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LES PROJETS DE RÉFÉRENCE
from [Partie 2 - Mémoire d'Architecture] Humanisation de l’espace : Équité, précurseur du vivre-ensemble
ÉTAPE 1 : LES PROJETS DE RÉFÉRENCE
1. « Gender Mainstreaming »
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1.1. Présentation du projet
Lieu : Vienne, Autriche
Date : 1992-2025
Contexte : Vienne est une ville pionnière au regard du Gender Mainstreaming76, depuis plus de 30 ans maintenant. Elle offre la meilleure qualité de vie à l’échelle mondiale. En effet, elle a été en tête du classement du Global Liveability Index77 à plusieurs reprises. En 2018 par exemple, Vienne occupait la première place tant dis que Tunis était 106e.
76 Gender : En référence au genre social et non physiologique. Il sagit plutôt du rapport construit, social et sociétal. Le genre s’étend au-delà de la bi-catégorisation, il se rapporte à l’âge, la racisation, la sexualité ainsi qu’à la classe sociale.
Mainstreaming : Revoie au fait que cette politique se veut partie intégrante de la prise de décision dans la planification.
En somme, il est question de globaliser une planification urbaine et architecturale sensible au genre, tenant compte des différences et en faire la nouvelle norme.
77 Global Liveability Index est un score établi par l’Economist Intelligence Unit (EIU), entreprise britannique appartenant à The Economist Group. Cet index est calculé à travers des scores attribués aux villes dans cinq catégories qui sont : la culture, la santé, l’éducation, l’infrastructure et le divertissement. Il permet de classer les 173 villes choisies (140 avant 2022) selon les résultats qu’elles obtiennent.
De nos jours, la pratique par défaut à Vienne est d’approcher les conceptions urbaines et architecturales depuis une perspective sensible au genre. En 2008, l’ONU-Habitat78 a reconnu la stratégie de planification urbaine de Vienne comme étant la meilleure.
Certaines villes telles que Berlin, Barcelone et Copenhague n’ont commencé à suivre l’exemple de Vienne que récemment, en intégrant le Gender Mainstreaming à leur politique de planification urbaine. La France n’a commencé à l’envisager qu’à partir de la deuxième décennie du XXIe siècle, et il a été l’objet des Journées Nationales de l’Architecture en 2020.
1.2. Intérêt du Gender Mainstreaming
Les autorités autrichiennes ont pris conscience de l’inégalité des espaces architecturaux et urbains suite à l’exposition photographique faite par des urbanistes en 1991, intitulée «Qui détient l’espace public – La vie quotidienne des femmes dans la ville». Des urbanistes dont Eva Kail, qui jouera par la suite un rôle important dans le développement du Gender Mainstreaming à Vienne, ont suivi des femmes différentes pendant une journée entière et ont documenté par la photographie leur rapport à l’espace. Ces femmes avaient des profils différents, allant de l’écolière, à la personne à mobilité réduite, en passant par la retraitée active. Cela a mis au jour un côté de la ville auquel on ne prêtait pas attention auparavant, démontrant que l’usage de l’espace différait entre les hommes et les femmes, et que ces dernières n’étaient même pas prises en considération lors de la planification urbaine.
S’en est ensuivi la création du Frauenbüro (Bureau des Femmes) au sein de la municipalité de Vienne avec Eva Kail à sa tête, dont l’objectif était une étude plus approfondie, cette fois-ci appuyée par les autorités politiques et de la est né le projet «Gender Mainstreaming», qui a pour but de rendre la ville plus égalitaire envers les femmes en premier lieu, puis le projet a évolué pour viser différentes catégories de la société comme les enfants, les personnes âgées ou encore celles aux besoins spécifiques. Ce service a établi un manuel regroupant les recommandations à suivre quand on cherche à créer un espace sensible au genre.
«Gender Mainstreaming», concept novateur instauré à Vienne en 2001, est une stratégie de la planification et du développement urbain dont l’objectif est d’essayer d’atteindre un certain équilibre entre les besoins des différents groupes pour distribuer équitablement la ressource limitée qu’est l’espace 78 Programme des Nations Unies pour les établissements humains.
urbain, afin d’augmenter le support des groupes sous-représentés.
Le Gender Mainstreaming assure la qualité de la planification et peut être intégré à différentes phases de planification, qu’elle soit urbaine ou architecturale. Son objectif est la création d’espaces qui s’accordent à la diversité des usagers et à la variation de la vie quotidienne. On l’applique lors de la conception des espaces publics, des parcs et jardins, de l’habitat et des équipements publics.
La planification sensible au genre emploie une approche spécifique au site et au groupe considérés. Elle prend en considération les besoins des personnes qui sont habituellement négligées. C’est pour cela que les intérêts spécifiques au genre, à l’âge, ou à certains groupes sont étudiés lors des différentes phases de planification. Cette politique s’applique à différentes échelles, celle qui nous intéresse dans le cadre de ce mémoire est celle de la conception des espaces et équipements publics et les projets de logements.
1.3. Usagers

