Zoo n°30

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zoom Nana Huxe,T.1, Papinana, de Jérémie Labsolu

VANYDA

ÿ Une énorme marmite de sorcière, lÊéquivalent dÊun travail de scratch en BD Ÿ : voilà comment Jérémie Labsolu qualifie son propre travail, remarqué avec le frappadingue, brillant et onirique Metamuta (spin off du Mutafukaz de Run). Le label 619 fait désormais confiance à son talent dÊauteur en lui confiant sa propre série : toujours ces créations graphiques envoûtantes – dessins en noir et blanc, bribes de réalité recomposée, osant un mélange flirtant avec lÊart brut et Taiyu Matsumoto (Amer Béton). La narration éclatée de ce premier tome pose les bases dÊun no mansÊ land futuriste, dans lequel une humanité fantomatique sÊaffronte pour des ossements aux pouvoirs obscurs, et où dÊinquiétantes tribus affichent des têtes⁄ dÊamanites tue-mouches. ¤ découvrir prestement.

revendique l’influence du manga Vanyda, l’auteur des séries « L’Immeuble d’en face » et « Celle que… », est reconnue pour ses récits sensibles dépeignant finement les relations humaines. Elle nous explique en quoi la BD asiatique influence son travail.

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Le Don, de Bartoli et Carnevale

© Vanyda

Quelles sont vos références en bande dessinée asiatique ? La première BD asiatique que jÊai lue était Akira, et je me rappelle avoir été très marquée par le découpage de celleci. JÊai ensuite découvert un manga peu connu, Next Stop, dans le magazine Kameha,

Grouik,T.1, Je veux des vacances, de Kaze Dolémite CÊest lÊhistoire dÊun cochon qui va à lÊécole, qui a une mémé loufoque et qui voit le fantôme du sosie de Claude François. Une BD déjantée qui semble tirée dÊun cahier à dessins dÊado : bulles en forme de nuage, police manuscrite en vrac, couleurs flashy, surcharge de texte. On découvre des écritures nouvelles à coup de ÿ toultemps Ÿ, de ÿ wanelove Ÿ et de ÿ bonané Ÿ. Ça part dans tous les sens, tant dÊun point de vue visuel que narratif. Bref, ce sont des gags pour les ÿ djeuns Ÿ, qui apprécieront sans retenue ce style décalé.

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VALENTINE, HÉRO˝NE DE CELLE QUE...

qui mÊa aussi pas mal influencée au niveau du découpage et du rythme de narration. Tout comme les mangas de Mitsuru Adachi, ou ceux de Taiyo Matsumoto dÊailleurs. Puis sont venu les auteurs comme Ai Yazawa, Kiriko Nananan, Mari Okazaki (Complément affectif), ou même Fuyumi Soryo (Mars, ES)... Par quels aspects cette influence asiatique se manifeste-t-elle plus particulièrement dans vos ouvrages ? Je pense quÊen plus dÊune pointe de graphisme ÿ à la manga Ÿ, cÊest surtout par le découpage et la narration que lÊinfluence se fait le plus ressentir. Le rythme de narration et la façon de mettre les personnages en avant sont un héritage de ces lectureslà. Les dessins animés tirés de manga intimistes et / ou ÿ sentimentaux Ÿ mÊont aussi pas mal influencée dans le sens où ils mettaient en scène ce genre dÊhistoires, qui étaient très rares en BD franco-belge avant les années 90.

Le Lombard, 64 p. coul., 15,50 € KAMIL PLEJWALTZSKY

Glénat, 96 p. coul., 9,95 € KARINE LACA

© Vanyda / DARGAUD

otre style de dessin est manifestement influencé par le manga. Comment et pourquoi en êtes-vous venue à adopter ce style ? JÊai commencé à dessiner quand jÊétais enfant, et à lÊépoque, je recopiais surtout les dessins animés que je voyais à la télé, pour la plupart dÊorigine japonaise : Les Chevaliers du Zodiaque, Les Samouraïs de lÊéternel, Olive et Tom, Max et compagnie. Pour faire mes propres BD (vers 10 ans), cette influence sÊest mélangée aux lectures de BD franco-belge que jÊavais à lÊépoque comme Thorgal, Sambre ou les BD de Bilal. Mon style actuel de dessin découle donc tout naturellement de ces influences de jeunesse.

Ankama, 144 p. couleurs, 14,90 € JULIE BORDENAVE

La surproduction de bandes dessinée fait que parfois, un bon album passe à côté des regards affutés des rédacteurs de Zoo. Le Don est en lÊoccurrence sorti en septembre dernier. ¤ force de regretter de ne pas lÊavoir chroniqué, nous nous décidons à le recommander à nos lecteurs parce que les qualités du dessin sont stupéfiantes et que les ambiances y sont très prenantes. LÊalbum est composé dÊhistoires courtes à chutes – un peu comme celles qui firent les beaux jours de ˚re comprimée. Toutes sont articulées autour dÊÉric, un jeune homme gangréné par le don quÊil possède, qui consiste à voir et ressentir le futur ou le passé dÊun être humain par simple contact. Le Don rappelle les meilleurs récits de Clive Barker⁄ Que dire de mieux ?

o s s i e r

AUTOPORTRAIT DE VANYDA

Les appellations du type ÿ mangaka à la française Ÿ (quÊon emploie souvent pour vous), ne sont-elles pas un peu stigmatisantes ? En aucun cas le fait dÊavoir des influences asiatiques dans mes bandes

dessinées nÊa été un handicap ou un frein pour la publication ou la rencontre de mes albums avec le public. Cette double influence a toujours été pour moi un plus et je ne renie en aucun cas cette filiation. Au contraire, cela mÊa permis de toucher un plus large public. LÊadolescence semble être votre thème de prédilection. Pourquoi ? Je ne pense pas que lÊadolescence soit mon thème de prédilection, la preuve dans LÊImmeuble dÊen face, qui couvre plusieurs tranches dÊâge. Si jÊai choisi de développer ce passage à lÊâge adulte dans Celle que..., cÊest parce que je pense

LÊIMMEUBLE DÊEN FACE


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