Rhizomots 2012

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Chaque semaine, autour d'un mot tiré au hasard, les producteurs de fruits ont renvoyé leurs mots-échos constituant ainsi la liste hebdomadaire ; elle servait ensuite aux confituriers pour composer textes et images

Les 60 producteurs de fruits Fabienne Colin, Joëlle Bondil, Jacques Guillet, Philippe Mensah, Kimiko Kitamura, Michel Chalandon, Karima Ouadia, Virginie Debout, Zafer Aracagök, Florence Desnouveaux, Magali BonelliBassano, Amélie Gaulier, Myriam Loriol, Céline Larrère, Guillaume Leclercq, Ridha Dhib, Jean-Jacques Petit, Fabrice Baudart, Andrew Morrish, Sylvain Trousselle, Sophie Gillmann, Sophie Topiol, Nicolas Jehenne, Claire Manicot, Murielle Venzin, Delphine Sénard, Céline Larrère, Maud Ivanoff, Lars Madson, Nathalie Perre, Sonia Codhant, Suzanna Celle, Sophie Desso, Anne Vernes, Richard Morice, Jérôme Fabre, Souad Mani, Nicolas Avinée, Morgane Mordra, Murielle Venzin, Sellig Nossam, Ani Bocquillon, Marie Danigo, Réjane Michel, Sophie Eustache, Greg Theodoridis, France-Noëlle Pellecer, Martha Rodezno, Barbara Bourlet, Catherine Cary, Marika Rizzi, Marina Ligeron, Florence Durand, Sandrine Buring, Maïte Soler, Emmanuelle Dubois, Maya Blanc, Geneviève Cron, Ruth Unger, Marc Doumèche

Les 33 confituriers Kimiko Kitamura, Elisabeth Celle, Sophie Topiol, Richard Morice, Murielle Venzin, Jacques Guillet, Lars Madson, Ridha Dhib, Amélie Gaulier, Joëlle Bondil, Souad Mani, Andrew Morrish, Sophie Gillmann, Martha Rodezno, Céline Larrère, Virginie Debout, Sellig Nossam, Jean-Jacques Petit, KNW, Sagiterra, Marie Danigo, Guillaume Leclercq, Maite Soler, Réjane Michel, Sophie Eustache, Myriam Loriol, Sandrine Buring, Greg Theodoridis, Emmanuelle Dubois, FranceNoëlle Pellecer, Nathalie Ficheux, Marc Doumèche, Ruth Unger

Photo de couverture: e pour rhizomage


Semaine 1 : fricassée La récolte : fricassée, marmite, ricané, bécasse, montagne, oie, pois cassés, pétillante, sauce, froissée, de moëllons, marmite, volaille, escargots, frottagique, olivette, rignasser, squelette, poêlée, olives, crevettes, printemps, carafon, caressée, rondelet

Mémé Giraud de Kimiko - Agnès Genestier ®

Les confitures Une Chaud devant, doux dedans... un carafon de Bordeaux derrière la luette, et voilà notre oie blanche qui s'éveille à de frottagiques pensées. Un troupeau d'escargots lui ralentit glutineusement les idées. Et elle glisse de veille à sommeil. Elle rêve, la tendre volaille, d'une fricassée de baisers à s'en faire exploser la marmite, d'une montagne de frissons fripons à vous déglacer jusqu'au squelette, de moelleux moellons pour se construire un horizon tendrement polisson. Oeil rondelet et plumes pétillantes, elle imagine ce nouveau printemps aux senteurs de crevettes. Fi de cette vie d'oie endormie, vive les poules et leur croupion qui roulent ! A naître volaille pour finir froissée en poêlée et sur un lit de pois cassés (pouahhh !), autant s'enpouler à la sauce canaille et rignasser de l'olivette devant de beaux coqs musclés. Les bécasses n'auront qu'à ricaner... Peut nous chaut. Elles finiront toutes aussi en marmites, déplumées et mal caressées, une olive dans chaque trou et des regrets autour du cou. e


Deux Recette de printemps de Tatie Marmite : fricassée d'oie aux olivettes 1/ Concasser le squelette d'une oie de montagne qui a bien ricané 2/ Plonger la bécasse dans une marmite à volaille et la rignasser de crevettes froissées 3/ Ajouter une poêlée d'olivettes de moellons aux pois cassés 4/ Attraper des escargots frottagiques rondelets et les placer au fond d'un carafon Conseil de Tatie Marmite : l'oie fricassée se déguste au printemps, caressée d'une sauce pétillante aux olives... Bon appétit ! Sophie t.

Trois Recettes de printemps : Fricassée d'escargots minute Faites poêler les escargots dans un beurre salé mousseux avec deux gousses d'ail hachées finement, une poignée d'olivettes noires, sel, poivre, parsemez de persil frais. Le tour est joué ! Salmis de volaille Tout d'abord, préparez un bon feu dans l'âtre. Pour cela, faites rignasser les braises à l'aide d'un soufflet frottagique (on monte plus vite en température !) jusqu'à incandescence. Posez deux gros moellons de part et d'autre du foyer pour y poser la marmite (pas trop près,les flammes doivent caresser le fond, pas plus), versez-y l'huile d'olive. Pendant ce temps désossez l'oie, prélevez le squelette, découpez-le en tronçons et jetez-les dans l'huile avec un oignon, deux échalotes émincées et une gousse d'ail écrasée. Mouillez légèrement au vin blanc pétillant. Faites dorer les bécasses et les morceaux d'oie sur toutes les faces puis couvrir avec le reste du vin blanc en ajoutant sel, poivre, deux carottes coupées en morceaux rondelets et un bouquet garni. Laissez mijoter à feu doux 40 minutes puis ajoutez les pois cassés (5 minutes avant de servir). Une petite crème fraîche caressée au fouet pour épaissir la sauce ne peut pas nuire. Servez avec un petit carafon de vin de pays. Elle est pas belle la vie ? J'entends ricaner dans mon dos sans en être froissé pour autant : Et les crevettes connard ? Eh bien n'en faites pas une montagne, vous les boufferez le lendemain si elles sont encore fraîches ! Bon appétit! Richard Morice

Quatre Tu peux ricaner me dit-elle, tu finiras comme toutes les autres à la marmite, à la casserole, en fricassée, comme une vulgaire volaille. Bécasse que tu es !!!... Je méditais la comparaison avec la basse-cour. Volaille passait encore mais bécasse. Pour qui se prenait-elle cette froissée de moëllons pour me parler sur ce ton !! … Tu te comportes comme une oie devant une poignée d’olives, tu picores, tu caquettes, tu remues du croupion, à croire que tu n’as rien dans le carafon ! Je rigolais intérieurement. Cette frottagique à poils durs me faisait la leçon sur mon comportement, selon elle, équivoque avec les hommes. Elle nous servait toujours la même


sauce. Il faut dire qu’elle avait le rondelet en carafe depuis perpète ce qui la rendait coriace sur le sujet et lui faisait tenir des propos poussiéreux et hors d’âge. J’aurais pu avoir de l’indulgence pour cette montagne de frustrations si je n’avais senti chez elle cette aigreur qui virait à la méchanceté pure. J’en avais ras la marmite. Comme une volée de pois cassés les mots ont mitraillés ma rogne : Va te faire rignasser l’olivette, te faire poêler la crevette une fois pour toute, vieux sac à mites !!! Le souffle du rien a caressé nos oreilles… Elle est restée sans voix. Je l’observais du coin de l’œil. Le regard humide, la bouche crispée comme un escargot ratatiné, elle hésitait entre se jeter sur moi ou se mettre à pleurer. J’avais fait mouche et pourtant je ne me sentais pas la victoire pétillante. Ma colère avait fait jaillir le squelette du placard, le diable de sa boîte. Entre elle et moi c’était clair le printemps avait définitivement foutu le camp. Murielle Venzin

Semaine 2 : tendre La récolte : tendre, immédiat, linge, carte (3 fois), lippe, précieuses, agneau, piège, mousse, riz, attachement, pendre, nounours, murmurer, pavée, douce, vers, amour, baiser, saignant, paire, chamallow, facétieux

Les confitures Une Il s'assit à son bureau pour rédiger son courrier. Il lui restait un peu de temps avant le déjeuner, et sa femme était occupée avec le linge, et quelques paires de chaussettes à rapiécer pour lui. Que lui aurait-elle préparé à manger... ? Une mousse de foies de volaille ? Du riz aux petits légumes? Ou bien serait-ce de l'agneau tout juste saisi, encore saignant... ? C'était son plat préféré, parmi les spécialités de sa tendre et douce épouse. Trêve de rêveries ! Il lui fallait impérativement écrire deux précieuses cartes postales, la première à sa chère mère pour qui son attachement était immense, et la seconde pour son filleul facétieux, à qui il vouait un amour sans limite. C'est alors qu'il sursauta. Il venait de distinguer une voix inconnue et grave... Sans s'atténuer,


elle vint lui murmurer à l'oreille qu'il était pris au piège d'une sinistre vie routinière et morne... Sa lippe trembla très violemment et bruyamment à cette révélation. Il se leva d'un bond, comme possédé. Ce n'était plus le même homme. D'un pas mécanique, il se dirigea vers le nounours qui trônait sur son bureau , lui fit un baiser comme s'il voulait se donner du courage, mangea un chamallow du paquet caché sous ses dossiers, et tenta de se pendre par la cravate à la rambarde de la fenêtre. Sa mort fut immédiate, sur la chaussée pavée, à l'issue d'une chute de plusieurs mètres... Sophie T.

Deux Lippe joyeuse et linge frais, il glissait de bistrot en troquet dès que la lune se pointait. Promenant son regard chien et loup vers de troubles horizons, il cherchait chaque soir un tendre agneau à sacrifier sur l'autel de sa sensualité. Il suivait une carte déjà pavée d'épineux baisers. Expert à faire mousser le moindre vers, ce vampire littéraire vous plantait ses crocs mots dans le cou. Et vous murmurait des prières à faire rougir sœurs et frères. Là, c'en était fait de vous ! Prête à le suivre n'importe où, le cœur saignant et le teint blanc, vous disiez oui et trois fois oui à tout. Prise au piège d'un amour plus que flou, vous ne juriez de plus rien du tout. Et le laissiez défaire vos bas de laine jusqu'à en pendre haleine. Il vous glissait sa paire de chamallow facétieux entre les doigts et sous les yeux. Et vous en râliez de bonheur sulfureux. Ses précieuses minutes resteraient à jamais gravées sous la peau et sur les os ; mais l'immédiat étant son lot, il vous plantait bientôt là entre délire et trépas. Vulnérable comme un grain de riz dans la patte d'un nounours affamé, vous réalisiez à vos dépens qu'au-delà de ses “attache-moi” son attache mentait. Ecartelée entre un désir de vengeance et de douces pensées, vous hésitiez alors à le maudire ou le canoniser. Et restiez pour de longues années avec son beau visage dans la tête encarté. e

Trois Comment faire pour oublier un moment le futur qui nous appelle. Comment vers l'amour incessant murmurer le piège qui s'en étend. Ainsi pavée, l'avenue de nos oublis grandit selon le maître des mots. Douce amertume, estompée, nonchalante à le venue d'un baiser. Les soucis saignants n'apaisent en point le monde de ton intolérance. Seul parvient à mon oreille le son de ta douce, lorsque tu chantes, Mousse des martyrs, plainte folle des brusques changements de sage, La paire des brumes, envenimée, flotte au vent de nos plages, Quand seule tu t’amènes a prendre mon cœur, Là, pourfendue d'attentats, et tueries Le linge à la main, tes précieuses cartes, le bâton de riz, Celui qui sonne le facétieux des histoires d'attachement immédiat Celui que l'on oublie ensemble face à la prude liberté qui nous attend. Tu l'embrasses enfin, à venir si soudaine. Nounours à plumes tu te déshabilles du changement, Et tel l'agneau, me livre sept fois à te pendre, de ma lippe si tendre. Chamallow


Semaine 3 : révolté La récolte : révolté, menace, bounty (X2), solaire, non mais... !, souterraine, enfermé, papillon, libre, troquet, silence, ulcère, virevolter, balai, voler et, récolté, rotation

« Révolution 69 », date de prise de pouvoir de Kadhafi, peint sur un âne à Ras Lanuf, en Libye, le 29 août (Esam Al-Fetori/Reuters).

Les confitures Une Toujours de face à la menace, droit comme un i face aux intempéries, le visage tendu vers d'hypothétiques accalmies pour tenir sans pâtir : c'est ainsi que l'on se souviendrait de lui. Et cachalot qui s'en dédit. Non mais... ! Mais aujourd'hui, brusquement, la structure a lâché. Sans incident particulier. Tout en lui s'est révolté. Il s'est retourné comme un gant et erre tripes à l'air sans protection dans une surprenante rotation. De vieilles failles souterraines ont grignoté ses fondations. Et l'édifice s'est écroulé. Désenfermé brutalement, il se déplie fragile et libre comme un curieux papillon qui ne saurait encore voler et tremblerait de s'élancer. Dans le silence d'un vieux troquet, il s'encanaille au picon-bière. Au diable et aux dieux, son ulcère. Comme un mutin de la Bounty, il refusera désormais toute mise aux fers et maison d'arrêt et cherchera son Tahiti. Haro sur les certitudes, coup de balai aux habitudes, il virevoltera en quête de sa liberté. Pour se construire un horizon vraiment solaire et y récolter des poissons moissons d'euphorie et de vie. e


Semaine 4 : juste

Juste un horizon

La récolte : juste, ciel, Beaulieu, ric-rac, égalité, à temps (2), bandit, pouvoir, possiblement, minute, sceptique, boudiné, rude, convenir, la ténèbre, centré, franche, une mise au point, coquille, sauver

Les confitures Une Monsieur Beaulieu, une mise au point est nécessaire. Pourrions-nous convenir d'un rendezvous, juste quelques minutes car mon agenda est ric rac ? Voilà, j'irai droit au but : Madame X s'est plainte car vous l'avez traitée de "grosse, boudinée dans sa coquille". Elle a été franche, elle pourrait possiblement porter plainte... Ciel ! Ténèbre noire ! C'est rude, votre comportement, un vrai bandit, chez nous qui sommes centrés sur le respect mutuel et l'égalité hommes-femmes... Réagissez, il s'agit de sauver votre réputation, même si je suis sceptique, car nous ne nous y sommes pas pris à temps… Sophie T.

Deux Il était là assis, le flingue à la main, toujours sans idée de savoir comment une telle minute pouvait encore durer, dans la résonance de ses ténèbres. Plume injuste, foutaise d'un ciel éclairé par la franche lumière de son imagination hallucinée. Il n'y avait plus rien pour soutenir une telle théorie. Son corps était il possiblement là ? La coquille musclée d'un bandit sans nom, celui d'une mère trop folle pour laisser aller le jour de sa perte, celui encore écrit sans limite. Celui du monstre rude et boudiné d'un appel sans fin ; là où la mise au point n'aurait jamais suffi à assembler le moindre geste, pour cette calamité à sauver.


Le sens l'avait quitté. Et il savait. Il ne le retrouverait jamais. Le chaos sans limite lui apparaissait maintenant à plein visu, tel la maison juste que l'on trouvait en Beaulieu, la vision présente d'un pouvoir sceptique, lui rendait centrée la vérité du bonheur. Il pouvait maintenant naviguer à flots dans les méandres du Bronx de sa réalité. Peut-être à temps, le ric-rac d'une égalité allait-il lui convenir. Une ou deux fois. Lars

Trois Injuste Ciel ! Les revoilà... les bandits de la Finance, coqs de CAC et autres prélats jamais las de profit. Ces rois du fric frac toujours ric-rac avec une légalité qu'ils maltraitent du haut de leur retraite boursière ont repris du poil de l'ablette ; ils ont à nouveau les coulées franches et nagent en eaux troubles sceptiques et scintillants sous l'oeil impuissant des truites-états détruites par les filets d'un système obsolète. De la crise des subprimes à l'effondrement de pays endettés par une logique absurde, centrée sur le bien-être de quelques péquins cyniques et mesquins, rien n'a bougé. Les mises au point sont restées au point mort sans poings levés pour en défendre les idées. Ebranlée quelques minutes à l'échelle cosmique, la coquille du capitalisme s'était pourtant bel et bien craquelée mais les cerbères du pouvoir ont réagi à temps et cherchent maintenant à colmater, rustiner, sauver les meubles... même s'ils sont passablement termités et tomberont en poussière d'ici à quelques années. Sauver leur pomme boudinée aux hormones et convenir entre soi d'une curée globalisée, voilà leur belle idée. Peu leur chaut de laisser le monde glisser possiblement vers la stérilité. Beau lieu pour l'avenir d'un troupeau abêti qui rêve de consommation au rythme de l'obsolescence programmée. Elle est bien rude à avaler la ténèbreuse potion de la croissance obligée. Celle qui nous noircit tout horizon et distille immuablement son poison. e

Semaine 5 : dragon La récolte : dragon, facteur, courant, 1976, séduisons, eau (X2), flambeur, chinoiseries, bander, Elliott, souffle, dominateur, vingt-quatrième, feu, dragueur, belle mère, diarrhée, thé, rat, effleurer, lanternes

Pitaya, the Dragon Fruit - Costa Rica


Les confitures Une C'est à la vingt quatrième heure de souffle continu que cela arriva. D'abord un bleu profond coula de son regard sur le paysage. Puis le bleu se tinta d'une eau noire qui fit trembloter les contours de l'image. Tout était déformé. Il perdit pied et s'enfonça dans une autre réalité. 1976. L'année du rat. Il avait 17 ans, s'appelait Elliott, fils d'un père dominateur qui vomissait ses frustrations de modeste facteur sur une famille captive. Coincé entre ce vieux beau dragueur qui ne savait conjuguer que le verbe bander et une belle mère à la diarrhée logorrhéique qui répétait du soir au matin « séduisons, séduisons », avec désolation, il s'étiolait. Blotti dans son imaginaire, il rêvait d'exotisme, de grande traversée, de jours sophistiqués qu'il aurait effleurés de ses doigts trop légers. Sur sa table de nuit, les soirs de gris, il se fondait dans les motifs d'une vieille lanterne en papier, trouée de dragons grossièrement découpés. Une chinoiserie ramenée à grand prix de Cochinchine par un ancêtre baroudeur. Il se voyait voguant sur les eaux du Mékong au fil du courant, une tasse de thé au jasmin à la main, et l'œil perdu dans les rais de la dernière heure d'un soleil trop flambeur. A défaut de vivre, il s'abîmait en projections et le feu de ses yeux peu à peu s'estompait. e

Le 24éme dragon de Jacques Guillet

Deux Quel dragueur, le facteur de ma belle-mère ! Elliott de son prénom, né en 1976, croisa, dans sa vingt-quatrième année, une belle femme aux yeux bridés. Séduisons-là !, pensa-t-il immédiatement, se sentant bander... Ce flambeur acheta la première chinoiserie qu'il trouva sur son chemin, une lanterne décorée d'un dragon crachant du feu sur un rat d'eau. Courant pour la rattraper, un rien dominateur, il lui effleura la joue de son souffle. "Tenez, c'est pour vous ! Prenons un thé ensemble.". C'est alors qu'elle souffla à son tour. Manquant de s'évanouir à cette soudaine odeur nauséabonde, il s'enfuit prétextant une diarrhée... Sophie T.


Semaine 6 : redescendre La récolte : redescendre, pigeon voyageur, enthousiaste, calciné, profondeur, insiste, sur terre (X2), grimper, artifice, planer, jamais !, braises, adolescence, se poser, en enfer, terrestre, serein, drogue

Les confitures

Au gré du courant - Joëlle Bondil

Une Redescendre au paradis, n'est-ce pas retrouver l'élan jadis calciné de la profondeur des braises ? Pensive, les yeux ouverts mais le regard tourné vers l'intérieur... elle songe à cette vie ici-bas. Où sont nos morts, où sont ceux qui sont partis, que nous ne revoyons pas. Elle plonge en elle-même, elle écoute ce qui fait silence, ce qui aime se poser avec les mots, avec le poids du corps qui s'incarne sur terre. Elle rêve éveillée : une image bien vivante surgit - elle voit sa grand-mère maternelle un pigeon voyageur sous le bras - elle la voit lui sourire avec une bouche enthousiaste et des yeux si doux. L'image s'efface, elle insiste pour poursuivre le rêve... Un mot lui échappe : Mamie ! Elle songe alors : Lorsque j'étais au cœur de mon adolescence, J'avais envie de grimper au firmament, de planer comme jamais ! La drogue m'y aidait bien, je vivais alors dans un artifice perpétuel où je ne sentais même pas mes pieds sur terre. A nouveau elle goûte à ce silence qui l'ancre dans son devenir. Une pause qui épouse la prose des mots en jachère... mais ces mots, ces images, ces sensations d'où viennent-ils ? Où vont-ils ? Elle pense : je suis sortie de l'enfer comme Perséphone, je suis remontée de loin,


j'ai replongé, je suis revenue. Où ? Ici, dans ce corps terrestre. A ce moment du songe ; une vague souterraine se déploie ; elle sent son sang serein dans ce mouvement, son cœur, sa tête et son ventre abrités par la confiance d'appartenir à cette vieille croûte terrestre. C'est ici, ici et ici que j'ai vécu et que je vivrai encore... je plongerai dans l'inconnu encore et encore - des atomes aux planètes, des trous noirs aux quarks, nous respirons dans le silence de nos pauses, dans la sources de nos mots, dans la fièvre de nos peurs, dans la joie de nos sourires, dans nos os vibrants de désirs et d'espaces silencieux à ceux et celles qui nous ont précédé, Amélie G.

Deux Un pigeon voyageur calciné par les braises des profondeurs extra-terrestres. Je suis en enfer. J'insiste, je veux redescendre et me poser sur terre. Grimper, enthousiaste et serein, au-delà du réel, pour planer quelques minutes... Mais finir banalement sur terre, plus angoissé qu'à l'adolescence... Non, plus jamais ! Fini l'artifice de la drogue ! Sophie T.

Installation au cimetière marin de Mahdia (Tunisie) - Ridha Dhib

Trois Partir d'un pas gaillard aux premières lueurs d'une journée d'été. Marcher d'un trait troué jusqu'au pied d'un sommet tout fiérot de se dresser encore après autant d'années. Sentir les braises sous la peau et le vent qui insiste. Grimper sans artifice, enthousiaste et ardent. Attendre et se poser sous un figuier ployé. L'adolescence aux bouts des doigts, on s'enfoncera dans la forêt touffue, goulu de profondeur, d'ombre et de jeux de cœur. Les deux pieds sur terre et la tête en frai, on pondra des idées bien charnues. On coulera de joie sur des pentes calcinées d'enfer mâture qui cesseront enfin de refuser à jouer. Serein et radical, on s'élèvera peu à pas vers un horizon vertical. On croisera parfois un pigeon voyageur ivre de traversées, drogué de vols planés, qui nous délivrera d'un reste de torpeur. Arrivé et rivé ravi au sommet, on hurlera aux cieux et aux dieux s'il en est « Mes délires terrestres sont des éternités ; autant que je vivrais je vous le clamerais : Redescendre ? Ça, jamais ! » e


Semaine 7 : monogame La récolte : monogame, chromatique, unique Tetris, grave erreur, Elie, envol, rigide, fleur tunisienne, virtuose, polysème, dialogue, monotone, père, paramita, boring, possible, lardon, lit, malice, maléfique, musique, lutinage, fleuri, fidèle

Photographie : Souad Mani "Ambra" réalisée en 2009

Les confitures Une Un énième dialogue monotone et boring avec son père si rigide, fidèle parmi les fidèles d'un dieu monothéiste... Elie venait de décider de prendre enfin son envol ! Ce n'était plus possible, il ne pouvait pas accepter la vie qu'on avait prévue pour lui : partager son futur lit d'homme marié avec une jeune fleur tunisienne qu'il n'avait en tout et pour tout qu'entre aperçue lors d'un goûter en famille. Ce serait commettre une grave erreur. Lui, virtuose de musique, ne se sentait pas l'âme monogame d'un Tétris unique ... Il se surprit même à rêver au doux parfum de possibles lutinages chromatiques, polysèmes et fleuris... Fi, trêve d'enfantillages ! Comment avait-il pu oser défier son père à ce point, ne fut-ce qu'en rêve...? Combien sa soudaine malice ne le torturait-elle pas maintenant... Quel sortilège maléfique lui avait-on jeté ? Il aurait 1 000 fois préféré avoir avalé un lardon, paramita, aumoins aurait-il su comment racheter le pêché... Sophie T.


Photographie Andrew Morrish

Deux Les pieds dans le sable frais de la nuit, Elie Boring progresse lentement sur le plateau de l'Unique Tetris. Au loin, les parois rigides du mont Paramita dialoguent avec la lune. Pas le moindre souffle de vent. Juste sa respiration. Et le rythme de la marche. Une écoute superficielle trouverait cette musique monotone. Grave erreur ! Car le désert est virtuose pour qui sait l'entendre. Il polysème à foison toutes sortes de poly-sons qui germent en symphonie chromatique. Bientôt l'envol de la nuit dévoile au lutinage de ses yeux aguerris un parterre fleuri : des roses de sable encore assoupies. Ces fleurs tunisiennes cristallisent en feuilletés de gypse sous l'oeil sombre de Bouki la hyène et ses lardons à la réputation maléfique. A chaque pas, Elie revit. Secouant des lambeaux de nuit, il lit et relie ici sa carte du ciel, de la terre et du tendre. Fidèle à ce pays où il se sent chez lui, Elie se dit monogame : en termes de désert, il n'en a que pour celui-ci. Le temps-sable s'y écoule dans d'infinis possibles car les traces s'effacent sitôt le signe émis. Sans malice, il l'écrit à chaque traversée : « De tous les déserts, c'est le Sahara qui restera pour moi incomparablement le père ». e

Le pianiste - illustration Jacques Guillet


Création Sophie Gillmann

Semaine 8 : être La récolte : être, sûrement, là, soupirs, feuille, partager, à l'heure du monde, cellulaire, chemin, gros, mort, contrarié, néant, heureux, essentiel, chaîne, avoir, devenir, autre, existence, révélation

Les confitures : Une

Brin d'hom de Jacques Guillet

Sur un arbre perché, la lune fit mine de lui tendre un marin. Bercé sur les côtes à l'heure du monde, son regard flotte aux montagnes infinies. La brise chaude frappe à douceur son éveil contrarié. Le bleu souffle en tempête. Au soleil les feuilles tournent une à une. L'histoire passe le chemin de ses morts. L'existence est une autre révélation. Simone quitte son corps. Les yeux de profondes couleurs diffusent la sagesse d'un amour essentiel.


