05│0 €│11
MARDI - Tuesday DJ Blo After snow de 17 à 20h MERCREDI - Wednesday
DJ Phil G Mangez des huîtres de 17 à 20h
JEUDI - Thursday Baltha Live accoustic de 17 à 20h
2 - Comment appelle t-on un nain qui distribue le courrier ?
BREAKFAST DE 8H00 A 11H30 TARTINES - PETIT DÉJEUNER ANGLAIS DEGUSTATION DE VIN AU VERRE GRAND ECRAN POUR LES MATCHS DE RUGBY TERRASSE ENSOLEILLÉE FACE AU MONT-BLANC Ouvert tous les jours de 7h30 à 2h00 Service restauration NON STOP de 8h00 à 22h00 ELEVATION 1904 259 avenue Michel Croz - CHAMONIX MONT-BLANC
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Mont-Blanc Ski Discovery Hiver 2011 Un programme sur mesure. Un service, une relation personnalisée. Une expérience unique. Optimisez la qualité de votre séjour 100% ski, pour des moments uniques dans une ambiance conviviale. Chaque jour un professionnel vient vous chercher en minibus privé pour une journée de ski inoubliable. Découvrez le ski dimension “Mont-Blanc”. Des Grands Montets à Verbier, des pistes de Megève à Courmayeur. Au bon endroit au bon moment ! A programme made to mesure. Personalised service and a quality relationship. A unique expérience. Enjoy a 100% skiing experience filled with unique moments in a convivial atmosphere. Private transportation each day to the best ski areas for an unforgettable ski day. The Mont-Blanc region XXL, from Grands Montets to Verbier, Megève to Courmayeur: ski the right place at the right time!
22 Agenda 24 Flash Chapeau Jello 28 Rencontre Romain Vermast 36 What’s up 40 Interview Eva 48 Portfolio Vladimir Vasilev 56 Dossier Adrénaline mon amour 62 Trip Shining 66 Deslivres 68 DIY Stretch it baby 22 Agenda 24 Flash Take your hat off to Jello 28 Rencontre Romain Vermast 36 What’s up 40 Interview Eva 48 Portfolio Vladimir Vasilev 56 Dossier Adrenaline my love 62 Trip Shining 66 Deslivres 68 DIY Stretch it baby
photo : Annelie Vandendael
P
as encore pendu sur la place publique, nous voilà donc de retour pour un cinquième show. Pas mal le costume, non ? Les viles prédictions catastrophiques annonçant la fin des haricots n’étaient que sinistres rumeurs de comptoir. Oyé Chamoniards, ramdamdam, Ernest n’est pas près d’expirer ! Voyez plutôt : une nouvelle graphiste, de nouveaux rédacteurs et… Cette nouvelle robe qui lui permet de gagner quelques pages. Ce format plus compact vous permettra de l’emporter plus facilement et de le glisser tout aussi vaillamment sur l’étagère réservée aux œuvres contemporaines abstraites. Le magazine n’a donc pas fini de vous coller aux basques ! Et pour les geeks, Ernest aura bientôt les deux pieds dans le 2.0, alors guettez bien sa réapparition sur la toile. Merci de nous suivre et bonne lecture !
Not yet strung up in the main square, here we are back for a fifth show. Not a bad costume hey? The vile catastrophic predictions announcing the end were only barmans rumors. Hear ye, Chamonix! Ernest is not ready to die! Consider this: a new graphic designer, new writers and... This new outfit that allows him to gain a few pages. This more compact format will allow you to take it away easier and just as bravely slide it on the shelf reserved for contemporary abstract art. The magazine has not finished snapping at your heels! And for the geeks, Ernest will soon have both feet in the 2.0, so watchout for its reappearance on the web. Thank you for following us and happy reading!
8 - Comment appelle t-on un nain qui distribue le courrier ?
What do you get if you cross a snake and a lego set? - 9
Dan Ferrer
Ernest Magazine
Association Te Crew ernestmag@gmail.com Directeur de la rédaction Flo Tomei / flo@ernestmag.com Directrice artistique Mahé Corolleur / mahe@ernestmag.com Chef graphiste Kimberley Blanc Conseiller de la rédaction Antoine Grospiron-Jaccoux Rédacteurs Cloé Buttoudin / Antoine Grospiron Jaccoux / Nicolas Ducrot Ivan Ivanov / Marie Lebrun et Christian Marchal pour deslivres.com Graphiste Jules Mataly Photographes Flora Koko-Gaal / Annelie Vandandael / Romain Vermast-Maresca / Flo Tomei Filip Alfvag / Lambert Galli / Tero Repo / Dan Ferrer / Vladimir Vasilev Dan Milner / Denis Charmot / Gudrun Bergdahl / Laure Penaranda Sebastian Dahl (couverture) / Damien Deschamps / Jeff Webb Illustrateurs Fanny Gras / Gaël Beullier Traducteurs Michelle Webster / Frédéric Guihard Abigail Pickett / Laurent Carlesso / Iris et Xynthia Hawke Publicité ernestmag@gmail.com Impression Imprimerie Nouvelle - Sallanches (74) Il y en a qui nous soutiennent et nous les remercions Marthe et Jeanne / Lelène Thevenet / La MJC de Chamonix et la Coupole / Lionel / Filip Alfvag 10 - Comment appelle t-on un nain qui distribue le courrier ?
GaĂŤl Beullier
Les arbres gagnent
A rabbit on the roof Bonne nouvelle pour les amoureux de beaux objets glissants, Peter, le shapper de la marque artisanale Rabbit On the Roof, a établi ses quartiers dans l’ancienne scierie des Praz où officiait Le Moulins des Artistes. Après 20 ans de travail dans le 9-3 et l’arrivée à terme du bail de son atelier, l’ébéniste avait envie de changer d’air, de fuir le stress parisien et de se rapprocher un peu plus des montagnes. Après avoir déménagé et réinstallé sa presse de 5 tonnes, le Californien a restauré la bédière pour se fournir en électricité avec la turbine d’origine et dispose aujourd’hui d’un bel espace de travail chargé d’histoire. “Un vrai patchwork de vies, dont je peux faire partie”, s’enthousiasme le californien. Aux dernières nouvelles, la production était bien lancée avec un stock de bois hérité d’un ancien fabricant de ski de la vallée de l’Arve. 65 ans de séchage en provenance de la forêt de Fontainebleau et des Amériques, assurément un bon cru pour les planches Rabbit on the Roof 2011. http://www.rabbitontheroof.com Good news for lovers of slippery beautiful objects, Peter, the shaper for the handmade mark Rabbit On The Roof makes his home in the old sawmill in Les Praz, where he curates Le Moulin des Artistes. After 20 years working in the 9-3 quartier and the termination of the lease of his shop, the carpenter wanted a change of air, to escape the stress of Paris and be a little closer to the mountains. Having moved and relocated his 5-ton press, the Californian has restored the old water mill to provide electricity with theoriginal turbine and now features a generous work area filled with history. “There has been real patchwork of lives here that I can belong to” enthused the Californian. The latest news was that the production was in full swing with a stock of wood inherited from a former manufacturer of skis in the Arve valley. 65 years seasoning and coming from the forests of Fontainebleau and the Americas, 2011 will surely be a vintage year for the planks of Rabbit on the Roof . http://www.rabbitontheroof.com 12 - Comment appelle t-on un nain qui distribue le courrier ?
Levez la tête au Sud, à l’heure où vous lisez ces lignes, le premier pylône de la ligne de Planpraz devrait avoir disparu. À croire que l’appel du justicier masqué a été entendu. Upon reading these lines, look up to the south: the first Planpraz pylon should have disappeared. It seems like our masked hero has been heeded.
Erratum N°4 Etienne Jaumet, artiste présent au dernier Black Weekend, n’est pas Etienne Janet. Etienne Jaumet, artist of the last Black Weekend, is not Etienne Janet
Quel est le mécano le plus tatoué du shop ? Un super pack de ouf pour le 1er : - un Casque audio Skullcandy - des chaussettes Burton - un bonnet Analog et pour les retardataires ce sera des tee-shirts Ernest. Hey facile hein ! Je vous glisse même que c’est une réponse en 6 lettres. A vos emails : ernestmag@gmail.com
Panik à Baffin ! Panik* à Baffin, c’est une expédition exclusivement féminine qui partira en Avril prochain sur l’Ile de Baffin, à l’ouest du Groënland. Trois semaines de raid en autonomie complète pour aller skier les couloirs des big walls à travers les fjords. 4 rideuses (3 skieuses et 1 snowboardeuse) sur la banquise pour une aventure funky et frigorifiante ! On souhaite tout particulièrement good luck à notre talentueuse illustratrice d’agenda Nyfa ! *“Panik” signifie “fille” en langage Inuit, se prononce en détachant bien les syllabes. Suivez l’avancement du projet sur http://panikabaffin.unblog.fr Panik* in Baffin is an all-female expedition which will depart next April to Baffin Island, to the west of Greenland. Three weeks of completely self-sufficient trekking to get to ski the couloirs and big walls of the fjords. 4 riders (3 skiers and one snowboarder) on the ice-pack set out for a funky and chilling adventure! Good luck to our talented illustrator Nyfa! *Panik means “girl” in the Inuit language. Follow them on http://panikabaffin.unblog.fr
Open ride Nos amis de l’association High School Side Kick rempilent le 27 février pour une seconde édition de l’Open-ride. L’événement fera le lien entre sports extrêmes et culture durant une journée avec des démonstrations de ski freestyle sur la Place du Mont-Blanc, un espace initiation pour les plus jeunes et de nombreuses animations (stands, DJ, restauration…). Le soir, rendez-vous à La Coupole à partir de 19h pour découvrir une expo photo sur le voyage et la nature, ainsi que des créations plus personnelles d’artistes de la vallée, des projections de films réalisés par de jeunes chamoniards et des concerts acoustiques. Et pour finir, la soirée se prolongera à La Cantina pour un after en musique avec un duel de DJ’s ! Plus d’infos sur la page facebook.com/openride.fest ou par mail : last_records@hotmail.com. Our friends association High School Side Kick returns on the February 27 for a second edition of the Open-ride. The festival combines extreme sports and culture for one day with demonstrations of freestyle skiing in the Place du Mont-Blanc, a beginner area for young people and many other events (food markets, DJ’s, stalls...). In the evening, go to La Coupole from 19h to see a photo exhibition on travel and nature, as well as personal artwork from artists of the valley and screenings of films made by young Chamoniards and acoustic music. Finally, the evening will continue at La Cantinafor a DJ battle! More info on the page FACEBOOK.COM/OPENRIDE.FEST or email: last_records@hotmail.com. What do you get if you cross a snake and a lego set? - 13
Fabian Bodet
Papayou Papayou ! Au moment où sort ce nouveau Ernest, cela fera trois ans que Carlos ne chante plus son papayou papayou. Qu’il soit en paix. The moment when the new Ernest comes out, it will be three years that Carlos does not sing his Papayou Papayou. RIP
Opium C’est l’équivalent sur neige du très bon magazine de skate Soma. Bien écrit, avec un parti pris graphique fort et une grande place laissée aux belles tofs, le magazine est gratuit et sort une fois par an. Et en plus ils ne sont pas très branchés Red-Bull et Shaun White les drilles. This is the snowboard equivalent to the very excellent skate magazine Soma. Well written, with a strong graphic bias a large section devoted to beautiful pics. The magazine is free and comes out once a year. And also the team are not big fans of Red Bull and Shaun White.
Au doux son du grind Nosoï, l’ultime groupe de deathmetal chamoniardo-jurassien s’est accordé sa première expérience studio. Né de la rencontre de deux musiciens de la vallée et de deux jurassiens, le groupe s’est isolé au printemps dernier pour en ressortir avec une démo brutale de 6 titres. Armés de douces mélodies dévastatrices, ils sont à la recherche de contacts et de dates de concerts, on compte sur notre fidèle lectorat pour leur lever de bons plans. À écouter là : http://myspace.com/nosoi Et à contacter ici : nosoi@hotmail.fr Nosoi, the ultimate chamoniardo-Jura deathmetal group, were granted their first studio experience. Born from the meeting of two musicians and two Jura valley residents, the group went away this spring to come out with 6 brutal demo tracks. Armed with devastating melodies, they are looking for contacts and gigs.We rely on our faithful readership to raise their profile. To listen: http://myspace.com/nosoi And contact: nosoi@hotmail.fr
On the net Sonia Guiollot bien habituée de ces pages a lancé son nouveau blog. Le concept, un dessin par jour http://simplysow.blogspot.com/ Le Gourou du mag lance son portfolio en ligne http://antoinejag.com/ De quoi tout échanger, un site de petites annonces http://chambook.me/ Le blog de Flora Koko, notre super photographe http://gorillakoko.tumblr.com/ Sonia Guiollot, well accustomed to these pages has launched her new blog. The concept; a drawing a day http://simplysow.blogspot.com/ The Guru of this mag launches his portfolio http://antoinejag.com/ A new tool for sharing, a new classifieds site http://chambook.me/ Flora Koko’s blog, our super photographer http://gorillakoko.tumblr. com
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Mont-Blanc New Generation Mont-Blanc Nouvelle Génération donc, di Nueva Generazione, est un projet initié par les élus de Chamonix et Courmayeur afin de favoriser les échanges de la nouvelle génération du Mont-Blanc. Il s’inscrit dans le cadre du programme européen ALCOTRA (Alpes Latines coopération transfronstalière) 20072013, dont l’objectif est de renforcer le sentiment d’appartenance à un même territoire. Partant du constat que les jeunes issus des deux cotés du toit de l’Europe sont confrontés aux mêmes aspirations et aux mêmes difficultés, Mont Blanc New Generation vise à améliorer leur cadre de vie dans ce contexte de pression touristique importante. Les associations de jeunes de la vallée ont déjà été sollicitées pour mettre en place des axes de travail. Ces derniers passent par la culture, le sport et le social, avec pour gros dossier un forfait commun, des moyens de déplacement à moindre coût et des espaces culturels autogérés pour favoriser les échanges transfrontaliers. Le projet devrait être lancé courant 2011, une initiative intéressante qui, on l’espère, ne se transformera pas en feu de Bengale. Plus d’info sur la page facebook : Mont Blanc New Generation Mont Blanc New Generation, or, di Nueva Generazione, is a project started up by representatives of Chamonix and Courmayeur to encourage exchanges between the new generation of “Mont Blanc” young people. It is part of the European program ALCOTRA 2007-2013, (Latin Alps cross-border cooperation), created to reinforce a feeling of belonging to a same territory. Realizing that young people growing up on either side of “the roof of Europe” are confronted with the same aspirations and difficulties, MBNG aims to improve their lifestyle in the context of an important pressure triggered by tourism. The youth organisations of the valley have already been called upon to put in place a plan of action; the biggest part consisting of a pass that will englobe culture, sport and social issues, cheaper methods of transport and autonomous cultural gatherings to encourage cross-border exchanges. The project, due to be launched in 2011, is an interesting initiative which we hope will not flare up. For more information, please log on to Mont Blanc New Generation on facebook.
