Ufolep 23 bat hd oct 2016

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en jeu une autre idée du sport la revue de l’UFOLEP

Octobre 2016 - N° 23 - Prix 3,50 €

INVITÉE Nadia Bellaoui REPORTAGE Playa Tour

L’ASSOCIATIF AU

DÉFI DU FOOT À 5


édito

Modernes, ensemble !

Mélanie Gallard / Ufolep

Par Philippe Machu, président de l’Ufolep

H

ier, la laïcité était clouée au pilori de la ringardise ; aujourd’hui elle est évoquée comme garantie du vivre ensemble, dans la diversité des populations, de leurs croyances et de leurs modes de vie. Hier, on ne concevait le sport que dans des cadres très contraints et avec des finalités compétitives exacerbées ; aujourd’hui il est invoqué comme gage de bien-être physique et moral et de lien social, source d’emploi et outil d’aménagement des territoires. Hier, l’association semblait s’enfermer dans des cadres formels ; aujourd’hui elle explore de nouvelles formes d’engagement et se risque à porter la voix de la société civile dans le dialogue avec les collectivités territoriales. Ce numéro d’En Jeu foisonne d’exemples attestant de la diversité des offres sportives de l’Ufolep, de la vitalité de son réseau associatif et de son implication sur les territoires, en particulier ceux dits « prioritaires ». C’est sans doute là la meilleure réponse à ceux qui s’interrogent sur sa « modernité »… Une réponse qui s’élabore en étroite concertation avec la nouvelle équipe aujourd’hui à la tête de la Ligue de l’enseignement. Un dernier mot sur les grandes manifestations sportives de l’été, et en particulier les Jeux olympiques, qui ont apporté leur lot d’émotions mais aussi de questions sur leur coût, sur l’hypertrophie de leur couverture médiatique et l’image déformante des pratiques sportives qu’ils offrent parfois. Faut-il alors organiser les JO 2024 à Paris ? Oui, mais à condition qu’ils favorisent l’élargissement de la pratique physique et sportive et de ses bienfaits à tous les publics. Et viennent ainsi appuyer l’Ufolep dans la mission qui est la sienne. ●

coup de crayon par Jean-Paul Thebault

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en jeu une autre idée du sport ufolep n°23


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Ufolep Var

Nadia Bellaoui est le nouveau visage de la Ligue de l’enseignement, mouvement d’éducation populaire dont l’Ufolep constitue le secteur sportif.

REPORTAGE

Pas d’été sans Playa Tour

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Alors que l’Ufolep Playa Tour a fêté ses dix ans, zoom sur l’étape de La Seyne-sur-Mer, dans un département du Var qui n’a pas manqué une seule édition.

6 invitée 9 dossier 15 fédéral Un site internet modernisé ; L’Ufolep et les territoires prioritaires ; Partenariat ANCV ; Le CNEA, conseil juridique pour associations employeurs

18 reportage 20 forum

Regards croisés sur l’Ufolep : un président de comité, une volontaire en service civique, l’historien Patrick Clastres (photo) et le sociologue Pierre Parlebas

DOSSIER

L’associatif au défi du foot à 5

22 formation Quatre exemples de parcours vers l’emploi effectués avec l’Ufolep

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26 réseau DR

Soccer Park – Le Five

Le « five », une invention Ufolep ? VuLuEntendu : Débordements, sombres histoires de football (Anamosa) ; Platoche, gloire et déboires d’un héros français, Jean-Philippe Leclaire (Flammarion) ; Mohamed Ali, Claude Boli (Folio)

DR

Nadia Bellaoui, quel nouveau projet pour la Ligue ?

sommaire

Ligue de l’enseignement

INVITÉE

4 actualité

Ufolep Saône-et-Loire ; À Haute-Goulaine (44), courir est une pratique associative Instantanés : Le bel été des Nationaux Ufolep

28 histoires Les nouveaux temples du football ont éclos à la périphérie des villes.

Après les salles de fitness il y a trente ans, les centres de football à cinq apparus dans les années 2000 ont trouvé leur public. Un mode de consommation du sport qui questionne forcément les fédérations sportives et leur offre associative.

Morceaux choisis : « La passe ! », Ludovic Janvier (L’Arbalète-Gallimard) Je me souviens : Carine Guérandel L’image : « Les pionniers du sport », (BNF / La Martinière)

30 repères

en jeu “une autre idée du sport” est la revue de l’Union française des œuvres laïques d’éducation physique (Ufolep), secteur sportif de la Ligue de l’enseignement Ufolep-Usep 3, rue Récamier, 75341 Paris Cedex 07 Téléphone 01 43 58 97 71 Fax 01 43 58 97 74 Site internet www.ufolep.org Directeur de la publication Jacques Giffard Président du comité de rédaction Philippe Machu Rédacteur en chef Philippe Brenot Ont participé à ce numéro Baptiste Blanchet, Rosemary Paul-Chopin, Adil El Ouadehe, Denis Fabre, Laurence Brien, Philippe Machu Photo de couverture Soccer Park – Le Fives Maquette Agnès Rousseaux Impression et routage Centr’Imprim, rue Denis Papin 36 100 Issoudun Abonnement annuel 13,50 € Numéro de Commission paritaire 1015 K 79982 Numéro ISSN 1620-6282 Dépôt légal Octobre 2016 Tirage de ce numéro 8652 exemplaires

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actualité DR

Le certificat médical valable trois ans

Sportifs licenciés, si vous possédez un certificat médical daté de moins d’un an, pas besoin de le renouveler en cette rentrée : celui-ci reste valide pour trois ans à compter de cette date. En effet, depuis le 1er septembre, et en vertu de la loi du 26 janvier 2016 sur la modernisation du système de santé, en cas de renouvellement d’une licence sportive le certificat médical de non contre-indication n’est plus exigible chaque année mais seulement tous les trois ans. Les autres années, le licencié remplira à l’avenir un questionnaire de santé (disponible à partir de juillet 2017) permettant de déceler d’éventuels facteurs de risques nécessitant, le cas échéant, une visite médical annuelle. Sinon, il attestera auprès de la fédération que tel n’est pas le cas. En outre, ce certificat médical vaudra pour la pratique du sport en général, et non pour une seule discipline, comme c’était le cas auparavant. Pour

certaines disciplines « à risques » comme la plongée, le parachutisme ou la boxe, le certificat médical restera toutefois annuel. Précisons aussi que les activités sportives facultatives proposées dans les collèges et lycées sont désormais dispensées de certificat médical, tout comme les activités d’EPS obligatoires pour lesquelles l’aptitude des jeunes à la pratique du sport est présumée.

possible d’annuler le risque accru de décès lié à une position assise huit heures par jour en faisant au moins une heure d’exercice quotidien (marche rapide ou vélo par exemple). Soit nettement plus que les 2 h 30 hebdomadaires préconisées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Sport au féminin

Le coût de l’inactivité Les problèmes de santé liés au manque d’activité physique ont coûté, à l’échelle du monde, 67,5 milliards de dollars (61 milliards d’euros) en 2013. Soit, selon l’étude parue dans la revue médicale britannique The Lancet (portant sur 93% de la population mondiale), 53,8 milliards de dépenses de santé et 13,7 milliards de perte de productivité. Cinq millions de décès sont également associés à la sédentarité. Mais le coût réel pourrait être plus élevé, car cette évaluation inclut uniquement les cinq grandes maladies associées à l’inactivité physique : maladie coronarienne, accident vasculaire cérébral (AVC), diabète de type 2, cancer du sein et du colon. Selon une deuxième étude publiée dans The Lancet, il est néanmoins

Deux trimestriels dédiés au sport féminin, et dont l’Ufolep est partenaire, viennent de voir le jour : Women Sports (3,90 €) à l’approche très magazine, et Les Sportives (4,99 €), aux affinités plus associatives. Dans le premier numéro de Women Sports (juillet-aoûtseptembre), interviews et dossier de fond (sur les femmes d’influence) alternaient avec des rubriques plus légères (« conso », « people », « business et shopping ») et un sondage sur les sportives préférées des Français, un palmarès au sommet duquel trône Laure Manaudou.

LE FOOTBALL À CINQ, UNE INVENTION UFOLEP ? consacre son dossier du mois, n’a rien de neuf : la preuve, il était pratiqué en

« De 1958 à 1962, à Celles-sur-Belle,

Soccer Park – Le Five

Le football à cinq, auquel En Jeu

j’ai eu comme professeur d’EPS Jacques Lahitte, qui nous faisait pratiquer le

Ufolep avant-guerre ! C’est ce qu’expli-

foot à 5 sur le terrain de handball en

quait en janvier 1967 le grand éduca-

herbe dans l’enceinte du cours complé-

teur de football Joseph Mercier dans

mentaire, le collège d’alors » se sou-

la revue EP&S (n°87) : « Adopté par

vient pour sa part Jean-Paul Thebault,

nécessité, dans l’Indre, dès 1937, par

ancien délégué Ufolep des Deux-Sèvres.

un instituteur, M. Nogrette, le football

Le « five » serait né sur les terrains scolaires.

à effectifs réduits fut de tous temps uti-

Jean-Paul Thebault se rappelle aussi de la visite, « au cours de l’un de nos tour-

lisé par l’Ufolep pour ses compétitions Usep. (…) Un institu-

nois, du journaliste de l’Équipe Gabriel Hanot, ancien interna-

teur particulièrement conscient de la valeur éducative des jeux

tional et ex-sélectionneur de l’équipe de France ». Celui-ci s’était

sportifs collectifs, Henri Gauthier (1), puis, avec lui, Jacques

déplacé en sa qualité de président-fondateur de l’Amicale des

Lahitte, modifièrent, puis expérimentèrent deux formules à 5

éducateurs de football : une amicale dont Jacques Lahitte, décé-

contre 5 et 7 contre 7. » Des formules favorisant la maîtrise

dé en mai dernier à l’âge de 88 ans, était membre. ● Ph.B.

technique, insistait encore Joseph Mercier dans un manuel

(1) L’une des deux coupes nationales Ufolep de football porte son nom. (2) Football, comprendre et pratiquer, Amphora. Décédé en 2010, Joseph Mercier fut notamment entraîneur de l’équipe de France Espoirs.

d’entraînement réédité en 2006 (2).

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Dans le même temps, le n°2 de Les Sportives (également disponible en version numérique) s’intéressait à l’égalité hommes-femmes aux Jeux de Rio et proposait des entretiens et portraits de plusieurs sélectionnées olympiques, dont la basketteuse Sandrine Gruda et une cycliste handisport.

Euro-jackpot pour l’UEFA L’Euro 2016 a généré pour l’UEFA un chiffre d’affaires de 1,94 milliard d’euros. Une augmentation de 34% par rapport à l’édition 2012, disputée en Pologne et Ukraine et qui ne réunissait que 16 équipes (31 matches) contre 24 équipes (51 matches) en France. Ceci pour un coût total de 1,1 milliard d’euros. Une remarquable performance pour une association à but non lucratif qui, en outre, a bénéficié d’une exonération fiscale exceptionnelle sur ses bénéfices, condition imposée au pays hôte ! Lequel pays hôte s’acquittait en retour de la plus grosse partie de la facture, liée à la construction et la rénovation des dix stades de la compétition.

Raidy to Rio

VuLuEntendu DÉBORDEMENTS, SOMBRES HISTOIRES DE FOOTBALL Les treize récits de ce recueil racontent autant de destinées, souvent tragiques. Celle de Matthias Sindelar, funambule juif de la Wunderteam autrichienne suicidé par les Nazis, ou de son alter ego Eduard Streltsov, étoile de l’après-guerre éteinte par le régime soviétique. Ou celle encore d’Alexandre Villaplana, capitaine de l’équipe de France, fusillé à la Libération pour avoir sévi dans la milice. Trois footballeurs pris dans les convulsions de l’histoire. Très politique fut aussi le match Argentine-Pérou, acheté par les généraux au pouvoir à Buenos Aires lors de « leur » Coupe du monde 1978, évoqué ici à travers la figure controversée du gardien de but Horacio Quiroga. Un qualificatif que méritent aussi l’aventure de l’équipe du FLN menée par Rachid Meklhloufi pour promouvoir l’indépendance algérienne et les exactions du commandant Arkan et de ses supporterstortionnaires, au service de l’extrémisme serbe. Quant aux entraîneurs des équipes de Corée des Coupes du monde 1966 et 2010, portés disparus après la défaite de leurs joueurs, ils furent les bouc-émissaires d’un régime totalitaire et paranoïaque. Dans cet ouvrage qui s’intéresse moins au jeu qu’à son environnement, l’agent de joueur Jean-Pierre Bernès et l’ex-président de la Juventus Turin, Luciano Moggi, incarnent pour leur part les malversations du football contemporain. À l’heure de la mondialisation, cellesci alimentent un système où les joueurs sont couverts d’or mais déracinés et sans repères. Comme le nigérian du PSG Godwin Okpara ou le jeune brésilien Breno, enfant perdu qui finira par incendier sa villa munichoise pour obtenir le droit de rentrer chez lui. Finalement, la seule histoire qui finit bien est celle du combat contre l’alcoolisme remporté par Tony Adams, capitaine d’Arsenal et du onze d’Angleterre. Une histoire qui raconte le football professionnel de l’intérieur, tout en « débordant » largement, elle aussi, de l’aire de jeu. ● Débordements, sombres histoires de football, 1938-2016, par Olivier Villepreux, Samy Mouhoubi et Frédéric Bernard, Anamosa, 272 pages, 17,50 €.

Ufolep

PLATOCHE, GLOIRE ET DÉBOIRES D’UN HÉROS FRANÇAIS

Du 6 au 20 août, la 5e édition du Raidy to Go de l’Ufolep a réuni 52 garçons et filles de 14 à 18 ans et de tous milieux sociaux. En cette année olympique, ceux-ci ont achevé leur aventure à Rio, comme en 2012 leurs prédécesseurs l’avaient fait à Londres. Après trois jours en Île-de-France marqués par un parcours en kayak sous le tunnel du canal Saint-Martin à Paris, ils se sont envolés pour une semaine de pratique sportive avec de jeunes brésiliens à Itacaré, près de Salvador de Bahia, avant de partager les émotions de la « tribu » des kayakistes en ligne et de visiter le Club France à Rio. Le film racontant cette équipée est présenté en avant-première samedi 1er octobre à l’auditorium du CNOSF à Paris. Pour s’inscrire : contact@ufolep-idf.org

À présent que le cas Platini, candidat à la présidence de la Fifa retoqué par la commission d’éthique de l’organisation, est réglé, cela vaut-il la peine de se plonger dans sa biographie ? Oui, si, au-delà de l’image facile de l’apôtre du beau jeu broyé par le machiavélique Sepp Blatter, on veut saisir la complexité du personnage. On y comprendra en quoi « Platoche » est largement responsable de sa chute. Jean-Philippe Leclaire, 49 ans, rédacteur en chef à L’Équipe, prouve qu’on peut avoir grandi en admirant le joueur sans rien abdiquer de son sens critique. Sans instruire uniquement à charge, il met en lumière les manœuvres et les compromis d’un Michel Platini devenu sélectionneur, conseiller puis dirigeant, et la légèreté dont il fit parfois preuve. En particulier dans son rapport très particulier à l’argent, davantage motivé par le souci d’être reconnu à sa « juste » valeur que par l’appât du gain, mais qui finira par le perdre. Et tant pis pour la figure romantique du chevalier blanc, empêché de convertir la multinationale du ballon rond à l’éthique et à l’amour du jeu. ● Ph.B. Platoche, gloire et déboires d’un héros français, Jean-Philippe Leclaire, Flammarion, 464 pages, 21 €.