Chaîne du tout. Formes assoiffées de brillance. Scintillement des paupières. Avoir, devenir, être et passer. Tout en amande. Sûrement là, dans les mondes alentours, transparence au mal du chagrin, la perle goutte à chaque mot prononcé. La pluie fine dégouline. La cuisse suit le rythme interdit. Les bras sont en balance. Le cercle brûle et les cheveux dansent. Le calme cellulaire suit son passant. La marche à venir n'enfile aucune bannière. J'aimerais. Et pourtant le voyage lui montre un baiser, soupirs de tendresse, ouverture entière d'un néant heureux. L'inimaginable s'étend face à elle, en un souffle et aspire son essence ; d'une des plus profondes explosions partagées. Les mondes nous appartiennent, comme un rien, au plus gros, de celui qui s'y jette. Lars Madson

Neita Guille, Mama Gabriela de Martha Rodezno

Deux Dans le feuilleté de mon être combien de morts s'agitent encore et se partagent un devenir dans cet autre corps qui est mien ? La grosse chaîne cellulaire du vivant lié liant... Si je suis, je les suis. De gré ou pas. Contrariée ou ravie. Et quand j'essuie leurs traces sur les carreaux embués de ma vie, je vois leurs visages images, nez collés à la vitre, qui soupirent et me sourient. Heureux et surpris de m'écouter pleurer. Je tends la main pour les toucher et ne garde pour tout avoir qu'une traînée d'intensité. C'est le soir, à l'heure du monde mélancolique, entre chien, loup et corbeau, qu'ils viennent frapper au linteau. J'entends leurs pas crisser sur le gravier mouillé de l'allée qui finit à ma porte.


Et si le chemin que je suis quand je les suis me ramenait tout simplement chez moi ? Si l'essentiel était d'arriver au bout du conte plus sûrement là ? Une révélation après l'autre, le néant serait alors d'ouvrir enfin la porte et de rentrer chez soi. Chez soi dans la nuit cosmique, atomisé en galaxie, pour plonger dans la danse sans existence de l'immensité. e Etre là de Joëlle Bondil

Semaine 9 : Bourratif La récolte : bourratif, complémentaire, étouffe-chrétien(3X), cake, remplir, expédié, chanson française, courant artistique, vomir, pipe, touffu, nappe, perruque, boulimie, aux marges, barbiturique

Les confitures : Une En vomir un cake, voilà qui eût été complémentaire de ce courant artistique bourratif : expédié, le triple étouffe-chrétien touffu de la chanson française ! Et sous la nappe, la boulimie : se remplir la pipe de barbituriques jusqu'aux marges de la perruque. Céline Larrère


indigestes entassements

Deux Il lui apparut que son existence, aux marges du monde, s’incarnait dans le cake bourratif qu'il s'était expédié à la va-vite, la veille, dans une crise de boulimie frénétique. Joncher sous sa perruque, il scrutait, à travers les cumulus talonnant chacune des taffes prises sur sa pipe, l'horizon abyssal de sa pensée. Adolescent, il s'était voulu artiste. Longtemps, la certitude que sa vie constituerait un courant artistique l'avait guidée. A l'aube de ses quarante ans, sa finitude prenait corps devant le truisme que l'œuvre maîtresse de sa création résidait dans sa réussite à ériger l’étouffe-chrétien en mode de vie. Il frôlait l'excellence puisque de sa sueur à ses os, tout en lui diffusait le fumet d'un étouffechrétien touffu et hirsute comme une chanson française dont les paroles aux barbituriques sampleraient inaltérablement les cinq mêmes mots. Dans sa cuisine, les cerises rouges sur la nappe blanche chantonnaient "Yesterday, all my troubles seemed so far away", tandis que les taches de café qui leurs étaient devenues complémentaires reprenaient en cœur "L'étouffe-chrétien te tient". De casseroles en queues de cerises, il eut envie de vomir. L’ultime réminiscence gustative achevée, il s'allongea face à la mer et se laissa étreindre par les vagues se demandant pourquoi fallait-il toujours remplir pour ensuite désemplir. Virginie Debout


parfois, les bords...

Trois Il les voyait de loin vomir des mots sucrés planqués sous la perruque de leur civilité. Les trois phraseurs mielleurs s'engluaient dans leur propre reflet, avides et boulimiques de s'entendre parler. La petite chanson bien française de ces trois coquelaids saturait l'air d'une moiteur barbiturique. Ça lui caillait sur le jabot et il fulmina de subir l'écho étouffe-chrétiens du trio soporifique. Ils s'appliquaient bien proprement à remplir tous les blancs, et bétonnaient de gros clichés les espaces vacants. Sur la nappe, ils scribouillaient de “géniales idées” si “complémentaires, mon cher !”. Ostensiblement, le “ courant artistique ” coulait en flux épais. La bouche en pipe et l'oeil touffu, ils ne cessaient de se congratuler et relisaient très satisfaits le cake bourratif qu'ils allaient expédié. De loin, toujours de loin, aux marges de leur temps, il rêva un instant d'inventer sur le champ un étouffe-crétins suffisament puissant pour les voir s'étrangler, toussoter, crachouiller et se taire. Enfin. e

Quatre Elle passait ses journées à cuisiner des cakes pour son doux époux, tout en écoutant ses chansons françaises préférées, comme un courant artistique éperdu d'une omelette à frire. Vomir, tailler des pipes, tout cela faisait partie d'un passé révolu. Elle pouvait maintenant respirer profondément l'amour pourfendu de son âme complémentaire. La boulimie avait tourné d'une autre gâchette, sa nouvelle barbiturique. Tout au plus folle, les deux bonzes se chevauchaient d'une rencontre à nouveau sanguinaire. Ils s'emmenaient de perruques, casseroles, instruments touffus, couleurs de flash électrique à tuer les étouffe-chrétiens, tenues alambiques et clochards de rêves, pour remplir l’atmosphère de cette vague qui emmène le plus simple des bourratifs étendu sur la nappe, aux marges d'un monde inimaginé ni pour autant plus complexe qu'un seul atome sautillant d'une foule d'hurluberlues à la caboche décapitée. Lars Madson


Semaine 10 : dérapage La récolte : dérapage, contrôlé (2X), racial, Dominique, jeu, langue, Starsky et Hutch, décapage, frein à main, faux pas, arrondir, spirale, vague, une parenthèse, pas d'âge, parmesan, pourcentage, communication, rattrapage

Les confitures Une

Sellig Nossam pour Hybride Après une spirale de faux pas Contrôlé par des flics à la Starsky et Hutch, dans un jeu racial Qui n’a pas d’age Ou alors celui d’un vieux parmesan, Dominique Se lance dans le dérapage de la langue, sans frein à main, sans rattrapage cette fois, Pour un décapage de la communication, une parenthèse pour arrondir une vague trop contrôlée par le pourcentage Sellig Nossam pour HYBRIDE


Deux

Photographie Souad Mani, Gafsa 2011

Jusqu'où ira le dérapage ? Dominique va-t-il le contrôler, selon son habitude de tout contrôler, du choix minutieux des termes pour ses communications au mode de décapage de la rappe à parmesan... Ou va-t-il pour une fois relâcher un peu le frein à main, accepter de suivre la vague et finir par s'arrondir...? Il n'y a pas d'âge pour sortir d'une spirale connue, mettre une parenthèse et créer du jeu. Il se surprend à rêver à ses héros Starsky et Hutch. Ils auraient fait un faux pas, et tenteraient un rattrapage. Mais ils ne feraient que s'enfoncer, et au comble de l'énervement, se mettraient à jurer dans une langue à connotation raciale - rien de pire pour le pourcentage d'audience! Ah, ce n'est pas un modèle à suivre, se dit Dominique, qui finalement commence à lâcher prise... Sophie T.


Trois C’est un jeu, non-contrôlé, incontrôlable, une parenthèse pour ceux qui n’ont pas d’âge, un jeu de langue et de mains, langue sur langue et mains partout. Dom et Dommy, tous deux Dominique, de la dummy generation, main dans la main comme Starsky et Hutch, mais pas du même genre. Nous c’est de la mise en facteur du nique, du décapage en profondeur, du râpage de parmesan, une spirale de plaisirs. Pas un vague faux pas racial de quelques pros de la communication, avec rattrapage éventuellement, sauf du pourcentage dans les sondages ! Ma langue sur son frein à main, ses mains pour arrondir ce qui me reste de seins, nous tentons un dérapage, contrôlé… ? Et ça glisse, bien ! Jean-Jacques Petit

Quatre Sous un ciel parmesan semant à tous vents la poussière séminale du printemps, ils filaient vers le nord. La vieille caisse bringuebalait au gré des virages d'une étroite départementale. Le moteur hoquetait pitoyablement comme Starsky quand Hutch était parti. Arrivés au sommet, un dérapage mal contrôlé les projeta truffes à nez au beau milieu de la forêt. Ça sentait fort la terre mouillée, l'humus et les champignons. Accrochée comme une arapède à son rocher, une série de langues de bœuf s'enroulait en spirale autour d'un chêne centenaire. "Pas d'âge pour se faire sucer la couenne", nota Dominique qui se sentit soudain racialement apparenté au monde végétal. Une poêlée de cèpes et quelques girolles plus tard, histoire d'arrondir leur ordinaire, ils remontèrent en voiture. Au moment de desserrer le frein à main, ils se regardèrent. Le temps était venu de mettre en parenthèse la raison. Aujourd'hui c'était le grand J : ils se l'étaient promis. But du jeu : dévaler en roue libre jusqu'à la vallée. Décapage tripal assuré. Les arbres déferleraient à la vitesse du TGV et la vague d'excitation fluctuerait à coup de spasmes et petits cris rythmés. Un faux pas, une hésitation et ce serait le grand plongeon. Statistiquement à cette heure-ci, il n'y avait qu'un faible pourcentage qu'ils croisent un malheureux en sens inverse. Mais au cas où, la communication promettait d'être brutale, voire létale. Il n'y aurait aucun rattrapage à la moindre erreur d'aiguillage. Les pneus crissaient à vous faire sauter les plombages. Et dans les cages, les cœur toquaient comme jamais. De fait, ce n'était que vers ça que tout cela convergeait. Se sentir exister, sniffer la vie enfin remuer dans des corps bien anesthésiés, et flirter avec l'idée de la grande plongée. Peut-être pour se préparer. Qui sait ? e


Semaine 11 : Rabonnir La récolte : rabonnir, terreur, espoir, le temps, individuation, soigner, pas facile, par dessus bord, Meursault mon amour, raboter, abominable, choucroute, nirvana, transformé, vieux, allumette, paraître, bien dormir

Les confitures

Rabonnir : de la pâte à l'huile. Ridha Dhib

Une Rabonnir : La terreur est espoir, Le temps est individuation, Soigner n’est pas facile, Par dessus bord est Meursault mon amour, Raboter est abominable, La choucroute est nirvana, Transformé est le vieux L’allumette est paraître, Le bien est dormir


rabonnir est la terreur l’espoir est le temps l’individuation est soigner pas facile est par dessus bord Meursault mon amour est raboté Abominable est la choucroute Le nirvana est transformé le vieux est allumette paraître est bien dormir gilles Masson pour HYBRIDE

Sellig Nossam pour Hybride

Deux Rabonnir ou rebondir par-dessus bord, c’est la même chose, n’est-ce pas ? On peut toujours garder l’espoir ou sombrer dans la terreur, c’est au choix. Ce n’est pas facile, mais c’est le signe de l’individuation, le temps de se soigner et de devenir soi-même. Il est abominable de faire des abdos tous les jours dans l’espoir vain de raboter ses vieux kilos en trop. Pour faire oublier la choucroute de la veille qui nous a permis de bien dormir sur nos deux oreilles en attendant de se voir transformé en étranger. « Meursault mon amour, passe-moi donc une allumette que je puisse atteindre le nirvana. » J’y crois encore, je crois. J’aime le paraître en tous cas. KNW


Concentré de silicium pour effet Rabonniros. e

Trois Être ou paraître, pas facile de faire le choix… Le temps ne fait rien à l'affaire, c'est affaire d'individuation : on peut toujours se soigner, jeter ses terreurs par-dessus bord, raboter ses échardes, se dire qu'avec l'âge vient la sagesse, qu'on ne peut en vieillissant que se rabonnir, et que quand on sera vieux, on se sera donc forcément transformé… On a beau faire des efforts, comment atteindre le nirvana en s'empiffrant de choucroute, avec comme devise "Meursault mon amour" ??? Réussir à bien dormir… alors qu'avec un tel régime, il suffirait d'une seule allumette pour tout faire exploser ? Abominable pensée qui met un terme à tout espoir d'assoupissement ! Sagiterra

Quatre Pas facile de rabonnir quand on plane déjà bien au delà du nirvana... , nota Meursault en s'étirant mollement. Réveillé en mode tralalère et youplala, il prenait le temps de déguster un lever de roi. Bien dormir, manger fin et délicat, soigner sa mise et ses appâts, tels étaient les mots maîtres de ce prince du paraître. L'espoir toujours en bandoulière et du culot à ne plus savoir qu'en faire, il consulta son agenda. Badinage, pérorage, libertinage... la journée s'étalait docilement à ses pieds. Décidément le temps était son allié. Habitué dès le plus jeune âge à des « Meursault, mon amour » en voilà en veux-tu, tout lui était dû. C'est à ce moment très précis que son iphone vrombit. C'était Madame Meursault Mère, sa


terreur dolorosa, qui comme d'hab se trouvait entre vie et trépas. Elle cherchait une oreille amie pour déposer plaintes et cris. Une abominable migraine lui avait réduit les méninges en bouillie, choucroute farcie, ou riz trop cuit (au choix culinaire du lecteur). La seule chute d'une allumette suffisait à lui vriller la tête. Radoucie, elle lui demanda en mode séduction et mijaurée s'il n'en sentait pas lui aussi les méfaits. Chez Madame Meursault Mère, l'individuation restait à parfaire. Elle était intimement liée à son rejeton par d'inextricables sensations bien au delà de la raison, se plaisait-elle à répéter lors des cocktails dinatoires qu'elle donnait tous les mardi soir. Y étaient invités quelques rombières arthrosées flanquées de vieux beaux hélas prostatectomisés. C'est à ces mémorables soirées que Meursault Fils faisait son marché. Ses essais y étaient toujours transformés. Il récoltait des fruits bien mûrs qui ne demandaient qu'à tomber. De préférence dans son panier. D'autres moins délicats auraient argué qu'il rabotait de la rombière moyennant quelques deniers. Laissons-les donc médire sans les maudire et jetons par dessus bord toute acrimonie. C'est mauvais pour l'espérance de vie, se répétait à l'envi notre héros au cœur de merlan frit. e

Semaine 12 : céphalique La récolte : céphalique, oraison, queue de rat, oh! dalle, cerf-volant, alcoolique, hypnotique, tête de bite, obsédé, menhir, dans la culotte, rachitique, grosse tête, ris de veau, gueule, mal au casque, ça fume, Annick, liquide, sexiste

Les confitures :

Photographie prise au centre Pompidou en 2003 par Souad Mani


Une Annick pestait seule dans sa cuisine alors qu'elle raclait un fond de ris de veau. « Queue de rat !» qu'elle disait à l'autre obsédé qui gardait la main dans sa culotte, avachit dans son fauteuil, un menhir dans la main. On entendait en bruit de fond l'onde hypnotique du poste. Ça lui donnait mal au casque à la rachitique qui se noyait dans son liquide. Elle rêvait de cerf-volant et, à la place, cette gueule de sexiste, cette tête de bite lui donnait la « céphalique ». Alors, ni une ni deux, elle pris la grosse tête et s'en alla gaz et eaux ouverts. Elle était déjà dehors et entendait au loin l'autre gueule d'alcoolique qui criait: « Oh! Dalle, ça fume! » Elle pensait déjà à la belle oraison... G)

Ridha Dhib

Deux Annick panique au petit matin. Elle ne se souvient plus de rien. Le cerveau en ris de veau, une tête de bite en granit lui pousse sous le chapeau. Ça fume sous le gravier de ses maux. La raison cherche à s'agripper au moindre indice céphalique pour retrouver son marche-pied. Mais les vapeurs alcooliques embrument ce glissant jeu de piste. Ô raison quand tu nous fais faux bond ! Des images liquides circulent au fond d'un viseur minuscule. La grosse tête d'un obsédé sexiste aux idées bien trop rachitiques se plante entre deux bières tel un menhir sous ses paupières. Il gueule “ Oh ! Dalle, que dalle, rien à boire et tout à pleurer ” et glisse une main décharnée dans la culotte de la Camarde qui le poursuit de rade en rade. Cette camarade fatale lui darde un regard hypnotique avant de s'en aller danser. Sous terre à quarante pieds. Annick s'endort la gueule en biais. Elle a le cerf-volant à plat. Ses rêves sont tout chiffonnés. Son cœur patine sur du verglas. Le mal au casque des jours de frasques finit toujours en queue de rat. e Pièce en grès de Marie Danigo


Trois Oh petite Annick… Dans tes saouleries tu es le Titanic, après que les amarres lachées des têtes de bites ne l’attachèrent plus à sa terre de brumes et de menhir de Southampton. Il fonçait droit vers son destin, abandonné corps et âme au capitaine qui avait pris la grosse tête, obsédé par les performances de son nouveau jouet, dans son délire hypnotique et mégalomane. Ça fume tes cheminées, comme les siennes, petite Annick ! Te voilà cerf volant ivre abandonné dans l’air comme lui bateau fantôme dans la tourmente liquide, vers la banquise, oh dalle fatale. O petite Annick Ça gueule des oraisons funêbres dans ton opéra céphalique et tu n’entends pas plus que le fou capitaine au cerveau ris de veau Oh petite Annick toi aussi tu as la nostalgie des menhirs et dans la brume tu te lances tête baissée, à te faire mal au casque, tu cours après les queues rachitiques des rats de ton délirium tremens, et l’Esprit alcoolique, pas sexiste, te fait pousser, sextant, dans la culotte, un Priape en figure de proue … Sellig Nossam

sellig nossam pour HYBRIDE


Semaine 13 : hésitant La récolte : hésitant, l'âne de Buridan, contente, délicatesse, transe, euh..., haletant, maybe, Hé ! Si tant de vie, pas de porte, résistant, cruche, ondoyante, bombe, choix, courbe, valse, inhibé

Les confitures :

Jacques Guillet

Une Dans la prairie ondoyante et verdoyante, l'âne de Buridan, haletant sous le poids du ravitaillement, bombe le dos, inversant sa courbe vertébrale, résistant à l'écrasement, inhibé — may be — mais toujours vivant. Hésitant parfois devant une touffe d'herbe — choix cruel : il imagine la délicatesse de la verdure mâchouillée longuement, sa valse savoureuse entre ses molaires, il manque d'en tomber en transe, mais, euh…, soudain sur son postérieur la savate du Maître le rappelle aux réalités. Ainsi va aussi la cruche à l'eau, contente, gueule grand ouverte, quand elle part, pleurant à son retour, des larmes de rivière… Mais sans l'âne et la cruche, pas de porte ouverte sur l'avenir : au foyer, la faim et la soif s'installeraient, et bientôt s'achèverait toute vie. Hé ! si tant de vie est contenue dans ce pauvre animal, comment ne pas lui être reconnaissant de cette douce résignation ? Sagiterra


photo e

Deux Enfant, je n'ai que peu de choix. Jouer à ceci cela. Et dans ce cas, c'est la transe qui tranche. Le désir limpide et jaillissant, toutes gouttes dehors au soleil du printemps, devance toujours d'un temps la gravité du choix. Enfant, je ne me contente pas d'un pas de porte hésitant. Je traverse les murs dans une énergie atomique qui les bombe de couleurs cinétiques. Haletante et ravie, je tente de valser la vie dans des courbes évidemment infinies. De cassis en dos d'âne et pas de Buridan, je m'élance intrépide à l'assaut des écueils et pourfends tout écran légèrement résistant. Habile cormoran, je plonge dans les images ondoyantes de mes livres d'enfant. J'en ressors en piqué l'âme gorgée de frais ; bien souvent remuée par la délicatesse des rivages abordés. Et si tant de vie était restée stockée, quelque part, aujourd'hui, en moi, juste inhibée, pour un moment seulement, quelque part, bien ici, maybe, tassée au fond d'un puits ou d'une cruche noire ? Qu'il suffirait de briser pour puiser dès ce soir et relier, sentir et percevoir, et enfin retrouver ? Et si ? Euh... je ne sais. e


sellig nossam pour HYBRIDE

Trois Hé si tant de vie, tente à la valse Le novice hésitant, comme l’âne de Buridan … Euh... Dieu ou diable ? Oublie le choix du moine ! L’âme de bure ridant… La transe rend haletant… Accoste la bombe aux courbes ondoyantes… Hé si tant de vie, Tente à la valse Euh… Pile ou face ?

Il n’y pas de porte

Résistant à l’inhibé

Ouvre à la vie

Fais le choix !

Contente toi !

May be

Avant la coupe par terre,

La délicatesse ?

Bois à la cruche !

sur le fil.

sellig nossam pour HYBRIDE


Semaine 14 : niveau La récolte : niveau, espaces, bulle (3X), dos, horizon, bâtiment, silencieux, eau, super U, réflexe, passage, novice, ni cochon, vache, conscience, limites, affaires, classement, aplomb, archipel, terrain photo e

Les confitures Une Voilà 8 heures que Bernard travaillait à s'en rompre le dos. Il s'arrêta pour regarder l'horizon du haut du bâtiment. D'une main, il empoignait son niveau à bulle et de l'autre une petite radio de poche, qu'il lui retransmettait le classement de la Ligue des Champions (grosse bulle pour l'OM !). Le terrain, tout autour, semblait s'étendre à l'infini. Au loin, tout était silencieux, ni vache, ni cochon. Juste un Super U planté là au milieu de nulle part. L'homme qui pourtant n'était pas un novice des travaux de zingage de toiture, sentait que l'aplomb lui manquait déjà. Autour de lui, tout devenait silencieux et les limites du terrain s'évaporaient peu à peu. Il fouilla, par réflexe, dans ses affaires, prit sa gourde et vit que l'eau avait un aspect étrange... Il perdit alors connaissance. Et lorsqu'il se réveilla, il avait comme une conscience nouvelle de son corps. Il se sentait rajeuni. Entouré d'une bulle translucide, il flottait au-dessus du bâtiment. Son être prit un passage interstellaire pour rejoindre l'Archipel de Zorion, vers laquelle les espaces rayonnaient d'un seul éclat cosmique. « Alléluia !! » criait Bernard. Guillaume Leclercq


photo e

Deux Dans les ruines du bâtiment silencieux qui, tournant le dos à l'horizon, fait face au quartier d'affaires déserté depuis des dizaines d'années, le novice cherche son passage vers l'air libre. Son classement dans la nouvelle hiérarchie dépend de ses réflexes, du temps qu'il mettra à retrouver la source, l'eau bienfaitrice dont dépend l'avenir de la tribu… La conscience en alerte, les portes de la perception ne sont même plus grandes ouvertes, elles ont volé en éclat ! La légende parle de trois étages, trois niveaux qu'il faut franchir un à un, puis de trois espaces cloisonnés où une grande magie est à l'œuvre, et enfin de trois "bulles" où vivraient encore des animaux qui ont disparu de la surface de la Terre depuis longtemps : veaux, vaches, cochon, poules, renards… — tous ces mots n'ont plus aucun sens à présent. Peut-être sauvages, nul ne le sait, ni ne connaît les moyens de se défendre contre eux. Quand on a réussi à franchir ces étapes, l'étape reine de la quête, c'est le SuperU. Les ethnologues pensent que les Anciens utilisaient cette formule pour parler d'un "Super-Univers", où seraient stockés les trésors de l'ancienne civilisation. Là encore aucune précision, mais on croit savoir que là se trouve la source. Le novice est maintenant presque parvenu au sommet du bâtiment, et sur sa route il n'a trouvé ni espaces étranges, ni cochon, ni vache, ni quoi que ce soit de vivant, à part quelques araignées craintives qui se sont enfuies à son approche. Et toujours aucune trace de "bulles"… Et voilà soudain qu'ayant poussé une porte métallique, il débouche sur une terrasse et, s'approchant du bord, se retrouve à l'aplomb d'un archipel de détritus, un terrain sans limites, envahi des plus invraissemblables objets que l'ancienne civilisation ait pu imaginer. Au pied du bâtiment, une mare noirâtre laisse échapper de grosses bulles… Un court vertige l'oblige à se cramponner à la balustrade… Rien n'est fait, il faut à tout prix trouver le SuperU ! Sagiterra


Trois

photo sellig nossam

Notre novice avait enfin fait le choix du monde et tourné le dos à son monastère, (voir épisode précédent) il avait du moins quitté le bâtiment qui symbolisait les dogmes de sa religion, pour ouvrir sa conscience à de plus vastes espaces et faire route vers des horizons sans limites. Il avait tout quitté, largué ses affaires et, arraché autant que détaché, il se sentit quitter la vase… vers la surface éclairée… Première bulle…. Ce passage, il l’avait décidé ! Et les vieux réflexes moralisateurs d’auto-flagellation, de doute et d’hésitations (voir épisode précédent) ne l’entravaient plus. Libéré du terrain de limon stagnant faisant le lit des eaux dormantes de ses certitudes, il partit léger dans le courant … Deuxième bulle... Plus de pensées castratrices et de carcans obscurantistes, ni tabous ni obligation, ni bien ni mal, plus de classement de valeurs dans l’immanence des vies et des créatures, ni idoles, ni icônes, ni cochon interdit, ni vache sacrée… Mais un paradis d’apparition, de beauté, un archipel de pensées aussi subtiles, riches et colorées que les oiseaux de ces îles… Magiquement, concrètement, l’aplomb le rendait sans poids, et silencieux, il chantait … Dansant dans le flot généreux de l’esprit libre et ludique enfin libéré, comme un bateau ivre, il pensait avec délice à la fois à Rimbaud : « A noir, I rouge, U vert, O bleu : voyelles, 
Je dirai quelque jour vos naissances latentes … », à la fois aux super héros que chacun était dans son nouveau monde, chacun à son plus haut niveau de grâce ;


Ainsi que chaque chose, chaque animal, chaque concept, chaque signe sublimé par essence, substance, nature naturante et naturée dans ce mélange bigarré et démultiplié …. Troisième bulle… Effervescence. Super A noir Super I rouge Super U vert Super cycles, super vibrements divins des mers Super ouvert. Super eau bleue. sellig nossam pour HYBRIDE

photo sellig nossam

Quatre L'espace d'un instant, j'ai cru rêver. Mon premier réflexe fut de l'aborder mais je manquais cruellement d'aplomb à cette époque et j'avais conscience d'avancer en terrain miné avec cette femme qui me semblait beaucoup trop sûre d'elle pour le novice que j'étais en matière de sexe. Le passage à l'acte faisait partie de mes obsessions nocturnes quand, silencieux, je me tripotais la nouille allongé sur le dos avec pour seul horizon les limites du plafond de ma chambre. Mes petites affaires terminées, je sombrais dans des rêves érotiques ni plus cochons ni plus pornographiques que ceux qui habitaient les adolescents de mon âge... plutôt romantiques même ! Quand je l'ai vu se diriger vers le bâtiment qui abritait le Super U -l'archipel du goût large comme l'appelait ma soeur- je la suivais indifférent aux flaques d'eau qui trempaient mes baskets. La pluie tombait maintenant drue, éclatant comme de petites bulles (3x, c'est la taille des bulles) à la surface des flaques.