… à bicyclette… À partir de ce printemps, attendez-vous à voir passer de drôles de cyclopèdes dans Chamonix. Le Petit Porteur est une solution de transport de personnes et d’acheminement utilisant des vélo-triporteurs à assistance électrique. Une belle initiative qu’Ernest soutient avec un enthousiasme grand plateau. Plus d’excuse pour vos colis, ce sera en selle… http://www.lepetitporteur.fr/ From this spring, watch out for the comedy sight of a new velocipede in Chamonix. Le Petit Porteur a solution of transporting passengers and post using power-assisted threewheelers. A great initiative that Ernest supports with the highest level of enthusiasm. No excuse for your package, it will be in the saddle... http://www.lepetitporteur.fr/
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Athena Anastasiou
Winter Session Après le succès de l’hiver passé, l’équipe de Winter Session repart pour 5 mois de fête à travers les alpes (Chamonix, Meribel et Val d’Isère). Chez nous, c’est au Podium (Patinoire) qu’ils organisent concerts et performances sur deux salles et deux ambiances. Et pour bien terminer la saison, le Winter Session Weekender se déroulera du 22 au 24 avril. Un festival mêlant une fois encore bonne musique et sports de glisse : fête du village au Brévent avec compet’ de ping-pong et de gâteaux, démo de parapente et speed riding, et un rail jam sur la place du Mont-Blanc… Si vous l’avez raté l’an passé, Ernest vous conseille d’être bien présent car ça risque d’être encore (trop) bon. Plus d’infos : http://www.wintersessions.net/ After the success of last winter, the team embarks on a Winter Session 5 month holiday through the Alps (Chamonix, Meribel and Val d’Isère). At home, the Podium (ice rink) is the venue for concerts and performances spread between two rooms with two different ambiences. To finish the season, the Winter Session Weekender takes place from April 22 to 24. A festival combining good music (as always) and sports: the village fete in Brévent with a ping-pong tournament and cakes, demo speed riding and paragliding, and a rail jam on the Place du Mont Blanc... If you missed last year, Ernest advises you to get well involved because it’s going to be good (if not better!). More info: http://www.wintersessions.net/
Free the ride Peakpowder en partenariat avec Mountain Hardwear organise la “FreetheRide” le 16 avril 2011 dans le massif. Une compétition de freeride d’un nouveau format où 5 équipes de 2 personnes seront invitées sur un terrain de jeu aux dimensions du Mont-Blanc. Durée de la compétition 20 heures à l’issue de laquelle une bonne fiesta consacrera l’équipe gagnante. Plus de renseignements sur http://www.peakpowder.com ou par mail : info@peakpowder.com Peakpowder in partnership with Mountain Hardwear organize “Free the ride” on April 16th, 2011 in the mountains. A freeride competition with a new format where 5 teams of 2 persons will be invited into a playground the size of Mont-Blanc. The duration of the competition is 20 hours after wich a big fiesta dedicated to the winning team is held! More information about www.peakpowder.com or email: info@peakpowder.com
Galer(i)es C’est avec douleur et déception que nous avons appris la fermeture des deux galeries d’art d’Argentière. Art et Merveilles et la Gallerie du Globe ont été contraint de mettre la clef sous la porte pour raisons économiques. Il nous reste donc gravures et cristaux en attendant que les institutions locales offrent aux beaux-arts la place qui leur échoit... It was with sorrow and disappointment that we learned of the closure of two art galleries in Argentiere. Art et Merveilles and the Gallerie du Globe were forced to put the key under the door for economic reasons. So we have carvings and crystals until local institutions offer the arts the space they deserve... 16 - Comment appelle t-on un nain qui distribue le courrier ?
Jean Charles Poirot
Who is the most tattooed mecano of the shop? A great package for the first one to find the answer: Skullcandy’s headphones, Burton’s socks and Analog beanie
Chamonix aux Rouges ! Devant le succès remporté par l’édition 2010, l’ESF et la commune de Chamonix se devaient de remettre les moniteurs à l’honneur le temps d’une soirée. Rendez-vous donc le 25 février sur la place de l’église pour la deuxième édition de Chamonix en Rouge, avec au programme, feu d’artifice, concert, spectacles de rue, tombola et bien sûr de quoi manger et s’abreuver aux couleurs locales ! Facing the success met by the 2010 edition, the ESF and Chamonix had to put the ski instructors in the spotlight for an evening. See you on Feb 25th at the church square for the second édition of Chamonix en Rouge. At the program, fireworks, concerts, street performances, raffle and of course eat and drink local colors.
And for those who are late, - Ernest’s shirts. Easy as! I give one tip, it’s a 6 letters word! E-mail us : ernestmag@gmail.com
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GO FREE
WINTER SESSIONS WEEKENDER QUAND LA MUSIQUE, L’ART ET LES SPORTS D’HIVER SE REJOIGNENT
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Who’s the boss ?!
JPA
Pas d’édition 2011 du Boss des bosses, c’est l’une des tristes nouvelles de l’hiver. La Compagnie du Mont-Blanc a annoncé, dans une lettre adressée aux organisateurs, qu’elle refusait d’accueillir la 22ème édition de la mythique compétition de hotdogging. La raison invoquée : “Le comportement des personnes présentes ces 2 dernières années a été inadmissible et est totalement incompatible avec notre clientèle séjour.” Le temps d’une après-midi, nous jouissions ensemble de ski libre, musique, retrouvailles, déguisements, déconnades… Un événement qui permettait de tisser des liens avec nos potes rosbif et éventuellement de leur mettre la pâtée sur les planches. Un petit carnaval d’une après-midi qui célébrait la fraternité entre sauvages venus du nord et civilisation Française. Mais voilà, il faut sacrifier ce moment de grâce au profit de la clientèle séjour. C’est qui d’ailleurs celle-là ? À propos, sauf erreur, Ernest n’a aperçu aucune huile de la Compagnie lors de cette belle fête du ski libre. Allez, on ne va pas faire la révolution tout de suite, on attend encore que ça mijote. Quant à cette année, l’espoir repose sur le Black Weekend (du 16 au 20 mars) pour organiser une relève digne de ce nom. The Boss is dead, long live the Boss ! That there is to be no 2011 edition of the Boss De Bosses is one of the sad news of the winter. Compagnie du Mont-Blanc said in a letter to the organizers that they refuse to host the 22nd edition of the legendary hot-dogging competition. The reason? “The conduct of those present in the last 2 years has been unacceptable and totally inconsistent with our clients stay”. The time, one afternoon, we all enjoyed free skiing, music, reunions, costumes, messing around… An event that helps build relationships with our roastbeef friends and eventually give them a pasting. A small carnival one afternoon celebrating brotherhood between the savages from the north and civilised French. But now, one must sacrifice this moment of grace for the benefit of the clients stay. Is there anything besides that? Incidentally, I believe, Ernest did not see any sign of anyone from the Company during this wonderful celebration of free skiing. Come on, we will not make the revolution straight away, we are still waiting for it to start simmering. As for this year, hope rests on the Black Weekend (16th to 20th march) to organize a new trail blazer worthy of the name. The Boss is dead, long live the Boss!
Cinéma Pour ceux qui auraient loupé le wagon, le cinéma de Chamonix continue à se battre pour sa survie. Les bénévoles de l’Association des Amis du Cinéma de Chamonix se bougent pour faire vivre nos salles avec notamment des projections de films de montagne et de reprises, sans oublier toute l’actualité du cinéma avec un grand C. Après le très remarqué cycle Ciné Légende consacré au cinéma d’après guerre, nous sommes friands de découvrir ce que nous a concocté l’association pour l’hiver 2011. Alors, rendez-vous à toutes et à tous pour une bonne toile et n’hésitez pas à adhérer à l’Assoc’… http://www.cinemavox-chamonix.com For those out of the loop, Chamonix cinema continues to fight for its survival. Volunteers from the Association of Friends of FilmChamonix trying to keep the place alive by hosting special screenings of mountaineering/ski films and reruns of the classics, not to mention all the current releases on film. After the highly acclaimed series Cinema Legends on Sunday afternoons devoted to the films made after the war, we are keen to find out what the association has put together for winter 2011. Go one and all, watch a good movie and please feel free to join the Assn’... 18 - Comment appelle t-on un nain qui distribue le courrier ?
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Chyko
Apéro skateboardistique À l’occasion de sa sortie estivale, Ernest organisait une petite sauterie skateboardistique histoire de partager un punch autour de quelques cônes de slalom et d’un contest de hippie jump. Notre ami Pierro était là pour passer des disques, Glen Plake avait enfilé ses chaussettes de Tony Alva et des gnomes déboulaient à toute allure sur des skateboards électriques antipuristes. Naturellement, les responsables du syndic de la place de Cham sud sont venus nous rappeler que la planche à roulettes constituait une nuisance en ces hauts lieux de la convivialité. Bon, ils nous ont tout de même laissé exécuter quelques tours de piste, alors merci pour cette petite entrave à l’interdiction de rouler librement. Mais aussi de chaleureux remerciements au Monkey et à l’année prochaine pour un contest de tic tac en prime. On the occasion of his summer release, Ernest held a little skateboarding dance to share a glass of punch amongst some slalom cones and a hippie jump contest. Our friend Pierro was there on the decks, Glen plake had put his Tony Alva sock on and gnomes came charging super fast on antipurist electric skateboards from Kicking Records. Naturally, those reposable for the Cham Sud square were not very hot on the summer barbecue, even though vegetarian, and needed to remind us that skateboarding was a nuisance in these special places of conviviality. Well, we were still left alone long enough to skate a few laps so thanks your for this little laxness in the laws against riding freely. But also heartfelt thanks to The Monkey and next year we’ll make a bonus tic-tac contest. 20 - Comment appelle t-on un nain qui distribue le courrier ?
Fesival Grolleandski : Jamé 203 Organisé en partenariat avec l’Office de Tourisme et parrainé par Gustave Kervern, le Festival Grolandais made in les Houches s’installera pour sa troisième édition les 25, 26 et 27 mars : Jamé 203 ! Retrouvez cette année des courts métrages sélectionnés par Laurent Galmot de Brut production, Mourir ? Plutôt crever ! De S. Mercurio, (A ne pas louper le dernier film sur les engagements Siné), I feel good de Stephen Walker, Mammuth de Gustave Kervern et Benoît Delépine, La grande bouffe de Marco Ferreri et Une butte dans la ville le dernier film du réalisateur sallanchard Mark Robin. Des projections de films décalés donc, mais aussi des animations pour les adultes et les plus jeunes, des rencontres, des concerts et même une journée à Servoz, bref un festival rafraîchissant qui mérite le déplacement. Banzaï. Organised in partnership with the Tourism Office and supported by Gustave Kervern, the Festival Grolandais made in Les Houches will create its third event for the 25th, 26th and 27th March: Jamé 203! See this years short films selected by Laurent Galmot of Brut productions; Mourir? Plutôt crever! By S. Mercurio (Don’t miss the last film on Siné’s commitments), I feel good by Stephen Walker, Mammuth by Gustave Kervern and Benoît Delépine, La Grande Bouffe by Marco Ferreri and Une butte dans la ville the latest film from the Sallanchard director Marc Robin. Not just non-mainstream film screenings, but also entertainment for adults and younger, meetings, concerts and even a day in Servoz. In short, a refreshing festival well worth a visit. Banzai.
Lundi - Half price chicken wings - DJ Jimbo Mardi - Live Music The Coolwahs 21:00 Mercredi - Hockey Night in Chamonix NHL Vendredi - Live Music Danger Gary Bigham & The Crevassholes 21:00 Food and Fresh Beer... Beer ya soon !
350 route du Bouchet Restauration: 16h00 - 23h00 Ouverture: 13h00 - 01h00 What do you get if you cross a snake and a lego set? - 21
CHAPEAU JELLO Chronique d’un concert mémorable.
Image : Denis Charmot Mots : Flo
Pour sa rentrée scolaire, le centre culturel de l’Usine avait programmé une soirée inédite avec la venue du chanteur Jello Biafra, accompagné de sa nouvelle formation : The Guantanamo School of Medicine. De passage dans la toute proche capitale de la finance mondiale, l’artiste en a profité pour remettre quelques pendules à l’heure et nous offrir un concert éblouissant.
JellO is not dead Frontman incontesté du légendaire, combo punk-hardcore californien Dead Kennedys, fer de lance des labels underground du mouvement “Do It Yourself” avec Alternative Tentacle, activiste devant l’éternel, militant écologiste des greens, altermondialiste avant l’heure et iconoclaste invétéré, Jello Biafra est une légende du punk qui en refuse le titre. Son pseudo n’a déjà rien d’innocent : dès ses débuts, il adopte Jello, en référence à une marque de desserts gélatinés dont on gave la jeunesse américaine (Jell-O) et
l’associe à Biafra, une région du Nigeria alors symbole de grande famine, de misère, de guerre civile. Ça claque ! Avec une carrière musicale prolifique doublée d’un engagement sans réserve et exemplaire, il est surtout fin critique et porte un regard lucide et judicieux de notre société, sans ménager l’humour et la dérision, alliés précieux de sa contestation.
a fosse l s i u p e Vu d En ce 30 août 2010, il y a du monde sur la Place des Volontaires pour assister à cet événement au cœur du temple alternatif genevois. Il a été de tous les combats : la lutte contre Reagan les politiciens tricards et l’extrême droite religieuse, contre la censure avec la création du No More Censorship Defence… Ses prises de positions lui ont évidemment coûté pas mal de grosses tempêtes : multiples procès commandités par la droite puritaine, descentes de flics et surveillances acharnées, en passant par deux jambes fracturées à la sortie d’un concert… Jello a ramassé, mais aujourd’hui, l’artiste tient toujours debout.
Au dernier Hell Fest, il se moque de ce gentil républicain d’Alice Cooper et de Christine Boutin ; de passage en Suisse, il n’oublie pas de descendre en flèche les paradis fiscaux, les jolies banques du pays ou encore les populistes anti-minarets. À la suite de la séparation de Dead Kennedys en 1986, le chanteur s’est lancé dans une carrière solo pimentée de conférences, de lectures et d’enregistrement de spoken words (une sorte de best off de ses dialogues avec le publique). Côté musique, il a multiplié les collaborations inédites avec des groupes comme Ministry ou DOA.
