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LUNDI

SPORTS

II

9 AVRIL 2018

L’ENTRETIEN

Philippe Candeloro

“Si Nelson arrête…” Animateur, conducteur et speaker de la tournée de l’équipe de France de patinage, le « titi » parisien est toujours dans son élément sur et autour de la glace. Et ça devrait durer. vec son épouse Olivia, c’est un peu le chef d’orchestre de la tournée de l’équipe de France, entamée par Tours, Châlons puis Laon. Entre deux répétitions, le consultant de France Télévisions – depuis novembre 2005 – a lâché le micro. Et la pression, un peu.

A

REPÈRES ● Naissance : 17 février 1972 à Courbevoie (Hauts-de-Seine). ● Palmarès : Double médaillé de bronze olympique à Lillehammer (1994) et Nagano (1998). 1er titre de champion de France en 1994 (trois autres suivront), laissant, enfin, derrière le Rémois Éric Millot. ● Créateur de spectacles avec son épouse Olivia.

La France sort d’une saison riche. Comment expliquer cette continuité dans les résultats ? La danse, globalement, a été toujours été plus forte avec des couples potentiellement médaillables aux JO et aux Mondiaux. Avec les Duchesnay, Moniotte-Lavanchy, Annissina-Peizerat, Delobel-Schoenfelder, Péchalat-Bourzat et aujourd’hui, Papadakis-Cizeron. Qui ont, eux, une ascension fulgurante. À 22 ans à peine, ils sont déjà champions du monde, après seulement trois ans de circuit international. Ils ont grimpé très vite… À PyeongChang, ils étaient bien meilleurs en technique que les Canadiens Virtue-Moire, mais peutêtre moins expérimentés.

Le tour de cou (perdu par Gabriella Papadakis durant le programme court des JO) ? C’est une situation un peu malheureuse. Elle a eu le réflexe de camoufler car, pendant, on n’a rien vu. En même temps, j’ai trouvé l’image assez jolie… J’ai toujours essayé de défendre le sport au féminin. Ce qui est un peu compliqué en télé, c’est de pouvoir continuer à m’exprimer comme avant, avec cette liberté d’expression… Après, je n’insulte pas les gens, je reste poli. Que l’on me traite de sexiste, je ne comprends même pas ce mot-là.

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“La Fédération nous a demandé de respecter l’état physique des patineurs”

Que vous inspire le film « Moi, Tonya », tiré de la rivalité entre Tonya Harding et Nancy Kerrigan ?

Et en artistique ? C’est plus difficile d’avoir cette régularité parce qu’il y a des triples sauts, des quadruples à faire. Sur un saut, vous remettez tout en cause à 20 ou 15 secondes de la fin d’un programme. Là, c’est plus difficile d’assurer des titres mondiaux tous les ans. Chez les filles, aujourd’hui, on a encore des chances de se placer dans le haut niveau. Chez les garçons, si vous ne faites pas cinq quadruples dans le libre, techniquement, moralement et physiquement, ça devient très compliqué de finir dans le Top 5 mondial.

C’est ce qui change par rapport à votre époque… Pour gagner les Championnats du monde ou une médaille, il fallait sortir un quadruple mais ce n’était pas indispensable… La note artistique comptait beaucoup, c’est moins vrai aujourd’hui. Le public ne voit pas toujours la subtilité dans les programmes, surtout quand ils sont linéaires. Ce qui a plu durant ma carrière, c’est que je racontais des his-

D’Artagnan habite toujours le double médaillé olympique de bronze, qui en savoure le prix. Christian Lantenois toires et les gens entraient, devant leur télé, dans celles-ci…

tournée (18 avril) sans se blesser. On attaque déjà la saison prochaine.

Le Candeloro de 2018 préfère, avec le recul, D’Artagnan ou le Parrain ?

Serez-vous encore consultant télé l’an prochain ?

Tous ont contribué à mes médailles. Après, il y a eu le Samouraï, Brave Heart... À chaque fois, j’ai essayé de créer des histoires pour en faire une collection. Pas sûr que les gens se souviennent avec quel programme le Japonais Yuzuru Hanyu est devenu double champion olympique, à Sotchi comme à Pyeongchang… De temps en temps, je refais d’Artagnan puisque que l’on est sur les 20 ans, après Nagano. La Fédération nous a demandé de respecter l’état physique des patineurs, pour qu’ils aillent au bout de la

Mon contrat va jusqu’à la fin 2018, je présume qu’ils (France Télévisions) ont acheté les droits pour encore longtemps… Le seul truc qui pourrait me faire arrêter, c’est si Nelson (Monfort) n’était plus à mes côtés.

C’est la condition sine qua non… Il serait compliqué de repartir avec un autre journaliste. Notre duo, voire notre trio (avec Annick Dumont), fonctionne bien. Maintenant, il se peut que France Télévisions, en pleine restructuration et par soucis d’économie, fasse aussi des coupes

sèches. Sur certains championnats, ils ont du mal à débloquer des fonds pour acquérir une plate-forme avec des caméras qui nous filment pendant les commentaires en bord de piste. C’était le cas il y a 4-5 ans à Sotchi… Avec Nelson, j’aimerais faire découvrir, de l’intérieur, les champions de la discipline car on a du mal à reconnaître les stars. On a de très grands champions, notamment en France. Aujourd’hui, dans le Top 10 mondial, huit sont Asiatiques – là où il y a le business, je l’ai encore vu à Pyeongchang –, ça n’aide pas à s’identifier au champion (rires).

Quid de ceux qui vous interpellent sur vos réflexions anti-féministes ?

Il est très bon. (Le film évoque l’histoire de la Nord-Américaine Tonya Harding, luttant pour l’or olympique avec sa compatriote Nancy Kerrigan, et de la blessure d’avant JO de cette dernière par le clan de la première). À l’époque, j’étais sur place à Lillehammer (1994), et même tranquille puisque j’avais obtenu une médaille une semaine avant. C’est plus Katarina Witt ou Surya Bonaly qui ont été pénalisées parce que cette histoire a pris tellement d’importance que le reste des JO était un peu de côté… C’est plus un vrai documentaire, avec cette mère méchante. Comme celle de Bonaly, qui avait des mots, parfois, très durs. Mais, sans elle, peut-être que Surya ne serait jamais parvenue à ce niveau-là…

Suivez-vous votre marionnette aux Guignols ? Je n’ai pas l’impression qu’ils continuent à s’intéresser à moi. À la limite, tant mieux… Aujourd’hui, il vaut mieux avoir un « foutage de gueule » de Canteloup que des Guignols… Il faut avoir beaucoup d’autodérision quand vous êtes un personnage public. Sinon, vous ne pouvez pas vivre. Propos recueillis par CHRISTOPHE DEVAUD


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