Memoire annexes m2 ohp yann sanchez

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TABLE DES MATIERES : TABLE DES FIGURES ET PHOTOGRAPHIES ................................................................................. 3 SIGLES UTILISES DANS LE MEMOIRE .......................................................................................... 4 REMERCIEMENTS........................................................................................................................ 5 INTRODUCTION ......................................................................................................................... 6 1. CONTEXTE D’ARRIVEE ET INSERTION DU MEDIATEUR DANS UNE STRUCTURE PLURIDISCIPLINAIRE .................................................................................................................. 8 1.1. L’Observatoire de Haute-Provence .................................................................................................. 8 1.1.1. Principales activités ..................................................................................................................... 8 1.1.2. Mission de communication de l’Observatoire ........................................................................ 9 1.2. Détail de ma mission et de mes objectifs ...................................................................................... 10 1.2.1. S’insérer dans un projet rodé ................................................................................................. 10 1.2.2. Diversité d’expériences ............................................................................................................ 11 2. ROLE ET VALEURS AJOUTEES DU MEDIATEUR SCIENTIFIQUE DANS LA MISE EN PLACE DE MANIFESTATIONS GRAND PUBLIC .......................................................................................... 12 2.1. L’exposition muséale scientifique, un espace de stimulation de curiosité................................ 12 2.1.1. Phase pré-rédactionnelle et conception ............................................................................... 12 2.1.1.1. S’approprier un savoir, assurer la pertinence de ses sources, pilier du médiateur . 12 2.1.1.2. Cibler le public et les objectifs, définition du message ................................................. 13 2.1.1.3. Faire du neuf avec un contenu préexistant....................................................................... 15 2.1.1.4. Défendre son projet .............................................................................................................. 18 2.1.2. Édification et réalisation du projet, la mise en scène au service du message .............. 21 2.1.2.1. Réduire la distance entre le message et le receveur, but de la scénographie......... 21 2.1.2.2. Susciter l’intérêt, accroche et immersion progressive du public .................................... 24 2.1.2.3. Suggérer beaucoup en disant peu, l’art du médiateur ................................................. 25 2.1.3. Assurer et mesurer le succès du projet .................................................................................. 26 2.1.3.1. Visibilité et communication, coordination et avis consultatif du médiateur ................ 26 2.1.3.2. Présence sur l’exposition, assurer un lien direct avec le public .................................... 28 2.1.3.3. Bilan quantitatif et qualitatif de l’exposition ................................................................... 29 2.2. La visite de l’Observatoire ............................................................................................................... 31 2.2.1. Contenu initial de la visite et analyse du bilan de l’été 2010 ........................................ 31 2.2.2. Assurer une bonne coordiation interne, rédaction du cahier des charges ..................... 32 2.3. Le cycle de conférences, mise en relation directe entre la recherche et le public ............... 33 2.3.1. Proposer un contenu cohérent et pertinent ........................................................................... 33 2.3.3. Bilan de l’action ......................................................................................................................... 36

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3. LA CREATION D’OUTILS INFORMATIONNELS ET PEDAGOGIQUES..................................... 37 3.1. Optimisation du site internet ............................................................................................................ 37 3.1.1. Le médiateur, une aide à la réflexion : améliorer la visibilité du site ........................... 37 3.1.2. Nouvel outils , nouvelles possibilités : les visites virtuelles ................................................. 38 3.2. Rédaction d’un livret pédagogique à l’attention d’enseignants ............................................... 40 3.3. Le support au service de l’animation.............................................................................................. 41 3.3.1. Privilégier la manipulation ...................................................................................................... 41 3.3.2. Valorisation de l’animation par le fascicule pédagogique .............................................. 41 3.3.3. La mise en place et le déroulement de l’activité ................................................................ 43 3.4. Création de supports graphiques ................................................................................................... 44 3.4.1. Rédaction du contenu ............................................................................................................... 44 3.4.2. Réalisation graphique .............................................................................................................. 44 CONCLUSION ........................................................................................................................... 46 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................ 47 ANNEXES ................................................................................................................................. 48

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SIGLES UTILISES DANS LE MEMOIRE : CEA : Commissariat à l'Energie Atomique CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique DRRT: Délégation Régionale à la Recherche et à la Technologie IMEP : Institut méditerranéen d'écologie et de paléoécologie LPO : Ligue de Protection des Oiseaux MHN : Muséum d’Histoire Naturelle MNHN : Muséum National d’Histoire Naturelle O3HP : Oak Observatory at OHP OHP : Observatoire de Haute-Provence ONF : Office National des Forêts SVT : Science de la Vie et de la Terre UMR : Unité Mixte de Recherche USR : Unité de Service et de Recherche

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REMERCIEMENTS Je tiens à remercier chaleureusement en premier lieux Michel Boër, Thierry Gauquelin, Virginie Baldy et Nathalie Desmons, pour m’avoir offert la chance de m’intégrer et de me former au sein de cette fabuleuse institution qu’est l’Observatoire de Haute-Provence. Merci au personnel de l’IMEP et de l’O3HP : Thierry, Virginie, Ilja Reiter, Jean-Philippe Orts, Catherine Fernandez, Bruno Villa, Gabriel Nève et Philippe Ponel ; et au personnel de l’OHP, notamment Céline Desjardin, chercheurs et ingénieurs toutes disciplines confondues et les services administratif, mécanique et logistique de l’OHP. Je tiens à remercier particulièrement Jean Philippe et Sergio Ilovaisky pour leur aide précieuse tout au long de ma mission et leurs bons conseils. Je remercie également toutes les personnes m’ayant aidé à mettre en place l’exposition : Nathalie, Jean Philippe, Gilles Fontanini, Jean-Pierre Moreschi, Jérémie Helies et enfin Adeline Riera qui m’a particulièrement aidé dans sa finalisation. Merci à mes chères Artistes avec un grand « A » et colocataires : Émilie Lasmartres et Ségolène Girard pour leur soutien moral et nos longues discutions passionnées.

Encore merci à Nathalie, qui m’a pris sous son aile, m’a accordé sa confiance en me confiant dès de départ de ma mission de nombreuses responsabilités et grâce à qui j’en sors particulièrement grandi et professionnel.

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INTRODUCTION La science est aujourd’hui plus que jamais impliquée dans les enjeux de société. De la qualité de notre environnement à la recherche d’énergie, en passant par la santé, l’alimentation, ou encore dans la défense et l’armement… elle est partout présente. Mais face à ce succès, on observe parallèlement une recrudescence de l’obscurantisme et de la désinformation, volontaire ou non, qui remettent en cause le fait scientifique. Le monde scientifique (la recherche), justifié et construit par le fait social a également un devoir de transparence et de communication envers le public. C’est en réponse à ce besoin qu’est apparue la fonction de médiateur scientifique, intermédiaire bilatéral entre le savoir et le « profane ». Mes études et choix d’orientation n’ont toujours été motivés que par le désir de transmettre, et d’éveiller sur des domaines qui me sont chers, tels les sciences de la vie et de l’environnement mais plus généralement d’un amour des sciences que je nourris depuis mon enfance. Mon parcours jusqu’à présent et mon entrée dans ce master s’expliquent par une volonté de m’impliquer et de devenir acteur dans la sensibilisation et dans la valorisation des sciences, notamment auprès des plus jeunes. L’Observatoire de Haute-Provence (OHP), unité de recherche pluridisciplinaire du CNRS, représentait une structure idéale pour me former et m’exercer à cette tache. En effet, au-delà de l’astronomie, l’OHP s’est progressivement ouvert à d’autres domaines de recherche tels l’étude de l’atmosphère et plus récemment l’étude de la chênaie provençale avec la création de l’Oak Observatoty at OHP (O3HP). Depuis une dizaine d’années, l’Observatoire s’est également engagé dans une politique de communication envers le grand public qui s’illustre par l’ouverture du site et la mise en place de manifestations estivales telles des expositions et des cycles de conférences. Ma principale mission au sein de l’Observatoire fut de coordonner la mise en place et le contenu de ces manifestations pour l’été 2011. Ma présence dès le mois de février m’a permis de m’essayer à toutes les phases de l’élaboration de ce projet et d’en acquérir une grande diversité d’expériences. Cette structure atypique fut donc un excellent terrain de jeux, et le mot « jeux » est utilisé à bon escient, car ce fut réellement un plaisir de pouvoir apprendre et appliquer, et ce avec une grande confiance et liberté d’action accordées.

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L’an passé, l’OHP accueillait déjà une stagiaire en médiation en environnement de la promotion précédente : Alexandra Bonifay. Cette première expérience fut couronnée de succès et les attentes envers moi étaient grandes. Une difficulté qui s’ajouta donc à mon travail était d’assurer une qualité de rendu exemplaire tout en essayant de me démarquer de ce qu’avait fait Alexandra. M’appuyant sur mon vécu au cours de ces 6 derniers mois, j’aborderai donc dans ce mémoire la réflexion sur le rôle du médiateur scientifique dans la mise en place de manifestations grand public et dans la création d’outils informationnels et pédagogiques. Pour aborder cette question, il était nécessaire de la contextualiser, compte tenu des particularités d’une telle structure : pluridisciplinarité, mission de communication mais aussi contexte professionnel et relation avec les partenaires. C’est ce qui sera développé dans une première partie. La seconde s’y verra détailler les phases et points clés de mise en place de ces manifestations, comment le médiateur s’y articule et quelle en est sa valeur ajoutée. Enfin dans une dernière partie, je m’attarderai particulièrement sur les outils de communication que j’ai pu créer au cours de ma mission et sur la réflexion qui s’en est dégagée au cours de leur conception.

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1. CONTEXTE D’ARRIVEE ET INSERTION DU MEDIATEUR DANS UNE STRUCTURE PLURIDISCIPLINAIRE 1.1.L’OBSERVATOIRE DE HAUTE-PROVENCE 1.1.1. PRINCIPALES ACTIVITÉS L’Observatoire de Haute Provence (OHP) est une Unité de Service et de Recherche du CNRS (USR 2207) et a pour vocation l’étude de notre environnement proche et lointain. Il est situé dans la commune de Saint Michel l’Observatoire, rebaptisée ainsi après sa construction. Site à l’origine consacré à l’observation astronomique, l’OHP compte désormais trois principaux domaines d’étude : - En astronomie et astrophysique : Le site héberge de nombreux instruments d’observation, aujourd’hui 4 télescopes en activité, dont le fameux télescope 193 (pour 193 centimètres de diamètre), plus grand télescope d’Europe à sa construction en 1957, à qui l’on doit la découverte de la première exoplanète (planète située en dehors de notre système solaire) en 1995. L’Observatoire s’est depuis spécialisé dans la recherche de ces planètes mais également dans l’exobiologie avec la recherche de traces de vie dans l’Univers. Si les télescopes en place commencent à faire date, les instruments de mesure (comparables au moteur sous la carrosserie d’une voiture) en revanche sont à la pointe de leur technologie et permettent à l’OHP de se maintenir en tête de la course à la traque d’exoplanètes. - En sciences de l’atmosphère : Les recherches sur l’atmosphère ont débuté dans les années 1970 à l’Observatoire. La station géophysique présente à l’OHP fait partie du réseau international « Network for détection of Stratospheric » et a contribué à l’amélioration de la compréhension des phénomènes physico-chimiques se déroulant dans la stratosphère et notamment sur leurs impacts dans les changements climatiques. - En écologie : Plus récemment, une plateforme expérimentale d’étude du chêne pubescent, l’O3HP (Oak Observatory at OHP), en collaboration avec l’Institut Méditerranéen d’Écologie et de Paléoécologie (IMEP, UMR CNRS 6116 – UM58) a été mise en place au sein de l’Observatoire. En effet, l’OHP, construit en plein cœur de la chênaie offre un territoire d’étude favorable dans la mesure où l’appartenance du terrain au CNRS facilite l’accueil d’une telle structure et sa tranquillité. Prochainement, la zone d‘étude des chênes pubescents se verra dotée d’un système d’exclusion des pluies qui, en simulant une aridification du milieu, aura pour

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objectif d’étudier le comportement de la chênaie face aux changements climatiques. L’OHP se veut donc devenir un observatoire avant-gardiste dans l’étude des changements globaux.

