Magazine : Cheval Du Maroc Numéro 5

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club cheval: Royal Club Equestre le Carrefour BENSLIMANE (Royal Club Equestre Le Carrefour).Au Carrefour, les chevaux sont rois

PHOTO PHILIPPE LEMIRE

En 1985, Brahim Aâdnan force les portes de l’équipe nationale du Maroc après sa première médaille, au championnat du Royaume, lors du concours complet, sur son cheval Farouk, un merveilleux arabe-barbe. Il franchit même 2m25 lors d’un concours de puissance. Bref, il fait l’unanimité. «J’étais tellement impliqué que je n’ai jamais été absent un seul jour» précise Brahim. «J’ai travaillé des chevaux jeunes, des chevaux expérimentés, je me suis dévoué pour la fédération. J’étais là pour gagner, pour travailler, former des cavaliers et créer une pépinière» Son engagement et son talent dépassent les frontières de Dar Es salam. Le Prince Moulay Hicham lui propose une collaboration. Il accepte ce nouveau défi. Dès 1988, il est responsable des pur-sang arabes, à Aïn Aouda et des chevaux de sauts d’obstacles, à Souissi. «Cette expérience m’a beaucoup enseigné» glisse Brahim. «J’ai encore davantage mesuré l’importance qu’il faut donner à chaque détail dans l’évolution d’un cheval.» C’est avec beaucoup d’ambition que Brahim Aâdnan retrouve Dar Es Salam et la FRMSE, en 1989, d’autant qu’on lui donne le costume de directeur technique national, une première au Maroc pour un homme âgé de 25 ans. Il s’occupe désormais de 120 chevaux - ils étaient 45 lors de ses premiers pas à Dar Es Salam - et fait montre d’un véritable talent pour mener ses élèves vers l’excellence. Surtout, il récolte une moisson de médailles dans toutes les disciplines. «Mon papa Abdeslam m’a toujours dit de faire les choses au maximum ou de ne rien faire» confie Brahim. «Cet état d’esprit, je l’ai retrouvé chez Jean-Louis Martin. C’est peut-être la raison pour laquelle j’ai été si proche de lui.»

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Il coupe le cordon, en 1991 et décide de voler de ses propres ailes. Son cheval Foulki devient une référence. Il le prête, en 1991, à Lamia Laraqui et à Ghali Boukaa qui multiplient les victoires. Surtout, il fait son retour à Tit-Mellil, au Royal Club Equestre Chellalate où les adhérents sont heureux de l’accueillir. Brahim leur demande un salaire mensuel de 1500 dhs. «Ils m’ont répondu que leur recette mensuelle globale était inférieure à cette somme» rigole Brahim qui propose aussi tôt de prendre la gestion du club et de ne vivre qu’avec un pourcentage du chiffre d’affaires. A l’immense majorité des membres du bureau, les adhérents lui confient les clefs du club. Ils ne le regretteront pas. «C’était mon métier, pas le leur» confirme-t-il. Brahim décharge 350 camions d’ordures. Il s’en va frapper à la porte du wali, du gouverneur, du député. Il se multiplie pour trouver des sponsors. Il revient avec dix millions de dirhams pour rénover et agrandir le club. «Mon expérience du labeur à la ferme avec mon père m’a beaucoup aidé pour ce chantier» confie Brahim très fier d’avoir bâti des dizaines de boxes et mené vers l’excellence 32 cavaliers du Royal Club Equestre Chellalate. Au total, il aura gagné 17 titres de champion du Maroc avec 3 clubs différents. Il aura été sacré sept fois champion du Royaume de clubs. En 2013, par exemple, il a gagné cinq Grand Prix de suite: GP de Chellalate, GP de la Garde Royale, GP de Temara, GP de Tetouan et Casablanca. «Mon regret est que le championnat du Maroc séniors ne figure pas à mon palmarès» confie-t-il. «Mais je n’ai pas dit mon dernier mot.»

Vainqueur de 17 titres de champion du Maroc, Brahim Aâdnan a régulièrement été récompensé par son Altessse Royale Le Prince Moulay Rachid ou Feu la Princesse Lalla Amina.

Autant de succès donnent à Brahim Aâdnan des idées d’indépendance. Il en a assez de rouler pour les autres et d’être tributaire des vents parfois contraires. Il trouve un terrain sur la route nationale de Benslimane, juste après le rond point de Mohammedia. Il n’hésite pas et y jette son dévolu. En 1997, il investit ses économies pour monter une clôture autour des 9 hectares ainsi qu’un hangar, une modeste carrière et une dizaine de boxes. Les premiers chevaux arrivent au club. «Nos petites installations ne nous ont pas empêché de remporter le championnat du Maroc des clubs» constate Brahim, trois ans plus tard. Brahim est un homme de cheval et un homme d’affaires et les deux font bon ménage pour le bonheur du club. Vingt ans après, 34 salariés, dont l’énergique directrice Laurence Lemire, la dernière arrivée, font le bonheur de 460 adhérents issus de 115 familles différentes. Ces heureux cavaliers disposent de conditions d’entraînement tout à fait exceptionnelles avec 160 chevaux, des carrières de niveau international irriguées en profondeur, une forêt de quatorze hectares propice aux balades, des écoles de poney, de dressage et de saut d’obstacles. Passé la mythique statue à l’entrée, un parking spacieux assure le stationnement alors qu’un joli club-house permet de se restaurer en admirant les trophées et les photos jaunies par le temps de Brahim Aâdnan entouré de personnalités..


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