Livre illustré vie Saint Cesaire diacre et martyr de Terracina, Traduction de Dominique Guerrini

Page 1

Césaire Diacre Texte et Illustrations de Giovanni Guida Traduction de Dominique Guerrini


Tunc clamaverunt omnis populus dicentes:«Bonus homo iusta loquitur» Tout le peuple s'écria: «C'est un homme vertueux; et ce qu'il nous propose est juste»

HOMMAGE À SAINT CÉSAIRE DIACRE ET MARTYR DE TERRACINA


à tous ceux qui se mettent au Service des autres; à tous ceux qui défendent la sacralité et la dignité de la vie; à tous ceux qui ont le courage de dire ce qu'ils pensent; à ma grand-mère Teresa Turco, disparue, mais toujours si proche; à mes parents, Gennaro et Annamaria, piliers de ma vie; à ma soeur Mariateresa, torche inextinguible; à mon amie Daniela, lumière de mes idées.


Césaire Diacre Texte et Illustrations de Giovanni Guida Traduction de Dominique Guerrini


Index Preface

[9]

Césaire, un personnage historique

[ 12 ]

Un diacre africain

[ 14 ]

Naufrage à Terracina

[ 16 ]

Domitille, Eufrosine et Theodora

[ 20 ]

Le sacrifice humain

[ 24 ]

Le Procès

[ 29 ]

Chute du temple d’Apollon

[ 31 ]

Conversion du consul Léonce

[ 35 ]

Poena cullei

[ 40 ]

Le culte en Corse et en France

[ 45 ]

Reliques

[ 46 ]

Bibliographie

[ 48 ]


Preface Le projet Caesarius Diaconus est né du désir d’approfondir l’histoire de Césaire, un jeune diacre martyrisé à Terracina au début du IIe siècle de l’ère chrétienne, et de la mettre en images à travers une série d’illustrations qui retracent les épisodes les plus significatifs de sa vie. Caesarius est un nom latin dérivé de César et signifie «dévoué à César»: ce nom est lié, bien sûr, au grand général romain, Caïus Julius Caesar, et aux empereurs romains tous appelés César. Notre diacre est plutôt un César chrétien opposé aux empereurs païens. Dans la «Passion», récit ancien de son martyr, faits réel set éléments imaginaires se mêlent: on parle d’un personnage réel dans un contexte de faits imaginaires. Toutefois quelques éléments sont historiques: le nom (Césaire), le lieu (Terracina) et l’événement (le martyre). Cette plaquette confrontera les différentes versions de la Passion, les récits hagiographiques et les divers documents collectés. En effet, au cours des siècles, les narrateurs occasionnels et l’imagination populaire ont inséré dans le texte d’origine des épisodes qui servaient à compléter, enrichir et embellir le récit. Pour retrouver les faits d’origine, il faut prendre en compte ces légendes en évitant de produire d’autres variantes de la légende sans fondement scientifique. Il est donc nécessaire de s’en tenir au peu de choses dont on est à peu près sûr archéologiquement et historiquement.

[9]


Le projet est né grâce à l’aide précieuse du professeur Daniela Pergreffi, qui enseigne Illustration à l’Académie des Beaux-Arts de Naples, et à l’encouragement de l’artiste Daniela Matarazzo. Les 7 aquarelles se caractérisent par un fort réalisme obtenu par une recherche sur les visages et les corps. Quant au décor, c’est une reconstruction hypothétique des lieux mentionnés dans la Passion (dessins de l’archéologue Luigi Canina, de Pio Capponi et de Venceslao Grossi). Chaque tableau a été supervisé par le professeur Rosario Malizia, secrétaire du Siège de Terracina de l’Archeoclub d’Italie: ses réflexions, ses précisions et ses corrections ont permis de placer les personnages dans les lieux qui, selon la tradition, sont ceux du martyre de Césaire et de faire coïncider l’archéologie et l’histoire. Les nouvelles propositions sur la datation du martyre avancées par l’archéologue Pietro Longo de Terracina, et ses études récentes sur le diacre ont permis de rayer de notre recherche les périodes néronienne et domitienne, et de nous concentrer sur les personnages cités dans la Passion, dont certains apparaissent aussi - avec les mêmes rôles - dans d’autres Actes des Martyrs. Giovanni Guida Cesa (Italie), Janvier 2015

La traduction en français a été réalisée en 2016 par Dominique Guerrini, professeur agrégé de l'Université et ex-responsable de formation à l'IUFM de l'académie d'Amiens, et par Jean-Etienne Guerrini, inspecteur de l’Education Nationale

[ 10 ]


Césaire, un personnage historique Il y a plusieurs bonnes raisons d’approfondir les recherches sur «Cesario» ou «Cesareo» un martyr dont l’existence même diversement documentée ne peut être mise en doute. On est sûr qu’il est mort durant la période des persécutions.

Le rédacteur des Actes du martyre de Césaire, qui ne connaissait pas la date exacte, a complété le récit d’épisodes inventés et fortement dramatiques. Au cours de ces siècles, il est très probable que le temple d’Apollon de Terracina s’est transformé en sanctuaire chrétien dédié au martyr Césaire et qu’on a alors mis par écrit les traditions orales des martyrs de Terracina. La légende dans sa forme actuelle est certainement d’origine terracinaise.

Césaire de Terracina est donc bien sans discussion un personnage historique: il est mentionné dans le plus ancien martyrologe qui parvenu jusqu’à nous: le «Martyrologe hiéronymien» (1e moitié du Ve s.) et sa fête est fixée au 1er novembre et au 21 avril (coincide avec le Dies Natalis Romae) tandis que dans le «Martyrologe romain» il est commémoré le 1er novembre avec un éloge extrait du récit de la Passion.

Elle est née pour donner de l’importance à un épisode de l’histoire primitive de l’église locale; sur le lieu de la sépulture de Césaire (dans le Valle di Terracina, Agro Varano) on a édifié une Basilique ad corpus, dédiée à Santa Maria ad martyres; il s’agit du premier et du plus important lieu de culte de la ville, où avant même l’instauration du christianisme, étaient baptisés les catéchumènes.

Le Dies Natalis de Césaire, c’est-à-dire jour de sa naissance au ciel, est mentionné aussi dans d’autres textes autorisés comme le «Sacramentaire des papes Grégoire et Gélase Ier» – anciens textes liturgiques chrétiens – et dans les martyrologes de Beda, Raban, Usuard et d’autres postérieurs.

Comme nous le verrons, dans ce récit de la Passion on ne peut pas tout raconter à l’aune des légendes pieuses et naturellement, au fur et à mesure, on distinguera les faits historiques et ceux qui relèvent de la légende. Répétons cependant qu’il ne faut pas tout mettre dans le même sac, car ces actes ont été écrits des siècles auparavant et ils ont intégré sans interruption la tradition orale des événements.

Sa fête figure aussi dans l’ancien calendrier du Père jésuite Fronton du Duc (XVIe s.). On peut donc dire que les témoignages historiques de l’existence du diacre Césaire ne manquent pas, même si on ne sait rien de sûr de sa vie, à part son martyre. En effet sa biographie est rapportée dans une Passion qui nous est parvenue sous 4 formes: minima, parva, maior, maxima, élaborées dans le premier millénaire. La Passio parva, la plus proche de la réalité, la plus historique car la plus ancienne: Ve-VIe s. A cette époque a fleuri un vrai genre littéraire des «Passions» épiques et largement légendaires qui étoffaient le portrait du martyr dont on ne connaissait que le nom, la date et le lieu de son martyre voire les données hagiographiques qui permettent son identification. Selon la Passio parva, le martyre de Césaire a eu lieu sous Néron (54-68 ap JC), selon la Passio maior sous le règne de Domitien (81-96 ap JC), selon la Passio maxima sous le règne de Trajan (98-117 ap JC) alors que la Passio minima ne le précise pas.

