Palazzi A Venezia Juin 2023

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Biennale d’Alsace

Les origines du Festival de Cannes

Cent poĂšmes de Arthur Rimbaud

La plus belle chose est ce qu’on aime

Joseph Cornell

Le tunnel Ă  Taposiris Magna

Farnaz Damnabi Enveiled

Paolo Portoghesi Postmoderno

Portoghesi l’interview à 90 ans

Souvenirs de Paolo Portoghesi

Le MAXXI Ă  la Certosa Ă  Venezia

Lesley Lokko interview

Lesley Lokko Curatrice

Roberto Cicutto Président

Pas d’accord avec la Biennale 2023

Letizia Battaglia photographe

Rabarama sculpteur

CĂ©lĂ©brations Joan MirĂČ

Sophie Sainrapt

PALAZZI A VENEZIA

Publication pĂ©riodique d’Arts et de culture urbaine de l’association homonyme rĂ©gie par la Loi de1901

ISSN/Commission Paritaire : en cours

Distribution postale/digitale

Président

Directeur de la Publication

Vittorio E. Pisu

Projet Graphique

Emmerick Door

Maquette et Mise en Page

L’ExpĂ©rience du Futur Correspondance zoupix@gmail.com

palazziavenezia@gmail.com

https://www.facebook.com/

Palazzi-A-Venezia

https://www.vimeo.com/ channels/palazziavenezia

TrentequatriÚme Année / numéros 06 / Juin2023

Prix au numéro 5 euros

Abonnement annuel 50 euros

Abonnement de soutien 500 euros

Photo agneseleone

BIENNALE INTERNATIONALE

D’ART CONTEMPPORAIN

PORTE DE FRANCE

VERNISSAGE

le 16 JUIN 2023

Ă  partir de 18 h 30

Koifhus de COLMAR de l’Ancienne Douane

68000

COLMAR

avec le soutien de David Lisnard

Maire de Cannes

PrĂ©sident de l’AMF

Vincent Derudder

Conseiller Consulaire du Luxembourg

Gérard Iltis

ancien Directeur du Groupe

STEF-TFE

BIENNALE D’ALSACE

Sous le patronage de la Commune de Berchidda del Museo del Vino e Insulae Lab voilĂ  les artistes qui vont exposer

Alberto Miscali

jusqu’au 9 juin 2023

Angela Ciboddo photographe du 10 au 30 juin 2023

Sara & Stefania Pedoni peintres du 1er au 21 juillet 2023

Dolores Mancosu photographe du 22 juillet au 1er septembre

Laura Zidda peintre du 2 au 15 septembre

Antonella Marini photographe du 16 au 29 septembre

Michelle Pisapia peintre du 30 sept au 13 oct 2023

Presentation

Vers de Sardaigne par Alessandra Sorcinelli

e numĂ©ro de Juin arrive presque Ă  l’heure, nous sommes le 4 juin et donc pas trop en retard, et nous avons pu terminer mĂȘme un peu en avance le numĂ©ro mensuel de Sardonia, notre consƓur en italien qui partage avec nous la rĂ©daction et bien d’autres choses encore. Comme d’habitude un peu de tout avec naturellement quelques informations sur la Biennale d’Architecture 2023 Ă  Venise et aussi un article qui ne la trouve pas bien de tout. Enfin des gouts et des couleurs!

J’ai lu un article qui poussait Ă  plus de simplicitĂ© en affirmant qu’en 2123 personne ne se souviendras de nous, je me disais qu’avec les menaces de conflit nuclĂ©aire qui nous pendent au nez, sans compter sur la destruction systĂ©matique de notre habitat, je ne sais pas si il y aura quelqu’un pour consulter les documents qui relatent nos histoires, parce que mĂȘme si nous cĂ©lĂ©brons des centenaires et mĂȘme plus de certaines figures bien connues de l’Art ou mĂȘme de la Science, est ce que les choses n’ont pas terriblement changĂ©es en ces quelques vingt ‘annĂ©es de ce siĂšcle oĂč, comme le rappel le critique de la Biennale, depuis 2001 et la destruction des tours jumelles, nous avons complĂštement perdus l’idĂ©e que la globalitĂ© Ă©tait vraiment la panacĂ©e de tous nos maux.

En plus de la pandĂ©mie, ce conflit, enfin le dernier en date, parce qu’en mĂȘme temps il y en a au moins trente en cours sur la planĂšte, nous a vraiment mis les points sur les i en ce qui concerne non seulement notre dĂ©pendance Ă©nergĂ©tique mais mĂȘme alimentaire et industrielle, lorsque ce ne sont pas les alluvions particuliĂšrement importantes qui ont dĂ©truit une des rĂ©gions les plus actives en Italie, et pas seulement.

Il devient de plus en plus Ă©vident que le modĂšle actuel, nĂ©cessite des sĂ©rieux rĂ©glages et des modifications radicales de notre mode de vie, peine l’extinction Ă  cours termes de la race humaine, et d’une grande partie de la faune et de la flore.

Mais seront nous capables de comprendre ?

DĂ©jĂ  en 1970 des scientifiques nous mettaient en garde contre les effets dĂ©lĂ©tĂšres de nos actions, et je me souviens que dĂ©jĂ  dans les annĂ©es ‘50 des Ă©crivains tels Ray Bradbury nous Ă©clairaient sur celui qui allais ĂȘtre notre futur.

Science-fiction l’on se disait!

Malheureusement le futur que l’on avait alors dans nos rĂȘves les plus idylliques ne s’est pas vĂ©rifiĂ© et au contraire les prĂ©dictions les plus sombres paraissent s’auto rĂ©aliser facilement malgrĂ© nos dĂ©nĂ©gations inutiles.

Mais l’étĂ© arrive, avec ses longues journĂ©es ensoleillĂ©es qui nous invitent au voyages, aux dĂ©couvertes, aux plaisirs, alors profitons en pendant qu’il en ait encore temps. Bonne lecture Vittorio E. Pisu

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la LibĂ©ration, Cannes n’était ni Le Havre ni Brest.

La Croisette avait certes Ă©tĂ© endommagĂ©e par les obus tombĂ©s en 1944 et l’esprit Riviera en avait pris un coup du cĂŽtĂ© du Palm Beach, mais le gros des palmiers avait tenu bon.

Si la citĂ© balnĂ©aire n’avait rien d’un champ de ruines, il aura cependant fallu beaucoup d’huile de coude, de la dĂ©termination et aussi des capitaux financiers pour remettre si bien la ville sur pied que dĂšs 1946, un festival de cinĂ©ma y voyait le jour.

DĂšs le mois de mai 1945, Raymond Picaud, le maire socialiste Ă©lu sur une liste d’union de la gauche, avait mobilisĂ© sa ville.

Lui qui avait été résistant tandis que Cannes était occupée par les Allemands, faisait le pari que la prospérité de Cannes dépendrait désormais du succÚs de ce projet de festival.

Les syndicats patronaux du coin, dans l’hĂŽtellerie, dans la restauration, et mĂȘme dans la boulangerie, avaient donnĂ© de l’argent, et des ouvriers avaient offert de leur temps et de leur savoir-faire, y compris Ă  titre bĂ©nĂ©vole - et aussi pour bon nombre d’entre eux, de l’argent.

Outre une souscription locale qui avait permis de rassembler des fonds, le festival n’aurait pas pu voir le jour sans le concours de la CGT.

EntrĂ© au conseil d’administration du festival dĂšs 1946 pour ne plus en sortir, le syndicat, en effet, a largement contribuĂ© Ă  faire sortir de terre ce palais nĂ© sur les cen-

LES ORIGINES DU FESTIVAL DE CANNES

dres de la guerre de la volontĂ© de voir rayonner la Croisette et en mĂȘme temps une certaine idĂ©e du cinĂ©ma.

La toute premiÚre édition se passera de marches, mais dÚs 1947, le tout premier Palais des festivals contribuait à pérenniser le plus grand rendez-vous du cinéma en France.

DĂ©truit plus tard, dans les annĂ©es 1980, sans susciter l’émotion gĂ©nĂ©ralisĂ©e qu’il aurait pourtant mĂ©ritĂ©, cet Ă©difice charriait en fait toute une histoire du cinĂ©ma en France.

Or cette histoire devra tant au mouvement ouvrier que l’historien Tangui Perron parlera mĂȘme du Festival de Cannes comme de “l’enfant tardif du Front populaire”.

N’était-ce pas “La Bataille du rail”, le film de RenĂ© ClĂ©ment Ă  la gloire de la rĂ©sistance des cheminots contre Vichy et l’occupant, qui avait inaugurĂ© le palmarĂšs en raflant la toute premiĂšre Palme d’or, en 1946 ? Si le festival, et son palais, avaient pu voir le jour si peu de temps aprĂšs la fin de la guerre, c’est qu’en rĂ©alitĂ© le projet de Festival Ă©tait dans les cartons de l’union de la gauche depuis les annĂ©es Trente.

Construire un palais moins de deux ans aprĂšs la LibĂ©ration avait tout d’une gageure.

Les matériaux, alors, se faisaient rares et dans cette économie(suit page4) (suit de la page 3)

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Photo georgeharcourt
PALAZZI

de la pĂ©nurie, aller jusqu’en Corse rĂ©cupĂ©rer du bois pour transporter quatre poutres de 80 tonnes et de taille inĂ©dite, propres Ă  supporter l’édifice, n’allait pas de soi. Seule l’obstination de fĂ©dĂ©rations comme celle du bĂątiment, et la mobilisation, locale et nationale, des rĂ©seaux de la CGT, avait permis de contourner l’écueil.

PlutĂŽt que faire le deuil d’un rendez-vous manquĂ©, une kyrielle d’acteurs aujourd’hui tombĂ©s dans l’oubli avaient au contraire mis les bouchĂ©es doubles et rĂ©activĂ© ce projet de festival nĂ© du vƓu de damer le pion au fascisme.

C’est en effet dans les annĂ©es Trente, alors que la gauche française entendait rĂ©pliquer Ă  Mussolini et Ă  la Mostra de Venise, acquise au fascisme, que le projet du Festival de Cannes avait mĂ»ri.

Le mouvement ouvrier, d’abord rĂ©ticent devant la promesse des rĂ©jouissances populaires du cinĂ©matographe, avait fini par Ă©pouser le cinĂ©ma sur le tard : inventĂ© la mĂȘme annĂ©e prĂ©cisĂ©ment que la CGT, en 1895, le cinĂ©ma n’avait plus cette rĂ©putation dĂ©bilitante que syndicat et Parti socialiste avaient pu lui trouver Ă  ses dĂ©buts, tandis que les grandes organisations redoutaient encore que le grand Ă©cran ne dĂ©tourne leurs ouailles de la cause. Au point mĂȘme que des salles de projection dĂ©diĂ©es aux ouvriers ava-

ient vu le jour, chez les verriers d’abord, Ă  la date si prĂ©coce de 1905, sous la houlette de la CGT dans le Nord-Pas-de-Calais, puis ailleurs en France, entre les deux guerres.

Le septiĂšme art faisait mĂȘme si bien le plein dans le monde ouvrier qu’en 1911, c’est Ă  Limoges qu’il fallait aller pour dĂ©couvrir la deuxiĂšme plus grande salle de cinĂ©ma du pays, juste aprĂšs le Grand Rex Ă  Paris: ouverte dans ce qui s’appelle aujourd’hui la rue des CoopĂ©rateurs, autrefois rue de la Fonderie, c’était le CinĂ©-Union, justement nĂ© dans le giron de la grande sociĂ©tĂ© coopĂ©rative de la porcelaine, l’“Union de Limoges”.

L’Union avait rĂȘvĂ© de cinĂ©ma en mĂȘme temps que d’une salle des fĂȘtes et d’un lieu oĂč tenir ses assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales.

Une histoire anti-fasciste

En 1932, la Mostra de Venise avait vu le jour en Italie, oĂč Mussolini Ă©tait au pouvoir depuis dĂ©jĂ  une dĂ©cennie.

Six ans plus tard, deux membres du jury en claquaient la porte pour protester contre l’emprise du cinĂ©ma de propagande.

De l’autre cĂŽtĂ© des Alpes, en France, l’idĂ©e d’un festival concurrent et rĂ©solument anti-fasciste se frayait un chemin de plus belle, sous les auspices du Front populaire et en particulier du ministre Jean Zay, alors aux Beaux-Arts.

En 1939, le Festival avait failli voir le jour Ă  Cannes, bien que Daladier, par exemple, ait eu un faible pour Alger et le charme de son administration coloniale.

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Photo classiques ducinema

Mais juste avant que la guerre n’éclate, le projet s’était enracinĂ© Ă  Cannes Ă  mesure qu’ailleurs le fascisme avait gagnĂ© du terrain : la municipalitĂ© s’était montrĂ©e particuliĂšrement motivĂ©e, et prĂȘte Ă  mettre de l’argent pour accueillir la manifestation.

En 1945, Cannes et les Cannois l’étaient toujours, mĂȘme si, trois ans plus tĂŽt, tout le matĂ©riel de projection initialement accumulĂ© avait fini par ĂȘtre bradĂ©, en 1942.

Au mĂȘme moment prĂ©cisĂ©ment, le casino rouvrait tandis qu’à deux pas, on donnait des cours de langue allemande.

En 1947, le Palais cannois Ă©tait finalement inaugurĂ©, tandis qu’une ancienne rĂ©sistante FTP, la veuve d’un rĂ©sistant communiste mort au combat, retouchait la robe d’une actrice et qu’un Ă©bĂ©niste Ɠuvrait jour et nuit Ă  la dĂ©coration d’un char.

Le palais lui-mĂȘme avait Ă©tĂ© bĂąti en quatre mois Ă  peine et c’est dire la motivation populaire qui accompagnait la naissance du festival.

Cette mĂ©moire collective et locale est Ă  prĂ©sent largement Ă©moussĂ©e, tandis qu’entre-temps, dans les annĂ©es 1970 et 1980, le cinĂ©ma a largement muĂ©, et que le festival dĂ©sormais oscille entre glamour sponsorisĂ© et budgets gros calibres.

À l’exception de quelques travaux d’historiens comme ceux de Tangui Perron, seules des interviews dans la presse rĂ©gionale ou le journal L’HumanitĂ©, souvent Ă  l’occasion d’anniversaires Ă  chiffres ronds du festival, sont longtemps venus dissĂ©miner cette histoire bis du cinĂ©ma, Ă  la maniĂšre de petits cailloux dĂ©risoires dans

la chaussure des grosses productions.

Dans les annĂ©es 1920, pourtant, les grands studios de cinĂ©ma avaient pris le bouillon et PathĂ© et Gaumont, par exemple, avaient fait faillite. On a souvent oubliĂ© qu’à l’époque, la CGT avait sauvĂ© des films, ou en avait financĂ© d’autres, notamment sous l’élan impulsĂ© par un certain Robert Jarville, militant cĂ©gĂ©tiste qui justement avait fondĂ© le Syndicat gĂ©nĂ©ral des travailleurs de l’industrie de film - et entretemps, supprimĂ© sa particule alors qu’il Ă©tait nĂ©, Robert de Jarville, dans une famille aristocrate Ă  des annĂ©es-lumiĂšre du cinĂ©ma soviĂ©tique dont il se fera l’un des grands passeurs en France.

DĂšs 1913, la CGT s’était ainsi lancĂ©e dans la production cinĂ©matographique.

Il en allait Ă©videmment du souci de porter la bonne parole grĂące Ă  ce divertissement de masse, mais pas seulement : retrouver la centrale syndicale derriĂšre deux films de Jean Renoir aussi cĂ©lĂšbres que “La Vie est Ă  nous” (en 1936) ou “La Marseillaise” (en 1939), c’est aussi prendre la mesure d’une histoire industrielle derriĂšre les chefs-d’Ɠuvreou les cotillons.

La Marseillaise, justement, qui racontait la gloire de 1789 dans le Midi, avait été en partie financée par une souscription (suit page 6)

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(suit de la page 5) lancĂ©e par la CGT auprĂšs de ses adhĂ©rents. Sur le tournage, tous les ouvriers et les techniciens Ă©taient affiliĂ©s Ă  la CGT. La souscription, en rĂ©alitĂ©, s’était soldĂ©e par un semi-Ă©chec et le projet de Jarville de nationaliser le cinĂ©ma français fera long feu, mais l’initiative rappelle combien le syndicat s’investissait dĂ©jĂ  dans le septiĂšme art, dix ans avant de co-fonder le Festival de Cannes.

Les ouvriers du secteur n’avaient pourtant pas adhĂ©rĂ© en force aux premiĂšres heures, et il avait fallu convaincre pour recruter, tandis qu’à la mĂȘme Ă©poque, dans le monde du spectacle, les musiciens ou mĂȘme le monde du théùtre s’étaient mobilisĂ©s plus rapidement, et plus massivement.

Mais trois autres films, outre ceux de Renoir entre-deux-guerres, tĂ©moignent bien d’une alliance tardive et obstinĂ©e: c’est Ă  cette Ă©poque que des fĂ©dĂ©rations comme celle de la mĂ©tallurgie, des cheminots ou du bĂątiment produisent des films comme, en 1938, “Les MĂ©tallos”, de Jacques Lemare, ou, la mĂȘme annĂ©e, “Les BĂątisseurs”, de Jean Epstein, un rĂ©alisateur polonais - qui sont autant de commandes de l’époque du Front populaire que vous pouvez dĂ©sormais visionner ici.

SitĂŽt le Festival de Cannes fondĂ©, l’empreinte de la gauche et de ses orga-

nisations dans le monde du cinéma demeurera palpable durant plusieurs décennies.

Par exemple lorsqu’en 1948, un taxe de 10,7% sur les places de cinĂ©ma Ă©tait nĂ©gociĂ©e, ou encore cinq ans plus tard, en 1953, alors que le dispositif de l’avance sur recettes sera gravĂ© dans le marbre.

À chaque fois, le combat est aussi syndical Ă  une Ă©poque oĂč la FĂ©dĂ©ration du spectacle compte prĂšs de 40 000 adhĂ©rents.

Le statut des intermittents, signĂ© en 1969, ou la prĂ©fĂ©rence des cinĂ©astes de la Nouvelle vague pour les extĂ©rieurs qui dĂ©portent les tournages hors des studios et coupent alors l’herbe sous le pied de plus d’un technicien de plateau, grignoteront toutefois peu Ă  peu la marge de manƓuvre de l’organisation syndicale sur le secteur du cinĂ©ma, qui mute en profondeur Ă  la mĂȘme Ă©poque.

Un “Bureau du cinĂ©ma” Ă©mergera certes dans le giron cĂ©gĂ©tiste dans l’aprĂšs-mai 68, d’oĂč Ă©cloront plusieurs films qui resteront au palmarĂšs du cinĂ©ma militant. Mais ni Jean-Paul Belmondo, ni Michel Piccoli, qui prĂ©sideront l’un aprĂšs l’autre le Syndicat des acteurs français, sous tutelle de la CGT, n’étaient par exemple adhĂ©rents du Parti communiste français.

C’est mĂȘme Ă  ce moment-lĂ  justement que Piccoli a creusĂ© sa distance avec le giron communiste.

