INTERVERSION. Bryggen : entre le quai et la rue haute, basculer le regard pour donner à voir.

Ministère de la Culture et de la Communication École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-La Villette

INTERVERSION

Bryggen : entre le quai et la rue haute Basculer le regard pour donner à voir

ØVREGATEN

+ 10.02m

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PROJET DE FIN D’ÉTUDES Juillet 2022

Réalisé par Zoelie MILLEREAU-DUBESSET Dirigé et encadré par Yann Nussaume, Antoine Saubot et Hector Doccaragal Montero

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Notice de projet de fin d’études réalisé dans le cadre de l’obtention du Diplôme d’État d’Architecte conférant le grade de Master Réalisé par Zoelie MILLEREAU-DUBESSET Dans le cadre du suivi de projet de fin d’études Paysage/S : architectures, villes et territoires en transition Dirigé et encadré par Yann Nussaume, Antoine Saubot, Benoît Jacquet et Hector Doccaragal Montero Juillet 2022 / ENSA Paris-La Villette

INTERVERSION

Bryggen : entre le quai et la rue haute Basculer le regard pour donner à voir

Remerciements Mes remerciements vont à mes enseignants Yann Nussaume, Antoine Saubot, Benoît Jacquet et Hector Doccaragal Montero pour leur suivi ainsi qu’à Agnès Lapassat pour nos échanges.

Je remercie particulièrement mes parents pour leur soutien moral au cours de ces 5 années et leur accompagnement bienveillant lors de ce PFE. Merci également à mes amis Emma Szymoniak, Alexandra Chambrier, Narathip Phuengphai, Marie Porrez et Kirsten Remmers pour leur présence à mes côtés, les discussions critiques et pour leurs petites mains qui m’ont aidée lors de la production finale.

Je tiens à remercier le personnel des Archives du Patrimoine National (Riksantikvaren arkiv) pour m’avoir communiqué la documentation ainsi que les guides du Musée de la Ligue Hanséatique, pour avoir pris le temps de répondre à mes questions, et enfin Agathe Hoff, architecte restauratrice pour Stiftelsen Bryggen, pour son expertise lors du riche entretien qu’elle m’a accordé.

Pour finir, je rend hommage à ce site chargé d’histoire dans lequel s’inscrit ce projet. Un lieu qui a su accueillir mes pas, stimuler mes sens et ainsi réveiller mon imaginaire.

Qu’il vive encore longtemps et que sa mémoire perdure pour qu’il puisse émouvoir autant qu’il m’a fasciné.

Préambule À l’occasion de mon échange Erasmus en 2020-2021, j’ai vécu pendant un an à Bergen en Norvège. Cette ville que l’on surnomme « ville de la pluie » m’a inspiré l’écriture de mon mémoire « L’expérience citadine de la pluie, pour une sensibilité à la pluie en ville » soutenu en Janvier 2022.

Dans la continuité du mémoire, j’ai souhaité exploré avec ce PFE, une autre dynamique locale de l’eau.

La Mer du Nord comme dans beaucoup d’autres localités dans le monde voit son niveau augmenter du fait des dérèglements climatiques. Bergen est tout particulièrement menacée par l’augmentation, en fréquence et en intensité, des inondations côtières.

Ce phénomène, déjà connu des locaux est particulièrement récurrent dans le quartier historique de Bryggen.

D’abord soucieux de l’intégrité du bâti face à ces évènements, le projet a peu à peu évolué vers une mise en débat de la place de ce patrimoine dans les mémoires collectives locales.

En effet, ce site que l’apparence et la réputation désigne comme touristique, abrite en réalité l’essence de la mémoire de la ville et de la culture locale.

De la même manière que j’ai appris à écouter ce lieu se raconter à moi, le projet propose de basculer le regard qui lui est porté pour le donner à voir.

SOMMAIRE

Remerciements Préambule Propos introductifs

L’anthropocène ou “l’ère de l’humain” à l’épreuve des aléas climatiques

Contexte géographique

Bryggen, site emblématique de Bergen, ville entre mer et montagne

Contexte historique

Bryggen, épicentre de la ville, un lieu qui se raconte

Enjeux et stratégies

L’inondation comme levier de l’interversion

Intentions de projet et programmation

La transmission et le patrimoine culinaire comme support programmatique

Références Bibliographie Sources

Crue printanière du 27 février 1990, record actuel d’inondation.

PHOTO : ARCHIVES DE BERGENSTIDENDE

PROPOS INTRODUCTIF

L’anthropocène ou “l’ère de l’humain” à l’épreuve des aléas climatiques

Il est une notion qu’il semble essentielle de rappeler dans le cadre de ce sujet de PFE Architectures et Paysage et plus largement dans le cadre de la pratique contemporaine du métier d’architecte, celle de l’anthropocène.

Le terme d’anthropocène est théorisé il y a près de 30 ans, en 1995 par le prix Nobel de Chimie Paul Josef Crutzen.

Ce néologisme est issu du grec anthropos qui signe “être humain”et vise à définir une nouvelle ère géologique où l’être humain joue un rôle central dans les changements subis par la planète.

Ces derniers se manifestent par des dérèglements climatiques qui ont pour conséquence majeure de modifier les écosystèmes, voire de les altérer.

Si l’humanité s’inquiète davantage aujourd’hui c’est aussi parce qu’elle se voit elle même punie par les conséquences de ses propres actions à l’encontre de la planète.

En effet, ces aléas climatiques mettent en péril ses vies, ses biens, ses ressources et participent à l’effacement de ses mémoires, de ses usages, de son patrimoine.

Parmi les localités qui font les frais de cette in(ter)version du rapport de force enclenchée par les dérèglements climatiques, se trouve la ville norvégienne de Bergen et son emblématique site Bryggen.

