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Face à l’urgence climatique : la biodiversité
Le 22 mai dernier, comme depuis 22 ans, se tenait la Journée mondiale de la biodiversité. De quoi s’agit-il et pourquoi est-il fondamental de la protéger ?
Un stage pour une écologie en actes
Si l’urgence de lutter contre le réchauffement climatique est évidente, passer à l’action peut parfois s’avérer difficile. C’est pour cela qu’à l’UNSA Éducation, nous avons mis en place une formation « Écologie en actes ». Fidèle à nos mandats, elle sert à éclairer les enjeux et les problématiques liés au réchauffement climatique mais aussi à réfléchir ensemble, avec tous les personnels des métiers de l’éducation, à la mise en place de projets au sein des établissements scolaires. Ce stage se constitue de deux parties :
La première permet d’approfondir ses connaissances sur le sujet via un jeu conçu par le GIEC, « La fresque du climat ».
La seconde donne un ensemble de textes et de ressources pour travailler sur l’écologie en respectant les programmes et permet de voir comment mettre en œuvre concrètement des projets dans les établissements.
e concept de biodiversité concerne toutes les composantes du monde vivant. Il désigne toutes les formes de la vie sur Terre et les interactions entre ces formes de vie. La biodiversité, c’est la vie. Or, celle-ci se meurt de plus en plus, nous - l’Humanité inclus. En effet, selon le dernier rapport du GIEC, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, le changement climatique entraîne une « forte perturbation » de la biodiversité dans toutes les régions du monde. Pour la première fois, des extinctions d’espèces ont été attribuées au changement climatique. En 2022, 50% des espèces vivantes étudiées sont déjà en train de migrer pour fuir les impacts du changement climatique. Si celui-ci se poursuit au même rythme, le GIEC prédit qu’un tiers des espèces pourrait disparaître d’ici 2070. La transformation des écosystèmes et la perte de la biodiversité auront de forts impacts sur les sociétés humaines, car une chose est sûre : malgré nos avancées technologiques, nous dépendons entièrement d'écosystèmes sains et dynamiques pour
Les enjeux écologiques
Parmi les priorités des politiques d’éducation,d’enseignement supérieur et de jeunesse pour la France, 20% ont répondu les enjeux écologiques.
Lnotre eau, notre nourriture, nos médicaments, nos vête ments, notre carburant ou notre énergie, par exemple. Il a été prouvé en revanche que la perte de biodiversité pouvait étendre les zoonoses, c’est-à-dire les maladies infectieuses transmises par les animaux aux humains, alors qu’au contraire, si nous gardons la biodiversité intacte, elle offre d'excellents outils pour lutter contre les pandémies, comme celles causées par les coronavirus. Ainsi, protéger et restaurer la biodiversité représente la réponse à plusieurs défis du développement durable. Face à l’urgence climatique, la biodiversité offre d’innombrables ressources, tant au niveau local que mondial. Cependant, le GIEC révèle que les efforts actuels sont très insuffisants, tout en précisant qu’il existe pourtant des solutions dans toutes les régions et tous les secteurs. Les obstacles cités par le GIEC sont notamment le manque de volonté politique, le faible engagement des citoyens et des citoyennes, et du secteur privé ainsi qu’un « sentiment d’urgence faiblement ressenti ». Dans les esprits, l'urgence se conjugue toujours autant au futur alors qu'elle est bel et bien un enjeu imminent et présent. Nous ne sommes pas dans une projection concernant l'avenir, nous sommes dans un constat quant au présent. L’UNSA Éducation considère qu’un autre modèle doit émerger. Notre projet syndical est un projet de société : il vise la nécessaire et urgente transition écologique pour un monde plus juste et solidaire mettant l’humain et son environnement au cœur. Nous souhaitons vivement que le rapport du GIEC soit pris au sérieux. Rémi Ferrières
Si vous souhaitez faire cette formation, n’hésitez pas à contacter le secteur Société : societe@unsa-education.org remi.ferrieres @unsa-education.org

La résistance des femmes afghanes face aux talibans : le courage contre la répression

Il n’aura fallu que quelques jours en août dernier pour que les talibans s’emparent du pouvoir en Afghanistan et seulement quelques mois pour qu’ils mettent en place une répression aussi brutale qu’inacceptable contre l’ensemble des droits humains et plus particulièrement contre ceux des femmes.