MOHAMED ALI Décédé en juin à l’âge de 74 ans, Mohamed Ali a suscité une abondante littérature. L’américain Norman Mailer fut notamment le chantre de son combat contre George Foreman, en 1974 à Kinshasa. Plus récemment, en France, Frédéric Roux et Alban Lefranc ont approché « The Greatest » à la façon du romancier et de l’essayiste. Claude Boli propose pour sa part une biographie de facture classique mais très soignée, qui s’attache à mettre en évidence l’« engagement en faveur du mouvement américain contre la ségrégation et pour l’émancipation culturelle des Noirs » qui valut à celui qui était né Cassius Clay la médaille de la paix de l’ONU. ● Ph.B. Mohamed Ali, Claude Boli, Folio biographies, format poche, 332 pages, 8,20 €.

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invitée

Secrétaire générale depuis le congrès des 150 ans

Nadia Bellaoui, quel nouveau projet pour la Ligue de l’enseignement ? Nadia Bellaoui est le nouveau visage de la Ligue de l’enseignement, mouvement d’éducation populaire dont l’Ufolep constitue le secteur sportif. Pour quel projet ?

N

adia Bellaoui, vous avez été élue en juillet secrétaire générale de la Ligue de l’enseignement. Après le long mandat de Jean-Marc Roirant (1993-2016), quelle orientation souhaitez-vous lui donner ? Sans attendre mon élection, la Ligue de l’enseignement a identifié un certain nombre de « questions vives » sur lesquelles je sais être attendue. Je citerai spontanément la nouvelle donne territoriale, qui concerne directement notre réseau : comment organiser l’action de la Ligue – et de l’Ufolep – pour répondre aux besoins et aux aspirations des populations dans le cadre de nouvelles grandes régions et d’intercommunalités plus fortes, alors que les financements publics aux associations se déplacent et que les interlocuteurs politiques et techniques changent ? Pour un mouvement présent dans 24 000 communes à travers ses associations locales et structuré au niveau départemental, comment renforcer la coopération et la

D’ANIMAFAC AU SECRÉTARIAT GÉNÉRAL Nadia Bellaoui a été élue secrétaire générale de la Ligue de l’enseignement lors du conseil d’administration qui a suivi le congrès de Strasbourg. Auparavant secrétaire nationale adjointe, elle succède à Jean-Marc Roirant, qui aura assumé cette fonction durant vingttrois ans. Âgée de 40 ans, Nadia Bellaoui est née d’un père marocain et d’une mère alsacienne. Arrivée en France à 16 ans après avoir grandi à Marrakech, elle choisit à sa majorité la nationalité française. Étudiante en droit à Strasbourg, elle participe en 1996 à la fondation d’Animafac dans le but de fédérer les initiatives associatives étudiantes. Cet engagement constituera une passerelle vers la Ligue de l’enseignement. Nadia Bellaoui en intègre le conseil d’administration en 2000, devenant alors présidente du Réseau national des juniors associations. Elle sera ensuite secrétaire nationale en charge de la jeunesse et de la vie associative (2006-2014) puis secrétaire générale adjointe. Nadia Bellaoui préside par ailleurs le Mouvement associatif depuis 2012 et siège au Conseil économique, social et environnemental. ●

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vitalité démocratique ? Pour faire circuler les idées et les projets comme pour offrir de nouveaux services, la transition numérique représente un formidable levier. Elle est devant nous. Il s’agit donc de moderniser les fonctionnements… Notre responsabilité est de prendre en compte l’évolution des comportements des citoyens à l’égard de nos quatre grands champs d’activité  : le sport bien-sûr, l’éducation et la formation, la culture, les loisirs et le tourisme. La demande sociale a changé et nous devons inventer à la fois de nouvelles façons d’associer et de nouveaux modèles socio-économiques. De ce point de vue, l’exemple le plus patent est celui des vacances : il n’y a pas d’avenir pour les longs séjours en colonies de vacances ; en revanche, notre secteur de tourisme social a de beaux jours devant lui si nous réussissons à mieux articuler notre offre de départ en vacances avec les politiques territoriales de loisirs et de cohésion sociale. Vous avez néanmoins complètement réorganisé les services de la Ligue de l’enseignement… Vous faites référence au nouvel organigramme du centre confédéral. Cette réforme, amorcée dès l’an dernier avec la création d’une direction des programmes, répond à la volonté d’orienter plus encore les moyens nationaux vers l’accompagnement du réseau. Car tout se joue, mais tout se perd aussi sur le terrain. Accompagner un réseau comme le nôtre ne consiste pas imposer des conceptions depuis Paris : au contraire, le siège national doit mieux apprendre à se nourrir des fédérations départementales et, à travers elles, des acteurs locaux, pour se rapprocher de l’innovation sociale. Mais nous devons avoir le souci de « modéliser » ces expériences pour les essaimer. C’est pourquoi nous avons notamment créé un « laboratoire » chargé de mener ce travail de repérage et d’engager une démarche de « recherche et développement ». Dans le même temps, nous avons renforcé l’accompagnement de la fonction entrepreneuriale de nos fédérations. Il s’agit à la fois d’intervenir à temps auprès des fédérations qui rencontrent des difficultés et de prendre à bras le corps la question de leur développement économique durable. L’organisation en secteurs a-t-elle vécu ? Nous raisonnions auparavant essentiellement par grands


Ligue de l’enseugnement

champs thématiques : l’éducation et, en son sein, la lutte contre l’illettrisme, etc. L’approche et l’expertise sectorielle gardent toute leur pertinence, mais aujourd’hui les fédérations ont moins besoin d’apports spécialisés que d’une approche stratégique globale face aux enjeux de leur territoire. Notre défi est donc d’articuler les deux, en dialogue avec les responsables départementaux. Et en matière de politique scolaire ? Nous sommes un mouvement complémentaire de l’école : c’est à la fois notre histoire et un positionnement stratégique. Or celui-ci passe par une reconquête des enseignants, car notre lien avec eux s’est distendu. Une réflexion est en cours sur le sujet. Dès la fin novembre, la Semaine de l’éducation que nous organiserons pour renouveler la formule du Salon de l’éducation – dont c’est la 18e édition – prévoit d’ores et déjà un temps dédié à la communauté enseignante innovante. De manière générale, toutes ces questions ne sont pas nouvelles et ont déjà été travaillées par notre mouvement depuis plusieurs années. Le défi, pour notre nouvelle équipe, consiste à accélérer la mise en œuvre de ces orientations à l’occasion du renouvellement générationnel que nous incarnons et qui a été préparé, de manière volontariste, par Jean-Marc Roirant. Au-delà de son mode d’organisation, sur le plan des idées, et notamment de la laïcité, le message de la Ligue de l’enseignement est brouillé, voire inaudible… On peut même parler de désarroi face à un débat public qui instrumentalise ce qui constitue le cœur même de notre identité politique. Car si un sujet est aujourd’hui malmené, c’est bien la laïcité. Beaucoup de voix s’élèvent dans notre réseau pour le regretter : « comment se faitil que la Ligue ne réussisse pas à se faire entendre sur ce sujet ? » Nous avons encore abordé la question il y a quelques jours seulement. Plutôt que de participer à la polémique ambiante, nous voulons être en mesure de porter une voix fondée sur notre légitimité historique et notre capacité à faire.

Justement, la Ligue a fêté ses 150 ans. Cet anniversaire a souligné sa pérennité, mais questionne aussi sa capacité à se renouveler, dans un contexte fort différent de celui qui l’a vue naître. Ne doit-elle pas se réinventer ? La Ligue doit moins se réinventer que se redécouvrir. C’est ce que traduisait le slogan du congrès : « Se souvenir de l’avenir ». Les conceptions portées par la Ligue et son réseau associatif n’ont rien de désuet. On n’a jamais autant parlé de laïcité et d’éducation qu’aujourd’hui ! On n’a jamais autant parlé de proximité, de citoyenneté, on n’a jamais eu autant besoin de la société civile ! Je ne prendrai qu’un exemple, choisi à dessein dans le sport : quoi de plus moderne que le plaidoyer de l’Ufolep en faveur

Nadia Bellaoui : « La Ligue de l’enseignement doit moins se réinventer que se redécouvrir. »

AVEC L’UFOLEP, DES STRATÉGIES COMMUNES « Pour une association sportive, adhérer à la Ligue c’est adhé-

étant la forte implication des bénévoles dans l’encadrement

rer à l’Ufolep. Sauf bien sûr pour les associations scolaires,

des pratiques et des rencontres. La question de la profession-

dont la place est à l’Usep… L’Ufolep représente un tiers des

nalisation ou de la gestion d’équipements sportifs ne se pose

adhérents de la Ligue, et les activités sportives constituent

pas moins avec une grande acuité à l’Ufolep. L’enjeu, pour

l’un de nos quatre principaux champs d’intervention. Le sec-

notre secteur sportif comme pour les autres, est que le renfor-

teur sportif partage d’ailleurs de nombreux questionnements

cement de la professionnalisation ne se fasse pas au détriment

avec ceux dédiés à l’éducation et à la formation, à la culture,

de l’engagement bénévole, jusqu’à décourager celui-ci.

aux vacances. Par exemple : comment toucher les nouveaux

Nous menons par ailleurs des stratégies et des projets com-

publics ? Ou bien : nos associations adhèrent-elles avant tout

muns au plan national. Nous co-organiserons en juillet

pour le service ou parce qu’elles partagent nos conceptions

2017 la deuxième Université européenne du sport, toujours

laïques et humanistes ? Le recours aux emplois aidés est éga-

à Strasbourg. L’Ufolep élabore également avec notre secteur

lement un sujet d’intérêt commun. Nous devons donc favoriser

vacances des séjours à dominante sportive. Et nous favorisons

l’échange d’expériences entre secteurs, afin d’en tirer une stra-

de manière concertée l’engagement des jeunes dans le service

tégie territoriale concertée.

civique, avec en filigrane le souci partagé de régénérer notre

Certes, la pratique sportive a aussi ses spécificités, l’une d’elles

base militante. » ● Juin 2016

en jeu une autre idée du sport ufolep n°21

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d’un « droit au sport », au regard des inégalités d’accès et des enjeux de santé de liés à la sédentarité ? Partir d’un constat, le coût humain et financier pour la société, et décliner ensuite des propositions en direction des décideurs, en portant ce discours au niveau européen avec nos partenaires de l’ISCA… C’est là un parfait exemple de ce que l’on peut faire aussi, en matière de plaidoyer et d’influence, dans les autres champs de notre action. La Ligue de l’enseignement n’en connaît pas moins une érosion préoccupante de son assise associative… Si l’on observe cela sur le temps long, c’est bien plus qu’une érosion : dans les années 1980, la Ligue de l’enseignement fédérait un dixième de la vie associative en France ! Ceci est derrière nous : l’époque de la concentration d’associations au sein de grands réseaux fortement marqués par leur culture politique – les patronages catholiques, ouvriers, laïques – est révolue. Il nous faut, comme nous le faisons, construire une nouvelle identité de fédération d’associations. Les années 1980 marquent aussi le début du grand mouvement de professionnalisation : tandis que nous perdions en effectifs associatifs, nous gagnions en chiffres d’affaires, en nombre de salariés et en impact social. L’équilibre reste à trouver entre l’action menée au profit des publics depuis un siège départemental et la capacité à mobiliser un tissu associatif : ni simple fédération d’associations refusant l’apport de professionnels, ni organisation tournée vers le « tout services ». Des stratégies peuvent-elles être partagées en ce domaine avec l’Ufolep ? L’Ufolep est peut-être la mieux placée pour cela, car dans le sport les associations sont – du fait de la réglementation – beaucoup plus fédérées que dans d’autres domaines. Nous conduisons, ensemble, l’effort de réflexion sur notre identité de fédération associative. Nous savons aussi que la reconquête associative et militante passe par le renouvellement des services rendus aux associations, notamment au regard de la fonction d’employeur : emplois partagés, logiciels de gestion… Nous y travaillons.

L’effritement de la base associative de la Ligue de l’enseignement renvoie aussi à sa faible représentativité sur certains territoires, en particulier les quartiers populaires de banlieue… Notre présence associative est en effet très insuffisante dans les quartiers populaires. Ce n’est pas facile, il y a des freins à lever. Lors de notre université de rentrée, au Pradet (Var), un temps de débat contradictoire – de « controverse » – avait précisément pour thème : « Travailler avec les associations communautaires favorise-t-il le communautarisme ? ». Car la question se pose en ces termes pour une fédération laïque d’associations. Les quartiers populaires ne sont pas des déserts associatifs. Mais souvent ces associations ont un caractère communautaire, au sens où elles sont très liées à l’identité du quartier et à la physionomie de sa population. S’il convient d’instaurer un dialogue avec elles pour s’assurer qu’elles s’inscrivent dans une démarche républicaine, une approche bienveillante est indispensable pour éviter les faux débats. Il est en tout cas inenvisageable d’arriver en plaquant des dispositifs clé en mains. À l’inverse, en dépassant les préjugés réciproques, en nous appuyant sur nos valeurs et notre capacité d’action, nous pouvons participer à ces dynamiques sociales tout en les inscrivant dans notre vocation de mouvement laïque et émancipateur. Cela vaut aussi pour les activités sportives… Cela est particulièrement vrai dans le domaine des activités sportives, comme l’Ufolep et ses comités départementaux le démontrent aujourd’hui à travers leurs actions « sport et société ». L’enjeu est de convaincre ces associations que nous pouvons être une ressource pour elles. Faire avancer les valeurs républicaines, cela passe aussi de manière très concrète par le fait d’offrir des opportunités, des capacités nouvelles aux populations qui souffrent le plus des inégalités sociales. ● Propos recueillis par Philippe Brenot

« Le congrès des 150 ans, fin juin à Strasbourg, a été un beau moment de reconnaissance institutionnelle, avec la présence du président de la République et de la ministre de l’Éducation

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Ligue de l’enseignement

RECONNAISSANCE INSTITUTIONNELLE ET TEMPS COLLABORATIF gement, « se former » au lobbying, « agir » pour diversifier ses publics, oser « la controverse » sur le financement privé des projets d’intérêt général, ou bien encore « découvrir » une association

nationale. Il a également été marqué par les

comme les Savanturiers, qui intervient sur les

conférences vidéo de grands intellectuels comme

mêmes champs que nous et avec qui nous pour-

Régis Debray ou Pierre Rosanvallon, prolongées

rions peut-être envisager des synergies.

en tribune par les interventions de chercheurs

Ce rendez-vous a également permis d’affûter

et d’universitaires. Le cent-cinquantenaire voulait cela.

notre argumentaire sur les thèmes que nous entendons por-

Mi-septembre au Pradet (Var), notre université de rentrée a

ter au cours d’une année 2017-2017 marquée par l’enjeu

constitué le pendant militant, participatif et collaboratif de

des élections présidentielle et législatives. À notre place,

ce congrès un peu particulier. Les trois composantes de notre

nous ferons entendre notre voix. Et le droit au sport pour

identité – laïcité, démocratie, éducation – y ont été abordées

tous fera partie des mots d’ordre de la Ligue de l’ensei-

sous plusieurs angles, dans le cadre d’un programme à la

gnement, à côté d’autres préoccupations importantes pour

carte. Par exemple : « décrypter » les nouvelles formes d’enga-

notre mouvement. » ●

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Soccer Park – Le Five

dossier Le five, une autre idée du foot ?

