2008 - Wintrebert - Les jeunesses face à leur avenir. Une enquête internationale

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Conclusion : quel projet politique pour la jeunesse ?

qu’ils ne se sentent pas en situation de dépendance à l’égard de leur famille (70 % des 16-29 ans, soit plus que dans les autres pays européens analysés, sont satisfaits de leur famille ; 80 % considèrent qu’elle donne du sens à leur vie). L’autonomie ne signifie donc pas coupure et désaffiliation, bien au contraire. La famille est une instance de socialisation qui valorise les individus et leur donne confiance.

les jeunes et la société La question du rapport entre les jeunes et la société surplombe en quelque sorte les thèmes étudiés précédemment. Elle permet en effet d’appréhender le sentiment général de satisfaction, d’intégration et de confiance, et, in fine, la manière dont les individus s’inscrivent dans le présent et se projettent dans l’avenir. Les jeunes adhèrent-ils à la société dans laquelle ils vivent ? Ont-ils le sentiment d’être membre d’un « ensemble commun », de partager des valeurs communes ? Peuvent-ils s’identifier à leur société, faire confiance à ses institutions, participer à son développement ? Le niveau d’intégration sociale – autrement dit, le sentiment d’appartenance et de confiance (dans les individus comme dans les institutions) – diffère considérablement selon les pays étudiés. La crise de confiance dans la société et dans ses élites, fortement ressentie dans plusieurs pays d’Europe (France, Allemagne, Royaume-Uni) conduit, selon Olivier Galland, à une forme de résignation, « comme si leur sort était écrit à l’avance, sans qu’ils puissent orienter le cours de leur vie dans un sens favorable ». La vision de l’avenir est ainsi sombre, en particulier chez les jeunes Français, qui sont « les moins nombreux à penser qu’ils ont une liberté et un contrôle sur leur avenir ou à estimer que les ‘‘gens de leur pays’’ peuvent choisir leur propre vie ». Olivier Galland met en avant des différences notables entre les sociétés dans lesquelles les jeunes se sentent optimistes quant à leur avenir personnel (pays du nord de l’Europe et États-Unis) et celles dans lesquelles ils ont une vision plus négative (France, Italie et pays de l’est de l’Europe). Il propose plusieurs niveaux d’analyse pour expliquer ce décalage. D’une part, les jeunes sont soumis à des contraintes objectives : un taux de chômage faible donne naturellement plus de perspectives d’avenir. À l’inverse, la difficulté, comme en France ou en Italie, d’accéder au marché du travail nourrit les inquiétudes. D’autre part, les jeunes souffrent, à des degrés divers, d’une crise de confiance généralisée dans les institutions et dans les élites, ce qui les pousse à une forme de fatalisme. Les ­jeunesses allemande, britannique et française figurent ainsi en queue de peloton, tant pour la confiance dans les institutions nationales, européennes et internationales, que pour celle dans les médias ou même dans les ONG. « Le noyau central de l’Europe, affirme Olivier Galland, semble atteint d’une crise de confiance institutionnelle que ne justifie pas a priori son niveau de prospérité. » À l’opposé, les pays nordiques et les États-Unis sont en tête de classement. Cette toile de fond permet de mieux comprendre quelques particularités nationales. Andy Furlong et Fred Cartmel constatent une position extrême des jeunes Britanniques, qui souffrent d’une déconnexion de la société et des instances qui la dirigent. Bien loin d’un 167


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