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syndicom | N° 9 | 25 septembre 2015

1923 - 2014 / Revue suisse de l’imprimerie (RSI)

La RSI ne sera pas centenaire… Marquée par une « ère de progrès technique », l’année 1923 voyait apparaître un organe technique intitulé Revue suisse de l’imprimerie et des industries annexes (RSI). Nés en 1932, les Typografische Monatsblätter, ont été réunis avec la RSI en 1948. Retour sur ces nonante et un ans de parution d’une revue qui s’est éteinte fin 2014. Roger Chatelain Parmi les noms restés en mémoire à la tête de la rédaction francophone, on citera Jean-Paul Conrad, Gaston Burnand, Luciano

Antonietti, Roger Monnerat. En 1994, le soussigné a pris la responsabilité des pages en langue française jusqu’en l’an deux mille. La

1933-2014 : la typographie en revue

Huitante-deux ans de Typografische Monatsblätter En 1932, la Fédération suisse des typographes décide de publier une revue destinée à promouvoir la formation ; un numéro zéro est publié en octobre et, en janvier 1933, sort le premier numéro des Typografische Monats­ blätter (TM). « Bien sûr, en période de crise, de bonnes connaissances professionnelles ne protègent pas toujours du chômage… », pouvaiton lire dans le numéro zéro. Avec les mots clés « Photo, Typo, Graphisme, Impression » en soustitre, le programme était donné. Parmi les premiers collaborateurs influents de l’époque, citons Jan Tschichold, le graphiste et rédacteur Hans Neubur, le peintre et graphiste Richard Paul Lohse et Emil Ruder. Ont également collaboré les photographes et designers graphiques Herbert Matter, Anton Stankowski, Hans Finsler et Gotthard Schuh. D’importantes contributions typographiques sont dues à Imre Reiner, Karl Sternbauer, Walter Zerbe, Max Caflisch,

relève a ensuite été assurée par le typographiste valaisan Claude Darbellay. Si l’on jette un regard rétrospectif sur le contenu rédactionnel, à travers plus de neuf décennies, on relève deux points forts : l’aspect technique, visant au perfectionnement professionnel ; la création typographique, y compris la mise en pages et l’ortho­typographie. Si le « style suisse international » a fait office de fil conducteur, moult pages ont été consacrées à la typographie française, à des itinéraires artistiques, à la défense de notre langue, comme à la promotion de l’édition romande.

Photocomposition et impression offset

Typografische Monatsblätter, 10 / 1934

Adrian Frutiger, Armin Hofmann, Robert Büchler, Karl Gerstner, Heinrich Fleischhacker, Felix Berman, Helmut Schmid, Richard Frick (liste non exhaustive) ainsi qu’à Hans-Rudolf Lutz et Wolf­ gang Weingart, qui travaillaient à contre-courant. Hans Rudolf Bosshard, typographe, peintre et graveur, collaborateur de longue date (1957) aux TM, Zürich

Les articles techniques diffusés émanaient en grande partie de maîtres œuvrant à l’ERT (Ecole romande de typographie) et à l’ERAG (Ecole romande des arts graphiques) qui lui a succédé en 1972. Ils visaient au perfectionnement professionnel, à la reconversion des ouvriers aux nouvelles méthodes de travail, à la connaissance des appareils et machines apparus progressivement sur le marché, à l’information des apprentis. Après l’action du Genevois Charles Castioni relative aux machines à composer, dans les années soixante, c’est Marcel Probst qui prit le relais, assumant ensuite le passage à la photo­ composition. Puis Marcel

Vuarnoz assuma la responsabilité de cette rubrique jusqu’à l’informatisation de la composition. Pour les problèmes liés aux imprimeurs, c’est – à partir des années soixante également – Roland Lienhard qui accomplit la tâche, la conversion à l’impression offset figurant au programme. Puis Claude-Michel Jacot anima le secteur, avant que Claude Cassard lui succède à la commission rédactionnelle. En témoignage de l’intérêt que suscitèrent ces articles, on citera un exemple. Il concerne les brochures intitulées Dossier photocomposition, éditées par l’ERAG et constituées d’articles ayant paru dans la RSI. La première, dévolue au typo-montage, en 1976, due au soussigné, fit un tabac, nécessitant un second tirage une année plus tard. Dans la dernière décennie du XXe siècle, les articles techniques furent peu à peu abandonnés au profit de la typographie et de l’art graphique en général.

