Valoriser la durabilité - Obsolescence programmée

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VALORISER LA DURABILITÉ — L’obsolescence programmée Yoann Rapinel



Présentation de projet professionnel par Yoann Rapinel

Quelle stratégie design déployer pour inciter les consommateurs à acheter plus durable ?

2017 - 2018 E-artsup n’endosse pas la responsabilité du contenu développé dans ce dossier. Il appartient à son auteur.




RÉSUMÉ L’obsolescence programmée se définit par un ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à raccourcir délibérément la durée de vie d’un produit afin d’en augmenter le taux de remplacement. Cette pratique est condamnée par la loi Consommation du 17 mars 2014, malgré le fait qu’elle soit très difficile à démontrer. Du côté des fabricants, le point de vue est clair, cette stratégie n’est en aucun cas pratiquée à l’heure actuelle. Du côté des consommateurs, on observe une baisse de la confiance envers les biens qu’ils achètent. De nombreuses études et associations nous interpellent sur le fait que la durée de vie des produits a baissé par rapport aux produits dont disposaient nos parents ou grand-parents. Est-ce la faute des consommateurs et de leur usage au quotidien de leurs appareils ou de leur envie de renouvellement effrénée ? Est-ce la responsabilité des politiciens, ne proposant pas de réforme assez stricte concernant la durabilité des biens, de leur réparabilité ? Ou bien celle des fabricants, concevant des produits pour une durée bien précise afin d’obtenir un renouvellement rentable d’un point de vue économique ? La réponse à la question n’est pourtant pas prioritaire comparé aux conséquences de cette pratique. Elle impacte de très nombreux domaines et caractéristiques comme la notion de durabilité des produits, du traitement des déchets électroniques, de l’empreinte carbone, des inégalités sociales, de la psychologie des consommateurs… Que ça soit d’un point de vue économique, environnemental ou social, des alternatives sont à développer pour contrer cette obsolescence programmée.


ABSTRACT Planned obsolescence is defined by a set of techniques by which a marketer deliberately shortens the lifetime of a product in order to increase the replacement rate. This practice is condemned by the Consumption law of March 17, 2014, despite the fact that it is very difficult to demonstrate. On the manufacturers side, the point of view is clear, this strategy is in no way practiced at the moment. On the consumer side, there is a decline in confidence in the products they buy. Many studies and associations point out to us that the lifetime of products has decreased compared to the products available to our parents or grandparents. Is it the fault of consumers and their everyday use of their appliances or their desire for unbridled renewal? Is it the responsibility of the politicians, not proposing a fairly strict reform concerning the product sustainability, their repairability? Or that of the manufacturers, designing products for a specific time period in order to obtain an economic renewal? The answer to the question is not, however, a priority in comparison with the consequences of this practice. It affects many specifications such as the notion of product sustainability, electronic waste processing, carbon footprint, social inequalities, consumer psychology... Whether from an economic, environmental or social point of view, alternatives must be developed to counter this planned obsolescence.


SOMMAIRE Introduction

1.

L’OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE

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A. Définition

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L’obsolescence technique / technologique L’obsolescence par péremption L’obsolescence esthétique L’obsolescence écologique B. Histoire

p.10

Cartel Pheobus Naissance de l’obsolescence esthétique Prise de conscience environnementale Prêt à jeter - ARTE Débat politique en France C. Une sensibilisation en cours

p.17

Des reportages qui se multiplient Des entreprises à contre-courant

2.

UN IMPACT ENVIRONNEMENTAL

p. 23

A. Augmentation de la consommation

p.26

Une société de gaspillage Faciliter la consommation La recherche du bonheur B. Recyclage des déchets

p.30

Les déchets électriques Des alternatives L’exemple du Cradle to Cradle C. Le point de vue social Les mines d’extraction Les déchetteries du Ghana

p.35


3.

INFORMER LES CONSOMMATEURS

p. 40

A. Garantie et disponibilité des pièces

p.42

Loi Hamon Évolution de la garantie jusqu’à 10 ans L’optique de l’entreprise Seb B. Labels, mentions et étiquetages

p.47

L’électroménager et les étiquettes énergies Casino et les produits de grande consommation L’agriculture biologique, le label rouge, AOP, AOC… C. La durabilité

p.56

L’impact sur le consommateur La fidélité est bénéfique

4.

VERS LE GRAND PROJET

p. 60

A. Conclusion & Analyse des hypothèses

p.62

Une sensibilisation en plein essor Un impact environnemental reconnu Le succès de l’information B. Projet professionnel

p.67

1 - Le concept 2 - Les consommateurs 3 - L’identité 4 - Le rétroplanning 5 - Le budget 6 - Les planches tendances

BIBLIOGRAPHIE & SITOGRAPHIE

p.82

ANNEXES

p.88


INTRODUCTION Ce mémoire consistera à comprendre la notion d’obsolescence programmée et analyser la durabilité au sein de nos biens de consommation. Baigné dans une période de surconsommation, nous ferons apparaître les stratégies misent en place par les industries actuelles. Par la même occasion, nous développerons des alternatives créées depuis de nombreuses années pour raisonner cette consommation excessive. À l’heure actuelle, la méfiance des Français ne fait qu’accroître envers les produits électroménagers ou high-tech. Les consommateurs pensent que les industries n’ont aucun bénéfice à développer leur aspect durable. En effet, l’argument principal de ces dernières se résume au fait que la durabilité soit en lien avec la baisse des ventes. Ceci pose un réel problème environnemental et social car l’objectif est de créer uniquement pour obtenir des bénéfices et non pour subvenir aux besoins réels des consommateurs.

p.2

D’où viennent ces stratégies ? Que nous apportent-elles ? À qui bénéficie-t-elles ? Quelles en sont les conséquences ? Ici, il ne sera pas fait mention d’une étude détaillée sur le consumérisme mais plutôt sur l’écologie au sein de la consommation. À savoir, notre consommation énergétique, nos émissions CO2 et l’utilisation des ressources. Nous avons donc formulé trois hypothèses autour de ce champ. Premièrement, une sensibilisation émerge contre cette


obsolescence programmée depuis quelques années. Deuxièmement, la consommation de biens technologiques s’accentue de plus en plus et impacte gravement l’environnement. Et enfin troisièmement, aucune information n’est encore mise en place pour valoriser les produits durables, contrairement au Bio, au Vegan, à une faible consommation énergétique… où ces informations se sont bien installées dans le marché actuel. Ces trois hypothèses, nous guiderons dans l’imagination de solutions concrètes afin de répondre à la problématique suivante : Quelle stratégie design déployer pour inciter les consommateurs à acheter plus durable ? Nous remarquons que cette problématique se focalise sur les consommateurs, proposant ainsi des solutions essentiellement centrées sur ces derniers. Très présente dans le domaine du design d’interaction, cette démarche de conception nous permettra d’étudier à chaque étape, les besoins et les attentes des utilisateurs. La durabilité des biens est un élément clé de cette problématique pouvant mener à une valorisation des produits ou à une sensibilisation des consommateurs.

p.3


1

L’OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE

Photo originale réalisée par Joey Kyber sur Unsplash


« Les dérives de la société de consommation amènent de plus en plus de consommateurs à s’intéresser à la “ consommation éthique ”. En tant que consommateurs responsables ils se posent ainsi des questions sur l’impact environnemental, l’écologie, le développement durable… » L’obsolescence programmée ou les dérives de la société de consommation p.6 — Centre Européen de la Consommation


A. DÉFINITION L’obsolescence programmée signifie le fait de réduire délibérément la durée de vie d’un produit afin d’inciter les consommateurs à racheter un nouveau bien. Cette stratégie peut être pratiquée dans tous les domaines de l’entreprise, au moment de la conception du produit grâce aux ingénieurs, lors de la phase de marketing jusqu’au service après-vente.1 Il existe différents types d’obsolescence programmée, souvent scindée en deux grandes parties : l’obsolescence technique et l’obsolescence psychologique. Ici nous détaillerons ces définitions à travers quatre parties différentes : L’obsolescence technique2 L’obsolescence technique aussi appelée technologique est le type d’obsolescence le plus répandue regroupant quatre sous-catégories : a. L’obsolescence par défaut fonctionnel b. L’obsolescence par incompatibilité c. L’obsolescence indirecte d. L’obsolescence par notification a. L’obsolescence par défaut fonctionnel

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Pratiquée par les industries, l’obsolescence par défaut fonctionnel est une technique visant à avancer la fin de vie d’un appareil. Lorsqu’une pièce tombe en panne, l’appareil entier cesse de fonctionner. Ce type d’obsolescence concerne principalement des produits électriques ou électroniques tels que les téléviseurs, les téléphones portables, les machines à laver ou encore les ordinateurs.

1 L’obsolescence programmée : la face cachée de la société de consommation — William, Mutinerie. 2 L’obsolescence programmée ou les dérives de la société de consommation p.4 — Centre Européen de la Consommation


Cette technique est utilisée essentiellement dans le domaine de l’informatique. Elle vise à rendre un bien inutile par le biais d’une incompatibilité avec les versions futures ou celles des concurrents. C’est notamment le cas des applications et logiciels sur tous les types d’appareils électroniques. c. L’obsolescence indirecte L’obsolescence indirecte consiste à faire en sorte que les produits associés au bien principal, ne sont plus disponibles à la vente, ainsi le produit devient inutilisable pour ses utilisateurs. Ce problème est récurrent pour certaines marques de téléphones portables avec les chargeurs de batteries, par exemple. En effet, si la production des produits annexes est arrêtée, ceci complique la réparation et l’usage de l’appareil par ses propriétaires. d. L’obsolescence par notification L’obsolescence par notification se caractérise par la conception d’un produit signalant aux consommateurs qu’il est nécessaire d’effectuer une maintenance partielle ou intégrale de l’appareil. Il y a encore quelques années, les imprimantes affichaient un message d’erreur bloquant son utilisation. Cette fausse panne était liée à un compteur qui au bout d’un certains nombres d’impressions se déclenchait automatiquement.

1. L’OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE

b. L’obsolescence par incompatibilité

p.7


L’obsolescence par péremption L’obsolescence par péremption est définie par deux types de dates de péremption : - La date limite de consommation (DLC) est bien connue et se retrouve principalement dans les produits alimentaires frais, tels que la viande, le poisson et les produits laitiers. - La date de durabilité minimale (DDM) est une date indicative. Une fois dépassée, le produit perd de ses qualités gustatives mais ne pose pas de danger pour la santé des consommateurs. Cependant, malgré ces indications contrôlées et réglementées, les industries n’hésitent pas à réduire la durée de vie de leurs produits pourtant encore consommables. L’obsolescence esthétique

p.8

L’obsolescence esthétique est une technique particulière car elle n’est dû ni à un problème technique ni à une durée de vie du produit en lui-même. Elle joue sur la psychologie des consommateurs. Il s’agit d’une forme d’obsolescence de plus en plus populaire dans notre société de consommation puisqu’elle est liée à la mode. En effet, si quelque chose semble vieillir ou démodé, le consommateur est incité à choisir un nouveau produit. De nombreux moyens sont employés pour nous pousser à renouveler nos biens (le marketing et la publicité par exemple). Ce type d’obsolescence intervient généralement avant la mort du produit, il est donc laissé de côté alors qu’il est encore en bon état.

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« Les dérives de la société de consommation amènent de plus en plus de consommateurs à s’intéresser à la “ consommation éthique ”. En tant que consommateurs responsables ils se posent ainsi des questions sur l’impact environnemental, l’écologie, le développement durable… »3 Les industries ont bien pris en compte ces nouvelles demandes et depuis quelques temps, nous avons pu voir apparaître cette nouvelle forme d’obsolescence : l’obsolescence écologique. « Le renouvellement des 25 millions d’appareils électroménagers de plus de dix ans par des appareils récents performants permettrait d’économiser 5,7 milliards de Kilowatts, soit la consommation annuelle des Parisiens. » L’idée bien qu’intéressante selon ces derniers chiffres, est-elle réellement bénéfique pour l’environnement ? Étant donné que parmi ces 25 millions d’appareils, un bon nombre doit encore fonctionner parfaitement. Qu’en est-il des déchets, du recyclage ou bien du reconditionnement ? Ce débat peut également s’effectuer suite à la mise en place par le gouvernement de la prime à la conversion, une aide reçue lors de l’achat d’un véhicule neuf contre la mise à la casse d’un ancien véhicule diesel.