[ 12 ]

En 1887 le bollandiste Guillaume Van Hoff a porté un jugement très favorable sur cette Passion mais aujourd’hui les opinions ont changé. Selon l’archéologue Giuseppe Lugli, quelle que soit la valeur historique et chronologique de ces Actes, l’indication des lieux est exacte. Le récit semble écrit par un auteur local qui connaît bien le pays. La topographie est exacte: on reconnaît le Mont Sant’Angelo avec ses à-pics sur la mer, le Pisco Montano, le temple d’Apollon, situé au sommet d’une colline, le Forum Émilien et la prison voisine. On a l’impression de voir se dérouler sous nos yeux les épisodes successifs de la Passion, dans un décor réel, aux détails précis. Le récit a donc été écrit par une personne qui connaissait bien les lieux. .

[ 13 ]


Un diacre africain

Sa famille se convertit au christianisme grâce aux ferventes prédications des apôtres de Jésus dans cette région.

On ne sait pratiquement rien de son enfance: hagiographes et chercheurs ont exprimé des opinions diverses voire opposées. Césaire naît en Afrique septentrionale, précisément à Carthage, vers 85 ap JC.

Le jeune Césaire après avoir compris la doctrine chrétienne, fut fasciné par la figure de Jésus et son message de salut. Dans son désir de ne faire qu’un avec Jésus, il prononça ses vœux de diacre.

Il était fils d’un mercenaire et d’une noble dame qui selon la tradition descendaient de la célèbre Gens Julia.

Dans le christianisme primitif, le diacre (du grec diakonos, serviteur), se mettait au service de son prochain; il faisait autorité et était officiellement reconnu.

Les parents le nommèrent Césaire en hommage à l’empereur César.

Très vite, le diacre devint un vrai ministre de l’église aux côtés de l’évêque et du curé. Il ne représente pas le Christ comme le prêtre et ne donne pas l’eucharistie, mais il représente le Christ en ce qu’il est là «non pour être servi mais pour servir». Le diacre est l’image vivante du Christ qui sert son prochain, qui s’incline pour laver les pieds de ses disciples, qui prend en charge les souffrances des plus faibles, qui diffuse la parole divine de village en village, qui partage la tristesse et l’angoisse de chacun et offre sa propre vie en sacrifice.

Ce nom dérive du latin Caesar (Caesarius et Caesaria à l’époque impériale), adapté de l’étrusque aisar qui signifie «grand», «divin». Selon l’historien et hagiographe Mgr Francesco Lanzoni, les origines africaines du martyr sont peut-être une invention, ou une hypothèse de l’auteur, ou une tradition populaire qu’il a rapportée dans son récit. Ou alors on peut se demander si la passion de Césaire n’a pas été écrite par un auteur africain, réfugié en Italie à cause des persécutions vandales. Le chercheur Albert Dufourcq dit que la passion a été écrite à l’époque byzantine; à cette époque Rome et Carthage étaient «sœurs» sous la domination de Basile, empereur de Byzance; et entre la côte africaine et la côte de Campanie, les relations et les échanges se multipliaient quotidiennement: de là la croyance que le diacre aurait suivi cette route pour arriver à Terracina, celle qu’empruntaient soldats, marchands et voyageurs.

La mission de Césaire consistait à être un serviteur de la Parole de Dieu, à la table des pauvres et à la table de l’eucharistie. Soutenu par cette foi, au grand émerveillement de ses parents, il renonça à ses biens et se consacra à l’évangélisation.

Revenons au récit, les parents de Césaire restèrent à Carthage pendant la réorganisation des territoires africains par Jules César, qui y fonda une colonie romaine où s’installèrent des Romains fidèles à la mère patrie et donc sous le contrôle de Rome. Cette colonie était prospère et profitait de l’alliance avec la Rome impériale; l’enfant, fils unique, pouvait donc bénéficier d’un bel héritage, sans avoir à le partager ou le diviser.

[ 14 ]

[ 15 ]


Naufrage à Terracina A l’adolescence, Césaire décide de partir, avec ses compagnons, pour Rome où le christianisme était une religion illicite punie des plus grandes peines: ses fidèles étaient accusés en particulier d’impiété parce qu’ils refusaient de sacrifier aux dieux romains comme l’exigeait la loi. Comme ils refusaient aussi d’adorer, non seulement les nombreuses divinités païennes mais aussi l’empereur César comme un dieu, ils étaient incriminés de lèse-majesté et d’athéisme. Cependant le navire pris dans une forte tempête fit naufrage aux côtes de Terracina, une ville située à l’extrémité méridionale de l’Agro Pontino, aux pieds des monts Ausones, entre la plaine pontine et la plaine de Fondi. Le jour suivant, ses compagnons, prenant la Via Appia Antique, se mirent en chemin pour rejoindre la capitale de l’empire, mais Césaire décida de s’arrêter dans cette ville où le fossé entre les riches et les pauvres l’avait fortement impressionné: les malades, les opprimés, les moribonds étaient repoussés aux portes de la cité tandis qu’à l’intérieur, les nobles vivaient dans un luxe effréné. Le diacre s’occupa des pauvres, des faibles et des malades parce que dans leur visage, il voyait le portrait de Dieu. Césaire vivait caché dans la ville, dans la maison d’un chrétien, le moine Eusèbe, serviteur de Dieu: il fut accueilli dans la communauté chrétienne fondée par Epaphrodite, un esclave grec, premier évêque de Terracina, au milieu du Ier s. ap JC. Epaphrodite fut l’un des 72 disciples (premiers fidèles de JC) à être ordonnés par l’apôtre Pierre en 50 ap JC. Selon la Passio parva, le martyre de Césaire a eu lieu sous le règne de Néron (54-68 ap JC), datation acceptée même par le fameux hagiographe allemand Laurentius Surius dans un souci de rapprocher notre diacre du passage historiquement prouvé des apôtres Pierre et Paul dans la ville de Terracina. L’évangélisation de Paul le long de la Via Appia est attestée dans les Actes des Apôtres qui font référence à son voyage de Pozzuoli à Rome et à ses étapes à Tres Tabernae et à Foro Appio, dans la région pontine.

[ 16 ]

Son étape à Terracina est rapportée dans les Actes apocryphes de Pierre et Paul du Pseudo Marcel: «Partis de Baïes, ils arrivèrent à Gaète, où Paul enseigna la parole de Dieu. Il y resta trois jours dans la maison d’Erasme que Pierre avait envoyé de Rome pour prêcher l’évangile de Dieu. Parti de Gaète, il arriva à la bourgade de Terracina. Il y resta sept jours chez le diacre Césaire, ordonné par Pierre. De là il traversa le fleuve et arriva au lieu-dit Trois Tavernes». La datation du martyre de Saint Césaire pendant les persécutions de Néron est démentie par une partie des historiens modernes, qui le situent en 250 ap JC soit durant les persécutions de Trajan Dèce (249-251). Mais cela contredit la tradition et les Passions. Le diacre se dévoue donc aux plus pauvres avec son compagnon et maitre spirituel le prêtre Julien. Tous deux entreprirent leur œuvre d’évangélisation à Terracina en la centrant sur la prédication, la conversion et la constitution de communautés de chrétiens qui devaient vivre dans l’amour et la liberté. Ils prêchèrent par l’exemple et par la parole. Au début les gens étaient plutôt méfiants mais assez vite ils commencèrent à les estimer et à les suivre. Beaucoup demandèrent le baptême. Selon certains chercheurs, Césaire serait «l’unique authentique martyr» de Terracina, alors que Julien appartiendrait plutôt à la tradition d’autres églises. Lanzoni pense que pour écrire la vie du diacre, l’auteur de la Passion a rapproché Césaire du martyr Julien d’Anazarbo, leur faisant subir le même supplice: poena cullei, le supplice du sac. Au Moyen Age suite à la diffusion précoce de la Passio sancti Cesarii, l’église de San Cesario in Martula a été édifiée sur le territoire de Sutri (Viterbe) et dans le quartier Saccello, une autre dédiée à Saint Julien.