Photo 1 : Vue aérienne de l’OHP

Photo 2 : Télescope 193

Photo 3 : Lancé du ballon sonde devant la station de géophysique

Photo 4 : Passerelles de la zone d’étude de l’O3HP

1.1.2. MISSION DE COMMUNICATION DE L’OBSERVATOIRE L’Observatoire s’est engagé depuis une dizaine d’années dans une politique de communication et de sensibilisation des sciences auprès du grand public. Cette volonté s’est accentuée depuis la présence de Michel Boër à la direction de l’Observatoire. Elle s’illustre dans un premier temps par l’ouverture du site au public de la période d’avril à septembre, offrant aux visiteurs la possibilité de découvrir notamment le grand télescope de 193 centimètres de diamètre ainsi que de parcourir un sentier de découverte de la chênaie mis en place l’an passé. L’OHP a également pris l’habitude de présenter chaque été un triptyque 9


d’actions constitué d’une exposition à caractère scientifique, d’une exposition artistique et d’un cycle de conférences. Le contenu des manifestations s’aligne généralement sur la thématique scientifique décernée par les Nations Unies chaque année afin de profiter d’une plus grande visibilité : « Année Internationale 2009 de l’Astronomie », « Année 2010 de la Diversité Biologique », « Année 2011 de la Chimie » et « Année 2011 des Forêts ». L’Observatoire est en accord avec la Ville de Forcalquier pour que celle-ci accueille une des deux expositions chaque année, alternant exposition artistique et scientifique une année sur deux, profitant ainsi de la forte affluence touristique de Forcalquier en été. L’ensemble de ces actions entre dans le cadre d’une grande manifestation annuelle nommée « Été Astro » initiée par la commune de Saint Michel l’Observatoire, regroupant les actions de l’OHP, du syndicat d’initiative de la commune et enfin du Centre d’Astronomie de cette même commune. Le Centre d’Astronomie est une structure à vocation d’animation scientifique. Présent depuis une dizaine d’années, « le Centre Astro » dispose de nombreux équipements tels télescopes, pointeurs laser, salle de projection et anime tout au long de l’année des soirées d’observation du soleil le jour, et des étoiles la nuit.

1.2. DETAIL DE MA MISSION ET DE MES OBJECTIFS

1.2.1. S’INSÉRER DANS UN PROJET RODÉ Alexandra Bonifay, m’ayant précédé comme stagiaire en médiation en environnement à l’OHP, avait assuré l’an passé un excellent travail et en était ressortie avec tous les honneurs. La mission d’Alexandra avait été d’assurer la mise en place de l’exposition à caractère scientifique et du sentier pédagogique de l’OHP, s’intégrant dans le triptyque d’action « Au cœur des forêts provençales… une biodiversité insoupçonnée » auquel s’ajoutait une installation vidéo artistique sur Forcalquier et d’un cycle de conférences. L’OHP avait été pleinement satisfait de son travail, les attentes envers son successeur étaient grandes. De plus ma mission principale était très similaire à celle d’Alexandra, dans la mesure où « L’Année 2011 des Forêts » succédant à « L’Année 2010 de la Diversité Biologique », l’OHP avait décidé de capitaliser sur les installations produites l’an passé et de les proposer de nouveau au public cet été. Le défi était de me démarquer de ce qu’avait fait Alexandra pour proposer une approche différente mais tout aussi efficace. J’ai été encadré pour cette mission par trois Maîtres de stage : Michel Boër, directeur de l’Observatoire de Haute-Provence ; Thierry Gauquelin, Directeur du Département III 10


"Processus fonctionnels et valorisation de la Biodiversité " de l'IMEP, attaché à l’Université Saint-Charles Aix-Marseille I ; et enfin Nathalie Desmons, assistante de Direction à l’OHP. Leur soutien et leur grande expérience à chacun m’ont été d’une grande aide et une grande source d’inspiration.

1.2.2. DIVERSITÉ D’EXPÉRIENCES Au cours de ces 6 mois de stage, il m’a été offert de pouvoir m’exercer dans de nombreux aspects de la médiation et d’en tirer une grande diversité d’expériences. L’ordre principal de ma mission et ma priorité était d’assurer et de coordonner la mise en place des actions de l’OHP tournées vers le grand public, s’insérant dans la grande manifestation « Été Astro 2011», à savoir : - Une exposition à caractère scientifique, cette fois-ci au Couvent des Cordeliers de la Ville de Forcalquier, sur les spécificités écologique des forêts provençales. - La visite de l’Observatoire, constituée d’une projection du film de l’OHP, d’une visite guidée du grand télescope, de la visite du sentier pédagogique et enfin de plusieurs installations artistiques parsemant le site. - D’un cycle de 8 conférences Mes Maîtres de stage m’ont très vite accordé leur confiance et m’on laissé de nombreuses responsabilités dans le montage de ce projet me permettant de toucher à tous les niveaux de conception : Prise de contact, mise en relation, rédaction, demande de subventions, construction, communication… J’ai pu apporter également de nombreux conseils afin d’optimiser l’accueil du public et la réalisation de l’ensemble du projet. Les autres missions de mon stage ont été d’améliorer la partie publique du site internet de l’OHP et notamment de l’O3HP ainsi que de produire un livret pédagogique sur le sentier de l’OHP à destination des enseignants du secondaire. Tout au long du stage, j’ai pu également participer à des missions ponctuelles telles l’accueil et la visite d’une classe de collégiens sur le site de l’Observatoire et l’animation d’un stand de l’OHP au cours du salon du livre scientifique de Forcalquier. Autant d’approches que de publics variés, l’OHP m’aura permis d’acquérir un riche panel de compétences.

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2. ROLE ET VALEURS AJOUTEES DU MEDIATEUR SCIENTIFIQUE DANS LA MISE EN PLACE DE MANIFESTATIONS GRAND PUBLIC 2.1.

L’EXPOSITION MUSEALE SCIENTIFIQUE, UN ESPACE DE STIMULATION DE CURIOSITE

2.1.1. PHASE PRÉ -RÉDACTIONNELLE ET CONCEPTION 2.1.1.1.

S’approprier un savoir, assurer la pertinence de ses sources, pilier

du médiateur Avant de se lancer dans l’élaboration d’un projet, et notamment dans le projet faramineux qu’est l’exposition muséale, il est indispensable de se construire un bagage de connaissances qui serviront pour toute la suite du projet. Des connaissances d’une part sur la thématique mise en avant mais également sur les activités passées de la structure porteuse du projet, ici en l’occurrence l’O3HP. Car au-delà de la mission de relater le fait scientifique, il sera aussi question de sensibiliser le public quant à la démarche de la recherche et sa finalité. Il est donc capital de partir sur de bonnes bases, encore faut-il que ces bases soient pertinentes et d’une véracité absolue. De nos jours, notamment en environnement, il est facile de se perdre dans le bazar de l’information et de ne plus distinguer ce qui tient du fait scientifique, de la légende populaire voire de la rumeur, et d’autant plus aujourd’hui avec la multiplication exponentielle des médias et des sources d’information. Pour relater et vulgariser la science, il faut donc adopter une démarche scientifique et ne relater que le fait scientifique. Issu d’une formation scientifique, avec une Licence de Biologie, d’Évolution et d’Environnement, et d’un Master spécialisé en Environnement, je partais donc avec de bons bagages. Nos cours étant souvent illustrés par des exemples locaux, je disposais également de bonnes connaissances sur l’écosystème méditerranéen, sa faune et sa flore. La première chose que j’ai faite, était de me construire une base bibliographique fiable. Les locaux de L’OHP manquant encore d’ouvrage sur l’environnement « Terrestre » je me suis appuyé tout au long du stage sur les livres empruntés à la bibliothèque Universitaire d’Aix-Marseille, visant prioritairement les ouvrages de référence rédigés par des chercheurs ou des institutions réputées pour la pertinence de leurs travaux tels ONF, LPO…

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En second lieu, il m’était nécessaire de constituer un conseil scientifique de référence afin, d’une part, d’orienter ma bibliographie et mes axes de recherches, et d’autre part pouvoir valider le contenu futur de l’exposition. Ainsi j’ai fait appel à nombres de chercheurs de l’IMEP et de l’O3HP pour assurer la pertinence de l’exposition dont Thierry Gauquelin, Virginie Baldy, Jean Philipe Orts, Ilja Reiter, Gabriel Nève, Philippe Ponel, mais également Michel Boër qui, même Astrophysicien, n’en reste pas moins un scientifique avec le résonnement et la démarche qui vont de pair. Internet n’est pas à sous-estimer dans la recherche d’informations. Il est vrai qu’internet regorge souvent de maladresses, que des plateformes d’information telle Wikipédia sont souvent critiquées, mais internet a aussi de nombreux atouts et est vite devenu indispensable. En effet internet et l’interface informatique ont l’avantage de pouvoir nous faire balayer rapidement un nombre très important d’informations. Il est alors facile de se faire, en un temps très court, une idée et un avis sur une thématique encore inconnue. Internet offre également une multiplicité de sources et d’opinions dont ne dispose pas la littérature « classique » ou au moins dont on n’a pas accès aussi aisément. C’est aussi une plateforme d’échange et démocratique où, par le biais de forums spécialisés ou sites participatifs, on peut échanger et confronter ses idées. Avec un œil avertit et critique, internet peut être un outil réellement avantageux, dans la mesure où il ne reste pas exclusif dans la recherche d’informations et où il est complété par la littérature scientifique et l’avis d’experts.

2.1.1.2.

Cibler le public et les objectifs, définition du message

Une fois le bagage scientifique assuré, et avant de commencer la phase rédactionnelle, il me fallut définir précisément l’objectif et la cible de l’exposition. En se trompant de cible, le médiateur peut passer totalement à côté de son objectif. Je savais que le public visé par le triptyque et donc celui de l’exposition serait le grand public. La manifestation se déroulant pendant les mois de juillet et d’août, le public serait essentiellement constitué de vacanciers. Mais pour définir l’objectif et le contenu de l’exposition, j’avais besoin de plus d’informations telles que l’âge des visiteurs, la proportion d’enfants/parents, la proportion d’étrangers par rapport aux locaux… J’ai pu trouver l’ensemble de ces informations dans le bilan de l’été 2010 rédigé par Nathalie Desmons l’an passé.