3 L’obsolescence programmée ou les dérives de la société de consommation p.6 — Centre Européen de la Consommation

1. L’OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE

L’obsolescence écologique

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B. HISTOIRE En 1924, apparaît la toute première forme d’obsolescence programmée. Suite à une chute importante des ventes annuelles d’ampoules, les principaux acteurs du milieu (notamment Philipps, Osram et General Electric) mettent en place une alliance commerciale appelée le cartel Phoebus. Ce groupe d’entreprise avait pour objectif de réduire les coûts de production des ampoules et ainsi réduire la durée de vie de ces dernières. La standardisation des ampoules effectuées, les consommateurs étaient contraints à renouveler leurs achats plus souvent à cause de la durabilité de leurs biens. Le cartel avait pour argument qu’une durée de vie plus longue ne pouvait s’effectuer sans baisse d’efficacité de leurs produits (une augmentation de la consommation énergétique et une baisse d’intensité lumineuse au fil du temps). En 1925, Stuart Chase, un économiste et ingénieur américain, publie un livre intitulé The tragedy of waste. Cet avant-gardiste fût l’un des premiers à avoir énoncé le concept d’obsolescence programmée. Suite à la première guerre mondiale, il analyse à travers son ouvrage, les causes du gaspillage dans la société américaine ainsi que la production de biens qu’il estime « superflus ».

p.10

En 1932, dans son livre The New Prosperity, Bernard London emploi pour la première fois le terme « obsolescence programmée » comme d’une stratégie commerciale pour régler la crise économique de l’époque.4 Suite

4 L’obsolescence programmée, description d’une controverse sociotechnique, Historique


5 America’s Greatest Depression 1929-1941, — Lester V. Chandler, New York, Harper and Row, 1970, p. 24

6 Bernard London et l’obsolescence planifiée, — Pierre Le Vigan

Cette stratégie rappelle également le sophisme de la vitre cassée, décrit par l’économiste Frédéric Bastiat dans son essai Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. À travers cet écrit, il dissipe l’illusion que la destruction de biens matériels pourrait favoriser l’activité économique et illustre la notion de coût d’opportunité, autrement dit, ce qui aurait pu être effectué en évitant les dépenses de cette destruction. Il conclut par : « la société perd la valeur des objets

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1. L’OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE

au Krach de Wall Street, le chômage explose en passant de 6 % en 1929 à 25 % en 1932 (soit 13 millions de chômeurs)5, la consommation des ménages ne décolle plus entraînant ainsi une baisse du renouvellement des biens. Pour Benard London, la solution est de stimuler la consommation de la population afin de développer davantage les industries du pays. Il propose alors que l’État fixe une durée de vie légale pour tous les produits de consommation. Si l’un des produits arrivent en fin de vie, le consommateur serait légalement forcé à le remplacer. Même si le terme « obsolescence programmée » est énoncé dans son ouvrage, il s’agit dans cette situation plus d’une obligation juridique plutôt qu’un renouvellement dû à l’usure du produit comme nous le connaissons actuellement. Nous pourrions ainsi traduire cette idée par le slogan employé dans Brave New World d’Aldous Huxley : « Mieux vaut jeter que réparer »6 de manière à fournir un travail à chacun.

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Photo originale réalisée par Giovanni Ribeiro sur Unsplash

inutilement détruits », ce qu’il résume par : « destruction n’est pas profit ». En 1940, duPont lança une fibre synthétique incroyable appelé le Nylon. Utilisé pour l’industrie textile, cette innovation eut un réel succès auprès des femmes avec des bas très résistants. Ce progrès ne dura pas longtemps, car les bas fonctionnaient « trop » bien et, par conséquent, les fabricants en vendaient de moins en moins. DuPont changea alors de stratégie en ordonnant à ses ingénieurs de travailler sur des fibres plus fragiles de manière à ce que les bas filent plus souvent. Au fur et à mesure, les bas sont devenus de plus en plus fin et ont perdu leur résistance. C’est à partir de cette transition que la consommation des bas eut une réelle croissance. En 1950, la thèse de M. London fût défendue par Brooks Stevens, un designer industriel américain. En opposition aux valeurs de Henry Ford et Walter Dorwin Teague, M. Stevens prône l’idée de rendre les consommateurs insatisfaits d’un produit après en avoir profité un certain temps. Nul besoin d’obliger les ingénieurs à réduire la durabilité des produits, jouer avec la psychologie des consommateurs est le seul objectif à atteindre. Les designers prirent peu à peu le contrôle de l’obsolescence programmée grâce à l’évolution de la mode. p.12

Brooks Stevens définissait cette pratique de cette manière : « L’obsolescence planifiée donne à l’acheteur le désir de posséder


Vance Packard est également un économiste, sociologue et écrivain américain, qui publie en 1962 The Waste Makers, l’un des ouvrages les plus populaires traitant de l’obsolescence programmée. Il nous fait prendre conscience des impacts environnementaux à venir si notre consommation ne cesse de croître. En effet, à cette époque, les ressources naturelles n’étaient pas l’un des principaux problèmes pour les industries, Vance Packard le souligne à travers son ouvrage et tente de démontrer les coûts faramineux qu’engendre cette

7 « Planned Obsolescence is instilling in the buyer the desire to own something a little newer, a little better, a little sooner than is necessary » [traduction de l’auteur]

8 L’obsolescence programmée, description d’une controverse sociotechnique, Historique

1. L’OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE

quelque chose d’un peu plus récent, un peu mieux, un peu plus tôt que nécessaire »7. Cette obsolescence contrairement aux aspects techniques que nous avons pu énoncés précédemment est plus symbolique. Elle joue sur l’esthétique des objets, influençant les désirs des consommateurs à obtenir la dernière innovation sortie. En somme, la plupart des objets remplacés étaient en état de fonctionner, ils semblaient simplement démodés auprès de leurs utilisateurs. Une fois confronté à son entourage, cela forçait les consommateurs à changer de biens pour égaler les autres. Après les années 50, de nombreux acteurs se sont penchés sur la question pour dénoncer les valeurs de cette pratique. C’est le cas notamment de John Kenneth Galbraith, un économiste américain, à travers son écrit The affluent society encourageant les universitaires des pays industriels à questionner les conséquences de telles démarches.8

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pratique d’obsolescence programmée. La question des déchets et de la consommation pour la consommation intervient dans un pays où « Il y a plus de voitures dans ce pays qu’il n’y a de familles ». Petit à petit, la recherche du plaisir se laisse guider par la surconsommation et le gaspillage incité par la stratégie des publicitaires qui est de « persuader le public et lui faire éprouver le besoin d’accroître ses achats ». Afin d’appuyer politiquement cet argument, le président Eisenhower appelait la population à consommer pour sauver l’économie américaine : « Il faut acheter, acheter n’importe quoi ! ». Il n’est plus question d’acheter pour satisfaire un besoin mais bien d’acheter par nécessité pour le pays. Vance Packard informe son lecteur en séparant l’obsolescence en deux nuances bien distinctes : l’obsolescence technique, qu’il qualifie d’obsolescence de fonctionnalité, et l’obsolescence esthétique, qu’il caractérise comme psychologique.

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En 1967, Lewis Mumford un historien américain spécialisé dans l’histoire de la technologie et de la science, publie The Myth of the Machine. Il critique la tendance actuelle de la technologie menant, selon lui, à l’encontre de la durabilité, de la satisfaction humaine et de la qualité des biens. Ce qu’il appelle « mégatechnique », est cette technologie moderne poussant les consommateurs au renouvellement prématuré de leurs biens grâce à des stratégies tels que : le crédit à la consommation, un design


Ce n’est qu’en 2007, que l’obsolescence programmée est soulignée de nouveau après de nombreuses années de silence. Giles Slade, un auteur Canadien sort Made to break : technology and obsolescence in America afin de revenir sur l’histoire de l’obsolescence programmée et de mettre en lumière les futurs impacts de cette pratique. Il nous informe sur la manière dont les industriels ont réussi à développer la demande auprès des consommateurs ainsi que leur rôle dans la société de consommation américaine actuelle. Cosima Dannoritzer réalise en 2011 un documentaire diffusé par Arte nommé Prêt à jeter. Inspiré par l’ouvrage de Slade, il retrace également l’histoire de l’obsolescence programmée avec de nombreux exemples concrets tels que : l’ampoule de Livermore, le cartel Phoebus, l’industrie automobile avec Ford et General Motors, etc. Ce documentaire eut un réel succès auprès des trois pays où il fût diffusé (la France, l’Allemagne et l’Espagne). En 2012, apparaît la première prise de position d’une figure politique sur le sujet en France. Éva JOLY, candidate Europe

9 Lewis Mumford : Biography

1. L’OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE

défectueux, un changement de mode fréquent. « Sans l’incitation constante de la publicité », explique-t-il, « la production ralentirait et se stabiliserait à la demande de remplacement normal ; de nombreux produits pourraient atteindre un plateau de conception efficace qui n’exigerait que des modifications minimes d’année en année ».9

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Écologie les Verts aux présidentielles lutte pour l’interdiction de la pratique.10 Elle sera suivie par le projet de loi d’Europe Écologie les Verts cette fois-ci porté par Jean-Vincent PLACÉ. Ce texte vise à allonger la garantie des produits et fournir une transparence dans la fabrication et la structure des objets afin de faciliter les réparations par les utilisateurs eux-mêmes. Ce projet, après avoir été refusé, est en partie relayé par la loi Consommation de Benoit Hamon en juillet 2014 : « Désormais, le fabricant ou l’importateur de biens meubles devra informer le vendeur professionnel de la période pendant laquelle ou de la date jusqu’à laquelle les pièces détachées indispensables à l’utilisation des biens sont disponibles sur le marché. Le vendeur devra ensuite transmettre cette information au consommateur lors de l’achat du produit. Cette indication devra être fournie de manière lisible avant la conclusion du contrat et être confirmée par écrit lors de l’achat du bien ».11 Même si une avancée politique s’effectue en France, les pays voisins comme la Belgique, les Pays-bas ou la Finlande, ont davantage de précision sur la question de l’obsolescence programmée. En effet, la Belgique est la première à s’en être occupée avec la mise en place, au niveau européen, d’un étiquetage de la durée de vie des produits liés à l’énergie (ampoules, ordinateurs, téléphones portables…) et de leur facilité de réparation. Le sénat belge a adopté cette résolution lors de la séance du 2 février 2012.12

10 L’obsolescence programmée, description d’une controverse sociotechnique, Historique

11 Obsolescence programmée : ce que change la loi Hamon

12 Proposition de résolution en vue de lutter contre l’obsolescence programmée des produits liés à l’énergie — Sénat de Belgique


13 L’obsolescence programmée ou les dérives de la société de consommation p.18 — Centre Européen de la Consommation

14 (fig 1) Évolution de recherche via Google Trends

C. UNE SENSIBILISATION EN COURS À partir de 2011, l’obsolescence programmée est devenue un sujet beaucoup plus répandu. C’est notamment grâce à la diffusion du documentaire Prêt à jeter sur Arte que nous avons pu voir une très nette augmentation du sujet dans les résultats de recherche Google.14 Les pays les plus renseignés sur ce sujet sont les pays Hispaniques (l’Espagne, l’Uruguay et la Colombie) et Francophones (France, Belgique, Suisse), c’est à dire là où le documentaire a été diffusé. Suite à cet événement, le sujet suscite un intérêt plus élevé qu’auparavant. D’autres reportages ont également traité du sujet en France, comme Envoyé Spécial : TV, hi-fi, électroménager… le grand bluff ou encore Évolution de recherche Google dans tous les pays sur le sujet : Obsolescence programmée 100 75 50 25 1 déc. 2010

8 janv. 2011

5 fév. 2011

25 mars 2011

1. L’OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE

Les Pays-Bas déclarent dans leur législation qu’il est possible pour un consommateur d’obtenir une garantie de conformité plus longue concernant des produits avec une durée de vie élevée tels que les voitures et l’électroménager. Plus le produit dure dans le temps et plus la garantie légale de conformité sera allongée.13

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Cash Investigation : La mort programmée de nos appareils. Ces derniers ont eu un impact moins élevé sur le sujet mais cela a quand même permis de le rendre plus populaire. Nous constatons cet effet de popularisation grâce à un sondage publié par 60 millions de consommateurs, démontrant que la méfiance des consommateurs Français gagne du terrain. En effet, 82 % des sondés indiquent que le vendeur tente d’influencer leur choix. Ceci rappelle le documentaire d’Envoyé spécial où les conseils des vendeurs n’étaient pas neutres et objectifs étant donné qu’ils touchaient une prime sur certains produits. Enfin, 92 % sont convaincus que les produits électroménagers ou high-tech sont volontairement conçus pour ne pas durer.15 Ces chiffres, sont annoncés au moment où la loi Hamon sur l’obsolescence programmée est mise en place. Malheureusement, cette dernière est très peu respectée, et ceci même à l’heure actuelle, concernant la disponibilité des pièces détachées sur les produits en vente. Depuis plusieurs années, des entreprises et startups voient le jour afin de créer des alternatives à cet effet : faciliter la réparation, reconditionner un appareil, acheter durable, sont des exemples de projets contre l’obsolescence programmée. p.18

C’est le cas de iFixit, « Le tutoriel de réparation gratuit pour tout, écrit par tous ». Il s’agit d’un site web basé sur un Wiki16 ayant pour but d’apprendre à ses utilisateurs à

15 Sondage en ligne réalisé du 28 février au 4 mars 2014 auprès de 1020 personnes. La méfiance des consommateurs gagne du terrain. 16 Un wiki est une application web qui permet la création, la modification et l’illustration collaboratives de pages à l’intérieur d’un site web.