L’associatif au défi du foot à 5 Après les salles de fitness il y a trente ans, les centres de football à cinq apparus dans les années 2000 ont trouvé leur public. Un mode de consommation du sport qui questionne forcément les fédérations sportives et leur offre associative.

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Son succès interroge la pratique fédérée

Le five, victoire du football en libre-service ?

Face à l’essor des structures payantes de football à cinq, le sport associatif doit-il se montrer plus « flexible » ? Sans vouloir concurrencer le sport marchand sur son terrain, en quoi peut-il s’en inspirer ?

L

es premières structures privées de football à 5 ont fait leur apparition au début des années 2000. Une quinzaine d’années plus tard, le phénomène a pris de l’ampleur et la Fédération française de football estime que deux millions de pratiquants fréquentent régulièrement les 200 centres existants. Dans ces grands hangars situés à la périphérie des grandes villes, des hommes en majorité âgés de 25 à 40 ans viennent profiter de terrains synthétiques aux dimensions réduites, en début de soirée ou le weekend. « Ce concept permet de jouer au foot dans une logique de plaisir, en effectif réduit, donc en touchant beaucoup plus la balle, et en pouvant composer les équipes à sa guise, résume Adil El Ouhadehe, directeur technique adjoint de l’Ufolep. Les pratiquants ont également accès à des équipements de qualité : vestiaires, douches… Et, sur le moment, on peut avoir le sentiment que ce n’est pas si cher. » JEU LIBRE Expertes en marketing, ces entreprises ont parfaitement exploité les faiblesses du sec-

teur associatif  : pratique essentiellement compétitive, manque de créneaux disponibles pour le jeu libre et absence d’espaces de convivialité agréables. «  Le foot à 5 répond à une demande qui n’est pas forcément prise en compte par le système fédéral traditionnel, basé sur des entraînements en semaine et des matchs chaque week-end, estime le sociologue Nicolas Delorme, maître de conférences à l’université de Bordeaux. Il épouse les pratiques “zapping” ou multisports actuelles : on organise un match de foot à 5 entre copains un soir, et une sortie escalade le week-end suivant, sans prendre de licence. On peut y voir un rejet du modèle compétitif au profit d’une pratique ludique, et une volonté d’auto-organisation, sans les contraintes d’un club. » La grande force de ces structures réside aussi dans leur faculté d’adaptation. Certaines ont déjà entamé une phase de diversification avec des terrains de padel (une pratique dérivée du tennis), de squash ou de basket en format 3 contre 3. Surtout, elles proposent une offre qui va bien audelà de la simple location de terrains  : organisations de tournois, d’événements

SOCCER PARK-LE FIVE VS. URBAN SOCCER Deux poids lourds dominent le marché très lucratif du foot à 5, où le coût moyen de location d’un terrain tourne autour de 10 euros par heure et par personne : Soccer Park (qui vient de fusionner avec Le Five et compte désormais 39 centres, pour un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros) et Urban Soccer (30 centres). Des centres indépendants existent également, certains fédérés eux aussi en réseau, par exemple sous la bannière Futbol Futbol. ● B.B.

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ou de séminaires, restauration légère, école de foot pour les enfants, retransmission télé des matchs au club-house, “pro shop” sponsorisé par une marque pour acheter du matériel... À titre d’exemple, le Soccer Club de Vichy propose pour les enfants, garçons et filles, deux formules anniversaires : l’une « 100 % foot » (dont 30 minutes de « foot en folie » où à chaque but marqué le ballon rond devient ballon de rugby, balle de tennis, etc.), et l’autre « multi-activités » (courses d’obstacles, jeux de ballons, relais, épervier, passe à dix…). Diablement efficace. CONVIVIALITÉ Ces centres font inévitablement penser aux salles de sport qui ont fleuri dans les années 1980, et sont aujourd’hui incarnées par les réseaux Club Med Gym ou Amazonia. Notamment pour leur amplitude horaire (même si dans le foot à 5 la tranche 18h-21h est surchargée) et une même volonté d’élargir sans cesse leur offre. On peut néanmoins relever des différences. « Dans un club de gym, on vient pour se dépenser, chacun sur sa machine, pas pour boire un verre après sa séance ou son cours. Alors que l’aboutissement du five c’est la convivialité, avec des espaces conçus pour cela », estime Fanny Sarrail-Brassens, chargée de mission à l’Ufolep et titulaire d’un Master 2 «  Politiques publiques et stratégie des organisations sportives  ». Bien que créés dans un souci de rentabilité, ces espaces de convivialité ont contribué à ce que ces centres ne soient pas de simples lieux de consommation de produit sportif : « Désormais, on y vient plus tôt et on en


Soccer Park – Le Five

L’associatif au défi du foot à 5

Au five, on touche davantage le ballon et l’on compose les équipes à sa guise.

repart plus tard. Parfois, on y vient même juste pour regarder d’autres jouer, comme je l’ai vu à Temple du foot, dans la banlieue de Toulouse. » Contredisant certains clichés, Fanny Sarrail-Brassens estime aussi qu’« il n’y a pas d’hégémonie du masculin, probablement parce que ces lieux se présentent davantage comme des espaces de jeu, à l’image d’autres structures commerciales qui proposent de l’acrobranche ou du paintball. Cela fait évoluer les stéréotypes, parce que les femmes ne sont pas exclues. » Rien n’interdit en effet les équipes mixtes, ni n’empêche un groupe de filles de louer un terrain. Ce qui est plus simple et plus rapide que de créer une section féminine au sein d’un club… S’EN INSPIRER… Dans ce contexte, comment les associations pourraient-elles s’inspirer de cette offre, ou au moins tenir compte des aspirations qu’elle met en lumière ? « Ça n’est pas chose aisée car les collectivités locales sont pour la plupart saturées en termes de créneaux disponibles sur leurs stades ou gymnases, répond Amandine Singla, conseillère technique nationale à l’Ufolep. Or tout le monde veut le créneau de fin d’après-midi-début de soirée. Par ailleurs, la très grande amplitude horaire (parfois dès 5h30, jusqu’à 23 heures) pose problème pour une structure municipale, car il faut du personnel pour ouvrir et fermer. Mais il y a sans doute une réflexion à mener sur le partage d’une salle

entre plusieurs activités par exemple. » « Même si c’est très éloigné de sa culture, le modèle associatif aurait intérêt à s’inspirer de la capacité d’auto-organisation des pratiquants, estime pour sa part Fanny SarrailBrassens, qui souligne le succès du football à 7 en auto-arbitrage proposé à l’Ufolep ou à la FSGT. Cela montre que les pratiquants ne recherchent pas forcément de la technicité et de l’encadrement. On pourrait ainsi tout à fait imaginer que les membres d’un club sollicitent l’appui technique d’un éducateur sportif en début d’année, puis pratiquent ensuite en autonomie. » Un mode de fonctionnement déjà expérimenté par certains comités Ufolep investis dans le développement du « plurisport » (1). Si le five rencontre un tel succès, c’est aussi parce que les footballeurs dilettantes savent qu’ils ne seront pas jugés. « Le “si tu ne viens pas à l’entraînement, tu ne joues pas le match”, c’est dépassé, poursuit Amandine Singla. On voit d’ailleurs qu’en basket, des systèmes d’académie sont proposés aux jeunes le mercredi. Il s’agit d’une pratique encadrée mais sans matchs ou tournois. Ensuite, pour des raisons familiales ou professionnelles, certains adultes ne peuvent venir qu’une semaine sur deux. » Aux associations de s’adapter… … SANS PERDRE SA SINGULARITÉ «  Les associations ont toutefois intérêt à conserver leur singularité, leur raison Octobre 2016

d’être », nuance Fanny Sarrail-Brassens, qui mène actuellement une étude sur les évolutions du modèle associatif : « On peut s’inspirer de l’atmosphère qui règne dans un centre de foot à 5, où les pratiquants ne s’attachent pas au résultat des matchs et retiennent avant tout le moment agréable passé ensemble. En revanche, je ne vois pas l’intérêt de copier ce modèle du sport ”illimité”. D’abord parce que les horaires du foot à 5 les plus demandés correspondent précisément à ceux des entraînements associatifs. Ensuite les adeptes du five finissent par s’organiser via un groupe Facebook, jouent aux mêmes horaires et remettent de la rigidité dans leur pratique… Le paradoxe est que, lorsqu’une association leur propose ce mode de fonctionnement, ils répondent souvent que c’est contraignant, ce qui peut apparaître comme une forme d’hypocrisie de leur part. » Or le principe de l’association est justement de fixer un mode d’organisation, lequel participe du lien social. Même si certains ne peuvent pas venir, l’activité a quand même lieu car on ne fonctionne pas en cercle fermé. Et puis, un club propose généralement plusieurs créneaux horaires. « Certes, cette logique du sport en libre-service peut donner un sentiment de liberté, reconnaît Fanny Sarrail-Brassens. Mais tout pratiquant recherche aussi une certaine routine, et veut être sûr qu’il pourra faire du sport une fois par semaine. »

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UNE CONCURRENCE ? « Pour rivaliser, ajoute le DTN adjoint de l’Ufolep, le seul moyen serait de créer nos propres équipements de football à 5. Mais ça n’est pas une priorité à court terme, même si une étude de faisabilité a été menée au plan national concernant la gestion d’équipements sportifs par nos comités départementaux. Cependant, à long terme, c’est une piste intéressante de diversification de nos ressources. Il s’agirait alors de structures commerciales, mais inspirées de l’économie sociale et solidaire. » Pour l’heure, les pratiques Ufolep qui se rapprochent le plus du five sont le futsal et le foot à 7. L’Ufolep Hérault organise par exemple des championnats départementaux dans chacune des deux disciplines. Et l’Ufo-

Soccer Park – Le Five

Il est également tentant d’établir un parallèle entre les centres de foot à 5 et l’éclosion des city-stades, dont de nombreuses municipalités se sont récemment dotées, notamment en zone péri-urbaine ou rurale. Forte de quelques expériences de terrain, l’Ufolep s’intéresse tout particulièrement à l’animation de ces structures en libre accès (2). « Mais ce n’est pas la même offre et le but n’est pas de concurrencer le foot à 5. Nous sommes dans une logique de proximité avec des jeunes qui ne s’intéressent pas au foot à 11 et avec lesquels nous souhaitons créer du lien social », indique Adil El Ouhadehe.

Outre le five, certains centres proposent aussi du padel (photo) ou du basket en 3x3.

lep de Haute-Garonne gère depuis plus de quinze ans un championnat de futsal sur Toulouse, même si celui-ci marque un peu le pas. « Nous ne réunissons plus que 16 équipes rassemblant entre 10 et 15 joueurs, alors que nous avons eu jusqu’à 30, reconnaît le délégué départemental, François Duché. La mise à disposition d’une dizaine de créneaux les lundis, mercredis, jeudis et vendredis soir dans les gymnases, représente pourtant un atout considérable. Mais il ne nous donne qu’une petite longueur d’avance sur le foot à 5. Car pour certains l’aspect économique n’est pas majeur, tandis que la souplesse de ces structures, le côté “je joue quand je veux”, séduit. En outre, nos équipes

de futsal formées de jeunes travailleurs et d’étudiants vivent puis meurent. Elles n’ont pas la pérennité d’un club, qui lui existe sur la durée et forme de jeunes footballeurs. » Est-ce une question de génération ? Cela signifie-t-il que ceux qui pourraient assurer la relève préfèrent, même en payant plus cher, opter pour ce five qui n’existait pas il y a quinze ans ? Cela signifierait alors qu’il y a vraiment match. ● Baptiste Blanchet (1) Voir En Jeu Ufolep n°20, février 2016, pages 22-24. (2) L’une de ses actions, ciblée sur les 12-25 ans des quartiers concernés par la politique de la Ville et les zones de revitalisation rurale, a été retenue dans le cadre de l’appel à projets « Citoyens du sport » lancé par le ministère des Sports.

FÉDÉRATIONS : S’INTÉRESSER AUSSI AUX NON-LICENCIÉS L’émergence du five illustre le défi auquel sont confron-

du mal à se poser ce genre de questions, car dans leur

tées les fédérations et leurs clubs : attirer des pratiquants

culture, on ne fait pas d’études de marché. Parler d’offre,

qu’elles ont du mal à cerner. « Les sports collectifs s’efforcent

de cible, c’est encore un vocabulaire marketing qui heurte »,

de mettre en place des modes de pratique loisirs, mais très

observe Nicolas Delorme.

vite c’est devenu quelque-chose de normé, de compétitif. Le

Logiquement, les dirigeants sportifs défendent des valeurs

basket a par exemple essayé de capter le 3x3, mais cela s’est

plus traditionnelles, issues de l’amateurisme. « Ils voient ces

accompagné de règlements, d’une licence, de tournois, ce qui

nouvelles pratiques à caractère commercial comme quelque

a entraîné un rejet », analyse le sociologue Nicolas Delorme.

chose de concurrentiel, qui vient cannibaliser leur activité,

À l’inverse, une entreprise comme Decathlon est en phase

alors que ça capte un autre public » estime le sociologue.

avec ces aspirations à l’auto-organisation en développant

Reste aussi à convaincre les collectivités locales de favoriser

toute une gamme de petits buts de foot pliables. Un esprit

des pratiques libres. « Forcément, une municipalité trouve

qu’illustrent aussi des pratiques comme le parkour ou le

plus sécurisant de savoir qu’une activité est encadrée, plutôt

street golf.

que de prêter ses locaux pour une activité autonome, sou-

« Dans ce contexte, les fédérations multisports ont proba-

ligne Amandine Singla, CTN Ufolep. Mais, par exemple, en

blement une carte à jouer, celle de la multi-activité. Mais

badminton, les clubs proposent des créneaux de jeu libre, et

le défi, pour elles comme pour les fédérations unisports, est

en tennis de table, on voit des salles s’ouvrir avec simple-

de mieux connaître à la fois leurs pratiquants, leurs anciens

ment un accueil assuré par des bénévoles. » Un sport à la

pratiquants et les non-pratiquants. Très souvent, elles ont

fois en libre-service et associatif. Subtil équilibre. ● B.B.