Bryggen est le dernier vestige local de la Ligue Hanséatique, une organisation maritime marchande à laquelle Bergen doit son développement depuis le 14e siècle. Reconstruit après l’incendie de 1702 selon les principes de l’architecture vernaculaire norvégienne, le site est inscrit depuis 1979 au patrimoine mondial de l’UNESCO. Considéré comme patrimoine culturel côtier norvégien, Bryggen est régulièrement exposé aux submersions, qui tendent à s’intensifier considérablement.

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La situation de Bryggen est loin de représenter un cas isolé.

En Méditerranée par exemple, selon une étude menée par des chercheurs allemands et britanniques, sur les 49 sites classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco, 42 se trouvent menacés par l’érosion côtière et 37 par la montée des eaux.

Concrètement, c’est 47 monuments qui sont en grand danger de disparition d’ici 21001. Et cette menace plane aux quatre coins du monde, à l’échelle de la montée globale du niveau de la mer et de l’intensification des précipitations.

Deux stratégies dominent pour y « remédier ».

La première consiste à déplacer les monuments menacés hors de la zone de risque. Elle soulève d’une part la question des coûts énergétiques, écologiques et économiques. D’autre part, elle peut interroger la légitimité de la conservation de la valeur patrimoniale du site déplacé. Enfin, face à la dynamique du changement climatique, rien ne garantit que le site ne doive pas être déplacé à nouveau pour échapper à la poursuite de la montée des eaux.

Une seconde stratégie vise donc à contrôler le niveau de la mer.

C’est la solution retenue par Venise par exemple. Pour parer à la montée des eaux, les autorités vénitiennes ont projeté l’installation de 78 digues flottantes. Largement critiqué, le projet Mose a en effet ses limites. Devant l’accroissement constant du niveau de la mer, ces digues devraient rester fermées quotidiennement, affectant ainsi la biodiversité marine locale. Sont notamment pointés du doigt des problèmes de “pollution microbiologique et d’eutrophisation dans la lagune”.

Dans chacun de ces stratégies, ce serait la mémoire humaine, la conservation de ce patrimoine qui primerait à tout prix sur le reste et malgré le reste.

Or l’intervention architecturale peut-elle vraiment prétendre à « sauver » le site patrimonial face à l’inondation ?

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1 Reimann, L., Vafeidis, A.T., Brown, S. et al. “ Mediterranean UNESCO World Heritage at risk from coastal flooding and erosion due to sea-level rise”.

Nat Communications 9, 4161 (2018)

Le risque naturel semble finalement apparaître comme une leçon d’humilité. Il invite à faire acte de résilience et de résignation tout en réfléchissant à une manière de faire perdurer la mémoire du site pour informer les générations futures.

Le présent projet se propose d’y répondre par l’interversion.

INTERVERSION [ɛt̃ ɛʀvɛʀsjɔ̃]. n.f Composé du préfixe latin INTER qui exprime la réciprocité, l’action mutuelle ou l’intervalle, et de VERSION qui désigne les divers aspects ou état d’un sujet au fil des transformations.

L’INTER VERSION se définit alors comme un renversement d’ordre, l’action d’intervertir les rôles ou le résultat de cette action.

Définition CNRTL

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Carte de Bergen et localisation de Bryggen (en jaune) dans la zone du port.

Cartographie de l’auteure réalisée d’après données Geonorge.

CONTEXTE GÉOGRAPHIQUE

Bryggen, site emblématique de Bergen, ville entre mer et montagne

2e ville de la Norvège

La prairie entre les montagnes

Capitale des fjords

Bergen est la 2e ville de la Norvège. Située sur la côte ouest dans le Comté du Vestland, elle est réputée pour constituer une porte d’entrée majeure dans la région des fjords. C’est d’ailleurs à ce titre qu’on la surnomme « Capitale des Fjords ».

Son importance à l’échelle du pays est historique puisqu’il y a près de 1000 ans, Bergen constituait la capitale administrative, religieuse et économique du pays. Ce rayonnement s’explique également par le rôle joué par Bergen à partir du XIIIe siècle dans la Ligue Hanséatique.

Situé entre Øvregaten (la rue haute) et Bryggen (le quai) dans Vågen (le port), le quartier éponyme de Bryggen constitua pendant près de 400 ans l’un des comptoirs principaux de ce réseau marchand.

Depuis son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO, le site est aujourd’hui reconnu comme l’un des joyaux côtier nationaux et constitue une façade emblématique pour la ville.

La rue haute Le quai Le port BRYGGEN

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LES DERNIERS VESTIGES D’UNE MÉMOIRE LOCALE AU CŒUR D’UNE STRUCTURE URBAINE SINGULIÈRE

La façade de Bryggen sur Vågen Collage d’après photographies de l’auteure

Le quartier de Bryggen actuel est le dernier témoignage de la structure urbaine traditionnelle de Bergen. Ses maisons en bois (inidiquées ici en jaune) s’organisent en rangées de part et d’autre des gårdene (littéralement « fermes »), des ruelles étroites qui font le lien entre des terres (autrefois cultivées) à l’arrière, et la mer.

Aujourd’hui seules 6 gårdene existent encore : Bugården, Bredsgården, EnhjØrningen, Svensgården, Jacobsfjorden & Bellgården et Holmedalsgården.

Cette morphologie urbaine constitue les vestiges d’un quartier originellement beaucoup plus vaste, réduit année après année par les incendies qui ravagent la ville depuis ses prémices.

Les 6 maisons qui les jouxtent en façade sont des copies de béton érigées après l’incendie de 1955.