Back Market, « le (super) marché des produits reconditionnés » est également un exemple important dans la lutte de l’obsolescence. Cette entreprise se caractérise par la vente de produits ayant déjà eu une période d’utilisation, cette technique, appelée le reconditionnement, permet à des appareils qui ont déjà vécu

17 iFixit en quelques mots, www.ifixit.com

1. L’OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE

réparer ses biens. Tout le monde peut créer un guide de réparation pour un appareil et éditer les manuels déjà existants afin de les améliorer. L’entreprise est née sur un campus d’étudiant en 2003 dans le but de vendre des pièces de remplacement mais surtout obtenir des instructions de réparations gratuitement et simplement. Quels sont donc les objectifs de cette entreprise ? En réparant nous-même nos produits, nous pouvons économiser beaucoup d’argent. L’aspect économique est, en effet, un élément important, mais d’autres raisons bien plus importantes sont à prendre en compte. Par exemple, chaque année, 100 millions de tonnes de déchets électroniques sont jetés en Afrique. Des enfants à peine âgés de 6 ans exploitent ces déchets pour en obtenir du cuivre et d’autres métaux. Ils sont pourtant extrêmement toxiques et proviennent « des pays riches », c’est donc notre responsabilité d’en produire le moins possible. iFixit tend à lutter contre ces problématiques car aujourd’hui elle compte plus de 29 000 tutoriels de réparation, près de 110 000 solutions trouvées et enfin 9 000 appareils réparés.17

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Photo originale réalisée par Igor Ovsyannykov sur Unsplash


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d’être remis en parfait état de marche pour une seconde vie et à moindre coût. Cela s’effectue en usine, avec des procédures et une qualité industrielle, des pièces standards et agréés offrant ainsi des prestations proches du neuf.18 Alors que le marché de l’occasion faisait peur aux consommateurs concernant la qualité des produits, le reconditionnement permet d’obtenir un équilibre sur le rapport qualité/prix. « Le souhait principal autour de ce projet est de défendre des valeurs fortes autour de l’économie circulaire, de proposer des solutions pour consommer différemment, d’optimiser nos ressources, et de mettre à profit les avancées de la troisième révolution industrielle afin de créer un mode de consommation vertueux ». Le reconditionnement est souvent effectué pour des téléphones portables étant donné que leur durée d’utilisation est assez limitée par rapport à leur durée de vie. Ceci permet à ses propriétaires de le remettre sur le marché plutôt que de le laisser de côté pendant de nombreuses années voire même de le jeter. Back Market a compris que cette technique pouvait se développer sur davantage de produits et propose des biens high-tech (ordinateurs, télévisions, casques et enceintes…) mais également de l’électroménager allant du réfrigérateur à la machine à laver et même jusqu’à la tireuse à bière. Au final, cette start-up française lancée en 2014 a cumulé un peu plus de 30 millions d’euros de volume d’affaires en 2016 et a

18 Le reconditionné, un remède à l’obsolescence programmée ? — BackMarket


passé la barre des 150.000 clients il y a plusieurs mois. Avec les 7 millions d’euros qu’ils viennent de lever, ils souhaitent étendre leur réseau à l’international qui s’effectue d’ores et déjà auprès de l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne ou encore la Belgique. Nous l’avons vu avec ces deux précédents exemples, de plus en plus d’entreprises tentent de donner une nouvelle vie à nos produits tombés en panne ou inutilisés. D’autres se focalisent par ailleurs sur la durabilité des produits et de ses impacts environnementaux et sociaux lors de leur conception. C’est le cas avec le Fairphone qui se dit être le premier téléphone éthique au monde. Produit par l’entreprise du même nom, elle lutte pour des valeurs sociales et œuvre à la construction d’un mouvement en faveur d’un monde de l’électronique plus équitable. Pour cela, Fairphone emploi tous les moyens possibles : - Créer un design à l’épreuve du temps avec une architecture modulaire et une réparabilité simplissime. Grâce à ses pièces détachées et ses tutoriels, la réparation et le renouvellement des composants est un jeu d’enfant. Obtenir une longévité logicielle en rendant accessible le code source des smartphones à tous ses utilisateurs. - S’approvisionner en matériaux responsables, augmenter l’utilisation de matériaux recyclés puis chercher activement des partenaires pour atteindre des objectifs toujours plus durables.

1. L’OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE

Photo originale réalisée par Jon Figas sur Flickr

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Publicité originale de la marque Fairphone

« Matériau par matériau, nous mettons tout en œuvre pour sensibiliser le secteur et les consommateurs et incorporer de meilleures ressources dans nos téléphones ». Liste d’autres acteurs autour du domaine de l’obsolescence programmée :

Halte à l’obsolescence programmée : association engagée dans la lutte contre le prêt-à-jeter. Repair café : atelier de réparation collaboratif et accessible à tous. M² : diagnostic et réparation de produit informatique. Spareka : site spécialisé dans la vente de pièces détachées et accessoires. WeFix : service de réparation d’objets connectés à domicile. p.22

EcoGuide IT : Comparateur d’achat de high-tech durable.


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2

UN IMPACT ENVIRONNEMENTAL

Photo originale réalisée par Sebastian Pichler sur Unsplash


« C’est le grand paradoxe de l’ère numérique : des entreprises parmi les plus florissantes et innovantes du monde sont capables de commercialiser des produits incroyablement sophistiqués sans être tenues de révéler où elles se procurent les matières premières incluses dans leurs composants » Déclaration d’Emmanuel Umpula, directeur exécutif d’Afrewatch (Observatoire africain des ressources naturelles)


A. AUGMENTATION DE LA CONSOMMATION Depuis cinquante ans, les Français consomment de plus en plus chaque année : en 2010 le volume annuel de consommation par personne a triplé par rapport à 1960.19 Les Trente Glorieuses ont engendré cette surconsommation, qui s’est traduite, notamment, par une augmentation des dépenses de 4% par habitant chaque année. Ces changements s’expliquent par différents facteurs comme l’évolution des modes de vie, l’omniprésence de la publicité mais également le développement des nouvelles technologies.

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Ce développement se traduit par une multiplication des biens matériels ayant accompagné l’équipement progressif des ménages. Suivi par les services de communication qui n’a cessé de croître. Réservés auparavant à une élite économique, les équipements intègrent peu à peu les foyers. En effet, la part de la consommation des ménages en technologies de l’information et de la communication (TIC), est passée de 1,3% en 1960 à 4,2% dans les années 2000. 20 Selon l’INSEE, ce sont les vingt années de baisse continue des prix ainsi que les évolutions techniques qui expliqueraient cette forte croissance. Les téléphones et les ordinateurs portables sont les deux principaux produits de ces avancées technologiques : leur croissance moyenne annuelle est de 39% et de 37% depuis 1990, période à partir de laquelle leurs ventes se sont envolées.

19 Cinquante ans de consommation en France p. 1, 2009 — Etude de l’INSEE 20 La consommation des ménages en TIC depuis 45 ans p.1, 2006 — INSEE

Photo originale réalisée par Aaron Burden sur Unsplash


Même si la plupart des ménages sont équipés, l’achat de biens manufacturés a doublé depuis les années 198021 et les achats d’équipements électriques et électroniques ont été multipliés par six depuis le début des années 1990. Cette consommation excessive provoque une utilisation très importante des ressources naturelles et par conséquent leur raréfaction. À partir des années 1990, nous observons de nombreuses innovations, qui poussent au multi-équipement et au renouvellement des appareils électriques et électroniques. La consommation devient moins ostentatoire (nous achetons pour montrer qui nous sommes et à quelle classe sociale nous appartenons) et plus fondée sur l’expérience, en particulier sensorielle. 22 Marie-France Corre, consultante indépendante spécialisée dans la consommation et le marketing responsable, le souligne dans le rapport des Amis de la Terre et du Cniid (Centre national d’information indépendante sur les déchets) sur L’obsolescence programmée, symbole de la société du gaspillage. Premièrement, elle explique que nous avons pu assister à « une miniaturisation de la plupart des appareils domestiques », ensuite, nous observons « une “ électrisation ” voire “ électronisation ” de la plupart de ces appareils. Ainsi des appareils qui étaient il y a quarante ans exclusivement manuels (par exemple râpe à fromage, moulin à épices, autocuiseurs et friteuses) comportent désormais une motorisation électrique ou un affichage digital n’étant pas réellement nécessaire au fonctionnement du produit ».

21 Le point sur le recyclage et le réemploi, une économie de ressources naturelles p.1, 2010 — Commissariat général au Développement durable 22 Le Bonheur paradoxal : Essai sur la société d’hyperconsommation 2006 — Gilles Lipovetsky

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Davantage de petits équipements se sont ensuite succédés dans les années 1990 afin de faciliter ou changer certaines tâches du quotidien. Cette stratégie s’est déployée lors d’une période d’évolution technologique incitant la consommation et le renouvellement des biens. Plus récemment, si le consommateur s’avère moins motivé à se déplacer, tout est fait pour faciliter sa consommation. Les emplacements et horaires des magasins évoluent, de plus en plus d’enseignes ouvrent les dimanches et jours fériés. En outre, internet simplifie également cette incitation à la consommation. Une grande partie de frais étant économisée, les prix y sont souvent avantageux. La rapidité d’accès et les bonnes affaires qu’Internet propose encouragent les achats impulsifs. À cela s’ajoute le marketing ciblé, via les publicités sur les réseaux sociaux par exemple, influençant de très nombreux consommateurs.

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Les entreprises utilisant ces stratégies, cherchent aussi ce qui fera la différence dans leur offre. Pour ce faire, elles multiplient les stratégies et l’étude des consommateurs ; l’étude des besoins et leur satisfaction, l’étude du processus d’achat, l’étude des achats impulsifs en magasin, etc. La notion d’expérience de consommation valorisée par le marketing offre une nouvelle tactique : l’étude du plaisir vécu durant l’expérience d’achat.

23 À la recherche du plaisir dans les études consommateurs : le cas des orange labs p.15 — Bernard Cova, Valérie Deruelle

Photo originale réalisée par Igor Ovsyannykov sur Unsplash


Le consommateur cherchant le plaisir dans la consommation, sera fidèle à l’entreprise ayant le mieux répondu à ses attentes. 23 La consommation apporte sa dose de plaisir éphémère, car elle réduit l’inconfort et offre une certaine satisfaction. La quête du bonheur passe alors par la consommation, censée combler tous nos besoins, toutes nos envies. Mais au fil du temps, le consommateur oublie son état antérieur d’insatisfaction menant à long terme à la déception et à la frustration. La compensation de cet état par l’achat de nouveaux biens n’est qu’un artifice pour l’épanouissement personnel. Notre besoin de consommation s’accentue et pourtant les capacités de renouvellement des ressources ne suivent plus. Chaque année, l’ONG Global Footprint Network utilise les données de l’ONU pour calculer le « Jour du dépassement », date à laquelle la consommation de l’humanité en ressources naturelles excède ce que la nature est capable de générer en un an. En 2015 par exemple, l’humanité a commencé à vivre au-dessus de ses moyens dès le 13 août, 132 jours plus tôt qu’il y a quarante-cinq ans. Même si les calculs de l’empreinte écologique ont quelques lacunes conceptuelles et techniques, notre consommation et production de dioxyde de carbone est considérée comme intensive. Nous continuons ainsi dans une logique de consommation pour le profit sans en apercevoir la quantité de ressources épuisées.