U
ne situation grave et inquiétante
Le sort des femmes afghanes est aujourd’hui très éloigné des premières promesses des talibans d’un gouvernement plus « inclusif ». Dès septembre dernier, le ministère afghan de la condition féminine avait été remplacé par un ministère pour la promotion de la vertu et de la prévention du vice dont la mission est de faire respecter la loi islamique. Exclues tout d’abord du pouvoir politique, puis privées d’emploi, les femmes sont désormais empêchées de toutes pratiques sportives et de déplacements. Les filles sont quant à elles privées d’éducation et d’études, cloitrées dans leur foyer sans aucune perspective d’avenir.
Des femmes qui ont déjà souffert du régime taliban
Pendant 5 ans, de 1996 à 2001, les femmes avaient déjà subi une forte répression insoutenable mais, 20 ans plus tard, le cauchemar semble de nouveau bien réel. En effet, voulant appliquer leur vision de la charia, les talibans privent progressivement les femmes de tous leurs droits. Ainsi, depuis le 7 mai, ils ont imposé le port du « tchadri » (autre nom de la burqa) aux femmes. Elles sont incitées à rester chez elles et les déplacements extérieurs ne sont plus possibles sans la présence d’un homme de la famille. Les femmes sont désormais pratiquement à l’état de prisonnières.
Les femmes journalistes obligées de se voiler le visage
Les présentatrices des grandes chaînes de télévision ont tenté de résister à cette loi en continuant à montrer leur visage au public lors des journaux télévisés. Mais le ministère de la promotion de la vertu et de la prévention du vice a immédiatement réagi en faisant pression pour que toutes les femmes récalcitrantes obtempèrent. En signe de solidarité avec leurs consœurs, les hommes journalistes ou employés de ces mêmes chaînes ont couvert leurs visages d’un masque. Cela montre qu'il existe des oppositions dans la société afghane.
La résistance s’organise pour l’éducation des filles
Des écoles secrètes et cachées ont vu le jour pour tenter de résister à la répression. Une chaîne de radio diffuse également les programmes scolaires pour permettre aux filles de suivre les cours de chez elles. Mais combien de temps la résistance parviendra-t-elle encore à se maintenir ? L’UNSA Éducation réaffirme son soutien au peuple afghan dont les droits fondamentaux doivent être respectés. Notre fédération continuera à témoigner sa solidarité envers toutes ces femmes et ces filles dont les droits sont bafoués du fait de leur sexe. L’UNSA Éducation s’engage résolument pour la défense des libertés et la promotion du respect du droit à l’éducation partout dans le monde et surtout des filles afghanes aujourd’hui privées d’éducation afin qu’elles ne soient pas oubliées.
Carine Aoun-Boudot
@carineaoun1 carine.aoun-boudot @unsa-education.org
Pratiques sportives, associations de jeunesse et laïcité
Renforcer le contrôle et mieux former
Deux documents importants sont parus récemment au sujet des liens entre les pratiques sportives et la laïcité : le premier est un rapport de l’IGESR sur le communautarisme dans les associations sportives et de jeunesse ainsi que dans les structures d’accueil des jeunes. Le second est le vademecum du Conseil des sages de la laïcité intitulé « Liberté d’expression, neutralité et laïcité dans le champ des activités physiques et sportives ». L’UNSA Éducation fait le point sur leur contenu.
