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capitalisme de l’imag e
En 2014, je me rendais pour la première fois dans la ville de Leipzig. Ma présence coïncidait avec une des manifestation subculturelle les plus importantes au monde. Au milieu du commerce des regards des festivaliers, je percevais une attitude face aux images qui enclenchait en moi une abondante matière à penser.
La prédominance du visuel, l’esthétique des poses, la recherche de de la photogénie — témoin de l’influence des réseaux sociaux et de la culture post-internet — m’interpellait fortement. Soudain il m’apparaissait très clairement comment aspiration identitaire, consommation et imaginaires s’entremêlaient, recomposant dans ce microcosme les mécanismes à l’œuvre dans nos sociétés occidentales.
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Mon travail artistique s’efforce de trouver des éléments de réponses aux questions qui m’obsèdent : que sont fondamentalement les images ? Que représentent-elles pour nous ? Comment et pourquoi agissent-elles autant sur nous ? Mes recherches se déploient autour des thématiques de l’effacement de l’identité et de réflexions sur la nature des images. A Leipzig, je découvrais un phénomène qui joignait ces deux pôles au sein d’un même projet.
La technologie numérique ouvre une brèche dans notre rapport au monde. L’immatérialité de l’image numérique la rapproche des idées, donc d’un état mental, virtuel (en puissance) et spirituel. Peut-on imaginer que monde des image et monde des morts se confondent dans la même dimension ?
Les appareils informatiques sont, comme les monuments funéraires, composés de matières minérales issues des sous-sols de la terre. Le corps de l’utilisateur devient avatar, le corps du défunt devient une âme, un esprit. L’avatar et l’âme sont représentés par les images, qui permettent de mettre en forme un état outre la chair. Pour illustrer cette analogie, j’aurai recours à la métaphore du fantôme numérique.
Sous cette perspective la scène Goth prend alors un nouveau sens : Cette communauté pour qui l’apparence est un élément déterminant, est comme la passerelle entre la mort du corps et la «mort» électronique. Ceux qui se projettent entièrement dans l’espace numérique rejoueraient une relation qui se produit depuis l’aube de l’humanité. Les éléments macabres de leur esthétique sont à la fois une métaphore et une nouvelle confirmation de la sacralité des images.
le «corps incorporel»
People of the mirror se propose de croiser deux enquêtes :
Une enquête philosophique
Que vient modifier la technologie numérique dans notre perception du monde ? De quoi le corps physique se fait-il le reflet aujourd’hui ?
En est-il réduit en une somme de représentations ? Comment penser le double numérique ? Quels en sont les enjeux qui se dessinent ?
Une enquête sociale et politique Comment les industries de l’image influent nos représentations et nos imaginaires ?
Que vient créer/fragmenter le désir d’image ? Comment ces communautés et ces individus se perçoivent-ils dans l’espace politique ?
Ces comportements traduisent-ils la mise en place d’une échappatoire ou bien l’ébauche d’une nouvelle forme de vivre-ensemble ?