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B. RECYCLAGE DES DÉCHETS Comme nous avons pu le voir précédemment, la société de consommation s’est imposée avec une promesse : l’accès aux biens marchands est possible pour le plus grand nombre et favorise l’amélioration du confort de vie et du bien-être. 24 La consommation de masse standardisée est privilégiée et fait profiter aux entreprises de coût réduit et des profits toujours plus importants. Si ces modes de production et de consommation dynamisent l’économie de leur pays, cela engendre malheureusement un impact très négatif sur l’environnement et la société.

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En effet, notre consommation engendre une quantité importante de déchets. La production annuelle moyenne de déchets par Français s’élève à près de 540 kg dont 16 à 20 kg de DEEE. 25 Ces chiffres ne représentent pourtant que les déchets rapportés chez les distributeurs ou à la déchetterie. Nos habitudes actuelles ne cessent de faire grimper les statistiques et exercent une pression importante sur les ressources naturelles. Les systèmes de production appliquent un modèle non viable : en début de chaîne, nous constatons une extraction croissante de matières premières et en bout de fil, l’élimination des matériaux usagés liés à des mélanges toxiques par incinération ou par enfouissement. Une partie des ressources non renouvelables pourrait être réinjectée dans le cycle de production grâce au réemploi26 ou au recyclage. Or, en France, seulement 18 % des déchets municipaux sont recyclés,

23 L’obsolescence programmée, symbole de la société du gaspillage : Le cas des produits électriques et électroniques p.4, 2010 — Les amis de la Terre 25 Les déchets d’équipements électriques et électroniques sont une catégorie de déchets constituée des équipements en fin de vie, fonctionnant à l’électricité ou via des champs électromagnétiques.

26 Le réemploi désigne dans le domaine de la gestion des déchets les systèmes ou filières permettant de réemployer un objet (pour l’usage pour lequel il était initialement prévu ou pour un autre usage).


la majorité restante étant incinérée ou mise en décharge. 27 Certains de nos déchets, tels que les DEEE, font l’objet d’un système de collecte particulier. Ils représentent le flux de déchets français augmentant le plus, avec une hausse de 2 à 3 % chaque année. Cette multiplication n’est pas récente car dès 1996, le Parlement européen soulignait l’importance de ces détritus. Puis en 2005, apparaît la première directive liée aux DEEE : elle fixe des objectifs concernant la collecte et applique une écotaxe dédiée à la gestion de ces déchets. En 2008, près de 70 % des DEEE français ont été incinérés ou enterrés. Les 30 % restant ont fait l’objet d’une collecte sélective et seulement 2 % d’entre eux ont été réemployés. La priorité au recyclage et au réemploi comme l’indique la directive de l’Union Européenne est donc encore très peu appliquée. L’impact environnemental est pourtant très dangereux sur ce type de déchets car ils comportent souvent des substances toxiques. L’élimination ou l’enfouissement de ces derniers engendre donc une diffusion de ces éléments chimiques dans l’atmosphère et les sols. La surproduction provoque également des pollutions lourdes dans les pays en voie de développement où sont exportés les déchets. Même si la convention internationale de Bâle interdit toute exportation de DEEE des pays membres de l’OCDE28 vers les pays non membres. L’Agence fédérale de l’environnement allemande a observé en 2010 qu’environ 155 000 tonnes de DEEE,

27 Statistiques d’Eurostat pour l’année 2008

28 L’Organisation de coopération et de développement économiques est une organisation internationale d’études économiques, dont les pays membres — des pays développés pour la plupart — ont en commun un système de gouvernement démocratique et une économie de marché.

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principalement des écrans de télévision et des moniteurs d’ordinateurs, ont été exportés vers les pays du Sud. Un rapport de l’UNEP, agence de l’ONU, a révélé quant à lui que 75 % des conteneurs d’équipements électriques et électroniques usagés importés au Nigéria venaient d’Europe. 29 Des alternatives à l’exportation de ces déchets se développent, par exemple en Suède, il existe aujourd’hui un centre commercial entièrement dédié aux produits recyclés.30 C’est l’un des premiers au monde composé d’activistes souhaitant améliorer le tri des déchets au niveau local. Avec le soutien de la municipalité et une forte motivation pour sauver la planète, quatorze magasins ont ouvert depuis son lancement en août 2015. Les consommateurs y trouvent aussi bien des vêtements que des vélos, des outils de construction, des jouets ou encore des meubles. Même si tous les produits ne sont pas recyclables comme dans les cafés ou les restaurants, ils doivent être bio et climate-friendly (éco-responsable). Les biens collectés sont réceptionnés dans le dépôt puis réparer ou transformer par une entreprise sociale. N’importe qui peut venir se débarrasser de ses objets sans encombrer les services municipaux. Une solution donc plutôt intéressante pour les deux parties. p.32

Dans son rapport annuel de « Responsabilité Environnementale » de 2017, Apple a pour objectif de ne plus extraire de nouveaux minéraux pour ses prochains appareils.

29 Enjeux environnementaux et sociétaux — Obsolescenceprogrammée.fr

30 La Suède invente le premier centre commercial de produits recyclés — Helene Molinari

Centre commercial : ReTuna Återbruksgalleria


Ils seraient donc constitués à l’avenir uniquement de matériaux recyclés. Un pari difficile à réaliser car de nombreux matériaux sont nécessaires à la fabrication des téléphones mobile et la plupart de ces derniers ne sont pas encore recyclables. Apple voudrait intervenir avant que ses produits ne se changent en déchets dans le but de recycler leurs composants. L’entreprise fonctionnerait ainsi en « boucle fermée ».31 Aucune date n’est encore annoncée pour le moment, en revanche le pourcentage de composant recyclés pour les prochains produits sera en hausse. Greenpeace reconnaît un projet ambitieux mais signale qu’il est surtout capital « pour Apple et d’autres grandes entreprises informatiques de concevoir des produits qui durent, sont faciles à réparer et recyclables à leur fin de vie ». Cette méthode de recyclage, se rapproche également d’un principe appelé Cradle to Cradle. William McDonough et Michael Braungart sont les inventeurs de ce projet mis au point vers la fin des années 1980. Traduit par « Du berceau au berceau », ce concept définit et développe des produits upcyclables, c’est-à-dire qu’en opposition au recyclage conventionnel comme nous pouvons le voir avec le papier recyclé, il préserve la qualité des matières premières tout au long des multiples cycles de vie du produit. Par conséquent, tout peut être considéré comme une ressource et la notion de déchet disparaît : les bons matériaux

31 Le recyclage en boucle fermée désigne les situations dans lesquelles le matériau du système de produits considéré est recyclé pour obtenir à nouveau le même système de produits.

32 Apple s’engage à produire des iPhones recyclés — Leila Marchand

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entrent dans des cycles à l’infini, utilisés au bon endroit au bon moment. Ce modèle est une approche biomimétique, c’est à dire, inspiré par la nature. Par exemple, un arbre se sert des nutriments dans le sol pour vivre, ainsi il grandit et obtient des feuilles. Une fois tombées au sol, celles-ci fanent puis servent d’autres organismes, les microbes, qui s’en nourrissent et redonnent à leur tour à la terre de précieux nutriments. De cette manière, les « déchets » d’un organisme deviennent les denrées d’un autre : des cycles de nutriments dans lesquels le déchet n’existe plus sont alors créés.33 Puma a fait l’expérience de cette méthode en mars 2013 en créant une collection de chaussures, vêtements et accessoires biodégradables ou recyclables, sur la base des pièces que les clients rapportaient à la fin de leur cycle de vie et ayant tous reçu la certification « Cradle to Cradle Certified Basic ». Cette certification repose sur cinq facteurs liés au concept de Cradle to Cradle vu précédemment : l’utilisation de matériaux sûrs et non toxiques ; la conception en vue de la réutilisation des matériaux, notamment le recyclage et le compostage ; l’énergie renouvelable et la gestion du carbone ; l’attitude responsable envers l’eau ; et la responsabilité sociétale. Pourtant utopique, cette méthode s’applique bel et bien à une marque aussi populaire que Puma. Il s’agit d’une avancée permettant d’inspirer d’autres marques et ainsi développer ce principe sur d’autres produits.

33 Principes Cradle to Cradle — EPEA Paris

Photo originale réalisée par « My Life Through A Lens » sur Unsplash


C. LE POINT DE VUE SOCIAL L’analyse de nos habitudes actuelles basées sur la consommation et l’obsolescence programmée nous démontre que les ressources que nous utilisons sont de plus en plus limitées. Même si l’enjeu de cette partie est concentré sur les impacts environnementaux, il est également important de montrer ce qui en découle à propos du domaine social. En effet, en Asie et en Afrique, certaines conditions de travail sont déplorables, des conflits persistent notamment avec les terres rares, entraînant de fortes inégalités entre les pays. Les habitants des pays riches par exemple, consomment jusqu’à neuf fois plus de ressources naturelles que les populations des pays pauvres. En moyenne, un habitant nord-américain utilise près de 90 kg de ressources par jour, un Européen 45 kg tandis qu’un Africain consomme 10 kg quotidiennement.34 En outre, l’extraction des ressources (métaux, minéraux, fossiles et biomasses) pour la production de biens et de services représentent près de 60 milliards de tonnes chaque année, c’est 50% de plus qu’il y a 30 ans35. Étant donné que le commerce

34 Overconsumption, 2009 — Les amis de la terre 35 (fig 2) Extraction globale des ressources naturelles entre 1980 et 2005

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Extraction globale des ressources naturelles entre 1980 et 2005 : 60 50 Biomasse

Milliard de tonnes

40

Minéraux

30

Métaux 20

Combustibles fossiles

10 0 1980

1985

1990

1995

2000

2005


mondial fait bénéficier des ressources locales au reste du monde selon la demande, les inégalités ne cessent de croître entre les pays développés et les pays en développement. Les ressources sont, en effet, transférées des pays pauvres vers les pays riches. Chaque année en république du Congo, 3 000 personnes sont chargées d’extraire plus de 360 tonnes brutes de tantale, un élément utile pour la production des téléphones portables. Le prix de ce dernier étant de 3 500 € sur le marché international pour une quantité de 40 kg. Bien que cette somme soit importante, elle ne garantit pas de bonnes conditions de travail pour les mineurs. Des puits étroits et profond de plusieurs dizaines de mètres se dessinent sous les mines, à l’intérieur, une chaleur insoutenable, des risques d’éboulement incessant, une moyenne de 12 heures par jour et un salaire correspondant à seulement 5 €50. Il s’agit d’une activité dangereuse car près de 50 cas d’accidents sont présent chaque mois ainsi que plusieurs morts. Officiellement le travail des moins de 15 ans est interdit, malheureusement cette loi n’est aucunement respectée. Des familles nécessitant de survivre sont dans l’obligation de voir leurs enfants travailler dans les mines. Ces derniers, sont souvent moins payés que les adultes, et prennent des risques qu’ils ne réalisent pas vraiment. p.36

Nous l’avions énoncé brièvement dans la partie précédente concernant l’exportation des déchets, la convention internationale de Bâle ; prive l’exportation des produits

Photo originale réalisée par Amnesty International


dangereux des pays développés vers les pays 36 Les Déchets en développement. Entrée en vigueur à partir Électroniques, la face de 1992, cet amendement n’est pourtant pas cachée de l’ascension assez ferme avec le statut des DEEE. Ainsi des technologies de l’information et des près de 10 à 25 millions de tonnes produits communications p.3 dans le monde chaque année sont envoyés — SCHWARZER, S., et al. essentiellement en Asie et en Afrique du sud. Démanteler par des femmes et des enfants exposés sans protection aux vapeurs toxiques des métaux lourds, ces activités posent de graves problèmes de santé. Par exemple, un échantillon d’eau de la rivière Lianjiang, proche d’un village de recyclage chinois, a révélé des taux de plomb 2400 fois plus élevés que les standards préconisés par l’Organisation Mondiale de la Santé. Les échantillons de sédiments contenaient 212 fois plus de plomb que ce qui est considéré comme déchet toxique en Hollande. Ceci entraîne un désastre naturel, mais pour les populations locales il s’agit aussi d’un problème pour leur espérance de vie.35 Au Ghana, près de 215 000 tonnes de produits électroniques par an sont importés. Officiellement, ces cargaisons d’appareils sont destinées à être réparé et remis sur le marché. Mais exporter ces biens électroniques en fin de vie permet surtout aux pays développés de s’épargner un recyclage ou un retraitement des appareils sur leur territoire, souvent jugé trop coûteux et dangereux pour l’environnement. Selon un photographe Franco-Burkinabé ayant enquêté sur place, sur les milliers d’ordinateurs qui sont importés dans ces régions, « seuls