Or si Belmondo ne passait pas pour une figure engagĂ©e loin s’en faut, le second, qui disait explicitement la haine qu’il vouait au capitalisme et sera de bien des combats Ă  gauche, se tiendra Ă  bonne distance des

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Photo © GettyGamma Keystone

grandes figures communistes du monde du spectacle. Des “arrivistes”, pouvait-il parfois lui arriver de dĂ©cocher, assassin - ou kamikaze.

En lisant les souvenirs d’Alain Krivine, parus chez Flammarion en 2006, on apprenait qu’avec Juliette Greco, qu’il avait Ă©pousĂ©e, Michel Piccoli avait hĂ©bergĂ© Ă  domicile, rue de Verneuil, des dirigeants trotskistes dont Krivine, lorsque ceux-ci furent recherchĂ©s par la police, dans les annĂ©es 1970.

Et c’est lui encore qui s’était portĂ© garant pour que la Ligue communiste rĂ©volutionnaire obtienne un prĂȘt, quand il avait fallu convaincre les banquiers et acheter une rotative pour faire du journal Rouge un quotidien. A l’époque, Michel Piccoli avait mis dans la balance et en caution bancaire un petit studio qu’il possĂ©dait, rue-Monsieur-Le-Prince, dans le chic VIe arrondissement sur les flancs de l’OdĂ©on.

A la mort du grand acteur, en 2020, des militants du NPA s’en Ă©taient souvenus, reconnaissants. Mais c’est bien Ă  un rĂ©alisateur communiste, Louis Daquin (dont on pouvait Ă©couter une archive de 1957 dans Concordance des temps sur France Culture en 2013), que Michel Piccoli devra son premier grand rĂŽle au cinĂ©ma. C’était dans le film “Le Point du jour”, en 1949, ou l’histoire d’une mine dans le Nord, au tournant du XXe siĂšcle.

Chloé Leprince

https://www.radiofrance.fr/franceculture/a-l-ombre-de-la-croisette-l-histoire-communiste-meconnue-du-festival-de-cannes

u’est-ce qui a poussĂ© Arthur Rimbaud, fort jeune, Ă  embrasser la poĂ©sie ? Comment expliquer que, Ă  l’ñge de quatorze ans Ă  peine, il s’est dĂ©jĂ  montrĂ© si original et si inventif ?

A quoi tient son génie poétique ?

Au fait qu’au collĂšge, Ă  Charleville, il a Ă©tĂ© un Ă©colier surdouĂ©, capable d’écrire des dizaines de vers en latin, presque sans le moindre effort, et de rĂ©citer par cƓur Virgile ou Ovide, exactement comme d’aucuns rĂ©citent les fables de La Fontaine?

Peut-ĂȘtre.

Au fait que, bien qu’il fĂ»t cet Ă©colier surdouĂ©, il s’est toujours senti malheureux au collĂšge et qu’il n’a jamais aimĂ© Charleville, cette jolie citĂ© oĂč il a vu le jour, le 20 octobre 1854 ?

Peut-ĂȘtre.

Au fait qu’il n’avait pas encore cinq ans quand son pĂšre, FrĂ©dĂ©ric Rimbaud, militaire de carriĂšre, a soudain pris la poudre d’escampette pour aller se terrer Dieu sait oĂč et qu’il a laissĂ© Ă  sa pauvre femme tout le poids de l’éducation de leurs quatre marmots, lui, Arthur, son grand frĂšre et ses deux petites sƓurs?

Peut-ĂȘtre.

Au fait qu’il a seulement Ă©tĂ© Ă©levĂ© par sa mĂšre, Vitalie Cuif, condidĂ©rĂ©e par tous comme acariĂątre, intraitable, dictatoriale, dominatrice et terriblement bigote, et qu’elle n’était jamais que l’hĂ©ritiĂšre d’une lignĂ©e de paysans ignares et pĂ©tris d’avarice ?

Peut-ĂȘtre.

La suite du questionnement sur le gĂ©nie d’Arthur Rimbaut lors d’une prochaine publication...

Peut-ĂȘtre

“ Cent Poùmes d’Arthur Rimbaud”

Jean-Baptiste Baronian

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CENT POEMES D’ARTHUR RIMBAUD

a plus belle chose est ce qu’on aime”

: poùme d’amour de Sappho

Sapho de Lesbos, une figure enveloppĂ©e de mystĂšre qui s’estompe maintenant dans la lĂ©gende.

La poĂ©tesse grecque, chanteuse absolue de l’amour, est devenue presque une crĂ©ature mythologique comme HomĂšre: une entitĂ© insaisissable, dispersĂ©e et insaisissable Ă  l’image de ses vers, capable de traverser l’espace et le temps en nous parlant avec une langue immortelle.

La lĂ©gende raconte qu’elle s’est jetĂ©e d’une falaise par amour, d’aprĂšs ce que nous raconte le poĂšte latin Ovide dans les HĂ©roĂŻdes. Une fin mystĂ©rieuse, peut-ĂȘtre pas vraie, mais certainement digne de celle qui fut la maĂźtresse de l’amour. L’éloge de la passion amoureuse est le thĂšme rĂ©current de divers poĂšmes de la poĂ©tesse, comme dans le fameux seiziĂšme fragment dĂ©diĂ© Ă  la jeune Anattoria, plus connu sous le titre La plus belle chose. DĂ©couvrons-en plus sur le poĂšme de Sappho et la signification du seiziĂšme fragment.

Qui Ă©tait Sapho ? Nous n’avons aucune information certaine sur sa vie.

On sait qu’elle est nĂ©e Ă  Ereso, sur l’üle grecque de Lesbos, vers 650 av.

Elle perdit son pĂšre alors qu’elle n’était encore qu’une enfant et, encore trĂšs jeune, fut donnĂ©e

LA PLUS BELLE CHOSE EST CE QU’ON AIME

en mariage - selon les conventions aristocratiques de l’époque - Ă  un riche propriĂ©taire terrien.

De cet homme, Sappho eut une fille, qu’elle nomma Cleide, du nom de sa mùre.

Cependant, la figure de Sapho est liĂ©e au tĂŹaso (en grec Ï‘ÎŻÎ±ÏƒÎżÏ‚), la communautĂ© fĂ©minine qu’elle a fondĂ©e sur l’üle. C’était une fondation religieuse, liĂ©e au culte de la dĂ©esse Aphrodite. Sapho Ă©tait la prĂȘtresse du thiasus et, en plus des fonctions religieuses, elle s’occupait Ă©galement de l’éducation des jeunes femmes qui se prĂ©paraient ici au mariage et Ă  la vie conjugale. Au sein de la communautĂ©, l’homosexualitĂ© avait une fonction pĂ©dagogique, puisqu’elle Ă©tait destinĂ©e Ă  prĂ©parer les jeunes femmes au lit du mariĂ©. Ces unions Ă©taient considĂ©rĂ©es comme sacrĂ©es, favorisĂ©es par la dĂ©esse Aphrodite et les Muses. Sappho a Ă©tĂ© la premiĂšre poĂ©tesse Ă  raconter explicitement en vers un amour diffĂ©rent de l’amour hĂ©tĂ©rosexuel. Ses vers Ă©taient avant tout destinĂ©s Ă  la communautĂ©, ils n’avaient donc pas - contrairement Ă  ce que certains croient - une vocation confessionnelle: ils Ă©taient plutĂŽt lus dans les rituels, chantĂ©s dans les fĂȘtes, repris dans les leçons. Les filles du tĂŹaso, qui lui volaient souvent le cƓur, Ă©taient destinĂ©es Ă  partir Ă  la fin du stage en vue du mariage. Ces sĂ©parations ont Ă©tĂ© vĂ©cues par la poĂ©tesse comme des abandons dĂ©chirants, comme nous le disent ses paroles, qui ont Ă©tĂ© les premiĂšres Ă  raconter la « symptomatologie de l’amour » : sueurs froides, palpitations, tachycardie et, last but not least, le dĂ©mon de la jalousie.

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Photo www.alfemminile.com

L’amour, dans la poĂ©sie de Sappho, est tourment et vertige, il se consume au feu de la passion : jamais femme ne l’avait racontĂ© ainsi.

Dans le célÚbre fragment seiziÚme, mieux connu sous le nom de La Plus Belle Chose, Sappho évoque la figure de la jeune Anactoria pour laquelle elle éprouve encore une poignante nostalgie.

DĂ©couvrons le texte, l’analyse et la signification du fragment.

“La plus belle chose” de Sappho : Une armĂ©e de cavaliers, disent certains d’autres d’infanterie, d’autres de navires

ĂȘtre la plus belle chose sur terre je dis ce qu’on aime assez facile est de l’expliquer Ă  n’importe qui: Elena, qui en beautĂ© de loin il a conquis les mortels, a quittĂ© son Ă©poux
excellent a naviguĂ© Ă  Troie et a perdu toute mĂ©moire de la fille et chers parents, mais Cypris l’a subjuguĂ©e amoureux.

Maintenant ça m’a rappelĂ© Anactoria qui n’est pas ici; Je voudrais voir sa dĂ©marche sĂ©duisante, roulement courageux et la vive splendeur du visage plus que les chars lydiens et l’infanterie armĂ©e dans la bataille.

“La plus belle chose” de Sappho : analyse et commentaire Dans ces vers, qui nous sont parvenus par fragments, Sapho a repris un topos de la poĂ©sie antique, celui qui donne significativement le titre Ă  la composition : c’estĂ -dire la tentative d’identifier quelle est la plus belle chose, en grec ÎșΏλλÎčÏƒÏ„ÎżÎœ , thĂšme Ă©galement repris par

le poĂšte latin Horace. Suivant le schĂ©ma rhĂ©torique de Priamel (basĂ© sur la juxtaposition de listes d’objets ou de “quelques/autres” valeurs), la poĂ©tesse construit son raisonnement philosophique en procĂ©dant par thĂšse et antithĂšse et, enfin, en fermant sa pensĂ©e de maniĂšre circulaire.

Pour certains, la plus belle chose, celle qui donne du sens et du sens Ă  la vie, c’est la guerre, observe Sappho dans la lignĂ©e de son Ă©poque faite d’armes et de guerriers.

On ne sait pas Ă  qui ce poĂšme Ă©tait destinĂ© : peutĂȘtre les Ă©lĂšves du thiasus, Ă  qui Sappho enseignait souvent Ă  travers ses poĂšmes Ă  sens moral et pĂ©dagogique.

Les sentiments Ă©taient en fait considĂ©rĂ©s comme faisant partie de l’éducation, en particulier l’éducation des femmes.

La poĂštesse a certainement voulu transmettre un message profond sur ce qu’étaient les vraies valeurs de la vie : non pas la guerre, cĂ©lĂ©brĂ©e par les hommes, mais l’amour qui submerge tout.

Souvent dans ses poĂšmes Sappho se place en position critique vis-Ă visdu patriarcat et de l’institution du mariage elle-mĂȘme, l’exemple donnĂ© d’HĂ©lĂšne de Troiecertainement pas une femme considĂ©rĂ©e comme un emblĂšme de vertu - nous Ă©claire sur sa pensĂ©e.

Sapho mentionne une femme adultĂšre, une femme (suit page 10)

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(suit de la page 9) qui a trahi son mari et sa famille et l’utilise comme exemple d’amour ; ou, si rien d’autre, il semble lui pardonner, la racheter de ses fautes en dĂ©clarant que c’était la passion, la plus belle chose sur terre, qui l’a poussĂ©e Ă  de telles actions.

Certains critiques pensent que le poÚme était précisément destiné à la jeune Anactoria, qui épousa Lydia.

Sappho a rappelĂ© sa mĂ©moire et l’a imaginĂ©e comme une nouvelle HĂ©lĂšne de Troie, aspirant Ă  son retour au nom de l’amour. Les fragments de Sappho parviennent toujours Ă  nous communiquer un dĂ©sir vivant, peu importe combien de siĂšcles se sont Ă©coulĂ©s depuis leur composition.

La rĂ©fĂ©rence Ă  Anattoria n’apparaĂźt que dans le finale, mais laisse une impression indĂ©lĂ©bile : on comprend que c’est elle, son image, qui a poussĂ© la poĂ©tesse Ă  Ă©crire.

La poĂ©sie nous redonne la nostalgie et, malgrĂ© le passage des Ă©poques et des cultures, nous ne doutons pas que celui chantĂ© par Sappho Ă©tait le vĂ©ritable amour, nous ressentons encore Ă  travers les mots la force incandescente d’un sentiment capable de nous transpercer comme une flĂšche.

https://www.sololibri.net/ La-cosa-piu-bella-Saffo-poesia-testo-analisi-commento.html?

JOSEPH CORNELL

oseph Cornell (24 dĂ©cembre 1903 - 29 dĂ©cembre 1972) Ă©tait un artiste visuel et cinĂ©aste amĂ©ricain, l’un des pionniers et des reprĂ©sentants les plus cĂ©lĂšbres de l’assemblage. InfluencĂ© par les surrĂ©alistes, il est aussi un cinĂ©aste expĂ©rimental d’avant-garde.

Il Ă©tait en grande partie autodidacte dans ses efforts artistiques et a improvisĂ© son propre style original en incorporant des artefacts jetĂ©s et mis au rebut. Il a vĂ©cu la majeure partie de sa vie dans un isolement physique relatif, s’occupant de sa mĂšre et de son frĂšre handicapĂ© Ă  la maison, mais est restĂ© conscient et en contact avec d’autres artistes contemporains.

Joseph Cornell est nĂ© Ă  Nyack, New York, de Joseph Cornell, un dirigeant de l’industrie textile, et d’Helen Ten Broeck Storms Cornell, qui avait suivi une formation d’institutrice.

Les deux parents sont issus de familles socialement importantes d’ascendance nĂ©erlandaise, Ă©tablies de longue date dans l’État de New York.

Le pĂšre de Cornell est mort le 30 avril 1917, laissant la famille dans des circonstances difficiles. AprĂšs la mort de l’aĂźnĂ© Cornell, sa veuve et ses enfants ont dĂ©mĂ©nagĂ© dans le quartier du Queens Ă  New York.

Cornell a frĂ©quentĂ© la Phillips Academy Ă  Andover, Massachusetts, dans la classe de 1921. Bien qu’il ait atteint la derniĂšre annĂ©e, il n’a pas obtenu son diplĂŽme. Suite Ă  cela, il est retournĂ© vivre avec sa famille. À l’exception des trois ans et demi qu’il a passĂ©s chez

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Photo wikipedia

Phillips, il a vécu la majeure partie de sa vie dans une petite maison à ossature de bois sur Utopia Parkway dans un quartier populaire de Flushing, avec sa mÚre et son frÚre. Robert, que la paralysie cérébrale avait rendu physiquement handicapé.

Hormis son sĂ©jour Ă  Andover, Cornell n’a jamais voyagĂ© au-delĂ  de la rĂ©gion de New York. Les Ɠuvres d’art les plus caractĂ©ristiques de Cornell Ă©taient des assemblages en boĂźte créés Ă  partir d’objets trouvĂ©s.

Il s’agit de simples boĂźtes d’ombre, gĂ©nĂ©ralement vitrĂ©es, dans lesquelles il a disposĂ© des fragments Ă©clectiques de photographies ou de bric-Ă -brac victorien, d’une maniĂšre qui combine l’austĂ©ritĂ© formelle du constructivisme avec la fantaisie animĂ©e du surrĂ©alisme.

Beaucoup de ses boĂźtes, comme les cĂ©lĂšbres boĂźtes de machines Ă  sous Medici, sont interactives et sont destinĂ©es Ă  ĂȘtre manipulĂ©es.

Comme Kurt Schwitters, Cornell pouvait créer de la poésie à partir du lieu commun.

Contrairement Ă  Schwitters, cependant, il n’était pas fascinĂ© par les ordures et les dĂ©chets, mais par des fragments d’objets autrefois beaux et prĂ©cieux qu’il trouvait lors de ses frĂ©quents voyages dans les librairies et les friperies de New York.

Ses boĂźtes s’appuyaient sur l’utilisation surrĂ©aliste de la juxtaposition irrationnelle et sur l’évocation de la nostalgie pour leur attrait.

Cornell ne s’est jamais considĂ©rĂ© comme un surrĂ©alis-

te ; bien qu’il admirait le travail et la technique des surrĂ©alistes comme Max Ernst et RenĂ© Magritte, il a dĂ©savouĂ© la “magie noire” des surrĂ©alistes, affirmant qu’il ne souhaitait faire de la magie blanche qu’avec son art.

La renommĂ©e de Cornell en tant que leader amĂ©ricain “ “SurrĂ©aliste” lui a permis de se lier d’amitiĂ© avec plusieurs membres du mouvement surrĂ©aliste lorsqu’ils se sont installĂ©s aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Plus tard, il a Ă©tĂ© revendiquĂ© comme un hĂ©raut du pop art et de l’installation.

Cornell a souvent rĂ©alisĂ© des sĂ©ries d’assemblages en boĂźte qui reflĂ©taient ses divers intĂ©rĂȘts : les Soap Bubble Sets, la sĂ©rie Medici Slot Machine, la sĂ©rie Pink Palace, la sĂ©rie Hotel, la sĂ©rie Observatory et les Space Object Boxes, entre autres.

Également captivĂ© par les oiseaux, Cornell a créé une sĂ©rie de boĂźtes Aviary, dans lesquelles des images colorĂ©es de divers oiseaux ont Ă©tĂ© montĂ©es sur du bois, dĂ©coupĂ©es et placĂ©es sur des fonds blancs durs.

En plus de crĂ©er des boĂźtes et des collages plats et de rĂ©aliser des courts mĂ©trages d’art, Cornell a Ă©galement conservĂ© un systĂšme de classement de plus de 160 “dossiers” visuels-documentaires sur des thĂšmes qui l’intĂ©ressaient; les dossiers ont servi (suit page 12)

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Photo wikiart.com

(suit de la page 11) de rĂ©fĂ©rentiels Ă  partir desquels Cornell a dessinĂ© du matĂ©riel et de l’inspiration pour des boĂźtes comme son portrait “penny arcade” de Lauren Bacall. Il n’avait aucune formation formelle en art, mĂȘme s’il Ă©tait extrĂȘmement cultivĂ© et connaissait la scĂšne artistique new-yorkaise des annĂ©es 1940 aux annĂ©es 1960. [citation nĂ©cessaire] Sa mĂ©thodologie est dĂ©crite dans une monographie de Charles Simic comme suit : “Quelque part dans la ville de New York, il y a quatre ou cinq objets encore inconnus qui vont ensemble.

Une fois ensemble, ils feront une Ɠuvre d’art.

C’est la prĂ©misse de Cornell, sa mĂ©taphysique et sa religion. ...:

Marcel Duchamp et John Cage usent du hasard pour se dĂ©barrasser de la subjectivitĂ© de l’artiste. Pour Cornell, c’est le contraire.

Se soumettre au hasard, c’est rĂ©vĂ©ler soi-mĂȘme et ses obsessions.”

