HS Energetique francais

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Inscrivez-vous dès maintenant et retrouvez le programme complet sur :

www.colloque-energie-industrie2015.ademe.fr


L’ADEME organise son premier colloque national sur la performance énergétique dans l’industrie les 18 et 19 mars 2015 à Marseille. Industriels, équipementiers, bureaux d’études, opérateurs de services énergétiques et équipes de recherche, ce colloque s’adresse à vous.

inscriptions en ligne ouvertes

Plénières et ateliers vous apporteront des éléments de contexte, des retours d’expérience ainsi que des solutions en termes d’innovation et de conception de procédés, de gestion de l’énergie, de modalités de financement et bien plus encore !

LES ATELIERS ET PLÉNIÈRES DU COLLOQUE 18 MARS 2015 9h45-12h00 Plénière L’énergie, une question centrale pour la compétitivité industrielle

14h00-15h45 Ateliers au choix Atelier 1 : Le management de l’énergie comme projet d’entreprise Atelier 2 : L’intégration énergétique pour décupler la performance des process Atelier 3 : L’écoconception, une opportunité pour améliorer la performance énergétique des équipements

16h15-18h00 Plénière Comment financer des investissements énergétiquement performants ?

19 MARS 2015 8h45-10h00 Plénière Une diversité de projets de transition énergétique à des fins de développement économique : l’exemple de Provence-Côte d’Azur

10h30-12h15 Ateliers au choix Atelier 4 : L’audit énergétique dans l’industrie Atelier 5 : Energies fatales : une manne à exploiter par les industriels Atelier 6 : Intégration des EnR et stratégies d’effacement : quels bénéfices pour les industriels ?

14h00-15h45 Plénière L’usine du futur

Inscrivez-vous dès maintenant et retrouvez le programme complet sur :

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pierre-andré de chalendar PDG de Saint-Gobain

« il faut encourager les travaux d’isolation »  entretien page 24 Réseaux intelligents

moduLeR sa consommation, ça RappoRte  page 14

électricité

La bataiLLe sans fin de L’effacement  page 16

stratégie

schneideR, champion de L’efficacité  page 20

Supplément du 3412 . 26 février 2015 . ne peut être vendu Séparément

Efficacité énErgétiquE quand L’industRie tRaque Les watts

www.usinenouvelle.com


© Laurent Mignaux/MEDDE-MLETR

STIMULER L’INNOVATION POUR ACCROÎTRE LA COMPÉTITIVITÉ DES ENTREPRISES L’ADEME lance l’appel à manifestation d’intérêts Industrie et Agriculture Éco-efficientes 4 SECTEURS PRIVILÉGIÉS : Agriculture et filière bois Industries Agro-Alimentaires Chimie et papier-carton Industrie des métaux, des matériaux industriels et de construction

© Laurent Mignaux/MEDDE-MLETR

2 AXES : Réduction de l’intensité énergétique et des émissions de gaz à effet de serre. Réduction de l’intensité en matière et/ou en eau OBJECTIFS : Développer de nouvelles activités permettant la mise sur le marché de solutions ou équipements performants Renforcer la compétitivité des activités industrielles LES PROJETS ATTENDUS DOIVENT : Associer des équipementiers et/ou industriels Être portés par une entreprise Avoir un budget supérieur à 1 M€

MODALITÉS DE FINANCEMENT : Subventions et avances remboursables ou prises de participations DATE LIMITE DE DÉPÔT : 30 novembre 2016 (clôtures intermédiaires : 29 mai 2015 et 29 février 2016)

2 CONTACT : ami.industrie.agriculture@ademe.fr Documents téléchargeables sur www.ademe.fr


EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE

DE L’EFFICACITÉ À LA PERFORMANCE Sommaire OUVERTURE

L’année de la performance énergétique P. 6 tribune de Marque Pourquoi l’efficacité énergétique est au cœur des dynamiques industrielles P. 9 COMPÉTITIVITÉ

Pour réduire sa facture énergétique P. 10 MÉTHODE

Plus de lean, moins d’énergie P. 12 EFFACEMENT

Moduler sa consommation, ça rapporte P. 14 ÉLECTRICITÉ

La bataille sans fin de l’effacement P. 16 La Côte d’Azur redouble d’économies P. 18 STRATÉGIE

Schneider, champion de l’efficacité P. 20 BÂTIMENT

La rénovation s’industrialise P. 22 ENTRETIEN

Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain P. 24

Président-directeur général : Christophe Czajka Directeur général délégué : Julien Elmaleh Directeur du pôle industrie : Pierre-Dominique Lucas Directeur de la rédaction : Thibaut De Jaegher Directrice adjointe de la rédaction : Anne Debray Rédacteur en chef délégué : Pascal Gateaud Chef d’édition : Guillaume Dessaix Direction artistique : Eudes Bulard Rédaction : Manuel Moragues Iconographie : Jean-Louis Salque Ont participé à ce numéro : Dorothée Coelho (secrétariat de rédaction) ; Charlotte Calament (maquette) Supplément de « L’Usine Nouvelle » n° 3412 du 26 février 2015 (commission paritaire n° 0712T81903) Ne peut être vendu séparément Une publication du groupe Gisi, Antony Parc II 10 place du Général-de-Gaulle - BP 20156 - 92186 Antony Cedex Directeur de publication : Christophe Czajka Impression : Roto France Impression 77185 Lognes Photo de couverture : Sébastien Sindeu

L’USINE NOUVELLE I SUPPLÉMENT AU N° 3412 I 26 FÉVRIER 2015

U

n champion de l’efficacité énergétique. Avant même que ce nouveau marché ne soit bien identifié, Schneider Electric avait entrepris d’étendre ses activités à des marchés porteurs, en proposant, notamment, à ses clients industriels d’être plus efficaces et de faire des économies d’énergie. Dix ans et quelque 130 rachats d’entreprises plus tard, le groupe français joue dans la cour des grands. Autre champion de l’efficacité énergétique, non pas pour les process, mais pour les bâtiments: le vénérable Saint-Gobain, qui fête ses 350 ans, et qui s’est réorganisé, ces dernières années, PASCAL autour de la notion d’habitat durable. Pour son PDG GATEAUD, Pierre-André de Chalendar, la performance énergétique rédacteur en chef est un relais de croissance dans les économies matures, délégué où le groupe réalise 80% de son chiffre d’affaires. On l’aura compris, l’industrie n’a pas attendu la (trop) longue maturation du projet de loi sur la transition énergétique pour remettre en cause sa consommation d’énergie. Ne l’aurait-elle pas fait, la perspective d’économies substantielles l’aidera à franchir le pas. D’ici à 2030, l’industrie française pourrait réduire de 20 % son intensité énergétique, selon les calculs de l’Agence de l’environnement de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Rien qu’entre 2000 et 2012, celle-ci a baissé d’un peu L’industrie n’a pas attendu plus de 11%. L’année 2015 sera une année charnière. Jusqu’ici, le projet de loi sur la transition investir dans l’efficacité énerénergétique pour remettre en gétique était une démarche volontaire pour réduire les coûts. cause sa consommation. Désormais, ce sera aussi pour éviter des surcoûts liés à des pénalités. Quelque 5 000 ETI et grandes entreprises vont devoir réaliser un premier audit énergétique de leurs sites avant la fin de l’année. Sans attendre cette obligation, nombre d’industriels ont entrepris de rendre leur consommation d’énergie plus flexible en la pilotant plus finement et en se donnant les moyens de l’anticiper. À grands coups d’instrumentation, de logiciels prédictifs et d’outils de supervision… Ils se préparent ainsi au smart grid et aux tarifications dynamiques de l’électricité qui succéderont aux tarifs réglementés en 2016. Les bons exemples ne manquent pas dans les pages qui suivent! ❚❚

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SébaStien SinDeU

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efficacité énergétique

l’année de la performance énergétique En 2015, l’obligation pour les industriels d’auditer leur consommation d’énergie s’ajoute aux incitations à la réduire. Un virage qui dynamise l’efficacité énergétique et devrait redéfinir le pilotage industriel. par manuel moragues

e À paris, le réseau de froid Climespace de gDF suez a réduit sa consommation d’énergie de 35 % grâce au « free cooling ». l’usine nouvelle i SUpplément aU n° 3412 i 26 FéVRieR 2015

t si l’industrie s’emparait de l’efficacité énergétique en 2015? Certes, les industriels ont déjà réduit leur intensité énergétique de 11,1% entre 2001 et 2012, essentiellement en améliorant leurs processus technologiques (à 87 %), selon le Commissariat général au développement durable. Mais l’industrie représente encore un vaste gisement d’économie d’énergie. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) estime qu’une réduction de 20 % de son intensité énergétique est possible d’ici à 2030. Volontairement ou sous la contrainte, les industriels pourraient passer à la vitesse supérieure dès cette année. « Nous sommes dans une phase charnière, estime Sylvie Padilla, chef du service entreprises et écotechnologies de l’Ademe. Beaucoup d’outils commencent à trouver leur cohérence et à être reconnus. » L’obligation d’audit, instaurée par décret fin 2014, est l’un d’entre eux. Environ 5000 ETI et grandes entreprises devront réaliser un premier audit énergétique de leurs sites avant la fin de l’année. Sous peine d’une pénalité allant jusqu’à 4% du chiffre d’affaires. «Le caractère obligatoire 5


efficacité énergétique

une approche devenue plus systématique Annoncée depuis la fin 2012, l’obligation d’audit a déjà eu un impact important. « Il y a un changement de mentalité en France depuis un an ou deux », observe Pierre Marzin, le spécialiste vente de services et responsable efficacité énergétique chez Siemens France. La montée en puissance des certificats d’économie d’énergie (CEE) a aussi eu ses effets. Chez Bonduelle, les CEE ont accéléré les projets d’efficacité énergétique en 2013 et en 2014. Si l’industrie ne représente encore que 6 à 7 % des CEE, le doublement des objectifs de ces certificats pour 2015–2017 devrait stimuler l’exploitation des gisements d’économies plus complexes propres à l’industrie.

l’industrie, un gisement d’économie d’énergie Répartition de la consommation d’énergie dans l’industrie par secteur, en 2012 (en MTep)

8,5

7,6

Chimie

SOURCES : L’USINE NOUVELLE, INSEE

de l’audit, quasiment une première dans l’efficacité énergétique, vient s’ajouter aux dispositifs incitatifs. C’est une première brique importante pour un engagement sur le long terme», analyse Sylvie Padilla. Côté industriel, François Létissier, le directeur R &D du groupe Bonduelle, juge « que l’on passe d’une logique d’incitation à une logique de pénalisation. Je crois que la rupture, elle est là. Auparavant, investir dans l’efficacité énergétique était une démarche volontaire pour réduire les coûts. Désormais, ce sera aussi pour éviter des surcoûts liés à des pénalités ».

Matériaux, papiers, cartons

32,6 MTep 2,1

Autres

2,1

Biens d'équipement

soit 21 % de la consommation d’énergie en France

4,8

L’ATEE, créée en 1978, rassemble les acteurs de la chaîne énergétique (plus de 2 000 adhérents). L’association a comme objectif de favoriser une plus grande maîtrise de l’énergie dans les entreprises et les collectivités et, plus généralement, d’aider les

Sidérurgie, métallurgie

Agroalimentaire

Autre virage en cours, l’approche de l’efficacité énergétique devient plus systématique. « Une étape a été franchie par les groupes industriels. Ils ont déjà réalisé de petites actions isolées. L’heure est aux projets multisites et à la généralisation des bonnes pratiques », témoigne Denis Lelièvre, le respon-

AGIR ENSEMBLE POUR UNE ÉNERGIE DURABLE, MAÎTRISÉE ET RESPECTUEUSE DE L’ENVIRONNEMENT L’ATEE s’engage pour faire progresser la maîtrise de l’énergie et pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

7,5

Partenaire du 1er colloque national Énergie Industrie

utilisateurs d’énergie à mieux connaître les actions possibles pour économiser et bien gérer l’énergie, ceci afin de concourir à l’objectif national de lutte pour la réduction des gaz à effet de serre, tout en améliorant leur propre rentabilité. L’ATEE favorise les échanges entre les professionnels et le partage des retours d’expériences. Elle assure une veille économique et technologique pour informer, sensibiliser et motiver.