[ 17 ]



Domitille, Eufrosine et Theodora Le Vénérable Cesare Baronio, historien de l’église, remet en cause la période néronienne et se fonde sur la datation de la Passio maxima qui situe le martyre à l’époque trajane parce que Césaire est cité aussi dans les Actes des saints Nérée et Achillée martyrisés sous Trajan. Le nom du diacre apparaît, comme c’est souvent le cas dans les passions épiques, dans les Acta Nerei et Achillei (V-VIe s.), pour s’être chargé de la sépulture de trois vierges tuées à Terracina. Selon la tradition, la noble Domitille, nièce de Flavius Clément (consul en 95 ap JC), fut convertie au christianisme par ses serviteurs Nérée et Achille qui la persuadèrent de rester vierge. Aurélien, fils du consul romain, s’éprit de sa beauté et ne sachant rien de ses choix, la demanda en mariage. Le refus de la jeune fille n’arrête pas le jeune homme qui, blessé dans son orgueil païen, se met à persécuter la malheureuse. Sans cesse repoussé, il exhorte l’empereur à l’exiler à Ponza en l’accusant de judaïsme (nom que les Romains donnaient au christianisme primitif). Sous le règne de Domitien, Domitille et ses serviteurs furent exilés sur l’île de Ponza; puis Nérée et Achille furent transférés à Terracina, où ils furent décapités, sur l’ordre du consul Memmius Rufus, pour avoir refusé d’honorer le culte de l’empereur. Aurélien se tourna vers deux jeunes romains d’illustre naissance, Sulpice et Servilien, fiancés des sœurs de lait de Domitille, les vierges Eufrosine et Theodora, pour que ces dernières la persuadent de l’épouser. Lors de leur rencontre, Eufrosine et Theodora se convertirent au christianisme, suite à quelques miracles et Sulpice et Servilien furent baptisés par Césaire et Julien, grâce à l’intervention de Domitille.

A cette époque, le premier citoyen de Terracina était Luxurius, le frère d’Aurélien, qui pour venger la mort de son frère fit conduire Sulpice et Servilien au préfet de Rome, Anianus qui les fit décapiter pour avoir refusé d’encenser les idoles. Puis Luxurius contraignit les vierges à sacrifier aux dieux; leur refus leur coûta le martyre: la chambre où elles s’étaient réfugiées fut incendiée et elles moururent toutes les trois brûlées vives. Le lendemain le diacre Césaire se rendit dans leur chambre et constata leur mort. Il fut stupéfait de voir que les trois vierges étaient agenouillées en prière, et que leurs corps étaient intacts. Aidé d’autres chrétiens il enleva les dépouilles les déposa dans de magnifiques sarcophages qu’il enterra dans une fosse profonde, leur donnant ainsi une digne sépulture. Des variantes attribuent cette histoire au diacre Cyriaque ou à un vieillard nommé Césaire. Ce texte témoigne de la circulation, de la confusion des cultes et des liens entre Terracina et Rome: les restes de Nérée, Achillée et Domitille furent enterrés à Rome, sur la via Ardeatina, dans les catacombes construites sur les terrains de la famille de Domitille. A l’endroit de leur sépulture on construisit une basilique souterraine, qui leur fut dédiée et qu’on peut voir aujourd’hui encore dans les Catacombes de Domitille. Lanzoni soutient que l’auteur anonyme des Acta Nerei avec cette histoire de sépulture des vierges a voulu honorer un martyr de Terracina, Césaire. Mais ni la Passion ni les Acta Nerei n’ont valeur de preuve; on ne peut donc pas croire que notre martyr remonte à une si haute antiquité. D’après l’archéologue Pietro Longo, Nérée, Achillée et Domitille ont sans doute été martyrisés à Terracina mais certainement pas enterrés par Césaire. Sur la place Sainte-Domitille à Terracina, une inscription rappelle qu’en 1619, une chapelle fut élevée par Pomponio de Magistris, évêque de la ville, au lieu même où se trouvait la pièce où Domitille et ses compagnes furent brûlées vives.

Aurélien organisa une grande fête en l’honneur des dieux païens dans l’intention de contraindre Domitille à répondre à ses vœux, mais en pleines festivités, il eut un malaise et mourut sur le coup. Domitille est alors venue à Terracina où elle habita chez les deux vierges Theodora et Eufrosine.

[ 20 ]

[ 21 ]



Le sacrifice humain Dufourcq, lisant les différentes Passions, note que le diacre Césaire, dans la première partie de sa vie est quelqu’un de très humble: ordonné diacre par saint Pierre, il accueille saint Paul de Tarse chez lui pendant 7 jours à la suite de quoi «l’Apôtre des Gentils» s’arrêtera 4 jours à Tre Taverne – une localité de l’antique Latium sur la Via Appia, à environ 50 kms de Rome. Les années passent, les souvenirs s’effacent, les traditions se mêlent et l’humble diacre commence à sortir de son anonymat: en effet dans la légende de Nérée et Achillée, c’est lui qui enterre les trois vierges martyrisées à Terracina. L’empereur romain Marcus Ulpius Nerva Trajan (98-117 ap JC) persécuta les chrétiens ordonnant de punir quiconque refusait de sacrifier aux idoles. Selon la tradition, à cette époque vivait à Terracina un pontife des faux dieux, Firmin. Dans une intention diabolique, il profita de l’ignorance de ses concitoyens envers le vrai dieu pour convaincre de nombreux jeunes gens de devenir célèbres en accomplissant une action courageuse et sanglante, au prétexte d’obtenir le salut de l’Etat et des empereurs. Le premier janvier selon la coutume on célébrait une fête en l’honneur d’Apollon au cours de laquelle un jeune homme, le plus beau et le plus noble de la ville, devait se sacrifier pour la prospérité de l’Etat; on immolait un homme à la divinité pour se procurer ses faveurs et invoquer son soutien. L’usage antique prévoyait de préparer le jeune homme 6 ou 7 mois avant, en le nourrissant de mets délicieux et en exauçant tous ses désirs; passé ce temps, il était équipé d’armes magnifiques, et, monté sur un cheval superbement caparaçonné, il devait gravir le sommet de la montagne surplombant la ville, se jeter dans la mer pour assurer à son nom renommée et gloire immortelle. Puis son corps était brulé et ses cendres conserves en grande pompe dans le temple d’Apollon. Cette année-là le jeune homme destiné au sacrifice s’appelait Lucien. Quand Césaire le vit pour la première fois, il demanda à ses concitoyens ce que signifiait toute cette magnificence à son égard; on lui répondit: «Il est traité ainsi pour son sacrifice».