1702

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1916

1955

1958

Aujourd’hui 2022

Évolution morphologique de Bryggen au fil des incendies depuis 1702 Schémas de l’auteure

ENTRE RUE HAUTE ET RUE BASSE, UN SYSTÈME VIAIRE ORIENTÉ VERS LE PORT

Rues basses le long des quais Rues hautes Allmeningen («Rues communes»)

BRYGGEN ET ØVREGATEN PROMENADES BASSES ET HAUTES

LES ALLEMING ET LES GÅRD VOIES DE TRAVERSÉE AMONT/AVAL

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UNE FRÉQUENTATION IRRÉGULIÈRE DES USAGERS DANS LE TEMPS ET L’ESPACE Une grande partie de la valeur patrimoniale de Bryggen repose sur la mémoire de son usage et du vécu de ses habitants.

Bien que protégé, le site est aujourd’hui considéré comme “monument culturel en usage” dont la vocation n’est pas celle d’un musée. En effet, Bryggen est l’un des quartiers emblématiques de la ville.

Au même titre que Torgallmennigen ou Festplassen, promenades publiques majeures de la ville, il constitue un repère pour le berguénois dans son quotidien.

Situé sur la principale route d’accès au nord de la commune, Bryggen voit passer bus, vélos et voitures à longueur de journée et bientôt remplacés par l’arrivée du tram.

L’usage de Bryggen par le piéton en revanche s’inscrit dans une temporalité très précise, rythmée par les évènements locaux et la saisonnalité.

UNE FRÉQUENTATION INDUITE PAR DES TEMPS FORTS DE LA VIE LOCALE ET LA SAISONNALITÉ Période de fréquentation majeure Période de pluie

UNE OCCUPATION DE L’ESPACE CONDITIONNÉE PAR L’ENSOLEILLEMENT Course du soleil

Flux majeur sur Bryggen Flux modéré sur Øvregaten

Fréquentation des terrasses

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Amarrage des bateaux

Son orientation Sud-Ouest et la large esplanade qui le devance en font le lieu privilégié de l’utepils, qui désigne l’activité de “prendre une bière au soleil”.

Le quai est traditionnellement pris d’assaut le jour de la fête nationale qui célèbre la signature de la constitution norvégienne le 17 mai 1814 et avec elle l’indépendance de la Norvège. À cette occasion, le quai se rempli très tôt d’habitants en habits traditionnels venus se retrouver pour célébrer cette journée.

La parade locale emprunte alors la route de Bryggen au départ de la forteresse pour rejoindre Festplassen au rythme des Buekorps.

Plus tard, pendant que certains amarrent leurs petits bateaux au quai pour profiter d’une utepils à bord, d’autre se réunissent en terrasse ou dansent sur quai.

En hiver, lorsque la nuit vient envelopper la ville dès le milieu d’après-midi, Bryggen se pare de guirlandes et lanternes.

Le reste du temps, le site est relativement peu fréquenté par les locaux - à l’exception des artisans qui y travaillent - car ils l’estiment davantage comme un lieu touristique.

En effet, chaque année, près de 2 millions de touristes arpentent les ruelles étroites de Bryggen, dont près de 500 000 arrivés par bateaux de croisières.

Ainsi, malgré le marqueur d’identité qu’il incarne pour les locaux, Bryggen reste peu investi d’une pratique quotidienne des berguénois du fait de sa connotation très touristique.

De ce fait une grande partie de la mémoire du site reste encore méconnue des locaux.

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Hieronymus Scholeus, « Trykk av Bergen by » (« Impression de la ville de Bergen »), 1588, Gravure, Norsk Maritime Museum

CONTEXTE HISTORIQUE

Bryggen, épicentre de la ville, un lieu qui se raconte BERGEN, LES FONDEMENTS D’UNE VILLE Les opinions concernant l’origine de Bergen divergent.

Le récit de la Couronne raconte que la ville aurait été fondée aux alentours de 1070 par Olav Kyrres (1066-1093), premier roi norvégien de l’ère post-viking. Les écrits de Harald 1er (872-932), son prédécesseur 200 ans plus tôt, mentionnent toutefois que le pouvoir royal entreposait ses navires sur la rive Est de Vågen, aujourd’hui Bryggen. Ceci amène à penser que le lieu avait déjà un usage portuaire au temps des Vikings.

L’autre hypothèse situe l’origine de Bergen à 500 ans avant JC. La ville se serait ainsi développée à partir d’une ferme appelée Bjørgvin, implantée aux pied de la montagne sur la rive Est de Vågen. Divisée par la suite en plusieurs petites fermes, elle serait à l’origine d’une petite communauté d’environ 1000 habitants, bien avant le règne du roi Olav Kyrres qui l’aurait fait évoluer vers une polarité religieuse et administrative à l’échelle du royaume.

De la forêt à la ville médiévale.

Source : Øye, Ingvild (dir.) Middelalderbyen, Onsdagskvelder i Bryggen Museum.

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BERGEN ET LES INCENDIES « L’évolution ultérieure de la ville portait néanmoins la marque de ce dont Herman Brandt avait fait sa devise historique personnelle : c’était les incendies qui avaient été les véritables architectes de Bergen » Le Roman de Bergen I, Gunnar Staalesen, 1997, p.395 Bergen n’a cessé de renaître de ses cendres. Depuis le premier incendie notifié dans les écrits en 1170, on ne recense pas moins de 44 incendies, dont les plus dévastateurs en 1702, 1756, 1916, 1944 et 1955. Cette vulnérabilité au feu s’explique principalement par la traditionnelle construction en bois combinée à un urbanisme historiquement dense, qui favorise la propagation du feu.

La ville n’a donc cessé de se transformer, guidée par les flammes. Les maisons de bois ravagées par les incendies sont ainsi progressivement remplacées par des bâtiments en maçonnerie et de nouvelles rues très larges, les -allmenningen, viennent assurer une fonction brise feu à la structure de la ville.

A l’image du reste de la ville, Bryggen apparaît comme l’archétype de cette vulnérabilité.