Cornell a Ă©tĂ© fortement influencĂ© par les transcendantalistes amĂ©ricains, les starlettes hollywoodiennes (Ă  qui il a envoyĂ© des boĂźtes qu’il leur avait dĂ©diĂ©es), les symbolistes français tels que StĂ©phane MallarmĂ© et GĂ©rard de Nerval, et les danseurs de ballet du XIXe siĂšcle tels que Marie Taglioni et Fanny Cerrito. [citation requise] Dans ses derniĂšres an-

nĂ©es, Cornell a utilisĂ© l’aide d’assistants pour crĂ©er ses Ɠuvres. Ces assistants comprenaient Ă  la fois des Ă©tudiants en art locaux et des artistes praticiens tels que Larry Jordan et Terry ShuttĂ©.

Il aimait beaucoup travailler avec de jeunes artistes et leur enseigner ses méthodes et ses pratiques artistiques.

Le montage de films trouvĂ©s de Joseph Cornell en 1936, “Rose Hobart”, a Ă©tĂ© entiĂšrement rĂ©alisĂ© Ă  partir de la fusion de films existants que Cornell avait trouvĂ©s dans les entrepĂŽts du New Jersey, principalement dĂ©rivĂ©s d’un film “B” de 1931 intitulĂ© East of Borneo.

Cornell jouerait le disque “Holiday in Brazil” de Nestor Amaral lors de ses rares projections, tout en projetant le film Ă  travers un verre ou un filtre bleu foncĂ©, donnant au film un effet onirique.

Se concentrant principalement sur les gestes et les expressions de Rose Hobart (la starlette du film original), ce paysage de rĂȘve de Cornell semble exister dans une sorte de suspension jusqu’à la sĂ©quence la plus saisissante du film vers la fin, lorsque des images d’une Ă©clipse solaire sont juxtaposĂ©es Ă  une boule blanche tombant dans une mare d’eau au ralenti.

Cornell a créé le film Ă  la Julien Levy Gallery en dĂ©cembre 1936 lors de la premiĂšre exposition surrĂ©aliste au Museum of Modern Art (MoMA) de New York.[16] Salvador DalĂ­, qui Ă©tait Ă  New York pour assister Ă  l’ouverture du MoMA, Ă©tait prĂ©sent Ă  sa premiĂšre projection.

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Lors de la projection, DalĂ­ s’est indignĂ© du film de Cornell, affirmant qu’il venait d’avoir la mĂȘme idĂ©e d’appliquer des techniques de collage au cinĂ©ma. AprĂšs la projection, DalĂ­ a fait remarquer Ă  Cornell qu’il devrait s’en tenir Ă  faire des boĂźtes et arrĂȘter de faire des films.

TraumatisĂ© par cet Ă©vĂ©nement, le timide et retirĂ© Cornell a montrĂ© ses films rarement par la suite. Joseph Cornell a continuĂ© Ă  expĂ©rimenter le cinĂ©ma jusqu’à sa mort en 1972.

Alors que ses premiers films Ă©taient souvent des collages de courts mĂ©trages trouvĂ©s, ses derniers montaient ensemble des images qu’il avait expressĂ©ment commandĂ©es aux cinĂ©astes professionnels avec lesquels il collaborait.

Ces derniers films se déroulaient souvent dans certains des quartiers et monuments préférés de Cornell à New York : Mulberry Street, Bryant Park, Union Square Park et la Third Avenue Elevated Railway, entre autres.

En 1969, Cornell a donnĂ© une collection de ses propres films et des Ɠuvres d’autres Ă  Anthology Film Archives Ă  New York.

La premiĂšre grande rĂ©trospective de musĂ©e de Cornell, intitulĂ©e “Une exposition d’Ɠuvres de Joseph Cornell”, s’est ouverte au Pasadena Art Museum (aujourd’hui le Norton Simon Museum) en dĂ©cembre 1966, organisĂ©e par le lĂ©gendaire directeur du musĂ©e Walter Hopps qui s’est rendu au Solomon R. Guggenheim Museum Ă  New York .

En 1970, le Metropolitan Museum of Art de New York a organisé la deuxiÚme grande rétrospective muséale de ses collages, organisée par le célÚbre Henry Geldzahler.

En 1972, une exposition Joseph Cornell pour enfants a eu lieu dans une galerie de Cooper Union, une exposition qu’il a organisĂ©e spĂ©cialement pour les enfants, avec les boĂźtes exposĂ©es Ă  hauteur d’enfant et la soirĂ©e d’ouverture servant des boissons non alcoolisĂ©es et des gĂąteaux. Une autre rĂ©trospective a eu lieu Ă  l’Albright-Knox en 1972.

En 1980, Cornell a fait l’objet de sa quatriĂšme grande rĂ©trospective musĂ©ale au MoMA dans le cadre d’une sĂ©rie d’expositions cĂ©lĂ©brant son 50e anniversaire.

En 2007, Cornell a fait l’objet de sa cinquiĂšme grande rĂ©trospective musĂ©ale au SFMOMA qui s’est tenue au Smithsonian American Art Museum et au Peabody Essex Museum.

En 2015, Cornell a fait l’objet de sa sixiĂšme grande rĂ©trospective musĂ©ale Ă  la Royal Academy of Arts de Londres, qui s’est tenue au Kunsthistorisches Museum de Vienne.

La vente de la succession d’Edwin et Lindy Bergman, collectionneurs et mĂ©cĂšnes d’art basĂ©s Ă  Chicago, Untitled (Penny Arcade Portrait of Lauren Bacall) (1946) (suit p 14)

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(suit de la page 13) de Cornell a rapportĂ© 5,3 millions de dollars chez Christie’s New York, Ă©tablissant un record d’enchĂšres pour l’artiste. La boĂźte en forme de bijou, avec des images de Bacall sur fond bleu, a Ă©tĂ© inspirĂ©e par “To Have and Have Not”, un film mettant en vedette Bacall et Humphrey Bogart.

Cornell se mĂ©fiait des Ă©trangers. Cela l’a amenĂ© Ă  s’isoler et Ă  devenir un artiste autodidacte.

Bien qu’il ait exprimĂ© son attirance pour des femmes inaccessibles comme Lauren Bacall, sa timiditĂ© rendait les relations amoureuses presque impossibles. Plus tard dans sa vie, sa timiditĂ© a frĂŽlĂ© la solitude et il a rarement quittĂ© l’État de New York.

Cependant, il prĂ©fĂ©rait parler aux femmes et faisait souvent attendre leurs maris dans la piĂšce voisine lorsqu’il discutait affaires avec elles.

Il avait Ă©galement de nombreuses amitiĂ©s avec des ballerines, qui le trouvaient unique, mais trop excentrique pour ĂȘtre un partenaire romantique.

Il a consacrĂ© sa vie Ă  s’occuper de son jeune frĂšre Robert, qui Ă©tait handicapĂ© et vivait avec une paralysie cĂ©rĂ©brale, ce qui Ă©tait un autre facteur de son manque de relations.

À un moment donnĂ© dans les annĂ©es 1920, ou peut-ĂȘtre plus tĂŽt, il a lu les Ă©crits de Mary Baker Eddy, y compris Science

et SantĂ© avec la Clef des Écritures. Cornell considĂ©rait les Ɠuvres d’Eddy comme l’un des livres les plus importants jamais publiĂ©s aprĂšs la Bible, et il est devenu un adhĂ©rent de la Science ChrĂ©tienne Ă  vie. La croyance et la pratique de la science chrĂ©tienne ont profondĂ©ment influencĂ© l’art de Cornell, comme l’a montrĂ© l’historienne de l’art Sandra Leonard Starr. Il a Ă©galement Ă©tĂ© plutĂŽt pauvre pendant la majeure partie de sa vie, travaillant dans les annĂ©es 1920 comme vendeur de tissus en gros pour subvenir aux besoins de sa famille.

À la suite de la Grande DĂ©pression amĂ©ricaine , Cornell a perdu son emploi dans l’industrie textile en 1931 et a travaillĂ© pendant une courte pĂ©riode par la suite comme vendeur d’appareils Ă©lectromĂ©nagers Ă  domicile.

Pendant ce temps, grùce à son amitié avec Ethel Traphagen, la mÚre de Cornell lui a assuré un poste à temps partiel dans la conception de textiles.

Dans les annĂ©es 1940, Cornell a Ă©galement travaillĂ© dans une pĂ©piniĂšre de plantes (qui figurerait dans son cĂ©lĂšbre dossier “GC44”) et briĂšvement dans une usine de dĂ©fense, et a conçu des couvertures et des mises en page pour Harper’s Bazaar, View, Dance Index et d’autres magazines.

Il n’a vraiment commencĂ© Ă  vendre ses boĂźtes pour des sommes importantes qu’aprĂšs son exposition personnelle de 1949 Ă  la galerie Charles Egan.

Cornell a finalement commencĂ© une relation passionnĂ©e mais platonique avec l’artiste japonaise Yayoi

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Kusama alors qu’elle vivait Ă  New York au milieu des annĂ©es 1960.

Elle Ă©tait de vingt-six ans sa cadette ; ils s’appelaient tous les jours, se dessinaient et il lui envoyait des collages personnalisĂ©s.

Leur longue association a durĂ© mĂȘme aprĂšs son retour au Japon, ne se terminant qu’avec sa mort en 1972. Le frĂšre de Cornell, Robert, est dĂ©cĂ©dĂ© en 1965 et sa mĂšre en 1966.

Joseph Cornell est dĂ©cĂ©dĂ© d’une insuffisance cardiaque apparente le 29 dĂ©cembre 1972, quelques jours aprĂšs son soixante-neuviĂšme anniversaire. Les exĂ©cuteurs testamentaires de sa succession Ă©taient Richard Ader et Wayne Andrews, reprĂ©sentĂ©s par les marchands d’art Leo Castelli, Richard Feigen et James Corcoran.

Plus tard, la Joseph and Robert Cornell Memorial Foundation a Ă©tĂ© créée, qui administre les droits d’auteur des Ɠuvres de Cornell et reprĂ©sente les intĂ©rĂȘts de ses hĂ©ritiers.

Actuellement, la Fondation est administrée par les administrateurs, Richard Ader et Joseph Erdman.

En 1992, le poĂšte Charles Simic a publiĂ© un recueil de prose inspirĂ© par et avec des images de l’Ɠuvre de Joseph Cornell : Dime-Store Alchemy : The Art of Joseph Cornell (publiĂ© par New York Review Books, initialement publiĂ© par Hopewell, N.J. : Ecco Press) wikipedia.org

LE TUNNEL A TAPOSIRIS MAGNA

ne Ă©quipe d’archĂ©ologues a dĂ©couvert un tunnel vaste et spectaculaire dĂ©crit par les experts comme un “miracle gĂ©omĂ©trique”.

Au cours des fouilles et de l’exploration en cours du temple, Kathleen Martinez de l’UniversitĂ© de Saint-Domingue en RĂ©publique dominicaine et ses collĂšgues ont dĂ©couvert la structure Ă  13 mĂštres sous terre.

Le tunnel de 2 m de haut avait Ă©tĂ© creusĂ© Ă  travers 1 305 m de grĂšs. Sa conception, selon une dĂ©claration de novembre 2022 du ministĂšre Ă©gyptien du Tourisme et des AntiquitĂ©s, est remarquablement similaire au tunnel d’Eupalinos de 1 036 mĂštres, un aqueduc du VIe siĂšcle avant JC. sur l’üle grecque de Samos.

Souvent qualifiĂ© de merveille d’ingĂ©nierie, le conduit Ă©tait sans prĂ©cĂ©dent dans sa conception et sa construction.

Si le tunnel de Taposiris Magna n’est pas sans Ă©gal, son ingĂ©nierie est nĂ©anmoins tout aussi impressionnante.

Le tunnel ressemble Ă  un autre tunnel plus ancien de la GrĂšce antique utilisĂ© pour le transport de l’eau.

Certaines parties du tunnel de Taposiris Magna (suit page 16)

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Photo wikiart.com

(suit de la page 15) sont submergĂ©es sous l’eau, bien qu’à part sa similitude avec le tunnel d’Eupalinos, son objectif soit actuellement inconnu.

Martinez, qui travaille Ă  Taposiris Magna depuis 2004 Ă  la recherche de la tombe perdue de ClĂ©opĂątre VII, pense que le tunnel pourrait ĂȘtre une piste prometteuse. Auparavant, les fouilles ont fourni des indices qui semblent pointer vers la cĂ©lĂšbre reine et le dernier des PtolĂ©mĂ©es.

Taposiris Magna a Ă©tĂ© fondĂ©e vers 280 av. par PtolĂ©mĂ©e II, fils du cĂ©lĂšbre gĂ©nĂ©ral d’Alexandre le Grand et l’un des ancĂȘtres de ClĂ©opĂątre (elle-mĂȘme a rĂ©gnĂ© de 51 avant JC jusqu’à sa mort par suicide en 30 avant JC).

Le temple, selon l’équipe, Ă©tait dĂ©diĂ© au dieu Osiris et Ă  sa reine, la dĂ©esse Isis.

Des piĂšces de monnaie aux noms et ressemblances de ClĂ©opĂątre et d’Alexandre le Grand ont Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©couvertes, ainsi que des statuettes d’Isis.

Des puits funéraires contenant des sépultures gréco-romaines ont également été trouvés dans le temple. Il est possible que Cléopùtre et son mari Marc Antoine aient été enterrés dans des tombes similaires.

La prochaine Ă©tape sera l’exploration de la mer MĂ©diterranĂ©e Ă  proximitĂ©.

Entre 320 et 1303 aprĂšs JC, en effet, une sĂ©rie de tremblements de terre a frappĂ© la cĂŽte, provoquant l’effondrement d’une partie du temple et son engloutissement par les vagues. De plus, des fouilles avaient prĂ©cĂ©demment rĂ©vĂ©lĂ© un rĂ©seau de tunnels qui s’étendait du lac Mariout Ă  la MĂ©diterranĂ©e.

Que des tombes aient été trouvées ou non, une fouille approfondie de ces ruines pourrait nous en dire plus sur la mystérieuse ville antique. Le tunnel a déjà livré quelques trésors : des morceaux de poterie et un bloc rectangulaire de calcaire.

Comme l’a dĂ©clarĂ© il y a 13 ans le ministre des AntiquitĂ©s de l’époque, Zahi Hawass : « Si nous dĂ©couvrons la tombe de ClĂ©opĂątre et de Marc Antoine, ce sera la dĂ©couverte la plus importante du XXIe siĂšcle.

Si nous ne dĂ©couvrons pas le tombeau de ClĂ©opĂątre et de Marc Antoine, nous avons tout de mĂȘme fait des dĂ©couvertes importantes Ă  l’intĂ©rieur et Ă  l’extĂ©rieur du temple.”

https://www.scienzenotizie.it/2023/05/16/archeologi-scoprono-tunnel-durante-la-ricerca-della-tomba-di-cleopatra-e-un-miracolo

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Photo scienzemotizie.it

arnaz Damnabi est une jeune photographe vivant en Iran, à Téhéran, ou simplement une jeune femme en Iran.

C’est le point sensible que Farnaz Damnabi touche avec son travail : des photographies qui puisent dans la rĂ©alitĂ© et virent vers une imagerie surrĂ©aliste.

Entre plis esthĂ©tiques, Damnabi raconte les courants sous-jacents qui animent la sociĂ©tĂ© iranienne, Ă©clairant avec son objectif la routine des femmes dans son pays oĂč persistent discriminations, inĂ©galitĂ©s salariales accentuĂ©es et sous-estimation de la contribution fĂ©minine Ă  l’économie ; bien que les femmes soient engagĂ©es dans des activitĂ©s artisanales telles que la fabrication de tapis ou ce sont elles qui s’occupent de la rĂ©colte du safran dans les champs de Torbat-e Heydarieh.

Mais ils restent en quelque sorte invisibles ou dĂ©classĂ©s en tant qu’objets, comme le raconte Damnabi Ă  travers ses images

Né à Téhéran en 1994, Damnabi est diplÎmé en design graphique.

AprĂšs avoir obtenu une maĂźtrise en photographie Ă  l’UniversitĂ© d’art de TĂ©hĂ©ran, elle est devenue photographe indĂ©pendante et membre principal de la SociĂ©tĂ© nationale des photographes iraniens (NIPS). Elle a collectionnĂ© une sĂ©rie de prix internationaux et, depuis 2020, certaines photos de sa sĂ©rie “Playing is my right” font partie de la collection permanente du MUSEC, le MusĂ©e des Cultures de Lugano.

DAMNABI UNVEILED

Aujourd’hui, sa premiĂšre exposition personnelle se dĂ©roule Ă  Milan Ă  la 29 Arts in Progress Gallery, jusqu’au 28 juillet.

Avec “Unveiled”, la photographe, dans son langage Ă©purĂ© et disruptif, parle de l’Iran contemporain, suspendu entre passĂ© et futur.

Pourriez-vous nous dire quelque chose sur vous, à partir de votre ùge et de votre lieu de résidence ?

« Je suis nĂ©e et j’ai grandi Ă  TĂ©hĂ©ran.

Depuis que je suis enfant, j’ai montrĂ© de l’intĂ©rĂȘt pour la peinture, comme beaucoup d’autres enfants, mais cet intĂ©rĂȘt s’est transformĂ© en une vĂ©ritable passion et j’ai commencĂ© Ă  Ă©tudier le graphisme au lycĂ©e. C’est Ă  cette Ă©poque que j’ai commencĂ© Ă  aborder la photographie.

Prendre des photos et les dĂ©velopper en chambre noire a Ă©tĂ© l’une des expĂ©riences les plus intenses de cette carriĂšre». Quel est le souvenir le plus marquant que vous ayez de votre enfance ?

Que voulait-il ĂȘtre quand il serait grand ?

« HonnĂȘtement, je n’aurais jamais pensĂ© devenir photographe un jour. Je rĂȘvais de devenir athlĂšte professionnel.

Depuis l’ñge de 8 ans, je jouais aux Ă©checs et pratiquais le karatĂ©. AprĂšs des annĂ©es d’entraĂźnement, j’ai compris que j’étais plus enclin Ă  l’art qu’au sport».

(suit page 18)

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Photo farnazdamnabi
FARNAZ

(suit de la page 17)

Qu’est-ce qui vous a poussĂ© Ă  adopter la photographie comme moyen d’expression ?

«Lorsque j’ai montrĂ© mes photographies Ă  mes professeurs ou Ă  mes parents, recevant des rĂ©actions positives, mĂȘme lors de concours photo nationaux et internationaux, j’ai ressenti une grande satisfaction. Je pense que mĂȘme de petits succĂšs peuvent façonner notre identitĂ©. De plus, grĂące Ă  mon appareil photo, j’ai pu entrer dans des espaces et voir des choses que je n’aurais jamais vues autrement.

Je pense que ce sont les raisons pour lesquelles j’ai choisi la photographie».

Qu’est-ce qui vous a initiĂ© Ă  la « photographie de rue » ?

« En fait, quand j’avais 16 - 17 ans, je prenais des photos de la nature. A cette Ă©poque, il m’était difficile de me rapprocher des gens, mais petit Ă  petit j’ai voulu devenir plus sociable et communiquer avec les autres.