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Le bilan d’activité est un outil indispensable afin d’évaluer le succès qualitatif et quantitatif d’un projet, étudier l’évolution de la fréquentation sur différentes années, de se remettre en question et d’affiner sa connaissance du public. C’est aussi un outil d’aide décisionnelle notamment dans la recherche de financements pour des futures actions. Ce que l’on pouvait tirer du bilan 2010 : - L’ensemble de la manifestation « Au cœur des forêts provençales… une biodiversité insoupçonnée 2010 » a rassemblé près de 6500 personnes dont 4422 (68%) pour la visite du site de l’Observatoire, 1727 (27%) pour l’installation artistique au Couvent des Cordeliers à Forcalquier et 264 (5%) pour les conférences. Ces chiffres sont importants car ils permettent de fixer un objectif quantitatif pour la manifestation de 2011. - 40% des visiteurs de l’installation artistique au Couvent étaient des étrangers. La traduction du contenu de l’exposition de 2011 n’a malheureusement pas été possible par manque de temps. Cependant, la présence de supports réels, d’illustrations et de schémas a permis de satisfaire en partie cette portion non négligeable du public. - Sur les 1727 visiteurs de l’installation artistique, 1481 (86%) étaient des adultes et 246 des enfants (14%) alors que la visite de l’Observatoire a attiré quant à elle environ deux tiers d’adultes pour un tiers d’enfants. L’installation artistique a donc attiré préférentiellement un publique mature alors qu’il existait un potentiel de public jeune qui n’a pas été touché. L’exposition de 2011 se devrait de sensibiliser tout le monde, surtout les plus jeunes, cibles privilégiées de l’éducation relative à l’environnement et au développement durable. Le public connu, il fallut par la suite définir l’objectif qualitatif de l’exposition, en d’autre termes, quel message nous voulions faire passer et qu’est-ce le public devait retenir en sortant de l’exposition. Nous avions comme base et chemin de fer (cheminement des informations que doivent suivre les visiteurs) les posters de l’exposition de 2010 sur les forêts provençales rédigés conjointement par l’IMEP et le CEA. Trois objectifs ont été dégagés : - Faire découvrir la richesse des nos forêts provençales, en termes de biodiversité, de diversité d’adaptations et de diversité d’habitats, notamment en prenant l’exemple de la chênaie pubescente. - Informer le public des activités de recherche de l’O3HP et leurs finalités.

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- Susciter l’envie au public de venir visiter l’Observatoire et de compléter leur visite par le sentier pédagogique présent sur le site.

2.1.1.3.

Faire du neuf avec un contenu préexistant, le choix d’une

approche ludique et sensitive Une fois les objectifs définis, mon rôle en tant que médiateur fut de réfléchir sur les moyens que j’allais mettre en place pour y parvenir. Le contexte était le suivant : Je disposais de trois salles d’une surface d’environ 30 m2 chacune. Le Couvent des Cordeliers, fondé au XIIIe Siècle est un lieu impressionnant. Fait entièrement de pierres, de bois, regorgeant de voutes et surplombant un grand jardin, le lieu dégage une vrai magie et une ambiance particulière que je devais exploiter.

Photos 5 et 6 : Couvent des Cordelier (À droite, une des 3 salles accueillant l’exposition) Par ailleurs, l’endroit était assez éloigné de l’Observatoire et de la forêt. L’an passé les posters de l’exposition se trouvaient sur le site même de l’Observatoire dans un hall à la sortie du sentier pédagogique facilitant l’aisance des visiteurs à s’y plonger. L’isolement du couvent représentait un obstacle à l’immersion que je devais réduire. Il était donc hors de question de ne me reposer uniquement que sur le contenu préexistant et de ne proposer que les panneaux à voir. Ces posters, d’une excellente qualité, ont été rédigés de façon à faciliter la lecture par le grand public (très illustrés, titres et sous titres accrocheurs…) mais resteraient très bruts pour un public essentiellement constitué de vacanciers. 15


Mon objectif était de faciliter l’immersion du public de façon à ce qu’il parvienne plus aisément aux messages que contenaient les posters. J’ai donc pris l’initiative de proposer un nouveau contenu, complémentaire des posters, et de favoriser deux approches : La première, ludique, était d’amener le public à s’impliquer, observer, participer, chercher par lui-même pour comprendre et s’approprier la démarche expérimentale. « Les meilleurs stimuli pour entraîner le citoyen sur les traces du chercheur sont les mêmes stimuli qui poussent le chercheur à faire de la science. »1

La seconde, sensitive, était de jouer sur la mise en scène, ramener la forêt au couvent, confronter le public avec la nature, comme s’il y était, par le biais de sons, lumières mais surtout de vrai spécimens. « Il faudrait arriver à avoir des gens qui aient les deux aspects du fonctionnement mental, intellectuel et sensible. (…) Enfin, je pense que c’est en ayant des poésies, des montages audiovisuels, des films, des chansons, des images, qu’on créé la base sensible sur laquelle vient ensuite se greffer la connaissance intellectuelle. On n’a jamais vu quelqu’un apprendre quelque chose quand ça ne l’intéressait pas. »2

La première chose que j’ai faite était de recenser l’ensemble des partenaires et des réseaux dont je disposais, susceptibles de m’aider dans ma tâche. Ceux de l’OHP mais également de tous les contacts que j’avais pu me faire au cours de ma formation et de mes expériences passées. J’ai donc fait notamment appel à Monsieur Gilles Cheylan, Conservateur du Muséum d’Histoire Naturelle de la ville d’Aix-en-Provence et à Monsieur Philippe Siaud, responsable du service public du Muséum d’Histoire Naturelle de la Ville de Marseille, tous deux intervenants au cours de la formation, pour emprunter des spécimens naturalisés. L’idée n’était pas d’exposer du vivant dans un unique but décoratif mais de s’en servir comme supports pour Wagensberg J., 1997. Treize principes pour une muséologie scientifique moderne. Visité le 12/02/2011. http://www.tribunes.com/tribune/alliage/44/Wagensberg_44.htm 2 Terrasson F., 2007. La peur de la nature. Au plus profond de notre subconscient, les vraies causes de la destruction de la nature. Paris: Sang de la Terre, 192p. 1

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faire partir et pour illustrer nombres de concepts d’écologie, supports réels que n’offraient pas les posters.

Photos 7, 8, 9 et 10 : Quelques animaux présents dans l’exposition : Oiseaux, mammifères, insectes…

L’autre principale « attraction » de l’exposition fut la construction d’un cabinet de curiosités permettant une ouverture sur les forêts du monde et leur importance en termes de richesses et de matières premières qu’elles ont pu apporter à l’homme. Pour alimenter le cabinet, J’ai contacté Monsieur Bruno Vila, ancien professeur et responsable du Musée colonial de l’Université de Provence qui nous a gentiment prêté de nombreux échantillons. Jean-Philippe Orts m’a également confié quelques-unes de ses propres graines ramenées de Guyane et qui m’ont servi à illustrer la diversité de formes et de couleurs que peuvent avoir les graines en rapport avec leur dispersion. Photo 11 : Le cabinet de curiosités de l’exposition 3

Nous avons également sollicité le CEA de Cadarache pour le prêt de deux bornes interactives. Une de ces bornes a accueilli deux films de 5 minutes sur les activités de l’OHP et l’O3HP (complétant un film de 20 minutes sur l’O3HP diffusé en boucle sur un écran plat). La seconde borne fut pour moi l’occasion de m’essayer à la programmation d’un jeu interactif sur la découverte des chants d’oiseaux de la forêt provençale. Le jeu se présentait comme tel : 3

Photo 12 : Une des deux bornes interactives 17


Après une brève description de l’utilité pour des ornithologues de reconnaître les chants d’oiseaux (recensement et étude du comportement), le joueur se voyait devoir répondre à une série de 10 questions. Selon le principe du blindtest (test à l’aveugle), à chaque question était diffusé un chant d’oiseau en fond sonore. Le but du jeu était de choisir à qui appartenait le chant parmi deux propositions. Après chaque réponse, la solution apparaissait et donnait lieu à une brève anecdote sur l’écologie de l’animal. J’ai utilisé le jeu comme occasion d’immiscer un concept scientifique, comme intermédiaire. En communication, on parlerait de « canal » qui fait le lien entre l’émetteur et le receveur. De la même façon j’ai pu produire un jeu de classification d’insectes et arthropodes où les joueurs devaient classer des boites d’arthropodes (un groupe par boite) sur un plateau où chaque case donnait une description du groupe à replacer. Le canal, le jeu, est prétexte à l’apprentissage de l’observation. Le public, par ce jeu, a pu apprendre à reconnaitre certains insectes, mais surtout à affiner son regard sur certains caractères qu’il ne soupçonnait pas. Ils seront peut être ainsi plus attentif à certains détails lorsqu’ils rencontreront d’autre insectes dans leur quotidien mais aussi d’autres animaux ou végétaux.

Photos 13 et 14 : Jeu de classification d’insectes et arthropodes Ainsi par la multiplicité des approches le médiateur peut toucher un plus large public.

2.1.1.4.

Défendre son projet, la médiation y compris dans la recherche de

financements et d’un lieu d’exposition Une fois l’objectif et le contenu du projet concrètement définis, il me fallut assurer très tôt son soutien financier et confirmer la disponibilité des salles du Couvents. Il m’a été donné pour tâche dans un premier temps de rédiger la demande de subventions de l’ensemble du triptyque de l’été 2011. 18


N’ayant jamais construit de tels documents technique, ce n’est donc pas sans une certaine légère appréhension que je m’employai à cette tâche. Mais la mise en confiance et le soutien de Michel Boër et Nathalie m’ont beaucoup aidé. Les cours de création d’entreprise de la formation assurée par le master ce sont aussi avérés précieux pour aborder un tel document dont le vocabulaire ne m’était finalement pas si étranger. Je compris d’autant plus mon rôle quand, au-delà de la rédaction du document technique, je devais par la suite convaincre de l’intérêt et du potentiel du projet par le dossier de présentation. La demande était destinée au Conseil Régional PACA, à la Délégation Régionale à la Recherche et à la Technologie (DRRT) et au Conseil Général des Alpes de Haute Provence. Une première demande avait été faite en novembre 2010 et avait été refusée. De Plus ces institutions sont habituées chaque année à recevoir des centaines de demandes avec un budget à répartir qui rétrécit de plus en plus. Je n’avais pas le droit à l’erreur et il me fallait être convainquant. Pour ce faire, j’ai axé ma présentation sur plusieurs points : - Valoriser le fait que la manifestation entre dans le cadre de deux évènements internationaux : « 2011 année internationale des forêts » (pour l’exposition scientifique, les installations artistiques et les conférences) et « année internationale de la chimie » (pour le cycle de conférences). La manifestation a en effet été labélisée et a bénéficié de la couverture médiatique de ces évènements. - Rappeler le succès qualitatif et quantitatif des actions passées comme gage de sérieux et d’efficacité de l’Observatoire. - Que l’exposition et le sentier pédagogique participent à la mise en valeur d’un patrimoine local (important dans le cas du Conseil Régional et d’autant plus pour le Conseil Général du Département) et des dernières recherches. - Que l’OHP bénéficie d’une large couverture médiatique (presse, affichage…). - Faire ressortir des mots clés tels : « régional, patrimoine, éveil, découverte, sensibilisation, jeux, distrayant, convivial, amusant, familial, immersif, nouveauté… » - Lister tous les partenaires (les subventionnaires privilégient les actions mettant en collaboration plusieurs partenaires) . - Interdire les termes négatifs. L’ensemble de ces clés m’a été également utile dans la rédaction des demandes de labellisations de la manifestation et pour les demandes d’autorisations de transport et