Plus d’informat ions sur www.atee.f r 6

troisième consommateur d’énergie en France, l’industrie dispose d’un vaste potentiel d’économie d’énergie, synonyme de gains de productivité. Selon le Ceren, 43 % des consommations transverses (moteurs, air comprimé…) pourraient être évités, pour la moitié avec des surinvestissements amortis en moins de trois ans.


JOël pHilippOn / le pROGRèS / GenaS

sable du développement de l’activité energy management system de Delta Dore. Une tendance qui va de pair avec la multiplication des «responsables énergie» et le décollage de la norme ISO 50001 (système de management de l’énergie). En retard sur les Allemands, dix fois plus nombreux à être certifiés, les industriels français y viennent souvent par opportunisme, pour profiter de la bonification des subventions CEE. Ils se sont convertis à l’amélioration continue de la performance énergétique. Interxion France, constructeur et opérateur de centres de données, travaillait depuis longtemps sur l’efficacité énergétique de ses sites, véritables usines électriques. Son président, Fabrice Coquio, se félicite de sa récente certification : « C’est une norme fondamentale, un outil structurant. Elle nous a aussi permis de valider notre démarche. » Définir une politique énergétique, recenser les améliorations potentielles, élaborer un plan d’actions, agir, évaluer les résultats… «Cette approche systématique de l’efficacité énergétique est ce qui différencie les “best in class” des autres», constate Jean-Pierre Riche, le PDG du cabinet Okavango Energy. C’est une méthode qui parle aux industriels, engagés dans la même démarche pour la qualité. Un point crucial pour intégrer l’énergie à leur gestion. « L’idée, résume Sylvie Padilla, c’est que l’énergie entre dans le pilotage de l’entreprise et

Bonduelle a lancé le projet usine sobre, qui optimise ses process.

ne soit pas considérée comme un problème externe. C’est la technique de l’infiltration ! » À cet égard, les méthodes qui piochent dans la boîte à outils de la productivité industrielle, comme le lean manufacturing, sont précieuses. Elles capitalisent sur le savoir-faire industriel pour agir sur la performance énergétique et, de fait, sur la productivité.

Combiner performances et flexibilité «La recherche de la productivité est trop souvent focalisée sur la main-d’œuvre, alors que travailler sur l’énergie peut être plus fructueux», relève François Létissier, de Bonduelle,

Partenaire du 1er colloque national Énergie Industrie

Les chambres de commerce et d’industrie vous informent et vous accompagnent dans votre démarche d’efficacité énergétique Bénéficiez d’une visite énergie pour améliorer le suivi de vos consommations et élaborer un plan d’action pour gagner en performances et faire des économies. Les CCI vous aident également à y voir clair face à la fin des tarifs réglementés de vente de l’énergie. Retrouvez les coordonnées du conseiller environnement-énergie de votre CCI sur www.cci.fr/developpement-durable

l’usine nouvelle i SUpplément aU n° 3412 i 26 FéVRieR 2015

Découvrez le projet européen « STEEEP » des CCI sur l’efficacité énergétique : www.steeep.eu

Suivez l’actu énergie et développement durable des CCI sur twitter.com/cci_dd

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efficacité énergétique

pour qui l’énergie représente de 3 à 8 % de ses coûts. Le groupe travaille sur des innovations de rupture pour ses process mais, selon son directeur R&D, «là où il y a le plus de marge de progression, c’est dans le pilotage au quotidien des lignes de production. Ce n’est alors plus l’expert maintenance ou énergie qui agit, mais l’opérateur de la ligne qui surveille l’énergie comme ses autres indicateurs ». Reste qu’intégrer cet indicateur peut être complexe quand les usines peinent déjà à suivre des marchés toujours plus mouvants. Changer de produits ou passer en sous-régime est souvent synonyme de surconsommation. «Combiner performance énergétique et flexibilité est un enjeu d’innovation», pointe Sylvie Padilla de l’Ademe. Pour Michel Dancette, le directeur innovation et

« investir dans l’efficacité énergétique

D.R.

était une démarche pour réduire les coûts. désormais, ce sera aussi pour éviter des surcoûts liés à des pénalités. » françois létissier, le directeur R&D du groupe bonduelle

prospective de Fives, l’usine du futur dopée au numérique permettra cette alliance. D’ores et déjà, nombre d’industriels s’attachent à rendre leur consommation d’énergie plus flexible en la pilotant plus finement et en se donnant les moyens de l’anticiper. À grands coups d’instrumentation, de logiciels prédictifs et d’outils de supervision, ils se préparent au smart grid et aux tarifications dynamiques de l’électricité qui succéderont aux tarifs réglementés en 2016. Jouer sur l’exploitation et la flexibilité de sa consommation est une démarche féconde qui a aussi l’avantage d’être peu gourmande en capital. Pour aller au-delà et renouveler le parc de machines vieillissant du pays, il faudra investir. Là, l’efficacité énergétique n’est pas suffisante. Le coût encore bas de l’électricité est un frein, tout comme le prix des équipements les plus performants. Le programme 5E (Efficacité énergétique et empreinte environnementale des entreprises) de la Caisse des dépôts prévoit d’investir 600 millions d’euros sur cinq ans dans des têtes de série pour amorcer une production à grande échelle d’équipements sobres en énergie. Reste que, comme le rappelle Sylvie Padilla, « les investissements ne servent pas à faire de l’efficacité énergétique, ils servent à produire». L’efficacité énergétique pourrait trouver un nouvel essor avec le renouveau industriel. À condition de s’intégrer dès cette année dans le pilotage de l’entreprise. ❚❚

CETIAT, L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE EN ACTIONS Le CETIAT, Centre Technique des Industries Aérauliques et Thermiques accompagne les industriels depuis plus de 50 ans dans la mise en place d’actions d’économies d’énergie : • Études d’optimisation des procédés • Études de récupération de chaleur • Accompagnement à la mise en œuvre d’un SMÉ ISO 50001 • Audits énergétiques réglementaires • Formations à l’efficacité énergétique

ACTEUR MAJEUR DE L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE INDUSTRIELLE

Retrouvez toutes nos prestations dans le domaine de l’efficacité énergétique sur notre site Internet

www.industrie.cetiat.fr P a r t e n a i r e d u 1 er c o l l o q u e n a t i o n a l É n e r g i e I n d u s t r i e

w w w. i n d u s t r i e . c e t i a t . f r

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tribune de marque par l’ADEME

Pourquoi l’efficacité énergétique est au cœur des dynamiques industrielles

Ruée suR un business pRometteuR Des acteurs de tous horizons se ruent auprès des industriels énergivores. Mais le marché de l’efficacité énergétique ne décolle pas et change déjà de nature. par Manuel Moragues

d.R.

A

en croire le nombre d’entreprises qui se positionnent sur l’efficacité énergétique industrielle, le potentiel d’économie d’énergie des usines est… fantastique ! Des acteurs de tous horizons se ruent sur ce marché. Les équipementiers s’estiment au cœur de cette tendance et renouvellent leur offre pour en profiter. Les fournisseurs d’énergie n’ont pas d’autre choix que de développer des services énergétiques pour se différencier autrement que par les prix après la fin des tarifs réglementés de vente, en 2016. Les exploitants de chaudières et autres « utilities » veulent étendre leur territoire chez leurs clients, tout comme les exploitants de bâtiments. Les bureaux d’études et consultants spécialisés se multiplient aussi vite que les start-up spécialistes de la mesure et de l’analyse des consommations. Le règne de la data s’étend à l’énergie, au grand bonheur des géants de l’informatique et des télécoms. Problème, « le marché n’a pas vraiment décollé », pointe Dominique Desmoulins, le président d’EDF Optimal Solutions. « La concurrence est très dure. On ne peut pas survivre sur ce marché en étant un acteur lambda, il faut être leader », estime le dirigeant, qui devrait se rapprocher de Dalkia France, filiale à 100 % d’EDF depuis l’été 2014. « Le marché se structure, constate Denis Lelièvre, le responsable du développement EMS chez Delta Dore. Les petits intégrateurs avaient leur place avec les opérations ponctuelles. Aujourd’hui, les groupes demandent un interlocuteur unique qui s’occupe de tous leurs sites, permet des benchmarks…» Reste que les actions «faciles», notamment sur les utilités (air comprimé, chaleur…), ont été réalisées. Il faut désormais vaincre les réticences des industriels à toucher à leurs process. Seuls des spécialistes de leurs métiers y parviendront. Prometteur mais pas simple, le business de l’efficacité énergétique. ❚❚

l’usine nouvelle i supplément au n° 3412 i 26 FéVRieR 2015

© Ademe

la concurrence est féroce dans la course à l’optimisation énergétique.

Sylvie PADILLA, responsable du Service Entreprises et Eco-technologies de l’ADEME - Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie

Aujourd’hui, l’industrie consomme un quart de l’énergie française et un tiers de son électricité. Avec à la clé des émissions importantes de gaz à effet de serre et une dépendance énergétique conséquente qui se traduit directement dans les factures des industriels. Face à une hausse tendancielle du prix de l’énergie, il est de l’intérêt de l’industrie d’anticiper et d’investir dans l’efficacité énergétique. Un défi pour l’avenir évoqué prochainement lors du premier colloque national sur la Performance énergétique dans l’industrie organisé par l’ADEME. Afin de diminuer leur facture énergétique, les industriels peuvent, dès à présent, mettre en œuvre des systèmes de management de l’énergie (SME), plaçant l’efficacité énergétique au coeur de la gestion de l’entreprise. En jouant ainsi tant sur le plan de la production technique que sur l’humain, cette phase organisationnelle permet d’améliorer la gestion de l’énergie et d’établir des plans d’action pour investir dans de technologies performantes disponibles sur le marché. En sus de ces solutions immédiates, et plus à moyen terme, les industriels peuvent parier sur des investissements plus conséquents ou inno-

vants, requérant du temps et une approche structurante. Une démarche qui suppose un vrai travail entre l’industriel consommateur d’énergie et l’entité ingénierie ou fabricant amenée à le soutenir dans la conception de son projet. Objectif 2030 D’ici 15 ou 20 ans, échelle de temps compatible avec le renouvellement d’un parc industriel déjà vieillissant, l’ADEME estime que la mise en œuvre de toutes ces mesures, permettrait d’obtenir un gain d’efficacité énergétique pour l’industrie de l’ordre de 20 %. Pour atteindre cet objectif, l’efficacité énergétique doit s’inscrire dans les dynamiques d’investissement industriel et apparaître comme un critère de plus de la performance économique, en sus de la qualité ou de la fiabilité. Elle doit entrer réellement dans la politique industrielle et devenir une préoccupation première de chaque dirigeant. Car de réelles marges de manoeuvre et une grande diversité de modalités financières existent pour aider au mieux chaque industriel. Notamment, dans le cadre du SME, l’ADEME finance une partie des coûts du prestataire aidant l’entreprise. Elle soutient les industriels, via le fonds chaleur, dans la mise en place d’équipements de production de chaleur renouvelable ou de récupération de chaleur fatale industrielle. Elle accompagne également la filière des équipementiers dans l’essor de technologies innovantes et compétitives dans le cadre du programme des Investissements d’Avenir. www.colloque-energie-industrie2015.ademe.fr www.ademe.fr

tribune de marque MEt EN rElAtIoN l’AUDIENCE DE l’USINE NoUvEllE AvEC SES PArtENAIrES.

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efficacité énergétique

pour baisser les dépenses en énergie, fours, pompes et autres compresseurs ne doivent pas s’enclencher en même temps.

a comment réduire Compétitivité

sa facture énergétique

Gagner en compétitivité, c’est aussi limiter les coûts énergétiques. Pilotage du process ou changement de machines:les moyens sont multiples. par Manuel Moragues

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l’heure où la compétitivité des industriels français est devenue un enjeu national, il est urgent de considérer l’énergie comme une dépense de production. L’optimisation de la facture énergétique doit entrer au cœur des process. D’autant que l’investissement peut être amorti rapidement.

piloter sa faCture Réduire ses achats d’énergie ne signifie pas toujours consommer moins. Pour réaliser des économies, on peut faire en sorte que fours, pompes et autres compresseurs ne s’enclenchent pas en même temps. À la clé, un lissage de sa consommation et la possibilité de revoir la puissance souscrite auprès de son fournisseur. Passer d’un abonnement de 350 kW à 280 kW, c’est quelque 10000 euros d’économies par an. « Une opération réalisable grâce à quelques automatismes, rentabilisés en quelque dix-huit mois », avance Denis Lelièvre, responsable du développement au sein de l’activité energy management system de Delta Dore, PME spécialisée dans le pilotage d’énergie.


