Reconversion d'un village fantôme... TAKROUNA La Bourgade _ Yasmine JEGHAM _ Mémoire d'architecture

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RÉPUBLIQUE TUNISIENNE MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ÉCOLE PLURIDISCIPLINAIRE INTERNATIONALE

MÉMOIRE D’ARCHITECTURE

‘‘TAKROUNA’’ La bourgade

Étudiante

:

Yasmine

JEGHAM

Encadrant : M. Mohamed Hechmi MOUSSA

Année universitaire 2019-2020

Reconversion d’un village fantôme ...

Session Septembre 2020



Toutes les illustrations sont personnelles, sauf celles indiquĂŠes...


Dédicaces Je dédie ce mémoire à la mémoire de mes grands-pères et ma grand-mère paternelle...

À ma grand-mère maternelle, que dieu la garde et lui prête longue vie, pleine de santé et de bonheur. Source d’amour, qui m’a toujours soutenue durant mon parcours d’étude. J’ai passé de très beaux moments à étudier chez elle avec mes chères amies et camarades de classe, des moments pleins de beaux souvenirs avec la fatigue des longes charrettes. Ma grand-mère qui nous a aimés comme personne ne nous a jamais aimés et qui m’a accompagnée par ses prières et sa douceur. À mes parents, que je remercie pour tout le soutien et l’amour qu’ils me portent depuis mon enfance et j’espère que leur bénédiction m’accompagne toujours. Que ce modeste travail soit l’exaucement de leurs vœux tant formulés, le fruit de leurs innombrables sacrifices qui m’ont ouvert tous les chemins du succès. À mon frère et ma sœur que j’aime beaucoup, pour leurs encouragements. À toute la famille source de vie, de joie et d’amour. Aucune dédicace ne saurait exprimer l’amour que j’ai pour vous. À tous ceux qui m’ont encouragée, à tous mes amis, en souvenir de notre sincère et profonde amitié et des moments agréables que nous avons passés ensemble.

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Remerciements

Mes sincères remerciements à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à l’élaboration de ce mémoire.

En particulier à mon cher encadrant monsieur Mohamed Hechmi MOUSSA, je suis très honorée de vous avoir comme encadrant. Merci pour votre collaboration, votre générosité et de votre patience malgré les conditions imprévues du Corona virus et malgré le confinement et tout ce qui s’est passé, vous étiez toujours là, à m’encourager et à me donner vos précieux conseils. Votre compétence professionnelle incontestable ainsi que vos qualités humaines vous valent l’admiration et le respect de tous. Ainsi qu’à tous les enseignants, praticiens et théoriciens qui m’ont enseigné durant mon parcours de 5 ans d’études d’architecture, pour la qualité de leur enseignement et pour l’effort fourni.

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Sommaire Introduction ____________________________________P.5 Problématique ___________________________________P.8 Méthodologie ___________________________________P.9 Partie 1. Approche théorique _____________________P.11 Chapitre 1. L’architecture vernaculaire ________________P.13 1.1 Définition 1.2 Contexte historique 1.3 Contexte sociologique 1.4 Contexte technologique 1.5 Catégories de l’architecture vernaculaire 1.6 Village de Nouristan, Afghanistan 1.7 Les principes de l’architecture vernaculaire 1.8 L’architecture vernaculaire en Tunisie Synthèse Chapitre 2. Le patrimoine architectural ________________P.23 2.1 Définition 2.2 Genèse de la notion du patrimoine architectural en Tunisie 2.3 Les catégories du patrimoine architectural 2.4 La protection du patrimoine bâti 2.5 Les techniques d’intervention sur le patrimoine architectural 2.6 La charte d’Athènes 2.7 La charte de Venise Synthèse Chapitre 3. Les ruines ____________________________P.29 3.1 Définition 3.2 Contexte historique 3.3 La ruine en peinture 3.4 Intervenir sur les ruines 3.5 Les principaux principes d’intervention sur les ruines Synthèse

Synthèse de l’approche théorique __________________P.35 3


Partie 2. Approche analytique _____________P.37

1.3 Topographie

Chapitre 1. La mutation des berbères _________P.39

1.4 Climatologie

1.1 Les berbères 1.2 L’architecture berbère 1.3 Les matériaux de construction chez les berbères 1.4 L’organisation spatiale des berbères Synthèse Chapitre 2. Takrouna, un village berbère _______P.47 2.1 Les origines du village de Takrouna 2.2 Situation 2.3 Altitude 2.4 Les habitants 2.5 La morphogenèse du village 2.6 Potentiel paysager 2.7 Potentiel économique 2.8 Potentiel socioculturel

1.5 Environnement 1.6 Etat actuel du site 1.7 Organisation spatiale 1.8 Les techniques de construction Synthèse Chapitre 2. Reconversion d’un village fantôme __P.120 2.1 Programme 2.2 Organigramme fonctionnel 2.3 Projet Synthèse générale _________________________P.140 Références bibliographiques _________________P.141

2.9 Takrouna aujourd’hui Synthèse

Tableau des figures ________________________P.143

Chapitre 3. Projets d’inspiration _____________P.73

Annexes

_______________________________P.146

3.1 La James-Simon-Galerie 3.2 E/C House 3.3 Le centre d’accueil de l’Abbaye de Villiers 3.4 Le village Ken Synthèse

Synthèse de l’approche analytique _________P.99

Partie 3. Approche conceptuelle ____________P.101 Chapitre 1. Le site d’intervention ___________P.103 1.1 Situation géographique 1.2 Accessibilité

Fig.1. Levé topographique de la ville de Sousse. Source: Office de la topographie et du cadastre de Sousse.

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Introduction

L’habitat dans les villes près des emplois, des commerces et de tout type d’équipement a su attirer un grand nombre de personnes venant de divers milieux ruraux, qui ont tourné le dos à leur milieu natal.

D’après les derniers recensements de 2014, on constate l’abandon presque total du vieux village de Takrouna par ses citoyens. Les maisons se vident les unes après les autres et les rues deviennent carrément désertes. En arrivant au vieux village, cette situation est très remarquable et visible au premier regard à travers les ruines. Oh combien triste! Depuis l’avènement des constructions modernes, il y avait une rupture flagrante entre l’ancien et le nouveau.

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C’est vraiment rare de voir une construction qui garde une relation entre l’ancien et le nouveau par la création d’une certaine continuité dans le langage architectural et même dans l’emploi des matériaux et des techniques de construction. Cette rupture est présente entre les villes et ses abords. Sans doute c’est une injustice malgré la pauvreté des gens habitants les abords des villes, lorsqu’on compare les qualités et les facilités des vies dans les villes et celles des abords. C’est ainsi qu’on constate que les abords des villes disposent d’une richesse patrimoniale beaucoup plus importante que les villes elles-mêmes.

Depuis des siècles, le vieux village de Takrouna était implanté sur une colline pour des raisons de sécurité. A travers le temps les citoyens ont quitté leurs demeures pour aller chercher des meilleures conditions de vie ailleurs. Ces constructions abandonnées ont alors commencé à se dégrader petit à petit jusqu’à atteindre l’état de ruine, ceci est du à un manque d’entretien au cours duquel ils n’ont jamais connu des rénovations. Pour cela il est important d’aller au-delà de ces évidences. Car Takrouna n’a pas seulement besoin d’être rénovée ou réparée, elle a également besoin d’être imaginée autrement, pensée et repensée tout en gardant en tête la mémoire du lieu. Ce qui n’exclut ni le charme de l’endroit, ni la poésie de l’architecture vernaculaire.

Fig.2. Croquis montrant la petite mosquée et le mausolée de Takrouna. Source: L’architecte Rached TRIKI.

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Problématique L’architecture vernaculaire est un type d’architecture caractérisé

par la construction avec les moyens de bord, en utilisant les matériaux locaux extraites du site et il s’adapte aux variations de la température, en favorisant les espaces suivant les orientations convenables. Cette architecture revient à des époques spécifiques et avec des populations spécifiques également. Elle est considérée parmi les constructions primitives. Aujourd’hui l’architecture vernaculaire est en train de disparaitre petit à petit, pour ne devenir que des ruines et vestiges. Habiter les ruines, ça évoque un sentiment singulier pour chacun d’entre nous. Pour certains, ils percevront le charme de vivre dans la nostalgie de l’ancien mode de vie si simple et si particulier, ils verront tout ça comme un atout. Par contre, d’autres, ils penseront à la difficulté de vivre dans un ancien environnement, loin des centres-villes. Ceci évoque pour eux un sentiment d’insécurité. Les ruines et les vestiges se vivent et s’évaluent de manières diverses. Le patrimoine bâti du vieux village de Takrouna cache derrière lui un vécu assez particulier, lorsqu’on voit les maisons, on ne peut pas nous empêcher d’imaginer le mode de vie berbère, à travers l’organisation spatiale de ces constructions introverties. Comment pourrait-on conserver et valoriser cette architecture qui fait partie de l’histoire de notre pays afin d’assurer une continuité dans sa lecture historique ? Le tourisme à Takrouna n’a aucun apport économique, certes le village représente un endroit touristique d’excellence, avec des vues dégagées sur les paysages de toute une richesse où on peut voir la mer des gouvernorats de Sousse et Hammamet, les montagnes de Zaghouan et les collines de Kairouan. Mais il manque d’autres types de tourisme tels que le tourisme culturel et l’éco-tourisme. Par quel moyen pourrait-on créer une dynamique dans ce silence provoqué par les ruines ? Est-ce qu’un centre touristique résoudrait les problèmes de l’abandon des vestiges ?

Fig.3. Cadrage de vue dans une ruine à Takrouna. 8


Méthodologie La valorisation d’un endroit patrimonial est une lourde responsabilité, il faut bien se garder d’agresser son architecture, en gardant en tête la sauvegarde et le respect de ce qu’il y avait auparavant pour garder la mémoire du lieu. A cet égard, cet ouvrage envisage d’analyser et de chercher à répondre à la problématique posée. La démarche suivie consiste alors à diviser cet ouvrage en plusieurs chapitres. En premier lieu, il s’agit ainsi de commencer par une étude théorique qui envisage d’expliquer les notions de base en les définissant et les analysant pour mieux comprendre le sujet. En second lieu, il y aura la partie analytique. C’est un passage du général vers un approfondissement au sujet du mémoire. A travers lequel on examinera les faits urbains et architecturaux des villages berbères, et on analysera des projets de référence dont nous allons nous inspirer et dégager les concepts à suivre. En troisième et dernier lieu, c’est l’approche conceptuelle, où il est essentiel d’analyser le site d’intervention choisi, le vieux village de Takrouna et dégager un programme à travers les analyses déjà effectuées, en appliquant les concepts choisis, par la réalisation d’un projet architectural bien structuré et étudié qui tentera de résoudre les problèmes posés par la problématique.

Fig.4. Cadrage de vue dans une ruine à Takrouna. 9


“L’architecture est le témoin incorruptible de l’histoire.” Octavio Paz

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Partie 1

Approche Théorique

Fig.5. Vue de haut du village de Takrouna, montrant la vue dégagée et l’architecture vernaculaire du lieu.

“L’architecture, c’est ce qui fait les belles ruines.”

Auguste Perret

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Chapitre 1 L’architecture vernaculaire

Chapitre 2 Le patrimoine architectural

Chapitre 3 Les ruines

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1.1 Définition

L'architecture vernaculaire, c’est quand l'habitat se fond dans son environnement. Le vernaculaire, est l'idée de prendre en compte le climat, la géographie ainsi que les matériaux locaux pour construire des bâtiments. Ce terme aujourd'hui en vogue désigne des constructions "ancrées dans leur environnement, qui répondent à la géographie, aux conditions climatiques et à leur époque », selon les mots de l'architecte Philippe Madec. Source: (https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2014/01/24/retour-aux-sources_4353074_4497186.html) Article par Marie Godfrain Publié le 24 janvier 2014 à 11h11 - Mis à jour le 27 janvier 2014 à 08h55

Fig.6. Ksar à Tataouine

Fig.7. Mosquée Ghadames Libye.

Omrane

Fig.8. Architecture de Hassan FATHI

Source: https://i.pinimg.com/564x/ac/94/66/ ac9466258b23c05c391505d99b05b00c.jpg

Source: https://i.pinimg.com/564x/ef/96/ee/

Source: https://www.wallpaper.com/architecture/hassan-fathy-book-laurence-king#pic_1

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1.2 Contexte historique

Un bâtiment vernaculaire existe depuis longtemps, dans des périodes qui varient d'une région à une autre

selon des décalages de quelques décennies à un siècle et plus. En d'autres termes, les premières demeures au monde, construites d’une manière primitive utilisant des matériaux basiques de la région, ce sont des bâtiments vernaculaires.

1.3 Contexte sociologique

L’architecture vernaculaire se caractérise non seulement par une époque donnée, mais aussi par la classe sociale

qui l’a fait construire et utiliser. Aujourd’hui on la retrouve dans les zones rurales ou dans les zones abritant les populations ayant un niveau bas à l’échelle sociale. Cependant, elle exige une technique de construction spéciale, qui nécessite une main d’œuvre qualifiée qui est en train de disparaitre, au vu de la complexité de cette architecture. Source: https://www.pierreseche.com/definition_av.html Extrait d'un article publié dans le supplément No 3, 1983, de L'Architecture vernaculaire

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1.4 Contexte technologique

Dans une période de progrès technologique qui domine nos vies, il peut nous paraître dépassé et désuet de revenir

en arrière dans le temps et de construire avec la méthode vernaculaire. Et pourtant, l’architecture vernaculaire représente plus qu’un désir nostalgique des moyens de construction qui sont devenus obsolètes, mais plutôt une méthode d’apprentissage par laquelle de nouveaux défis mondiaux peuvent être relevés, tels que le réchauffement climatique, les crises des logements et l’égalité économique. L’importance de l’architecture vernaculaire ne doit pas être limitée à une architecture primitive, mais au contraire lorsqu’elle est analysée de manière approfondie on constate que les carences des logements dans le monde entier seront comblées par des moyens d’auto-assistance, en utilisant des ressources et des technologies disponibles localement et non de la haute technologie.

1.5 Catégories de l’architecture vernaculaire :

Trois grandes catégories occupent le champ de l’architecture vernaculaire: Bâtiments domestiques

L'architecture vernaculaire domestique comprend les édifices conçus pour satisfaire aux nécessités de la vie courante (se restaurer, se reposer, ranger, etc.) et leurs annexes (souillarde, four, porche, buanderie, etc.).

Dans cette catégorie on comptabilise entre autre, les auberges et les boutiques, où les activités domestiques sont au moins aussi importantes que la fonction commerciale. À l’intérieur de cette catégorie, il convient de dissocier l’architecture vernaculaire de la campagne de celle de la ville, par rapport aux annexes des habitations, la première concernant principalement l’agriculture, la seconde le commerce. Source: https://www.pierreseche.com/definition_av.html Extrait d'un article publié dans le supplément No 3, 1983, de L'Architecture vernaculaire

Bâtiments agricoles

L'architecture vernaculaire agricole comprend tous les bâtiments de la ferme, excepté la maison d'habitation et

ses annexes domestiques : ainsi la grange, l'étable... sont inclus dans cette catégorie les dépendances éloignées (grange en plein champ, maisonnette de vigne...) et les édifices appartenant à la communauté (fournil, lavoir, puits…).

Bâtiments préindustriels

L'architecture vernaculaire préindustrielle englobe les bâtiments abritant des activités préindustrielles propres à

la campagne (moulins à vent et à eau, fours à chaux, forges, tuileries, etc.), ainsi que les fabriques et les ateliers rattachés à une habitation ou incorporés à celle-ci (atelier de tisserand, maréchalerie, etc.). Source: (https://www.pierreseche.com/definition_av.html) Extrait d'un article publié dans le supplément No 3, 1983, de L'Architecture vernaculaire

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1.6 Village de Nouristan, Afghanistan

C’est un exemple de village à construction vernaculaire, avec les mêmes caractéristiques géomorphologiques

que possède le village de Takrouna, mais dans un autre pays, en l’occurrence en Afghanistan, c’est-à-dire avec un climat, des matériaux locaux de construction et de vie très différents. En conséquence, l’architecture vernaculaire change de forme selon ces dernières caractéristiques citées auparavant.

1.6.1 Présentation

Le Nouristan est une province montagneuse, difficile d’accès, situé sur un relief accidenté au Nord-Est de l’Afghanistan dans le Sud des vallées de l’Hindou Kouch. Ce village est un bon exemple d’architecture vernaculaire durable, habité par une communauté qui a adopté la zone de climat froid et de relief rigoureux de la montagne et pourtant elle dépendait des ressources locales pour construire leurs maisons et leur village. Le Nouristan fait partie des villages isolés dans des vallées montagneuses profondes et étroites. Il fait 1800 m d’altitude. Entouré de terres agricoles et de montagnes boisées

1.6.2 Histoire

On ne sait pas précisément quand des populations indo-iraniennes s’établissent dans les hautes vallées au pied de l’Hindou Kouch. Leur isolement géographique et leurs prouesses guerrières leur permis de conserver pendant plus de mille ans leurs traditions, en dépit des attaques récurrentes des armées islamiques.

Ainsi, jusqu’à la fin du XIXe siècle, leurs tribus offrent la particularité de pratiquer les rituels d’un ancien hindouisme avec des traditions développées localement, sans discontinuité depuis l’Antiquité, ce dont témoignent encore au début du XXIe siècle, au Pakistan, leurs voisins les Kalasha. En 1895, l’émir de Kaboul Abd El Rahman Khan, profitant des clauses du traité Durand signé avec les Indes britanniques, décide de soumettre ces populations et de les convertir à l’islam. Les habitants du Kafiristan ayant tué les envoyés de l’émir, celui-ci mobilise son armée et ordonne une répression très dure qui confine au massacre des guerriers du Kafiristan mal équipés. Le pays est annexé en 1896, le Kafiristan devient le Nouristan, les temples et les statues sont détruits et les conversions sont nombreuses. Pendant les tueries, un certain nombre d’habitants du Kafiristan installés dans la vallée de Bashgal trouveront refuge dans le royaume de Chitral et s’installeront dans le fond des vallées Kalasha. Leurs descendants, pas tous convertis à l’islam, y vivent encore en pratiquant leurs anciens rituels. Chaque village Nouristanais a ses propres artisans appelés «les Bari» qui gardent chaque village autosuffisant. Les charpentiers de Bari, ont construit des maisons, des meubles et des ustensiles de ménage avec beaucoup de compétences. Ils ont exécuté les sculptures sur bois et les décorations élaborées sur la façade et les maisons de l’aristocrate intérieur avec une maîtrise artistique extraordinaire.

Fig.9. Village Nouristan implanté sur la pente de la montagne de façon à profiter de la géomorphologie en échange de préservation des terres agricoles. Source: Learning from vernacular architecture: sustainability and culttural conformity, B.A. Kazimee. School of architecture and construction management, Washington State University, USA.

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1.6.3 Configuration spatiale

Les villages Nouristanais sont regroupés sur les pentes des montagnes, la basse vallée et les terres plates sont

réservées pour l’agriculture et le pâturage. Cette configuration a contribué également à la défense du village à une époque où ils avaient des problèmes avec des villages voisins Le toit des logements sont construits directement les uns au-dessus des autres, de sorte que le toit plat du logement d’en bas sert comme terrasse pour le logement en dessus. Les maisons fournissent généralement deux ou trois étages, les niveaux inférieurs contiennent des espaces de stockage et des écuries pour les animaux. L’étage supérieur est une grande chambre polyvalente dans laquelle la famille cuisine, dort et reçoit des invités. L’accès à la pièce supérieure se fait souvent par une véranda. Fig.10. Photo montrant une maison sur deux étages avec véranda. On remarque l’emploi de deux matériaux de construction, la pierre en bas pour soutenir la construction et les bûches horizontales en haut. Source: Learning from vernacular architecture: sustainability and culttural conformity, B.A. Kazimee. School of architecture and construction management, Washington State University, USA.