19


d’exposition des espèces naturalisées auprès des préfectures des Bouches-du-Rhône et des Alpes de Haute-Provence. Nous avons également fait des efforts pour réduire drastiquement la hauteur du budget demandé. L’an passé, la somme demandée pour la mise en place du triptyque était de 89 350€ dont seulement 35 000€ avaient été accordés en premier lieu. Il était inconcevable de demander une telle somme cette année. Heureusement, une grande partie des installations étaient déjà en place pour cette nouvelle année. Nous en somme arrivés à la somme de 29 000€

dont

la

majorité

représentait

le

coût

de

l’exposition

artistique

Archeferrouille (7 200€), les frais de conception graphique, les frais de communication (6 000€), la rémunération du personnel d’accueil (4 000€) et les frais de déplacement et d’hébergement des conférenciers (3 000€). Nous ne sommes pas parvenus finalement à la somme demandée mais avons tout de même obtenu 1000€ de la part du Conseil Général des Alpes de Haute-Provence et 5 700€ de la Région PACA. En utilisant principalement du matériel de récupération (meubles, vitrines, ordinateur portable, vidéoprojecteur, télévision) j’ai pu économiser pour l’exposition une somme avoisinant les 4 000€, n’ayant eu besoin que d’un budget de 1 500€ en frais de fournitures (câblage, outillage) montrant ainsi que l’on peut monter un projet plus que correct avec très peu de budget et des initiatives.

Il me fallut également défendre le projet auprès de la Mairie de Forcalquier. En effet, à mon arrivée en février, la disponibilité des salles du couvent n’étaient pas encore assurée. La Mairie souhaitant privilégier les expositions artistiques au couvent des cordeliers, nous étions en concurrence pour la disponibilité des trois salles. Une réunion était prévue avec les différents services de la Mairie afin de clarifier la situation. Nathalie et moi avions préparé un ordre du jour dans lequel était figurée une présentation de l’exposition dont je me chargerai. N’étant alors présent que depuis 2 semaines, il était primordial de réussir cette présentation et de me comporter comme un professionnel maîtrisant son sujet. Cet exercice m’a imposé de m’approprier très vite le contenu de l’exposition et un certain professionnalisme. La parole et la gestuelle devaient également êtres maîtrisées, je devais avoir l’assurance et l’aisance d’un professionnel et non plus être considéré comme un simple « stagiaire ». Après un début de réunion houleux où planait une certaine tension, je pense pouvoir affirmer que mon intervention a su jouer en notre faveur, notamment à l’aide des points suscités. Par un discours posé et 20


calme, j’ai pu imposer un rythme à la discussion. La formation du Master m’a également permis d’affiner mon niveau d’analyse communicationnel. En prêtant attention aux détails gestuels et aux paroles, on peut très vite distinguer les intentions et surtout les attentes de chacun. Il suffit ensuite d’aller dans leur sens. Par exemple : si untel évoque le fait que l’exposition de l’an passé était trop conceptuel et inaccessible pour un certain public, j’insiste par la suite sur le caractère convivial et familial souhaité pour l’exposition de cette année. Il ne s’agit pas là de manipulation mais d’appuyer son argumentaire sur les faits afin de mettre en évidence et résoudre les incohérences et de montrer que la bonne mise en place de l’exposition est tout autant dans leur intérêt que dans le nôtre pour finalement conclure sur un accord commun.

2.1.2. ÉDIFICATION

ET REALISATION DU PROJET , LA MISE EN SCENE AU SERVICE DU

MESSAGE

2.1.2.1.

Réduire la distance entre le message et le receveur, but de la

scénographie On désigne par scénographie, l’art d’organiser l’espace scénique grâce à la coordination de moyens techniques et artistiques. C’est un terme appartenant au champ lexical du théâtre, du cinéma et de la mise en scène mais également de plus en plus utilisé dans la muséographie, qui elle, est définie comme l’ensemble des techniques nécessaires à la mise en valeur des pièces de collections. La scénographie peut être également définie comme une médiation par l’espace. Ayant assuré la disponibilité des animaux des muséums et le contenu de l’exposition, il ne me restait plus qu’à composer l’espace afin d’assurer au mieux la transmission du message. Car dans la mise en scène n’est pas question que de décoration. L’agencement de l’espace, l’arrivée des informations, l’orchestration des sentiments ne sont d’autant d’outils au service du message et de la facilité auquel ce dernier atteindra sa cible : Utiliser le potentiel du lieu : Le Couvent des Cordeliers, lieu dont on ressent le poids du passé et de l’Histoire, nous assaillit de sérénité, de mystère et de magie. Les 3 salles voutées ont grandement participé à l’ambiance et à la mise en scène de l’exposition. Je souhaitais préserver cette atmosphère, en adaptant le contenu de l’exposition au style du couvent. Ainsi l’ensemble des meubles, vitrines et présentoirs de l’exposition ont été construits et restauré de façon à correspondre à ce style ancien.

21


Photos 15, 16 et 17 : Restauration d’une vitrine de l’exposition (Ponçage, teinture, éclairage…) La signalétique : Elle permet de diriger le public dans les méandres de l’exposition. Le plan permet au visiteur d’appréhender l’espace et de se l’approprier avant d’y entrer. L’utilisation de flèches, panonceaux et écriteaux indiquent le chemin à suivre, incitent le visiteur à suivre le scénario et le chemin de fer lui amenant les informations dans le bon ordre. Mais cette signalétique n’est pas obligatoire, on peut même la proscrire volontairement. Dans le cas de l’exposition au couvent, j’ai décidé de fermer une des deux entrées (opposées) afin de proposer une unique progression possible allant de la salle 1 à la salle 3. La petitesse des lieux dispensait l’utilité d’une carte. De plus je désirais que le public se déplace et découvre l’exposition un peu à la manière dont on pénètre dans une forêt avec une immersion progressive et une certaine part de mystère. L’ambiance : J’ai accentué cette immersion à l’aide d’un jeu de lumières et de sons, en réduisant de pièce en pièce la luminosité et en augmentant le volume d’une capture audio de forêt. Cet artifice implique petit à petit le public et créé une sorte de bulle qui va l’aider à se fondre dans le contenu de l’exposition. Les jeux de lumières en contre plongée éclairant les animaux et les pièces des vitrines renforcent également l’ambiance et le mystère autour de l’exposition. Image Immersive : Pour qu’une image soit immersive, elle doit être suffisamment grande pour que le champ de vision tienne en totalité ou en majorité dans sa surface. Dans la dernière pièce, totalement plongée dans l’obscurité, est projetée une vidéo du sentier pédagogique de l’Observatoire, de 250 centimètres de longueur pour 150 de hauteur simulant une fenêtre sur la chênaie. La portion du sentier est filmée en plan large et imite le champ de vision d’un humain. Cette vidéo de 30 minutes tournant en boucle présente des gens parcourant le sentier, 22


lisant les panneaux et montant sur la passerelle, le tout afin de susciter l’envie aux visiteurs de l’exposition de venir à l’OHP par la suite.

Photo 18 : Une fenêtre sur la forêt… Miser sur l’effet de surprise : Je n’ai volontairement placé les animaux qu’à partir de la seconde salle. En arrivant dans la première, le public ne s’attend pas à voir des animaux grandeur nature à quelques mètres seulement. En s’approchant de l’entrée de la seconde salle, il est interpellé par à un énorme sanglier juste devant lui. J’ai utilisé la grandeur de cet animal et la présence impressionnante et troublante qu’il dégage pour surprendre le visiteur. Dans le vocabulaire de la magie, on l’appellerait « le prestige », c’est la partie du tour de magie où l’imprévu se produit. Par l’étonnement, je capte l’attention du public qui n’est plus qu’à michemin de la distance qui le sépare du message. Uniformité : Pour le confort des yeux et l’appréhension du contenu, j’ai tenu à aligner tout le style graphique de l’exposition sur celui qui avait été utilisé pour les posters. On définit la charte graphique comme une « identité », un style graphique appliqué sur tous supports d’un même projet ou d’une même institution. J’ai donc appliqué à chaque texte, fond de vitrine, atelier et applications des bornes interactives, la même charte graphique que celle des posters. Ma connaissance des structures muséales de la région (MHN des Villes de Marseille et d’Aixen-Provence, Musée de la réserve géologique de Haute-Provence…), mais aussi de la capitale (Cité des Sciences, Palais de la Découverte, MNHN, Galerie de l’Évolution, Musée du Louvre, Musée du Quai Branly…) fut une grande source d’inspiration, même si notre installation demeurait beaucoup plus modeste.

23


2.1.2.2.

Susciter l’intérêt, accroche et immersion progressive du public

L’objectif de l’exposition est que le public reparte avec un message. Éveiller le questionnement pour qu’il se forge son propre avis. À la sortie de l’exposition, le visiteur doit avoir acquis plus qu’une connaissance mais un changement d’état qui l’affectera dans toutes les actions de son quotidien que ce soit lorsqu’il voyage, fait ses courses, entre dans une librairie ou change de chaîne de télévision. S’il n’était pas déjà sensibilisé sur la thématique, il doit en avoir retenu l’essentiel. En revanche, l’exposition ne doit se suffire d’effleurer la problématique mais doit pouvoir lui offrir également la possibilité d’approfondir son questionnement. Le public visé est extrêmement varié, il est universel. L’exposition se devait de satisfaire les personnes de tous âges, niveau d’étude et classe sociale. L’information dans une exposition peut avoir beaucoup de formes : Texte, image, son, support réel, elle peut être représenté également en la personne d’un guide, d’un médiateur lui aussi support du message. La facilité à appréhender chaque support et à en extraire le message est elle aussi très variable. Ainsi par une utilisation et présentation habile des supports, on peut amener progressivement tous les types de public jusqu’à l’information. La capacité d’accroche et la facilité de chaque support à délivrer le message peuvent être hiérarchisées par la pyramide suivante :

Figure 1 : Schéma mettant en relation la capacité d’accroche et l’aisance d’extraction de l’information des différents types de supports 24


Les supports réels comme les animaux et échantillons vont servir à hameçonner le public. Les médias les plus faciles d’accès doivent contenir l’information essentielle. Le texte, présent sur les posters et au travers des vitrines, peut se permettre de développer certaines informations. Il doit permettre au public d’approfondir les concepts amorcés dans les supports plus abordables comme les jeux interactifs et les supports plus visuels. L’exigence du public est variable, certain se contenteront d’effleurer l’exposition comme d’autres la parcourront dans sa totalité. La multiplicité des approches permet de faire face à la diversité du public et de satisfaire et toucher tout visiteur.

2.1.2.3.