Grâce à la gestion de la coupure de ses équipements, on évite aussi les lourdes pénalités financières pour dépassement de la puissance souscrite. La modulation de sa consommation selon les tarifs est par ailleurs possible. Un industriel français de l’équarrissage l’a bien compris. Au départ de son process continu, des broyeurs de carcasses. À la fin, des cuiseurs. Entre les deux, un mélangeur d’une capacité de quatre tonnes. Soit autant de stock tampon sur lequel il faut jouer. « Quand la puissance appelée par le site approche d’un dépassement, les automatismes coupent un, voire deux cuiseurs. La puissance tombe, tandis que le mélangeur se remplit », détaille Denis Lelièvre, qui a accompagné l’industriel dans l’optimisation de sa consommation électrique. La pénalité est évitée sans réduire la capacité de production, puisque les broyeurs ne sont pas concernés. Le mélangeur permet aussi de moduler la consommation. «On arrête un cuiseur pendant trente minutes en tarif de pointe et on le fait fonctionner à un tarif trois fois moins élevé », explique le consultant. Ces gains assureraient un retour sur investissement en moins de trente mois.

trouver le bon régiMe Moteur L’industrie et le tertiaire utilisent en France 12 millions de moteurs, qui absorbent les deux tiers de la consommation électrique de ces secteurs. Il faut donc envisager leur optimisation énergétique. D’autant qu’ils sont souvent surdimensionnés de 15% ou 20% par rapport aux besoins, ce qui génère des pertes énergétiques. Plutôt que d’utiliser un réducteur en sortie du moteur, « un variateur de vitesse installé en amont permet de le faire directement travailler au point de fonctionnement voulu », préconise Thierry Dalle, le responsable du développement au sein de l’activité entraînement de Siemens France. Le distributeur d’eau d’une grande ville a fait appel au fabricant allemand pour équiper de variateurs quatre pompes de 132 kW. Résultat: une consommation réduite de 25% et un retour sur investissement (20 000 euros par variateur) en moins de huit mois. En plus, ces variateurs de vitesse permettent à l’industriel d’optimiser de manière dynamique au plus juste la puissance consommée à ses besoins variables de pompage. «Les industriels ne le savent pas forcément, mais ces solutions existent aussi pour les moteurs moyenne tension de plusieurs mégawatts. Avec des gains en proportion!», ajoute Thierry Dalle.

D.R.

Conserver sa Chaleur Simple et systématiquement applicable, l’isolation thermique des conduites de fluides chauds ou des réservoirs permet de réaliser des gains appréciables à moindres frais. «Les spécifications de l’isolation industrielle ont été rédigées il y a cinquante ans, avec la seule protection des opérateurs en tête, rappelle Alexandre Marconnet, responsable du marché industrie chez Kaefer Wanner. La conservation de la chaleur n’était pas du tout prise en compte. » Brasseries de Tahiti a confié à ce spécialiste de l’isolation la rénovation des calorifuges de ses 3 kilomètres de canalisations d’eau chaude et de vapeur: 300000 euros de travaux pour une consommation de fuel réduite de 7% à 9% et un retour sur investissement l’usine nouvelle i supplément au n° 3412 i 26 FéVRieR 2015

le nouveau moteur de siemens, l’ie4, affiche un rendement énergétique exemplaire.

Moteurs à haut rendement obligatoires efficacité énergétique obligatoire pour les moteurs. Depuis le 1er janvier 2015, les moteurs neufs de 7,5 kW à 375 kW doivent appartenir à la classe ie3 et avoir un rendement autour de 97-98 %, ce qui a un prix. « le surcoût à l’achat peut atteindre 10 à 15 % pour les faibles puissances », témoigne thierry Dalle, de siemens. en 2017, les moteurs de 0,75 kW à 7,5 kW seront aussi concernés. la seule alternative autorisée à l’ie3 est d’associer un variateur de vitesse à un moteur de rendement inférieur.

avec un surcoût à la clé, même si les certificats d’économie d’énergie permettent d’adoucir la facture. la réglementation évoluera concernant la variation de vitesse. « Certains constructeurs comme les ventilatoristes devront s’engager sur des performances globales de la chaîne de puissance. nous préparons pour eux une classe de rendement ies associée au système moteur-variateur ». siemens vient ainsi de sortir une gamme de moteurs optimisés pour la variation de vitesse. ainsi que ses moteurs ie4. ❚❚

en quinze mois. L’amortissement peut être très rapide. Kaefer estime qu’il peut être atteint en sept mois pour cette raffinerie du nord de la France qui stocke des produits à chaud dans de gros bacs aux toits non isolés. Le coût des pertes de chaleur pouvait être estimé à plus de 300 000 euros par an!

s’offrir une MaChine à la pointe L’investissement est plus important, mais faire un saut technologique pour un équipement critique de son process peut s’avérer payant. En codéveloppant une machine avec un ingénieriste, on peut même prendre de l’avance sur ses concurrents. On peut aussi opter pour des équipements éprouvés. Un brûleur régénératif à récupération de chaleur sur céramique peut améliorer de 30 % la performance énergétique d’un four de préchauffage dans une fonderie ; un broyeur par compression pour cimenterie peut assurer 15% à 35% de gain d’énergie, soit une économie d’environ 1 million d’euros par an pour une cimenterie moyenne. Séduit par la machine de lavage et de séchage de pièces pour bloc-moteur de l’ingénieriste Fives, un constructeur automobile a réduit de 50 % sa consommation. Avec une réduction des effluents à retraiter: un autre facteur de baisse des coûts de production. ❚❚ 11


effiCACité énergétique

Méthode

Plus de leAn, moins d’énergie La consommation d’énergie est un facteur de performance industrielle. Pour l’optimiser, le consultant Okavango Energy s’appuie sur les méthodes du lean. par ManueL Moragues

A

méliorer l’efficacité énergétique de son usine, personne n’est contre. Mais comment? Par où commencer? Quel est le gain? Les industriels sont souvent dans le flou. «On vit pourtant une révolution, indique Jean-Pierre Riche, le président du consultant Okavango Energy. L’énergie est un des leviers de la compétitivité, comme la qualité dans les années 1990. Il faut intégrer la performance énergétique dans le pilotage industriel.» Avec sa méthode Leanergy, Okavango applique le lean à l’énergie. « Tout commence par le produit. On va éliminer toute consommation d’énergie, qui n’apporte pas de valeur au produit », explique Jean-Pierre Riche. Cette approche, qui passe par un audit exhaustif et sans préjugés, permet de remettre en cause, s’il le faut, le process pour mieux cibler les gaspillages. Une laiterie prend du lait à 6°C pour le pasteuriser à 80 °C et l’écrémer à 40 °C. Il est ensuite refroidi puis stocké à 6°C. Quand il faut le transformer en fromage, il est à nouveau réchauffé à 40 °C. «Cette étape intermédiaire à 6°C, qui coûte de l’énergie pour réchauffer le lait, provient d’un stock tampon. Mais il est inutile que tout le lait soit traité ainsi. Le tampon a été réduit au minimum et l’essentiel du lait saute désormais l’étape à 6 °C», détaille Jean-Pierre Riche. Mieux penser le produit et ses besoins provoque aussi un renversement de perspective, alors que les actions d’efficacité énergétique passent habituellement par l’optimisation des équipements techniques. Une chaudière produit de la vapeur

La méthode lean permet de réduire l’énergie consommée dans le process du traitement du lait.

à 100-150°C pour chauffer de l’eau à 60°C, utilisée dans un process d’abattage de canards. «Installer un récupérateur de fumées sur la chaudière aurait permis d’améliorer sa performance énergétique, avec un bon retour sur investissement. Mais cela aurait été de l’argent perdu puisque le produit n’a pas besoin de vapeur. Il a été bien plus rentable de remplacer la chaudière par une pompe à chaleur chauffant l’eau à 60°C», souligne Jean-Pierre Riche. Les outils du lean misent

une méthode d’industriels Pour Améliorer sA PerformAnCe énergétique ● PArtir du Produit. Le lean appliqué à l’énergie pose un principe de base : éliminer toute consommation d’énergie qui n’apporte pas de valeur au produit. Un audit permet d’identifier les besoins stricts du process et de traquer la surqualité et la performance.

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● Conduire le ChAngement. Maximiser

● mesurer lA PerformAnCe. Pour mener

la performance énergétique passe par une transformation des pratiques de l’entreprise. Les outils et le langage du lean permettent de l’accompagner pour mettre en place des actions très rentables sur l’exploitation.

à bien un plan d’actions et pérenniser les gains, il faut mesurer la performance énergétique réelle de sa production. Des indicateurs construits sur les principes du 6-sigma permettent d’isoler les facteurs d’influence.


effiCACité énergétique

« il faut chercher à saturer si possible les équipements les plus énergivores pour maximiser la performance énergétique. » Jean-Pierre riche, président du consultant Okavango energy

pascal guittet, D.R.

sur la conduite d’exploitation des sites industriels. En s’appuyant notamment sur la saturation des capacités. « Il faut chercher à saturer si possible les équipements les plus énergivores pour maximiser la performance énergétique», avance Jean-Pierre Riche. Ce fabricant de contacts électriques avait deux sécheurs d’air allumés en permanence. « En analysant les consommations, les capacités et les besoins, Okavango a montré que l’un des deux servait essentiellement en secours, témoigne le directeur des opérations du site. Désormais, un seul sécheur reste allumé. L’autre est éteint et un système de bascule permet de l’utiliser en cas de besoin. » Dans un site agroalimentaire, quatre chambres froides étaient utilisées sans jamais être saturées. Après une réorganisation des flux et du stockage, seulement deux sont désormais utilisées.

ateliers kaizen et 6-sigma « 30 à 50 % des économies d’énergie potentielles sont liées à des actions sur l’exploitation, rapides à mener et sans investissement», assure Jean-Pierre Riche. Un fabricant de contacts électriques revendique environ ainsi 120000 euros L’usine nouveLLe i supplément au n° 3412 i 26 FéVRieR 2015

d’économies d’énergie par an grâce à une vingtaine d’actions à 1000 euros pièce. Pour des PME au budget serré, une telle démarche sur l’exploitation est particulièrement intéressante. Elle passe souvent par une remise en cause des méthodes de production, ce qui n’est jamais le plus facile. Mais l’agilité propre aux petites structures, avec des circuits de décision plus courts et une capacité à mobiliser les équipes, avantage les PME. Si toucher au process suscite des résistances, utiliser « l’espéranto industriel » – le langage du lean – aide à les surmonter. « Convaincre la production et la maintenance n’a pas été facile, reconnaît le directeur des opérations du fabricant de contacts électriques. Auprès du responsable de la production, l’esprit lean a permis de donner tout son sens à la démarche d’efficacité énergétique. » Simon Augereau est directeur du site d’abattage des Fermiers du Gers, à Saramon, l’un des deux sites de cette PME qui réalise environ 70 millions de chiffre d’affaires. Un vaste plan d’efficacité énergétique a été engagé sur les deux sites, avec une certification ISO 50001 à la clé. Simon Augereau a apprécié le pragmatisme de la démarche lean:«Les gains potentiels d’une action sont toujours rapportés à la pénibilitté –financière, organisationnelle…– de sa mise en œuvre et, s’il y a des remises en cause du process, elles s’arrêtent toujours à une limite:ne pas dégrader son efficacité.» Le directeur s’est appuyé sur des ateliers Kaizen dédiés à l’énergie pour montrer à ses équipes « engagées au quotidien sur la performance industrielle» que «l’énergie était un autre levier à actionner».