La relation entre l’usager et l’espace, dépendant du genre, varie également en fonction de la phase de vie. D’après le manuel, un projet urbain doit s’adresser de manière équitable à ces différents occupants, qu’il subdivise en six catégories.
1.4. Exemples de projets
Le premier projet pilote du Frauenbüro, achevé en 1997, est le FrauenWerk-Stadt I79, complexe résidentiel dont le but était de faciliter la vie des femmes par : l’intégration d’un espace de stockage pour les poussettes, la construction d’escaliers plus larges pour permettre aux voisins de s’arrêter et
79 Femmes-Travail-Ville discuter sans gêner la circulation, l’aménagement flexible des appartements, la mise en place d’une hauteur limite pour conserver le contact avec la rue etc.
Le quartier d’Aspern est conçu en ayant pour point focal la famille. Environ la moitié de la surface totale y est allouée à l’espace public. L’objectif est de créer une ville de courtes distances qui correspond à une structure urbaine polycentrique, ce qui la rend compatible avec la vie quotidienne à travers les espaces : ouverts, verts et communautaires, les aires de jeux à portée de vue et de voix pour les personnes en charge des enfants, les commerces et services de proximité.
Les autorités œuvrent en vue d’améliorer l’espace public dans le but de le rendre moins anxiogène. Les feux de circulation ont été modifiés pour donner la priorité aux piétons, on a installé du mobilier urbain et des bancs le long des rues, on a élargi les trottoirs et on a fait en sorte de faciliter l’accès dans différents arrondissements aux personnes âgées, aux personnes aux besoins
2. The Pelgromhof
2.1. Présentation du projet
Architecte : Frans van der Werf
Lieu : Zevenaar, Pays-Bas

Date : 1998-2001
Surface couverte: 1200 m²
Contexte : Finaliste des «World Habitat Awards 2004», ce projet est un établissement d’hébergement pour personnes âgées. Il comprend 169 appartements prévus pour l’usage des séniors indépendants, un centre de soins pour ceux qui ont besoin d’être assistés et un parking au sous-sol pour 86 voitures.
2.2. Intérêt de la référence
Au dire de son concepteur, l’objectif du projet est d’offrir aux personnes âgées une opportunité de vivre dans un environnement agréable où ils peuvent être indépendants, tout en étant entourés de végétation.
C’est un bâtiment qui a la capacité d’accompagner ses habitants dans les différentes phases de leur vie, évoluant avec leurs besoins. L’accessibilité, l’adaptabilité, la flexibilité ainsi que les espaces de rencontre y sont mis en avant. Il contribue à l’implication de ses occupants dans la vie de communauté.
2.3. Situation
The Pelgromhof est situé au centre-ville de Zevenaar, à 97km au sud-est d’Amsterdam. Il est proche d’équipements et de commerces dont pourraient avoir besoin ses occupants.
Certaines fonctions telles que la cour intérieure et la salle de spectacle sont ouvertes au grand public pour ne pas isoler les personnes âgées de leur contexte urbain.