Je pénétrais dans le super marché sur ses talons. Au niveau de l'escalator, il y avait un goulet d'étranglement où les gens s'amoncelaient. Je me retrouvais juste derrière elle, à la frôler, à frôler son cul moulé dans une petite jupe de cuir noir, de la vache probablement mais à ce moment, c'était le cadet de mes soucis ! Et dessous, des jambes qui n'en finissaient pas, une douleur tellement c'était beau! Au classement des plus longues jambes du monde, Adriana Karembeu me semblait loin derrière. Un peu trop longues sans doute... Quand j'ai repris mes esprits, les pompiers s'agitaient autour de moi. Je fixais les néons du plafond, on m'avait immobilisé le bras gauche dans une atèle et un hématome me fermait l'oeil droit : les jambes étaient vraiment trop longues et je n'avais pas vu arriver la fin de l'escalator. Elle n'a jamais su combien je l'avais aimé ! Comme j'étais gaucher, j'ai du arrêter de me branler pendant quelques temps. Dix ans sont passés. Je suis toujours puceau mais j'ai bon espoir, je viens de mettre une annonce sur Meetic : "Cherche petite femme aux jambes courtes". Richard Morice

e


Cinq Marcher silencieux sans limites de temps dans un paysage inconnu. A chaque pas l'horizon fuit et la cible s'évanouit. Le regard cherche à s'accrocher aux moindres aspérités rêvant d'accidents de terrain et de bâtiment isolé. Dans la tête, les pensées s'espacent trouées de grands vides blancs. La peau suce l'eau de l'air ambiant dans une saine avidité. Parfois une bulle de mélancolie nous tend la main de l'inertie. On s'arrêterait bien quelque part au hasard. En aplomb horizontal. Le dos calé contre un rocher, l'oeil rivé là-haut, très haut, au niveau de la voie lactée. Il faut une force surhumaine pour se remettre alors à marcher. D'autres arpenteurs silencieux peuvent servir de points d'appui. Ils nous aident à nous relever. On leur cède ainsi notre abri. C'est affaire d'humanité. Echange de bons procédés. Plutôt que de perdre son temps à s'engluer de sentiment, autant démêler posément la teneur de la transaction. Sans jugement ni vain classement. La marche reprend lentement. Des réflexes novices bouchent à coup de projections les passages vers la nouveauté. La conscience s'embourbe à deux pas du tout frais. On nie le coche, on se décroche. Et l'on passe à côté, ruminant du passé pas assez comme des vaches tristes sur un champ embousé. Chacun ses trucs pour continuer. Bien souvent on ne peut s'empêcher de jeter, droit devant, ses filets qui trament la réalité de messages cocassement enfumés. La Super Utopie brandit ses points sur les i et organise le texte avant qu'il ne soit dit. Un archipel d'idéaux et de rêves flétris. Mais parfois malgré ça, le regard un instant lavé, parfois et malgré, parfois, on voit... e

Semaine 15 : Chardonnay La récolte : chardonnay, donnez, Yann, tanin, champagne, piquant, belles rousses, relevé, prout-prout, fleur en vie, courage, Chassagne-Montrachet, blanc, sauvignon, waouh !, mes anges, culotté, bûcheron, vendanges

Sellig nossam pour Hybride


Les confitures : Une Ô beaux bûcherons et belles rousses… Ô belles rousses en fleurs Ô fleurs en vie Ô mes anges culottés donnez le courage Ô mes vendanges Ô sang de la terre Ô sang blanc de vrai Ô sauvignon chardonnay et champagnes, chassagne-montrachet Ô jupes relevées des belles rousses dans les vignes Ô muscles bandés des beaux bûcherons dans les bois noueux viticoles Ô tanin taquin des noces de canailles Ô subtil piquant Ô danse pas prout prout ! waouh ! Ô vin divin or paille des orpailleurs de ripailles au soleil Ô donnez du courage à Yann la belle bucheronne rousse qui ne veut guère la guerre et qui y va en vain aux chars donnez les fleurs en vie et l’envie du carnaval plutôt que la fleur des vies des Yann et des autres Ô assez que la butte rouge la carne avale ne tirez que le vin pas sur les belles de la croix rousse Ô laissez Yann mûrir au soleil


fruits piétinés, marc de marc, eau de vie, ne buvez pas car ceci est son sang laissez la vieillir et comme Omar Khayam (il fut de chêne) devenir sage en amoureux: « Au printemps, je vais quelquefois m'asseoir à la lisière d'un champ fleuri. Lorsqu'une belle jeune fille m'apporte une coupe de vin, je ne pense guère à mon salut. Si j'avais cette préoccupation, je vaudrais moins qu'un chien. » Ô mes anges vos ailes l’effleurent et versent les spiritueux blanc sur blanc fous le camp d'ici sauve vie nions nous ? non, voulons. chars donnés ? poison chat saigne mon trachée ? oiseau vole mon coeur chant pagne ? nu poême c’est page. Sellig nossam pour hybride

Lumière - Joëlle Bondil


Deux Waouh ! Enfin, ça y est ! Des anges, mes anges, dansent en vrac tout à trac sur le fût de la bouteille : un salmanazar de champagne déniché au hasard après le grand bazar électoral. De belles rousses, Mariannes à la sueur thym-tanin, ondulent devant Yann Fisefin (prout prout en norvégien, sic). Les jupes relevées sur des cuisses sablées, ces fleurs en vie s'irriguent au Chassagne-Montrachet en chantant à gorges dépliées « Donnez, donnez au peuple de la brioche et du Chardonnay pour lui faire oublier ces cinq dernières années ». La ville est en fête et jouit à tue-tête car le bûcheron des libertés s'est pris une piquante déculottée. Blanc comme un triste sire qu'il a toujours été, il a fait ses adieux hués à ce pays qu'il a pillé torpillé à coup de tords piliers et de fausse monnaie. Le Sauvignon coule à flot ce soir à Matignon pour effacer l'ignare et ses fantômes bavards. Et après ? Me direz-vous, et après ? Même avec beaucoup de volonté et de bonnes idées, cernés par des puissances nuisances transfuges de la finance, que peut-on espérer ? Il en faut du courage encore pour projeter de transformer l'essai. Et que l'on puisse un jour enfin passer de la sale vidange aux vendanges vraiment partagées... Puissent pourtant ces mots être prémonitoires et nous porter au moins vers un troisième soir e

Et après ? e


Semaine 16 : drachme La récolte : drachme, drame (2X), talent, Maninov, fol espoir, asthme, obsolète, évasion, occupation, francs, orient, arrachement, acmé, insoupçonné, aime, inconnu, trachédie, match retour, liquide, Russie, tragédie

Les confitures Une

Trachédie... tragédie ? Drame ! Je ne sais que veut dire drachme, ni qui est cet inconnu de moi Maninov. J'ai appris récemment ce que voulait dire acmé ; vague souvenir. Drachme... drame ? L'arrachement de l'orient, une tragédie insoupçonnée, l'occupation obsolète de la Russie, un asthme liquide ? J'ai le fol espoir d'une évasion, de francs tireurs, de ce match retour tant attendu. J'aime, aussi. Réjane Michel

Deux La Trachéide du wagon-ivre Le train fend la Russie ; parfois même l’horizon nickelé. Les arbres s’échappent comme avalés ; je voudrais les compter, garder une impression du paysage sur ma rétine ; mais noir


derrière la vitre. Le train emplit ses poumons de charbons, et de neige et tchoutchou. Les wagons sont secoués d’une mauvaise toux ; personne ne dort. J’ausculte l’asthme du transsibérien ; inquiet pour cette équipée obsolète et sauvage qui court d’ouest en est. D’Occident en Extrême-Orient. J’erre entre les cabines. Le transsibérien est vide et Maninov boit de la Smirnoff. Je le retrouve accoudé sur le bar en zinc du wagon restaurant. Pour Maninov, le rouble a le goût dur de la Vodka, le Drachme de l’ouzo, les francs du Cognac, le yen du saké. Ses poches silencieuses sont depuis toujours trouées par l’alcool. Il connaît l’ennui des longs voyages ; et je n’arrive pas à le distraire, moi ; son compagnon d’évasion. Il m’a dit : on part ! je veux voir l’Extrême-Orient, là où l’horizon se liquéfie et se gondole en tempête. Nous échouerons sur une plage du Pacifique. Depuis il boit des liquides burlant et compte les jours. Je suis toujours les fous. Il n’y a pas de rails sous le transsibérien. Il roule sur une ligne de fuite ; et ce n’est plus la Russie. C’est un fol-espoir et c’est la faute des poètes si le transsibérien ne roule plus par terre. Ça aussi Maninov me l’a dit. Maninov m’a tout raconté : les paysages traversés, le match Kasparov – Karpov à son acmé, les femmes qu’on aime et qu’on laisse, la guerre de Tchétchénie, l’occupation de la Géorgie, les églises orthodoxes blotties contre les montagnes de l’Oural. Il m’a aussi dit : tu n’as qu’à voir toi même. Assis sur la banquette en cuir rouge, je ne vois rien que moi. Mon reflet ressemble à un masque de tragédie grecque ; en papier mâché. Le jour ne se lève plus ; j’ai ensorcelé la nuit. Voilà mon talent. L’aube est un arrachement mais le transsibérien roule plus vite que la nuit. Sans aller-retour. Maninov n’a aucun talent. Quand l’ivresse dilate ses pupilles et ses rêves ; il s’invente poète. Debout sur le bar, il déclame les vers d’un mauvais drame. Mauvais poète ! et « le train retombe sur toutes ses roues, le train retombe toujours sur toutes ses roues ». Vers l’inconnu, l’horizon prend feu dans le jour. « Quel talent insoupçonné ! », me gueule Maninov alors que les rideaux s’ouvrent sur l’aurore. Sophie E

Trois

Sellig Nossam pour Hybride


Nous dîmes Drachme, la monnaie d’argent du grec ancien valant 6 oboles et vint le rêve en tête du mont olympien et de ses dieux et de ses hommes et de ses demi dieux… et puis de ce mot nait le drame en nos têtes d'hommes à demi noyés au quart monde car on a passé le Styx le drachme fait des euros… un pour sang… … à l’acmé de la crise le drame de l’homme qui a perdu ses haches chhchhchhhh du silence chute … à l’acmé du ment songe… trachédie j’ai dit ; c’est pas j’ai, c’est ch ! de ce petit ch des francs suisses et des paradis fiscaux … c’est j’ai pas, la tragédie. trachédie j’ai dit. pour rire jaune à l’occupation des s.a.r.l : « La Chine » et « La Russie » et « L’Europe » et « Usa » et « Petroleum Muslim » et « Israël cie » et "afridicta" and co… les membres du groupe "MAFIA/CAPITAL"… pour rager à la dîme non rendue de l’église orthodoxe obsolète… "va te faire faire voir, marie, chez les grecs, et Franckenstein, le fruit de tes batailles est maudit" Ne reste de l'orage que le ciel noir sans éclair . Il était ton fol espoir d’homme libéré et le voilà zombie ton Prométhée sans feu un revenu de chez les morts c’est tout ce qu’il lui reste pour vivre.


sans horizon t’as pas un radis fils, con ! c'est pas un beau matin, ni un grand un soir, dette est ton héritage d'hiver. si tu les écoutes fils,… jeunesse grecque, beauté grecque berceau vendu… Ile à vendre avec elles et eux… si tu les écoutes, fils, fille tu aimais rachmaninov mais la musique de ta vie maintenant ce serait raque, man ? innove si tu veux autre chose… je ne t’ai pas laissé une obole (l’arbitre véreux a tout pris dit une autre musique) et il n’y aura pas de match retour, dit la voix dans la tombe et sur les radios… liquide tout cet ancien présent fils… fille si tu veux du solide construis de nouveau sur du vent de l’Olympe… De l’orient à l’occident Du levant au couchant… pas de soleil pour les gueux… refroidissement de la planète… asthme psychosomatique ou psychopompe ? Du levé au couché de l'homme ?… révolution des astres


Pour l’inconnu que j’aime, le talent du désordre, où est l’arrachement insoupçonné ? notre fol espoir d’évasion… sellig nossam pour HYBRIDE

Quatre

dessin montage d'après L'homme qui porte la lune du sculpteur turc Cem Sagbil (bronze, 2009) - e Mon espoir, mon fol espoir, isthme étroit entre un drame deux fois et une tragédie annoncée... Fol espoir de voir se lever le talent de l'esprit devant celui du porte-monnaie, Fol espoir de respirer un coup de frais pour ne pas finir étouffée par l'asthme de la pensée, Et suffoquer de l'occupation des poumons par un air saturé de cynisme et de cupidité. Fol espoir que l'idée de l'Europe soit plus que peu d'euros pour 80% de ces ressortissants, Tous ceux qui croyaient que le précieux liquide de francs, lires, drachmes et autres pesetas fertiliserait mieux les plaines en s'unissant. Ma trachée dit non, trois fois non, cent fois non, à ces fétides infections. Résistant à l'acharnement indécent de ces slogans squelettes obsolètes qui décident de ce qui est possible ou non. Fol espoir de partager mon pré et surtout pas carré avec Gébril, Nasser, Yvan, Maninov,


Camila, Darko, Kinoké et Ndiouma... pour que nos chants effacent un peu les traces de tant de divisions, De partager mon blé, bon pain au levain à bâtir des demains solaires et serins des Canaries ou de Russie avec des inconnus venus du monde entier, De partager mon sol, fa, mi, ré, familier fourmillant d'idées aux harmoniques insoupçonnées, afin que poussent des fleurs d'orient coccidentelles parfumées sangs mêlés, acmé de ce que moi j'appelle une civilisation, Fol espoir d'évasion, d'aération, d'inspiration, sans matchs ni comparaisons, sans retour ni compte à rebours, Fol espoir enfin d'arrachement du r dans arme que suit invariablement larmes pour y planter le i d'un aime profondément extraverti. e

Semaine 17 : solennel La récolte : solennel, indispensable, le Nil, serment, colonel (X2), bloody sunday, triste france, sérieux, forestier, soleil, pompe, informel, Lionel, oxymore, intime, deuil, insolite, communion

Les confitures

Jacques Guillet

Une Ici / global d'ici/ déchire / on se donne / pour cette explosion acide / éclaté/ texte est à quel acide ? /trop mou du bla-bla et le maudit ils font tous / je réfute donc je vous suis que je change/ on pouvait s’en douter/ J'entends bouger ton merci pour ton intime de rire c'est l'amour l'amour / ou si l'aprèm au coup d'oeil sur notre foule de lire/ chaque jour/ l’impossible/ comme si un prénom insolite/ la vie meurt en mort vivante/


oxymore / pompe en le coeur / occis pas mort / bless you l’informel / après la mort le deuil / les pompes funèbres en grandes/ Plus que tu ne peux plus / Essaie l'indispensable luxe/ Rhyzomots / J'ai reçu mon paquet mais je vais mon paquet triste/ alors je voulais pas prendre le paquet je suis triste / je sortis le paquet punk / L'hallucinogène de toile à la Michaux de ses toiles d'araignées/ sinon je n'explose qu’une pensée pour pouvoir enfin partir / quitter le petit /retrouvé le grand / si je vous suis maudit du jury zoom / aux pas francs de la sous France / il est petit / il a volé le printemps / mais Paris mais / colonel Gloria / y voici tous ensemble j’organisais le pluriel nouveau : Lhomme / indispensable authentifié solennel / le colonel public avance / suivi de cérémonie vos durs / on pouvait s’en douter / suivi très très près par le collège course / staff déplaisir / organisation architecte du râle tristesse / on pouvait s’en douter / nourris au laid / désintégration / l’insolite qui relie le nul à nihil et le Nil à l’Egypte /

Sellig Nossam pour Hybride


printemps arabe titre à la con / merde tv le module mortifère / Kemet à golems sans souffle/ ex nihilo le fleuve / Nil blanc / Nil bleu / et Nil rouge sang sortie de rien sorti de son cher pays l’exode / pays de mon enfance comme si de rien naissait / tendron sous science/ debout la seconde sortie / la France triste France / gardes et danse m’écoeure/ no one innocent / sortie de gauche / ex-voto je te procure / trousseau de passage / clef en fer / bulletin / Général idole / Tendrons la joue gauche / Une droite dans la gueule / Communautarisme de la moche rue / Libérez nous d’identitisme / le cri de Alice en plusieurs issues / maintien de l'ordre / la gloriole des fusillades / intime conviction de légitimité / communautés glorioles je ne peux rien pêcher que poison/ subduction d’imbécilités je sais ce que sais / petit mentaux / petit toto / ces brouillons et l’alien grouillant des caves/ j'ai agi aussi de 17 ans les barricades / sérieux juvénile au lilas / c'est le début sanglant au blog one Sunday Bloody Sunday / pareil massacre / l’esprit en pantoufle / ce serait le jeune Maxime Leforestier / est-ce signe de la jeunesse / l'éthique souhaite un peu comme d'été /l’amour / je fais ce que je fais /se serve de monde dans tes bras /Lionel / l’amour / Lionel / lumière/


les maux et les cris / sur ton blog du salon des sonneries / ça sonne la larme/ au sommet de la peau / pour ce règle / tout vite / clos par la formule / au vert bouquet/ chantait « chanter une formule » / Occident avertit son oxymore intime/ mon option un petit budget et les données sont devenues insolites / insolites de communion aussi sur le fonctionnement / un petit millier sur l'insolite / communion sont de rire d'une leçon de rire / Lionel /sont de rire sûrement / lionel /pas de fric pour les punks donc / zombie / lumière / I Believe the news Today / icônes / filename / Chloé à Londres /l’amour /à l’ abandon / Jeff à St Petersburg /au ban / Ce que c'est nous qui sont /en générale avance au jour le jour le jour / le collège jouait aux soldats submergés / par les moules procurés / Sunday Bloody Sunday et les voir / ferrés les esclaves miserere/ et Milo comme un feu de soleil / légère sous sa plume / sur contenus indispensables/ futiles/ se libérait aussi de se passer dans ce présent / serment ce serment /ne plus toucher une arme / depuis ce fameux jour /en fourbir à nouveau pour la nuit / texte /le match de l'ordre de tête/ / soleil au sommet de la pompe pour soleil de la pompe au cœur/ Construit qu'on se sortit du paquet / sortie de couche sur outils de partis / sorties de France brune marchant aux régulations/ aux cerveaux érigés drapeaux / Mercis trop de bla-bla et immobiles font tous / Corps perdus/ Pute à caméras surveille le bruit/ où pouvais je ton son j'entends pas ?/ Casse de matériel / Le vent musique / La symphonie orage/ Dans le cul le doigt de plaisir caresse / Langue dans la bouche au vivant/ je recule donc je vous suis je change / rattraper son nom dans les bois/ réagir au plaisir l’œil/ bouger ton merci pour ton intime de rire c'est l'amour amour / notre fou de lire chaque jour l’impossible / comme si on prononce vite la vie /


Oxide d’amour/ Plantons des tulipes noires/ En désordre/ A suivre../ Sellig Nossam pour Hybride

Deux « Solennellement, je vous déclare perdant. » L'indice Pensable l'a enfin emporté. Le petit colonel s'en frotte les tympans et l'incrédulité lui déforme les traits. « Perdant, moi ? Jamais ! Restons sérieux, vous devez vous tromper. Je vous intime l'ordre d'aller tout recompter. Bloody Sunday !» Il crache une bordée de jurons en anglais pour faire plus distingué. Il tempeste, crascouille et caramboule le cheveu hérissé et la lippe dressée tandis qu'on lui bromure des bristules aux mollets. De façon informelle tout de même car on ne sait jamais avec ces excités. Des images de deuil lui brisent la volonté. Il plonge au royaume de Manqué mais avant de glisser, il prêtera serment quoiqu'il arrive de se repointer au moins dans quatorze ans. D'ici là profil bas. On rongera son frein loin, très loin. Entre les Bahamas et le Nicaragua. Il glisse sans points d'appui les poings levés dans un tunnel rouge lisse comme un brasier. Cerné d'insolite, il croise à la va vite un lionel, deux françois qui lui chantent en riant « Tiens toi mon gars ! Tu nous déçois » Tandis qu'un gros jean luc de derrière les fagots hurle à tue et à toi « Aux crocodiles le paria ! Qu'on l'oxymore au fond du Nil entre deux antonymes accrochés à un poids ! ». Et pendant ce temps là, la triste France d'avant-hier festoie en grande pompe, l'espoir en bandoulière et les mots en émoi ; elle prie l'océan de la fertilité que d'une communion de roses rouges puisse quand même éclore sous un soleil de bois des rameaux de printemps. Forestiers, forestières à vos sentiers, faut rester vigilant jusqu'au prochain tournant pour rendre au néant le petit colonel et son habit suintant. e


Semaine 18 : boom La récolte : Boom, sobriété, the Hives, danser, quand notre coeur fait, splash (X2), le tonnerre peut-être, dans la gueule, coeur, pilule, bombe, fantôme, mou, baudruche, cool, parasympatique

Les confitures Une Rêverie amère En plein cœur son regard m’a transpercé. J’ai le palpitant qui fait boom à tout rompre. Voilà qu’il s’approche… Une vraie bombe ce type ! Bon, faut que j’contrôle mon parasympathique, sinon j’vais défaillir. Je prends une pilule décontractante (je ne vous dirai pas laquelle) et j’essaie d’avoir l’air cool. Si c’est possible ! Dans son costume noir et blanc, il me fait penser à un chanteur du groupe the Hives. J’étais fan. Sans rien me dire, il me prend par la main. On commence à danser… langoureusement… Quand notre cœur fait splash ! Puis c’est le black out total. Réveillée par le coup de tonnerre peut-être, je me prends la réalité dans la gueule. Je suis affreusement seule sur mon matelas trop mou, pas encore remise de ma biture d’hier. Moi et la sobriété, ça fait deux. Tant pis, je referme les yeux et rejoins mon propre fantôme. Je sais que je ne retrouverai jamais le Mick Jagger de mon rêve. J’ai peut-être pas l’air, mais je n’suis pas une baudruche à qui on peut promettre la lune. Mes illusions, elles ont fait splash depuis (trop) longtemps. Myriam Loriol

Deux Quand notre coeur fait boom boom boom sans raison apparente, c'est que nous avons des palpitations, pour utiliser le terme médical approprié. Sauf erreur, vous n'avez pas dansé au rythme des Hives avant de venir ? Vous n'avez pas non plus entendu d'explosion de bombe ou de baudruche ? Un coup de tonnerre peut-être ? Un splash bruyant ? Non. Vous êtes-vous pris quelque chose dans la gueule récemment ? Avez-vous vu un fantôme, que sais-je... ? Non. Donc il va donc falloir prendre des pilules. Je vous recommande aussi de faire preuve de sobriété le temps que votre système parasympathique se rebooste. Il est un peu mou, et il faut y aller cool quand c'est le cœur... Sophie T. Sellig Nossam pour Hybride


Trois de si beaux … boom ! de si belles … splash

!

de si beaux decibels … et le tonnerre peut être … boom splash ! quand notre cœur fait fantôme... boom ! quand notre cœur fait mou ... splash ! mourir dormir danser peut être

...

boom splasch ! gonflé comme une baudruche ... splash ! allumé comme une bombe ... boom

!

une pilule dans la gueule peut-être … boom splasch

!

musique ta ruche comme the hives BZZZ boom être ou sobr…i…été splasch ton parasympathique cool... qui fait crack boom hue... crack boom hue... crak boom hue... encore…. crak boom hue... sellig nossam pour HYBRIDE


Quatre

Homme qui se fait exploser de Seizo Tashima, 2003 – collage de graines de magnolia

Nos cœurs barbelés étriqués lyophilisés sachets de thé bon marché qui bombent du ventricule pour mieux se défausser troquent bien trop souvent le sang frais du désir contre un plaisir cello-fané. Du boom voyou au splash tout mou, de l'énergie des Hives au ronron marketé, nous baissons la garde sous les coups du temps et encaissons des caissons sensoriels isolants. Désolant... Risque bisque rage orage et désespoir du plat pays qui nous anesthésie. Quand notre cœur fait l'autruche, la tête dans le sable de l'oubli, le cul en baudruche et la sobriété en guise de barrière-bannière, il est grand temps de se lever. Les pilules de la félicité sont difficiles à digérer pour nos parasympathiques qui tiquent à se raccorder sur de communes idées. Des images idylliques se décollent et tombent en bruine. Il est grand temps de se lever. Un coup de tonnerre peut-être dans les artères nous serait enfin salutaire. Effet kiss cool inversé. Un coup de sang frais, un coup de chaud beau, boom dans la gueule de la mort lente... Et haro sur la fantômisation des gentils ! Il est grand temps de se lever. De dire non, oui, de se secouer. Il est grand temps de réveiller nos cœurs et corps encore effort et forts de tous ses désirs comprimés. Il est grand temps d'aller danser les pieds dans la terre et la tête en frai. e


Semaine 19 : couvre-plat La récolte : couvre-plat,serrure, couvre chef (X2), cloche, démocrate, vrac, formica, changement, ouvre-boîte (X2), politiquement correct, chef, victoire, plaie, œuf-de-forme, quelle odeur ?, soupape, forêts, chapeau bas, platitude

Les confitures Une

têtes à têtes – e Une chape de formica sur les bras, la tête en vrac et les idées serrurées. Quel douloureux réveil... A rester politiquement correct ménageant l'éléphant, la souris et le banian sous une même cloche, le bon démocrate technocrate socialocrate un peu socrate s'était pris les pieds dans le tapis. Le nez en plaie, le crâne rustiné, ce pauvre chef sans couvre-chef aurait semblé bien amoché. Ce n'était plus d'un changement ouvre-boîte mais d'un bouleversement jeu de massacre dont aujourd'hui il s'agissait. Quelque chose s'était infiltré, immiscé dans les rouages du passé. Et partout ça ripait, vrillait, craquait. Des coups chaotiques tordaient le cou au bon sens bien de chez nous. De la forêt de bras tendus qui l'avait porté vers une victoire sans soupape, des voix s'étaient levées pour s'indigner et proposer autre chose. Il fallait tout réinventer, changer les mots maîtres, aérer les têtes. Elle était pourtant à portée la belle idée du revenu universel. Donner à chacun les moyens de sa liberté par un revenu permanent pour choisir vraiment son travail plutôt que l'inverse : un travail pour obtenir coûte que trop coûte un revenu pour subsister. L'argent flux facilitateur d'étendue resterait ainsi à sa place. Il avait hésité, mais trop frileux n'avait pas réussi à découpler les mots liés depuis tant d'années. Travail, argent. Comment allait-on mesurer la valeur de ceci et cela sans le maître étalon argenté ? Il aurait pu, il aurait dû...


