakeboard .» this image took a 5 cameras were positioned around the orlando watersports complex in florida. nikon d 600 and d800e were used. “ we worked in the middle of the night, in the dark, with little time and with lights trained on the wakeboard. ” —

team of a dozen people to create.

d800 e ont été utilisés.

cette image a monopolisé une équipe d’une douzaine de personnes.


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« C’est quand je m’abandonne complètement que j’obtiens les résultats les plus extraordinaires. » “ It’s when I let go completely that I achieve the most extraordinary results. ”

À quel moment êtes-vous devenu peintre-lumière ? En 1997, je quittais Montréal pour Tokyo. À l’époque, je faisais déjà un peu de light painting et de photographie créative. Puis là, dans l’avion, j’ai eu une révélation. Je me suis dit : « Je suis un peintre-lumière ! » Je n’avais jamais entendu ce terme-là auparavant. On parlait plutôt de photographes qui faisaient du light painting. J’ai réalisé que le light painting était une forme d’art, et que la photographie venait la soutenir. La photo, dans ce cas-ci, est un support, un canevas. On peint dans l’espace, et puis ça s’imprime sur la toile. À partir de ce jour, j’ai complètement arrêté de montrer mes photos traditionnelles. Ç’a été un changement drastique. Prévu pour 2 semaines, votre séjour au pays du soleil levant s’est allongé 10 ans. Quelle influence la culture japonaise a-t-elle eue sur votre travail ? Une influence énorme ! Ç’a été une grande transformation… En fait, le Japon, ç’a été le voyage vers l’intérieur, la prise de contact avec ce qui est subtil à l’intérieur de moi. Être plus reposé et posé parce que les Japonais sont comme ça. À New York, j’ai exploré l’underground, le dark. À Tokyo, c’était plutôt le contact avec la beauté et la subtilité. Ç’a m’a pris de nombreuses années avant d’arriver à faire des choses que les gens considéraient belles, peut-être 5 ans de recherche personnelle et de travail. Quelle est la part d’inconnu qui subsiste quand on peint avec la lumière? À l’école, on apprend à tout contrôler, mais je crois qu’à un moment, il faut transcender le contrôle. Dans le lâcher-prise, il y a une richesse de création. C’est quand je m’abandonne complètement que j’obtiens les résultats les plus extraordinaires. Votre projet TRANSIT s’est fait devant public, en collaboration avec des danseurs. Quelle préparation demande une telle performance ? Comme on n’avait jamais travaillé ensemble, on s’est rencontré avant. On a passé quelques heures à bouger et à développer des idées. On a créé une structure, un genre de carte avec des tableaux et le nombre de photos qu’on allait faire pour chacun. Le soir même, au moment de la performance, il y avait donc une partie structurée et une partie improvisée, et plein d’éléments nouveaux, dont le public et la musique. Le but était aussi de laisser de la place à la spontanéité.

When did you become a light painter ? In 1997, I left Montreal for Tokyo. At the time, I was already doing a little light painting and creative photography. And then I had a revelation during the flight. I said to myself : “ I’m a light painter ! ” I had never heard the term before. People talked instead about photographers who were doing light painting. So I realized that light painting was an art form, and that photography was what supported it. In this instance, the photo is a medium, a canvas. You paint in space, and then it is imprinted on the canvas. From that day on, I stopped showing my traditional photos. It was a dramatic change. You planned to visit the Land of the Rising Sun for two weeks and ended up staying for 10 years. What influence has Japanese culture had on your work ? An enormous influence! It was a major transformation… In fact, Japan was the voyage within myself, getting in touch with all the subtleties of my being. Being more rested and settled, because that’s how the Japanese are. In New York, I explored the underground, the darkness. In Tokyo, it was contact with beauty and subtlety instead. It was years before I managed to do things people found beautiful, maybe five years of personal research and work. What is the element of the unknown when painting with light ? In school, we learn to control everything, but I believe that at a certain point, you have to move beyond control. There is a creative richness in letting go. It’s when I let go completely that I achieve the most extraordinary results. Your TRANSIT project was carried out in front of an audience, in conjunction with dancers. What sort of preparation goes into that sort of performance ? Since we had never worked together before, we met beforehand. We spent a few hours moving and developing ideas. We created a structure, a sort of map with scenes and the number of photos we would do for each one. That evening during the performance, there was a structured portion and an improvised portion, and plenty of new elements, including the audience and music. The goal was also to allow room for spontaneity.


solo avec la lumière. solo with light. b/d : les images de transit ont été crées en spectacle devant un public, en

an audience, in collaboration with the dance company manon fait de la danse.

collaboration avec la troupe manon fait de la danse. the images for transit were created in performance in front of

— h /u :

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« souvent mon light painting est un jet, un éclat, une expression énergétique. comme dans le kata du light painting, je me laisse bouger par mon ressenti, ma création inconsciente, laissant mon corps guider les mouvements. » “ often, my light painting is a spurt, a flash, an expression of energy. like in the kata of light painting, i let myself be moved by how i feel, my unconscious creation, letting my body guide the movements. ” —