Je me souviens de l’époque oĂč mon pĂšre ou ma mĂšre m’accompagnait dans les rues, mais au fil du temps, j’ai acquis suffisamment d’assurance pour prendre des photos dans ma ville sans ĂȘtre accompagnĂ©. Ou voyager seule dans mon pays»

Souhaitez-vous nous parler

de votre série Lost Paradise ?

“

J’ai rĂ©alisĂ© cette sĂ©rie dans le sanctuaire de l’Imam Reza, qui est la partie la plus religieuse de l’Iran.

Porter le tchador est un moyen de cacher le corps, de ne pas attirer l’attention des autres et de se perdre dans l’espace.

Pour moi, cela reprĂ©sente le processus de transformation d’une identitĂ© en objet.

C’est pourquoi nous ne voyons pas de visages de femmes dans cette sĂ©rie.”

Que signifie ĂȘtre un jeune photographe iranien ?

“Je pense que la bonne question Ă  poser est : ‘Qu’est-ce que cela signifie d’ĂȘtre un jeune Iranien ?’

Et je dois dire que, par rapport Ă  d’autres pays, il y a de nombreux obstacles que nous devons surmonter pour obtenir mĂȘme un petit succĂšs».

Considérez-vous son travail de photographe politique ?

“

Pour rien. Je prends en photo tout ce qui me saute aux yeux. ”

Y a-t-il une photo parmi toutes celles que vous avez prises que vous affectionnez particuliĂšrement ?

«Publiés ou non, ils sont tous comme des enfants pour moi et donc je les aime par le bas.

Mais La solitude dans la capitale est l’une de mes prĂ©fĂ©rĂ©es.

J’étais complĂštement Ă©puisĂ© en rentrant du travail et j’ai vu un reflet.

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Photo farnazdamnabi
entre
et réalité : entretien avec la jeune photographe iranienne Une exposition à Milan illustre le travail de Farnaz Damnabi.
Farnaz Damnabi
surréalisme
Explorant les contradictions de la sociĂ©tĂ© iranienne, son objectif tente d’éclairer l’invisible.

Je pensais Ă  quel point la solitude est grande, mĂȘme dans la capitale.

Je réfléchissais à la mesure dans laquelle les gens sont conscients de leurs droits.

Pour moi, cette photo n’est pas qu’un simple reflet, mais un symbole de silence.”

Pensez-vous que la photographie peut influencer notre façon de percevoir le monde ?

“Absolument oui.

Il n’est pas possible de voyager aux quatre coins du monde, donc les photos peuvent construire notre expĂ©rience du monde.”

Quels sont vos espoirs pour les femmes en Iran et comment pensez-vous que vos photographies peuvent contribuer Ă  ce changement ?

« Je souhaite la paix et la libertĂ© aux femmes du monde entier. Il ne s’agit pas de vouloir changer le monde, mais je me sens responsable de documenter cette partie de l’histoire que je vis».

Qu’espĂ©rez-vous que le public retiendra de votre exposition Unveiled ?

« Avec ses avantages et ses inconvĂ©nients, l’Iran est un pays incontournable.

J’espĂšre que le public de cette exposition repartira avec l’envie de voyager en Iran, de rencontrer mes compatriotes».

Marta Galli

https://www.ad-italia.it/article/farnaz-damnabi-intervista-fotografa-iran-mostra-milano/

nutile de rappeler combien, dans la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, les architectes post-modernes ont pu Ă©nerver les cercles orthodoxes de la thĂ©orie moderniste. L’histoire est bien connue et Paolo Portoghesi (Rome, 1931Calcata, 2023), architecte de grande renommĂ©e, Ă©tait le chef des postes.

Il a Ă©tĂ© critiquĂ© pour avoir rouvert “la fenĂȘtre sur l’histoire”, adoptant la ligne “courbĂ©e” comme lemme essentiel de son langage constructif.

NĂ© Ă  Rome en 1931, il fut Ă©galement un universitaire de longue date, essayiste et spĂ©cialiste du baroque avec une prĂ©dilection pour l’architecte Borromini, sa rĂ©fĂ©rence intellectuelle, professionnelle et peut-ĂȘtre mĂȘme Ă©thique.

Nous l’avons rencontrĂ© pour une interview il y a quelque temps dans sa rĂ©sidence de Calcata, un ancien village Ă  la campagne, dans la campagne au nord de Rome.

Le mĂȘme endroit oĂč il est mort il y a quelques jours. L’annĂ©e derniĂšre (nous entendons 2019, NDLR), nous avons cĂ©lĂ©brĂ© le soixantiĂšme anniversaire de la construction de la Casa Baldi, une maison individuelle situĂ©e dans une zone de verdure intense Ă  la pĂ©riphĂ©rie de Rome.

C’était sa premiĂšre Ɠuvre, mais elle est entrĂ©e dans l’histoire.

(suit page 20)

Photo farnazdamnabi
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(suit de la page 19)

Voulons-nous rappeler ce début du sien ?

AprÚs quelques travaux avec des collÚgues, la Casa Baldi a été mon premier projet en autonomie absolue, construit entre 1959 et 1961.

MalgrĂ© les dĂ©cennies qui se sont Ă©coulĂ©es, elle reste pour moi mon Ɠuvre prĂ©fĂ©rĂ©e, avec la grande mosquĂ©e de Rome.

Pour l’occasion, la conclusion de sa restauration pour une remise en service fonctionnelle a Ă©galement Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©e ; tĂąche qui lui est confiĂ©e, dont elle maĂźtrise les implications matĂ©rielles et conceptuelles.

Cela reste un travail courageux pour un architecte de vingt-huit ans. Et ainsi?

J’avais conçu la Casa Baldi avec des murs courbes, concaves Ă  l’extĂ©rieur et avec la saillie accentuĂ©e d’une corniche, de sorte que l’Ɠuvre a transgressĂ© les canons stylistiques rigoureux de cette Ă©poque.

C’était un projet en conflit avec le rationalisme, qui a commencĂ© Ă  mourir en quelques annĂ©es, alors que l’architecture exige au contraire une durĂ©e presque Ă©ternelle. J’étais convaincu qu’il fallait secouer les mythes du rationalisme et, en un certain sens, l’histoire m’a donnĂ© raison. Le mien Ă©tait aussi un acte de rĂ©bellion contre ce qu’on m’avait appris Ă  l’universitĂ©, c’estĂ -dire rester sur la voie du style international.

PAOLO PORTOGHESI POSTMODERNE

En fin de compte, suivez un conformisme dĂ©cent, sans autres ambitions. Mais dans ce cas, le client m’avait laissĂ© complĂštement libre, sans rĂ©fĂ©rences. Un client idĂ©al, donc


Eh bien, idĂ©al jusqu’à un certain point. Je pense que dans un projet c’est bien de peindre le portrait du client, Ă  la place on m’a demandĂ© de faire ce que je voulais, donc j’ai ratĂ© votre suggestion. Pourtant le rĂ©sultat me surprend toujours. Quelques annĂ©es plus tard, elle a conçu Casa Papanice, une villa Ă  plusieurs Ă©tages dans une zone semi-centrale de Rome, qui, malgrĂ© certaines caractĂ©ristiques Ă©galement en termes de matĂ©riaux, a reconfirmĂ© l’idĂ©e d’une architecture aux lignes courbes, introduisant Ă©galement couleur.

LĂ , j’ai proposĂ© de construire une maison qui plairait aux enfants qui, restant dans la ville, souhaitent la quitter.

A cette Ă©poque, je pensais beaucoup au moment formateur de l’enfance.

C’est une construction conçue comme un dĂ©chet de la ville, presque invisible de l’extĂ©rieur car entourĂ©e d’arbres denses.

Le revĂȘtement extĂ©rieur de la maison, composĂ© de tubes les uns Ă  cĂŽtĂ© des autres, Ă©tait en quelque sorte une rĂ©fĂ©rence Ă  l’architecte baroque Borromini, prenant une forme - dans son cas le triangle - et l’appliquant systĂ©matiquement.

J’ai choisi le cylindre, qui est la base de tout. Cette construction est nĂ©e d’une idĂ©e rationaliste : la

PALAZZI 20 VENEZIA
Photo morenomaggi

maison Schröder de Rietveld, transformée en édifice baroque.

Au fond c’est “la courbe” que j’ai ensuite poursuivie tout au long de ma vie, ma prĂ©fĂ©rence au sens absolu. Le maĂźtre d’ouvrage, un constructeur, m’avait demandĂ© une chose curieuse, que ce soit une architecture sensationnelle, Ă  tel point qu’elle puisse ĂȘtre filmĂ©e au cinĂ©ma.

Une rĂ©ussite car des films y furent effectivement tournĂ©s, dont l’un, en 1970, avec l’acteur Marcello Mastroianni pour l’interprĂ©tation duquel il obtint la Palme d’or au Festival de Cannes.

Y a-t-il une raison pour laquelle elle prĂ©fĂšre la courbe ? Écoutez, je peux l’expliquer en me rĂ©fĂ©rant au concept de champ d’Einstein, donc si je prends une ligne droite je crĂ©e un espace neutre, tandis que la ligne courbe comprime l’espace d’un cĂŽtĂ© et le dilate de l’autre. C’est une façon directe d’opĂ©rer sur l’espace, mais surtout de changer la densitĂ© de l’espace. Reconstruisant les Ă©vĂ©nements de l’architecture contemporaine, certains ont affirmĂ© que la Casa Papanice est l’un des premiers exemples de post-modernisme au monde. Êtes-vous d’accord?

L’AmĂ©ricain Charles Jencks – l’un des thĂ©oriciens les plus influents du modernisme et du postmodernisme – n’est pas de cet avis, insĂ©rant Casa Baldi dans la premiĂšre Ă©dition de Language of Postmodern Architecture. Au lieu de cela, Casa Papanice l’a encadrĂ© Ă  la fin de la modernitĂ©, Ă  la fin de la modernitĂ©. Êtes-vous d’accord avec la dĂ©finition d’architecte

postmoderne, sinon aussi avec le fait d’ĂȘtre l’un des fondateurs de cette tendance ?

J’ai certes adhĂ©rĂ© Ă  ce mouvement, ou peut-ĂȘtre en suis-je un prĂ©curseur, mais je suis déçu des rĂ©sultats, car alors ce mouvement a pris une tournure ironique et finalement excessivement autodĂ©risive, Ă  la limite du mauvais goĂ»t. Cette critique de votre part impose une question supplĂ©mentaire sur les forces et les faiblesses : quels sont les avantages et les inconvĂ©nients pour vous ?

Parmi les aspects positifs du postmodernisme, il y a le fait qu’il s’est adaptĂ© Ă  une nouvelle sensibilitĂ© qui Ă©tait apparue, c’était donc une libĂ©ration d’une sĂ©rie d’esclavages.

L’inconvĂ©nient est le cynisme de vouloir faire n’importe quoi.

juyh@nnnnnJe suis parti de l’idĂ©e que l’architecture devait retrouver le sens du lieu, qu’elle devait naĂźtre du lieu.

La Casa Baldi, par exemple, est faite ainsi parce que le Tibre se courbe devant elle, parce que le tuf des murs est le matĂ©riau dont est faite la colline sur laquelle elle se dresse, parce qu’il y a un monument romain Ă  proximitĂ©.

Bref, le lien avec le lieu est ma philosophie, qui comprend aussi l’idĂ©e de la ligne courbe, construite gĂ©omĂ©triquement, comme formidable outil de modĂ©lisation de l’espace. (suit page 22)

PALAZZI 21 VENEZIA
Photo ilmanifesto

(suit de la page 21)

Historiquement, le postmoderne a Ă©tĂ© une rĂ©ouverture de la fenĂȘtre sur le passĂ©.

Mais maintenant on ne sait mĂȘme plus ce que ça veut dire, c’est devenu une façon d’utiliser n’importe quoi, et je n’aime pas ça. Une figure faisant autoritĂ© qui s’est identifiĂ©e au postmodernisme Ă©tait Hans Hollein, un architecte autrichien que vous avez certainement connu de prĂšs.

En 1985, recevant le prix Pritzker, il dĂ©clare qu’il considĂšre l’architecture avant tout comme un art, c’est-Ă -dire une expĂ©rience crĂ©ative, et ne la voit pas en premier lieu comme une solution Ă  un problĂšme.

DĂšs lors, face Ă  cet Ă©noncĂ©, il faut en dĂ©duire qu’il existe au moins deux lignes distinctes et opposĂ©es : une autonome qui, justement, valorise la crĂ©ativitĂ© et l’individualitĂ©, et au contraire une ligne hĂ©tĂ©ronome, celle dans laquelle vous placez , une conception qui voit dans l’architecture la rencontre de diffĂ©rents Ă©lĂ©ments, comme l’histoire, l’anthropologie, la morphologie du lieu.

Cette évaluation est-elle correcte ?

En effet oui, mais en ce qui concerne Hollein je n’étais pas au courant de ces dĂ©clarations de sa part, mĂȘme si cette attitude peut ĂȘtre dĂ©duite de ses travaux. Je le connaissais trĂšs bien : il est

mĂȘme venu me rendre visite ici Ă  Calcata. En 1980 je l’ai invitĂ© Ă  exposer Ă  la premiĂšre Biennale d’Architecture de Venise, j’en Ă©tais le directeur et Ă  ce titre je l’avais intitulĂ© “La prĂ©sence du passĂ©â€. Parmi les architectes invitĂ©s, il Ă©tait peut-ĂȘtre celui qui m’était le plus proche.

Mais nous Ă©tions sur des positions diffĂ©rentes : Hollein avait derriĂšre lui une activitĂ© artistique de type radical et, en tant qu’architecte, il maintenait sa conception de l’autonomie de la construction.

Ma ligne est diffĂ©rente, l’architecture est, oui, un domaine qui inclut l’art, mais ce n’est pas que de l’art. En tant que langue, c’est aussi autre chose, et elle n’entre pas toujours dans la catĂ©gorie du sublime, comme chez Michel-Ange et d’autres grands.

Comment envisagez-vous la relation Nature/Architecture ?

J’ai consacrĂ© un livre Ă  ce thĂšme, intitulĂ© Architecture and Nature, qui a Ă©galement Ă©tĂ© traduit en anglais avec un certain succĂšs en AmĂ©rique.

Je soutiens, comme Einstein le soutenait dĂ©jĂ , qu’il n’y a rien que l’homme ait inventĂ© qui ne soit dĂ©jĂ  dans la nature.

Ainsi, en l’étudiant, les idĂ©es crĂ©atives sur lesquelles l’architecture est basĂ©e Ă©mergent.

Bref, je vois la nature comme le maĂźtre de l’architecture ; par exemple, la nature est rigoureusement Ă©conomique, et il y a une exactitude absolue dans ses formes, choses qui resurgissent mystĂ©rieusement dans la vie. Avec mes Ă©tudiants, je suis trĂšs ferme en disant qu’il faut

PALAZZI 22 VENEZIA
Photo giovannamassobrio

Ă©viter de prendre ses formes directement, car il faut d’abord comprendre les processus, et ce n’est qu’aprĂšs les avoir compris que la nature devient le maĂźtre, sinon on fait une grossiĂšre imitation formelle. Son avis sur le street art, Ă©tant donnĂ© que ce phĂ©nomĂšne artistique apparaĂźt de plus en plus souvent sur les murs des villes.

Le street art peut ĂȘtre vu comme la redĂ©couverte de la figuration, et la nĂ©cessitĂ© pour l’art d’ĂȘtre compris par tous, face Ă  une Ă©lite d’experts d’une crĂ©ativitĂ© incomprĂ©hensible pour le plus grand nombre. Quelle valeur a la lumiĂšre dans un bĂątiment? C’est trĂšs important, par exemple Ă  Borromini, dont vous ĂȘtes un grand connaisseur. La lumiĂšre est l’élĂ©ment le plus immatĂ©riel parmi les matĂ©riaux Ă  la disposition d’un architecte et l’un des aspects dĂ©terminants du langage architectural.

Borromini - Ă©tant donnĂ© que vous l’incluez dans le discours - dans ses Ă©difices religieux modĂ©lise la lumiĂšre naturelle comme un peintre peut utiliser une couleur, et c’est pour donner de la visibilitĂ© Ă  l’invisible, pour communiquer le sens du divin.

Dans certaines Ă©glises parmi celles qui m’ont Ă©tĂ© commandĂ©es, j’ai souvent affrontĂ© le problĂšme en le rĂ©solvant avec ce que j’ai appelĂ© un “double revĂȘtement” entre l’intĂ©rieur et l’extĂ©rieur, un mur reposant au sol et un au sommet.

J’ai fait une subdivision entre la terre et le ciel, plaçant ainsi une gamme de lumiĂšre rĂ©flĂ©chie de bas en haut au milieu.

C’était une façon de poursuivre une suggestion

faite par Borromini, en utilisant des technologies qu’il n’avait pas Ă  sa disposition. Dans la grande mosquĂ©e de Rome qu’on vous a demandĂ© de construire et qui est reconnue comme votre chef-d’Ɠuvre, comment avez-vous traitĂ© l’élĂ©ment lumiĂšre ?

Dans la mosquĂ©e, la solution est similaire, mais elle n’est pas donnĂ©e par le double revĂȘtement. L’intervalle entre le bas et le haut est donnĂ© par une fente de lumiĂšre continue, rendue possible par le fait que toute la partie supĂ©rieure est soutenue par des piliers. Pour masquer la lumiĂšre, j’ai placĂ© un panneau, Ă©galement continu, sur lequel figurent les inscriptions coraniques.

Ce que je voulais communiquer, c’est que la lumiĂšre est nĂ©e des paroles du prophĂšte. Vous avez inaugurĂ© un secteur disciplinaire, l’appelant GĂ©o-architecture, en devenant titulaire d’une nouvelle chaire Ă  l’UniversitĂ© La Sapienza de Rome. Pouvez-vous vous concentrer sur les aspects essentiels ? Le mot GĂ©o-architecture n’est pas de moi, il appartient Ă  Le Corbusier. Quand j’ai commencĂ© Ă  m’y intĂ©resser je n’en avais pas conscience, pourtant le contenu est diffĂ©rent.

J’ai commencĂ© par traduire la gĂ©ophilosophie, (suit page 24)

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voir les vidĂšos https://youtu.be/JUrlUxpE1ZAV https://youtu.be/LnirUC6h8x8

(suit de la page 23) un courant nĂ© en France avec d’importants reprĂ©sentants.

Partant de lĂ , j’ai pensĂ© que le sujet devait se tourner vers l’environnement, entendu dans un sens global, Ă  travers une utilisation consciente de l’architecture pour remĂ©dier au dĂ©sastre environnemental causĂ© par l’homme.

Par exemple, j’aborde le sujet de notre Ăšre gĂ©ologique, appelĂ©e l’anthropocĂšne, au-delĂ  de laquelle il y a la transformation de la planĂšte en un milieu qui n’est plus habitable par l’homme. C’est pourquoi je ne crois pas beaucoup Ă  l’architecture en tant qu’art, mais plutĂŽt en tant que remĂšde: le soin de la ville et du territoire.

Quand on me demande ce qu’est l’architecture, je rĂ©ponds depuis quarante ans que c’est un aspect du travail humain.