Suggérer beaucoup en disant peu, l’art du médiateur

Le défi de l’exposition et du médiateur est de pouvoir simplifier le message sans en ôter la substantifique moelle de la pertinence scientifique. Inversement il ne peut pas tout expliquer de peur d’inonder le public sous un flot immense d’informations et de risquer de le perdre. Le discours du médiateur par le biais de ses supports doit être non seulement subtil, riche mais également nécessaire et suffisant. Le texte doit être réduit à son minimum et le vocabulaire choisi avec parcimonie. Les dessins, photographies et schémas permettent également d’économiser des mots tout en rendant attrayant le message. Dans l’exemple de la vitrine sur l’écologie des insectes en forêt, les boites d’insectes sont placées selon leur répartition au sein de l’arbre. L’utilisation de flèches aide le visiteur à relier chaque groupe à son habitat au premier coup d’œil. Chacun des 6 encadrés contient environ 50 à 60 mots, pour un total équivalent à une page de livre de poche. Leur espacement dans la vitrine aide à la lecture et invite le visiteur à observer les insectes entre chaque encadré, l’obligeant à faire une pause. Comme pour la réalisation d’un poster, la répartition homogène des illustrations et du texte a été respecté.

25


Photo 19 : Vitrine sur l’écologie des insectes forestiers Les mêmes techniques ont été utilisées notamment pour le jeu sur les chants d’oiseaux. Le descriptif de chaque oiseau a été réduit au minimum. L’information à chaque oiseau passe alors pour une anecdote mais l’ensemble du jeu aborde implicitement un grand nombre de concepts d’écologie sans avoir à les citer. Mésange à longue queue, Rouge gorge

Éthologie animale / sociabilité

Geai des chênes

Zoochorie

Huppe fasciée, Gors bec casse-noyaux, Pics

Relation forme du bec / régime alimentaire

Pics

Espèce clé de voute

Merle Noir

Dimorphisme sexuel

Figure 2 : Tableau figurant les oiseaux cités dans le jeu et leurs concepts écologiques associés

2.1.3. ASSURER ET MESURER LE SUCCES DU PROJET 2.1.3.1.

Visibilité et communication, coordination et avis consultatif du

médiateur Devant l’investissement, autant physique que financier d’un tel projet et de l’ensemble de la manifestation, il est nécessaire d’assurer son succès et la venue de visiteurs. L’utilisation de la presse et des médias est donc primordiale afin de garantir la communication de la manifestation au public. Heureusement l’OHP, fort de son succès, bénéficie depuis plusieurs 26


années d’une large couverture médiatique. La Provence, Le Dauphiné, France télévision, Haute Provence info et autres médias locaux sont souvent présents dès qu’il s’agit de relater les dernières découvertes et manifestations de l’Observatoire. Ma mission fut de rédiger le programme de l’ensemble du triptyque destiné au communiqué et dossier de presse et pour la réalisation de l’affiche et du flyer du triptyque. Mon rôle a été également de coordonner la création de ces derniers en collaboration avec Stéphane Brabant, graphiste sollicité par l’OHP depuis l’an passé. Une fois encore, les compétences en communication du médiateur m’ont été bien utiles. Il ressortait du bilan 2010 que les affiches et flyers étaient trop chargés en informations et que la distinction entre les trois actions et surtout leur localisation, dans le temps et l’espace, était souvent mal comprise par le public. Difficulté supplémentaire, le triptyque de 2011 affichait 3 thématiques : Astronomie, Forêt et Chimie. M’étant déjà exercé à la conception d’affiches et flyers, notamment dans le cadre de l’organisation du colloque « Biodiver’cité phocéenne » en décembre 2010, j’ai pu apporter certaines remarques et conseils pour la réalisation des nouveaux supports : - Il fallait que l’affiche ne présente que les informations capitales, à savoir (par ordre de priorité) : le titre de la manifestation, la mention des 3 actions (Exposition, visites et conférences), la localisation des actions, les coordonnées et enfin les partenaires. Le reste des informations (descriptif détaillé des actions, programme, dates et horaires…) ne devait figurer que sur le flyer. - Les 3 thématiques devaient être immédiatement identifiées à partir d’une illustration les regroupant. - Utiliser un code couleur pour distinguer les trois actions. - Les informations devaient être hiérarchisées selon leur importance. L’utilisation de polices différentes par la taille et la couleur peut aider à hiérarchiser les informations. De même pour l’utilisation de dégradés qui guident le regard. Pour le confort de l’œil, une affiche ne doit cependant pas contenir plus de deux polices différentes. L’œil occidental a également un sens de lecture de gauche à droite et de haut en bas qu’il faut prendre en compte dans l’agencement des informations. - Passer d’un flyer 2 pages à 4 pages afin d’espacer l’information. 27


Après de nombreux mails, échanges téléphoniques et rencontres sur Marseille avec le graphiste, nous en sommes finalement arrivés à proposer une maquette simple, aérée et efficace.

Figure 3 : Comparaison des deux affiches, été 2010 à gauche, été 2011 à droite.

2.1.3.2.

Présence sur l’exposition, assurer un lien direct avec le public

Au cours des dernières décennies l’exposition muséale a subit de grands changements dans son rapport avec le public. La première vocation des musées dont les Muséums d’Histoire Naturelle était l’exposition de pièces de collection. Aujourd’hui, les muséums et sites d’exposition tendent à favoriser la médiation et se placent comme intermédiaire entre le savoir et le public. Le médiateur est là pour assurer ce dialogue. Ainsi on retrouve dans des lieux comme le Palais de la Découverte ou la Cité des Sciences de Paris des espaces réservés à la médiation où science et grand public peuvent se côtoyer. Sachant que chaque année la mairie engageait une personne pour garder l’exposition, j’ai pris l’initiative de suggérer que celle-ci ne soit pas que gardien passif mais également acteur de l’exposition. Mon souhait était de demander à la mairie de privilégier une personne avec un bagage scientifique et préférentiellement en biologie et écologie afin d’assurer un lien entre le contenu de l’exposition et le public. Par mon expérience en tant que médiateur pour le 28


muséum d’Histoire Naturelle de la Ville de Marseille et pour l’association « Les Petits Débrouillards », il m’a été donné l’occasion de constater que le public était très favorable et enthousiaste quant à une présence physique pour les guider et répondre à leurs questions. La présence d’un médiateur sur l’exposition assurerait également la bonne perception du message et serait d’une grande aide dans son évaluation qualitative. La mairie était entièrement d’accord avec ces arguments et nous a donné le feu vert pour démarcher quelqu’un correspondant à ces critères. Malheureusement, ne pouvant pas assurer personnellement cette fonction, nous avons publié une annonce dans les Universités de la région et dans notre entourage pour trouver un remplaçant. Nous avons finalement trouvé une personne qui collait parfaitement aux compétences requises et l’avons proposé à la mairie. Celle-ci a finalement sélectionné le fils d’un employé de la maire ne disposant d’aucunes connaissances scientifiques. Cette expérience fut une amère leçon de vie. J’ai finalement pris sur moi-même pour enfouir ma déception et me comporter comme un professionnel jusqu’au bout. J’aurais pu m’arrêter à cela mais je l’ai pris sous mon aile. Nous l’avons invité à l’Observatoire et je l’ai accompagné sur le sentier pour le former et lui donner un maximum de connaissances en écologie pour qu’il puisse répondre aux questions dont le public était susceptible de lui poser. Une fois l’exposition mise en place, je lui ai fait une visite détaillée pour qu’il puisse se l’approprier.

2.1.3.3.

Bilan quantitatif et qualitatif de l’exposition

Total 2011 : 2492 Moyenne 2011 : 356

517 450 363

355

Total 2010 : 1727 Moyenne 2010 : 216 296

248

Semaine 1

Semaine 2

Semaine 3

Semaine 4

Semaine 5

Semaine 6

263

Semaine 7

Figure 4 : Histogramme de la fréquentation de l’exposition de 2011

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Commentaires rédigés sur le livre d’Or : -

« Très belle exposition et très bien expliquée. »

-

« Très belle idée que ces animaux de notre région... Merci. »

-

« Vive la Provence ! Très beau travail ! »

-

« Super ! Merci pour les enfants. »

-

« C’est super ! continuez ! Merci de cette belle exposition. Je reviendrai. »

-

« Très bonne exposition. Et très explicative. »

-

« Merci pour cette exposition intéressante, je reviendrai pour un nouveau thème. »

-

« Très belle exposition, tellement essentielle pour ne pas oublier d'apprécier notre terre mère et surtout pour mieux la connaître pour mieux la comprendre et mieux la respecter avant de mieux nous respecter nous même... »

-

« Merci pour cette présentation, elle permet une approche à l'adresse de tous, petits et grands, au monde qui nous entoure. »

-

« Très belle exposition, on apprend beaucoup de choses et de façon ludique. »

-

« Merci de cette exposition, elle m'a permis de réviser mes cours de Biologie de 2ème année de Licence. »

-

«C 'était pas mal, merci, mais je préfère le vrai sanglier de Marseille ! »

-

« Beau cadre, jardins magnifiques, responsable de l'expo courtois et gentil ! La présentation d'un herbier de plantes endémiques aurait été un beau bonus ! »

-

« Magnifique exposition qui nous a fait découvrir ou redécouvrir cette nature si merveilleuse et si précieuse. Bravo. »

-

« Très belle exposition et les insectes sont très beaux et c'est très intéressant. Beaux animaux empaillés. Bravo. »

-

« L'exposition était superbe et très intéressante. »

-

« J'ai bien aimé l'exposition ! Elle nous fait découvrir de bonnes choses ! Et plein de découvertes (sur les animaux). »

-

« J'ai bien aimé l'exposition des animaux empaillés mais aussi le quizz sur les oiseaux »

-

« Bravo ! Belle expo et très adaptée à tout public. Mes enfants ont adoré ! Merci et bonne continuation ! »

-

« Une très agréable surprise pour tous nos sens... merci »

-

« Dans un cadre magnifique, très calme et reposant, une exposition très instructive et bien construite. »

-

« Très agréable et instructif moment qui nous interroge sur nos comportements et le devenir de notre environnement. Bravo pour la dynamique pédagogique des installations. Merci et bonne continuation.»

Les commentaires surlignés ont été rédigé par des enfants.