e rapport de l’IGESR sur le communauta risme dans les associations sportives L et de jeunesse
Ce rapport, daté de juillet 2021, est en réalité paru récemment fin avril 2022. Il s’agit d’une mission thématique qui fait suite à l’assassinat de Samuel Paty par un islamiste radical en octobre 2020. L’introduction du document explique clairement les phénomènes de communautarisme en insistant sur leur visibilité surtout en ce qui concerne les manifestations religieuses, et en premier lieu en lien avec l’Islam. Il est en particulier souligné que toutes les structures font face à des demandes, tensions ou pressions de ce type, que ce soient les associations locales ou bien les clubs sportifs professionnels. Ces structures s’accompagnent souvent d’offres multi-services (comme les aides aux devoirs, séjours de vacances, etc.) qui tentent de combler les carences du service public sur certains territoires en usant du communautarisme. Quelle est la nature des demandes ? C’est avant tout la prise en compte du ramadan, le refus des douches ou la volonté d’avoir la possibilité de prière. Dans des cas plus rares, il y a également le refus de la mixité. Cela s’explique trop souvent par une vision et une définition de la laïcité qui sont déficientes : en effet, on laisse certaines pratiques s’installer par méconnaissance du cadre juridique de la laïcité, mais aussi faute de moyens humains bien formés sur ces thématiques. Le rapport pointe du doigt également des pratiques électoralistes qui favorisent l’expression de demandes communautaristes. Le rapport contient plusieurs recommandations dont certaines ont été prises en compte dans la loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République. Un contrôle accru des structures est enfin souhaité, ce qui au vu des nombreux constats, semble légitime. Le vademecum du Conseil des sages
de la laïcité
Quelques semaines plus tard est paru en mai un nouveau vademecum du Conseil des sages de la laïcité portant sur les pratiques sportives. À l’image des précédents documents de ce type, on doit souligner la grande qualité de ce texte qui permet d’avoir des réponses concrètes sur un ensemble de sujets qui font parfois l’actualité : on trouve ainsi une fiche très pratique sur la question du port du burkini dans les piscines municipales. Plus globalement, ce texte fait l’état de la question, en insistant sur le principe de neutralité, propose des fiches sur des thématiques essentielles, par exemple « liberté de conscience et liberté d’expression dans le champ du sport » et enfin des cas concrets sont décryptés en proposant les solutions adéquates. Ce document sera très utile pour tous les enseignants et enseignantes de sport, les personnels des associations sportives et de jeunesse mais aussi celles et ceux qui souhaitent défendre la laïcité dans tous les sports. L’UNSA Éducation conseille vivement la lecture de ces deux documents qui offrent un état des lieux de la question laïque dans le milieu sportif. Ils appellent avant tout à une meilleure formation de tous les personnels sur ce sujet, ce que notre fédération revendique également. Des améliorations dans ce domaine ont eu lieu récemment, mais il est essentiel de généraliser les bonnes pratiques et de mieux former encore afin de faire de la laïcité dans le sport, un principe émancipateur et qui favorise l’égalité de toutes et tous.
Benoit Kermoal
@enklask1 benoit.kermoal @unsa-education.org
Le rapport de l’IGESR : www.education.gouv.fr/les-phenomenes-de-communautarismedans-les-associations-sportives-et-de-jeunesse-les-accueils-341085 Le vademecum du Conseil des sages : www.education.gouv.fr/le-conseil-des-sages-de-la-laicite-41537
Revalorisation des salaires : c’est notre tour !
L’UNSA poursuit sa campagne Urgence salaires. Elle revendique une hausse de 10% du point d’indice pour les agents publics. Elle réclame également une augmentation générale des salaires dont une revalorisation de 10% du SMIC.





