PREMIER PLAN
10 choses à savoir sur…
Seif el-Islam Kadhafi Candidat à une élection présidentielle à nouveau repoussée, le « fils préféré » de l’ex-Guide de la Jamahiriya se pose en homme providentiel. 1. Revenant
Arrêté en 2011, Seif el-Islam Kadhafi a passé le plus clair de ces dix dernières années près de Zintan (nord-ouest de la Libye), la ville dont est originaire la brigade révolutionnaire qui l’avait enlevé. Officiellement libéré en 2016, il a attendu juillet 2021 pour annoncer son retour à la vie politique dans le New York Times.
2. Imbroglio
Toujours réclamé par la Cour pénale internationale pour son rôle dans la répression en 2011, il a failli être empêché de se présenter à la présidentielle en raison de ses antécédents judiciaires. Contredisant la Haute Commission électorale, la cour de justice de Sebha a finalement validé sa candidature.
3. Réformiste?
AP/SIPA
« Sa candidature n’est pas celle de la nostalgie pour l’ancien régime », plaide Souha al-Badri, sa conseillère
en communication. Ses proches rappellent à l’envi que, sous le règne de son père déjà, il faisait figure de réformiste. Reste que, dans le New York Times, Seif el-Islam estimait que « ce qui [s’était] passé en Libye n’était pas une révolution ».
4. Haftar
En son absence, Khalifa Haftar a réalisé une OPA sur le clan kadhafiste. Aujourd’hui, les deux hommes, candidats à la présidentielle, se disputent le même vivier électoral. Pour empêcher Seif el-Islam de faire appel de la décision l’excluant de la campagne, le maréchal a même fait fermer manu militari le tribunal de Sebha fin novembre. Sans succès.
5. Conflit de générations
Chargé en 2020 de fonder le parti Libya el-Ghad sur instruction de Seif el-Islam, Nidhal Badreddine, 35 ans, a pris ses distances. En cause : le conservatisme de la vieille garde, groupée autour du Front populaire pour la libération de la Libye et de Mohamed Abou Agila Agila. « Ils sont revanchards, hostiles à tout changement et n’orientent pa as Seif el-Islam dans un sens réformiste », regrette Badreddine.
6. Russie
En coulisses, certain ns officiels russes parlent d du fils de Kadhafi com mme du candidat de Moscou. « La diiplomatie russse s’est même ex xprimée pour la llibération d’un autre de ses fils, Hannibal Kadhafi », rappelle
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JEUNE AFRIQUE – N° 3108 – JANVIER 2022
Adlene Mohammedi, spécialiste des relations russo-arabes.
7. Frères
L’aîné de la fratrie, Mohammed, vit au Caire. Après sept ans de détention à Tripoli, Saadi a été libéré le 5 septembre. Il vit depuis en Turquie. Quant à Hannibal, toujours détenu au Liban, son cas a fait l’objet d’une rocambolesque affaire impliquant Nicolas Sarkozy et l’homme d’affaires Noël Dubus. L’idée, selon ce dernier, était d’obtenir la libération de Hannibal en échange d’un accès aux archives de la famille.
8. Béchir Saleh
L’ancien argentier de Mouammar Kadhafi a fait son retour au pays dans la foulée de l’annonce de la candidature de Seif el-Islam. Mais pas pour lui apporter son soutien : Béchir Saleh a lui aussi décidé de se présenter. « Il cherche surtout un poste dans la prochaine administration, il ne représente rien dans l’opinion », tacle un jeune responsable kadhafiste.
9. Revenus
Officiellement, ses fonds ont été gelés. Mais, selon une enquête du Times publiée en 2017, Seif el-Islam aurait un accès direct à 30 milliards de dollars malgré les sanctions.
10. Préjugé favorable
« Le sentiment général, c’est que sa candidature est une chance pour la stabilité de la Libye », a confié le député français Bruno Fuchs après une courte tournée africaine en décembre, notamment au Congo et en RDC, où il a rencontré Félix Tshisekedi. Jihâd Gillon