Depuis il naviguait à vue dans les décombres de ce choix de monde. Il en avait plein le nez de l'odeur du brûlé. Et quelle odeur puanteur que celle des états où le fascisme montait... Et l'on continuait malgré ça à faire chapeau bas à des cohortes de banquiers, la tête en œuf-deforme, qui nous construisaient un avenir métal et couvre-plat. Il rêvait parfois d'altitude, de grands sommets, de canopées. Pour respirer. Et des hauteurs de ses mirages, il contemplait consterné la platitude de ses idées. e

Deux

cloche couvre chef plat - sellig nossam une drôle de petite voix m'a réveillé. Elle disait: - S'il te plaît... écris moi un texte avec : couvre-plat, serrure, couvre chef (X2), cloche, démocrate, vrac, formica, changement, ouvre-boîte (X2), politiquement correct, chef, victoire, plaie, œuf-de-forme, quelle odeur ?, soupape, forêts, chapeau bas, platitude je n’ai pas trouvé le moment car j’écrivais à propos d’un papillon… Et il me répéta alors, tout doucement, comme une chose très sérieuse : - S'il te plaît... écris moi un texte… J’ ai trop de travail cette semaine, je n’aurai pas le temps Alors j’ai mis tous les mots sur une feuille et j’ai écrit : couvre-plat sur la deuxième que j’ai collé sur la première... Et je lançai: - ça c’est l’assiette, le texte que tu veux est sous le couvre-plat . Au revoir petit rhizomots

sellig nossam pour HYBRIDE


Semaine 20 : fou La récolte : fou,joujou, furieux, folle, dirigeants,chimère,du roi,reine, toi même, psychiatre, foo man chu, inouï, lard, simplicité, cleptomane, d'ailes

Les confitures

Dessin de Mordillo - j. Guillet

Une C'est un bruit d'ailes qui l'avait réveillée. Oh ce n'était pas la première fois qu'elle s'endormait en attendant la fin de la cuisson de sa "Chimère du Roi au lard fumé". Cette recette d'une simplicité biblique – qu'elle avait créée après avoir lu les trois premiers tomes du roman-fleuve "Le Psychiatre cleptomane", où le personnage de Foo Man Chu apparaissait dans le rôle d'un espion déguisé en cuisinier fou furieux (mais génial) – lui avait valu un succès inouï et une réputation totalement folle de reine des casseroles. Hélas, la cuisson de la "chimère" était tellement longue qu'une torpeur la prenait régulièrement après la 25ème heure. Cette fois, ce bruit d'ailes l'inquiétait, quand même : est-ce que par un malencontreux hasard la chimère ne se serait pas carapatée de la casserole ??? Et elle, la "reine des casseroles", n'était-elle pas devenue le joujou impuissant des dirigeants de la multinationale qui importait en contrebande les chimères de Mongolie-Extérieure ??? Et en fin de compte, n'était-elle pas en train de devenir folle ??? Soudain, elle ouvrit les yeux. La faim la tenaillait. Et sur sa Remington portative, la feuille mal accrochée frissonnait sous le vent de la fenêtre ouverte. Bruit d'ailes ??? Bruit d'ailes toimême, espèce de folle, se dit-elle, en reprenant son article sur le cuisinier fou du nouveau restaurant versaillais qui créait le buzz : "La Chimère du Roi" Sagiterra


le Cleptomane Rouge - Ridha Dhib

Deux En 1977, le mot folle s'est collé à mon front. Bien au milieu. Juste au dessus de la ligne des sourcils. Comme une main indélicate, il s'est mis à presser mon cerveau éponge en tous sens. Images et pensées ont été expurgées avec une violence inouïe ; mes mondes s'écroulaient, s'écoulaient en torrents furieux, giclant sur les passants et noyant d'acidité tous ceux qui m'entouraient. Je mutais en Kali, reine de destruction, nourrie au lait des pleurs d'autrui. Ma mère surtout en fit les frais. Elle restait mon joujou favori. Et l'on joutait au « toimême ! » à grands coups de fiel. Invariablement, c'est elle qui craquait. Moi je ne sentais rien ; fortes de mes douleurs, j'excellais en méchanceté. Le fait de la voir pleurer, seul, m'apaisait. Triste vase communiquant. Démunie, harassée, elle redoutait plus que tout l'hérédité. Faut dire qu'elle avait donné avec un père fou terré chez lui de l'annonce de la seconde guerre à la toute fin de sa vie. Il s'enfonça dans la paranoïa comme un hérisson en hiver s'enroule dans son gras. Lardé de peurs, il tentait régulièrement de sauter dans un meilleur au-delà. Baladé de psychiatres en


sorcier, foo man chu et autre féticheurs, il fut électrochoqué, chimioterrorisé et devint antitout jusqu'au cou. Dirigeant ses rancœurs sur l'extérieur, il vécut bardé de chimères, cleptomane de mauvaises idées, rogneur d'ailes, la rancune tenace et le verbe vipèrin. Du roi d'antan sur lequel ma grand-mère du haut de sa simplicité levait un regard fervent, il ne resta rien ou alors bien caché. Quant à moi, je me sentais damnée, condamnée, mal génomisée invoquant en secret un poète de l'ADN qui pourrait réécrire sur mes spirales embrouillées le mot vie en plus gros. e

Sellig Nossam pour Hybride


Semaine 21 : logique La récolte : logique, île (2X), syllogisme, arithmétique, jeu, gigue, claire, floue, échec, rationnel, capable, fou, évident, contrarié, sensible, pensée latérale, toto, énigme, ça pique

Souad Mani

Les confitures Une « Hic et Nunc » : notre logis que nous le vivions ou non et quoique nous fassions. L'implacable boîte à rythme éthique met en jeu nos relations espace-temps. Sensible question de l'instant. Et tant que la gigue s'agite en nous sans trop gîter du flanc, l'énigme du temps perdure. Perdus dans le flou du devant et le clair obscur du dedans, nous échouons parfois sur une île plantée de dattiers aux fruits rassurants : 1981, 1985, 2000, mars, avril... Petits et grands piliers ou pierres de gué, ils nous aident à traverser les rizières desséchées. Désastres annoncés, échecs répétés, évident contrarié... le rationnel se fait la belle jusqu'à ce que nous soyons enfin capables de pensées latérales, de regards en biais. Histoire de reconfigurer tout à l'aune de la nouveauté. Ce monde est un rêve parmi tant d'autres. Pourquoi ne pas tenter d'en changer ? En plongeant en apnée, hic et nunc, vers ces territoires submergés de syllogismes entêtés. Et aérer, rafraîchir, fléchir sans arracher, juste pour la souplesse et le geste et la geste. Et raconter, conter, sans compter le temps gagné à l'étirer gracieusement, sans vérité universelle ni salades existentielles. Et tant pis si l'on nous traite de fous. Toto, ça pique encore le réel ? Pas si tu le caresses autrement. e


Semaine 22 : entrouvrir La récolte : Entrouvrir, surprise, s'immiscer, espagnolette, davantage de générosité, intimité, rai, de décontamination, cuisses, échange, clin d'œil, lire, interstices, ouvrir l'antre, soleil, feindre, lumière

Les confitures

Richard Morice

Une Mode d'emploi : 1) Lire le (mode d'emploi) 2) Chercher les interstices, le moindre rai de lumière prouvant que "quelque chose" vit là, à l'intérieur. 3) Compter sur les muscles des bras et des cuisses pour escalader la muraille de détritus masquant l'entrée. 3bis) Parvenu de l'autre côté, entrouvrir l'huis, s'immiscer par surprise, feindre l'erreur de parcours. 4) Une fois admis dans l'intimité de la bête, tout en esquissant un clin d'œil facétieux, tourner l'espagnolette de la fenêtre pour ouvrir l'antre, y faire pénétrer le soleil (« let the sunshine… etc. ») et surtout un peu d'air pur ! 5) Une phase de décontamination sera évidemment nécessaire, mais qu'importe, l'essentiel sera fait, la paix sera en route.


6) Faire, enfin, preuve de davantage de générosité au cours des échanges, seule condition pour la pérennisation de la trêve. Sagiterra

Deux

l'atelier - Ridha Dhib Ouvrir l'antre de l'entre deux sas de deux contaminations entre toi, moi, soi, espèces d'espaces râpeux joyeux où le soleil n'entre pas comme ça langues de chats à chas bien viser pour s'immiscer, gouleyer en gourmet Et blatérer nos chats mots d'intimité puis danser dans ta voûte sombre palatine, gothique, ton palais ogivé à farfouiller de la pointe du mou je me doux sous ton ciel d'église je papille rien que d'y songer oh j'y vais...


Intersticiels un rai de lumière en lisière entre gencives et dents rouge sur blanc, tout foutre quand ! Déroulés de langues pour mieux se prendre s'éprendre, sans prendre lumineux préluminaires échanges spongieux entre presque dieux clin d'œil temps mieux pas de risques d'annexion ce que j'ai tu as pas à prendre mais en tendre entre tendres entre ouvrir et fermer qu'est ce que sait ? une espagnolette violette à la place du cœur entre-baillée, rarement fixée jouir d'avantages de générosité et laisser passer, laisser filer sans heurts comme un souffle léger entre deux mottes de beurre décor chaleur, huile sur peau des corps bâveurs, escargots trot et galop sans ergots échos d'egos, dos à go, go, go, gôôôoo les cuisses relâchées sur ton oreiller à l'ombre des montres cassées tout le temps de feindre de lire à l'envers sous tes lèvres vernissées d'ici, oh surprise... deux trous de nez deux trous d'air ascendant aspirant qui m'attirent vers tes levants sirènes de léviathan je tant tends, en faim, sans satiété je t'entends... deux mains en corps je t'entendrais... e


Trois

sellig nossam pour hybride


Entre ouvrir et entrouvrir il y a entre... Entrer dans l’antre ou ouvrir l’antre et rester à la porte... Alice, trop petite à la fiole ou trop grande au biscuit, vision ou présence à la Clef. être "ouvrir" au seuil... Apercevoir ou voir... la lumière venant de l’endroit ou allant vers l’envers... après ce voir : l'aura. C’est seul on. S’immiscer parmi tous ou hors de soi... Par l’entrebâillement du sommeil s’insère le rêveur, porte à faux du vrai réellement songe. Alice près du passage, est un point d’équilibre Danse des entrechats sur des entrelacs entrelacés Par chance elle chancelle, survole ou plonge... Dans la nuit, une fenêtre sur jour, Dans le jour un soupirail d’ombre, fraye l’étroit détroit entre les mers secrètes. Frontière au visage de demain. À un moment volé, l’espagnolette cherra. Début de décontamination du désenchantement. Promesse d’un monde qu’on devine plus vaste que l’éphémère de ce qui se dévoile. Et sous ces voiles une intimité soupçonnée de toujours, sue mais insue,


profonde, révélant d’avantage de générosité. l'or de l'entrevue dans l'antre voir... Par l'orifice, se Glisse le regard d'Alice. Alice sait lire dans les interstices, et surprise par un rai de lumière sur la raie de ses fesses, clin d’œil du soleil, rê, Alice, sans feindre l’insensible A cette entremise ouvre ses cuisses comme au pénis comme l'œil à la serrure comme la porte à la clef elle échange fioles et biscuits, fentes et tailles, connu et inconnu, ça et surmoi entre émois, entre l'arbre et l'écorce au pays des merveilles entrouvert. sellig nossam pour hybride

sellig nossam pour hybride


Semaine 23 : évanoui La récolte : évanoui,cœur, vapeur, exsangue, courage, mouvant, pommes, ivanhoé (X2), Milou, vagal, épilepsie, épanouie, blondes, Eve a nui, sels, douleur, mirage, consciencieux, arborescence, brume

Les confitures Une

Traversée - Anonyme A l'encontre du nouveau monde, son écharpe sur la tête. Les plumes du ventre recourbées, sa tasse à la main, elle contemple encore une fois la douceur de leur situation. Amenés au sol, les deux étendards de corps, lui encore endormis, aux milliers de lumières électriques, la peau vagale, blanc, ocre, éléphant, les bras à l'os d’ivoire. Le bas du dos à son coté. La chaleur coule. Rien. Je ne suis rien. Et la douleur s’évanouit. Encore une pensée. Elle aime. Reste. Humide bruit d'un châle plein. Arborescence contractée. Molécules de bruit rayonnant, seul l’arrêt du temps semble convenir aux vapeurs de ses songes. Il n'y a rien, se répète-t-elle. Rien qui ne puisse ensevelir un esprit, mis à part lui-même, pour un moment exsangue, mais juste sans cesse à la nouvelle possibilité. Il n'y a rien pour moi. Ultime étrangère. Il n'y a rien pour elle-même. Alien à son propre mirage, elle vomit. Perte. Brume. Souffle. Elle aspire et regarde. Les mains sur le trottoir, la hanche enfoncée dans son jean, ses cuisses sont chaudes, ses cheveux semblent mouillés des larmes qu'elle a oubliées, elle regarde au loin le brouillard, de ses yeux perçants, la force de ses épaules, il n'y a que lumières, les pas d'un homme et les mouvements fous d'entretiens en paniques. Les autres sont en fête. Ho toujours. Peut être à même le sol. -K?


- Oui. merci. Il ne dit rien. Moi non plus. Cette femme au fond. Elles se regardent, visages arrêtés aux mots d'une conversation. - Milou. Ivanhoé. Toujours rien. Voici mon cœur. La main en sang. Attraction. A la blancheur de sa peau résonne le noir emprunt, aucune blonde, aiguisée, elle enclenche son visage. Silence, encore silence. De quelle vie s'est-elle habillée. Courage utile, visite guidée pour être, au guet du risque. Vodka ananas. Épilepsie. Elle constate l'oubli, devenant quelqu'un d'autre comme la couverture d'un nouveau livre. Abrupte. La nouvelle Eve a nui en ces lieux. Elle attend. Des pommes sur le bar. De rien. Elle croque. Il sert des shots de vodka, mouvant de l'un à l'autre, lui passant devant. Elle ne sent rien. Elle ne veut rien, sentiment consciencieux de rejet permanent, la sonde d'une émotion vient de s’écraser à nouveaux. Il n'y avait rien ici. La chaleur l'assoupit, elle mort sa lèvre, se lèche le bras. Sels. Un goût lui montre une différence. L’idée s’épanouit en elle, il vient de se passer, un rien pour le monde, à nouveau elle regarde. Lars Madson

Photographie extraite de la série "Passages", 2010 - Maite Soler


Deux « Eve a nui à Ivanhoé » Le message était énigmatique. Milou, consciencieux, tournait et retournait la lettre dans ses mains, se perdant dans l'arborescence des possibles… Le message venait-il d'un corbeau ? D'un plaisantin ? D'un malade mental ? S'agissait-il d'un message codé de la dernière guerre, brutalement ressurgi au hasard d'un décès de centenaire ? Toujours est-il que la lettre, anonyme s'il en fut, avait atterri sur le bureau du commissaire divisionnaire, et en fin de parcours, sur son bureau à lui, Emile Blondes, dit Milou, avec mission pour lui de démêler les fils de cette énigme. Des heures qu'il frôlait le malaise vagal avec cette histoire. Il reprit un doigt de pure malt, histoire de se remettre le cœur à l'ouvrage, mais les vapeurs d'alcool semblaient former une brume dans son cerveau. Prenant son courage à deux mains (en plus de la lettre…), il décida d'ouvrir la fenêtre, mais une douleur brutale le cloua sur place, et il tomba dans les pommes. Quand il se réveilla, exsangue mais lucide, un mirage mouvant se déroulait devant ses yeux : Eve (oui, en personne !) le regardait en souriant, un flacon de sels d'amoniaque à la main. Ou démoniaque… Il ne savait plus : «Ces trucs-là sont diaboliques», songea-t-il. Ivanhoé (c'était bien lui aussi !) couvait Eve du regard, les yeux braqués sur ses rondeurs épanouies. « Non, non, ce n'est pas une crise d'épilepsie, il s'est juste évanoui », déclarait la bouleversante apparition. « Il est probablement surmené, ces gens du XXIe siècle ne sont pas résistants » ajouta-t-elle, avant de conclure : « En tout cas, notre petit canular lui a fait de l'effet. Mais je m'en voudrais s'il ne devait pas s'en remettre, regarde-le, il est trop chou… » Milou, anesthésié par le trop-plein de Glennlivet, avait renoncé à réagir et, un pouce dans la bouche, décidait benoîtement de se rendormir sur la moquette de son bureau. Il annoncerait plus tard au commissaire le résultat de ses investigations… Sagiterra


Ridha Dhib

Trois Paumées, pâmées, perdues, envolées, disparues... plus d'idées. Rien et rerien. Le cœur sans vapeur se ratatine dans un loin. Langue en berne, les derniers mots désertent le palais. Tout se tait. Pourtant, hier encore, derrière la brume occipitale, on distinguait vagalement quelque chose ; un semblant de pensée, un sursaut de vie neuronale, un faible signe d'épilepsie, un rebond labial... Mais non, aujourd'hui, le calme d'un fil à plomb couché sur l'horizon. On en viendrait presque à chercher une douleur quelconque pour réveiller les tissus endormis. Pâmé, passé, perdu, envolé, disparu. Un bric à brac d'images en vrac, ternes et sans frac, filtrent sous les paupières : Ivanhoé deux fois, allez savoir pourquoi ? Milou en mai sans son chien, et tintin pour ses coups de langue, exit le rouquin exsangue qui s'épanouit dans l'impunité de son racisme congolais. Pomme de discorde entre Mondondo et Hergé. Mais à part l'aparté, rien de bien consistant. De l'évanescent. Juste les trouées d'un cervelet percé de fumées blondes. Vide à pleuvoir. Juste assez fort pour tout noyer sans irriguer ce qui pourrait peut-être germer avec un filet de courage. Cette pluie stérile déshabille les sols de leurs sels fertiles. La conscience s'essuie l'essieu sur le gravier et crisse son innocence. « je n'y suis pour rien dans vos lourdes plongées ! Et puisqu'Eve a nui nue en croquant ce que l'on sait, je n'étais pas encore née avant la culpabilité ». Chère chèvre émissaire sacrifiée sur l'autel consciencieux du prêt à penser sans dépenser trois sous de nos propres pensées...


D'aparté en aparté, nous apartirons bien quelque part. Sur une aire à l'arborescence faiblement neuronée où clignoteront deux petites synapses fatiguées. Un mirage d'idées tremblotant et mouvant sous le fil à plomb. Ouf, ça y est, ça pousse, trémousse, je tiens enfin quelque chose... mais à peine saisi déjà reparti. In-ouï. E-va-nou-i. Et le silence qui sucre glace encore la page... e

Quatre

Sous l'haleine de l'hiver - Etang de Comelle – e

Ainsi donc bientôt évanoui/ Le cœur cœur / Les rhizomes irrigués/ La vapeur vapeur mouvant la locomouvante/ Ainsi donc bientôt exsangue l’arborescence des essences/


Bientôt flagrance puis flagrant souvenir/ Ainsi donc, donc, donc, un petit contour et puis s’en vont/ Ivanohé une fois/ Ivanhoé deux fois/ Puis brume du courage sur la plaine abandonnée/ Des arbres en connaissance/ Des champs d’expérimentation/ Un ciel au front radieux/ Des yeux clairs au jour d’huis/ et tout s’évanouit/ On oublie le visage et l’on oublie la voie/ « Que sont mes amis devenus »/ « Dit tu, dit tout dit vous puis tus »/ Les pommes d’Eve à nuit, d’ivresse à caresser sous la lune, « mais pourvu qu’elles soient douces », à croquer blondes au soleil, jusqu’au surexposé magnétique / Jusqu'à l’inouï jusqu’à l’Eve inouïe qu’on écoute au crissement des cigales/ jusqu'à l’évanoui/ L’apparition en suspension/ Éblouissement/ puis évanouissement/ Et Milou en malaise vagal devant l‘épilepsie de Tintin qui voit sa jeunesse éternellement s’évanouir de 7 à 77 ans/ Hallucination/ Distordre la balance des blancs jusqu’à cramer l’image/ et fume tes blondes/ baise l’épanouie Eve à nuit/ met l’Adam à jour/ Ceux de sève/ Pas sel de vous croyez/ Ceux de vous voyez/ Ceux de vous touchez/ Des mots échangés entre douleur et douceur et couleur du mirage/ Encercler la palpitation d’un visage/ Bord/ Abord/ Immédiat/ Main tendue dans la douceur du silence par dessous les paroles/ Et des essais d’issues du su /


Des craquements du tissus du vu/ On voit bien qu’on se voit/ Puis tout s’évanouit/ L’évanoui marche parmi les évanouis/ Touche les coulés et cherche l’éveil/ Inspire et expire / Parmi tous / Qui toussent / et s’évanouissent/ Dans un consciencieux rappel au désordre / Mon père jeune qui court à contre sens / Puis s’évanouit/ Face à face de biais/ L’acmé/ Un regard est changé et retour/ En clin d’œil, l’œil un instant/ Puis s’évanouit/ Ma mère est belle à jamais/ Beauté en touche mon amie la rose/ Mais en vrai par défaut/ Le chapeau de la cime est tombé dans l’abîme/ Rayon du surgel à la galerie je ne farfouille plus/ Ceux de sel en esprit / Disparition dans l’évanoui/ Du fait du c’est pas sûr de l’absence ou présence/ En somme/ L’apparence de la parenté/ Plastique/ Animaux inanimés amis mais ni âmes ni émoi / Rencontres en nos corps azéotropes / Volatilisées, les spectrales du froid dansent tentant un coming-out désiré/ Dante d’antan est dans ton temps dans ton commerce/ Dans l’évanescence chimique / La glace fondue fait fondre les statues de sel qui fait fondre la glace /


Brume ce soir à là nous irons/ Evidence / La Maya rêve au « l’eussions nous pu si … » Un pussy cat pâmé sous la lune de Cheshire au sourire nihiliste. Nocturnes prises de rendez vous/ Et diurnes batailles ou coït en sous venir / puis évanouissement/ Ma vie et ton truc à la gomme Et passé effacé/ Evanoui/ sellig nossam pour HYBRIDE

Semaine 24 : insu La récolte : insu, souffle, secours, un sou est un sou, déçu, supplément d'âme, équilibrant, poursuite, occulte, linoléum, line, portables, deux sous, conformément, liberté, in situ, plein gré, mon

e

Les confitures Une A mon insu, un jour il su... Il ne fut pas déçu ! Quand souffle le vent, au soleil levant, c'est un vent de liberté, qui sonne l'heure du thé. Longtemps occulté, ce désir de thé... Elle a lutté, terrorisée à l'idée de devenir la risée, d'en rider, et se débrider... Céder et briser le silence ? Au secours, non, pas de mon plein gré !


Elle a fait jaser... Elle a même failli se faire chasser d'ici... Un sou est sou ! Mais va, Line, pour tes dessous, deux sous ! Et les voila bras dessus bras dessous... La scène se poursuivit in situ, sur le linoleum, après une tasse de thé partagée... Certains pensèrent : Quel supplément d'âme, ce Vandamme ! Un gentleman équilibrant ! Mais vous connaissez la suite de l'histoire de votre épouse, cher John Portables... Sophie T.