Seules les schøtstuene (salles d’assemblées et de restauration) et les cuisines donnant sur la rue étaient autorisées à accueillir du feu car construites en pierre. Le reste des maisons où logeaient et travaillaient les marchands n’étaient ni chauffés ni éclairés malgré les températures négatives en hiver.

Autrefois constitué d’une quarantaine de rangées de maisons, Bryggen s’est vu considérablement réduit au fil des incendies, ne comptant plus aujourd’hui qu’une dizaine de rangées de maisons.

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Photographie aérienne de l’incendie de 1955 de la moitié sud de Bryggen Photo : Inconnu Archives photographiques du Musée de l’Université de Bergen

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BRYGGEN, UN HÉRITAGE COMMERCIAL PRÉGNANT Sous le règne d’Olav Kyrres, Bergen est la plus grosse ville médiévale de Norvège qui est alors membre de l’Union de Kalmar, une confédération réunissant la Norvège, le Danemark et la Suède.

La situation géographique de Bergen, au pied des montagnes et au bord de l’eau, lui confère un atout commercial important.

C’est ce qui amène les marchands germaniques à s’intéresser de près au premier port norvégien et à s’y établir à partir de 1250. Et c’est 100 ans plus tard, en 1360, que la Ligue Hanséatique y implantera l’un de ses principaux comptoirs dans le quartier de Bryggen.

Cette communauté commerciale qui vise à s’imposer en nombre sur l’eau face aux pirates et autres criminels, regroupe les commerçants du nord de la Prusse, des Flandres et de la Baltique sous le nom des Etats Teutoniques qui assoient bientôt leur monopole dans les eaux de la mer Baltique et de la mer du Nord. En implantant des comptoirs dans plusieurs villes d’Europe, telles que Londres ou Bruges, la Hanse étend son emprise commerciale en bénéficiant d’avantages tels que l’autorisation de se regrouper, l’affranchissement de certains impôts et la réduction des taxes douanières.

Tyske Bryggen i Bergen, Reconstruction historique de R. Christiansen, Det Nordiske Forlag (1895-1903)

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Cette mainmise de la Ligue Hanséatique sur l’import et l’export de poisson séché et de céréales va durer près de 400 ans.

Le Comptoir Prussien, implanté à Bryggen, forme une stricte communauté masculine qui n’autorise aucun contact avec les locaux, les marchands doivent rester chastes et le mariage y est interdit.

A partir du XVIe siècle, avec l’affaiblissement de la Ligue et la Réforme Luthérienne de Christian III du Danemark, la Norvège reprend ses droits commerciaux. Les marchands de la Ligue sont alors forcés de prendre la nationalité norvégienne ou de partir et en 1754 le Comptoir Norvégien remplace le Comptoir Prussien. Toutefois, bien que l’emprise norvégienne ait été rétablie à Bryggen, une grande partie des règles et activités d’échanges témoignent de l’influence de la Ligue encore très ancrée. Le Comptoir Norvégien est finalement dissous en 1899.

Le séchage du poissons dans les galeries de Bryggen Anders Beer Wilse (1865-1949), Bryggen Tyskebryggen, 1910 til 1920

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DU DÉCLIN AU SAUVETAGE, LE CHEMINEMENT DE OPINION PUBLIQUE

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À partir de 1850, l’ère industrielle prend le pas sur la traditionnelle activité marchande qui avait jusque-là fait le rayonnement de la ville du port. Les exportations de poisson séché chutent drastiquement et le port devient bientôt trop petit pour les nouveaux besoins logistiques qui sont relocalisés. À partir de 1910, la ville prévoit de nouveaux plans d’aménagement mais négligent la préservation de l’existant.

Ce plan d’aménagement concerne notamment la partie Sud de Bryggen qui est démolie et remplacée par des bâtiments en briques. Suite au grand incendie de 1916 qui réduit en cendres une grande partie de la rive Ouest de Vågen, de nouvelles lois sur la préservation du bâti sont votées et la partie Sud de Bryggen est protégée en 1927.

Malheureusement une explosion sur le port en 1944 détruit la majorité des toits de Bryggen et en 1955 un nouvel incendie dévore la moitié Nord du site, n’épargnant que les 11 bâtiments que nous connaissons aujourd’hui. La partie calcinée est démolie et l’on y construit en 1980 un hôtel devancé sur le quai par des restitutions des pignons disparus.

C’est à l’occasion des fouilles préalables au chantier de l’hôtel, et qui dureront 13 ans, que sont révélées des traces inédites de vie quotidienne parfaitement conservées dans les couches successives créées par les précédents incendies. On estime alors que le même témoignage du passé est encore présent dans l’épaisse “cultural layer” qui assoit les bâtiments rescapés de Bryggen.

C’est donc en 1972 que le site est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco selon le critère III : “apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue”.

En effet, si la valeur patrimoniale de Bryggen fait aujourd’hui peu de doute auprès des locaux, cela n’a pas toujours été le cas.

Les 400 ans de domination de la Hanse ont fortement marqué la conscience collective locale et Bryggen fut considérée comme allemande jusqu’au 19e siècle par les berguénois.

Par la suite, l’occupation du quartier par les nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale a accentué la mauvaise réputation du site, un patrimoine jugé humiliant et méprisable.

Suite aux incendies qui ont fragilisé le site, nombreuses furent les manifestations en faveur de sa démolition. Ce n’est qu’à l’occasion des fouilles pour la construction de l’hôtel sur les restes de l’incendie de 1955 que Bryggen a su retrouver sa valeur au yeux des locaux. En effet, la découverte de vestiges d’une histoire du site antérieure à l’ère germanique et témoins des prémices de la ville ont permis de restituer à Bryggen une valeur patrimoniale et aux berguénois de se réapproprier leur héritage. Sa protection à l’échelle nationale ainsi que son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO ont également participé à ériger son statut de bien commun dans les consciences collectives locales.