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Le Ghana : poubelle

un ou deux sont récupérés pour les écoles pour les « e-déchets » du pays. Le reste part à la décharge ». — Blaise Mao Certes, il s’agit d’un trafic illégal, mais les bénéfices sont tellement importants que les autorités tolèrent cette pratique et préfèrent laisser de côté les conséquences environnementales et sociales. Nyaba Ouedraogo, le photographe explique que « Les Ghanéens installés en Europe et aux EtatsUnis récupèrent les vieux ordinateurs et les envoient par bateau au port de Tema, où des grossistes rachètent les stocks. Les machines sont ensuite acheminées vers la décharge d’Accra (la capitale du Ghana), où des acheteurs les récupèrent pour les faire brûler par des enfants. Le cuivre récupéré est alors revendu aux Nigérians ou aux Indiens, qui le transforment notamment pour fabriquer les bijoux bon marché vendus en Europe… »

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Agbogbloshie photo originale rĂŠalisĂŠe par Kevin Mcelvaney

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INFORMER LES CONSOMMATEURS

Photo originale réalisée par Clark Street Mercantile sur Unsplash


« Que faut-il conclure ? Que les distributeurs ne jouent pas le jeu d’orienter leurs clients vers les biens les plus durables ou réparables, ou que la grande majorité de nos biens ne sont pas réparables faute de pièces détachées ? Dans les deux cas, la logique de la surconsommation continue de primer » — Camille Lecomte, Chargée de campagne Modes de production et de consommation responsables aux Amis de la Terre


A. GARANTIE ET DISPONIBILITÉ DES PIÈCES 38

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Obsolescence

Depuis le 1er mars 2015, les distributeurs sont programmée : ce que tenus d’indiquer, pour chaque produit vendu, change la loi Hamon la période pendant laquelle le fabricant ou — Droits-finances l’importateur s’engage à fournir les pièces 39 Pièces détachées - La détachées nécessaires à sa réparation. Cette loi démontée information doit être portée à la connaissance — Cyril Brosset des consommateurs « de manière visible et lisible, avant la conclusion de la vente, sur tout support adapté »38. Cela permet d’inciter les consommateurs à choisir leurs produits en fonction de leur prix et de leurs performances, mais aussi de leur capacité à être réparés. En revanche, le projet n’explique pas précisément où l’information devra apparaître et surtout dans quelles conditions les pièces détachées devront être fournies. Au-delà de leur disponibilité, le consommateur devrait compter sur un délai raisonnable pour l’échange de ses pièces ainsi qu’un prix suffisamment attractif pour que la réparation n’excède pas le prix d’achat d’un nouveau bien. Pourtant, la loi ne stipule qu’un délai maximum de livraison de 2 mois et ne mentionne aucune obligation pour les fabricants n’ayant aucune pièce détachée pour leurs produits. Selon la secrétaire d’État qui était chargée de la consommation, Carole Delga, « le gouvernement ne souhait(ait) pas retenir à la charge des professionnels une obligation d’information “ négative ” tendant à porter à la connaissance des consommateurs l’absence de disponibilité des pièces détachées ».39 En conclusion, sous la pression de la distribution, le gouvernement a fait le choix d’un simple


affichage facultatif et non d’une obligation de mettre à disposition des pièces détachées. Une enquête réalisée par 60 millions de consommateurs et les Amis de la Terre, révèle que dans 60 % des cas, aucun affichage n’est appliqué en magasin. « Que faut-il conclure ? Que les distributeurs ne jouent pas le jeu d’orienter leurs clients vers les biens les plus durables ou réparables, ou que la grande majorité de nos biens ne sont pas réparables faute de pièces détachées ? Dans les deux cas, la logique de la surconsommation continue de primer. » 40 La loi « Consommation » a également allongé de 6 mois à 2 ans, pour les produits délivrés à partir du 18 mars 2016, la durée pendant laquelle le consommateur peut faire jouer la garantie légale de conformité. Pourtant aujourd’hui les consommateurs entendent plus souvent parler de la garantie commerciale. Cette dernière est un engagement proposé par le professionnel, gratuit ou non, permettant soit de : rembourser le prix d’achat du bien ; remplacer le bien ; réparer le bien. Cette garantie intervient en première lors d’une panne selon les conditions du contrat, si elle ne peut être appliquée, la garantie légale de conformité est jouée. Celle-ci indique que le vendeur professionnel est responsable des défauts lors de la délivrance, mais également de tous ceux résultant de l’emballage, des instructions de montage ou de l’installation lorsqu’elle est à la charge du contrat ou sous sa responsabilité.41 Lorsqu’il y a défaut de conformité, le

40 Camille Lecomte, Chargée de campagne Modes de production et de consommation responsables aux Amis de la Terre

article L.217-4 du Code de la consommation 41

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professionnel propose au consommateur le remplacement du bien ou sa réparation. Le choix dépend du consommateur.

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En 2015, la DGCCRF42 a mené une enquête afin de contrôler l’application de cette loi. Cette enquête a visé les secteurs des produits électroniques grand public ainsi que celui de l’électroménager. Sur 397 établissements contrôlés, 248 (soit 63 % des enseignes) ont été signalés avec de multiples problèmes. Les sites internet sont les plus impliqués avec 52 % d’anomalies observées, suivi par 31 % des commerces de détail spécialisés. Concernant les grandes surfaces alimentaires ou les grands magasins spécialisés en électrodomestique, le pourcentage est d’environ 25 %.43 Même si le pourcentage est moins élevé pour ces grandes surfaces, l’information concernant la garantie légale de conformité n’est pas ou assez peu respectée. En effet, il a été constaté que les vendeurs n’étaient pas en mesure d’expliquer les garanties légales et se contentait de renseigner le consommateur sur la garantie commerciale. De plus, les indications sur la disponibilité des pièces détachées ne sont la plupart du temps pas communiquées ou bien de manière insatisfaisante. En conclusion, cette enquête montre qu’un nombre important d’enseignes ne respecte pas encore les consignes de cette loi. Les consommateurs sont dans certains cas plus informés mais pour la

Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes 42

43 Information des consommateurs sur les garanties et la disponibilité des pièces détachées : contrôle de l’application de la loi « Consommation »


majorité des progrès sont à réaliser afin de renseigner au mieux chaque client. Lors de la mise en place de cette loi « Consommation », certaines propositions se caractérisaient par une augmentation de la garantie petit à petit. Celle-ci aurait grimpé à 5 ans après quelques années. Les associations comme HOP (Halte à l’obsolescence programmée), les Amis de la Terre, Zero Waste France, proposent une extension de la garantie à 10 ans. Outre ses bénéfices environnementaux, cette augmentation est un moyen de favoriser l’emploi local, la compétitivité des entreprises et de consommer autrement.44 Les 2 ans de garantie actuels offrent la possibilité aux industries de vendre des produits aux consommateurs avec une durée de vie limitée. D’un autre côté, les industriels offrant des produits durables et de qualité ne sont aucunement valorisés. L’allongement de la durée de vie des produits permet de créer de nouveaux emplois, liés à la recherche et le développement, l’ingénierie, la réparation, etc. Même si la production française peut difficilement faire face au prix de produits importés d’autres pays, l’engagement d’une production orientée vers la qualité et la durabilité est une voie de compétitivité d’avenir et offrira de nouvelles valeurs aux produits nationaux. Les entreprises ont les capacités à concevoir et fabriquer des produits durables, réparables et modulables, elles existent déjà et se multiplient de plus en plus.

44 La garantie à 10 ans, clé d’une consommation responsable et d’une production locale — Les Amis de la Terre

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Photo originale réalisée par Lvnatikk sur Unsplash


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La garantie à 10 ans

Le groupe Seb qui commercialise les est-elle une mesure marques Rowenta, Calor, Moulinex ou Krups suffisante pour a développé il y a quelques années le label sauver les emplois des réparateurs « Réparable 10 ans » 45, disponible dans toute indépendants ? l’Europe. Dans le cadre de ce projet, le groupe — Les Amis de la Terre s’engage à conserver pendant 10 ans après l’achat toutes les pièces détachées techniques de la quasi-totalité des produits. Ils ont également baissé le prix des pièces de 30 % en moyenne depuis 2012. Il s’agit d’une réelle avancée pour la réparabilité des biens dans le secteur de l’électroménager car la vente de ces pièces détachées se sont multipliée symbolisant ainsi une hausse de la réparation des produits. Afin de rendre le projet encore plus ambitieux, la démarche devrait être associée à une extension de la durée de garantie. En effet, même si les consommateurs font très majoritairement réparer leurs biens pendant la période de garantie, hors garantie, seuls 37 % de l’électroménager a été réparé. Si nous suivons la logique de l’évolution de la garantie, le volume de produits à réparer sera donc potentiellement bien plus importants et de nouveaux réparateurs pourraient être agréés pour répondre à cette demande.

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Dans la même période, Seb a également lancé un service de location d’appareils culinaires nommé Eurêcook. Ce service a été déployé sur l’agglomération de Dijon en septembre 2015. Indisponible à l’heure actuelle, le service était accessible via le site www. eurecook.fr. Les visiteurs pouvaient ainsi réserver leur appareil, choisir la durée de location et le point de retrait. Accompagnés


dans leur expérience par des idées de recettes, astuces et conseils d’utilisation, les consommateurs bénéficiait de 5 gammes d’appareils culinaires pour un total de 28 références. Afin de garantir un service d’une qualité irréprochable, tous les appareils étaient systématiquement nettoyés, testés et ré-emballés sous scellé par une entreprise professionnelle avant chaque nouvelle location. En outre, les emballages des produits loués dans le cadre Eurêcook ont été repensés pour répondre à un cahier des charges de transports et d’utilisations multiples.

B. LABELS, MENTIONS ET ÉTIQUETAGES Informer sur les impacts environnementaux de la phase d’utilisation des produits est obligatoire, en France, pour l’électroménager depuis 1995. Depuis 2003, cette réglementation est également mise en place pour les voitures neuves. Pour les appareils électroménagers, une étiquette énergie classe les produits selon leur consommation électrique allant de la lettre A à la lettre G. Pour les véhicules, la mention des consommations énergétiques en litre/100km et des émissions de CO2 en g/km est obligatoire même dans la documentation promotionnelle, l’étiquette énergie a ensuite été rendue obligatoire à partir de 2006. Aujourd’hui, c’est un outil indispensable afin de comparer les produits entre eux et valoriser ceux avec une faible consommation. 75 % des consommateurs déclarent la consulter pour orienter leurs achats.46

Enquête 2006 TNS Sofres pour le Gifam

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Publicité originale réalisée par SEB


Depuis sa création, les fabricants ont fait des progrès importants en matière d’efficacité énergétique des appareils. Des équipements de plus en plus performants apparaissent, mais avec la première version de l’étiquette, peu de produits sortent du lot étant donné qu’ils étaient tous de classe A. Un nouvel étiquetage a donc été mis au point pour mieux valoriser les performances environnementales et les progrès techniques, tout en offrant au consommateur une lecture plus simple à base de pictogrammes. Depuis fin 2011, la nouvelle étiquette énergie, qui concerne l’ensemble du marché européen, est apposée sur les appareils de froid (réfrigérateurs, congélateurs, combinés...), les lave-linge, les lave-vaisselle et les téléviseurs.