Deux

Raymond Celle 2011 - photo e


Grand âge Insu la perte de celui ou celle de quelque façon qu'elle advienne Insu le lent recul de l'être qui s'éloigne à rebours des jours Insu le voyage à l'envers à la vitesse de la lumière quand ce qui s'éteint s'accélère Insu l'éreintante difficulté du moindre geste soir au matin quand deux sous d'énergie coûtent plus que pain quotidien Insu l'humiliation du secours à sa vieille carcasse qui fuit par bouts et trous Insu les sous, déçu dessous, toujours plus sous, de gueule de bois mais sans ivresse un sous est alors bien plus qu'un sous tant l'écart entre les marches précipite dans l'endessous. Vers ces caves fétides qui sentent trop mauvais et demandent à autrui de se boucher le nez pour supporter au propre comme au figuré Insu le beau supplément d'âme à convoquer pour continuer sans s'enliser dans l'animosité Insu la poursuite continue du projo de la Camarde. Ce toucher de lumière noire, conforme aimant déséquilibrant, bascule impassible impossible à occulter, difforme amant aux baisers de sang si peu frais, liberticide acidité Insu la joie qui se tait dans un corps glas sonné Insu la fuite du plein gré Insu l'in situ de l'après Insu la première nuit sous la pierre et l'avenir poussière et le sable et l'écho des mots avalé par le sirocco Aline, mon silence, ma vie, ma joie allongée sur le linoléum soudain trop froid derniers alinéas Insus insupportables souffle, souffre, soufre derniers ça y est, ça y est je me tu noie, noyé et... noir e


Trois

Sellig Nossam pour Hybride Un sou est un sou. C’est ce qui se dit. Et c’est censé être su. Et c’est su. C’est un souci si c’est ça le censé standard sous-jacent, ces sous si peu souples, et ces sûrs sans saveurs… mais est-ce si sûr ? Si ceci est su, de quel source l’est-ce ? Et sous quels cieux mécontents assesseurs de quels contentieux ? Mais un su n’est pas un su si ce su se sait sans que je sache par exemple si c’est sûr. Si à mon insu, je suis ces sus par bienséance, conformément au si saint savoir de cité, comme si ces sus sans ça voir et sans ça sentir suffisaient…


De même deux sous ne sont pas dessous si deux sous sont dessus. Ça c’est sûr et se sent aussitôt, simplement de façon sensuelle, les sous sous et sous sur. Ceci dit c’est selon : Si ces deux sous du dessus sont ceux dessous deux sous d’encore au dessus, mais ceux-ci insus, à mon insu, ces deux sous sus cités, par séisme sourd des superpositions, sabordent avec succès la certitude de l’ancien ordre suscité par le fallacieux su. Au su de ces deux sous supérieurs, le su de statut de cime des deux sous dessus et celui de seul soubassement des dessous des deux sous se fausse en ces strates basses falsifiées et de surface mal assurées. Et ceci rend le su faux et ce su faux suinte d’insu qui sourd. Seul le su sûr est su, mais qu’est-ce que le su sûr ? Ainsi un su est un su si et seulement si un su est un “c’est sûr “. Donc un su égale un su si et seulement si un su égale un “c’est sûr “. si un su égale un “c’est pas sûr” alors un su égale insu. soit : soi un, soi in et su en dénominateur commun (pas comme un ou in) donc : un = in si un = c’est pas sûr et un = un si un = c’est sûr donc un = in – pas = c’est sûr ou un + pas = in un su pas = un su et ainsi on sait que un su est “c’est sûr “ et on signe. C’est son essence c’est son corps c’est ainsi son physique au su d’être sûr. Son, pas sa, comme on dit ton pas ta, physique. Cqfd sans s’appesantir. Ce n’est pas occulte ces recherches d ‘équilibre, dans le beau su des maths.


C’est jeter de mon plein gré des dés dans un sens, au secours de la poursuite d’un exercice d’essai de sens aux « un sou est un sou » voire « deux sous » de monnaie, (voir ci dessus) mots nés de insu au rhizomots. S’équilibrant sur le sens et le son (ce n’est pas insensé si chaque son a son sens et chaque sens à son son, en un sens) sensoriel ou non, par non sens ou sinon par sens ou sans dessus dessous sans interdit. On insuffle au su un souffle de liberté en le rendant insu ou surtout en rendant échu son su cherchant à ce que l’insu sorte. C’est un choix. Jusqu’à l’insupportable qui nous excite et nous transporte vers « l’exit » Le sens cherche ses cessions . Ceci explique cela. Le su fixe sauf exception… Car le convenu (pas forcément le premier) le préfixe. C’est l’inconvénient, ou un pas convénient selon les égalités électives (voir plus haut). Alors qu’avec son préfixe in, l’insu défixe pour ainsi mal dire. (un si mal dire permet pourtant de si bien dire) Défixe. C’est à dire délivre du fixé. Dé dans défixe comme préfixe est comme in dans insu, mais sous entends un préalable de l’existence de l’action du verbe, qu’on inverti comme pour fixe, quoi que in aussi, ici, en ceci, inverti, part en contresens et sous entend un sens premier pour ce sens second. Sens portables. Mais à l’inverse de pré dans préfixe qui sous entend une existence postérieure de l’action (on ne dit pas postalable et c’est bien ainsi) dans le précis de ces suites du su fixe ou mouvant et mutant, consumé en somme, survient l’insu surpris au sextant comme dans un ciel scintillant, dais d’un autre jour de sens sensationnel, dans une nuit bizarrement obscurantiste du su ou cru su, sillonne un sentier serpentant en hors su vers une sortie du je sais sis, vers un zénith de sécession avec à l’horizon des nuages aux protéi-formes insues et enfin sans limites ; C’est ce souffle dans les voiles dévoilées et l 'humide suage du vaisseau « Liberté » quittant le port de la pensée préfixée, c’est ce souffle que le dé dans défixe délivre aussi. Sculptant de son sillage l’océan des songes et sondant les secrets, cerclant ses îles aux oiseaux de désir aux douces ailes de danse Et l’Insu comme issue qui ressuscite au large un insigne sursis du sensible au sensationnel, sifflant de ses sirènes à souhait,


Que cet insu là soit, si l’insulaire de ces iles se sait seul en son sein et sait son savoir ceint sur ce sol s’il ne suit ces missions d’essor de sortie dans l’insu, Que l’insu soit l’essentiel soin d’un essaim d’essais essaimant à dessein dans les sciences in situ, L’insu comme la Mètis d’Ulysse au service du sans fin pour un rusé Sisyphe heureux, Mais seulement si cet insu n’est pas l’insu des censeurs et leurs censures, l’insu sacré et saint, insaisissable et inaccessible par principe , synthèse fixiste au soir du savoir considérée comme « un su de l’insu » par soumission par ces cons sidérés. Le dé livre le secret insu que c’est hors du su des livres que l’insu passe. Et que l’insu porte. Comme le su met dans l’impasse et sournois susurre de cesser. Le dé assume en écluse le passe-passe du visible dans l’invisible. Avec in ou sans in. Presque in ou out visible. Si c’est vu et su ou insu et occulte. À un poil ou un cheveux près. Le fil blanc distingué difficilement du fil noir au soir sombrant. Le dé est lancé avide au hasard. Le Dé du jeu est il encore préfixe et sous-entend-il un lancé précédant le dé lancé ? Un lancé déçu ? Comme lacet le délassé. L’ A privatif décrit-il un vide si l’avide n’intervient ? Et l’asart, l’attente en mur blanc pour les arts…? Si un supplément d’âme hasardeux n’y signe ses facéties d’artiste, dessins, esquisses (exquises (sic)) , et s’il n’acte en défi au 6x6, au pinceau et ciseaux ou sur scène, en as des art, des jetés s’aidant au hasard en passant, de l’ascèse et des excès, des yeux, de ceux des cieux, du sexe, des saints et des seins suçant la sève et les symboles, oubliant la cote on line et les critiques des critiques, candidats artistes déçus, s’encensant suffisants par cent sans ciller, tapis sur le linoléum du zoo des galeries qu’on dit d’art et des halls des in et off des scènes certifiées. « Je t’ai aidé, sois hors les murs ! Cesse cette session… Liberté du jazz. Ça su fit. L’insu fera ça... » sellig nossam pour hybride


Quatre L’insu souffle au secours de “un sou est sou“ et déçu je cherche un supplément d'âme équilibrant la poursuite occulte sur linoléum ou on line sur portables, deux sous en poche conformément à la liberté, in situ, de mon plein gré. sellig nossam pour Hybride

sellig nossam pour HYBRIDE


Semaine 25 : tussor La récolte : tussor, abolition, trous, tu dors, par la porte, trousseau, d'ici, je rentre, et la sœur, in situ, ordinaire, rugosité, sortie, aura

Les confitures Une

Hélène CORÉ s'approprie la photo de "Elle M'aime" de Souad MANI pourquoi ces fraises ? par quels trous ? je sens cette odeur ? sous ces drapés de tussor, tout de suite c’est cette odeur qui me vient. Et cette couleur et cette chair écrasée de la fraise. Et la soeur en émoi dans ses tissus de soie comme un trousseau inadéquat


autant que celui de ses clefs fait une sortie par la porte et demande l’abolition de la chasteté… L’aura du diable valant mieux qu’un tiens l’ordinaire je tente cette tentée et je me glisse sous son tussor, je rentre dans la rugosité d’ici, par tous les trous, pénétrant confesseur dans sa sortie d’in situ en lui disant : Tu dors ?..... sellig nossam pour HYBRIDE

Deux

Tussor de l'ombre, et j'aperçois l'espace d'un matin • e Un fin duvet sur la langue, comme une ombrelle sous laquelle les mots craquèlent et se fêlent. Un tussor dénoué dont les fils s'emmêleraient. Tu dors, je me tais. Et le flux est rompu. Qu'est-ce que c'est ? Ton souffle ou mes pensées ? Obsédant bégaiement de l'être farci de néant qui se prend pour un océan. Grumelés de rugosité, les mots roulent en boule sous le palais et se figent en rocher. A défaut de sortie, ils se replient, replets de leur polysémie. Ils tirent à vue d'insolites sonorités par la porte d'entrée. Bouches bées, l'auditoire ordinaire consterné n'y reconnaîtrait plus ses petits. Car il faut savoir écouter dans les trous du sens, l'essence volatile de ce nouveau parler. C'est une ribambelle de sons soie sangsues décousus qui ne vous quittent plus dès qu'ils sont


entendus. La fameuse ritournelle. Obsédante répétition qui martèle jusqu'à la confusion. Jusqu'à l'abolition de toute évidence. Les références fuient et les mots déplacés en perdent leur passé. Je les entends pour la première fois sans savoir quoi ni vouloir plus que ça. D'ici je les vois vibrer, rebondir, rocailler, s'échouer puis repartir. Ils entrent en transe et je rentre avec eux. Ils m'offrent leur virginité et je danse leur nouvelle cadence ; des trousseaux de mots aux pieds et au cou, je secoue, je secoue, les lettres papillonnent sans jamais se poser. Je reste sur un pied. Joyeusement perdue in situ. Lestée de leur gravité, j'écoute et je me tais. Un espace passé presse le pas et me repousse en bas. Je chois et la sœur Seule au sol décolle et m'accueille en ses bras. Elle murmure doux bas : aura, aura pas le courage de le réveiller.. e

Trois Tu dis je parais… tussor de soie en fête en rideau… Je rentre en fait, par la porte de sortie dans l’in situ. tu dors, tu paries ? La peur et la sœur le fer et le frère l’épée et le père l’amer et la mère, le tissu dont ils sont issus. horde de soi. tu dis ce paré, abolition des jeux d’ici. tu sors du trousseau des sots des trous de la rugosité déchirée, dehors tu péris. ton sort de joie en fait emporte l'aura. je rentre en fête par le rideau d'in situ dans l’ordinaire. sellig nossam pour HYBRIDE

Empiété • e


Semaine 26 : douché La récolte : douché, ficelle, poil, Douchy, choux, couché (2X), mines, agua, poussière, flotte, coulé, juin à Paris, sévère, baver, aventure

Les confitures Une

e Couché sur son tapis perso en alpaga du Pérou, devant sa planche à griffes en velours de chez Truff, Douchy lorgne d'un œil las son jouet favori : une ficelle agrémentée d'un bouchon en liège — vestige d'un Canon Fronsac 92, oh, pas de la haute-voltige, certes, mais une bonne année. Enfin d'après ce qu'il a cru comprendre aux mines réjouies de ses hôtes, ce jour-là. Douchy, lui, accepte de manger deux ou trois olives de temps en temps, un petit biscuit apéro, à la rigueur un peu de chantilly… Mais boire du vin, non, quand même pas. Pfff… Ça lui rappelle un souvenir. Un bon vieux souvenir, même. * Parce que le fin mot de l'histoire, c'est qu'en juin à Paris, une aventure a failli lui en faire baver sévère, oui. Avec cette idée stupide de ses hôtes, de l'emmener se promener sur les quais. En juin ! Avec toute cette poussière soulevée par la chaleur infernale d'un été plus que précoce. Et par-dessus le marché, "Il" a voulu le faire courir (par cette chaleur !). "Elle" lui a bien dit pourtant que les chats, c'est pas des animaux à faire courir — en tout cas, jamais dans le sens où on voudrait. Mais non "Il" a insisté. Eh bien il a couru, Douchy. Mais pas dans le sens où "Il" voulait, comme "Elle" le prévoyait. Ça s'est terminé à la flotte. Enfin, à force de faire n'importe quoi et de reculer au bord du


quai, "Il" est tombé à la baille. Douchy, surpris de cette idée bizarre — certes, il faisait chaud, mais de là à se jeter à l'eau… —, a regardé d'un air dubitatif, puis s'est assis sur le quai et a commencé à lisser son poil, en attendant qu'"Il" veuille bien remonter. Mais "Il" a bel et bien coulé. A pic. Probablement en raison du dîner un peu trop lourd, et un peu trop arrosé (le Canon Fronsac 92 y était passé en entier, sans compter l'apéro et le pousse-café…). Les pompiers sont arrivés juste trop tard. * "Elle" a pleuré. Puis, avec une mauvaise foi typique, "Elle" a dit que c'était de sa faute à lui, Douchy. "Elle" l'a menacé de l'abandonner ! Ah, ça l'a douché, cette accusation ! Comme si c'était lui qui avait eu une idée aussi absurde… "Elle" est rentrée en pleurs à l'appartement. Douchy, lui, a terminé les choux à la chantilly. * Finalement, en février, quand "Elle" a touché la prime de l'assurance — très grosse, la prime… —, "Elle" a retrouvé le sourire, et ils sont partis tous les deux en amoureux, "Elle" et Douchy, à Aguas Calientes, au Pérou — près du Machu Picchu ! Beau paysage, se souvient Douchy, mollement couché sur le tapis en alpaga qu'elle lui a offert là-bas, en souvenir… Un bon souvenir, oui. Vraiment. Sagiterra

Deux

e


Douché, rincé, mais pas lavé du sévère gris des noirs terrils. poussière, eux, aux yeux gris verts, cerclés de noir, aux mines tristes de Douchy ou d’ailleurs, disparus d’en baver, d’aller au charbon, couchés entre boisage et extraction, dans les galeries de nuit, cherchant la veine à la laisse de la lampe, et le soir en famille, entre lassés, avec des choux bouillis et l’assommoir à lamper comme aventure d’esprit. Douchés et délavés mais pas lavés, dissous sous la pluie de soucis. Des “révoltes de quatre sous“ écrasées, corps rompus des corons, humiliés, des frères, des sœurs, des femmes, des fils, des filles, des cousins, des parents, des aïeux, poussière, eux, dans l’œil, coulés d’en baver, aux yeux gris de ciel bas, aux mines tristes, de Douchy ou d’ailleurs. Douchés froid les élans humanistes à la grève brisée les vagues d’espoirs à la flotte. En corps de boue douchés,


liquéfiés aux caniveaux de dégouts. agua viva vers l’amer. Et les violences des gens d’armes, comme toujours moralistes à genoux, censeurs couchés serviles, oui not’monsieur, bien-pensants de “l’ordre“ à la botte, oui not’bon maître, Intelligence de troupe aux pieds de ceux qui tirent les ficelles, ceux qui boivent le sang de ceux qui à poil grattent le sol, ceux qui tuent en Germinal le printemps de Douchy ou d’AnZin et qui préparent en Juin à paris les prochaines guerres autour d’un thé, pour redresser l’économie, fumeux de cigares et de canons et décident, autour du vin de messe, les prochaines lois à juguler la graine germée de communards, à préparer le XXe siècle qu’on sait et à décourager les Rimbaud… : « La grand'ville a le pavé chaud, Malgré vos douches de pétrole, Et décidément, il nous faut Vous secouer dans votre rôle... » sellig nossam pour HYBRIDE


Trois

e Couchée dans les choux, allongée, doux, vert, frais, le poil frissonné et le cœur délesté pensées sévères déminées je farfouille dans les plis de la mémoire d'hier hier, dans un Doux She imaginaire j'ai traversé le mur du son le mur de la raison quelque chose a lâché je me suis enfoncée dans un ailleurs matière une précision cellulaire où vibre chaque poussière haut, bas, vais, vers, sans destination aventure bouture, éclosion le corps fondu ciselé douchée, coulée, de lumière éclaire, j'ai flotté dans une intimité rarement éprouvée sans partition l'intimité du monde ? agua, souffle, terre, émoi, et moi le battement d'instants fit celle que je suis ici là en juin à Paris si simple d'instants cités


et maintenant, je sais j'ai vu, goûté, prisé, joué en geai léger jets d'oh muets joie en gouttes sur nos joues je nous suis vues e

Semaine 27 : chose La récolte : chose, entretien, John Carpenter, de la vie, George Perec, inutile, the big Lebowsky, bémol, j'ose, mot, gluante, autres, bizarre, étoffe, eh !, Adams, petit, sosie, none, choix

Les confitures

Sandrine Buring

Une A 10 ans : courir, sauter, grimper, rouler, crier à gorges dépliées, jouer, et toujours commencer sans pareil jusqu'à tomber d'un coup dans le noir du sommeil. Se lever d'un jet au matin le cœur explosé du désir d'explorer. Courir dehors, dans les allées, sous les figuiers, la nature en appui pour s'ouvrir à demi. Le mot coulé collé à la chose directement. Peu de distance entre ceci cela, après, avant. C'est juste là. Ça parle de la vie. Irradiée d'énergie. A 20 ans : les autres, autrement, frictions, frottements, séduction, obsession ; des Adams en chapelets. Procession sensation. La pro de la scission en répétition. Gluante substance


ligotante qui vous entoile sur un canevas serré. Plutôt perdre que d'ans durée. J'ose l'osmose jusqu'à la disparition. Omelette vegan à la Perec. Lisabth cll. Perdus précieux petits euhh. Valse d'hésitation jusqu'à complète dilution. Bizarreries, folie. Plonger dans des sosies, factice, fabriquée, perdre un semblant d'identité. Grand déblocage biglebowskyen. Se fondre, coulée collée dans les choses directement. Rater l'ombre des fils tendus. Sans tenir s'y ternir. Tomber sans tain, chuter sans bruit. Dans une chambre close, très très longue pause. Plus de distance et c'est temps pire, tempêtes et froid sans joie. InuÏtile. Etoffe en lambeaux de soi glacée, découpée en très petits carrés. Emiettée. Pet de none sans n sur toile cirée. Laisser choir ses choix et sécher sur pied. A répéter trois fois en se pinçant le nez. A 30 ans : joncs charpentiers pour tenter un abri qui ploierait sans craquer sous des vents contraires. Se plier en rythme contrarié. Bémoliser ce que l'on nait. Jeter en défiance. Courir agir partir au pire, mais surtout courir pour dépasser le temps, le tenir entre les dents. Sentir la pulsation, les battements, le cœur en écho dans la bouche. Accélérations, tourbillons. Des choses indicibles s'agitent autour et disparaissent brusquement. Agitée gitée bâbord tribord jusqu'à laid fort. Jusqu'à l'effroi. Entre tiens et tu l'auras. Eh ! Où ? Quoi ? Et c'est déjà passé. Et après... tout près... Orchestration spontanée de l'orgue à nique la mort... se prolonger dans des dehors de grande houle... goûter à la peaurosité soufflée, au nouveau répété, danse s'y fier, et cri cri cri cri cri re en stries d'ailes froissées sur des pages irradiées... puis se fondre enfin, coulée collée à la chose, infiniment. e

Deux

Sellig Nossam


Avant toute je voudrais dire que la entre autres ,

que je redoute,

c'est de ne pas retrouver le mot, pour dire ça, la pour pouvoir nommer telle ou telle ne pas pouvoir appeler les

par leur nom.

Et là ça a eu lieu. C’est

faite.

Georges Perec disait je me souviens mais là, malgré l’entretien régulier de ma mémoire au moyen de toute sorte de je ne me souviens plus. Du mot : Du coup une toute petite insignifiante devient innommable. Et imaginer une glaçante comme dans la banquise de john Carpenter ou gluante comme dans un cauchemar glauque et marécageux devient alors possible. les n’ayant plus de nom, elles peuvent perdre aussi leurs formes, afficher du coup des contours incontrôlés dans l’imaginaire. Chaque sa place

en son temps ou à

c’est toujours la même mais c’est où et quand ? Tout devient bizarre. Mais c'est quoi cette

?

Un sosie de cousin machin et la

de La Famille Adams croisé avec le duc de The Big

Lebowvsky ? Ha non, c’est mon voisin ! C'est une façon de voir les parce que voir les comme elles sont et regarder les

en face,

Ce n'est pas aisée ni facile, quand le mot désignant la J’ose dire que la

en question échappe,

peut même disparaître,

si on la croit faite de l’étoffe de son nom.


eh ! petit ! mets un bémol Il faut faire la part des

et mettre les

au point :

Car en allant au fond des on trouve l’essence des

.

La en soi. Ce qui m’a toujours le plus troublé c’est de connaître le nom des recouvertes jusqu'à les faire disparaître disait Nietzsche.

qui petit à petit les a

promise ? due ? dite ! faite ! L’essence des

.

De deux

l'une.

Mais c'est la moindre des que d’essayer de chercher cette essence et encore et toujours si d’autres mots les renomment. On sait un tas de si on sait que la beauté des est au sans nom et que le hasard fait bien les et que c’est faire les à moitié que de ne connaître que le nom et pas la nature intime des de la vie. Voir le très haut dans les d'ici-bas, les nourritures divines dans les petites manger,

à

et admirer et caresser des yeux les corps les étreindre sans brusquer les

mais sans

tabou. Avec machine moi machin on fait des des machins.

,

(Porté sur la , ce sont des qui arrivent, bien des à votre femme) porté par les

en rêvant de grandes

Dans l'état actuel des cours naturel des leçons de . Quelque

,

c’est pendant le que se font le mieux les

me dit que c'est dans l'ordre des

par la force des qu’elles sont,

les

étant ce

on les prend comme elles viennent. Pas le choix Jacques Guillet


Who wan’t to choose None of them. Voilà où en sont les C’est la vraie

. publique

Je voulais dire toutes ces Mais cela peut paraître inutile vu que le mot désignant la principale et reste en blanc. Il y avait peut être autre

à faire

J’aurais pu parler d’autre Tenter de penser à autre Et pourtant c'est déjà quelque Je me dis qu’il y a quelque Qui reste en silence.

là-dessous.

Sur le bout de la langue. Mieux qu’un mot donc Bien peu de La

la plus informe qui soit.

Une, comment dire ? ha oui, voilà une bonne la

de faite

me revient,

le mot : chose Sellig Nossam pour Hybride

Greg Theodoridis

m’échappe


Semaine 28 : rédigé La récolte : rédigé, latéral, correspondance, ridgy didge, journaliste, copie double, mai 68, Maktoub, copié, pédigré, direction Nord

Les confitures Une

"Elle M'aime" de Souad Mani Pointer un premier jour son doigt vers la chose que l'on voit. Au geste associer un son copié à la nature que l'on entend autour, dedans. Désigner, marquer, faire circuler. S'entendre ensemble pour que ce grognement reste ceci et non cela. S'émerveiller de la puissance de cette nouvelle convention-son pour partager, propager. Puis, affiner, multiplier. Appréhender le monde qui paraît désormais sinon plus grand, copié-doublé dans la tête autrement. Mettre des mots-sons sur des sensations, des émotions. Osciller, frissonner, bricoler, du prosaïque à l'immensité. Découvrir l'identité d'un je qui se décolle et désigne. Arpenter avec passion les distances d'un monde en correspondances. S'enivrer de ces mots magiques aux arrangements surpuissants qui composent ce nouveau monde parfait. Digéré de la bouche à l'oreille, rédigé sur le papier. Un monde représenté qui puisse donner le


change à la précarité, à l'absurde, au flux continu. Favoriser la naissance des mythes comme une sage-femme attentionnée. Suivre l'ingénieuse élaboration du Maktoub, de la destinée. Une histoire figée, à jamais, semée de pierres de gué. Points fixes où s'amarrer dans le flux torrentiel de la vie-rivière qui ne cesse de s'écouler vers la direction nord-mort-remords que les boussoles n'ont pas encore décryptée. S'aguerrir, réfléchir, conceptualiser, mathématiser. Au mot croyance, substituer le mot foi en ce qu'il reste encore à trouver. En bon scientifique catégoriser, détailler, ranger, spécifier, extraire. Chercher à saisir le flux de la rivière dans un seau. Déséquilibrer, déclure, cliver, séparer. Se perdre dans les méandres de la primauté des points de vue. De gré ou pas : progres-ser. Engraisser. Marcher juste à côté, entouré latéral de chaque côté d'un je-moi découplé qui ne sait où il va. S'éloigner, s'écarter jusqu'à se confondre avec son pédigré. Un chapelet de mots journalistiquement bien tournés, façon cv Readers Digest, ridgyde et mal didgéré. Un je-moi rédigé à la troisième personne du singulier parce que c'est comme ça que ça se fait. Se conformer sans déformer l'image étalage. Ranger mai 68, ses joyeux sires et ses déballages, au grenier dans un carton. Continuer à creuser par assaut de fixité l'étirement entre la viemouvement, ses sursauts révolution, et la morbide sécurité. S'ennuyer à pleuvoir dans du temps cadenassé. Ne plus se reconnaître dans le miroir mourroir des rêves du passé. Se noyer d'anxiété dans ce qui n'a pas encore été ou ce qui aurait dû exister. Et dans un dernier clapotis de vie... Plonger au coeur du danger et lâcher, enfin, pour s'adonner sans relâche à la fluidité retrouvée. e

Deux

Sellig Nossam


i‘m a ghost writer littéralement latéral bilatéral en frontal journaliste en copie double de moi-même d’ailleurs mon empreinte au carbone i’m a ghost written rédigé for rock n roll la psalmodie du dit le chant des signes des mots dits l’écrit are you ridgy didge ? l’âme du slam du petit homme in my dog mal digéré sans pédigrée du mai 68 dé-situé copié not right libéré maktoub parallèle au dé pipé redirigé correspondance à l’ouest des pleurs en direction nord laché de lest en vers des colères en direction sud rédigé for rock n roll sellig nossam pour hybride

rue Henri Noguéres, Paris e


Semaine 29 : comète La récolte : comète, céleste, allez, comme elle, filet, erreur, sabre laser, affûté, complète, kurt, chevelure, choc, gommettes, ou ne pas être, soleil

Les confitures Une

Mémoire rosée - image en mouvement de Souad Mani « Allez la comète ! allez la comète ! allez la comète !… »Sur des airs de slogans de manif', la foule encourageait à pleins poumons la course hésitante de la comète. Plus exactement, de l'énergumène déguisé en comète, genre cosplay — longue chevelure scintillante de fils synthétiques, gommettes "hologrammes" renvoyant la lumière, collées sur le visage, combinaison de cosmonaute de BD —, qui cherchait à se frayer un chemin dans ladite foule, foule de Carnaval, enivrée de sa propre folie, ravie de ses propres bêtises, affranchie qu'elle était, en ce jour rituel de renversement, de l'ordre — sérieux et bienpensant — établi depuis des millénaires dans la cité. La Comète en question — ornons-la d'une majuscule puisqu'elle a acquis le grade de personnage à part entière —, prise dans le filet des grappes humaines qui l'entraînaient hors de son itinéraire prévu, tentait de repérer d'autres qui comme elle essayaient de rejoindre le point de rendez-vous de la flash-mob (une flash-mob un jour de Carnaval, qui avait bien pu avoir une idée aussi absurde…). Un choc sur la tête la fit trébucher — une erreur dont l'auteur, un jedi d'opérette muni d'un


sabre laser clignotant en plastique, se confondit en excuses embarrassées auprès de sa céleste victime. Un regard affûté de celle-ci lui fit envisager rapidement l'avantage qu'elle pouvait en tirer : « Kurt! C'est toi, je t'ai cherché partout ! » s'écria-t-elle d'un ton enjoué, tandis que le pseudoKurt se demandait si le soleil n'avait pas tapé un peu plus fort que lui sur la tête de la Comète… Dans l'ignorance la plus complète quant à l'identité de celle-ci, il décida néanmoins de jouer le jeu : après tout, c'était Carnaval et être ou ne pas être ici, ou là, quelle importance, on allait s'amuser comme des Fous, et demain tout rentrerait dans l'ordre. L'ordre sérieux et bien-pensant… Sagiterra

Deux

Lever les yeux et jouir - e Un olivier millénaire me tend ses multiplicités. Sa structure coloniaire et mon corps unitaire dressés dans leur parente verticalité. Unis terre tous deux, nous le sommes diversement. Quand je peux galoper en surface, il reste à sa façon “atterré”, enterré à moitié. C'est le prix à payer pour l'immortalité. Du bout de ses branches nouées, il goûte au temps céleste d'un fragment d'éternité. Sous son ombre, je ne suis qu'une comète incomplète à la trajectoire imparfaite. Comme elle, je brille un temps au firmament mais sans repasser. Affûté aux intempéries, yeuses souvent, il a quant à lui lentement affiné sa patiente solidité. La mémoire de l'eau tatouée sous la peau, il sait résister aux chocs répétés de milliers de soleil en chapelet. Quand leurs sabres lasers frappent sans pitié ses plis pachydermes, il boit aux sources solidaires de son être multi plié. Et sous l'haleine de l'hiver, il ploie de ses billes charnues au précieux jus, écrasant de générosité.