Franco Veremondi

Cette interview a Ă©tĂ© initialement publiĂ©e dans le numĂ©ro de dĂ©cembre 2020 (#12 / 2020) d’Architektur & Bau Forum, alors propriĂ©tĂ© d’Österreichischer Wirtschaftsverlag GmbH. Il a Ă©tĂ© possible de la publier avec l’aimable autorisation de l’auteur. Le portrait photographique de Paolo Portoghesi au dĂ©but est de Moreno Maggi. https://www.artribune. com/progettazione/architettura/2023/06/intervista-paolo-portoghesi/

PORTOGHESI INTERVIEW A 90 ANS

aolo Portoghesi, né à Rome le 2 novembre 1931, a quatre-vingt-dix ans.

L’architecte et historien de l’architecture a conçu des Ă©glises, des mosquĂ©es, des théùtres, des hĂŽpitaux, des Ă©coles, des gratte-ciel, des places et des quartiers en Italie et dans le monde ; il est le grand connaisseur de Borromini, mais il a Ă©crit des ouvrages sur Michel-Ange, Guarino Guarini, Bernardo Vittone, Palladio, la Renaissance, la LibertĂ© et le Postmodernisme qui sont devenus des classiques de l’historiographie architecturale : la Rome baroque, de 1966, en est aujourd’hui Ă  la 13e Ă©dition . Toujours professeur universitaire de gĂ©oarchitecture, il a Ă©tĂ© prĂ©sident de la Biennale de Venise de 1983 Ă  1993 et en 1980-82 il a dirigĂ© les deux premiĂšres Ă©ditions de la Biennale d’architecture.

Comment vivez-vous le rendez-vous avec les 90 ans ? Essayer de faire sereinement le point sur ce que j’ai rĂ©ussi Ă  faire et ce qui restait dans mon enclos.

La saison que nous vivons rend toute action difficile, mais elle facilite la réflexion, et je me suis dit. Le résultat?

Négatif, avec un peu de lumiÚre.

J’ai pu m’exprimer, mais je n’ai pas rĂ©ussi Ă  convaincre du bien-fondĂ© de mes idĂ©es et de l’utilitĂ© de mes positions thĂ©oriques.

La théorie des champs, par exemple.

ApprĂ©ciĂ© par beaucoup, mais pas mis en Ɠuvre. Quel est le meilleur souvenir de votre vie privĂ©e ?

PALAZZI 24 VENEZIA

Et quel est le meilleur souvenir de votre carriĂšre professionnelle ?

Dans la vie privée, la rencontre, il y a exactement cinquante ans, avec ma femme Giovanna Massobrio, jeune diplÎmée en architecture, rencontre qui a déterminé notre idylle.

Sur le plan professionnel, le meilleur souvenir est mon premier succĂšs d’historien de l’architecture, un petit livre sur Guarino Guarini, j’avais 23 ans, j’étais au dĂ©but de tout.

Il y a deux ans, son autobiographie «Roma/amoR» est sortie pour Marsilio. Rome Ă©tait aussi trĂšs aimĂ©e d’elle. Oui, mais pas seulement.

Je ressens une immense gratitude pour cette ville, mais cette gratitude a une nuance amĂšre. Rome est comme un Janus Ă  deux visages : d’un cĂŽtĂ© il sourit, de l’autre il sourit en diable.

C’est une ville de contrastes et de contradictions, merveilleuse, mais parfois aussi dĂ©testable. Vous ĂȘtes un chercheur subtil des structures minĂ©rales, vĂ©gĂ©tales et animales et avez Ă©crit de nombreux essais sur la relation entre l’architecture et la nature. Existe-t-il une frontiĂšre nette entre nature et culture ?

J’écris un livre sur la beautĂ©, tellement trahie par l’avant-garde.

LĂ  je dis que la beautĂ© est un fruit de la nature que nous essayons d’imiter.

La nature nous a fourni les archĂ©types de l’architecture : la grotte nous a inspirĂ© le principe de la maison, les branches nous ont fourni le matĂ©riau pour la con-

struire, les troncs sont devenus nos colonnes et piliers, le ciel s’est transfigurĂ© dans les dĂŽmes . Balzac disait que l’artiste doit voler ses secrets Ă  Dieu.

Qu’as-tu volĂ© Ă  la nature ?

J’ai essayĂ© de voler le naturel. Par exemple, le tissage des relations entre les parties qui n’est pas ostentatoire, mais immanent, voire naturel. Pour vous, qu’estce que « Urform », la forme originelle de toutes les formes ?

La courbe. Je lui ai mĂȘme dĂ©diĂ© un livre. Dans la nature, sauf dans les cristaux rares, la ligne droite n’existe pas. La courbe est l’élĂ©ment du mouvement de la vie et en est aussi le symbole. La vie est lĂ , lĂ  oĂč il y a quelque chose capable de plier. Le coronavirus, c’est aussi la nature. Que peut nous apprendre le coronavirus ? Que la puissance de la nature est bien supĂ©rieure Ă  celle de l’homme. Vous enseignez Ă  l’UniversitĂ© de Rome dans le cours de gĂ©oarchitecture, basĂ© sur une idĂ©e de l’architecture visant l’harmonie avec l’environnement. La mentalitĂ© gĂ©oarchitecturale pourrait-elle sauver l’homme de lui-mĂȘme ? Ce serait sans doute un des facteurs de salut possible.

En quelques dĂ©cennies, l’homme a construit plus de mĂštres cubes (suit page 26 )

Photo l’unità PALAZZI 25 VENEZIA

(suit de la page 25) qu’au cours des 10 000 annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Le temps est venu d’endiguer le phĂ©nomĂšne et de renouer avec une architecture inspirante aux lois de la nature. Que pensez-vous des archistars ?

Ils sont comme les grands riches, malheureux parce qu’ils ont trop.

Ils sont obligĂ©s de faire dix projets par jour, alors que de nombreux architectes n’ont pas de travail.

Et ils sont obligés de commander des armées de designers qui feront des répliques de ce que pense le maßtre.

La nouveautĂ©, toute nouveautĂ©, est considĂ©rĂ©e par beaucoup comme une qualitĂ© esthĂ©tique et mĂȘme Ă©thique.

Pouvez-vous continuer sans considérer ce que vous laissez derriÚre vous ?

La libertĂ© prĂ©sumĂ©e de toujours aller de l’avant est en rĂ©alitĂ© un esclavage. La nouveautĂ© est une caractĂ©ristique importante de tout ce que fait l’homme, mais elle ne peut pas ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un aspect essentiel, car l’avenir se construit aussi avec des matĂ©riaux qui viennent du passĂ©.

Vous avez commencĂ© votre carriĂšre universitaire en 1962 en tant que professeur de littĂ©rature italienne Ă  la FacultĂ© d’Architecture de l’UniversitĂ© La Sapienza de Rome. Dans quelle mesure les Ă©crivains et les poĂštes ont-ils influencĂ© vos visions ? Les poĂštes m’ont plus in-

fluencĂ© que les architectes, car la poĂ©sie nous apprend Ă  contenir les idĂ©es et les Ă©motions dans des structures rigoureuses. Et puis les poĂštes ouvrent leur cƓur dans leurs Ɠuvres, les architectes pas, ou beaucoup moins. J’ai trois grands points de repĂšre : Borromini, Leopardi et Rimbaud.

Deux sur trois sont poĂštes.

Mais alors il y aurait aussi Rilke, Hölderlin. Ma bibliothĂšque personnelle contient une grande majoritĂ© de livres sur l’architecture, mais ma bibliothĂšque mentale est dominĂ©e par les poĂštes. Dans les annĂ©es 1990, il ouvre la galerie d’art Apollodoro sur la Piazza Mignanelli Ă  Rome avec sa femme. AprĂšs la nature, l’architecture et la littĂ©rature, votre quatriĂšme passion est-elle l’art ? Oui, mais pas pour l’art, pour les arts.

Nous avons aussi mis en place des expositions de design, comme pour recrĂ©er l’ambiance de la saison Liberty. Mais Apollodorus renaĂźt maintenant, Ă  Calcata, au nord de Rome, oĂč je vis. Nous inaugurerons prochainement une exposition de peintures de Luigi Frappi. Bruno Zevi disait que sa spĂ©cialitĂ© Ă©tait de toujours voir du positif dans le mal et du nĂ©gatif dans le positif. Je ne nie pas du tout cette affirmation, au contraire je m’y reconnais. AprĂšs tout, c’est la reprĂ©sentation de la coĂŻncidence des contraires.

Et puis il y a toujours du bon dans le mauvais.

Le diable n’est encore qu’un ange dĂ©chu.

https://www.ilgiornaledellarte.com/articoli/la-gratitudine-amarognola-di-portoghesi-per-roma/

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Photo ansa

e ne sais pas par oĂč commencer pour me souvenir de Paolo Portoghesi, nĂ© en 1931 sur la Piazza dei Caprettari Ă  Rome, c’est-Ă -dire Ă  proximitĂ© du chef-d’Ɠuvre de l’architecte le plus aimĂ©, le Sant’Ivo alla Sapienza de Francesco Borromini.

Rarement la gĂ©olocalisation d’une naissance n’aura Ă©tĂ© plus prĂ©gnante pour une biographie : dĂ©jĂ  dans ses cahiers d’adolescent, Portoghesi prĂ©voyait un livre sur le maĂźtre tessinois.

Sa carriÚre se divise en deux phases, deux moitiés tout aussi fulgurantes.

DiplĂŽmĂ© auprĂšs de Guglielmo De Angelis d’Ossat en 1957, les premiĂšres Ă©tudes d’histoire de l’architecture sont cependant consacrĂ©es aux maĂźtres du baroque piĂ©montais car sa mĂšre, donc Guarino Guarini et Bernardo Vittone, est originaire de lĂ haut.

A mĂȘme pas trente ans, il reçoit des lettres enthousiastes de Giulio Carlo Argan, Bruno Zevi ou encore Rudolf Wittkower, qui lui proposent tous de collaborer.

Avec Zevi, il organise la grande exposition “Michelangiolo Architetto”, puis met en solo les puissants volumes sur Borromini et la Rome baroque pour lesquels il prend Ă©galement les photographies escaladant les clochers et les dĂŽmes souvent dĂ©labrĂ©s Ă  l’époque. Pasolini les achĂšte tous les deux et le lui fait savoir.

Quand Azio Cascavilla réalise le film documentai-

SOUVENIRS DE PAOLO PORTOGHESI

re “Utopia, utopie” en 1969 mettant en vedette un jeune et dĂ©sorientĂ© Renato Nicolini, Portoghesi apparaĂźt comme un professeur dĂ©jĂ  Ă©tabli et dandistique de Sapienza. AprĂšs tout, Ă  moins de quarante ans, il a dĂ©jĂ  Ă©crit des milliers de pages, organisĂ© des expositions et des confĂ©rences, et s’est dĂ©jĂ  disputĂ© avec Zevi Ă  cause de ses relations dangereuses avec son ennemi jurĂ©, Luigi Moretti dont il ne partageait pas les idĂ©es politiques, mais la fureur borrominienne. mathematicus – sa premiĂšre Ă©pouse, Anna Cuzzer, Ă©tait d’ailleurs une collaboratrice de Moretti ainsi que la fille du professeur de mathĂ©matiques du lycĂ©e. Il se lie professionnellement Ă  l’ingĂ©nieur Vittorio Gigliotti, ensemble ils construisent le bĂątiment Papanice qu’Ettore Scola utilise pour “Dramma della jalousie (tous les dĂ©tails en cornaca)“pour illustrer l’angoisse petite-bourgeoise d’une brune Monica Vitti mariĂ©e Ă  contrecƓur Ă  un boucher.

Le grand historien norvĂ©gien Christian Norberg-Schulz qui a vĂ©cu Ă  Rome dans les annĂ©es 1970 a consacrĂ© plus d’une monographie Ă  Portoghesi et Gigliotti, Ă©largissant leur Ă©cho international sous la banniĂšre du Genius loci.

(suit page 28)

PALAZZI 27 VENEZIA

(suit de la pĂšage 27) Directeur de “Controspazio”, l’orgue non officiel de la Tendenza, il a Ă©galement Ă©tĂ© doyen de l’architecture Ă  l’École polytechnique de Milan entre 1968 et 1976. Charles Jencks, auteur du sĂ©minal “The Language of Postmodern Architecture”(1977) invite ainsi l’architecte romain Ă  Londres fleurit un milieu anti-moderne mondial qui conduit Ă  la premiĂšre exposition internationale d’architecture de la Biennale de Venise en 1980 lorsque Portoghesi ouvre l’Arsenale pour la premiĂšre fois, le remplissant de façades en bois rĂ©alisĂ©es par les ouvriers de CinecittĂ  sous le nom de Strada Novissima.

L’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, il avait aidĂ© son contemporain Aldo Rossi Ă  construire le “Teatro del Mondo Floating”, ensemble ils avaient inaugurĂ© la saison de l’architecture Ă©phĂ©mĂšre. C’est un triomphe Ă©ditorial et professionnel qui l’amĂšne Ă  construire des Ă©glises et des places. En 1982, il consacre sa deuxiĂšme Biennale Ă  l’architecture islamique parallĂšlement aux trĂšs longs travaux pour la grande mosquĂ©e romaine que tout le monde critique idĂ©ologiquement sans jamais la visiter et qu’il borrominise en silence.

Le Psi dont il était membre depuis 1961 le promut à la présidence de la

Biennale, privilĂ©giant entre autres les Ă©ditions historiques de Rossi en 1985 et l’édition théùtrale de Carmelo Bene en 1989, jusqu’à la fatidique 1992. Selon Manfredo Tafuri lorsqu’on lui a demandĂ© ce qu’il Ă©tait le postmoderne, Portoghesi a rĂ©pondu Bettino Craxi, pour cette raison il lui a retirĂ© son salut et l’a violemment condamnĂ© dans la Storia dell’architettura italiana publiĂ©e par Einaudi. MalgrĂ© le succĂšs, cependant, la deuxiĂšme partie de la vie portugaise se dĂ©roule recluse dans une petite ville de Tuscia, Ă  Calcata, qu’il a aidĂ© Ă  sauver et Ă  rĂ©amĂ©nager, crĂ©ant un jardin et une bibliothĂšque, offrant asile Ă  ses animaux prĂ©fĂ©rĂ©s, Ă  savoir les paons et les Ăąnes de la mĂ©moire bressonienne.

Il y a accueilli Henry-Russell Hitchcock, Norberg-Schulz et d’autres grands noms ainsi que sa seconde Ă©pouse Giovanna Massobrio avec qui il avait ouvert la galerie Apollodoro au dĂ©but des annĂ©es 90 et signĂ© plusieurs livres ensemble.

À Calcata, Andrej Tarkovskij a tournĂ© une scĂšne de “Nostalghia” car c’est seulement ici que “la forte amitiĂ© de l’époque” est perceptible, comme l’a Ă©crit l’un de ses nombreux poĂštes bien-aimĂ©s, Libero De Libero in Valle Etrusca.

Il est dĂ©cĂ©dĂ© le 30 mai 2023 Ă  l’ñge de 91 ans.

Manuel Orazi

https://www.ilfoglio.it/cultura/2023/05/30/news/ vita-miracoli-e-morte-di-paolo-portoghesi-architetto-che-gia-da-ragazzo-sognava-borromini-5330427/

PALAZZI 28 VENEZIA
Photo biennale di venezia 1980

ituĂ©e entre Sant’Elena et le Lido, la Chartreuse de Venise est une Ăźle aux multiples vies.

La premiĂšre, du XIIe siĂšcle au dĂ©but du XIXe, y voyait le site d’un monastĂšre augustinien et chartreux.

Dans le second, jusque dans les annĂ©es 1960, il abritait une sĂ©rie d’installations militaires, dont la “Pirotecnica”, une usine de poudre Ă  canon et de munitions.

La troisiĂšme a commencĂ© en 1997, lorsque, aprĂšs des dĂ©cennies d’abandon, un important plan de rĂ©amĂ©nagement a Ă©tĂ© lancĂ© pour transformer les 22 hectares de terres incultes et contaminĂ©es de l’üle en un parc urbain Ă  la disposition des citoyens.

De l’Arsenale aux Giardini, des Giardini Ă  l’Arsenale, en passant par Garibaldi : l’itinĂ©raire canonique pour visiter la Biennale de Venise ne laisse pas la possibilitĂ© de choisir.

Cependant, il est juste de souligner comment “The Laboratory of the Future”, la Biennale d’architecture 2023 organisĂ©e par Lesley Lokko, se concentre sur le thĂšme du voyage et ses dĂ©rives inattendues. Venise n’est pas seulement la ville historique, c’est aussi sa lagune et ses Ăźles, des terres Ă©mergĂ©es oĂč les rythmes quotidiens sont dĂ©cidĂ©ment plus lents et plus dĂ©tendus.

Parmi les dĂ©viations des itinĂ©raires plus traditionnels, l’üle de Certosa offre la possibilitĂ© de s’immerger dans le paysage lagunaire le plus authentique.

Ici, du 21 mai au 15 octobre, il est possible de visiter BioGrounds, une exposition sensible qui met en scùne l’esprit ancestral de la Nature.

BioGrounds vise Ă  stimuler une nouvelle conscience environnementale, Ă  laquelle nous ne pouvons plus Ă©chapper aujourd’hui. Les installations créées, qui impliquent toutes la participation active du public, deviennent ainsi un dispositif pour mettre en mouvement cette rĂ©flexion.

Comme l’explique Domitilla Dardi, conservatrice senior du MAXXI pour la section Design, « nous avons imaginĂ© confier Ă  des designers contemporains l’objectif de crĂ©er des Ɠuvres capables de raconter aux gens l’histoire d’un lieu, sa nature, une rĂ©flexion sur son Ă©tat environnemental, d’impliquer les visiteurs par des actions et des interventions.

L’üle de Certosa avec sa biodiversitĂ© et ses espaces diversifiĂ©s (clairiĂšres, bois, cĂŽtes lagunaires, prĂ©existences historiques et architecture d’aujourd’hui) reprĂ©sente le lieu idĂ©al pour ce projet, qui renforce sa vocation de parc public participatif et conscient.

Du dialogue entre artistes, designers, architectes, philosophes, botanistes, conservateurs et professionnels de différents secteurs des disciplines du design, sont nées trois installations naturalistes permanentes créées par autant de duos inédits.

A cela s’ajoute le jardin créé pour l’occasion dans le cadre ,du projet MAXXI Alcantara qui,(suit p. 30)

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Photo artribune

(suit de la page 29) dans sa douziÚme édition, débarque à Venise.