En décembre 2021, l’inflation en France a atteint 2,8% sur un an. Près de la moitié provient directement de l’augmentation du prix de l’énergie. Carburants, électricité et gaz ont augmenté de 28,8% en un an dans la zone Euro. Les coûts du logement et les prix des produits alimentaires de première nécessité ne sont pas en reste. Cette inflation érode le pouvoir d’achat. Il est le premier sujet de préoccupation des Français. L’enquête de l’UNSA « Primaire sociale » alerte depuis plusieurs mois sur la montée d’une colère sourde, froide et explosive dans la population. La stagnation des salaires et des rémunérations est scandaleuse socialement, suicidaire économiquement et désastreuse politiquement. Les bourses des étudiant·es et les pensions des retraité·es ne doivent pas être oubliées. L’UNSA n’aura de cesse de le répéter : pouvoir d’achat, rémunération, vie digne, conditions de vie et de travail doivent faire l’objet d’une attention constante de la part de nos dirigeants et déboucher rapidement sur des avancées concrètes dans la vie des travailleurs. En faire un élément de cosmétique électorale est une offense faite à ces derniers. Augmentation des minimums de pension, du point d’indice salarial, revalorisation des salaires et du SMIC ne sont pas un luxe, mais bien une priorité tout au long de l’année.
Pour signer la « Pétition point d’indice » flashez le QR Code ou saississez ce lien, ci-dessous, dans votre navigateur : www.unsa-fp.org/article/Demande-de-revalorisation-du-point-d-indice
Stéphanie Valmaggia-Desmaison
@secteurComm stephanie.valmaggia@unsa.org
Qui se soucie de bonheur dans le système éducatif ?
En 2022, seuls 26% des 42600 répondant·es au 10ème Baromètre des métiers de l’éducation UNSA se satisfont de leurs conditions de travail. Et si on interrogeait les enfants et les jeunes, combien seraient-ils à se satisfaire de leurs conditions d’études ? Si le système éducatif français prépare le bonheur public de demain, il apprend d’abord aux futurs citoyens le respect des règles et le sens de l’effort. Que fait-il du bonheur en son sein ?
Jean-Pierre Véran et Jean-Louis Durpaire répondent ensemble à deux questions posées par Béatrice Laurent
e bonheur semble peu compatible avec une forme scolaire consolidée au fil des siècles, avec un mo-C dèle d’enseignement fortement transmissif, avec une organisation solidement contrôlée et hiérarchisée du ministère à la classe, avec des destins scolaires corrélés à l’origine sociale. C’est tout le sujet de l’ouvrage « Le bonheur, une révolution pour l’école ». Analyse du présent, retour sur son évolution au cours des soixante dernières années, et nombreuses bulles de témoignages d’acteurs et actrices optimistes. Inspirant.
Pourquoi avoir choisi un titre si provocateur ? Le bonheur serait-il inexistant dans le système éducatif actuel ?
Nous avons voulu souligner, dès le titre, le paradoxe de notre système éducatif. Nous montrons qu’au cours des 60 dernières années, de multiples évolutions tendent à faire entrer la vie à l’École, à favoriser l’expression des élèves, à encourager l’initiative des acteurs de terrain, à dépasser l’évaluation sanction, à approfondir le dialogue avec les familles. Mais ces évolutions se heurtent à une idéologie scolaire tellement prégnante que, en ce mois de mai 2022, un grand journal consacre une page aux lycéens en burn-out face à la pression scolaire. La révolution du bonheur à l’École demeure un objectif à atteindre, tant l’École reste héritière d’une histoire ancienne où l’obéissance et le silence des élèves et des personnels comptaient plus que leur bien-être.
Comment le système éducatif peut-il mettre le cap sur le bonheur ? Avec quelles priorités ?