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L’associatif au défi du foot à 5

Fabrice, anesthésiste, 46 ans « Après avoir joué en club dans mes jeunes années, je continue de pratiquer comme ça, mais il n’est pas facile de trouver un endroit à Paris ou en banlieue. Ces dernières années, j’ai joué le samedi matin avec mon fils et d’autres pères de famille

DR

Kader, papa de Kaïs, 10 ans «  Mon fils Kaïs, qui rentre en CM1, a suivi l’un de ses copains de maternelle. Avec un groupe de 6-7 copains, ils se sont inscrits à la Five Kader et Kaïs et les Academy dans la copains du samedi. structure du Five de Créteil (Val-de-Marne). L’entraînement a lieu tous les samedis matins avec en plus 4 à 5 petits tournois par an. Moi, j’ai grandi sur le modèle du foot classique, mais le five est un sport différent, qui apprend davantage la technique. Les règles aussi sont différentes : utilisation des murs, pas de corner, interdiction de rentrer dans la surface de réparation qui est plus petite, quand on fait faute on s’excuse, pas de tacle. Surtout, j’apprécie l’approche, qui n’est pas compétitive. L’éducateur prend le temps d’expliquer les choses aux gamins. Et quand ils disputent un tournoi, tout le monde joue, on ne laisse personne de côté. Chaque fois, mon fils est heureux d’y aller, et il progresse vraiment. »

Fabrice (2e à gauche) et ses collègues. DR

DR

Le regard de trois adeptes du « five »

et leurs enfants sur les pelouses du Parc de la Villette lorsqu’elles sont accessibles. Désormais, je fréquente aussi le Five de la Porte de la Chapelle, qui est proche de l’hôpital Lariboisière (Paris 18e), où je travaille. Lorsque j’ai décidé d’organiser des matchs entre services, par exemple “anesthésistes contre cardiologues”, je me suis rendu compte que c’était facile de trouver dix personnes en bloquant un horaire, sans risque d’annulation dû à la météo. Je monte en général un tournoi par mois, sur le créneau 19h-21h. Cela coûte 100 euros de l’heure pour dix joueurs, mais avec des coupons de réduction cela peut être ramené à 70 euros. Nous venons à trois équipes de 5, pour des matchs de 15 minutes car c’est très intense. Ce que j’aime, dans le five, c’est que tu n’as pas le temps de finasser, tu joues dans les petits espaces. Et le niveau est assez élevé, certains collègues ont joué en CFA*.» *Championnat de France amateur.

David, entraîneur du Real Mayday FC, 42 ans « Pour moi, le foot à 5 et le foot traditionnel sont deux mondes totalement différents. En tant David, entraineur qu’entraîneur et joueur. d’une équipe à 11 de bon niveau régional, je ne l’utilise que pour des petits matchs d’entraînement à 5-6 joueurs, lesquels n’ont alors droit qu’à 2-3 touches de balle, 48 heures avant une rencontre, afin de travailler la vivacité. Le five me sert aussi à travailler la finition devant le but et les réflexes des gardiens. Sinon, pour l’essentiel, il s’agit d’une pratique ludique pour ceux qui n’ont pas les qualités techniques ou physiques pour jouer à 11. Je le vois comme un phénomène de mode, sympa en hiver, mais cher (10-12 euros de l’heure par personne) et qui commence à s’essouffler. En compétition officielle, j’ai trouvé le foot à 5 moins sympa : il y a des fautes, des coups. Mais en tournoi inter-entreprises, c’est parfait : ça remplace la journée de karting d’autrefois. À titre personnel, il m’arrive de jouer à 5 pour m’amuser, en plus d’un petit championnat corpo le lundi soir à 11. Mais pas comme “décrassage”, car c’est fatiguant. Et pour moi, la vraie concurrence pour le 11 viendrait plutôt du futsal géré par la Fifa où, pour le coup, il faut d’énormes qualités techniques. »

PARFOIS PARTENAIRES DES COMITÉS UFOLEP Il arrive que des comités Ufolep collaborent avec des structures

de promouvoir le foot Ufolep et d’attirer une ou deux équipes

de foot à 5. C’est le cas de l’Ufolep de l’Ariège qui, dans le cadre

pour l’année suivante, explique Marlène Fontaa, chargé de

des activités destinées aux comités d’entreprise, réserve auprès

mission à l’Ufolep 13. À la demande de nos pratiquants, nous

de Body Soccer, une structure de la banlieue de Pamiers, une

avons aussi monté un tournoi Foot Inside, un samedi matin, en

douzaine de créneaux dans l’année pour des petits tournois. Un

hiver, qui a réuni 12 équipes la première année. Mais, en raison

partenariat profitable de part et d’autre.

de la concurrence d’autres événements, et peut-être aussi du

De son côté, le comité des Bouches-du-Rhône a organisé deux

coût (15 € par personne la demi-journée, contre 50 ou 60 €

années de suite un tournoi sur les terrains couverts d’une

pour engager une équipe à la journée au Tournoi du Soleil), la

structure de Bouc-Bel Air, entre Marseille et Aix-en-Provence.

deuxième édition a rencontré moins de succès. Notre partena-

« Nous organisons durant l’année un championnat à 11 et, fin

riat n’y a pas survécu, car la structure était dans une logique

juin, un Tournoi du Soleil à 7 ouvert aussi aux non licenciés, afin

purement commerciale, et nous pas. » ● Ph.B.

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Marc Dessenis, directeur marketing de Soccer Park-Le Five

Le nouveau groupe Soccer Park-Le Five, né en avril du rapprochement des deux réseaux, réunit plus de 120 collaborateurs et compte 39 centres répartis en France et en Espagne. Son directeur marketing détaille la stratégie de l’entreprise.

Soccer Park – Le Five

« Une pratique plaisir » « La convivialité, qu’on retrouve au bar à l’occasion de la troisième mi-temps ou des anniversaires d’enfants, contribue au succès de nos structures. »

M

arc Dessenis, comment expliquez-vous le succès des structures privées de football en salle à effectif réduit ? Nous sommes partis d’un constat de base : 30% des Français sont intéressés par le football, mais seulement 2% sont licenciés. Que fait-on des 28% restants ? Que leur propose-t-on ? Nous avons donc imaginé une offre qui puisse séduire ceux dont l’emploi du temps ne peut supporter le schéma classique de deux entraînements par semaine plus un match le week-end, ou qui tout simplement n’ont pas le niveau pour jouer à 11. Organiser un 5 contre 5 est beaucoup plus simple que de mobiliser 22 joueurs : on joue quand on veut, avec qui on veut, sur le créneau disponible. Les terrains sont plus petits, ça demande moins de condition physique, les tacles sont interdits et on touche beaucoup le ballon. Bref, il s’agit d’une pratique axée sur le plaisir, le côté ludique : on est vraiment sûr de s’amuser. On constate d’ailleurs que le nombre de pratiquants réguliers de foot à 5 est en train de dépasser le nombre de licenciés traditionnels. Enfin, la convivialité, qu’on retrouve au bar à l’occasion de la troisième mi-temps ou des anniversaires d’enfants, contribue également au succès de nos structures. S’explique-t-il aussi par le manque de structures publiques en libre-accès ? Clairement oui. Nous essayons d’ailleurs de monter des partenariats publics-privés pour offrir à certaines villes des créneaux en heures creuses qui peuvent bénéficier aux centres de loisirs, aux centres aérés. Et la FFF a lancé un appel à projets pour créer des terrains de foot à 5 en zone rurale. Les réseaux sociaux jouent-ils également un rôle important ? Oui, et dans nos centres il est désormais

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possible de filmer les rencontres, avec en plus un système de statistiques, un classement des buteurs. Ainsi, un pratiquant peut montrer son but à ses amis sur Twitter ou Facebook. Ce qui engendre beaucoup de discussions, de blagues, de commentaires. Quel est le profil du joueur qui fréquente vos structures ? On retrouve des profils très variés et de tous niveaux, ce qui fait le succès de cette pratique. La majorité sont des actifs âgés de 25 à 35 ans qui jouent en sortant du travail et ont leurs habitudes avec un groupe d’amis. Environ 80% viennent pour une pratique loisir, et les 20% restants pratiquent sur un mode plus compétitif ou dans le cadre d’événements d’entreprise. Visez-vous d’autres cibles ? Oui, les ados de 16 à 20 ans, car c’est une génération née avec le foot à 5. Et bien sûr les enfants, que l’on accueille le week-end pour des anniversaires, via des stages ou nos écoles de football, puisqu’ils peuvent prendre quasiment partout des cours sur le modèle associatif. Nous travaillons souvent avec l’amicale des éducateurs locaux afin de trouver des encadrants qualifiés. Les femmes représentent aussi un vrai vecteur de développement. Si elles ne constituent encore qu’environ 5% des effectifs, nous avons mis en place une Ligue féminine au Five de Paris, Porte de la Chapelle, ainsi que des « Ladies Cup », des tournois féminins ponctuels dans toute la France.

en jeu une autre idée du sport ufolep n°23

Vous avez aussi fait le choix de la diversification… Oui. L’avenir passe par de nouvelles pratiques comme le padel (jeu de raquette dérivé du tennis pratiqué sur un terrain réduit bordé de murs, très populaire en Espagne, NDLR), qui a un peu le même ADN que le foot à 5. Depuis 2014, nous avons ainsi implanté des terrains de padel dans les centres Soccer Five - Le Park. Ce schéma pourrait s’appliquer pour le basket avec des terrains de 3x3, comme au Hoops Factory d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Dans chaque centre, nous avons aussi un pro shop, en exclusivité avec Adidas, et un sport’s bar qui développe un concept original et propose de la petite restauration. Et aussi des animations comme le bubble foot, qui se développe fortement. Finalement, vous considérez-vous comme concurrent des associations traditionnelles ? Non, et les deux sphères cohabitent très bien. Beaucoup de licenciés FFF viennent jouer chez nous et nous entretenons d’excellentes relations avec les districts, qui organisent par exemple leur arbre de Noël dans nos structures. Et, encore une fois, nous travaillons avec les collectivités locales ou les associations en leur proposant des créneaux à des tarifs avantageux. Nous organisons des séances de découverte pour les collectivités et nous participons à des projets à vocation sociale. ● Propos recueillis par B.B.


fédéral

Communication

Un site internet modernisé

En cette rentrée 2016, notre site www.ufolep.org fait peau neuve : nouvel habillage, nouveaux services et navigation simplifiée.

S

obre et aux couleurs d’une charte visuelle désormais familière à nos adhérents, la mise en scène de notre nouveau site internet met en évidence notre identité et nos activités, ainsi que le soutien de nos partenaires institutionnels et privés. En outre, la nouvelle configuration du site s’adapte au type d’écran depuis lequel on le consulte : ordinateur, tablette ou smartphone. VIGNETTES ET ICÔNES La page d’accueil propose les huit vignettes d’un menu horizontal où aplats de couleurs et photos alternent à la façon d’un damier. Six de ces entrées sont pérennes : « Rejoindre l’Ufolep », « L’Ufolep c’est quoi ? », « Nos activités sportives », « Nos formations », « Nos dispositifs publics » (Seniors, Plurisport, Service civique, etc.) et « Nos engagements » (Éducation, Insertion, Vie associative…). À l’heure où l’Ufolep élabore le plan de développement qui accompagnera la mandature 2016-2020, son projet politique apparaît ici clairement. Des icônes placées à la suite de notre logo en tête de page (« Je m’informe », « Nos associations », « Rejoindre », « Les activités ») renvoient aussi vers plusieurs de ces contenus. La page d’accueil privilégie également l’actualité, notamment via un menu média. Placée en haut à gauche, cette barre verticale couleur framboise offre, via d’autres icônes, un accès direct aux « actus », aux « vidéos », à notre revue En Jeu et à l’« agenda » des événements fédéraux (compétitifs, loisirs, séjours sportifs). Soulignons à ce propos l’excellente qualité technique des vidéos proposées, ce moyen de communication étant très prisé par nos comités et commissions sportives. Bien évidemment, les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, YouTube) sont également en accès direct, de même que le « hub social » qui en offre un panorama réactualisé en permanence. Octobre 2016

Enfin, l’accès à nos différents sites vitrines (application Tout Terrain, dispositifs Toutes sportives, Playatour, Université européenne du sport, Développement durable), aux sites Ufoweb de nos délégations départementales et régionales (via Google map) et à ceux de nos associations et comités (via l’extranet) a également été simplifié, via un « bandeau bas de page ». La nouvelle rubrique Rejoindre l’Ufolep à l’intention des associations liste les avantages à le faire : un message renforcé en cette période d’affiliation par une campagne de référencement payant. Notre partenaire Decathlon Pro propose en outre un « pack de bienvenue » réunissant gadgeterie et offres promotionnelles. Associations et individuels trouveront aussi sur l’icône « loupe » de la page d’accueil un formulaire en ligne qui, en fonction des renseignements qu’ils donneront, les orientera directement vers l’interlocuteur le plus pertinent de notre réseau (échelon national ou comité départemental ou régional). Et si notre site n’est pas bilingue, nos partenaires anglophones trouveront une page en anglais. Pour autant, un site internet n’est pas seulement une somme de fonctionnalités. C’est pourquoi la rubrique de présentation de notre fédération, signée par Philippe Machu, ne manque pas de rappeler en quelques mots les valeurs qui l’ont fondée et auxquelles elle reste profondément attachée. ● Rosemary Paul-Chopin • UFOWEB : la nouvelle maquette Ufoweb à destination des événementiels Ufolep est disponible et peut être visualisée sur http://www.event.ufolep.org/stf24MX. À retrouver également sur l’extranet, les contenus des web conférences sur les sujets de Google analytics, le référencement payant, les réseaux sociaux, les formulaires en ligne et les contenus des formations Ufoweb de niveau 1 et 2.

en jeu une autre idée du sport ufolep n°23

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Premier bilan du partenariat Ufolep-CGET

Au service des territoires prioritaires

D’

une durée de trois ans (2015-2017), le dispositif développé avec le Commissariat général à l’égalité des territoires – CGET, organisme rattaché ministère de la Ville – s’appuie sur la pratique sportive pour mener des projets éducatifs et d’insertion. Concrètement, les réseaux de la politique de la Ville et les comités Ufolep proposent dans les territoires relevant de la « géographie prioritaire » des activités sportives mais aussi, en appui sur cette pratique, des actions d’éducation et d’insertion – sociale et professionnelle. L’accord mentionne également parmi les objectifs visés celui d’une « meilleure prise en compte des enjeux et problématiques de société », comme par exemple la lutte contre les discriminations. DES COMITÉS PROFESSIONNALISÉS Sur le terrain, cette collaboration entre nos deux réseaux passe entre autres par une mutualisation des compétences, notamment par le biais de la formation. Pour l’Ufolep, cet engagement sur des thématiques sociétales est désormais rendu possible par la professionnalisation

Au-delà

des

incitations

nationales

DR

GUIDES ET DISPOSITIFS FÉDÉRAUX à développer des projets «  sport et société », les comités peuvent s’appuyer sur les outils fédéraux disponibles dans les différents domaines identifiés par l’accord-cadre avec le CGET. Développement des activités physiques et sportives et de la vie associative : dispositifs Toutes Sportives (pratique féminine), Ufo Street (animation de citystades) et Juniors associations (initiatives émanant de mineurs). Éducation par le sport : aides au départ en vacances de l’Association nationale des chèques-vacances (ANCV), formation au Certificat de

Ufolep 44

51 comités Ufolep déclinent aujourd’hui l’accord-cadre signé fin 2014 avec le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET).