Consommation intrinsèque « Maximiser la performance énergétique d’un site, c’est un projet de transformation de l’entreprise, résume JeanPierre Riche. Il faut utiliser tous les outils de conduite du changement pour le mener à bien » Définir et suivre des indicateurs de performance fiables est essentiel. Okavango a développé des algorithmes à partir du 6-sigma (méthode de management élaborée par Motorola pour améliorer la qualité et l’efficacité des process), qui modélisent la consommation énergétique d’une production selon les facteurs d’influence que sont le mix produits, la qualité des matières premières, la température extérieure... De quoi mieux connaître ses consommations, les anticiper et disposer d’indicateurs de la performance énergétique «intrinsèque» de ses installations. Simon Augereau les a intégrés dans son système informatique pour suivre «la consommation d’énergie au même titre que la productivité ou le rendement matière. » Plus question d’être dans le flou en matière d’énergie. ❚❚ 13


efficacité énergétique

effacement

Moduler sa consoMMation, ça rapporte Les réseaux intelligents veulent jouer sur le pilotage des consommations d’électricité pour faire face aux tensions du système. Les industriels sont entrés dans le jeu, qui ne fait que commencer. par Manuel Moragues

s

oyez smart et freinez votre production ! L’électricité que vous évitez de consommer peut avoir autant de valeur que l’électricité produite par une centrale. Cette équivalence peut surprendre –et irriter les producteurs [lire page 16]–, mais elle est naturelle vue du côté du système électrique, où l’essentiel est d’équilibrer production et consommation. Elle est même partie intégrante des smart grids, qui veulent piloter la consommation pour acheminer l’électricité à moindre coût dans un système électrique de plus en plus tendu. Les industriels ont tous les atouts pour participer à cette révolution. Les électro-intensifs se sont lancés les premiers. Ciments Calcia a d’abord réduit –effacé– sa consommation pour EDF en août 2003, quand la canicule avait contraint l’électricien à limiter sa production nucléaire. Avec l’opérateur d’effacement Energy Pool, le cimentier est ensuite passé aux appels d’offres, plus attractifs, de RTE. Aujourd’hui, ce sont 35 MW répartis sur huit sites que Calcia peut effacer dans

un délai de quinze minutes, pendant quelques heures et jusqu’à deux fois par jour. S’il ne touche pas aux fours qui cuisent en continu le calcaire, il module, par exemple, l’activité de broyeurs en utilisant les stocks-tampons. Toucher au process n’est jamais simple. Pour s’effacer, l’usine de Pomblière-Saint-Marcel du savoyard MSSA joue sur la consommation de ses 92 cellules d’électrolyse pleines de sel fondu à 600 °C, d’où sortent du sodium métal et du chlore, ce qui lui vaut d’être classé Seveso seuil haut. «Quand on réduit ou que l’on raugmente l’alimentation électrique des cellules, on introduit de l’instabilité. Le risque est de cristalliser le sel et de perdre des cellules voire de produire des dégagements de chlore ou des débordements de sodium, avec un incendie à la clé », prévient Alain Marguier, le chef de département technologie et procédés de MSSA. L’industriel a étudié ces phases transitoires critiques, modélisation et essais à l’appui, et a investi quelque 200 000 euros dans des outils de conduite de procédés plus fins. Il est désormais capable d’effacer 15 MW, près de la moitié de sa consommation, en six minutes, une à deux fois par jour pendant moins d’une heure. « Le plus gros du travail et de l’investissement a été de convaincre et former les équipes, précise Bruno Gastinne, le PDG de MSSA. Toute leur formation était tournée vers le maintien du procédé à son point optimum. Avec l’effacement, ce qu’on leur demande est complètement contre-intuitif. »

Baisse des rémunérations sur les aoe Quels gains ont enregistré les industriels en s’effaçant ? Quelques centaines de milliers d’euros en 2014 pour Ciments Calcia sur les appels d’offres effacement (AOE) de RTE. Soit essentiellement la prime fixe qui valorise les 35 MW qu’il met à disposition du réseau et qui sont utilisés cinq fois par an. Environ 50 000 euros sur les AOE pour les 15 MW de MSSA – utilisés 15 fois par an –, plus quelque 70 000 euros pour 10 MW qu’il a valorisés en 2014 en tant que réserve d’urgence (dite « rapide ») de RTE. Ces gains ont fortement baissé. « Nos rémunérations sur l’AOE ont été divisées par quatre ou cinq depuis 2011 », déplore Bruno Gastinne. En cause, une ruée des industriels sur l’effacement qui s’est

coMMent valoriser la réduction de sa consoMMation ● en tant que puissance

● en tant qu’énergie

● en tant que service

L’industriel vend une capacité de réduction de sa consommation. La rémunération est surtout une prime fixe au MW, d’autant plus élevée que le délai d’activation est court. Le marché est aujourd’hui celui des appels d’offres de RTE. Dès 2016, le mécanisme de capacité devrait le faire décoller.

Il s’agit ici de vendre une énergie effectivement non consommée sur une période donnée (une heure, par exemple). Les MWh effacés peuvent être valorisés comme de « vrais » MWh sur le mécanisme d’ajustement de RTE (qui sert à corriger les écarts aux prévisions) ou, depuis 2014, sur le marché spot de l’énergie.

système L’effacement peut participer à des équilibrages plus fins des réseaux, comme l’a expérimenté RTE, en 2014. Une modulation de la puissance appelée par l’industriel en « temps réel » (toutes les 10 secondes) permet ainsi d’aider à stabiliser la fréquence du réseau. Un service très rémunérateur.

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2 GW

30 000 euros / MW / an

de 3 à 4 GW

10 000 euros / MW / an

L’effacement industriel acheté par RTE en 2015 Le potentiel d’effacement industriel sur le mécanisme de capacité

1,3 GW

Le besoin de capacité de réserves de fréquence

Le coût fixe d’une centrale à gaz

La valorisation de l’effacement sur les appels d’offres de RTE

150 000 euros / MW / an La valorisation de l’effacement comme réserve de fréquence


efficacité énergétique

heurtée à une enveloppe financière moins extensible que l’offre. «Le budget consacré à l’effacement est ridicule: moins de 20 millions d’euros, contre 25 fois plus en Espagne ou en Italie », assène Olivier Baud, le président d’Energy Pool. La dizaine de millions consacrée en plus à la réserve rapide ne change pas la donne. Selon le dirigeant, l’intérêt de se mettre à l’effacement, c’est surtout de préparer l’avenir. Cet avenir, c’est d’abord le mécanisme de capacité qui doit entrer en vigueur fin 2016 pour garantir la fourniture d’électricité lors des pointes de consommation. La rémunération du mégawatt est incertaine, mais «si l’effacement parvient à être traité à égalité avec la production, son marché décollera, prédit Olivier Baud. 3 000 à 4 000 MW d’effacement industriel sont mobilisables en trois ans». Les services dits «système» sont aussi prometteurs pour l’effacement, élargi à la modulation de la consommation. Depuis l’été 2014, le site d’Ambès (Gironde) du chimiste AkzoNobel ajuste automatiquement, toutes les 10 secondes, la consommation de ses électrolyseurs pour aider RTE à stabiliser la fréquence du réseau (mécanisme dit de réserve primaire). Les gains sont à la mesure du service rendu et du travail d’ingénierie qui se cache derrière cette première: 300000 euros par an pour les 2 MW qu’AkzoNobel module. Après cette expérimentation ouverte par RTE en 2014, les perspectives sont alléchantes. « Il y a

1300 MW de réserves de fréquences primaire et secondaire. Ce sont les producteurs qui en ont la charge aujourd’hui et ils aimeraient bien y échapper», confie Thierry Teirlynck, le directeur des opérations d’Energy Pool. L’agrégateur travaille avec d’autres industriels sur ce segment.

vers une flexibilité de la consommation Après avoir démarré en valorisant la puissance (le mégawatt) des industriels, Energy Pool mise sur l’énergie (mégawattheure). Il travaille pour cela avec d’autres types d’industriels. Entrepôts frigorifiques, distributeurs d’eau… disposent de stocks-tampons sur lesquels ils jouent pour moduler leur consommation à la hausse comme à la baisse, et agir ainsi comme des batteries. C’est le créneau d’Actility, qui vient de raccorder les pompes du distributeur d’eau belge De Watergroep à sa plate-forme d’ajustement automatisé. «La valeur va se déplacer de l’effacement à la flexibilité de consommation, analyse Bruno Gastinne. Elle s’avérera très élevée: pour le réseau confronté à une production nucléaire rigide et une consommation volatile, mais aussi pour des centrales solaires qui devront lisser leur production.» MSSA travaille sur de nouvelles générations de cellules d’électrolyse de sel qui lui donneront cette flexibilité. Sodium et silicium marcheront de pair dans le smart grid. ❚❚

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efficacité énergétique

Électricité

La bataiLLe sans fin de L’effacement Les producteurs d’électricité s’opposent aux start-up qui prônent le recours à l’effacement pour équilibrer le réseau. En France, la guerre entre tenants du mégawatt et promoteurs du «négawatt» perdure. par Manuel Moragues

L

’idée paraît frappée au coin du bon sens. Pour passer les pics de demande d’électricité, réduisons – effaçons– la consommation, plutôt que d’augmenter la production de coûteuses centrales de pointe émettrices de CO2. C’est une alternative séduisante, en particulier pour RTE, responsable du réseau haute tension français. « Le réseau a besoin de plus de souplesse et le pilotage de la demande d’électricité doit apporter cette souplesse», revendique Thomas Veyrenc, le directeur du département marchés de RTE. Pourtant, le développement d’un marché de l’effacement en France est l’enjeu d’un affrontement qui dure depuis plus de six ans. L’effacement veut être traité et rémunéré à l’égal d’une production d’énergie. Le «négawatt» équivalent au mégawatt? Cela fait bondir les producteurs d’énergie, qui crient à la concurrence déloyale. Il leur faut investir dans des centrales pour produire des mégawatts, alors qu’il « suffit » de couper une machine ou un radiateur pour générer des négawatts. Or c’est précisément l’avantage économique de l’effacement –outre ses moindres émissions de CO2 – qui fait son intérêt pour la collectivité, avancent ses opérateurs, appelés agrégateurs, qui couplent les effacements des consommateurs pour les vendre sur les marchés.

la prime de la discorde « Partout dans le monde, les producteurs s’opposent à l’effacement», constate Olivier Baud, le président d’Energy Pool, agrégateur français parti au Japon et en Corée du Sud. Aux États-Unis, où l’effacement s’est vite développé pour atteindre 1,4 milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2014, la bataille se joue aussi devant les tribunaux. Les producteurs ont gagné, au printemps 2014, une manche contre la Commission fédérale de régulation de l’énergie (Ferc) et son «Order 745 », qui avait imposé la rémunération de l’effacement à l’égal de la production. L’affaire pourrait être portée 16

energy pool module la consommation électrique des industriels à partir de son centre de contrôle du Bourget-du-lac (savoie).

devant la Cour suprême des États-Unis. David Brewster, le président d’EnerNOC, leader américain de l’effacement, a comparé l’action en justice des producteurs d’électricité à celles des « lobbies de l’hôtellerie qui essaient de tuer les modèles d’affaires comme celui d’Airbnb » et des taxis qui luttent contre Uber. Les opérateurs d’effacement sont les nouveaux barbares de l’énergie ! En France, les barbares se nomment Energy Pool, Actility, Smart Grid Energy, Hydronext et… Voltalis, le pionnier de l’effacement en France, cofondé par Pierre Bivas en 2007. C’est lui qui affronte violemment EDF depuis 2009. C’est lui encore qui, indirectement, a enflammé le petit monde de l’électricité fin 2014 à travers le projet d’arrêté sur l’effacement, issu de la loi Brottes sur l’énergie de 2013. Le 9 décembre, quand le texte arrive devant le Conseil supérieur de l’énergie (CSE), qui réunit les entreprises du secteur, des représentants des consommateurs et des membres de l’administration, c’est la bronca. Il faut dire que le décret paraît taillé sur mesure pour Voltalis et ses actionnaires, dont les familles Mulliez (Auchan), Coisne et Lambert (Sonepar), rejoints depuis 2013 par l’ex-dirigeant d’EDF Énergies Nouvelles, Pâris Mouratoglou. L’arrêté prévoit d’attribuer une prime d’un montant élevé –30 euros par mégawattheure– aux effacements de consommateurs de petite puissance (moins de 36 kW, effacement dit « diffus »), et uniquement pour eux (donc pas pour les effacements des gros consommateurs comme les industriels). Or Voltalis est le seul opérateur d’effacement diffus en


efficacité énergétique

Les nouveaux barbares de L’éLectricité ● Le pionnier voltalis

● Autre vétéran de

● actility, issu des

est le seul opérateur d’effacement diffus. Il réduit la consommation des radiateurs et des chauffe-eau électriques d’une multitude de particuliers. Son conflit avec EDF depuis 2009 sur la valorisation de l’effacement en fait le barbare en chef de l’électricité.