Fig.11. On remarque les échelles inclinées donnant accès aux maisons. Source: Learning from vernacular architecture: sustainability and culttural conformity, B.A. Kazimee. School of architecture and construction management, Washington State University, USA.

1.6.4 Techniques et matériaux de construction

Le système structurel des maisons est un système de poteaux-poutres. Le bois utilisé pour construire est prélevé à partir des forêts des montagnes adjacentes aux villages. La construction de la maison commence par la préparation du site, le remplissage, le nivellement, tout creusage et nettoyage assurent pouvant nécessiter la réalisation d’un plancher de base bien rigoureux. Les murs de l’étage inférieur, sont toujours en pierre. Cette étape de construction est effectuée par le propriétaire avec l’aide des voisins si nécessaire. A l’étage supérieur, des bûches horizontales sont placées et maintenues par des poteaux verticaux des deux côtés du mur et fixées par des pinces en bois. Les espaces entres les bûches sont remplis de petites pierres et les joints entre les pierres sont remplis d’un mortier d’argile-plâtre. 16


Les colonnes structurelles intérieures soutenant les poutres de toit lourdes sont sculptées de vannerie complexe et de motifs entrelacés et décorées par l’artisan Buri. À travers les poutres courent les solives en bois apparentes bordées de dalles de bois massif. Le toit est fait de couches de copeaux ou de feuilles séchées, puis une couche de pierre pulvérisée est posée sur les planches de bois. La toiture est enfin finie avec une épaisse couche d’argile bien piétinée.

Fig.12. Photo intérieure montrant le système structurel d’une maison à Nouristan. Source: Learning from vernacular architecture: sustainability and culttural conformity, B.A. Kazimee. School of architecture and construction management, Washington State University, USA.

Les villages Nouristanais ont pris en considération l’emplacement efficace et plus logique de la topographie du site pour construire leurs maisons en échange de la préservation des terres agricoles et des forêts boisées, ce qui a abouti à des principes de conception écologiquement sensibles. Le village prend une forme compacte sans annexer de terres supplémentaires pour le développement en accueillant la croissance au sein des structures existantes par la pratique du remplissage et du recyclage des matériaux, et la réutilisation adaptative des structures existantes pour augmenter la capacité sans augmenter la pression sur l’environnement. Les maisons en terrasses orientées au sud sur la colline répondent logiquement à l’orientation climatique et solaire en tirant pleinement partie des possibilités d’économiser de l’énergie et de créer un environnement plus confortable pour les résidents. L’exposition à des surfaces de toit ensoleillées maximise la masse thermique requise et bénéficie de l’effet de réchauffement du rayonnement solaire. La masse compacte du bâtiment augmente l’effet de l’isolation contre les pertes de chaleur en hiver. Et les forêts boisées aux abords des villages offrent l’avantage du brise-vent en hiver. L’orientation du bâtiment utilise au mieux la chaleur et la lumière du soleil, qui est le principe central de la conception vernaculaire. Il n’y a pas d’électricité ou de système électrique moderne disponible dans ces villages. La lumière naturelle du jour augmente la productivité du travail et est essentielle pour la santé et le bien-être des occupants.

1.7 Les principes de l’architecture vernaculaire

Les principes vernaculaires suivants servent pour être des sources d’inspiration et des conseils pour résoudre les problèmes de logement dans une région particulière ainsi que pour sauver et améliorer l’environnement.

1.7.1 Paradigme participatif

La tradition de la participation des utilisateurs au processus de planification et de construction commence à peine à être appréciée et utilisée dans de nombreuses sociétés. Offrir des encouragements à la main-d’œuvre autonome et reconnaître les énergies et les ressources qui existent déjà dans les compétences et la détermination des gens, ouvriront la voie à l’accession à la propriété pour la majorité de la population. La conception flexible et adoptable est une autre caractéristique du mode de construction vernaculaire. Un 17


logement qui offre la liberté de choix et qui s’adapte facilement à l’évolution des besoins et des désirs des familles au fil du temps est durable. Les bâtiments qui peuvent être utilisés pour de nombreuses tâches différentes et qui sont facilement adaptables pour être convertis en de nombreuses autres utilisations au cours de leur durée de vie, exercent moins de pression sur les ressources environnementales et énergétiques contrairement à la construction de nouvelles structures et à la démolition des anciens bâtiments. Les pratiques de construction actuelles sont généralement conçues pour des usages uniques et spécialisés qui interdisent la notion de conception flexible et le choix du changement. Cela contraste fortement avec les pratiques de construction vernaculaire qui répondent aux besoins changeants non seulement des utilisateurs actuels, mais répondent également aux besoins des utilisateurs multi générationnels.

1.7.2 La densité

En substance, les établissements vernaculaires se caractérisent par leur forme compacte et leur utilisation efficace

de l’écologie des terres et des bâtiments, qui présente de nombreux avantages environnementaux, économiques et sociaux par rapport à la forme dispersée d’établissements typiques de nos villes modernes. La terre est un produit non renouvelable important et son utilisation et sa réglementation sont cruciales pour la subsistance et la santé de tous les écosystèmes. Des densités plus élevées ont l’avantage de promouvoir la marche et le vélo comme principal moyen de transport pour les trajets courts, tandis que les trajets plus longs peuvent être effectués par les transports publics, qui sont économes en énergie et économiques financièrement. Les villes et les villages dans les établissements vernaculaires sont définis par des paysages urbains extrêmement denses qui sont des bâtiments et des utilisations des terres fermement unifiés montrant un degré élevé de complexité et de cohésion. Le résultat est un paysage urbain riche doté de beaucoup d’attrait esthétique et d’une histoire culturelle distinguée. Les établissements vernaculaires sont masqués dans leur simplicité qui anime la conception et créent un lieu qui engendre la spontanéité. Cette qualité cultive un tissu culturel urbain qui offre à sa population la possibilité de tisser des liens avec ses communautés. Les prototypes de logements à densité plus élevée doivent être compatibles avec les modes de vie des personnes et les formes des logements doivent reconnaître les valeurs traditionnelles associées à l’intimité familiale et offrir la sécurité nécessaire. L’architecture vernaculaire traditionnelle a conçu le bâtiment comme une entité architecturale vivante à part entière, façonnée selon les besoins distincts des exigences sociales et culturelles.

1.7.3 Matériaux locaux

Les matériaux locaux sont moins coûteux et facilement disponibles que les produits industriels importés. Ils

sont facilement accessibles à une majeure partie de la population qui est capable de construire sa maison grâce à l’auto-assistance.

Le matériau en adobe[1] s’est avéré avoir une très bonne qualité d’isolation dans les climats chauds et arides et protège les espaces de vie intérieurs contre le soleil et la chaleur extérieure. En recyclant les matériaux de construction, ça donne non seulement une nouvelle vie aux anciens produits, mais ça réduit l’énergie utilisée pour éliminer les nouveaux matériaux de l’environnement. Les matériaux locaux ne nécessitent pas autant de transport et possèdent des apports énergétiques inférieurs pour la fabrication. Ils s’adaptent facilement au site.

1.7.4 Économie d’énergie et écologie

Apprendre et améliorer les principes de construction vernaculaire qui ont fourni des solutions durables à leurs besoins énergétiques pendant de nombreuses générations.

L’orientation du bâtiment et du site à l’exposition solaire, au vent, à l’effet de la végétation et à leur disposition dans l’espace crée un microclimat spécifique. Une conception optimale des espaces ouverts, des rues, des jardins [1] L’adobe est un matériau de construction fait d’un mélange de sol, d’eau et de la paille.

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et des cours influe considérablement sur les modèles énergétiques durables d’un site et des bâtiments. En plus de l’orientation, la matérialité du bâtiment, la texture de la surface, les couleurs des surfaces exposées du bâtiment augmentent le modèle d’énergie. L’ombre sur les murs orientés Sud, sur les fenêtres et les espaces de vie par le biais des plantes à feuilles caduques augmentera le confort en été. Et concernant les méthodes de refroidissement, il y a le renouvellement automatique de l’air par un système de ventilation naturel, qui consiste à dégager l’air chaud par des petits percements en haut généralement sur les voûtes ou sur le grenier.

1.8 L’architecture vernaculaire en Tunisie Zriba Olya

Takrouna Kesra

Jradou

Kerkennah Tamaghza Chebika Nafta

Djerba

Chenini Tataouine

Tamezret

Douiret

Toujane

Fig.13. Carte des villages berbères en Tunisie. 19


L’architecture vernaculaire en Tunisie se propage du Nord au Sud et se diffère d’un lieu à un autre. Elle suit

la culture où elle est née. Les techniques de construction sont faites de manière traditionnelle, transmises de génération en génération, qui changent également d’un endroit à un autre, suivant les matériaux disponibles et les cultures de la région. Cette architecture connue par son respect de l’environnement, elle est faite par les citoyens eux même. En effet, l’architecture vernaculaire n’a pas de style défini, elle est variée. Elle a évolué progressivement en fonction des apports extérieurs des différentes civilisations qui ont vécu en Tunisie. Ce n’est qu’à la disparition de la plupart de ce patrimoine bâti par l’abandon de ses citoyens, qu’on a commencé à connaitre sa valeur surtout avec le développement du tourisme qui s’intéresse à ce genre de construction, cela a réveillé les tunisiens sur le potentiel matériel et immatériel de cette architecture.

1.8.1 Répartition typologique de l’architecture vernaculaire en Tunisie L’architecture des montagnes.

Généralement les montagnes servaient comme refuge lors de l’invasion hilalienne, où les gens les habitaient pour des raisons de sécurité.

La particularité de cette architecture est son caractère défensif, qui a obligé les gens à se coller dans le relief pour se fondre dedans, dans le but d’être camouflé et ne pas être vu par l’ennemi. Les méthodes de construction de l’architecture vernaculaire des montagnes sont diverses, il y a ceux qui ont creusé pour avoir des villages troglodytes et il y a ceux qui ont épousé les imperfections du relief pour avoir d’autres typographies de l’architecture vernaculaire des montagnes telles que les ksours, les ghorfas et les villages de crête.

Fig.14. Ksar Ouled Tataouine, Tunisie

Soltane,

Source: https://i.pinimg.com/564x/dd/d6/f4/ ddd6f472a040dbfdb435793e55d63548.jpg

L’architecture des plaines.

L’architecture vernaculaire des plaines est une architecture rurale, elle diffère de celle des montagnes par la régularité des parcelles.

Cette architecture ne respecte pas l’environnement par le fait qu’elle s’installe sur une terre fertile mais cela est justifié par le fait que les habitants voulaient se protéger des inondations fréquentes des plaines et de se protéger de toute incursion étrangère.

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L’architecture des oasis.

En Tunisie il existe trois types d’oasis : les oasis maritimes, les oasis de montagne et les oasis du désert.

Chacun a un climat, une géologie et une topographie différentes des autres. Du coup, le seul matériau de construction en commun entre ces trois typologies est le palmier et ses dérivés.

Fig.15. Dar Tunisie

Horchani,

Tozeur,

Source: https://i.pinimg.com/564x/02/df/ bb/02dfbb5c13baf98404e0c57fc6476772.jpg

L’architecture des îles.

En Tunisie on a seulement deux îles habitées, l’île de Kerkennah et l’île de Djerba. Ces deux îles possèdent le même climat et la même géomorphologie, mais une architecture vernaculaire différente l’une de l’autre. Ces différences viennent de leurs citoyens et leur histoire et culture. Source : Cités et architectures de Tunisie, ouvrage collectif sous la direction de Leila AMMAR, 2015.

Fig.16. Maison dans un quartier juif à l’île de Djerba, Tunisie. Source: Auteur, voyage d’étude. Février 2018

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Synthèse Il semble difficile d’appliquer la propriété vernaculaire à notre époque. Ce chapitre a mis en valeur l’art de vivre

en harmonie avec la nature et l’utilisation de la technologie avec les matériaux locaux. Cela diminue notre fardeau sur les ressources énergétiques limitées et protège l’environnement d’une dégradation supplémentaire. Les cultures vernaculaires ont généré des bâtiments et des espaces adaptés au temps et au lieu. En raison de la limitation des ressources et des technologies de construction, leur langage a utilisé des moyens et des solutions héritées qui sont mille fois plus efficaces que les nouvelles constructions modernes. Ces conditions ont abouti à des formes de construction et des techniques de conception sophistiquées et innovantes, respectueuses de l’environnement et culturellement adaptables. Les gens ont géré les forces de la nature et du climat de manière significative et ont trouvé un équilibre sensible entre leurs besoins et leurs aspirations tout en préservant la nature. De sorte que le bâtiment vernaculaire est devenu intégré à la nature et au paysage qui l’entoure. Face à la tâche difficile de résoudre la demande d’abris pour la population urbaine croissante et de résoudre les crises environnementales du XXIe siècle, il semble plus que jamais nécessaire d’examiner l’application des connaissances vernaculaires pour créer le type d’architecture et d’environnement urbain durable et culturellement approprié. En réalité, les vestiges de l’architecture vernaculaire, déjà existante en Tunisie, sont délaissés, en dégradation continue, pour devenir des ruines à cause du manque d’entretien et par les effets du climat.

Architecture vernaculaire

Économie d’énergie

Matériaux locaux

Écologie

Adaptabilité au climat La densité -- Forme compacte

Durabilité

Répond aux besoins changeants des utilisateurs transgénérationnels

Nombreux avantages environnementaux

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Partie 1

Approche

ThĂŠorique

23


Chapitre 1 Architecture vernaculaire

Chapitre 2 Le patrimoine architectural

Chapitre 3 Les ruines

“Tout devient patrimoine: l’architecture, les villes, le paysage, les bâtiments industriels, les équilibres écologiques, le code génétique.” Marc Guillaume

Fig.17. Maison de l’écrivain Abderrahmane GUIGA originaire de Takrouna.

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2.1 Définition « Dans notre vie culturelle contemporaine, peu de mots ont autant de pouvoirs d’évocation que celui de « patrimoine ». Il évoque pêle-mêle l’authenticité de certains objets, leur valeur, le poids de la tradition ou le respect à l’égard du passé » Source : Dominique Poulot, Patrimoine et musées, l’institution de la culture, Hachette, Coll. Carré Histoire, 2001.

« L’expression « patrimoine architectural » est considérée comme comprenant les biens immeubles suivants : 1) les monuments : toutes réalisations particulièrement remarquables en raison de leur intérêt historique, archéologique, artistique, scientifique, social ou technique, y compris les installations ou les éléments décoratifs faisant partie intégrante de ces réalisations ; 2) les ensembles architecturaux : groupements homogènes de constructions urbaines ou rurales remarquables par leur intérêt historique, archéologique, artistique, scientifique, social ou technique et suffisamment cohérents pour faire l’objet d’une délimitation topographique ; 3) les sites : œuvres combinées de l’homme et de la nature, partiellement construites et constituant des espaces suffisamment caractéristiques et homogènes pour faire l’objet d’une délimitation topographique, remarquables par leur intérêt historique, archéologique, artistique, scientifique, social ou technique. » Source : l’article 1 de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine architectural de l’Europe dite convention de Grenade qui est entrée en vigueur le 01/12/1987 (traité européen n°121).

2.2 Genèse de la notion du patrimoine architectural en Tunisie I. Sous les Beys

Le patrimoine n’a commencé à susciter l’attention des autorités que récemment avec le classement des décrets beylicaux entre 1886 et 1953. II. Sous le protectorat

C

’est à partir des années soixante, sous le protectorat, que le patrimoine architectural a commencé à devenir une préoccupation des élites s’intéressant à la culture et en second lieu des autorités publiques. III. Après l’indépendance

S

uite aux dangers de démolition menaçant la médina de Tunis par une proposition de projection de la continuité de l’avenue Habib Bourguiba, en 1967. On a eu peur de perdre les anciens centres des médinas. Et après l’abondant du projet, l’opinion publique a commencé à prendre conscience des risques menaçants les médinas. Ce qui a donné naissance à la mise en place d’un nouveau code d’urbanisme et la création de l’association de sauvegarde de la médina. Source : Cours de la matière de la protection du patrimoine enseignée en 4ème année par l’architecte Imen Akrmi.

2.3 Catégories du patrimoine architectural 2.3.1 Le patrimoine urbain

Il regroupe les tissus des villes, des ensembles traditionnels et préindustriels. Il englobe de façon générale tous

les tissus urbains fortement structurés, tels que le village de Takrouna et les tissus traditionnels des médinas qu’on trouve dans plusieurs villes en Tunisie.

2.3.2 Les monuments

Toutes réalisations remarquables en raison de leur intérêt historique, archéologique, artistique, scientifique, social et technique, telle que la grande mosquée Oqba Ibn Nafaa à Kairouan.

25


2.3.3 Le patrimoine archéologique

Les biens et les sites archéologiques sont le plus souvent découverts lors de travaux de recherche archéologique, notamment par des fouilles, telles que les vestiges archéologiques de Carthage.

2.4 La protection du patrimoine bâti

L

e patrimoine bâti de la Tunisie contribue à définir la mémoire collective des citoyens, parce que chacun de nous perçoit son histoire à travers elle. Mais autant ce patrimoine est riche, autant il nécessite une attention particulière pour le sauvegarder et le mettre en valeur pour le transmettre aux générations futures.

2.5 Les techniques d’intervention sur le patrimoine architectural Reconstitution

Elle consiste à mettre en place les éléments d’un édifice, dans leur endroit, après d’avoir réalisé des recherches et des études visant à identifier les éléments et leur position relative. Remontage

Il consiste à ré-assembler et à replaces les éléments d’un édifice démonté qui ont été laissés sur le chantier. Il ne nécessite pas de faire des recherches.

C

Reconstruction

ette opération consiste à imiter un ancien bâtiment, par la réalisation d’un bâtiment entièrement neuf en remplacement de l’autre et c’est pour le même usage. Réfection

C’est le remplacement des parties dégradées d’un édifice en les refaisant à l’identique, par des parties neuves. Conservation

Elle vise à prolonger la vie de l’édifice en le maintenant en bon état par effectuer les entretiens nécessaires fréquemment, tout en respectant son authenticité et sans toucher à son décor ni son ordonnance. Restauration

En se référant aux chartes, il s’agit de préserver l’édifice, en se basant sur des documents authentiques et des

analyses scientifiques. Elle s’arrête là où commence l’hypothèse et elle doit préserver les apports de toutes les époques. Réemploi

C

’est la mise en œuvre, dans une construction, des éléments et des matériaux provenant d’une ancienne construction. Reconversion

Elle consiste à intervenir sur un bâtiment ayant perdu sa fonction pour le rendre utile et l’adopter aux nouveaux besoins de la société.

Réaffectation

C’est le changement de fonction de l’édifice en réalisant le minimum d’intervention possible. Réhabilitation

Elle s’agit de mettre à jour un bâtiment ancien par rapport aux normes d’aujourd’hui telles que les mesures de sécurité incendie.