[ 24 ]

Césaire dit: «Je vous en prie, au nom de Dieu tout puissant, expliquez-moi ce que cela signifie» et il apprit l’histoire de cette tradition ancestrale. Le diacre entendant cette réponse s'écria: «O malheureux et infortunés que vous êtes, cet aveuglement qui vous fait offrir au diable l’âme d’hommes innocents, vous empêchera dans cette vie et dans l’autre d’accéder à la vraie vie» et il attendit le jour de la cérémonie en veillant et en priant. Le 1er janvier arriva: les autorités, les prêtres païens et les fidèles se rendirent au temple d’Apollon pour procéder au rituel: pour commencer, Lucien sacrifia une truie pour le salut de la ville et de ses habitants. Puis commença la procession qui avec lenteur et solennité s’étirait jusqu’à la montagne. Césaire s’adressa à l’assistance et s’écria: «Si vous êtes sensés, pourquoi vous obstiner à commettre un tel crime? Cela vous paraît-il juste d’obtenir votre salut grâce au sacrifice d’un innocent?». Malgré tous ses efforts pour éviter ce crime, le rituel barbare s’accomplit: Lucien, à cheval, monta au sommet de la colline, se jeta dans le vide avec son cheval qui renâclait; il s’écrasa sur les rochers et se noya avec sa monture. Après cette vision bouleversante, Césaire cria: «Malheur à l’Etat et aux princes qui se réjouissent des souffrances et se repaissent de sang! Pourquoi vous faitil perdre vos âmes par cette imposture et par les artifices du démon?». Le faux pontife Firmin entendant les paroles du diacre lui ordonna de se taire, le fit arrêter par les gardes de Terracina et mis en prison près du Forum Emilien. Sur le plan historique se pose la question du sacrifice humain, tout à fait improbable sous l’Empire et dans une ville si proche de la capitale: les Romains refusaient ces aberrations de la nature et même si dans les premiers temps de la civilisation romaine il y eut parfois de tels sacrifices, nous savons que le dernier en date remonterait à la fin du IIIe s av JC pendant la seconde guerre punique, après le désastre de Cannes. Selon la tradition populaire, le sacrifice de Lucien puis le martyre de Césaire se seraient produits du haut de la roche du «Pisco Montano».

[ 25 ]



Le Pisco Montano est un éperon rocheux de 83 mètres qui constitue une structure géologique en soi, ne faisant pas partie du Monte Sant’Angelo situé derrière, et dominé par le temple de Jupiter Anxur. La question est controversée; dans le texte originel on parle sans préciser d’un mont ou d’une hauteur située près de la ville. Il serait difficile de faire grimper un cavalier et son cheval sur le Pisco. Il n’y a en fait qu’un sentier impraticable qui mène à une étroite corniche à mi-hauteur, où, à l’époque moderne on a construit le poste de garde de la Porte Napolitaine, appelé populairement «Casa di Mastrilli». Le Père jésuite Giovanni Frilli de Sezze ajoute des détails à ce récit comme quoi Césaire tend les bras au moment où le jeune homme se jette dans le vide, et ce dernier tombe alors sans se faire mal du haut du Pisco Montano, appelé aussi «Rapa rossa» et «Dirupo di Rivaroscia». A une époque, dans le quartier de la Marina s’élevait une église dédiée à Sainte Barbe, où se trouvait un tableau représentant le diacre Césaire, qui, selon la tradition, à cet endroit, avait sauvé d’un seul geste le cavalier précipité du haut de la falaise. D’après Dufourcq, l’épisode de Lucien et de la truie sacrifiée apparaît dans la tradition à l’époque byzantine. La légende semble être d’origine terracinaise du fait que la truie est sacrifiée au dieu Silvano, particulièrement vénéré dans la ville. Mais la truie est aussi un animal sacré de la Grande Déesse, particulièrement adorée en Cappadoce. L’histoire de Lucien a une forte saveur orientale: les molles délices précédant le sacrifice humain rappellent les cultes voluptueux et sanguinaires de Phrygie et de Cappadoce. Son sacrifice rappelle plutôt la «devotio», pratique religieuse de la Rome antique selon laquelle le chef de l’armée romaine s’immolait aux dieux Mânes pour obtenir, en échange de sa propre vie, le salut et la victoire de ses hommes. La légende de Lucien serait apparue précisément après la conquête de l’Italie et donc du Latium et de Terracina, par les Byzantins de Bélisaire contre les Ostrogoths (guerre gréco-gothique 535-553). Le texte aurait mis en scène la pratique de la «devotio» en supprimant le caractère militaire de la victime: quelques soldats byzantins, d’origine cappadocienne, auraient introduit à Terracina les «mythes» des fêtes païennes des calendes, dont parle l’évêque Asterio de Amasea qui, montra la folie et les crimes qui se commettaient dans une homélie que notre hagiographe chrétien aurait intelligemment utilisée.

[ 28 ]

Le Procès Huit jours après l’arrestation de Césaire, Luxurius, premier citoyen de Terracina, et le pontife Firmin firent venir le consul Léonce (consularis Campaniae) qui se trouvait alors dans la ville de Fondi, pour le procès du jeune homme. Quand le consul arriva, les gardes emmenèrent sur le forum Emilien le diacre Césaire qui était resté trois jours sans manger. On l’accusa de lèse-majesté et d’outrage à la religion d’Etat, de haute trahison et d’interruption de cérémonie sacrée. En plein milieu du forum Léonce par l’intermédiaire du héraut commença l’interrogatoire en disant: - «Quel est ton nom?» - «Je suis Césaire, pécheur et diacre même si je n’en suis pas digne» - «Es-tu un homme libre ou un esclave?» - «Je suis serviteur de mon Seigneur Jésus-Christ» - «Sais-tu ce qu’ont ordonné les empereurs?» - «Je ne connais pas leurs lois» - «Ils ont commandé que l'on offre des sacrifices aux dieux immortels» - «Ils sont bien malheureux s’ils ont donné de tels ordres» Alors le consul dit: - «Et pour quelle raison? Parce qu’ils ont cherché à obtenir ainsi le salut de l’Etat?» - «Ce que tu appelles le salut de l’empire est votre ruine» - «De toutes façons, la religion est une source de salut pour tous» - «Et quel bien procure-t-elle à ceux que vous envoyez à la mort sans l’avoir méritée par quelque crime?» Le consul Léonce dit: - «Suis mon conseil et sacrifie aux dieux ou ton obstination sera vite punie» Le diacre répondit: «Tes supplices ne me font pas peur, les peines éternelles seront bien pires pour toi, parce que tu ne cesseras jamais de les subir» - «Allons au Temple d’Apollon» dit le consul.

[ 29 ]