Manifestation à Bryggen, contre la conservation de Bryggen « Loin des rats et du vieux Bryggen, de nouveaux bâtiments moderne nous construirons » Rikstantikvaren

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Crue printanière de mars 1967. Sur la photo, Harry Frøysland, journaliste pour le quotidien local BergensTidende tente de s’en sortir avec les pieds secs.

PHOTO : BIRKHAUG ET OMDAL 26

ENJEUX ET STRATÉGIES

L’inondation comme levier d’interversion ENJEU 1 : UN ESPACE PUBLIC EN DÉBAT Depuis quelques années, Bryggen est à nouveau au cœur des débats et des préoccupations.

En effet, dans le cadre de l’extension du réseau de tramway, les autorités locales projettent le passage d’une nouvelle ligne à destination du nord de la commune, sur le quai de Bryggen.

Bybanen 1 : Ligne de tram existante Bybanen 2&3 : P rojet de prolongation du tram horizon 2030

Ce projet qui divise les locaux est particulièrement contesté par les architectes de la Fondation pour la préservation du site et par l’association “Les amis de Bryggen” qui militaient déjà contre la voie automobile.

Ils reprochent en effet à cet axe d’entrer en contradiction avec l’orientation initiale du site, l’isolant de son contact historique au port.

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ENJEU 2 : DES INONDATIONS À VENIR QUI MENACENT LA FRÉQUENTATION DES LIEUX Par ailleurs, le site est régulièrement exposé aux inondations printanières qui submergent le quai et condamne son usage, malgré l’accommodation des locaux à ces évènements ponctuels.

Mais avec le dérèglement climatique, ces inondations jusque là de l’ordre de 70 cm sont amenées à devenir de plus en plus fréquentes et à augmenter à hauteur de 2m30 d’ici 2100 selon les prévisions locales.

Si l’intégrité du bâti inquiète peu les spécialistes en raison d’un bois déjà fortement chargé en sel par l’usage ancestral des lieux, cela fragilise en revanche la pérénnité de son usage et sa mémoire. + 1,55 m

+ 2,31 m

+ 0,71 m

+ 1.70 m + 0m

+ 241 cm

+ 325 cm

+ 401 cm

1990

2050

2100

Sources : Miljødirektoratet

HAUTEURS D’EAU ATTENDUES HORIZONS 2050 ET 2100

ENJEU 3 : UN SITE QUI TOURNE LE DOS À LA RUE HAUTE

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Sources : Eldre Bergens-Arkitektur

L’enjeu de l’inondation apparaît finalement comme le déclencheur d’une réflexion sur l’avenir de la pratique et de la lecture de ce lieu particulièrement chargé en mémoire et en identité face aux préoccupations contemporaines.

STRATÉGIE 1 : REPENSER LA CIRCULATION Une réponse à Gåbyen (la ville piétonne), stratégie locale pour le développement des mobilités douces.

•C irculation automobile : Rétablir la circulation principale sur Ovregaten, voie historique de Bergen •T ramway : Adopter l’option du tronçon souterrain entre Heggebakken et Sandviken •M obilités douces : Un écrin piéton et cyclable pour Bryggen

STRATÉGIE 2 : RESTITUER LA TRANSVERSALITÉ AU SITE • Réinvestir le contact historique et culturel à l’eau • Une réponse spatiale à l’hermétisme mémoriel du site • Un repère urbain de repli opérationnel lors des épisodes de submersion

STRATÉGIE 3 : SE RETOURNER VERS LA RUE HAUTE Une nouvelle façade pour Bryggen • Le lieu de rencontre de deux sols • Etablir de nouvelles connexions urbaines • Une pratique alternative du site hors d’eau en période de crise

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INTENTIONS DE PROJET ET PROGRAMMATION

La transmission et le patrimoine culinaire comme support programmatique BERGEN, VILLE CRÉATIVE MONDIALE DE LA GASTRONOMIE AU SERVICE DES HABITUDES DE CONSOMMATION LOCALE En plus d’être membre de l’UNESCO pour son patrimoine historique, Bergen est aussi depuis 2015 l’une des 18 villes Créatives Mondiales de la Gastronomie.

Cette reconnaissance s’explique notamment par l’intérêt pour l’héritage culinaire d’une nation paysanne et halieutique, qui se retrouve dans les recettes traditionnelles et se réinvente dans les restaurants gastronomiques de la ville. Des évènements et organisations tels que le festival gastronomique de Bergen, le festival de la bière ou le marché des producteurs promeuvent ainsi le patrimoine culinaire local à l’échelle internationale.

Malgré tout, cette position ne semble que faiblement influencer la consommation locale encore majoritairement issue de l’importation. Les berguénois sont en effet peut informés et rarement au contact des ressources locales qui garantissaient autrefois l’autosuffisance nourricière de la ville.

En effet, les fermes à l’origine du quartier de Bryggen puis les jardins aux choux à l’arrière du site sur la rue haute constituaient des terres de production à l’échelle locale qui se sont perdues au fur et à mesure de l’urbanisation et de la mondialisation.

Pourtant la culture de choux, de tubercules, de pois, de haricots, de baies y était monnaie courante pour l’alimentation des paysans et des marchands.

Par ailleurs, la région de Bergen, de Voss jusqu’à Hardanger bénéficie de climats variés et suffisamment doux pour permettre l’élevage et la culture. On retrouve notamment des vergers, des productions apicoles et laitières à seulement quelques kilomètres de Bergen.

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Le projet propose donc d’axer la programmation vers une mise en dialogue du patrimoine culinaire et historique au service d’une cohésion des populations locales autour de leur héritage commun.

Le projet comprend un total de 5 interventions qui ont pour vocation de compléter l’usage actuel du lieu, en proposant un parcours en dialogue avec les témoignages patrimoniaux du site, afin de le reconnecter au quotidien des usagers.