En 2005 il accompagnait une tournée en compagnie des Melvins et, pour ses 50 ans, il s’est embarqué avec de Fins zicos pour créer The Guantanamo School of Medicine. Un groupe naturellement punk aux accents psychédéliques qui accouche en 2009 de the Audacity of Hype, parodie du Audacity of Hope de Barack O. Après une première partie assurée par le groupe local Rayon Mortel, c’est dans une salle de type cocotte-minute que Jello et ses musiciens font leur entrée. Une entrée plutôt loufoque puisque Jello se présente d’abord en tenue de chirurgienboucher aux gants de latex enduits de peinture rouge, avant de changer de costume tout au long du concert : chemise moulante aux couleurs du drapeau étoilé, t-shirt des vétérans du Vietnam… avant de finir torse nu, ruisselant et à peine bedonnant. Bien qu’ayant un peu forci en plus de trente ans de carrière, Eric Boucher (de son vrai nom) est en grande forme physique et vocale et nous offre un show furieux, énergique et drôle.
La voie nasillarde la plus reconnaissable du punk n’a rien perdu de sa verve et arpente la scène de long en large en nous régalant de ses pantomimes maniaques. L’énergie et la communion avec le public fonctionnent en continu jusqu’à ce que la salle explose quand retentit California Über Alles, l’hymne et le premier single des Dead Kennedys. C’est là qu’un fauteuil roulant émerge de la foule pour venir se poser sur la scène. Son occupant entame alors un refrain avec Jello avant de plonger dans la fosse sans sa monture. Le leader, visiblement ému, se jette à son tour pour un bain de foule. Et oui il faut s’attendre à tout lors d’un concert de Biafra ! Son énergie mêlée à son talent de meneur révolutionnaire lui permet de transcender l’assistance. Après trois rappels, le groupe termine sur un dernier titre en guise de slogan Never Give up ! (N’abandonnez jamais !). Jello n’est pas prêt de laisser tomber la guerre, prenonsen de la graine ! Cet article est aussi l’occasion de remettre la puce à l’oreille aux Chamoniards et de leur rappeler que la vie nocturne associative demeure sur le fil du rasoir à Genève.
Aux armes!
ur o y take o t f f o t ha
o l l e j
Chronicle of an unforgettable concert. We had planned a unique evening with the arrival of singer Jello Biafra accompanied by his new band: The Guantanamo School of Medicine. The capital of global finance nearby, the artist took the opportunity to put some things right, and put on a dazzling concert.
t dead o n s i o Jell Undisputed legendary Californian hardcore punk frontman of the Dead Kennedys, spearhead for the movement of underground labels “Do It Yourself” and Alternative Tentacle, eternal environmental activist, global justice, and inveterate iconoclast, Jello Biafra is a punk legend who refuses to accept his title. His nickname itself is a poignant juxtaposition – Jello refers to a brand of American
gelatin desserts (Jell-O) and Biafra refers to a region of Nigeria that serves as a symbol of famine, poverty and civil war. BAM! His prolific career in music is coupled with a wholehearted exemplary commitment, he achieves an especially critical aim and his music carries a lucid and judicious message toward our society, sparing neither humor nor derision in his delivery.
Seen from the pit It’s August 30, 2010 and there are people at the Place des Volontaires at the event in the heart of Geneva’s temple to alternative music. There were battles everywhere: the fight against Reagan politicians and the extreme religious right, against censorship with the creation of the No More Censorship Defense…His positions on the matter obviously created quite a storm: a multiple trial sponsored by the puritanical right, police raids and relentless surveillance, all through two broken legs at the end of a concert…Jello has recovered, and he is still standing. Hell Fest at last, he didn’t care about Republicans Alice Cooper or Christine Boutin visiting Switzerland, and he didn’t forget to come down hard on tax havens, the country’s banks, or the populist anti-minarets. Following the separation of Dead Kennedys in 1986, the singer embarked on a solo career spiced with lectures, readings and spoken-word records (a sort of best-of in talks with the public). Musically, he has increased the collaborations between groups like Ministry and DOA. In 2005 he accompanied the Melvins on tour, and for 50 years, he worked with fine individuals to create The Guantanamo School of Medicine. The group makes naturally psychedelic punk and gave birth in 2009 to the Audacity of Hope, a parody of the book by the same name by Barack O. After the local band Death Ray opened, Jello and his musicians entered the room, it was hotter than a pressure cooker. Jello made a rather silly entry, considering he’d dressed in butcher-surgeon
latex gloves coated in red paint. He then changed costumes throughout the concert: from a formfitting shirt with stars, a Vietnam Veterans t-shirt, to ending up shirtless, dripping and paunchy. Despite having a 30-year-plus career, Eric Boucher (his real name) is in fairly good shape and has a powerful voice and presence that is furious, energetic and funny. The energy and communion with the people is continuous until the room explodes with the anthem California Uber Alles, the first single by the Dead Kennedys. At this point a wheelchair emerges from the crowd and comes to rest on the stage. Its occupant starts the chorus with Jello before being plunged back into the pit, without his chariot. The leader Jello, visibly moved, jumps into his lap for a walkabout. Yes, we can expect just about anything from a Biafra concert! His exceptional mix of energy and talent allows him to become a revolutionary leader who transcends. After three reminders, the group concludes with the final song and slogan Never Give Up! (Never give up!). Jello is not ready to abandon the war, so let’s plant the seed! This article is also taking the opportunity to put a chip in Chamonix’s ear to remind them that the cutting edge of nightlife is still in Geneva.
To arms!
ROMAIN VERMAST «Live, love and laugh»
28 - Comment appelle t-on un nain qui distribue le courrier ?
Image : RV Mots : Flo
Après un parcours chaotique (ne lui demandez pas combien de premières années d’étude il a entrepris), Romain a enfin trouvé dans quelle direction foncer : l’image. Un cap qu’il tient bon, roulant vite et carburant à la fine plaisanterie. En effet, derrière cet air farouche se cache un drille au sens de l’humour bien affûté, toujours prêt à vous glisser une bonne blague accompagnée de son sourire malicieux. L’humour a pris une telle place dans sa vie, qu’il en a fait la devise inscrite sur ce torse qui ne respire pas vraiment la fonte : live, love laugh. Comprenez vivre, aimer et rire, bon plan de route pour l’existence, non ? Tenez, à l’heure où vous lisez ces lignes, Romain est en train de naviguer entre kangourous et requins en guise de bol d’air entre deux années de diplôme audiovisuel. Romain s’est introduit dans le monde de la photo en crochetant une porte backstage : c’est la musique, et plutôt le bon rock’n’roll, qui lui a donné le goût de l’image. Fin 2005, il commence à faire ses premières armes dans des formations punk rock aux alentours de Chamonix et fonde son premier groupe, Grey Fox Band. Il y joue de la basse tandis que son frérot gratouille. La scène exerce sur lui une attractivité obsédante.
EFFET MIRROIR
EFFET MIRROIR
Embarqué dans l’aventure Ernest depuis la mise à l’eau de l’ébouriffant magazine, Romain Vermast, photographe talentueux et personnage éminemment sympathique, s’est vu confier une selle dorée au sein de l’équipage. Des quatre premiers numéros, il n’y en a pas un dépourvu de clichés Vermastiens, mais surtout, il a signé trois des clichés les plus vus des dernières parutions : poitrine lactée et faces dégoulinantes, c’était lui. Au premier abord, le jeune homme peut paraître timide, un tantinet trop grand dans son mètre quatre-vingt-sept et, pour l’approcher, il convient de briser la glace du bonhomme, par ailleurs assez fine. Disons qu’une bonne bière fera l’affaire. Il était donc grand temps d’aller s’en boire une avec l’un des piliers de ce mag, the flash and furious Mister Vermast.
Ernest tire le portrait du photographe de la maison Ernest. Il s’y produit, assiste aussi à un maximum de concerts et, naturellement, notre musicien finit par se munir d’un petit boiter reflex. Il part prendre des photos de potes, y prend goût et progresse vite. Au fur et à mesure que son style s’affine, son affection pour l’objectif en œil de poisson ne cesse de croître. Le tempo s’accélère. Romain se voit commander de plus en plus de clichés : photos de concerts, pochettes d’albums, mais aussi supports de communication… jusqu’à un projet de collaboration avec Nasty Samy, parrain du punk rock français, pour l’illustration d’un livre. Aujourd’hui, tandis qu’il ouvre son champ de création à la vidéo, la scène reste l’un de ses moteurs et il n’est jamais très loin lorsqu’il s’agit de plonger dans la fosse. La rétine calfeutrée dans le viseur et le flash à la main, il mue, oublie toute forme de timidité et fonce pour ramener de bonnes prises live. Bientôt diplômé, il va continuer à jouer sur les tous les tempos de l’image et du son pour nous proposer quelques explosions issues des tréfonds de sa créativité. En attendant, à vous de chercher si certains de ses clichés se sont glissés dans ce nouveau numéro. What do you get if you cross a snake and a lego set? - 29
Having followed a chaotic route in life (don’t even ask him how many different courses he’s signed up for) Romain finally found the direction that he wanted to head in: Photography. A lifestyle that grips tight, drives fast and is fuelled by cracking quality jokes. You’ll find, behind his untamed air, he hides a sharp sense of humour, and is always ready to deliver a witty joke with a wicked smile. Such is the significance of humour in his life, Romain has made it his motto, and had tattooed it on his chest. You get it - “live, love, laugh...” not a bad choice of route for the journey of life, is it? Think about it, whilst you’re here reading these lines, Romain is off navigating between sharks and kangaroos, on a gap between two years of his degree in Audiovisual Studies! Romain managed to get into the world of Photography by sneaking through the back door; it’s music, or rather Rock ‘n Roll that first gave him a taste for the art of images. Towards the end of 2005, he started to reach out to all the Punk Rock collectives from in and around Chamonix and brought together his first band, Grey Fox Band. He played the bass and his little bro’ played the guitar. He became obsessed with the limelight of the stage. He performed at, and went to a maximum number of gigs and by natural progression, he ended up bringing along a little reflex camera with him. He started by taking photos of his friends, quickly got a taste for it, then made rapid progression. As his style became more refined, his affection for the fish-eye lens grew and grew. Things started to snowball. Commissions for his work started
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MIRROR EFFECT
MIRROR EFFECT
Onboard since the breathtaking Ernest Magazine first took float, Romain Vermast, talented photographer and exceedingly nice chap, was entrusted a position at the helm of the ship. Since the first four editions there has been no lack of Vermastien images, in fact, he has put his mark on two of the boldest images that we’ve seen in recent editions; milky breasts and splattered faces - that was him. On first impressions, the young photographer may seem shy and a mere shadow of his 6ft 3inch stature. But in order to bring him out of his shell all you need to do is break the ice, which, for the record, is pretty thin; let’s say a good old pint will do the job. So it was about time we went and drank one with the flash and furious Mister Vermast, pillar of the Ernest Magazine community.
Ernest draws a portrait of one of his photographers rolling in: from photos of gigs, album covers and media and PR imagery, to a collaboration project with Nasty Samy, godfather of french Punk Rock to illustrate his book. Nowadays, although he has broadened his creative horizons to making videos, the stage is still a real focus for him, and when the mosh pit is jumping, you can be sure that he will not be too far away. With his retina glued to the viewfinder, and the flash in his hand, he transforms, forgetting all form of shyness and dives in to grab some great live shots. Soon to graduate, he is going to continue playing with the different rhythms of sound and image to bring more flashes of brilliance, delivered from the very depths of his creativity. But in the meantime, it’s over to you to see if any of his shots have found their way into this latest installment of this magazine.
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Dan Milner
En plus profond ? Ernest était à l’avant première de Deeper.
Au vu du nombre de séquences tournées dans le massif du Mont-Blanc, Jeremy Jones et la production américaine Teton Gravity Research (TGR) se devaient de présenter leur nouvel opus, Deeper, dans la capitale mondiale de la glisse en pentes abruptes. Après Gand, Paris, Amsterdam et Grenoble, Chamonix fut la quatrième étape d’une tournée européenne en douze rounds de ce film consacré au chevaucheur de grosses montagnes et snowboarder de génie : Jeremy Jones. Nous étions le 17 octobre, mais ça caillait sec et il flottait déjà comme une odeur de grosse poudre sur le parvis du cinéma Vox. Il fallait se frayer un passage à travers les doudounes fraîchement sorties pour atteindre l’entrée car, fort des rumeurs enthousiastes précédant la sortie du film, la salle était comble. Seule une poignée de petits chanceux réussirent à entrer sans réservation pour assister à la projection et éventuellement poser quelque question à la star originaire de Cape Cod, Mr Jones en personne. Comme nous vous le présentions dans le précédent numéro, la réalisation du film a nécessité deux années 32 - Comment appelle t-on un nain qui distribue le courrier ?
consécutives de tournage avec la volonté de bifurquer par rapport aux productions classiques. Le but étant de revenir à l’essence même de ce qu’est le ride en haute montagne, de retrouver les racines d’une pratique qui avait ces dernières années tendance à déborder de son cadre d’origine. Une ode à la splitboard qui nous avait promis un film, sans héliportage, sans motoneige et même sans remontée mécaniques uniquement à la force des gambettes. Et le résultat en terme d’image est là : une production presque 100 % freeride avec d’excellentes séquences qui donnent envie de se rouler dans la poudre. Les plans en caméra embarquée sont très bien gérés, et des faces dantesques sont ridées au poil par un casting qui tient prodigieusement debout. Jugez plutôt : Travis Rice, Jonaven Moore, Xavier De La Rue, Ryland Bell, et Forrest
Shearer. En plus de Xavier, qui demeure un citoyen d’honneur de la vallée bien qu’il soit retourné habiter dans ses terres Pyrénéennes, l’équipe de tournage était encadrée par notre Lussois local, Fanfan (alias Stéphane Dan). Pour les mettre en jambe, il les aura guidés vers du gros calibre des alentours : la face nord de la Tour Ronde et la Blanche de Peuterey (malheureusement pas épinglée faute de bonnes conditions). Bon, la qualité des images, rien à dire, c’est de la balle qui rebondit bien haut et tutti frutti ; nonobstant, c’est plutôt du côté des rouages de la grosse machine
sans héliportage, sans motoneige et même sans remontée mécaniques américaine que ça coince un tantinet. Comme si la sensibilité de grognards franchouillards s’éveillait pour murmurer : “Hey ho, faut pas non plus nous prendre pour des jambons les Yankees là”. Même si le film se veut “vert” l’équipe ne s’est pas privée de petites virées en CESSNA, sans parler des bruitages anxiogènes ornant certains sluffs, ou encore de ces voix off et autres
commentaires dramatisants made in US Army qui n’ont toujours pas disparus. Et Xavier De le Rue, dans son costume de snowboarder professionnel tiré à quatre épingles, qui tente de nous expliquer que la simplicité de la vie c’est de faire de la planche à neige aux quatre coins du monde... Un peu de nuance chers amis réalisateurs. Il faut savoir raison garder. Notons aussi qu’un peu plus de créativité dans le montage aurait peutêtre pu aider à rendre le film plus léger... Allez, cessons ce sifflement de langue de vipère. Une partie des bénéfices du film est reversée à POW (Protect Our Winter), une association créée par Jeremy Jones pour lutter contre le réchauffement climatique. Compte tenu de la rigidité des mentalités de ce côté-ci, c’est toujours bon à prendre. Ernest vous encourage donc à vous forger votre propre avis de couleuvre car le film vaut tout de même le détour. Après la projection cet été de l’illustre Blizzard of ahhs (présenté par Glen Plake) cet événement a pu être réalisé grâce à l’Association des Amis du Cinéma, une initiative fermement soutenue par Ernest.