Comme on le voit le dialogue entre le juge et l’accusé est simple et linéaire. L’interrogatoire de Césaire n’est pas des plus durs, le magistrat se contente simplement de constater qu’il est chrétien et qu’il refuse d’adorer les dieux: pas de discours, pas de détails curieux, rien sur les tortures par exemple dont les Romains ont usé. Pendant le procès, dans les régions de langue latine, les chrétiens étaient invités par le président du tribunal à jurer sur le «Génie de César». Il est clair que l’auteur inconnu de la Passion avait lu la lettre de Pline le Jeune à Trajan où, en gros, se retrouvent les modalités de l’interrogatoire de Césaire. Sous Néron et sous Trajan, il y avait un Consulat de Campanie (cette charge date du milieu du IIe s. ap JC ) et Terracina – au moins jusqu’à la moitié du IIIe s. ap JC – ne faisait pas partie de la Campanie. Il est étrange que sous Théodose (379-395 ap JC) Terracina soit intégrée à la Campanie et non au Latium; cela s’explique seulement par la plus grande commodité des communications, en ce temps-là, entre la ville et une région comme Rome, à cause du mauvais état des marais et de la Via Appia: la Campanie eut cependant un consul entre 333 et 438 et le premier dont on se souvienne, en 333 est Barbaro Pompeiano. Les noms des magistrats, comme Léonce, Luxurius et Firmin, sont inhabituels au premier siècle en Occident, surtout pour les hommes d’un certain rang. L’historien français Tillemont retrouve Luxurius et Léonce dans la Passion du martyr Hyacinthe de Porto, dans des circonstances identiques, mais aussi avec d’autres qui empêchent – comme le voudrait Baronio - que les faits se soient déroulés au temps de Trajan. Il est intéressant de noter comme les textes de la Passio minima et de la Passio S. Hyacinthi ont des traits communs sinon dans la forme au moins dans la structure: l’incipit et l’explicit coïncident; les récits commencent tous deux par l’interrogatoire de Léonce, les questions du magistrat et les réponses de l’accusé sont identiques et ils se terminent par la description de la mort de Luxurius. Le consul Léonce est mentionné aussi dans les autres «Actes des martyrs» - surtout ceux de Campanie - comme le juge qui a condamné à mort les chrétiens qui se refusent à sacrifier aux dieux, parmi lesquels citons: Montano, soldat de Terracina, Hycinthe de Porto, les vierges Archelas, Thècle et Suzanne (martyrisées à Nola), Fortunato, Caius et Ante de Salerne (martyrisés sur la rive du fleuve Irno), Agape, vierge de Terni, Procole, Ephèbe et Apollone, disciples de Valentin, évêque et martyr de Terni.

[ 30 ]

Chute du temple d’Apollon Le consul Léonce décide d’emmener Césaire au temple d’Apollon pour lui ordonner de sacrifier aux dieux: s’il avait renié sa foi chrétienne et avait prouvé ce reniement en offrant prières et encens aux divinités païennes, il aurait été pardonné puisque repenti, et laissé en liberté. Nous avons un témoignage de la troisième persécution des chrétiens sous Trajan: une lettre envoyée à Pline le Jeune alors gouverneur de Bithynie, dans laquelle l’empereur dictait les mesures pour régler «la question chrétienne»: pas de poursuite active des chrétiens mais en cas de dénonciation ils doivent être condamnés s’ils refusent de sacrifier aux dieux. Césaire fut attaché au char de Léonce et, alors qu’ils approchaient du temple le diacre, entouré de soldats, s’exclama: «O Dieu, Père de Notre Seigneur JésusChrist, Roi éternel, toi qui connais toutes choses, ne m’abandonne pas, mais jette un regard sur ton serviteur qui espère en Toi». A peine eut-il fini sa prière que le temple s’écroula subitement et le faux pontife Firmin mourut sous les ruines. L’écroulement du temple est lié à celui des murs de Jéricho: «Par votre foi, les murs de Jéricho tomberont après que vous en aurez fait le tour pendant 7 jours» (Hébreux, 11,30). Cet épisode a des échos dans de nombreux autres récits: en somme le peuple attendait du thaumaturge un signe de la puissance divine: si un tel événement se produisait, il se convertissait, sinon il conservait sa foi dans les divinités traditionnelles. Les Actes apocryphes de l’apôtre Jean décrivent un épisode très semblable: un jour qu’il entrait dans le sanctuaire d’Artémis à Ephèse, il pria le Seigneur et aussitôt l’autel païen vola en éclats et la moitié du temple s’écroula, provoquant de nombreuses conversions au christianisme. Selon une légende, le soldat Georges de Lydie aussi, entra dans un temple païen, murmura une prière au Seigneur et d’un souffle abattit les idoles de pierre. Césaire, les 4 Passiones le disent, fut conduit au milieu du Forum, près du grand temple: pendant longtemps l’actuelle cathédrale de Terracina a été identifiée comme temple d’Apollon car dans les textes, il est spécifié que l’édifice qui s’écroule sur le faux pontife Firmin est le «Templum Apollinis».

[ 31 ]



Cette identification erronée figure déjà au XVIe siècle dans les dessins de Baldassare Peruzzi, puis elle est reprise par l’historien de Terracina Domenico Antonio Contatore et par d’autres; il s’agit d’une erreur d’interprétation topographique des faits racontés dans la Passion de Césaire, comme le confirme de récentes études sur le monument. La cathédrale de Terracina – dédiée au diacre Césaire le 24 novembre 1074 – a été construite sur le Temple Majeur de la cité romaine, situé sur le côté nord-ouest du Forum Emilien. On a préféré une appellation générique car on ne sait pas avec certitude à quelle divinité il fut dédié: l’archéologie moderne l’identifie soit au Capitole soit au Temple de Rome et Auguste. Sous Théodose (379-395) la religion chrétienne devient religion d’état et l’empereur accorde aux chrétiens l’usage des temples païens, et c’est donc à partir du Ve s. que le temple païen est devenu la basilique Saint-Césaire. Actuellement dans la cathédrale, il n’y a pas trace d’un effondrement mais seulement, sur les dalles en marbre du revêtement extérieur de la cella, d’un incendie, remontant peut-être à l’antiquité tardive. Lugli pense au contraire que le temple d’Apollon était situé en haut d’une colline. Les sources hagiographiques parlent d’un culte d’Apollon très ancien, dénommé aussi Anxur comme Jupiter. Aujourd’hui la tradition rapporte que sous Néron on avait sacrifié un jeune homme, le plus beau de Terracina, qui s’était jeté à cheval du haut d’un rocher. Vrai ou faux, ce qui est important c’est l’indication que le temple était sur une éminence, qui pourrait être, non le Monte Sant’Angelo (où se rendait probablement le culte de Jupiter), mais le Colle di San Francesco. Il est vraisemblable qu’on ait dédié un lieu élevé à Apollon, importante divinité de la ville, passé ensuite au second plan après la création de l’acropole du Monte Sant’Angelo sous le règne de Sylla. Ce n’était sûrement pas un temple au sens propre plutôt un sanctuaire à ciel ouvert constitué d’une aire sacrée et de son themenos. Quant à l’hypothèse de Lugli qui fait d’Apollon la divinité la plus importante de la ville elle ne repose sur aucune source sûre, si ce n’est celle de la Passio; de plus l’identification du temple du Colle di San Francesco est incertaine puisque l’inscription du 9e s. aujourd’hui disparue réfère seulement à la restauration de l’édifice, due à un notable local au IIe s av JC, sans aucune citation du dieu tutélaire.

[ 34 ]

Conversion du consul Léonce Quand Luxurius apprit cet événement surnaturel, il se rendit immédiatement à Terracina et s’exclama: «Est-il vrai, Léonce, que Césaire a usé de ses incantations magiques?» - «C’est vrai» répondit Léonce; et se tournant vers Césaire, il dit: «Aujourd’hui tu vas subir les effets de ma colère». Le diacre répondit: «Je ne crains ni toi ni ton empereur; c’est vrai qu’aujourd’hui comme tu dis, ta colère va éclater, mais elle s’évanouira demain et quand vous serez morts, vous ne pourrez plus rien». Luxurius l’interrompit et s’exclama: «Alors quoi, Léonce, tu entends ce malheureux insulter nos empereurs et tu hésites encore à l’anéantir?». Le consul Léonce dit: «Quelle torture veux-tu lui infliger» et Lussorius répond: «Pourquoi ne pas convoquer tout le peuple dans le temple où il a exercé sa magie?». Les païens ne voyaient que magie dans les miracles, dans les faits extraordinaires qui se produisaient chez les chrétiens. C’est ainsi que la population entière se retrouva là, et devant le cadavre du pontife Firmin, Luxurius adressa ces paroles à la foule: «Vous avez devant vous un impie, qui ne craint ni les dieux ni les lois, qui vient de tuer le pontife et détruit par sa sorcellerie le temple sacré construit par nos ancêtres». Le diacre Césaire s’écria: «Il est juste mes frères d’obéir à un homme plutôt qu’à un Dieu Seigneur et maitre de l’univers. Qu’est-ce que cette religion qui ordonne d’acheter le salut de votre patrie en versant le sang humain? Faites pénitence pour le sang innocent qui a été versé; je vous exhorte à croire en Jésus-Christ, fils de Dieu, et de le servir». Tous s’écrièrent: «Cet homme est vertueux et ce qu’il propose est juste». Luxurius le fit remettre en prison où il fut laissé un an et un jour. La prison, selon la Passio, était située près du forum: rien dans les recherches archéologiques ne le confirme, et si elle avait vraiment été située près du Forum Emilien, elle aurait été remplacée ou englobée dans les constructions plus tardives. Au bout d’un an, Luxurius envoya un messager à Léonce pour le consulter sur le châtiment à infliger au jeune diacre.

