2. Tendances et profil de la pauvreté et de la prospérité partagée1 Bien que toujours élevé, le taux de pauvreté a reculé en Haïti Les données récentes donnent à penser que la pauvreté extrême aurait reculé en Haïti au cours de la dernière décennie (figure 2.1). La proportion des Haïtiens vivant dans la pauvreté extrême est passée de 31 % en 2000 à 24 % en 2012. Les progrès ont cependant surtout été observés en zones urbaines (Banque mondiale et ONPES, 2014).2 La proportion de la population vivant dans la pauvreté extrême est passée de 21 à 12 % et de 20 à 5 % respectivement dans les autres zones urbaines et métropolitaines, mais elle est restée la même dans les zones rurales.3 Cette tendance est confirmée par les indicateurs monétaires et non monétaires de la pauvreté, et l’éducation est le facteur non monétaire qui a enregistré les progrès les plus sensibles (tableau 2.1). La proportion des ménages dont tous les enfants d’âge scolaire fréquentent l’école s’établit à environ 90 %, contre environ 80 % en 2001. Les taux de vaccination sont également en hausse. Enfin, bien que les données qui permettraient d’évaluer les tendances de la pauvreté modérée ne soient pas disponibles, la situation à ce propos devrait aussi s’être améliorée au cours de la dernière décennie. La pauvreté reste cependant endémique en Haïti et varie grandement. Haïti est le pays le plus pauvre d’Amérique latine et compte parmi les pays les plus pauvres au monde en termes de PIB par habitant et de
développement humain.4 Le taux de pauvreté global s’établit à environ 59 %, et 24 % des Haïtiens vivaient dans la pauvreté extrême en 2012, ce qui signifie que près de 6,3 millions de personnes étaient incapables de subvenir à leurs besoins essentiels et que 2,5 millions ne mangeaient pas à leur faim.5 Les taux de pauvreté et de pauvreté extrême sont beaucoup plus élevés en zones rurales. Plus de 80 % des Haïtiens qui vivent dans la pauvreté extrême se trouvent en zones rurales, et 38 % ne sont pas en mesure de satisfaire à leurs besoins nutritionnels, contre 12 % dans les zones urbaines et 5 % dans les zones métropolitaines (c’est-à-dire dans la région de la capitale nationale). Les régions les plus pauvres sont les plus éloignées de la capitale et les plus isolées. Les départements les plus pauvres sont géographiquement concentrés dans le nord : le taux de pauvreté extrême dépasse les 40 % dans le nord-est et dans le nord-ouest, contre 5 % dans l’agglomération de Port-au-Prince (carte 2.1). De plus, l’inégalité des revenus est la plus élevée des pays de la région, et elle s’est aggravée dans les zones rurales. Le coefficient de Gini a stagné à environ 0,6 de 2001 à 2012, mais cette donnée masque des disparités régionales importantes : l’inégalité s’est aggravée dans les zones rurales (de 0,49 à 0,56), mais elle s’est amenuisé dans les zones urbaines (de 0,64 à 0,59). Les données préliminaires donnent à penser que les hausses observées du revenu du travail et des transferts privés pourraient avoir contribué à la réduction de l’inégalité dans les zones urbaines.
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