l’effacement, energy Pool, filiale de Schneider, a constitué le plus gros portefeuille d’effacement de puissance avec des industriels électro-intensifs, précieux clients des fournisseurs d’électricité. Il explore désormais de nouveaux marchés comme les réglages systèmes et l’énergie.

télécoms, joue sur un pilotage en temps réel de process disposant de stocks (entrepôts frigorifiques, usines de traitement d’eau) pour proposer des réductions, et des hausses de consommation d’énergie sur les marchés. Un trading d’énergie non consommée qu’il pratique en Belgique, mais pas encore en France.

pascal guittet

à prétendre que « son » effacement diffus génère des économies d’énergie se comprend. C’est son seul argument commercial auprès des particuliers qu’il efface, puisqu’il ne leur reverse rien du produit de la vente de leur effacement, contrairement à ce que font les autres agrégateurs avec les industriels. C’est aussi ce qui lui permet de demander une prime élevée, puisque cette prime, prévue par la loi Brottes, vise à subventionner l’effacement pour services rendus à la collectivité (réduction des émissions de CO2 et des pertes sur le réseau, économie d’énergie). France. «Cette prime, c’est droit dans le compte de résultats de Voltalis », s’indigne un proche du dossier. Fait rare, le CSE rejette le projet. Energy Pool, Actility, Smart Grid Energy et des associations d’industriels producteurs (Afieg) et consommateurs (Cleee) d’électricité dénoncent dans un communiqué commun «une subvention déguisée» et une « forte distorsion de la concurrence ». La Commission de régulation de l’énergie donne un avis défavorable. Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, revoit sa copie. Le 22 janvier, l’arrêté est publié au Journal officiel. La prime est divisée par deux, mais elle reste réservée à l’effacement diffus… ce qui promet de nouveaux affrontements. Combiné à un amendement au projet de loi de transition énergétique déposé avec la bénédiction de Ségolène Royal (article 46 bis), l’arrêté annihile en effet les efforts de l’État pour apaiser les controverses sur la valeur de l’effacement qui agitent le secteur depuis 2009. Le laborieux processus engagé avec la loi Brottes, qui s’était traduit après d’homériques batailles par un décret en juillet 2014 –et que l’arrêté était censé conclure –, pourrait être repris de zéro. En réservant un « traitement de faveur » au diffus, l’arrêté fait sien le cheval de bataille de Pierre Bivas : « son » effacement diffus, à la différence de l’effacement des industriels, ne fait pas que reporter la consommation à un moment plus opportun. Il la réduit sans rattrapage ultérieur. Il génère une économie d’énergie. Tant pis pour les premières études de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) qui montrent le contraire! L’entêtement de Voltalis l’usine nouvelle i supplément au n° 3412 i 26 FéVRieR 2015

les effacements tarifaires remis en selle C’est enfin ce sur quoi il compte pour échapper à la très controversée « compensation » instaurée par la loi Brottes : les agrégateurs doivent dédommager financièrement les fournisseurs l’énergie qu’ils effacent. Une anomalie française qui sape le modèle économique de l’effacement : « Avec une compensation de quelque 50 euros par MWh à payer, c’est difficilement rentable de s’effacer», déplore Olivier Baud. Une victoire pour EDF, donc. Las ! L’article 46 bis du projet de loi de transition énergétique, encore en discussion à l’Assemblée, prévoit d’exonérer de compensation les effacements correspondant à des économies d’énergie. La revanche de Voltalis ! Et un casus belli pour EDF. Pour les autres, qui s’étaient résignés à indemniser les fournisseurs en comptant sur la prime Brottes pour adoucir la note, c’est le pompon! Compensation sans prime pour eux, prime sans compensation pour Voltalis… De quoi relancer les débats. « Si l’article 46 bis est adopté, il faudra recommencer tout le processus, commente Thierry Veyrenc de RTE. L’incertitude réglementaire est pénible pour tout le monde.» Au-delà de la valorisation de l’effacement, l’article 46 bis pourrait aussi remettre en question l’ouverture effective du marché de l’effacement. Il remet en selle les effacements dits «tarifaires» (historiquement EJP et Tempo) intégrés aux contrats de fourniture d’électricité. Une revendication d’EDF, assortie d’une tentative d’obtenir l’exclusivité des sites liés par de tels contrats, qui avait provoqué une levée de boucliers et que le décret Brottes avait retoquée. L’effacement tarifaire 17


efficacité énergétique

est a priori un outil de gestion du portefeuille clients des fournisseurs et non pas un moyen d’équilibrage du réseau. Il pourrait phagocyter les « vrais » effacements et empêcher l’émergence d’un marché indépendant. La tension monte autour de l’article 46 bis, alors que le mécanisme de capacité, prévu pour assurer la sécurité d’approvisionnement dès fin 2016 et dont les agrégateurs attendent qu’il fasse décoller le marché de l’effacement, vient d’être validé par un arrêté du gouvernement. Bruno Gastinne,

le PDG de MSSA qui mise sur l’effacement [lire page 14], dénonce «ces producteurs d’électricité qui dénigrent auprès des parlementaires la capacité des industriels à s’effacer. Ce procès en incompétence est scandaleux ! » Le dirigeant veut que l’article 46 bis soit réécrit : « Nous proposons avec l’Union des industries chimiques un amendement pour que l’effacement de puissance [ndlr : ce que réalisent les industriels], et pas seulement d’énergie, soit soutenu par une prime. » La bataille de l’effacement s’amplifie… ❚❚

La côte d’azur redoubLe d’économies Face aux risques de coupure électrique, les industriels des Alpes-Maritimes investissent dans la maîtrise de leur consommation. De notre corresponDant, Jean-christophe Barla

« Les réseaux intelligents ne doivent pas s’en tenir qu’à l’électricité. notre objectif est d’étendre la vision aux autres fluides énergétiques. » serge burtin, directeur de Dalkia méditerranée

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industriel à accepter de décaler ou à effacer près de 60 % de sa puissance souscrite en période de pic de demande. Arkopharma, Augier, Elis, Paindor, Synergie Cad et Virbac ont suivi. Ce dernier a mis en œuvre son plan d’économie d’énergie conclu avec EDF, en 2014. Un autre investissement d’avenir, baptisé Réflexe, réunit Veolia Environnement, Dalkia, Alstom, Sagemcom, l’Institut national de l’énergie solaire (Ines) et Supélec. D’un montant de 8,7 millions d’euros sur trois ans et demi, il expérimente un modèle d’agrégateur de systèmes de production – stockage – consommation pour optimiser en temps réel la gestion de l’offre et de la demande entre une vingtaine de sites tertiaires et industriels de la métropole Nice Côte d’Azur et de la technopole Sophia Antipolis.

terrain d’expérimentations « Accroître la flexibilité en exploitant une ressource disponible comme, par exemple, le stockage naturel qu’est l’inertie des bâtiments, pour décaler dans le temps un besoin de consommation, peut sécuriser l’approvisionnement énergétique. Réflexe vise à qualifier et à quantifier ce potentiel de flexibilité au service de la collectivité et son acceptabilité dans les périodes de pointe », indique Yves Bertone, chargé de mission smart grids chez Veolia Environnement. Le pôle de compétitivité Capenergies accompagne de nombreux projets R&D de start-up et de PME: l’offre smart grid personnalisée de GridPocket, à Sophia Antipolis ; les systèmes de stockage d’énergie thermique et de régulation de Cristopia Energy Systems, à Vence ; les solutions de pilotage de centrales solaires, hydroélectriques et éoliennes et de gestion technique et énergétique des bâtiments de WIT, à Saint-Laurent-du-Var. «À cause de la crise, les entreprises envisagent l’énergie comme une source potentielle d’économies. Elles boostent les sociétés, leur garantissant un retour sur investissement », se réjouit Franck Yvet, chargé de missions marketing chez WIT. La société a donc ouvert en 2014 sa plate-forme WIT-DataCenter pour imaginer et construire avec ses partenaires (intégrateurs, éditeurs…)

thieRRy chassepoux

L

’hiver, la Côte d’Azur ne produit que 10 % de sa demande électrique. Ses industriels vivent sous la menace récurrente d’un black-out. Ils l’ont déjà subi le 3 novembre 2008, puis en décembre 2009, et l’ont frôlé le 6 février 2012, après une alerte rouge de RTE, la filiale d’EDF chargée du réseau de transport de l’électricité. Nombre d’entre eux ont pris les devants, principalement dans l’agglomération niçoise où se déploie l’opération d’aménagement d’intérêt national Éco-vallée. Labellisé investissement d’avenir, le projet Nice Grid associe 10 partenaires, EDF, ERDF, Alstom, Saft, Armines, RTE, NetSeenergy, Daikin, Socomec et NKE Electronics. Trente millions d’euros sont injectés dans ce réseau intelligent combinant production d’énergie photovoltaïque, batteries de stockage, boîtiers et équipements communicants pour gérer au mieux les consommations. Début décembre, 80 % des matériels du démonstrateur étaient installés sur la commune de Carros. Parmi eux, 2500 compteurs communicants Linky, un transformateur solaire et la première batterie résidentielle de Saft (sur 20 à terme), apte à stocker l’électricité produite le jour pour la restituer le soir. En avant-première nationale, ERDF teste sur la zone industrielle un système de stockage sur le réseau de distribution basse tension avec la possibilité de déconnecter temporairement un quartier du réseau principal pour l’alimenter avec du photovoltaïque et une batterie. De son côté, EDF a signé une convention avec le torréfacteur Malongo, premier


efficacité énergétique

des applications capables d’améliorer les performances énergétiques des bâtiments gérés par ses solutions. GreenPriz, à La Colle-sur-Loup, a développé, avec le bureau d’études Symes, une gamme de boîtiers et de prises électriques intelligentes pour suivre, optimiser et réduire jusqu’à 43% les consommations. Ragni, à Cagnes-sur-Mer, a conçu une gamme d’éclairages solaires s’adaptant à la présence humaine et à l’intensité lumineuse. Augier, à Carros, a mis au point l’Augier-Box qui commande, surveille et contrôle 24 heures sur 24 un réseau d’éclairage. Quant à Qualisteo, à Nice, sa solution de comptage de l’énergie électrique Wattseeker a conquis GDF Suez, Veolia, EDF, Schneider Electric, Bosch, Leader Price et la SNCF. «L’Eco-vallée est un bon terrain d’expérimentations. Mais la région manque de grandes entreprises aptes à accélérer leur mise en œuvre », remarque Christophe Robillard, son PDG.

investissement dans l’éco-conception Schneider Electric montre néanmoins l’exemple à Carros grâce à son bâtiment Horizon où travaillent 800 personnes. Sous l’impulsion de son ex-directeur, Christophe Bourgue, désormais reconverti sur la Côte d’Azur dans le conseil sur les villes intelligentes et connectées, l’établissement a réussi à produire autant d’énergie qu’il en consomme. Ce showroom

Partenaire du 1er colloque national Énergie Industrie

Plus d’informations sur www.institut-ps2e.com

l’usine nouvelle i supplément au n° 3412 i 26 FéVRieR 2015

d’innovations bénéficie de solutions de PME locales, comme Advansolar, avec des ombrières photovoltaïques doublées de stations de recharge de véhicules électriques, ou Anemoos, avec Pulls’Air, sa turbine de récupération d’air pulsé. À Sophia Antipolis, le Centre d’animation régional en matériaux avancés (Carma), via son EcoDesign Center, s’évertue à convaincre les entreprises d’investir dans l’éco-conception. Directeur de Dalkia Méditerranée, Serge Burtin prépare déjà les étapes futures : « Les réseaux intelligents ne doivent pas s’en tenir qu’à l’électricité, dit-il. Notre objectif est d’étendre la vision aux autres fluides énergétiques. » Enfin, à Cannes, le bilan du projet Grid-Teams démontre que l’usager veut bien se montrer plus éco-responsable sous réserve de contrepartie. Le projet étudiait «les leviers pertinents pour impulser et pérenniser les changements de comportements». Les occupants de trente foyers volontaires pour une expérimentation de réduction de leur consommation étaient récompensés de leurs efforts par une monnaie virtuelle, les EcoTroks, échangeables contre des tickets de transport, des places de spectacles, des kits économiseurs d’eau. En jouant le jeu, ils ont amélioré leur efficacité énergétique de 10 à 15%. À l’origine de cette idée, la start-up GridPocket qui s’attache désormais à la généraliser en partenariat avec EDF et songe à la déployer dans une demi-douzaine de pays européens. ❚❚

L’Institut pour la Transition Energétique Paris-Saclay Efficacité Energétique (PS2E) participe au 1er colloque national Énergie Industrie, organisé par l’ADEME, le 18 mars prochain à Marseille. PS2E accompagne les industriels dans l’optimisation énergétique de leurs sites en initiant l’analyse au cœur du procédé industriel, des produits aux chaines de transformations. Cette démarche constitue une référence commune sur de nouveaux marchés. Elle permet de délivrer les solutions les plus adaptées et valoriser au mieux les gisements d’économie d’énergie à l’échelle d’un site industriel. À cette occasion, PS2E partagera avec vous son approche et son expérience de l’analyse énergétique, notamment au travers d’un atelier et de nombreux témoignages.