[ 35 ]



Le consul décida de faire amener de nouveau l’accusé sur le Forum civitatis Terracinae: Césaire sortit de la prison émacié par la faim, nu mais couvert de ses longs cheveux: pendant son séjour en prison, un ange du Seigneur l’avait veillé nuit et jour. Quand il fut amené au centre du Forum il dit aux soldats qui le tenaient enchaîn: «Je veux prier, desserrez un peu les chaînes que je puisse rendre grâce à mon Seigneur Jésus-Christ de me compter parmi ses serviteurs». Il se jeta immédiatement à terre et adora le Seigneur: «Seigneur, mon Dieu, père de mon Seigneur Jésus-Christ, montre ta miséricorde». Alors une lumière céleste apparut et illumina le corps du jeune diacre. Voyant cela, le consul Léonce s’écria: «Le Dieu que prie Césaire est bien le Seigneur tout-puissant». Il se jeta aux pieds de Césaire, enleva sa chlamyde, en revêtit Césaire et le pria, devant le peuple entier, de le baptiser. Césaire dit: «Crois et tu verras bientôt une Lumière radieuse». Puis il prit de l’eau et baptisa Léonce au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit. Puis le prêtre Julien lui administra le corps et le sang de Jésus-Christ. Après que le consul eut reçu les sacrements, Julien récita une prière sur sa tête, a la fin de laquelle Léonce expira. Son corps fut recueilli par sa femme et ses fils et enterré sur «l’Agro Varano» aux alentours de la ville le III Kal Nov (30 octobre). Léonce d’après le texte a été enterré extra urbem, mais tout près. Nous savons à peu près où se tenaient les assemblées des premiers chrétiens et où se trouvait leur cimetière. Le lieu dit Agro Varano appartenait à une riche famille romano-terracinaise, les Vari (Gens Vara). Cette famille, convertie au christianisme, offrit sa maison pour les réunions sur la parole de Dieu et la célébration de l’eucharistie. La Domus Christiana des Vari était située près de l’actuel chemin de fer de Terracina, le long de l’antique Via Appia - où se dresse aujourd’hui la nouvelle église des martyrs de Terracina. Cette maison proche de la via Appia, très fréquentée à toute heure du jour et de la nuit, ne devait pas attirer l’attention sur ceux qui s’y rendaient. Les chrétiens y avaient aussi leur coemeterium.

[ 38 ]

La loi romaine accordait la jouissance d’un cimetière aux associations funéraires (collegia funeraticia). C’était le cimetière, déjà en usage, où a été mis Césaire le lendemain de son martyre, précisément dans la propriété du prêtre Quarto de Capoue. Sur la tombe de Césaire fut érigée la première église chrétienne de la ville, dédiée à Santa Maria ad Martyres, Santa Maria sur les tombes des martyrs, le même vocable que celui du Panthéon christianisé. L’idée qu’il pouvait s’agir d’un édifice funéraire est vérifiable par la présence dans cette zone de sépultures romaines «tardives». Cette église devint la propriété du chapitre de la Cathédrale et l’endroit fut appelé «Les Prébendes». Quant à la miraculeuse conversion de Léonce, selon d’autres Passions, celui-ci serait resté un persécuteur cruel et il aurait fait même mourir les vierges Rosine et Silvia et le soldat Montano. Selon l’archéologue Francesco Maria Pratilli, après la mort de Léonce, Virio Turbone devint consul de Campanie. Léonce de Terracina est vénéré comme saint et confesseur de l’église catholique.

[ 39 ]


Poena Cullei Le jour même de l’enterrement de Léonce, Luxurius fit arrêter le prêtre Julien et prononça la sentence de mort: il ordonna que Julien et Césaire soient mis dans un sac et jetés à la mer. L’auteur des «Actes» n’a pas une idée bien nette des fonctions des magistrats romains: les interrogatoires et les jugements sont faits indifféremment par Léonce et par Luxurius ce qui est contraire à la justice romaine. La poena cullei (la peine du sac) dans le droit criminel romain est la peine infligée aux parricides. La sentence prononcée, le condamné était immédiatement mis en prison en attendant son exécution: le parricide, selon les sources, était chaussé de sabots de bois, «soleae ligneae», et on lui mettait sur la tête un capuchon en peau de loup. Puis il était fouetté avec des «virgae sanguineae», cousu dans un «culleus», un sac de cuir imperméable, en compagnie d’une vipère, d’un chien, d’un coq et d’un singe, et après avoir été transporté sur un char traîné par deux bœufs noirs, il était jeté à la mer. Trois jours plus tard, juste avant son exécution, Césaire dit à Luxurius: «L'eau, dans laquelle j'ai été régénéré, me recevra comme son fils qui a trouvé en elle une seconde naissance : elle va me rendre aujourd'hui martyr avec Julien, mon père, qui autrefois m'a fait chrétien. Quant à toi, Luxurius, aujourd'hui même tu périras par la morsure d'un serpent, afin que tout ce pays sache que Dieu venge le sang de ses serviteurs, et des vierges que tu as fait périr dans les flammes». C’était le 1er novembre (Kalendae Novembris) de l’an 107 av JC: les condamnés furent enfermés dans un sac (missi in saccum) et selon la tradition, précipités dans la mer (praecipitati sunt in mare), du haut de l’aiguille du «Pisco Montano», et ils se noyèrent. Cette date a été proposée par de nombreux hagiographes et chercheurs pour relier le martyre du diacre à celui de Nérée, Achillée et Domitille, sans qu’on puisse trouver d’éléments historiques probants. Selon l’archéologue Pietro Longo, la «Passio maxima» n’est pas fiable car truffée de «pieux épisodes» à la gloire de Césaire. La mise en relation des 4 martyres vient du pape Damaso (366-384) qui aurait procédé au transfert du corps de Césaire de Terracina à Rome (Sanatio Gallae et translatio S.Caesarii Romam) et écrit un psaume en l’honneur de Nérée et Achillée.