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6229.CA — 2013 › 2014

Parlez-nous de votre nouvelle technique de light painting, le Kata : C’est une idée que j’avais depuis longtemps. Naturellement, en bougeant des épées de lumière dans l’espace, on tombe dans un mélange de danse et d’art martiaux. Le Kata, en light painting, est une forme un peu freestyle, beaucoup plus libre qu’habituellement. On se laisse aller à l’intuition, à l’énergie et à l’émotion du moment. Si on travaille avec de la musique, on peut s’en inspirer pour créer des mouvements. Pour moi, ç’a été une grande victoire que les gens s’intéressent à ce projet et qu’il soit publié sur des blogues, parce que je l’ai fait seul, chez moi, avec ma caméra sur trépied. C’est tout l’opposé du projet de Red Bull, pour lequel on avait une grosse équipe de production. Où en est rendu le light painting au Québec ? C’est encore super jeune ici. J’ai donné beaucoup d’ateliers quand je suis revenu à Montréal il y a 5 ans. Personne ou presque ne faisait du light painting. Maintenant, les gens commencent à en faire beaucoup plus, et à l’utiliser en publicité. C’est le fun de voir que ça se propage, que ça se développe, mais c’est dur de localiser cet art au Québec. On est rendu tellement international, tous connectés grâce à Internet.

Talk to us about your new technique of light painting, the Kata : It’s an idea I’ve had for a long time. Naturally, in moving swords of light through space, you end up with a combination of dance and martial arts. Kata, in light painting, is a somewhat freestyle form, a lot freer than normal. You go with your intuition, the energy and the emotion of the moment. If you work with music, you can draw inspiration from it to create movement. For me, it was a major victory that people were interested in this project and that it was published on blogs, because I did it alone, at home, with my camera on a tripod. It was the exact opposite of the Red Bull project, where we had a large production team. Where is light painting at in Quebec ? It’s still really new here. I gave lots of workshops when I came back to Montreal five years ago. No one, or virtually no one, was doing light painting. Now people are starting to do it more and to use it in advertising. It’s fun to see it catch on and develop, but it’s hard to localize the art in Quebec. We have become so international, all connected through the Internet.

EN RAFALE :

A photo you are particularly proud of : I think in each session of light painting that I’ve published, there has been a victory. The victory of having done something spontaneously and being impressed by the result. If you weren’t a photographer, you would be : In science, absolutely. Preparation : Before a shoot, I spend a lot of time visualizing, sometimes weeks. I immerse myself in my project. Favourite piece of equipment : Even more so than the camera, it’s the computer! I spend a tremendous amount of time communicating with people, sharing, reading and discovering.

Photo dont vous êtes particulièrement fier : Je pense que dans chaque séance de light painting que j’ai publiée il y a une victoire. Celle d’avoir fait quelque chose spontanément et d’être impressionné par le résultat. Si vous n’étiez pas photographe vous seriez : Dans la science. Absolument. Préparation : Avant un shooting, je prends beaucoup de temps à visualiser, parfois des semaines. Je me laisse imprégner par un projet. Pièce d’équipement favorite : Avant même l’appareil photo, c’est l’ordinateur! Je passe énormément de temps à communiquer avec les gens, à partager et à découvrir.

RAPID FIRE :

Top 3 de ses sites Web inspirants > His top 3 inpiring websites 1- www.ted.com 2- www.wired.com 3- www.jungagain.tumblr.com

VISIONNEZ LA VIDÉO DES DERNIERS PROJETS DE PATRICK ROCHON, DONT UN 360° WATCH OUR VIDEO WITH PATRICK ROCHON ABOUT HIS 360° AND ITS RECENT PROJECTS 6229.CA


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TEXTE › WORDS STÉPHANE VAIRO PHOTOS STÉPHANE VAIRO

OUTILS › TOOLS

L'ATELIER DE PATRICK PATRICK'S WORKSHOP

Le peintre-lumière Patrick Rochon transforme des lampes torches en ingénieux outils qui permettent de créer des photos stupéfiantes. Voici quelques-uns de ses LITEBLADE. The light painter Patrick Rochon transforms flashlights into ingenious tools that enable him to create breathtaking photos. Here are some of his LITEBLADE.


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LA FABRICATION Des lampes torches puissantes sont munies de simples accessoires, comme des plaques en Altuglas® découpées en formes variées. Cela permet de créer toute une gamme de textures et d’effets lumineux, en éclairage continu ou à intervalles réguliers. Il est possible de se procurer ces accessoires LITEBLADE fabriqués par Oxbolab via www.thelightpaintingshop.com THE “ MAKING OF ” High-powered flashlights are fashioned with simple accessories, such as Altuglas® sheets cut into various shapes. This enables you to create a range of effects and textures, be it with continuous or strobe lighting. These LITEBLADE accessories made by Oxbolab are available at www.thelightpaintingshop.com

1- Lampe munie d'un cône en gélatine vert. Flashlight equipped with a green gel snoot.

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2- Lampe munie d'une plume. Flashlight with a feather attached to it. 3- Lampe munie d'un filtre gélatine magenta — et jeu avec le mouvement des doigts sur le rayon lumineux pour créer la texture. Flashlight equipped with a magenta gel filter — and fingers moving playfully over the light to create texture. 4- Lampe munie de guirlandes métalliques pour recréer la texture de l’eau. Flashlight fashioned with metallic garland to create a watery texture. 5- Lampe munie de cure-pipes jaunes et orange pour créer l’impression d’une flamme. Flashlight fashioned with yellow and orange pipe cleaners to create the look of flames.

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