Animation sportive Ufolep en Loire-Atlantique.

de ses cadres et par la structuration – encore en cours – de ses comités autour des deux pôles identifiés au plan national : le pôle « sport éducation », qui correspond à la pratique associative traditionnelle, et le pôle « sport et société », auquel se rattachent donc les actions menées dans le cadre du partenariat avec le CGET. Soulignons à ce propos que si les 51 comités qui déclinent ce partenariat s’appuient sur des équipes techniques étoffées, c’est en partie grâce aux financements liés à ces actions. Sur un plan statistique, chacun de ces comités réunit en moyenne 357 licenciés issus des territoires prioritaires, répartis dans 80 clubs et 6 organisations à objet non sportif. On comptabilise aussi pour ce public 402 titres de participation. Au total, après dix-huit mois de mise en place opérationnelle, on comptabilise 18 250 licenciés issus des territoires prioritaires, accueillis au sein 4118 clubs et associations Ufolep, et 20 518 personnes touchées à travers nos événements grand public (1). D’ici fin 2017, échéance fixée pour ce partenariat, le but est de développer encore davantage l’implication et le nombre des comités Ufolep. L’élargissement, en 2015, du nombre des quartiers prioritaires (1300 en métropole et outremer) ne peut que favoriser cette ambition. ● Adil El Ouadehe DTN adjoint sport et société

qualification professionnelle (CQP) et aux premiers secours (PSC1). Insertion sociale et professionnelle : Dispositif d’inclusion sociale par le sport (pour les personnes précaires en hébergement d’urgence), parcours coordonné d’insertion sociale et professionnelle, Programme volontaire (service civique). Citoyenneté par le sport : guides Sport et laïcité, Évaluation de l’impact social et éducatif, Insertion, etc. ● Ph.B.

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(1) Autres statistiques nationales relatives à l’accord Ufolep-CGET : 394 structures à objet non sportif affiliées à l’Ufolep ; 376 volontaires en service civique engagés dans des missions « sport et territoires prioritaires » ; 129 emplois d’avenir recrutés au sein des comités engagés dans les actions en direction de la géographie prioritaire ; 1035 professionnels de l’éducation populaire, de l’animation et du sport formés dans le cadre des différents réunions thématiques territoriales organisées par les comités Ufolep ; 250 personnes ayant préparé un Certificat de qualification professionnelle (CQP) et 406 ayant obtenu le diplôme des Premiers secours civiques niveau 1 (PSC1).


Ufolep-ANCV

Des séjours sportifs pour 1200 jeunes Depuis l’été 2014, l’Association nationale des chèques-vacances aide financièrement des séjours pour les 16-25 ans élaborés avec l’Ufolep.

A

Les 35 comités Ufolep qui déclinent ce partenariat national ont par exemple accompagné des projets imaginés par des junior associations ou des séjours de « remobilisation » pour personnes fragilisées socialement. Des jeunes n’étant jamais partis en vacances ont également découvert la mer à l’occasion de raids itinérants qui n’oubliaient pas non plus le patrimoine local. La plus-value apportée par l’Ufolep réside en outre dans la sollicitation d’aides complémentaires auprès de partenaires locaux. Cela permet d’alléger encore le coût de ces séjours, voire de les rendre gratuits pour les jeunes les plus démunis. Cela facilite aussi la reconduction de ces projets d’une année sur l’autre. Même si l’objectif initial de 1500 jeunes aidés par an n’a pas encore été atteint, ces deux premières années ont permis la mise en place d’un réseau de comités Ufolep très impliqués. Nous avons aussi affiné notre expertise dans la construction de ces projets et nous travaillons à présent à un modèle-type de séjours à destination des jeunes les plus en difficulté, afin de renforcer notre accompagnement en leur direction. Nous souhaitons mobiliser pour cela de nouveaux partenaires, comme la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). ● A.E.O.

cteur majeur de la politique sociale du tourisme, l’ANCV favorise le départ en vacances du plus grand nombre à travers les chèques-vacances distribués à leurs salariés par les employeurs, comités d’entreprises et services publics qui relaient son action. Mais l’Association nationale des chèques-vacances s’intéresse également à des publics plus ciblés, et s’entoure pour cela de partenaires. D’où l’accord signé en avril 2014 avec l’Ufolep et dédié aux 16-25 ans. 35 COMITÉS IMPLIQUÉS

L’Ufolep possède en effet un savoir-faire en matière de séjours socio-éducatifs et socio-sportifs, alors même que l’aide de l’ANCV est subordonnée à la construction d’un projet à caractère éducatif, échafaudé avec les jeunes euxmêmes et porté par une structure associative. On est donc loin de la simple aide au départ à caractère individuel. En 2015, 520 jeunes et 35 projets ont été accompagnés, pour une dotation globale de 120 000 €. En moyenne, l’aide de l’ANCV est de 225 € (avec un plafond de 300 €), pour des séjours de cinq jours concernant une quinzaine de jeunes et alliant animations sportives et apports éducatifs et citoyens.

LE CNEA, CONSEIL JURIDIQUE POUR ASSOCIATIONS EMPLOYEURS Pour un dirigeant associatif, être em-

donne aussi accès à de nombreuses publi-

ployeur n’est pas chose aisée. Il est même

cations spécifiques au secteur sportif, no-

de plus en plus compliqué de s’y retrou-

tamment via des fiches pratiques synthéti-

ver parmi les actualités sociales, législa-

sant l’actualité sociale et conventionnelle.

tives et conventionnelles. C’est pourquoi

Outre cet accompagnement, en tant que syndicat professionnel le CNEA représente les employeurs

comités l’accès, via une adhésion collective, aux services du

du sport et participe au dialogue social du secteur sportif en

Conseil national des employeurs d’avenir. Le CNEA apporte

négociant la convention collective du sport et en défendant

son conseil dans toutes les démarches liées à l’emploi et à

les intérêts de ses adhérents auprès des pouvoirs publics,

la formation professionnelle. Il aide aussi les associations

des institutionnels et des acteurs privés.

à passer le cap du salariat en facilitant leurs démarches de

Le CNEA organise également des réunions régionales

primo employeur.

d’information sur les évolutions du secteur sportif et met

Le CNEA propose aux associations et comités Ufolep de créer

à disposition de ses adhérents un portail de l’emploi, déve-

leur espace adhérent individualisé pour un meilleur suivi

loppé en partenariat avec Ressources Solidaires, qui permet

de toutes les questions juridiques. Ses 11 juristes spéciali-

de mettre en ligne des offres d’emploi et de stage et de

sés traitent ainsi près de 15 000 demandes par an : gestion

consulter des CV.

du personnel, contrat de travail, etc. Cet espace adhérent

Pour en savoir plus : sbuisine@cnea-syn.org et cpastot@cnea-syn.org

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l’Ufolep offre depuis l’an passé à ses associations et à ses

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reportage

À La Seyne-sur-Mer (var) et en 26 autres lieux

Pas d’été sans Playa Tour Alors que l’Ufolep Playa Tour a fêté ses dix ans, zoom sur l’étape de La Seyne-sur-Mer, qui du 19 au 22 juillet a réuni 2000 participants dans un département n’ayant pas manqué une seule édition.

L

e comité du Var accueille l’Ufolep Playa Tour depuis le début, en 2007, quand il n’y avait encore que cinq étapes : pour un territoire possédant un tel bord de mer, c’était une évidence ! Outre l’enjeu en terme d’image et de promotion de la fédération, nous mettons aussi l’accent sur le lien avec notre réseau : moins avec les associations, qui l’été sont en sommeil (1), qu’avec nos partenaires : centres de loisirs pour enfants et adolescents, associations de quartier, clubs de jeunes, structures spécialisées telles que la Protection judiciaire de la jeunesse, etc. LA SEYNE-SUR-MER. Les quatre premières années, le Playa faisait étape à La-Londe-des-Maures. Mais nous avons été supplantés par la caravane publicitaire d’une marque de soda qui, elle, versait une redevance pour occuper les lieux. Désormais, l’étape varoise du Playa est accueillie par La Seyne-sur-Mer, une commune plus populaire avec laquelle nous menons plusieurs projets. Cette cité de la périphérie de Toulon compte un grand quartier identifié QPV (quartier prioritaire politique de la Ville) et le Playa Tour est l’un des événements qui contribue

au vivre-ensemble, parallèlement aux autres actions que l’Ufolep mène dans les cités (des animations « pied de tour » par exemple) et au dispositif socio-sport développé tout au long de l’année. SABLE ET PELOUSE. Le Playa installe ses structures gonflables et ses stands sur le sable fin des Sablettes, la grande plage de l’ouest toulonnais. Nous utilisons aussi les pelouses du Parc Braudel, qui la jouxte, ce qui permet d’offrir, à l’instar des autres étapes nationales, un large éventail d’activités sportives : beach soccer, beach rugby, sandball, volley, tennis, zumba, bowling humain (avec une bulle en plastique), capoeira, marche nordique… Ainsi, nous pouvons accueillir simultanément plusieurs centaines de jeunes au plus fort de la journée. JOURNÉE TYPE. Le Playa Tour démarre vers 10h, avec des animations gym douce qui réunissent généralement une trentaine d’adultes. Puis, jusqu’à 15h30, nous accueillons les jeunes des centres de loisirs et autres structures, lesquelles se sont préalablement inscrites. De 16 h à 18 h 30, le grand public, estivants et locaux, leur succède sur

UNE CARAVANE BIEN RODÉE 27 étapes, 19 comités organisateurs, un millier de bénévoles

aux pratiques à risques, etc. « Au-delà de son caractère spor-

mobilisés pour 20 000 personnes touchées, moitié grand pu-

tif, le Playa Tour vise avant tout le développement de la per-

blic et moitié jeunes encadrés par des structures socio-édu-

sonne, et les villes partenaires peuvent choisir de cibler l’une

catives… Ceci à l’occasion d’étapes de deux à trois jours en

de ces problématiques, souligne Jean-Philippe Véronique,

moyenne, étalées cette année du 22 juin au 28 août.

chargé de mission à l’Ufolep. Nous avons aussi lancé un

Fort de l’expérience de dix années et de partenaires fidèles

programme d’engagement volontaire en service civique, en

(1), le Playa Tour, « première tournée estivale multisports,

partenariat avec l’association nationale des étudiants en

culturelle et citoyenne  », est une caravane bien rôdée.

Staps. » « Outre le fait de proposer un dispositif clé en main

Désormais, pour des raisons pratiques ce sont d’ailleurs

et sans risque financier, ce qui est sécurisant pour les col-

trois structures qui sillonnent la France. Quant aux objectifs

lectivités, notre événement séduit aussi parce qu’il s’adresse

visés, il s’agit toujours, d’une part, assurer la promotion de

à tous les publics, même si le cœur des activités concerne

l’Ufolep en communiquant sur ses pratiques et ses valeurs,

avant tout la jeunesse », résume Adil El Ouadehe, DTN ad-

et d’autre part, de renforcer les liens au sein de notre ré-

joint de l’Ufolep. ●

seau et avec les partenaires des comités. L’Ufolep Playa Tour entend se démarquer des autres animations estivales en dépassant le cadre purement récréatif, avec des animations culturelles (concerts, jeux) et des ateliers citoyens de sensibilisation au développement durable,

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(1) Outre le logo des communes d’accueil, du ministère de la Jeunesse et des Sports et de la Ligue de l’enseignement, figuraient aussi sur l’affiche 2016 ceux de Decathlon Pro, Play Sports, Home Ball, Alcool Assistance, Anestaps et Alive Sports. Certaines antennes locales de NRJ diffusent également des messages d’info.

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Jean-Philippe Véronique / Ufolep Var / En Jeu

les mêmes animations. Enfin,en début de soirée, nous proposons une activité unique : tournoi de beach rugby, marche nordique ou zumba. Mais cette tranche horaire a rencontré moins de succès : c’est l’heure de l’apéritif et du repas... Nous avons renoncé cette année aux animations musicales en soirée, car de nombreux bars de bord de mer en proposent déjà. Sinon, autour du « chalet des sports » se greffe le « village prévention », avec nos partenaires : Sittomat (éducation à l’environnement), Paramour (maladies sexuellement transmissibles), la Mutualité française (kits de prévention solaire), Apao-P (lutte contre l’obésité par le sport-santé), APEA (éducateurs de rue) et Alcool Assistance. ORGANISATION. Pour la préparation du Playa Tour, le délégué départemental est épaulé par une vice-présidente, qui possède des compétences dans l’événementiel : cela aide ! Ensuite, l’animation de l’événement met à contribution une trentaine de personnes. Parmi eux, des jeunes en service civique auprès de la Ligue de l’enseignement, des éducateurs sportifs qui participent à nos actions durant l’année et des membres de l’association nationale des étudiants en Staps (Anestaps), qui eux aussi participent de façon bénévole. De son côté, la commune met à notre disposition des locaux, du matériel et deux ou trois éducateurs sportifs pour renforcer notre équipe. RETOMBÉES. Le Playa ne fait que renforcer nos relations avec nos partenaires réguliers. L’événement permet aussi de toucher des clubs de jeunes municipaux, ce qui débouche parfois sur des projets durant l’année. À plus petite échelle, deux ou trois visiteurs adhèrent toujours à une association Ufolep après avoir découvert la fédéra-

tion grâce au Playa. Nous avons même recruté un jeune comme animateur sportif pour le mois d’août ! Surtout, cela nous assure une belle visibilité et valorise notre savoir-faire au plan départemental. L’événement attire en effet des structures dans un rayon d’une quarantaine de kilomètres. L’Ufolep Playa Tour participe donc pleinement à la dynamique du comité du Var ! ● Denis Fabre, vice-président de l’Ufolep Var

À La Seyne-surMer. Le Playa propose à la fois des activités sportives et culturelles pour un public d’enfants et d’adultes.

(1) À part l’association Toulon Marche Nordique et Avenida Brasil Var – Abada Capoeira Toulon. Citons aussi parmi les autres partenaires de cette étape : Littoral Sport, Fol du Var, Aubin Hueber Officiel...

DU CÔTÉ DES PLANS D’EAU Qui dit Playa Tour ne dit pas forcément bord de mer. Parallèlement aux bords de la Manche, de la Méditerranée et de l’océan atlantique, voire indien (deux étapes à la Réunion), celui-ci visite aussi des plans d’eau, ruraux et urbains. En 2016, ce fut le cas à Sillery et Reims (Marne), à Strasbourg (Bas-Rhin), à Wittenheim, Bartenheim et Cernay (Haut-Rhin), aux lacs du Der et de Madine (Meuse), à Poix Terron (Ardennes), à Damazan (Lot-et-Garonne) et Voves (Eure-et-Loir). L’Ufolep va ainsi au-devant de publics ayant rarement accès à de telles animations estivales. La banlieue, parisienne en particulier, n’a pas été oubliée non plus, comme à Évry (Essonne), à La Courneuve et sur la base de Marville (Seine-SaintDenis), où après un premier passage début juillet le Playa Tour a fait étape près de trois semaines au mois d’août ! ● Ph.B.

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forum

Président de comité, service civique, universitaires…

L’Ufolep, ce qu’ils en disent Qu’est-ce qui caractérise l’Ufolep, au regard de son appartenance à la Ligue de l’enseignement ? Points de vue internes et externes.