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Dan Milner
In deeper? Ernest was at the premiere of Deeper Given the number of sequences shot in the Mont-Blanc Massif, Jeremy Jones and U.S. production TGR (Teton Gravity Research) had to schedule a stop in the world capital of steep skiing in order to present their new opus: Deeper. After Ghent, Paris, Amsterdam and Grenoble, it was the turn of Chamonix to be the fourth stop in the European tour of a dozen dates to promote the latest film from the ultimate big mountain rider Jeremy Jones. We’re only on October, 17th but its freezing dry and already floats the smell of great powder on the forecourt of the Cinema Vox. We had to fight our way through the new season down jackets to reach the entrance. Drawing on its successes and the current clamour on the film quality, the room was packed. Only a small handful of lucky ones manage to enter without reservation to attend the screening and an exchange of questions with the leading role. As we detailed in the previous issue, the shooting of the film took two consecutive years with the intention to put aside conventional production methods. The goal is to return to the essence of high mountain riding, to rediscover the roots of a practice which has in recent years tended to go beyond its original context. An ode to the splitboard promising us a movie, no helicopter, no snowmobiles and even without any lifts, powered only by the strength of the legs. And the result in terms of image is this: almost 100% freeride production with excellent sequences that make you want to roll around in the powder. Headcam sections are very well managed, and giant faces are riden perfectly by a prodigious cast : Travis Rice Jonaven Moore, Xavier De Le Rue, Ryland 34 - Comment appelle t-on un nain qui distribue le courrier ?
Bell and Forrest Shearer. Regarding the Chamonix section, the team collaborated with great local guides (including Stéphane “fanfan” Dan) to tour the north face of Tour Ronde, and Blanche de Peuterey (unfortunately bound for bad conditions). However, it is still stuck in the cogs of the big American machine… The film with the “green” team has not deprived themselves a small private CESSNA. The tense sound effects embellishing certain sluffs, and indeed voice-overs and other dramatic commentariesmade in the USA still have not disappeared. And Xavier de le Rue, dapper in his professional snowboarder get up, attempting to explain that the simplicity of life is to go snowboarding all over the world. Note also that a little more creativity, in the edit, might help to make the film lighter... Now, stop making a fuss! Part of the profits of the film is transferred to POW (Protect Our Winter), an association of environmentalists against global warming, and given the reluctance to change you can’t deny this is a good start. Ernest encourages you to watch it, at least to make your own opinions. Like the celebrated screening this summer of “Blizzard of ahhs” (presented by Glen Plake) this event was made possible thanks to the Association des amis du Cinéma Vox, an initiative strongly supported by Ernest.
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Dis Baron,
t’as pas du feu ? Ou la légende du monstre du bassin d’Argentière mots par JAG
O
n était relax. On se buvait une menthe à l’eau au sommet du restaurant panoramique de l’aiguille Verte. Quelle vue mes aïeux ! On pouvait même encore apercevoir un peu de neige au sommet du Mont Blanc. Nous avions vraiment été inspirés de venir prendre un verre là-haut. De la neige, cela faisait un bail. On s’est regardé, tout émus. On en avait les larmes aux yeux. Tous ces souvenirs qui vous remontaient à la gorge, on n’allait quand même pas se mettre à chialer à notre âge. Alors il y’en a un qui a dit : “Vous souvenez-vous de la candidature d’Annecy pour les JO 2018 ?” Il y a eu quelques secondes incrédules, comme suspendues dans la chaleur de l’hiver. On s’est regardé la bouche en cœur, de petites flammettes dans les yeux et, tout à coup, ça a explosé, un fou rire qui a fait trembler les verres et nous a attiré quelques coups d’œil irrités des tables voisines. Bien sûr que l’on se souvenait de ce paquet de fric dépensé en campagne de promotion pour soutenir un projet aussi bancal qu’absurde. Plus de routes, de logements haut de gamme, plus de neige artificielle, plus de béton, toujours plus de béton, et pour quoi faire ? Pour la beauté du sport, pour les quelques minutes de suspens entre le passage des dossards, pour les familles rivées à leur téléviseur espérant la chute des coureurs d’autres nationalités… ou pour les promoteurs affamés de contrats, les politiques soucieux de leur blason en vue de prochaines échéances électorales, sans compter les intermédiaires de tous poils carottant quelques millions 36 - Comment appelle t-on un nain qui distribue le courrier ?
au passage… C’était tellement indécent, tellement pourri jusqu’à la moelle, tellement éloigné des besoins des Hauts Savoyards que l’on avait du mal à y croire.
“Bien sûr que l’on se souvenait de ce paquet de fric dépensé en campagne de promotion pour soutenir un projet aussi bancal qu’absurde.” C’était il y a quelque temps, pas tellement en fait, mais l’horloge environnementale s’était soudain affolée. Le réchauffement climatique nous avait laissés groggys et les montagnes de notre enfance s’étaient rapidement transformées en zones arides. C’était arrivé tellement vite qu’on n’avait rien compris. Alors oui, cela nous faisait bruyamment marrer de repenser à la candidature d’Annecy pour de soi-disant retombées économiques alors que la terre commençait déjà sérieusement à souffler le chaud. Il y avait bien eu des tentatives citoyennes pour essayer de contrer le bulldozer de cette candidature, mais comment lutter face à l’implacable discours d’Annecy 2018 ? Les valeurs de l’Olympisme, les créations d’emplois, les constructions en tous genres, les retombées médiatiques, économiques… Bref, toute la rhétorique habituelle du capitalisme, difficile à contrer puisque toujours fondée sur la valorisation des investissements et la création de richesse. Qu’il se soit agi d’une pensée à court terme, peu soucieuse des impacts sur l’environnement, l’emploi précaire ou l’endettement de la région, rien à battre. Si tu n’es pas d’accord, tu n’es qu’un obscurantiste rétrograde, voir un nihiliste. Qui
“Ah, les British, c’est qu’ils nous manquaient les bougres” pourrait s’opposer aux termes valorisation ou création ? On se rappelait même qu’ils nous avaient parachuté Charles Beigbeder à la place d’Edgar Grospiron quand ce dernier avait décidé de se retirer. Beigbeder, un ancien candidat à la présidence du MEDEF, un “leader naturel” comme l’avait décrit le communiqué de presse lors de son intronisation. Un gars qui connaissait certainement la montagne puisqu’il possédait un chalet à Megève. Diable, c’est qu’ils y tenaient à leur candidature boiteuse. À croire qu’ils avaient quelques cartes secrètes pour amadouer les véreux du Comité International Olympique. Parce que face aux candidatures de Munich en Allemagne et de Pyeongchang en Corée du Sud, ils allaient devoir faire la danseuse savoyarde pour espérer l’emporter. À mesure que l’on se remémorait cet épisode cocasse, notre exultation s’est peu à peu grippée. Un silence pesant a fini par s’installer entre nous. La terrasse s’était vidée et seuls les cris des mouettes accompagnaient le tapotement de nos doigts sur la table. Le soleil s’était voilé et une petite brise fraîche nous a soudain fait tressaillir. Quelle drôle de sensation, cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas eu froid à cette heure de la journée. Le climat était-il à nouveau en train de s’inverser ? Les prédictions d’un soudain refroidissement allaient-elles s’avérer fondées ? Certains d’entre-nous avaient probablement encore des skis et de vieilles doudounes précieusement rangés dans le fond d’un mazot, mais si l’ère d’une grande glaciation s’annonçait, ce vieux matériel nous suffirait-il pour affronter un tel bouleversement de température ?
Al Gorh. Une persistance de la mémoire : le Col de Balme. Collection Espace Tairraz
Dans ce grand silence, tandis que nous regardions une petite tarentule tisser sa toile au pied d’une table voisine, quelqu’un a voulu briser la glace : “On pourrait aller faire de la peau de phoque en Angleterre cet automne, histoire de reprendre un peu nos marques s’il fallait ressortir le matos d’hiver.” Ah, les British, c’est qu’ils nous manquaient les bougres. Certains étaient restés quand la neige avait disparu, mais la plupart avaient pris la poudre d’escampette, emportant leurs chalets avec eux pour les reconstruire dans les Cornouailles. Même chose pour les Scandinaves, tout heureux de voir leurs pays devenir les grandes destinations des sports d’hiver. Chamonix s’était alors peu à peu déconstruit, chacun emportant son bien vers des contrées plus froides. On avait squatté des baraques de luxe dans la plaine des Praz, à la Joux et aux Frasserants, avant que les forces de l’ordre n’interviennent. Il y avait eu des batailles rangées, des morts et des blessés. Les autorités ne supportaient pas que l’on puisse se servir de logements vacants. Puis, devant la lente agonie de la vallée, alors qu’une poignée d’habitants s’accrochaient à un passé révolu et que l’économie était au point mort, le pouvoir s’était désintéressé du village maudit. Mais, avant de définitivement nous abandonner, des promoteurs étaient venus piller les dernières constructions pour en récupérer les matériaux. C’est alors qu’on s’était rendu compte que le nouveau climat de la vallée convenait parfaitement à la culture du pavot et de la marijuana. En quelques années, Chamonix était devenu le troisième exportateur mondial d’opium What do you get if you cross a snake and a lego set? - 37
et le cinquième de résine de cannabis. Des Libanais, des Ouzbeks et des Russes avaient fait main basse sur ce florissant marché et contraints les Chamoniards à fuir vers la Suisse où un mur de béton avait été érigé pour endiguer les flux des migrants. Le Châtelard avait abrité un immense camp de réfugié où s’étaient entassées jusqu’à cinq mille personnes.
de skateboard et de bowling et retrouva un peu de sa gloire passée le temps des épreuves sportives. Mais, incapable d’entretenir les infrastructures pharaoniques (dont un bowling de 12 000 places) construites pour les Jeux, elle sombra lentement dans l’oubli et, aujourd’hui, la civilisation chamoniarde a totalement disparu et personne ne sait s’il s’agit d’un mythe ou d’une réalité historique.
Cependant, ce chaos avait pris fin lorsque Sarkozy II, dont le surnom Jean le Benêt resterait dans l’Histoire, avait décidé de reconquérir les territoires de Savoie et HauteSavoie en vue de l’organisation des JO d’été de 2044. Après une guerre abominable contre les trafiquants sous l’égide du G58, les dernières vallées furent reconquises deux ans avant la tenue des Jeux d’Annecy 2044. La vallée de Chamonix accueillit les épreuves de VTT,
Quant à l’auteur de ses lignes, il fut piqué par un scorpion d’altitude et perdit soudain la raison. Il se prit pour un phœnix et se jeta du haut de l’aiguille Verte quelques secondes après avoir enregistré ce témoignage. Personne ne sait ce qu’il est devenu, mais on entend parfois des hurlements horribles dans le fond du bassin d’Argentière : Jeux Olympiques ! Jeux Olympiques !
Or the legend of the Argentière valley. words by JAG
Have you got a light, mister coubertin? W
e were chilling out with a soft drink at the top of the panoramic restaurant of the Aiguille Verte. What a view! A tiny bit of snow could even be spotted on top of Mont-Blanc. We had really been inspired to come and have a drink up there. Snow… it had been a while. We looked at each other, moved. This had even made our eyes water. All those memories coming back… We weren’t going to cry at our age, were we? Then one of us said:
“Do you remember Annecy’s bid for the 2018 Olympics ?” 38 - Comment appelle t-on un nain qui distribue le courrier ?
There were a few incredulous seconds suspended in the heat of winter. We looked at each other, small sparks in our eyes, and suddenly it came out, a burst of laughter which made the glasses tremble and attracted a few irritated glances from neighbouring tables. Of course we remembered that huge great wad of cash spent on promoting support for a project which was as crooked as it was absurd. More roads, high standard accommodation, more artificial snow, more concrete, still more concrete, and what for? For the beauty of sport, for the few minutes of suspense between each bib number, for the families glued to their television hoping to see the racers from other countries fall… Or for promoters craving for contracts, politicians worried about their image for the next elections, without mentioning all the middle men scooping up a few millions on the way…
“Of course we remembered that huge great wad of cash spent on promoting support for a project which was as crooked as it was absurd.” It was all so indecent, so rotten to the core, so far from the real needs of Haut Savoyards that it was simply hard to believe. It was a while ago, not that far away, actually. But the environmental clock had suddenly gone crazy. Global warming had left us groggy and the mountains of our childhood had rapidly transformed into dry patches. It had all happened so quickly that nobody had
understood. And rightly so, it made us laugh out loud to think back on Annecy’s bid for a so called economic spin-off, when the earth was already seriously starting to feel the heat. Of course, there had been efforts made to try to counter this bid, but how could one fight the invincible argument of Annecy 2018? The values of the Olympics, job creation, construction of all kinds, the economical and media spin-offs… Basically, all the usual rhetoric of capitalism, hard to counter as it is always founded on the increased valuation of investments and the creation of wealth. Even if it was a short term idea, with no concern for the impact on the environment, insecure jobs or the region getting into debt, who cares? If you don’t agree, you are just an obscurantist, or even a nihilist. Who would ever oppose ideas of creation or improvement? We even recalled Charles Beigbeder suddenly appearing instead of Edgar Grospiron when he decided to pull out. Beigbeder was an old runner up to the presidency of MEDEF, a “natural leader”, as he was described in the press release during his enthronement. A guy who certainly knew the mountains as he owned a chalet in Megève. Heavens, they really did care about this shaky bid. It tended to make one think that they had a few secret cards to soften up the old guard on the International Olympic comity. Because, to be honest, against the candidacies of Munich in Germany and Pyongyang in South Korea, they were going to have to do the Savoyard dance for a hope of winning.
most of them had gone, taking their chalets with them to Cornwall. Same goes for the Scandinavians, all happy to see their countries become the new popular destinations for winter sports. Chamonix had then become more and more deconstructed, with every person taking their house along with them to colder countries. We squatted in posh houses in Les Praz, La Joux and Les Frasserands, before the police got involved. There had been fighting, deaths and wounded people. The authorities could not stand us using vacant properties. Then, facing the slow agony of the valley, as a few inhabitants kept clinging on to a revolved past and the economy was at a dead point, the police became disinterested in this doomed village. But before definitely abandoning us, promoters had come and pillaged the last constructions to pick up what they could of the materials. That’s when people started to realize that the new climate in the valley was perfectly suited to cultivating marijuana and poppy seeds. In a few years, Chamonix became the third worldwide opium exporter and fifth for cannabis resin. Lebanese, Ouzbeks and Russians had taken over this blooming market and constrained Chamoniards to flee to Switzerland, where a concrete wall had been built to ward off the flux of migrants. The Châtelard had become a huge refugee camp that sheltered more than five thousand people all crammed together.