Le designer et artiste Andrea Anastasio en dialogue avec la critique de design Angela Rui a créé Invasi, une installation composĂ©e d’une multitude de vases en terre cuite de diffĂ©rentes tailles, posĂ©s au sol, immergĂ©s dans le sol ou suspendus Ă  des troncs d’arbres, en partie en partie remplis vide. Certains ont des inserts en grĂšs, spĂ©cialement fabriquĂ©s avec la sociĂ©tĂ© Florim, avec des mots gravĂ©s qui nous informent sur l’état de santĂ© de notre planĂšte - ils reviendront Ă  la nature en Ă©tant Ă  nouveau envahis, colonisĂ©s par des plantes spontanĂ©es ou transformĂ©s en refuges pour animaux, en rĂ©fĂ©rence Ă  la caractĂšre cyclique de la nature. Le couple d’architectes et de vidĂ©astes Beka&Lemoine, avec le botaniste Stefano Mancuso, insĂšrent l’installation Lo Spaccasassi au centre des ruines du cloĂźtre de Certosa.

C’est un spĂ©cimen de micocoulier, un arbre connu dans le jargon comme le brise-pierres prĂ©cisĂ©ment parce qu’il pousse et se fraye un chemin entre les pierres, dans des conditions hostiles, et pour cette raison il est devenu un symbole de force et de rĂ©sistance.

Pour lui rendre hommage, une sĂ©rie d’activitĂ©s performatives lors de journĂ©es spĂ©ciales.

Parmi celles-ci, l’écoute du bruit entraĂźnant de la

LE MAXXI A LA CERTOSA DI VENEZIA

sĂšve coulant sur le tronc, un spectacle avec les chants populaires des semailles et des rĂ©coltes, la dĂ©gustation de plats prĂ©parĂ©s avec les herbes sauvages de l’üle. Populus Alba est plutĂŽt l’Ɠuvre de Formafantasma en dialogue avec le philosophe Emanuele Coccia.

Les auteurs travaillent depuis un certain temps sur le thĂšme des arbres en tant qu’organismes vivants et, pour donner forme Ă  leur intuition, ils ont donnĂ© la parole Ă  un arbre de la forĂȘt de Certosa.

Un peuplier blanc diffuse sa voix qui peut ĂȘtre entendue et amplifiĂ©e grĂące Ă  des dispositifs mĂ©talliques spĂ©ciaux (fabriquĂ©s par la sociĂ©tĂ© De Castelli) qui apparaissent comme des prothĂšses sculpturales fixĂ©es au tronc ou suspendues aux branches ou, encore, greffĂ©es entre les racines.

En rapprochant son tĂ©lĂ©phone portable de ces objets, qui fonctionnent comme des caisses de rĂ©sonance pour amplifier le son, et aprĂšs avoir scannĂ© une chaĂźne QR, il est donc possible d’écouter la voix de l’arbre rĂ©citer un texte Ă©vocateur Ă©crit par Emanuele Coccia.

A l’occasion de BioGrounds, le projet Alcantara MAXXI sort Ă©galement des salles du musĂ©e et trouve pour la premiĂšre fois de l’espace en plein air avec le projet Seedbed du Studio Ossidiana. Giovanni Belloti et Alessandra Covini, les jeunes architectes qui composent le duo, s’intĂ©ressent depuis longtemps aux relations entre les espĂšces humaines et non humaines, avec une attention particuliĂšre aux oiseaux (rappelez-vous ici l’Ɠuvre Variotions on a Bird Cage prĂ©sentĂ©e Ă  la Biennale d’architecture 2021 How Will We Live Together (commissa-

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riat de Hashim Sarkis).

Les oiseaux migrateurs, en particulier, sont fondamentaux pour la biodiversité, car ils sont des véhicules pour le transport des semences potagÚres et les ßles - comme celles de la Certosa - sont des étapes fondamentales lors des déplacements.

Le jardin Ă©volutif imaginĂ© par le Studio Ossidiana, rĂ©alisĂ© en Alcantara, est un environnement protĂ©gĂ© qui grandira grĂące aux graines jetĂ©es par les visiteurs, un lieu de repos et de rafraĂźchissement mais aussi d’une “action agricole”, tant pour l’homme que pour les oiseaux, qui restera sur l’üle pendant un mois.

Le jardin est conçu comme un ensemble d’enceintes ouvertes dont les armatures sont recouvertes de panneaux colorĂ©s qui vibrent au grĂ© du vent, portails qui dĂ©voilent mais en mĂȘme temps prĂ©servent un trĂ©sor aussi prĂ©cieux que la terre.

L’inspiration vient de l’histoire de l’üle qui, comme son nom l’indique, abritait un monastùre.

L’hortus conclusus Ă©tait cet espace central qui, par la pratique de la culture, garantissait la nourriture, donc la vie, aux moines.

Ainsi Studio Ossidiana a pensĂ© un lieu qui pose une limite, fait revivre un seuil en partie Ă  franchir et en partie Ă  ne pas franchir : l’action est le renversement de l’exclusivitĂ© de la sancta sanctorum pour l’exposer Ă  la communautĂ© et surtout pour le laisser faire l’expĂ©rience.

L’Alcantara utilisĂ© est issu d’une teneur en polymĂšre partiellement biosourcĂ© et de polyester recyclĂ© post-consommation, utilisĂ© pour la premiĂšre fois en design.

Dans le plein respect du thĂšme BioGrounds, Ă  la fin du cycle d’exposition, le matĂ©riau utilisĂ© pour le Seed Bed sera rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© grĂące Ă  une technologie innovante qui permet la rĂ©cupĂ©ration des matiĂšres premiĂšres d’origine. Enfin, en cohĂ©rence avec les thĂ©matiques et les valeurs de BioGrounds, l’entreprise partenaire Repower mettra Ă  disposition une gamme de ses solutions de mobilitĂ© durable allant d’une paire de vĂ©los cargo Ă  pĂ©dalage assistĂ© Ă  des bateaux full Ă©lectriques qui permettront d’accĂ©der Ă  l’üle en durablement et dans un silence absolu.

Sur l’üle, Repowere a activĂ© un service de micro-mobilitĂ© inspirĂ© du DINAclub, le projet créé pour Ă©lectrifier les pistes cyclables d’Italie et qui, dans cette Ă©tape spĂ©ciale, permettra au public de visiter l’üle via des vĂ©los Ă©lectriques mis Ă  disposition par Cambiobike. terrains biologiques. Pour une nouvelle conscience environnementale projet organisĂ© par Domitilla Dardi, créé par le MAXXI MusĂ©e national des arts du XXIe siĂšcle en collaboration avec Vento di Venezia et le Teatro Stabile del Veneto. Venise, Ăźle de Certosa du 21 mai au 15 octobre 2023.

www.elledecor.com/it/ arte/a43987862/su-unisola-semisconosciuta-della-laguna-biogrounds-mette-in-scena-lo-spirito-ancestrale-della-natura/

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Photo artribune.it

a 18e exposition internationale d’architecture a commencĂ© Ă  Venise (elle sera ouverte jusqu’au 26 novembre), les Giardini et l’Arsenale ont Ă©tĂ© pris d’assaut comme toute la ville, trouver un endroit dĂ©cent pour dormir et manger est pratiquement impossible”, mais dans l’ensemble, cette envie euphorique de revenir Ă  la vie ne peut que vous faire du bien », me dit Lesley Lokko lorsque je la rencontre Ă  la Corderie dell’Arsenale.

Écossaise de Dundee (« lĂ  oĂč la mer est aussi grise que le ciel pour se fondre », m’a dit Ă  son tour IanMcEwan lors d’une interview dans une Cagliari ensoleillĂ©e) comme ses pĂšre et mĂšre ghanĂ©ens, elle est la commissaire de cette nouvelle Ă©dition «qui braque les projecteurs sur l’Afrique et sa diaspora», explique-t-elle, « sur cette culture

LESLEY LOKKO

fluide et entrelacĂ©e des peuples d’origine africaine qui aujourd’hui embrasse le monde ». Elle a des sandales allemandes aux pieds et une robe en soie noire sur laquelle se dĂ©tache un Ă©norme collier/collier multicolore et la voyant si Ă  l’aise avec des tempĂ©ratures qui font ressembler Venise Ă  Cortina toute proche, j’ai presque honte de ma doudoune de cent grammes que j’ai sous mon ‘waterproof’.

La notion de temps, on le sait, est relative, quelque chose dont tout le monde parle, pour le meilleur ou pour le pire.

En effet, “EveryBody Talks About the Weather” rappelle Miuccia Prada avec la nouvelle exposition du mĂȘme nom dans sa fondation vĂ©nitienne, “parce que c’est le point de dĂ©part pour mettre en lumiĂšre l’urgence du changement climatique”, “un problĂšme universel global et universel”, ce joli conservateur aux cheveux bouclĂ©s qui cite sans le savoir “la Signora” (comme Miuccia Prada est appelĂ©e par ses employĂ©s). On suit Leslie Lokko entre une Ɠuvre et une installation, une vidĂ©o et une lĂ©gende alors qu’elle confie ses propos Ă  un parfait Oxbrige, Ă  un Anglais « trĂšs anglais » plutĂŽt qu’à un Écossais trĂšs reconnaissable. L’écouter est un pur plaisir.

Il va de prĂ©ciser que son Laboratoire du Futur (c’est le titre de cette Biennale) « n’est pas du tout un projet pĂ©dagogique, mais une sorte de rupture - un agent de changement dans lequel l’échange entre participant, exposition et visiteur il n’est pas passive ou prĂ©dĂ©terminĂ©e, mais une forme de confrontation glorieuse et imprĂ©visible qui incite Ă  un nouvel avenir » - jusqu’aux Lions d’or qui viennent d’ĂȘtre dĂ©cernĂ©s au BrĂ©sil et Ă  la Grande-Bretagne.

Le pavillon de ce dernier contient dĂ©jĂ  mon mantra : “Dancing Before The Moon”.

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Photo jacoposalvi

N’importe quand n’importe oĂč. Leslie (elle me demande de l’appeler ainsi) me rappelle alors que l’Afrique “est le pays le plus jeune du monde par Ăąge”, celui “avec l’urbanisation la plus rapide avec une croissance de prĂšs de 4%”, ajoutant que “nous” et “ est le monde » et que celui-ci « nous apprend Ă  nous ouvrir aux autres » au point de prĂ©ciser que la culture « est l’ensemble des histoires que nous nous racontons ».

Je suis sur le point de m’endormir, certainement pas par manque d’intĂ©rĂȘt pour elle et pour ce qu’il dit - Ă  Dieu ne plaise - mais parce que les rythmes de ceux qui travaillent sur une Biennale avant qu’elle ne commence, Ă  un moment donnĂ©, mettent Ă  rude Ă©preuve mĂȘme les plus tenaces.

Vous restez éveillé, vous résistez, mais ensuite vous vous effondrez.

Peu importe que Mattarella soit dans le pavillon italien ou Lokko devant nous.

Ne pas avoir de gin tonic entre les mains (je la rencontre juste avant 15h, donc aprĂšs des heures, du moins pour moi), alors, ça n’aide certainement pas, tout comme l’obscuritĂ© totale de la Corderie n’aide pas , ce qui me fait presque finir Ă  l’intĂ©rieur d’une Ɠuvre , risquant de me transformer en installation vivante, mais c’est une autre histoire. Le fait est qu’en quelques minutes, dans cette frĂ©nĂ©sie “Biennale”, je n’ai pas rĂ©alisĂ© que sa derniĂšre phrase Ă©tait en fait une salutation et qu’elle est partie, disparaissant derriĂšre une statue comme le protagoniste

d’un moment illusionniste de David Copperfield. En bon acheteur compulsif, je finis – pardon, donc je vais volontairement Ă  la librairie de l’Arsenale, dĂ©cidĂ©ment bien soignĂ©e et parmi les catalogues lourds (en poids, environ trois kilos, pas le contenu) de la Biennale, comprenant des t-shirts, des chapeaux, des parapluies et des pin’s dĂ©placĂ©s mais avec un logo, je dĂ©couvre quelque chose qui m’éveille de façon inattendue, plus fort que l’effet d’un double cafĂ© Ă  deux heures du matin ou de trois verres de Coca Cola aprĂšs le dĂźner. À son insu, c’est Lokko elle-mĂȘme qui le fait. Parmi les best-sellers de Chimamanda Ngozi Adichie - Americanah et “We should all be feminists” (publiĂ© par nous chez Einaudi) et un de V.S.Naipaul - Le masque d’Afrique (Adelphi) - un grand nombre d’autres best-sellers ont retenu mon attention mais avec des titres curieux, lire invitant : Cieli di Zafferano, Cioccolato amaro, Innocenti lies, Le monde Ă  mes pieds et bien d’autres, Ă©galement prĂ©sents dans la version originale anglaise, « agrĂ©mentĂ©s » de couvertures colorĂ©es comme toute Harmony. Avec un Ă©norme Ă©tonnement, j’ai lu le nom de l’auteur et devinez de qui il s’agit ? Leslie Lokko elle-mĂȘme. Oui, juste elle. Natalia Aspesi, lorsque je l’ai rencontrĂ©e pour la

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voir la vidĂšo https://youtu.be/ T18_cP28BMo
Photo jacoposalvi

premiĂšre fois il y a des annĂ©es ici mĂȘme Ă  Venise, lors d’une premiĂšre et inoubliable conversation, m’a dit que personne ne pouvait lui enlever “dix minutes de Beautiful” chaque jour.

Comme pour dire : on prend toujours soin de soi et on fait des choses sérieuses, mais à un certain moment de la journée le besoin de déconner arrive et chacun doit trouver le sien.

J’ai donc tout de suite voulu imaginer quelqu’un comme Lokko qui Ă  un certain moment de la journĂ©e, hier comme aujourd’hui, aprĂšs avoir eu affaire Ă  l’architecture, aux architectes (qu’elle appelle les praticiens) et aux Ɠuvres qui abordent la question de la dĂ©colonisation et de la dĂ©carbonisation Ă  a un moment donnĂ© elle dit : “maintenant je m’amuse Ă  ma façon et j’écris des livres”.

Un livre que les Anglais dĂ©finissent comme “chick lit”, littĂ©rature “pour poulettes”. Voici donc un livre dans lequel un certain Sam, “est une belle femme qui est une avocate qui est passĂ©e de vilain petit canard Ă  un cygne” et d’autres dans lesquels les protagonistes sont toujours un groupe d’angoissĂ©s et irrĂ©solus presque toujours ayant l’intention d’aller Ă  l’encontre de la volontĂ© des pĂšres, peu importe qu’ils soient au Zimbabwe ou dans le Dorset. L’important est qu’il y ait

un conflit en cours, existentiel ou amoureux. Juste qu’il y en a. “Nous les femmes sommes plus fortes qu’on ne le pense”, Ă©crit-elle dans “Poor Girl Rich” (comment ne pas devenir fou pour ce titre ?) oĂč elle embrasse celui qui ne m’embrasse pas mais nous sommes proches.

Il y a ceux qui parlent de cheveux aux autres (page 190) et un autre, Tory, “qui rougit jusqu’à la racine des cheveux” (s’il vous plaĂźt, chĂšre traductrice italienne Roberta Scarabelli ou qui que ce soit : pouvez-vous m’expliquer cette phrase ? J’ai essayĂ© imaginer la scĂšne mais je ne pouvais pas) et puis, encore, des parfums utilisĂ©s (page 201) “pour la sentir sur la peau lors des rĂ©unions du lendemain matin”.

C’est la mĂȘme fille (elle s’appelle Nic Parker) qui travaille pour un journal culturel aprĂšs des annĂ©es d’écriture pour Gossip ! (page 408) mĂȘme si c’est quelqu’un qui « ne connaissait rien Ă  l’art mais peu importe ». Le plus drĂŽle et aussi le plus chaud est “Cielo Zafferano” oĂč un certain Max est partagĂ© entre sa femme londonienne et son amant romain et par les deux il a eu une fille. J’adore! Dans son livre le plus rĂ©cent, “Soul Sisters”, encore inĂ©dit en Italie, Lokko nous emmĂšne Ă  Édimbourg et Johannesburg avec le mal de l’Afrique, dans “Bitter Chocolate” nous arrivons en HaĂŻti, dans “Un parfait inconnu” en Sierra Leone, tandis que “Dans l’amour et la guerre”, il y a Lexi qui est « la meilleure correspondante de guerre », « une femme courageuse dans un monde d’hommes », mais il y a aussi Jane qui est

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Photo biennaledivenezialejury

productrice de télévision en crise et Deena qui est une étudiante modÚle.

Le ou plusieurs de lui arrivent toujours, c’est la pratique et bien d’autres choses.

Maintenant, je me demande : comment n’ai-je pas remarquĂ© jusqu’à aujourd’hui cet incontournable Casati Modigliani souabe des Highlands avec vue sur la mer du Nord ? Pourquoi ne connaissais-je que ses projets spĂ©ciaux de conservateur et ses participants spĂ©ciaux dans les domaines de l’alimentation, de l’architecture, du changement climatique, de la gĂ©ographie et des mnĂ©moniques ?

Comment ai-je ignorĂ© ce qui Ă©tait et est certainement son excellente façon de s’amuser, un passe-temps qui devient de plus en plus un vrai mĂ©tier, alors qu’aujourd’hui les titres publiĂ©s sont plus d’une dizaine et presque tous de pas moins de 500 pages ? Comment n’ai-je pas remarquĂ© cette excellence qui va de pair avec l’autre en architecture ? LĂ  aussi, elle se rĂ©vĂšle donc parmi les meilleurs. “Le monde Ă  mes pieds” (maintenant plus que jamais) est un autre de ses livres de 2005, le plus rĂ©ussi, celui dans lequel l’hĂ©ritiĂšre sud-africaine Rianne de Zoete frĂ©quente l’universitĂ© contre son grĂ© et tombe amoureuse d’un certain Riitho qui - regardez Ă  cela - il est le fils d’un prisonnier politique qui est l’ennemi numĂ©ro un de sa famille. Comment ne pas aimer quelqu’un qui Ă©crit des livres comme celui-ci ? Fantaisie Giuseppe www.elledecor.com/it/people/a43950783/ritratto-di-lesley-lokko-dai-romanzi-rosa-alla-biennale-di-architettura/

ue signifie ĂȘtre « un agent de changement » ?

C’est la question qui a accompagnĂ© la pĂ©riode de gestation du Laboratoire du Futur et qui a servi de contrepoint et de force vitale Ă  l’Exposition, telle qu’elle s’est dĂ©veloppĂ©e dans l’Ɠil de l’esprit, oĂč elle est encore aujourd’hui, en Ă©quilibre, sur le point de naĂźtre. Au cours des neuf derniers mois, dans des centaines de conversations, SMS, appels vidĂ©o et rĂ©unions, la question s’est posĂ©e Ă  plusieurs reprises de savoir si des expositions de cette ampleur, tant en termes d’émissions de carbone que de coĂ»ts, peuvent ĂȘtre justifiĂ©es.

En mai de l’annĂ©e derniĂšre (Ă  l’occasion de l’annonce du titre) j’ai parlĂ© plusieurs fois de l’Exposition comme d’une « histoire », une narration qui Ă©volue dans l’espace.