26


Mise en valeur

C

’est l’ensemble des opérations qui visent à mettre l’édifice en valeur. Par le biais de l’élimination des choses nuisibles, par le placement de la végétation ou par la création d’un parcours aux alentours de l’édifice… •

Rénovation

La rénovation est une restauration mais avec des nouvelles techniques et des nouveaux matériaux, en remplaçant les parties endommagées.

Source : Cours de la matière de la protection du patrimoine enseignée en 4ème année par l’architecte Imen Akrmi.

2.6 La charte d’Athènes

La charte d’Athènes établie en 1931, est la première charte relative à la législation du patrimoine à l’échelle mondial. C’est un document officiel voté au sein d’une assemblée internationale d’experts de nombreux pays, réunis pour étudier les différentes façons de veiller à la protection et la conservation des monuments d’art et d’histoire. Les principes généraux de l’intervention sur les édifices patrimoniaux suivant la charte d’Athènes : • • • • • •

Abandonner les restitutions intégrales. Ne proscrire le style d’aucune époque lors de la restitution. Le recours aux matériaux et techniques modernes. L’analyse des maux de l’édifice, est la première étape avant toute intervention. L’anastylose se définit comme le moyen unique d’intervention sur les ruines. Afin de ne pas altérer l’aspect de l’édifice, la collaboration entre les architectes, les conservateurs des monuments et tous les représentants des sciences physiques, chimiques et naturelles, est recommandée.

2.7 La charte de Venise

Elle est réalisée dans le but de mettre à jour les principes de la restauration contenus dans la charte d’Athènes.

Elle a été approuvé et promulgué en conclusion des travaux du 2ème congrès international des architectes et des techniciens des monuments historiques réunis à Venise en 1964. Les principes généraux de l’intervention sur les édifices patrimoniaux suivant la charte de Venise : • • • •

La conservation et la restauration des monuments visent à sauvegarder tout autant l’œuvre d’art que le témoin d’histoire. L’entretien permanent. L’affectation de nouveau, du monument à une nouvelle fonction utile à la société, en favorisant sa conservation. Le remplacement des parties manquantes ne peut se faire que lorsqu’elles s’intègrent harmonieusement avec le tout.

Les chartes d’Athènes et de Venise sont deux chartes complémentaires. Sur la conservation et la restauration des monuments et des sites historiques.

27


Synthèse C

e chapitre a évoqué la notion du patrimoine architectural. En fait, la Tunisie possède une richesse patrimoniale très importante grâce à la succession de différentes civilisations de plus que trois millénaires d’histoire. Ce qui fait que la Tunisie est devenue un musée à ciel ouvert, du nord au sud et d’Est à l’Ouest, abritant des ruines et des vestiges des différentes époques et civilisations qu’elle a accueillies, laissant chacun son empreinte architecturale. Malheureusement, une grande partie de notre patrimoine architectural en Tunisie n’a pas été conservée convenablement, à cause des effets du temps et du climat et de la négligence il n’est devenu que ruines… Par contre, le village de Takrouna a été mentionné comme patrimoine qui mérite protection et exposition lors de la session extraordinaire du conseil régional de Sousse, le 21 octobre 2009, et peut donc être qualifié de site patrimonial contenant un ensemble historique. Ce dernier est défini par le code de patrimoine comme suit: «Sont considérés ensembles historiques et traditionnels les biens immeubles, construits ou non, isolés ou reliés, tel que les villes, villages et quartiers qui, en raison de leur architecture, de leur unicité, de leur harmonie ou de leur intégration dans leur environnement, ont une valeur nationale ou universelle quant à leur aspect historique, esthétique, artistique ou traditionnel.»[2]

Oubli

Ruine

Patrimoine architectural

Responsabilité

NON

Conservation

Héritage

Transmettre aux générations qui suivent

[2] : article 3 du code du patrimoine archéologique historique et des arts traditionnels.

OUI

Plusieurs moyens d’intervention

28


29


Partie 1

Chapitre 1 Architecture vernaculaire Chapitre 2 Le patrimoine architectural Chapitre 3 Les ruines

“Les fleurs poussent aussi parmi les ruines.” Marilyn French

Fig.18. Toit en voûte effondré au quartier El Houma au village haut de Takrouna.

Approche Théorique 30


3.1 Définition Ruine, nom féminin (latin ruina, de ruere, faire tomber) Processus de dégradation, d’écroulement d’une construction, pouvant aboutir à sa destruction complète ; état d’un bâtiment qui se délabre, s’écroule (seulement dans en ruine) : Un château qui tombe en ruine. Source: Dictionnaire Larousse, Edition 2011

Ruine n.f. (1180 ; lat. ruina, de ruere « tomber, s’écrouler »). I. Une, des ruine(s). 1° (plus courant au pluriel.) Débris d’un édifice ancien dégradé ou écroulé. V. décombres, éboulement. Ruines d’une ville, après la guerre. « Trente mille habitants de tout âge, et de tout sexe sont écrasés sous des ruines » (VOLT.) Ruines romaines. « Elle aimait les ruines des vieux châteaux, les temples écroulés aux colonnes festonnées de lierre » (NERVAL). « Au milieu de cette étendue sauvage, une haute ruine s’élevait ; un château carré, flanqué de tours » (MAUPASS.) Fouilles dans les ruines des villes antiques. Hubert robert, peintre de ruines (parfois appelé RUINISTE) Fig. ce qui reste (de ce qu’on a détruit, de ce qui s’est dégradé). « Le sentiment humanitaire commence à naitre sur les ruines des parties » (FLAUB.) 2° (1835). Personne qui, du fait de l’âge, des chagrins, a perdu la plus grande partie de ses forces, de sa beauté, de ses facultés. « C’était une sorte de ruine humaine » (BALZ.). Ce n’est plus qu’une ruine. Une pauvre ruine. II. La ruine (de)… 1° (1352). Grave dégradation d’un édifice, allant jusqu’à l’écroulement partiel ou total ; état de ce qui se dégrade, s’écroule. V. délabrement, destruction, détérioration, vétusté. Rare. « Le propriétaire d’un bâtiment est responsable du dommage causé par sa ruine » (CODE NAP., art. 1386). _ cour. Tomber en ruine. V. Crouler, effondrer (s’). « Il tombait en ruine ; à chaque saison, des hideuses » (HUGO). Château en ruine. _ menacer ruine : de tomber en ruine. 2° (v.1300). Destruction, perte. La société précipite sa propre ruine. V. chute, décadence, déliquescence, dissolution. Aller à la ruine. V. péricliter, périr. « Elle a cru que ma perte entrainait sa ruine » (RAC.) C’est la ruine de ses espérances. V. Anéantissement, faillite, fin. La ruine de sa réputation, de sa santé. Par ext. Cause de destruction. « Sa satisfaction (le désir) est la ruine de l’illusion » (France). 3° Perte des biens, de la fortune. V. Banqueroute, culbute, débâcle, faillite, naufrage. Etre au bord de la ruine. Nous courons vers la ruine. « Lorsque à la ruine de mes parents il m’a fallu me séparer de ces choses. » (DAUD.). _ Par ext. Une ruine : une cause de ruine. V. ruineux. Cette propriété à entretenir, c’est une ruine. Source: Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française Le Petit Robert 1 par Paul Robert, Page 1740.

Ruine n.f 1. Des ruines, ce sont les restes d’un bâtiment détruit. Décombres, vestige. Il y a de nombreuses ruines antiques en Grèce. 2. La vieille maison tombait en ruine, elle s’écroulait. 3. Perte de l’argent, des biens que l’on possède. Cette homme d’affaires a fait de mauvais placements, il est maintenant au bord de la ruine. Source: Dictionnaire Le Robert Junior illustré, 1994, page 919.

3.2 Contexte historique

Depuis la renaissance, la ruine est la figure qui exprime les représentations de la disparition. La ruine, comme ce qui tombe, comme ce qui reste, comme lieu qui n’est plus ce qu’il était auparavant. Les matériaux se dégradent selon plusieurs facteurs. Les objets électroniques, les voitures, les vêtements, les photos et même la peinture sous l’effet de la poussière, de l’humidité et du climat, se dégradent petit à petit et on commence à apercevoir les traces du passé à travers ce qui reste et imaginer ce qui a disparu. Et après, ne resteront que les images, le souvenir, la mémoire sans oublier les mots et les discours...

3.3 La ruine en peinture

Hubert Robert, artiste français, du 18ème siècle est connu par ses peintures qui traduisent une forme renouvelée

de la ruine. En effet, il ne reproduit plus les ruines existantes, il imagine et peint des édifices existants qui sont en bon état, comme s’ils étaient déjà en ruine. Il fait alors une projection dans le futur. 31


Fig.19. Vue imaginaire de la Grande Galerie au Louvre en ruines par Hubert Robert, peinte en 1796. Source:

https://www.artworkonly.com/famous-art-pt2/imaginary-view-of-the-grande-galerie-in-the-louvre-in-ruins-by-hubert-robert-famous-arthandmade-oil-painting-on-canvas

3.4 Intervenir sur les ruines

Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons un riche patrimoine devant nous, venants de plusieurs civilisations et époques passées, qui nécessitent un entretien particulier pour le garder vivant, à travers des interventions. C’est une lourde responsabilité d’agir par le bon moyen sur des ruines ayant une importance dans le patrimoine architectural. Et pour savoir ce qui doit être gardé et ce qui doit être restauré, cela nécessite une très grande sensibilité et détermination. Intervenir sur la ruine a pour but de lui redonner vie, usage, intérêt... En étant une ruine abandonnée, elle reçoit une deuxième chance pour devenir un espace vivant.

32


3.5 Les principaux principes d’intervention sur les ruines Cohérence avec le territoire

Avant de commencer tout projet, il est fondamental d’observer le territoire profondément, dans plusieurs temporalités pour réaliser des analyses sur lesquelles on va construire en harmonie avec le territoire existant. Pour assurer cette cohérence, il y a des règles qu’on doit suivre. Par exemple lorsque le paysage nécessite une architecture horizontale, on doit à tout prix ne pas casser ces codes mais en avoir toute la liberté dans l’emploi des nouvelles techniques, en gardant toujours l’harmonie avec ce qu’il y a autour. Confrontation ancien/contemporain

C

onstruire sur les ruines permet d’admirer une poésie née du mélange entre les fragments du passé et la nouvelle architecture. Lorsqu’on parle de construction sur les ruines, on doit garder en tête que c’est un trésor contenant une valeur patrimoniale et mémorial. Pour ce fait, il est primordial de respecter l’existant, en l’interprétant et au même temps, le réinventer à travers un nouveau langage architectural de l’époque existante, sans rien détruire mais en se limitant à ajouter et à superposer et donc de vouloir réellement l’améliorer et créer une continuité avec le passé. Prolonger la mémoire de ce lieu

La ruine, lorsqu’on la détruit, on détruit avec, une civilisation et ça crée une rupture avec le passé. Cependant, lorsqu’on construit en dessus, on prolongera la mémoire du lieu et elle continuera à vivre à travers sa modification. De cette attitude de sagesse parle Léon Battista Alberti dans le Troisième Livre de son traité De re aedificatoria : «…il n’est pas bien de ne pas avoir le moindre égard envers l’œuvre des anciens, et en même temps l’on ne peut pas négliger les commodités que les citoyens retirent des maisons traditionnelles de leurs ancêtres. Démolir, aplanir, détruire n’importe quelle structure en quelque lieu que ce soit, et il sera toujours temps de le faire. Il est donc préférable de laisser intactes les antiques constructions jusqu’à ce que les nouvelles puissent être édifiées sans les démolir». Source : De re aedificatoria écrit par Leon Batista Alberti au milieu du 15ème siècle.

33


Synthèse Ce chapitre a évoqué la notion de la ruine. En général toutes les ruines en architecture, se déshabillent de toute

sorte de peinture et d’enduit ; d’enveloppe extérieure, à cause de l’abandon avec les effets du climat. Ce qui fait qu’elle reste nue où on ne voit que les matériaux authentiques de construction naturels utilisés tels que la pierre, le bois, l’acier et le béton. Cela séduit les architectes, les artistes, les archéologues et toute autre personne intéressée pour que chacun les aperçoive à sa manière et les prenne comme un immense support de travail. La ruine est donc, une trace qui exprime et nous permet d’imaginer une temporalité, une époque, une culture, une civilisation et tant d’autres choses, à travers une analyse ou même il suffit juste de l’apercevoir pour déduire le caractère éphémère de l’objet construit.

Fig.20. Schéma explicatif des différentes interprétations des gens lorsqu’ils voient une ruine.

Ruine

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Synthèse de l’approche théorique Cette approche se base principalement sur les définitions des termes de base qui permettront à mieux comprendre le sujet de ce mémoire. Ils sont alors nécessaires afin de faire apparaître les relations entre eux et le projet. L’architecture vernaculaire possède des valeurs qu’on a perdues ces temps-ci avec la modernité. En effet, on peut construire une nouvelle architecture vernaculaire, en mettant l’accent sur les matériaux disponibles à proximité, la sauvegarde et le développement des savoir-faire traditionnels. «Une nouvelle architecture vernaculaire peut apprendre des pratiques traditionnelles par osmose, par analogie, par interprétation ou par interpolation, mais certainement pas par imitation» p.45 Learning from vernacular, Pierre Frey.

En conséquence, l’architecture vernaculaire est un patrimoine bâti. Elle est apparue dans un contexte et une période bien précis, pourtant c’est en devenant mémorial que l’architecture atteint une véritable perfection, et donc devenir une source d’inspiration par la symbolique et la signification qu’elle possédera à travers le temps. L’identité est un des fondamentaux du patrimoine bâti. Par contre, ce terme d’identification n’était pas vraiment pris au sérieux au moyen age lorsqu’ils n’hésitaient pas à utiliser les pierres des temples romains pour construire des édifices nouveaux. Ils ne considéraient pas qu’ils constituaient un patrimoine et qu’il fallait les préserver. Cependant, On ne ressent la valeur des choses que lorsqu’on les perd. Et le contraste est saisissant avec notre époque, où ce terme de patrimoine est devenu un mot clé,dans notre société. Tout comme il n’y a pas d’être humain sans mémoire, il ne peut y avoir de société sans ruines. «Comme un miroir, les ruines renvoient l’image de ceux qui les regardent: entre les souvenirs de ce qui fut et l’espoir de ce qui sera, l’homme y contemple l’image familière du temps, son double» Ruines, Michel Makarius, 2004. En fait, les ruines souvent négligées par la majorité comme un vestige inutile, elles sont, selon les époques, objet de déni ou source d’inspiration pour l’architecte. C’est pour cette raison que, lorsque nous construisons, pensons que nous construisons pour l’éternité, pour laisser des traces et transmettre notre architecture aux générations suivantes et pour que ça restera un patrimoine bâti. Avant d’entamer la réponse à la problématique posée, on va essayer de montrer dans la partie suivante, la mutation des berbères à travers le temps pour comprendre leur vécu au village de Takrouna, afin d’établir un lien entre ce qu’on a vu dans l’approche théorique et ce qu’on va voir dans l’approche analytique, ainsi à travers des projets d’inspiration et des concepts que nous identifierons depuis ces derniers, pour arriver finalement à l’approche conceptuelle.

35


Fig.21. Schéma montrant les relations entre les chapitres de l’approche théorique.

Architecture vernaculaire

Architecture primitive Sans architecte

A travers le temps

Manque d’entretien

Patrimoine architectural Ruines

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Partie 2

Approche Analytique

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Chapitre 1 La mutation des berbères

Chapitre 2 Takrouna, un village berbère

Chapitre 3 Projets d’inspiration

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1.1 Les berbères

D’après Gabriel Martinez-Gros (historien, spécialiste du monde musulman médiéval) : Il est de tradition de

considérer les Berbères comme les premiers occupants de l’Afrique du Nord, ceux qui sortent de l’ombre lorsque l’écriture y apparaît, dans la première moitié du premier millénaire avant notre ère, avec Carthage. Elle commence avec l’établissement des Phéniciens sur le site de Carthage, et c’est à partir de ce foyer phénicien on dit aussi punique, que se déploient la culture urbaine et les organisations politiques en Afrique du Nord. Au IIIe siècle avant notre ère, sur le territoire de l’actuelle Algérie, émerge le royaume de Numidie, qui affirme sa puissance dans l’alliance avec Rome, contre Carthage, avec le règne de Massinissa. Sa première capitale est Cirta, l’actuelle Constantine. Ces pouvoirs berbères sont les premiers dont l’histoire nous ait été transmise. La deuxième guerre punique en particulier 218-202 est l’occasion pour Massinissa d’agrandir son territoire, qui s’étendit alors sur l’essentiel du nord de la Tunisie et de l’est de l’Algérie d’aujourd’hui. Ces pouvoirs autochtones se maintiennent jusqu’en 46 av. J.-C. quand la Numidie devient une province romaine.

1.2 L’architecture berbère

L’architecture berbère se distingue par sa forme et son

organisation spatiale, puisqu’elle est essentiellement rurale dont le dessein est le plus souvent domestique et défensif. Cependant, elle a connu plusieurs variétés à travers le temps et c’est en fonction de la localisation, étant donné qu’elle prend en considération plusieurs facteurs toujours en rapport avec le contexte écologique, tels que la géomorphologie, le climat et la disponibilité locale des matériaux. Par « architecture berbère », on se réfère le plus souvent à une architecture de terre traditionnelle, qui a influencé l’architecture citadine de l’Afrique du Nord. L’habitation sert d’abord à protéger les humains (même si une grande partie de la vie sociale se déroule en extérieur), cependant, les animaux d’élevage sont souvent aussi hébergés au sein de l’unité d’habitation : au même niveau ou au rez-de-chaussée quand l’unité compte plusieurs niveaux). Les constructions, à base rectangulaire, sont souvent composées de petites pièces donnant sur un patio (un seul mur donne sur une ruelle, les trois autres sont mitoyens). Fig.22. Architecture berbère au Maroc. Source: https://i.pinimg.com/564x/dc/aa/30/ dcaa30416a36625f0eb3fd0fcbb76780.jpg

L’habitat berbère se caractérise par plusieurs formes : La tente

C’était l’habitat des berbères nomades en particulier des populations touaregues.

Fig.23. Tente berbère. Source: https://i.pinimg.com/564x/1d/ fe/82/1dfe82ae639e54a6e829901db428f2cf.jpg

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Le ksar

Le ksar (ksour au pluriel en arabe, ighrem et igherman au pluriel en berbère) est un ensemble d’habitations accolées les unes aux autres pour former un habitat compact entouré d’un mur d’enceinte qui présentait un avantage défensif.

L’entrée (souvent en chicane) est contrôlée, la place centrale est l’espace public principal et les ruelles très étroites sont souvent couvertes (les maisons se rejoignent au niveau du premier étage) offrant un espace public secondaire avec banquettes. Les ksour sont des unités politiques dirigées par un conseil local qui légifère sur l’organisation de l’espace urbain.

Fig.24. Plan du Ksar El Khorbat au Maroc. Source: http://www.elkhorbat.com/fr.accueil.htm

L’Agadir

Un troisième type de construction est l’Agadir, le grenier d’usage collectif : il est en fait souvent inclus dans le

ksar, mais il peut être aussi un élément isolé et alors souvent fortifié où chaque famille possède sa propre réserve. Ses formes varient grandement, des formes atlasiques aux ghorfa voutées de Médenine en Tunisie, jusqu’aux simples cavités creusées dans la falaise au Tassili n’Ajjer touareg. La kasbah

Les kasbah (très présentes au Maroc) sont des demeures de seigneurs locaux, fortifiées par d’épaisses murailles et des tours d’angles crénelées, souvent ornées d’une décoration géométrique de briques de terre crue. Les kasbah (tighremt) s’imposent au sud de l’Atlas marocain, souvent isolés et situés en positions dominantes, ces édifices d’une famille jouaient un évident rôle politique d’ostentation et de contrôle régional.