Nous nous sommes employés à ne pas en rester à une analyse des difficultés du système éducatif ou à une vision abstraite de l’avenir ; nous avons tenté de dessiner cette École du bonheur à travers un certain nombre de critères précis. Par exemple, repenser les contenus des apprentissages réalisés durant la scolarité obligatoire en valorisant la notion d’interdisciplinarité, notamment au collège, en intégrant les expériences extrascolaires ; ou revoir la forme scolaire en donnant davantage de souplesse aux conditions dans lesquelles l’élève apprend. Pour que l’École devienne une École du bonheur, il faudrait que chaque acteur se sente réellement porteur d’une mission : faire des élèves de futurs citoyens capables de transformer le monde. Cela passe par davantage de confiance au sein des équipes d’établissement, donc une transformation des modes de gouvernance, par une capacité d’innovation. Nous donnons l’ exemple de l’action documentaire ; nous invitons les équipes à en faire un « laboratoire culturel, éducatif et cognitif pour l’établissement » : la traduction en actes de cette proposition prendra des formes diverses selon les lieux ; mais en tout cas, elle commencera par une réflexion et un projet ; ici, ce sera une transformation d’un CDI à l’ancienne en un centre de connaissances et de culture, plus ouvert, plus accessible, conférant des responsabilités de gestion et d’animation aux élèves eux-mêmes ; ailleurs, on repensera en profondeur la démarche pédagogique en intégrant l’accès à l’information et son traitement comme moteurs d’accès à la connaissance.



Quant aux priorités pour que cette École du bonheur advienne, nous disons qu’en premier il faudrait définir un cap : l’École est un espace de vie pour près de 15 millions de personnes ; comment faire en sorte que cet immense ensemble vive en harmonie, que les adultes soient des passeurs de connaissances aux élèves avec le souci qu’ils acquièrent à l’École les ressources nécessaires pour construire une société pacifiée et heureuse et qu’eux-mêmes tirent bénéfice de ce qu’ils accomplissent ? Une fois ce cap affirmé, il faudrait rassurer les personnels en redéfinissant leurs missions : la transmission d’une culture ouverte sur le monde sera essentielle, en travaillant réellement à la création d’un « savoir-relation » : relation entre les disciplines enseignées et les activités éducatives, relation de soi à soi, aux autres, aux savoirs, à notre planète.
Béatrice Laurent
@Beaunsaeduc beatrice.laurent @unsa-education.org Inspecteur général de l’Éducation nationale honoraire, Jean-Louis Durpaire expert associé à France Éducation International, est membre professionnel du laboratoire
BONHEURS de CY Cergy Paris-
Université.
Inspecteur d’académie, inspecteur pédagogique régional honoraire, Jean-Pierre Véran, expert associé à France Éducation International, est membre du comité de rédaction de la Revue internationale d’éducation de Sèvres et membre professionnel du laboratoire
BONHEURS de CY Cergy Paris-Université.
Spécialistes de la documentation et de la vie scolaires, ils ont l’un et l’autre activement contribué à la réflexion sur l’éducation aux médias et à l’information, sur les usages et le rôle du numérique dans l’éducation ainsi qu’à l’évolution des espaces scolaires.
« Dis-moi quelle école tu construis, je te dirais quel·les futur·es adultes tu prépares »
Interrogé en 2017 par la revue « Administration & éducation » (Assus Antoine, et Lydie Klucik « Quelle architecture pour l’école de demain ? », Administration & Éducation, vol. 156, no. 4, 2017, pp. 35-40) sur la spécificité d’une architecture scolaire, l’architecte Antoine Assus affirmait qu’« engager une réflexion sur les espaces scolaires n’est jamais anodin » ceux-ci étant encore trop souvent sous tendus « par l’idée que l’enseignement est un théâtre, avec des professionnels face à un public d’élèves » et que l’école est « un lieu où les élèves venaient
absorber des connaissances, assister aux cours, dans une relation inégalitaire
avec un enseignant qui les dominait du haut de la scène ou de l’estrade ».