Aujourd’hui, j’ai une vision diffĂ©rente. Une exposition d’architecture est Ă  la fois un moment et un processus. Elle emprunte la structure et le format des expositions d’art, mais se distingue par des aspects critiques qui passent souvent inaperçus. Outre la volontĂ© de raconter une histoire, les questions de production, de ressources et de reprĂ©sentation sont Ă©galement au cƓur de la genĂšse d’une exposition d’architecture, mais elles sont rarement reconnues et discutĂ©es. (suit p.36)

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LESLEY
LOKKO CURATRICE

(suit de la page 35)

Il Ă©tait clair dĂšs le dĂ©part que Le Laboratoire du Futur adopterait le concept de « changement » comme son geste essentiel. Dans le contexte de ces mĂȘmes conversations qui tentaient de justifier l’existence de l’exposition, des rĂ©flexions difficiles et souvent Ă©motionnelles sur les ressources, les droits et les risques ont Ă©tĂ© confrontĂ©es.

Pour la premiĂšre fois, les projecteurs sont braquĂ©s sur l’Afrique et sa diaspora, sur cette culture fluide et entrelacĂ©e des peuples d’origine africaine qui embrasse dĂ©sormais le monde.

Que voulons-nous dire?

Comment ce que nous disons changera-t-il quelque chose ?

Et, peut-ĂȘtre le plus important de tous, ce que nous disons influencera et impliquera ce que «d’autres» disent, faisant de l’exposition non pas une histoire unique, mais un ensemble de contes capables de reflĂ©ter le fascinant et splendide kalĂ©idoscope d’idĂ©es, de contextes, d’aspirations. et les significations que chaque voix exprime en rĂ©ponse aux problĂšmes de son temps ?

La culture est souvent dĂ©finie comme l’ensemble des histoires que nous nous racontons, sur nous-mĂȘmes.

Bien que vrai, ce qui Ă©chappe Ă  cette affirmation est la prise de conscience de qui reprĂ©sente le “nous” en question.

Dans l’architecture en particulier, la voix dominante a toujours Ă©tĂ© une voix singuliĂšre et exclusive, dont la portĂ©e et le pouvoir ont ignorĂ© de larges pans de l’humanitĂ© - financiĂšrement, crĂ©ativement et conceptuellement - comme si elle Ă©coutait et parlait dans une seule langue.

L’« histoire » de l’architecture est donc incomplĂšte. Pas faux, mais incomplet. C’est pourquoi les expositions sont importantes. Elles constituent une occasion unique d’enrichir, de modifier ou de redire une histoire, dont le public et l’impact sont perçus bien au-delĂ  des murs et des espaces physiques qui la contiennent.

Ce que nous disons publiquement est fondamental, car c’est le socle sur lequel se construit le changement, Ă  petits comme Ă  grands pas. Le Laboratoire du Futur est une exposition divisĂ©e en six parties.

Il comprend 89 participants, dont plus de la moitiĂ© sont originaires d’Afrique ou de la diaspora africaine.

L’équilibre entre les sexes est Ă©gal et l’ñge moyen des participants est de 43 ans, alors qu’il tombe Ă  37 ans dans les projets spĂ©ciaux du conservateur, dans lesquels le plus jeune a 24 ans.

46% des participants considĂšrent la formation comme une vĂ©ritable activitĂ© professionnelle et, pour la premiĂšre fois, prĂšs de la moitiĂ© des participants viennent d’ateliers d’une personne ou de cinq personnes.

Dans toutes les sections du Laboratoire du Futur, plus de 70% des Ɠuvres exposĂ©es ont Ă©tĂ© conçues par des

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« Une exposition d’architecture est Ă  la fois un moment et un processus.
Elle emprunte la structure et le format des expositions d’art, mais se distingue par des aspects critiques qui passent souvent inaperçus.
Les questions liées à la production, aux ressources et à la représentation sont également centrales».
LESLEY LOKKO
Photo jacoposalvi

studios gérés par une seule ou une trÚs petite équipe. Ces statistiques reflÚtent un changement sismique dans la culture de la production architecturale en général et un changement encore plus important dans la participation aux expositions internationales.

L’équilibre bascule.

Les structures s’effondrent. Le centre ne tient plus. Au cƓur de chaque projet se trouve l’outil principal et dĂ©cisif : l’imagination.

Il est impossible de construire un monde meilleur sans l’avoir d’abord imaginĂ©.

Comme Hemingway, qui terminait chaque sĂ©ance d’écriture par une phrase inachevĂ©e, Le Laboratoire du Futur se clĂŽt sur une question ouverte : et ensuite? L’Archive du Futur est un tĂ©moignage visuel des processus, dessins, discussions, idĂ©es, conversations, thĂšmes dĂ©couverts, propositions et nouvelles prises de conscience qui ont collectivement donnĂ© naissance Ă  cette exposition. Le Laboratoire du Futur n’est pas un projet pĂ©dagogique. Il ne veut pas donner de directives, ni proposer de solutions, ni donner de leçons.

Au lieu de cela, il est compris comme une sorte de rupture, un agent de changement, dans lequel l’échange entre le participant, l’exposition et le visiteur n’est pas passif ou prĂ©dĂ©terminĂ©.

C’est un Ă©change mutuel, une forme de confrontation glorieuse et imprĂ©visible, dont chacun sort transformĂ© et encouragĂ© Ă  avancer vers un nouvel avenir.

Lesley Lokko

https://www.labiennale.org/it/architettura/2023/

ROBERTO CICUTTO PRESIDENT

es derniĂšres annĂ©es, l’architecture s’est imposĂ©e comme la discipline qui plus que d’autres peut et doit apporter des rĂ©ponses aux besoins de l’humanitĂ©.

Presque comme la recherche scientifique dans le domaine de la mĂ©decine, l’architecture est Ă©galement sollicitĂ©e pour apporter des rĂ©ponses immĂ©diates Ă  des impĂ©ratifs urgents pour la survie de la terre et des genres qui l’habitent.

Les annĂ©es Covid l’ont confirmĂ© sans Ă©quivoque. La Biennale de Venise, avec plus de six mois consacrĂ©s Ă  la plus grande exposition internationale d’architecture au monde (la 18e cette annĂ©e), devient un lieu d’observation globale, touchant Ă  tous les problĂšmes du prĂ©sent avec un regard tournĂ© vers l’avenir. Ce n’est pas un hasard si la conservatrice Lesley Lokko a appelĂ© cette Ă©dition “Le Laboratoire du Futur”. Jusqu’à rĂ©cemment, l’exposition Ă©tait considĂ©rĂ©e comme la reprĂ©sentation du nouveau, du beau et du dĂ©veloppement technologique dans la science de la construction.

Aujourd’hui, les attentes et les responsabilitĂ©s qui sont attribuĂ©es aux acteurs de l’architecture sont trĂšs Ă©levĂ©es et rendent le mĂ©tier d’architecte de plus en plus complexe et concentrĂ© sur des thĂšmes (suit page 36)

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(suit de la page 35) trĂšs concrets et tournĂ©s vers la rĂ©alitĂ© qui nous entoure, mĂȘme si cela ne signifie pas renoncer Ă  la recherche esthĂ©tique. C’est peut-ĂȘtre pour cette raison que le commissaire aime dĂ©finir les participants comme des praticiens, trouvant le terme « architecte » rĂ©ducteur. Et les pratiquants vĂ©hiculent immĂ©diatement l’idĂ©e d’une action concrĂšte et nĂ©cessaire, sans privilĂ©gier des canons esthĂ©tiques ou dĂ©jĂ  Ă©prouvĂ©s. Les derniĂšres Biennales d’architecture ont fait de la conscience des thĂšmes impĂ©ratifs du monde leur centre de gravitĂ© : c’est pourquoi l’édition de Lesley Lokko s’enrichit d’une activitĂ© collĂ©giale inĂ©dite (comme tous les autres arts de la Biennale l’ont fait auparavant).

C’est une Ă©tape importante : le CollĂšge d’Architecture ne sera pas un gymnase dans lequel jeunes femmes et hommes, Ă©tudiants ou professionnels en dĂ©but de carriĂšre montreront des projets architecturaux ou des artefacts, ce sera aussi un vĂ©ritable campus, qui sous la responsabilitĂ© de la commissaire et des tuteurs choisis par elle aideront les participants et nous tous Ă  comprendre les devoirs de l’architecture contemporaine et surtout la maniĂšre de les transmettre.

Un laboratoire du futur ne peut faire abstraction d’un point de dĂ©part prĂ©cis, d’une ou plusieu-

rs hypothĂšses en quĂȘte de vĂ©rification. Lesley Lokko part de son continent d’origine, l’Afrique, pour raconter toutes ses criticitĂ©s historiques, Ă©conomiques, climatiques et politiques et dire Ă  tous “beaucoup de ce qui arrive au reste du monde nous est dĂ©jĂ  arrivĂ©. Parlons pour comprendre oĂč nous nous sommes trompĂ©s jusqu’à prĂ©sent et comment nous devons faire face Ă  l’avenir”.

C’est un point de dĂ©part qui appelle Ă  Ă©couter des segments de l’humanitĂ© laissĂ©s pour compte du dĂ©bat, et s’ouvre sur une multiplicitĂ© de langages longtemps passĂ©s sous silence par celui qui s’estimait dominant de droit dans une confrontation vitale et inajournable. Je crois que c’est la vraie tĂąche de la Biennale de Venise en tant qu’institution, et pas seulement en matiĂšre d’architecture.

Nous devons partir d’ici pour saisir l’opportunitĂ© qui nous permet de faire un saut de qualitĂ© Ă©galement dans l’approche de toutes les autres disciplines.

La 18Ăšme Exposition Internationale d’Architecture sous le commissariat de Lesley Lokko sera la premiĂšre Ă  expĂ©rimenter sur le terrain une voie pour atteindre la neutralitĂ© carbone, au point d’avoir dĂ©clinĂ© l’Exposition elle-mĂȘme sur les thĂšmes de la dĂ©colonisation et de la dĂ©carbonisation. La Biennale de Venise s’est engagĂ©e dans cet objectif crucial depuis le Festival international du film 2021, et dĂ©jĂ  l’annĂ©e derniĂšre, elle a obtenu la certification de neutralitĂ© carbone.

Nous sommes peut-ĂȘtre la premiĂšre grande institution

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Photo andreavezzĂč
« Jusqu’à rĂ©cemment, la Biennale d’architecture Ă©tait considĂ©rĂ©e comme la reprĂ©sentation du nouveau, du beau et du dĂ©veloppement technologique. Aujourd’hui, les attentes et les responsabilitĂ©s attribuĂ©es aux acteurs de l’architecture sont trĂšs Ă©levĂ©es et rendent le mĂ©tier d’architecte de plus en plus complexe”.
Roberto Cicutto

culturelle de niveau international Ă  atteindre ce rĂ©sultat, grĂące Ă  une collecte prĂ©cise de donnĂ©es sur la cause des Ă©missions de CO2 gĂ©nĂ©rĂ©es par tous nos Ă©vĂ©nements et Ă  l’adoption de mesures consĂ©quentes.

Une primautĂ© dont nous sommes fiers et qui, nous l’espĂ©rons, sera contestĂ©e par le plus grand nombre d’institutions, au nom de la lutte contre le changement climatique.

Nous remercions tous les pays participants et les nouvelles Participations Nationales. Nous remercions le MinistĂšre de la Culture, les institutions locales qui soutiennent de diverses maniĂšres La Biennale, la Ville de Venise, la RĂ©gion VĂ©nĂ©tie, la Surintendance de l’ArchĂ©ologie, des Beaux-Arts et du Paysage de la MunicipalitĂ© de Venise et de la Lagune, la Marine. Remerciements Ă  Rolex, Partenaire et Montre Officielle de l’évĂ©nement, et aux Sponsors Bloomberg Philanthropies avec Bloomberg Connects et Vela-Venezia Unica.

Nous remercions les donateurs, les organismes internationaux et les institutions importantes dans la rĂ©alisation de la Biennale d’architecture 2023. En particulier, merci Ă  Lesley Lokko et Ă  toute son Ă©quipe.

Enfin, merci Ă  tous les grands professionnels de la Biennale appliquĂ©s avec un grand dĂ©vouement Ă  la rĂ©alisation et Ă  la gestion de l’Exposition. https://www.labiennale.org/it/architettura/2023/intervento-di-roberto-cicutto

PAS D’ACCORD AVEC LA BIENNALE 2023

our aborder cette dix-huitiĂšme Biennale d’architecture, deux considĂ©rations s’imposent.

La premiÚre est que nous vivons une période de deuil dont nous ne pouvons pas sortir.

Le deuil a commencé au début des années 2000, précisément le 11 septembre 2001, avec la démolition des tours jumelles de New York.

À partir de ce moment, il y avait la certitude que la mondialisation qui auparavant, Ă  partir de la chute du mur de Berlin en novembre 1989, semblait se poursuivre sans arrĂȘt, avait plutĂŽt atteint une impasse et qu’à partir de ce moment, le monde commencerait Ă  souffrir d’une processus de fragmentation et de dĂ©sintĂ©gration.

La fin de l’euphorie de la mondialisation, dans l’architecture, a signifiĂ© la crise du phĂ©nomĂšne startitec. Non pas que Koolhaas, Gehry, Nouvel, Libeskind & compagnie n’aient pas construit des centaines sinon des milliers de bĂątiments de plus en plus gigantesques depuis 2001. Mais ces constructions n’ont plus Ă©tĂ© vues comme porteuses d’un esprit nouveau, mais plutĂŽt comme la rĂ©pĂ©tition fatiguĂ©e de stĂ©rĂ©otypes figuratifs - jouĂ©s sur la surprise, l’étonnement et l’émerveillement - et comme un symptĂŽme d’insensibilitĂ© Ă  l’égard de ces diversitĂ©s du monde Ă  l’égard de qu’ils auraient dĂ» (suit page 40)

PALAZZI 39 VENEZIA

(suit de la page 39) décliner de nouvelles valeurs esthétiques.

La deuxiĂšme considĂ©ration est qu’avec Greta Thunberg et les Fridays for Future une nouvelle conscience environnementale s’est dĂ©veloppĂ©e, notamment chez les jeunes, qui a dĂ©finitivement mis Ă  mal les paradigmes sur lesquels reposait notre culture technologique et, par consĂ©quent, notre façon de concevoir les bĂątiments.

Une prise de conscience qui a gĂ©nĂ©rĂ© des modes mĂȘme ridicules et masochistes, mais qui a nĂ©anmoins posĂ© avec force la question qu’on ne peut plus continuer avec des bĂątiments Ă©nergivores et avec des technologies non durables pour l’environnement.

Aujourd’hui, cela n’aurait aucun sens, par exemple, de concevoir un bñtiment comme le MAXXI à Rome ou le Guggenheim à Bilbao.

D’autre part, il suffit de voir comment il n’y a plus un bĂątiment qui ne soit couvert d’arbres et d’arbustes pour comprendre Ă  quel point la question environnementale est devenue un sentiment commun, un motif d’inspiration esthĂ©tique, une certitude apodictique mĂȘme pour les spĂ©culateurs. et promoteurs immobiliers. Dans ce climat de crise et d’incertitude, la Biennale de Venise devait regarder le monde avec un Ɠil qui ne pouvait plus ĂȘtre celui conventionnel : c’est-Ă dire prĂ©cisĂ©ment celui de la culture occidentale accusĂ©e d’avoir causĂ© le dĂ©sastre.

D’oĂč le choix d’une curatrice, d’origine africaine et hors du cercle des grandes missions professionnelles: Lesley Lokko.

Une figure idĂ©ale pour nous raconter des histoires diffĂ©rentes de celles habituelles et ouvrir les yeux sur ce qui est nouveau, notamment dans les pays Ă©mergents, qui couvent aujourd’hui dans les cendres d’une recherche architecturale en crise.

Une Biennale donc contre la spectaculaireisation imposée par le star system, visant à identifier de nouveaux sujets, notamment les jeunes, expérimentateurs de technologies douces et promoteurs de valeurs sociales et symboliques sur lesquelles construire un avenir meilleur et plus responsable.

Comment ne pas ĂȘtre d’accord avec ce projet ?

Et comment ne pas avoir d’attentes ?

Jusqu’au vernissage du 17 mai, je n’étais pas le seul Ă  ĂȘtre sĂ»r que ce serait, sinon une Biennale qui fera date, du moins digne de celle de Portoghesi en 1980, qui fut le chant du cygne du postmodernisme, ou celui de Fuksas en 2000, qui a diffusĂ©, notamment en Italie, les nouvelles langues nĂ©es Ă  partir de la fin des annĂ©es 1980.

Et au lieu de cela, la dĂ©ception, peut-ĂȘtre parce que les attentes Ă©taient si Ă©levĂ©es, Ă©tait brĂ»lante.

Une édition, à mon sens, insignifiante. Pour au moins cinq raisons.

Le premier Ă©tait bien exprimĂ©, avec la franchise un peu rugueuse qui le distingue, Patrik Schumacher : il manque l’architecture. La Biennale d’architecture, semble-t-il Ă©vident, n’est pas un Ă©vĂ©nement de sociologie, d’art ou de

PALAZZI 40 VENEZIA
Photo irenefanizza

quoi que ce soit d’autre. Il raconte l’état de la recherche disciplinaire, la maniĂšre dont les architectes affrontent et tentent de rĂ©soudre, Ă  travers l’espace de la construction, la ville et le territoire, les problĂšmes que leur pose la sociĂ©tĂ©. Evidemment il n’est pas dit que seules ou majoritairement des rĂ©alisations soient prĂ©sentĂ©es, souvent les meilleures idĂ©es restent sur le papier. Mais il faut parler de projets. En fait, on ne peut pas accuser le star system de produire des formes clinquantes mais dĂ©nuĂ©es de sens et leur opposer ensuite des concepts incohĂ©rents et dĂ©structurĂ©s qui jouent exactement sur le mĂȘme effet WOW et sur les mĂȘmes rĂšgles de communication superficielles et globalisĂ©es.

La deuxiĂšme raison est qu’une grande partie de cette Biennale souffre d’intellectualisme acadĂ©mique et de cĂ©rĂ©bralisme.

Ce qui signifie solutions impraticables, complication de l’inutile, incapacitĂ© Ă  regarder la rĂ©alitĂ© d’un point de vue qui n’est pas ancien. C’est un peu l’éternel problĂšme de l’orientalisme, c’est-Ă -dire de l’Orient vu Ă  travers le filtre des stĂ©rĂ©otypes culturels europĂ©ens ou amĂ©ricains.

Cela peut produire des rĂ©sultats intĂ©ressants, comme cela s’est produit par exemple avec le Japon vu Ă  travers les yeux de Frank L. Wright, mais cela ne rĂ©pond certainement pas Ă  l’impĂ©ratif Ă©thique actuel de questionner les maux mĂȘmes de la mondialisation que nous voulons tant combattre.

Il est intéressant de noter à cet égard que la plupart des

quelques projets architecturaux proviennent de designers diplÎmés des facultés américaines et britanniques.

Et ça fait sourire de voir les projets de David Adjaye exposĂ©s dans le Pavillon Central des Jardins, qui ne sont pas trĂšs diffĂ©rents de ceux qu’aurait rĂ©alisĂ©s un studio international comme, par exemple, Skidmore Owings & Merril.

