Résilience d’un Géant Africain Volume I

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118 Aussi, le manque de cohésion des politiques de la RDC a été un facteur majeur qui explique les problèmes qui ont affecté la mise en place d’une approche décentralisatrice. Comme l’a expliqué l’analyse détaillée de Mutamba Dibwe (2008), les failles politiques dans la coalition au pouvoir coïncident avec une faille plus profonde en RDC, c’est-àdire le débat entre le fédéralisme et l’unitarisme qui provient des premières années de l’indépendance. Depuis la formation du gouvernement de Gizenga, en 2007, la balance politique a oscillé entre les partisans et les opposants de la décentralisation, sans qu’aucun des camps ne puisse pousser le débat de façon décisive dans une direction. Le Chef d’État, qui a le pouvoir d’orienter le débat dans une direction ou l’autre, a décidé de se tenir à l’écart de la question, sauf pour deux gestes qu’il a posés pour désamorcer des situations tendues.10 Ceci, combiné à l’incapacité des Gouverneurs à agir efficacement comme un groupe voué à la promotion des intérêts collectifs, explique l’inertie persistante qui afflige les litiges du pays. Bien que tous les politiciens de tout parti reconnaissent l’importance de créer un système de gestion intergouvernemental fonctionnel, aucun problème critique émanant du débat sur la décentralisation n’a été résolu. Donc, le processus de décentralisation est devenu un exemple typique des difficultés générales qui sont posées pour faire agir les politiciens collectivement dans l’intérêt commun. Finalement, les difficultés à engager le processus de décentralisation sont aussi liées à la planification de l’ensemble du projet et aux spécificités illusoires qui affligent les prévisions particulières de la décentralisation. En considérant les difficultés générales pour arriver à une entente sur des questions essentielles qui concernent la politique de la RDC, les attentes qui prévoyaient des débuts efficaces pour les autorités locales et provinciales, celles annonçant l’octroi de ressources (sans prendre en compte les difficultés techniques de la délimitation des relations dans un nouveau système intergouvernemental de fiscalité) et le transfert des compétences étaient irréalistes. En y additionnant le fait que les intérêts privés (voir Verhaghe 2007), qui touchent tout autant le niveau politique que celui des services publics, prévalent dans le maintien d’un statu quo qui leur est profitable dans le domaine des services à l’emploi et du système des salaires, ces ententes étaient vouées à l’échec dans leur façon d’être conçues. Dans ce contexte, le fait que des progrès substantiels aient été réalisés dans la création des autorités provinciales demeurent un exploit. Créer un système fonctionnel de gestion intergouvernementale demeure un élément essentiel de la réforme institutionnelle, et une condition tout aussi essentielle au succès des programmes gouvernementaux de développement économique et social. Les leçons tirées de quatre années d’efforts à créer un tel système, soit une meilleure conception et des efforts plus soutenus dans la création de coalition autour des problèmes de l’État, sont nécessaires si l’on considère que la situation actuelle puisse être améliorée. Même si


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