«F

adaptés. En VTT, nous avons développé le concept du Kid Bike : des rendez-vous à la fois sportifs et éducatifs qui, depuis, ont fait florès au niveau régional et national. » Nous avons aussi développé des journées thématiques autour de la santé, du sport en famille, de l’éducation et de la citoyenneté, de l’environnement et de la lutte contre le racisme et les discriminations, souvent en partenariat avec les services de la Ligue de l’enseignement. Aujourd’hui, c’est cela la spécificité de l’Ufolep en Lot-et-Garonne : regarder au-delà de l’activité elle-même. » *Grégory Camara, 34 ans, est président de l’Ufolep 47

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Grégory Camara* : « Une prise de conscience » «  En tant que pratiquant sportif, je n’avais pas pris conscience de la façon dont l’Ufolep pouvait se différencier des autres fédérations, et notamment de la FFG puisque je suis gymnaste. J’étais trop dans mon activité et la recherche de la performance pour le percevoir. Puis je me suis blessé, et j’ai reporté toute ma passion sur l’entraînement des jeunes de mon club Gym pour Tous de Tonneins, en Lot-et-Garonne, tout en restant à fond dans la compétition. » D’une catégorie d’âge à l’autre, nous avons tout gagné. Jusqu’au jour où je me suis demandé à quoi cela rimait : je n’avais plus en tête que de conserver les titres de champions départementaux, régionaux, nationaux décrochés les années précédentes… Avec les jeunes, nous ne parlions plus de rien d’autre, cela devenait une obsession. » J’ai alors fait part au comité départemental de mon souhait d’imaginer un autre projet pour la gymnastique, en dehors du tout-compétition. Les élus m’ont répondu : “Très bien, mais nous voulons que tu étendes cette conception à toutes les activités, et que pour défendre ce projet tu deviennes président.” La discussion a duré quatre heures, et je me suis laissé convaincre de devenir président de l’Ufolep Lot-et-Garonne à l’âge de 26 ans. » Nous avons particulièrement innové dans deux activités : la gymnastique et le VTT. En gym, nous avons imaginé deux événements qui sortent du cadre un peu trop rigide de la pure compétition : “Gym en herbe”, qui se rapproche d’un gala où les plus petits montrent ce qu’ils savent faire, et la Coupe d’Aquitaine pour les plus grands, où les participants sont encouragés à tenter des exercices sans avoir trop de pression, avec des barèmes de notation

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édération “affinitaire”, l’Ufolep constitue – avec l’Usep pour le sport scolaire – le secteur sportif d’un mouvement d’éducation populaire attaché à la défense de la laïcité et des valeurs de la République : la Ligue de l’enseignement. Selon vous, en quoi cela fonde-t-il sa spécificité dans le paysage sportif ? » C’est la question que nous avons posée au président d’un comité départemental, à une jeune volontaire en service civique, à un historien du sport et à un professeur en sciences de l’éducation.

Marion Forestier* : « Multisports et fair-play » «  C’est à l’UFR Staps d’Orléans, dans le cadre de ma licence professionelle “Développement social et médiation par le sport”, que j’ai découvert l’Ufolep. En effet, nous intervenions à leur côté pour encadrer des ateliers sportifs proposés aux jeunes de la Protection judiciaire de la jeunesse. Pour moi qui avais plutôt l’expérience de la pratique du basket en compétition, l’Ufolep m’a fait prendre conscience que la performance n’est qu’une plus-value dans l’activité physique et sportive. » Dans le cadre de ma mission de service civique auprès de l’Ufolep du Calvados, j’ai notamment supervisé l’activité futsal, où la convivialité était le maître mot et les résultats très secondaires. Je dispense également des animations multisports dans les centres de loisirs. » Donc oui, je vois l’Ufolep comme une fédération différente, qui propose des activités variées et où les valeurs de fair-play et de solidarité ne sont pas de simples mots écrits sur un papier. Mais je la vois aussi comme une fédération méconnue et pas toujours très bien identifiée. Peut-être parce que ses activités se confondent parfois avec celles de la Ligue de l’enseignement. » *Marion Forestier, 22 ans, vient d’achever une mission en service civique à l’Ufolep Calvados Patrick Clastres* : « La fin de l’histoire affinitaire ? Mais l’histoire éducative continue » « Je rappellerai tout d’abord que la création, dès les années 1890, des Petites A, ces associations adossées aux écoles publiques dont l’Ufolep et l’Usep sont la prolongation,


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s’inscrit dans une logique de défense de la République sur le terrain éducatif et sportif. L’activisme des catholiques antirépublicains suscite alors une réaction des militants laïques, ce qui se traduira par la loi de séparation des Églises et de l’État en 1905. D’une certaine façon, tout cela sera soldé sous le régime de Vichy, triomphe des antirépublicains ; ce qui explique la dissolution, en 1942, de la Ligue de l’enseignement, de l’Ufolep et de l’Usep. » Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, au temps de la légende gaullienne exaltant le mythe d’un pays tout entier résistant, le mouvement affinitaire aurait pu sembler voué à disparaître. En dehors d’un contexte de discorde sociale et scolaire, on est pourtant sorti de l’opposition frontale entre laïques et catholiques. Le mouvement affinitaire, dans son ensemble, était plutôt menacé par la dynamique des sports organisés en fédérations nationales. Mais il a survécu, “sauvé” par Maurice Herzog, secrétaire d’État aux Sports, lui-même réservé à l’égard des fédérations sportives, gangrénées à ses yeux par le professionnalisme et l’argent. » Bon an mal an, on est resté sur cette dynamique jusqu’à aujourd’hui, même si le feu sacré du militantisme s’est éteint, et que les “consommateurs” sont désormais aussi présents dans les fédérations affinitaires que délégataires. Les fédérations affinitaires ne sont plus qu’un héritage et l’Ufolep, comme d’autres, aurait bien du mal à exister sans l’octroi de subventions. Car on est encore dans un État social, même largement délabré, avec des relais financiers et des soutiens matériels, voire administratifs, qui permettent aux fédérations affinitaires de se maintenir, audelà de l’engagement de leurs militants qui est admirable. Mais je crains qu’on ne soit dans la fin de cette histoire-là. » Comment s’adapter au monde de 2016 quand on s’est construit sur des valeurs de défense de la République, de laïcité, d’éducation populaire ? En repartant humblement de la vraie vie des familles, du terrain scolaire, comme en 1866. » *Patrick Clastres est professeur d’histoire du sport à l’Université de Lausanne

» Cela se marque par le fait de s’adresser à tous les publics, à tous les âges, à toutes les couches sociales. Dans les pratiques elles-mêmes, sans dénaturer les disciplines, vous ne vous laissez pas enfermer par l’aspect formel de l’institution sportive et vous permettez des adaptations. Vous proposez aussi des activités dites marginales, comme le tchoukball ou le korfbal, ou les jeux traditionnels en Usep. En cela, vous êtes sensibles aux pratiques qui “décristallisent”. Car le sport le plus codifié est un embrigadement corporel orienté vers la performance : on veut avant tout gagner, dominer l’autre. Or nous, à l’éducation nouvelle, ce n’est pas ce que nous recherchons ! » Pour avoir été sportif, et avoir pris beaucoup de plaisir dans la compétition, je sais l’intérêt qu’elle peut revêtir. Mais il y a d’autres façons de pratiquer. Et puis ce terme de “sport“ nous emprisonne ! Le sport proprement dit, c’est la recherche de la victoire, de la performance, et aussi l’économie, le dopage, la corruption. Alors que l’Ufolep et l’Usep cherchent aussi à travailler sur les valeurs laïques de coopération et de solidarité. » *Pierre Parlebas, 82 ans, est sociologue, théoricien de l’éducation physique et sportive et président d’honneur des Ceméa (Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active)

REGARD CROISÉS SUR NOTRE IDENTITÉ Un président départemental explique comment il a pris peu à peu la mesure de l’affinité dont se réclame l’Ufolep. Une jeune femme en service civique dans l’un de nos comités y découvre des pratiques moins tournées vers la performance. Un historien s’interroge – avec une grande liberté de ton – sur la pérennité d’une fédération née de combats idéologiques ayant perdu leur acuité. Enfin, un sociologue et théoricien de l’éducation physique souligne la passerelle que l’Ufolep et l’Usep s’efforcent d’établir entre les valeurs propres au sport et les conceptions éducatives de la Ligue de l’enseignement. Ces regards croisés disent assez bien ce que nous sommes. Même si, tout en rappelant fort à propos les origines affinitaires de l’Ufolep, l’historien du sport Patrick Clastres en méconnaît les évolutions

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les plus récentes. Certes, depuis longtemps notre identité laïque Pierre Parlebas* : « Des valeurs d’entraide et de solidarité » « Fédérations sportives liées à la Ligue de l’enseignement, l’Ufolep et l’Usep sont pour moi indissociables de la notion d’éducation. Ce que vous essayez de faire, me semble-t-il, c’est de bénéficier de l’apport incontestable de l’institution sportive tout en défendant des valeurs de solidarité, de vivre ensemble, de respect d’autrui et des règles. Vous vous efforcez de tenir les rênes de cet attelage double, et vous y réussissez assez bien.

ne réside plus dans un « entre nous » militant. Mais elle demeure dans notre engagement en faveur du sport pour tous. Un engagement qui explique le soutien apporté par le ministère des Sports, et que traduit la création d’un secteur « sport et société » afin de mieux toucher les publics les plus éloignés de la pratique sportive. Il n’en est pas moins très sain d’être ainsi questionné dans nos fondements. Surtout quand ce questionnement éclaire l’une des priorités de la nouvelle mandature 2016-2020 : rendre à nos associations une dimension militante. C’est pourquoi nous prenons comme un aiguillon le regard de Patrick Clastres : une piquante invitation à incarner, dans la société et le paysage sportif d’aujourd’hui, des valeurs héritées des combats passés. ● Philippe Machu, président de l’Ufolep Octobre 2016

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formation

CQP, BP Jeps, PSC1, brevets fédéraux…

Vers l’emploi, avec l’Ufolep

L’

Ufolep a toujours été très attachée à la formation « tout au long de la vie ». Elle le prouve en offrant aujourd’hui aux personnes ressources de son réseau – élus, bénévoles, professionnels – des stages et des modules leur permettant de maintenir, développer et renforcer leurs compétences. Dans les années 2000, l’Ufolep a également pris un virage vers la professionnalisation à la suite de deux évolutions engagées par l’État, notamment afin de lutter contre le chômage des jeunes (et des moins jeunes). Premièrement, la création des « emplois jeunes », dispositif gouvernemental d’aide à l’emploi incitant à salarier les jeunes, assorti d’une aide financière mais avec pour contrepartie une obligation de formation professionnelle. Deuxièmement, la refonte de la filière de formation des métiers de l’animation et du sport, avec pour objectif une meilleure insertion professionnelle. DIPLÔMES « MAISON »

Ce souci de l’insertion professionnelle rejoint les idéaux de citoyenneté et la vocation d’éducation populaire que l’Ufolep partage avec la Ligue de l’enseignement. C’est pourquoi elle propose des parcours de formation qualifiants permettant à des jeunes ou des moins jeunes de trouver un emploi. Avec d’autres fédérations partenaires (1), l’Ufolep a ainsi créé puis porté le CQP ALS (Certificat de qualification professionnelle d’animateur de loisir sportif). Ce dispositif de qualification de la branche professionnelle du sport permet de s’engager dans les métiers de l’animation et de l’encadrement sportif. Il constitue un marchepied vers les diplômes d’État de niveau IV du ministère des Sports, en particulier le BP Jeps (Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport). Pour les plus jeunes, le CQP ALS délivré par l’Ufolep permet de trouver un premier emploi. Pour d’autres, il offre l’opportunité d’une activité secondaire rémunérée, en complément d’une activité principale. Forte d’un agrément national, l’Ufolep délivre également deux autres diplômes d’État ayant trait aux premiers secours, et relevant à ce titre du ministère de l’Intérieur : celui de formateur PSC1 (Prévention et secours civiques de niveau 1) et de « formateur de formateurs » PSC1. En effet, depuis 2011, l’Ufolep a développé sa filière d’accès au secourisme pour tous dans l’idée de permettre à chacun d’acquérir ces compétences, dans une démarche d’engagement volontaire et citoyen. PARCOURS INDIVIDUALISÉS Mais, plus que de simples diplômes, l’Ufolep propose de vrais parcours de formation. Parce qu’elle a fait sienne

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Ufolep 77

L’Ufolep contribue à l’insertion professionnelle par la mise en place de parcours individuels de formation diversifiés. Aujourd’hui en CDI à l’Ufolep Seine-et-Marne, Nassim Merabet vient d’obtenir un brevet professionnel.

l’idée d’une « éducation tout au long de la vie » chère à la Ligue de l’enseignement, et qu’elle dispense un large éventail de certifications. Chacun peut ainsi bâtir avec l’Ufolep un parcours individuel de formation répondant à la fois à ses aspirations et aux besoins spécifiques des employeurs. Ce parcours individuel pourra être construit avec les qualifications suivantes : – brevet fédéral d’animateur (marche nordique, aïkido, activités cyclistes, etc.) ; – premiers secours (PSC1 puis diplôme de formateur, voire de formateur de formateurs) ; – Bafa (brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur) permettant d’exercer dans les centres de loisirs et les centres de vacances ; – CQP ALS (certificat de qualification professionnelle d’animateur de loisirs sportifs) avec diverses options possibles (2) ; – CQP APS (animateur périscolaire) ; – BP Jeps APT (activités physiques pour tous). S’y ajoutent toutes les ressources de la formation continue Ufolep, en matière de sport-santé ou d’adaptation à des publics spécifiques, comme par exemple les seniors. À la fois fédération sportive et acteur social, l’Ufolep permet à des jeunes et des moins jeunes d’accéder aux métiers de l’animation et du sport. Et de découvrir ainsi la richesse des 8000 associations qui relaient sur le terrain son projet en faveur du sport pour tous. ● Laurence Brien, DTN adjointe chargée du pôle formation (1) La FSCF, la FSGT et la FF Sports pour tous. (2) ARPO (activités de randonnée de proximité et d’orientation), AGEE (activités gymniques, d’entretien et d’expression) et JSJO (jeux sportifs, jeux d’opposition).