[ 40 ]

L’archéologue soutient que le martyre de Césaire aurait eu lieu le 13 juillet 250 ap JC ou peut-être un des 4 jours précédents, période où on célébrait à Rome les Ludi Apollinari, fêtes dédiées à Apollon. Elles avaient lieu chaque année pendant 8 jours du 5 au 13 juillet et le dernier jour elles se tenaient dans le cirque. Longo pense que le diacre aurait été immolé à Apollon dans l’amphithéâtre de Terracina. En mars ou avril 250, l’empereur Messius Trajan Decius (249-251) proclama l’édit du Libellus: chaque famille devait proclamer solennellement et publiquement, par un sacrifice, sa dévotion aux dieux païens; elle recevait alors le «libellus» sorte de certificat qui attestait sa fidélité aux cultes antiques de l’Etat et donc à Rome. Le libellus n’avait pas précisément pour cible le christianisme, car d’autres communautés religieuses fidèles aux cultes égyptiens et asiatiques avaient aussi l’obligation de faire des sacrifices. Quelques chrétiens abjurèrent leur religion et furent dits relapses (du latin lapsus, erreur), d’autres cherchèrent à obtenir le certificat sans accomplir de sacrifices et d’autres choisirent le martyre. Les certificats relevés sont tous datés du 12 au 14 juillet 250. Lanzoni suppose que le martyre de Julien d’Anazarbo (une ancienne ville et forteresse de Cilicie) aurait fourni à notre auteur les «couleurs» pour décrire celui de Césaire et de Julien de Terracina. Julien d’Anazarbo fut enfermé dans un sac plein de sable, de scorpions et de serpents venimeux et jeté à la mer, où il mourut noyé le 21/22 juin 249 ap JC. Le sac, le serpent venimeux, la mer sont les éléments communs à ces deux histoires. Des études récentes confirment la tradition hagiographique et iconographique: le diacre Césaire fut martyrisé quand il avait entre 18 et 22 ans. Quant au Pisco Montano, théâtre de l’exécution, il a toujours été l’emblème de la ville et la légende est peut-être née pour rattacher ce rocher au protecteur de la ville, depuis son intervention en faveur du jeune Luciano (1er janvier) jusqu’à son martyre (1er novembre).

[ 41 ]



Le jour même du martyre, les flots rejetèrent les corps de Césaire et de Julien sur la rive, où ils furent retrouvés à côté de celui de Luxurius; la prophétie du diacre s’était réalisée. Après l’exécution des deux martyrs, le premier magistrat de la ville se rendit à sa maison de campagne, où il voulait dîner, et pour aller plus vite il avait pris la route côtière; alors qu’il passait sous un arbre, un serpent lui tomba sur le dos (a serpente percussus) et se glissa entre son cou et sa tunique, lui lacéra les flancs de cruelles morsures et à travers la poitrine, pénétra jusqu’au cœur, injectant le venin dans son corps. Le malheureux tomba et son corps enfla horriblement mais avant de mourir il vit les anges du ciel qui accueillaient les âmes de Césaire et de Julien. Le moine Eusèbe qui avait vécu avec eux recueilli leurs précieuses reliques et les enterra à Terracina, dans l’Agro Varano, le jour des calendes de novembre. Eusèbe jeûna, récita des psaumes et pria sur leurs tombes pendant 5 jours. Voyant cela de nombreux Terracinais se rendirent sur les lieux, voisins de la ville: beaucoup se convertirent et furent baptisés par le prêtre Félix. Entretemps le nouveau juge était Léonce II, fils du consul converti par le diacre Césaire. Quand il apprit ces faits, rendu furieux par la mort de son père, il fit arrêter Félix et Eusèbe et les fit amener au forum devant toute la population. Le procès commença en présence des plus hautes autorités civiles et religieuses de la ville; il leur demanda: «Etes-vous des esclaves ou des hommes libres ?» et le prêtre Félix répondit: «Nous sommes les serviteurs de notre Seigneur JésusChrist». Léonce dit: «Quel est votre nom?» et ils répondirent : «Nous sommes Eusèbe et Félix». - «Pourquoi prêchez-vous des doctrines insensées contraires au salut de l’Etat et aux principes?». Felix répondit: «La doctrine que nous prêchons n’est pas insensée: c’est la vraie et sainte doctrine qui nous oblige à connaître et à servir Dieu. Si vous voulez la connaître, il vous sera permis à vous aussi d’obtenir la vie éternelle». Léonce dit au peuple: «Qu’en pensez-vous?»

[ 44 ]

Certains crièrent que leur doctrine était bonne, d’autres qu’elles servaient juste à tromper les hommes. Le nouveau juge les fit remettre en prison et pendant la nuit envoya quelques personnes pour les contraindre à sacrifier aux dieux, mais les deux hommes refusèrent et chantèrent: «Gloire à Dieu au plus haut des cieux». Alors, Léonce ordonna qu’ils soient décapités et jetés dans le fleuve. Le fleuve transporta leurs dépouilles mortelles jusqu’à la mer et le lendemain, les flots les ramenèrent sur le rivage, près de la Pineta. Et voilà que le prêtre Quarto de Capoue sortant pour aller à sa maison de campagne trouva les corps décapités des martyrs; il les mit sur son char, chercha leurs têtes qu’il retrouva le lendemain et il leur donna une sépulture décente près de la tombe de Césaire et Julien.

Le culte en Corse et en France Le Au IVe siècle la fille de l'empereur Valentinien Ier, Galla Placidia, fut guérie au sanctuaire de Césaire à Terracina. L'empereur décida alors de déplacer ses reliques à Rome, dans l'ancien palais impérial sur le sur le Mont Palatin. En 852, de nombreux habitants de la Corse, pour échapper aux Sarrasins, vinrent à Rome: le pape Léon IV les reçut et leur donna le monastère de San Cesareo pour leur culte. Au Moyen Âge, ce monastère était connu sous le nom de "Saint Césaire des Corses" (S. Caesarii in Monasterio Corsarum). Le Monastère de San Cesareo dei Corsi était situé près de San Sisto Vecchio; ici résidait un groupe de nonnes corses. Selon certains historiens, le monastère a été associé à un autre dédié à Saint Simmetrio, qui a donc pris le nom de "Saints Simmetrio et Cesario". La diffusion du culte de Saint Césaire de Terracina en Corse, surtout en Haute-Corse, est due aux religieuses de ce monastère romain et aux moines bénédictins. Le culte de Saint Cèsaire diacre en France fut porté par Saint Bernard de Clairvaux, après avoir obtenu une dent du martyr à Rome en 1138. Saint Bernard revenant de Rome à Clairvaux, aprés avoir refusé tous les présents que le pape Innocent II lui offrait, voulut seulement emporter avec lui une dent de Saint Césaire Martyr, qu'il reçût de sa Sainteté. Saint Césaire diacre et martyr est invoqué contre

[ 45 ]


les inondations des rivières (en particulier le Tibre et le Lunain) et les noyades. Césaire de Terracina est le saint patron des communes françaises suivantes: Nanteau-sur-Lunain (France); Évaux-et-Ménil (France); Parey-Saint-Césaire (France); Mont-sur-Meurthe (France); Grosseto-Prugna (Corse); Olmeta-diCapocorso (Corse); Tallone (Corse); San Cesareo, hameau de Cateri (Corse); Bustanico (Corse); Croce (Corse); Pastoreccia, hameau de Piedicroce (Corse); Piazzole (Corse); Vicinato, hameau de Saliceto (Corse); Rutali (Corse). Il y a encore des ruines d'églises, de chapelles anciennes, ou simplemente des lieux, dédiés au Saint Césaire diacre et martyr en Corse: Rapale; Cozzano; Arbori; Zonza; Piedicorte di Gaggio; Lozzi; Valle di Rostino; Cardo-Torgia. Aubert, bâtard de Lorraine (France), en 1393 y fonda une chapelle dédiée à Saint-Césaire diacre et martyr dans l'église Saint Georges en Essey-lès-Nancy. Dans l'église Saint-Martin de Sillegny (Lorraine, Moselle) Saint César, revêtu de la dalmatique et portant la palme du martyr, est représenté dans une fresque du second quart du XVIe siècle.