Fig.25. Kasbah Amerhidil, Skoura, Maroc. Source: https://i.pinimg.com/564x/82/d6/46/82 d6467fb80616e7e88c362899c81691.jpg

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L’architecture religieuse

Le bâti religieux, mosquée ou tombeau de saints, est souvent protégé et blanchi à la chaux. Les mosquées sont flanquées d’un minaret fréquemment en tronc de pyramide effilé et les mausolées abritant les tombeaux de saints sont flanqués généralement d’une coupole. Mausolée Sidi Abdelkader Fig.26. Mausolée Sidi Abdelkader au village haut de Takrouna. Source: https://celineblondelle.tumblr.com/post/167514188263/ takrouna-tunisie-tunisia-village-berbere

Le mausolée Sidi Abdelkader est construit au XIIIème siècle par la famille Fehri, il a été construit avec de la gargoulette en argile en la faisant monter sur leurs dos en escaladant la colline jusqu’à atteindre le sommet. Le mausolée contient une pièce principale couverte d’une grande coupole et deux annexes des deux cotés, couverts en voûte d’arête.

0,29

Fig.27. Plan du mausolée Sidi Abdelkader au village haut de Takrouna. Échelle: 1/200 Source: Municipalité d’Enfidha

Fig.28. Coupe A-A du mausolée Sidi Abdelkader au village haut de Takrouna. Échelle: 1/200 0,84

Source: Municipalité d’Enfidha

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Mosquée de Takrouna

Fig.29. Minaret de la mosquée du village haut de Takrouna. Source: https://i.pinimg. com/564x/8e/67/43/8e674381bd37487351b2a383c08fa40a.jpg

Fig.30. Plan de la mosquée de Takrouna. Échelle: 1/200 Source: Municipalité d’Enfidha

Fig.31. Coupe A-A de la mosquée de Takrouna. Échelle: 1/200 Source: Municipalité d’Enfidha

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1.3 Les matériaux de construction chez les berbères La pierre

Plus les régions ont des hivers froids, plus la pierre domine et plus

les toits sont à pente à couverture de pierres ou de tuiles (les maisons montagnardes en pierre et tuile rouge sont caractéristiques de la Kabylie).

Fig.32. Maison Kabyle en Algérie. Source: https://i.pinimg.com/564x/c1/10/e1/ c110e12bebf621f22ec3b89e710451a5.jpg

La brique cuite

La brique cuite (comme au Jérid tunisien) qui permet une décoration

plus recherchée. Le matériau argileux offre d’excellentes qualités thermiques et phoniques.

Fig.33. Photo montrant la brique pleine de Tozeur. Source: http://maisondhote.com/fr/dar-el-kobba-1269

La terre

L’usage de la terre argileuse varie lui-même selon les régions et les

bâtiments : de l’adobe (c’est de la terre malléable souvent ajoutée de paille, moulée, généralement en forme de brique, et séchée au soleil.), au pisé (terre argileuse délayée avec des cailloux et de la paille et comprimée sur le mur, plus plastique que l’adobe)

Fig.34. Photo montrant l’Adobe. Source: https://www.motherearthnews.com/diy/buildings/ earthen-homes-zm0z12aszmat#axzz2TQCqdqo1

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Fig.35. Photo montrant le Pisé. Source: https://www.amc-archi.com/photos/brenas-doucerain-realise-une-ecolematernelle-aux-roches-de-condrieu,9037/l-ecole-maternelle-des-roch.7

1.4 L’organisation spatiale des berbères

La qualité qui définit peut-être le mieux l’habitat berbère est la densité : les maisons sont souvent ramassées en un lieu réduit et en hauteur, elles sont disposées fragmentées sur les collines ou accolées sur les crêtes.

De fait, si des orientations préférentielles des habitations existent (ouvertures au nord, par exemple, en région chaude), elles ne sont pas toujours possibles, sauf quand des impératifs religieux sont à respecter (les mosquées). Prenons l’exemple de la maison Kabyle, un prototype d’une maison traditionnelle berbère construite en pierre, elle est pleine de symboles et de signes, où chaque détail a un sens et provoque des explications particulières sur les rites de ses habitants.

Porte arrière

La configuration spatiale présente la forme d’un petit rectangle avec un mur bas à l’intérieur qui la divise en deux parties ; la première plus large, est destinée à l’habitation humaine et la deuxième qui est plus étroite et surbaissée par rapport à la première, elle abrite les bêtes.

Mangeoire des boeufs

Jarres légumes sec, figues

Métier à tisser

Jarres des grains

Moulin à bras

Etable Kanun

Cruches à eau Grande jarre pour la réserve d'eau Coffre

Mangeoires des petes

Banquette

Seuil

Fig.36. Plan de la maison Kabyle. Source: La maison Kabyle ou le monde renversé, par Pierre BOURDIEU.

44


La maison Kabyle est basée sur le principe des oppositions et des homologies telles que l’obscurité et la lumière, l’homme et la femme, l’intérieur et l’extérieur, le haut et le bas… Cette architecture si particulière met en valeur la symbolique de l’espace à vivre par rapport aux rituels et aux croyances des habitants et elle prend en considération tous les scénarios possibles de leur vie. L’orientation également joue un rôle très important dans la symbolique des espaces, ce qui fait sa particularité, est que les orientations externes sont opposées à celles internes et ceci crée un rapport avec le monde extérieur. Prenons l’exemple du mur du métier à tisser, situé à l’Ouest mais à l’intérieur, il fait face à l’Est et profite donc de la lumière et du soleil. A ce propos, selon les rites des Kabyles si l’invité est bienvenu il sera accueilli face à la meilleure orientation, dans la partie noble de la maison (« c’est devant le métier à tisser que l’on fait asseoir l’invité que l’on veut honorer, et s’il n’était pas la bienvenue, il sera accueilli et assis dans la partie sombre de la maison (« il m’a fait asseoir devant son mur de l’obscurité comme dans un tombeau »). Source: La maison Kabyle ou le monde renversé, par Pierre BOURDIEU.

La maison Kabyle représente une architecture basée sur la sociologie de l’espace, d’où le même espace peut être interprété de plusieurs manières: lié aux besoins de la personne qui y vit, par exemple, pour l’homme, elle s’aperçoit d’une manière différente que pour la femme, puisqu’ils n’ont pas les mêmes fonctions dans la maison. Cette maison alors, ne convient que pour les Kabyles, puisqu’ils ont leur propre mode de vie qu’on ne la trouve jamais ailleurs.

Fig.37. Carte postale de la maison Kabyle en Algérie. Source: https://www.geneanet.org/cartes-postales/view/19779#0

45


Synthèse L’architecture berbère se réfère à l’architecture vernaculaire par la dépendance des matériaux locaux disponibles et la prise en compte du climat.

Ces architectures de terre demandent cependant un entretien permanent et leur pérennité est donc conditionnée à leur usage. Ce qui explique le nombre important aujourd’hui, des ruines des anciennes constructions berbères. Parce qu’elles ne répondent plus aux besoins des nouvelles générations et ça engendre l’abandon et le manque d’entretien jusqu’à la dégradation.

D

ép en d

Fig.38. Schéma des cycles de l’architecture vernaculaire et berbère.

Architecture berbère

Climat

Abandon

Matériaux de construction disponibles

Architecture vernaculaire

Ruines 46


Approche Analytique

Partie 2

Fig.39. Carte de la Tunisie, indiquant la situation du village de Takrouna.

47


Chapitre 1 La mutation des berbères

Chapitre 2 Takrouna, un village berbère

Chapitre 3 Projets d’inspiration Fig.40. Photo du bas du village de Takrouna.

48


Fig.41. Photo de loin montrant la colline de Takrouna.

49


50


2.1 Les origines du village de Takrouna

Il existe plusieurs hypothèses sur les origines du village de Takrouna et cela explique l’incertitude de ses origines et sa date de création.

Takrouna existe depuis le Xe siècle. Ce village a été construit sur un rocher. Il a joué un rôle important lors de la deuxième guerre mondiale. Aujourd’hui avec l’aide de l’institut National du Patrimoine, seules quelques familles ont reconstruit leur demeure et tout le reste est tombé en ruine. Hypothèse 1 D’après Jean DESPOIS, historien et géographe français spécialiste du Maghreb durant la colonisation française, Takrouna est un village Zenati[3], fondé à la suite de l’invasion hilalienne, où les ancêtres des Takrouniens se sont réfugiés sur cet îlot rocheux et peu accessible.

Hypothèse 2 D’après Abderrahmane GUIGA, écrivain originaire de Takrouna, Le fondateur du village était un marocain venu avec ses deux frères et chacun s’est installé sur un piton, lui Takrouna, eux Jradou et Zriba Olya.

Zriba Olya

Jradou

Takrouna

Fig.42. Schéma du rapport visuel entre les trois villages. Source: Mémoire de fin d’étude, intitulé régénération d’un village berbère au Nord-Est de la Tunisie « Zriba Olia » par Mahmoud BOUGUERRA, session Juin 2017

En cas de danger, celui qui se trouvait menacé allumait un feu en pyramide au sommet de son site, pour que les deux autres s’en aperçoivent et viennent à son secours et lorsqu’il s’agissait d’un mariage ou d’une fête, ils allumaient le feu en éventail pour inviter les autres. Les trois villages ont été fondés assez tardivement, c’est-à-dire en pleine époque médiévale tout comme d’autres bourgades et agglomérations du pays. La place privilégiée que tiennent la qobba (mausolee) de Sidi Abdelkader et la Mosquée dans le tissu urbain des trois villages peut signifier que les premiers occupants étaient déjà islamisés. En effet, aussi bien à Jradou qu’à Takrouna et à Zriba, la qobba et la mosquée occupent le centre du village. 51 [3] un groupe de berbères nomades.


La deuxième guerre mondiale a participé au déclin

du village. Pendant plusieurs journées, le village a subi des bombardements, suite à un déclenchement de bataille entre les forces italo-allemandes et les alliés. La majorité des Takrouniens ont quitté alors leurs maisons pour chercher refuge ailleurs.

La fin de la Seconde Guerre mondiale a marqué la période où Takrouna était célèbre à travers la reproduction des croquis. En effet, les timbres et cartes postales émis durant cette période marquaient une politique différente des colons français envers la Tunisie, notamment Takrouna. En fait, c’est une sorte de nouvelle identité culturelle en Tunisie qui commence à être reconnue par la France durant cette période.

Fig.43. Gravure de Takrouna - 1946. Source: https://www.ebay.fr/itm/Gravure-XXe-GRAVURE-de-laMEDJERBA-TAKROUNA-1946-/290920969676

Fig.44. Gravure de Takrouna - 1946. Source: https://www.befr.ebay.be/itm/Gravure-XXe-GRAVURE-dela-MEDJERBA-TAKROUNA-Sentinelle-1946-/300910237820

52


Fig.45. Timbres de Takrouna, Tunisie 1954. Source: https://www.ebay.fr/itm/Tunisia-1954-238-Trial-Color-Die-Proof-1526Lc-Citadel-Takrouna/312746688267?hash=item48d127bf0b:g:7tIAAOS wYhJdZgAw

Fig.46. Carte postale, Takrouna, 1955. ‘Puits de Takrouna, les arabes viennent de très loin abreuver leurs troup6aux, et chercher de l’eau à peine potable.’ Source: https://www.ebay.fr/itm/Tunisie-Takrouna-Puits-de-Takrouna-Vintage-albumen-print-Tirage-a/351258968972?_ trkparms=aid%3D222007%26algo%3DSIM.

53


2.2 Situation

Takrouna

Délégation d’Enfidha

Aéroport d’Enfidha

Fig.47. Carte montrant le village de Takrouna et ses alentours. Source: Google Earth Pro

Le village de Takrouna se situe au gouvernorat de Sousse, plus précisément dans la délégation d’Enfidha. Loin de 11 Km de l’aéroport d’Enfidha, 24 Km de Jradou, 29 Km de Hergla, 30 Km de Zriba Olya, 40 Km de Zaghouan, 55 Km de Sousse et 60 Km de Hammamet.

Il est considéré comme un village rural, il possède 10 Hectares seulement pour l’habitation et 310 Hectares de terres agricoles. C’est-à-dire uniquement 3% de zones d’habitat sur toute la surface du village. Le seul moyen pour accéder au village de Takrouna, c’est de passer par la route MC 133 qui relie Enfidha à Zaghouan. C’est une route secondaire qui fait 16 m de large.

MC 133

Fig.48. Carte montrant la route qui mène vers Takrouna. Source: https://www.google.fr/maps/@36.155895,10.373497,13z/data=!5m1!1e4

54



Fig.49. Levé topographique du village de Takrouna. Échelle: 1/2500 Source: Ministère de l’équipement et de l’habitat.

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Fig.50. Carte du relief, Tunisie. Source: Office de la topographie et de la cartographie, citĂŠ olympique, Tunis, 1999.

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2.3 L’altitude

Le village est implanté sur un piton rocheux, avec un sommet qui fait 200 m d’altitude et le point le plus bas, il est à 70 m par rapport au niveau de la mer.

+200 m

200

175

150

+150 m

125

100

+70 m

75

50

25

0

Fig.51. Coupe du relief du village de Takrouna. Source: Google Earth Pro.

2.4 Les habitants

Le village haut de Takrouna a une géomorphologie assez particulière, cela a divisé le village en trois plateformes chacune sur un niveau, et chacune habitée par une famille berbère d’origine ethnique différente et malgré cette division créée par le relief, ils cohabitent ensemble et partagent les mêmes coutumes et mode de vie.

Le sommet est à un niveau de 200 m d’altitude, et divisé en deux paliers, un palier d’habitation, appelé ‘‘Le Bled’’, habité par la famille ‘‘Dar Guemach’’, une famille d’agriculteurs d’origine berbère d’Andalousie. Or le deuxième palier est là où ils ont construit les équipements religieux conçus par la famille ‘‘Fehri’’, on trouve la mosquée et le mausolée de ‘‘Sidi Abdelkader’’. Le deuxième quartier un peu plus bas, à 180 m d’altitude, appelé quartier ‘‘Chehoudi’’, parce-qu’ils étaient des notaires, habité par la famille ‘‘Ben Youssef’’ d’origine berbère de Lybie et finalement le troisième et dernier quartier, à 160 m d’altitude, appelé ‘‘El Houma’’, habité par la famille des hommes de plume ‘‘Guiga’’ dont en est issu l’écrivain Abderrahmane Guiga et c’est une famille d’origine berbère du Maroc. A Dar Ben Youssef B Dar Guemach C Dar Guiga C B

A

Fig.52. Plan montrant les quartiers du village de Takrouna. Échelle: 1/4000

Fig.53. Dessin Takrouna.

du

village

Source: Ministère de l’équipement et de l’habitat.

Source: http://91evoltigeur.over-blog.net/ article-13041177.html

de

58


Chaque palier possède une placette comme indiqué sur le plan si-dessous et c’est là où toutes les familles de chaque quartier se rencontrent et partagent toutes leurs activités, ils n’avaient pas également de cuisine dans leurs demeures, il y avait une cuisine commune où toutes les femmes cuisinaient et partageaient ce même petit espace, pour préparer les repas et manger ensemble chaque jour, matin, midi et soir dans la placette. En effet sur chaque palier les familles vivaient en tant qu’une seule grande famille et ils ne se séparaient que le soir pour aller dormir chacune dans sa maison. Cependant, toute Takrouna est une grande famille, et les habitants des différents paliers ont une très bonne relation entre eux et ils se sont mariés ensemble pour agrandir leurs familles et garder ce lien fort et cet esprit de vie conviviale.

Placette Fig.54. Plan montrant les quartiers du village de Takrouna. Échelle: 1/2000 Source: Ministère de l’équipement et de l’habitat.

Le mode de vie des habitants du village était si simple et beau. Durant la journée les hommes allaient récolter l’Alfa ou travailler l’agriculture en bas du village ou chercher l’argile sur les montagnes argileuses avoisinantes, alors que les femmes préparaient le déjeuner ou faisaient monter de l’eau du puits en bas du village, sur les dos des ânes. Et après que les hommes rentrent, les femmes continuaient le travail soit de poterie soit de tissage.

59


Fig.55. Photo prise Ă partir de la placette du quartier ElHouma durant le coucher du soleil.

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Fig.56. Femme originaire de Takrouna, porte des habits traditionnels berbères.

‘Le Bled’

‘Quartier Chehoudi’ Dar Ben Youssef

Dar Guemach

Source: https://flyandgo.fr/vacances-tunisie-decouvrezvillage-berbere-de-takrouna/

B

A

‘El Houma’ Dar Guiga C

Fig.57. Coupe sur le relief du village de Takrouna.

2.5 La morphogenèse de Takrouna

Zone 4

Zone 3 Zone 1

Zone 2

Fig.58. La morphogenèse du village de Takrouna. Source : Mémoire de master paysage, territoire et patrimoine intitulé La mise en tourisme des villages berbères en Tunisie présenté

61 par Sonia FRADI


Zone 1 : C’est le vieux village, la première zone habitée dans le village de Takrouna. Elle représente la zone la plus haute du village. C’était pour des raisons de sécurité que les gens se sont installés au sommet, ils avaient peur des ennemis. Ils ont construit alors d’une façon anarchique avec une manière urbaine organique. Zone 2 : Cette zone se situe un peu plus bas que le vieux village, les gens n’ont commencé à y construire que lorsque la géomorphologie a freiné les constructions d’en haut et il n’y avait plus d’espace libre. Zone 3 : C’est l’espace intermédiaire entre le vieux et le nouveau village. C’est ici que les constructions sont en train de se développer aujourd’hui et il a commencé à recevoir les premières constructions vers les années 70. A partir de cette zone, on commence à remarquer une rupture stylistique avec les deux premières zones. Les gens construisent avec les moyens présents dans le marché qui ne vont pas avec le style architectural vernaculaire du vieux village. Zone 4 : C’est le nouveau village appelé aussi le village de refuge ‘‘El Maljea’’. Il a été construit par l’État juste après l’indépendance lorsque les demeures d’en haut ont été menacées par l’écroulement des roches, suite aux plaintes des citoyens.

1881

1925

1939

1945 1956

2004

II Guerre mondiale

500 Habitants

250 Habitants

603 Habitants

Fig.59. Échelle historique de la population du village de Takrouna.