Profils divers, compétences variées responsabilités. Et moi qui, au début, me projetais avant tout comme animateur sportif, je me suis aussi réalisé dans mes missions de développement. Le plus motivant est d’ailleurs de participer à la mise en œuvre, sur le terrain, d’un projet que l’on a auparavant monté soimême, comme j’ai pu le faire pour des jeunes de la PJJ (Protection judiciaire de la jeunesse). » J’exerce à présent les mêmes fonctions que celles auxquelles j’aurais pu prétendre si j’avais suivi la filière Staps. Le chemin a juste été différent, et peut-être un peu plus long. Et, au-delà des formations que j’ai suivi et des diplômes que j’ai pu décrocher, tout ce que j’ai appris pendant quatre ans au contact de mes collègues de l’Ufolep a été déterminant. »

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Nassim, agent de développement à l’Ufolep 77 Après un service civique prolongé par un emploi d’avenir, Nassim Merabet, 24 ans, a été recruté en CDI par le comité Ufolep de Seine-etMarne. Un parcours jalonné par des formations fédérales et un CQP ALS, en attendant de décrocher un BP Jeps. «  Je souhaitais m’engager dans la filière Staps, mais deux échecs successifs au bac S m’en ont empêché. De manière indirecte, via ma pratique du handball, j’ai alors été recruté durant l’été 2012 par l’Ufolep de Seine-etMarne, pour des animations sportives auprès d’enfants en milieu rural : c’est la déléguée départementale Usep, Anne-Sophie Pernon, également dirigeante dans mon club de Cesson, qui a joué le rôle d’intermédiaire. » À la rentrée suivante, je me suis porté volontaire pour effectuer un service civique. Ma mission portait sur le développement d’animations auprès des adolescents  : mon expérience d’entraîneur de handball pour des équipes de jeunes, activité que j’ai poursuivie jusqu’à il y a peu, m’a alors été très utile. Dans le cadre de ma mission, j’ai pu passer mon certificat de qualification professionnelle d’animateur de loisir sportif (CQP ALS), option JS-JO (Jeux sportifs, jeux d’opposition). Puis, au bout de sept mois, le comité m’a proposé un contrat d’emploi d’avenir d’une durée de trois ans. » J’ai alors participé au stage national des nouveaux cadres et agents de développement : quatre jours très utiles pour prendre la mesure de la dimension administrative de mon poste et s’initier à la construction de projet. J’ai aussi participé à un stage centré sur les activités physiques de plein air, qui m’a permis d’élargir ma palette d’animateur sportif, et à une formation de la Direction régionale de Jeunesse et Sport sur “sport et handicap”. Enfin, je suis devenu formateur national aux premiers secours (PSC1) à l’issue d’un stage organisé en février 2014 : j’avais déjà de bonnes notions en la matière, pour avoir suivi plus jeune une formation de cinq semaines comme sapeur-pompier. Aujourd’hui, je suis donc formateur PSC1 pour l’Ufolep 77. » Enfin, je prépare un BP Jeps APT (brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport, option activités physiques pour tous), que j’espère obtenir d’ici décembre 2016, après un an de formation. Entre temps, mon contrat d’avenir est arrivé à échéance et j’ai signé un CDI comme agent de développement et animateur sportif. Mes tâches n’ont guère changé, mais je gère maintenant plus de dossiers et j’ai davantage de

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Agent de développement, animatrice d’activités physiques d’entretien, déléguée départementale… Exemples de parcours de formation effectués au sein du réseau Ufolep.

Mathilde, déléguée départementale de l’Ufolep 76 Mathilde Boillet, 25 ans, est devenue déléguée départementale de l’Ufolep SeineMaritime après un service civique prolongé par un emploi d’avenir, dans le cadre duquel elle a préparé un BP Jeps. « Après un bac S puis un an en faculté de sociologie, j’ai effectué en 2012-2013 un service civique à l’Ufolep de Seine-Maritime. Ma mission consistait à développer les relations entre les associations et le comité départemental. Je connaissais déjà la fédération, pour être moi-même licenciée à l’Auto Rodéo Club de Bazinval. » J’ai ensuite exercé les fonctions de déléguée départementale dans le cadre du dispositif emploi d’avenir. Parallèlement, j’ai préparé un BP Jeps activité physiques pour tous, que je viens d’obtenir. Bien sûr, j’ai suivi le stage de formation des nouveaux cadres Ufolep durant une semaine. Et, aussi, une formation sénior dispensée par des animateurs de l’Ufolep nationale, sur deux fois deux jours. » Désormais, grâce à ce BP Jeps, je suis pleinement opérationnelle pour exercer toutes mes missions de déléguée départementale : gestion de projets, gestion administrative (licences notamment), mais aussi animation sportive de terrain. Et je suis à présent embauchée en CDI. » Claire, nouvelle animatrice gym en Puy-de-Dôme… Dans le cadre d’un projet de reconversion professionnelle, Claire Faure, 54 ans, vient de décrocher avec l’Ufolep Auvergne un CQP ALS, option « activités gymniques d’entretien et d’expression ». « Je me suis engagée il y a un an dans un CQP APS, option AGEE (activités gymniques, d’entretien et d’expression) dans le cadre d’une Octobre 2016

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reconversion professionnelle. Après trente ans dans la gestion et la communication, et à l’occasion d’une restructuration au sein de la Chambre de commerce et d’industrie, mon dernier employeur, j’ai profité du dispositif de rupture conventionnelle pour me réorienter vers le bien-être et les pratiques corporelles, qui depuis toujours sont mes passions. » J’ai ainsi entamé une triple formation, dont le premier volet, à côté de deux spécialisations en massage et thérapie par la danse (1) consiste en un CQP obtenu en juin 2016 à l’issue des deux épreuves théorique et pratique. Je l’ai préparé en suivant trois semaines de cours à Nevers, en région Bourgogne, car l’Ufolep Auvergne n’organisant pas de cession cette année. En parallèle, j’ai suivi trente heures de formation technique et pédagogique au sein de l’amicale laïque de Cébazat, près de Clermont-Ferrand, où ma tutrice donne plusieurs cours par semaine. Cet aspect pratique est essentiel : c’est là que s’acquiert le savoir-faire. » À 54 ans, il n’était pas question pour moi de me lancer dans une formation plus longue et plus lourde comme le BP Jeps, mais bien d’acquérir des compétences immédiatement opérationnelles. J’avais en revanche toujours pratiqué la danse, ce qui m’avait permis d’obtenir l’attestation d’une pratique régulière (140 heures par an) au cours des trois dernières années, indispensable à toute inscription. Quant au contact avec l’Ufolep, il s’est établi à travers des amies, animatrices bénévoles au sein d’associations affiliées. » J’ai été épaulée dans ma démarche par le responsable régional de l’Ufolep Auvergne, qui m’a fait confiance et m’aide à présent à mettre le pied à l’étrier. Depuis la rentrée, je donne en effet un cours de renforcement musculaire à l’amicale laïque de Cébazat, en remplacement d’une animatrice qui a cessé son activité, et j’interviens aussi auprès de deux autres associations Ufolep de l’agglomération clermontoise, à Gerzat et Chamalières. »

… et Martine, trente années d’expérience Pour sa part, Martine Roche, 61 ans, est animatrice d’activités physiques d’entretien (APE) depuis trente ans, également à l’Ufolep Puy-de-Dôme. « Je suis devenue animatrice d’APE par hasard, en 1986, à l’âge de 31 ans. L’animateur du cours que je suivais nous ayant laissés tomber en cours d’année, on m’a proposé de le remplacer au pied levé, tout en offrant de me former. C’était nouveau pour moi, qui étais venue à la “gym tonic” en regardant Véronique et Davina à la télé ! » J’ai passé les différents échelons du brevet fédéral Ufolep, jusqu’au niveau 4, qui permettait d’encadrer contre rémunération. Dans les années 1990, j’ai alors commencé à animer des créneaux dans de nombreux villages : la gym d’entretien était à la mode. » Avec deux autres animatrices, Annie Coly et Sylvie Guereiro, nous avons été les premières à passer le Certificat de qualification professionnelle, option activités physiques d’entretien (APE), dès sa mise en place. Aujourd’hui, j’anime vingt heures hebdomadaires, auprès de huit amicales laïques ou associations Ufolep de mon secteur. En outre, les compétences acquises me permettent d’animer aussi des activités d’entretien au sein d’un foyer d’accueil de personnes en situation de handicap. » » Sinon, nous sommes toujours en formation à l’Ufolep ! J’ai moi-même passé les options “activités aquatiques”, “3e âge” et “danse”. Et, en tant que membre de la commission technique départementale APE, je participe à l’organisation de stages de découverte permettant à nos animatrices bénévoles, titulaires du brevet fédéral, de se familiariser avec les nouvelles tendances : le Pilates, le kick-boxing ou bien encore le “pound”, qui se pratique en musique avec une baguette de tambour dans chaque main. » Propos recueillis par Ph.B.

(1) Menées avec l’Artec, un centre de formation professionnelle ayant son siège à Ivry (94).

FORMATION CONTINUE FÉDÉRALE UFOLEP tion continue fédérale (FCP) Ufolep, pas moins de 25 modules étaient proposés

l’Ufolep », « les logiques d’assurance spé-

Philippe Brenot

Dans le cadre du plan annuel de forma-

cifiques aux pratiques sportives », « maîtriser sa communication et optimiser ses

en 2016. Et si, par exemple, la forma-

soutiens », « sport-santé », « maladie de

tion Ufoweb (site Internet) organisée fin

parkinson », etc. S’y ajoutent les recy-

juin consistait en une demi-journée de

clages obligatoires des moniteurs PSC1,

webconférence, la plupart de ces forma-

Formation communication numérique

tions se déroulent sur un ou deux jours.

avec plusieurs sessions délocalisées en région en octobre-novembre.

Les unes sont dédiées à la maîtrise d’outils techniques ou de

Ces formations ne concernent pas seulement les plus jeunes.

gestion, d’autres à l’animation d’activités sportives ou à des

Nommé il y a trois ans agent de développement au comité

publics et des thématiques spécifiques, d’autres encore à l’ac-

régional Champagne-Ardenne après un parcours profession-

quisition de compétences variées.

nel effectué en partie à la FF Sports pour tous, Patrick Préja-

Parmi les formations du second semestre, on peut citer : « lo-

ville, 47 ans, a ainsi suivi ces dernières années « une formation

giciel de gestion des formations fédérales », « levée de fonds,

Ufoweb, une autre sur un logiciel de mise en page, et une troi-

réseaux, partenaires, lobbying », « marche nordique », « vélo

sième sur les projets éducatifs de territoire (PEdT), organisée

jeunes et kid bike », « comptabilité d’une association », « le

avec la Ligue de l’enseignement à l’occasion de la réforme des

contexte politique sportif », « les outils sport et biodiversité de

rythmes scolaires. » ● Ph.B.

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Ufolep Saôneet-Loire

Ufolep Nord

réseau

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À MÂCON, LE RAIDY FAMILY MÊLE LES GÉNÉRATIONS Depuis quatre ans, l’Ufolep Saône et Loire et les Centres de loisirs éducatifs en Mâconnais (Clem) proposent au printemps une journée multisports pas tout à fait comme les autres : le Raidy Family. « Nous avions mené une première expérience commune en inscrivant une équipe au Raidy to Go organisé en 2012 par l’Ufolep Île-de-France à l’occasion des Jeux olympiques de Londres. Nous nous en sommes inspirés, en ajoutant une dimension intergénérationnelle qui faisait écho au souhait exprimé par plusieurs parents de partager des loisirs sportifs avec leurs enfants », explique Thomas Passoni, référent ados au Clem. Dans cette collaboration avec le comité Ufolep, l’animateur s’occupait plus particulièrement de l’organisation sportive, et Sylvie Buchaillard, déléguée éducation et vie sportive à la Ligue de l’enseignement, de l’animation de réseau et du contact avec les institutionnels. Après les communes de La RocheVineuse, Laizé et Lugny les années

Un raid nature avec ton père et ta mère ?

précédentes, c’est celle de Blanot qui, samedi 28 mai, a accueilli 20 équipes de quatre personnes. Celles-ci comportaient au moins un parent et un jeune (de 11 à 17 ans) de la même famille, les deux autres participants pouvant être des amis. Ceci pour une participation financière de 12 € par personne, ravitaillement et repas-concert du soir inclus. Au programme de cette édition : tir à l’arc, marche nordique, VTT, jeux de coopération, épreuve handisport, spéléologie, poterie… Et aussi, comme chaque année, une découverte de l’histoire locale. Afin de toucher également les plus

jeunes – et de ne pas écarter leurs familles de la manifestation –, un Raidy Kids ouvert aux enfants de 7 à 10 ans s’est greffé cette année sur le Raidy Family. Organisé par Théo Fauvre, en service civique à l’Ufolep, ce Raidy Kids mettait l’accent sur la découverte de nouvelles activités, tout en laissant l’enfant le plus autonome possible. Pour cette première, 11 enfants se sont inscrits. Cette initiative n’a fait qu’ajouter au caractère innovant du Raidy Family, raid intergénérationnel qui mériterait de faire florès au-dela des frontières de la Bourgogne. ● Ph.B.

LOIRE-ATLANTIQUE : À HAUTE-GOULAINE, COURIR EST UNE PRATIQUE ASSOCIATIVE posèrent de créer une section course à pied au sein de l’amicale laïque de Haute-Goulaine, ils n’imaginaient pas que quatre ans plus tard elle compterait 136 licenciés  ! Avec une majorité

Cette vitalité associative repose aussi sur une

Amicale laïque de Haute-Goulaine

Quand Delphine et Loïc, deux trentenaires, pro-

répartition des tâches et des responsabilités. L’animation est bénévole, chacun mettant ses compétences (entraînement, physiologie) au service de tous. Une newsletter hebdomadaire com-

de 35-55 ans et une parfaite parité hommes-

pile infos, idées de sortie, récits d’expérience et

femmes. « Leur projet était celui d’une activité

conseils pratiques, tandis qu’un blog met en par-

ouverte à tous, avec la création d’un groupe de

tage photos et vidéos des courses : trails, cross,

débutants, dont j’étais : un débutant qu’ils ont

courses hors stade… « Le principe, c’est que celui

amené jusqu’au marathon ! » s’étonne encore

ou celle qui propose d’y participer réunisse les ins-

Philippe Rocher, qui préside l’amicale de ce bourg de l’agglo-

criptions des copains souhaitant s’engager aussi. » Galette des

mération nantaise situé entre marais et vignoble.

rois et pique-nique de printemps confortent encore une convi-

L’activité est rythmée par les rendez-vous du mercredi et du

vialité et un engagement bénévole qui caractérisent aussi les

dimanche. Plus un troisième désormais : de la musculation

Foulées du marais, dont la troisième édition a réuni fin mai

en salle le lundi soir. « La clé du succès, explique Philippe

plusieurs centaines de participants sur deux parcours de

Rocher, c’est un esprit collectif, entre solidarité et émulation :

12 et 23 km. « Cette organisation est menée en partenariat

on se retrouve à 50 ou 60 parfois, et après quelques centaines

avec l’association des commerçants et artisans. Car, insiste

de mètres on se répartit en groupes, selon le niveau, l’envie,

Philippe Rocher, à l’image de l’amicale la section n’est pas hors

la forme. Et celui qui traîne un peu ne reste jamais seul. »

sol, mais participe à la vie locale. » ● Ph.B.

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Parkour Reporter

Instantanés

Motocross : Super Trophée de France, Crozant (Creuse), les 13 et 14 août.

Football : finales des coupes nationales, Montigny-en-Ostrevent (Nord), les 14 et 15 mai.

Gymnastique et trampoline : finales nationales, Chevilly-Larue (Val-de-Marne), 4 et 5 juin.

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Cyclosport : championnat national, Rochechouart (Haute-Vienne), du 15 au 17 juillet.

Athlétisme : championnat national été, Limoges (Haute-Vienne), 25 et 26 juin.


VTT : championnat national, Wingles (Pas-de-Calais), du 14 au 16 mai. Natation et activités aquatiques : championnat national, Saint-Flour (Cantal), 4 et 5 juin.

Volley-ball : coupes nationales adultes, Viriat (Ain), du 5 au 7 mai.

LE BEL ÉTÉ DES NATIONAUX UFOLEP La fin du printemps et l’été sont toujours la grande période des rassemblements et des championnats nationaux organisés par les comités et les commissions nationales sportives Ufolep : un tour de France multisports dont voici un petit florilège.

Automobile : championnat national de poursuite sur terre, Minzac (Dordogne), les 20 et 21 août.

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)

histoires

Morceaux choisis L udovic J anvier

La passe !