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efficacité énergétique

Stratégie

Schneider, champion de l’efficacité En dix ans et 130 rachats, le fabricant de disjoncteurs est devenu un géant de la gestion de l’énergie. Avec un credo : l’efficacité énergétique. par ManUel MoragUeS

S

Un rachat tous les mois La vision du groupe se fonde sur de grandes tendances : l’urbanisation et l’industrialisation se conjuguent pour accroître la demande d’énergie et la réduction de l’empreinte environnementale. Par ailleurs, les prix de l’énergie à la hausse imposent l’efficacité énergétique, rendue possible grâce aux nouvelles technologies en connectivité et numérique. Jean-Pascal Tricoire, à la tête de Schneider depuis 2006, porte personnellement cette vision. D’une part auprès des clients : « Jean-Pascal Tricoire veut pouvoir expliquer simplement ce qu’on fait aux clients : “Je vais vous aider à être plus efficace et à faire des économies d’énergie”, cela parle plus à un client que de lui expliquer la complexité de notre métier. Et cela correspond à la réalité de ses besoins », explique Michel Crochon. Le PDG ne ménage pas ses 20

Schneider a étendu ses activités tout en renforçant ses métiers historiques.

efforts pour graver cette vision en interne. Chaque mois, il diffuse aux salariés une vidéo qu’il a réalisée pour partager sa stratégie et fixer le cap : pousser la vente de solutions, réduire les stocks, augmenter les prix… « Il est infiniment plus opérationnel que son prédécesseur, témoigne un excadre dirigeant du groupe. Henri Lachmann était dans la suggestion. Avec Tricoire, c’est plutôt : “Tu exécutes”. » « La force de Schneider, c’est son management très proche des opérations, qui assure une articulation exemplaire entre la stratégie et l’opérationnel», admire Olivier Mermuys, le directeur marketing groupe de Socomec, une ETI alsacienne concurrente, et ancien de Legrand. La stratégie du groupe s’appuie largement sur les acquisitions: 130 depuis 2004 pour environ 15 milliards d’euros! Elles suivent, à chaque fois, deux logiques complémentaires : acquérir une expertise importante dans un secteur pour fournir des solutions pointues de gestion de l’énergie. Et dominer en termes de volumes et de parts de marché pour optimiser les ventes de produits. La dernière opération d’ampleur, le rachat d’Invensys pour 3,8 milliards d’euros, il y a un an, procède des deux. Elle permet à Schneider de se renforcer dans les automatismes et systèmes de contrôle en s’étendant aux industries de process continu. Elle entraîne le français au cœur des process des industriels du pétrole, très demandeurs de solutions de gestion de l’énergie. Ce ciblage des secteurs qui ont le besoin et le potentiel d’améliorer leur performance énergétique est méthodique. Les datacenters trop énergivores?

monty rakusen’s studio / schneider

chneider Electric, spécialiste de la gestion de l’énergie. La signature du groupe français, martelée par son PDG, Jean-Pascal Tricoire, et dans toute la communication clients et médias, n’est pas qu’un slogan. L’efficacité énergétique a été au cœur du spectaculaire essor de Schneider au cours de la dernière décennie. Le chiffre d’affaires du groupe a presque triplé en 2013 et atteint les 23,5 milliards d’euros en 2013, pour une marge d’Ebita de 14,5%. L’ex-fabricant de disjoncteurs, contacteurs et autres relais revendique aujourd’hui la position de numéro un ou deux sur 90 % de ses ventes. Et se pose en prescripteur de solutions de gestion de l’énergie. Cette domination, Schneider l’a construite méthodiquement. En étendant ses activités à des marchés porteurs sur tous les continents, en renforçant ses métiers historiques, et en se rendant incontournable pour ses clients. Avec un credo: «L’efficacité énergétique a été au centre de notre stratégie de développement, que ce soit vis-à-vis de notre positionnement auprès des clients, de nos investissements en interne et dans nos choix d’acquisitions », revendique Michel Crochon, directeur général stratégie et technologie.


efficacité énergétique

Le rachat d’APC en 2006 propulse Schneider à la tête du marché des onduleurs. D’autres acquisitions dans le logiciel et le refroidissement lui apportent une offre de solutions complètes qui le placent loin devant Eaton et Emerson. Les réseaux électriques à optimiser en passant au smart grid ? Schneider devient leader dans la moyenne tension avec le rachat d’Areva Distribution en 2010. Une position qu’il renforce avec les logiciels de Telvent en 2011. Le bâtiment et son besoin de pilotage des consommations ? L’acquisition de TAC, en 2003, lance le pôle automatisation des bâtiments du groupe, qui prend une nouvelle dimension avec l’achat de Pelco, en 2007. Depuis, le pôle s’étoffe côté solutions, en renforçant toujours l’activité historique de distribution électrique. «La force de Jean-Pascal Tricoire a été de garder la maîtrise de son métier cœur tout en s’élargissant. Et quand il va vers un nouveau métier, ce n’est pas avec un saut qui laisse des trous, il fait un continuum », estime Marcel Torrents, DG de Schneider jusqu’en 2003 et aujourd’hui à la tête de Deltadore, PME spécialiste des automatismes du bâtiment dont Schneider détient 20%.

l’asie-pacifique dans le viseur Grâce à ses acquisitions et de solides positions en Chine, où il est présent depuis 1987, Schneider est allé chercher ses clients là où ils se développent: dans les pays émergents. Une expression datée, selon le groupe, qui parle plutôt de nouvelles économies. Celles-ci représentent désormais autour de 44% de son chiffre d’affaires. L’Asie-Pacifique (28,4% de l’activité sur les neuf premiers mois de 2014) a détrôné l’Europe de l’Ouest (27,4 %), suivie par l’Amérique du Nord (25,2 %). La France pèse à peine plus de 7 % des ventes et a perdu 10000 emplois en vingt ans, selon une source syndicale. Le top management est internationalisé, à l’image du PDG qui vit à Hongkong quand il n’est pas dans les avions. Schneider se définit comme un «groupe totalement mondial». L’expansion géographique ne doit cependant pas brouiller le positionnement du groupe sur la gestion de l’énergie au service de ses clients, économies à la clé. «Il est primordial de s’assurer que notre offre et la manière de la présenter localement au client avancent à la même vitesse, précise Michel Crochon. Pour le vérifier, on s’impose régulièrement de regarder le groupe depuis la Chine, la Russie, la France… C’est très révélateur. » L’exercice est d’autant plus important que Schneider met en avant, depuis 2008, la vente de solutions. Un deuxième modèle d’affaires, avec des ventes directes au client final alors que les produits passent surtout par des distributeurs. Le groupe cherche en particulier à nouer des partenariats avec de grands comptes. « On a alors une

« la force de Jean-pascal tricoire a été de garder la maîtrise de son métier cœur tout en s’élargissant. » marcel torrents, président du directoire de deltadore et ancien dG de schneider l’USine noUvelle i supplément au n° 3412 i 26 FéVrier 2015

la geStion de l’énergie pour moteur

160000

250

employés

usines

23,5

milliards d’euros de chiffre d’affaires

14,5 %

de marge d’Ebita ajusté

CINQ ACTIVITÉS AUTOUR DE L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE Chiffre d’affaires sur les neuf premiers mois de 2014 (en milliards d’euros) Basse tension et énergies renouvelables

Moyenne tension

5,7

8,5

Automatismes du bâtiment

GESTION DE L’ÉNERGIE

Automatismes industriels

4,3

1,6 Énergie sécurisée

3,4

approche de société de conseil. À partir du plan stratégique présenté par le client, on identifie des besoins et on propose des solutions », détaille Cyril Perducat, directeur de l’activité Services numériques de Schneider. L’intérêt étant d’« établir une relation solide basée sur la valeur et non sur le coût », afin de l’entretenir avec des services profitables. L’atout de Schneider? «Son marketing technique pointu, qui le pose en expert auprès du client et en leader d’opinion du secteur», analyse Olivier Mermuys, de Socomec. Gaël de Bray, de la Société générale, renchérit : « Siemens ou ABB ont au moins les mêmes compétences sur les produits qui composent les solutions, mais Schneider a fait un gros effort pour packager et marketer des solutions bien identifiées. » Le groupe a aussi beaucoup investi dans le logiciel, l’intelligence indispensable à la performance énergétique et aux solutions. «Dans le secteur de l’électrique, c’est l’un des plus rapides à effectuer sa transition numérique, estime le président d’une start-up éditrice de logiciels de gestion de l’énergie. Ils ont encore du chemin à faire, mais c’est normal vu d’où ils viennent. Ils font d’un côté des disjoncteurs vendus par Rexel et, de l’autre, ils sont capables d’opérer un datacenter en temps réel et en 3 D!» Schneider réalise le grand écart, mais parvient à conserver une cohérence. « Nous avons veillé à ne pas nous disperser. Pas question d’un conglomérat ! Schneider Electric est focalisé sur l’acheminement de l’énergie », tranche Michel Crochon. Avec l’efficacité énergétique pour identité. ❚❚ 21


efficacité énergétique

Bâtiment

La rénovation s’industriaLise La loi sur la transition énergétique pourrait accélérer les travaux engagés afin de réduire la consommation des bâtiments. Mais pour mettre le turbo, la rénovation thermique doit s’industrialiser. par Manuel Moragues

L

une montée en compétences indispensable Depuis le Grenelle de l’environnement, les industriels des matériaux de construction ont investi dans l’efficacité énergétique. Le fabricant de plaques de plâtre Siniat a étendu sa gamme de produits d’isolation et a lancé, mi-2013, un investissement de 25 millions d’euros répartis sur quatre usines françaises de polystyrène. Saint-Gobain a injecté 100 millions dans une usine de laine de verre, à Chemillé (Maine-et-Loire), ouverte en 2010. Un site similaire a été mis en service à Lannemezan (Hautes-Pyrénées) en 2010 par Knauf Insulation, pour un investissement de 155 millions. Les industriels ont aussi amélioré les performances de leurs produits pour répondre aux exigences de la rénovation, devenue un relais de croissance face à une construction neuve au plus bas. Pour Saint-Gobain, la réfection représente la moitié 22

À nantes, le renouvellement urbain du pré gauchet comprend, entre autres, l’isolation thermique des bâtiments avec de la fibre de verre.

de l’activité matériaux de construction, contre un gros tiers il y a dix ans. « La profession tout entière est […] dans un puits sans fond, a déclaré début décembre Jacques Pestre, directeur général adjoint de Saint-Gobain Distribution France et co-directeur du plan Rénovation énergétique des bâtiments de la Nouvelle France industrielle. La rénovation est notre seule planche de salut. » Reste que le bât blesse du côté de la mise en œuvre. Certes, les majors du BTP, Bouygues, Eiffage et Vinci ont développé leurs compétences et structuré leur activité de rénovation énergétique. Elles proposent même une garantie de résultats avec des contrats de performance énergétique pour le grand tertiaire et le logement social. Mais « en dehors des entreprises générales, l’offre n’est pas prête. La plupart des petites entreprises n’ont pas le niveau », assène Olivier Sidler, du bureau d’études Enertech. Ce sont ces PME – plus de 90 % des entreprises du bâtiment emploient moins de 10 salariés – qui dominent le marché du résidentiel diffus, au cœur de l’objectif de massifica-

daniel joubert

a pression monte. Le projet de loi de transition énergétique réaffirme l’objectif de rénover 500000 logements par an, à partir de 2017. L’obligation d’améliorer la performance énergétique des bâtiments a fait son chemin dans la loi. Pour les logements privés les plus énergivores d’ici à 2030 d’une part, mais aussi pour tout bâtiment, à chaque fois que des travaux importants sont entrepris. Il faut accélérer. Au-delà des ouvrages ponctuels et partiels, moins d’une dizaine de milliers de rénovations type bâtiment basse consommation (BBC) sont réalisées en France chaque année. Stimuler la demande ne suffira pas. Démultiplier le rythme des travaux demandera de renouveler l’offre. Les filières du BTP et des matériaux de construction en sont bien conscientes. Elles essaient de hisser la rénovation énergétique à la vitesse industrielle. Nul besoin d’innovations de rupture pour amener les bâtiments à un haut niveau de performance énergétique. «Les technologies, les produits et les matériaux sont disponibles», estime JeanRobert Millet, le directeur adjoint énergie-environnement du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Et ils peuvent être produits en masse.