Takrouna n’a pas d’histoire écrite, et son histoire moderne a commencé lorsque les colons français ont débarqué à

la région d’Enfidha, quand le ministre Khaireddine a vendu les terres d’Enfidha à la société Marseillaise de crédit. « L’affaire de l’Enfidha est considérée comme le symbole de la colonisation agricole de la Tunisie. » [4]

Les citoyens de Takrouna ont été dépossédés de leurs terres alors, cela été la cause principale de la crise économique de Takrouna, ils étaient obligés de quitter leurs demeures pour aller chercher du travail et s’installer ailleurs dans les villes en Tunisie. Selon les écrits d’Abderrahmane Guiga, avant la colonisation, Takrouna comptait environ de 500 habitants, et ce nombre a été réduit à la moitié depuis le début de la colonisation française jusqu’à l’année de l’édition de son premier livre en 1925. Durant la deuxième guerre mondiale, le village a subi des bombardements, suite à un déclenchement de bataille entre les forces italo-allemandes et les alliés. La plupart des citoyens Takrouniens ont quitté leurs demeures pour aller chercher refuge ailleurs. Après l’indépendance, les roches de la colline commencent à s’effondrer, cela a mis les habitants du village dans une position d’insécurité. Ils ont eu recours à l’État, qui à la suite, les a aidés en construisant un nouveau village en bas de la colline avec une organisation spatiale orthogonale contrairement à celle du village haut, une organisation spatiale organique. Puisque le village haut de Takrouna présentait des difficultés techniques et économiques d’alimentation en eau, il était donc plus fonctionnel pour l’État de construire un nouveau village en bas équipé par les commodités de la vie quotidienne (eau potable, électricité, évacuation des eaux usées) que de restaurer et rénover le tissu ancien. Ils ont même construit une école et un dispensaire. Ce nouveau village est considéré comme un refuge pour les Takrouniens, d’ailleurs ils l’appellent ‘‘Maljea’’ ‘‘‫’’ملجأ‬. D’après les recensements de 2004, Takrouna comptait 603 habitants. [4] Guiga Abderrahmane et Guiga Taher, 1968 la geste hilalienne, maison Tunisienne de l’édition, Tunis, p.6.

62


2.6 Potentiel paysager

Le nombre des étrangers à habiter et visiter Enfidha a augmenté lors de l’installation de la voie ferrée entre Tunis

et Sousse vers 1895 qui rend Takrouna visible depuis le train. Cela explique que Takrouna possède un potentiel paysager intéressant qui attire les passagers juste en l’apercevant de loin. À la fin du 19ème siècle, Takrouna fut un point de passage pour différents visiteurs étrangers (des écrivains, des ethnologues et des archéologues) c’est grâce à son potentiel paysager qu’ils étaient curieux pour la découvrir. Fig.61. Carte du réseau ferroviaire tunisien. Source: https://bibliotheque.fondationorange.com/fr/contenu-educatif/cartedu-r%C3%A9seau-ferroviaire-tunisien

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Fig.60. Photo montrant le village de Takrouna depuis la route.

La faune

La flore

L’âne est le moyen de transport des Takrouniens.

L’ ‘‘Alfa’’ participe de la production artisanale.

Les moutons et les chèvres s’autopâturent dans la nature et produisent du lait, de la viande et de la laine.

Les oliveraies sont en bas de la colline pour la production de l’huile d’olive. Le cactus a un rôle défensif.

Les abeilles pour la production du miel.

Les hommes récoltaient l’ ‘‘Alfa’’, ensuite

les femmes la mettaient 24 heures dans l’eau pour qu’elle devienne souple pour la travailler soit sur un métier à tisser soit à la main pour faire des tapis, des paillassons ou autres objets tel que les couffins.

Fig.62. Photo montrant une chèvre dans son milieu naturel à Takrouna. 64


2.7 Potentiel économique

La ressource économique principale de Takrouna était l’agriculture.

Lorsque les habitants ont été dépossédés de leurs terres avec l’affaire d’Enfidha comme cité en haut dans la morphogenèse de Takrouna, cela était la cause principale de la crise économique de Takrouna et c’était considéré comme le symbole de la colonisation agricole de la Tunisie. Takrouna est connue également par l’apiculture, d’ailleurs son miel était réputé dans toute la Tunisie par sa qualité imbattable. Sur le plan artisanal, les femmes jouaient un rôle primordial. C’étaient elles qui fabriquaient les nattes en alfa, les couvertures, la tapisserie en laine et qui tannaient les peaux de moutons, chèvres et autres. Chaque maison possédait son «atelier» dont le métier à tisser est l’élément significatif.

2.8 Potentiel socio-culturel

Les touristes visitent Takrouna car elle a conservé un style architectural authentique, les traditions et les habitudes du mode de vie berbère.

Takrouna est située à mi-chemin entre les deux grands pôles touristiques ; Sousse et Hammamet, et malgré ça, il existe aujourd’hui deux types de tourisme :

2.7.1 Le tourisme culturel

Exploite des valeurs patrimoniales (art culinaire, traditions, cultures, artisanat, les monuments historiques, la typologie architecturale…)

2.7.2 L’écotourisme

Le tourisme qui a un intérêt pour la nature végétale et animale. Dans le but de conserver le village et garder son potentiel et l’empêcher de se dégrader, l’ONTT (Office National du Tourisme Tunisien) a construit des escaliers de la promenade touristique et des murs de soutènement. De colline en colline

C’est

un évènement d’art contemporain, organisé avec le soutien de l’Union européenne, dont la première édition était en 2013, il se déroule pendant trois fois 24 heures sur trois weekends successifs durant le mois de Mars, visant la mise en valeur de trois collines sur trois régions en Tunisie (Nord, Centre et Sud) ; Sidi Bou Saïd, Takrouna et Chenini. Par les arts visuels et plastiques. Destinées à faire redécouvrir de façon ludique aux habitants et aux visiteurs, la richesse de leur culture et de leur environnement. Ouvert au grand public, cet évènement est l’occasion d’inaugurer en Tunisie une nouvelle forme d’accès à l’art contemporain dans toutes ses expressions. Source : extrait d’une conférence de presse consacrée à la présentation de l’événement « De colline en colline ». Le 17 Janvier 2013 au centre Ennejma Zahra à Sidi Bou Saïd.

Fig.63. Affiche de l’évènement de colline en colline.

Source: https://issuu.com/nouhahammi/docs/takrouna

65


Ce n’est pas une exposition d’art mais c’est la volonté de faire comprendre que l’art a un rôle, une raison d’être foncièrement sociale, l’art met en mouvement quelque chose, il nous touche, il nous dérange, il nous fait bouger, voir les choses que nous connaissons déjà d’une autre manière. L’art ouvre l’esprit, il est une condition fondamentale pour un changement. Dans ce sens, les artistes qui participent à cet évènement, nationaux et internationaux, vont créer des œuvres en collaboration avec les habitants qui sont des gens qui ne vivent pas généralement avec l’art contemporain. Bien sûr il ne s’agira pas d’art plastique seulement, il y a de la musique, de la danse, du cinéma, du théâtre mais c’est en partant de l’art plastique puisque la plupart des artistes qui participent sont des plasticiens.

Fig.64. Programme sur le village de Takrouna. 66 Source: https://issuu.com/nouhahammi/docs/takrouna


2.9 Takrouna aujourd’hui

Sur la route, en mentant vers le haut du village, on passe tout d’abord par le nouveau village, ensuite par la

zone intermédiaire, on ne voit pas la liaison entre l’architecture de ces zones et l’architecture du vieux village de Takrouna, on remarque alors une incohérence, dans le paysage, au niveau des matériaux de construction, de la typologie de l’architecture et du vocabulaire architectural. On dirait deux villages différents, indépendants l’un de l’autre. Cela n’encourage pas les étrangers à monter en haut en voyant cette architecture installée en bas du village, ils restent même incertains si cette route mène vers le haut du village. Il y a un contraste flagrant entre l’architecture typique du vieux village, le charme unique de l’architecture vernaculaire berbère qui se fond avec le paysage et qui s’adapte au climat à travers les toitures en forme de voûte en berceau ou voûte d’arête, les murs en pierre et la configuration spatiale des maisons introverties avec l’architecture ‘‘passe-partout’’ d’aujourd’hui installée dans la zone intermédiaire entre le vieux et le nouveau village ainsi qu’au niveau du nouveau village, construite avec les nouveaux matériaux de construction avec un langage architectural différent, incompatible et incohérent avec le paysage. Ces nouvelles constructions en train de s’implanter sur la zone intermédiaire entre le nouveau et l’ancien village n’ont aucun rapport avec l’histoire et l’architecture vernaculaire du vieux village, c’est l’architecture moderne de nos jours qui ne peut être qualifiée avec aucun courant architectural, c’est l’architecture qui n’a pas d’identité, et qui représente une rupture urbaine. C’est vraiment un crime contre le patrimoine bâti du village de Takrouna.

67


En effet, l’indifférence des habitants vis à vis du patrimoine et la valeur qu’il possède, les a amenés à violer cet héritage sans le savoir, sans se demander comment cela affectera sa valeur patrimoniale ou son intégration au paysage, comme vu sur la photo si-dessus, ils ont installé d’une façon anarchique, en pensent avoir fournir les moyens de commodité, ils ont intervenu sur la ruine en employant de la brique qui est différente du vocabulaire architectural traditionnel, ils ont installé également une parabole sur une des façades et un panneau solaire photovoltaïque sur le toit. Toutes ces infractions sont dues à l’absence de législation pour la protection de ce précieux patrimoine.

Fig.65. Photo prise sur le toit d’une maison au vieux village de Takrouna.

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En bas du village, sur la route en montant vers le vers le vieux village, l’image d’un contraste entre l’architecture vernaculaire sculptée sur le sommet de la colline nous frappe directement aux yeux avec les nouvelles constructions accolées au bord de la route, une architecture sans architecte... On ne voit que des poteaux-poutres en béton et des dalles nervurées ainsi que des garages comme des boites à sucres, sans âme... Ce contraste gênant ne passe pas inaperçu, il n’est pas du tout intégré dans son milieu, ni avec la nature, ni avec l’ancienne architecture vernaculaire.

Fig.66. Photo prise en bas du village de Takrouna.

Ce contraste au niveau de l’architecture du vieux et du nouveau village, il est encore présent sur les plans au niveau des tissus urbains. En effet, le tissu du nouveau village se caractérise par une organisation spatiale orthogonale établie par les techniciens de l’État durant les années 70. Contrairement à l’ancien tissu du vieux village à caractère organique.

Fig.67. Plan montrant les caractéristiques d’organisations spatiales.

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Le village a reçu plusieurs interventions de la part de l’ONTT (Office National de Tourisme Tunisien), notamment la restauration du mausolée Sidi Abdelkader, la restauration de quelques façades, la construction d’escaliers permettant un accès facile au sommet, et la construction des murs de soutènement pour assurer la stabilité au rocher qui est en train de s’effondrer jour après jour et qui représente un danger pour le village.

Fig.68. Photo montrant le nouveau mur de soutènement en cours de construction.

70


Fig.69. Photo montrant les escaliers conçus par l’ONTT.

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Synthèse L’abandon et le dépeuplement de Takrouna peuvent être attribués à plusieurs facteurs: •

L’insécurité due à l’effondrement des roches (résolu après par l’ONTT par la construction des murs de soutènement).

Le manque des offres d’emploi à proximité du village.

La difficulté de vie, provoquée par le manque des équipements des commodités de la vie quotidienne.

Le manque des établissements scolaires à proximité du village (existence d’une seule école primaire en bas du village).

Accès difficile vers le village haut assuré par une route accidentée suivant les courbes des niveaux.

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Approche Analytique Fig.70. Croquis de la JamesSimon galerie réalisé par l’architecte.

Source: https://www.archdaily. com/926033/james-simon-galeriedavid-chipperfield-architects?ad_ source=search&ad_medium=search_ result_projects

Fig.71. Photo de la maison E/C montrant les traces de la ruine et le nouveau volume.

Source: https://www.archdaily. com/591899/e_c-house-sami-arquitectos

Fig.72. Photo montrant le parcours du centre d’accueil d’Abbaye de Villers.

Source: https://www.archdaily. com/794649/villers-abbey-visitor-centerbinario-architectes

Partie 2

Fig.73. Photo à l’intérieur du village Kèn montrant l’axe de circulation.

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Source:https://www.facebook.com/pg/ Village-KEN-


Chapitre 1 La mutation des berbères

Chapitre 2 Takrouna, un village berbère

Chapitre 3 Projets d’inspiration

Intervenir sur l’existant nécessite la prise en compte de plusieurs contextes tels que le contexte historique, environnemental, conceptuel et fonctionnel. Cela ne peut être assuré en bon terme qu’à travers des projets d’inspiration.

Ces derniers vont être réinterprété pour que ça soit des références afin de nous amener à dégager des concepts sur lesquels on va se baser pour aboutir à un projet. Ce qui fait que l’apparition des idées d’un projet proviennent non seulement des données collectées sur le terrain mais aussi des données dégagées après un énorme travail de collecte de données à partir des projets d’inspiration. «Brandir une référence n’engendre pas un résultat et [...] ce dernier ne peut se comprendre qu’en analysant la manière dont cette référence est interprétée et la capacité du concepteur à l’inscrire dans le projet, à lui donner forme.» Source: Rôle des références dans la conception initiale en architecture :Contribution au développement d’un Système Ouvert de Références au Projet d’Architecture– le système “ kaléidoscope ” –Celso Scaletsky p.45.

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3.1 La James-Simon galerie Architecte : David Chipperfield Architects Superficie : 10900 m² Année : 2018 Situation : Berlin, Allemagne 3.1.1 Situation géographique

La James-Simon-Galerie se situe dans l’ile aux musées de Berlin en Allemagne, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1999.

La galerie sert de nouveau bâtiment d’entrée pour l’île aux musées, complétant l’ensemble entre le canal Kupfergraben et le musée de Neues.

Fig.74. Plan de situation de la James-Simon galerie.

3.1.2 Données historiques

Source: Google maps

Le bâtiment est situé sur une étroite bande de terrain où se trouvait le bâtiment administratif de Neuer Packhof de Karl Friedrich Schinkel jusqu’en 1938.

Avec la « promenade archéologique » située au sous-sol, elle constitue l’épine dorsale du plan directeur qui a été élaboré en 1999 et adopté comme base pour toute planification future sur l’île aux musées. Le bâtiment d’entrée porte le nom d’un des plus importants mécènes de la ville, James Simon[5], qui a légué ses collections d’art et ses fouilles aux musées d’État de Berlin au début du XXe siècle. En tant que nouvelle porte d’entrée de l’île aux musées, la James-Simon-Galerie joue un rôle important et convient à l’accueil d’un grand nombre de visiteurs, abritant toutes les installations nécessaires au visiteur contemporain du musée.

75 [5] Un philanthrope, patron, patriote et cosmopolite juif. Il a promu l’éducation de larges segments de la population et aidé les personnes socialement faibles. Source : https://www.smb.museum/en/museums-institutions/james-simon-galerie/about-us/james-simon.html


3.1.3 Analyse fonctionnelle

Le bâtiment forme une connexion physique au-dessus du sol avec le musée de Pergame et relie le musée via la promenade archéologique au sous-sol avec le musée Neues, le musée Altes et le musée Bode.

Le musée de Pergame Le musée Bode

Le musée Neues Le musée Altes

Fig.75. Plan de situation de la James-Simon galerie. Source: https://www.archdaily.com/926033/james-simon-galerie-david-chipperfield-architects?ad_source=search&ad_medium=search_result_projects

Trois volets de larges marches, placées entre le socle allongé et la colonnade inférieure, invitent les visiteurs à pénétrer dans le bâtiment. Fig.76. Photo montrant l’entrée de la galerie. Source: https://www.archdaily.com/926033/james-simon-galerie-david-chipperfield-architects?ad_source=search&ad_medium=search_result_projects

74


En arrivant au niveau supérieur, les visiteurs entrent dans un hall d’accueil spacieux, avec des comptoirs d’informations et de billets et un accès direct à l’exposition du Musée de Pergame. L’étage abrite également la cafétéria et s’ouvre sur une grande terrasse qui, le long du canal Kupfergraben, s’étend sur toute la longueur du bâtiment. 1. Hall d’accueil. 2. Accès au musée de Pergame. 3. Cafétéria. 4. Terrasse.

Fig.77. Plan étage. Source: https://www.archdaily.com/926033/james-simon-galerie-david-chipperfield-architects?ad_source=search&ad_medium=search_result_projects

Fig.78. Coupe A-A. Source: https://www.archdaily.com/926033/james-simon-galerie-david-chipperfield-architects?ad_source=search&ad_medium=search_result_projects

77


Le Rez de chaussée abrite une entrée directe de la placette devant le musée Neues, une deuxième entrée du coté de la rue pour un accès à l’ascenseur, la boutique du musée avec une grande baie vitrée donnant sur le canal, un grand vestiaire, des toilettes et des casiers.

5. Hall d’accueil. 6. Entrée secondaire. 7. Boutique. 8. Vestiaire. 9. Toilettes. 10. Casiers.

Fig.79. Plan Rez De Chaussée. Source: https://www.archdaily.com/926033/james-simon-galerie-david-chipperfield-architects?ad_source=search&ad_medium=search_result_projects

Fig.80. Coupe B-B. Source: https://www.archdaily.com/926033/james-simon-galerie-david-chipperfield-architects?ad_source=search&ad_medium=search_result_projects

78


Les espaces d’exposition temporaire et un auditorium sont situés au sous-sol ainsi que l’accès direct au musée Neues.

11. Espace d’exposition. 12. Auditorium. 13. Accès au musée Neues.

Fig.81. Plan Sous-Sol. Source: https://www.archdaily.com/926033/james-simon-galerie-david-chipperfield-architects?ad_source=search&ad_medium=search_result_projects

Fig.82. Coupe C-C. 79

Source: https://www.archdaily.com/926033/james-simon-galerie-david-chipperfield-architects?ad_source=search&ad_medium=search_result_projects


3.1.4 Analyse des façades

Fig.83. Façade de la galerie. Source: https://www.archdaily.com/926033/james-simon-galerie-david-chipperfield-architects?ad_source=search&ad_medium=search_result_projects

Un module qui se répète, en créant un rythme sur la façade, inspiré des façades des anciens bâtiments qui se

trouvent aux alentours. Ce module répétitif assure la légèreté du bâtiment et crée une transparence pour ne pas cacher les anciennes façades des bâtiments existant aux alentours.

Fig.84. Photo de la terrasse de la galerie.

Source: https://www.archdaily.com/926033/ james-simon-galerie-david-chipperfieldarchitects?ad_source=search&ad_ medium=search_result_projects

80


Hauteur du bâtiment inférieur aux anciens bâtiments pour ne pas les écraser, dans le but de respecter le patrimoine bâti.

Fig.85. Façade de la galerie. Source: https://www.archdaily.com/926033/james-simon-galerie-david-chipperfield-architects?ad_source=search&ad_medium=search_result_projects

3.1.5 Le vocabulaire architectural

Le

langage architectural de la James-Simon-Galerie reprend des éléments existants de l’île aux musées, principalement de l’architecture extérieure, tels que les colonnades et les escaliers extérieurs, faisant référence à Schinkel, Stüler et aux autres architectes impliqués dans la création du musée Île.

Fig.86. Photo de la galerie et le musée d’à coté. Source: https://www.archdaily.com/926033/james-simon-galerie-david-chipperfield-architects?ad_source=search&ad_medium=search_result_projects

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Fig.87. Croquis de la galerie réalisé par l’architecte. Source: https://www.archdaily.com/926033/james-simon-galerie-david-chipperfield-architects?ad_source=search&ad_medium=search_result_projects

La matérialité du bâtiment en pierre reconstituée avec des agrégats de pierre naturelle se confond avec la riche palette de matériaux de l’île aux musées avec ses façades en calcaire, en grès et en crépi, tandis que le béton lisse in situ domine les espaces intérieurs.

Fig.88. Photo de la façade de la galerie.

Source: https://www.archdaily.com/926033/ james-simon-galerie-david-chipperfieldarchitects?ad_source=search&ad_ medium=search_result_projects

3.1.6 Les concepts dégagés

Le bâtiment du James-Simon Galerie est une extension moderne des anciens bâtiments des musées. Une légèreté remarquable de l’édifice pour une mise en valeur des anciennes constructions existantes, avec un vocabulaire architectural inspiré de ces derniers, cela favorise le concept du génie du lieu.