1 - LE MAIL DE DREGGESALLMENNINGEN Ce large mail, aujourd’hui peu qualifié, est piétonnisé et végétalisé. L’usager est conduit jusqu’à la mer, à travers un jardin botanique mettant en avant la flore aromatique et médicinale locale, propice aux abeilles, sur les traces des potagers partagés du début du XXe siècle.

2 - LE CENTRE DE SERVICE MICRO NAUTIQUE L’entrepôt maçonné construit en 1946 qui accueille une station de pompage au sous-sol est réinvesti d’une programmation à l’intention des utilisateurs et passagers de l’emblématique Beffen, (Micro ferry touristique du port) et du bateau conduisant au restaurant gastronomique Cornelius sur l’île de Bjoroyna au sud de Bergen. Le bâtiment est conservé pour sa valeur patrimoniale, sa façade ravalée et une toiture vient prolonger le lieu en une halle d’abri pour les bateaux.

3 - LE CENTRE D’INTERPRÉTATION DU PATRIMOINE CULINAIRE

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Le centre d’interprétation du patrimoine culinaire vise à réconcilier et transmettre le goût des ressources nourricières locales auprès de la population.

Ce lieu s’insère dans le terrain anciennement occupé par les jardins aux choux à l’interface de la rue haute et du quai, assurant ainsi la connexion du site à la rue haute et la rencontre des deux sols. Le centre accueille des espaces d’expositions

permanentes et temporaires qui amènent le visiteurs à découvrir le patrimoine culinaire local au détour des espaces de culture urbaine qui alimentent les restaurants environnant set la cantine solidaire du centre.

4 - LA MAISON DE L’ASSOCIATION DES AMIS DE BRYGGEN À l’emplacement des 4 maisons de Holmedalsgården disparues dans l’incendie de 1958, un nouveau bâtiment vient s’implanter pour accueillir les premiers locaux de l’association des amis de Bryggen. Au contact du bâti existant, ce lieu réinterprète les techniques de construction locale et permet de révéler l’accès aux ruines de l’hôtel de ville et des caves médiévales accessibles depuis Nikolaikirkeallmennigen.

5 - LA JETÉE ET L’AMÉNAGEMENT DU QUAI Le quai est entièrement rendu aux piétons et cyclistes et l’espace public unifié pour accueillir une polyvalence d’usage, de l’utepils en terrasse des restaurants à la relocalisation du marché des producteurs qui fait face au marché aux poissons sur la rive d’en face. Une jetée dans la continuité de Holmedalsgården conduit le passant au contact de l’eau.

Des matériaux minéraux biosourcés à base de coquillages sont privilégiés. En écho aux traditionnels pavés et à la Pierre Bleu emblématique de Bergen, le choix de ces matériaux locaux ancrent le projet dans son contexte et rétablissent le contact à la mer tout en offrant une perméabilité qui permet de rééquilibrer le niveau des nappes de Bryggen.

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RÉFÉRENCES PROJETS PAYSAGERS EN RELATION AVEC LA MER •

Horizon Passagé (Archipel d’Olonne, France) Sébastien Tabourin & Nicolas Delalande, PFE ESA 2015

•

In love with Bruno (Laksevåg, Norvège) Miia Liina Tommila, PFE BAS, Kaleidoscope, 2011

•

Errances iodées (Cancale, France) Gwenaël Hamon, PFE Paris-Val de Seine 2018

•

Interventions (Baie de Chingoudy, France/Espagne) Txomin Balanzategui & Thomas Loisier, PFE ENSAPBx 2013

•

L’atelier de Mareyage (Finistère Français) Juliette Vautey et Louise Nicolas, PFE EPFL 2017

•

Piscines en Leça de Palmeira (Portugal) Alvaro Siza, 1966

•

Kystmuseet (Øygarden, Norvège) 3RW Arkitekter, 2022

AMÉNAGEMENTS URBAINS •

Aménagement Bryggen & Torget, (Bergen, Norvège), 2019 « Mot Vågen » // Asplan Viak AS (Lauréat) « Hverdagsvågen » // Arkitektgruppen Cubus AS « Havnen den gode » // TAG Arkitekter AS « Som perler på en snor » // Gottlieb Paludan Architects « Gå mann! » // Snøhetta Oslo AS

•

Jardin Niki de Saint-Phalle (Paris, France) 2013

•

MFO Park (Zurich, Suisse) Burckhardt+Partner & Raderschall, 2002

CONCEVOIR AVEC L’INONDATION

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•

Réhabi(li)ter le pavillonnaire (Vaires-sur-Marne, France) Benjamine Le Marec, PFE ENSA Paris-Val de Seine, 2021

•

Barragem // SP São Paulo (Brésil) 2017

•

Acqua Alta (Venise, Italie) Barbara Stallone

ARCHITECTURE ET BIODIVERSITÉ •

Oyster-tecture (Brooklyn, USA) Scape Studio, 2009

•

L’aquarium inversé (Golfe de Naples, Italie) Paul Laminie & Isaac Barbet, Grand Prix KARST 2021

RÉHABILITATION ET GREFFE À L’EXISTANT •

Fond Régional d’Art Contemporain (Dunkerque, France) Lacaton-Vassal, 2015

•

Musée de Cluny (Paris, France) Bernard Desmoulin, 2018

•

San Telmo Museum (San Sebastian, Espagne) Nieto Sobejano, 2011

•

Restauration du château de Doria (Dolceaqua, italie) Luca Dolmetta & Silvia Rizzo, 2015

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HORIZON PASSAGÉ Archipel d’Olonne, Presqu’île de Lezardieux (France) Sébastien Tabourin et Nicolas Delalande PFE ESA 2015 Prix Trophée Béton Eiffage 2016 LE PROJET • Cette plateforme de béton ceinture le dernier îlot de l’Archipel

d’Olonne, offrant de multiples usages au cœur du monolithe.