2.4. Fonctionnalité
Le centre de soin est constitué de 46 chambres, une salle communautaire, un restaurant, une cuisine, une chapelle, une salle de spectacle, un magasin, une bibliothèque... Les occupants des appartements peuvent également profiter des équipements du centre. Les commerces et services donnant sur la rue peuvent quant à eux offrir services aux passants.
Les espaces publics sont plutôt concentrés au rez-de-chaussée. Les espaces situés en hauteur sont propres aux habitants et leurs visiteurs.
Les galeries font le tour de l’établissement, facilitant l’accès au personnel soignant. Leur élargissement au rez-de-chaussée, de même que les balcons qui y sont aménagés, notamment face aux portes des appartements, sont créés afin de favoriser l’occupation par les habitants et les discussions entre eux. Ils peuvent avoir un rôle plus technique en facilitant les demi-tours en fauteuils roulants ou encore l’accès des civières des ambulanciers et les meubles.




2.5. Forme
C’est une architecture organique qui suit la forme des voies existantes, et maintient la forme adoptée par l’immeuble voisin donnant sur la place Masiusplein, qui lui sert de parking.
La forme organique a produit différentes formes d’appartements. L’architecte a employé ce qu’il a nommé une méthode de « construction ouverte » pour permettre aux futurs habitants de décider de l’aménagement de leur logement.
Les éléments fixes sont : les dalles, les galeries et balcons ainsi que les poteaux en béton préfabriqué ; la toiture en bois, couverte par une variété de plantes de sedum, et les murs extérieurs en briques. Les appartements ont une superficie moyenne de 76m².
Le quadrillage de 30cm au sol sert à faciliter la répartition des appartements et le placement des parois intérieures.
Le projet est pour les personnes âgées, sujettes à la baisse de l’acuité visuelle et de la motricité, toutes les portes font 93cm de plus le plancher doit être plat et uniforme et convenir à la circulation des fauteuils roulants. Pour cette raison la chape de rattrapage n’est coulée qu’une fois la subdivision des

3. Ku.Be House of Culture and Movement

3.1. Présentation du projet
Architecte : MVRDV + ADEPT
Lieu : Frederiksberg, Danemark
Date : 2016
Surface : 3200 m²
Contexte : Finaliste des «World Architecture Festival 2017», ce projet est un centre communautaire et culturel qui offre à ses usagers une variété d’activités : sport, méditation, danse, parkour80. La mairie de la ville, maître d’ouvrage du projet, avait demandé aux architectes de concevoir « un bâtiment qui réunit les gens et qui améliore la qualité de leur vie ». La réponse architecturale résultante est Ku.Be, une sorte de parc de jeu géant.
3.2. Intérêt de la référence
Le projet offre l’opportunité de se rencontrer et d’interagir les uns avec les autres, en permettant à la communauté de s’approprier l’espace dépendant des besoins spécifiques de ses individus. Le centre combine théâtre, sport et apprentissage dans un espace où le corps et l’esprit peuvent se développer, et les liens se créent entre les individus peu importe leur âge, capacité ou centre d’intérêt.
A travers Ku.Be, les architectes ont également voulu questionner la manière standard de se déplacer à l’intérieur d’un bâtiment. Les usagers y sont invités à trouver leurs propres chemins à l’intérieur, en recourant à la méthode qui leur convient le mieux, en accord avec leurs capacités et âges.
80 Exercice incluant course, escalade et saut
3.3. Situation
Ku.Be House of Culture and Movement est situé dans Flintholm, un quartier résidentiel de Frederiksberg, qui est à la fois une municipalité indépendante et un quartier faisant partie de Copenhague.
Il se trouve à moins de 100m de l’une des voies principales de la ville, desservie par bus, facilitant ainsi l’accès au projet. Les jardins localisés du côté de la façade Nord-Est servent quant à eux de transition, de liaison entre Ku.Be et son environnement, à travers les sentiers piétons en pente qui y sont aménagés.