efficacité énergétique

tion de la rénovation énergétique. En cause : une absence de sensibilisation à l’efficacité énergétique, des corps de métiers mal coordonnés qui sabotent le travail d’autrui, trop d’ouvriers mal formés et incapables d’atteindre le niveau élevé de précision requis… Le programme de qualification RGE (Reconnu garant de l’environnement), initié en 2011 et étendu en 2013 et 2014, vise à hisser le niveau de compétences des artisans sur la performance énergétique. Avec un aiguillon:seul le recours à des professionnels qualifiés RGE permet désormais de bénéficier des aides à la rénovation énergétique. Depuis l’annonce de cette éco-conditionnalité en juin 2013, le nombre d’entreprises qualifiées RGE a grimpé. La Fédération française du bâtiment en dénombrait près de 27 000 mi-décembre. La complexité et le coût des qualifications RGE, ainsi que la rapidité de la transition vers l’éco-conditionnalité, ont cependant été dénoncés par les artisans, qui ont obtenu un allégement du dispositif. Les industriels poussent le programme RGE. Les producteurs de matériaux ont intégré cette qualification dans leurs centres de formation et les entreprises du négoce devraient s’y associer au premier trimestre 2015.

Des travaux plus standardisés Au-delà de la formation, la rénovation énergétique se cherche un modèle. Entre le plan bâtiment durable, le plan rénovation et des think tanks comme The Shift Project, rapports et propositions ne manquent pas. Le projet de loi de transition énergétique s’en inspire. Les mesures prévues jouent notamment sur la contrainte:outre l’obligation de rénovation lors de gros travaux, la performance énergétique devrait être à la base de systèmes de bonus-malus pour les propriétaires bailleurs et de modulation des droits de mutation. D’autres visent à structurer la rénovation :un «carnet numérique de suivi et d’entretien» du logement s’imposera aux constructions neuves dès 2017 et à tous les logements faisant l’objet d’une mutation en 2025. L’idée est de regrouper toutes les informations sur le bâtiment au cours de sa vie, afin de mettre en cohérence les différents travaux de rénovation réalisés au fil du temps en vue d’un objectif de performance BBC. Il s’agit d’en finir avec les travaux en ordre dispersé, générateurs de surcoûts et n’exploitant pas pleinement le potentiel d’économies d’énergie du bâtiment, au risque de tuer ce gisement crucial pour atteindre les objectifs français de réduction de la consommation d’énergie. L’enjeu, du côté de la filière, est de pouvoir prescrire rapidement et de réaliser des travaux soignés les plus standardisés possible, alors que chaque bâtiment est unique. À cet égard, la diffusion d’outils numériques d’aide au diagnostic et à la mise en œuvre est un levier majeur (lire ci-contre). Reste que réduire la complexité liée à l’hétérogénéité du parc existant apparaît impératif. « Il est impossible – et inutile – de traiter 500 000 logements au cas par cas, tranche Olivier Sidler. Il faut une méthode simple et sans calcul qui permette d’atteindre à peu près les performances visées. » L’expert en thermique du bâtiment a ainsi défini dix combinaisons de travaux qui sont autant de possibilités de résistances thermiques à ajouter aux différents éléments de l’enveloppe du l’usine nouvelle i supplément au n° 3412 i 26 FéVrier 2015

Mortenson Conception utilise l’application BiM 360 pour mieux gérer ses données sur le terrain.

la 3 D et le numérique pour accélérer building information modeling ou maquette numérique, scan 3d… le numérique perce dans la construction. Ces nouvelles technologies apparaissent cruciales pour mieux coordonner les chantiers de rénovation énergétique et réduire coûts et délais tout en améliorant la qualité des prestations. rehabitasystem, le projet porté par le cluster basque eskal eureka, et labellisé investissement d’avenir, développe un processus de chantier fondé sur la 3d et le numérique. le point de départ:un scan 3d qui numérise l’ensemble du bâtiment.

des plans en 2d en sont ensuite extraits et mis en ligne. tous les intervenants du chantier peuvent les consulter, les modifier… À la clé:un support commun et précis pour préparer au mieux les travaux de chacun et limiter les problèmes d’interface. rehabitasystem teste aussi le passage du scan 3d à une véritable maquette numérique, qui intègre toutes les caractéristiques techniques et économiques des éléments du bâtiment pour permettre au bureau d’études de réaliser ses simulations thermiques.

bâtiment pour atteindre en moyenne une consommation de 50 kWh/m2 /an. L’artisan peut alors choisir la combinaison la plus adaptée au bâtiment qu’il traite. Un diagnostic ultrasimplifié, mais aussi un nombre réduit de produits à mettre en œuvre. À la clé, des travaux plus simples donc plus fiables et une standardisation propice à la réduction des prix. L’idée de tels bouquets de travaux est de structurer l’offre et d’avoir des réponses assez standardisées, presque automatiques. Pour aller plus loin, les produits et systèmes des spécialistes de la construction et de l’isolation devront être mieux packagés : avec, par exemple, une offre sur étagère estampillée passage à la classe de performance B. La diversité des bâtiments n’est pas d’une difficulté insurmontable. À l’image de l’automobile, la rénovation énergétique du bâtiment peut viser une grande variété de produits finaux avec un nombre réduit de composants. En un mot, s’industrialiser. ❚❚ 23


effICaCIté énerGétIque

entretien

«L’enveLoppe du bâtIment, La prIorIté» Pierre-André de Chalendar, le PDG de Saint-Gobain, détaille la stratégie qui positionne son groupe en champion de l’efficacité énergétique. Il compte notamment sur la construction durable pour accélérer dans les pays émergents. ProPos recueillis Par olivier cognasse, Pascal gateaud et Manuel Moragues

C

’est aux Miroirs, la tour de Paris la Défense où siège SaintGobain, que Pierre-André de Chalendar reçoit «L’Usine Nouvelle». Le PDG rentre de Shanghai, où il a lancé les festivités du 350e anniversaire de l’ancienne Manufacture royale des glaces, initiée par Louis XIV et Colbert. Une façon de tourner son groupe vers l’avenir. Et cet avenir passe par l’habitat durable, dont le cœur est l’efficacité énergétique. C’est autour de cette notion que Pierre-André de Chalendar a recentré Saint-Gobain depuis sa nomination en 2007. Il explique comment la vente de Verallia et l’acquisition du suisse Sika vont accélérer cette transformation en 2015. Présent dans 64 pays dans lesquels il a réalisé 42 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2013, numéro un mondial de l’isolation et numéro deux du vitrage, Saint-Gobain est déjà un champion de l’efficacité énergétique dans le bâtiment. Celle-ci représente un tiers de ses ventes et cette part croît chaque année. Pierre-André de Chalendar est confiant: l’énergie non consommée est la meilleure façon de lutter contre le réchauffement climatique. Traiter l’enveloppe du bâtiment est la priorité, assure-t-il. Les métiers de Saint-Gobain sont focalisés sur cette enveloppe. Sika pourrait lui permettre de lier encore mieux ses composants pour former des solutions à plus haute valeur ajoutée. Pour Pierre-André de Chalendar, la performance énergétique est un relais de croissance pour son groupe dans les économies matures, où il réalise 80% de son activité. Cette performance est aussi un vecteur de développement dans les pays émergents. Car l’isolation, c’est du confort thermique. Pierre-André de Chalendar y associe d’autres formes de confort: le confort acoustique, le confort visuel… Tous les modèles le montrent: quand le niveau de vie s’élève dans un pays, le besoin de confort augmente. Le pari du PDG sur l’habitat durable, c’est la conquête de nouveaux marchés. 24

le projet de loi de transition énergétique est examiné par le Parlement. Que pensez-vous de la place accordée à l’efficacité énergétique ? C’est un texte d’orientation qui va dans la bonne direction. Il y a beaucoup de mesures sur la rénovation énergétique des bâtiments. S’attaquer au parc existant est la clé d’une action d’envergure. Dans l’ancien, le rythme et la qualité de la rénovation n’étaient pas assez bien traités. La loi s’y attaque. Ce qui me paraît le plus important, c’est la stimulation des travaux d’isolation à travers l’obligation de rénovation énergétique en cas de travaux importants et l’amélioration de la qualité de ces travaux avec le programme RGE [ndlr : reconnu garant de l’environnement], auquel nous participons activement. Il y a un énorme problème de formation. Il faut former les artisans. Ils sont souvent très demandeurs. Quel impact peut avoir la loi sur la rénovation énergétique des bâtiments ? Je crois qu’elle aura des effets importants. Il suffit de voir l’impact du Grenelle de l’environnement et de la réglementation thermique (RT) 2012. On a changé fondamentalement la façon de construire dans le neuf et rattrapé le retard de la France dans ce domaine. Saint-Gobain l’observe directement : dans un marché mauvais depuis deux ou trois ans, nous avons un différentiel important, de plus de cinq points d’écart, entre nos ventes de matériel de construction et nos ventes d’isolants. Mais je mets un bémol : la loi sur la transition énergétique, nous l’avons attendue longtemps. Le Parlement n’a pas fini de l’examiner et il faudra encore attendre les décrets pour préciser nombre d’éléments, notamment sur les sujets de financement et de fiscalité. Il faut accélérer le processus ! Sinon, nous risquons d’être dans un système d’attente qui est pire à court terme que le statu quo. Quelle est la place de l’efficacité énergétique dans la stratégie de saint-gobain ? C’est un axe stratégique très important, qui peut nous donner de la croissance, même dans des environnements généralement peu porteurs. Aujourd’hui, l’efficacité énergétique représente à peu près un tiers de notre chiffre d’affaires. Et cette part croît chaque année. Lors de ma prise de fonctions en 2007, j’ai réorienté la stratégie de Saint-Gobain en définissant le groupe par rapport à ses marchés, autour de la notion d’habitat durable, plutôt que par rapport à ses produits. Elle a influencé de manière importante l’organisation du groupe et sa façon de travailler. Nous avons beaucoup d’activités qui traitent de l’enveloppe du bâtiment, la priorité pour l’efficacité énergétique. Avant, nous étions essentiel-

« La loi sur la transition énergétique aura des effets importants sur la rénovation. Il suffit de voir l’impact du Grenelle de l’environnement sur le neuf. »


lement organisés en « business units » mondiales. Ces différentes activités s’ignoraient trop souvent dans un pays. Maintenant, elles travaillent ensemble.

