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4.1 Groupes de pays et comparateurs
pour les pays d’Afrique subsaharienne présents dans les CVM, la dépendance aux exportations de produits bruts est susceptible de freiner les activités manufacturières qui créent et renforcent les liens en amont.
Dans la mesure où les biens intermédiaires sont essentiels à la montée en gamme qualitative et à l’amélioration de la productivité (Amiti et Khandelwal, 2013 ; Amiti et Konings, 2007 ; Halpern, Koren et Szeidl, 1993), les pays d’Afrique subsaharienne doivent établir des stratégies afin de créer un environnement favorable aux activités manufacturières, de façon à faciliter les liens en amont et ainsi générer un transfert de connaissances et de technologies par le biais des intrants intermédiaires importés. Néanmoins, la très grande hétérogénéité des taux constatés en matière de liens en amont et en aval indique que les panoplies de politiques économiques visant à favoriser l’intégration aux CVM, aux niveaux nationaux et sous-régionaux, ne peuvent être uniformisées.
Similarités entre les pays d’Afrique subsaharienne et les pays d’Asie du Sud et du Sud-Est en matière de liens avec les CVM du secteur manufacturier
Les taux d’intégration aux CVM des entreprises manufacturières d’Afrique subsaharienne sont relativement élevés comparés aux taux constatés dans le groupe de pays de référence composé du Bangladesh, du Cambodge, de l’Indonésie et du Vietnam (encadré 4.1). Les taux d’intégration sont plus élevés pour les pays exportateurs de pétrole (pays riches en ressources pétrolières)
ENCADRÉ 4.1
Groupes de pays et comparateurs
Les regroupements de pays utilisés dans l’analyse de la chaîne de valeur mondiale se basent sur une classification par ressources naturelles, par population et par revenu par habitant. Pour chaque groupe, on compare les tendances des économies les plus importantes par rapport aux autres économies du groupe, en se basant sur une moyenne pondérée par la population, tout en comparant ces mêmes tendances à une moyenne pondérée similaire appliquée à un groupe de pays de référence situés dans d’autres régions du monde.
Les économies exportatrices de pétrole comprennent l’Angola, le Tchad, le Congo, la Guinée équatoriale, le Gabon et le Nigéria. Les économies riches en minerais et en métaux sont le Botswana, le Burkina Faso, la République centrafricaine, le Congo, le Ghana, la Guinée, le Mali, la Namibie, le Niger, la Sierra Leone, l’Afrique du Sud et la Zambie.
Les pays à revenu intermédiaire du groupe de pays pauvres en ressources sont le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, l’Eswatini, le Kenya, le Lesotho, Maurice, São
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Tomé-et-Principe et les Seychelles ; les économies à revenu faible sont (1) le Bénin, la Gambie, le Liberia, Madagascar, le Malawi, le Mozambique, le Sénégal et le Zimbabwe pour l’Afrique australe et l’Afrique de l’Ouest, et (2) le Burundi, l’Érythrée, l’Éthiopie, le Rwanda, la Somalie, le Soudan, la Tanzanie et l’Ouganda pour Afrique de l’Est.
Le groupe des pays externes faisant office de comparateurs comprend le Bangladesh, le Cambodge, l’Indonésie et le Vietnam. Ces pays ont été sélectionnés d’une part, car ils sont comparables aux plus grands pays de la région en termes de population et de revenu par habitant, et d’autre part car ils ont entamé un processus d’industrialisation. Les populations respectives de ces pays en 2017 étaient de 16 millions d’habitants pour le Cambodge, 96 millions pour le Vietnam, 158 millions pour le Bangladesh et 261 millions pour l’Indonésie. Ces chiffres sont comparables aux populations respectives de la Zambie (16 millions d’habitants), de la République démocratique du Congo (83 millions d’habitants), de l’Éthiopie (105 millions) et du Nigeria (191 millions). Les quatre pays du groupe de référence sont des économies à revenu intermédiaire dont les revenus par habitant en 2017 étaient d’environ 4 000 dollars US au Bangladesh et au Cambodge, 6 900 dollars US au Vietnam et 12 400 dollars US en Indonésie. Ces revenus par habitant sont comparables aux niveaux de revenus constatés au Malawi (1 180 dollars US), au Kenya (3 500 dollars US), au Nigeria (5 900 dollars US) et en Afrique du Sud (13 500 dollars US). Ainsi, l’Indonésie, par exemple, peut raisonnablement être comparée au Nigeria en matière de ressources naturelles et de population.
