Fr, Globe 54/55 2012

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Zarafshan blogue sur l’Afghanistan Il y a quelques semaines, Ismet, 19 ans et Hajatullah, 20 ans, n’avaient jamais entendu parler de l’Internet. Mais une jeune fille leur a appris à l’utiliser et depuis, ils surfent librement sur les sites avec les nouvelles de sport et de politique.

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arafshan, 16 ans, une jeune fille avec un voile rouge, est enseignante en informatique au centre de formation de Sakena Yacoobi, à Herat. Elle n’est jamais allée à l’étranger, mais a des amis partout dans le monde. Zarahshan est en fait une blogueuse. Dans son journal des blogs, elle écrit en anglais comment est la vie en Afghanistan. – Je raconte des histoires tristes et vraies sur le mariage des enfants, la guerre, et la maltraitance. De ce que j’ai entendu à la maison, au marché ou à la radio. C’est important de dire la vérité sur notre pays. C’est un premier pas pour changer et améliorer les conditions des femmes et des enfants, dit-elle. L’Internet au centre de formation est gratuit pour 88

les enseignants comme pour les élèves, à la différence des cafés internet où il faut payer, ce qui est difficile pour les habitants des quartiers pauvres. Grâce à la connexion internet, le centre est devenu un point d’observation du reste du monde. – Grâce au blog, j’ai connu beaucoup d’étrangers. Nous communiquons par mail et nous parlons de notre vie. J’ai appris tant de choses, raconte Zarafshan. Mais elle n’a plus le temps de parler. Ismet et Hajatullah ont besoin d’aide. Ils viennent de créer leur adresse électronique, mais n’ont personne à qui écrire. Avec l’aide de l’enseignante, Ismet envoie son premier mail. À son cousin Hajatullah, assis à côté de lui. 

Récit du blog de Zarafshan Où sont mes enfants ? « On m’a donnée en mariage quand j’avais 14 ans, à un homme âgé. Une année après le mariage, la guerre a éclaté et mon mari a perdu son travail. C’était dur. Nous avons eu trois enfants, deux filles et un garçon. Un jour, j’ai envoyé mon fils au marché pour vendre des cigarettes, mais il n’est plus revenu. J’étais couchée priant Allah, le tout puissant, quand un ami de mon fils est arrivé. Il m’a raconté que mon fils avait été tué par une bombe. J’étais bouleversée, mais je suis allée sur place. L’explosion avait été si forte que je n’ai pas trouvé le corps de mon fils. Ça a été le pire jour de ma vie. Une année après, mon mari est tombé malade et est mort. J’étais enceinte et j’ai mis au monde des jumelles. Je ne pouvais pas les nourrir, alors je les ai laissées chez une femme qui ne pouvait pas avoir d’enfants. Je me demande souvent ce qui leur est arrivé. Où sont-elles aujourd’hui ? Où sont mes enfants ? »

Zarafshan vient d’apprendre aux cousins Ismet et Hajatullah à envoyer des mails.


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