82


L

a notion de génie du lieu ou « genius loci » en latin, est développée par le Norvégien Christian Norberg-Schulz, architecte, historien et théoricien de l’architecture, dans son livre Genius Loci : Vers une phénoménologie de l’architecture. L’auteur pense que l’habitation ne doit pas être vue comme un simple abri, mais plutôt comme un endroit où la vie se déroule. Le génie du lieu est alors la base de la phénoménologie de l’architecture qui étudie la relation entre les individus et l’environnement. Il dépend principalement de trois facteurs : La signification La signification architecturale et ses temporalités sont importantes, on peut dire que les significations rassemblées par le lieu constituent son génie de lieu. Elles prennent en compte la valorisation du paysage naturel. L’identité Préservation de l’identité du lieu et de son environnement, chaque espace est doté de son environnement naturel et culturel. Ce facteur s’intéresse à l’activité et à l’expérience des individus en examinant leurs modes de vie. Ce qui fait que chaque lieu a des traditions et des cultures différentes les unes des autres. L’histoire Respecter le génie du lieu ne veut pas dire copier les modèles anciens, mais mettre à jour l’identité du lieu et interpréter ses données d’une nouvelle façon.

4.1.2 La matérialité et l’immatérialité

Le génie du lieu est l’ensemble des éléments matériels et immatériels qui constituent des données

identitaires

du site. La matérialité La matérialité joue un rôle important dans le concept architectural, celui d’intégrer le bâtiment à l’identité de la ville, ou du moins au contexte dans lequel il est construit. En effet, chaque ville, chaque site de projet a son identité propre, une sorte de Genius Loci, et la matérialité peut permettre au bâtiment de rentrer en relation avec cette identité. L’immatérialité C’est l’état de ce qui n’est pas matériel, mais qui contribue à l’identité du lieu par exemple les traditions et les coutumes des gens d’un endroit précis influencent sur l’architecture et la qualité d’espace créée de cet endroit. En effet, l’immatérialité permet aux constructions d’entrer en relation avec cette identité. Du coup, l’immatérialité et la matérialité sont deux facteurs complémentaires dans la construction et qui forment le génie du lieu.

83


3.2 E/C House Architecte : SAMI Architectes Superficie : 214 m² Année : 2013 Situation : Île Pico, Azores, Portugal 3.2.1 Situation géographique

La maison E/C, est une maison de vacances située sur l’île volcanique de Pico aux Açores, surplombant l’Atlantique, au Portugal.

Fig.89. Localisation de la maison E/C. Source: Google maps

3.2.2 Données historiques

Une ruine a été le point de départ de la conception d’une maison de vacances dans l’île de Pico. Le projet est né de la volonté de maintenir une ruine et de penser à une maison qui la valoriserait, une maison moderne dans une enveloppe ancienne, offrant une vie authentique de l’ancien vécu du site. Fig.90. Photo de la maison E/C montrant la partie en ruine. Source:https://www.archdaily. com/591899/e_c-house-samiarquitectos

Fig.91. Photo de la maison E/C montrant la jonction des parois en ruine et les nouveaux volumes. Source:https://www.archdaily. com/591899/e_c-house-samiarquitectos

84


Avec les vieux murs de pierre laissés intacts, la nouvelle maison en béton semble émerger mystérieusement comme un spectre de l’ancienne, un geste qui peut également être lu comme une métaphore de la régénération et de la repousse, avec tout le concept rappelant comment un jeune arbre germe des racines d’un vieil arbre tombé. Comme les ouvertures de la maison E / C ne sont pas toujours alignées avec les anciennes portes et fenêtres, un dialogue intéressant se crée entre l’intérieur, les vieux murs en pierre et la vue extérieure. Conçue principalement comme une habitation dans laquelle se reposer et contempler, chaque espace étant traité comme une `` terrasse ‘’ généreusement ouverte sur l’extérieur et pouvant accueillir de multiples utilisations.

Fig.92. Plan masse de la maison E/C. Source:https://www.archdaily.com/591899/e_c-house-sami-arquitectos.

85


3.2.3 Programme fonctionnel

La maison, modelée à l’intérieur des murs de pierre a été conçue avec de généreuses ouvertures, pour que la

lumière pénètre à l’intérieur et pour la contemplation du paysage. Ces ouvertures sont parfois alignées, et parfois non, avec les anciennes ouvertures de la ruine, créant de nouveaux cadres et des relations avec les limites d’origine de la maison. La maison s’étend sur deux niveaux et occupe la ruine d’une ancienne maison. Mais ce qui est particulièrement intéressant avec ce projet spécifique, c’est la façon dont les architectes ont traité les restes de la maison plus ancienne : plutôt que de « rénover » le site, ou d’incorporer les vieux murs de manière décorative, ils ont plutôt décidé de créer une chorégraphie spatiale entre l’ancien et le nouveau, et placer la nouvelle maison à l’intérieur de l’ancienne, rappelant comment les poupées russes Matriochka sont placées les unes dans les autres.

Fig.93. Plan RDC de la maison E/C. Source:https://www.archdaily.com/591899/e_c-house-sami-arquitectos

86


1. Cuisine

10. Chambre 2

2. Four

11. Couloir

3. Terrasse 1

12. Salle de bain

4. Salle à manger

13. Débarras

5. Terrasse 2

14. Chambre 3

6. Balcon

15. Suite

7. Salon

16. Salle d’eau

8. Terrasse 3

17. Terrasse 4

9. Chambre 1

Fig.94. Plan de l’étage de la maison E/C. Source:https://www.archdaily.com/591899/e_c-house-sami-arquitectos

87


3.2.4 Le vocabulaire architectural

Le projet représente des volumes en béton à l’intérieur des murs en pierre. D’où les volumes d’intervention sont des fois derrière les anciens murs en pierre, mais parfois s’étendent indépendamment de ces derniers. Fig.95. Photo de la maison E/C montrant la jonction des parois en ruine et les nouveaux volumes.

Source: https://www.archdaily.com/591899/e_chouse-sami-arquitectos

Fig.96. Façade Nord de la maison E/C.

Source: https://www.archdaily.com/591899/e_chouse-sami-arquitectos

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Fig.97. Façade Ouest de la maison E/C. Source: https://www.archdaily.com/591899/e_c-house-sami-arquitectos

Fig.98. Façade Sud de la maison E/C. Source: https://www.archdaily.com/591899/e_c-house-sami-arquitectos

3.2.5 Les concepts dégagés

Les architectes ont imaginé une structure en béton apparent s’intégrant dans les limites des murs des ruines existantes.

Le concept de la boite dans la boite.

C’est un concept architectural qui consiste généralement en la construction à l’intérieur des ruines ou des friches,

en gardant l’ancienne enveloppe extérieure et en construisant une autre enveloppe à l’intérieure de cette dernière. C’est-à-dire un nouveau volume à l’intérieur d’un ancien volume déjà existant. Ce concept valorise l’idée du génie du lieu par la sauvegarde des anciennes traces pour assurer la mise en valeur du lieu et la prise en compte de son histoire et de ce qu’il y avait auparavant. La boite dans la boite est associée au concept du génie du lieu. En gardant la matérialité et en faisant rappel à l’immatérialité par une nouvelle matérialité. 89


Construction en ruine

Construction d’un nouveau volume à l’intérieur des ruines, avec les matériaux et les techniques modernes.

Concept de la boite dans la boite.

Fig.99. Schéma explicatif du concept de la boite dans la boite.

90


3.3 Centre d’accueil de l’abbaye de Villers Architecte : Binario Architectes Superficie : 420 m² Année : 2016 Situation : Villers-La-Ville, Belgique 3.3.1 Situation géographique

Le centre d’accueil de l’Abbaye de Villiers se situe près de Villers-la-Ville, en Belgique.

Fig.100. Localisation du centre d’accueil de l’Abbaye de Villiers. Source: Google maps.

3.3.2 Données historiques

R

uines d’une abbaye cistercienne fondée en 1146 et abandonnée en 1796 accueillant aujourd’hui un festival annuel de chorales.

3.3.3 Analyse fonctionnelle

Le site de l’abbaye de Villers est traversé et divisé par la route nationale N275. L’intervention architecturale créée dans ces domaines du paysage et de la scénographie, tente de réunir l’ensemble du plan de composition cistercienne. Un parcours conduit à une véritable séquence, du parking aux ruines et guide les visiteurs d’une ruine à une autre. Le nouveau chemin passe par le moulin (salle de réception, espaces scénographiques, salle des maquettes), atteint la colline à travers le parcours installé dans le jardin offrant une vue panoramique du site, il faut après traverser le deuxième pont sur la route nationale N275 pour descendre finalement et accéder aux ruines. L’ancien moulin a été restauré afin d’y installer le nouveau Centre d’Accueil du Visiteur : un nouvel espace d’accueil couplé à une boutique et un centre d’interprétation.

91


Fig.101. Axonométrie. Source: https://www.archdaily.com/794649/villers-abbey-visitor-center-binario-architectes

N275

01 Nouvelle installation d’entrée. 02 Centre d’accueil dans l’ancien moulin. 03 Pont à pieds extérieur.

3.3.4 Le vocabulaire architectural

04 Parcours dans la colline menant aux ruines.

Le projet met en évidence un fil conducteur à travers des matériaux sobres (bois, béton) mis en place de différentes manières. Des passerelles, des escaliers et autres avec les nouvelles techniques d’aujourd’hui conduisent les visiteurs et s’intègrent parfaitement avec l’ancien vocabulaire architectural. Fig.102. Photo de l’intérieur du centre d’accueil, montrant le mariage des différents matériaux. Source: https://www. archdaily.com/794649/ villers-abbey-visitorcenter-binarioarchitectes

Fig.103. Photo de l’extérieur du centre d’accueil, montrant le mariage des différents matériaux. Source: https://www. archdaily.com/794649/ villers-abbey-visitorcenter-binarioarchitectes

3.3.5 Les concepts dégagés

Un parcours conduit et relie les ruines les unes aux autres, pour créer un lien entre eux et guider les visiteurs à

les visiter dans un ordre précis. L’intervention à l’intérieur de ces ruines avec de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux, crée un contraste entre l’ancien et le nouveau et aide à conserver le génie du lieu. 92


3.4 Le village Kèn Architecte : Slah Smaoui Superficie : 3 Hectares Année : 1984 Situation : Sidi Khelifa, Bouficha, Tunisie

3.4.1 Situation géographique

Le village Kèn est situé à Sidi Khelifa, Bouficha, à 20 km au sud de Hammamet, sur la route de Sousse.

Fig.104. Localisation du village Kèn.

3.4.2 Données historiques

Source: Google maps.

Depuis 1984, le Village Kèn réunit à la fois une galerie, un espace d’art, un lieu culturel, un parc botanique et une magnifique maison d’hôtes. Un espace vivant tout au long de l’année à travers des évènements divers tels que le fameux festival de la sardine au printemps ou des invitations gastronomiques thématiques pour savourer le couscous traditionnel aux poulpes. Le Village a reçu en 1985, le premier prix du salon de la création artisanale, en 1988, le prix national de la culture spécialité métiers d’arts (Le tissage, la poterie, la tapisserie, les meubles d’art…) en 1992 le prix Aga Khan d’architecture, et en 2001 le grand prix du président de la république pour la protection de la nature et de l’environnement.

Fig.105. Photo montrant l’architecture bioclimatique du village Kèn.

93


Fig.106. Photo prise de l’intérieur de l’atelier de tissage.

94


3.4.3 Analyse fonctionnelle Lac artificiel

Restaurant

Atelier céramique

Atelier tissage

Auberge

Atelier cuivre-argent

Logements personnels

Atelier poterie

Piscine

Atelier menuiserie

Café relais

Expo-vente

Fig.107. Plan masse du village Kèn. Logements

Restaurant Espace Public

Espace Privé

Placettes Café Ateliers

Espace Semi-public

Piscine

Les placettes représentent l’élément qui relie et assure la transition des espaces publics aux espaces semi-publics vers les espaces privés. C’est un lien de regroupement et de rencontre important dans cette typologie architecturale.

Parc botanique

Placettes et cours

Rue

Fig.108. Schéma des placettes du village Kèn. 95

Bâtis

Parcours


Fig.109. Photo à l’intérieur du village.

Malgré que le village soit conçu vers 1984, jusqu’à aujourd’hui il n’est pas encore fini. Le plan indiqué sur la figure Fig.106. réalisé par le propriétaire du village, l’architecte, Slah Smaoui, n’est pas encore achevé. Cependant, il construit les espaces petit à petit pour à la fin obtenir tout le plan fini. Aujourd’hui il se présente comme indiqué sur les figures Fig.103. et Fig.104.. Galerie d’art Séjour d’artistes Théâtre en plein air

Musique

Verre soufflé

Club d’enfants Peinture

Bibliothèque

Restaurant

Hébergement

Céramique

Lac artificiel

Architecture

Congrès

Auberge

Cuivre-Argent

Menuiserie Fondouk tissage Logements personnels

Poterie

Expo-meubles

Café-relais

Piscine

Fig.110. Plan du village Ken réalisé par Slah Smaoui.

96


3.4.4 Le vocabulaire architectural

L’architecture du village se caractérise par un vocabulaire référant à l’architecture traditionnelle locale, revisité.

Ce sont des volumes cubiques badigeonnés à la chaux blanche, percés par des arcs et couverts par des voûtes et des coupoles. « C’est l’architecture qui m’a au début motivé. J’ai une autre idée de l’architecture telle que pratiquée par beaucoup d’architectes. Je combats la rupture qui s’est opérée vers les années 70. Je dis qu’on ne peut pas s’inscrire dans le présent et le futur sans se référer au passé. Je constate qu’il y a un certain cafouillage dans l’architecture et la conception de la cité, alors qu’on a un patrimoine extrêmement riche, on avait des villes formidables, des espaces de vie, tout ce qui convenait à notre rythme de vie. On s’est mis tout d’un coup à faire du n’importe quoi au nom d’une modernité dont on n’arrivait même pas à cerner les contours. » « Moi je revendique la modernité mais pas n’importe laquelle. Concevoir un espace, une architecture qui vit son présent, qui se projette dans l’avenir, tout en tenant compte de son passé, c’est ça l’expérience Kèn. Donc je me suis attelé à réhabiliter les matériaux et les technologies locaux. Par exemple ici à Kèn, c’est construit en pierre et en terre, donc c’est une architecture bioclimatique et une technologie appropriée des formes et des techniques de construction ancestrales rationalisées avec mon esprit scientifique d’ingénieur. » Source : Extrait d’une interview avec l’architecte, ingénieur en génie civil, Salah Smaoui, le concepteur du village Kèn.

Fig.111. Vue sur le village Kèn. Source: https://www.facebook.com/pg/Village-KEN-%D9%82%D8%B1%D9%8A%D8%A9-%D9%83%D8%A7%D9%86%D9%81%D8%B6%D8%A7%D8%A1-%D8%AB%D9%82%D8%A7%D9%81%D9%8A-149324608491043/photos/?ref=page_internal

3.4.5 Les concepts dégagés

Un lieu d’échange et de partage qui regroupe plusieurs activités culturelles, artisanales, de loisir et de l’hébergement. La circulation à l’intérieur du village est structurée suivant un axe générateur qui organise les différents espaces. Il y a ainsi un système de placettes qui permet la transition des espaces publiques d’échanges et de rencontre vers les espaces privés. 97


Synthèse Projet La James-Simon galerie

Programme

Parti architectural

Outils conceptuels

Espaces d’exposition Café Amphithéâtre

Connexion avec l’extérieur

Habitation

Dialogue entre nouveau et ancien en intégrant un nouveau langage par le mariage d’un nouveau matériau avec les vestiges en pierre d’une ancienne construction et la création d’un beau contraste

La boite dans la boite

Parcours de mise en valeur des ruines

Un parcours mis en place pour mettre en valeur les ruines et les anciennes constructions par la création d’un ordre de visite dirigé d’une façon naturelle par un lien créé entre les différents bâtiments avec ce parcours.

Mise en valeur des ruines par le génie du lieu

Hébergement Ateliers des artisanaux Expo vente Café relais Restaurant Lac artificiel Piscine

Un petit village écologique qui propose avec l’hébergement, des activités traditionnelles pour une mise en valeur et la sauvegarde du patrimoine tunisien.

Référence programmatique

Prise en compte de l’histoire du lieu

Le génie du lieu Continuité perceptuelle

Année: 2018 Situation: Berlin, Allemagne Architecte: David Chipperfield Architects

E/C House

Année: 2013 Situation: Île Pico, Azores, Portugal Architecte: SAMI Architects

Le centre d’accueil de l’abbaye de Villers

Année: 2016 S i t u a t i o n : Vi l l e r s - L a - Vi l l e , Belgique Architecte: Binario Architectes

Le village Ken

Année: 1984 Situation:Sidi Khelifa, Bouficha, Tunisie Architecte: Slah Smaoui

activités

98


Synthèse de l’approche analytique

Dans cette approche analytique du mémoire, on a effectué des analyses de quatre projets de référence. Cependant, ces analyses ont montré que ces projets sont de différentes natures mais qui mènent à la fin vers un même chemin, par lequel on a dégagé les concepts qu’on se basera et travaillera dessus dans l’étape suivante du travail. En effet, la majorité de l’architecture de nos jours a négligé ce concept du génie du lieu, c’est devenu des constructions qui se développent hors de leur contexte d’une manière anarchique. Et les lieux n’ont plus d’identité ou d’architecture qui définissent leurs histoires. Le concept de la boite dans la boite est liée au concept de génie du lieu, par le fait de construire ou d’installer une enveloppe à l’intérieur des murs d’une ancienne construction, pour ne pas effacer les traces de ce qu’il y avait auparavant. Une nouvelle interprétation d’une ancienne construction et de son environnement met en valeur l’histoire du lieu. Vu que l’architecture est un moyen de communication, le concept du génie du lieu assure le dialogue avec l’environnement et celui de la boite dans la boite crée un contraste et nous fait voyager dans le temps avec ce mariage de vocabulaire architectural de différentes époques rassemblées dans un même édifice.

99


Le génie du lieu

s

La boite dan

la boite

Dialogue avec l’environnement

Continuité perceptuelle Mise en valeur des ruines

eau age Mari cien/Nouv n A

Fig.112. Schéma récapitulatif de l’approche analytique.

100


Partie 3

Approche Conceptuelle

101


Chapitre 1 Site d’intervention

Chapitre 2 Reconversion d’un village fantôme

Fig.113. Photo montrant le site d’intervention. (Quartier El Houma)

102


1.1 Le site d’intervention

1.1.1 Situation géographique

Le site d’intervention est un quartier délaissé du village haut de Takrouna, nommé El Houma. Il fait 7000 m² de surface.

El Houma est un mot dans le dialecte tunisien, dont le synonyme français est quartier résidentiel. Il regroupe le plus grand nombre de maisons du village (15 maisons et un marabout). En empruntant la route qui mène au village, le quartier est le premier rencontré. Il est situé sur le côté Nord-Ouest de la colline. Sur une saillie en pente, cachée du coté Est par la colline elle-même.

Fig.114. Carte de la Tunisie, indiquant la situation du village de Takrouna.