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Étiquette 1994

Étiquette 2011

47 La nouvelle étiquette énergie, septembre 2012 — ADEME


L’évolution technologique encouragée par les mesures européennes a permis d’améliorer les performances des appareils domestiques les plus courants : les bons produits peuvent être bien meilleurs que la « classe A » ! C’est pourquoi jusqu’à trois nouvelles classes apparaissent dans l’échelle d’efficacité énergétique : A+, A++ et A+++. La classe A+++ signale les appareils qui consomment de 30 à 60 % d’énergie de moins qu’un appareil classé A.48 Progressivement, pour accompagner et renforcer la tendance à plus d’efficacité énergétique, les appareils des classes inférieures, les moins performantes, seront interdits à la vente. Enfin, pour améliorer la compréhension de l’étiquette énergie et la rendre lisible dans toute l’Union européenne, les caractéristiques techniques figurent sous forme de pictogrammes (nuisances sonores de l’appareil, dimensions, capacité en litre...). En ce qui concerne les produits de consommation, dont les impacts les plus importants ont parfois lieu pendant les phases de production ou de transport, la nécessité d’informer les consommateurs apparaît, en France, lors du Grenelle environnement en 2007. Le ministère de l’écologie soulignait que : « Nos modes de production et de consommation ont une portée directe sur le développement durable : lorsque nous achetons un produit, nous pouvons privilégier des produits plus respectueux de l’environnement (mode de production, matériaux d’emballages, origine...), des produits fabriqués dans des

48 L’affichage environnemental des produits de grande consommation — EcoCO2

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conditions sociales acceptables (respect des droits de l’homme, rémunération, conditions de travail...). Face aux enjeux sociaux et environnementaux de notre siècle, nous devons passer à l’acte et consommer autrement ». Forum for the Future a publié un sondage réalisé auprès de 1000 consommateurs en Grande-Bretagne. Les études démontrent que : 85 % des consommateurs britanniques réclament des informations sur l’impact environnemental des produits qu’ils consomment.48 Pour deux-tiers d’entre eux, leurs avis sont encore plus stricts en indiquant que les distributeurs devraient retirer des rayons les produits les plus dommageables pour l’environnement. Forum for the Future propose des conditions différentes de celles indiquées par le Ministère de la Transition écologique et solidaire. Notamment que seuls les produits qui génèrent de fortes émissions de CO2 pendant leur utilisation soient étiquetés. Dans le cas contraire, les informations seraient multipliées et pourraient perdre les consommateurs. Lorsque les consommateurs se fournissent chez des producteurs locaux, il leur est assez facile d’évaluer les caractéristiques environnementales et sociales des produits. À contrario, avec l’allongement des chaînes logistiques, la distance et le nombre d’intermédiaires entre la production du bien et l’achat du consommateur sont tels que nous ne percevons même plus l’ensemble du processus effectué. L’historique de fabrication du produit est ainsi submergé

Photo originale réalisée par Keit Trysh sur Unsplash


d’informations complexes difficilement évaluable. Pour cette raison, l’intervention de l’État est nécessaire pour rendre obligatoire le suivi et la transmission d’informations, jusqu’à la mise en vente finale. Une avancée s’effectue pour le Groupe Casino, qui met progressivement en place depuis 2006 un étiquetage appelé « indice carbone » qui concerne aujourd’hui plusieurs milliers de références alimentaires de sa marque distributeur. Avec l’aide de l’agence conseil Bio Intelligence Services et validé par l’ADEME, les émissions de gaz à effet de serre ont été calculées tout au long du cycle de vie des produits concernés. Il en résulte un total exprimé en grammes d’équivalent CO2 pour 100g de produit, et situé sur une échelle allant de « faible impact environnemental » à « fort impact environnemental ». Cette somme inclut les étapes agricoles, la fabrication des produits et de leurs emballages, et les transports. Toutefois, le transport du lieu de production au magasin correspond à une moyenne, car l’étiquette est la même quel que soit le point de vente du produit. Cet indice carbone est utilisé pour la comparaison de deux produits voisins, par exemple. Il est intéressant pour des produits de taille différente, étant donné qu’un paquet plus grand conduit à des émissions plus faibles qu’un paquet plus petit. Le consommateur en déduira par ailleurs, que les produits à base de viande et de poisson nécessitent des émissions plus importantes que les produits à base d’aliments d’origine végétale.

p.51


Photo originale réalisée par David Clode sur Unsplash

En conclusion, cette information permet aux consommateurs d’ajouter un critère direct dans le choix de son produit, autre que celui du rapport qualité / prix. De plus, cela lui permet d’obtenir certaines habitudes de consommation et à l’avenir de se diriger vers d’autres produits respectueux de l’environnement.

p.52

De plus en plus d’étiquetage ou de labels apparaissent sur nos produits, dont certains montrent une évolution de nos habitudes de consommations. Par exemple, les labels Bio (Français ou Européen), le label FSC garantissant que le bois utilisé est issu de forêts « gérées durablement » ou encore la certification NF Environnement signalant les produits avec des impacts moindres sur l’environnement. Des dizaines d’autres labels officiels sont reconnus et font l’objet de contrôles réguliers de la part des organismes chargés de la certification. Malheureusement, certains profitent de la valorisation des produits via des labels non officiels qui sont purement marketing ou bien très laxiste dans leur cahier des charges. Le premier cas « laxiste » est le label Marine Stewardship Council (MSC). Il récompense les pêcheries dont la gestion et les pratiques sont reconnues comme étant écologiquement responsables. Trois grands principes déterminent si la pêche est « durable » et peut être labellisée MSC. Ces trois principes sont la durabilité des stocks ciblés, un impact faible des


pêches sur l’écosystème et une gestion des ressources efficace. Pourtant dans les faits, une étude accuse la certification MSC d’être bien trop clémente. Par exemple, la pêche à l’espadon au Canada viole manifestement le principe concernant les « faibles impacts sur l’écosystème ». Cette pêche présente un niveau de prises accidentelles bien trop élevé. La capture de 20 000 espadons par an génère la capture de 100 000 requins ainsi que 1 200 tortues caouannes menacées et 170 tortues luth en voie de disparition. Claire Christian, l’un des co-auteurs de l’étude indique que : « Lorsque le MSC labellise “ durable ” une pêche à l’espadon qui capture plus de requins que d’espadons, il est temps de réévaluer les normes.» 49 Les labels sont un moyen de rassurer les consommateurs sur les produits qu’ils achètent, c’est en effet un bon outil de communication pour valoriser son produit par rapport aux autres. Les industries l’ont pris en compte dans leur stratégie d’où l’apparition de nombreux labels nonofficiels ou gêrées par des marques, tels que « Reconnu saveur de l’année », « Élu produit de l’année », « Bleu blanc cœur ». D’après des études du centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CRÉDOC), la sensibilité des consommateurs au facteur qualité s’était beaucoup développée dans la fin des années 1990 et au début des années 2000. Lors d’une enquête en 2015, le résultat est sans appel :

49 Le label « Pêche Durable » du MSC est bien trop laxiste — Notre-planete.info

p.53


les consommateurs déclarent privilégier la qualité quel que soit le secteur, à l’exception des télécommunications et de l’équipement de loisirs. Cette recherche de qualité dépend entièrement de l’âge des participants : les plus jeunes privilégient le prix tandis que les plus âgés accordent plus d’importance à la qualité. Le besoin de qualité s’accroît avec l’expérience et l’avancée en âge, et non en fonction des générations. Les jeunes se contentent plus facilement du produit « standard ». Exception notable : les 18-24 ans privilégient la qualité pour les produits de la sphère des télécommunications ou des produits high-tech.50 À travers cette étude, les consommateurs ont exprimé les caractéristiques pour lesquelles ils seraient prêt à payer un bien plus cher, si celles-ci étaient respectées. Sept sont citées par une très grande majorité d’enquêtés : la fiabilité (par 93 %), l’efficacité (92 %), le goût (91 %), la sécurité (90 %), la durée de vie (87 %), le respect de l’environnement (87 %) et la facilité d’utilisation (81 %). Viennent ensuite le soutien du commerce équitable (75 %), le gain de temps (67 %), l’avancée technologique (58 %) et la marque du produit (50 %). Enfin, le design (41 %) et la nouveauté (35 %) ne convainquent pas une majorité de consommateurs de payer plus pour de telles caractéristiques.51 p.54

50 (fig 3) « Êtes-vous prêt à payer plus cher un produit dont la principale caractéristique serait ? » (en % dans la tranche d’âge) — Tendances de consommation, 2015 CRÉDOC

51 (fig 4) « Êtes-vous prêt à payer plus cher un produit dont la principale caractéristique serait ? » (en %, 2010 et 2015) — CRÉDOC


Caractéristiques les plus recherchées

Caractéristiques les moins recherchées

18-24 ans

Gain de temps (75) Nouveauté (64)

Facilité d’utilisation (75) Respect de l’environnement (68)

25-34 ans

Gain de temps (73)

Respect de l’environnement (68)

35-44 ans

Durée de vie (93) Respect de l’environnement (93)

Avancée technologique (51)

45-54 ans

Design (44) Nouveauté (38)

Facilité d’utilisation (76)

55-64 ans

Respect de l’environnement (94)

Gain de temps (57)

65 ans et plus

Facilité d’utilisation (88)

Durée de vie (81) Gain de temps (56)

« Êtes-vous prêt à payer plus cher un produit dont la principale caractéristique serait ? » (en %, 2010 et 2015) 57 49 58

La fiabilité La sûreté du produit

Le design La nouveauté

40

51

40

46 45

87

41

86

46

31

81

43

34

73

41

35

75

42

26 24 20 22 15 14 12 13 11

91

42

34

Soutenir le commerce équitable

La marque du produit

35

47

La facilité d’utilisation

L’avancée technologique

45 57

Respectueux de l’environnement

93 93 93 90 93 87

35

35

La durée de vie

Le gain de temps qu’il procure

36 44

77

41

67

38 38 36 34 31

50 45

29 28 24

61 58 58

41 41 35

Tout à fait Plutôt


C. LA DURABILITÉ

p.56

L’étude précédente du CRÉDOC nous prouve que les consommateurs s’intéressent bien à la notion de durabilité concernant leurs achats. L’année suivante, le Comité économique et social européen (CESE) publie une nouvelle étude intitulée Les effets de l’affichage de la durée d’utilisation des produits sur les consommateurs. Elle a été réalisée en Belgique, en République tchèque, en France, en Espagne et aux Pays-Bas, et menée auprès de 3 000 participants. Cette enquête a analysé l’impact, sur les intentions d’achat des consommateurs, de l’affichage de la durée de vie des produits, ainsi que des différents modes d’affichage de ces informations. Elle reposait sur une simulation d’achat en ligne via un faux site e-commerce nommé ILICO. Les consommateurs pouvaient naviguer sur ce site comme sur un vrai site d’e-commerce et une fois leur panier validé, les participants étaient redirigés vers un questionnaire qui permettait de mesurer différents indicateurs socio-économiques et psychosociaux. Concernant les articles proposés, neuf types de produits étaient disponible (valise, imprimante, cafetière, aspirateur, smartphone, pantalon, chaussures de sport, TV, lave-linge) et les participants pouvaient choisir parmi 10 modèles différents pour chaque catégorie de produit (exemple : 10 cafetières). Ceci laissait donc un panel assez large et diversifié que l’on retrouve dans le marché actuel (entrée de gamme, cœur de gamme, haut de gamme). Les résultats de ces analyses sont très clairs. Lorsque les consommateurs sont informés


qu’un produit a une durée de vie plus élevée (par exemple grâce à un label), ses ventes augmentent de 56 % en moyenne. Plus impressionnant, elle est en augmentation de 128 % pour les valises et 70 % pour les imprimantes par exemple. Les smartphones, avec une hausse de 41 %, sont moins concernés. En outre, 90 % des participants déclarent être disposés à payer plus cher pour avoir un lave-vaisselle avec une durée de vie supérieure de deux ans. En moyenne, ils affirment être prêt à payer 102 € de plus pour cette garantie sur un lave-vaisselle dont le prix d’achat se situerait entre 300 et 500 €. Les résultats montrent également que le montant que le consommateur est disposé à mettre pour avoir un produit plus durable évolue avec le PIB du pays dans lequel il réside. Une différence d’impact se retrouve aussi selon les pays, par exemple, l’échantillon Français a été le plus sensible à l’information sur la durée de vie avec + 118 %. Ce panel a été davantage influencé par rapport aux Belges et Néerlandais (+ 45 %), Tchèque (+ 39 %), et Espagnol (+ 32 %). Concernant l’affichage de la durée de vie des produits, quatre formats ont été testés52 :