I

DR

l avait des genoux secs, Landrau, en me dribblant et en me dépasdes jambes nerveuses, un petit sant (petit pont puis grand pont à torse. C’était un joueur net et suivre, c’était sa rengaine, avec parmoral, à la noblesse économe. fois le coup du sombrero, et pour sa Nous aurons vu bien des dribbles danse elle était un festival en paset des passes, depuis, décochés par sements de jambes) et donc c’est en des diables et des demi-dieux, nous me déposant que Landrau m’a fait aurons couru bien des stades à la voir, en Fregoli des espaces, chevaurecherche de leurs paraphes, aux chées, ouvertures, qu’est-ce qu’il t’a Eusebio, des dribbles Garrincha, Di Stefano, Matthews, fait voir ? et attention ! sans percer et des passes Beckenbauer, Puskas, Ben Barek, bêtement la défense à lui tout seul Gento, Van Basten, Platini, Maradona, pour ne rien dire et notamment dans l’axe au risque de s’étouffer mais au de Pelé ou de Cruyff. Sans compter Eusebio. Et Czibor, contraire en se déportant sur l’aile en vue du centre en tiens ! Et je n’oublie pas que quelques-uns des plus beaux retrait qui soulage le jeu et dégage ce blanc propre à passeurs ont toujours été réputés pouvoir dribbler dans la signature, et là il n’y a plus qu’à reprendre la passe, une cabine téléphonique, ainsi Littbarski, de même que la passe au cordeau et but ! pour n’importe quel avantles plus grands acteurs pourraient nous bouleverser rien centre un tant soit peu présent, but ! eh bien, j’y arrive, qu’à réciter l’annuaire local, ainsi Michel Simon. Et je c’est là que Landrau m’a fait voir de profil puis de dos le revois les magnifiques distributeurs de jeu, anonymes tranchant de la décision, l’élégance de l’allure, bref, l’exibien sûr, aperçus au vol depuis le bord de la route ou gence du vouloir au travail dans l’instant, si du moins on d’une fenêtre d’immeuble, ni hongrois de la haute époque veut lui imposer figure et forme, à l’instant. ni brésiliens de toujours ni fine fleur d’italiens ni anglais Nuance. Question petit pont, sombrero et compagnie, il de référence ni argentins de velours ni yougoslaves à den- ne faudrait pas qu’on se méprenne. J’ai l’air de l’étaler, telle, dont les signatures balle au pied ornent à jamais les comme ça, mon Landrau, pour le plaisir de la prouesse. pelouses minables et les plages mouillées et les prairies Loin de moi cette idée. Il n’avait rien du m’as-tu-vu, rien trop grasses et les cours bétonnées, dessinant à la sur- pour la montre dans son jeu, tout y était nécessité. Avec face du monde une immense constellation surbrodée de un seul joueur il sortait régulièrement de ses gonds au danses et de cris. point de chercher la petite bête, ayant affaire en l’occurSans doute. Je m’en fiche. C’est de Landrau que j’ai reçu, rence à un naïf, disons même à un médiocre : et ce joueur je le répète, le baptême de la pensée. Landrau, ce passeur évidemment c’était moi. considérable. Riez, moquez-vous. C’est en me dribblant Une deuxième réflexion, pendant que j’y suis. Je ne Tue-le ! (voix), que Landrau m’a fait voir, en poussant devant lui la ques- voudrais pas non plus qu’on m’accuse de nostalgie ou de L’Arbalète-Gallimard, 2002, 204 pages, 16 €. tion même, autrement dit Quoi penser ? autrement dit rétrovisée, je ne suis pas à la recherche du Landrau perdu, Qu’est-ce que je vais foutre avec cette préoccupation ? la bien au contraire. Au présent, Landrau, et donc au futur ! balle, et sans dégager en touche, et sans se débarrasser À l’instant où j’écris j’envisage mon Landrau comme du cuir, et sans tomber pour nous la faire au coup franc, un nom commun, comme une qualité si vous préférez. et sans foncer sur le vis-à-vis pour s’empaler dessus, c’est Landrau : une éternelle façon de jouer, et qui s’incarne de par le monde en milliers de modestes à la rigueur impitoyable – ils sont rares mais ils sont nombreux – dont les gestes à la surface du globe sont exactement nos contemporains mais nous survivront et survivront à nos Dans Paris par cœur, recueil de textes brefs paru quelques semaines survivants et aux survivants de nos survivants. Que ce après sa mort, le 20 janvier 2016, à 81 ans, Ludovic Janvier évosoit sur la terre crue, sur le sable dur, sur le ciment brut, quait au détour de ses déambulations le souvenir de Charly Gaul, sur la moindre pelouse. Compris ? Je n’en dirai pas plus. Landrau n’aurait pas aimé. le grimpeur de poche des Tours des années 1950, ou la gestuelle Ou que ce soit sur un terrain poivre et sel comme nous avions de Federer sur la terre battue de Roland-Garros. Poète et écrivain en contrebas du collège. Aux rebonds mollassons, à l’herbe discret, parfois plus connu comme spécialiste de Beckett, Ludovic presque inexistante. Au milieu des pins. Modèle de modesJanvier appréciait le sport quand, mariant élégance et intelligence tie, j’allais dire de douceur, avec son sable et son terreau. Du moins si je le compare aux enceintes féroces et parfois de jeu, il donne un peu de sens à la vie. Ici, dans La Passe ! nouvelle meurtrières où par crises on torture et trie les prisonniers, tirée de Tue-le ! (2002), cet enfant mal-aimé, éternel écorché vif, quand on n’y piétine pas à mort les supporters d’en face, raconte comment les caviars distillés par un condisciple au penquand on n’y hurle pas insulte sur insulte en brûlant sa voix sionnat éclairèrent sa jeunesse. ● Ph.B. comme un alcool. ● © Gallimard

UN ESTHÈTE DU SPORT

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je me souviens... Carine Guérandel

)

Carine Guérandel, 36 ans, est maîtresse de conférence à l’IUT « Carrières sociales » de l’Université de Lille et membre du laboratoire CeRIES. Elle a notamment publié Le sport fait mâle. La fabrique des filles et des garçons dans les cités (PUG, 2016), une étude centrée sur la pratique sportive des jeunes des quartiers populaires urbains.

M

on premier souvenir sportif clair remonte au début du primaire. À la suite d’une journée « découverte » organisée à l’école avec les associations des alentours, je suis rentrée chez moi en disant : « Je veux faire du judo ! ». J’avais bien aimé le rugby aussi, mais on nous avait expliqué que le club n’accueillait que les garçons… J’ai donc commencé le judo, à l’âge de 6 ans. Je me souviens des jeux qui m’amusaient tant et de cette impression si plaisante de m’être « défoulée ». Je me souviens aussi du bonheur ressenti le jour où mes parents m’ont acheté mon premier kimono. Lors de ma première compétition, j’ai beaucoup pleuré parce que j’avais perdu devant mes parents et mon professeur, que j’appréciais beaucoup : j’avais peur de les avoir déçus. Après cet épisode, je suis devenue une vraie compétitrice : les « pesées », les combats, les victoires, les médailles, la fierté de ma mère et de mon père dans les gradins, les félicitations de mes entraîneurs, j’adorais ça ! Je me souviens qu’on n’était pas beaucoup de filles et que je trouvais ça très bien à l’époque. Je préférais m’entraîner avec les garçons : je les trouvais plus puissants que mes copines, plus agressifs aussi. Ce que je préférais par-dessus tout, c’était de les battre et de les entendre reconnaître que j’étais plus « forte » qu’eux.

Adolescente, j’ai essayé la danse modern jazz avec une amie. Je me souviens de mon sentiment de malaise lors du spectacle de fin d’année devant tout le village : non, ce n’était vraiment pas pour moi. Je préférais largement le judo, l’adrénaline des compétitions, et les stages de fin d’année avec tatami le matin et kayak, tir à l’arc, trampoline ou VTT l’après-midi. Puis, à 16 ans, j’ai voulu essayer le tennis. Nouvelle révélation. J’aimais tellement ça qu’une fois, alors que j’avais le pied dans le plâtre à cause du judo, j’avais supplié mon entraîneur de me laisser jouer avec mes béquilles… Je me souviens des heures passées seule sur le court, le dimanche matin, à faire des services avec mes seaux de balles. Je me souviens de l’odeur de ces balles et de celle de la terre battue, de mon impatience à débuter la saison des tournois, de Tennis magazine auquel j’étais abonnée, des appels passés à ma mère depuis la cabine téléphonique du lycée pour qu’elle me tienne au courant des résultats des matchs de RolandGarros, de mes nuits blanches pour regarder l’US Open en direct sur Eurosport, de ma première fois émerveillée dans les gradins de Roland-Garros, ou bien encore de mon admiration pour Pete Sampras, qui allait jusqu’à l’imitation de ses mimiques lorsque je jouais. Mais où sont les femmes dans mes souvenirs ? C’est là que le bât blesse. ●

l’image

LES PIONNIERS DU SPORT (BNF/La Martinière)

« 16 juin 1912. Petit gabarit (1 m 70, 56 kg), Fernand Gonder s’entraîne en franchissant des rivières à la perche ! Aux championnats de France, à Colombes, il saute 3 m 35, battu par Maurice Garon et ses 3 m 45.»

Les Pionniers du sport, de Philippe Tétart, BNF éditions/La Martinière, 200 photos, 190 pages, 29 €. Les illustrations du volume sont disponibles à la consultation sur Gallica (http ://gallica.bnf.fr)

Fonds Rol, Bibliothèque nationale de France

Fonds Rol, Bibliothèque nationale de France

Les Pionniers du sport ramène aux origines du photoreportage avec une sélection d’images qui, sous forme de négatifs sur plaques de verre ou de tirages réunis en albums, dormaient depuis un demi-siècle dans les réserves de la Bibliothèque nationale de France. Hippisme, cyclisme, boxe, courses auto et moto, athlétisme, football, tennis, rugby, natation, ski et patinage… Ces clichés racontent à la fois l’essor du sport dans la France d’avant 1914 et celui d’une presse qui, grâce à des appareils désormais aptes à saisir le mouvement, gonfle son tirage en se faisant l’écho de l’engouement naissant du public et des exploits des premiers champions. Auteur d’une Histoire du sport en France qui fait référence, Philippe Tétart éclaire de commentaires pertinents et ciselés les photos de l’agence fondée en 1904 par Marcel Rol, lequel devait mourir l’année suivante à 38 ans en couvrant la course automobile du mont Ventoux. Un pionnier du sport, au même titre que ceux que lui-même et ses reporters photographiaient avec un rare talent. ●

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repères

LE SYNDROME DU BIEN-ÊTRE

« Les inquiétudes exprimées dans ce livre ne portent pas sur le bien-être en soi, mais sur la façon dont il s’est transformé en idéologie » précisent d’emblée les auteurs de cet ouvrage traduit de l’anglais. Le syndrome contre lequel ils mettent en garde est celui qui, à la longue, menace les accros à la salle de sport, les fondus de fitness, les croisés du footing et les fanatiques de la santé et du régime alimentaire idéal. Un livre à contre-courant, dont la petite faiblesse réside dans l’absence de toute référence hexagonale. Ph.B.

Le syndrome du bien-être, par Carl Cedeström et André Spicer (respectivement enseignants à la Stockholm Bussiness School et à la Cass Business School), L’Échappée, 166 pages, 15 €.

JEUX TRADITIONNELS On sait l’intérêt que Pierre Parlebas nourrit depuis toujours pour les jeux traditionnels. Moins pour le témoignage historique que pour la

MILON DE CROTONE, OU L’INVENTION DU SPORT Dans deux ou trois millénaires, consacrera-t-on encore des biographies à Mohamed Ali ou Usain Bolt comme Jean-Manuel Roubineau en dédie aujourd’hui une à Milon de Crotone, « the greatest » lutteur grec du VIe siècle avant J.-C. ? Si l’historien s’est lancé dans ce projet, c’est parce que ce multiple champion olympique à la force légendaire lui apparaît comme « le témoin et l’un des acteurs principaux de la naissance d’un phénomène majeur de la culture occidentale, le sport, et de l’émergence d’une figure sociale d’un nouveau type : l’athlète ». Ce qu’il s’emploie à démontrer dans un ouvrage qui va bien au-delà de la simple thèse universitaire. ● Ph.B. Milon de Crotone ou l’invention du sport, Jean-Manuel Roubineau, Puf, 356 pages, 22 €.

jeux collectifs de rue, les jeux et rites des Indiens d’Amérique du Nord ou les liens entre jeux et culture en Corée. Un auteur particulièrement audacieux va même jusqu’à annoncer une « réappropriation digitale du patrimoine ludique mondial » à travers les jeux vidéo ! Ph.B. variété d’interactions qu’ils offrent, à michemin entre opposition et coopération. À la différence de sports qui, eux, se résument à un affrontement codifié... L’ouvrage collectif qu’il a dirigé prolonge et éclaire ses propres observations sur « les universaux » et la « logique interne » des jeux sportifs à travers des articles de chercheurs français et étrangers portant sur les jeux d’adultes et d’enfants, les

abonnez-vous ! EN JEU, UNE AUTRE IDÉE DU SPORT LA REVUE DE L’UFOLEP • 5 numéros par an ❒ 13,50 € (octobre, décembre, février, avril, juin) Mon adresse postale :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .....................................................................................................................

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Je joins un chèque postal bancaire de la somme de. . . . . . . . . . . à l’ordre de EJ GIE À. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , le. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Signature :

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Jeux traditionnels, sports et patrimoine culturel, Pierre Parlebas (dir), L’Harmattan, coll. Cultures et éducation, 310 pages, 32,50 €.

SPORT CITOYEN

Cet ouvrage engagé a pour premier mérite de proposer une définition de « l’éducation par le sport » : à savoir, « tout ce qui conduit par la pratique d’une activité physique encadrée à l’utiliser [le sport] comme une aide sociale, un support d’enseignements et une remise en lien avec

la société ». Le terme, ajoute Olivier Villepreux, désigne par extension « un ensemble de structures, d’associations et de clubs qui utilisent le sport comme instrument d’intégration sociale et de mixité pour raccrocher des personnes – les jeunes en particulier – à un désir de vie perdu pour des raisons personnelles, économiques, psychologiques, sanitaires ou accidentelles ». À l’appui de cette définition, le journaliste propose des exemples et des témoignages s’appuyant principalement sur l’action de promotion menée depuis près de vingt ans par l’Association pour l’éducation par le sport (Apels). Une lecture utile, à l’heure où l’Ufolep structure son secteur « sport et société ». Et le fait que notre fédération ne soit pas explicitement citée doit être une incitation supplémentaire à développer et mieux valoriser nos actions dans le domaine, désormais clairement défini, de l’éducation par le sport. Ph.B. Réveil du sport citoyen, des valeurs en partage, Olivier Villepreux, Ateliers Henry Dougier, Coll. Le changement est dans l’R, 128 pages, 12 €.



Conception : 4août

L LIGUE DE L’ENSEIGNEMENT CCOMP GNE LE SERVICE CIVIQUE

FÉDÉRATIONS SPORTIVES DE LA LIGUE DE L’ENSEIGNEMENT

ENGAGÉS DEPUIS 1866, MOBILISÉS AUJOURD’HUI POUR LE SERVICE CIVIQUE

Avec la Ligue de l’enseignement, Paul, 20 ans, partage sa passion du sport avec les enfants, au sein de l’association La Fontaine (Paris). REJOIGNEZ NOUS : WWW.LALIGUE.ORG


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