1.1.2 Accessibilité

Une seule entrée est aménagée pour le village. C’est une route de largeur variable, qui assure l’accessibilité vers le site d’intervention ainsi qu’à tout le village jusqu’au sommet.

.00

140

145.00

12

150.00

155.00

11 9

C 8

15

13

16

0 5.0 16

5

14

B

2

180 .00

6

17 0.0 0

7

17 5.0 0

10

A 4 00 0. 16

Fig.115. Plan masse du quartier El Houma. Échelle: 1/1000

1

17 0

0.0

00 0.

175

00 5. 14

00 185. .00 180 .00

14

00 0. 15

00 5. 15

Source: Ministère de l’équipement et de l’habitat.

3

Fig.116. Levé topographique du village de Takrouna. Échelle: 1/2500 Source: Ministère de l’équipement et de l’habitat.

104


A A. La seule et unique route qui mène vers le sommet du village en passant devant le

site d’intervention (Quartier El Houma), c’était également la placette de ce palier. La largeur de cette route varie selon l’espace et la géomorphologie de la colline.

B

B.

Le premier sentier battu s’arrête devant les constructions

7 et 13. C’est un petit chemin de 3 m de large non revêtu qui assure l’accessibilité à quelques constructions du quartier.

C.

L

e deuxième sentier battu s’arrête devant les escaliers. C’est un petit chemin non revêtu de 5 m de large.

Fig.117. Photo montrant la route qui mène vers le quartier.

D.

C

L

es escaliers se trouvent au croisement des deux sentiers battus et lorsqu’on descend pour aller au reste des constructions, on se trouve sur la colline à son état naturel avec de la végétation parasite un peu partout.

Fig.118. Photo montrant le premier sentier battu.

D Fig.114. Photo montrant les escaliers du quartier.

Fig.119. Photo montrant les escaliers du quartier. 105


1.1.3 Topographie

Le site d’intervention est un fragment d’une colline, la géomorphologie de ce quartier n’est pas plane, avec une variation d’altitude entre 150 et 170 m de hauteur par rapport au niveau de la mer. L’accès à la construction n°1 se trouve sur le niveau de 170 m. Or les constructions n° 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 13, 14, 15 et 16 sont sur le niveau de 160 et 165 m. Et sur 150 m se trouvent les accès aux constructions n° 9,10, 11 et 12.

F2

12 11 10

9

15

13

8

16

7 14

6

2

5 4 3

1 F1 Fig.120. Plan topographique du quartier El Houma. Échelle: 1/1000 Source: Ministère de l’équipement et de l’habitat.

Fig.121. F1. Façade urbaine Nord-Est. Échelle: 1/1000

Fig.122. F2. Façade urbaine Sud-Ouest. Échelle: 1/1000 106


1.1.4 Climatologie

À Takrouna, les étés sont courts, très chauds, à ciel dégagé et les hivers sont longs, venteux et également à ciel dégagé dans l’ensemble.

La période la plus venteuse de l’année dure 6 mois, du 3 Novembre au 3 Mai. Avec des vitesses de vent moyennes de 16,5 Km/h. La période la plus calme de l’année dure également 6 mois, du 3 Mai au 3 Novembre. Le jour le plus calme de l’année est le 11 Aout, avec une vitesse moyenne du vent de 14,1 Km/h. Le vent vient le plus souvent du Nord pendant à peu près 8 mois et demi, avec un pourcentage maximal de 43% et le reste des 3 mois et demi, il vient le plus souvent de l’Ouest avec un pourcentage maximal de 41%. Au cours de l’année, la température varie généralement de 6 °C à 32 °C et rarement inférieure à 3 °C et supérieur à 36°C. La probabilité de jours de précipitation à Takrouna varie au cours de l’année. La saison connaissant le plus de précipitation dure à peu près 9 mois, avec une probabilité de précipitation quotidienne supérieure à 12%. Avec une chute de pluie d’au moins 13 mm sur une période glissante de 31 jours. D’où la plus grande accumulation de pluie totale est de 38 mm de moyenne. La saison la plus sèche dure à peu près 3 mois, avec une probabilité de précipitation la plus basse de 3%. L’accumulation de pluie de cette période est de 4 mm de moyenne.

97%

Nuageux Ciel

60%

Dégagé

18,9 Km/h 16,5 Km/h

Vent

Frais

Température

Confortable

14,1 Km/h

Chaud

Très chaud

Précipitation

Chaud

Frais

38mm 4mm

Jan.

Fév.

Mars

Avr.

Mai

Juin

Juil.

Aout

Sep.

Oct.

Nov.

Déc.

Fig.123. Analyse climatique de Takrouna.

1.1.5 Environnement

Source: fr.weatherspark.com

Le site d’intervention offre une vue exceptionnelle, dégagée et panoramique vu la géomorphologie et l’altitude qu’il possède. Le soleil se lève derrière la mer et se couche derrière les montagnes.

Vers le Nord, Nord-Est, on a une vue sur les montagnes de Zaghouane; quant au Sud-Est, la vue s’étend vers la mer et les plus importants pôles touristiques en Tunisie, Sousse et Hammamet. L’image du paysage vu du haut à partir du quartier El Houma plaît aux touristes ainsi qu’aux locaux. 107


Fig.124. Cadrage de vue dans la maison n°8. 108


Fig.125. Vue sur le paysage Sud-Ouest depuis le quartier.

Fig.126. Vue sur le paysage Nord-Est depuis le quartier. Fig.127. Vue sur le paysage Sud depuis le quartier.


1.1.6 Organisation spatiale

Le quartier El Houma possède un tissu d’aménagement spatial à caractère organique, suivant la géomorphologie du site. Ce sont des constructions construites selon un ordre compact les unes accolées aux autres.

Fig.128. Organisation spatiale organique. Échelle: 1/1000

1.1.6 Etat actuel du site 1.1.6.1 Les fonctions

Le quartier El Houma est un quartier à 96% d’habitation.

12 11 10

9

15

13

8

16

7 14

6

2

5 X Habitation

Mausolée

Makhzen

Réservoir d’eau de la SONEDE

Fig.129. Les fonctions. Échelle: 1/1000

X Placette P Parking

4 3 P

1 110


Après les Mkhazen, visant à stocker la récolte des agriculteurs, qui font partie généralement de leurs maisons, la seule construction qui n’était pas destinée à l’habitation dans ce quartier est le mausolée, en plus, il se distingue par une architecture qui diffère des autres. Par conséquent, toutes les autres constructions ont des voûtes ou des coupoles sur les toits contrairement à lui qui a un toit plat.

Fig.130. Photo du mausolée.

1.1.6.2 L’état actuel du site

Le quartier est délaissé, d’ailleurs seulement un tiers des maisons sont en bon état et ce sont les seules maisons habitées. Cependant que tout le reste est en état dégradé ou ruiné.

12 11 10

9

15

13

8

7 14

6

2

5 Bon état

Fig.131. Etat du bâti. Échelle: 1/1000 111

Etat dégradé

Ruine

16

4 3 1


Ruines...

Fig.132. Photo de la ruine dans la maison n°6.

Fig.133. Photo de la ruine dans la maison n°10.

112


Etat dégradé...

Fig.134. Photo d’une énorme fissure dans la maison n°6.

Fig.135. Photo de l’écroulement du sol de la maison n°6.

1.1.7 Organisation spatiale de l’habitat du quartier El Houma

Il existe trois types d’organisation spatiale de l’habitat Takrounien dans le quartier El Houma, il y a la simple maison traditionnelle à patio, et puisque Takrouna est basée selon les principes du patriarcat (Le fils construit à coté de son père et le frère à coté de son frère) ils ont alors construit des maisons à patio à une cour commune communicant entre elles. Et finalement il y a la maison sans patio telle que la maison de l’écrivain Abderrahmane Guiga le père de Taher Guiga. Les différentes composantes de l’habitat Takrounais se représentent comme suit: La cour C’est l’espace central de la maison autour duquel s’organisent les différentes composantes de la maison, telles que les chambres, la cuisine et la Skifa. La Skifa C’est l’espace intermédiaire entre la rue et la maison, elle forme un vestibule dont une des portes ouvre sur la rue et l’autre porte ouvre sur la cour. Pour protéger l’intimité de la maison, elles doivent être décalées. La cuisine C’était une sorte de hutte, construite avec des branches des oliviers. Cependant aujourd’hui c’est une des chambres, en général la plus petite, ou bien une partie de la chambre aménagée en cuisine. 113


La chambre C’est une pièce étroite, polyvalente et multifonctionnelle, généralement d’une largeur de 2 mètres à 2,5 mètres, et c’est en rapport avec les techniques de construction de la toiture qui est soit en voûte en berceau ou en voûte d’arête. Mais rien n’empêche sa longueur d’atteindre 10 mètres. Elle s’ouvre directement sur la cour centrale de la maison, avec deux fenêtres symétriques percées de part et d’autre de la porte. D’une manière générale, l’intérieur de la chambre s’organise de la même façon, il se divise en trois parties. Une estrade maçonnée sur le fond de la pièce appelée Dokkana qui sert comme un lit, sur l’autre bout de la chambre soit on trouve une autre Dokkana ou bien une Sedda, le dessus est un lit et le dessous est un débarras. Quant à l’espace central de la chambre, c’est un espace polyvalent qui s’adapte à plusieurs types d’activités : recevoir des invités, manger, atelier de tissage...

A P

F P

F

A

P

F

Fig.136. Plan de repérage de la maison n°12.

Fig.137. Plan d’une chambre dans la maison n°12. P Echelle: 1/200

Fig.138. Coupe A-A. Echelle: 1/200

Le Makhzen C’est l’espace de rangement des provisions de la famille, telles que l’huile, les olives de conserves, les fruits secs, les viandes salées, le blé et pour la nourriture des animaux et la récolte des agriculteurs. L’accès au Makhzen se fait généralement de l’extérieur de la maison puisque c’est un élément essentiel et c’est plus pratique d’y accéder à partir de l’extérieur.

114


P

F

P

F

F

F

F

P

12

P

P

F

P

F

11

P

Ruine

F

P

P

F

F

F

P

F

P

P

P

P

9

P

P

P

P

F

P

P

F F F

8

Ruine

F F

F

P

P

Ruine

P

F

F

6 F

P

P

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P

P

P

F

F

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P

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7 F

F

P

F

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5

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F

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0 .0 0 16

15

115

F

10

P

P

P

P

P

P

F

Ruine

13

P

P

4

F

F

3

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P

F

14

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Ruine

P

P

P

Ruine P

15

P

P

P

P

2

F

F

16

F

1

F

155.00

150.00

145.00

.00

140

seuil

Fig.139. Relevé du quartier El Houma. Échelle: 1/500

F

F

P

1

0

.00 5 16 1

.0 35

0 7 0 .0

0 0 . 5 00 11189905..0 0

17 5 .00 1 8 0 .00

0 0 . 0 13

195.00 190.00 .0 185 180

17

20cm

F

00 . 5 00 . 0 15 14 00 . 5

1


Les différents types d’organisation spatiale de l’habitat Takrounien : La maison traditionnelle à patio Cette conception de la maison introvertie trouve une raison dans le climat, ainsi que dans une tradition héritée de l’antiquité et qui caractérise la plupart des habitations méditerranéennes. Il existe également deux types de maison à patio: il y a celles qui comprennent une ‘‘Skifa’’ qui offre une entrée en chicane à la maison (les maisons n°3, 4, 8, 9, 10, 12, 13, 15) et il y a aussi celles qui offrent une entrée directe sur le patio sans ‘‘Skifa’’ (les maisons n°1, 11, 14 et 16).

Fig.140. Photo de la maison n°12.

Plusieurs maisons à patio à une cour commune Les maisons n°5, 6 et 7 sont trois maisons indépendantes de la même famille, à chacune sa cour privée, ayant une autre cour commune qui relie les trois maisons ensemble.

Fig.141. Photo de la cour commune des maisons n°5, 6 et 7. 116


La maison sans patio La seule maison sans patio dans le quartier est la maison n°2, c’est la maison des écrivains Abderrahmane et son fils Taher Guiga. Ce type de maison généralement ne dépasse pas les deux chambres et matérialisé par une placette, qui se transforme en une extension de l’habitat.

Fig.142. Photo de la maison n°2 de Abderrahmane Guiga et la placette devant elle.

1.1.8 Les techniques de construction Les constructions à Takrouna sont autoporteuses. En effet, la pierre est le matériau le plus répandu à Takrouna, extraite directement de la colline elle-même. Toutes les toitures sont soit en voûte en berceau soit en voûte d’arête obtenue par le croisement de deux voûte en berceau, soit en coupole seulement pour les constructions symboliques comme les mausolées ou la mosquée. Les voûtes sont faites à la manière traditionnelle; tout d’abord la construction des murs avec la réservation de toutes les ouvertures, portes et fenêtres. Ensuite, il faut assurer la fermeture des ouvertures et le remplissage de la pièce avec du sable qui sert comme coffrage pour la couverture. Après, mettre le plus souvent une couche de brique pleine et en dessus de la pierre noyée dans de la chaux, avec une épaisseur de 40 centimètres. Laisser jusqu’à séchage, pour après réouverture des ouvertures, vider le sable et enfin enduire avec de la chaux.

Fig.143. Schéma montrant la technique traditionnelle de construction de la voûte.

117


Fig.144. Photo du quartier ElHouma prise Ă partir du sommet.

118


Synthèse Le site d’intervention est un patrimoine architectural datant de la période berbère, abandonné à cause de plusieurs facteurs mentionnés auparavant à la page n°... Ce petit quartier ancré sur une colline est devenu presque ruine où le silence recouvre le lieu.

Il est nécessaire d’intervenir sur ce patrimoine pour le revitaliser à travers une reconversion qui le rendra vivant, attirera les touristes et ramènera ses résidents immigrés dans d’autres villes.

Patrimoine

Abandonné

Ruines

Fig.145. Quartier ‘‘El Houma’’.

Silence

Reconversion 119

Une nouvelle vie


Partie 3

Chapitre 1 Site d’intervention

Chapitre 2 Reconversion d’un village fantôme

Approche Conceptuelle 120


2.1 Programme

En se basant sur les analyses du village de Takrouna, le quartier ‘‘El Houma’’ en particulier et les projets

d’inspiration, (voir pages 47 ... 68, 71 ..96 et 101 ... 116) dans le but de mettre en valeur les maisons abandonnées et les ruines de ce site, il est important de savoir que dans le mode de vie berbère, les maisons dépendent les unes des autres autant sur le point immatériel que sur le point physique et c’est pour cette raison qu’on a pensé à la création d’un parcours qui reliera tout ce patrimoine architectural. Cependant, le programme va être organisé suivant trois unités; L’unité d’hébergement et d’activités comprendra une maison déjà habitée qui restera telle quelle est, 6 ateliers pour les activités locales intégrés aux maisons des artisans (tapisserie, poterie, ‘‘Alfa’’, apiculture, tissage et costumes traditionnels), une maison d’hôte avec une piscine sur la terrasse offrant une vue panoramique à couper le souffle et l’administration pour tout ce qui est renseignement concernant la bourgade qui va occuper la maison de Taher est Abderrahmane Guiga. L’unité d’échange social comprendra des espaces de rencontre tels qu’une placette avec des escaliers urbain aménagés sur un parcours qui reliera toutes les constructions en offrant un espace d’échange et de rencontre ainsi qu’un espace pour l’organisation des évènements. Un concept store dédié pour la vente des produits artisanaux, un restaurant adapté à l’ancien mode de vie berbère offrant des plats traditionnels, un café étalé sur deux petite constructions accolées et les stations du téléphérique et de la navette électrique qui arriveront sur le niveau du parcours. L’unité culturelle comprendra un petit musée installé dans une maison, il comprendra des salles d’expositions permanentes et une salle d’exposition temporaire mais aussi la maison en elle même raconte et fait vivre aux visiteurs l’ancien mode de vie berbère dans une maison introvertie comprenant un patio qui assure la distribution vers toutes les composantes de la maison.

L

e programme vise la valorisation du tourisme culturel et l’éco-tourisme pour la création des emplois et puisque le site d’intervention possède des vues dégagées sur les paysages et le patrimoine architectural présent sur le vieux village qui nous fait penser à l’histoire du village, on en profitera alors pour mettre l’accent sur l’attractivité du lieu par la création d’un lien qui reliera la nature et les ruines, en veillant sur la cohérence et la continuité urbaine tout en cherchant la distinction des anciennes et des nouvelles constructions.

121


Programme

Surface

Unité d’hébergement et d’activités Administration

150 m²

Maison

203 m²

Maison d’hôte

1100 m²

Maison avec atelier n°1

413 m²

Maison avec atelier n°2

220 m²

Maison avec atelier n°3

228 m²

Maison avec atelier n°4

232 m²

Maison avec atelier n°5

354 m²

Maison avec atelier n°6

260 m²

Unité d’échange social Restaurant

580 m²

Café

450 m²

Parcours

2760 m²

Station du téléphérique

125 m²

Station de la navette électrique

165 m²

Concept store

237 m²

Unité culturelle Musée

283 m²

122


2.2 Organigramme fonctionnel

Espaces de rencontre Stations 290 m²

Administration 150 m²

Maison d’hôte 1100 m²

Maisons et ateliers pour les résidents 1910 m²

Placette et parcours 2760 m²

Restaurant 580 m²

Unité d’échange social

Semi-public

Concept store 237 m² Public

Privé Unité d’hébergement et des activités

Unité culturelle

Musée 283 m²

123

Café 450 m²


Le programme vise...

Valorisation du tourisme

Création d’emploi

Attractivité du lieu

Relation avec la nature

Histoire du lieu Éco tourisme

Paysage Tourisme culturel

Ruines

Continuité

Patrimoine bâti

Valorisation

124


2.3 Projet 2.3.1 Plan de cohérence générale

Site d’intervention

Sommet


Parcours du téléphérique

Station téléphérique

Parcours de la navette électrique

Station voiture électrique

Za

Parking de sécurité an

ou gh

Pylône du téléphérique

Nfidha

Fig.146. Plan de cohérence générale. Echelle: 1/2500 126


Afin d’aboutir au projet final, on a pensé premièrement à faciliter l’accessibilité à tout type de personne, puisque

l’accessibilité actuelle au site se fait d’une seule manière, à partir d’une unique route étroite, très accidentée qui suit les courbes des niveaux de la colline pour trouver des places de parking très limitées. On a alors opté pour deux manières différentes. Sur l’intersection de la route MC133 reliant Enfidha et Zaghouan et la route menant au sommet de Takrouna, on va aménager un grand parking et à partir de là il y aura deux manières pour monter, soit on prend la navette électrique qui roule sur la route actuelle menant vers le haut, pour diminuer l’encombrement et la pollution. Ou on prend le téléphérique qui passe par le Sud du village en dessus des champs des oliveraies qui est protégé des vents dominants par la colline du village de Takrouna. (Voir plan de cohérence générale sur la page précédente Fig.141.) En ce qui concerne le parking actuel à coté du site d’intervention, de capacité d’une vingtaine de voitures. Il va servir comme parking de secours ou pour les voitures des résidents, ainsi que pour les services tels que l’approvisionnement du restaurant et du café et le vidange des poubelles. En cas d’urgence il y aura un accès facile sur le niveau du parcours, réservé pour les véhicules de sécurité civile permettant d’atteindre toutes les constructions.