La troisiĂšme raison est le recours Ă  des pratiques pseudo-artistiques. « Je fais des choses, je vois des gens » : il semble revoir Ecce Bombo de Nanni Moretti. Il y a toujours un atelier, une fĂȘte, un moment de rencontre et de participation, un acte de prise de conscience, un dĂ©jeuner collectif.

En effet, il semble parfois que le projet soit la fĂȘte elle-mĂȘme.

Pour l’amour de Dieu : ils sont adorables et ça fait plaisir de se retrouver en sirotant un spritz.

Mais il ne faut pas les confondre avec des projets qui doivent ĂȘtre racontĂ©s de maniĂšre non superficielle. Les expliquer au grand public est certes difficile, mais c’est prĂ©cisĂ©ment l’enjeu d’évĂ©nements comme la Biennale d’architecture. Pensez, par exemple, Ă  l’efficacitĂ© de la Strada Novissima de la Biennale de 1980, du point de vue de la clartĂ© de la diffusion, et combien nous nous en souvenons encore aujourd’hui pour le meilleur ou pour le pire. La quatriĂšme raison est que jamais auparavant la volontĂ© (suit page 42)

PALAZZI 41 VENEZIA

(suit de la page 41) d’expliquer le sens de l’ensemble, des sections dans lesquelles l’exposition est divisĂ©e, des installations individuelles n’a fait dĂ©faut comme Ă  cette Biennale. Si vous ne le croyez pas, essayez de lire les lĂ©gendes et de leur donner un sens. De l’architecture pure, pleine de termes dont se moquent les acadĂ©mies anglo-saxonnes. Pas mal comme ouverture sur des cultures auparavant supprimĂ©es et maintenant Ă©mergentes.

La cinquiĂšme raison est les pavillons.

Eux aussi ont Ă©vitĂ© de parler d’architecture. Relativement peu ont enfreint la rĂšgle (cependant je signale celui de la Belgique comme particuliĂšrement intĂ©ressant).

Un signe que le problĂšme ne vient pas seulement du curateur Lokko.

Cela signifie probablement que nous sommes encore au milieu d’un guĂ© dont nous avons du mal Ă  sortir. Une derniĂšre considĂ©ration.

Quand on passe devant le pavillon central des Giardini, on remarque la marquise façon pauvre certes chĂšre: en tĂŽle recyclĂ©e, un peu dĂ©chirĂ©e et espacĂ©e pour laisser passer l’eau, histoire de suggĂ©rer la prĂ©caritĂ©.

Il pourrait ĂȘtre le symbole de cette Biennale snob, irrĂ©aliste et peu concluante.

Luigi Prestinenza Puglisi https://www.artribune. com/progettazione/architettura/2023/05/biennale-venezia-criticita/

es thermes de Caracalla, à l’occasion du trentiùme anniversaire des attentats de San Giovanni in Laterano et San Giorgio al Velabro qui ont eu lieu dans la nuit du 27 au 28 juillet 1993, accueillent l’exposition Letizia Battaglia Senza Fine.

Un hommage Ă  la photographe sicilienne qui a consacrĂ© sa vie Ă  l’engagement citoyen, Ă  la conscience sociale, rĂ©vĂ©lant sensibilitĂ© et naturel dans la composition des images. Letizia Battaglia (Palerme, 1935-2022) considĂ©rait la photographie comme un outil pour dĂ©noncer les entailles causĂ©es par le terrorisme et les traĂźnĂ©es de sang et de mort, les rugissements dramatiques, voulus par la mafia en Sicile dans les annĂ©es soixante-dix et quatre-vingt.

Et le parcours de l’exposition comprend quatre-vingt-douze photos grand format.

Elles sont suspendues sur des chevalets de cristal, « comme une forĂȘt, une installation ouverte », configurant ainsi un agencement non rigide, non vertical et hiĂ©rarchisĂ© des Ɠuvres, mis en place de maniĂšre intemporelle et non chronologique pour raconter les diffĂ©rentes maniĂšres d’ĂȘtre. un photographe de Battaglia.

Des images iconiques, méconnues ou inédites qui résument cinquante ans de travail photographique, de 1971 à 2020.

Le projet d’exposition, a expliquĂ© le commissaire Paolo Falcone, a maintenu « la tradition de composer une Ɠuvre unique sans hiĂ©rarchies oĂč photographies iconiques, notes de voyage, vie quotidienne construisent un rĂ©cit ouvert. Une constellation de photographies oĂč l’amour et la douleur, la douceur et le drame, la passion et l’engagement

PALAZZI 42 VENEZIA
LETIZIA BATTAGLIA PHOTOGRAPHE
Photo letiziabattaglia

racontent des moments de notre histoire”. Pour tenter de donner l’importance qu’elle mĂ©rite Ă  une femme qui va Ă  contre-courant et brise le moule.

Dans ses Ɠuvres Letizia Battaglia ne recherche pas la belle image et pour cela elle utilise le noir et blanc car il permet de voir des choses que la couleur ne rĂ©vĂšle pas.

Il suffit d’observer le portrait que Battaglia a fait de Rosaria Costa, veuve de l’agent Vito Schifani mort dans le massacre de Capaci en 1992 avec le juge Giovanni Falcone, lors des funĂ©railles de son mari dans la cathĂ©drale de Palerme.

PlacĂ©e au centre de l’exposition, elle est devenue l’image emblĂ©matique de la lutte contre la mafia.

Les yeux de Rosaria sont fermés, aprÚs le bruit horrible et la chair déchirée.

Le visage composĂ© est Ă  moitiĂ© plongĂ© dans l’ombre et l’autre Ă  moitiĂ© plongĂ© dans la lumiĂšre.

La mĂȘme division fend les lĂšvres entrouvertes de la jeune femme.

Peut-ĂȘtre prend-elle conscience de la violence inouĂŻe qui s’est abattue sur son corps et du sens de l’existence face Ă  ces vies brisĂ©es valant moins que rien.

Pas une photographe de la mafia, comme on l’a dĂ©finie, mais une photographe contre la mafia, a tenu Ă  prĂ©ciser Battaglia. Elle voulait ĂȘtre qualifiĂ©e d ‘”humble photographe des tragĂ©dies de Palerme”.

Sa ville est rĂ©servĂ©e Ă  une sĂ©lection de plans impliquant les patients de l’hĂŽpital psychiatrique, en faisant d’eux des protagonistes.

Un rendez-vous qui s’est souvent rĂ©pĂ©tĂ© au fil des annĂ©es.

DRAME ET DOUCEUR, PASSION ET ÉMOTION CONTRÔLÉE SE MÊLENT DANS

Et c’est la photo de la jeune Graziella de 1983 qui ouvre l’exposition.

Le visage marquĂ©, les cheveux bien peignĂ©s, les yeux brillants, un soupçon de sourire, elle regarde droit dans l’objectif tout en offrant des fleurs comme pour dire « moi aussi j’existe. Accepte-moi, je ne dois pas ĂȘtre rejetĂ© ».

L’exposition se termine par le clichĂ© 2020 d’Olimpia, une jeune maman sur la plage de Mondello. Le travail de photojournaliste n’est pas facile pour Battaglia, dans un monde d’hommes.

Jusqu’à ce que le commissaire Boris Giuliano ordonne à ses policiers: “La dame doit passer”.

Chef de la Police que l’on voit de dos sur les lieux d’un meurtre, avec l’extrĂȘme souffrance de cette femme Ă©crasĂ©e de douleur qui ne tient pas debout. Une douleur pourtant qui n’est pas addictive, mais plutĂŽt une image qui fustige la complicitĂ©, le silence, l’impuissance.

L’exposition fait Ă©galement la part belle Ă  un ensemble de photographies que Letizia Battaglia a prises loin de son pays natal. Des dĂ©placements substantiels pour saisir pleinement son travail et sa pensĂ©e. Dans Utah, 2019, la configuration androgyne d’une femme nue allongĂ©e sur la neige presque au point de sombrer, plongĂ©e dans un silence rassurant, proclame un contact avec la nature enfin loin de dĂ©border de violence.

PALAZZI 43 VENEZIA
BAINS DE CARACALLA EST
À ELLE
LES PLANS DE LETIZIA BATTAGLIA TÉMOIN COURAGEUX DE SON ÉPOQUE L’EXPOSITION AUX
DÉDIÉE

abarama, alias Paola Epifani, née en 1969 à Rome en Italie, est une artiste qui vit et travaille à Padoue.

Fille d’artiste, elle manifeste dùs son plus jeune ñge un talent naturel pour la sculpture.

Rabarama a commencĂ© sa formation Ă  l’école d’art de TrĂ©vise, puis plus tard Ă  l’AcadĂ©mie des beaux-arts de Venise.

Elle a obtenu son diplĂŽme en 1991 avec des notes Ă©levĂ©es et a immĂ©diatement commencĂ© Ă  participer Ă  un grand nombre de concours de sculpture nationaux et internationaux, qui lui ont valu de nombreux Ă©loges du public et des critiques. Rabarama crĂ©e des sculptures et des peintures avec des hommes, des femmes ou des crĂ©atures hybrides, passant souvent mĂȘme par l’excentrique.

La peau des sujets créés par l’artiste est toujours ornĂ©e de symboles, lettres, hiĂ©roglyphes et autres figures aux formes variĂ©es.

La “membrane”, le “manteau” qui semble envelopper ces figures est en constante Ă©volution, toujours enrichie de nouveaux signes, symboles et mĂ©taphores.

L’alphabet indique la limite interne prĂ©sente dans le langage et notre ĂȘtre d’entitĂ©s singuliĂšres-plurielles (selon la conception du philosophe Jean-Luc Nancy) : les hiĂ©roglyphes, les Ă©nigmes et les nids d’abeilles sont la visualisation du gĂ©nome, des infinies combinaisons et variĂ©tĂ©s possibles inhĂ©rentes Ă 

RABARAMA SCULPTEUR

l’humanitĂ©, visualisĂ©e dans les labyrinthes mentaux oĂč se matĂ©rialise la complexitĂ© multiforme de l’ego.

Souvent les expositions des oeuvres de Rabarama sont prĂ©sentĂ©es en collaboration avec d’autres artistes, performeurs (body painting, danse, acrobatie) et sont enrichies par des projections vidĂ©o et audio.

Son travail est considĂ©rĂ© comme suggestif et passionnant, dĂ©crivant toutes les douleurs et les joies de l’ĂȘtre humain, de l’esclavage Ă  la libertĂ© du code gĂ©nĂ©tique des rĂȘves.

“L’art de Rabarama est souvent trĂšs agressif, non seulement pour le spectateur, mais aussi pour le crĂ©ateur”, a dĂ©clarĂ© George S. Bolge, directeur exĂ©cutif du Museum of Art of Boca Raton, Miami, États-Unis d’AmĂ©rique, concernant les Ɠuvres de l’artiste.

Ce long parcours, jalonnĂ© de succĂšs, la conduit en 2011 Ă  ĂȘtre prĂ©sente Ă  la 54e Biennale de Venise avec l’Ɠuvre monumentale Abbandono, entiĂšrement rĂ©alisĂ©e en marbre de Carrare.

Outre cette reconnaissance fondamentale, ses Ɠuvres ont Ă©tĂ© exposĂ©es dans les grandes capitales mondiales de la scĂšne artistique telles que, entre autres, Paris, Florence, Cannes, Miami, Shanghai.

Nombreuses et importantes sont les acquisitions de ses Ɠuvres par d’importantes institutions publiques et privĂ©es telles que le MusĂ©e d’Art de la Biennale de PĂ©kin, l’Espace Sculpture de Shanghai et le MusĂ©e Copelouzos d’AthĂšnes, sans oublier les trois Ɠuvres monumentales achetĂ©es Ă  la MunicipalitĂ© de Reggio Calabria. et exposĂ© sur le front de mer de FalcomatĂ .

Depuis 2014, elle est la marraine et l’inspiratrice du Skin

PALAZZI 44 VENEZIA
Photo paolaepifani

Art Festival, qui se tient à Merano, en collaboration avec Kryolan. Récemment, en 2015, Rabarama a remporté le concours international organisé par la Municipalité de Vallo della Lucania (SA).

Suite Ă  cette victoire, Leud a Ă©tĂ© créé, le plus grand travail de marbre jamais créé par l’artiste, maintenant exposĂ© dans le centre historique caractĂ©ristique.

De plus, l’entente artistique et la collaboration avec le Cirque du Soleil demeurent inoubliables.

En 2016, Rabarama a exposĂ© dans les deux galeries italiennes, telles que la galerie italienne des beaux-arts de Positano et la galerie SimonBart de Porto Cervo, et Ă  l’étranger, participant Ă  la biennale Vught organisĂ©e par Van Loon Galleries, Hollande.

La mĂȘme annĂ©e, il participe Ă  la Biennale d’art d’Asolo (TV), en Italie.

GrĂące Ă  son talent multiforme, Rabarama expĂ©rimente et crĂ©e, au fil du temps, les oeuvres en terre cuite, les bronzes peints classiques et bien connus, les piĂšces uniques fascinantes en marbre, verre et pierres rares, les inclusions en rĂ©sine, les monotypes en rĂ©sine de silicone. , les prĂ©cieux bijoux de l’artiste et, bien sĂ»r, aussi les splendides peintures et sĂ©rigraphies.

Rabarama vit et travaille actuellement Ă  Padoue, gĂ©rant sa carriĂšre de maniĂšre indĂ©pendante et collaborant au niveau international avec d’importantes galeries d’art en France, en Hollande, en Belgique, en Angleterre, en Turquie, en Suisse et aux États-Unis.

https://www.rabarama.com/scultura

JOAN MIRO’

CELEBRATIONS

JOAN MIRÒ. EXPOSITIONS EN ITALIE

Le musĂ©e Revoltella accueille dans la ville de Trieste, jusqu’au 24 septembre, l’exposition

Omaggio a MirĂł, organisĂ©e par Achille Bonito Oliva et Vincenzo Sanfo. L’exposition, qui utilise des prĂȘts d’importants musĂ©es espagnols et français, prĂ©sente environ quatre-vingts Ɠuvres, non seulement des peintures, mais des sculptures, des cĂ©ramiques, des aquarelles, des dessins et d’autres documents, livres et Ɠuvres graphiques.

Le parcours de l’exposition, accompagnĂ© de photos et de vidĂ©os qui veulent raconter la vie de l’artiste catalan, entend suivre le style pictural particulier de MirĂČ.

Au lieu de cela, l’hommage du MusĂ©e ArchĂ©ologique RĂ©gional d’Aoste sera mis en scĂšne jusqu’au 1er octobre, avec l’exposition “C’est quand je rĂȘve que je vois clair”.

Le thĂšme principal de l’exposition se devine dĂ©jĂ  Ă  partir du titre : Joan MirĂł a toujours Ă©tĂ© fortement influencĂ© par ses rĂȘves, c’est pourquoi son art est souvent associĂ© au surrĂ©alisme.

Il croyait que les rĂȘves avaient un pouvoir spĂ©cial pour rĂ©vĂ©ler des vĂ©ritĂ©s cachĂ©es et que ses peintures Ă©taient un moyen de les explorer et de les exprimer.

L’art de MirĂł prĂ©sente souvent des formes abstraites, (suit page 46)

PALAZZI 45 VENEZIA

(suit de la page 45) des symboles et des figures qui semblent flotter dans l’espace, tĂ©moignant du pouvoir des rĂȘves et du potentiel crĂ©atif de l’esprit humain.

D’autre part, l’exposition Ă  la Galleria delle Arti de Rome, intitulĂ©e TracĂ© sul l’eau, qui prĂ©sentait une sĂ©rie de 14 aquarelles imprimĂ©es Ă  l’eau-forte sur papier pelure d’oignon du Marais en Ă©dition limitĂ©e, Ă©ditĂ©e sous forme de livre d’artiste par Miro en 1963.

2. JOAN MIRO AU GUGGENHEIM DE BILBAO Le Guggenheim Bilbao prĂ©sente Joan MirĂł. RĂ©alitĂ© absolue. Paris, 19201945, une exposition qui explore la pĂ©riode entre 1920 et 1945, lorsque l’artiste catalan vit et travaille Ă  Paris.

L’exposition, ouverte au public jusqu’au 28 mai, prĂ©sente des Ɠuvres montrant l’évolution de son style et son influence sur le mouvement surrĂ©aliste d’avant-garde.

Examinez le travail de Miró à travers le prisme de la réalité absolue, un concept développé pour décrire sa vision artistique.

L’exposition prĂ©sente des peintures, des dessins et des sculptures qui illustrent son exploration de la forme, de la couleur et de la ligne : ces Ɠuvres tĂ©moignent de l’attention que l’artiste catalan portait dans ses annĂ©es parisiennes Ă  l’art prĂ©historique, dont il voulait retrouver le sens originel de l’art.

130 ANS DEPUIS LA NAISSANCE DE JOAN MIRO’

EXPOSITIONS EN EUROPE

2023 EST LE 130E

ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE JOAN MIRÒ, DÉCÉDÉE IL Y A EXACTEMENT QUARANTE ANS.

EXPOSITIONS ET FESTIVALS ORGANISÉS EN EUROPE POUR

CÉLÉBRER LA VIE, L’ƒUVRE ET LE STYLE DE L’ARTISTE SURRÉALISTE CATALAN

3. DE BERNE À BARCELONE, À LA MÉMOIRE DE MIRÒ

Une autre exposition consacrĂ©e Ă  l’artiste vient de se terminer au Zentrum Paul Klee Ă  Berne.

OrganisĂ©e par Fabienne Eggelhöfer, l’exposition a examinĂ© la relation de l’artiste catalan avec l’Ɠuvre du peintre Paul Klee, connu Ă  Paris grĂące Ă  AndrĂ© Masson, mettant en place des Ɠuvres de grand format qui montrent un MirĂł inhabituel, plus brut qu’il prĂ©fĂšre l’utilisation de ciseaux et feu au pinceau. Mais 2023 marque aussi le centenaire de la premiĂšre exposition personnelle de Joan MirĂł Ă  Paris, qui lance sa carriĂšre internationale.

Pour célébrer cet anniversaire important, le quarantiÚme anniversaire de la mort de Miró, mais aussi le cinquantiÚme anniversaire de la mort de Pablo Picasso, la Fondació Miró et le Musée Picasso de Barcelone accueilleront simultanément une exposition, accueillie par les deux institutions, représentant la relation juridique profonde des deux artistes avec la ville espagnole.

Ces expositions offriront aux visiteurs l’occasion d’explorer l’Ɠuvre de l’un des plus grands artistes du XXe siĂšcle et de cĂ©lĂ©brer ses contributions Ă  l’art contemporain.

Son hĂ©ritage continue d’inspirer les artistes du monde entier.

L’anniversaire de la naissance et de la mort de Joan MirĂł est donc un moment important pour se souvenir de sa contribution Ă  l’art et pour cĂ©lĂ©brer sa vie et son Ɠuvre extraordinaire.

PALAZZI 46 VENEZIA
Photo artslife.com
PALAZZI 47 VENEZIA SOPHIE SAINRAPT samedi 10 juin 2023 Ă  11 heures Centre d’Art Jean ProuvĂ© 19 rue du Palais 63500 Issoire

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Palazzi A Venezia Juin 2023 by vittorio e. pisu - Issuu