“Ah, the brits! We had to admit we missed them.”
As we were recalling this absurd episode of our past, little by little our exultation came to a standstill. A heavy silence finally fell upon us. The terrasse was now empty and all that remained to accompany our fingers tapping on the table was the cry of seagulls. The sun had misted over and a brisk wind made us chiver. What a strange feeling, it had been a long time since we had felt the cold at that time of the day. Was the climate suddenly changing again? Were the predictions of a sudden global cooling going to prove right? A few of us might still have had some skis and some old puffer jackets preciously tidied away in the back of a mazot, but if a sudden ice age were to appear, would this old equipment be sufficient to fight such a change of temperature? Amidst this big silence, as we were watching a small tarantula weaving its web at the foot of one of the tables, someone tried to break the silence: “we could always go ski touring in England this autumn, to practice a bit in case we need to get the winter kit out again”. Ah, the brits! We had to admit we missed them. A few of them stayed when the snow had disappeared, but
However, this chaos had come to an end when Sarkozy II, who would be remembered in history by the name of Jean le benêt, had decided to reconquer the territories of Savoie and Haute-Savoie with a view to organize the summer Olympic games of 2044. After a horrendous war against drug dealers under the aegis of G58, the last valleys were reconquered two years before the Annecy game were held. The valley of Chamonix hosted the mountain biking, skateboarding and bowling disciplines and rekindled a little of its past sporting glory. But, incapable of maintaining such big infrastructures (a 12 000 place bowling alley was one of them), it yet again was forgotten and today the civilization of Chamonix has totally disappeared and nobody knows if it was a myth or a historical reality. As for the author of these lines, he was stung by an altitude scorpion and suddenly lost all reason. He thought to be a Phenix and threw himself from the top of the Aiguille Verte a few seconds after having recorded this account. Nobody knows what became of him, but one can sometimes hear horrible sounds down in the Argentière bowl: The Olympics! The Olympics! What do you get if you cross a snake and a lego set? - 39
Eva aux mains d’argent Débarquée du Royaume de Suède avec une paire de ciseaux et un enthousiasme à toutes épreuves, Eva Sandelgard est devenue une personnalité incontournable de la vallée et un exemple d’intégration parmi la population chamoniarde.
Gudrun Bergdahl
Arrivée à Chamonix pour prendre l’air avant de s’embarquer pour une carrière de styliste capillaire outre-Atlantique, Eva a finalement préféré s’installer ici plutôt qu’à New York. Séduite par la beauté des lieux et le brassage des cultures du creuset Chamoniard, elle a commencé sa carrière en alternant coupes à domicile et glisse dans le massif, avant de devenir championne de snowboard et coiffeuse de renommée internationale. Triple championne du monde de snowboard extrême, égérie de Burton et première femme à descendre le Mont McKinley, Eva s’est rangée des pentes après la naissance de ses deux garçons pour se consacrer à la coiffure et à sa famille. Fondatrice de la célèbre enseigne “Le Salon”, elle est également à l’origine du concept de “fauteuil indépendant” qui donne à chaque coiffeur la chance de constituer sa propre clientèle. À force de travail et d’un sérieux tout nordique elle a su dépasser les clivages chamoniards pour gagner le respect des autochtones. Petit brin de femme à l’humeur aussi ensoleillée que la chevelure, Eva contribue à donner à Cham’ les reflets d’une ville cosmopolite et bien vivante.
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Et comment tu t’es retrouvée dans la cuvette chamoniarde ? En fait je travaillais déjà depuis plusieurs années comme coiffeuse à Stockholm, j’étais à fond, dans l’optique de faire une vraie carrière dans la coiffure et de partir travailler comme styliste à New York. En 1989, avant de partir, je me suis dit que j’allais faire une pause le temps d’une saison, j’aimais la mode mais j’étais également très sportive, j’ai donc naturellement choisi Chamonix. À partir de là je venais ici uniquement pour les saisons d’hiver, la sixième était censée être la dernière avant mon départ mais j’ai finalement décidé de m’installer ici et j’ai attendu jusqu’à 2008 pour me rendre à New York.
“ Chamonix a pour moi ce mélange des genres digne d’une grande ville et une richesse de vie très particulière.
”
FWT
Alors Eva, de quel coin de la Suède nous viens-tu ? C’est là-bas que tu as commencé le snowboard ? Je viens de la banlieue de Stockholm, comme beaucoup de Suédois, à partir 3 ans je skiais avec mes parents presque tous les week-ends dans les stations environnantes. Ceci m’a permis d’avoir assez tôt un très bon contact avec la neige, mais c’est en arrivant ici que j’ai découvert le snowboard.
Depuis, tu as quand même accumulé un beau palmarès ? C’était la mode des bosses et il y avait déjà quelques Suédois qui faisaient des compétitions en snowboard, ils m’ont repérée et m’ont invitée à les rejoindre. Battante comme j’étais, du jour au lendemain je me suis retrouvée avec eux sur les compétitions : j’étais dans mon élément et j’avais un physique qui se prêtait bien au moguls. Cependant ces compet’ se sont vite arrêtées et on m’a alors incitée à me tourner vers le freeride. Étant l’une des seule filles, j’ai eu la chance de travailler avec de bons photographes et de faire quelques belles parutions. Par la suite, Nicolas Hale-Wood m’a appelée alors qu’il organisait la première compétition de snowboard sur le Bec de Rosses (l’Xtreme de Verbier, ndlr). C’était vraiment quelque chose de nouveau pour moi et je me suis retrouvée au pied de cette gigantesque face
Gudrun Bergdahl
Et ton premier contact avec le snowboard donc ? Lors de ma première saison j’étais venue avec mes skis, mais il y avait déjà pas mal de suédois qui faisaient du snowboard et qui m’ont dit : “Eva il faut que tu essaies, tu vas adorer”. Je me suis donc retrouvée à tenter ça dans les bosses aux Grands Montets… Mais j’étais vraiment nulle ! Je n’arrêtais pas de tomber et me retrouvais couverte de bleus en fin de journée ! Comme je suis d’une nature très têtue je me suis dit que j’allais à apprendre à tourner des deux côtés avant de laisser tomber.
What do you get if you cross a snake and a lego set? - 41
Eva aux mains d’argent en larmes me demandant comment j’allais faire pour descendre ! Le jour de la finale j’ai réussi à transformer un peu la pression, une fois en haut des lignes me sont apparues et j’ai pu finalement faire un beau run. A partir de ce moment, j’ai pris un peu plus confiance en moi et j’ai multiplié les compétitions, ça a bien marché et m’a permis de voyager. C’était une super période : Nouvelle Zélande, Canada, Alaska ! Mais c’était aussi une vie super intense puisque en parallèle je travaillais toujours pour le salon. Après ça Yako, un ami finlandais, m’a proposé de les accompagner pour tenter le McKinley et la première descente féminine en snowboard du couloir Messner. J’avais déjà ridé depuis le sommet du Mont-blanc et fait de belles faces en Alaska, mais là c’était encore autre chose, une étape au dessus. Pas d’hélicoptère, pas de porteurs, il a fallut porter notre propre matériel et notre nourriture pendant 5 semaines, et progresser petit à petit vers les 6194 mètres par très grand froid. C’est à ce jour la plus belle réussite de ma carrière sportive. Qu’est-ce qui t’as marqué en arrivant ici ? Je crois que c’est surtout la combinaison de deux choses. Tout d’abord des montagnes très belles et très particulières et ce coté cosmopolite, qui a quelque part un remplacé l’idée que j’avais de New-York. Chamonix a pour moi ce mélange des genres digne d’une grande ville et une richesse de vie très particulière. Qu’est-ce qui t’as amené à franchir le pas et à t’installer ici? Cela faisait déjà 6 ans qu’en dehors du snowboard, le soir venu, je coupais les cheveux de mes amis un peu partout : dans l’arrière boutique des magasins de sports, dans les bars, chez des amis... Et j’avais remarqué que je pouvais m’inspirer de tous ces styles différents, mais aussi de la montagne et de la nature, ce qui à New York aurait pu me manquer. J’ai trouvé à Chamonix le bon mélange, et me suis trouvée moi même dans cette “ petite grande ” ville ! En 1995 j’ai ouvert avec mon amie Toya notre première enseigne, salon de thé et salon de coiffure, l’espace qui m’était dédié faisait 8 m²! On skiait le matin et travaillions de deux heures à minuit tous les jours. Par la suite je me suis réinstallée dans un magasin de fripes avec un espace de 16 m² avant de pouvoir ouvrir mon propre salon de 35 m² aujourd’hui reconverti en bar : le Soulfood.
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Quel regard portes-tu sur la pratique du snowboard aujourd’hui ? Est-ce que tu t’y intéresse encore ? Oui, je m’y intéresse toujours, j’ai été juge les années précédentes, notamment pour l’étape chamoniarde du Freeride World Qualifier mais malheureusement j’ai été très déçue. De même qu’à Verbier en 2010, les filles ne partent pas du haut de la face, je considère ça comme une baisse du niveau. J’ai l’impression que le niveau n’a pas beaucoup évolué, il faut dire que le ski a fait son retour prenant alors une grande place, mais j’espère que le snowboard féminin rattrapera le retard. Comment est-ce que tu envisages ta pratique de la coiffure ? Cela fait 5 ans que je suis installée à l’emplacement actuel et aujourd’hui je travaille avec une équipe d’une dizaine de personnes. Nous voulons proposer une nouvelle sorte de salon de coiffure, plus détendu, plus calme et plus près des clients aussi. Notre souhait est d’apporter plus que les prestations classiques «usines» ou chaque rendezvous dure une demi-heure. Notre fonctionnement est aussi différent des autres salons, puisque chaque coiffeur est indépendant et loue son propre siège ce qui l’oblige a bien gérer son travail pour payer ses charges sociales. C’est l’idéal pour moi parce je ne suis pas le patron, je guide simplement ceux avec qui je travaille. Tu es plutôt bien intégrée dans la vallée. Comment as-tu vécu ton installation à Chamonix ? C’est tout d’abord vrai que mon travail m’a bien aidé, il m’a permis de rencontrer beaucoup de monde. Au début j’étais une simple ski-bum et je côtoyais une majorité d’étrangers mais petit à petit des français un peu plus curieux se sont fait passer le mot et j’ai pu commencer à tisser des liens avec eux. Je suis partie du principe que lorsqu’on arrive dans un pays il faut le respecter, c’est très important pour moi et cela passe par l’apprentissage de la langue. J’ai fait le choix de vivre en France et pas seulement d’habiter en France entourée de suédois. Je n’ai jamais été à l’école pour apprendre la langue que j’ai apprise sur le tas grâce à mon copain Gaby, même si c’était plus du verlan parisien que du vrai français !
me suis retrouvée au pied de cette “ Jegigantesque face presque en larmes
me demandant comment j’allais faire pour descendre !
”
La communauté suédoise est très importante à Chamonix, quel rapport entretiens-tu avec elle ? C’est vrai que les suédois sont très présents au sein de la vallée et que, grâce au Salon, j’en connais beaucoup, mais mes copines sont principalement françaises ! Je trouve que les anciens se sont mieux intégrés, beaucoup d’entre nous sont mariés ou ont été mariés avec des locaux et nous étions tous d’accord sur la nécessité de parler la langue. Au contraire, je trouve que ceux qui se sont installés il y a 6 ou 7 ans ont plus de mal à s’intégrer puisqu’ils peuvent rester qu’entre suédois.
fait le choix de vivre en France “et pasJ’aiseulement d’habiter en France entourée de suédois ! ”
Ton avis sur la politique locale concernant ce qui est fait pour intégrer les étrangers venus s’installer ici ? Pour moi ce sont ceux qui viennent qui ont à faire des efforts d’intégration, et je trouve que les chamoniards sont très tolérants, parfois trop. J’ai beaucoup de mal avec les personnes qui refusent d’apprendre la langue ou qui montent une affaire sans s’enregistrer en France. C’est manquer de respect, ils se servent de Chamonix, mais en échange refusent de contribuer au bien être de tous !
Gudrun B
Te connaissant, tu dois avoir des projets pour la suite ? Je suis en train de travailler pour pouvoir breveter ce nouveau concept qui repose autour de l’idée de fauteuil indépendant que l’on loue dans chaque salon. Il s’agit également de prôner une meilleure qualité du coté du client comme celui du coiffeur, de mieux considérer sa main d’oeuvre et de trouver la créativité qu’il y a en chacun pour amener les gens à reconsidérer le rôle du coiffeur. J’ai envie que l’on considère le coiffeur comme un docteur, c’est très important de s’occuper de l’allure des gens. Lorsque quelqu’un entre dans le Salon en faisant la tête et qu’il ressort en me disant “Eva c’est super” c’est l’un des kiffs de mon métier.
Eva scissorhands
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Hailing from the Kingdom of Sweden with a pair of scissors and a solid enthusiasm, Eva Sandelgard has become an indubitable personality of the valley and an example of integration among the chamoniard population. Arriving in Chamonix to take some fresh air before embarking on a career as a hair stylist in the U.S., Eva finally chose to settle here rather than in New York. Seduced by the beauty of the place and the mix of cultures in the melting pot of Chamonix, she began her career alternating cuts at home and riding the mountain, before becoming a champion of snowboarding and internationally renowned hairdresser. Triple world champion in extreme snowboarding, a Burton prodigy and the first woman to descend Mount McKinley, Eva has put aside the slope action after the birth of her two boys. Now she devotes herself to hairstyling and her family. Founder of the famous Le Salon she is also behind the concept of the “independent chair” which gives each stylist the opportunity to establish their own clientele. From hard work and a scandinavian seriousness she has overcome divisions to earn the respect of local people. A little slip of a thing with a mood as sunny as her hair, Eva helps to give Cham’ the stamp of a cosmopolitan and vibrant town. So Eva, what part of Sweden do you come from? Was it there that you started snowboarding? I am from the suburbs of Stockholm, Sweden, and like many, from 3 years old I skied with my parents almost every weekend in the surrounding stations. This allowed me to progress a lot on the snow, but it was here in Chamonix that I discovered snowboarding. And how did you find yourself in the valley of Chamonix? In fact I had already worked for several years as a hairdresser in Stockholm. I was just starting out, with a view to make a proper career in hairdressing and leave to work as a stylist in New York. In 1989, before leaving, I told myself I was going to take a break for a season. I loved fashion but I was also very sporty, so I naturally chose Chamonix. From then on I came here for every winter season. The sixth was supposed to be the last before I left, but I finally decided to settle here and it was 2008 in the end when I finally went to New York! So when was your first contact with the snowboard then? During my first season I came with my skis, but there were already a lot of Swedish who were snowboarding and said to me “Eva you must try it, you’re going to love it ”. 44 - Comment appelle t-on un nain qui distribue le courrier ?