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2.2.LA VISITE DE L’OBSERVATOIRE 2.2.1. CONTENU INITIAL DE LA VISITE ET ANALYSE DU BILAN DE L’ETE 2010 La visite de l’Observatoire se compose du visionnage d’un film de présentation des activités de l’OHP (20 minutes), d’une visite guidée de la grande coupole renfermant le télescope 193 (30 minutes) et d’une visite libre du sentier pédagogique de l’O3HP. Les visiteurs ont eu l’occasion de découvrir également, en cette année 2011, trois installations artistiques dont : - L’exposition « Archeferrouille », de Pierre Boutteau, constituée d’une centaine d’animaux en fer oxydé répartis sur l’ensemble du parcours de la visite, évoquant l’arche de Noé et « la tentative désespérée de conserver les espèces qui disparaissent de plus en plus vite ». - L’installation « Welcome to my little forest », d’Émilie Lasmartres. « Installation interactive et éco-plastique, évoquant une expérience visuelle et sonore à travers une végétation collectée. » - Le recueil de texte et d’illustrations « Chers Messieurs des étoiles… », par Ségolène Gérard. « Un travail d’écriture nourri par l’appréhension poétique de l’infiniment grand et un regard sur les dimensions de l’infiniment petit, embrassant d’un même élan les étoiles et les atomes… »

Figure 5 : Illustration du parcours de la visite de l’OHP

31


2.2.2. ASSURER

UNE BONNE COORDINATION INTERNE, REDACTION DU CAHIER DES

CHARGES

Les visites de l’Observatoire sont une machinerie réglée au millimètre et à la minute près. La visite de la coupole tourne toutes les 30 minutes. L’ensemble des activités proposées doivent s’articuler selon cette contrainte. L’ensemble du personnel impliqué dans la visite doit s’assurer de la bonne rotation du public à travers le parcours. Le personnel ne participant pas à la visite mais également présent sur le site doit pouvoir diriger et conseiller le public éventuellement perdu. Le cahier des charges est un outil pouvant assurer la bonne coordination et information du personnel. C’est un document où est inscrit le cheminement d’un projet, la place et l’attente de chacun. Le cahier des charges dicte aussi la mise en place du projet en amont par la précision des tâches restantes avant son commencement et en leurs attribuant des dates butoirs. Ainsi Nathalie m’a demandé de rédiger le cahier des charges des visites afin de garantir la bonne mise en place et le bon suivi des visites. L’écriture de ce document exige de maitriser dans tous les détails le déroulement du projet. Cela m’a permis de me l’approprier. Au-delà de la simple rédaction du document j’ai pu y apporter une réflexion sur l’amélioration de la signalétique du parcours, mais aussi sur le contenu des visites du télescope. Cette dernière devait être assurée par des animateurs du « Centre Astro » désormais engagés chaque été. Cela impliquait qu’il y allait avoir de nombreux animateurs différents pour la visite. Au cours de l’année, la visite est assurée par le personnel de l’OHP qui s’harmonise pour proposer le même discourt, le même contenu. L’attraction de la visite était le télescope et l’histoire de l’Observatoire. Il fallait s’assurer que les animateurs du Centre Astro, pendant les 30 minutes qui leur était accordé par visite, parlent bien de ces faits et non, bien que cela soit tout aussi passionnant, de l’histoire de l’astronomie, de la formation des galaxies ou tout autre sujet. J’ai donc proposé à Nathalie et Michel Boër de rajouter dans le cahier des charges une section sur le déroulement attendu des visites du télescope. Bien qu’il m’ait été offert d’en apprendre énormément et très vite sur l’astronomie au cours de ces 6 mois de stage, cette discipline n’était pas ma prédilection et je ne pouvais pas compter que sur mes quelques connaissances pour rédiger cette section. J’ai donc sollicité Sergio Ilovaisky, retraité de l’OHP mais toujours actif, habitué à faire les visites pendant l’année, pour m’aider dans sa rédaction. Nous avons convenu ensemble d’une visite type présentant les informations capitales à ne pas omettre. Le document ne se voulait pas dirigiste 32


et accordait une bonne part d’improvisation à l’animateur car de vécu, nous savions que d’une visite à une autre, selon le public et leurs questions, deux présentations ne se ressemblaient jamais à l’identique. Nous proposions un fil conducteur aux animateurs tout en leur laissant une marge de liberté.

2.3.LE CYCLE DE CONFERENCES, MISE EN RELATION DIRECTE ENTRE LA RECHERCHE ET LE PUBLIC 2.3.1. PROPOSER UN CONTENU COHERENT ET PERTINENT Ayant eu l’opportunité d’arriver relativement tôt dans la mise en place de la manifestation de été 2011, j’ai eu la chance de pouvoir coordonner entièrement l’organisation du cycle de conférences de l’OHP, de la définition de la thématique, en passant par la recherche des intervenants, à leur accueil dans la période de mon stage jusqu’à fin juillet. Avant de partir à la pêche des conférenciers, il me fallait définir précisément les grandes thématiques dans lesquels ils s’articuleraient. Partir dans la démarche inverse risquait d’aboutir sur une programmation décousue et difficile à suivre par le grand public. Le thème du cycle de conférences devait rassembler la forêt, la chimie et l’astronomie. Nous avons décidé d’utiliser comme fil conducteur la chimie pour rassembler les deux autres thématiques et proposer un voyage à différentes échelles de notre environnement. Le choix des conférenciers était capital et devait suivre la logique de la thématique. Il devait y avoir une succession cohérente dans le contenu de leur intervention. L’objectif des conférences était double : assurer un lien direct entre la recherche et le public mais également faire naitre ou alimenter la curiosité de ce dernier. C’est aussi un bon exercice pour les chercheurs qui peuvent avoir une idée de l’avis du public sur leurs recherches et en apprendre plus sur leur attentes ou encore leur craintes. Il fallait donc choisir des sujets accrocheurs, captivants et abordables pour le public. Dans cette optique j’ai privilégié des thématiques qui évoquaient à la fois le voyage et l’évasion comme la formation des galaxies, la recherche de vie extra-terrestre mais également des sujets locaux pouvant les toucher comme les incendies forestiers en Provence, ou encore des mécanismes insoupçonnés comme la communication entre les plantes

pouvant susciter leur

curiosité. Je voulais également qu’il y ait une succession logique des intervenants partant de ce qu’il tenait de l’observation proche à la plus lointaine. Voici la programmation finale obtenue pour ce cycle de conférences : 33


Mercredi 6 juillet, Observatoire de Haute-Provence Michel Vennetier, Chercheur au CEMAGREF

" Changement climatique et incendies répétés, menaces pour la forêt et son sol " La combinaison feux fréquents et sécheresses répétées, favorisée par le changement climatique, menace l'équilibre entre les qualités physiques et chimiques du sol et l'activité biologique avec des conséquences importantes sur la biodiversité.

Mercredi 13 juillet, Couvent des Cordeliers Virginie Baldy, Maître de conférences à l’Université de Provence

" Le sol de la forêt : une véritable usine de recyclage chimique " Les feuilles mortes qui tombent au sol en forêt constituent la litière. Sa décomposition joue un rôle clés dans le renouvellement de la matière et donc dans le fonctionnement de l’écosystème forestier.

Mercredi 20 juillet, Couvent des Cordeliers Catherine Fernandez, Maître de conférences à l’université de Provence

"L’écologie chimique ou comment les plantes communiquent avec leur environnement " Les plantes produisent un très grand nombre de substances qui jouent le rôle de signaux entres organismes. Cette communication est au cœur de questions fondamentales sur la dynamique et le maintien de la biodiversité.

Mercredi 27 juillet, Observatoire de Haute-Provence François Raulin, Professeur, Président de la Société Française d’Exobiologie

" Chimie prébiotique et exobiologie dans la banlieue de Saturne " Certains des processus qui ont conduit à la vie sur Terre il y a plus de 3,5 milliards d’années, se produisent actuellement sur plusieurs des satellites de Saturne !

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Mercredi 3 août, Couvent des Cordeliers Alain Klotz, Professeur à l’Université de Toulouse III

" La chimie dans l'Univers " L'astrochimie est une science que les astronomes ont commencé d'explorer depuis une centaine d'années pour sonder le contenu atomique et moléculaire de l'Univers. Cet exposé fera le point sur les résultats des recherches actuelles sur ce sujet.

Mercredi 10 août, Observatoire de Haute-Provence Luc Arnold, Chercheur à l’OHP

" La recherche de la vie sur les autres planètes " Depuis 1995, plusieurs centaines de d’exoplanètes ont été découvertes. Ces planètes tournent autour d’autres étoiles que le Soleil. La vie a-t-elle pu apparaître sur certaines d’entre elles ? Peut-on espérer la détecter aujourd’hui ou avec les futurs observatoires spatiaux ?

Mercredi 17 août, Observatoire de Haute-Provence Pierre Batteau, Directeur de l’Observatoire «Homme milieu» du bassin minier de Provence

" les amours tumultueuses d'Homo Economicus et de Dame Nature " Par son travail incessant de reconquête de l'espace et du temps, la nature accomplit maintes fonctions que l'homme exploite pour son bien-être. En retour l'homme inflige à la nature de terribles blessures mais, pris parfois de culpabilité et mesurant ce qu'elle lui donne, il lui déclare son amour et cherche à se faire pardonner...

Mercredi 24 août, Observatoire de Haute-Provence Joseph Zaccai, Directeur de Recherche au CNRS

" L’eau : première molécule biologique ! " Est ce que la vie existerait en absence d’eau ? Certainement pas dans la forme que nous connaissons. Les propriétés uniques de l’eau permettent l’activité moléculaire du vivant, et les anciens textes ne se trompent pas lorsqu’ils soutiennent que de l’eau nait la vie ! 35


2.3.2. Aspect organisationnel et relationnel du médiateur Le médiateur scientifique a toute son utilité dans la mise en place de cycles de conférences. D’une part car, souvent averti et sortant de formations scientifiques, il dispose d’un large répertoire et de nombreux contacts dans le domaine de la recherche. D’autre part car son aisance à communiquer et sa connaissance des techniques et outils de communication lui permettent de toucher au mieux sa cible (ici les intervenants), susciter l’intérêt et l’envie de participer à son projet. Le bagage scientifique du médiateur et aussi d’une grande aide quant à la garantie de l’harmonisation et de la cohérence de ce projet.

2.3.3. BILAN DE L’ACTION 110 93

Total : 427 Moyenne : 53 60 47 34

33

36

14

06-juil.

13-juil.

20-juil.

27-juil.

03-août 10-août 17-août 24-août

Figure 6 : Histogramme de la fréquentation du cycle de conférences de l’été 2011 Avec un total de 427 visiteurs (264 l’année précédente, soit une augmentation de 38%), pour une moyenne de 53 visiteurs par conférence, le cycle de conférences de l’été 2011se révèle être un succès. Il y a cependant de grands écarts de fréquentation entre les conférences, allant de seulement 14 personnes pour celle du 6 juillet sur les feux de forêts en Provence à un record de 110 personnes le 10 août pour la recherche de la vie sur les autres planètes. Le très faible taux de participation le 6 juillet s’explique par la faible fréquentation touristique en cette première semaine de vacances et à une communication tardive. Pour les années suivantes, il serait conseillé de décaler

le cycle d’une semaine plus tard. La croissance

constante du 13 juillet au 10 août pourrait s’expliquer par l’augmentation de la fréquentation touristique dans la région mais aussi par une fidélisation du public d’une semaine à l’autre.