En effet, l’objectif du centre est d’offrir, à la fois à son voisinage immédiat ainsi qu’aux habitants de la capitale danoise, un point de rencontre dynamique pour des personnes de tout âge qui participent à la variété d’activités qu’il propose.
3.4. Forme
Dans sa forme globale, le bâtiment est simple et rectiligne. Ku.Be est composé de 6 masses principales qui se distinguent par leur forme, leur couleur et leur matérialité.
La façade fragmentée avec ses surfaces vitrées et carrelées, fait écho aux formes des volumes intérieurs, dont chacun englobe une fonction particulière.
3.5. Fonctionnalité
L’intérieur du bâtiment est divisé en six parties ayant chacune une forme et une couleur différente. Elles abritent les fonctions suivantes :
→ L’espace Zen est un espace de méditation.
→ L’espace d’étude abrite des fonctions telles que une bibliothèque, un atelier, une salle de réunion...
→ L’espace de performance est composé de l’amphithéâtre intérieur ainsi que les coulisses, les salles de répétitions et un ascenseur.

→ L’espace Nourriture contient, en plus de l’unité de circulation verticale, un espace de stockage et des vestiaires pour les employés au soussol, un café-snack au rez-de-chaussée, des sanitaires au premier et deuxième étage et un local technique au troisième étage.
→ L’espace de rythme est constitué de vestiaires et de sanitaires au rez-de-chaussée, d’espace d’entraînement en double hauteur au premier étage. Son plancher accessible au troisième étage peut servir d’extension à l’espace de méditation ou encore d’espace de jeux pour enfants.
Il y a aussi des espaces intermédiaires, qui sont plus flexibles dans leur usage, dépendant de l’appropriation des usagers.
Des formes alternatives de mouvement, à travers des toboggans ou des poteaux de pompiers par exemple sont encouragées ; des circulations plus classiques sont également disponibles tout en maintenant une continuité visuelle au niveau du bâtiment.
Ku.Be est subdivisé en zones de détente et d’autres au rythme plus soutenu. Les architectes ont essayé de répartir ces espaces sur les différents étages pour qu’un groupe d’usagers ait la possibilité de courir librement tandis que l’autre se repose sur des poufs.
3.6. Spatialité
Le projet est conçu pour rassembler les gens et les inciter à interagir entre eux.
La circulation verticale offerte encourage différentes manières de déplacement. Ainsi, le passage entre le deuxième et troisième étage se fait à travers un réseau de cubes, des filets suspendus offrent aux enfants la possibilité d’explorer le bâtiment et les toboggans rendent la descente rapide.
Les jardins entourant le bâtiment intègrent une variation de son, lumière et d’odeur. La pente de la colline environnante incorpore un amphithéâtre extérieur et des toboggans.
Projet Concepts retenus
Gender mainstreaming, Ville de Vienne
→ Référentiel de conception inclusive
→ Favoriser la mixité fonctionnelle au zonage. S’assurer de la présence des fonctions de base à avoir dans tous les quartiers : espaces verts, habitat, équipements publics et commerces de proximité.
→ Prévoir des rues piétonnes.
→ Maintenir la continuité visuelle pour que les usagers se sentent en sécurité.
The Pelgromhof, Franz van der Werf
→ Architecture flexible s’adaptant au besoin des usagers.
→ Circulation horizontale extérieure couverte avec des espaces appropriables par les usagers.
→ Cours et espaces verts comme espaces de détente et de rencontre.
→ Espaces d’activités telles que la peinture ou la musique favorisant l’échange.
→ Garder le projet ouvert sur ce qui l’entoure.
Ku.Be House of Culture and Movement, MVRDV + ADEPT
→ Circulations variées au sein du bâtiment.
→ Activités attrayantes pour différents groupes d’usagers, favorisant les interactions entre eux.
→ Espaces flexibles pouvant changer de fonction selon les besoins.
→ Assurer la continuité avec l’environnement du projet.