Ufolep 20 bat hd février 2016

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fédéral

Pour y défendre une autre conception du sport

L’Ufolep chez le Président

L’

actualité était chargée et pesante, une semaine après les attentats qui venaient d’ensanglanter Paris et dix jours avant l’ouverture de la conférence sur le climat. Mais le président de la République n’a pas ajourné le rendez-vous avec l’Ufolep qui figurait à son agenda du vendredi 20 novembre 2015. Cet entretien avait été sollicité en juillet auprès de Bernard Combes, son conseiller pour les relations avec les élus. Dans le cadre de ses fonctions élyséennes, le maire de Tulle organise en effet pour François Hollande des rendez-vous qui s’ouvrent aussi à des représentants de la société civile. Ce que n’ignorait pas Thierry Broydé, élu national Ufolep et président du comité de Corrèze, qui a participé aux côtés de Philippe Machu et Pierre Chevalier, président et directeur technique national de l’Ufolep, à cette rencontre d’une quarantaine de minutes. LE FLÉAU DE L’INACTIVITÉ Dans un premier temps, Philippe Machu a exposé au président de la République la conception du sport que défendent l’Ufolep et la Ligue de l’enseignement (1). Il l’a fait en pointant « le fléau de l’inactivité » et son coût humain (estimé à 9% des décès en France) et financier, en raison des pathologies liées. « Or l’offre sportive actuelle ne sait pas répondre aux besoins d’activités physiques adaptées pour cette population sédentaire, d’autant plus difficile à attirer qu’elle est très éloignée des représentations du sport proposées par les médias » a-t-il souligné. Le président de l’Ufolep a plaidé en faveur d’une autre approche du sport que celle du modèle fédéral et compétitif, qui demeure la norme. Une approche « innovante », élargie à d’autres acteurs que les clubs et les comités sportifs : collectivités locales, maisons de quartier, etc. Philippe Machu a insisté sur la nécessité de compléter le savoir-faire technique des éducateurs sportifs par d’autres compétences en matière de transmission des valeurs de la République. De même, le président de l’Ufolep a appelé de ses vœux une meilleure « reconnaissance » des fédérations affinitaires et multisports, souvent marginalisées au sein du mouvement sportif alors qu’elles sont souvent plus à l’écoute des évolutions de la société. N’étant pas mobilisées par les résultats sportifs et le rayonnement d’une seule activité, elles s’investissent en effet davantage dans le champ social ou le sport-santé. Le travail réalisé conjointement par les fédérations affinitaires (2) pourrait ainsi servir de base à l’Institut national du sport loisir dont François Hollande dessinait les contours dans son programme de candidat. Un tel organisme permettrait de légitimer et de renforcer leur Février 2016

Service photographique de la présidence de la République

Le président et le DTN de l’Ufolep ont été reçus à l’Élysée, vendredi 20 novembre, et ont plaidé auprès de François Hollande la cause du sport pour tous.

La délégation Ufolep et le Président, entouré de ses conseillers.

action. Pour sa part, l’Ufolep promeut déjà, en France et en Europe, ce qu’elle identifie comme une « nouvelle culture sportive ». En témoigne l’Université européenne du sport organisée l’an passé à Strasbourg. ET L’INSTITUT NATIONAL DU SPORT LOISIR ? Sans que ses propos l’engagent, François Hollande n’a pas écarté l’idée d’un tel institut et s’est interrogé, avec un sourire entendu, sur le chef de file susceptible de porter ce projet… Il a également rebondi sur la question du financement de la pratique des personnes inactives : si cela permet de réduire les dépenses de santé et le risque de décès, dans quelle mesure la Sécurité sociale, les mutuelles ou les compagnies d’assurances pourraient-elles y contribuer ? Enfin, le sujet des valeurs de la République, que la pratique sportive peut aider à transmettre, a suscité des échanges sur le plan Citoyen du sport du gouvernement. Sur quoi ces échanges déboucheront-il ? De caractère informel, ils n’avaient pas vocation à se traduire par une quelconque annonce. Mais l’Ufolep est désormais en contact avec Nathalie Iannetta, conseillère sport du Président. Et, lors de prochains arbitrages, celui-ci sera peut-être enclin à ménager une plus grande place au sport pour tous à côté du sport d’élite qui, s’il porte les couleurs de la France, ne peut occuper tout l’espace à l’heure où, plus que jamais, l’activité physique est un enjeu de société. ● Philippe Brenot (1) En tant que vice-président de la Ligue de l’enseignement, Philippe Machu a profité de l’occasion pour renouveler au président de la République l’invitation à honorer de sa présence, fin juin, le congrès des 150 ans de la Ligue. Il a également mentionné dans la conversation les nouvelles formes d’engagement des jeunes dans les quartiers proposées par la Ligue de l’enseignement. (2) Ufolep, FSGT (Fédération sportive et gymnique du travail), FSCF (Fédération sportive et culturelle de France), FFEPMM Sports pour Tous, Léo Lagrange, UNCU (Union nationale des clubs universitaires)...

en jeu une autre idée du sport ufolep n°20

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