52 Formats d’affichage de durée de vie testé par l’étude : Les effets de l’affichage de la durée d’utilisation des produits sur les consommateurs — Crédoc, 2015

p.57


p.58

- Parmi ceux-ci, le label présentant un classement de A à G sur le modèle des consommations énergétique semble être le plus efficace afin d’informer les consommateurs. Avec cette présentation, les produits ayant une durée de vie plus longue que ses produits concurrents ont en moyenne augmenté leurs parts de marché de 84 %. Pour autant, l’affichage d’un classement de A à G a pu générer une confusion avec l’étiquette énergétique. En effet, 68 % du total des participants ont bien compris que ce label informait sur la durée de vie du produit. Ce format semble donc plus pertinent, notamment dans une vision à long terme permettant aux consommateurs de s’y habituer. - La durée de vie utile (indiquée en termes de cycles de lavage, de pages imprimées) arrive en seconde position avec une augmentation moyenne de 56 % des parts de marchés pour les produits à longue durée de vie. - Le label portant sur une durée de vie en période (mois, ans) est quant à lui inférieur à la durée de vie utile, mais pourtant, il est le mieux compris avec 82 % des participants qui l’associe à une durée de vie. - L’affichage du coût d’amortissement par an semble à éviter. En effet, non seulement les performances apparaissent moindres en comparaison à d’autres affichages mais il est également le moins bien compris par les consommateurs. Pour finir, quelques caractéristiques ont pu être identifiées concernant les personnes Photo originale réalisée par Jonna Fransa sur Unsplash


les plus sensibles à l’information sur la durée de vie. Les résultats ont ainsi permis d’esquisser un profil-type de consommateur : il s’agirait d’une femme, entre 25 et 35 ans, dont les revenus du foyer sont supérieurs à la moyenne n’étant pas pleinement impliquée dans le milieu environnemental.53

53 Les effets de l’affichage de la durée d’utilisation des produits, Mars 2016 — Comité économique et social européen

p.59


4

VERS LE GRAND PROJET

Photo originale réalisée par Alex Gorham sur Unsplash


Cet élan de solution attire de plus en plus de consommateurs responsables et fait réfléchir les grands groupes, de l’industrie électroménager ou électronique, à de nouvelles méthodes plus adaptées. Il s’agit donc d’une avancée positive répondant à la méfiance toujours plus importante des consommateurs envers les biens qu’ils achètent. — Extrait de la page 63


A. CONCLUSION & ANALYSE DES HYPOTHÈSES Tout au long de ce mémoire, nous avons rassemblé de nombreuses observations, faits et analyses dans le but de comprendre la notion d’obsolescence programmée et les conséquences liées à cette pratique. Nous pouvons ainsi établir un lien entre ces recherches et les hypothèses présentés en début de mémoire :

p.62

Premièrement, l’obsolescence programmée, se caractérisant par de nombreuses stratégies tel qu’au travers de la psychologie des consommateurs ou bien de la conception technique et technologique d’un produit, semble aujourd’hui ancrée dans nos biens et services du quotidien. Cette pratique, datant des années 1920 a mis du temps avant de s’intégrer aux industries, mais suite à la crise économique et l’augmentation du chômage, elle s’est beaucoup démocratisée, notamment au sein de l’automobile avec General Motors. Par la suite, de nombreux économistes ont dénoncé cette pratique soutenant des arguments écologiques et sociaux. Depuis quelques années, une sensibilisation s’est effectuée grâce aux médias par le biais de plusieurs reportages pour ensuite intervenir dans le milieu de la politique. Aujourd’hui, une économie alternative se développe au profit de quelques entreprises et plus particulièrement de start-up comme iFixit, Back Market ou Fairphone. L’objectif de ces sociétés se basent le plus souvent sur la réparation et/ou le reconditionnement des biens, ceci nous permet ainsi d’observer


une évolution des modes de consommation et l’établissement d’un cycle plus vertueux. Cet élan de solution attire de plus en plus de consommateurs responsables et fait réfléchir les grands groupes, de l’industrie électroménager ou électronique, à de nouvelles méthodes plus adaptées. Il s’agit donc d’une avancée positive répondant à la méfiance toujours plus importante des consommateurs envers les biens qu’ils achètent. Deuxièmement, nous avons pu voir selon différentes sources que la consommation des ménages était en nette progression, et ceci depuis 1960. Cette date n’est pas anodine, car elle se situe en pleine période des Trentes Glorieuses, une époque caractérisée par une forte croissance économique ainsi qu’une amélioration des conditions de vie au sein de la majorité des pays développés. Par ailleurs, l’omniprésence de la publicité a joué un rôle important sur la psychologie des consommateurs, intégrant un sentiment de plaisir au sein de leurs achats et en déployant les effets de mode. Cette surconsommation n’a pourtant pas été suivi par les techniques ou réglementations sur le recyclage des déchets, entraînant une quantité importante de ces derniers. De plus, les évolutions technologiques dans les biens de consommation se sont succédés et ont générés une augmentation des DEEE. La plupart de ces équipements en fin de vie, étant incinérés ou enterrés, posent un problème social et environnemental du fait de

p.63


leur toxicité. C’est notamment le cas au Ghana où des tonnes de produits électroniques sont transférés, démanteler puis brûlés, relâchant ainsi des vapeurs dangereuses pour la santé de la population locale. Des alternatives ont vu le jour avec l’exemple de Puma et sa collection de vêtements inspiré du Cradle to Cradle ou bien d’Apple qui souhaite stopper l’extraction de ressources pour ses futurs produits. Appuyé par le développement des produits reconditionnés et l’incitation à réparer ses biens, ces projets permettent de réduire notre impact environnemental malgré une surconsommation toujours d’actualité.

p.64

Pour la troisième partie, nous nous sommes penchés sur l’information auprès du consommateur. Depuis la loi Consommation de 2014, les distributeurs sont tenus d’indiquer la période pendant laquelle le fabricant s’engage à fournir les pièces détachées nécessaires à sa réparation. Pourtant dans les faits, une étude a révélé que dans 60% des cas, aucun affichage n’était présent. Concernant le passage de la garantie légale de conformité de 6 mois à 2 ans, les consommateurs ne sont pas réellement informés par les professionnels. Là encore, les consommateurs sont tenus à l’écart d’une information importante concernant leurs biens. Certaines associations proposaient, lors de la mise en place du projet de loi, d’augmenter cette garantie jusqu’à 10 ans afin de favoriser l’emploi local, de réduire l’impact environnemental et également de dynamiser


la compétitivité des entreprises. Un projet ambitieux mais pourtant réel pour la marque Décathlon et ses sacs de randonnées Quechua ou encore le groupe SEB, qui s’engage par exemple, à garantir la disponibilité des pièces de ses appareils pendant 10 ans. Mit en place depuis 2003 pour l’automobile et 2006 pour l’électroménager, l’étiquette énergie est un élément essentiel pour informer le consommateur. Lors de son lancement 75 % des consommateurs consultaient cet affichage pour comparer deux produits voisins. Depuis fin 2011, une nouvelle étiquette, à l’échelle Européenne, est apparue afin d’ajouter trois mentions supplémentaires (A+, A++, A+++). Cette modification montre une évolution technologique ainsi qu’une tendance à choisir un produit consommant le moins possible. Cette étiquette prévue actuellement pour des appareils électroménagers, voitures ou logement a été adaptée par le groupe Casino pour des produits alimentaires. Une innovation qui fait également référence aux labels officiels alimentaires, tels que le Bio, le Label Rouge, l’AOP (Appellation d’Origine Protégée) et l’AOC (Appellation d’Origine Contrôlée), qui représentent aujourd’hui une part importante des ventes. Cette croissance s’observe notamment auprès du chiffre d’affaire liés aux aliments bio étant passé de 3.5 millions d’euros en 2010 à 7.1 millions d’euros en 2016. De plus en plus de consommateurs se tournent vers des alternatives responsables,

p.65


nous confortant ainsi dans l’intérêt de résoudre notre problématique. Cet attirance est également appuyée par l’enquête du CRÉDOC et du CESE, ayant démontré que 90 % des participants étaient prêt à payer plus cher un produit avec une durée de vie plus élevé. Il s’agit en effet, d’un argument important à prendre en compte lors de la conception du projet professionnel puisque si nous mettons en place un système de valorisation des biens durables, la différence de prix des produits sera considérée comme raisonnable par rapport aux attentes des consommateurs. En outre, cette statistique est accompagnée, pour l’échantillon français, par le fait que les ventes soient en augmentation de 118 % pour les produits fournissant les données sur la durabilité. Une fois de plus, il s’agit d’une preuve intéressante à apporter aux industries pour se démarquer de leurs concurrents et ainsi d’une piste pertinente pour la suite de notre projet. Plusieurs affichages ont été étudiés et nous montrent que les consommateurs sont attirés par un format qui leur est actuellement familier : celui de l’échelle des lettres A à G se référant à l’étiquette énergie. En effet, depuis plusieurs années cet élément nous guide, notamment dans le choix des produits électroménagers, et pourrait s’adapter à la notion de durée de vie. p.66


B. PROJET PROFESSIONNEL 1. Le concept Suite aux analyses précédentes, nous avons regroupé les objectifs principaux pour formaliser un concept dédié à la lutte contre l’obsolescence programmée. L’une des principales fonctionnalités de notre projet est de suggérer aux consommateurs des produits liés à leurs besoins tout en bénéficiant des produits les plus durables et environnementaux. Basé sur le principe d’une Marketplace, l’utilisateur entre le nom de son appareil défectueux ou bien celui qu’il souhaite acheter pour la première fois. Des critères s’ajoutent à sa recherche afin de définir plus précisément l’usage qu’il souhaite avoir avec son appareil et le budget qu’il désire allouer. Dans le cas où, l’utilisateur a entré la référence d’un produit, les critères additionnels se sont remplis automatiquement pour correspondre à l’usage et au budget du bien. Une fois cette recherche lancée, la plateforme lui présente les trois produits les plus durables, selon ses besoins. Le premier bien référencé permettra à l’utilisateur souhaitant un produit moins cher d’obtenir une durée de vie satisfaisante. Le second présente le meilleur rapport performance/prix/durabilité et symbolise le cœur de gamme. Enfin, le troisième correspond à un produit plus haut de gamme et garantie la durée de vie la plus élevée. Une comparaison des produits s’affiche permettant aux consommateurs de connaître

p.67


certaines caractéristiques (prix, éléments techniques principaux et durée de vie). En sélectionnant l’un des produits, l’utilisateur est redirigé vers la page qui contient l’ensemble de ses caractéristiques. De plus, des informations lui sont communiquées concernant l’engagement du constructeur à propos de la garantie de ses produits et sa politique RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises).

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Une sélection de produit les plus durables garantie par nos experts. Garanties élevées

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LES AVIS SUR NOUS

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p.68

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Très bien

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Moyen

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Apple - 25

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Lors de nos recherches, nous avons remarqué que de nombreux consommateurs n’avaient plus confiance en leur produit et s’intéressaient de plus en plus à la durabilité. Cette page est donc l’une des phases clés de la plateforme car elle permet de rassurer le consommateur sur la fiabilité du produit et de lui faire connaître les garanties qu’il possède. Une fois les produits comparés et le choix effectué, l’utilisateur a la possibilité d’être redirigé vers une marketplace proposant le bien (tel qu’Amazon, Cdiscount, PriceMinister...). Dans ce cas inutile


d’entrer ses identifiants pour créer un compte sur notre service, il peut tout à fait bénéficier des avantages qu’il possède sur les autres marketplaces. Pour les utilisateurs n’ayant aucune réduction ailleurs, nous leur conseillons d’effectuer la commande à partir de notre plateforme. En conclusion, cette première fonctionnalité nous permet d’attirer les consommateurs souhaitant remplacer leurs biens irréparables, mais aussi ceux qui achèteront un produit, selon un besoin classique. Même si notre cible est assez large, car la plateforme souhaite favoriser les biens durables, qu’il soit d’entrée de gamme ou haut de gamme, les consommateurs doivent être sensibilisés à la notion de durabilité. En effet, ce sont les personnes intéressées par un usage à long terme, une garantie élevée, une meilleure fiabilité ou encore des caractéristiques environnementales, qui seront nos premiers et principaux utilisateurs.

p.70

Cependant, notre objectif n’est pas seulement d’attirer de nouveaux consommateurs. Il s’agit également d’accompagner les personnes possédant un bien défectueux dans sa réparation plutôt que son renouvellement grâce à notre service. C’est pourquoi nous présentons à ces utilisateurs l’existence des guides de réparations en ligne, disponible pour de nombreux appareils. Il suffit d’entrer le nom de son produit pour obtenir la liste des plateformes proposant des tutoriels sur sa réparation.