En 972, le pape Jean XIII a donné à l'évêque Wigfrid de Verdun des reliques de Saints Césaire, Fabien et Sébastien, martyrs, pour la fondation de l'abbaye Saint-Paul de Verdun. Un petit fragment d'os du Saint Césaire de Terracina a été conservé dans l'Église Saint-Pantaléon de Commercy, dans un reliquaire d'argent doré, en forme de tour, acheté par la fabrique en 1651. Une image de saint Sébastien le surmontait, et à ses pieds étaient renfermées des reliques de saint César et saint Sebastien. Fragments osseux du Saint Césaire diacre sont conservés dans les musées, basiliques et cathédrales suivants: Musée des arts décoratifs de Berlin ; Musée Frederic Marès de Barcelone ; Collégiale Saint-Pierre-et-Saint-Alexandre (Aschaffenbourg) ; Musée Historique de Bratislava; Musée de São Roque en Lisbonne; Cathédrale d'Essen ; Église Sainte-Marie-du-Capitole de Cologne ; St. Antony Chapel en Pittsburgh ; Cathédrale de Manille ; Cathédrale Saint-Joseph de Buffalo ; Cathédrale NotreDame-de-l'Assomption de Naples; Église Santa Brigida (Naples) ; Sancta Sanctorum en Roma ; Chiesa Nuova en Roma ; Cathédrale de Monreale ; Cesa (Italie) ; San Cesario di Lecce ; San Cesario sul Panaro; San Cesareo.

Reliques

En 2016, une nouvelle icône de Saint Césaire, œuvre de l'artiste Giovanni Guida, a été exposée dans des musées, cathédrales et basiliques du monde, où ses reliques sont conservées.

Les reliques du Saint Césaire diacre et martyr sont conservées dans la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem à Rome (urne en basalte du maître-autel), dans la basilique Saint Frediano de Lucques, Toscane (urne avec six os), trouvée par Monseigneur Michelangelo Giannotti, Vicaire général du diocèse de Lucques, en 2009, et dans la Cathédrale de Terracina (urne avec deux tibias et un brasreliquaire). Une relique de Saint Césaire diacre (avec le cartouche en latin November/ 1 S. Cæsarei D.M. est conservée au Musée de la Visitation (Moulins - France), dans un calendrier reliquaire du XIXe siècle, provenant de la Visitation de Rouen, d'origine anglaise. Une dent de Saint Césaire a été préservée dans l'abbaye de Clairvaux, porté par Bernard de Clairvaux en 1138. L'Abbaye Saint-Michel de Cuxa possédait une mèche de cheveux de Saint Césaire de Terracina.

[ 46 ]

[ 47 ]


Bibliographie Albertini Alberto, Notizie intorno la vita di S. Cesario Diacono M. con pratiche devote ad onore del santo e memorie storiche relative al castello di S. Cesario sul Panaro, Verderi, Borgo S. Donnino 1884. Altobelli Pietro, I Santi martiri terracinesi. Titolo e progetto di una chiesa nuova nella Valle di Terracina, Fondi 1995. Altobelli Pietro, I Santi di Terracina visti nella prospettiva del grande Giubileo del 2000, Fondi 1997. Antonelli Agostino, Il martirio di San Cesario diacono patrono di Terracina: polimetro, Tip. B. Morini, Roma 1861. Baronio Cesare, Sacrum Martyrologium Romanum, Coloniae Agrippinae 1610. Bianchini Arturo, Storia di Terracina, II ed., Terracina 1977. Boesch Gajano S. - Gioacchino G. - Ermini Pane L., I santi patroni del Lazio: La provincia di Latina, Roma 2003. Broccoli Umberto, Memorie paleocristiane nel territorio di Terracina: la Valle dei Santi come continuità di vita rurale dall’antichità al Medio Evo, in “Bessarione”, Quad. n. 3, 1982, p. 221 ss. Cantarella Eva, I supplizi capitali in Grecia e a Roma, Rizzoli, Milano 1991. Contatore Domenico Antonio, De Historia Terracinensi Libri Quinque, Romae 1706. De Smedt C. -Van Hoof G. - De Backer J., Acta sanctorum novembris, tomus I, Parisiis 1887. De la Blanchère M.-R., Terracine. Essai d’histoire locale, E. Thorin, Paris 1884. Del Lungo Stefano - Fiocchi N. Vincenzo - Susi Eugenio, Sutri cristiana. Archeologia, agiografia e territorio dal IV all’XI secolo, Roma 2006 Dufourcq Albert, Etude sur les Gesta martyrum romains, vol.1, Fontemoing, Paris 1900. Dufourcq Albert, Etude sur les Gesta martyrum romains. Le mouvement légendaire lérinien, vol. 2, Fontemoing, Paris 1907. Franciotti Cesare, Historie delle miracolose imagini, e delle vite de’ Santi, i corpi de’ quali sono nella città di Lucca, Guidoboni, Lucca 1613. Giovanni Guida, Ex ossibus S. Caesarii, Ricomposizione delle reliquie di San Cesario diacono e martire di Terracina, 2017.

[ 48 ]

Lanzoni Francesco, Le origini delle diocesi antiche d’Italia. Studio critico, Città del Vaticano 1923. Lanzoni Francesco, A proposito della Passione di San Cesario di Terracina in “Rivista di archeologia cristiana”, 1 (1924), pp. 146-148. Longo Pietro, S. Cesario: proposte per la datazione del suo martirio, studio inedito, 1984. Longo Pietro, Terracina: i luoghi di culto dall’alto Medioevo al XVIII secolo, in Studi in onore di Arturo Bianchini, Atti del 3° Convegno di studi storici sul territorio della provincia (Terracina, 26 Novembre 1994), Società di Storia Patria della Provincia di Latina, Formia 1998, p. 239 ss. Lugli Giuseppe, Forma Italiae, Regio I, Latium et Campania, I, Ager Pomptinus, Pars I, Anxur-Tarracina, Roma 1926. Pratilli Francesco Maria, De’ consolari della provincia della Campania: dissertazione, Napoli 1757. Surio Lorenzo, De probatis sanctorum historiis, Tomus sextus, Coloniae Agrippinae 1575.

[ 49]



Une fête païenne voulait que chaque année un jeune homme fasse le sacrifice de sa vie en l'honneur d'Apollon. Après une cérémonie rituelle et dans "cette nudité qui est la plus grande magnificence de la beauté d'Apollon", il devait se précipiter dans la mer pour s'y noyer. Le diacre Césaire fut témoin de cette horrible scène qu'il condamna publiquement. Arrêté, il fut lui aussi jeté immédiatement à la mer. Au moment de la conversion de l'empereur, il devint le titulaire d'une des chapelles impériales.

Giovanni Guida (né le 12 octobre 1992 à Acerra) est un artiste, peintre et illustrateur italien. Ses œuvres picturales sont réalisées avec la technique du grattage. En 2015, il est diplômé avec mention en peinture à l'Académie des Beaux-Arts de Naples. En 2016 sa peinture "Caesarius Diaconus" (icône de Césaire de Terracina, saint tutélaire des empereurs romains) a été exposée dans de nombreux musées, cathédrales et basiliques du monde (Italie, Espagne, Portugal, France, Corse, Allemagne, États-Unis d'Amérique, Angleterre, Israël, Philippines, Croatie et Slovaquie).

La traduction en français a été réalisée en 2016 par Dominique Guerrini, professeur agrégé de l'Université et ex-responsable de formation à l'IUFM de l'académie d'Amiens, et par Jean-Etienne Guerrini, inspecteur de l’Education Nationale


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.