pascal guittet

votre positionnement sur l’habitat durable est-il porteur dans les pays émergents ? La construction est d’abord un secteur porteur avec l’urbanisation. Les préoccupations environnementales montent, comme on le voit en Chine. Plus largement, quand le niveau de vie s’élève, il y a un besoin de confort. Et beaucoup de nos solutions sont axées sur le confort: le confort thermique –un terme que je préfère d’ailleurs à celui d’isolation thermique, qui donne l’impression d’être une contrainte –, le confort acoustique, qui est aussi un vecteur de croissance fort, le confort lié à la qualité de l’air et le confort visuel. Nous surveillons de près toutes ces tendances liées à la démographie et au niveau de vie. Saint-Gobain est de manière générale positionné sur des produits qui nécessitent une certaine richesse. Nous étudions bien les pays pour savoir si nous pouvons nous implanter ou si c’est trop tôt. en quoi la prise de contrôle de sika, à laquelle le management de l’entreprise suisse s’oppose, la jugeant hostile, s’inscrit-elle dans votre stratégie ? Sika, pour moi, c’était un peu un rêve. Depuis sept ou huit ans, je la présentais toujours en tête de liste de mes l’usine nouvelle i supplément au n° 3412 i 26 FéVRieR 2015

cibles, au conseil d’administration. C’est une entreprise qui coche à peu près toutes les cases de notre stratégie. Nous voulons augmenter la part de nos investissements et acquisitions dans les pays émergents. Sika y est très présent, notamment en Asie, qui représente 20 % de ses ventes. Réduire notre intensité capitalistique ? Sika est plus léger en capital que la moyenne du groupe. Renforcer nos métiers «différenciés» par l’innovation, mais aussi en privilégiant des niches à forte valeur ajoutée? C’est le positionnement de Sika, qui applique aux matériaux de construction la philosophie que nous avons dans nos matériaux de haute performance (plastiques, abrasifs…). Enfin, Sika affiche un taux de croissance impressionnant. en parallèle, vous avez lancé la vente de verallia, votre activité de conditionnement. la 351e année de saint-gobain est une année de transformation… Sika et Verallia, c’est un mouvement stratégique significatif mais qui reste complètement en ligne avec ce que l’on avait annoncé. C’est vrai que si nous réalisons bien ces deux opérations en un an, nous aurons fait une bonne partie du programme que j’avais fixé pour les trois à cinq prochaines années ! C’est un pas important. Saint-Gobain bouge. C’est aussi pourquoi nous avons lancé les célébrations de notre 350e anniversaire à Shanghai, et non pas, comme certains s’y attendaient, à Versailles, dans la galerie des Glaces. Il était 25


effICaCIté énerGétIque

important de bien faire comprendre, en interne et auprès de tous nos partenaires, que, pour nos 350 ans, nous devons regarder en avant et pas vers l’arrière. la conférence sur le climat de Paris (coP 21) se tiendra à la fin de l’année. Pensez-vous que l’on puisse éviter de répéter le fiasco de copenhague ? La conférence de Copenhague a été un fiasco, parce qu’il n’y a pas eu d’accord mais, d’un autre côté, ce sommet a fait beaucoup progresser la prise de conscience et la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre. C’est devenu un sujet mondial, et je pense que les engagements pris par la

« Le rôle des entreprises dans la lutte contre le réchauffement climatique commence à être reconnu. C’est très positif, nous prenons la balle au bond. »

9 FILIÈRES ÉNERGÉTIQUES

au service de : • la croissance économique et l’emploi • la sécurité d’approvisionnement • la réduction du CO2 • la lutte contre le changement climatique • l’aménagement du territoire Énergies marines renouvelables • Solaire photovoltaïque • Solaire thermodynamique • Solaire thermique • Hydroélectricité • Géothermie • Éolien • Bioénergies - biomasse, Bois énergie domestique, Biogaz • Valorisation des déchets • Biocarburants

Les acteurs de l’avenir énergétique

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Chine et les États-Unis en novembre 2014 en découlent. Honnêtement, c’était une très bonne surprise, même si l’on peut regretter que ces deux pays n’aillent pas plus loin. Cela dit, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir et il n’est pas du tout sûr que l’on parvienne à un accord au sommet de Paris. en tant qu’industriel, êtes-vous impliqué dans la préparation de la coP 21 ? Je suis président d’Entreprises pour l’environnement (EpE), un think tank constitué de grandes entreprises qui travaille sur les sujets de développement durable. Il s’agit de montrer que l’environnement représente plutôt des opportunités que des contraintes. Tout le monde comprend peu à peu que les entreprises sont plus des éléments de solution au réchauffement climatique que la source du problème. Cela a été un point important de la conférence de Lima : leur rôle a commencé à être reconnu et on leur demande maintenant de s’exprimer. C’est un point très positif, nous prenons la balle au bond. Le Business & climate summit, qu’EpE prépare pour mai avec le Global Compact France notamment, exposera un certain nombre de solutions proposées par les entreprises. ❚❚

400

acteurs économiques du développement durable, au sein d’une organisation professionnelle :

le Syndicat des énergies renouvelables

13-15 rue de la Baume - 75008 PARIS Tél. : 01.48.78.05.60 www.enr.fr @ser_enr


ÉNERGIE

INDUSTRIELS, DES ÉTUDES AUX INVESTISSEMENTS, L'ADEME FINANCE VOS PROJETS DE MAÎTRISE DE L'ÉNERGIE PASSEZ À L’ACTION : MANAGEZ L’ÉNERGIE La mise en place d’un Système de management de l’énergie (SMEn) vous permet d’orienter votre démarche de réduction de vos consommations d’énergie par l’organisation et les moyens et outils à mettre en place. L’ADEME accompagne l’entreprise dans sa démarche de mise en place d’un Système de Management de l’Energie dont le diagnostic énergétique est l’étape-clef initiale. L’aide s’applique à la mission confiée par l’entreprise à un bureau d’études. POUR EN SAVOIR PLUS : www.ademe.fr/Energie-dansvotre-atelier www.diagademe.fr ou contactez votre Direction Régionale ADEME

BIOMASSE, GÉOTHERMIE, SOLAIRE THERMIQUE, RÉCUPÉRATION DE CHALEUR FATALE : DES OPPORTUNITÉS POUR L’INDUSTRIE FRANÇAISE L’ADEME a mis en place différentes modalités de financement de l’industrie via le Fonds Chaleur pour le soutien à la production de chaleur renouvelable à partir de biomasse, géothermie, solaire thermique et le soutien à la récupération de chaleur industrielle et au développement des réseaux de chaleur.

L’instruction des demandes de financement des projets des entreprises éligibles au Fonds Chaleur se fait via : • Un appel à projet national annuel Biomasse Chaleur Industrie Agriculture et Tertiaire (BCIAT) à destination des entreprises pour les plus gros projets de valorisation thermique de la biomasse (production supérieure à 1 000 tep/an).

Entreprises, maîtrisez vos factures énergétiques dans la durée avec le Fonds Chaleur

• Nouveauté 2015 : un appel à projet « grandes installations solaires thermiques de production d’eau chaude » afin de promouvoir le solaire thermique au travers la réalisation de grandes installations dégageant des économies d’échelles importantes et donc des réductions de coûts de l’installation au m² de capteur installé. • Des appels à projets régionaux gérés par les directions régionales de l’ADEME en synergie avec les Régions pour les plus petites puissances en biomasse, solaire thermique, la géothermie et la récupération de chaleur fatale industrielle. POUR EN SAVOIR PLUS : www.ademe.fr/fondschaleur www.ademe.fr/appels-a-projets ou contactez votre Direction Régionale ADEME

L’ADEME participe à la mise en œuvre des politiques publiques dans les domaines de l’environnement, de l’énergie et du développement durable.

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ENTREPRISES :TOUTE L’INFORMATION DISPONIBLE POUR RÉDUIRE VOS CONSOMMATIONS D’ÉNERGIE L’ADEME met à votre disposition des guides, des retours d’expériences... RETROUVEZ LES SUR www.ademe.fr/mediatheque Le comptage de l’énergie : amélioration de la performance énergétique dans l’industrie ADEME - DUNOD, référence 7485 - 49 € Système de management de l’énergie : ce sont les entreprises qui en parlent le mieux ADEME, référence 8402 Maîtrise de l’énergie dans l’industrie des pâtes, papiers, cartons - CTP - ADEME - 116,40 € Maîtrise de l’énergie dans l’industrie de la fonderie CTIF - ADEME, référence 7850 - 98 € 49 exemples de bonnes pratiques énergétiques en entreprise - ADEME, référence 7270 VOUS POUVEZ AUSSI CONSULTER : www.ademe.fr/Energie-dans-votre-atelier : des fiches actions et des schémas de bonnes pratiques énergétiques utilisables au quotidien sont disponibles sur les thématiques suivantes : • Les utilités industrielles : air comprimé, pompage, froid industriel, vapeur • Les procédés : séchage, fours, récupération et la valorisation de chaleur • les équipements électriques, moteurs, transformateurs de distribution et l’éclairage • Le conditionnement d’ambiance des locaux : la ventilation et l’extraction, le chauffage et la climatisation L’information de l’ADEME passe aussi par les CCI, les organisations professionnelles, les Centres Techniques Industriels... Pour en savoir plus : www.ademe.fr/entreprises-monde-agricole

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ÉNERGIE

INDUSTRIELS, DES ÉTUDES AUX INVESTISSEMENTS, L'ADEME FINANCE VOS PROJETS DE MAÎTRISE DE L'ÉNERGIE PASSEZ À L’ACTION : MANAGEZ L’ÉNERGIE La mise en place d’un Système de management de l’énergie (SMEn) vous permet d’orienter votre démarche de réduction de vos consommations d’énergie par l’organisation et les moyens et outils à mettre en place. L’ADEME accompagne l’entreprise dans sa démarche de mise en place d’un Système de Management de l’Energie dont le diagnostic énergétique est l’étape-clef initiale. L’aide s’applique à la mission confiée par l’entreprise à un bureau d’études. POUR EN SAVOIR PLUS : www.ademe.fr/Energie-dansvotre-atelier www.diagademe.fr ou contactez votre Direction Régionale ADEME

BIOMASSE, GÉOTHERMIE, SOLAIRE THERMIQUE, RÉCUPÉRATION DE CHALEUR FATALE : DES OPPORTUNITÉS POUR L’INDUSTRIE FRANÇAISE L’ADEME a mis en place différentes modalités de financement de l’industrie via le Fonds Chaleur pour le soutien à la production de chaleur renouvelable à partir de biomasse, géothermie, solaire thermique et le soutien à la récupération de chaleur industrielle et au développement des réseaux de chaleur.

L’instruction des demandes de financement des projets des entreprises éligibles au Fonds Chaleur se fait via : • Un appel à projet national annuel Biomasse Chaleur Industrie Agriculture et Tertiaire (BCIAT) à destination des entreprises pour les plus gros projets de valorisation thermique de la biomasse (production supérieure à 1 000 tep/an).

Entreprises, maîtrisez vos factures énergétiques dans la durée avec le Fonds Chaleur

• Nouveauté 2015 : un appel à projet « grandes installations solaires thermiques de production d’eau chaude » afin de promouvoir le solaire thermique au travers la réalisation de grandes installations dégageant des économies d’échelles importantes et donc des réductions de coûts de l’installation au m² de capteur installé. • Des appels à projets régionaux gérés par les directions régionales de l’ADEME en synergie avec les Régions pour les plus petites puissances en biomasse, solaire thermique, la géothermie et la récupération de chaleur fatale industrielle. POUR EN SAVOIR PLUS : www.ademe.fr/fondschaleur www.ademe.fr/appels-a-projets ou contactez votre Direction Régionale ADEME

L’ADEME participe à la mise en œuvre des politiques publiques dans les domaines de l’environnement, de l’énergie et du développement durable.

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ENTREPRISES :TOUTE L’INFORMATION DISPONIBLE POUR RÉDUIRE VOS CONSOMMATIONS D’ÉNERGIE L’ADEME met à votre disposition des guides, des retours d’expériences... RETROUVEZ LES SUR www.ademe.fr/mediatheque Le comptage de l’énergie : amélioration de la performance énergétique dans l’industrie ADEME - DUNOD, référence 7485 - 49 € Système de management de l’énergie : ce sont les entreprises qui en parlent le mieux ADEME, référence 8402 Maîtrise de l’énergie dans l’industrie des pâtes, papiers, cartons - CTP - ADEME - 116,40 € Maîtrise de l’énergie dans l’industrie de la fonderie CTIF - ADEME, référence 7850 - 98 € 49 exemples de bonnes pratiques énergétiques en entreprise - ADEME, référence 7270 VOUS POUVEZ AUSSI CONSULTER : www.ademe.fr/Energie-dans-votre-atelier : des fiches actions et des schémas de bonnes pratiques énergétiques utilisables au quotidien sont disponibles sur les thématiques suivantes : • Les utilités industrielles : air comprimé, pompage, froid industriel, vapeur • Les procédés : séchage, fours, récupération et la valorisation de chaleur • les équipements électriques, moteurs, transformateurs de distribution et l’éclairage • Le conditionnement d’ambiance des locaux : la ventilation et l’extraction, le chauffage et la climatisation L’information de l’ADEME passe aussi par les CCI, les organisations professionnelles, les Centres Techniques Industriels... Pour en savoir plus : www.ademe.fr/entreprises-monde-agricole

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