Construit à niveau de la marée moyenne, cette « horloge de béton » disparaît à marée haute, invitant à une prise de conscience matérielle du phénomène de marée.

AU REGARD DU PFE

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© Sébastien Tabourin & Nicolas Delalande

• Autoriser et valoriser la submersion • Inscription dans une temporalité cyclique • Matérialisation d’un phénomène naturel • Outil de mesure (Horloge / Échelle limnimétrique)

IN LOVE WITH BRUNO Laksevåg, Bergen (Norvège) Miia Liina Tommila, Kaleidoscope Projet de fin d’étude de l’Ecole d’Architecture de Bergen, 2011 LE PROJET • Bruno est un bunker sous-marin construit par les forces allemandes pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le projet propose d’offrir une lecture positive du bâtiment empreint d’une mémoire douloureuse, en tirant parti de sa situation paysagère entre terre et mer au profit d’usages publics.

AU REGARD DU PFE

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© Kaleidoscope Nordic AS

• Réflexion sur la valeur de la mémoire historique du site • Accueillir l’eau dans le bâtiment • Don du site à l’usage public des habitants • Différents usages, valeurs et natures des bassins > analogie avec les ruelles et maisons en bande de Bryggen

INTERVENTIONS DANS L’ESPACE PUBLIC Baie de Chingoudy (France/Espagne) Txomin Balanzategui & Thomas Loisier ENSAPBx, 2013 LE PROJET • Prospectant la fermeture de l’aéroport d’Hondarribia, le

projet centre sa réflexion sur la valorisation du terrain de 30 hectares ainsi libéré en assurant à ce territoire une relation identitaire avec son paysage. Un réseau de 5 balises donnant à voir le paysage unique de la baie de Chingoundy.

AU REGARD DU PFE • Passage du niveau de l’espace public à celui de la mer • Réflexion sur la ligne d’horizon et le cadrage donné au paysage

© Txomin Balanzategui & Thomas Loisier

• Inscription dans la topographie

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ACQUA ALTA Plazza San Marco, Venise (Italie) Barbara Stallone LE PROJET • Venise est chaque année confrontée aux Grandes Marées (Acqua Alta) qui inondent fortement la Piazza San Marco, point le plus bas de la ville. Pour réduire l’impact de ce phénomène naturel (accru par le réchauffement climatique) sur le bâti historique et rétablir un usage de la place pendant les inondations, le projet propose une réinterprétation de la topographie de la place, permettant un jeu de l’espace public entre zones d’abri et zones de rétention.

AU REGARD DU PFE

© Barbara Stallone

• Rétablissement d’un usage de l’espace public malgré l’inondation • Travail sur la topographie du sol • Évolutivité du site au regard de la temporalité et de l’intensité de l’inondation

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RÉHABI(LI)TER LE PAVILLONNAIRE Vaires-sur-Marne, Seine-et-Marne (France) Benjamine Le Marec PFE ENSA Paris-Val de Seine, 2021 LE PROJET • Dans une volonté de densification du tissu pavillonnaire et

pour s’affranchir des risques d’inondations inhérents à la zone construite, le projet propose le déploiement d’un nouveau mode de circulation à R+1 à l’échelle du quartier. De nouveaux logements interstitiels aux pavillons sont crées et l’accessibilité des pavillons d’origine adaptée à ce principe de passerelles surélevées.

AU REGARD DU PFE

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© Benjamine Le Marec

• Usage adapté et adaptable aux inondations à RDC • Circulation alternative • Mixité d’usages et leur déploiement en affranchissement du sol

BARRAGEM // SP São Paulo (Brésil) Barragem // SP 2017 LE PROJET • Ce collectif pour une installation artistique vise à imaginer

le futur d’un São Paulo submergé à l’image d’une Super-Venise ou de villes déchues tels que Pompei ou Atlantide et en référence à la rupture du barrage de Bento Rodrigues en 2015. Le projet interroge notamment quels bâtiments méritent d’être sauvés et qu’elles autres pourraient être adapté à la submersion.

AU REGARD DU PFE

• I nterroge sur la légitimité de sanctuarisation du patrimoine au profit de conservation • Soulève la question du risque de défaillance des procédés techniques de protection contre les inondations • Pertinence et diversité de la représentation pour simuler la catastrophe (Maquettes, films, images)

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MFO PARK Zurich-Nord (Suisse) Burckhardt+Partner en collaboration avec Raderschall 2002 LE PROJET • Construit sur un ancien site industriel désaffecté, ce parc

situé au cœur d’un quartier résidentiel se développe tant en surface que dans la verticalité grâce à un réseau de plateformes et passerelles. Le projet offre ainsi un lieu polyvalent aux multiples usages dans un contexte urbain dense.

AU REGARD DU PFE

© Burckhardt+Partner

• Intériorité • Développer le parc en hauteur pour un faible étalement au sol • Structures légères et paysagères • Espace traversant et transparent

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KYSTMUSEET (MUSÉE DE LA CÔTE) Øygarden, Norvège 3RW arkitekter 2022 LE PROJET • Dans le cadre de l’extension des docks d’Øygarden, ce projet

multifonctionnel à visée pédagogique s’inscrit dans un programme de valorisation des ressources côtières et tend à renforcer le lien urbain d’ Øygarden à la mer.

AU REGARD DU PFE

© 3RW arkitekter

•V ariation constructive pour une même typologie • Lien au quai • Matérialité • Mutualisation d’espaces

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RESTAURATION DU CHÂTEAU DE DORIA LUCA Dolceaqua, (Italie) Dolmetta & Silvia Rizzo, 2015 LE PROJET • L’intervention consiste en un parcours à travers la restauration

des ruines du château. Les différentes étapes du parcours proposent des points de vue sur les paysages alentours qui font la richesse et la majesté du site.