Mais un jour, ils sont arrivés dans l'Eden mal gardé de nos champs d'oliviers. De curieuses machines se sont déployées en rang serrés. Ils ont étalé au sol leurs grands filets. Kurt, le chef de ballet, a crié « Allez ! Et pas de quartier ». J'ai vu les bras métalliques sadiques se déplier, avancer, enserrer les troncs éléphants sans défense et secouer, secouer, secouer. Cent secousses. Sans secours. J'ai vu les chevelures argentées stupéfiées de brutalité, j'ai entendu les cris stridents des écorces écorchées, les troncs qui gémissaient, le martèlement des olives tombant en ouragan. Pauvres gommettes brusquement décollées. J'ai senti la douleur circuler dans la lymphe dorée des vieux arbres hébétés. Etre ou ne pas être touché par la souffrance de ceux qui la manifestent autrement ? Etre ou ne pas être touché par l'altérité de ces êtres de nous différents ? Ces êtres qui ont vécu la terre bien avant nous et probablement la vivront bien après. Sauf nos erreurs à répétition. Ces êtres de nature qui ont droit comme tout existant -montagnes, lacs, forêts...- au respect de la vie. Que faire aujourd'hui pour les protéger efficacement, là, maintenant et durablement ? e

Trois êtes comme êtes fillettes êtes comètes et comme elles que passez ne faites soyez comme ailes au vol en vitesse des fêtes passées en lumière fusées affutées déchirant l’aurore d’archive annonçant le livre prochain venez comme êtes chantait kurt et non complètes dansez. savez où ne pas être alors filez vous défiler et n’y revenez l’heureux tour sans retour éternel allez allez allez


fillettes aux erreurs et sans filets. céleste le levant chevelure au soleil brûlez vos plans sûrs au seul œil partez au choc. À l’autre œil revisitant l’ombre D’une gommette enfantine, un confetti cache l'épée de maintenant tournoyant en sabre laser aveuglant le chemin de la source de vos rivières en queues s’évaporant. sellig nossam

Semaine 30 : flegme La récolte : flegme, gel, endormi, flemme, meuh, tic tac, pragmatique, Flughaven, pfff, chapeaux melons et bottes de cuir, scrabble

Les confitures Une

méditation cévenole avec un lama réintarné – e


Sang-froid et sec Ils sont dans la salle de bain. Le carrelage est d’un blanc crade, comme des auréoles de pisse par endroit. La baignoire est bordée de touffes de cheveux, des p’tites pousses qui jaillissent, clairsemées sur les dalles. Le siphon aussi est encombré de cheveux et d’autres restes : poils, peaux mortes, ongles, merde ; les stigmates de notre décrépitude ; l’eau s’écoule avec difficulté dans un gloussement fugace. « Putain, elle en avait une tignasse sa poufiasse. » Poliakov s’appuie contre l’évier. Il regarde Strakovsky en train de pisser. « Ta mère, elle t’a pas appris à viser ? » Le néon se reflète dans les gouttes d’urine ; prisme jaunâtre dans lequel la lumière vient se réfracter. Le froid est aveuglant. Poliakov a l’impression d’avoir des morceaux de gel dans les yeux. Il cligne avec hargne ; il regarde le cadavre emmêlé dans les draps. « On dirait un tableau comme au XIXéme siècle, râle Poliakov. Quand il parle d’art, il a moins envie de vomir ni de boire la vodka. Le travail est pas fini, faut qu’il voit encore au milieu des yeux ; les traits bien nets de sa victime. J’suis peut être un ivrogne mais j’suis pragmatique, il grogne. T’as fini de pisser ou j’dois t’aider à pomper ? » « On en fait quoi de celle-là ? » demande Strakovsky. « On attend ». « Qu’elle se décompose ? ». « Fais pas le malin Strakovsky. J’comprendrais jamais pourquoi il t’a pris pour le boulot Totov. C’est des gens plein de flegme à l’anglaise comme moi qu’on a besoin. En plus elle a l’air endormi ». Dans la salle de bain, on entend seulement le tic-tac du réveil et la mouche qui vrombit autour du corps. Ça fait deux jours qu’ils attendent le type ; le sang n’est plus qu’une large croûte sur les draps. « Pfff. Y’en a marre là. On est pas payé pour poireauter. J’suis pas un feignant mais j’ai la flemme. J’ai faim, j’ai envi de dormir… » Poliakov se retient de casser la gueule à Strakovsky. La confraternité, c’est important, il dit le patron. Poliakov aussi a faim ; il crache des remontées acides dans l’évier. Son ventre siffle comme un ballon crevé. Il pense au plat allemand, le Flughaven ; pendant la guerre froide ; il était soldat et il en bouffait pour étancher l’ivresse. « Flughaven », il dit. « Quoi, Flughaven ? » « ça doit faire sacrément des points au scrabble ! » « Totov il aurait jamais dû embaucher un intello. Tu vas finir par foutre la merde, et les intellos, ça peut pas foutre des balles dans la tête des gens comme ça ; au bout d’un moment ça craque. Avec ton chapeau melon et tes bottes de cuir…» Poliakov tire deux fois avec son glock 17. Arme légère. Deux balles dans la tête ; deux p’tits yeux au milieu du front. Strakovsky se vide dans un flot continu de sang et de d’urine. La mort déborde en silence. Meuh, meuh, meuh, meuh. Totov s’affiche sur l’écran du portable. Poliakov ne décroche pas. « Faut vraiment que j’change de sonnerie ». SophieE


Deux

e Des chapeaux melon et des bottes de cuir par paquets, éparpillés à l'entrée de la cathédrale. Pffff, un ange passe et les saints gloussent. Ça sent l'attente à plein nez. Quelque chose se trame en secret. Endormis depuis tant de lustres, les rustres se sont au matin réveillés. Et le glas sonne le dégel annoncé. Finis le scrabble et les mono-plis, toujours rivés aux mêmes lits. Place aux ripailles et aux beuveries. Aujourd'hui rime avec orgie. Aujourd'hui, oui, tout est permis. Partout et surtout ici. La flamme du désir au fusil, chacun s'empresse vers la sacristie. On y dépose pragmatiquement ses oripeaux de bien-pensants peu-bandants sous le regard du bedeau attendri. Et l'on s'avance en costume d'Adam, la queue fragile et le cœur battant. Le tic tac des cœurs encagés raconte l'émotion retrouvée. La lumière en vitrail-confettis barbouille les silhouettes pâles. On entend poindre de faibles râles. Certains pensent à Héliogabale. Yeux bandés, les corps nus s'apprivoisent, les mains farfouillent timidement, les paumes s'huilent, s'oignent et soignent les invisibles plaies ; celles du rejet des corps étiquetés laids. Ici, sans la vue, ce sont d'autres beautés que les peaux vont aimer. La chair secouée d'exultation se goûte en grand et librement. En plaines-peaux, à pleines dents. Chaque trou est sacré, tous sont à profaner. Les corps révélés se frottent et s'ébrouent, ahuris de désir, miellés de moiteurs neuves, dans ce lieu saint qui vraiment le devient. Au rythme des ouiiiii, aaaaahhhh, meuhhh, on décolle en hurlant « flouuu... gueuuu... avé, hhhhnnn... mi amore... more, mords, encore... plus fort, j'adoooore ». Puis l'on s'étend tout alangui, lippe repue, oeil épanoui ; le flegme bande en liesse et attend, ravi, que de la flemme naisse à nouveau la flamme, belle flambée d'en corps, pour recommencer à l'envi à s'aimer sans savoir où ni qui. e


Trois : cliquez pour plus de clartĂŠ

Sellig Nossam pour Hybride


Semaine 31 : piler La récolte : piler, flaque, amandes, stop, billet, pesto, repli, glaçon, poil, mongrel, mil, poiler, glace, supplier, Syrie

Les confitures Une

mongrel piler poil repli mil supplier glace glaçon poil poiler pesto stop flaque syrie billet amandes Greg Theodoridis

Deux «Stoooooooooop !!!» Le temps de piler, les poils au garde-à-vous sous l'injonction traumatisante, mon paquet d'amandes bio, délicatement empaqueté de kraft certifié "forêts durables", s'éclate dans la flaque de gadoue à l'entrée du métro… Mais qu'est-ce qu'il a ce c** ? je me dis, en regardant le robocoop en armure SF qui m'interdit l'entrée dans mon moyen de transport


favori… Mon billet de transport dans la menotte, je sens un glaçon me dégouliner dans le dos : jamais apprécié ce genre d'humanoïde décérébré, pour être franc(he), ils me fichent la trouille, ces mercenaires… Et voilà que soudain, un ordre de repli fuse d'on ne sait où, et que mon robocoop fait demitour sans autre forme de procès…! Pourrait s'excuser, non ? Sans blague ! Et qu'est-ce que je fais, moi, avec mes amandes gâchées ??? Va falloir que je trouve une excuse pour faire le pesto à la genovese, alors que Minou ne l'aime qu'aux amandes, style "andalus"… Pfff… Je file en passant acheter du mil à la biocoop où j'arrive en pleine discussion sur la Syrie… il est question d'une pétition… pas le temps de m'attarder, je repasserai signer plus tard… Quand j'arrive à l'appart', Minou est en train de se poiler devant la télé, tout en se baffrant de mes glaces de chez Mongrelet, le glacier de la rue Soufflot ! «Ah nooooooon ! Tu dépasses les bornes, Minou ! Tu veux que je te dise ? T'as plus qu'à aller en racheter, j'ai pas envie de faire encore deux plombes de route en métro alors que tu t'empiffres sans m'attendre ! Si tu continues, c'est la porte !» Minou a beau supplier, je reste inflexible : il n'a plus qu'à prendre ses cliques et ses claques, ou aller chez Mongrelet refaire les stocks de glaces ! Et basta ! Il part pour l'expédition rue Soufflot, en traînant la patte, tandis que je m'installe benoîtement devant la télé… Sagiterra

Trois Une flaque suspendue haut dessus glissant velue velours blanc franc dans les nues vlan dans la vue du connu sur pris un amas léger de potentialités dans la paume d'un vent glaçon sans billet ni raison d'aller ici ou long glissant sans destin nations au dessus des barrières fictions frontières terres d'hier dents dessous à rayer l'horizon frictions déversant leur poison de Syriennes killers


et autres pro-faneurs stop à poil, vos papiers épars piller pour mieux piler les ventres à terre infamés écrasés entre les replis replets des gloutons qui donnent le ton dessinent les monts grêles cons descendant sans décence du bas de leur impotence laissant un rien de mil à poiler sans pesto et surtout sans pester aux restes de l'humanité les yeux amandes blanches sur la peau tannée le sourire éclaté de dents glacier sans papier où les mots rougissent dans la bouche puits de sang supplicié gencives sous et sus pliées pour se taire sans torts sur terre pilée regard levé au ciel à scruter des devenirs pluies qui filent mouiller d'autres pays plus « tempérés » temps pire à venir Alors que faire ? lever les yeux et jouir de ce qui n'a encore de prix ? Une flaque suspendue haut dessus


glissant velue velours rouge franc dans les nues vlan dans la vue du corps nu ĂŠtendu surpris sans prix e


Quatre

Supplier le Vert-de-grisé au son des cuivres, larsen « Quand te Dé-vert-de-griseras tu ? » à la batterie, grisés par l’orage Piler l’électricité dans nos humeurs éclairs Commencer les feux stop à l’huile d’Amandes douce dans Les Flaques de rêves c’est beaucoup c’est mil avec ou sans faim donnons les Billets de pas sages Lâchons Les mongrels de nos pluies, Chiens des demi-dieux dans la glace, laissons fondre les glaçons divers de nos beautés de sève liquides à la surface des nuits chaudes Vortex de nos Vertex Et Tous à poil dans la soupe Et Pesto pustuli dans les replis de syrie et de nos vies se poiler devant la TV. Feu la merde. piler. face. sellig nossam

photos : e


Semaine 32 : énergie La récolte : énergie, grain, pas noir, souffle, indigne, détrempé, lunaire, simple, vibration, tonus, renouvelable, verte, universelle, solaire, pléthore, pareil

Les confitures Une

Joëlle Bondil Ça commençait comme ça : « La récolte d'énergie… » et suivaient des phrases sans queue ni tête, comme jetées là au hasard. Enfin pas totalement sans queue ni tête, non… Il semblait y avoir comme une sorte de lien, mais lequel, grands dieux ? Comme si un chaman new-age avait cherché à embarquer le lecteur sur une voie pseudomystique : « Vous allez enfin rencontrer la vibration solaire universelle… » « Vous serez inondé(e) d'ondes palpables de lumière et d'amour… » Oui, à tous les coups, c'était une secte, ce truc. Et ça continuait : « Vous vous sentez parfois indigne ? Venez recevoir le souffle lunaire de la création… » Oh la la… où est-ce qu'elle allait se retrouver avec cette histoire ? Elle sentit son tonus fondre d'un seul coup : un grain de bon sens lui aurait été d'une grande


utilité pour réfléchir aux moyens de sortir de cette prévisible chausse-trappe, mais le bon sens faisait partie chez elle des ressources non-renouvelables, et il y a longtemps qu'elle avait consommé la quasi-totalité de ses réserves. Juste à ce moment-là, elle aurait donné n'importe quoi pour une petite retraite dans un coin de prairie toute simple, tranquille, bien verte, avec des mésanges, des coccinelles et une pléthore de pâquerettes, de coquelicots, de pissenlits… La paix quoi… Tout sauf ce paradis bidon, détrempé de faux bons sentiments, pareil à une illusion d'optique, qui semblait destiné à vous envoyer dans un trou noir intellectuel… même pas noir, non, pire encore : charbonneux ! Un avant-goût de l'enfer, oui ! Surtout qu'on lui demandait maintenant son numéro de carte bleue… Au secours ! Si elle tenait l'idiot qui avait donné son adresse mail à cette bande d'escrocs… Elle respira un grand coup, cliqua sur la case "désabonnement", mit le courriel dans la boîteà-spams et pour faire bonne mesure le signala à son hébergeur comme tentative de phishing. Puis elle lança un grand nettoyage de son ordinateur pour supprimer tous les cookies. Ça allait prendre pas loin d'une heure, elle avait largement le temps de prendre une douche. Parfumée à l'ylang-ylang, histoire de se remettre les idées au beau-fixe. Elle se sourit intérieurement, et soulagée se dirigea vers la salle de bain Sagiterra

Deux

Crible - Ridha Dhib Pas un souffle de vent. Soleil dehors dedans. Tonus sous le lent. Rien ne se meut et trop attend. Etalés étoilés sous l'auvent de la cour fermée, les corps sucent le frais de l'obscurité. Les silhouettes lunaires se découpent en retrait. L'ombre y creuse de fins couloirs de timidité. Silence. Soupirs. Simples gazouillis organiques indignes à écouter. Tranches ou côtés ? Quelques grains d'audace crissent entre les lèvres qui ravalent des mots détrempés du désir de parler. Il en faudrait pléthore pour crever les abcès, percer les barrages, vider les bagages et s'en aller enfin l'oeil délesté, zébrer le ciel de vibrations solaires renouvelables à l'infini. Pareilles aux cris des martinets. Le temps flotte en poussières serrées sous le doux des paupières fermées. L'énergie se cherche dans le creux des rochers, entre les algues vertes et les lichens soudés. L'énergie universelle de l'eau salée révèle les corps à leur ineffable légèreté. Juste le temps de l'immersion. Puis à l'heure du coucher, quand la grosse pastille plonge sous l'horizon, le pas noir de sable s'enfoncera à nouveau dans son ineffaçable gravité. e


Trois

Sellig Nossam pour Hybride noir lumière puis c’est noir puis non pas noir puis lumière c’est d’abord quitter c’est respirer une syncope nécessaire c’est d’abord expirer vider lâcher d’air lâcher de nerfs lâcher d’un sédiment d’instant c’est voir ça les yeux fermés


s’ouvrir à mi clos c’est inverser invertir d’un œil voir dedans du dedans c’est je suis dans puis je suis ça dedans sentir créer le manque le creux laisser place ouvrir la cellule aérer et laisser venir irriguer la plage revenir l’air inspirer l’inspiration comme naissance l’esprit du corps au souffle à la rencontre le temps d’un suspens vibration fusion j’y suis à cet équilibre de concentration je repousse pléthore d’indignes voix d’insignes pensées et suis le grain de peau suis le muscle, suis l’air, suis le son de ma voie suis le geste celui ci jouant dans cette pénombre à onduler


à mouvementer ma fixité, à danser ma pause. Suis présence et mesure sans mesure cette seconde de minute de degré d’angle du geste celui-ci excitation calme je cherche j’observe cosmos l’énergie force universelle. si j’active l’oxygène au sang le rythme je crée l’accélération et réciproquement je fissure processus en chaîne autoalimenté et physiquement le tonus monte avec le ton (à l’acmé je deviens solaire) je prononce ceci. le verbe c’est l’énergie au commencement j’essaie la source au mot près simple j’essaie le geyser c’est coule l’oiseau au bec de gaz et le feu de la langue big bang musique des paroles et des mots


suis le flux suis le flot la salive l’écho de la voix la percée acoustique suis le harangueur forain le discoureur de fond et l’écoute activiste de mon entour de la gestique élastique de transe de transit hypnotique du voyage de l’exaltation le corps détrempé de sueur je profite du zénith pointé soleil le plus loin possible et tente l’inverse au renouvelable le retour au pareil contraire suis ralenti suis le cœur qui bat son plein pour être le vide à venir gagne le silence assèche la langue respire au plus long et les yeux mi clos à nouveau le noyau rassemble baisse la lumière au tempes tente la verte lumière du médite baigne au lunaire le coté obscur Maitre yoga sellig nossam pour HYBRIDE


Quatre

encre sur papier - France NoĂŤlle Pellecer

Cinq

Nathalie Ficheux


Six

SĂŠrie Passages - Maite Soler


Semaine 33 : presque La récolte : presque, dialogue, pire, tout ça, folle, île, section, toujours, étrusque, tout, touched, presqu'île, pareil

Les confitures Une

e

« Qu'est-ce que c'est que ce dialogue, toujours pareil, avec cette presque folle, qui parle toujours d'un trésor étrusque sur une presqu'île — d'abord elle se trompe, c'est pas une presqu'île, c'est une île ! — et tout ça parce qu'on l'a fait sortir de la pire section des "dangereux"… elle dit qu'elle a été "touched" par la

si on écoutait TOUT ce que racontent les gens, on n'aurait plus le temps d'écrire des HISTOIRES…! » main d'un dieu… je t'en ficherai, moi, de cette fausse Anglaise…

Sagiterra


Deux

La suite en cliquant sur Ligne mouvante - Ridha Dhib Presqu'il Presqu'elle Rarement ensemble, souvent à l'amble. A se presque toucher trop prestement entre deux galopées dans des presque rapprochements côté côté. Juste un peu décalés. L'un en ombre alternée sans copié-collé, l'autre en pied, profil étrusque un rien ampoulé. Deux ombres glissées sous les orteils. Fines attaches chevilles poignets. Traces aux commissures d'un long temps de veille à chercher des pas pareils, pareils. Elle, herbe folle obsédée par ses pieds. Toujours à les photographier vers un presque dialogue des extrémités. Lui, palétuvier aux lentes avancées, à soulever des racines poussières jetées presque à la mer. Presqu'il Presqu'elle Toutes celles, tous ceux enroulés aux poignets. Secouer, secouer, laisser filer les tout ça, les moins là et s'enrouler autour de ce qui est. Là. Presque là. De gravier en galet, dessiner des rivières minérales où se laisser porter. Vers la mer. Sans amasser, empiler, ni exhumer les ans pire à jeter. Ensemble à l'amble de loin comme de près. Reliés le temps d'une distance sans section. Touched. Attached. Mince fil d'araignée entre leurs doigts de pieds. Invisible, élastique. Les deux pouces pointés vers le sud de l'été.


Presqu'île Presqu'aile Presque arrivés quelque part pour mieux recommencer à gambader d'il en elle. Sans jamais se fixer. et repartir à l'amble ensemble vers un devenir fluidité e

Trois

Greg Theodoridis

Quatre

photo de la série : "Paysages intérieurs". Maite Soler


Semaine 34 : coincé La récolte : coincé, retrouve, traquenard, belote, bulle, ouvrir, balai, séquoia, chaud, libido, du cul, parapluie, au fond du trou, Neuilly, cube

Les confitures Une

photo série "Passages" Maite Soler Assis sur une chaise Louis XV dans le hall prétentieux du club, Louis-Albert était perdu dans un abîme de reproches envers son "ami" Karl… Quel traquenard, cette invitation à faire une belote… Au "Bistrot des Mariniers", certes, mais… à Neuilly !!! Tu parles d'un bistrot ! Il s'était fait plumer par un bourgeois arrogant. Lui, Louis-Albert, descendant de Charlemagne ! Il aime pas ça, Louis-Albert, dit "Béber", il aime pas ça, les chausse-trappes… Dans le château de son aïeul, des chausse-trappes, il y en avait. Même qu'un jour, tout gamin, il se retrouve coincé au fond du trou, bien au chaud, avec la certitude de ne jamais en ressortir… Une bulle dans le continuum espace-temps… Heureusement que le grand-oncle s'aperçoit de son absence, et vient ouvrir la porte secrète, mécanisme obscur qui mène vers la liberté… Il avait eu du cul, ce jour-là, Louis-Albert. Depuis cette aventure, rien que le souvenir intense de l'angoisse éprouvée lui mettait la libido en berne. Il en était là de ses réflexions quand l'homme de ménage apparut avec son balai en séquoia. L'aube était proche, le club allait fermer. L'homme lui demanda avec une politesse extrême — c'était un Asiatique — s'il pouvait balayer devant lui. Béber, un peu gêné de cette marque d'élégance, lui accorda cette faveur, avec un retour de politesse digne de ses ancêtres aristos. Puis, récupérant son pébroque — pardon, son parapluie — il sortit enfin dans la rue, vitupérant intérieurement contre le soidisant ami qui l'avait aiguillé vers ce rade trompeur. Soudain, baissant les yeux, il vit devant lui, là, sur le pavé… un cube. Sagiterra


Deux

Rencontreux d'e Coincée dans les bosquets taillés « Neuilly », l'espace d'une vie tout à trac rétréci. Une vie de piètre jardinier à bêcher sans pêchers, se planter tanqué, s'arroser rosé frais, vomir de rire, s'ensemencer, re comment c'est ? Dormir le pire, arracher harassé, greffer rien fait, gribouiller brouiller, bidouiller rouillé, charmiller maqué, gambader enchanté, pleurer à dégoutter, s'arrêter ossifié, mollir vrombir, paresser par ici, beloter buller, boire et poire, et puis épuisée... Errer dans des allées larges, étroites, sablées, graviers, en jachère, alignées... Dans des fourrés traquenards, voies sans issues, sang chaud, impasse du cul, manque et passe, libido lasse, trou d'espace, désirs sur années en apnée, j'ai j'ai j'ai laissé coulé... Chercher, sécher, chercher, sécher, chercher, c'est chez, c'est chair, chère cherche et... Sarcler dans les orties méningées, tomber au fond d'un trou de logique carré à se faire encuber les pensées. Ouvrir des cavités empoussiérées, à grand coup de balai dans les je suis je sais. Far fouiller, décrypter des signes inventés pour délabyrinther et retrouver un sens, des sens, l'essence d'un instant, sans honnir ceux qui misent sur le grand séquoia, mât de misaine galère, à coup de signe de croix, à coup de si je crois... Construire pour rire, là haut, dans les futaies, des radeaux canopées à entendre partout le bruit des grandes marées, s'étendre le corps en pluie, plier son parapluie et pleurer de beauté Et puis, après... Oser briser l'osier. Sortir de nos casiers. Eclater les paniers. Direction loin devant avec les goélands. Assister au matin quand tout se presque fuit et devant l'horizon, dégouliner de oui e


Trois

Piège à... sang - Photographie de Souad MANI

Quatre

Sellig Nossam pour Hybride


Cinq

Sellig Nossam pour Hybride

Six

Sellig Nossam pour Hybride


Semaine 35 : sommes La récolte : sommes, siestes (2X), samosas, de retour, deux (2X), calcul, sieste, contient, nous, piquer, battle, toutes, rassemblés, semonce

Les confitures Une

Ossoiture - e Summertime and the living is easy. Sommes deux pour la sieste. Rassemblés en somme au sommier. Pour les siestes des siestes. Elle est de retour… Quoi ? l’éternité. Sommes “heures“ “time“ and the living is ici. Somatisons nos psychés. Partageons nos sommes. Sans sommation. Sans coup de semonce. Toutes voiles soulevées Sexual battle in spiritual dance.


