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Reportage
Le petit Thomas trouve peu à peu le sommeil dans les bras de son papa... et au son de la kalimba de dr Plume.
Des bulles de fraîcheur à l’hôpital
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Toute l’année durant, les artistes de la Fondation Théodora se rendent chaque semaine dans les hôpitaux pour apporter soutien et réconfort aux enfants hospitalisés. La période des vacances d’été ne fait pas exception. Ainsi, le temps d’une matinée de juillet, nous avons accompagné les docteurs Plume et Flash au Centre hospitalier de Rennaz, afin de voir comment se déroulent ces visites pendant cette parenthèse estivale.
Il est 8h45 en ce chaud mois de juillet et les rayons du soleil illuminent déjà les majestueuses montagnes qui entourent le Centre hospitalier de Rennaz. Direction le deuxième étage, au Service de pédiatrie. David et Pascal, deux artistes de la Fondation Théodora, passent en revue avec l’équipe soignante la liste des enfants hospitalisés ce jour-là. Âge, état de santé ou précaution particulière à prendre, le duo note soigneusement chacune de ces informations pour préparer au mieux leur visite. Ce matin, il y a donc Pauline, Thomas, Jules et Estelle à l‘étage, sans compter les patients admis aux urgences. Une réalité qui nous rappelle que, même au cœur de l’été, la maladie et les accidents ne prennent pas de vacances.

Éventails fruités Une dizaine de minutes plus tard, nous retrouvons David et Pascal métamorphosés respectivement en docteur Flash et en docteur Plume. Tout en grâce et légèreté, dr Plume est reconnaissable à son chapeau bleu et orange, deux couleurs que l’on retrouve sur le reste de sa tenue, et ce jusqu’aux chaussettes ! Dr Flash, quant à lui, arbore un éclair doré au dos de sa blouse et des baskets rouge et blanche avec lesquelles on l’imagine sans problème courir à la vitesse de la lumière. Bref, un duo parfaitement complémentaire qui s’est équipé en circonstances pour cette chaude journée d’été. Alors que Plume a ajouté un éventail motif pastèque à sa panoplie, Flash a lui opté pour une version citron et porte aussi autour du cou un mini ventilateur rose en forme de lapin. Tout est prêt, la visite peut commencer.
Les artistes déambulent dans les couloirs colorés du Service de pédiatrie qui sont décorés de petits animaux et personnages sympathiques. Une initiative bienvenue qui donne une atmosphère chaleureuse et enfantine au lieu. Arrivés devant une porte vitrée, une coccinelle aux yeux pétillants nous souhaite la « Bienvenue en Néonatologie ». Oui, nous sommes chez les tout-petits et cela tombe bien, car il n’y a pas d’âge pour commencer à rêver.
D’un pas décidé, dr Plume et dr Flash sont en route pour offrir de la joie aux enfants.
Sieste à « papa plage » Nous y retrouvons Thomas qui a fait connaissance avec ses parents depuis seulement six semaines. Un petit ourson à ses côtés, le nouveau-né s’agite dans son berceau en poussant des cris par intermittence. Après avoir reçu la permission d’entrer, les docteurs Rêves s’approchent doucement du bambin et de son papa qui veille sur lui. C’est l’heure de la sieste. Enfin, cela devrait être le cas, mais Thomas ne semble pas disposé à rejoindre tout de suite les bras de Morphée. Soudain, une douce musique se fait entendre dans la chambre. C’est docteur Plume qui fait résonner les notes de sa kalimba. Docteur Flash, de son côté, offre un peu de fraîcheur au papa à l’aide de son éventail. Mais ce n’est pas encore assez pour le petit Thomas qui continue de s’agiter. Son papa le sort alors de son berceau pour le blottir délicatement sur sa poitrine. Voilà, c’est ce qui manquait. Bercé par les notes de kalimba, le bambin s’apaise petit à petit avant de s’endormir paisiblement dans les bras de son père. Mission accomplie. En souvenir de ce moment, les docteurs Rêves laissent une carte postale sur le berceau de Thomas sur laquelle on peut lire : « Thomas, on te souhaite une belle sieste à papa plage ! Dr Plume + dr Flash ».

Aux Champs-Élysées C’est au tour de Pauline, 9 mois, de recevoir la visite des docteurs rigolos. Dès le début, la fillette est fascinée par ces deux personnages hauts en couleur et le fait savoir avec sa petite voix. « Eh bien, tu nous en racontes des histoires », commente dr Flash. « Je ne sais pas de qui ça vient… », répond du tac au tac le papa pour plaisanter. En effet, très communicatif, ce dernier profite tout autant que sa fille de la présence des artistes. Pendant que Plume fait tournoyer son chapeau sur le bout de son doigt, pour le plus grand bonheur de Pauline, le papa discute de tout et de rien avec le docteur Flash. Des moments d’évasion, loin des préoccupations du quotidien, qui sont tout aussi importants pour les parents. La visite finit en apothéose