Dès 1970, tout en apportant un éclairage francophone sur l’œuvre de Jan Tschichlod et du « Bauhaus », je me suis attaché à mettre en évidence les travaux de Roger-Virgile Geiser, Werner Jeker, Pierre Neumann, Muriel Paris, Adrian Frutiger, François Rappo, Roxane Jubert, Jean Mentha et Pierre-Alain Giesser notamment. Sans oublier les réalisations de Suisses alémaniques œuvrant à Paris.

Tout a une fin… Une réputation enviable, même au-delà de nos frontières, et une longévité remarquable n’auront pas permis d’éviter le naufrage. A l’image de bien d’autres publications patronnées par un syndicat ouvrier, la « revue », chère à mes souvenirs d’apprentissage (par la suite d’enseignant graphique), a définitivement jeté l’ancre. Hélas !

Création typographique A jeter un regard dans la collection, on constate que l’ERT, née en 1942, trouva dans les pages de la RSI un support privilégié pour présenter ses réalisations, stimuler la créativité. Sans être exhaustif, on mentionnera ensuite les lumineuses contributions de Paul Gratwohl, servies par la mise en pages impeccable de Hanspeter Schmidt.

CCT Presse

Les éditeurs alémaniques prêts à une nouvelle CCT Les semaines précédant le congrès des éditeurs ont été pour le moins agitées. Ringier – allié à la SSR et Swisscom – claque la porte. Dans le même temps, les éditeurs ouvrent la porte à une CCT alémanique. Retour sur une « actu » qui concerne aussi la Romandie. Après son retrait de Schweizer Medien, Ringier quitte aussi l’association romande des éditeurs Médias Suisses. Le départ de Ringier pourrait avoir des répercussions importantes pour les journalistes, car il est signataire de la convention collective de travail en Suisse romande. Le conflit sur l’alliance publicitaire prévue entre Ringier, la SSR et Swisscom est à l’origine de la dissension au sein de l’association des éditeurs.

Suisse romande. Mais si maintenant, Ringier Romandie se retire aussi du partenariat social, elle lance un signal alarmant. syndicom appelle Ringier à conti-

Il faut une CCT chez Ringier

nuer de se comporter comme un partenaire social responsable en Suisse romande. Il lui demande d’ouvrir le dialogue social pour conclure avec les deux organisations syndicom et impressum une CCT d’entreprise en Suisse alémanique et au Tessin. En fin de compte, les deux nouveaux partenaires de Ringier, Swisscom et la SSR, entretiennent eux aussi un partenariat social solide, concrétisé par une CCT qui règle les conditions de travail de leurs employé·e·s.

Il s’agit toutefois d’une confrontation politico-médiatique entre éditeurs, qui ne doit pas être réglée sur le dos des journalistes, ni conduire à une détérioration de leurs conditions de

Depuis plus de dix ans, les journalistes alémaniques et tessinois sont dépourvus de CCT. Ce temps pourrait bientôt être révolu. Lors

travail. La décision n’a juridiquement aucun impact immédiat sur le caractère contraignant de la convention collective de travail pour les journalistes en

Un conflit avec Ringier, une ouverture vers les syndicats : un automne chaud pour Pietro Supino, président du conseil d’administration de Tamedia (de dos, à droite).

bientôt une CCT nationale ?

de son congrès à Interlaken (BE), le 10 septembre dernier, l’association des éditeurs alémaniques Schweizer Medien a fait un pas en direction d’impressum et syndicom. Elle a instauré un groupe de travail qui doit soumettre un projet de CCT au comité. syndicom et impressum sont prêts à casser la glace et à reprendre des discussions sérieuses sur les conditions de travail des collaborateurs des médias. Tout à fait dans l’esprit des propos de la directrice Verena Vonarburg, dans l’interview du 10 septembre à persoenlich.com, les deux associations constatent : « C’est bon à entendre. Ce qui est décisif, c’est de passer de la parole aux actes. » (syndicom)


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