Épris dans la chaleur. Éclos dans l’ombre. Petits samosas dorés farcis aux désirs. Sommes sommeil entre deux eaux. Sommes éveil entre deux peaux. Sommes assommés. Sommes nos lances. Sommes nos bulles et d’or et de boue. Sommes les mouches tu sais tu sais qu’on laisse nous piquer. Sommes la veille de nos nuits. Sommes soumis à nos sommets. Sommes sommés de s’aimer. Sommes le conte nu qui nous contient. Sommes des visions du multiple qui nous soustraient à nos entiers dans la somme des calculs. Le nombre dort.

sellig nossam pour HYBRIDE

Deux

Performance Qu'est-ce et Qui se trame ? Pinerolo, Italie - e


Sommes sommes sommes en Italie, ravis, de réel remplis à s'emmêler dans nos filets longs spaghettis de vie petits dieux à demi un deux tout épanouis sans calcul de retour à guetter les détours jouer au débotté comme des forcenés joyeux légers en appuis suspendus s'étendre et tendre sous la légèreté de la toile d'araignée soyeuse rieuse et plonger en piqué dans la lumière en rais source inversée jaillissante vers les lointains sommets autant de battle gagné, de semonces évidées de rancoeurs et d'ego en samosas purée avalé, digéré, déféqué, terminé pas de temps pour siester là bas sous les cyprès à l'ombre des pluies futures et des kiwis bien mûrs rassemblés et se ressemeler de désirs chevillés pour continuer à gambader vers un nous plus dénoué qui contient mien eux tien vers le bleu des chemins à deux et quatre mains vers, en vers, très très vert e


Semaine 36 : pinacothèque La récolte : pinacothèque, proverbial, boîte, grands singes, rendez-vous, colonialisme, picotis, Smith, corps et graphe, Amsterdam, peanuts, pithécanthrope, et Pina alors, blanche, cocktail

Les confitures Une

Installation de Samuel Papiro pour la mostra Profile - photo e : Sous Signés Entre les rides du rivage, un galet a pu entamer une histoire d'humanité. Enroulé minéral en strates d'âges, il s'est laissé danser. A force d'entrechoquer d'autres solidités, sa monade s'est déliée. Un devenir sable et plage lui a appris à aimer le poids et la gravité qui creusent son étalé. Sur le blanc du levant, la lumière picotis titille la paupière d'un poisson assoupi. Il se rêve si fort à terre que le miracle se produit. Le rendez-vous épris. Un frêle filet d'idées ensablées au fond du cervelet a trouvé son chemin jusqu'aux extrémités. Corps et graphes imprimés sur la rive ébahie. Ça y est ! Il sait marcher. Un peu plus loin en pointillé, une silhouette blanche glisse sur l'eau salée. Celle de la rêveuse tisseuse de mythes jusqu'aux rives des Syrtes. Une pinacothèque en guise de tête, elle décrit des images sans âge, plus musicales que proverbiales. Des tableaux ritournelles à la Chagall qui plongent à l'eaurigine des grands singes d'antan. Comme une quête d'enquête d'ici à maintenant. Du premier pithécanthrope aux palanquées de misanthropes. De l'humanisme de Pina alors à l'apogée au colonialisme Smith et Wesson huilé à l'Amsterdamer. Tout ça dans un même monde, cocktail explosif et simplexe de grandes et piètres humanités.


Matériaux joyaux pour la rêveuse alchimique qui tisse au temps la lie, l'or, le poison, la corde ou la soie effilée. Ses histoires mémoires couvent et couvrent infinie et se déversent en puits aux tempes des miroirs. Ses boîtes fenêtres ouvertes sur les grands lacs de nuit en semaillent au matin un visage endormi. De la grande pinacothèque webliothèque, chaque image se virage en mots échoués sous la pensée, à peine là déjà noyée. La rêveuse tisse entre sens et absence ces mots mirages qui s'évaporent aussitôt dits. Il ne reste que frêles liens, isthmes fragiles et pieds d'argiles. Peanuts pour les vautours, diamants de troubadours. e

Deux

Sellig Nosssam pour Hybride

Tu tapines en artothèque Courbe rondeur beauté matière intime en lumière Exposé À vendre et à louer Tu danses dans la boîte


De nuit et de solitude Déprimes sans gains pour des primes exsangues Exigu tableau pathétique ton théâtre in your dance ! Et you have alors Pina to take To enjoy it en partance Et patati et patata Et Patti ta Smith te profère Gloria À l’heure au rendez-vous Des clichés d’Amsterdam La lapine à côté que les pines à kopecks Accostent Loin de leurs églises au pinacle en teck Des picotis de colonialisme Dans leurs reins de descendants du proverbial pithécanthrope Chassant les fesses au faciès Jaune marocain / black afghan / brown sugar / blanche Chasseur se sachant pas chassé Tu t’en fous Tu te paies ton G Épines à coke tes queues ! Dans la pinacothèque Sous tapis narcotique Tu peux plus les voir en peintures Ces Homo Sapiens sans couleur Aux mesquins desseins en déclin C’est peanuts et petites saucisses au cocktail sans happy hours Alors t’inverses en signes et saignes en scarifications Et graves ton corps et graphes à la bombe sur les murs Des fresques de jungles bariolées De grands singes volants à grosses pines à cortex chamarré De cacatoès excités hurlant strident par dessus les cascades De serpents fauves et scarabées en arabesques sur le noir moiré Dans le luxe délié des lianes. sellig nossam pour HYBRIDE


Trois Rendez-vous sur le pont d'Amsterdam Mon corps et graphe à la main Je ne suis ni suisse ni smith pourtant cette blanche Patti me donne quelques picotis Devant la pinacothèque Immense boîte du colonialisme Que les grands singes ont érigés Et Pina alors !? On ne peut dire d'elle qu'elle est misanthrope, ni pithécanthrope, ni prolétère, ni proverbiale Cocktail de Peanuts ! Emmanuelle Dubois

Semaine 37 : vert-de-gris La récolte : vert-de-gris,oblong, fermentation, cave, dulcinée, Annie, pinot, ananas, oeil de verre, souris (X2), lessiveuse, peur, vertige, rabougri

Les confitures Une

Vers deux pris - e


Annie, Dulcinée en robe oblongue Lessiveuse sur ta râpe blonde Tu me souris Sirène du jeune printemps Frotte frotte ton linge blanc Ton rire s'éclate dans le chant Mélodie parsemée d'amants Vert-de-gris Je goûte chacun de tes refrains Et bois toutes tes pauses lascives De grandes perles d'eau coulent le long de tes flancs Sève au combien sucrée de l'ananas que je délecte sans pouvoir y toucher.. Pinot de mes peurs acerbes Fermentation de mes vertiges Je ne puis résister à ton appel Mon oeil de verre te rattrape soudain J'arpente les monts et collines Contourne les côtes Et plonge dans tes vallées Tous ces paysages que je rêvais de fouler ! Le corps rabougri sous ce long voile Le parfum lourd de la chair putride Inonde la cave D'une poignées de souris Aux humeurs macabres Emmanuelle Dubois


Deux

verre-de-bris - e Frotter, frotter, frotter, sous le vernis, le vert-de-gris Le temps émiette ses poussières au paradis des statuaires Mouvement englué dans l'instant sous des cieux couleurs Pompéi La fermentation du volcan tombe en pluie sur les hommes fruits Frotter frotter sous la lie, vertige de la chair fondue regard vide et bouche évanouie, sourit encore la gueule tordue un silence crisse et crie sans écho, effacé par les mots en bris D'un coup d'un seul stérilisés le désir, l'avenir et l'esprit Le frais du vert bien dégrisé à coup de noires réalités La terre, œil de verre en gelée, désertifie sous les nuées Boom ! L'ananas d'acier explosé dans la main du poilu tondu, la viande à canon scarifiée aux caves de la mère patrie


dulcinée des faiseurs de guerre à l'humanité rabougrie Gratter derrière la peur de pierre, sepia aigri des pleurs d'Annie, qui se console au pinot noir annihilée par les conflits Et tombe la pluie nucléaire sur l'île oblongue du Fuji La lessiveuse du pouvoir blanchira ses gros dégueulis aux pinceaux pro messes et soties l'horizon est tout aplati e

Trois

verre-deux gris - e Vite fée mal fée de gris mieux que rien Dans le vert-de-gris de la fermentation de la cave en coulures oblongues sur les murs ma dulcinée Annie boit du pinot aux arômes d’ananas, son oeil de verre gris souris et l’autre comme une souris aussi… la lessiveuse de peur et de vertige l’a rendue rabougrie. sellig nossam pour HYBRIDE


Semaine 38 : alchimie La récolte : alchimie, rencontre, matériau limité, d'ores et déjà, curry, mariage, orgasme, scoubidou, cerveau, compliquée, boum, améthyste, transmajuscules, fusionnel, magique, lâche, Mishima, Carl Gustav, artisan cosmique, remontée

Les confitures Une

Ridha Dhib Magique ! Il a suffit d'une rencontre historique Entre Carl Gustav et Mishima Pour créer un Boum fusionnel La constellation améthyste naissante Issue de l'alchimie compliquée des arts D'ores et déjà, la foule scande le nom de l'artisan cosmique Durant la remontée des Transmajuscules Ebahi, Scoubidou même en lâche son curry en pleine avenue Quand, soudain, dans l'assemblée Le cerveau s'écrie: "EUREKA"! Le mariage sera fonction du matériau limité Et tangente de l'orgasme ! Emmanuelle Dubois


Deux

Dans l'atelier de Ridha Dhib – e Ecrire. Cris de mots. Petits ou gros. Rien à dire. Dire en crise. Trou, écrou, verrou... Forer, creuser, se lamenter. Sirène d'eau douce cherche eau salée. Glisse sous un ciel améthyste, l'oeil vide et la lippe triste. Ecailles trop lisses en mal d'aspérités. Un seul cerveau, matériau limité. A défaut de complexe s'empêtrer dans du compliqué. Aligner les clichés du trop peu au pas assez. Alchimie à chier. Cesser de chercher et attendre que quelque chose ripe, s'agrippe aux poignets, entre les mailles lâches d'une fatigue en filet. Attendre, se tendre, espérer, exaspéré jusqu'à la rencontre de mots paniques. Tragique plus que magique. Carl Gust'havre en retombée. Dès le début de la journée, d'ores et déjà mal barré. Jour de cuite en fuite, de projets embrouillés. Jaune curry, ramassis. Pelote à peloter sans frasque sur l'oreiller en écoutant le temps filer. Défi de tenir sans ternir ni vernir. Des éclats de joie par ci par là. Orgasme cosmique de la lumière en rut sur le plafond chinois. Puis au bout d'un temps infini, c'était parti, ça revient. Ça vous tombe dessus en douche satin. Tremblée fusionnelle entre les volets. Peau rayée de jouissance solaire, poils dressés, on goûte au mariage climatique, on s'ouvre en clématite sur le balcon des devenirs. Les mots en petit ru sillonnent à nouveau les lits fourbus. Une remontée en transmajuscule d'un chapitre à l'autre. Mariage en pointillé entre l'avant l'après. Rebondir, dire, repartir, vire. Un scoubidou dans chaque main, on aspirale de frais chemins. Baguettes de sourcier pour enfants mal grandis. On se tisse laborieusement des trainées de vie. Crac boum Ha ! Ça y est, on y va, cahin-caha. Larguer léger les gués et partir sans y tenir jusqu'aux confins de la fin. Pistes singulières tracées par ceux qui ont su s'arracher en beauté. Mishima, Deleuze, Kawabata, pour ne citer que ces trois-là... Sauter sans reculer, d'un bond, d'un trait. Artisans cosmiques à agrandir le monde juste en respirant le mot advenir. Larguer léger les gués et partir sans tirer au passé. Unis vers celle ou celui que l'on devient chaque matin. e


Trois

Photo : Loup Lilas Tu parles et tes lèvres sont humides Et ta langue dans le mouillé élabore en douceur une rivière de musicaux hors de toi dans lesquels tu n’es pas. Toute à ton oreille, ton pavillon ouvert aux bêtes. Et moi en humble apprenti j’ai conquis l’écoute active Je pousse dans l’humus arrosé caressant tes dents de mes feuilles. Promise par ton front focalisé la rencontre est d’ores et déjà. Se bercent les géométries courbées de ta nuque tenue. Le jeu caresse ta joue à la peau de clarté. Comme suit. Dans le cristallin commun de cet ici de fin d’été où s’inversent nos vues vers ce nouveau prochain plutôt d’échange, point du regard en angle timide mais large ta beauté de l’œil. En appel. Dans l’immaculé, contrastant un iris de violette améthyste, virant jaune comme la pierre, à la chauffe, à la lumière dorée déjà. Sommes au creux de l’éveil le soufre et souffrons d’imiter le sommeil. Comme surveillés enfants à la sieste rêvant de jeux de déraison, les sens exacerbés à ça qui


respire l’essence à la volée dans la lumière volée à l’extérieur brulant du temps. Transmajuscule au matériau limité. Le tressage en trames compliquées de nos fils colorés enchevêtre nos plastiques en scoubidou porte-clefs de portes de cerveaux, de révélation, de présence et d’orgasmes. D’harmonie. De voutes. Sous nous. Nos abstractions laissent un vide pour le plein. L’île vraie d’il faut au sens large. Un cri s’attend pour le chant bénéfique et couler nos limites. Tentés et consentants, les rendez vous sont pris mais le retard nous fait languir et dans la torpeur nous empêche l’échappée au magique. Nous sommes là pour tant et reconnaissant dans l’inconnu. Les atomes suspendent notre écriture et nous aimons notre peur de l’amour de la peur. Nous tentons la transgression sans assurance de réussite mais en patience avec une nécessité mortelle. Sans agression. Des barbelés de nerfs en rhizomes sous les frontières et nos draps de peaux flottant prisonniers sur le théâtre du couvre feu, nous sommes tapis scrutant l’aube libérée. Maintenant présent le fusionnel en nos gestes de mains lâchant présentement le fusionné d’hier, nous controns l’empêché dans le courage des interstices de nos instants lâches. L’artisan cosmique bricole les plans de grand œuvre sur la comète du grand architecte, note la partition sur les constellations des macrocosmes de nos microcosmes ; Grâce à nos sous-venances interdites en tacite reconduction. Opposées au déjà. Une intranquilité inquiète en poison dans la vénéneuse des jours ensoleillés et des soirs déjà d’hivers catalyse des remontées d’acide en apparitions psychotiques sur les plaques sensibles de nage en eau forte. C’était pourtant avant la récolte Et je prononçais trois fois Mishima Une fois fasciste Une fois suicidé Une fois poète Comme tiré par ennui dans le mikado, un samouraï. Parmi l’éclaté des baguettes en cosmogonie, la pièce jaune. D’un autre monde, d’un avant, d’un ailleurs, d’ici aussi. J’y suis aussi dit dans cet écrit de bois mêlés. Voici vaut 10 points. Gain fatal ou fanal dans l’obscur ? Signe pas unique et entêtant pourtant insuffisant à la lecture intelligible. Je n’ai pas la règle pour la suite.


Des cartes trichent. Je pense. Je suis. Pas mieux. Je croise sans accroche et sans joie, sève en sillage dans le dessin, comme au xylème en parallèle, mon prochain mon lointain mon ancien mon noyau. L’a-corps est de principe pour ces ombres sans ongles de saison dans la nuit des milliards et la disparition organise dans l’abêtissant des cœurs la disparition. Au carcan l’animal à la chose publique comme étrange étranger au mieux à déguiser. L’alchimie s’inverse du noble au vil. Le réflexe d’une machine cadence le non danse dans l’anémie de mélange, déliant par chaines sans réaction, séparant par liens expirés, déconnectant par immobilisme. Le métal non fondu édifie sans élever des tours sans méandre en superflu et sans ciel. Mur de rues pour coller. La pierre de chimie bétonne hermétiquement l’arbre qui cache la forêt. L’immortalité en spectacle sur les miroirs sans tain, publicité pour reflets d’homoncules, ne laisse Carl Gustav jeune qu’au regard de l’illusion de la vitesse du reflet sous surveillance malveillante du vieux. Sans quête de l’élixir, le curry s’édulcore dans le plat décomposé. Je pars en parler à la recherche d’épices espérant dans l’aura du sera et les ouvrages d’ouvertures de mes amis d’attributs beaux et abimés, mes aimés de l’immanence. Au son du cor pleure l’âme dans la chasse au néant de nos chiens, chimie thérapie en panacée de nos anges à la curée. Manque l’émeute. Dans l'écho du boum d’explosion s’affiche le sourire parmi les cadavres et le sang. En proportion. C’est l’amour que dévoile la montagne déplacée. J’en reviens en reflux à la nuque, je n’étais qu’aspiré. Tu ne m’as pas quittée non plus du savoir conscient dans ton banal effroi d’absence. Je prends du poids et cherche un mobile pour relancer le mouvement. Une pierre encore, une philo-céphale pour aider à tanguer, fissurer le cristal du gel et fondre ma propre lave. Ne donne pas le change la fausse monnaie de plomb du consentement aux maitres de cérémonie des faux mariages. Balles d’argent content, se peut il entre les deux yeux. Balles perdues de nos récréations. Essais transformés en hors. sellig nossam pour HYBRIDE


Semaine 39 : domination La récolte : domination, rêverie, soumission, écho, damnation, humilité, répulsion, volonté de puissance, miaou, enferré, lamination, donna mission, fouet, sempiternelle

Les confitures Une

Sellig Nossam pour Hybride Allongée sur le dos à chercher le repos. Dehors la nuit s'étend sans temps. Sempiternellement. Le silence surprend par sa domination. Pas un bruit ni un son. Aucun éclat de vie même dans les replis de la ville abêtie. Un dieu sourd à nos cris a suspendu notre ouïe. C'est une damnation façon Murakami. Une lamination timbre et tonalité. Comme de vieux gobis, les bouches mortes mâchent du dire vide. Les mots en fuite s'enfouissent sous le blanc. Le respir aussi point ne s'entend. Comme sur du coton tissé de rêveries, les pas ne claquent plus dans les rues sans écho. Humide humilité des passants désaccordés qui n'osent plus se regarder. Trop absorbés à réinventer la distance en silence. La pluie tombe sans bruit et les chats se regardent effarés de ne rien miaouler. Sur les pontons, la mer en fouet cingle les remblais de ce film muet et la tempête singe pour se moquer nos dernières volontés. De puissances vaines en répulsion et soumission affolées, chacun cherche l'adaptation à la nouvelle donna mission. Enferrée jusqu'au trognon dans l'insonorité, la mémoire lentement efface jusqu'aux traces de l'ancien monde sons. On en arrive presque à ne plus regretter faute de se rappeler. On s'écrie sans cris par écrit et on s'aime en silence. On sent sans sons, on sentilège en suspends, mieux, plus profond, parce que la peau, les os et l'eau... On sent sort, finalement. e


Sellig Nossam pour Hybride

Deux Donna mission Infidèle au lourd passif d'une nostalgie javellisée Qu'aurais-tu à répondre A une insatiable volonté de puissance de l'homme sur la femme? Mère de silences Quelle violence Le fouet claque au sang Ton corps se dévoile portant les traces d'une domination récente Quelle répulsion Qaund tu te trouves enferrée Et que les étaux se resserrent sur ta sempiternelle rêverie Quelle soumission D'un miaou, tu affirmes ta damnation Et déchire l'humilité profonde Que tu suspends aux crochets de l'Histoire Vois l'écho de ta lamination Puanteur des illuminations auxquelles tu crois Emmanuelle Dubois


Semaine 40 : pour La récolte : pour, verse, homme, tour, heureux, pourrir un peu, cent, quoi pas, l'homme qui, sot, toi, retournement, demain

Les confitures Une

e Trop conscient de son encernement, l'homme POURtour navigue autour et alentour. En périphérie de la vie, il luit d'une présence à demi, se teinte aussi parfois d'un ennui passager. Un ennuage qui embue les franges de sa clarté. Il POURsuit des spectres d'idées moucherons insaisissables et obsédés qui le bourdonnent de la tête au pied sans trouver à se poser. L'homme POURtour POURtant reste sur les côtés, en lisière, amoureux des zones frontalières. Le plus souvent sur un pied, il se balance entre dehors dedanse. Son ombre toujours à moitié esquisse de l'orteil un vague retournement puis se reprend. Heureux comme ça alentour de gambader à tour de temps, à bord de bras, de faire les cent pas sur des chemins de soi. En émoi dès qu'il rencontre un toi, il frise sur les bords en dentelles argentées. Percé de vents du nord, son corps est respiré. Très vers sans. Traversé. Il dit cernes du bout des cils et surligne léger les fatigues d'étai. Quand on le pense sot il dit “certes” et tourne prestement le dos. Et puis de temps en temps, l'homme POURtour rencontre l'homme qui POUR, celui qui verse au soir des traînées de noir pour que les villes s'empaquètent de nuit et rêvent en bleu chaque mardi. POURquoi mardi ? Dit l'homme POUR rire, un peu vexé de n'avoir pas compris. Et POURquoi pas jeudi aussi ? Parce que mardi la lune luit et se pluie en bulles fruits sur le POURtour du second jour. Et que demain de mare a mare sur les sentiers corsicotés il feramour très tard, il feramour bien frais. E


Semaine 41 : cocher La récolte : cocher, fouette (X2), peuchère, ri, norme, milliardaire de la crise, carré, choquer, reprendre, hue, mouche, croix, moucher, Ptolémée, bouche, virgule, irrésistible

Les confitures Une

Sellig Nossam pour Hybride He was ticked off it wasn't all Cocher. Both tyres were punctured Fouette Fouette ! Reprendre milliardaire de la crise, he had to Carre it, if only he could Mouche Bouche Moucher ! Peuchere he could carry la Croix of it Ri Ptolémée. Choque la Norme Hue Virgule. IRRESISTIBLE! Greg Theodoridis


Deux

Sellig Nossam pour Hybride

Nez dans les astres, tête dressée vers l'épais des nuées, façon Ptolémée, il cherche à décocher la case peur. Cherche à dissiper les traînées de noirceur qui orbitent en lourdeur autour de son petit cœur. Moucher la torpeur, reprendre l'ascendant et spiraler irrésistiblement là-haut en vrilles filaments. Fouette, fouetté par les vents du léger, il s'aère chantilly et monte au firmament. A hue, à dia, aux diables aux teints rougeauds et chauds, il glisse entre de vieilles terreurs barbe à papa, gonflées de rien quand on les croque à plein. Le goût du sucre comme un trait sur la bouche, une virgule au coin des lèvres, un vieux reste d'excitation. La peur rancoeur malheur raideur se croqueville dans un vaurien. Peuchère ! Elle ferait presque mal au cœur tant d'ici elle ne rime à rien. Il se meut et s'émeut tout ragaillardi de s'entrechoquer avec les galaxies. Il est riche à millions de tout ce dont il peut se passer. Il est riche à millions de tout ce qu'il vit, sent, jouit... Il est riche à millions de se lever matin sans savoir qui il sera demain. Sans possessions ni projections, il rit et ne garde que sa joie qui fait mouche presque à chaque fois. Il avance sans chemins de croix. Milliardaire de la crise de soi, il se savoure au jour le jour sans chercher à normer les flux respirés qui ne font que passer. Il se passionne au carré pour le simple fait d'exister. e


Semaine 42 : émiette La récolte : émiette, recommençons, soupe, mamie, pigeon, thon, drapeau, rite, et merde, motte, zoziau, âge, pain, vos gueules

Les confitures Une

Sellig Nossam pour Hybride JE SUIS DANS L’ÉMIETTE DE NOUS AUTRES COMME TU ES JE SUIS DANS LE RECOMMENÇONS DE NOUS AUTRES COMME TU ES JE SUIS DANS LA SOUPE DE NOUS AUTRES COMME TU ES JE SUIS DANS LE CLUB DE MAMIES DE NOUS AUTRES COMME TU ES JE SUIS DANS LE PIGEON 3 FOIS RENIÉ DE NOUS AUTRES COMME TU ES JE SUIS DANS LE THON PÉCHÉ DE NOUS AUTRES COMME TU ES JE SUIS DANS UN PUTAIN DE DRAPEAU DE NOUS AUTRES COMME TU ES JE SUIS DANS UNE MERDE NOIRE ET MERDE DE NOUS AUTRES COMME TU ES JE SUIS DANS UNE MOTTE GRASSE DE NOUS AUTRES COMME TU ES JE SUIS DANS LE CHTI ZOZIAU FRAGILE DE NOUS AUTRES COMME TU ES JE SUIS DANS L’AGE DE NOUS AUTRES COMME TU ES JE SUIS DANS LE PAIN ROMPU DE NOUS AUTRES COMME TU ES JE SUIS DANS VOS GUEULES DE NOUS AUTRES COMME TU ES JE SUIS DANS LES RITES DE NOUS AUTRES SACRIFIÉ COMME TU ES SELLIG NOSSAM pour HYBRIDE


Deux

e Retrouvés tout au fond d'un tiroir, dans leurs tubes de soie aux sons froissés, des négatifs empoussiérés. Les planches contact aux petits drapeaux bien rangés alignent de minuscules tickets aux ailleurs éparpillés. L'oeil englobe une vague ambiance, une balance de noirs, gris, blancs, des silhouettes paysages découpées, des regards stupéfiés, un temps suspends, des prélèvements de vie saisis au débotté, des extraits cernés. 1992. Du 20 ans d'âge. Dans ces temps reculés mon œil de pigeon effaré se posait ça et là, ravi et consterné, sur la planète India. Pour la première fois. En ces temps reculés, il fallait au retour s'enfermer dans le noir de pièces colmatées pour plonger en apnée dans le rite sacré des bacs à développer. Je garde le saisissement de ces révélat'heures où l'image s'ombre lentement du fond du néant blanc. Du bout du temps, des gris aux faibles cris commençaient à cerner, remplir, volumiser une mamie en sari bras tendus vers la pluie. Devant le temple d'Agnisara, elle émiette un vieux bout de pain aux zoziaux du petit matin. Comme un vent léger sur la peau, quelque chose cherche à se chuchoter sans mot. On ose à peine respirer devant la fragile résurrection d'un espace instant qui nous révèle en se dépliant. 2012 et je me dis « Recommençons mais maintenant, avec les outils dont nous disposons aujourd'hui ». Un vieux reste de nostalgie me susurre à l'oreille une projection de déception. En mode “Vos gueules les fétichistes et merde au passéisme passif”, je m'ôte en bouche le botte en touche et me lance à scannériser ces longues bandes de passé. Finie la soupe chimique, place au marmiton technologique. Je deviens pilote de tons, de nuances et de noirs masquants, traquant ce qui se trame sous la première vision. Et le miracle ressurgit. Intact dans son intensité. Sans salamalecs, directement sur mon écran, les images comme d'un banc de thon me sautent au cœur d'un bond de temps. e


Semaine 43 : fuite La récolte : fuite, point, faute, chuinter, perspective, bienfaitrice, canalisation, dégonflé, gouttière (X2), lignes, plombier, en avant, bonheur, sommeil, eau, prochain numéro, dans les idées

Les confitures Une

Ridha Dhib http://hybridecie.perso.sfr.fr/HYBRIDE/FUITE.html SELLIG NOSSAM POUR HYBRIDE

Deux

Jacques Guillet Un sac de peau à demi rempli d’eau sur le dos, il joue les chameaux dégonflés levant un pied puis l’autre avec difficulté. Le sable crisse à chaque pas et lui enlise la pensée dans des images de trépassé. Un petit point, au loin incertain, posé sur les lignes fuyantes du désert décor lui sème au cœur en lettres d’or les mots “espoir” et “arrivée”. Encore quelques nuits de sommeil inquiet et il sera sauvé. Si Allah pouvait enfin passer par là et d’une main bienfaitrice l’irriguer de baraka… Mais jusqu’à présent il prie, il prie et que nenni : les canalisations divines semblent pour lui bouchées. Tout ensablé, il a du grain dans les idées et chuinte rien que de penser. S’immisce en lui le doute, goutte à coûte, coûte que goûte. La fuite des « je crois » sans chercher plus que ça, juste parce que les dogmes coulent en parampara, le laisse tout pantois. Qui croire au fond de ce désert râpé, par le destin abandonné ? A qui se fier quand tout se tait ? La soif dessèche les fois des plus enflammés et borde le lit tari de l’effroi. Les visions paradisiaques du grand après perdent peu à peu leur apprêt.