Chamonix has for me “ this mix of a great city and a very special richness of life. ” So I tried to give it a go in the moguls at Grands Montets... But I was totally hopeless! I kept falling and found myself covered with bruises at the end of the day! As I have a very stubborn nature I told myself that I would learn to turn both ways before giving up. And since that time you’ve still managed to accumulate an enviable record of achievements? Moguls were in fashion and there were already some Swedish who had entered snowboard competitions, they spotted me and invited me to join them. Ambitious as I was, overnight I found myself with them in the competitions. I was in my element and I had a physique that was well suited to the moguls. However, the fashion for these competitions was soon over and that then prompted me to turn towards freeride. As one of the only girls, I was fortunate enough to work with good photographers and make some good pictures. From that, Nicolas Hale-Wood called me when he organized
Eva scissorhands the first snowboard competition on the Bec de Rosses (the Verbier Xtreme, ed.) It was really something new for me and I found myself at the foot on of this gigantic face almost in tears asking myself how I was going to go down! On the day of the final I had successfully managed the pressure and once at the top, lines appeared to me and I could make a nice run. From that moment, I had a little more confidence in myself and I entered more competitions. They worked out well and allowed me to travel. It was a great time: New Zealand, Canada, Alaska! But it was also a super intense life since I was still working in Le Salon at the same time. After that, Yako a Finnish friend, invited me to accompany them in attempting the McKinley and make the first women’s descent on snowboard of the Messner couloir. I had already ridden from the top of Mont Blanc and done some beautiful faces in Alaska, but this was something else, a step up. No helicopters, no drivers, we had to carry our own equipment and food for 5 weeks, and progress bit by bit to 6194 m in extreme cold. It is to this day the highlight of my sporting career.
What thoughts do you have on snowboarding today? Are you still interested? Yes, I’m still interested. I was a judge in previous years, including the chamonix part of the Freeride World Qualifier but unfortunately I was very disappointed. It was the same as in Verbier in 2010; the girls did not leave the top of the face. I consider that a lower standard. I feel that the level has not changed much. You have to say that skiing has made a large come back, but I hope the women’s snowboarding will catch up.
What impressed you on arriving here? I think it is mainly the combination of two things; First the very beautiful and very special mountains, and then the cosmopolitan side,which has in some ways has replaced the ideas I had about New-York. Chamonix has for me this mix of a great city and a very special richness of life.
Outside of the 6 years snowboarding, when the evenings came I cut the hair of my friends everywhere: in the back rooms of sports shops, in bars, at friends houses… And I noticed that I could draw inspiration from all these different styles and also the mountains and nature which in New York I might miss. I had found the right mix in Chamonix, and I even found myself in this “little big” city! In 1995 I opened, with my friend Toya, our first business; tea room and hair salon, where the salon space was 8m²! We skied in the morning and worked from 2pm til midnight every day. Afterwards I reinstalled in a thrift store with an improved area of 16m² before opening my own salon, of 35 m², now converted into a bar: Soulfood.
Jeff Webb
What made you take the step to settle down here?
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Eva scissorhands How do you envision your practice of hairdressing? It has been 5 years since I moved to the current location and now I work with a team of ten people. We propose a new kind of salon, more relaxed, calmer and closer to customers as well. Our wish is to give you more than traditional “factories” where each appointment lasts half an hour. Our operation is different from other salons, since each hairdresser is independent and rents their own chair; this makes for really good work so that they pay all their business taxes. It’s perfect for me because I’m not the boss, I just guide those with whom I work.
”
You are pretty well integrated into the valley. How easy was it to set yourself up here?
First it is true that my work helped me, it allowed me to meet many people. At first I was just a skibum and I hung around with a majority of foreigners but gradually the more curious French people started to spread the word and I could begin to build relationships with them. I believe in the principle that when you arrive in a country you must respect it, this is very important to me,and that means learning the language. I made the choice to live in France and not just to live in France surrounded by Swedish. I’ve never been to school to learn the language; I learned on the job thanks to my boyfriend Gaby, even if it is more of Parisian slang than true French!
For me it is those who come who have to make integration efforts, and I think the Chamoniards are very tolerant, sometimes too much. I have difficulty with people who refuse to learn the language or start up a business without registering in France. It’s disrespectful, they are using Chamonix, but in exchange will not contribute to the well being of all! Knowing you, you must have plans for the future? I am working on patenting this new concept based around the idea of an independent chair that is rented in each room. It also advocates for improved quality for the client from the hairdresser, to better account for its workforce and to find that there is creativity in everyone, in order to get people to reconsider the role of the hairdresser. I feel that one should consider the hairdresser as a doctor; very important when dealing with peoples appearance. When someone enters Le Salon and afterwards tells me “Eva it’s great” it is one of the joys of this business.
The Swedish community is very important in Chamonix, what kind of relationship do you keep? It is true that the Swedes are very present in the valley and that through Le Salon I know a lot of them, but my friends are mostly French! I find that us older swedes were better integrated, many of us are married or were married to locals and agreed on the need to speak the language. On the contrary, I find that those who settled about 6 or 7 years ago have integrated less well since they can spend their time just among other Swedish. 46 - Comment appelle t-on un nain qui distribue le courrier ?
Sommet du McKinley
“
I made the choice to live in France and not just to live in France surrounded by Swedish.
Your opinion on local politics, on what is being done to integrate foreigners who settled here?
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Les fantômes du ghetto Vladimir Vasilev Établi à Toulouse depuis 2001, le photographe Bulgare Vladimir Vasilev retourne régulièrement dans son pays d’origine pour y effectuer des reportages. Dans son dernier cycle, “Les fantômes du ghetto”, l’artiste est allé à la rencontre des populations roms établies en Bulgarie pour en rapporter des clichés sincères et proches des habitants. Étant donné le contexte actuel dans notre beau pays des droits de l’homme, on s’est dit que faire tourner le prisme sur le sujet ne serait pas de trop, d’autant que l’œil de Vasilev est d’une grande sensibilité. Même si ce portfolio est un poil plus profond, il n’en est pas pour autant ennuyeux ou dénué d’humour. Approchez-vous et regardez, il s’agit tout bonnement d’humanité.
Based in Toulouse since 2001, the Bulgarian photographer Vladimir Vasilev returns regularly to his country of origin to make reports. In his last project, “Ghosts of the ghetto”, the artist went to meet the Romas established in Bulgaria to bring honest and intimate shots of people. Considering the current climate in France, beautiful country of human rights, we thought that bringing this subject to light would not be too much, especially as Vasilev has a sensitive eye. Even though this profile is a bit more profound, this means that it’s neither boring or humourless. Come and look, it’s all about humanity. Stara Zagora - Bulgaria
Ali, 45 ans, veut redevenir un enfant Ali, 45 years old, wants to be a child again
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Stara Zagora - Bulgaria Celui qui joue du violon avec son singe pour survivre
He plays the violin with his monkey to survive
Ne vous attendez pas à voir des bidonvilles ou des taudis sur les photos de Vladimir Vasilev. Le ghetto n’est pas constitué de logements insalubres ni entouré de murs en béton. Un ghetto n’est pas tangible : il est avant tout une construction imaginaire hantée par des êtres humains. Pour comprendre ce terme réducteur trop usité, mais peu usé, Vladimir Vasilev emprunte la seule voie possible : suivre et photographier les habitants des ghettos. Parce que la VIE d’un ghetto, ce sont ses
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habitants et leur existence. Mais leur vie, est-elle une vie à part entière ? Le cycle “Les fantômes du ghetto” tente d’approcher cette problématique. Vladimir Vasilev a photographié pendant une décennie les populations défavorisées d’Europe de l’Est. Il a suivi les habitants des ghettos dans leur environnement citadin, mais aussi dans leurs désirs et émotions. Sans prétendre qu’une vision commune puisse être rendue, l’auteur affirme encore une fois que l’imaginaire est l’avatar et le préjudice des fantômes des ghettos. Ivan Ivanov, journaliste
Balchik - Bulgaria En face des buildings en béton il y a le cimetière. Assen est sorti pour une ballade
In front of the concrete buildings, this is the cemetery. Assen went out for a walk
Do not expect to see shantytowns or slums in the photos of Vladimir Vasilev. The ghetto is not composed of substandard housing or surrounded by concrete walls. A ghetto is not tangible:it is primarily an imaginary construction. But we should still admit the ghetto’s existence because it is haunted by humans. To understand this reductive term often used, but little understood, Vladimir Vasilev follows the only possible way: to shadow and photograph the inhabitants of the ghetto because the life of a ghetto is its people and their
existence. But their lives, is it a true life? The project “Ghosts of the ghetto” is trying to approach this problem. Vladimir Vasilev photographed the poor populations of Eastern Europe over the period of a decade. He followed the inhabitants of the ghettos not only in their urban environment, but also in their desires and emotions. Without claiming that a common vision can be made, the author asserts that this preconceived representation creates prejudice against the ghosts of the ghettos. Ivan Ivanov, journalist
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Stara Zagora - Bulgaria Il ĂŠtait restĂŠ assez longtemps dans le centre ville
He stayed long enough left in the city center
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Stara Zagora - Bulgaria Yamakasi du 21ème siècle dans les ruines en béton
21st Century’s Yamakasi in the ruins of concrete
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Stara Zagora - Bulgaria Un barbier dans les sous-sols d’un immense building, là depuis une éternité… En 2009 je suis revenu, il n’était plus là
Barber in the basement of a huge building, he’s there for an eternity... In 2009 I came back here, he was there no more
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Tero Repo
Andreas Fransson, face Nord de la Tour Ronde
Après des mois de terrain et une dizaine de bouquins avalés, Ernest s’essuie le front et vous annonce la grande nouvelle : les rois de la piste c’est du pipeau ! Nos glorieux héros de la pente raide ne seraient pas les hommes forts et indestructibles dont on avait rêvé mais de petits êtres perdus cherchant une alternative au Prozac. Ok c’est un peu plus compliqué…
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Tentative de remise au monde, prise de contact entre soi et un réel qui nous échappe un peu plus tous les jours, au-delà des prouesses techniques, si l’extrême fait tant jaser c’est parce qu’il nous met directement en lien avec notre statut mortel. Reconnaissance sociale, estime de soi, mais surtout recherche de sens, les gonzes dont nous allons vous parler sont moins des stars caméra en main que des créatures sauvages dont le défi dépasse le stade de la ligne d’arrivée. Du jeu de mort au jeu de vivre, Ernest va tenter de vous expliquer.
Ta vie mec, c’est du coton Ce qu’on appelle les “comportements à risques” ne sont pas une caractéristique de la société contemporaine : ils ont toujours existé dans toute société à toute époque, bien que sous des formes et des objectifs différents. Ce qui a boosté la curiosité d’Ernest, au-delà du fait que l’extrême soit une des toiles de fond de la vallée, est que ces affolés de la sensation soient de plus en plus nombreux. Mais que se passe-t-il ? Laissons de côté, le temps de ce texte je vous prie, pour explication l’évolution exponentielle de la qualité du matériel ainsi qu’un fléchissement des barrières psychologiques (la démystification de la pente, comme on dit entre fidèles extrémistes).
Lambert Galli
Figurez-vous qu’on s’ennuie ! Chouchoutés depuis notre tendre enfance, voilà qu’on se met à dévaler des pentes à toute allure pour compenser le cliquetis du berceau. Comment ? Obsédée de sécurité et de propreté, la société actuelle est castratrice de sensation. La moindre cigarette vous tue et ne dites pas que vous transpirez ça n’existe plus. Enveloppé dans une substance chaude et gluante, on se laisse bercer au rythme doucereux de l’hygiénisme et de l’hyper sécurité. Au-delà des conséquences corporelles, le rythme qu’impose la société capitaliste laisse peu de place à une affirmation individuelle en tant que telle. Un jean, un café et au boulot, la même vie que Martine la même vie que Germain et tout ira bien ! La pratique de l’extrême serait donc un souffle dans cette apnée quotidienne, une tentative de mettre un peu d’extraordinaire dans la monotonie journalière.
Besoin d’un shoot ? Emmitouflé dans notre ceinture de coton, on finit par ne plus rien sentir. L’augmentation des comportements à risques, allant de l’excès de vitesse à la douce intraveineuse, n’est qu’un moyen de se venger de cette spoliation sensitive. Du coup le dos de la cuillère reste propre : on veut des doses fortes et vite. Ordre et désordre sont les deux faces d’une même pièce : pour comprendre l’un il nous faut expérimenter l’autre et vice versa ; comprendre le quotidien c’est aussi le renverser. On va donc aller défier les lois, les logiques d’espace et de temps et se recréer un monde porteur de sens. Pas besoin d’être rebelle antisocial pour en arriver là, c’est le fait d’être limité dans ses initiatives quotidiennes, brimé par des règles qui ne le définissent pas et qui font que l’individu va exploser dans des activités où le jeu avec les limites domine. Évidemment ces flirts morbides ne sont pas nouveaux. Sûrement Mallory Porter, que nos respectés aïeux Aiguille du Midi, printemps 2010 chasseurs de mammouths n’en avaient pas besoin davantage, mais ce type de comportement était fréquent dans les sociétés dites “traditionnelles”. Les rites de passage sont notamment souvent caractérisés par des mises en souffrance physiques et psychiques extrêmes. Pour quoi faire ? Tenter de contrôler la mort, se rassurer en prouvant notre supériorité face à elle.