Pauline, 9 mois, est fascinée par le chapeau tournoyant du docteur Rêves.
avec des bulles de savon propulsées par le ventilateur aux oreilles de lapin du dr Flash. « Des bulles de fraîcheur, un peu comme des glaces », commente l’artiste, « celle-là est à la vanille, l’autre à la framboise, chocolat, raclette, euh, non ». Rire général. Au moment du départ, docteur Flash remonte le mécanisme de sa boîte à musique « Les Champs-Élysées ». Les premières notes résonnent « Les maladies et les et tout le monde, accidents ne prennent même Pauline (à pas de vacances. » sa façon), chante en cœur le refrain de la célèbre chanson. Alors que les artistes quittent la pièce, le papa les remercie chaleureusement pour ce joyeux moment. les artistes ont un mot pour chaque personne qu’ils croisent et laissent toujours derrière eux des sourires. Sur le chemin des urgences pédiatriques, Plume et Flash rencontrent le petit Cimran et ses parents. La famille ne parle pas français, mais les artistes vont vite démontrer que le rire ne connaît ni langue ni frontière. Le jeune garçon apprivoise rapidement les docteurs Rêves et sautille de joie à chacun de leur numéro, des étoiles plein les yeux. Une scène qui fait plaisir à voir et que les parents immortalisent avec leur téléphone.
En suivant les docteurs Rêves dans les couloirs de l’hôpital, on se rend vite compte qu’ils font partie intégrante de l’équipe. Que ce soient les soignants, les personnes en charge de l’entretien ou à l’accueil, Selfies avec Kermit et Tigrou Arrivés aux urgences, Flash et Plume font la connaissance de Quentin, 2 ans, et de son papa. Lolette à la bouche, le bambin tient fermement ses deux doudous dans les bras :
Pour le petit Cimran, la salle d’attente se transforme en salle de jeux, grâce à la présence des drs Rêves.
Kermit la grenouille et Tigrou. À la vue des premières bulles de savon, Quentin pousse un cri de joie qui fait s’envoler sa lolette. Mais c’est surtout l’appareil photo miniature du docteur Flash qui semble l’intéresser. « Attends, attends, je te prends en
Quentin ne se lasse pas de voir son reflet, et celui de ses doudous, dans le petit miroir du dr Plume. photo et j’envoie l’image en Bluetooth à dr Plume », lui dit le docteur Rêves. « Photo bien reçue ! », répond docteur Plume qui tend un petit miroir à Quentin. Ce dernier observe avec amusement son reflet dans la glace en pointant le doigt et répétant son prénom. Bien évidemment, Kermit, Tigrou et même papa auront droit à leur portrait, pour la plus grande joie de Quentin. Il recevra même une photo imprimée de Kermit, sous la forme d’une gommette grenouille. Enfin, c’est au rythme des maracas que le duo prend congé du petit garçon, de Kermit et de Tigrou. Car oui, d’autres enfants attendent encore leur venue.

Après avoir rendu visite au petit Antoine aux urgences, Flash et Plume retournent au 2e étage pour prendre des nouvelles de Jules. L’enfant étant en isolement, il est le dernier à recevoir la visite des docteurs Rêves, comme le veut la procédure. Mais surprise, Jules a pu quitter l’hôpital entre temps. Flash et Plume auraient bien évidemment adoré faire sa connaissance et voyager avec lui dans un monde de rire et de rêves. Mais ils sont surtout contents et soulagés de savoir qu’il pourra profiter de ces belles journées d’été aux côtés de sa famille et ses amis. Et c’est tout ce qui compte.
Texte: Franco Genovese Photos: Pierre-Yves Massot
Durant notre reportage au Centre hospitalier de Rennaz, nous nous sommes entretenus avec Isabelle Buttet, infirmière cheffe du Service de pédiatrie, sur les bienfaits apportés par la présence des docteurs Rêves.
Quelle est la réalité d’un service de pédiatrie en plein été ? En général, l’activité en pédiatrie est plus accrue en hiver, mais cela a passablement changé depuis la pandémie. En effet, nous avons de plus en plus d’admissions cet été qui sont liées à des virus que nous trouvons habituellement en hiver.
Quel regard portez-vous sur le travail des docteurs Rêves ? Un regard plus que positif. Ce sont des moments d’évasion pour les patients, clairement, mais aussi pour les parents et le personnel. Cela fait du bien à tout le monde de les voir déambuler dans les couloirs et mettre un peu de joie. Voir la réaction des enfants à la suite de leur passage est aussi très gratifiant. Certains enfants sont presque contents d’être à l’hôpital. Cela nous aide aussi dans les soins, car nous avons des enfants plus détendus, mais aussi des parents plus détendus. Pour l’équipe soignante, la Fondation Théodora fait partie intégrante de l’équipe.
Quel bilan tirez-vous du programme d’accompagnement chirurgical qui est aussi donné dans cet hôpital, deux fois par semaine ? Le bilan est à nouveau plus que positif. C’est vraiment un plus pour les enfants, mais aussi les parents. C’est d’ailleurs eux qui sont souvent le plus affectés, en termes de stress, avant une intervention, ce qui est normal. Voir son enfant plus serein et partir avec les docteurs Rêves dans un monde imaginaire, cela aide passablement les parents. Au niveau des soignants, c’est aussi un grand plus d’avoir des enfants plus détendus. C’est également le cas pour les anesthésistes. Grâce à cet accompagnement, nous n’avons plus besoin de donner aux enfants des prémédications avant le passage au bloc. Le fait que les artistes soient là tout au long du processus opératoire est un fil rouge extraordinaire pour les petits patients.
Trois mots pour décrire la Fondation Théodora ? Respect, joie et bienveillance.