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3. LA CREATION D’OUTILS INFORMATIONNELS ET PEDAGOGIQUES 3.1.OPTIMISATION DU SITE INTERNET 3.1.1. LE MEDIATEUR , UNE AIDE A LA REFLEXION : AMELIORER LA VISIBILITE DU SITE La seconde mission qu’il m’ait été confiée en dehors de la mise en place du triptyque était l’optimisation de la partie grand public du site internet et notamment celle de l’O3HP. Le temps et l’investissement réservé au triptyque ne m’a pas permis de résoudre pleinement les attentes envers le site au même titre qu’Alexandra l’an passé qui n’avait pu achever cette tâche. Cependant en dépit du temps dont il m’était disposé, j’ai tout de même pu amorcer une profonde réflexion quant à l’orientation et la finalité dont devait aboutir cette partie du site internet, donnant au personnel de l’OHP et de l’O3HP toutes les clés afin de repartir sur de bonnes bases. Voilà ce qu’il ressortait de mon analyse du site actuel : - Le site internet de l’OHP fourmille littéralement d’informations. On peut y trouver un grand nombre de sections réparties en onglets et sous onglet balayant des sujets comme une présentation de l’observatoire et des recherches, l’Historique de l’Observatoire, les publications de recherches par domaine, l’actualité de l’Observatoire, les informations pratiques (localisation, météo…) et enfin une partie « public ». - La partie grand public est très fournie, mais essentiellement en Astronomie. Les parties géophysique et écologie n’en sont réduites qu’à quelques pages (une seule pour l’O3HP). - Au sein même de la partie grand public, les informations sont très chaotiques et la hiérarchisation des pages et très difficile à suivre. Il est facile de se perdre dans des informations très techniques destinées aux chercheurs réparties dans l’ensemble du site. Mon conseil serait à terme de dissocier la partie public et professionnelle afin d’optimiser les deux séparément. Le contenu actuel du site internet est extrêmement riche mais toucherai pleinement ces deux cibles s’il était séparé. Ainsi la partie publique pourrait être refondue dans une nouvelle interface, à l’esthétique accrocheuse, privilégiant l’illustration comme des galeries de photos commentées, et

utilisant des codes de programmation

dynamiques comme le « Flash » ou le « Java » pour mettre en place une interface interactive et intuitive. Garder le contenu mais l’adapter visuellement selon la cible.

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Concernant la partie sur l’O3HP. J’appris à mon arrivée qu’Ilja Reiter, chercheur à l’O3HP et responsable de la structure à l’Observatoire, avait déjà créé un site « O3HP » destiné au personnel, indépendant du site de l’OHP. Ilja m’avait proposé de rattacher la partie grand public O3HP à son site et de créer un système d’identification pour que le visiteur non personnel n’ait qu’une partie des informations. Devant la complexité de cette tâche, tant par sa réalisation que par l’incompréhension qu’elle susciterait aux visiteurs du site, j’ai insisté et fait comprendre qu’il serait dans l’intérêt du public et du personnel que la partie publique « O3HP » soit intégrée en sous menu de la partie publique du site de l’OHP. Avec l’aide et la concertation de toute l’équipe de l’O3HP, nous avons également définit les sections qui constitueraient la partie publique « O3HP » du site de l’OHP, à savoir : -

Page de présentation de la structure (Historique, contexte, rôle et devenir)

-

Présentation des passerelles, des divers types de recherches et des méthodes utilisées

-

Historique de la chênaie de l’Observatoire

-

Biodiversité de la chênaie

-

Galerie photo commentées (passerelle, laboratoire, sentier…)

-

Présentation du sentier pédagogique

La rédaction du contenu de ces pages a été amorcée et suit son cours à la finalisation de ce mémoire. L’ensemble du personnel lié à l’O3HP s’est engagé dans la rédaction de ces pages.

3.1.2. NOUVEL OUTIL, NOUVELLES POSSIBILITES : LES VISITES VIRTUELLES L’outil internet et l’interface de l’ordinateur offre une infinité de nouvelle possibilités quant à la sensibilisation du grand public aux sciences et à l’environnement. Au même titre que le fut la radio puis la télévision, l’ordinateur personnel et internet permettent de toucher le public directement chez lui et de briser la frontière de la distance entre l’émetteur du message et le receveur. L’ordinateur propose cependant une interactivité dont ne dispose pas la radio ou la télévision. C’est de cette interactivité, véritable valeur ajouté de l’informatique, dont il faut tirer profit au service de la médiation. Par la diversité de ses activité de recherches, par ses équipement à la pointe de la technologie et par la beauté de son site, l’OHP possède un réel potentiel d’émerveillement et donc de sensibilisation aux sciences. Cependant, mon avis est que ce potentiel n’est aujourd’hui pas pleinement exploité. En effet, la visite de l’observatoire reste encore restreinte à une 38


infime partie de ses installations et les observations au télescope restent impossibles. Le matériel étant destiné à la recherche, il serait risqué pour les mesures, autant en astronomie qu’en géophysique et environnement, de faire circuler le public sur l’ensemble du site. Dans l’optique de pouvoir faire profiter au public l’ensemble de ce potentiel et de réduire la distance qui le sépare de la recherche, j’ai développé un outil, celui des visites virtuelles.

Figure 7 : Illustration du principe des visites virtuelles Le principe est le suivant : Par un navigateur web tels « Explorer » ou « Firefox », les visiteurs du site internet peuvent parcourir les lieux d’intérêts de l’OHP dont ils n’ont pas accès par la visite « physique » de l’Observatoire. L’utilisation d’images immersives panoramiques leur permet de se balader littéralement au sein de l’Observatoire à partir de chez eux. Une fois dans les photos panoramiques, les utilisateurs peuvent cliquer sur certains éléments « du décor » pour afficher des informations textuelles, photographies et divers documents complétant leur visite : on parle de réalité augmentée. La visite de ces pages web peut à la fois servir à préparer une venue à l’Observatoire que pour en compléter la visite. Ainsi, télescopes interdits au public et passerelles de l’O3HP sont maintenant visitables par tous, en toute heure, par le biais d’internet. L’outil m’a également permis de valoriser le sentier pédagogique de l’OHP, Photographié dans sa totalité. L’ensemble des panoramas a été rassemblé au sein d’une même page figurant la carte de l’OHP et les lieux d’intérêt. L’initiative a été très favorablement accueillie par la direction et par le personnel y voyant une très bonne idée de communication et de sensibilisation. Les pages sont aujourd’hui visibles sur le site internet à l’adresse : http://www.obs-hp.fr/Visite_Virtuelle/vv.shtml 39


3.2. REDACTION D’UN LIVRET PEDAGOGIQUE A L’ATTENTION D’ENSEIGNANTS L’OHP accueille chaque année plus de 9 000 visiteurs (grand public et scolaires confondus). L’O3HP souhaiterait mettre au profit des collégiens le sentier pédagogique de l’Observatoire, idéal pour illustrer nombres de partie du programme scolaire en SVT. Dans cette optique, Thierry Gauquelin m’a demandé d’entamer la réflexion sur la réalisation d’un livret pédagogique à destination d’enseignants du collège afin de leur donner tous les outils nécessaires à la préparation de leur visite. Mon regret fut de ne pas avoir assez de temps pour entamer la rédaction de ce livret. J’ai cependant pu en définir la forme et le contenu précis : -

Un sommaire

-

Une présentation de l’OHP et de l’O3HP qui servirait de présentation générale.

-

Une présentation du projet et du parcours pédagogique.

-

Un plan de l’OHP, pour situer le sentier, toilettes…

-

Un plan du parcours pédagogique avec la localisation de chaque panneau sur le sentier.

-

Le contenu détaillé du sentier. Chaque panneau serait repris et commenté en 2 à 4 pages dans lesquelles figureraient : les notions clés évoquées, les parties du programme scolaire correspondantes (de la sixième à la troisième), des travaux pratiques et activités pouvant accompagner la visite sur place ou en classe, et enfin d’un renvoi vers une bibliographie, vidéographie et webographie pouvant compléter les connaissances du panneau ou servir comme support pédagogique ultérieurement.

-

Les informations pratiques (accès, itinéraire, autoroutes, plan du département pour situer l’OHP, matériel requis)

-

Règles de sécurité

-

Lexique et index J’ai également estimé le budget nécessaire à la réalisation du projet auprès du

graphiste et ai commencé à chercher des pistes de subvention auprès de la région, du département et du rectorat d’Aix-Marseille. La réflexion quant à la rédaction de ce livret fut pour moi un bon exercice car il m’a permis de m’essayer à la médiation d’un tout autre public : les enseignants, qui eux même représentent une certaine catégorie de médiateurs. Cela a nécessité une toute autre approche car les enseignants, notamment en SVT, ont déjà acquis une démarche scientifique et ont un très 40


bon bagage de connaissances. L’intérêt et l’enjeu du livret et du sentier sont de pouvoir illustrer par un exemple local les parties du programme scolaire, ce qui manque souvent, selon moi, dans les cours du secondaire trop souvent illustré par les manuels au contenu généraliste.

3.3.LE SUPPORT AU SERVICE DE L’ANIMATION 3.3.1. PRIVILÉGIER LA MANIPULATION Dans le cadre de la manifestation du salon du livre scientifique de Forcalquier, en avril 2011, il m’a été donné l’occasion d’animer un stand à destination des scolaires pendant une demi-journée. Le thème principal du salon était l’alimentation et la biodiversité. L’âge du public attendu était de 8 à 10 ans. Deux groupes de 10 élèves se sont succédés, une heure pour chaque intervention. Je cherchais à créer une activité d’éveil regroupant les thématiques de l’alimentation et de la biodiversité tout en faisant le lien avec les activités de l’O3HP. Je voulais axer l’animation sur la manipulation d’insectes et sur l’observation des pièces buccales afin de faire ressortir le lien régime alimentaire et adaptation. Malheureusement le manque de matériel (échantillons et loupes binoculaires) ne m’ont pas permis de mettre en place cette activité. Je voulais cependant que cette animation privilégie la manipulation et l’observation d’échantillons réels, quitte à m’éloigner de la thématique de l’O3HP. J’aurai pu illustrer mes propos à l’aide de photographies mais l’effet escompté vis-à-vis du message n’aurait pas été le même. J’ai également tourné l’animation sous forme de jeu, souhaitant sortir du schéma scolaire et de celle des simples travaux pratiques. J’ai donc fait appel à deux anciens professeurs de l’Université Saint-Charles : Madame Corine Cuoc et Monsieur Bernard Barascud pour emprunter à la Faculté des cranes d’une dizaine de vertébrés. J’ai dévié la thématique de l’animation sur l’observation de la dentition et de la mâchoire et la mise en relation avec l’alimentation de l’espèce.

3.3.2. VALORISATION DE L ’ANIMATION PAR LE FASCICULE PEDAGOGIQUE Il m’était important que les enfants puissent repartir de l’activité avec un objet ou un support la valorisant dans le temps suivant. Il était évidemment impossible de les laisser repartir avec un crane… J’ai donc réalisé un fascicule qui leur permettrai de noter au fur et à mesure ce qu’ils observeraient pendant l’activité et qu’ils pourraient emporter chez eux. Ce fascicule se devait d’être très illustré, avec un minimum de texte. L’utilisation de schémas de 41


mâchoires et de légendes à remplir devait les obliger à être attentif à chaque détail et à affiner leur observation visuelle. Quatre pages constituaient le fascicule : - Une page de garde présentant le schéma d’une molaire ayant pour but de leur faire se poser les questions « qu’est-ce qu’une dent ? », « de quoi est-elle faite ? », et un schéma de la dentition humaine afin de différencier les divers types de dents (incisives, canines, molaires, prémolaires). Un code couleur est utilisé pour chaque type de dents dans l’ensemble du fascicule afin de mieux comparer les différences entre chaque espèce. - Une double page intérieure avec 4 schémas à légender représentant un type de mâchoire caractéristique de vertébrés (carnivore, ruminant, rongeur, omnivore). Les enfants devaient se baser sur l’observation des vrais cranes pour compléter leur schéma. Ils devaient faire attention à la place de chaque type de dent, leur forme, leur nombre et la forme de la mâchoire. - Sur la dernière page figurait un petit jeu permettant une ouverture sur l’observation d’autres crânes et dentitions atypiques comme celle du tigre à dent de sabre, narval, requin, serpent, et une touche d’humour par l’ajout d’un dentier de grand mère.