Allez, un peu de mysticisme… Voie royale de la sensation, le risque permet donc de s’enraciner dans le réel tout en mettant un peu de sucre dans le café, si vous voyez ce que je veux dire. C’est donc avant tout une manière de faire du sens. Mais d’où vient What do you get if you cross a snake and a lego set? - 57
ce flou cognitif me direz-vous ? Attention Ernest vient faire la cour à Madame Soleil… Aujourd’hui l’explication des phénomènes qui nous forment et nous entourent est avant tout “scientifique” : est vrai ce qui est prouvé scientifiquement. Du coup, tout ce qui ne s’explique pas passe au tapis. Il suffit de regarder la manière dont la mort est désocialisée aujourd’hui : les vieillards et les personnes malades ne sont pas franchement les mascottes de notre chère patrie. Seulement, on a beau tenter de l’évincer, la spiritualité inhérente à l’être humain n’a pas disparu ; elle est juste étouffée. Personne ne devrait être surpris alors de voir exploser des individus qui ne savent plus où ils en sont. Max Weber nous avait prévenus : tout ça c’est la faute du “désenchantement du monde”. Eh on vous avait dit que ce serait mystique ! Bon en fait, ce qu’il nous dit Max, c’est que le fait de se tourner vers la science, et non plus vers les croyances magico-religieuses, pour expliquer les phénomènes de la vie va s’accompagner d’une perte de sens du monde. Et oui parce qu’il y a des choses qui ne s’expliquent pas. Mais voyez-vous, il est assez insupportable de ne pas maîtriser un sujet aujourd’hui, mieux vaut alors faire comme s’il n’existait pas… Bienvenue dans l’ère du “tout scientifique”. Le truc, c’est qu’on en a quand même un minimum besoin de cette part mystique ; elle nous permet justement d’expliquer l’inexplicable pour ne pas se sentir trop frustré. Cette part “sacrée” va donc être recherchée
en dehors de la banalité du quotidien, et va nous aider à donner du sens à celui-ci. En allant faire des pirouettes avec leur vie en haut des sommets, nos jeunes loups chercheraient donc à recréer un espace sacré, un lieu hors du temps qui les aiderait à mieux comprendre pourquoi ils sont là. On fait face à une sorte de renouveau du mythe, une manière moderne de distinguer l’ordre et le désordre : s’échapper du flot de la vie pour aller là où elle est le plus remise en jeu, tout ça pour en retrouver la saveur. Et oui, rien n’est connu sans son contraire. Le résultat est qu’aujourd’hui on est face à une recrudescence de la pensée symbolique et cette extirpation du quotidien dans l’extrême en est une facette. On va chercher ailleurs ce qu’on ne comprend pas ici. D’ailleurs nos amis de la pente raide ne sont pas les seuls à s’y référer. Une part mystique se cache en effet dans les activités les plus concrètes : le voyage à la Into the wild, la prise de drogues, les savantes expérimentations sexuelles auxquelles certains se soumettent sont autant de tentative de déconnexion avec le réel. Après une perte de cette sphère spirituelle dans nos sociétés, on peut donc aujourd’hui affirmer qu’elle reprend du poil de la bête : le succès du film d’Etienne Comar sur les moines de Tibhirines, le triomphe du bouddhisme et des médecines traditionnelles en Occident tout comme l’augmentation de la pratique d’activités extrêmes en sont des preuves concrètes. Je vous laisse, j’ai yoga. Clo
Du monde dans la face Nord de l’Aiguille du Midi. 58 - Comment appelle t-on un nain qui distribue le courrier ?
SON - IMAGE INFORMATIQUE - MULTIMEDIA
30 avenue Ravanel le Rouge - 74400 Chamonix 04.50.53.70.46 www.azimut-chamonix.com
LA POTINIÈRE
CHAMONIX MONT-BLANC
Brasserie située en plein cœur de Chamonix Incroyable panorama sur la chaîne du Mont-Blanc
Service non stop de 7h30 à 23h30 Venez découvrir une carte variée qui ravira toute la famille : pizzas, pâtes, spécialités savoyardes et saveurs du monde, crêpes, salades, viandes, fruits de mer…
38 place Balmat, Chamonix - tél : 04 50 53 02 84 - www.lapotiniere-chamonix.com What do you get if you cross a snake and a lego set? - 59
Tilicho Peak, Népal, ski à 6 600m
After months of field study and poring over dozens of books, Ernest finally wipes his brow and is ready to share the findings. Kings of the slopes? It’s all bullshit! Our heroes of the steeps are not as strong and indestructible as we once imagined, but are just little lost souls on the search for an alternative to Prozac. Alright, it might be more complicated than that…
Maybe it’s the search for a connection between oneself and a reality that eludes us a little more every day, beyond technical prowess. If the extreme is the subject of so much talk, it’s because it puts us in direct connection with our mortality. Social recognition, self-esteem, but above all, a search for some sort of meaning. The people we are talking about are not so much stars of the big screen, more like wild creatures for whom the challenge is a bit more than the race to the finish line. Your friend Ernest will try to explore the phenomena of toying with death in the game of life.
Wrapped up in cotton wool So-called “risks” are not unique to contemporary society. In any given society or at at any given time, risk has always existed. Albeit in different forms and for different reasons. This has intrigued Ernest’s curiosity, and not 60 - Comment appelle t-on un nain qui distribue le courrier ?
just because extremes define the backdrop of the valley and extreme activity is in high demand. What’s going on? Leaving aside the exponential development of our technical equipment and the steadfast deterioration of our psychological barriers (the demystification of the slope, according to faithful extremists), what is driving us? Are we bored? What takes us from the clinical world of the pampered child to a world where we want to hurtle down slopes at breakneck speed? Modern society is so obsessed with safety and cleanliness that there is no room left for sensation. A single puff on a cigarette will kill you and if you drive above the speed limit, you’re going to jail. Wrapped in a warm sticky substance, you let yourself be
lulled into the sweet rhythm of uber-hygiene and hyper security in your risk free world. Our modern capitalist society leaves little room for individualism. Pull on your jeans, drink your coffee, go to work, live the same life as Joe Bloggs next door and everything will be fine! Extreme sports are a breath of fresh air and bring a bit of the extraordinary into the monotony of everyday life.
Need a shot? Living in our protected world, we end up feeling nothing. The only way to escape this sensory deprivation is to increase risky behavior – anything to get kicks. But then we get used to things and we want higher doses and we want them faster. Order and disorder are two sides to the same coin: to understand one we must experiment with the other and vice versa. To understand daily life fully, we must turn it on its head. So we break the rules, defy the logic of space and time and recreate a world that has more meaning to us. One doesn’t need to be an antisocial rebel to feel these needs, simply being limited in your daily efforts or bound by rules that don’t define who you are is enough to create a yearning to take part in activities where one’s limits will be pushed. Is flirting with death a new phenomenon? Surely our ancestors, the mammoth hunters, would not have felt the need for any additional adrenalin rush. But it would appear that most “traditional” societies would have, at times, displayed behaviour not unlike today’s extreme sportsmen. Rites of passage are often characterized by extreme physical and mental suffering. To what ends? Well maybe they are an attempt to control death, to reassure ourselves by demonstrating our superiority over it, our control of it.
A little mysticism… On the road to sensation, risk can be translated in reality as putting a little sugar in your coffee, if you know what I mean. It’s a way to make sense of things. But where do these fuzzy thoughts come from, you ask? Ernest looks towards Mrs. Sun… Today’s explanation of the phenomena that surround and shape us follow that whatever is “scientifically”
proven is true. Suddenly everything that happens that is not explained is swept under the mat. Just look how death is treated today: sick people and the elderly are pushed to the margins and ignored. Still, the spirituality inherent in human beings has not disappeared, it has just been smothered. It’s not uncommon to see people who no longer know where they stand. Max Weber warned us: it’s all the fault of the “disenchantment of the world.” We told you it’d be mystical! Well actually, says Max, by turning to science and not to the magical-religious beliefs to explain the phenomena of life, you will lose the sense of the world. And yes there will be inexplicable things. And yes, it’s unbearable to leave a topic unmastered today, almost to the point that it’s better to ignore it... Welcome to the era of “all scientific.” The trick is to use a minimum level of mysticism to allow us to precisely explain the inexplicable so that we don’t feel too frustrated. The “sacred” part will then be sought after in the banality of everyday life, and will help us make sense of it all. Then our young who risk their lives at the tops of peaks would recreate a sacred space, place, or time to help them understand why they are there in the first place. It’s a revival of the myth, a modern way of distinguishing order and disorder: escape from the flow of life to get to where life comes into play, find the flavor. And yes, nothing is learned without its opposite, without flipping it on its head. The result is that today “Et le Nant blanc, c’est raide ?” we face a resurgence of symbolic thought and the extirpation of everyday life by our extreme activities. We will seek elsewhere what they do not understand here. Besides, our friends on the steep slopes are not the only example. Mysticism lies in the most concrete activities: the trip Into the Wild, taking drugs, sexual experimentation, learning that some people are all trying to find disconnect in reality. After losing the spiritual sphere in our society, we can now confirm that all is not lost: the success of the film about Etienne Comar Tibhirine monks, the triumph of Buddhism and traditional medicine in the West and the increased practice of extreme activities are concrete evidence. Speaking of which, I gotta go - I have yoga. Clo
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images & mots par Nico Ducrot
Comme à son habitude Ernest laisse le clavier à un Chamoniard évadé de la vallée. Pour cet hiver, Nicolas Ducrot, journaliste audiovisuel, nous entraine pour une plongée dans les boues toxiques de Kolontar à l’Ouest de la Hongrie. Du rouge, du rouge partout… Et l’intensité de ce ciel bleu. La première chose qui m’a déconcerté, c’est la beauté du paysage. Quel contraste avec la tragédie qui vient de se dérouler à Kolontar. Ce petit village situé à 150 mètres à l’ouest de Budapest a été victime de la pire catastrophe écologique de l’histoire de la Hongrie. C’est ici que l’un des réservoirs de l’usine d’aluminium MAL (Magyar Aluminium) a cédé le 4 octobre dernier, déversant sur sept villages alentour un million de mètres cubes de boue rouge toxique. Neuf personnes périrent, toutes habitaient Kolontar. La boue s’est déversée à une vitesse folle, emportant tout sur son passage. “C’était comme dans la scène de Shining quand la vague de sang sort de l’ascenseur…”, nous confie Joseph, 20 ans, qui a survécu en escaladant un arbre, “…mais une vague
asphyxiante.” La coulée de boue rouge dégage un mélange gazeux qui attaque les bronches et rend l’atmosphère irrespirable. Ferenc possède la moitié des terres autour de Kolontar. Avec son 4x4, il nous emmène visiter ce qui fut sa fierté : un lac qu’il avait creusé avec ses frères, au milieu de son domaine. Aujourd’hui, le petit coin de paradis se réduit à une sorte de marre rouge ocre. L’émotion se lit dans ses yeux, seule partie visible derrière son masque, à mesure qu’il nous montre l’étendue des dégâts. Nous arrivons à l’extrémité du lac. “C’est ici qu’on a retrouvé ma mère”, explique-t-il, “Elle habitait une des premières maisons du village et on l’a découverte ici, à 2 kilomètres, balayée, littéralement.” What do you get if you cross a snake and a lego set? - 63
Dans le village, la police, les pompiers et les centaines de volontaires venus de toute la région s’affairent à nettoyer les rues et les maisons. Des hordes de ministres déambulent pour répondre aux questions des médias venus du monde entier. La boue a anéanti toute perspective de vie et l’on cherche des responsables. Plus rien ne pourra repousser avant plusieurs années, peut-être des dizaines d’années. Les visages de ceux qui ont été en contact avec la boue témoignent de l’horreur de la tragédie. C’est comme s’ils avaient pris un bain d’acide. Leur visage est à vif et part en lambeaux.
La falaise déchirée mesure près d’une cinquantaine de mètres. On se demande comment les hommes peuvent construire une telle bombe à retardement au-dessus de toutes ces habitations. Aujourd’hui, le patron de l’usine MAL, Zoltan Bakonyi, est en prison. Il nie farouchement les accusations selon lesquelles le réservoir ne permettait pas d’accueillir une telle quantité de liquide. De leur côté, les experts multiplient les hypothèses pour expliquer l’effondrement de la structure. Les pluies torrentielles auraient contribué à affaiblir un édifice mal entretenu et à saturer la capacité du réservoir. D’autre part, les dirigeants de MAL, alléchés par quelques dizaines de Florins, acceptaient de recueillir dans leur réservoir les déchets toxiques d’autres usines des environs.
Chacun cherche à comprendre ce qui a pu se passer. Il faut marcher plusieurs kilomètres à travers une plaine recouverte de 20 centimètres de boue rouge pour rejoindre le réservoir éventré. On se croirait sur Mars. Seule la cime des arbres les plus robustes a été épargnée par le rouge.
En attendant, la moitié de Kolontar est devenue un village fantôme. De nombreux habitants, notamment les familles avec des enfants en bas âge, ont décidé de quitter la région. Le procès des dirigeants devrait commencer courant 2011.
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images & words by Nico Ducrot
As usual, the magazine ‘Ernest’ gives the opportunity to an escaped Chamoniard to write for us. Nicolas Ducrot is a reporter for French TV and takes us for a ride in the toxic mud of Kolontar, Hungary.
Red, red color everywhere… and the bright blue sky of the background. What disconcerted me at first, was the beauty of the landscape which stands in sharp contrast with tragic events that took place in Kolontar. This little village, located 150 kilometers from Budapest, has been struck by the worst ecological disaster of Hungary’s history. It is here that one of the aluminum factory tank’s (Magyar Aluminum) burst on the 4th of October, spilling 1 million cubic meters of toxic red mud over the 7 surrounding villages. The 7 people that died that day were all living in Kolontar. The mud spilled at an incredible speed, sweeping everything away on its path. “It was similar to the movie Shining when the wave of blood comes out of the elevator, but an asphyxiating wave”, says Joseph, 22 years old, who survived by climbing up a tree. The red mudslide emitted a mixture of gas, attacking the chest and rendering the air unbreathable. Ferenc owns half of the land around Kolontar. He drives us with his four wheel drive to what was once his pride and joy: a lake he had dug with his brothers in the middle of his estate. The lake is now, merely, a red brick pond. Emotion can be seen through his eyes, the only visible part of his face behind his mask, as he points out to us the extent of the damage. Arriving at the edge of his lake, Ferenc revealed to us that it is here they found his mother. “She was living in one of the first houses of the village and she was found here, 2 kilometers further, literally swept away.”