Note : Les estimations de population sont issues de la base de données Gravity du CEPII, à l’exception de la République démocratique du Congo, pour laquelle les estimations sont issues de la base des Indicateurs du développement dans le monde, qui est également la source des estimations de revenu par habitant.
et les exportateurs de minerais et de métaux (pays non riches en ressources pétrolières). Les liens avec les CVM du secteur manufacturier varient de 59 % pour les exportateurs de pétrole à 45 % pour le groupe de pays exportateurs de minerais et de métaux, et sont de 37 % pour le groupe de pays pauvres en ressources naturelles. Ces chiffres sont élevés, même lorsqu’on les compare à la moyenne du groupe de pays de référence, dont les taux moyens sont d’environ 55 % (graphique 4.3).
Les dynamiques de participation aux CVM entre 1995 et 2015 révèlent des disparités flagrantes entre les groupes de pays. En effet, les taux d’intégration se sont nettement étiolés au cours des dernières années pour les pays pauvres en ressources naturelles, tandis qu’ils ont fortement augmenté pour le groupe des pays exportateurs de minerais et de métaux (groupe de pays non riches en ressources pétrolières), comme le montre le graphique 4.3. Entre 1995 et 2015, la participation aux CVM pour le groupe de pays pauvres en ressources naturelles et le groupe de pays exportateurs de pétrole a respectivement chuté
Graphique 4.3 Liens avec l’ensemble des CVM du secteur manufacturier, par groupe de
pays
Intégration dans les CVM (en %) 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 –10 –20 37 45 59
23
33 55
Totalité des pays pauvres en ressources Pays non riches en ressources pétrolières Exportateurs de pétrole PRI non riches en ressources PFR non riches en ressources
Groupe de pays référence
Intégration en amont 2015 Intégration en aval 2015 ∆ Participation aux CVM 2015–1995 ∆ Intégration en amont 2015–1995 ∆ Intégration en aval 2015 Participation aux CVM 2015
Source : Abreha et al., 2019. Note : CVM = chaîne de valeur mondiale ; PFR = pays à faible revenu ; PRI = pays à revenu intermédiaire.
de 7 % et de 11 %, tandis qu’elle a augmenté de 10 % pour les pays exportateurs de minerais et de métaux (pays non riches en ressources pétrolières) et de 6 % pour les pays comparateurs extérieurs à la région. Ainsi, au cours de cette période, on constate que les exportateurs de minerais et de métaux se sont davantage intégrés aux CVM du secteur manufacturier que les pays comparateurs.
Les pays exportateurs de pétrole et les pays exportateurs de minerais et de métaux présentent des liens en aval plus importants que les pays pauvres en ressources naturelles, tandis que ces derniers présentent des liens en amont plus importants que les deux autres groupes. Cette situation tend à montrer que des liens en aval plus importants sont en général la conséquence de l’exportation de ressources naturelles ; en retour, cela explique en grande partie les taux de participation aux CVM plus élevés constatés pour les pays exportateurs de pétrole et les pays exportateurs de minerais et de métaux. Ainsi, la valeur ajoutée étrangère (FVA) contenue dans les exportations des pays disposant de ressources naturelles est souvent faible, tandis que la valeur ajoutée domestique (DVX) y est souvent élevée, ces exportations concernant essentiellement l’exportation à faible valeur ajoutée de pétrole, de minerais et de métaux.