r ce sont aux nouveaux enjeux éducatifs que doivent répondre aujourd’hui les bâtiments scolaires tant dans leurs constructions que dans leurs rénovations. Des enjeux éducatifs et pédagogiques à l’heure où le savoir n’est plus qu’en classe ; des enjeux écologiques et environnementaux ; des enjeux de bien-être et d’inclusion en partant du « postulat que tous les élèves ont des besoins particuliers », des enjeux de santé, d’hygiène et de sécurité ; des enjeux d’ouverture. 5 familles d’enjeux que met en avant le nouveau site dédié au « bâti scolaire » ouvert le 31 mai 2022 par le ministère de l’Éducation nationale : Bâtir l'école ensemble - Bâti Scolaire (education.gouv.fr) qui « a pour objectif de proposer une banque de ressources partagées et de valoriser les projets répondant à ces enjeux. Les espaces scolaires y sont principalement visités sous l'angle des usages ». Si ces objectifs louables ne sont pas nouveaux et pour l’essentiel déjà mis en évidence depuis longtemps par des travaux de recherche, les demandes des personnels éducatifs, des familles et des élèves eux-mêmes, ils restent d’actualité.
O
Le bien-être et l’accueil de tout·es impliquent également l’ambition d’établissement scolaire assurant l’égalité fillegarçon et ce pas seulement dans les espaces « destinés à la récréation » comme le laisse entendre le document ministériel. C’est pourquoi le Centre Henri Aigueperse a commandité une étude (financée par l’IRES et conduit par l’agence Phare et le Centre Hubertine Auclert) sur le sujet. Elle montre clairement la dimension genrée des espaces scolaires, à commencer par les salles de classes ellesmêmes, particulièrement dans les établissements du

Dans l’édition 2022 du Baromètre UNSA des métiers de l’Éducation, à la question
« d’après ce que vous pouvez constater et parmi les domaines suivants, quelles devraient être les 3 priorités des politiques d’éducation, d’enseignement supérieur et de jeunesse pour la France ? » 16,3% des participant·es répondent « le bâti - l’aménagement des structures scolaires, éducatives et universitaires ». Un pourcentage qui approche ou dépasse les 30% dans les territoires ultramarins (27,3% en Guadeloupe, 28,3% en Guyane, 26% à la réunion, 30,3% en Martinique, 33,3% en Nouvelle Calédonie…), territoires pour lesquels les établissements ne sont pas adaptés aux grandes chaleurs, à l’afflux massif d’élèves en collège (Guyane et Mayotte), sans parler du non-respect des normes antisismiques (à la Réunion ou aux Antilles).


Le rapport commandité par le Centre Henri Aigueperse est disponible ici :
https://centrehenriaigueperse.com/2022/06/01/ le-bati-scolaire-un-enjeu-educatif-et-societal/
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second degré. Deux résultats majeurs permettent, entre autres, d’interroger le lien entre le genre et l’espace scolaire au collège et au lycée. Tout d’abord le fait que « le bâti (et les règles d’usages explicites et implicites qui lui sont associées) n’étant pas envisagé comme un environnement neutre mais plutôt comme un agencement spatial normatif, qui répond aux objectifs de l’institution scolaire », conduit les élèves à « faire avec », « à la fois comme une contrainte et comme une ressource » et donc le plus souvent à reproduire les normes sociales sous tendues par la construction. Ensuite, il s’agit d’appréhender l’espace scolaire non « comme un tout homogène, mais comme l’articulation de différents types d’espaces », aux approches normatives distinctes. Ainsi si « la bibliothèque et la salle de classe s’inscrivent dans les normes de la culture scolaire, marquée par des valeurs d’élitisme (mérite, travail) et d’obéissance ; dans d’autres espaces, comme la cour, la cantine, ou de manière encore plus exacerbée, les escaliers et couloirs, c’est la culture « jeune dominante » qui prévaut, marquée par les codes de la virilité et de la désobéissance ». Des éléments à inclure dans les réflexions menées et diffusées par le ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse pour faire des écoles et des établissements scolaires des constructions capables de porter à la fois des objectifs éducatifs et des enjeux de société.
Ce rapport sera publié et diffusé sous la forme d’un Guide pour les professionnels et les élu·es à la prochaine rentrée par le Centre Hubertine Auclert.

Denis Adam
@denisadamunsa denis.adam @unsa-education.org