In the village, the police, the fireman, and the hundreds of volunteers who came from all around the region bustle around cleaning the streets and the houses. The media came from all over the world and Hordes of ministers wander to answer their questions. The mud has laid waste to any prospect of life and the people who are to blame for the catastrophe are being looked for. Nothing will be able to grow again for years. The faces of those who have been in physical contact with the mud attest to the toxicity of the spill. It is as if they had taken a bath of acid. Their face is bared with skin falling to pieces. Everybody seeks to understand what has happened. You have to walk several kilometers through a plain covered with 20 centimeters of red mud to reach the shattered tank. It is as if you were on Mars. Only the top of the sturdiest trees were spared by the mudspill. The broken dyke measured about 50 meters. How can humans build such time-bombs over all those dwellings? Zoltan Bakonyi, the boss of MAL factory, is now in jail. He doggedly denies the accusation that the tank could not host such an amount of liquid. On their side the experts give endless hypothesis to account for the collapse of the structure. The torrential rains could have saturated the tank which was badly maintained, therefore explaining the disaster. Moreover, the managers of MAL, tempted by more money, agreed to collect, in the tank, toxic waste from other surrounding factories. In the meantime, half of Kolontar has become a ghost town. Many inhabitants, particularly with young children, decided to leave the region. The managers’ lawsuit should start some time in 2011.
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Deslivres.com “Arto Paasilinna ? Quoi ? Mais ils radotent chez Ernest !”. Peut-être, mais pour ceux qui auraient raté le première coche on souhaitait en remettre une couche histoire d’être sûr que vous ne manquiez pas ce maître de l’humour noir. En bon acolyte, Pete Fromm balade une plume humoristique et cruellement réaliste qui nous plaît tout autant. Et c’est encore à l’impeccable deslivres.com que vous devrez le clin d’œil lorsque, vous vous laisserez emporter dans ce noir excitant. “Arto Paasilinna? What? At Ernest they are rambling!”. May be, but for those who missed the last instalment, we wanted to harken back so that you won’t miss this master of black humour. As an accomplice, Pete Fromm uses a humorous and cruelly realistic style that we enjoyed just as much. And it’s still the faultless website deslivres.com that you’ll tip your hat to, when you get carried away with dark excitement.
La douce empoisonneuse
Repéré par Marie Lebrun
, Arto Paasilinna.
La douce empoisonneuse… Oxymore. Occit quoi ? Mort. La douce empoisonneuse est pourtant un roman humoristique. Il démarre fort. Bonne petite Finlandaise, Linnea Ravaska appréhende la venue de trois garçons, dont son neveu, déterminés à prendre sa rente. Il faut dire qu’ils ont des atouts. Saouls, violents et sans scrupules, ces trois personnages sont abjects. Lasse d’être à jamais la victime de ces vandales de l’humanité ou de cette déchéance juvénile qui a l’alcool violent, Linnea décide de s’empoisonner. Bien fait pour les tordus. Toutefois le projet ne suit pas ce sens et l’action s’élève à coups de rebondissements comiques. Avez-vous vu Un poisson nommé Wanda ? Ce film de Charles Chrichton. Et bien il peut vous donner une petite idée du ton adopté par Paasilinna. Un peu sardonique et burlesque. Paasilinna se plaît à installer un climat de violence et le lecteur émet en lisant des remugles de vengeance : “il faut venger Linnea !”. Alors pourquoi plomber à l’excès des pages avec des détails inutiles ? De l’action ! De l’action ! Des cris et des larmes ! Crie-t-on. Tu n’auras pas cela lecteur, Paasilinna est un finaud (il y aurait bien un jeu de mot à faire avec “finnois” mais je ne vois pas), il nous mène au rythme de la vieille dame, la si innocente Linnea. Oui, c’est ça, c’est un rythme de faux innocent. Un livre drôle. 66 - Comment appelle t-on un nain qui distribue le courrier ?
The sweet Poison Cook
, Arto Paasilinna. Spoted by Marie Lebrun
The sweet Poison Cook... A poisoned oxymoron. But The sweet poison Cook is a humorous novel. It starts strong. Good little Finnish woman, Linnea Ravaska dreads the arrival of three boys, including her nephew, determined to take her pension. I must say they have assets. Drunk, violent and unscrupulous, these three characters are despicable. Tired of being forever the victim of these vandals of humanity and juvenile decline which alcahol ignites, Linnea decides to poison herself. Good work for the freaks. However the plot does not pan out this direction and the action starts to twists and turn comically. Have you seen A Fish Called Wanda? This film by Charles Chrichton. And it may give you an idea of the tone adopted by Paasilinna. A little sardonic and burlesque. Paasilinna likes to establish a climate of violence and the reader cries out with the old feelings of vengence: “we must avenge Linnea!”. So why fill the pages with too much unnecessary details? Action! We want action! Crying and weeping! Reader you won’t gonna have it, Paasilinna is a crafty fox , he leads us to the dance of the old lady, the so innocent Linnea. Yes, that’s it, is the beat of false innocence. A funny book.
Indian creek,
Indian creek,
Pete Fromm Spoted by Christian Marchal
Pete Fromm Repéré par Christian Marchal
Parfois, dans nos lectures, il est bon, souhaitable et rafraichissant de ménager des pauses. Par exemple, insérer quelque chose de particulier dans une série de romans. Mais quoi ? Un essai ? Oui, oui un essai… Mais encore ? Des nouvelles ? Certes, certes… Euh… Ben… Un récit ? Mais oui ! Ça c’est la bonne idée, un récit. Mais lequel ? C’est là qu’intervient la chance. Un copain, votre vieille mère, oncle Roger ou votre concierge ou qui vous voulez vous a offert Indian Creek de Pete Fromm. Vous, on peut dire que vous êtes verni ! Pete Fromm était étudiant à Missoula dans le Montana ; nageur et aspirant maître-nageur aussi, pas très bien fixé sur ce qu’il voulait faire. Il en est venu, un peu par hasard mais pas seulement, à accepter un boulot consistant à surveiller deux millions d’œufs de saumons dans les montagnes Rocheuses aux confins de l’Idaho et du Montana. (Si vous croyez que je vais vous dire où c’est…) “La route la plus proche se trouvait à quarante miles, l’être humain le plus proche à soixante miles” Donc, le gars Pete va passer sept mois seul sous sa tente sous des monceaux de neige par moins vingt, moins vingt-cinq. Indian creek est le récit de ce long hiver. Et c’est tout simplement épatant. Il y a des épisodes marquants, bien sûr : la chasse au puma, l’ultime combat du lynx et du cerf, l’éclipse, l’équipée du père et du frère essayant vainement de le rejoindre à skis, la maladie… Et… L’arrivée du printemps… Mais il y a aussi, et surtout, l’apprentissage de la nature par un jeune américain urbain, la dépression devant l’ampleur de la solitude, puis la crainte, voire la hantise de la rompre. Euh, sans vouloir vexer, c’est pas un petit peu ennuyeux des fois ton truc là, Indian creek ? Et le talent du conteur, qu’est-ce que tu en fais hein ? Et son humour ? Ah ben pardon ch’avais pas En plus, Fromm nous gratifie d’une postface très éclairante sur le livre et sa genèse. Sympa non?
Sometimes in our reading, it is good, desirable and refreshing to have special breaks. For example, add something different between a series of novels. But what? A test? Yes, yes a test... What else? News? Certainly, certainly... Uh... Well... A story? But yes!That’s the right idea, a story. But which one? This is where the luck comes in. A friend, your mum, your Uncle Roger, your concierge or whoever gave you Indian Creek by Pete Fromm; to them you can say that you were lucky! Pete Fromm was a student in Missoula, Montana; aspiring swimmer and lifeguard too, not quite set on what he wanted to do. He came, pretty much by chance, to accept a job of monitoring two million salmon eggs in the Rocky Mountains on the borders of Idaho and Montana. (If you think I’ll tell you where it is...) “The nearest road was at forty miles, the closest human being sixty miles”. So, this guy Pete goes to spend seven months alone in his tent under heaps of snow in less than twenty, twentyfive degrees. Indian Creek is the story of this long winter. And it’s just amazing. There are significant events, of course: hunting cougar, the ultimate battle of the lynx and deer, the eclipse, the escapade of father and brother trying vainly to reach him on their skis, the illness... And... The arrival of spring... But also, and above all, there is learning from nature by a young urban American and depression from the magnitude of the loneliness then the fear, or the fear of breaking it. Uh, no offense, but is this stuff not a little boring at times, Indian Creek? And talent of the storyteller, what do you do eh? And humour? I have not been very merciful. In addition, Fromm gives us a very illuminating afterword on the book and its creation. Nice no?
Des conseils, des découvertes, un libraire Advises, discoveries, library www.deslivres.com téléphone : 04 72 07 97 44 email : lelibraire@deslivres.com What do you get if you cross a snake and a lego set? - 67
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Les bières de récup’ de l’après-ski n’arrivent pas au bout de ces vilaines courbatures. Vous vous sentez des jambes lourdes tel Marielle Goitschel, mais n’osez pas franchir le cap de la jouvence de l’Abbé Soury ? À moins que ce soit votre dos qui soit fatigué des sessions hot-dogging ? Ne cherchez pas plus loin, Ernest a la solution : une bonne session d’étirements. Nous vous proposons ici trois mouvements, des étirements passifs, très faciles à réaliser mais suffisants pour bien entretenir votre petit corps. Ils ne peuvent être que bénéfiques, alors pour booster un peu vos performances sportives prenez le temps de vous étirer. Après ski beers don’t seem to be making those aches and pains go away as easily as before… Do your legs feel as heavy as Marielle Goitschel’s , but you’re not quite ready yet to take cod liver oil tablets? Unless it’s your back that’s tired of hot dogging sessions… Don’t look any further, Ernest has the solution for you: a good ol’ stretching session. First of all we suggest 3 mouvements, passive stretches, very easy to do but still effective enough to keep your little body in shape. They can only be beneficial, so, to boost your sporting performances, take time to stretch.
! s! ps tight r o u c e in te A ryon s u e j en , ev de e on n o m le M Co t u o ez t All
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mouVement N°1 : À faire après le ski. Allongez-vous sur une table, les fesses bien au bord. Ramenez un de vos genoux contre votre poitrine, l’autre pied reste posé au sol ou dans le vide. Pour changer de jambe, ramenez votre jambe pendante et redescendez doucement la précédente.
To do after skiing. Lie down on a table, with your buttocks close to the edge. Bring forward one of your knees so it touches your ribs. The other foot stays straightened out touching the ground or hanging in the air. To change leg, start to stretch your first leg down again and bring the other one up to your ribs.
MouVement n° 2 : Allongez-vous au sol, jambes tendues contre le mur et les fesses plus ou moins collées, le bassin doit être bien plaqué au sol. Ramenez vos pieds en flexion (vers vous) et rentrez le menton vers votre torse. Cet étirement est un dérivé de la méthode Mézière et vise à étirer l’ensemble de votre chaîne musculaire. Lie down on the ground with your legs stretched out against the wall and your buttocks more or less stuck together, your pelvis should be touching the ground. Flex your ankles and bring your toes towards you whilst making your chin touch your chest. This stretching exercise derives from the Mézière method and aims to stretch the entire muscular chain.
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17-18 fév : biga ranx hip-hop de sainte 5 mars : 12mé + raph ! live paris 10-11 mars : 4 GrOOVE HUMAN BEATBOX ! 17 mars : eklips avril : boney field... big reggae singer !
SOULFOOD 71 RUE DES MOULINS MouVement n° 3 : Allongez-vous au sol, bras en croix, les jambes repliées sur votre torse. laissez basculer lentement vos jambes d’un côté puis de l’autre. Sans décoller le bassin tirez vos genoux vers l’épaule opposée. Lie down on the ground with your arms stretched out on either side, and with your legs bent up against your chest, move them from side to side, left to right. Always remember to keep your pelvis touching the ground.
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“Ne te laisse jamais embrasser par un homme sans moustaches ; ses baisers n’ont aucun goût, aucun, aucun, aucun ! Cela n’a plus ce charme, ce moelleux et ce… poivre, oui, ce poivre du vrai baiser. La moustache en est le piment.” Boul de Suif. Guy de Maupassant. Il fallait bien un homme de la grandeur de Maupassant pour ouvrir cette rubrique. Oui parce que chez Ernest, la moustache c’est sacré, et depuis belle lurette ! Elle est portée avec fierté par l’élite de la rédaction et cela bien avant cette farce de Movember! Allez à vos ciseaux les intellos, on vous offre une fois de plus de quoi avoir la classe. “Never let yourself be kissed by a man without a mustache; their kisses have no flavor, none whatever! They no longer have the charm, the mellowness and the snap –yes, the snap– of a real kiss. The mustache is the spice. ” Boule de Suif. Guy de Maupassant A man of the size of Maupassant was needed to open this section. Because at Ernest the mustache is sacred and for ages! She’s worn with pride by the elite of the editorial staff and that well before this joke of Movember!
1.
Choisissez bien attentivement votre moustache selon le programme de votre soirée. Découpez soigneusement selon les pointillés. Choose very attentively your mustache according to the program of your evening. Cut carefully according to dotted lines.
2.
Collez entre votre nez et votre bouche le modèle désiré. (Croyez-nous une bonne colle reste la meilleure alternative). Des variantes concernant le lieu de collage peuvent être envisagées, les plus fins drilles savent déjà de quoi je parle. Paste between your nose and mouth the desired model. (Believe us a good glu remains the best alternative). Variants on the place of sticking can be envisaged, the finest fellows already know what I’m talking about. 3.
Ne faites rien vous êtes parfait. Allez donc distribuer un peu de piment de baiser. Don’t do anything you’re perfect. Thus go to distribute a little pepper of kiss.
fig.1 // Scotland Yard
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fig.2 // Wario Porn
fig.3 // Hulk Hogan
fig.4 // La brosse à dents
fig.5 // Général Chaplin What do you get if you cross a snake and a lego set? A boa constructor - 73
Flora
Et oui, si vous êtes l’une des rares personnes à avoir commencé Ernest dans le bon sens vous venez d’arriver à bout de cette nouvelle formule et toute l’équipe espère sérieusement que vous refermez la bête avec un rictus d’approbation. Bon et en attendant que l’on se remette au turbin, Ernest compte sur vous pour que vous fassiez vivre cette foutue cuvette. Laissez tomber les boissons énergétiques, mettez-vous au sport et titillez les Scandinaves ! Et surtout n’oubliez pas de vous en évader un peu, vous n’en reviendrez que meilleurs. Allez, sioux soon ! Comme d’hab on se croise en tenue d’Ève et d’Adam. And yes, if you’re one of the few who have opened Ernest in the right direction you will easily get to grips with this new formula.We at Ernest hope that when you shut this beast it is with a grin of approval. Good, and before one gets back to the daily grind, Ernest is counting on you to bring life to this god damn bowl. Forget energy drinks, get sporty and tease the Scandinavians! And don’t forget that if you escape a little, you will return better. Cheerio! See you soon, as usual in our birthday suits.
74 - Comment appelle t-on un nain qui distribue le courrier ? Un nain-posteur.
“Alors à quoi ça sert la frite, si t’as pas les moules”. A. Bashung