AU REGARD DU PFE

© Dolmetta & Silvia Rizzo

•P roposition d’un parcours • Qualité de la rencontre avec l’existant •C hoix de la matérialité : acier corten un matériau qui signale le projet sans dominer l’existant

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EXTENSION DU MUSÉE DE CLUNY Paris, (France) Bernard Desmoulin, 2018 LE PROJET • Afin de résoudre le manque de lisibilité de l’entrée dans le

musée, le projet consiste en la création d’un espace d’accueil sur la rue et son articulation à la fois avec le musée existant et les ruines et ainsi la révision du parcours scénographique.

AU REGARD DU PFE

© Bernard Desmoulin

•M ise en relation des ruines à la ville • Périmètre d’intervention restreint •C hoix de la matérialité : fonte d’aluminium, matériau léger, malléable et économiquement accessible

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BIBLIOGRAPHIE

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Ramaswamy, Chitra. « Get in the sea – should we allow coastal heritage sites to fall to ruin? », The Guardian, le 5 juillet 2017. https://www.theguardian.com/environment/shortcuts/2017/jun/05/get-in-thesea-should-we-allow-coastal-heritage-sites-to-fall-to-ruin Sznicer, Katia. “Le Patrimoine en Questions de Françoise Choay.”

Résumé Sur Le Site Dygest, 2017.

Vince, Owen. « Watch It Die: The Managed Decline of Tainted Architecture », Failed Architecture, 30 janvier 2020. [En ligne] https://failedarchitecture.com/watch-it-die-the-managed-decline-of-taintedarchitecture/ CONCEVOIR POUR VIVRE AVEC L’INONDATION Rossano, Fréderic. La part de l’eau, Editions de la Villette, 2021.

Terrin, Jean-Jacques (dir.), Villes inondables. Prévention, adaptation, résilience, Marseille, Éditions Parenthèses, , 2014, 288 pages.

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BRYGGEN, L’HISTOIRE RICHE DE L’EPICENTRE DE BERGEN Arctander Kristensen, Stine. A Medieval Town. : A spatial study of the Trading Centre and Episcopal Seat of Bergen, c. 1050-1250. Master thesis in archeology, University of Oslo, 2015.

Bjørkhaug, Lasse et Einar Mørk (Stiftelsen Bryggen). Eldre Bergens-arkitektur VIII, Bryggen, (L’ancienne architecture de Bergen, Volume VIII, Bryggen) Bergen, 2011.

Hansen, Gitte (Aut.) et Ingvild Øye, (dir.). Bryggen c 800 - c 1070 : The Emergence of a town, Bryggen Papers, Fagbokforlaget AS, 2005. Øye, Ingvild (dir.) Middelalderbyen, Onsdagskvelder i Bryggen Museum.(Ville médiévale, les mercredis soirs au musée de Bryggen). Bryggens Museum, 1985.

Reimers, Egill. Einige mittelalterliche hauskonstruktion in Bergen (Consructions de maisons médiévales à Bergen). Bryggens Museum.

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RAPPORTS OFFICIELS Gåstrategi for Bergen 2020 - 2030 (Stratégie piétonne pour Bergen horizon 2030), Miljøløftet Sykkelstrategi for Bergen 2020 - 2030 (Stratégie cyclable pour Bergen horizon 2030), Miljøløftet Havnivåstigning og Bybanen over Torget, Bryggen og Sandviken, Norconsult, 2012.

Havnivåstigning : Estimater av framtidig havnivåstigning i norske kystkommuner (Sea level rise: Estimates of future sea level rise in Norwegian coastal municipalities), 2009, Klimatilplasning Norge.

How to save Bergen from the sea? Decisions under uncertainty, 2018, The Royal Statistical Society Heritage Impact Assessment of the planned Bybanen Light-Rail. Extension on the World Heritage Property Bryggen / Bergen, 2021, Michael Kloos Planning and heritage consultancy.

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SOURCES

SOURCES ICONOGRAPHIQUES Marcus - Collection spéciale des archives de l’Université de Bergen https://marcus.uib.no/ Digitalarkivet - Les archives numériques nationales https://www.digitalarkivet.no/ Digitaltmuseum - Le musée numérique https://digitaltmuseum.no/ Gamle bilder og gamle postkort - Groupe facebook https://www.facebook.com/GamlePostkortOgGamleBilder/ Gamle bilder og gamle postkort - Groupe facebook https://www.facebook.com/GamlePostkortOgGamleBilder/ SOURCES DOCUMENTAIRES Projet Bryggen - Blog de la sauvegarde de Bryggen http://prosjektbryggen.no/ Stiftelsen Bryggen - Blog de la fondation de Bryggen https://stiftelsenbryggen.no/ Håndverksblogg - Blog des restaurations artisanales de la fondation de Bryggen https://bryggenhandverk.wordpress.com/ Bergen byarkiv - Archives municipales de Bergen https://www.bergenbyarkiv.no/ KulturPunkt - Catalogue de points d’intérêt culturel https://kulturpunkt.org/ SOURCES CARTOGRAPHIQUES BergensKart - Bergen Kommune https://www.bergenskart.no/ Geonorge - Catalogue des géodonnées norvégiennes https://www.geonorge.no/ Kartverket - Autorités cartographiques norvégiennes https://www.kartverket.no/

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INTERVERSION [ɛt̃ ɛʀvɛʀsjɔ̃]. n.f Composé du préfixe latin INTER qui exprime la réciprocité, l’action mutuelle ou l’intervalle, et de VERSION qui désigne les divers aspects ou état d’un sujet au fil des transformations.

L’INTER VERSION se définit alors comme un renversement d’ordre, l’action d’intervertir les rôles ou le résultat de cette action.

Définition CNRTL