Sur ces sombres pensées, il s’endort comme un fennec de gouttière doublement dépité entre deux anfractuosités. Il rêve d’un gigantesque plombier qui d’un coup de ventouse bien envoyé l’aspirerait vers un ailleurs où l’eau et la bière couleraient à flot. C’est au moment crucial de l’indicible bonheur d’un demi bien frais que le matin, indifférent, lui darde un rayon sous le nez. Le réel têtu refusant de s’abstraire lui soulève, bon gré mal gré, les paupières sur un désert sans fin où seule se boira sa misère. La faute aux étoiles, aux ombres portées et à toutes ces naturelles beautés qui devaient si bien remplacer boussoles et compas pour l’assurer d’un en avant proprement orienté. S’il en réchappe, il se le promet, le prochain numéro de Désert Voyage conterait entre deux articles sur Théodore Monod l’importance de bien s’outiller. Et la primauté d’une bonne dose de rationalité. Et vautour qui s’en maudit ! Un peu remonté par cette perspective journalistiquement vengeresse, le voilà qui reprend du poil de l’ablette et s’enfonce dans la vallée. Est-il arrivé, s’est-il perdu à jamais ? Qui le sait ? La fin reste encore à inventer. Alors, lecteurs à vos claviers, attention, prêt… postez. e

Trois

Joëlle Bondil


Semaine 44 : ruer La récolte : ruer, muter, rhur, temps de flèche, l’or, cerf, un deux trois, remuer, Verlaine, étalon, territoires, roué, avenue, convenable

Les confitures Une

photo rhizomage Ô toi Verlaine, l’étalon doué toujours prêt à ruer, tu vas en ton voyage, l’or jaillissant de ton paletot empourpré, tu vas par les chemins, tel un cerf bien peu convenable, roué d’air et d’amour. Temps d’airain, temps de chien, temps de flèche…


peu t’importe le mouvement dès lors qu’il sait te remuer. Un deux trois, ta verveine avalée comme une avenue ventée, ta vie mouvante prête à muter, à l’abordage de territoires inconnus, tu t’es voué à l’aventure, tout comme la Ruhr épouse le Rhin, …en s’y oubliant. Marc Doumèche

Deux

photo rhizomage Allongée sur le dos, yeux fermés, je plonge dans des territoires liquides. La conscience s’enfonce en forage sous cutanée. Elle descend éprouver ce que ça fait de naviguer dans les fluides qui nous irriguent. Voyager dans l’infiniment petit du dedans, suivre les courants mouvant de la lymphe et du sang. L’or translucide qui cerne et baigne nos planètes organiques. Traverser, hallucinée, des zones de jachère où la lucidité ne s’est jamais posée. Bondir comme un jeune cerf sous les temps de flèche bouillonnant de l’approche du cœur pomponnant. Suivre ses battements de cloches du vatican et ruer, réer au maître étalon de la joie d’être en soi. Puis lentement remonter le courant ascendant de la lymphe. Rouler dans sa délicate viscosité. Cernée, mouillée, engluée dans ses propres fils d’araignée, luisant comme un vers à soi. Descendre, descendre, descendre… En apnée. Suspendre pour un temps le flux respiré et se laisser surprendre, remuer par les images qui émergent de la forêt cellulaire. Traverser


au pas cadencé la rhur intestinale. S’émouvoir de son ingéniosité. Choisir de remonter. Prendre l’avenue coronaire et au dernier moment diverger vers les vergers pulmonaires. Sous les futaies alvéolaires, une, deux, trois respirations pour goûter l’ivresse oxygénée. Lâcher la mesure, éclater le convenable et s’enivrer d’air frais jusqu’à muter en bulle d’air, légère, si légère. Du champagne à pas cher pour la joie de tous ceux qui n’ont qu’eux. Presser délicatement l’éponge des soupirs pour se frayer un jouir et murmurer en soie « de la douceur, de la douceur, de la douceur…»*. Rouée de désirs, miellée de senteurs neuves, se glisser dans le bleu des ruisseaux veineux. Puis vagalement enroulée dans son vagalame se laisser dériver vers le haut du panier, jusqu’aux paupières frontières. Pour enfin rouvrir les hublots et se laisser s’inonder d’eau. *Paul Verlaine (Romances sans paroles) e

Semaine 45 : force La récolte : force, étrange, manque, risquer, huit, rebond, la métis, coffre, farce, inévitable, six, rouge, ten, vive, cheval, roseau, tranquille, écorce

Les confitures Une

Jacques Guillet Force métis, six ten rebond. Tranquille as it was, le cheval felt it had no recorce but to risquer the famous manque with nouveau rouge roseau chic. Far from inévitable, la métis coffre farce. Vive cheval étrange huit ! Greg Theodoridis


Deux

photo e Risquer le départ au pied levé pour retourner quelque part dix ans après. Je gratte l’écorce de la mémoire pour ne rien attendre de préfiguré. Et tente de gommer le déjà vu déjà vécu pour l’empêcher de colorer trop vivement ce qui est. Rebond du temps, déjà dix ans. Ten years ago, ego posait un premier pas sur le sol thaïlandais, regard lavé par un ailleurs tout neuf tout frais. En fond d’écran, des images sirènes mugissent et m’ulyssent vers un passé reconstitué. La métis en jachère, je m’accroche au présent comme un lierre rampant. Dehors ici, la pluie, le froid, le gris. Le manque de lumière, les couleurs de l’ennui. Le coffre de l’hiver se referme à demi. Là-bas, je sais l’étrang‘été qui s’étale à l’année, la touffeur du temps moussonné, les fruits gorgés a-saisonniers, la luxuriance tranquille d’une végétation qui se déplie sans sommeil dans un air de serre perpétuelle. Subtiles variations de microsaisons à la tessiture rouge qui coule comme un raga au bourdon de moiteur. Je sens déjà de là les eaux vives aux odeurs de roseaux, le flux incessant de la ville insomniaque et ses forces solaires, le Chao Praya, inévitable allié du baroudeur qui charrie sur son dos tout ce qui vit et meurt ; il me tend ses draps de soie sale. Je m’y noie, noire et bleue, décompte huit bateaux, six radeaux, dix vélos entre les pilotis et m’endors ravie. Toute farcie de nuit. e


Trois

Joëlle Bondil Une bûche rebondit devant lui. La mouche reluit des écailles, les yeux de couleurs. La farce inévitable demande une raison. Rien n’en souhaite la venue. Pas le suis, et montre la chandelle étrange. Poursuit le huit et transmet le coffre. La métis ne s’attend plus, sous le coude d’un mont nouveau. Soleil et âme de parapluie parlent des forces étranges. Seul roseau en bermuda à frange, incline le sourire d’un bourgeon. Il pleut. Et pourtant il mouille. Le son de son bateau tangue encore allumé du plus beau de ses feux. Il regarde le cheval. Attend un instant, et mouille à nouveau. Rien ne bouge. Heureux rien ne bouge. Il suffit : Tranquille encore il patauge dans la boue.


Toujours amical, l’écorce lui suffit. Rien ne manque. Si tant soit peu, ce souffle qu’elle risque, presse un hommage à son nom. Presque fraîche sous la douceur d’un parfum. Il comprend de plus prêt ce qui se fait. Autour lumière et vive. Intérieur pourpre et pensée divine. Hâte. Ainsi six et rouge pressent à la vue, et Ten lui demande. Ils en pleuvent du nouveau monde. Lars Madson

Semaine 46 : venant La récolte : venant, ectoplasme, levant, issu, tout, miel, aujourd’hui, Philippe, du Nord, absolues, serpentin, bande passante, ailleurs, ti-punch, vent, ventaux

Les confitures Une

Joëlle Bondil


Tout sucre et tout miel, il est arrivé aujourd’hui au soleil levant, transi, semblable à un ectoplasme évanescent, venant en direct du Nord et de ses vents humides et froids… « Je m’appelle Philippe » a-t-il dit. Il était frigorifié. Pour le réchauffer, je lui ai proposé mon célèbre ti-punch, dont le rhum est issu direct du serpentin de mon alambic clandestin. Il n’a pas refusé — est-ce à dire qu’il a accepté ? (Je ne voudrais pas qu’il ait des ennuis avec la police…) Sur la bande passante, le programme diffusait des chansons d’ailleurs, exotiques et roulant des hanches… Le rhum et la musique adoucissant les mœurs, nous voilà réchauffés dare-dare pour la journée… Nous ouvrons les ventaux, et nous lançons aux quatre vents des déclarations définitives sur les valeurs absolues de l’anarchisme libertaire. Le voisin frappe au mur… Déjà minuit, le temps passe si vite… Je planque l’alambic, Philippe éteint la hifi. Nous ouvrons la porte et nous expliquons gentiment avec le voisin. Veut-il partager un petit verre avec nous ? Non ? Bonne soirée, alors ! La porte refermée, nous commençons à élaborer un plan d’évacuation de la grande ville vers des cieux plus cléments… La Réunion ? Pourquoi pas… Sagiterra

Deux

e – rhizomage Venant de reprendre la tournée de Woyzeck, à Toulouse je n’ai pas le temps d’écrire un texte pour Rhizomots, désolé. Trop occupé par ce théâtre de l’histoire de cet ectoplasme de chair, paradoxe vivant du vivant animal humain, trimballé du levant au couché par le vent des absolues passions, des questions, des frayeurs, des désirs et des besoins, tout pétri de morale et d’amoralité préformatées, maté qu’il est, manipulé jusque dans ses refus, par les autres, domestiqué par


les domestiques, les convenances, les ailleurs promis derrière les ventaux de son quotidien ou par les ailleurs refusés, les ici-même trop tremblants et prégnants pour un seul homme mal dégrossi, incapable de ne prendre que le miel, entêté comme en acouphènes par les larsens de la bande passante, comme on dit surentêté, n’entendant plus que son cœur qui bat trop fort, et voyant les serpentins colorés de la fête à midi comme des serpents noirs de sa guerre à minuit, tam-tam vaudous et ti punch empoisonnés. Et c’est bien de l’un et l’autre qu’il s’agit à cette fête des morts, aujourd’hui et ici. J’ai quand même eu le temps de revoir, comme issus d’une autre vie, Philippe et Laurent, du nord. avant de reprendre les répétitions de « Peut-être Yes Peut-être » de duras, je n’aurai peut-être, yes, peut-être, pas le temps du tout venant le temps d’écrire. désolé. sellig nossam pour HYBRIDE

Trois

e – rhizomage Addiction Tout tartinés de miel, ses mots serpentaient de la bande passante à mes pauvres oreilles. Ils s’enroulaient autour, glissaient dans les conduits, se frayaient des chemins inédits que je n’avais permis. Je me sentais happée, capturée, engluée. Ectoplastimisée. Je fondais à chaque


syllabe, me répandais, buvais buvais buvais jusqu’au dégoût ses mots de citrons doux. La tête gueuledeboisée, je devais déployer une énergie de fou pour m’en dépêtrer. Derrière, ailleurs, au loin, les mots du tout venant revenaient lentement. Des bribes de syllabes issues d’on ne sait où prenaient enfin le relais. J’émergeais épuisée, cuite en tipunchisée, et cherchais vainement des stratégies d’évitement. Il avait déployé au fil du vent levant une voix d’une écoeurante suavité ; chaque pause, silence, suspend savamment orchestrés. Il s’auto-envoûtait visant un système phonatoire aux parfaits absolus. Et moi en bonne poire, je pourrissais sur pied sous la glu du sucré. Aujourd’hui c’était trop, je fermerais les ventaux ; aujourd’hui c’était prêt, j’allais me décoller et ne plus écouter. Mais à l’heure donnée, invariablement, tout mon être se tendait vers le bouton blanc et Philippe du Nord retors attaquait son émission et plongeait doucereusement ses mots au fond de mes tympans. e

Semaine 47 : pouls La récolte : pouls, arythmiques, subit, pucelle, oeufs, palpite, pulse, poulettes, dos, ailler, us, lentes, hibou, pulsations, discret, loges

Les confitures Une

e pour rhizomage


Jour de gris et de bris de toute volonté. De l’inertie en pluie palpite faiblement derrière les volets. La moindre velléité de bouger s’éteint comme un pétard mouillé. Aussitôt dit et jamais fait. Tourner le dos et s’enfouir, s’enfuir… Fuittt ! Disparue engloutie entre les plis de draps imprimés d’insomnie. Les yeux écarquillés de hibou mal luné cherchent une paix où se poser, un pouls régulier sur lequel se caler, un tempo rassurant, une pulsation hypnotique à suivre du regard : un mouton, deux moutons, trois poulettes, quatre cochons… Les paupières de plus en plus lentes peinent à rester scellées. Des pensées arythmiques rôdent derrière les hublots vampirisant toute attention. Il faudrait s’ailler les tuyaux pour en dissoudre les effets. Et les voir s’envoler à petits cris vernis. Casser dans l’oeuf ses spores distractives trop actives et sortir du subi. Se retrouver tout frais dans le creux déposé d’un corps de pucelle attendrie. Discrètement ouvert, ingénument offert. Ça sentirait le lait, la brioche et le blé, les us d’antan, le jambon blanc. On y déposerait tous ses tourments. Enfouissant la tête dans des seins felliniens, généreuses loges pour les gueux du sommeil, on trouverait enfin l’ombre d’un repos chaud. Et l’on prierait païen pour tous ceux qui ont faim ; pour tous ceux que la nuit trop souvent pulse en veille chassant infiniment leur trêve de sommeil. e

Semaine 48 : exquis La récolte : exquis, orgasme, kirikou, croustillant, marquis, quiproquo, cadavre(s) (3X), esquisse, parti

Les confitures Une Exquis cet orgasme mon kirikou ! Croustillant marquis du quiproquo croquemoilàtiensc’esttoinonc’estmoi qui me laisse toute ébahie. Cadavre ravi au creux du lit contre cadavre alangui la bouche en oui, tu me parles ta langue de joui. Celle des cadavres en chères chairs remplies de vie. Celle qui esquisse délicat, excite sans blabla. Celle qui n’esquive pas mes désirs mordsmoilà et prends toujours parti pour mon plaisir à moi. De l’instant d’ici à celui d’encore et aussi, le pas assez passé ensablé, renouveau assuré, regain câlin d’activité, exit le suranné « j’ai pas osé ». Je n’en sais plus qui et où je suis… Exquis, exquis, ex qui ? e Apollon et Diane dans les bois, Lucas Cranach l’ancien, détail


Semaine 49 : roseau La récolte : roseau, bordeaux, rivière, pascal, chêne, pink water, rose oh !, sauvage, embrouille, couleur, résiste, seau d’eau, flûte

Les confitures Une

Et le chêne • Joëlle Bondil

maintenant c’était un vieux monsieur il était un vieux homme vieux ça veut dire quoi ? être là sur cette terre depuis un moment depuis un bon moment


Pascal s’embrouille de temps à l’autre… Il a entendu ceci entendu dire ceci de lui Pascal, le nom qu’il porte depuis si longtemps ailleurs qqfois il est juste ailleurs quelque fois ni ici ni pas encore là-bas mais il sent fort : il est sur le chemin dans cet espace entre les deux il est en bonne compagnie la flûte est avec lui cette flute qui vient de juste à coté de la rivière Rose, oh ! son ami de l’autre continent aimait jouer la flûte comme il aimait jouer avec les mots il aimait les mots leurs sens leurs sons et avant tout, la façon comment ils étaient dits il racontait aussi comment il fabrique les flûtes tout ce qu’il faut pour trouver le bon roseau un, qui résiste au souffle, qui va l’habiter aujourd’hui dans son jardin son dos contre le grand chêne dans son village juste qqs kilométres de Bordeaux Pascal voit dans son seau d’eau les couleurs d’un pink water ancien souvenir de son anglais coucher de soleil en reflet et en soufflant dans la flûte il entend les goûts sauvages du vaste de l’autre continent Ruth Unger


Deux

e pour Rhizomage

« À Bordeaux, y’a-t-une rivière… » Pfff… c’est pas une rivière, c’est un estuaire ! La Gironde, ainsi nommée parce qu’elle est large et généreuse… enfin je crois… Sur les bords de la Gironde, y’a des roseaux, des roseaux sauvages qui résistent, pieds dans l’eau, tête dans le ciel. Ah ! Faire la nique au chêne, ce privilégié qui méprise les pauvres végétaux-pieds-dansl’eau… Quand il tombera, celui-là, on ne le regrettera pas. Et même, on boira le champagne. Rose. Oh ! le champagne rose, qui embrouille un peu le cerveau mais qui met de la couleur dans la vie… Faudra penser au seau ! Non pas un seau d’eau, un seau à glace, pour le champagne ! Et puis aux flûtes : pas dans des coupes, le champagne, dans des flûtes, attention ! Tu y penseras, Pascal, à la « pink water« ? Allez, va (oui je sais, ça redonde, mais mieux vaut redonder, que retarder et oublier le champagne !) on va se faire une de ces fêtes… Nan, pas une fête « à l’eau-de-rose », une vraie fête au champagne ! Sagiterra


Trois je suis à ce velours rayure en ce doux bordeaux profond et chaud je coule tube déroutant à cette eau rose d’aurore c’est le soleil mon zénith c’est la soufflée des roseaux la rivière sensuelle sauvage en ma pink water est ma gazeuse pensée soufflée des roseaux je suis hors l’embrouille dans des chaines de chênes dans des siècles des siècles les pensées des roseaux s’existent noyé dans un seau d’eau coupe une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour me tuer. coule couleur rose oh ! je joue la flûte dans le ciel d’escaliers de la nef rose le rose pansant me plait des douleurs en doublons en douceur aux ensembles pascal résiste sellig nossam pour HYBRIDE


Semaine 50 : pastille La récolte : pastille, émoustille, opéra, Vichy, pilule, deville, confetti, couleur, pistil, hibiscus

Les confitures Une

e pour Rhizomage

Demoustilleville : Confetti-couleur-pistil Opera Vichy hibiscus pilule pastille Greg Theodoridis


Deux

e pour Rhizomage 17 heures tropicales. La grosse pastille disparaît d’un trait brutal sous la ligne horizontale. Ici, pas le temps des atermoiements. La pilule du soir est douce à avaler. Entre vieux loups de mer et chiens errants, le crépuscule s’écrit en minuscules. Il ouvre promptement la main et nous jette aux pupilles ses couleurs confettis tandis que les grillons aux ailes de métal entament le premier opus d’un opéra de nuit aux accents wagnériens. Dans la touffeur moite des premiers noirs du soir, c’est la fête aux pistils qui distillent : fleurs de frangipanier aux douceurs vanillés et dessins enfantins, flamboyants, hibiscus, orchidées et lotus ; autant de sucs qui émoustillent nos narines épatées au propre comme au figuré. Au sortir de l’eau bleue foncée, on traîne encore les pieds hésitant à écraser les tracés, entre carreaux vichy et signes sophistiqués, que les crabes ont laissés. Le regard s’attarde une dernière fois de l’autre côté de la baie où percent les premières lueurs de villes en villages, traçant la jonction entre hommes, jungle et océan. La nuit nous tend ses draps humides aux senteurs de fruits frais et l’on s’y glisse tout alangui bordé par le ressac régulier qui n’arrête jamais. Comme le temps qui s’étire ici, lent, puissant et sans accent. e


Semaine 51 : exil La récolte : exil, tempérance, départ, silex (2), passion, exit, banc, ville, presse, evil, exulter, Wajdi, excelle, fiscal, aphone

Les confitures Une

Sellig Nossam pour Hybride Son ex il n’en a rien dit, et ce n’est pas non plus Wajdi qui l’a écrit; mais si l’ex de mon ex celle, pas Elisabeth, qui est loin d’être aphone, celle en exil de passion dans la ville exaltée, si l’ex en question pouvait faire preuve de tempérance au lieu d’exulter de sa vengeance exhumée, au lieu de m’exiler sans excuse sur le banc des accusées, jugée comme le fisc à l‘aune des excès des acteurs expatriés, au lieu de me pousser expresse avec de vilaines manières vers la panneau Issue-Exit, quelle mauvaise expérience; alors je pourrais m’offrir un extra, un départ ex nihilo vers l’avenir. JJ


Deux

Sellig Nossam pour Hybride

Congratulations Mr. Silex and Mrs Silex you are not alone ! Crimes of Passion as permitted by the Exulter may continue until Evil get’s in the way. Temperance follows Fiscal Bancruptcy to the Exit. Depart you will, the Wajdi will make sure, with only the leftovers, Exil, Ville, Presse and only an APhone. until one day you Excelle again. Greg Theodoridis


Trois

e pour Rhizomage 356e jour, an 2012, 7h47 C’est l’heure aurorale où des roses de ciel s’étalent sur la ville pliée de bruit. Au moins ici il ne pleut pas. Le ciel éclaire, le froid s’en va. La mer couleur silex secoue de vieilles passions endolories. Je m’éveille à quelques centimètres de moi en me demandant qui est vraiment là. Au banc de soi, exilée, étrangèrement absente et pas. Secouer, secouer et laisser décanter sans trop déchanter. Ma petite musique à moi semble toute étiolée. Exit les regrets surannés, images fantasmées de ce qui n’a pas été, opaque écran à l’exultation de ce qui simplement est. Exit tout ce qui amarre un peu trop au passé et nous taille au cœur des noyaux silex cerisier trop dur à avaler. Evil les j’aurédu, yavé ka, akoibon qui pressent sur le désir jusqu’à bien l’ensabler. Exit les tant pis rances quand le fils cale devant son désir à lui. Aphone de ses mots qui l’étouffent à demi. Ravalant ses Moua j’dis derrière ceux d’autrui. De la tempérance au tempérarement, il excelle dans l’errance spectrale juste derrière ceux qui sont, ont été, d’avant lui, et s’oublie. Mauvais départ lesté de fatigue au mot recommencer. Du retard accumulé. Jamais trop tard pour s’y atteler et changer le hagard du trop vouloir garder en vrai regard au moins un peu plus frais. e


Semaine 52 : italique La récolte : italique, françoque, la tour de Pise, pierre, francesque, titres, légende, botte, érudition, métallique, marque, alcoolie, Italie, ta mère, liqueur, autrement

Les confitures Une

e pour Rhizomage France, est-ce que ça va ? France, Oh que tu m'effraies quand tu disparais... C'est ta mère qui te poudre le nez de sels à réveiller. France, dis quelque chose voyons ? … Un long temps après, France souleva enfin une paupière sur un œil pas très fier. Et constata consternée que le monde avait changé. Il gîtait d'au moins 15°. Penchés sur le côté, droit évidemment, les immeubles d'en face tour de pisaient, le canal italiquait, les toits obliquaient et ses pas vacillaient. Elle essaya vaguement de farfouiller son grenier cervical pour glaner quelques infos sur ce qu'elle avait fait et surtout ingurgité. Mais rien et rerien. Le trou noir parfait. Un vieux goût acide-métal, hic, au fond du gosier, des pierres à la place du cerveau et la mémoire en ris de veau. Alcooliée depuis tant d'années, elle s'était dotée en la matière d'une érudition légendaire et savait rester droit dans ses bottes quand il le fallait. C'était sa marque de fabrique. Sevrée avec une queue de morue aux cœurs des vignobles de sa douce Italie, elle ne crachait jamais sur la vendange. Et cumulait les titres de noblesse imbibée : reine des boit-sans-soif,


princesse dipsomane, boutancharde avérée, duchesse des camphrières (pour son goût immodérée des liqueurs), gobelotteuse adorée, suce-cannelle alambiquée, nez fleuri, sac à tafia... les éloges fleurissaient partout où elle tisait. Sa période adorée ? Vous l'aurez deviné : la fin de l'année bien sûr, où l'on pouvait enfin bacchuser autrement, sans relâche, avec en prime l'aval de toute une société. Alors levons le coude demain sans culpabilité et à tous bonne année ! e

Ridha Dhib


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