2.3.2 Plan d’intervention

A

Ve r

sl

es

om

m

et

Placette Véhicules de sécurité civile

127

Espace privé

Parcours

Route

Espace semi-public

Espace public

Ruelle piétonne Fig.147. Plan d’intervention. Echelle: 1/1000


La répartition des espaces public, semi-public et privé était basée selon plusieurs paramètres. Tout d’abord, le fait d’avoir une maison actuellement habitées (A) à l’entrée du quartier, nous met une contrainte dans la distribution des espaces. On a alors choisi de placer l’espace privé de son coté, au début du quartier pour regrouper la partie calme à l’entrée. Cependant, plus on avance vers l’intérieur du quartier plus on obtient une vue dégagée plus intéressante sur le paysage. Ce qui explique le choix d’installer la zone semi publique et publique au fond du quartier pour profiter du paysage et éloigner au maximum le bruit de la partie de l’hébergement. L’intersection des trois percées offrants des cadrages de vue, représente un point fort dans le projet, c’est l’endroit joignable par tous les éléments du programme, offrant une vue de 360°. On va l’aménagé en tant que placette avec des gradins urbains pour l’organisation des évènements ou pour les rencontres. Abritant des buvettes mobiles, du mobiliers urbains, de la végétation ainsi que des aires de jeu pour les enfants.

Réservoir d’eau de la SONEDE à déplacer

Musée Boutique

Café

maison

Atelier + maison

Restaurant

Guichet navette électrique

aiso

+m lier e t A

n

Guichet téléphérique Atelier + maison Maison d’hôte

Administration Atelier + maison Atelier

Atelier + maison

Placette

Fig.148. Plan des fonctionnalités. Echelle: 1/1000

Percée

128


129


Fig.149. Vue 3D montrant le plan masse.

130


131

Fig.150. Plan d’intervention Échelle: 1/500

F

P

F

P

F

F

F

F

F

P

P

P

F

P

F

Concept store 237 m²

Musée 283 m²

P

F

P

F

F

P

F

F

P

F

P

P

155 m

P

WC

Cuisine

S t a t i o n téléphérique

Café 450 m²

WC

F

158 m

WC

F

WC

F

F F

F

P

Restaurant 580 m²

F

155 m

F

Plonge

F

P

F

Cuisine

F

P

Frigo

P

P

F

Frigo

P

Dépôt

161 m

P

P

F P

F

F

P

P

F

ôte d’h ² n iso 0 m Ma 110

P

F

P

F

F

P

P

P

P

P

P

F

F P

F

P

P

P

P

P

F

Parking de sécurité

167 m

F

r elie t at e ² ison Ma 260 m

Maison 203 m²

Maison et atelier 220 m²

F

Maison et atelier 238 m²

P

Maison et atelier 228 m²

P

Maison et atelier 354 m²

P

P

P

F

F

Maison et atelier 413 m²

Administration 150 m²

F

Station navette électrique

155 m


Fig.151. 3D montrant les escaliers urbains et la placette.

132


2.3.3 Maison d’hôte

B

A A

B

Fig.152. Plan de la maison d’hôte. Échelle: 1/200 133


Fig.153. Coupe A-A.

Fig.154. Coupe façade B-B.

Échelle: 1/200

Échelle: 1/200 134


Fig.155. 3D montrant la terrasse de la maison d’hôte. 135


136


P

F

P

P

P

P

P

F

P

F

F

P

P

P

P

F

P

F

P

2.3.4 Chambre d’hôte

P

F

F

P

P

F

F

F

Fig.156. Plan de repérage de la chambre d’hôte.

Toutes les chambres d’hôtes sont différentes et les dimensions de chacune sont différentes des autres. Cependant, les chambres d’hôte ont presque toutes la même forme, elles sont plus longues que larges.

Une chambre d’hôte se compose de: • •

Fig.157. Plan d’une chambre d’hôte. Échelle: 1/100 137

Une salle d’eau. Un lit double construit à la manière traditionnelle (‘‘Dokkana’’).

Un banc construit.

Une armoire en bois.


Fig.158. 3D intérieure de la chambre d’hôte.

Fig.159. 3D montrant la SDE de la chambre d’hôte. 138


Fig.160. 3D montrant la terrasse de la maison d’hôte. 127


Synthèse générale L’intervention sur du patrimoine nécessite beaucoup de sensibilité et de profondes analyses pour la sauvegarde de l’histoire et le respect des traces laissées des civilisations précédentes.

Lorsqu’on intervient sur le patrimoine, on doit laisser une trace de l’époque de cette intervention, afin de garder les traces de chaque époque intervenue et pour garder et ne pas abîmer l’architecture authentique de ce dernier. Cela aide à repeupler l’endroit afin de le réinsérer dans le fil du temps pour assurer une continuité dans sa lecture historique. C’est dommage d’avoir un lieu riche qui témoigne la présence des berbères sur le village de Takrouna, qui est ainsi considéré parmi les rares lieu en Tunisie ayant du patrimoine architectural de la civilisation berbère, laissé comme ça à l’air libre, déserté et abandonné, jour après jour pour en devenir que ruines. Dans le but de créer une dynamique dans un silence imposé par ces ruines, il fallait penser à attirer les gens, les touristes et pourquoi pas encourager les citoyens qui ont déjà quitté Takrouna auparavant pour des multiples raisons, de revenir à leur village natal, en leurs offrant un nouveau programme, avec plusieurs offres d’emploi. Notre intervention sur cet endroit est un centre touristique disposé des maisons traditionnelles pour les citoyens abritant des ateliers des activités traditionnelles, une maison d’hôte pour les touristes, un restaurant pour présenter des plats traditionnels, un café, un endroit idéal pour rencontrer des amis ou aller avec la famille boire quelque chose dans une ambiance tranquille dans le calme, un musée pour montrer l’histoire des berbères et avoir des salles d’exposition temporaires pour encourager les jeunes artistes d’exposer leurs travaux. Tout ce programme va être relié et attaché par un parcours ouvert à l’extérieur, aménagé de mobiliers urbains, de la végétation et offrant des vues panoramiques. Il va également servir à faciliter l’évacuation des gens en cas de nécessité. Ce parcours va ainsi contenir une placette pour l’organisation des évènements et une station de téléphérique qui va servir à faire monter les gens du bas du village. Notre intervention révèle l’intention de créer une architecture contemporaine en symbiose avec l’ancienne architecture berbère, cela va assurer un dialogue entre ancien et nouveau dans le but de garder le génie du lieu en respectant le patrimoine bâti et en laissant une empreinte d’aujourd’hui qui restera pour les époques suivantes comme indiquer par la charte d’Athènes.

140


Références bibliographiques Webographie https://www.pierreseche.com/definition_av.html https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2014/01/24/retour-aux-sources_4353074_4497186.html https://1001tunisie.com/magazine-fr/le-village-berbere-de-takrouna-en-danger-a-cause-de-constructionsillegales/ Le village berbère de Takrouna en danger à cause de constructions illégales https://1001tunisie.com/portraits-et-interviews/aida-gmach-retour-a-takrouna/ interview avec Aida Gmach https://1001tunisie.com/magazine-fr/reportages/village-berberes-zriba-takrouna-jeradou/ villages berbères Zriba Jradou et Takrouna https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouristan#Histoire https://tunisie.co/article/2095/decouverte/art-et-literrature/collineaa-062512 https://www.tekiano.com/2013/03/04/tunisie-24h-dart-contemporain-l-de-colline-en-colline-r/ https://www.tekiano.com/2013/01/17/tunisie-la-premiere-edition-qde-colline-en-collineqet-si-on-prenait-de-lahauteur/ https://3collines.wordpress.com/ http://www.de-tunisie-et-ailleurs.com/takrouna.htm https://www.lhistoire.fr/il-%C3%A9tait-une-fois-les-berb%C3%A8res https://www.archdaily.com/926033/james-simon-galerie-david-chipperfield-architects?ad_source=search&ad_ medium=search_result_projects https://www.beta-architecture.com/james-simon-galerie-museum-david-chipperfield/ https://www.archdaily.com/591899/e_c-house-sami-arquitectos https://www.yatzer.com/ec-house-pico-island-portugal-sami-arquitectos http://regardsetmaisons.blogspot.com/2018/08/des-ruines-habitees-architecture.html https://www.archdaily.com/794649/villers-abbey-visitor-center-binario-architectes https://fr.slideshare.net/bibaarchitecte/le-lieu https://www.letemps.ch/genie-lieu-partout https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/bitstream/handle/1866/4602/Asso_Nazlie_M_2010_these. pdf?sequence=4&isAllowed=y https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/handle/1866/4602 https://dpearea.files.wordpress.com/2014/12/v-riou.pdf 141


PDF Apprendre de l’architecture vernaculaire : durabilité et conformité culturelle Eco-architecture II B. A. Kazimee École d’architecture et de gestion de la construction, Washington State Université, États-Unis L’architecture et la disparition. Appel à contribution. Cahiers thématiques n.16 Ruines. Master Thesis de Mathias Zieba. Master Espace et communication. Haute École d’Art et de Design de Genève - HEAD. 2011-2012. Architectures de terre, l’exemple de Siwa, Vincent Battesti. LA MAISON KABYLE OU LE MONDE RENVERSÉ PIERRE BOURDIEU. Textes arabes de Takrouna. Edit. Leroux, Paris, 1925.

Livres Histoire de l’architecture en Tunisie, de l’antique à nos jours Leila AMMAR, préface de Philippe PANERAI. 2ème édition. Cités et architectures de Tunisie sous la direction de Leila AMMAR. Les cérémonies du mariage dans le Zaghouanais, Nord de la Tunisie. Doctorat d’anthropologie sociale et culturelle préparé par Azzouz BOUAZZA. Année universitaire 1988-1989.

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Tableau des figures Fig.1. Levé topographique de la ville de Sousse. Fig.2. Croquis montrant la petite mosquée et le mausolée de Takrouna. Fig.3. Cadrage de vue dans une ruine à Takrouna. Fig.4. Cadrage de vue dans une ruine à Takrouna. Fig.5. Vue de haut du village de Takrouna, montrant la vue dégagée et l’architecture vernaculaire du lieu. Fig.6. Ksar à Tataouine Fig.7. Mosquée Omrane Ghadames Libye. Fig.8. Architecture de Hassan FATHI Fig.9. Village Nouristan implanté sur la pente de la montagne de façon à profiter de la géomorphologie en échange de préservation des terres agricoles. Fig.10. Photo montrant une maison sur deux étages avec véranda. On remarque l’emploi de deux matériaux de construction, la pierre en bas pour soutenir la construction et les bûches horizontales en haut. Fig.11. On remarque les échelles inclinées donnant accès aux maisons. Fig.12. Photo intérieure montrant le système structurel d’une maison à Nouristan. Fig.13. Carte des villages berbères en Tunisie. Fig.14. Ksar Ouled Soltane, Tataouine, Tunisie Fig.15. Dar Horchani, Tozeur, Tunisie Fig.16. Maison dans un quartier juif à l’île de Djerba, Tunisie. Fig.17. Maison de l’écrivain Abderrahmane GUIGA originaire de Takrouna. Fig.18. Toit en voûte effondré au quartier El Houma au village haut de Takrouna. Fig.19. Vue imaginaire de la Grande Galerie au Louvre en ruines par Hubert Robert, peinte en 1796. Fig.20. Schéma explicatif des différentes interprétations des gens lorsqu’ils voient une ruine. Fig.21. Schéma montrant les relations entre les chapitres de l’approche théorique. Fig.22. Architecture berbère au Maroc. Fig.23. Tente berbère. Fig.24. Plan du Ksar El Khorbat au Maroc. Fig.25. Kasbah Amerhidil, Skoura, Maroc. Fig.26. Mausolée Sidi Abdelkader au village haut de Takrouna. Fig.27. Plan du mausolée Sidi Abdelkader au village haut de Takrouna. Fig.28. Coupe A-A du mausolée Sidi Abdelkader au village haut de Takrouna. Fig.29. Minaret de la mosquée du village haut de Takrouna. Fig.30. Plan de la mosquée de Takrouna. Fig.31. Coupe A-A de la mosquée de Takrouna. Fig.32. Maison Kabyle en Algérie. Fig.33. Photo montrant la brique pleine de Tozeur. Fig.34. Photo montrant l’Adobe. Fig.35. Photo montrant le Pisé. Fig.36. Plan de la maison Kabyle. Fig.37. Carte postale de la maison Kabyle en Algérie. Fig.38. Schéma des cycles de l’architecture vernaculaire et berbère. Fig.39. Carte de la Tunisie, indiquant la situation du village de Takrouna. Fig.40. Photo du bas du village de Takrouna. Fig.41. Photo de loin montrant la colline de Takrouna. Fig.42. Schéma du rapport visuel entre les trois villages. Fig.43. Gravure de Takrouna - 1946. Fig.44. Gravure de Takrouna - 1946. Fig.45. Timbres de Takrouna, Tunisie 1954. Fig.46. Carte postale, Takrouna, 1955. ‘Puits de Takrouna, les arabes viennent de très loin abreuver leurs troup6aux, et chercher de l’eau à peine potable.’ Fig.47. Carte montrant le village de Takrouna et ses alentours. Fig.48. Carte montrant la route qui mène vers Takrouna. Fig.49. Levé topographique du village de Takrouna. Fig.50. Carte du relief, Tunisie. Fig.51. Coupe du relief du village de Takrouna. 143


Fig.52. Plan montrant les quartiers du village de Takrouna. Fig.53. Dessin du village de Takrouna. Fig.54. Plan montrant les quartiers du village de Takrouna. Fig.55. Photo prise à partir de la placette du quartier ElHouma durant le coucher du soleil. Fig.56. Femme originaire de Takrouna, porte des habits traditionnels berbères. Fig.57. Coupe sur le relief du village de Takrouna. Fig.58. La morphogenèse du village de Takrouna. Fig.59. Échelle historique de la population du village de Takrouna. Fig.60. Photo montrant le village de Takrouna depuis la route. Fig.61. Carte du réseau ferroviaire tunisien. Fig.62. Photo montrant une chèvre dans son milieu naturel à Takrouna. Fig.63. Affiche de l’évènement de colline en colline. Fig.64. Programme sur le village de Takrouna. Fig.65. Photo prise sur le toit d’une maison au vieux village de Takrouna. Fig.66. Photo prise en bas du village de Takrouna. Fig.67. Plan montrant les caractéristiques d’organisations spatiales. Fig.68. Photo montrant le nouveau mur de soutènement en cours de construction. Fig.69. Photo montrant les escaliers conçus par l’ONTT. Fig.70. Croquis de la James-Simon galerie réalisé par l’architecte. Fig.71. Photo de la maison E/C montrant les traces de la ruine et le nouveau volume. Fig.72. Photo montrant le parcours du centre d’accueil d’Abbaye de Villers. Fig.73. Photo à l’intérieur du village Kèn montrant l’axe de circulation. Fig.74. Plan de situation de la James-Simon galerie. Fig.75. Plan de situation de la James-Simon galerie. Fig.76. Photo montrant l’entrée de la galerie. Fig.77. Plan étage. Fig.78. Coupe A-A. Fig.79. Plan Rez De Chaussée. Fig.80. Coupe B-B. Fig.81. Plan Sous-Sol. Fig.82. Coupe C-C. Fig.83. Façade de la galerie. Fig.84. Photo de la terrasse de la galerie. Fig.85. Façade de la galerie. Fig.86. Photo de la galerie et le musée d’à côté. Fig.87. Croquis de la galerie réalisé par l’architecte. Fig.88. Photo de la façade de la galerie. Fig.89. Localisation de la maison E/C. Fig.90. Photo de la maison E/C montrant la partie en ruine. Fig.91. Photo de la maison E/C montrant la jonction des parois en ruine et les nouveaux volumes. Fig.92. Plan masse de la maison E/C. Fig.93. Plan RDC de la maison E/C. Fig.94. Plan de l’étage de la maison E/C. Fig.95. Photo de la maison E/C montrant la jonction des parois en ruine et les nouveaux volumes. Fig.96. Façade Nord de la maison E/C. Fig.97. Façade Ouest de la maison E/C. Fig.98. Façade Sud de la maison E/C. Fig.99. Schéma explicatif du concept de la boite dans la boite. Fig.100. Localisation du centre d’accueil de l’Abbaye de Villiers. Fig.101. Axonométrie. Fig.102. Photo de l’intérieur du centre d’accueil, montrant le mariage des différents matériaux. Fig.103. Photo de l’extérieur du centre d’accueil, montrant le mariage des différents matériaux. Fig.104. Localisation du village Kèn. Fig.105. Photo montrant l’architecture bioclimatique du village Kèn. Fig.106. Photo prise de l’intérieur de l’atelier de tissage. Fig.107. Plan masse du village Kèn. Fig.108. Schéma des placettes du village Kèn. Fig.109. Photo à l’intérieur du village. Fig.110. Plan du village Ken réalisé par Slah Smaoui. Fig.111. Vue sur le village Kèn. 144


Fig.112. Schéma récapitulatif de l’approche analytique. Fig.113. Photo montrant le site d’intervention. (Quartier El Houma) Fig.114. Carte de la Tunisie, indiquant la situation du village de Takrouna. Fig.115. Plan masse du quartier El Houma. Fig.116. Levé topographique du village de Takrouna. Fig.117. Photo montrant la route qui mène vers le quartier. Fig.118. Photo montrant le premier sentier battu. Fig.119. Photo montrant les escaliers du quartier. Fig.120. Plan topographique du quartier El Houma. Fig.121. F1. Façade urbaine Nord-Est. Fig.122. F2. Façade urbaine Sud-Ouest. Fig.123. Analyse climatique de Takrouna. Fig.124. Cadrage de vue dans la maison n°8. Fig.125. Vue sur le paysage Sud-Ouest depuis le quartier. Fig.126. Vue sur le paysage Nord-Est depuis le quartier. Fig.127. Vue sur le paysage Sud depuis le quartier. Fig.128. Organisation spatiale organique. Fig.129. Les fonctions. Fig.130. Photo du mausolée. Fig.131. Etat du bâti. Fig.132. Photo de la ruine dans la maison n°6. Fig.133. Photo de la ruine dans la maison n°10. Fig.134. Photo d’une énorme fissure dans la maison n°6. Fig.135. Photo de l’écroulement du sol de la maison n°6. Fig.136. Plan de repérage de la maison n°12. Fig.137. Plan d’une chambre dans la maison n°12. Fig.138. Coupe A-A. Fig.139. Relevé du quartier El Houma. Fig.140. Photo de la maison n°12. Fig.141. Photo de la cour commune des maisons n°5, 6 et 7. Fig.142. Photo de la maison n°2 de Abderrahmane Guiga et la placette devant elle. Fig.143. Schéma montrant la technique traditionnelle de construction de la voûte. Fig.144. Photo du quartier ElHouma prise à partir du sommet. Fig.145. Quartier ‘‘El Houma’’. Fig.146. Plan de cohérence générale. Fig.147. Plan d’intervention. Fig.148. Plan des fonctionnalités. Fig.149. Vue 3D montrant le plan masse. Fig.150. Plan d’intervention Fig.151. 3D montrant les escaliers urbains et la placette. Fig.152. Plan de la maison d’hôte. Fig.153. Coupe A-A. Fig.154. Coupe façade B-B. Fig.155. 3D montrant la terrasse de la maison d’hôte. Fig.156. Plan de repérage de la chambre d’hôte. Fig.157. Plan d’une chambre d’hôte. Fig.158. 3D intérieure de la chambre d’hôte. Fig.159. 3D montrant la SDE de la chambre d’hôte. Fig.160. 3D montrant la terrasse de la maison d’hôte.

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Annexes

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