Figure 8 : Pages intérieures du fascicule de l’animation « La biodiversité à pleines dents ! »

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3.3.3. LA MISE EN PLACE ET LE DEROULEMENT DE L’ACTIVITE L’animation devait se dérouler au Couvent des Cordeliers, dans une des 3 salles devant accueillir l’exposition en juillet. Comme pour une exposition, l’espace lors d’une animation se doit d’être réfléchie selon le contenu de l’activité. Afin de faciliter l’observation des cranes, je les ai disposé sur 3 tables alignées permettant les allées et venues des enfants. J’ai espacé les tables pour que je puisse me mouvoir librement entre le devant et l’arrière. Je souhaitais éviter le plus possible de me trouver derrière les tables afin de casser le schéma conventionnel professeur/élève. Les trois tables ont été disposées de façon concentrique de manière à créer un espace de discussion dans l’espace total de la pièce. En compartimentant ainsi l’espace je facilite la concentration et l’immersion des enfants. J’ai positionné les tables avec les cranes dans le coin opposé de l’entrée pour que les enfants ne les découvrent qu’au dernier moment, misant encore une fois sur l’effet de surprise pour capter leur attention dès leur arrivée. Face aux cranes j’ai disposé deux tables côte à côte et des chaises tout autour pour créer un espace plus destiné à l’écriture si les enfants désiraient s’assoir pour compléter les fascicules. L’expérience s’est très bien déroulée. Les enfants ont tous été captivés par l’activité. Dès le départ, je leur ai expliqué qu’ils ne devaient pas hésiter à parler et poser des questions même si elles leur semblaient stupides et qu’ils ne seraient pas évalué. Les écoliers, victimes du système d’évaluation de l’éducation et craintifs des remarques de leurs camarades n’osent plus intervenir et discuter librement. Grace à cette mise en confiance, les enfants ont été très volontaires et participatifs. Ils étaient également ravis de repartir avec leur petit fascicule. Photo 20 : Déroulement de l’animation

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3.4. CRÉATION DE SUPPORTS GRAPHIQUES 3.4.1. RÉDACTION DU CONTENU Au cours de mon séjour à l’OHP, J’ai également pris l’initiative de proposer trois nouveaux panneaux explicatifs pour illustrer le contenu de la visite de la coupole ainsi que 2 nouveaux panneaux pour le sentier pédagogique. (Cf annexes 13 et 14) Concernant les panneaux destinés à la coupole, j’ai ciblé préférentiellement les notions qui me semblaient difficiles à comprendre ou à visualiser pour le public lors de la visite. Ces nouveaux panneaux serviraient à aider les guides à illustrer leur propos. Ainsi, j’ai choisi de concevoir un panneau sur la différence entre une lunette et un télescope (les visiteurs ne pouvant voir l’intérieur du télescope 193, beaucoup ne savent pas la différence entre les deux), un deuxième panneau synthétique sur le trajet de la lumière, de sa création au centre des étoiles jusqu’à son arrivée dans le spectrographe sous le télescope, et enfin un troisième panneau sur lequel, dans l’optique de lever le voile sur les parties interdites au grand public, figure une coupe de la coupole et localise chaque pièce d’intérêt et son rôle. Pour les panneaux du sentier, on m’avait demandé d’en créer un spécifique sur les oiseaux de la chênaie qui se tiendrait en haut de la passerelle du sentier. J’ai sélectionné préférentiellement 4 espèces dont le public avait le plus de chance de rencontrer (d’après les inventaires réalisés à l’OHP et dans la région) et qui dégageaient également suffisamment d’intérêts écologiques : le geai des chênes, le gros bec casse-noyaux, la huppe fasciée et les pics. J’ai également proposé un nouveau sujet pour le sentier souvent méconnu du grand public mais fort intéressant, celui des gales de chêne, micro-écosystème insoupçonné dont dépendent de nombreuses espèces d’insectes.

3.4.2. RÉALISATION GRAPHIQUE La conception graphique d’un panneau n’est pas à prendre à la légère. L’œil humain a ses habitudes et ses codes qu’il faut respecter afin de lui faciliter la lecture. Ces codes changent et se façonnent selon l’évolution des médias. Avec l’explosion de l’internet 2.0 depuis une dizaine d’année, plus ergonomique et stylisé, notre œil s’est habitué à balayer l’information très vite, et s’est habitué à une information très illustré. C’est « la lecture sur écran », ayant succédée à la « lecture sur papier ». L’ensemble des médias, journaux, magazines, télévision, s’est adapté à cette nouvelle façon de lire. 44


Fini les longues colonnes de textes séparé des illustrations à l’image de nos livre papier, l’information est entremêlée. C’est la lecture hypertextuelle. L’œil parcourt le support non plus de manière linéaire mais construit lui-même son parcours. Face à cette lecture aléatoire, le médiateur et concepteur graphique doit user de stratagèmes pour guider le lecteur. La mise en relief peut aider à orienter son œil. A l’aide d’encadrés, sous encadrés, jeux d’ombres et de perspectives, l’information gagne en volume et en hiérarchie. De même, la variation de taille des caractères et l’utilisation de plusieurs polices guide le regard. Je me suis servi de ces astuces pour concevoir les nouveaux panneaux du sentier et ceux de la coupole. Je me suis aidé du logiciel Adobe Photoshop pour les concevoir. De la même façon que pour l’exposition, j’ai tenu à m’aligner sur la charte graphique qu’avait initiée le graphiste l’an passé pour les panneaux du sentier. J’ai pu cependant créer ma propre charte pour les panneaux de la coupole.

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CONCLUSION Au cours de mon stage, il m’est arrivé de voir le médiateur comme un espace virtuel, ayant pour but de réunir différents acteurs et partenaires, une plateforme de concertation et d’action. Beaucoup le comparent à un chef d’orchestre assurant l’Harmonie entre ses musiciens. Le médiateur rassemble.

Il assure un rôle d’intermédiaire entre le savoir et le

« profane » et garantit l’acquisition de toutes les clefs qui permettront au public de se forger un avis critique. C’est un agitateur de curiosité. Mais il assure aussi un lien bilatéral en faisant remonter les besoins et le questionnement du public au monde de la recherche. Le médiateur scientifique justifie pleinement son rôle et sa nécessité dans la mise en place de manifestations grand public, occasion de rassembler l’ensemble des acteurs de la science dont le public fait lui-même partie Par sa maîtrise des techniques et outils de communication, le médiateur est aussi d’une aide redoutable quand à faciliter le cheminement du message de son émetteur à son destinataire. Ma responsabilité en tant que médiateur, même stagiaire, était donc grande. Je devais dès le départ assurer ma crédibilité et mon professionnalisme afin de pouvoir coordonner autant d’acteurs et d’actions. Le statut de stagiaire nous catalogue d’emblée comme une personne passive et extérieure à la structure. Je pense avoir réussi à dépasser ces aprioris et montrer qu’un « stagiaire » peut tout autant s’impliquer que n’importe quel employé au sein d’une structure et en être aussi bien acteur et moteur. L’Observatoire de Haute-Provence m’a permis de m’épanouir dans cette fonction et d’y aborder de nombreux aspects et expériences. Le plaisir à coordonner un projet de A à Z et surtout de le voir toucher à son but a renforcé mon désir d’évoluer dans la médiation et dans la sensibilisation du grand public aux sciences et à l’environnement.

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BIBLIOGRAPHIE Pour la rédaction du mémoire : Abric J.C., 2010. Psychologie de la communication. Théorie et méthodes. Paris : Armand Colin, 186p. Barberousse A., Bensaude-Vincent B., Duris P., Gandon S., Gohau G., Gonzalez S., Savaton P., 2010. Épistémologie et Histoire des Sciences. Paris : Vuibert – CNED, 264p. Barthélémy G., 2009. Histoire des Sciences. Paris : Ellipses Édition, 746p. Cabin P., Dortier J.F., 2008. La communication. État des savoirs. Auxerre : Sciences Humaines Éditions, 412p. Terrasson F., 2007. La peur de la nature. Au plus profond de notre subconscient, les vraies causes de la destruction de la nature. Paris: Sang de la Terre, 192p. Wagensberg J., 1997. Treize principes pour une muséologie scientifique moderne. Visité le 12/02/2011. http://www.tribunes.com/tribune/alliage/44/Wagensberg_44.htm

Pour la réalisation de l’exposition : Aulagnier S., Haffner P., Mitchell-Jones T., Moutou F., 2008. Guide des mammifères d'Europe, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Paris : Delachaux et Niestlé, 271p. Bang P., Dahlström P., 2010. Guide des traces d’animaux. Les indices de présence de la faune sauvage. Paris : Delachaux et Niestlé, 264p. Barbault R., 2008. Écologie générale. Structure et fonctionnement de la biosphère. Paris : Dunod, 390p. Vila B., Torre F., Guibal F., Martin J.L., 2004. Assessing spatial variation in browsing history by means of fraying scars. Journal of Biogeography, 31, 987–995. Chinery M., 2005. Insectes de France et d’Europe occidentale. Paris : Flammarion, 320p. Dajoz R., 2007. Les insectes et la forêt. Rôle et diversité des insectes dans le milieu forestier. Paris : Ed. Tec & doc, 648p. Dierl W., Ring W., 2009. Guide des insectes. La description, l’habitat, les mœurs. Paris : Delachaux et Niestlé, 237p. Faurie C ., Ferra C., Médori P., Dévaux J., Hemptinne J.L., 2003. Écologie, approche scientifique et pratique. Londre : Ed. Tec & doc, 407 p. Flitti A., Kabouche B., Kayser Y., Olioso G., 2009. Atlas des oiseaux nicheurs de Provence-Alpes- Côte d’Azur. Paris : Delachaux et Niestlé, 543p. Leraut P., Blanchot P., Hodebert G., 2003. Le guide entomologique. Paris : Delachaux et Niestlé, 527p. Ramade F., 2005. Élément d’écologie. Écologie appliquée. Paris : Dunod, 864p. Renault J.M., 2000. La Garrigue. Grandeur Nature. Paris : Pélican, 330p. 47


ANNEXES

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TABLE DES ANNEXES Annexe 1 : Plan De l’OHP Annexe 2 : Affiche de la manifestation 2011 Annexe 3 : Flyer de la manifestation 2011 Annexe 4 : Article de l’hebdomadaire « Haute-Provence Info », 15 juillet 2011 Annexe 5 : Plan de l’exposition au Couvent des Cordeliers Annexe 6 : Panneaux de l’exposition Annexe 7 : Photographies des vertébrés présents sur l’exposition Annexe 8 : Présentation du contenu de la vitrine sur l’écologie des insectes de l’exposition Annexe 9 : Photographie de la vitrine sur la dendrochronologie de l’exposition Annexe 10 : Photographie du jeu sur les insectes de l’exposition Annexe 11 : Présentation du jeu sur les chants d’oiseaux de la borne interactive de l’exposition Annexe 12 : Photographies du cabinet de curiosités de l’exposition Annexe 13 : Nouveaux panneaux pour le sentier pédagogique de l’OHP Annexe 14 : Panneaux pour la visite du télescope 193 Annexe 15 : Fascicule pour l’animation du salon du livre scientifique de Forcalquier Annexe 16 : Présentation de la partie visite virtuelle du site internet de l’OHP

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