Retours sur le Colloque "Agricultures et territoires ruraux"

Page 52

recherche finalisée, en développant par exemple des expérimentations pour mesurer la généricité de telle ou telle démarche dans différentes territoires. Et ceci avec pour objectif de proposer aux agriculteurs des démarches à mettre en œuvre qu’ils puissent amender sur la base de leurs expériences et expertises. Ce modèle de fonctionnement, d’interactions, est bien plus difficile à mettre en place que les modèles linéaires antérieurs. De plus, s’ajoute à cette question du modèle, la difficulté de concilier le vertical et l’horizontal, c’est-à-dire des compétitivités verticales des filières – qui sont fondamentales de par l’environnement qui nous entoure – avec la nécessaire insertion dans les différents territoires.

Hervé Guyomard Directeur scientifique en charge de l’agriculture à l’INRA Ensuite concernant la faible représentativité des fils d’agriculteurs dans la recherche et en étant volontairement provocateur, je pourrais répondre : et alors ? Cela constitue-t-il un problème pour résoudre les difficultés auxquelles nous devons faire face ? Je crois que c’est en ces termes qu’il faut poser le problème. De plus, en étant réaliste et pragmatique, je crois que du point de vue de l’action publique et de son financement, si l’objectif est de régler des problématiques territoriales, la priorité ne doit pas aller au développement rural, mais à la question des banlieues ! Il faut savoir rester modeste et ramener les enjeux que nous portons à leur juste proportion, en regard des dynamiques sociétales à l’œuvre par ailleurs. Je crois qu’il faut donc œuvrer à régler les principaux problèmes qui se posent dans la mesure de nos moyens, dans le cadre de nos périmètres d’action, et en tenant compte des deux problématiques du lien verticalhorizontal et de celle de l’incohérence potentielle entre les décisions de court terme et de long terme. Et à ce titre, la crise doit être une période où sont confirmées certaines priorités de recherches, notamment conceptuelles, financées sur le temps long et qui viennent ensuite irriguer les recherches conduites en partenariat avec les acteurs des territoires.

52

Jean-Marie Guilloux (MAA) A l’échelle européenne, comment l’innovation est-elle pensée et intégrée dans les futurs développements de la politique agricole et de développement rural ? Marc Duponcel (Commission Européenne) Du côté européen, les différentes études prospectives montrent, assez classiquement, que les enjeux auxquels est confrontée l’agriculture sont très importants : le changement climatique, la vitalité des écosystèmes et la durabilité globale. Sur ces différents enjeux, ces études prospectives appellent à un effort renouvelé de la recherche agricole. La proposition de la Commission européenne pour Horizon 2020, le prochain programme cadre, répond à ces enjeux en proposant d’augmenter les ressources pour la recherche agricole. En matière d’innovation, pour aider les agriculteurs et les acteurs des filières à faire face aux difficultés, pour pouvoir améliorer leurs capacités techniques, dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) post2013, nous proposons des instruments dans le cadre du développement rural qui fonctionnent sur le mode bottom-up. Cela devrait aboutir sur l’émergence de projets du terrain, du local, et il sera de notre ressort de faire circuler les informations et résultats génériques au sein des Etats membres, mais également à l’échelle européenne ; l’idée étant de diffuser, partager et faire essaimer ces innovations.

M. Marc Duponcel Direction générale de l’agriculture et du développement rural Commission Européenne

Jean-Marie Guilloux (MAA) Dans la continuité de ces éléments, M. Perrier-Cornet, l’agriculture vous semble-t-elle constituer encore une bonne porte d’entrée pour analyser et comprendre le rural ?


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.