(fig 5)  MindMap listant les principaux domaines liés à l’obsolescence programmée

Dans le cas où aucun guide n’est disponible pour leur bien, ou qu’un utilisateur préfère être accompagné lors de sa réparation, il peut rejoindre l’un des repair’ café les plus proches de chez lui. En entrant simplement son adresse, une liste des lieux s’affiche avec les horaires et l’itinéraire pour y accéder. Il y a également la possibilité de trouver un réparateur professionnel disponible en sélectionnant le type de produit à réparer et sa propre adresse. Un budget est estimé suite à sa sélection qu’il peut accepter en réservant son rendez-vous en ligne.

Énergie

p.71

Disponibilité des pièces

Durée de vie

Étiquetage

Garantie

Confiance

Législation

Associations

Médias

Responsabilité

Plaisir

Renouvellement

Comportements

Modèle économique

Transparence

Sensibiliser

Entreprises

Consommateurs

Psychologique

OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE

Produits Conception

Technologique

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Bio-mimétisme Matériaux

Reconditionnement Recyclage

Électronique

Logiciels

Déchets

Composants

Résistance

Environnement

Évolutions Open-source Incompatibilité

Nature

CO² Toxicité

Santé


2. Les consommateurs Pour nous aider dans le développement du concept et la phase de création, nous analyserons les étapes actuelles effectuées par un consommateur afin d’obtenir un produit (en ligne ou en magasin). En imaginant et en obtenant des informations réelles sur ces principales étapes, nous pourrons déterminer quelles fonctionnalités seront à développer et pour quel consommateur.

p.72

Par exemple, pour le cas d’une personne partant souvent en voyage, la volonté d’acheter un appareil photo peut être dû à un besoin récurrent. En premier lieu, elle fixe selon sa propre situation et son usage personnel les fonctionnalités dont elle a besoin. Une fois l’idée plus mature, elle s’engage dans la phase de recherche en se guidant vers des sites e-commerce comme Fnac, Darty, Amazon, etc. Lors de cette étape, les caractéristiques et fonctionnalités dont elle a besoin lui permettront de réduire le nombre de choix présentés. La plupart du temps, les consommateurs comparent les produits similaires en visualisant leurs caractéristiques, les avis des acheteurs, le prix, les conditions de livraisons, etc. Cette phase est souvent la plus longue afin de déterminer quel bien nous correspond le plus. En opposition, les personnes se rendant directement en magasin sont souvent guidées par les vendeurs, elles n’hésitent donc pas à interagir avec lui pour connaître quel bien s’associe au mieux à leurs besoins. Suite à cela, les consommateurs passent à la gestion de la commande. Pour les services en ligne,


le processus se résume généralement à l’identification ou l’inscription de l’utilisateur, la phase de livraison puis de paiement. Pour finir, le consommateur s’organise pour la réception du bien et son installation.

Photo originale réalisée par Andre Benz sur Unsplash


3. L’identité Pour le nom du projet, nous avons décidé de l’appeler weeco [phonétique wiko]. Un mot scindé en deux syllabes, prononcé ‘oui’ puis ‘co’ valorisant le nous (consommateurs), l’écologie et l’économie. Nos premières pistes de logo symbolisent une couronne grâce à la forme de la lettre W. De par ce symbole graphique, nous souhaitons transmettre une image de qualité et un aspect écologique à notre service. À l’avenir, nous pourrons utiliser ce symbole comme label certifiant une qualité et une durabilité irréprochable sur les produits mis en vente.

p.74



4. Le rétroplanning Décembre Tâches Identité visuelle Wireframes Maquettes Prototype Communication Print Stand Recueillir les données Développement d’une première version Tests utilisateurs Motion Design Portfolio & Book print Réseaux sociaux Développement du service final Tests finaux Préparation à l’oral Installation du stand

S1

S2

S3

Janvier S4

S1

S2

S3

Février S4

S1

S2

S3

S4


Mars S1

S2

S3

Avril S4

S1

S2

S3

Mai S4

S1

S2

S3

Juin S4

S1

S2

S3

S4


5. Le budget Identité du projet

1 600 €

Charte graphique

1 200 €

Logotype

400 €

Design produit

8 850 €

Maquettes web & mobile

6 500 €

Animations & Motion

1 000 €

Prototype d’interaction

350 €

Tests utilisateurs

350 €

Packshot

650 €

Développement

12 500 €

Fonctionnalités e-commerce

6 000 €

Back-office

4 000 €

Hébergement & maintenance

2 500 €

Communication

5 250 €

Vidéo / Motion de présentation

4 000 €

Affiches / Flyers

700 €

Portfolio / Book / Mémoire

200 €

Stand

350 €

Total

28 200 €


6. Les planches tendances

p.79

Résultats de recherche avec un exemple de filtres et une grille de présentation de produits technologiques.

Création réalisée par Den Serduke sur Behance


Fitbit UI Kit publié sur dribbble

p.80

Présentation d’une fiche produit, et des filtres de recherche avec une sélection de ses besoins.

Création réalisée par Giga Tamarashvili sur Dribbble


Création réalisée par Sebastian Stapelfeldt sur Dribbble

p.81


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ANNEXES Interview réalisé auprès de Thibaud Hug De Larauze, Co-fondeur & CEO de Back Market : Lors de la création de Back Market, aviezvous comme objectif de contrer cette pratique de l’obsolescence programmée ? C’était notre première signature, « Back Market, première boutique de lutte contre l’obsolescence programmée ». Avec Back Market, nous répondons essentiellement à une pratique d’obsolescence psychologique, car le reconditionné est la réponse vivante que les produits sont en parfait état de fonctionnement, qu’ils peuvent servir une seconde fois, une troisième fois et une quatrième fois… Et pourtant des consommateurs décident de s’en séparer. Pourquoi ? Et bien c’est souvent pour obtenir le nouveau modèle. Tout ça, amène à accélérer le « vieillissement perçu » d’un appareil. La réponse de Back Market c’est de rendre ces appareils, qui ont déjà une certaine vie, aussi cool et aussi désirable que des produits neufs aux yeux du consommateur.

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Le ton aussi proche et décalé que l’on retrouve sur votre plateforme, est donc en lien avec votre stratégie de rendre les produits reconditionnés, des biens « mainstream » ? En effet, ça fait partie de notre ADN. C’est une somme de pleins de choses, mais c’est


ce qui fait en partie que nous sommes différents aux yeux du consommateurs. Ce ton et l’expérience utilisateur sur le site, nous permettent de rester dans la tête du consommateur, et le jour où ils se posent la question de renouveler un bien, il y a une petite case qui lui dit : « Ah tiens, il y a Back Market ». Suite à la levée de fond réalisé en début d’année, quels sont vos objectifs dans les prochains mois et années à venir ? Tout d’abord, il y a l’internationalisation qui se met peu à peu en place, mais ça prend énormément de temps. Ensuite il y a le produit, comment on charge Back Market en valeur pour ses utilisateurs qui sont des ateliers de reconditionnement ainsi que des consommateurs. Pour le consommateur, l’enjeu principal est de créer les conditions de réassurance, créer les conditions de simplicité lors de l’acte d’achat. Acheter un produit qui a déjà vécu, c’est complexe dans l’esprit d’un consommateur puisqu’il y a toujours un doute sur la fiabilité du produit. Nous notre but c’est justement de rendre ça le plus simple possible et de diminuer la friction pour la rendre la plus proche de 0. Puis côté professionnel (usines et partenaires), c’est les charger en valeur en leur donnant beaucoup d’informations sur le marché (pricing, sourcing, l’évolution des stocks, de la demande des consommateurs, les taux de panne, les pièces détachées). En quelque sorte, comment créer un outil

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indispensable dans leur vie pour devenir leur « Google Analytics »/« Google AdWords ». As-tu des chiffres clés à présenter autour de Back Market ? Back Market, c’est 3 millions de sessions, donc environ 1,5 million de visiteur par mois. C’est plus de 200 usines Européennes (France, Suisse, Espagne, Allemagne…) et plus de 40 employés à l’heure actuelle. Avez-vous un âge moyen pour la vente des appareils tels que les smartphones ? Pour les iPhones par exemple, le best-seller correspond habituellement au modèle N-2. Pour toi, qu’est-ce qui pourrait freiner les constructeurs à communiquer sur la durée de vie de leurs produits ? Sûrement la peur d’être inférieur à la concurrence. Si tu devais lancer un projet à l’heure actuelle avec l’évolution des marchés sur la réparabilité des produits, le reconditionnement… Vers quelle branche te dirigerais-tu pour contrer l’obsolescence programmée ? p.90

Il y a déjà tellement à faire sur notre verticale que je commencerai par le décliner sur des produits différents, tels que les produits mécaniques avec les voitures, les montres…


Après démocratiser la réparation, est je pense un but pour tous, pour le bien de la planète, le bien commun. Aujourd’hui, personne ne le fait très bien. Il y a beaucoup de site qui font ça dans leur coin comme Spareka, avec des guides pour réparer soimême, mais ça manque d’une solution facile comme une application qui te dit combien ça coûte, où c’est près de chez toi et en combien de temps tu récupères ton bien. Pour moi, c’est les Suédois qui ont compris comment pousser les consommateurs à faire ça, c’est par le portefeuille. Il y a des lois qui sont fixées pour défiscalisées les réparations à 50 %. Comme ça lors de la panne d’un produit, les consommateurs se posent vraiment la question de le réparer ou non. Donc le développement de la réparation passera de mon point de vue par une réforme fiscale.

Interview réalisé auprès de Laetita Vasseur, Co-fondatrice de l’association HOP (Halte à l’Obsolescence Programmée) : Pour quelles raisons avez-vous lancé l’association HOP ? J’avais déjà travaillé sur le sujet avant, notamment avec l’élaboration de la loi reconnaissant l’obsolescence programmée comme un délit qui a été adoptée en 2015. Après quelques débats, avec les gens qui ont ensuite collaboré avec l’association, nous pensions que ce délit n’allait pas être utile s’il n’était pas utilisé dans le cadre d’une

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association. En effet, personne ne va aller devant le juge avec son imprimante ou sa bouilloire pour contester ce problème. L’association s’est donc créée dans le but d’aider les consommateurs, elle a eu également vocation à sensibiliser le public et à influencer les décideurs publics et privés pour allonger la durée de vie des produits. Concernant l’allongement de la durée de vie des produits quels sont vos objectifs et solutions pour rendre cette solution concrète ? Les solutions juridiques et politiques passent en effet par une série de mesure, mise en ligne aujourd’hui dans une synthèse appelée Opé2017. Cela va passer par un allongement de la durée de vie (mesure selon laquelle Emmanuel Macron s’est engagé), une information sur la disponibilité des pièces détachées, nous promouvons également une baisse de la TVA sur la réparation pour limiter les coûts (comme en Suède) et une extension de la garantie légale. Cela vous arrive souvent de créer ou de participer à des événements en lien avec le domaine ?

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Oui, en effet ça nous arrive régulièrement de participer à des événements comme Ouishare, au festival Zero Waste, ou Alternatiba. Nous essayons d’être présent pour parler de notre association au public et également pour travailler en collaboration avec les autres acteurs. Nous organisons


également nos propres événements comme les HOP Day ou des colloques. En quoi consiste le club des entrepreneurs au sein de l’association ? Alors au niveau de notre travail d’influence des décideurs privés on a deux stratégies. La première se base sur la dénonciation des cas d’obsolescence programmée avec la plainte que nous avons déposé récemment sur les imprimantes. La deuxième, concerne le club des entrepreneurs en promouvant des solutions positives et constructives. Ces alternatives vont dans le bon sens avec des modèles économiques et des produits qui sont plus durables, soutenables ou réparables. Cela permet également de créer des synergies entre eux, d’échanger sur les bonnes pratiques, d’informer sur les freins et ou leviers de différents modèles économiques pour ensuite devenir la norme. Penses-tu que le sujet de l’obsolescence programmée est de plus en plus sensibilisé à l’heure actuelle, grâce aux médias, aux associations telle que la vôtre, au changement de comportement des consommateurs ? Oui, je pense que c’est vraiment un sujet qui fédère de plus en plus de personnes, qui présente les symptômes d’un mouvement de fond sur une appétence des citoyens pour la consommation responsable, des modèles économiques innovants et soutenables. Je dirai qu’il y a un réel élan dans cette direction.

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